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Full text of "comptesrendusheb1371903acad"

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HARVARD     UNIVERSITY. 


L  I  B  R  A  R  Y 

OF  THE 
MUSEUM   OF  COMPARATIVE  ZOOLOGY. 

GIFT   OF 

ALEXANDER    AGASSIZ. 


^"^c^  A^^i.-^^^^AUa '^^,  \>^- 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 
DE   L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 


PAHIS.  —  iMPni.MnRiE  uautiiikr-villabs,  olai  des  gkands-augustins,  55. 


COMPTES  RENDIS 


HEBDOMADAIRES 


DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

PlĂźlil.lKS, 

CONFORMÉMENT  A  UNE  DÉCISION  DE  L'ACADÉMIE 

Ch     oate     Du     4$     f^uiUel    4835, 

PAR    MM.    LES    SECRÉTAIRES    PERPÉTUELS. 


TOME  CENT  TRENTE-SEPTIEME 

JUILLET  —  DHCEMIÎKE  1903. 


n 

PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS.  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 


iUt     30  nos  1903 

l)(i'X^  SECOND  SEMESTRE. 

COMPTES  RENDUS 

'''il!  lu 
HEBDOMADAIRES 

DES     SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAraES  PERPÉTUELS, 


TOME   CXXXVII. 


W  1  (6  Juillet  1903). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'AGADÉMIB  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS  | 

Adopté  dansles  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875  | 


â–ș‱‱♩< 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composenl  des  exlrails  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  ranaĂź_5se  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  i'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i".  —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 
Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  i'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  de  Ja  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  P^ges  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  3a  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  lait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'ait 


\ 


que  l'Académie  l'aura  décidé 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savant, 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  person 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'} 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  s 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. 
Membre  qui  lait  la  présentation  est  toujours  nomi 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Ext 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  f 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  < 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  rem 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin  ;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   teir 
le  litre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  ré, 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  an  Compte  rendu  i 
vaut  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier.  j 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planchej 

figures.  Ăź 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  ser^ 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comA 
pour  l'étendue  réglementaire.  J 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  deai 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapport 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  a] 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du 
sent  RĂšglement. 


Le.  savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  iaire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  P-Pj^^f  ^  -°^jf  *^; 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance,  avant  5".  Autrement  la  présentation  sera  remise  ù 


JUl     30   1903 

COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES 

DE   L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


SÉANCE   DU    LUNDI   0  JUILLET  1903, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  MASCART. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuf.l  annonce  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient 
de  faire  dans  la  personne  de  M.  J.-W.  Gibbs,  Correspondant  pour  la  Sec- 
tion de  Mécanique,  décédé  à  New-Haveii  (Connecticut),  le  28  avril  rgoS, 
et  insiste  sur  l'importance  de  ses  travaux  de  Chimie  mathématique. 

HYDRODYNAMIQUE.  —  Sur  un  mode  simple  d'Ă©coulemenl  des  nappes  d'eau 
d' infiltration  Ă   lit  horizontal,  avec  rebord  vertical  tout  autour,  Lorsqu'une 
partie  de  ce  rebord  est  enlevée  depuis  la  surface  jusqu'au  fond.   Note  de 

M.    J.    BOUSSINESQ. 

«  I.  AprÚs  avoir  étudié  le  cas  simple  (  '  )  de  dénivellations  h  trÚs  petites 
par  rapport  aux  profondeurs  H  de  la  nappe  sous  le  plan  horizontal  du  seuil 
de  la  source,  considérons  le  cas,  opposé,  oßi  le  fond  imperméable  se  con- 

(*)  Voir  l'avant-dernier  Compte  rendu  (séance  du  22  juin  igoS,  t.  CXXXVI, 
p.  i5i  i). 


6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fond  avec  ce  plan  horizontal  et  oĂč,  par  suite,  H  s'annule.  J.es  Ă©quations  (a) 
et  (3)  de  ma  Note  précédente  deviennent 

(  (sur  le  cont.  libre  /)  h  =  o,         (sur  le  cont.  paroi  /,  )  —  =  o. 

).  L'équation  indéfinie  n'étant  pas  linéaire,  l'intégration  générale  de  ce 
systĂšme  paraĂźt  inabordable.  Aussi  nous  bornerons-nous  Ă   Lui  chercher  une 
solution  particuliĂšre,  celle  qui  exprimera  la  forme  vers  laquelle  tend  la 
surface  libre,  s'il  lui  arrive  de  se  régler  comme  dans  le  cas  précédent,  c'est- 
à-dire  de  garder  trÚs  sensiblement,  aprÚs  une  période  préparatoire,  d'inva- 
riables rapports  entre  toutes  ses  ordonnées  h,  ensemble  décroissantes. 

)i  IL  Prenons  pour  Ă©tat  initial  cette  forme  limite,  que  nous  appelle- 
rons h^,  censée  acquise  ainsi  par  la  fonction  h  au  bout  d'un  certain  temps; 
et,  en  comptant  désormais  t  à  partir  de  la  fin  de  ce  temps  choisie  comme 
nouvelle  origine,  nous  aurons  pour  >^  le  produit,  h,T,  de  A„,  fonction  de  x  et 
de  j,  par  une  fonction,  T,  Ă   valeur  initiale  i,  du  temps  t  seul.  Or  l'Ă©quation 
indĂ©finie  ci-dessus,  divisĂ©e  par  ^Th,  c'est-Ă -dire  par  [y.T=„,  devient  alors 


,1-'  —  _L. 


^'/k^'U4^^k^)1. 


dx  \       d.x   )  "^  dyy-"^    dy 

»  Ses  deux  membres,  indépendants,  le  premier,  de  x  et  de  j,  le  second, 
de  t,  se  rĂ©duisent  nĂ©cessairement  Ă   une  constante,  —  2«.  L'on  a  donc,' 
d'une  part,  grùce  à  une  intégration  immédiate, 

(2)  i,  =.  1  +  a/,         ou         T  =  -^—.         h  = 

1  ĂŻ  -U  ^/  / 


o. 


i-hcit  ]-hy.t' 

et,  d'autre  part,  pour  dĂ©terminer,  avec  a,  la  forme  de  A„,  le  systĂšme 

(sur  le  cont.  libre  7)  /?„  =  o,         (sur  le  cont.  paroi  -/,)—"  = 

»  Les  flux  R^/z,  ou  (^K/^,^°jT^  à  travers  l'unité  de  longueur  de 
coupes  verticales  quelconques  faites  dans  la  nappe,  seront  tous  propor- 
tionnels à  T=.  Par  suite,  le  débit  Q  du  seuil  ou  de  la  source  décroßtra 
comme  l'inverse  du  carré  (1  -h  c/.t)-. 

y>  m.   Supposons  que,  fy.,  R  étant  constants  et  la  coordonnée  y  disparais- 


SÉANCE   DU   6    JUir.LET    igo3.  7 

sant  des  équations,  le  plan  de  la  nappe  soit  la  bande,  de  longueur  indé- 
finie et  de  largeur  L,  comprise  entre  h  seuil  rectiligne  x  =  o  et  la  crĂȘte 
parallĂšle  a;  =  L,  thalweg  el  faĂźte  oĂč  l'on  aura  ainsi,  respectivemenl,  ^0  =  0 

et  -7^  =  o.  En  vue  de  simplifier  nos  Ă©quations,  posons 

formules  oĂč  Ă§,  vi  seront,  pour  tenir  lieu  de  x  etde  /?„,  une  nouvelle  variable 
indépendante  et  une  nouvelle  fonction,  croissantes  toutes  deux  de  zéro  à  i, 
oĂč,  par  consĂ©quent,  M  est  la  valeur  de  />„  pour  x  =  L  et  oĂč,  enfin,  c  dĂ©- 
signe une  constante  positive,  convenablement  choisie.  Le  systĂšme  (3), 
dans  lequel  les  dérivées  pourront  s'indiquer  par  des  accents,  deviendra 

\     -^  +  3c-r,  =  0,         ou         2-^ +  3c-=-n  =  o, 

(5)  ■,       ^^  ^      ''-■ 

\  (pour  E  =  o)  Yj  =  o,  (pour  Ăź  =  i)  '-i'  =  o  et  r,  =  r . 

»  Multiplions  l'équation  indéfinie  par  riV«?^  ou  par  r,  c?-/-,;  et  intégrons, 
en  tenant  compte  des  conditions  relatives  Ă   ^  =  i .  Nous  aurons  l'Ă©quation 
différentielle  premiÚre  du  profil  de  la  surface  : 

(6)  -^-r/-  =  c^(.-r,');        .dou  --^  =  ^^ 

Et  une  deuxiÚme  intégration,  effectuée,  aprÚs  séparation  des  variables,  à 
partir  de  la  limite  infĂ©rieure  ^  =  o  oĂč  r,  s'annule,  donnera  l'Ă©quation  finie 
du  mĂȘme  profil  : 

(7)  ^^=  /  1=.- 

»  L'abscisse  proportionnelle  c  de  la  surface  libre  est  donc  une  certaine 
intégrale  elliptique  de  l'ordonnée  analogue-fi.  Enfin,  comme  ç,  ri  atteignent 
en  mĂȘme  temps  leur  limite  supĂ©rieure  i,  la  constante  c  est,  d'aprĂšs  (7), 

»  Pour  la  calculer,   posons  r,  =  y' !  ^^  1"''  transformant  l'expression 
'    y»^'(i  —  y)'-"' t/y,    donne   l'intĂ©grale    eulĂ©rienne  jB (f,  j), 


8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ă©galeĂ i^ll^^Ji-)  OU  Ă ^  ^J,  vuquer(i)=:vÇetque|r(f)  =  r(f).Donc 

(o)  c  =  ^--^,=  0,86236  (environ), 

le  calcul  numérique  s'elïecluant  par  la  Table  de  Legendre  pour  les  loga- 
rithmes décimaux  de  r(/?)  dans  l'intervalle  des  deux  limites  ri^=  i  et  «^  2. 
))  Il  n'v  a  ainsi,  pour  l'équation  de  la  nappe  entre  ses  deux  coordonnées 
relatives  'i,  r,,  qu'une  forme  unique  (sans  aucun  paramĂštre  variable)  qui 
assure  sa  propre  conservation  aux  diverses  Ă©poques  i.  Et,  en  effet,  l'on 

rend  indĂ©pendante  de  la  donnĂ©e  M  l'expression,  h^T  ou  M/iT  == ^—> 

de  A,  en  l'Ă©crivant,  grĂące  Ă   la  derniĂšre  relation  (4),        „.-'(-  -+-')     '   et 

en  posant  -  +  /  =  -  ou  reculant  de  -,  dans  le  passé,  l'origine  des  temps  t, 

que  l'on  désigne  alors  par  t.  Il  vient,  d'abord,  ])our  la  dénivellation  h,  et, 
ensuite,  pour   sa   valeur  maxiuia  actuelle    (correspondant  Ă   v)  ^  1)  que 


nous  dĂ©nommerons  //,„  : 

(10)                                  h  = 

2al.-^  n 

./  ■■  ,-   —  ü 

3c-k  T 

llm  = 

2  [J.  \S^ 

ic-K-z 

»  IV.  Ce  résultat  s'étend  au  cas  plus  général  des  équations  (3).  Effec- 
tivement, on  remarque,  en  divisant  la  premiĂšre  de  ces  Ă©quations  par  a-  et 
les  deux  antres  par  a,  qu'elles  ne  contiennent  plus,  au  lieu  de  A„  et  de  a, 

que  leur  rapport  mutuel  —‱  Appelons,  par  exemple,  C  ce  rapport,  fonction 

de  X  et  de  y  que  l'analogie  avec  le  cas  traité  ci-dessus  porte  à  regarder 
comme  unique,  mais  qui,  de  toute  maniÚre,  est  indépendante  de  la  hauteur 
initiale  M  delĂ   nappe;  et  la  substitution,  Ă   /,  de  la  nouvelle  variable  t  pour 
exprimer  le  temps,  donnera,  Ă   la  derniĂšre  relation  (2),  la  forme 

(11)  h=\- 

»  V.  Revenant  à  l'hypothÚse  d'une  nappe  à  fond  rectangulaire  de  lon- 
gueur indéfinie,  j'appellerai  A,  par  unité  de  longueur,  le  volume  initial 
rt/yj«re«i (c'est-à-dire  y  compris  la  terre  ou  le  sable  interposés)  delà  nappe 
liquide.  Il  Ă©quivaut  Ă   l'aire  de  sa  section  verticale  faite  suivant  les  x.  Or, 
dĂ©composons  cette  section  en  bandes  horizontales  de  dimensions  L — x 


SÉANCE    DU    6   JUILLET    190.3.  q 

I M  r^ 
et  (lli„,  on   L(i  —  Ç)  et  ^\(h,.  Elle  aura  poin-  valeiu'  ^—  |     (c  —  cl)  drr, 

et  il  viendra,  à  raison  de  l'excédent  de  (8)  sur  (7),  puis  grùce  à  une  inté- 


gration par  parties  évidente,  dans  laquelle  s'annule  le  ternie  intégré, 

2LM 


(12) 


ti  ou  M  =  — -    -j-  =   1,293^  y-- 


3c 


»  La  crĂȘte  de  la  nappe  est  donc,  au-dessus  du  seuil,  Ă   une  hauteur  h^ 
valant  1,2935  fois  la  hauteur  moyenne,  quotient  de  l'aire  par  la  largeur  L. 

»  Si  nous  éliminons  maintenant  M,  par  la  derniÚre  formule  (12),  de 
l'expression  (4)  de  a,  constante  qu'on  peut,  jusqu'Ă   un  certain  point, 
appeler  le  coefficient  de  tarissement,  il  vient 

/   o\  <j,&  KA  ^  KA 

»  Ce  coefficient  de  tarissement  prend  ainsi  (à  part  le  facteur  numé- 
rique 9c',  remplaçant  le  carré  plus  grand  tt")  la  forme  qu'il  avait  dans  le 
cas  d'une  nappe  profonde  Ă©tudiĂ©  d'abord,  oĂč  le  volume  apparent  A,  alors 
peu  variable,  Ă©galait  sensiblement  le  produit  LH.  Mais  la  fonction  T, 
dans  h,  était  ^  "',  ou  l'inverse  de  e°"  et  non,  comme  ici,  de  i  -l-a/. 

»   Le  débit  de  l'unité  de  longueur  de  la   nappe,   à  travers   la  section 

verticale   d'abscisse   x,  est  R-7-A,  c'est-à-dire,  d'aprùs  (10),   — rr^^rx-i^  , 

d.r  '  ^      '      gc'lVT- 

OU  — TT^-rVi  —  7)'  en  vertu  de  (6).  Sur  le  seuil,  oĂč  n  s'annule,  on  aura 

donc  successivement,  vu  la  seconde  relation  (10),  pour  ce  débit  qui  est 
alors  celui  de  l'unité  de  longueur  de  la  source  alimentée  par  la  nappe, 

oĂč  I  reprĂ©sente  la  pente  superficielle  moyenne  de  la  nappe,  quotient  de  la 
hauteur  actuelle  A,„  par  la  largeur  L.  On  remarquera  que  cette  formule 
de  q  reviendrait  à  celle,  ^^tcKHL  du  cas  plus  simple  examiné  dans  ma  pré- 
cédente Note  (derniÚre  formule  5),  si  l'on  prenait  ici,  comme  section  H  de 

dĂ©bit,  la  fraction  ^  (les  7^)  de  la  section  maxima  /?,„. 

»   VL  II  reste  à  savoir  si  la  forme  primitive,  arbitraire,  de  la  nappe  tend 

G.  R.,  1903,  3«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  1.)  ~ 


lO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

effectivement  à  se  régler,  c'est-à-dire  s'il  y  a  un  régime,  et  quelles  fractions 
on  de  la  hauteur,  ou  du  volume,  primitifs,  qu'on  peut  supposer  connus 
dans  chaque  cas,  subsisteraient  encore  au  moment  oĂč  le  rĂ©gime  pourrait 
ĂȘtre  censĂ©  atteint,  fractions  Ă©quivalant  prĂ©cisĂ©ment  aux  donnĂ©es  M  ou  A 
de  nos  formules  ci-dessus.  J'ai  pu  seulement  établir  qu'il  faut  répondre 
affirmativement  Ă   la  premiĂšre  de  ces  questions. 

»  Supposons,  en  effet,  que  la  forme  initiale  de  h  présente,  par  rapport 
Ă   celle,  h„,  qui  est  persistante,  d'assez  faibles  Ă©carts  pour  permettre  de 
négliger  leurs  carrés  dans  les  calculs.  Prenant  le  cas  général  des  équa- 
tions (i),  (2)  et  (11),   soit  ^  ce  que  sont  devenus  les  Ă©carts  en  question, 

ou  ce  qu'est  h  —  /*oT,  aprĂšs  un  temps  t  modĂ©rĂ©,  laissant  encore  i  petit.  Les 
expressions  de  h  et  de  /r  seront  alors  respectivement,  avec  nos  notations, 

l'une,  //„T+  ^,  l'autre,  hlT- +  a^Teou  ;i;,T=+  25cTe;  et  l'Ă©qualion  (i). 

divisĂ©e,  aprĂšs  suppression  des  termes  oĂč  ne  figure  pas  i,  par  2aT,  c'est- 
à-dire  multipliée  par  ^t,  sera 

Ç     a-z        rtx\     d.r  /        dy\     dy  J 

»   Si  nous  adoptons  provisoirement  comme  variable  indépendante,  au 
lieu  de  t,  logT,  que  nous  appellerons  6,  cette  Ă©quation  deviendra 

/    r\  V-  dt  d   f^  di\  d   i ..  d-^ 

Complétée  par  les  deux  relations  définies  évidentes 

£  =  o     (sur  le  cont.  libre  y)         et         — ^  =  o     (sur  le  cont.  paioi  /,  ), 

elle  nous  ramĂšne,  comme  dans  ma  Note  du  22  juin,  au  problĂšme  du  refroi- 
dissement d'une  plaque  plane,  encore  à  bases  c  imperméables,  avec 
contour  -f  maintenu  à  la  température  zéro  et  contour  y,  imperméable, 
mais  de  conductibilité  et  capacité  calorifiques  tout  autres  qu'alors.  En 
appelant  0^  la  valeur  initiale  (—  loga)  de  0,  soient  :  CVe~P'^'"^«'  la  solution 
simple yb/if/amew/a/e  de  ce  nouveau  problĂšme  de  refroidissement;  g-P''"-Âź.' 
l'exponentielle  de  la  solution  particuliÚre  (simple  ou  composée  de  plu- 
sieurs solutions  simples)  venant  aprĂšs  la  solution  fondamentale;  enfin, 
£„,  la  petite  fonction  de  x  et  de  y  qui  exprime  les  valeurs  donnĂ©es  de  s 
pour  0  =  0„.  Comme  on  pourra,  en  modifiant  le  coefficient  a  auquel  sont 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    IQoS.  XI 

proportionnelles  les  valeurs  initiales  de  la  solution  réglée  hoT,  faire  varier 
les  valeurs  correspondantes  £„  de  quantitĂ©s  en  raison  directe  du  change- 
ment mĂȘme  de  a,  rien  n'empĂȘciiera  de  choisir  a  par  la  condition  d'annuler 
l'intégrale  J'Yi^da,  c'est-à-dire  le  coefficient  C  de  la  solution  fondamen- 
tale. L'expression  de  £  commencera  donc  au  terme  en  e"^''^-^»',  que  l'on 
pourra,  si  W  désigne,  dans  chaque  cas,  une  fonction  de  x  et  de  y  généra- 
lement comparable  Ă   l'unitĂ©,  Ă©crire  £„  VVe-'^'''"^»'  :  ce  sera  l'expression 
asymptotique  ou  la  partie  principale  de  s.  Et  la  substitution,  à  6  —  Gj,  de 
log-7  +  logo,  =  log(i  -I-  y.t),  donnera 

(iG)  £  =  (environ)      ""  ■ 

»  Le  cas  simple  d'une  nappe  homogÚne  de  longueur  indéfinie,  comprise 
entre  le  contour  libre  a;  =  o  et  le  contour-paroi  x  =  L,  permet  de  se  ren- 
seigner sur  l'ordre  de  grandeur  de  l'exposant  jĂź'  et  de  reconnaĂźtre  qu'il 
excÚde  notablement  l'unité  :  fldt  d'oii  résulte  l'évanouissement  rapide  des 

écarts  p  comparativement  à  la  partie  réglée,  ^^^^'  de  ^.  Mais,  à  raison 

du  coefficient  variable,  et  mĂȘme  transcendant,  que  contient  le  premier 
membre  de  l'équation   indéfinie  (i5),  cette  constatation  exige  quelques 
‱dĂ©veloppements  d'Analyse.  Ils  feront  l'objet  d'uneNote  spĂ©ciale.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE .  —  Sur  de  nouvelles  synthĂšses  effectuĂ©es  au  moyen  de 
molécules  renfermant  le  groupe  méthylÚne  associé  à  un  ou  deux  radicaux 
né"atifs.  Action  de  V épichlorhydrine  sur  les  éthers  acétonedicarboniques 
sodés  III.  Note  de  MM.  A.  Haller  et  F.  I^Iarcu. 

(c  Dans  une  Communication  précédente  (')  nous  avons  montré  que, 
parmi  les  produits  de  la  réaction  de  l'épichlorhydrine  sur  les  acétone- 
dicarbonates  de  méthyle  et  d'éthyle,  on  pouvait  isoler  des  combinaisons  de 

la  formule 

CO-CH^-CO^K 

I 
GH-CH'--CH-CH='CI 

1  i 

GO- O 


(1)  Comptes  rendus,  l.  GXXXVl,  p.  434- 


12  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

sortes  de  célolactones  chlorées  et  d'éthers  sels  qui  donnent  avec  la  semi- 
carbazide  des  composés  parfaitement  cristallisés.  Nous  avons  continué 
l'étude  de  ces  molécules  complexes  et  nous  avons  cherché  tout  d'abord  ù 
les  éthérifier  par  ouverture  de  la  chaßne  hictonique. 

»  On  salure  une  soluliuii  alcoolique  de  la  cétolactone  élhylique  par  de  l'acide 
chlorliydrique  sec,  et,  aprĂšs  avoir  abandonnĂ©  le  mĂ©lange  Ă   lui-mĂȘme  pendant  48  heures, 
on  le  réduit  sous  une  cloche  à  vide.  Le  résidu  est  traité  par  de  l'eau  et  agité  avec  de 
l'éther.  La  solution  élhérée,  lavée  à  plusieurs  reprises  avec  du  carbonate  de  soude,  est 
décantée,  séchée  sur  du  sulfate  de  soude  anhydre  et  distillée.  On  obtient  par  fraction- 
nement, sous  17ℱ",  une  huile  bouillant  à  198-199"  avec  un  bon  rendement. 

»  A  l'analyse,  ce  produit  fournil  des  nombres  un  peu  faibles  en  carbone,  trop  élevés 
en  chlore,  résultant  d'une  fixation  probable  d'acide  chlorhvdrique  sur  la  molécule 
nouvelle,  mais  correspondant  néanmoins  à  C"H"0^C1,  comme  le  montrent  d'ailleurs 
les  réactions  ultérieures. 

»  Le  nouveau  composé  ne  donne  plus  de  précipité  avec  l'acétate  de 
cuivre,  et  ne  se  combine  pas  Ă   la  semicarbazide.  Ces  faits  montrent  que  la 
fonction  cĂ©tonique  a  disparu  et  que  le  complexe  —  CO.CH-CO-R  a  Ă©tĂ© 
modifié. 

»  Si  l'on  chaufTe  cet  élher  avec  de  l'eau  et  du  carbonate  de  potasse  à  l'ébullilion, 
pendant  48  heures,  on  obtient,  par  refroidissement,  des  cristaux  qui  résultent  de  la 
prise  en  masse  de  l'huile  qui  s'était  déposée.  La  solution  aqueuse  ne  contient  pas  de 
chlorure  de  potassium;  évaporée  et  épuisée  avec  du  chloroforme  elle  donne  une  huile 
qui  se  dĂ©compose  Ă   la  distillation  on  fournissant  le  mĂȘme   produit  cristallisĂ©. 

»  Ces  cristaux  fondent  Ă   57-58"  el  bouillent  Ă   i4i-i43°  sous  17ℱℱ.  Ils  sont  trĂšs 
solubles  dans  l'éther  et  dans  l'alcool,  possÚdent  une  odeur  rappelant  celle  des  dérivés 
hydrofurfuraniques  et  répondent  à  la  composition  C'-'H'^O^Cl. 

»  Ce  corps  diffÚre  de  celui  ilout  il  dérive  par  les  éléments  de  l'alcool  et 
de  l'acide  carbonique,  plus  i'""'  d'eau. 

»  Sa  formation  au  moyen  de  la  cétolactone  peut  s'interpréter  de  la  façon 
suivante.  L'éthéritication  de  cette  lactone  donne  d'abord  naissance  à  l'éther 
suivant  : 

CH^CO^C--H^  CH^CO^OIP 

1  I 

ce  CO 

(1)  I  -i-CqĂź50H=   I 

^  '  CH-CH-^-CH-GH^Cl  CH  — GH'--CH0H-CH-G1 

I  1  I  I 

CO O  CO^CMP 

»  Mais  cetéther,  une  lois  préparé,  se  déshydrate  par  suite  de  sa  transfor- 
mation en  sa  forme  tautomÚre  énolique,  el  donne  naissance  à  un  dérné 


SÉANCE    DU    6   JUILLET    igo^. 
hydrofurfuraniqiie  chloré  (C'-H'^OHll) 


i3 


CH'-CO^C^H^ 


(") 


COH 

II 
C-CH^ 


CHOH— CH^Cl 


H^O 


CH"-.CO'C'H' 

I 
C- 


-0\ 

II 

C_CH^- 


CH-CH'CI 


»  La  teneur  en  chlore  un  peu  élevée  qu'accuse  ce  dernier  éther  peut 
s'interpréter  en  admettant  qu'il  s'est  additionné  de  l'acide  chlorhydrique, 
grĂące  Ă   la  double  liaison  qu'il  renferme. 

»   La   production  du    composé  cristallisé   C  H"0'C1   aux  dépens  de 


l'Ă©ther  dihydrofurfuranique,    ainsi   que 
prĂȘter  de  la  façon  suivante  : 


a   constitution,   peuvent  s  inter- 


(Tii; 


I 

G- O, 

II 

C^CH--GH— CtPGI 

I 

GO^G-^H^ 


.H2  0=G0^  +  C'-H^0H 


GtP.GO-G^Il^ 

G O 

Il  \ 

CH-GtP-GH-GH-Gl 

(a) 


cm 

1 

G  — 


■O, 


C-CH--CH.GH^GI 

I 
GO^G-H' 

))  Pour  établir  à  laquelle  des  deux  formules  (a)  ou  (6)  répond  le  corps 
cristallisé,  nous  avons  éthérifié  l'acétyl-chloro-y-valérolactone  obtenue 
par  MM.  Traube  et  Lehmann  (')  dans  l'action  de  l'Ă©pichlorhydrine  sur 
l'acétvlacétate  d'éthyle  sodé 

Cit^CO.CH-GO  CH^.GO.GH-GOOC^Hs 


GH- 

GH- 

I 
GFPGI 


O 


+  G^H2  0H  = 


GH^ 

I 
GHOH 

I 
GH^Gl 

GH^ 

G O 

-^  Il  \ 

G-GH\GH.GH-GI 
I 


IPO. 


(')  Tkaubi;  el  Ldumanx,  Ueut.  chc/n.  Ges.,  l.  XXXIV,  p.  19S0. 


l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Nous  avons  ainsi  obtenu,  avec  un  trĂšs  bon  rendement,  le  mĂȘme  pro- 
duit fondant  à  57-58°.  Sa  conslilution  répond  donc  bien  à  la  formule  (b), 
c'est-à-dire  à  l'élhor  éthylique  de  \'acide-v.-chloromélhyle-a.'-methyl-oL^j-diliy- 
drofurfiirane-'^' -carbonique. 

»  L'acide  lui-mĂȘme  s'obtient  facilement  par  saponification  de  son  Ă©ther 
au  moyen  de  la  potasse  alcoolique  et  fond  à  108-109°. 

»  Action  de  l'eau  sur  la  cĂ©tolaclone  chlorĂ©e. — Celte  lactone  a  Ă©tĂ©chaulTĂ©e  Ă   l'Ă©bul- 
lilion  avec  une  solution  aqueuse  étendue  de  carbonate  de  potasse  en  quantité  équi- 
moléculaire  pendant  48  lieui-es.  On  observe  un  abondant  dégagement  de  CO^  Quand 
toute  l'huile  a  disparu,  on  Ă©puise  avec  TĂ©ther  qui  n'enlĂšve  presque  rien  au  liquide,  on 
Ă©vapore  Ă   sec  la  solution  aqueuse  et  on  lave  avec  de  l'alcool  absolu.  La  liqueur 
alcoolique  est  distillée  et  l'alcool  étant  éliminé,  on  fractionne  le  produit  restant.  On 
obtient  de  la  sorte  un  produit  bouillant  à  170-175°  sous  jS'""",  de  formule  C^H'^O^ 
identique  au  composé  CH'.CO.CIP.CH^CHOH.CH-OH,  déjà  décrit  par  MM.  Traube 
et  Lehmann  {loc.  cit.),  dans  l'action  de  l'eau  sur  l'acétylcliloro-Y-valérolactone. 

»  Avec  notre  cétolactone  chlorée  la  réaction  s'est  donc  passée  suivant  l'équation  : 

'co  — CIl^co'-c^^p\ 

CH.CH-.CH.CH^Cl    I  ^  iH^O+CO'K^ 

.co o  / 

=  aC^H^OH  -H  2KCI  -f-  5C0=+  2(CH\C0.Cir-.ClP.CH0H.CH20H). 

»  Copulation  des  cétolactones  chlorées  dérivées  des  élhers  acélonedicar toniques 
et  benzoylacĂ©tique  avec  les  chlorures  de  diazobenzĂšne  et  p-diazotoluĂšne.  —  Si  l'on 
fait  agir  sur  la  solution  alcoolique  du  dérivé  sodé  de  la  cétolactone  éthylique  une  solu- 
tion de  chlorure  de  diazobenzÚne  à  0°,  on  obtient  sur  les  parois  du  vase  une  masse 
visqueuse  qui  se  solidifie  au  bout  de  quelques  heures.  On  recueille  ce  produit,  on  le 
lave  Ă   l'Ă©lher  et  on  le  fait  cristalliser  dans  l'alcool  bouillant.  Fines  aiguilles  fondant 
à  i83-i84°  et  répondant  à  la  formule  C"H"0=N^C1  : 

CO.CH2GO'-C2H^ 

CH.aP.CH.CH^CI+HOir-.C'-lP 

I  I 

CO O 

CO^'C^'U' 

-C\r-          +c^ii».]\2-  CH-CH^CIl-CIPCl. 
I                                    I  I 

CO^ll  CO o 

C'H'.NII.N  =C- CH2- CH.CH^CI. 

i  I 

CO o 

»  Pour  corroborer  notre  maniÚre  de  voir,  quant  à  la]  constitution  de  ce  nouveau 
dérivé,  nous  l'avons  préparé  par  une  autre  voie  et  nous  nous  sommes  adressés  à  la  ben- 


SÉANCE    DU    6   JUILLET    igoS.  l5 

zoyl-chloro-Y-valéroIactone  obtenue  il  y  a  quelque  temps  par  l'un  de  nous  (').  Cette 
lactone,  traitĂ©e  par  le  chlorure  de  diazobenzĂšne  dans  les  mĂȘmes  conditions  que 
ci-dessus,  a  fourni  le  mĂȘme  dĂ©rivĂ»  azoique  ou  la  mĂȘme  hydrazone  fondant  Ă   183-184°, 
en  mĂȘme  temps  que  de  l'acide  benzoĂŻque 


C^H'.CO.CH— GO 
CH  —  G 


HON-.C«H» 


CH^Cl 

=  C«H5C0°-H  +  CH'NH.H  =  G—  CH^CH.CII‱C1. 

I  I 

GO 0 

»  Nous  avons  également  répété  la  réaction  avec  l'étlier  méthylique  de  notre  céto- 
lactone  chlorée  dérivée  de  l'acétonedicarbonate  de  mélhyle  et  avons  encore  obtenu'les 
mĂȘmes  aiguilles  fondant  Ă   iSS^-iS/J". 

I)   En  substituant  au  chlorure  de  diazobenzĂšne  le  chlorure  deyo-diazolo- 

/CH' 
luĂšne,  on  obtient  une  toIyihydrazoneC"H'v^^jj^_^_^j^,  ^^  CH=C1 

I  I 

co o 

cristallisant  en  aiguilles  incolores  et  fondant  à  210°.  Ce  corps  est  trÚs 
soluble  dans  l'alcool  bouillant. 

1)   Nous  continuons  l'étude  de  ces  composés.    « 


MÉDECINE.  —  De  r action  du  sĂ©rum  humain  sur  les  Trypanosomes  du  Nagana, 
du  Caderas  et  du  Surra.  Note  de  M.  A.  L-vverax. 

«  J'ai  signalé  déjà  l'action  remarquable  que  le  sérum  humain  exerce 
surleTrypanosome  du  Nagana,  Tr.  Bruceii^^).  J'ai  continué  mes  recherches 
sur  cette  question  et  je  les  ai  Ă©tendues  Ă   deux  autres  maladies  Ă   Trypano- 
somes :  le  Caderas  et  le  Surra  ;  je  me  propose  de  résumer,  dans  cette  Note, 
les  résultats  de  mes  derniÚres  expériences  ('). 


(')  A.  Haller,  Comptes  rendus,  t.  GXXXII,  p.  i45o.  —  Bull.  Soc.  chiin.,  3'  sĂ©rie, 
t.  XXI,  p.  564- 

(^)  Comptes  rendus,  séance  du  i^''  avril  1902. 

(')  Nous  avons  montré,  M.  Mesnil  et  moi,  que  le  Nagana,  le  Caderas  et  le  Surra 
étaient  trois  entités  morbides  distinctes  :  Comptes  rendus,  17  novembre  [902  et 
22  juin   1903. 


l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  sérum  humain  est  rarement  recueilli  avec  pureté  ;  aussi  s'altÚre-t-il, 
en  gĂ©nĂ©ral,  au  bout  de  quelques  jours,  mĂȘme  si  l'on  prend  soin  de  le  main- 
tenir à  la  glaciÚre.  Le  sérum  qui  a  été  recueilli  avec  pureté  conserve  plus 
longtemps  son  activité  que  le  sérum  impur  mais,  lui  aussi,  il  perd  plus  ou 
moins  rapidement  ses  propriétés.  Du  sérum  humain  trÚs  actif  au  début, 
conservé  à  la  glaciÚre  et  resté  limpide,  avait  perdu,  au  bout  de  i  mois, 
toute  son  activité  sur  le  Trypanosome  du  Nagana. 

»  Pour  remédier  à  ces  difficultés,  j'ai  renoncé  à  conserver  le  sérum 
humain  à  l'état  liquide,  je  le  fais  dessécher  dans  le  vide  (');  lorsque  je 
veux  injecter  du  sérum  humain  à  un  animal,  je  pÚse  la  quantité  voulue  de 
poudre  et  je  la  fais  dissoudre  dans  de  l'eau  distillée  stérilisée.  Le  sérum 
humain  desséché  est  aussi  actif  que  le  sérum  frais  et  il  conserve  longtemps 
ses  propriétés  ;  j'ai  de  la  poudre  de  sérum  humain  conservée  dans  un  tube 
en  verre,  bouché  par  un  tampon  d'ouate,  à  l'abri  de  la  lumiÚre,  qui,  au 
bout  de  6  mois,  est  encore  trĂšs  active. 

»  Neuf  échantillons  de  sérum  humain  formant  un  total  de  437"''  ont 
fourni,  aprĂšs  dessiccation,  42''',  26  de  poudre;  on  peut  donc  admettre,  dans 
la  pratique,  que  0^,10  de  poudre  correspondent  à  1'°''  de  sérum  humain. 

»  Le  sérum  des  nouveau-nés  s'est  montré  beaucoup  moins  actif  que 
celui  des  adultes  qui  seul  a  été  employé  dans  mes  derniÚres  expériences. 

»  1°  Action  du  sĂ©rum  humain  sur  le  Trypanosome  du  Nagana.  —  Si  Ton  injecte 
sous  la  peau  d'une  souris  naganĂ©e,  o*^"',  5o  Ă   \ℱ'  de  sĂ©rum  humain,  on  constate  que 
les  Trypanosomes  disparaissent  en  24  ou  36  heures,  Ă   moins  que  l'infection  ne  soit 
trop  avancĂ©e  au  moment  oĂč  le  sĂ©rum  est  injectĂ©. 

»  Pour  un  rat  de  200s  environ,  une  dose  de  2""'  de  sérum  suffit  en  général  pour 
faire  disparaĂźtre  les  Trypanosomes. 

»  4  à  5  heures  aprÚs  l'injection  du  sérum  humain  les  Trvpanosomes  présentent,  dans 
le  sang  des  animaux  traités,  des  formes  d'involulion,  et  leur  nombre  diminue  rapide- 
ment Ă   partir  de  ce  moment. 

»  Les  Trypanosomes  disparaissent  souvent  pendant  4  à  8  jours  aprÚs  une  injection 
de  sĂ©rum;  ils  ne  reparaissent  parfois,  dans  le  sang,  qu'au  bout  de  12,  18  et  mĂȘme 
19  jours. 

»  En  rÚgle  générale,  la  disparition  des  Trypanosomes  n'est  que  temporaire;  nous 
avons  observé  cependant,  M.  Mesnil  et  moi,  des  cas  de  guérison  (-). 

»  Chez  4  souris,  la  disparition  des  Trypanosomes,  à  la  suite  d'une  ou  deux  injec- 
tions de  sérum  humain,  a  été  définitive.   Deux  de  ces  souris  réinociilées  de  Nagana, 


(')  Ce  mode  de  conservation  des  sérums  utilisés  en  thérapeutique  est  aujourd'hui 
bien  connu. 

(')  Annales  de  l'Institut  Pasteur,  t.  XVI,  novembre  1902,  p.  800. 


SÉAN'CE    DU    6    JUILLET    igo^.  i-j 

aprÚs  guérison,  se  sont  infectées  de  nouveau  ;  Tatteinle  légÚre  de  Nagana  qu'elles 
avaient  subie  n'avait  donc  pas  suffi  à  leur  donner  l'immunité. 

»  En  repétant  les  injeclions  de  sérum  liinnain,  on  peut,  dans  tous  les  cas,  prolonger 
de  beaucoup  la  vie  des  animaux. 

»  2°  Action  du  sĂ©rum  humain  sur  le  Trypanosonte  du  Cnderan.  —  Le  sĂ©rum 
humain  est  aussi  actif  contre  le  Caderas  que  contre  le  Nagana. 

»  Lorsque,  à  une  souris  de  20^  environ,  ayant  des  Trypanosomes  du  Caderas  rares 
ou  mĂȘme  assez  nombreux  dans  le  sang,  on  inocule  o'^'"',  5o  Ă   i"^""'  de  sĂ©rum  humain  ou 
oS,  10  de  poudre  de  ce  sérum  eu  dissolution  dans  l'eau,  on  constate,  au  bout  de  24  à 
36  heures,  que  les  Trypanosomes  ont  disparu.  La  disparition  est  d'autant  plus  rapide  que 
les  Trypanosomes  sont  moins  nombreux,  au  m.oment  oĂč  le  sĂ©rum  est  injectĂ©.  Quand 
les  Trypanosomes  sont  trĂšs  nombreux,  le  traitement  est  souvent  inefficace;  la  mort 
arrive  avant  que  le  sérum  ait  eu  le  temps  d'agir. 

»  Les  Trypanosomes  disparaissent  pendant  6  à  8  jours,  aprÚs  quoi  ils  reparaissent 
en  général,  et  il  est  nécessaire  d'intervenir  de  nouveau.  Une  fois  seulement,  sur  10, 
une  souris  a  guéri  aprÚs  une  injection  de  sérum  humain. 

»  En  pratiquant  des  injections  successives,  on  prolonge  beaucoup  la  vie  des  ani- 
maux; les  souris  non  traitées  meurent  en  6  à  8  jours,  tandis  que,  chez  les  souris  trai- 
tées, la  moyenne  de  la  survie,  aprÚs  l'inoculation  du  Caderas,  a  été  de  57  jours.  Les 
chiffres  de  68  à  70  jours  ont  été  atteints  plusieurs  fois;  une  souris  a  survécu  ii3  jours. 
Il  arrive  un  moment  oĂč  le  sĂ©rum  humain  n'agit  plus  sur  les  hĂ©matozoaires. 

»  La  souris  qui  a  guéri  n'avait  pas  l'immunité  pour  le  Caderas;  elle  n'a  pas  résisté 
Ă   une  nouvelle  inoculation  de  sang  virulent. 

»  Chez  les  rats  infectĂ©s  de  Caderas,  l'action  du  sĂ©rum  humain  est  la  mĂȘme  que 
chez  les  souris.  Pour  un  rat  de  i5os  à  200»  on  injectera  2""'  de  sérum  ou  os,  25  à  oS,  3o 
de  poudre  de  sérum  en  dissolution  dans  l'eau. 

I)  Le  mode  d'action  du  sĂ©rum  humain  sur  les  Trypanosomes  du  Caderas  est  le  mĂȘme 
que  sur  les  Trypanosomes  du  Nagana. 

))  Si  l'on  examine  à  différentes  reprises  le  sang  d'un  animal  cadéré  traité  par  le 
sérum  humain,  on  constate  ce  qui  suit  : 

»  I  heure  aprÚs  l'injection  de  sérum  les  Trypanosomes  ont  l'aspect  normal  et  leur 
nombre  n'a  pas  sensiblement  diminué. 

»  2  heures  aprÚs  l'injection,  à  cÎté  de  Trypanosomes  d'aspect  normal,  on  trouve  des 
formes  d'involution  plus  ou  moins  nombreuses  :  Trypanosomes  dĂ©formĂ©s  en  tĂȘtards  ou 
en  boules;  le  protoplasme  des  Trypanosomes  en  voie  d'involution  se  colore  mal,  il  finit 
par  disparaĂźtre  et  l'on  ne  trouve  plus  que  les  flagelles  et  des  restes  des  noyaux. 

»  5  heures  aprÚs  l'injection,  le  nombre  des  Trypanosomes  a  sensiblement  diminué  et 
l'on  est  frappé  de  l'inégalité  de  forme  et  de  dimensions  des  Trypanosomes  ;  les  parasites 
en  voie  d'involution  sont  nombreux;  le  type  en  boule  est  le  plus  commun. 

»  H  n'y  a  pas  de  leucocytose  marquée;  certains  leucocytes  renferment  évidemment 
des  débris  des  Trypanosomes  mais  la  jjhagocytose  ne  s'exerce  que  sur  des  parasites 
déjà  profondément  altérés;  je  n'ai  jamais  vu  un  leucocyte  en  train  d'englober  un  Try- 
panosome  encore  mobile. 

u   Dans  les  heures  qui  suivent,  le  nombre  des  Trypanosomes  continues  décroßtre. 

»   3°  Actio/t  du  sĂ©rum  humain  sur  le  Trjpauosome  du  Surra.  —  L'action  du  sĂ©iiiiu 

C.  K.,  1903,    ..‱  Semestre.  (T.  C\X.\V11,  N"  1.)  ^ 


l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

humain  sur  le  Trvpanosome  du  Sunaest  toul  à  fait  semblable  à  celle  de  ce  sérum  sur 
les  Trypanosomes  du  Nagana  et  du  Caderas.  Chez  une  souris  de  i5e  à  2oS  infectée  de 
Surra,  si  l'on  injecte  i"""'  de  sérum  ou  oS,  lO  de  poudre  de  sérum,  on  voit  disparaßtre 
les  Trypanosomes  en  24  ou  36  heures;  au  bout  de  8  Ă   11  jours  les  Trypanosomes  repa- 
raissent en  général.  Je  dois  dire  que  je  n'ai  fait  encore  qu'un  petit  nombre  d'expé- 
riences de  traitement  du  Surra  par  le  sérum  humain. 

))  En  résumé,  le  sérum  humain  injecté  à  des  animaux  atteints  de 
Nagana,  de  Surra  ou  de  Caderas,  fait  disparaĂźtre  temporairement,  parfois 
mĂȘme  d'une  façon  dĂ©finitive,  les  Trypanosomes  qui  sont  les  agents  patho- 
gÚnes de  ces  maladies.  Cette  action  du  sérum  humain  est  d'autant  plus 
remarquable  que  l'Ă©volution  naturelle  de  ces  maladies  aboutit  toujours  Ă  
la  mort  chez  les  espÚces  animales  qui  ont  servi  à  nos  expériences  et  qu'au- 
cun autre  moyen  de  traitement  n'a  donné  de  guérisons  ('). 

)>  Aucune  espÚce  animale  ne  fournit  un  sérum  ayant  des  propriétés 
analogues  à  celles  du  sérum  humain  ;  dans  ma  Note  antérieure  j'ai  dit  que 
le  sérum  de  singe  était  aussi  peu  actif  contre  les  Trypanosomes  du  Nagana 
que  le  sérum  des  autres  MammifÚres,  je  n'avais  eu  à  ma  disposition  que 
du  sérum  de  CercopithÚque,  il  était  intéressant  de  savoir  si  le  sérum  des 
singes  AnthropoĂŻdes  ne  serait  pas  actif.  GrĂące  Ă   l'obligeance  de  M.  Metchni- 
koff  nous  avons  pu  M.  Mesnil  et  moi  faire  l'expérience  suivante:  le  sérum 
d'un  Chimpanzé  ùgé  de  deux  ans  a  été  inoculé,  à  la  dose  de  i""°,  à  deux 
souris  infectées  de  Nagana,  pesant  l'une  23^  l'autre  ï3^.  Au  moment  de 
l'injection,  les  Trypanosomes  Ă©taient  trĂšs  rares  dans  le  sang  des  souris. 
L'injection  du  sérum  n'a  eu  aucun  effet  sur  l'évolution  de  la  maladie;  les 
deux  souris  sont  mortes  aussi  rapidement  qu'une  souris  témoin. 

»  L'action  du  sérum  humain  sur  les  Trypanosomes  du  Nagana,  du 
Surra  et  du  Caderas  qui  ne  peuvent  pas  se  développer  chez  l'homme,  est 
intéressante  au  point  de  vue  tliéorique,  au  point  de  vue  de  l'étude  de  l'im- 
munité; il  est  possible  aussi  qu'en  poursuivant  ces  recherches  on  arrive  à 
des  résultats  pratiques. 

»  Il  ne  peut  pas  ĂȘtre  question  de  traiter  de  gros  animaux  infectĂ©s  de 
Nagana,  de  Surra  ou  de  Caderas  au  moyen  de  sérum  humain,  il  faudrait 
pour  cela  de  trop  grandes  quantités  de  ce  sérum,  mais  on  connaßt  depuis 
peu  des  maladies  ;i  Trypanosomes  qui  s'attaquent  Ă   l'homme. 


(')  L'acide  arsénieux.  administré,  à  dose  suffisante,  aux  rats  ou  aux  souiis  infectés 
de  Nagana,  de  Surra  ou  de  Caderas,  fait  disparaĂźtre  temporairement  les  Trypanosomes 
de  la  grande  circulation  ;  il  ne  guérit  pas. 


SÉANCE    DU    (J    JUILLET    1903.  19 

((  Dutton  a  décrit  une  fiÚvre  irrognliÚre  assez  répandue  dans  certaines 
régions  de  l'Afrique,  en  Gambie  notamment,  qui  est  produite  par  un  Trypa- 
nosome  et  il  résulte  des  recherches  récentes  de  Castellani.  confirmées  par 
Bruce,  que  la  Maladie  du  sommeil,  une  des  endémies  les  plus  graves  de 
l'Afrique  Ă©quatoriale,  a  Ă©galement  pour  agent  pathogĂšne  un  Trypano- 
some. 

»  Il  V  aura  lien  d'étudier  l'action  pathogÚne  de  ces  nouveaux  Trypano- 
somes  sur  les  MammifÚres  et  d'expérimenter  ensuite  le  sérum  des  animaux 
réfractaires  dans  le  traitement  de  la  Maladie  de  Dutton  et  de  la  Maladie  du 
sommeil.  » 


BOTANIQUE.  —  Remarques  sur  la  formation  du  pollen  chez  les  AsclĂ©piadĂ©es. 

Note  de  M.  L.  Gcigxakd. 

«  La  formation  du  pollen  chez  les  Asclépiadées  a  été  étudiée  dans  ces 
derniÚres  années  par  plusieurs  auteurs,  dans  le  but  de  vérifier  l'opinion 
d'aprĂšs  laquelle  les  cellules-mĂšres  primordiales  de  l'anthĂšre  qui  lui  donnent 
naissance,  an  lieu  de  se  diviser,  conformément  à  la  rÚgle  générale,  chacune 
en  quatre  cellules  poUiniques,  se  transformeraient  au  contraire  directement 
en  grains  de  pollen.  On  sait  que,  dans  l'ovule  des  Phanérogames,  la  cellule- 
mÚre  primordiale  du  sac  embryonnaire  se  divise  fréquemment,  comme  les 
cellules-mĂšres  primordiales  du  pollen,  en  quatre  cellules-filles,  dont  une 
seule  s'accroĂźt  ordinairement  pour  donner  le  sac  embryonnaire.  Mais,  par- 
fois, cette  division  n'a  pas  lieu,  et  le  sac  embryonnaire  est  fourni  directe- 
ment par  la  cellule-mÚre  primordiale.  Une  réduction  analogue  dans  l'onto- 
genĂšse semblait  donc  pouvoir  se  rencontrer  aussi  dans  le  sac  poUinique  de 
quelques  plantes,  et  Sydney  H.  Vines('),  en  particulier,  admettait  qu'elle 
.existe  efTectivement  chez  les  Asclépiadées. 

))  En  1901,  M.  Strasburger  (-),  reprenant  cette  Ă©tude,  remarqua 
d'abord  que,  dans  ÏAsclepias  Cornuti,  les  cellules-mùres  primordiales  sont 
disposées  en  une  assise  unique  qui  dérive,  comme  à  l'ordinaire,  de  l'assise 
sous-Ă©pidermique  primitive.  Il  observa,  en  outre,  que,  dans  chacune  de  ces 
cellules-mÚres,  orientées  et  allongées  dans  le  sens  radial,  la  premiÚre  divi- 


(')  Sydney  H.  V'ixes,  A  sludenls  text-book  of  Bolany ,  1890,  p.  4^5. 
(-  )  Strasburger,  Einige  Beinerkungen  zu  der  PoUenbildung  bel  Asclepias  {Ber. 
d.  deutsch.  bot.  Gcsellsck.,.  29  juillet,  1901). 


20  ACADKMIE    UES    SCIENCES. 

sion  nucléaire,  leconnaissable  à  son  caractÚre  hélérolvpiqiie,  est  suivie  du 
cloisonnement  transversal  de  la  cellule.  Les  deux  cellules-fdies  se  divisent 
ensuite  et  se  cloisonnent  dans  la  mĂȘme  direction,  de  sorte  que  la  cellule- 
mÚre  primordiale  fournit  quatre  cellules  polliniques  disposées  en  une  file 
radiale.  Tl  n'v  a  donc  pas  exception  à  la  rÚgle  générale,  au  point  de  vue  du 
nombre  des  grains  de  pollen  dérivés  de  chacune  des  cellules-mÚres.  Mais, 
par  le  mode  de  cloisonnement,  la  formation  du  pollen  de  VAsclepias  esl 
analogue  à  celle  que  l'on  connaßt  chez  les  Monocotylédones,  à  part  les  Or- 
chidées (');  il  n'existe  qu'une  différence  d'importance  secondaire  :  la  dis- 
position en  file  des  cellules  de  pollen,  surtout  générale  et  réguliÚre  dans 
la  région  médiane  du  sac  poUinique. 

))  Presque  en  mĂȘme  temps,  M.  Frye(^)  Ă©tudiait  aussi  l'origine  du  pollen 
dans  plusieurs  Asclcpias.  S<m  travail  Ă©tait  Ă   l'impression,  dit-il  ('),  lorsqu'il 
prit  connaissance  de  celui  de  M.  Strasbnrger,  dont  les  résultats  généraux 
concordaient  avec  les  siens. 

»  Au  commencement  de  1902,  paraissait  un  Mémoire  de  M.  Gager  (*) 
sur  le  mĂȘme  sujet.  La  formation  des  cellules-mĂšres  primordiales  et  leur 
division,  accompagnée  du  cloisonnement  successif  indiqué  par  M.  Stras- 
bnrger, s'y  trouvent  trÚs  nettement  décrites  et  figurées.  Dans  un  Appendice 
à  son  Mémoire,  l'auteur  fait  remarquer  (')  qu'il  n'a  connu  les  résultats  de 
ce  savant  qu'aprÚs  avoir  achevé  ses  observations. 

»  Vers  la  fin  de  la  mĂȘme  annĂ©e,  M.  Frye(")  publie,  sur  l'ovule  des 
Asclépiadées,  une  étude  dans  laquelle  il  commence  par  rappeler  ses 
recherches  antérieures  sur  le  pollen;  il  \  mentionne  également  (')les 
observations  de  M.  Strasburger,  déjà  signalées  par  lui  dans  son  premier 
MĂ©moire,  ainsi  que  le  travail  de  M.  Gager. 

(')  J'ai  monlré,  en  effet,  que,  chez  les  Orchidées,  le  cloisonnement  ne   se  produit 
qu'aprÚs   la  seconde  division   nucléaire,  comme  chez  les  Dicotylédones  [/?ec/ie/T/ie5 . 
sur  le  développemenl  de  l'anthÚre  el  du  pollen  des  Orchidées  (Ann.  des  Se.  nat.  : 
Bot.,  6'  série,  t.  XIV,  i883)]. 

(')  T.-C.  Fin'E,  Development  0/  the  pollen  in  some  AsclepiadaceƓ  {Bot.  Gazette, 
nov.  1901,  p.  325). 

(')  Note,  p.  33o. 

(')  C-Stlaut  Gager,  The deielop ment  of  the pollinium  and  sperm-cells  in  Ascle- 
pias  Cornuti  (Ann.  of  Botany,  vol.  XVI,  mars  1902,  p.  i23). 

(»)  Page  i4i. 

(^)  T.-C.  Fryf,  A  morphological  sludy  of  certain  AsclepiadaceƓ  {Bot.  Gazette, 
déc.  1902). 

(')  Page  4ii. 


SÉANCE    DU    ()    JUILLET    rgoS.  21 

»   Ce  court  aperçu  historique  était  nécessaire  pour  les  raisons  suivantes  : 

»  En  effet,  dans  deux  Notes  publiées  à  la  fin  de  1902,  l'une  sur  le  pollen, 
l'autre  sur  l'ovule  des  Asclépiadées  ('),  M.  Dop  paraßt  ignorer  les  travaux 
dont  le  pollen  avait  été  l'objet  antérieurement.  Il  n'en  est  pas  davantage 
question  dans  le  Mémoire  plus  détaillé  qu'il  vient  de  faire  paraßtre  (-).  En 
admettant  qu'il  n'en  ait  pas  eu  connaissance  au  moment  de  la  publication 
de  ses  deux  Notes  préliminaires,  on  est  d'autant  plus  surpris  de  le  voir 
passer  sous  silence,  dans  ce  MĂ©moire,  les  recherches  de  MM.  Frve, 
Strasburger  et  Gager  sur  le  pollen,  qu'il  cite  le  travail  de  M.  Frye  sur  l'ovule, 
oĂč  se  trouvent  prĂ©cisĂ©ment  les  indications  relatives  aux  recherches  de  ces 
trois  auteurs  sur  la  question. 

)>  Quant  aux  résultats  énoncés  comme  nouveaux  sous  ce  rapport  par 
M.  Dop,  ils  Ă©taient  dĂ©jĂ   connus  et  l'on  peut  mĂȘme  ajouter  que  la  question 
de  l'origine  des  cellules-mĂšres  et  du  mode  de  formation  du  pollen  dans  les 
Asclepias  avait  été  résolue  d'une  façon  beaucoup  plus  approfondie  par  les 
observations  antérieures. 

»  Cependant,  sans  quitter  ce  sujet,  il  restait  encore  au  moins  une 
question  intéressante  à  élucider.  On  sait,  en  effet,  que  dans  la  tribu  des 
Périplocées,  le  pollen  ne  forme  pas  de  pollinies,  comme  dans  les  autres 
groupes  de  la  famille,  mais  des  tétrades  polliniques  isolées.  Celles-ci  ont 
Ă©tĂ©  dĂ©crites  et  figurĂ©es,  notamment  par  M.  Schumann  (‱')  dans  le  Periploca 
Preussii  et  V Alherandra  piibescens ;  les  quatre  grains  ou  cellules  polliniques 
peuvent  ĂȘtre  groupĂ©s  de  façons  diverses,  parfois  en  une  fde  unique,  plus 
souvent  en  une  tétrade  allongée  comprenant  deux  cellules  au  centre  et  une 
Ă   chaque  extrĂ©mitĂ©.  Dans  le  Periploca  grƓca,  M.  Strasburger  (  ')  n'a  ren- 
contré que  cette  derniÚre  disposition. 

»  A  ma  connaissance,  M.  Dop  paraßt  avoir  été,  cette  fois,  le  premier  à 
étudier  le  développement  des  sacs  polliniques  et  de  leur  contenu  dans  le 

(')  Paul  Dop,  Sur  le  pollen  des  Asclépiadées  {Comptes  rendus,  27  octobre  1902). 
Sur  le  développement  de  l'ovule  des  Asclépiadées  {Comptes  rendus,  10  no- 
vembre 1902). 

(^)  Recherches  sur  la  structure  et  sur  le  développement  de  la  fleur  des  Asclé- 
piadées {ThÚse  présentée  pour  le  doctorat  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris;  Tou- 
louse, 1903). 

(^)  Engler  et  Prantl,  Die  nalurliciien  Pjlanzenfamihen  {AsclepiadaceƓ,  t.  IV, 
2«  partie,  p.  196  et  fig.  64,  V  et  H). 

(*)  Einige  Bemerkungen,  etc.,  p.  456. 


22  ACADÉMIE    DKS    SCIENCES. 

Ppn'pinra  girpca  (').  Ici.  l'anthĂšre  possĂšde  quatre  sacs,  an  lien  de  deux 
comme  chez  les  antres  Asclépadées.  Chacun  d'eux  débute,  comme  à  l'ordi- 
naire, par  la  difFĂ©riencialion  d'une  assise  de  cellules  sous-Ă©pidermiques, 
qui  se  divisent  langentiellement;  les  celhiles  internes  ainsi  formées 
deviennent  les  cellules-mĂšres  primordiales.  Cette  assise  a  la  forme  d'un 
arc  qui,  suivant  l'auteur,  se  courbe  et  rapproche  progressivement  ses 
branches,  de  sorte  que  les  cellules-mĂšres  primordiales  arrivent  Ă   se  toucher 
et  Ă   se  disposer  sur  deux  rangs  parallĂšles  (  -). 

»  Une  modification  analogue,  dil-il,  a  lien  anx^  quatre  ani^les  de  TanthÚre,  et  ainsi 
s'Ă©tablissent  quatre  sacs  polliniques  elliptiques  par  un  processus  qui  diffĂšre  non  seu- 
lement de  ce  qtii  se  passe  chez  les  antres  Asclépiadées,  mais  aussi  chez  la  plupart  des 
Angiospermes.  BientĂŽt  les  cellules  externes,  qui  enveloppent  les  cellules-mĂšres  primor- 
diales, se  divisent  par  des  cloisons  radiales  et  tangentielles,  de  façon  à  donner  nais- 
sance Ă   une  masse  de  tissus  parenchymateux  enveloppant  les  cellules-mĂšres.  Ce  cloi- 
sonnement se  fait  sans  ordre  et.  de  plus,  aucune  différenciation  spéciale  n'apparaßt 
dans  ce  parenchyme.  11  ne  renferme,  en  effet,  ni  ansise  nourriciÚre  nettement  diffé- 
renciée, ni  assise  intermédiaire,  ni  assise  mécanique  (').  Les  cellules-mÚres  primor- 
diales s'isolent  les  unes  des  autres,  puis  se  divisent  chacune  en  quatre  cellules-filles. 
Je  n'ai  pas  pu  suivre  en  détail  ce  cloisonnement,  mais  j'ai  tout  lieu  de  penser  que  les 
deax  cloisons  se  forment  successivement  comme  dans  les  autres  Asclépiadées. 

«Insuffisante  quant  au  mode  de  formation  des  tétrades  de  pollen,  puisque 
l'auteur  n'a  pas  réussi  à  l'observer,  cette  description  est  complÚtement 
inexacte  relativement  Ă   la  disposition  des  cellules-mĂšres  primordiales  et  Ă  
la  structure  de  la  paroi  du  sac  polliniquc. 

»  J'ai  constaté,  en  effet,  que  l'arc  formé,  aux  quatre  angles  de  l'anthÚre, 
par  l'assise  des  cellules-mĂšres  primordiales  ne  s'incurve  pas  en  rappro- 
chant ses  branches  de  façon  que  ces  cellules  arrivent  à  se  toucher  et  à 
se  placer  sur  deux  rangées  parallÚles:  au  contraire,  l'arc  reste  toujours 
trÚs  ouvert,  comme  chez  les  autres  Asclépiadées  et  les  cellules-mÚres  dont 
il  se  compose  conservent  leur  disposition  primitive  en  une  seule  assise 
presque  toujours  réguliÚre. 

»  AprÚs  la  premiÚre  bipartition  tangentielle  qui  se  produit  dans  l'assise 
sous-Ă©pidermique  primitive  et  donne  en  dedans  les  cellules-mĂšres  primor- 
diales, en  dehors  une  nouvelle  assise,  celle-ci  se  divise  en  direction  cen- 


(  '  )   ThĂšse  de  doctorat,  p.  84. 

(2)  Page  84,  figures  33-34- 

(2)  Ces  mots  sont  mis  en  italique  par  1  auteur  lui-mĂȘme. 


SÉANCE    DU    (3   JUILLET    igo3.  23 

trifiige  par  deux  cloisonnements  tangentiels  successifs.  Des  trois  nouvelles 
assises  ainsi  formées,  la  plus  interne  deviendra  l'assise  nourriciÚre,  la 
médiane  l'assise  intermédiaire,  l'externe  l'assise  mécanique. 

»  Les  cellules  de  l'assise  nourriciÚre  s'allongent  rapidement  dans  le 
sens  radial  en  divisant  leur  noyau  primitif  en  deux  nouveaux  novaux  qui 
restent  libres  dans  le  cytoplasme  :  caractÚre  bien  connu  pour  les  éléments 
de  l'assise  nourriciÚre  chez  un  grand  nombre  déplantes.  Parfois  aussi  une 
cloison  transversale  vient  séparer  les  deux  noyaux.  L'assise  nourriciÚre  se 
distingue  également  d'une  façon  trÚs  nette  du  reste  de  la  paroi  du  sac  pol- 
linique  par  l'abondance  de  son  protoplasme  et  la  maniĂšre  dont  elle  se  com- 
porte au  contact  des  réactifs.  Sur  la  face  interne  du  sac,  dans  la  concavité 
de  l'arc  des  cellules-mĂšres  primordiales,  elle  se  continue  par  des  cellules 
qui  sont  moins  allongées  et  deviennent  presque  isodiamétriques  ;  elles  se 
disposent  au  centre  de  la  cavité  en  un  groupe  assez  épais,  que  les  réactifs 
permettent  cependant  de  délimiter  facilement  par  rapport  au  parenchyme 
adjacent. 

»  Les  cellules-mÚres  primordiales,  allongées  radialement  comme  les 
cellules  nourriciÚres  recouvrant  la  face  convexe  de  l'arc,  présentent  dans 
le  jeune  ùge  une  certaine  ressemblance  avec  ces  derniÚres  ;  mais,  à  défaut 
de  leur  aspect  général,  leur  noyau  unique  et  plus  gros  suffirait  à  lui  seul  à 
les  en  distinguer.  Les  deux  sacspolliniques  situés  du  cÎté  externe  de  l'an- 
thĂšre sont  un  peu  plus  larges  que  les  deux  autres  sacs  voisins  de  la  face 
interne;  dans  leur  plus  grande  largeur,  ils  montrent,  sur  la  coupe  trans- 
versale, un  arc  d'une  quinzaine  de  cellules-mÚres  elliptiques  allongées, 
bien  caractérisées  par  rapporta  celles  de  l'assise  nourriciÚre.  Il  est  étrange 
que  M.  Dop  n'ait  pas  réussi  à  les  en  dislinguef  et  qu'il  ait  pu  croire  à  l'ab- 
sence d'assise  nourriciĂšre,  confondant  ainsi,  sans  doute  en  raison  de  leur 
grand  développement,  les  cellules  de  celte  assise  avec  les  cellule-mÚres  pri- 
mordiales elles-mĂȘmes. 

»  L'assise  située  immédiatement  sous  l'épiderme  de  la  paroi  externe  du 
sac  agrandit  ses  cellules  d'assez  bonne  heure.  Assez  longtemps  aprĂšs  la  for- 
mation des  tétrades  poUiniques  et  vers  la  fin  de  la  résorption  de  l'assise 
nourriciÚre,  elle  commence  à  montrer,  sur  les  parois  internes  et  latérales 
de  ses  cellules,  des  épaississements  caractéristiques  qui  la  transforment  en 
assise  mécanique.  Sur  la  face  dorsale  de  l'anthÚre,  la  lignification  n'occupe 
guĂšre  que  la  paroi  mĂȘme  des  deux  sacs  polhniques  externes;  mais,  sur  la 
face  ventrale,  elle  finit  par  s'Ă©tendre  sans  interruption  entre  les  deux  sacs 
internes.  Et  pourtant  M.  Dop  ne  l'a  pas  aperçue! 


24  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  L'assise  intermédiaire,  beaucoup  plus  mince,  et  située  au-dessous  de 
la  précédente,  au  contact  de  l'assise  nourriciÚre,  lignifie  aussi  par  endroits 
ses  membranes  cellulaires;  elle  ne  paraĂźt  pas  jouer  un  rĂŽle  bien  important 
dans  la  déhisceiice  des  sacs  polliniques. 

).  Enfin,  contrairement  Ă   l'opinion  de  M.  Dop,  les  cellules-mĂšres  pri- 
mordiales ne  s'isolent  pas  les  unes  des  autres  au  moment  de  la  formation 
des  tétrades  polliniques;  leur  séparation  n'a  lieu  que  plus  lard.  En  outre, 
l'étude  de  leur  division  m'a  montré  que  le  fuseau  nucléaire  de  la  premiÚie 
bipartition  se  place  en  général  parallÚlement  au  grand  axe  de  la  cellule, 
comme  chez  les  autres  Asclépiadées;  mais  cette  division  n'est  pas  suivie  de 
la  formation  d'une  cloison  transversale;  les  deux  noyaux  frĂšres  se  reconsti- 
tuent comme  Ă   l'ordinaire  et  ne  tardent  pas  Ă   se  diviser  Ă   leur  tour  dans  des  di- 
rections variables.  C'est  seulement  aprÚs  la  seconde  bipartition  nucléau-e 
que  le  cloisonnement  apparaßt  et  délimite  les  quatre  cellules  polliniques. 
La  tétrade,  de  forme  allongée,  présente  ordinairement  deux  cellules  au 
centre  et  une  à  chaque  extréniilé;  parfois  aussi,  les  cellules  sont  groupées 
en  tétraÚdre,  mais  trÚs  rarement  en  fde. 

»  Parce  mode  de  formation  des  tétrades  polliniques,  le  P<'/Y}:>/oca  diffÚre 
donc  des  Asclépiadées  appartenant  à  d'autres  tribus;  il  ressemble  aux 
autres  Dicotylédones  ('  )  et  aux  Orchidées.  Cette  question  méritait,  je  crois, 
d'ĂȘtre  dĂ©finiti\ement  rĂ©solue.   « 


TOPOGRAPHIE  ET  AÉROSTATION. —  Sur  un  moyen  rapide  d'obtenir  le  plan 
d'un  terrain  en  pays  de  plaines,  d'aprĂšs  une  vue  photographique  prise  en 
ballon.   Note  de  M.  Lacssedat. 

«  On  emploie,  depuis  assez  longtemps  déjà,  des  photographies  de 
paysages  prises  en  ballon,  ou  mĂȘme  Ă   l'aide  de  cerfs-volants,  pour  opĂ©rer 
la  reconnaissance  du  terrain  Ă   distance;  mais,  pour  reconstituer  le  plan 
d'aprÚs  ces  vues  aériennes,  il  faut  exécuter  des  constructions  gra|)hiques 
longues  et  laborieuses. 


(')  Dans  sa  monographie  des  Apoonées  {Natiir.  /'Jla/izeii/am.,  t.  IV,  2, 
p.  ii3),  M.  Sclnimann  fait  remaĂŻquer  qu'il  est  assez  surprenant  que  dans  celle  famille, 
pourlanl  si  voisine  des  Asclépiadées,  on  ue  rencontre  un  pollen  en  tétrade  que  dans 
le  g.  Condylocarpus. 

Cette  exception  n'est  pas  la  seule,  car  j'ai  eu  l'occasion  de  constater  la  présence  de 
tétrades  dans  le  g.  Apocrnii/n. 


SÉANCE    DU   (t   JUIT.y.ET    igoS.  aS 

»  Dans  les  pays  de  plaines  ou  peu  accidentés,  en  dirigeant  verticale- 
ment l'axe  optique  de  l'appareil,  on  a  toutefois  obtenu  immédiatement 
le  plan  de  la  partie  du  terrain  venue  sur  la  plaque.  Cette  expérience  a  été 
faite  Ă   plusieurs  reprises,  et  l'on  peut  citf^r  comme  l'une  des  plus  remar- 
quables celle  qui  a  été  effectuée,  dÚs  juin  1 885,  par  MM.  Gaston  Tissan- 
dier  etDucom,  d'un  ballon  monté,  à  son  passage  au-dessus  de  la  pointe 
de  l'Ăźle  Saint-Louis,  Ă   600""  de  hauteur. 

»  Seulement  la  surface  ainsi  relevée  est  toujours  nécessairement  d'assez 
médiocre  étendue,  à  moins  de  donner  au  ballon  une  grande  hauteur,  ce 
qui  finirait  par  trop  réduire  les  détails  de  l'image. 

»  D'ailleurs,  on  n'est  pas  toujours  en  état  d'amener  le  ballon  exacte- 
ment au-dessus  de  la  région  que  l'on  veut  explorer.  Il  est  donc  indispen- 
sable, dans  la  plupart  des  cas,  de  recourir  Ă   des  vues  prises  avec  un  appa- 
reil dont  l'axe  optique  a  été  dirigé  obliquement.  Il  est  aisé  de  voir  que, 
pour  la  mĂȘme  hauteur  du  ballon,  Ă   mesure  que  l'obliquitĂ©  augmente,  la 
pyramide  quadrangulaire,  opposée  par  le  sommet  à  celle  qui  est  déter- 
minée par  le  centre  optique  de  l'objectif  et  les  rayons  lumineux  aboutis- 
sant aux  quatre  angles  de  la  plaque,  découpe  sur  le  terrain  un  trapÚze  qui 
s'Ă©largit  rapidement. 

»  Dans  le  cas  oĂč  l'axe  est  vertical,  et  oĂč,  par  consĂ©quent,  les  limites  du 
terrain  embrassĂ©  ont  la  mĂȘme  forme  que  la  plaque,  rectangulaire  ou 
exceptionnellement  carrée,  l'échelle  du  plan  obtenu  sur  la  plaque  se 
trouve  immédiatement  déterminée  par  le  rapport  de  la  distance  focale  de 
l'objectif  Ă   la  bauteur  du  ballon.  Il  en  pourra  ĂȘtre  de  mĂȘme  dans  le  cas 
d'une  vue  oblique,  aprĂšs  sa  transformation  en  plan,  comme  nous  allons  le 
voir. 

»  Pour  fixer  les  idées,  nous  prendrons  un  exemple.  Supposons  le 
ballon  élevé  à  une  hauteur  de  Soo"  au-dessus  du  sol,  la  distance  focale  do 
l'objectif  de  o",  i5,  la  plaque  du  format  de  l'^'^'^x  i^"""  (ce  qui  donne  un 
champ  angulaire  de  62°  dans  le  sens  de  la  largeur)  et  l'axe  optique  incliné 
de  3o°  au-dessous  de  l'horizon  ou,  si  l'on  veut,  relevé  de  60°  par  rapport 
à  la  direction  verticale  qui  lui  aurait  d'abord  été  donnée. 

»   Dans  ce  premier  cas,  avec  une  plaque  exceptionnellement  carrée  de 

1 8^-"  X  I S'^'",  l'Ă©chelle  Ă©tant  alors  de  —r^^  »"  ^e  3^ ,  la  surface  correspon- 
dante du  terrain  serait  de  3G''". 

»   Dans  le  second  cas,  le  trapÚze  qui  circonscrirait  le  terrain  relevé  cor- 

C     K.,   19^3,  2-  Semestre.  (T.   CXXXVU,  N»  1.)  4 


26  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

respondrait  Ă   une  surface  de  45o'"' environ,  et  la  distance  des  points  les 
plus  éloignés  de  la  projection  du  ballon  atteindrait  3""". 

»  En  employant  le  procédé,  graphique  de  transformation,  les  construc- 
tions réussissent  encore  trÚs  bien,  en  pareil  cas;  nous  en  avons  fait  l'expé- 
rience sur  plusieurs  vues  photographiques  prises  de  4ooℱ  à  600'"  de  hauteur 
avec  un  objectif  d'une  distance  focale  de  oℱ,  18  et  une  inclinaison  de  l'axe 
voisine  de  3o°;  mais  le  moyen  optique  immédiat  que  nous  cherchons  à  lui 
substituer  ne  serait  peut-ĂȘtre  pas  satisfaisant  jusqu'Ă   l'extrĂȘme  limite  de  3'^'° 
de  distance, 

»  Nous  sommes,  au  conlraire,  autorisé  à  croire  qu'en  inclinant  l'axe  de 
rapj)areil  à  35°,  la  transformation  optique  dont  nous  allons  indiquer  le 
principe  s'opérerait  bien,  c'est-à-dire  donnerait  les  images  nettes  d'un  bout 
à  l'autre;  seulement  la  distance  des  points  relevés  les  plus  éloignés  serait 
rĂ©duite  Ă   2''ℱ, 5,  et  la  surface  du  terrain  embrassĂ©e  ne  serait  plus  que  de 
25o''^  environ. 

»  Pour  faire  d'un  seul  coup,  d'une  station  aérienne,  le  panorama  entier 
du  terrain,  on  a  construit  (en  Russie  notamment.)  des  appareils,  destinés  à 
ĂȘtre  suspendus  au-dessous  d'un  ballon,  qui  .se  composent  de  six  chambres 
noires  réparties  sur  les  milieux  des  cÎtés  d'un  hexagone  régulier  en  char- 
pente, enfin  d'une  septiĂšme  qui  occupe  le  centre  de  cet  hexagone  et  dont 
l'axe  est  vertical  (  '  ). 

M  La  station  Ă©tant  toujours  supposĂ©e  Ă   la  hauteur  de  500ℱ,  en  inclinant 
les  axes  des  six  autres  à  35°,  la  surface  totale  embrassée  serait  encore, 
dans  ce  cas,  de  iSoo''*  au  moins. 

»  En  faisant  varier  les  données  du  problÚme,  on  trouverait  des  résultats 
entre  lesquels  on  pourrait  choisir,  selon  les  circonstances.  Celles  que  nous 
avons  adoptées  dans  l'exemple  précédent,  et  dont  il  conviendra  générale- 
ment de  ne  pas  trop  s'écarter,  répondent  à  des  conditions  qu'aprÚs  la  com- 
paraison de  nombreuses  Ă©preuves  prises  avec  des  objectifs  dont  la  distance 
focale  avait  variĂ©  de  oℱ,  10  Ă   o'",36,  Ă   des  hauteurs  comprises  entre  100ℱ 
et  2000ℱ,  nous  considĂ©rons  comme  les  plus  favorables  j)our  atteindre  le 
but  proposé. 

»  Ce  but,  nous  l'avons  dit,  est  d'obtenir  la  transformation  en  plan 
d'une  vue  du  terrain  prise  d'une  station  aérienne  opliquemenl  et  sans  opé- 
ration graphique. 

(')  Pour  doMiiLM-  iiiimédialement  le  plan  d'un  espace  non  atteint  par  les  secteurs 
trapézoïdaux  qu'embrassent  les  chambres  à  axes  inclinés. 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    igo.^.  27 

»  La  solution  suivante  est  déduite  du  principe  de  ia  photographie  sans 
objectif  dont  la  théorie  a  été  si  bien  établie  par  M.  le  Commandant  Golsou. 

»  Les  figures  i  et  2  sont  destinées  à  faciliter  rintellio;ence  de  cette 
solution. 


Si«3l';'2S 


130° 


F^3Kil25 


»  La  premiÚre  représente  le  plan  horizontal  mené  par  le  point  P,  situé 
sur  l'axe  optique  de  l'objectif  O  de  la  chambre  noire  dont  on  se  sert  pour 


Fis 


prendre  les  vues,  dirigé  verticalement  et  tel  que  OP,  =  OP  distance  focale 
de  cet  objectif,  O  et  P  Ă©tant  rabattus  sur  le  plan  horizontal. 

»  La  chambre  noire  étant  supposée  conserver  une  orientation  constante, 
les  inclinaisons  successives  de  son  axe  optique  de3o°,  35°  et  45"  au-dessous 
de  l'horizon  déterminent,  sur  la  trace  du  plan  vertical  décrit  par  cet  axe. 


28  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  distances  correspondantes  de  ses  rencontres  avec  le  terrain  au  point  P, 
qui  marque  la  projection  de  la  station  sur  le  plan  horizontal. 

»  Si  l'on  considĂšre  les  arĂȘtes  de  la  pyramide  quadrangulaire  aboutissant 
aux  angles  de  la  plaque,  pendant  la  rotation  de  la  chambre  noire  autour 
d'un  axe  horizontal  que  l'on  peut  toujours  supposer  passer  par  le  centre 
optique  de  l'objectif,  Ă   cause  de  la  grande  hauteur  de  la  station,  on  voit 
que  les  arĂȘtes  dĂ©criront  un  cĂŽne  droit  Ă   deux  nappes  dont  l'axe  se  con- 
fondra avec  l'axe  de  rotation  et  qui  sera  coupé  par  le  plan  horizontal  sui- 
vant les  deux  branches  d'hyperbole  tracées  sur  la  figure.  C'est  à  ces  hyper- 
boles que  s'arrĂȘteront,  pour  chaque  position  de  Taxe  optique,  les  traces 
des  faces  de  la  pyramide,  qui  correspondent  Ă   la  largeur  de  la  plaque. 

»  Les  trapÚzes  résultant  pour  les  inclinaisons  de  So",  de  35°  et  de  45° 
de  l'axe  optique  sont  indiqués  sur  la  figure,  et,  en   tenant  compte  de 

l'Ă©chelle  qui  est  ici  de  ^^^^  X  -^)  on  v  peut  mesurer  toutes  les  distances  Ă  

la  station  P,  et  les  surfaces  des  diffĂ©rents  trapĂšzes  que  l'on  trouve  ĂȘtre  de 
45o''''',  2.J0'"'  et  enfin  100'"'  seulement  pour  l'inclinaison  de  45°. 

»  Le  trapÚze  correspondant  à  l'inclinaison  de  35°  est  seul  représenté 
en  lignes  pleines  sur  la  figure.  Un  autre  trapĂšze  CDEF,  ayant  pour  bases  la 
plus  grande  de  celles  qui  correspondent  à  l'inclinaison  de  3o°EF  et  la  plus 
petite  de  celles  qui  correspondent  à  l'inclinaison  de  45°  prolongée  jusqu'aux 
bords  latéraux  de  la  plaque  eu  C  et  en  D,  s'appuie  à  ce  qui  reste  de  cette 
plaque  (ABCD)et  forme  ainsi  le  fond  ABCDtF  de  la  boite  destinée  à  servir 
de  chambre  noire  sans  objectif  pour  la  transformation  des  Ă©preuves  obte- 
nues en  ballon  avec  la  premiĂšre. 

M  Cette  boßte  est  représentée  sur  la  figure  2;  à  sa  [jartie  supérieure,  à 
gauche,  et  un  peu  au-dessous  d'une  échancrure  pratiquée  dans  le  couvercle, 
en  O,  est  placée  une  lame  mince  métallique  percée  d'un  trÚs  petit  trou  qui 
remplace  l'objectif.  Cette  échancrure  est  bordée  d'une  platine  rectangu- 
laire à  laquelle  est  fixée  l'une  des  extrémités  d'un  soufflet  dont  l'autre  est 
Ă   la  petite  base  d'une  seconde  chambre  mobile  eu  forme  de  pyramide  tron- 
quée à  la  grande  base  de  laquelle  on  peut  disposer  l'épreuve  à  transformer. 
Il  va  sans  dire  que  le  sommet  de  la  pyramide  doit  se  confondre  rigoureu- 
sement avec  le  centre  du  petit  trou  pratiqué  dans  la  lame  mince  dont  la 
surface  restera  parallĂšle  aux  bases  de  la  pyramide,  c'est-Ă -dire  au  plan  de 
l'Ă©preuve. 

»   Pour  cela,  cette  lame  nimce  suit  les  mouvements  de  la  boite  pyrami- 


SÉANCE    DU    6   JUiLI.ET    igoS.  29 

claie  c|ui  sonl  réglés  par  la  rotation  de  deux  armatures  métalliques  accro- 
chées par  l'une  de  leurs  extrémités  aux  deux  cÎtés  o[)posés  de  la  grande 
base,  dans  le  sens  de  la  largeur,  et,  de  l'autre,  aux  flancs  de  la  boĂźte  fixe, 
oĂč  elles  sont  engagĂ©es  sur  deux  pivots  qui  se  prolongent  Ă   l'intĂ©rieur  jusqu'Ă  
la  rencontre  de  la  lame  mince  qu'ils  soutiennent,  leur  axe  géométrique 
couiinu!!  passant  par  le  centre  du  petit  trou  pratiqué  dans  cette  lame  que 
M.  le  Commandant  C'olson  désigne  sous  le  nom  de  sténopé. 

»  L'inclinaison  liu  plan  de  l'épreuve,  ou  plutÎt  celle  de  l'axe  optique  qui 
a  servi  à  l'obtenir  et  qui  doit  passer  par  le  centre  du  trou  du  sténopé,  est 
mesurée  sur  l'arc  d'un  secteur  divisé,  fixé  à  la  grande  chambre,  le  long  du- 
quel se  meut  un  vernier  porté  par  l'une  des  armatures  qui  entraßnent  la 
petite  chambre  pyramidale. 

»   Il  ne  nous  semble  pas  nécessaire  d'entrer  ici  dans  d'autres  détails. 

)i  II  est  aisé  de  voir,  en  effet,  que,  si  l'on  place  sur  le  fond  de  la  grande 
chambre  une  pellicule  sensible  (les  dimensions  du  sup[)ort  Ă   employer 
excluant  en  général  l'emploi  du  verre),  l'épreuve  à  reproduire  ayant  reçu 
l'inclinaison  convenable  et  étant  exposée  à  la  lumiÚre,  on  obtiendra  sur  la 
pellicule  le  plan  cherché. 

»  Il  y  aurait  peut-ĂȘtre  lieu  d'examiner  le  cas  oĂč  l'Ă©preuve  contiendra  des 
images  d'Ă©difices  plus  ou  moins  nombreux,  d'arbres  et  surtout  de  bois  ou 
de  forĂȘts  se  projetant  obliquement  et  dont  la  saillie  n'est  pas  nĂ©gligeable, 
mais  l'expérience  nous  a  appris  qu'en  exceptant  les  grandes  agglomérations 
(villes  ou  villages  étendus),  les  plans  construits  d'ajjrÚs  des  vues  aériennes 
prises  en  pays  de  plaines  ou  peu  accidentĂ©s  pouvaient  ĂȘtre  comparĂ©s  aux 
meilleurs  plans  levés  par  les  méthodes  dites  réguliÚres,  et  il  en  serait  sûre- 
ment de  mÎme  avec  les  plans  restitues  immédiatement  par  le  procédé  qui 
vient  d'ĂȘtre  indiquĂ©. 

»  Avec  les  données  que  nous  avons  supposées,  les  dimensions  de  la 
grande  chambre  noire  seraient  extĂ©rieurement  de  iℱ  environ,  de  oℱ,95  de 
largeur  Ă   l'une  de  ses  extrĂ©mitĂ©s  et  de  oℱ,  20  Ă   l'autre  extrĂ©mitĂ©.  En  suppri- 
mant l'inclinaison  de  l'axe  optique  de  oℱ,3o  et  en  partant  de  celle  de  35", 
pour  la  mĂȘme  distance  focale  de  oℱ,i5  et  la  mĂȘme  largeur  de  plaque 
de  o'^.ib,  la  longueur  de  la  boßte  serait  réduite  ào^.So  et  sa  grande  largeur 
Ă   o'",72,  la  petite  restant  deoℱ,2o  et  la  hauteur  Ă©tant,  dans  les  deux  cas, 
deo",i7  à  oℱ,i8. 

»  Il  n'y  a  pas  lieu,  d'ailleurs,  de  trop  se  préoccuper  des  dimensions  de 
cette  sorte  de  caisse  qui  peut  ĂȘtre  improvisĂ©e  partout  et  la  petite  chambre 
noire  destinée  à  recevoir  l'épreuve  à  transformer  avec  ses  armatures,  son 


3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cadran  divisĂ©  et  le  stĂ©nopĂ©  appropriĂ©  ont  seuls  besoin  d'ĂȘtre  trĂšs  bien 
construits  et  adaptés  avec  soin  à  la  grande.  Au  surplus,  l'expérience  mon- 
trera le  parti  que  l'on  |)eut  tirer  de  cette  disposition  et  les  modifications 
qu'il  y  aurait  lieu  d'y  apporter  dans  la  pratique.  » 


MÉ3I0IRES  PRESENTES. 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  ExpĂ©riences  sur  la  rĂ©sistance  de  T air. 
Mémoire  de  M.  G.  Eiffel,  présenté  par  M.  Mascart  (Extrait  par  l'auteur). 

(Commissaires  :  MM.  Maurice  LĂ© vy,  Sebert.) 

«  Les  nombreuses  expériences  faites  pour  déterminer  la  résistance 
qu'oppose  l'air  à  une  surface  en  mouvement  conduisent  à  des  résultats 
trĂšs  discordants.  L'incertitude  augmente  encore  quand,  au  lieu  d'une  lame 
mince  frappée  normalement,  on  considÚre  un  corps  solide  concave  ou 
convexe,  dont  les  parois  plus  ou  moins  évidées  sont  en  partie  protégées 
par  les  voisines. 

»  Comme  cette  rĂ©sistance  peut  ĂȘtre  assimilĂ©e  Ă   la  pression  du  vent  sur 
une  surface  immobile,  au  moins  pour  un  vent  régulier  et  sans  à-coups,  sa 
dĂ©termination  prĂ©sente  un  grand  intĂ©rĂȘt  pratique.  Il  est  nĂ©cessaire  de  la 
connaßtre  soit  pour  utiliser  le  vent,  soit  pour  calculer  la  pression  exercée 
sur  les  grandes  constructions,  oĂč  l'effet  du  vent  est  souvent  Ă©gal  ou  supĂ©- 
rieur, pour  beaucoup  de  parties,  Ă   l'effet  des  charges  et  des  surcharges. 

»  Il  paraßt  bien  démontré  que,  pour  une  action  normale, la  pression  est 
proportionnelle  au  carré  V-  de  la  vitesse,  au  moins  jusqu'à  5o"  par  seconde. 
Si  l'on  admet  qu'elle  est  aussi  proportionnelle  Ă   la  surface  S,  on  peut  la 
représenter  par  KSV%  le  coelficient  K.  désignant  la  pression  par  mÚtre 
carré  à  la  vitesse  d'un  mÚtre  par  seconde. 

»  On  admet  généralement  R  =  o"«,  123,  mais  on  sait  que  les  résultats 
ainsi  obtenus  sont  trÚs  exagérés. 

»  Dans  les  expériences  anglaises  on  avait  évalué  la  vitesse  par  les  indi- 
cations d'un  anémomÚtre  Robinson  comparé  à  l'étalon  de  Rew,  en  adop- 
tant pour  cet  instrument  le  facteur  3,  mais  les  recherches  de  M.  Dines  ont 
montrĂ©  que  ce  facteur  doit  ĂȘtre  ramenĂ©  Ă   2,20.  D'autre  part,  M.  Langley 
trouve  la  valeur  R  =  o,  08,  qui  réduit  les  effets  il'un  tiers. 

.,   On  réalise  généralement  la  vitesse  à  l'aide  d'un  manÚge.  Il  est  bien 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    ipoS.  3l 

difficile  iilors  de  corriger  les  effets  dus  à  la  réaction  centrifuge,  aux  entraß- 
nements d'air  et  aux  courants  secondaires.  Quand  on  utilise  les  trains  de 
chemin  de  fer,  le  passage  (!e  cette  masse  développe  des  reu)ous  considé- 
rables qui  influent  beaucoup  sur  les  résultats. 

))  Le  mouvement  rectiligne  de  la  plaque,  isolée  autant  que  possible  dans 
l'espace,  écarte  ces  inconvénients.  C'est  ainsi  que  MAI.  CaiUetet  et  Colar- 
deau  ont  opéré  en  observant  la  cliiitt;  d'un  corps  léger  tombant  du 
deuxiĂšme  Ă©tage  de  la  Tour  Eiffel  et  reliĂ©  Ă   un  tambour  siqiĂ©rieur  oĂč  se  fait 
l'enregistrement.  On  dĂ©terminait  la  vitesse  Ă   partir  du  moment  oĂč  le  mou- 
vement devenait  uniforme. 

»  L'appareil  qui  nous  a  servi  est  relativement  trÚs  lourd,  i2o''5  environ.  11  tombe  en 
chute  libre,  à  peu  prÚs  comme  dans  le  vide,  guidé  seulement  par  un  cùble  vertical,  et 
porte  les  organes  d'enregistrement,  savoir  : 

»    I"   Un  galet  roulant  sur  le  cùble  et  entraßnant  un  tambour  enregistreur; 

B   1°  Un  diapason  qui  inscrit  le  temps; 

»  3°  La  plaque  d'essai  portée  par  des  ressorts  tarés  et  reliés  à  une  plume  qui  inscrit 
la  pression  sur  le  tambour, 

»  On  élimine  ainsi  l'influence  des  frottements  et  de  toutes  les  causes  qui  retardent 
la  chute,  puisque  la  vitesse  réelle  est  donnée  par  l'enregistreur. 

»  Avec  une  chute  de  90ℱ,  la  vitesse  atteignait  4oℱ  par  seconde  et  la  pression  i3''e 
environ. 

)i  Pour  Ă©viter  la  rupture  de  l'appareil  Ă   fin  de  course,  le  cĂąble  augmente  de  diamĂštre 
à  la  hauteur  de  20'"  au-dessus  du  sol  et  détermine,  par  l'intermédiaire  de  puissants 
ressorts,  un  freinage  Ă©nergique  qui  ralentit  l;i  chute  et  arrĂȘte  le  mobile  aprĂšs  un  par- 
cours d'environ  iS"". 

»  Si  l'on  avait  pu  éviter  tout  glissement  entre  le  galet  et  le  cùble,  la  courbe  inscrite 
aurait  permis  de  déterminer  la  pression  en  fonction  de  la  vitesse  sur  toute  la  trajec- 
toire. A  cause  des  glissements,  nous  n'avons  retenu  que  les  résultats  obtenus  pour  la 
chute  totale  de  90""  et  de  /is". 

»  Les  premiÚres  expériences  ont  eu  pour  objet  l'étude  de  l'appareil  et  son  applica- 
tion aux  cas  les  plus  simples  :  plaques  minces,  rondes,  carrées  ou  rectangulaires, 
frappées  normalement. 

»   Les  moyennes  de  toutes  les  expériences,  exécutées  en  janvier  igoo  à  la  Tour  Eiffel, 

ont  donné  : 

Plaques  rondes.  Plaques  carrées.  Plaques  rectangulaires. 


Surfaces 
relatives. 

Diani. 

K. 

Cc'ité. 

Iv. 

CĂčtĂ©s. 

K. 

Petites  plaques  .  . , 

I 

0,21 

0,045 

0,19 

0,04s 

» 

» 

Moyennes  plaques 

2 

O,.T0 

o,o54 

0,27 

0,0.57 

» 

)> 

Grandes  plaques  .  . 

4 

0,42 

o,o6t 

0,38 

0 ,  064 

0, 

,53  X  0,27 

0,067 

»   Il  en  résulte  les  con.séquences  suivantes  : 

»    1°  Le  coejficientY^  cruil  avec  la  surface,  au  moins  dans  la  limite  de  nos 


32  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

expériences.  Ce  fait  a  donné  lieu  jusqu'à  présent  à  des  opinions  contradic- 
toir-fs. 

»  2"  A  sur/ace  égale,  le  coejficient  augmente  avec  le  pérunÚlre  p.  M.  Hagen 
avait  déjà  indiqué  ce  résultat. 

»   Nos  expériences  se  représentent  trÚs  exactement  par  la  formule 

K  =-  o,  o'32  +  o,  022  p. 

»  I.a  valeur  moyenne  o,o54,  applicable  à  une  plaque  ronde  de  o'",3o  de 
diamĂštre  pour  un  vent  de  40"  par  seconde,  est  plus  faible  que  toutes  celles 
qui  ont  été  obtenues  jusqu'à  présent. 

»  Pour  une  plaque  carrée  de  o"',  10  de  surface,  notre  formule  conduit 
à  K  =  0,06,  c'est-à-dire  la  moitié  de  la  valeur  o,r2j  en  usage. 

»  I.e  coefticient  de  D'Aubuisson  est  0,1 13;  l.i  formule  de  M.  lßagen 
donne  o,o85.  Le  coefficient  de  M.  Dines  est  o,o85;  celui  de  M.  Langiey, 
0,08,  et  celui  de  MM.  Cailletet  et  Colardeau,  0,07. 

))  Nous  avons  l'intention  de  continuer  ces  recherches,  en  apportant 
diverses  modifications  à  l'appareil  et  en  étendant  les  expériences  à  des  sur- 
faces plus  grandes,  de  contours  variés,  à  des  plans  inclinés  et  à  des  formes 
difiérentes.  » 

M.  E.  Fraichet  adresse  un  Mémoire  portant  pour  titre  :  «  Nouvelle 
méthode  d'essai  des  métaux  magnétiques  ». 

(Commissaires  précédemment  nommés  :  MM.  Maurice  Lévy,  Sarrau, 

Potier.) 

M.  H.  Arnaud  adresse  un  Mémoire  intitulé  :  «  Etude  sur  quelques  Rosa- 
cées, ou  plantes  prétendues  telles  ». 

(Renvoi  Ă   la  Section  de  Botanique.) 

CORRESPONDANCE . 

M.  le  SecrĂ©taire  PERPÉTrEL  signale,  parmi  les  piĂšces  imprimĂ©es  de  la 
Correspondance,  un  opuscule  de  M.  Cli.  Lallemand,  intitulé  :  «  Volcans 
et  tremblements  de  terre,  leurs  relations  avec  la  figure  du  globe  ».  (Extrait 
du  Bulletin  de  la  Société  astronomique  de  France,  mai  190;;).  (Présenté  par 
M.  Darboux.) 


SÉANCE    DU    6   JUILLET    igo3.  33 


ASTRONOMIE.  —  Perturbations  sĂ©culaires  d'importance  secondaire. 
Note  de  M.  Jean  Mascart,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  LƓwv. 

«  Parmi  toutes  les  perturbations  des  divers  ordres  que  Jupiter  peut  faire 
subir  à  une  petite  planÚte,  il  nous  paraßt  intéressant  de  séparer  la  partie 
qui  dépend  exclusivement  des  cosinus  des  multiples  de  l'élongation  de  la 
planĂšte  :  le  groupement  rationnel  de  nos  calculs  se  prĂȘte  aisĂ©ment  Ă   cette 
connaissance  et  nous  avons  pu  indiquer  les  valeurs  des  coefficients  M  (') 
des  termes  en  question .  La  connaissance  de  ces  coefficients  permet  de  con- 
struire, en  coordonnées  polaires,  la  trajectoire  relative  de  la  planÚte  :  ces 
trajectoires  ont  des  formes  trÚs  variées  suivant  la  région  de  l'anneau  qui  se 
trouve  intéressée,  et  leurs  déformations  successives  permettent  de  suivre 
la  valeur  d'une  perturbation  bien  définie,  d'un  à  l'autre  bord  de  l'anneau 
des  astéroïdes  (-). 

»  Jusqu'ici  les  perturbations  que  nous  calculons  représentent,  en 
quelque  sorte,  une  partie  résiduelle  :  étant  indépendantes  de  l'excentri- 
cité, cela  revient  à  dire  que,  par  bypothÚse,  la  petite  planÚte  possédait 
originellement  une  orbite  circulaire.  Néanmoins  nous  avons  montré  l'im- 
portance de  ces  déterminations  numériques  pour  le  calcul  des  orbites,  la 
construction  d'éphémérides,  et  surtout  leurs  corrections;  en  effet,  ces  per- 
turbations sont  assez  considérables  pour  qu'il  soit  impossible  d'identifier  le 
mouvement  final  de  la  planĂšte  avec  un  mouvement  elliptique,  fut-il 
approximatif:  mĂȘme  sans  se  placer  dans  des  cas  extrĂȘmes,  le  rayon  vec- 
teur d'une  planÚte  peut  fréquemment  éprouver,  du  fait  de  ces  termes 
seuls,  des  modifications  ra[)ides  susceptibles  d'atteindre  le  centiĂšme  de  sa 
valeur,  rĂ©agissant  dans  la  mĂȘme  proportion  sur  l'axe  ou  sur  l'excentricitĂ©. 

»  Et,  en  se  bornant  ainsi  aux  termes  indépendants  de  l'excentricité,  nos 
recherches  théoriques  ont  déjà  une  conséquence  pratique  :  l'éphéméride 
d'une  planĂšte  peut  ĂȘtre  en  dĂ©faut,  soit  par  suite  d'une  mauvaise  orbite, 
soit  Ă   cause  des  perturbations  au  moment  de  la  nouvelle  opposition.  Con- 
sidérons le  cas  d'une  planÚte  observée  pendant  assez  longtemps,  ou  lors 
de  plusieurs  oppositions,  c'est-Ă -dire  dont  le  moyen  mouvement  et  l'axe 
sont  assez  exacts  :  nous  serons  dans  le  second  cas  (voir  lac.  cit.  la  Note  du 


(')  Comptes  rendus,  i5  décembre  1902,  16  lévrier  et  2  mars  igoS. 
(')  Bullelin  astronomiijue.  avril  igoS. 

C.  R.,  1903,  j-  Semestre.  (T.  CXXXVll,  N°  1.) 


34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


a. 

Ni- 

N_,. 

N9. 

N-,. 

N,.- 

N-i». 

N„. 

N-M. 

4,206 

4,i56 

—  I6S3.IO-'' 

I  210.  .0^' 

—3.63.10-" 

8o5.io-" 

—8689.10-» 

4358.10-» 

— 9429.  IO-" 

4421.10-" 

-  4.7 

+   283 
325 

284 

+   9S3 

— 1,339 

—2  758 

.182 

-4432 

■937 

4,100 
4,070 

—  273 

-  277 

3o8i 

3  252 

—  2  325 
2  232 

-f-   555 
I  io5 

_    524 
—    723 

— 1563 

-  986 

-  27. 

-  609.10-^ 

58 1 
339 
7222.10  '" 

3,969 
3,845 
3,802 

— 2967.1Q-' 
—  1082 

I  12g. I0-' 

-3445.10-9 

1 242. .0-' 

— 3o5i.io-' 

—  .036.10-' 

"■79 

2l3 

—  .491 

43. 

-.548 

475 

—   364 

592 

3,763 
3,700 
3,63i 

-  437 

—  22 

+  i4o 

1.5 
37 

-  i44 

—  750 

—  910 

—  236.10-'» 

.56 
.93 
—  431.10-"' 

—  921 

-  4>' 

— i958.io->» 

258 
100 
4023.10-" 

—  237 

—  ..6 

—  591.10-'" 

336 
.28 
4667.10-" 

3,582 

i63 

-     125 

H-    33o 

-  464 

—  1.95 

2061 

—  355 

2048 

3,5i5 

■47 

—     9» 

488 

-  359 

—  557 

39 

-   ,84 

594 

3,475 
3,442 

i64 

164 

-  88 

-  83 

720 
768 

—  386 

—  368 

—  371 

—  277 

48'6 

321 

—     .20 

— 9035.10-'- 

177 
29 

-        32 

3,421 

3    ■jm 

168 

-     8. 

8i5 

-  363 

-     223 

244 

—  7291 

5729.10-'^ 

1638..0-" 

—  1900 

—   .80 

‱'■277 

3,,47 

-3S93.IO-" 

— .  i5o.  .0-" 

— 2  .42. 10-" 

— 523o.io-'= 

-■729 

244 

—     667 

—5  032.10-1* 

-4545 

-45i4 

3,129 

3,106 

— 2526 
-.832 

698 

482 

—  i4o6 

—  I  023 

3.77 
2186 

-'479 
—  I  201 

.26 
>9 

-  )72 

—  385 

3,075 

—  I  246 

3o8 

—  696 

I  39. 

—  900 

-     87 

-   291 

—3275 

3,029 

2-997 
2,956 
2,922 
2,901 
2-879 

-  742 

-  53. 

-  347 

.68 
1.3 
7  .12.  IO~" 

-  4i4 

—  296 

-  .94 

747 
496 
3oi 

—  602 

—  456 

—  3.7 

—  .2. 

—  i3i 

—  .14 

—  194 

—  i46 

—  10. 

— 2  321 

-i863 
-.336 

—  247 

—  204 

—  164 

4406 

3497 
2  685 

-  '37 

—  1.5 

— 9016. .0-" 

i9> 

.73 
1.3 

—  234 

—  201 

—  1  607.10-" 

—  ..5 

—  780..  0-" 

—  gSo 

-7394..0-" 
—6368 
— 5  o34 

—  1080 

-  844 

-  778 

—  5ii 

2,824 

— 98.4.10-" 

i4o6 

—5345 

5706.10-» 

—   992 

—   721 

—3071 

2,77» 
2,751 

—6066 

745 

—3  279 

2973 

-   627 

—   528 

—1912 

—  339 

— 5072 

598 

—2759 

2723 

—   525 

-   467 

— i5g5 

—  289 

2,733 

-434. 

48 1 

-2  347 

2061 

—   455 

—   396 

—'377 

—  246 

2,705 

-3354 

359 

—1790 

I28p 

—   35i 

-  347 

— io53 

—  201 

—  i56 

2,673 

—2  553 

237 

— 1336 

84o 

—   267 

—   281 

—  792 

2 ,65o 

-2o85 

180 

—1094 

620 

-   2.8 

—  240 

—   642 

—   129 

2,618 

-,5S7 

.21 

—  826 

398 

—   .65 

—    193 

-  484 

—     .00 

2,598 

— I  3i  I 

91 

—  676 

288 

—   i36 

—    .5. 

—  392 

— 8129.10-" 

2,583 

—  [  .71 

758.. 0-» 

—  6o5 

23. 

—     123 

-    .44 

—  355 

-7344 

2,572 
2,5oo 

—  1068 

670 

-  549 

202 

—     I.O 

-    .43 

—  319 

— 685i 

—  58o 

196 

—  294 

5. 

— 3  170.  .0-'^ 

—  848.. 0-'* 

-  167 

—3873 

2,433 

—  326 

.44 

—    .6. 

67.10-'^ 

—3254 

—  493 

— 8g57.io-" 

— 2  .35 

2,424 

—  3o3 

763.. 0-»=' 

—   i49 

5o 

— 3oi4 

-  454 

-8  299 

—  .954 

2,4l2 

—  272 

541 

—  i?3 

—      6 

—2680 

—  428 

—7354 

-■777 

2,395 

—     23. 

366 

-   1.3 

-     37 

—2  269 

—  358 

—6.55 

— .  5o4 

3,371 

2,353 

—    192 

164 

—  92..10-M 

—     21 

—1857 

—   291 

-4999 

—  I  210 

—   i65 

9" 

—   794 

—   io3 

—  .5g4 

—  264 

-4263 

—106g 

2,33i 

—   .37 

2 

—   652 

-   .i5 

— .  3o5 

—  221 

—3463 

—   880 

2,3oo 

—   .06 

-  497 

—   1.8 

—   992 

-    -73 

— 2600 

-   672 

3,256 

—   725. 10-" 

—     Ij5 

—  336 

—   .09 

—   666 

.21 

-,7.5 

—  446 

2,2l4 

—  507 

—   i3i 

—     23l 

-     89 

-   455 

—  849.io-'« 

—  Il52 

—     3l2 

2,187 

2, .55 

—  400 

-  3o3 

—  100 

-  .24 

—  182 

—  .35 

—  82 

—  7' 

—  356 

—  262 

—  68. 

—  521 

—  892 

-  645 

-  245 

—   .83 

2,i36 

—   2  56 

—   i3[ 

-   ..4 

—     65 

—   220 

-  446 

—  538 

-    154 

2,123 

-     232 

—     99 

—   102 

-     73 

—    '97 

—  396 

-  480 

—    .36 

2,108 

—   2o3 

-    .o5 

—     88 

-     48 

—    169 

_  339 

—  409 

—    ii6 

SÉANCE    DU    6   JUILLET    igoS.  35 

Bull,  astr.);  la  Correction  de  l'éphéméride  provient  généralement  alors  de 
ce  qĂčĂš,  Ă   sa  nouvelle  opposition,  la  planĂšte  est  dans  une  rĂ©gion  critique; 
Ă   une  Ă©longation  telle  de  Jupiter  que  son  rayon  vecteur  Ă©prouve  de  rapides 
perturbations.  Rien  n'est  plus  aisé  que  de  reconnaßtre  si  cette  circonstance 
se  présente  et,  le  cas  échéant,  d'y  remédier  à  l'aide  des  termes  M  :  la 
petite  variation  qui  en  résulte  pour  le  rayon  vecteur  permet  de  corriger 
rapidement  sur  place  l'ascension  droite  et  la  déclinaison  sans  autrement 
toucher  à  l'éphéméride. 

M  Les  termes  que  nous  donnons  à  présent  concernent  les  corrections 
importantes,  dans  le  cas  oĂč  la  planĂšte  n'a  pas  Ă©tĂ©  observĂ©e  pendant  une 
ou  plusieurs  oppositions  intermédiaires.    » 


GÉOMÉTRIE.  —  sur  les  lignes  de  courbure  de  certaines  surfaces, 
Note  de  M.  E.  Blutel. 

«  Nous  avons  signalé,  dans  deux  Communications  antérieures  {^Comptes 
rendus,  t.  CXXVIII),  la  détermination  de  certaines  surfaces  (S)  qui  sont 
caractérisées  par  la  propriété  géométrique  suivante  :  Lorsqu'un  point  M 
décrit  Une  ligne  de  premiÚre  courbure  C  d'une  surface  S,  la  sphÚre 
principale  de  seconde  courbure  g'  relative  au  point  M  coupe  une  sphĂšre 
fixe  1  sous  un  angle  constant  6.  (La  sphĂšre  1  et  l'angle  6  varient  d'ailleurs 
avec  la  position  de  la  ligne  C.) 

»  Cette  propriété  donne  naissance  à  d'autres  propriétés  égalenoient 
caractéristiques  des  surfaces  (S);  nous  allons  en  signaler  quelques-unes. 

»  (a).  Si  deux  surjaces  S  e^  S,  ont  mĂȘme  reprĂ©sentation  sphĂ©rique  de  leurs 
lignes  de  courbure,  les  deux  développables  normales  à  deux  lignes  de  premiÚre 
courbure  correspondantes  C  et  C,  sont  homothétiques. 

»  Cette  proposition,  énoncée  seulement  sous  forme  directe  dans  la 
seconde  des  Notes  mentionnées  plus  haut,  entraßne  la  réciproque,  c'est- 
à-dire  que,  si  deux  surfaces  s  et  *,  ayant  mÚtne  représentation  sphérique  de 
courbure  sont  telles  que  les  deux  développables  engendrées  par  les  plans 
normaux  Ă   deux  lignes  de  premiĂšre  courbure  correspondantes  quelconques 
cetc,  soient  homothétiques,  ces  deux  surfaces  s  et  s,  appartiennent  à  la 
famille  des  surfaces  (S). 

«  ([i).  Soient  M  et  m  deux  points  correspondants  de  S  et  de  sa  repré- 
sentation sphérique;  soient  Pet/>'  les  plans  osculateurs  en  ces  points  à  la 
ligne  de  seconde  courbure  C'surS  et  à  sou  image  sphérique  c' sur  la  sphÚre 


36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  rayon  i  (plans  parallÚles  comme  on  sait).  Les  deux  développables  A'  et  t', 
engendrées  par  P'  et  p'  lorsque  M  et  m  décrivent  respectivement  une  ligne  C 
et  son  image  sphérique,  sont  homothétiques . 

‹»  La  proposition  rĂ©ciproque  est  vraie. 

»  Comme  conséquence,  les  deux  développables  A'  et  A',  correspondantes 
dans  deux  surfaces  S  et  S,  qui  ont  mĂȘme  reprĂ©sentation  sphĂ©rique,  sont 
aussi  homothétiques. 

1)  Le  centre  I  de  la  sphĂšre  i  et  le  centre  de  la  sphĂšre  de  rayon  i,  sur 
laquelle  on  a  pris  la  représentation  sphérique,  sont  deux  points  homo- 
lo£;ues  dans  l'homothétie  qui  fait  correspondre  les  deux  développables  A' 
etV. 

»  Il  résulte  de  là  que,  si  l'on  mÚne  par  le  point  I  une  parallÚle  à  la  nor- 
male en  M  Ă   S,  et  si  l'on  prend  son  point  de  rencontre  H  avec  le  plan 
osculateur  F'  relatif  Ă   ce  point  M,  la  longueur  IH  reste  constante  lorsque 
M  décrit  C.  Inversement,  on  pourrait  de  cette  proposition  déduire  la  pré- 
cédente. 

»  En  particulier,  si  la  longueur  IH  (variable  avec  C  en  général)  est 
constamment  nulle,  les  plans  P'  relatifs  Ă   tous  les  points  d'une  mĂȘme 
courbe  C  passent  par  le  point  I.  Chaque  développable  A'  est  alors  un  cÎne. 
Ce  cas  particulier  est  réalisé  quand  les  sphÚres  q  coupent  la  sphÚre  II  sous 
un  angle  droit. 

»  Ces  propositions  se  modifient  naturellement  lorsque  la  sphÚre  1  est 
remplacée  par  un  plan  H,  le  point  I  étant  alors  rejeté  à  l'infini.  A  la  pro- 
position (P)  il  faut  substituer  la  suivante  : 

»  (y).  Chaque  développable  §'  relative  à  la  représentation  sphérique  est  alors 
un  cĂŽne. 

»  Mais  on  sait  (loc.  cit.)  que  cette  représentation  sphérique  particuliÚre 
convient  aux  surfaces  à  lignes  de  premiÚre  courbure  sphériques. 

»  La  propriété  (y)  est  donc  caractéristique  de  l'image  s|jhérique  des  sur- 
faces à  lignes  de  courbure  sphériques  dans  un  systÚme. 

»  D'ailleurs,  on  sait  aussi  (ibid.)  que,  si  une  surface  admet  des  lignes 
de  premiÚre  courbure  sphériques,  on  peut  la  regarder  comme  étant  une 
surface  (S),  en  associant  Ă   chaque  ligne  C  une  sphĂšre  1  quelconque  prise 
dans  un  faisceau  convenablement  choisi.  Parmi  ces  sphĂšres  1  il  en  existe 
une  pour  laquelle  l'angle  e  est  droit,  de  sorte  que  la  développable  A'  est 
Ă©galement  un  cĂŽne. 

»  Le  cas  oĂč  la  dĂ©veloppable  S'  est  un  cylindre  et  oĂč,  par  suite,  toutes  les 
développables  A'  relatives  aux  surfaces  admettant  celle  représentation  (T) 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    igoS.  3r, 

sont  des  cylimlres,  est  évidemment  contenu  dans  le  précédent.  On  peut 
classer  ces  réseaux  sphériques  (T)  en  deux  catégories  : 

»  1°  Les  courbes  c  du  réseau  sont  des  cercles  (la  développable  S'  est 
alors  Ă©videmment  une  droite). 

»  2°  Le  réseau  (T)  est  l'image  sphérique  de  surfaces  S  à  lignes  de  premiÚre 
courbure  sphériques  pour  lesquelles  la  développable  A'  est  une  droite.  Ces 
derniÚres  coïncident  d'ailleurs  avec  les  surfaces  signalées  par  Bonnet  et 
pour  lesquelles  la  sphÚre  contenant  la  ligne  sphérique  C  coupe  S  sous  un 
angle  droit.   » 


ANALYSE   MATHÉMATIQUE.   —   Sur  les  groupes  de  Mathieu.  Note 
de  M.  DE  Séguier,  présentée  par  M.  C.  Jordan. 

«  En  poursuivant  l'analyse  indiquée  dans  une  Note  précédente 
{Comptes  rendus,  avril  1902),  je  suis  arrivé  aux  propositions  suivantes 
qui  complÚtent  certains  résultats  partiels  obtenus  depuis  peu  par  M.  Fro- 
benius  {Sitz.  Akad.  Berl.,  avril  1902). 

»  Soient  C  un  champ  de  Galois  d'ordre  ~  =  p""  (p  \wemier);  i  une 
racine  primitive  de  C;  Jla^(7u)  (^divisant  7;  —  i)  le  groupe  d'ordre  -Kq 
formĂ©  des  substitutions  ((y>'s  +  p)  (^gq  =  tc  —  i)  oĂč  a,  p  parcourent  C  sauf 
que  a  est  ^o;  .1^(2,77)   le  groupe   d'ordre   -(t:-  — i)  des   substitutions 

{^_ — \\,  a,  p,  y,  S,  5   parcourant    C   et    od  sauf  que   aS  —  py  est    ^o; 

■0(2,77)  d'ordre  k'^-ij^'—^)  le  diviseur  de  J^  oĂč  ocĂź)  — (iyssi;  U(2,7ĂŻ) 
d'ordre  77(7;^  —  i)  le  groupe  des  substitutions  |aj;  -f-  [ïy,  y.r  -+-  Sy|,  a,  fi, 
y,  %,  X,  y  parcourant  C  sauf  que  a  S  —  fiy  ^  i . 

M  Les  Ă©quations  de  X^{t.)  peuvent  s'Ă©crire  aĂŻ=^^=i,  b/,bj^=  b^b,„ 
a-  'b,,a  =  bi,k  {li,k  ^  i ,  i, ... ,  t'"-'  ;  si  Ăź?  =  ir'  ap,  i\  b,,  =  n;;'-'  b^^-  ;  Ăš,,  re- 
présente (z  +  if)]. 

M  Les  Ă©quations  de  ^jU^-,  (77)  peuvent  s'Ă©crire  (^Comptes  rendus.  Le.) 
a«-'  =  6^  =  I ,  bĂ©b  =  a^bd-,  1^  =  1  —  i^,  r,  =  ^  —  Ăź:  +  ^ (77  -  i)  (mod.  -iz—i) 
si/*>2,  Yi^s^  —  'C  (mod.  7T— i)si/>  =  2;^  parcourt  une  sĂ©rie  de  valeurs 
(mod.  77 — i)  telles  que  les  Ă©quations  rĂ©pondant  aux  valeurs  restantes 
résultent  du  systÚme. 

»  1.  Si  dans  un  groupe  transitif  C|'  de  degré  tt  +  i  le  diviseur  fixant  un 
symbole  est  ^^(77),  d  faut  que  q  soit  Ă©gal  Ă   77  —  i  ou  Ă   j  (7;  —  i)  ou  que 
l'on  ait  77  =  2"  —  I  =/J,  avec  q  ^  1  on  n  (^n  premier  impair). 

H   Si  q  =  -  —  i,<jest  nĂ©cessairement  4^(2,77).  Cette  proposition  a  Ă©tĂ© 


38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

établie  récemment  par  M.  Miller  (^Comptes  rendus,  février  igoS).  Mais  la 
démonstration  actuelle  fournit  les  équations  de  ^,  qui  s'écrivent  en  adjoi- 
gnant à  celles  de  X■^_^  (tu)  prises  sous  la  seconde  forme 

c'-  =  (ca)-  =;  i^cby  :=  I 

{cL  Journal  de  MalhĂšmaliques,  1902,  p.  267). 

»  Si  ^r  =  i(77  —  i),  g  <"st  nĂ©cessairement  0(2,  7:),  sauf  si  r  =  ■y,  auquel 
cas  il  y  a  un  seul  autre  type'Ç>(7).  Les  Ă©quations  de  t)(2,  tc)  s'Ă©crivent  en 
adjoignant  Ă   celles  de  Jl>^_,(':u)  les  suivantes,  cĂš,-pc  =  i_,f  caPZ'_,f,  p  par- 
courant une  sĂ©rie  de  valeurs  mod.  (77  —  i)  telles  que  les  Ă©quations  rĂ©pon- 
dant aux  valeurs  restantes  résultent  du  systÚme. 

»  Si  -JT  =  2"  —  I  =  /?  et  ^  =  I ,  ç  coĂŻncide  avec  Xpi^  2").  Si  -  :=  2"  —  i  =  ^ 
et  ^  =  n,  ç  a  une  forme  unique  '<i'(p),  sauf  si  /?  =  7,  auquel  cas  Q  peut 
encore  ĂȘtre  0(2,  7).  '<?(/>)  est  un  groupe  rĂ©soluble  contenant  normalement 
X,(2")  dont  il  divise  l'holomorphe  et  a  pour  Ă©quations  celles  de  ^^(2") 
(prises  sous  la  premiĂšre  ou  la  seconde  forme)  jointes  Ă   c^  =  i,   cĂąc  =  a'\ 

Cb  ^  bc(b  ::^  b,). 

»  2.  Dans  aucun  groupe  transitif  5e  de  degré  tc  +  2  le  diviseur  fixant  un 
symbole  ne  peut  ĂȘtre  0(2,  r)  ni  ^(2,7:).  Si  ce  diviseur  est  '9(yo),  X  est 
nécessairement  le  groupe  des  automorphismes  de  4^(2,  2")  et  ses  équations 
s'Ă©crivent  en  adjoignant  Ă   celles  de  -(^(2,  2"),  d"  z=  1,  d~'ad  =.  a'  ,  db  =  bd, 
de  =  cd. 

»  3.  Un  groupe  d'ordre  77(7:* — i)  dont  un  des  groupes  facteurs 
est  13(2,7:)  n'a  que  trois  formes  possibles  :  4^(2,  7r);  le  produit  direct 
de  0(2,  7k)  par  un  groupe  d'ordre  2;  U(2,  7ï)  qui  est  défini  par  les  équa- 


-1  it— 1 


tions  de  u(2, 7:)  oĂč  l'on  remplace  a  ^    =1  par  a  ''    =  rf  et  auxquelles  on 
adjoint  ^/^  =  i ,  db/,  =  bf,d,  de  =  cd. 

»  4.  Ainsi  se  trouve  établi,  indépendamment  de  la  théorie  des  carac- 
tÚres, ce  théorÚme  de  M.  Frobenius,  que  les  seuls  groupes  de  degré  p, 
ayant  p -f- I  sous-groupes  d'ordre />,  sont  4^(2,3),  «(2,  5),  '0(i,  -j), 
t3(2,  II)  (')‱    " 


(')  Je  profile  de  l'occasion  pour  signaler  une  inadvertance  qui  enlĂšve  toute  valeur 
à  la  seconde  partie  de  ma  Noie  du  6  octobre  dernier.  M.  Schur  a  d'ailleurs  publié 
depuis  {Sàz.  Akad.  BcrL,  octobre  1902)  une  démonstration  élémentaire  d'un 
théorÚme  plus  général  de  M.  l'robenius. 


SÉANCE    DU    6   JUILLET    igoS.  89 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  fonctions  fondamentales  de  M.  PoincarĂ© 
et  la  méthode  de  Neiimann  pour  une  frontiÚre  composée  de  polygones 
curvilignes.  Note  de  M.  S.  Zarejiba,  présentée  par  M-  Poincaré. 

«   Considérons  la  fonction  /(s)  de  la  variable  z  définie  par  l'équation 
suivante 

dt. 


»  Cela  posé,  rapportons  le  plan  à  un  systÚme  de  coordonnées  rectangu- 
laires, désignons  par  r  la  distance  de  deux  points  {a,  h)  et  {x,  y)  et  con- 
venons d'appeler  potentiels  logarithmiques  généralisés  de  simple  couche  et 
de  double  couche,  les  fonctions  déduites  des  potentiels  h)garithmiques 
ordinaires  de  simple  couche  et  de  double  couche  par  la  substitution  de  la 
fonction /([^,r),  oĂč  p.  reprĂ©sente  un  nombre  rĂ©el  et  positif,  Ă   la  fonction 
logr.  Ces  potentiels  logarithmiques  généralisés  seront  des  intégrales  par- 
ticuliĂšres de  l'Ă©quation 

d"-  u         ()'-  Il 

T--  -^  T^  —  y-'"  =  *'‱ 

oa-        ay-        ' 

intégrales  qui,  dans  la  théorie  de  cette  équation,  joueront  le  rÎle  des  poten- 
tiels logarithmiques  ordinaires  dans  celle  de  l'Ă©quation 

0'  u        d"-  u 

»  Ces  remarques  faites,  on  étendra  aisément  la  théorie  que  j'ai  exposée 
dans  mon  Mémoire  :  Sur  l'intégration  de  l'équation  Au-hlu  =  o  (Journal 
de  Mathématiques  pures  et  appliquées,  1902),  et  dont  j'ai  résumé  les  résul- 
tats dans  ma  Note,  présentée  à  l'Académie  le  24  juin  1901,  au  cas  de  deux 
variables  indépendantes,  quitte  à  y  apporter  de  légÚres  modifications  néces- 
sitées par  ce  fait  qu'un  potentiel  logarithmique  ordinaire  de  simpl^e  couche 
représente  une  fonction  harmonique  qui,  en  général,  n'est  pas  réguliÚre  à 
l'infini.  Il  en  est  ainsi,  Ă   condition,  cela  va  sans  dire,  de  maintenir  l'hypo- 
thÚse d'aprÚs  laquelle  l'angle  formé  par  les  normales  élevées  à  la  frontiÚre 
en  deux  points  quelconques  est  inférieur  au  produit  d'une  constante  fime 
par  la  distance  de  ces  points.  Dans  quelle  mesure  est-il  possible  d'Ă©tendre 
Tes  thĂ©orĂšmes  Ă©noncĂ©s  dans  ma  Note  du  il\  juin  1901  au  cas  oĂč  U  frontiĂšre 


/|0  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

se  composerait  de  polygones  curvilignes?  L'Ă©tude  de  cette  question  m'a 
conduit  au  résultat  suivant  :  désignons  par  (S)  un  polygone  curviligne  ou 
un  svstĂšme  de  polygones  curvilignes,  frontiĂšre  commune  de  deux  domaines 
dont  l'ensemble  constitue  tout  le  plan;  soit  (D')  celui  de  ces  domaines  qui 
s'Ă©tend  Ă   l'infini  et  (D)  le  second  d'entre  eux;  convenons  de  compter  les 
angles  de  nos  polygones  curvilignes  à  l'intérieur  du  domaine  (D)  et  soit  0  un 
de  ces  angles;  désignons  par  R  la  plus  petite  valeur  que  prend  le  rap- 
port - — '^-TT  qi'and  on  envisage  successivement  tous  les  angles  de  (S). 

Supposons  que  R^  i,  reprenons  les  notations  de  ma  Note  citée  plus  haut 
et  considérons  un  potentiel  de  simple  couche  u  et  un  potentiel  de  double 
couche  f»  vérifiant  les  équations  suivantes  : 


+  2-7,, 


/  du  \  /  du  \    «   r/  '^"  \  /  '^'" 

l,^;,~  \d^')=''\\jh'),^\7Ă». 

OÙ  l'on  a  reprĂ©sentĂ©  par  >.  un  paramĂštre  variable  et  par  a^  et  I^  deux  fonc- 
tions données,  définies  sur  (S),  continues  en  général,  mais  pouvant  cesser 
de  l'ĂȘlre,  d'une  certaine  façon,  en  un  nombre  fini  de  ])oinls. 

»  Cela  posé,  les  théorÚmes  de  ma  Note  du  24  ji'in  1901  seront  appli- 
cables aux  fonctions  u  et  r  définies  par  les  équations  précédentes,  mais  à 
condition  de  n'envisager  que  les  valeurs  de  X  vérifiant  l'inégalité  |l|  <[  R. 
En  outre,  si  l'on  désigne  par  ç(A)  la  densité  en  A  delà  simple  couche  dont 
dérive  une  des  fonctions  fondamentales  de  M.  Poincaré  et  par  M  un  des 
sommets  de  l'un  des  polygones  (S),  le  produit  ç(A).AM  ,  on p  représente 
un  nombre  positif  inférieur  à  l'unité,  pouvant  avoir  pour  des  fonctions  fon- 
damentales différentes  des  valeurs  différentes,  reste  fini  lorsque  le  point  A 
tend  vers  le  point  M.    » 


ACOUSTIQUE.  —  Sur  les  caractĂ©ristiques  des  voyelles,  les  gammes  vocaliques 
et  leurs  intervalles.  Note  de  M.  l'abbé  Rousselot,  présentée  par 
M.  Mascart. 

«  Helmholtz  nous  a  dotés  d'une  méthode  simple  et  assez  facile  pour  dé- 
terminer les  caratéristiques  des  voyelles;  aprÚs  avoir  donné  à  sa  bouche  la 
forme  propre  Ă   une  voyelle  quelconque,  il  cherchait,  au  moyen  de  diapa- 
sons de  diverses  hauteurs,  à  quelle  note  était  accordée  la  masse  d'air  con- 


SÉANCE    DU    G    JUir.LET    1903.  /,! 

tenue  dans  la  cavité.  Miis  il  n'a  trouvé  que  les  caractéristiques  de  trois 
voyelles  (o,  a,  e);  il  s'est  trompé  pour  celles  de  ou,  i,  qui  ont  été  détermi- 
nĂ©es plus  tard  par  KƓtnp.  Nous  connaissons  donc  les  caractĂ©ristiques  de 
oĂč,  ĂŽ,  Ăą,  Ă©,  Ăź,  Ă   savoir  :  si\;^,  «'[?.,,  sV^,,,  si\^^^,  «[,„. 

»  Helmhollz  a  eu  encore  le  mérite  de  voir  que  sa  méthode  pourrait 
servir  à  définir  des  vérités  dialectales.  C'est  ce  qui  me  détermina,  dés  1886, 
Ă   faire  construire  par  Kcenig^  un  dia|iason  Ă   poids  glissant,  qui  donne  de 
1720  à  i856  V.  s.  Je  m'en  servis  dans  mes  recherches  de  phonétique  et  je 
reconnus  qu'effectivement  des  différences  de  timbre  trÚs  légÚres  avaient 
pour  correspondantes  des  différences  de  hauteur  trÚs  sensibles.  De  plus, 
aidé  par  des  remarques  sur  les  variantes  d'audition,  j'eus  la  pensée  que 
les  gammes  vocaliques  des  diverses  langues  sont  transposables  et  que  l'a 
pourrait  ĂȘtre  pris  comme  diapason.  Je  ne  pus  pas  alors  pousser  mes  re- 
cherches plus  loin,  faute  d'appareils.  Mais  l'acquisition  faite,  par  Yinstilut 
de  laryngologie  et  orthophonie,  du  grand  lonomùtre  universel  de  RƓnig, 
qui  embrasse  toute  la  série  des  sons  simples,  depuis  ut.^  (32  v.  s.)  jusqu'à 
ut^  (8192)  et  au  delĂ   jusqu'Ă   180000,  m'a  permis  de  les  reprendre. 

»  Mes  premiÚres  rectierches  ont  porté  sur  mes  propres  voyelles  et,  en  vérifiant  sur 
moi-mĂȘme  les  dĂ©terminations  de  Helmlioltz  et  IvƓnig,  j'ai  constatĂ©  que,  pour  ce  qui 
me  concerne,  les  intervalles  d'octave  se  retrouvent  entre  les  voyelles  oĂč  (boue),  d  (beau), 
«  (pùte),  é  (fée),  ß  (pie),  comme  dans  les  voyelles  correspondantes  del'Allemagne  du 
Nord,  malgré  le  changement  de  hauteur  que  j'avais  observé  pour  mon  ù,  soit,  en  rap- 
prochant les  notes  prĂ©cisĂ©es  par  KƓnig  en  vibrations  simples  de  celles  que  j'ai  dĂ©ter- 
minĂ©es moi-mĂȘme  : 

oĂč.  ĂŽ.  Ăą.  Ă©.  i. 

K 

R 

»  MĂȘme  rĂ©sultat  pour  les  voyelles  correspondantes  de  l'agenais,  du  rouergat,  de 
l'anglais,  du  roumain  que  j'ai  eu  l'occasion  d'Ă©tudier.  Il  y  a  donc  lieu  de  supposer  que 
la  hauteur  de  Va  grave  rĂšgle  celle  des  autres  voyelles  et  qu'il  existe  des  systĂšmes 
vocaliques  composés  de  quatre  octaves  transposables. 

>i  I^es  voyelles  intermédiaires  ou  {boiilcille),  o  (or),  o  (botte),  a  {patte),  à  {part 
dans  la  prononciation  parisienne),  Ăš  {fĂȘle),  e  (leste),  i  (Paris)  se  rangĂšrent  comme 
d'elles-mĂȘmes  dans  des  intervalles  que  je  jugeai  d'abord  trĂšs  voisins  de  ceux  de  notre 
gamme  musicale  et  que  je  reconnus  ensuite  Ă©gaux  Ă   des  huitiĂšmes  exacts  : 


448 

896 

1792 

3584 

7168 

456 

9'^ 

1834 

3648 

7?.96 

1. 


9  10  U  j2  13  14  15 

8"  8'  8'  8'  8'  s'  8" 


ou.  ou.  ĂŽ. 

456  .i^  »  )i  68)  1)  I)  11'  912 

G.  H.,  19U.I,  2"  Semestre.  (T.  r.WXVII,  N"  1  )  6 


/,2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

9  Ul  n  1?  13  üi  Σ  9 

'■  s'  „"  8  ■  8  ■  8  ■  8  ■  8  ■ 

o.  o.  ĂŽ.  Ă . 

QI3  »  )i  »  i368  »  'SgÎ  »  1824 

d.  a.  Ă .  p.  e.  Ă©. 

182/4        2o52        2280        "        2786        )l        3192        »        8648 

Ă©.  i-  l- 

3648  »  »  »  5472  »  »  »  7296 

»  Le  français  ne  possÚde,  on  le  voit,  pour  ses  voyelles-types,  que  cer- 
tains intervalles;  mais  on  en  trouverait  d'autres  si  l'on  relevait  les  diverses 
variétés  de  timbre  que  produisent  les  combinaisons  de  la  phrase.  Et,  de 
fait,  on  a  pu  les  observer  en  rouergat. 

»  Les  voyelles  mixtes  eu  (heure),  eu  (bƓuf),  eu  (bƓufs),  u  (lu),  Ă   (lue) 
possĂšdent,  comme  leur  constitution  physiologique  l'indique,  deux  carac- 
téristiques et  correspondent  à  deux  des  voyelles  précédentes  : 

eu Ú  4- «,  eu e-^o,  eu e -h  o, 

u e  +  o,  M i  -h  ou. 

Les  voyelles  nr.sales  ont,  outre  leurs  résonances  propres,  celles  de  cer- 
taines voyelles  pures  dont  elles  se  rapprochent  plus  ou  moins  : 

on 1 38o,  ai/i ^696, 

an i836,  eun: 2704. 

»  J'ai  vérifié  la  méthode  par  trois  moyens  différents  : 

))  1°  Une  série  harmonique  de  32  résonnateurs  a  confirmé  pour  les 
voyelles  roumaines  les  déterminations  déjà  obtenues; 

))   2°  Une  sirÚne  à  ondes  donnant  les  16  premiers  harmoniques  repro- 
duit exactement  un  a  dont  le  tracé  a  été  soumis  à  l'analyse  et  qui  a  pour 
harmonique  le  plus  intense  le  ^*son  composant.  Or,  la  fondamentale  Ă©tant 
de  i36,34  V.  s.,  celui-ci  est  de  1660  et  se  trouve  le  plus  voisin  de  la  carac 
téristique. 

»  3°  Les  oreilles  des  sourds  sont  privées  de  la  faculté  d'entendre  cer- 
tains sons  qu'il  est  fiicile  de  déterminer  par  les  diapasons,  elles  tamisent 
en  quelque  sorte  les  composés  sonores  du  langage  et  deviennent  en  pho- 
nĂ©tique de  vĂ©ritables  analyseurs  au  mĂȘme  litre  que  les  prismes  en  Optique. 
Or,  elles  perçoivent   les  voyelles  dont  les  caractéristiques  font  partie  de 


SÉANCK    DU    6    JUILLET    l()o3.  43 

leur  champ  auditif  et  non  les  autres  qui,  ou  bien  ne  sont  pas  identifiées, 
ou  bien  se  confondent  avec  d'autres  voyelles  dont  les  caractéristiques  se 
trouvent  parmi  les  sons  non  interceptés.  » 


OPTIQUE  PHYSIOLOGIQUE.    —  Sur  une  espùce  d' oscillation  de  la  perception 
chromatique.  Note  de  M.  C.  Maltézos,  présentée  par  M.  E.-H.  Amagat. 

«  Dans  le  numéro  d'avril  1902  du  Journal  de  Physique,  nous  avons 
publié  un  Iravad  sur  les  phénomÚnes  de  la  rétine.  Un  des  phénomÚnes 
étudiés  alors  était  l'existence  d'une  espÚce  d'oscillation  irréguliÚre  du  mini- 
mum lumineux  dans  le  temps.  J'ai  depuis  cherché  s'il  n'existe  pas  aussi  une 
oscillation  dans  les  perceptions  chromatiques. 

»  Pour  cela,  j'ai  d'abord  examiné  dans  le  spectroscope  un  faible  spectre 
de  bandes;  je  tournais  la  lunette  de  façon  à  observer  une  bande  rou£;e 
seule.  Celle-ci,  si  son  intensité  est  assez  faible,  oscille  ets'effuce  complÚte- 
ment, aprĂšs  avoir  subi  une  faible  diffusion  par  le  contour,  |niis  la  percep- 
tion de  la  couleur  revient,  la  lumiĂšre  s'efface  de  nouveau  et  ainsi  de  suite, 
sans  que  cette  bande  paraisse  incolore.  Mais  les  autres  bandes  lumineuses, 
surtout  la  violette,  deviennent  trĂšs  vile  incolores. 

»  Pour  mieux  examiner  l'oscillation  dans  les  lumiÚres  colorées,  nous 
avons  pris  dans  la  chambre  obscure  une  flamme  de  gaz  d'Ă©clairage  de 
dimensions  miiiimes,  ne  présentant  aucun  point  brillant.  J'observais  cette 
flamme  trĂšs  faible,  et  qui  paraĂźt  blanc  bleuĂątre,  Ă   travers  des  verres  colo- 
rés (rouge,  vert  et  bleu). 

»  Outre  le  cas  dĂ©jĂ   connu  oĂč  l'on  se  trouve  trĂšs  loin  de  la  flamme  et 
l'on  ne  distingue  plus  la  couleur,  et  celui  de  la  distance  moyenne  oĂč  la 
lumiÚre,  de  diffuse  et  presque  incolore,  devient  nette  et  colorée,  puis  s'ef- 
face et  vice  versa,  nous  avons  Ă   signaler  le  cas  oĂč  nous  nous  trouvons  asses^ 
prùs  de  la  flamme  (So*^ℱ)  pour  qu'on  distingue  bien  sa  couleur  et  sa  forme 
à  travers  les  verres;  alors  la  lunnÚre,  de  couleur  pure  devient  lavée,  en 
passant  par  diverses  dĂ©gradations  de  la  mĂȘme  couleur  et  enfin  elle  s'efface, 
sans  devenir  avant  l'effacement,  incolore.  Et  quand  la  perception  de  la  lumiĂšre 
revient,  elle  parait  de  couleur  pure,  aprÚs  c|uoi  elle  paraßt  se  mélanger  avec 
du  blanc.  Ce  cas  est  trÚs  intéressant.  Il  nous  montre  que  la  lumiÚre  colorée 
peut  s'effacer  comme  couleur  sans  passer  par  la  perception  incolore. 

»  Dans  ces  nouvelles  observations  j'ai  essayé  de  mesurer  l'intensité  de 
la  trĂšs  faible  et  minime  flamme. 


44  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Malheureusement  aucun  des  photomÚtres  connus  ne  peut  servir.  Seul 
le  photomÚtre  Bunsen  pourrait  donner  une  idée  peu  précise  des  phéno- 
mĂšnes. Mais  iiouspouvt)us  employer  comme  photomĂštre  une  petite  sphĂšre, 
à  sui'face  catoptrique,  eu  la  plaçant  trÚs  prÚs  de  la  faible  flamme  et  loin 
d'une  bougie  allumée.  Nous  voyons  ainsi  dans  le  globule  catoptrique  deux 
petites  taches  lumineuses  de  la  mĂȘme  façon  que  dans  le  photomĂštre  de 
Wheatstone. 

»  Tel  est  le  photomĂštre  simple  que  je  propose,  et  qui  n'est  pas  peut-ĂȘtre 
trĂšs  juste,  mais  il  est  d'Ă©gale  justesse  Ă   celui  de  Wheatstone,  et  peut- 
ĂȘtre  le  seul  dont  on  peut  faire  usage  pour  une  lumiĂšre  trĂšs  faible  et  de 
dimensions  minimes.  Nous  avons  mesuré  ainsi  l'intensité  de  la  flamme 
(40""""'  de    section   maxima)   ayant   le  sommet  brillant,   et  nous   l'avons 

trouvĂ©e  Ă©gale  Ă   ^p —  de  bougie.  De  mĂȘme,  l'intensitĂ©  de  la  flamme   sans 
aucune  partie  brillante  a  Ă©tĂ©  ti'ouvĂ©e  Ă©g.ile  Ă   - —  de  bougie.    » 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —  CunsĂ©quences  de  la  thĂ©orie  des  aciers  au  nickel. 
Note  de  M.  Ch.-Ed.  Guillaume,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  La  théorie  des  anomalies  des  acier»  au  nickel  expliquée  par  la  trans- 
formation du  fer  de  l'étataà  l'état  y  ou  inversement,  plus  ou  moins  modifiée 
dans  son  allure,  abaissée  dans  l'échelle  des  températures,  affectée  ou  non 
d'hystérÚse  thermique,  conduit  à  quelques  résultats  intéressants. 

»  1"  L'allure  anormale  de  la  variation  du  module  d'élasticité,  observée 
aux  températures  ordinaires  dans  les  alliages  irréversibles  ou  réversibles, 
conduit  Ă   admettre  qu'il  se  produit,  dans  l'une  des  transformations  du  fer 
pur,  un  renversenientdaiis  le  sens  du  changement  du  module.  Or,  des  deux 
transformations  du  fer,  une  seule,  le  passage  .S  Ă   y,  s'effectue  avec  une  va- 
riation importante  du  volume,  et,  si  l'on  admet  que  les  réactions  élastiques 
à  l'intérieur  d'un  solide  sont  une  fonction  des  distances  molécuLiires,  on 
sera  tout  naturellement  amené  à  prévoir  une  variation  [)Ositive  importante 
du  module  dans  le  passage,  à  température  ascendante,  du  fer  .i  au  fer  y. 
Certaines  expériences  de  M.  Howe,  restées  inexpliquées,  trouvent  dans 
cette  indication  leur  cause  naturelle. 

»  2"  La  réalité  de  la  Iransformatiou  du  fer  permet  de  préciser  l'expli- 
cation que  j'ai  donnée  des  résultats  trouvés  par  iNLVL  Nagauka  et  Honda 
dans  l'clude  des  variaLiuiis  de  volume  des  aciers  au  nickel  sons  l'action  du 


SÉANCE    DU    6   JUILLET    igoS.  45 

champ  magnétique.  Je  rappellerai  que  ces  variations  sont  jusqu'à  5o  fois 
j)lus  grandes  dans  ces  aciers  que  dans  le  Ter,  et  que  le  maximum  d'action 
du  champ  se  produit  sur  les  alliages  d'une  teneur  telle  que,  à  la  tempéra- 
ture de  l'expérience,  ils  se  trouvent  dans  la  premiÚre  période  de  leur  trans- 
formation à  température  descendante,  caractérisée  à  la  fois  par  l'apparition 
du  magnĂ©tisme  et  la  dilatation  virtuelle,  c'est-Ă -dire  dans  l'Ă©tat  oĂč  ils  seront 
le  plus  sensibles  aux  causes  de  modification  de  leur  Ă©quilibre. 

»  Or,  M.  P.  Curie  a  trouvé  autrefois  (^Thése,  p.  90)  que  les  courbes 
représentant  la  susceptibilité  magnétiqiK^  du  fer  |)our  des  champs  d'inten- 
sités croissantes  s'écartent  légÚrement,  sur  l'axe  des  températures,  flans  la 
région  de  la  chute  la  plus  rapide  du  magnétisme,  c'est-à-dire  vers  700°.  Il 
semble  donc  que  le  champ  magnétique  précipite  la  transformation  qui  fait 
apparaßtre  le  ferro-magnétisme.  Comme,  dans  les  aciers-nickels  à  haute 
teneur,  les  deux  transformations  se  protluisent  simultanément,  cet  accrois- 
sement de  l'état  magnétique  par  l'effet  d'un  champ  intense  entraßne  néces- 
sairement une  augmentation  de  volume  à  température  constante. 

»  On  voit  ainsi  que,  pour  le  fer  isolé  ou  en  dissolution  dans  du  nickel, 
l'état  actuel  dépend  non  seulement  de  la  température  et  de  la  pression, 
mais  aussi  du  champ  magnétique,  qui  devient  ainsi  un  troisiÚme  facteur 
d'action  dans  l'expression  de  la  rÚgle  des  phases  appliquée  aux  aciers. 

»  3°  On  |>eut  se  demander  si  d'autres  alliages  que  les  aciers-nickels 
possÚdent  des  propriétés  analogues. 

»  D'abord,  toutes  les  anomalies  observées  étant  liées  aux  transforma- 
tions du  fer,  on  ne  devra  s'attendre  Ă   en  rencontrer  de  semblables  que 
dans  les  alliages  contenant  une  forte  proportion  de  ce  métal.  On  a  bien,  en 
effet,  constatĂ©  des  changements  de  mĂȘme  nature,  toujours  irrĂ©versibles, 
dans  les  alliages  du  1er  avec  le  manganÚse.  Mais  les  propriétés  réversibles 
anormales,  telles  que  la  faible  dilatabilité,  n'ont  pas  été  observées  jusqu'ici 
ailleurs  que  dans  les  aciers-nickels.  Or  on  sait,  par  les  belles  Ă©tudes  de 
M.  Ch.  Maurain  sur  les  propriétés  magnétiques  des  couches  de  passage,  que 
le  fer  à  l'état  trÚs  disséminé  n'est  pas  sensiblement  magnétique,  à  moins 
de  se  trouver  sur  un  support  constitué  par  un  métal  magnétique.  Il  en  ré- 
sulte que  le  fer  trÚs  dilué  dans  le  nickel  sera  magnétique  ou  non  magnétique 
en  mĂȘme  temps  que  son  support,  c'est-Ă -dire  qu'il  prendra  la  tempĂ©rature 
de  transformation  du  nickel. 

»  Ainsi  se  trouvent  levées  les  difficultés  signalées  par  M.  Osmond,  dans 
l'application  de  la  théorie  de  M.  L.  Duinas,  fondée  sur  l'ulée,  appuyée  de 
belles   expériences,   que   les   propriétés   essentielles  des  aciers-nickels   à 


/,6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

haute  teneur  en  nickel  sont  dues  aux  transformations  de  ce  métal.  Puisque 
la  transformation  du  nickel  entraĂźne  celle  du  fer,  les  rĂŽles  des  deux  trans- 
formations sont  nettement  délimités;  la  premiÚre  est  essentielle  dans  la 
production  des  phénomÚnes  observés,  mais  la  transformation  du  fer  en- 
gendre seule  les  anomalies  de  dilatation,  d'élasticité,  etc.,  ainsi  que  la 
presque  totalité  du  dégagement  de  chaleur. 

))  Si  cette  théorie  est  exacte,  les  anomalies  réversibles  sont  le  résultat 
nécessaire  de  la  dissémination  du  fer  dans  un  dissolvant  constitué  par  un 
métal  magnétique  à  température  de  transformation  plus  basse  que  celle  du 
fer.  Le  nickel  Ă©tant  seul  dans  ce  cas,  les  aciers  au  nickel  sont  seuls  sus- 
ceptibles de  posséder  les  propriétés  exceptionnelles  qu'ils  ont  montrées  à 
l'expérience.    » 

THERMODYNAMIQUE.  —  Sur  la  diminution  du  potentiel  pour  tout  changement 
spontané  dans  un  milieu  de  température  et  de  pression  constantes.  Note  de 
M.  AriÚs,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  L'objet  de  cette  Note  est  de  démontrer,  d'une  façon  qui  nous  a  paru 
Ă   la  fois  simple  et  rigoureuse,  la  proposition  suivante,  qui  joue  un  rĂŽle 
important  dans  la  statique  chimique: 

»  Si  un  systÚme,  placé  dans  un  milieu  à  la  température  et  à  la  pression 
duquel  d  reste  constamment  soumis,  vient  à  sulnr  un  changement  spontané, 
<rrĂące  Ă   ta  suppression  de  cerlcnnes  liaisons  epd  empĂȘchaient  ce  changement, 
quand  un  nouvel  Ă©tal  d'Ă©quilibre  sera  Ă©tabli,  le  potentiel  de  ce  systĂšme  aura 

diminué. 

»  Ce  potentiel,  exprimé  en  fonction  de  la  pression  p  et  de  la  tempéra- 
ture absolue  T,  Ă©tant  reprĂ©sentĂ©  par  H,  sa  variation  AH  doit  ĂȘtre  nĂ©gative. 

»  Dans  le  changement  irréversible  qui  s'est  produit,  l'entropie  2  de 
tout  l'ensemble  constitué  par  le  milieu  et  par  le  systÚme  aura  augmenté. 
,  On  doit  donc  avoir,  pour  la  variation  M  de  cette  entropie  : 

Ai>o. 
»  Cette  variation  comprend  la  variation  AS  de  l'entro[)ie  du  systÚme  et 
la  variation  d'entropie  du  milieu,  qui  est  -r^,  AQ  représentant  la  quantité 
de  chaleur  dégagée  dans  le  milieu  par  le  systÚme.  L'inégalité  précédente 
devient  donc 

^.^+AS>o 


SÉANCE    DU    6   JUILLET    ipoS.  ^n 


on 


(i)  AQ+TAS>o. 

»  Le  travail  effectué  par  le  systÚme  est  égal  à  la  pression  constante  p,  à 
laquelle  il  reste  soumis,  multiplié  par  l'accroissement  AV  que  subit  son 
volume;  en  sorte  que,  d'aprÚs  le  principe  de  conservation,  la  quantité  AQ 
obéit  à  la  relation 

(2)  ■  AQ  + AU +/;AV  =  o, 

AU  Ă©tant  la  variation  d'Ă©nergie  du  systĂšme.  Cette  variation  s'obtient  en 
dilĂŻĂ©rentiant  l'Ă©quation  connue 

U  =  H+  TS-/;V, 

dans  laquelle  T  et  p  sont  à  considérer  comme  des  constantes,  ce  qui  donne 

AU=  AH  +  TAS  -pW. 

Cette  valeur  de  AU  étant  transportée  dans  l'équation  (2),  il  vient 

AQ  +  AH  +  TAS  =  G, 

d'oĂč  l'on  tire,  d'aprĂšs  l'inĂ©galitĂ©  (i). 

AH  <  o, 

qui  était  l'inégalité  à  démontrer.  » 


ÉLECTROCHIMIE.    —   Action  de  l'iode  sur  les  pellicules  de  cuivre  obtenues 
par  ionoplastie ,  Note  de  M.  Houllevigue,  présentée  |)ar  JVI.  Mascart. 

«  i"  DĂ©termination  de  l'Ă©paisseur  des  pellicules.  —  Le  procĂ©dĂ©  que  j'ai  eu 
l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  (')  |)ermet  d'obtenir,  sur  verre,  des 
dépÎts  réguliers  de  cuivre,  d'épaisseur  variable  à  volonté.  Pour  déterminer 
celle  épaisseur,  j'ai  eu  recours  au  jirocédé  optique  indiqué  par  Fizeau  pour 
l'argent,  et  qui  réussit  également  bien  avec  le  cuivre. 

»  Dans  l'application  de  celle  méthode,  j'ai  modifié  le  procédé  classique  d'ioduralion, 
d'une  maniÚre  qui  me  paiail  avantageuse;  le  grain  d'iode  n'est  plus  déposé  sur  la 
lame  de  cuivre,  mais  suspendu  au-dessus  d'elle  à  l'aide  d'une  pince  placée  dans  un 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  626. 


/(S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

entonnoir;  on  peut,  en  réglant  la  distance  de  l'iode  à  la  lame,  donner  aux  anneaux 
l'Ă©panouissement  qu'on  dĂ©sire,  en  mĂȘme  temps  qu'on  Ă©vite  la  macule  que  le  contact 
de  l'iode  laisse  toujours  dans  la  tache  centrale. 

»  Ce  procédé  donne  rapidement  le  produit  nz  de  l'épaisseur  de  l'iodnre  formé  par 
l'indice  moven  n  Ae  cet  iodure;  mais  comme  on  ne  connaßt  ni  n,  ni  la  densité  de 
l'iodure,  on  a  dû,  pour  en  déduire  l'épaisseur  e  de  la  lame  de  cuivre,  procéder  comme 
suit  : 

»  Une  lamelle  de  verre  mince  de  Soℱ'"  x  /40'""'  Ă©tait  pesĂ©e  avant  et  aprĂšs  mĂ©talli- 
sation,    ce   qui    donnait,   à    fj   de   milligramme,    le    poids  p  du   cuivre  déposé  (poids 

compris  entre  i"'s,2  et  a""?).  On  en  déduit   l'épaisseur  moyenne  e  =r 


3o  X  4o  X  8,9 

Puis,  cinq  groupes  d'anneaux  formés  sur  la  lame  de  cuivre  peimeltent  d'évaluer  son 
Ă©paisseur  optique  moyenne  nz;  enfin  l'ioduration   totale  de  la  lame  montre  si  la  pel- 
licule est  assez  réguliÚre  pour  que  ce  procédé  n'entraßne  pas  d'erreurs  notables. 
»  La  movenne  de  quatre  déterminations  bien  concordantes  a  donné 


13,7 


))  2"  Epaisseur  limite  pour  l'attaque  du  cuivre  par  Viode.  —  En  appli- 
quant le  procédé  décrit  ci-dessiis  à  des  pplliciiles  de  plus  en  plus  minces, 
on  constate  qu'il  ne  donne  plus  rien  pour  les  dépÎts  d'é|)aisseur  inférieure 
Ă   40'^*' environ  ;  toutes  les  tentatives  ])our  indiirer  ces  couches  trĂšs  minces 
ont  échoué,  et  cependant  leur  méthode  de  formation,  leur  spectre  d'ab- 
sorption, leur  oxvdabilité  prouvent  qu'elles  sont  bien  constituées  par  du 
cuivre  métallique. 

))  D'autre  part,  un  nouveau  fait  vient  confirmer  cette  inaltérabilité  des 
pellicules  trĂšs  minces  de  cuivre  :  Lorsque,  aprĂšs  avoir  produit  sur  une 
pellicule  d'épaisseur  supérieure  à  40*^*^  "ns  série  d'anneaux  colorés  par 
ioduratioi),  on  procÚde  ensuite  à  l'ioduration  complÚte  du  métal,  on  devrait 
s'attendre  à  voir  disparaßtre  toute  trace  des  anneaux  précédents;  or,  il  n'en 
est  rien  ;  quel  que  soit  le  procédé  emplové,  //  reste  toujours,  autour  de  la 
tache  centrale  d' iodure,  une  zone  complÚtement  ou  partiellement  inaltérée. 

»  Cet  effet  s'inter|)rÚte  aisément  en  admettant  que  la  couche  de  cuivre 
trÚs  mince,  laissée  autour  de  la  tache  centrale  d'iodure  par  la  premiÚre 
ioduration,  est  inférieure  à  l'épaisseur  pour  laquelle  la  vapeur  d'iode  peut 
agir  sur  elle.  Tout  le  reste  de  la  laine  est  donc  att;iqué  dans  l'ioduration 
totale,  sauf  la  zone  trĂšs  Ă©troite  qui  borde  la  tache  centrale. 

»   Celte  explication  est  justifiée  par  les  remarques  suivantes  : 

»  1°  L'hvposulfite  de  soude  en  solution  trÚs  étendue,  qui  dissout  l'iodure  formé, 
laisse  persister  la  trace  de  la  premiĂšre  ioduration;  cette  trace  paraĂźt  ĂȘtre  constituĂ©e 
par  du  cuivre  inaltéré. 


SÉANCE    DU    6   JUILTJ-T    ipoS.  /Jg 

»  2°  Bien  que  l'iodure  de  cuivre  soit  trÚs  peu  altérable  à  la  lumiÚre,  on  pourrait 
attribuer  l'efTel  observé  à  cette  altération;  or  les  phénomÚnes  restent  exactement  les 
mĂȘmes  lorsqu'on  opĂšre  Ă   l'obscuritĂ©. 

B  3°  Une  lame  trÚs  épaisse  (3°"°)  de  cuivre  ne  donne  jamais  lieu  à  la  persistance 
d'anneaux  qu'on  observe  avec  les  lames  minces. 

»  4°  Une  condition  nécessaire  de  la  persistance  des  anneaux  est  que  l'ioduration 
totale  ne  commence  que  lorsque  la  premiÚre  ioduration  est  totalement  achevée  (il 
suffit  de  quelques  secondes  d'intervalle  entre  les  deux  opérations),  sans  quoi  la 
deuxiÚme  réaction  n'est  que  le  prolongement  de  la  premiÚre,  et  la  surface  est  unifor- 
mément iodurée. 

»  5°  Sur  une  lame  de  cuivre  d'épaisseur  aussi  uniforme  que  possible,  j'ai  formé  six 
systĂšmes  d'anneaux  ayant  au  centre  les  Ă©paisseurs  optiques  suivantes  : 

Numéros 
1.  '2.  3.  4.  5.  6. 

«s  en  ix]j. ii5i         948         747         600         43o         3o6 

»  Le  n°  1  correspondait  à  la  transformation  totale  de  cuivre  en  iodure.  Puis  toute 

la  lame  a  été  iodurée.  AprÚs  cette  opération,  on  a  pu  constater  que  les  taches  1,  2,  3 

étaient  nettement  visibles,  !^  à  peine  discernable,  5  et  6  n'avaient  laissé  aucune  trace. 

D'aprĂšs  cela,  la  couche  de  cuivre  incapable  d'ĂȘtre  iodurĂ©e  ultĂ©rieurement  aurait  une 

,      .  ....  .   n5i  — 600 

épaisseur  intérieure  a =  lioV-r. 

^  12,7 

»  6°  J'ai  fait,  sur  de  multiples  échantillons  d'épaisseurs  variables,  les  détermi- 
nations suivantes  :  sur  une  lamelle  de  verre  cuivrée  on  formait,  par  le  procédé  décrit 
plus  haut,  de  larges  anneaux  d'iodure;  la  lame  était  ensuite  coupée  en  deux  par  le 
milieu  des  deux  anneaux;  l'une  des  moitiés  était  iodurée  totalement,  puis  recollée  à 
cÎté  de  l'autre  moitié;  en  examinant  l'ensemble  des  deux  demi-lames  dans  un  appareil 
à  projection,  il  était  possible  d'apprécier  (non  sans  quelque  incertitude)  quelles 
couches  avaient  résisté  à  l'ioduration  totale. 

»   Si  m  et  m'  sont  les  épaisseurs  optiques  correspondant  à  la  tache  centrale  et  au 

bord  extérieur  de  la  zone  qui  a  résisté  à  la  deuxiÚme  ioduration,  l'épaisseur  maxima 

■      ,   .    .  n(t  —  t') 

du  cuivre  inaltĂ©rĂ©  est  j;  =  ■ ‱ 

12,7 

B   Voici  quelques  résultats  obtenus  par  cette  méthode  (')  : 

«c  en  iA[ji i652         1376         1258         1258         i334        747 

ne' ii5i         1101  843  826  747         332 

X 39  22  33  34  46  32 

»    Les  épaisseurs  limites  déterminées  par  les  différents  procédés  qui 

(')  L'argent  donne  naissance  au  mĂȘme  phĂ©nomĂšne  :  une  pellicule  d'argent  a  donnĂ© 


27  —  1621 
9 
C.   R.,  1903.  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  1)  7 


I           c            J.    ‱                  1927  —  1621  . 

ne  =  1927,    «^'=  1621,   d  ou   X  z=  -2-1 z=  i[^V-V- 


5o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

viennent  d'ĂȘtre  dĂ©crits  sont  du  mĂȘme  ordre  de  grandeur  que  les  couches 
de  passage  définies  à  l'aide  de  la  résistance  électrique,  ou  par  d'autres 
procédés.  En  tous  cas,  on  peut  représenter  les  résultats  de  cette  étude  en 
disant  que  :  La  plus  petite  molécule  de  cuivre  capable  de  réagir  chimiquement 
sur  la  vapeur  d'iode  a  des  dimensions  de  l'ordre  de  liO^^.  Son  poids  est  de 
l'ordre  de  5  xio~*^  milligramme.  » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Siinplificalion  de  l' analyse  des  silicates  par  V emploi 
de  l'acide  formique.  Note  de  M.  A.  LeclÚre,  présentée  par  M.  Ad.  Carnot. 

«  La  plupart  des  méthodes  d'analyse  des  silicates  sont  fondées  sur  le  fait 
qu'en  solution  aqueuse,  et  dans  les  conditions  favorables  Ă   la  formation 
des  sels  basiques,  les  sesquioxydes  comme  l'alumine,  et  les  bioxydes  comme 
la  silice  se  précipitent  à  l'état  de  sels  basiques  beaucoup  moins  solubles 
cjue  ceux  des  proloxydes. 

»  On  a  reconnu  depuis  longtemps  que,  dans  la  pratique,  les  séparations 
obtenues  sont  souvent  incomplÚtes,  et  les  difHcnltés  qu'elles  paraissent 
entraßner  sont  attestées  par  les  innombrables  variations  des  procédés  en 
usage.  J'ai  découvert  que  ces  difficultés  proviennent  simplement  de  ce  que 
l'acide  employé  à  la  dissolution  du  silicate  et  à  la  formation  des  sels  basiques 
n'est  pas  approprié  à  cette  opération.  T/acide  nitrique,  qui  est  ie  plus  géné- 
ralement prĂ©fĂ©rĂ©,  n'est  j)as  lui-mĂȘme  tout  Ă   fait  le  plus  convenable. 

»  En  effet,  si  l'on  considÚre  un  état  d'équilibre  momentané  entre  une 
solution  renfermant  des  molécules  d'acide  et  un  précipité  de  sel  basique, 
on  peut  prévoir  que  la  substitution  d'une  molécule  d'oxyde  supérieur,  dans 
la  molécule  d'acide  dissous,  doit  apporter  à  cet  équilibre  une  perturbation 
d'autant  plus  considérable  que  le  poids  moléculaire  de  l'acide  dissous  est 
lui-mĂȘme  plus  faible.  Or  l'acide  nitrique,  bien  que  d'un  poids  molĂ©culaire 
assez  bas,  ce  qui  justifie  la  préférence  dont  il  a  été  l'objet  jusqu'à  ce  jour, 
n'est  cependant  pas  le  plus  léger  des  acides  connus;  cette  propriété  carne- 
téristique  appartientà  l'acide  formique. 

»  J'ai  dÚs  lors  vérifié,  par  de  nombreux  essais,  que  l'analyse  des  silicates 
et  les  diverses  séparations  qu'elle  comporte  s'opÚrent  avec  la  plus  grande 
facilité  de  la  maniÚre  suivante  : 

»  AprÚs  la  fusion  avec  l'une  quelconque  des  bases  qui  sont  employées  pour  rendre 
le  silicate  attaquable  aux  acides,  on  traite  la  matiÚre  par  une  quantité  convenable 
d'eau  bouillante  dans  laquelle  on  verse  immédiatement  de  l'acide  formique  de  maniÚre 


SÉANCE    DU   6   JUILLET    I903.  5l 

Ă   obtenu-  finalement  un  liquide  renfeinaant  environ  5  pour  100  d'acide  l'ormique  libre, 
et  l'on  maintient  ce  liquide  Ă   100"  pendant  deux  jours. 

»  La  silice  et  mĂȘme  l'acide  litanique  se  prĂ©cipitent  entiĂšrement,  sans  passer  par 
l'Ă©tat  gĂ©latineux,  et  peuvent  alors  ĂȘtre  facilement  sĂ©parĂ©s  par  fillratioii.  En  neutralisant 
par  dé  l'eau  ammoniacale  le  liijuide  ißltré,  et  en  le  portant  de  nouveau  à  la  tempéra- 
ture de  l'ébnllition,  on  détermine  la  précipitation  complÚte  du  (er  et  de  l'alumine,  sans 
autre  entraßnement  que  celui  de  la  base  en  grand  excÚs  qui  a  été  employée  pour  rendre 
le  silicate  attaquable. 

»  La  filtration  est  facile.  La  précipitation  du  fer  à  l'état  de  fonniate  est  connue 
depuis  longtemps.  J'ai  constaté  que  celle  de  l'alumine  s'eflFectue  aussi,  dans  ces  con- 
ditions, avec  la  plus  grande  exactitude,  et  il  est  facile  dé  le  vérifier  en  opérant  sim- 
plement sur  de  l'alun  de  potasse  dissous  dans  l'eau  chaude  et  additionné  successive- 
ment d'acide  formique  et  d'ammoniaque  jusqu'à  neutralisation.  On  précipite  ainsi 
toute  l'alumine  et  l'Ă©vaporation  Ă   sec  du  liquide  fournit  toute  la  potasse  de  l'alun. 

»  En  combinant  l'emploi  de  l'acide  formique  à  celui  de  l'oxyde  de  plomb,  dont  il  a 
déjà  été  question  dans  une  Note  du  29  novembre  1897,  on  obtient  une  méthode 
d'analyse  qui  permet  de  déterminer  avec  beaucoup  de  précision  et  de  facilité  tous  les 
éléments  d'un  silicate. 

»  Il  paraßt  probable  qtie  l'acide  formirpie  est  l'agent  le  plus  important 
delà  séparation  j)ar  laqtielleles  végétaux  puisent  clans  le  sol,  avec  exclusion 
de  l'aluraine,  les  bases  qui  se  rencontrent  dans  leurs  cendres.  Les  acides 
organiques  d'un  poids  moléculaire  supérieur  dissolvent  eu  effet  l'alumine 
avec  une  facilitĂ©  croissante  et  arrivent  mĂȘme  Ă   empĂȘcher  sa  prĂ©cipitation 
par  l'ammoniaque  en  excÚs.    » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  conditions  de  production  et  de  stabUitĂ©  de 
l'acide  hy pus ulfureux.  Note  de  M.  J.  Aloy,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Lorsque  l'acide  hyposultureux  est  mis  en  liberté  par  l'action  d'un  acide 
sur  un  hyposulfile,  il  se  détruit  aussitÎt  et  donne  lieu,  ainsi  que  l'a  montré 
M.  Berlhelot  ('),  Ă   un  Ă©quilibre  trĂšs  complexe  d'i)Ăč  rĂ©sulte  la  formation 
simultanée  d'acide  sulfureux  et  des  acides  thioniques. 

»  Pour  déterminer  la  quantité  d'acide  hyposulfureux  existant  à  un 
moment  donné,  dans  un  tel  mélange,  j'ai  d'abord,  pai-  uu  premier  titrage 
Ă   l'iode,  Ă©tabli  une  relation  entre  les  proportions  des  acides  liyposulfureux 
et  sulfureux  ;  j'ai  cherché  ensuite  la  quantité  d'acide  sulfuretix  eu  dosant 
l'acide  suUurique  avant  et  aprÚs  le  titrage  à  l'iode.  Cette  méthode  suppose 

(')  Berthelot,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  6°  série,  t.  XVU,  p.  006. 


52  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

évidemment  que  l'iode  est  sans  action,  du  moins  immédiate,  sur  les  acides 
tri-  et  pentathioniques.  Ce  fait  a  été  vérifié  par  M.  Berlhelot. 

»  Production  d'acide  hvpostilfureux  par  Vaclion  de  l'acide  sulfiireiur  sur  le 
soufre.  —  L'on  peut  obtenir  des  quantitĂ©s  apprĂ©ciables  d'acide  liyposulfureux  en 
saturant  par  du  gaz  sulfureux  une  solution  d'alcool  Ă   gS"  tenant  en  suspension  du 
soufre  neutre  lavĂ©.  La  prĂ©sence  de  l'acide  peut  ĂȘtre  constatĂ©e  dĂ©jĂ   aprĂšs  5  minutes  de 
contact  par  la  réaction  de  Rose  à  l'aide  du  nitrate  d'argent;  aprÚs  i  heure,  j'ai  trouvé 
is,  8  d'acide  par  litre  à  la  température  de  20°.  La  proportion  d'acide  est  beaucoup  plus 
faible  dans  l'alcool  méthylique  et  à  peu  prÚs  nulle  dans  l'alcool  amylique  et  l'éther. 

»  StabilitĂ©.  —  Comme  terme  de  comparaison  je  me  suis  servi  de  deux  solutions 
S^O'Na^  (79?=  2')  et  HCl  (i"°'=:  2').  J'ai  suivi  la  transformation  de  l'acide  hypo- 
sulfureux.  résultant  du  mélange  des  deux  solutions  à  la  température  de  l[^°  environ  : 

Acide  hyposulfureux. 
h       m 

AprĂšs  o .   5 .  .  . 82 

AprĂšs  o.i5 61,8 

AprĂšs  o .  3o 56 

AprĂšs  2        44)2 

»  Diverses  influences  augmentent  ou  diminuent  la  stabilité  de  l'acide. 

»  Influence  du  dissolvant.  —  L'acide  hyposulfureux  est  plus  stable  dans  l'alcool 
que  dans  l'eau.  Une  solution,  dans  l'alcool  Ă   gS",  qui  contient  4^  d'acide  par  litre 
reste  limpide  et  ne  dĂ©pose  pas  de  soufre,  mĂȘme  aprĂšs  plusieurs  heures;  une  solution 
aqueuse  de  mĂȘme  titre  se  trouble  aprĂšs  quelques  minutes.  L'addition  d'eau  Ă   la  solu- 
tion alcoolique  produit  presque  immédiatement  un  précipité  de  soufre. 

»  La  présence  des  sels  neutres  augmente  aussi  la  stabilité  de  l'acide.  Ainsi,  en 
mélangeant  les  deux  solutions  types  aprÚs  les  avoir  saturées  de  sel  marin,  j'ai  trouvé  : 

Acide  hyposulfureux. 
t]       m 

AprĂšs  o.   5 83,5 

AprĂšs  o.i5 64,5 

AprĂšs  2        47  > 8 

»  Influence  de  la  lumiĂšre.  —  La  lumiĂšre  diffuse  est  sans  action  apprĂ©ciable  sur  la 
vitesse  de  décomposition  de  l'acide  hyposulfureux,  la  lumiÚre  solaire  l'accélÚre  légÚre- 
ment : 

Acid<-  hyposulfureux. 

A  Tobscurité  à  24°-      Au  soleil  à  24°. 
h        m 

AprĂšs  o.   5 80,4  79)9 

AprĂšs  o .  1 5 Sg ,  7  57,7 

AprĂšs  I        47  44)2 

»  Influence  des  acides.  —  Une  solution  dacide  hyposulfureux  contenant  3s,  2  d'acide 
par  litre  a  été  préparée  par  l'action  de  l'acide  sulfurique  sur  la  quantité  théorique 
d'hvposulfile    de   baryum.    A    lo"^ℱ'   de   cette  solution  j'ai   ajoutĂ©    i'^ℱ'   d'acide   chlor- 


SÉANCE    DU   6    JUILLET    igo3.  53 

hydrique  ou  des  proportions  équivalentes  des  acides  sulfurique,   trichloracélique  et 
acétique. 

»  Au  moment  oĂč  5o  pour  loo  de  l'acide  avaient  disparu  dans  le  lot  normal,  les  pro- 
portions décomposées  dans  les  autres  lots  atteignaient  : 

Lot  normal.  HCI.  SO«H=.        CCl'CO'H.     CH'CO^H. 

S-O^NaMécomposé. . . .         5o  72  65  64  52 

»  La  présence  des  acides  favorise  donc  la  décomposition,  et  ce  sont  les  acides  les 
plus  ionisés  qui  agissent  le  plus  efficacement. 

»  Influence  de  l'acide  sulfureux.  —  La  dĂ©composition  de  l'acide  hyposulfureux 
semble  surtout  réglée  par  la  proportitßn  d'acide  sulfureux  existant  dans  la  solution  : 
Si  Ă   10""'  d'une  solution  S-O'iVa-  (798^  lo')  l'on  ajoute  oS,  i  de  sulfite  de  sodium,  puis 
10"'"  d'une  solution  HCI  (1"'"'^  10'),  le  mélange  reste  parfaitement  limpide,  le  dépÎt 
de  soufre  n'a  pas  lieu.  Si  au  contraire  on  enlĂšve  l'acide  sulfureux  au  fur  et  Ă   mesure 
de  sa  production,  par  un  courant  de  gaz  carbonique,  la  décomposition  devient  rapide 
et  totale. 

»  En  résumé  :  1°  On  peut  produire  rapidement  de  l'acide  hyposulfu- 
reux par  l'action  d'une  solution  alcoolique  de  gaz  sulfureux  sur  le  soufre. 

»  2°  La  présence  d'alcool  et  des  sels  neutres  augmente  la  stabilité  lie 
l'acide  hyposulfureux;  la  présence  des  acides  et  l'action  des  rayons  solaires 
facilitent  sa  décomposition. 

»  3°  Le  mode  de  destruction  de  l'acide  dépend  de  la  proportioa  d'acide 
sulfureux  existant  dans  la  solution. 

»  Je  me  propose  de  faire  une  application  de  ces  résultats  à  l'étude  des 
hyposulfites  acides.  » 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  V Ă©ihĂ©rificalion  des  hydracides. 
Note   de  M.  A.  Villiers,  présentée   par  M.  H.   Moissan.  (Extrait.) 

«  Lorsqu'un  mélange  d'hydracides  et  d'alcool  a  atteint  l'équilibre  cor- 
respondant à  une  température  détermiiice,  s'il  est  ensuite  abandonné  à 
des  températures  inférieures,  on  observe  des  modifications  profondes.  La 
lenteur  avec  laquelle  ces  variations  se  produisent  et  celle  avec  laquelle 
l'acide  chlorhydrique  s'éthérifie  ne  m'a  pas  permis  de  les  étudier  d'une 
maniÚre  complÚte,  mais  cependant  les  résultats  actuellement  acquis 
en  indiquent  nettement  le  sens. 

»  Avec  l'acide  sulfurique,  une  fois  qu'on  a  atteint  le  terme  de  la  rétrogradation 
lente,  due  Ă   la  production  de  l'Ă©tlier  ordinaire,  on  constate  que  l'Ă©quilibre  final  est 
stable  et  indépendant  de  la  température.  Ce  résultat  est  dû  à  la  stabilité  des  hydrates 


5\  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  l'acide  sulfuiique.  Il  n'en  est  pas  de  mĂȘme  pour  les  hvdracides  (' ),  et,  sous  l'in- 
fluence d'un  abaissement  de  température,  un  nouvel  équilibre  tend  à  s'établir.  S'il  ne 
s'était  pas  formé  d'éther  ordinaire,  la  nouvelle  limite,  inférieure  à  la  précédente, 
serait  probablement  la  mĂȘme  que  si  l'Ă©tliĂ©rificalion  s'Ă©tait  faite  Ă   la  nouvelle  tempĂ©- 
rature à  laquelle  on  maintient  le  mélange  par  suite  de  la  recombinaison  partielle  des 
éléments  des  hydrates  dissociés  des  hydracides.  Mais  l'éther  ordinaire  s'est  produit, 
lorsque  la  température  était  plus  élevée,  en  proportion  plus  grande  que  celle  qui  cor- 
respondrait à  la  température  actuelle.  Il  en  est  résulté  la  mise  en  liberté  d'une  plus 
grande  quantité  d'eau,  et  la  proportion  d'éther  éthérifié  tend  à  s'abaisser  non  seule- 
ment jusqu'à  la  limite  correspondant  à  cette  derniÚre  température,  mais  jusqu'à  une 
limite  inférieure  correspondant  à  un  mélange  initiai  'j)lus  hydraté,  et  l'on  peut,  par 
suite,  observer  des  différences  considérables  entre  les  proportions  éthérifiées  dans 
deux  mélanges  de  composition  initiale  identique,  ayant  tous  deux  atteint  leur  équi- 
libre final  Ă   une  mĂȘme  tempĂ©rature,  mais  dont  la  tempĂ©rature  de  l'un  a  Ă©tĂ©  maintenue 
constante,  et  dont  l'autre  a  été  chauffé  au  delà  de  celle  température. 

»  Une  rétrogradation  semblable  peut  naturellement  se  produire,  el  la  limite 
d'éthérificalion  peut  varier  légÚrement  sans  que  l'on  ait  eu  recours  à  un  échauffement 
artificiel  et  simplement  par  suite  de  variations  successives  de  la  température  ambiante, 
variations  dont  il  ne  peut  résulter  qu'un  abaissemenl  définitif  de  la  limite. 

»  Pour  l'acide  chlorhydrique,  la  lenteur  de  l'éthérification  est  telle  que  les  solutions 
préparées  il  v  a  aS  ans  paraissent  encore  fort  loin  d'avoir  atteint  la  limite  correspon- 
dant à  la  température  ordinaire,  et  l'on  observe  encore  un  trÚs  grand  écart  entre  les 
résultats  donnés  par  l'éthérification  directe  et  par  la  décomposition  inverse  de  l'éther 
chlorhydrique. 

»  L'éther  ordinaire  ne  se  produisant,  avec  cet  acide,  qu'à  des  températures  élevées, 
il  est  probable  qu'on  ne  doit  pas,  à  des  températures  inférieures,  constater  les  der- 
niers faits  signalés  pour  les  acides  bromhydrique  et  iodhydrique.  Dans  un  mélange 
ayant  atteint  son  équilibre  à  une  température  déterminée  et  abandonné  ensuite  à  une 
température  inférieure,  la  proportion  éthérifiée  ne  doit  s'abaisser  que  jusqu'à  la  limite 
correspondant  à  cette  derniÚre.  Mais  la  lenteur  de  l'éthérification  est  trop  grande  pour 
que  je  puisse  espérer  pouvoir  le  vérifier  et  déterminer  les  limites  d'éthérificalion  à 
la  température  ordinaire. 

»  Acide  chlorJiyiJrique  et  alcools  dĂč-ers.  —  Les  analyses  rĂ©centes  confirment  les 
observations  faites  autiefois,  relativement  à  la  vitesse  d'éthérificalion  de  ces  alcools. 
L'alcool  bulylique  s'éthérifie  avec  une  lenteur  exceptionnelle,  et  sa  limite  est  proba- 
blement moins  élevée  à  la  température  ordinaire  comme  à  loo°.  Pour  les  autres  alcools 
monoalomiques,  la  vitesse  décroßt  lorsque  le  poids  moléculaire  s'élÚve;  cependant,  à 
partir  d'un  certain  moment,  elle  devient  plus  grande  pour  l'alcool  araylique  que  pour 
l'alcool  isopropylique. 

»  Au  contraire,  l'éthérification  du  glycol  et  de  la  glycérine  est  beaucoup  plus  rapide 
que  celle  de  l'alcool  élhylique,  si  l'on  tient  compte  de  la  limite  qui  est  moins  élevée. 
Cette  limite  paraßt  actuellement  atteinte,  pour  ces  alcools,  à  la  température  ordinaire. 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXX'Vl,  p.  i4o2  et  i55i. 


SÉANCE    DU   6   JUILLET    ipoS.  55 

Elle  est  moins  élevée  qu'à  ioo°,  ainsi  que  cela  a  lieu  avec  l'alcool  ordinaire  et  les 
acides  bromohjdiique  et  iodhydrique,  mais  elle  est  la  mĂȘme  qu'Ă   44°,  ce  qui  semble 
indiquer  une  différence  dans  le  mode  d'action  des  hydrates  de  l'acide  chlorhydrique 
sur  le  gljcol  et  la  glycérine  et  sur  l'alcool  ordinaire.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  T acĂ©tylĂšne  hibromĂ©  :  purification,  cryoscopie, 
analyse.  Note  de  M.  P.  Lemoult. 

«  Dtins  une  Note  antérieure  {Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  i333), 
nous  avons  décrit  la  préparation  de  l'acétylÚne  bibromé  et  la  caractérisa- 
tion  de  ce  corps  par  quelques-unes  de  ses  propriétés.  Nous  sommes 
parvenu  à  l'obtenir  pur  et  à  vérifier  sa  pureté  par  la  délermiiiation  du 
poids  moléculaire  et  de  sa  teneur  en  brome. 

»  PrĂ©paration.  —  L'impossibilitĂ©  de  distiller  le  produit  dĂ©crit  antĂ©rieurement,  en 
raison  de  son  instabilité,  nous  a  mis  dans  la  nécessité  de  l'obtenir  pur  de  premier  jet; 
on  constate  facilement  que  l'éthylÚne  tribromé  CHBr=;CBr=  (matiÚre  premiÚre)  est 
entraßnable  par  la  vapeur  d'alcool  et  sa  présence  élÚve  le  poids  moléculaire  des  échan- 
tillons bruts;  on  Ă©limine  ce  corps  par  fractionnement  au  moment  mĂȘme  de  la  prĂ©pa- 
ration :  l'appareil  est  un  de  ceux  dont  on  se  sert  pour  les  fractiounements  sous 
pression  réduite,  les  flacons  collecteurs  étant,  pour  plus  de  commodité,  remplacés  par 
des  ampoules  Ă   deux  robinets,  et  le  tout  est  rempli  d'eau  bouillie;  le  ballon  dans 
lequel  on  a  mis  le  mélange  de  CIIBr  =  CBi'°  et  de  KOU  alcoolique  et  le  réfrigérant 
Ă©tant  constamment  parcourus  par  un  courant  dazote  (sans  oxygĂšne).  DĂšs  que  les 
vapeurs  commencent  à  passer,  le  thermomÚtre  placé  dans  le  col  du  ballon  marque  76" 
et  reste  assez  longtemps  stationnaire  entre  76°  et  77°;  la  portion  correspondante 
condensée  se  rassemble  en  lourdes  gouttes,  sans  produire  les  stries  légÚres  dues  à 
l'alcool;  on  recueille  une  seconde  portion  de  77°  à  80°,  puis  une  autre,  au  delà,  formée 
d'un  liquide  qui  ne  s'enflamme  pas  spontanément  à  l'air,  mais  donne  seulement 
d'abondantes  fumées. 

»  La  premiÚre  portion,  la  plus  importante,  est  constituée  par  GBr^GBr  pur, 
comme  nous  allons  le  montrer,  et  l'on  doit  admettre  que  ce  corps  bout  à  ']6°-y]'' 
sous  la  pression  ordinaire. 

»  Poids  molĂ©culaire.  —  La  valeur  de  celle  donnĂ©e  importante  nous  a  paru  le 
meilleur  critérium  de  la  pureté,  car  elle  renseigne  à  la  fois  sur  la  présence  de 
CHBr^GBr^  et  sur  les  polymérisations  (que  nous  espérons  déterminer  ultérieure- 
ment) que  la  molécule  paraßt  apte  à  subir,  ces  deux  causes  tendfmt  à  augmenter  le 
poids  moléculaire.  L'acide  acétique,  auquel  l'acétylÚne  bibromé  s'incorpore  facilement, 
est  trĂšs  propre  Ă   la  dĂ©termination  ;  toutefois  ce  corps  ne  doit  ĂȘtre  sĂ©parĂ©  de  l'eau  qui 
le  recouvre  et  le  protĂšge  (sans  s'y  dissoudre)  que  dans  un  tube  muni  d'une  longue 
pointe  trĂšs  capillaire. 


56  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   Voici  le  résultat  obtenu  : 

P  =  23,79,         /)  =  i,2872,         «=i°,i5. 
M  =  3900-^  =i83,3.  Théorie  pour  CBr  =  CBr:  184. 

»   Avant  ce  fractionnement,  les  résultats  variaient  entre  200  et  220. 

»  Analyse  :  dosage  du  brome.  —  Cette  opĂ©ration  n'est  pas  possible  sur  le  produit 
tel  quel,  la  clialeur  (dosage  par  la  chaux)  le  décomposant  violemment  et  le  contact 
avec  AzO^H  (procédé  Carius)  étant  éminemment  dangereux;  on  fait  alors  une  solu- 
tion titrée  du  composé  étudié  dans  l'acide  acétique  exempt  de  composés  halogÚnes 
(2S,34o5  dans  6^,9720,  soit  25,i32  pour  loo  du  mélange)  et  la  solution  obtenue,  trÚs 
maniable,  est  traitée  comme  d'ordinaire;  encore  faut-il,  pour  éviter  les  explosions  et 
les  projections,  s'abstenir  de  chaufTer  directement  l'ampoule,  dont  la  température 
s'élÚve  par  rayonnement  et  dont  le  contenu  distille  lentement  en  cédant  son  brome  à 
la  cliaux. 

»  06,5760  de  la  solution  précédente,  prélevés  à  l'abri  du  contact  de  l'oxygÚne  atmo- 
sphérique et  contenant,  par  conséquent,  0,14476  du  corps  étudié,  ont  donné 
06,2980  de  AgBr,  soit  Br  pour  100  :  87,57. 

Théorie  pour  CBrE=  CBr  :  86,95. 

»  Nous  avons  donc  obtenu,  par  action  de  la  potasse  alcoolique  et  frac- 
tionnement au  moment  de  la  préparation,  racétyléne  bibromé  pur,  dont 
la  complexité  inoléculaire  et  la  teneur  en  Br  correspondent  à  la  formule 
CBr  ^  CBr  et  dont  nous  nous  proposons  de  continuer  l'étude.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  lactase. 
Note  de  MM.  E.m.  Bourquelot  et  H.  HĂ«rissey. 

«  Lorsque  Emil  Fischer  a  publié  ses  premiÚres  recherches  sur  les 
enzymes  et  fait  connaßtre,  en  particulier,  le  dédoublement  thi  sucre  de  lait 
par  l'émulsine  des  amandes,  l'un  de  nous  a  émis  l'opinion  que  ce  dédou- 
blement ne  devait  pas  ĂȘtre  rapportĂ©  Ă   l'Ă©mulsine  proprement  dite  (ferment 
hydrolysant  des  glucosides),  mais  à  un  enzyme  spécial,  la  lactase,  accom- 
pagnant l'émulsine  en  question  dans  le  produit  employé  par  le  chimiste 
allemand.  Il  s'appuyait  sur  ce  fait  que,  avec  une  émulsine  conservée  depuis 
longtemps  dans  son  laboratoire,  il  n'avait  pu  réussir  à  hydrolyser  le  sucre 
de  lait,  alors  que  cependant  cette  émulsine  dédoublait  encore  les  gluco- 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    190.3.  5n 

sides  naturels  sur  lesquels  l'aclion  hydrolysante  du  ferment  des  amandes 
douces  avait  été  signalée  jusqu'à  cette  époque  (  '  ). 

»  Dés  1895,  c'est-à-dire  une  année  aprÚs  la  publication  d'Emil  Fischer, 
nous  avons  fait  deux  observations  venant  Ă   l'appui  de  cettte  maniĂšre  de 
voir.  La  premiÚre  est  relative  à  la  solution  obtenue  en  faisant  séjourner  de 
l'eau  distillée  sous  une  culture  d'Aspergillus  niger  développée  sur  liquide 
de  Rauliu,  solution  qui,  tout  en  ilédoubhint  tous  les  glucosides  naturels 
dédoublés  par  le  produit  des  amandes,  est  sans  action  sur  le  sucre  de 
la.t(  =  ). 

»  La  seconde  concerne  le  suc  d'un  grand  Champignon  basidiomvcÚte, 
le  Polyporus  sulfureiis  Fr.,  qui  se  conduit  exactement  comme  le  liquide 
d'Aspergillus  (^).  La  conclusion  la  plus  satisfaisante  Ă©tait  que  l'Ă©mulsine, 
telle  qu'on  la  prépare  avec  les  amandes  douces,  est  un  produit  com- 
plexe C)  qui  renferme  de  la  lactase,  cette  derniĂšre  n'existant  ni  dans  le 
liquide  d'Aspergillus,  ni  dans  le  suc  de  Polyporus  sulfureus. 

»  L'émulsine,  en  tant  que  ferment  dédoublant  des  glucosides  lévogyres, 
étant,  connue  l'on  sait,  un  ferment  trÚs  répandu  dans  le  rÚgne  végétal  (^), 
les  faits  que  nous  venons  de  rappeler  conduisaient  Ă   rechercher,  au  moins 
pour  un  certain  nombre  de  cas,  si  cette  émulsine  est  accompagnée  de  lac- 
tase. Il  y  avait  en  outre  Ă   se  demander  si,  d'autre  part,  la  lactase  peut  exis- 
ter sans  Ă©mulsine. 

»  Nos  recherches  sur  le  premier  point  ont  porté  sur  les  semences  de  quatre  Rosa- 
cĂ©es, amandes  amĂšnes,  amandes  de  PĂȘcher,  amandes  d'Abricotier,  semences  de  Pom- 
mier, et  sur  les  feuilles  du  Laurier-cerise;  tous  ces  organes  sont  bien  connus  comme 
renfermant  de  l'Ă©mulsine. 

»  Tous  ces  organes,  les  amandes  aprÚs  avoir  été  mondées  de  leur  tégument,  et  les 
feuilles  aprÚs  avoir  été  lavées  et  essuyées,  ont  été  triturés  finement,  puis  misa  macérer 
dans  de  l'eau  chargée  de  toluÚne,  pendant  un  temps  qui,  suivant  les  cas,  a  varié  de  12 
à  24  heures  {i  =r.  i5°-i7''). 

)i   Les  macérés  ayant  été  filtrés,  on  les  a  fait  agir  sur  le  lactose,  comme  l'indiquent 


(^)   Em.   BouROiiELOT,    Travaux   de   M.  Emil  Fischer  sur  les  ferments   solubles 
{Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie,  6=  série,  iSgS,  p.  827  et  ojÎ). 

(*)  Em.  Bourqlelot  et  H.  IIérissey,  Sur  les  propriétés  de  l'émulsine  des  Cliampi- 
gnons  {Journal  de  Pharmacie  et  de  Chimie,  &"  série,  t.  W,  iSgS,  p.  435). 

('  )  Em.  Bourquelot  et  H.  IIĂ©rissey,  Les  ferments  solubles  du  Polyporus  sulfureus  Fr. 
{Bull.  Soc.  mycol.  de  France,  t.  XL  i8g5,  p.  235). 

(*)  Comptes  rendus  des  séances  de  la  Société  de  Biologie,  igoS,  p.  219. 

(^)   H.  HĂ©rissey,  Recliercltes  sur  l'Ă©mulsine  \^ThĂšse  doct.  Univ.  {Pliarm.),  Paris, 
1899]- 

C.   R.,   1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  ^‱  1.)  8 


58  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

suffisamment  les  Tableaux  et  les  détails  suivants,  qui  se  rapportent  aux  amandes  de 
pĂȘches  : 

1.  MacĂ©rĂ©  cru 5oℱ'' 

Lactose Ss 

ToluÚne .  o"^"',» 

2.  Macéré  porté  à  loo". .  .  oo""' 

Lactose 5s 

ToluĂšne o'^"',  5 

3.  Macéré  cru So'^"' 

Eau quantité  suffisante  pour  atteindre  les  volumes  précédents 

ToluĂšne o""',  5 

k.    MacĂ©rĂ©  portĂ©  Ă   loo"..  .  5oℱ' 

Eau quantité  suffisante  pour  atteindre  les  volumes  précédents 

Toluùne oℱ',5 

»  Tous  ces  mélanges  ont  été  maintenus  à  l'étuveà  35"- '|0°  pendant  3  jours:  puis  on  a 
procédé  à  l'essai  de  chacun  d'eux,  afin  de  rechercher  s'il  v  avait  eu  hvdroiyse  du  lac- 
tose dans  le  n"  1.  Pour  cela,  on  a  eu  recours  à  deux  procédés  :  le  procédé  de  Fischer 
et  le  procédé  au  polarimÚtre.  Le  premier  repose  sur  les  propriétés  que  possÚdent  les 
produits  d'hydrolyse  du  lactose,  glucose  et  galactose,  de  donner  avec  l'acétate  de  phé- 
nylhydrazine  des  osazones  insolubles  dans  l'eau  bouillante,  tandis  que  la  lactosazone 
est  soluble.  Le  second  repose  sur  ce  fait,  que  le  mĂ©lange  de  ces  mĂȘmes  produits 
d'hydrolyse  possÚde  un  pouvoir  rotatoire  plus  élevé  que  le  lactose  qui  lui  a  donné 
naissance,  en  sorte  que,  si  le  lactose  d'une  solution  est  dédoublé  par  un  ferment  so- 
luble, la  rotation  droite  de  cette  solution  doit  augmenter. 

«  Ces  deux  procédés  ont  donné,  pour  les  quatre  semences,  des  résultats  positifs 
et  concordants. 

»  Avec  les  amandes  de  PĂȘcher  en  particulier,  la  rotation  primitive  de  la  solution 
n°  1  a  augmenté  de  i°8'  (/=o"',2),  et  il  s'est  formé  une  quantité  de  glucose  et  de 
galactose  qui  a  fourni  28,1/4  d'osazones  insolubles  dans  l'eau  bouillante. 

»  Quant  au  macĂ©rĂ©  de  feuilles  de  laurier-cerise,  alors  mĂȘme  qu'on  avait  pris  soin 
de  broyer  ces  derniÚres  avec  du  sable,  il  est  demeuré  inactif  sur  le  lactose.  Un  essai 
particulier  avait  d'ailleurs  montrĂ©  que  ce  mĂȘme  macĂ©rĂ©  dĂ©doublait,  assez  faiblement 
cependant,  l'amvgdaline.  On  se  trouve  donc  ici  en  présence  d'un  cas  semblable  à  celui 
du  liquide  d'Aspergiiliis  ou  du  suc  de  Polyporus  sulfureux. 

»  On  sait,  d'autre  part,  depuis  longtemps,  que  les  grains  de  képhir  contiennent  un 
ferment  capable  de  dédoubler  le  lactose.  Nous  avons  contrÎlé  le  fait  et,  à  cette  occa- 
sion, nous  avons  essayĂ©  sur  l'amygdaline  ce  mĂȘme  produit,  qui  n'a  provoquĂ©  aucun 
dédoublement  du  glucoside. 

»  lĂči  rĂ©sumĂ©,  on  peut  rencontrer  la  lactase  accompagnant  l'Ă©ratilsine 
(amandes  diverses  de  Rosacées,  etc.),  l'émulsine  sans  lactase  (Aspergil/us 
niger,  Polyporus  suif ureus,  feuilles  de  Laurier-cerise),  et  enfin  la  lactase  sans 


SÉANCE    DU   G    JUILLLT    1903.  'hj 

émiilsine  (képhir)  :  tous  ces  faits  sont  d'accord  aVec  l'hypothÚse  de  l'indi- 
viduahté  des  deux  ferments.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  du  sodium  sur  le  tĂ©trachlorure  du  carbone  et 
là  betizine  chlorée  ;  formation  du  triphénylméthane  et  d' hexaphényléthane. 
Note  de  M.  Jules  Schmidlix.  (Extrait.) 

«  Quoique  le  tétraphénylméthane  soit  un  hydrocarbure  d'une  structure 
trÚs  simple  et  d'une  grande  stabilité  d'aprÚs  ses  propriétés  chimicpies  et 
thermochimiques,  il  ne  s'obtient  pas  par  une  des  méthoiles  simples 
usitées  j)Our  la  synthÚse  des  hydrocarbures  :  c'est  ce  qui  résulte  de 
nombreuses  expériences.  L'action  du  chlorure  d'aluminium  sur  la  benzine 
et  le  tétrachloruie  àw  carbone  ne  forme  que  du  triphénylméthaue.  Le  té- 
trachlorure de  carbone  et  la  benzine  chlorée,  traités  par  le  sodium,  m'ont 
fourni  du  diphcnyle,  et  un  mélange  d'hydrocarbures,  parmi  lesquels  j'ai 
isolé  et  itientifié  le  triphénylméthane  et,  en  petites  quantités,  l'hexaphé- 
nyléthane. 

»  J'ai  étudié  siulout  l'aciinn  du  sodium  sur  la  benzine  chlotée  et  le  tétractiloruré 
du  carbone  étendu  avec  beaucoup  de  benzine,  à  température  ordinaire.  Elle  est  lente 
d'abord,  mais,  aprÚs  une  journée,  le  liquide  entre  en  ébullition  et  la  réaction  devient 
tumultueuse.  Le  liquide  brun,  filtré  et  concentré,  est  soumis  à  la  distillation  dans  une 
cornue.  Entre  i5o°  et  270°  on  récolte  du  diphényle  presque  pur;  à  partir  de  270°  on 
obtient  des  liquides  qui  déposent  aprÚ=  quelque  temps  des  cristaux,  de  triphényl- 
méthane et  d'hexaphénjléthane.  La  séparation  se  fait  par  l'acide  acétique,  rhex.aphé- 
nyléthane  reste  insoluble  sous  forme  d'une  poudre  blanche.  La  dissolution  dépose  des 
cristaux,  on  les  distille  entre  35o°  et  35.ß°  et  recristallise  dans  l'alcool;  ils  fondent  à 
920,5.  Pour  identifier  complÚtement  celte  substance  avec  le  triphénylméthane,  je  l'ai 
transformé  en  pararosaniline  selon  la  méthode  de  Fischer.  Quant  à  la  poudre  blanche 
recristallisée  dans  la  benzine  elle  se  présente  sous  forme  de  petits  cristaux  incolores 
brillants,  qui  fondent  à  227°.  C'est  le  point  de  fusion  de  l'hexaphénylélhane.  L'analyse 
a  confirmé  ce  résultat  ainsi  que  la  cryoscopie,  et  l'oxydation  au  moyen  du  bichromate 
de  soude  et  l'acide  acétique. 

■n  On  peut  se  rendre  compte  de  ces  rĂ©sultats  en  admettant  que  l'actiori 
du  sodium  sur  la  benzine  chlorée  et  le  tétrachlorure  du  carbone  fournit 
d'abord  du  chlorure  du  triphénylmélhane.  Pendant  la  distdiation  ({ui  forme 
le  triphénylméthane,  ou  remarque  un  dégagement  du  gaz  chlorhydrique. 
»   Triphénylméthane  : 

3C«H*CI  +  CCI' -(- 6Na  =  (C'HO'CCl  +  6NaCl, 
(CH^'CCI  +  H^  =  (C"H')^CH  +  HCI. 


6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  L'hexaphéiiyléthane  : 

2(C«H0'CC1  +  2Na  =  (C'''H')'C  -  CfC  Wy  +  2NaCl. 

»  Le  fait  que  l'on  n'obtient  pas  du  létraphénylmélhane  ne  semble  pas 
provenir  d'une  destruction  du  produit  préalablement  formé;  mais  il  s'ex- 
plique plutĂŽt,  parce  que  l'action  du  sodium  s'arrĂȘte  au  chlorure  du  triphĂ©- 
nylméthane  et  que  sou  action  ultérieure  se  borne  à  lier  les  molécules  iden- 
tiques et  à  former,  d'une  part,  avec  la  benzine  chlorée,  du  diphényle  et, 
d'autre  part,  de  l'hexaphénylméthane  avec  le  chlorure  du  triphénylmé- 
thane.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  PrĂ©paration  des  alcools  primaires  au  moyen  des  acides 
correspond anl s.  Note  de  MM.  L.  Bouveault  et  G.  Blanc,  présentée  par 
M.  A.  Haller. 

«  Nous  avous  généralisé  le  procédé  de  réduction  ilécrit  dans  notre 
récente  Note  {Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  1676).  Il  s'applique  aussi 
bien  aux  acides  du  poids  moléculaire  le  plus  faible  qu'à  ceux  qui  sont  les 
plus  avancés  dans  la  série;  mais,  dans  ces  cas  comme  dans  l'autre,  nous 
avons  rencontré  des  difficultés  expérimentales  assez  sérieuses. 

»  Nous  avons  tenu  à  démontrer  la  transformation  en  alcool  ordinaire  des  éthers-sels 
de  l'acide  acétique;  il  fallait  pour  cela  opérer  dans  un  milieu  tout  à  fait  exempt  de 
cet  alcool.  Nous  avons  réduit  Tacétale  d'amyle  au  moyen  de  sodium  et  de  Talcool 
amylique.  Nous  avons  pu  recueillir  et  caractériser  une  petite  quantité  d'alcool  éthy- 
lique. 

»  L'acide  butyrique  a  été  réduit,  à  l'état  de  butjrate  de  méthyle,  au  moyen  de 
sodium  et  d'alcool  absolu.  L'alcool  butylique  formé  est  entraßné  par  la  vapeur  d'eau 
aussi  rapidement  que  l'alcool  ordinaire.  On  cniilinue  la  distillation  tant  que  le  liquide 
donne  deux  couches  par  addition  de  carbonate  de  potassium  solide. 

B  On  traite  ensuite  tout  le  liquide  distillé  par  ce  sel  en  excÚs,  on  décante  la  couche 
supérieure,  mélange  des  deux  alcools,  et  on  l'abandonne  avec  une  nouvelle  quantité 
de  carbonate,  puis  on  distille  à  la  colonne  le  liquide  ainsi  desséché. 

»  loos  de  butyrate  de  méthjle  ont  fourni  3ob  d'alcool  butylique  primaire  normal  et 
aSs  d'acide  butyrique  ont  été  extraits  de  la  liqueur  aqueuse  sodique.  L'alcool  ordinaire 
entraßne  avec  lui  une  notable  quantité  d'alcool  but\lique  qui  lui  communique  son 
odeur  et  qu'on  ne  peut  séparer  que  par  des  fractionnements  rigoureux. 

»  Le  butanol  i  bout,  comme  l'indiquent  les  auteurs,  à  i  16°;  pour  le  caractériserai! 
moyen  d'un  dérivé  cristallisé,  nous  avons  préparé  sa /)/ie«j^/Hre7/(a/ie  par  combinaison 
avec  le  carbanile.  Celte  combinaison  forme  de  magnifiques  aiguilles  incolores,  fondant 


SÉANCE    DU    (j    JliILLET    igo.^.  6l 

à  57",  trÚs  sohibles  dans  tous  les  dissolvants  organiques,  sauf  l'étlier  de  pétiole,  qui 
ne  les  dissout  abondamment  qu'Ă   chaud. 

»  La  réduction  de  caprale  (décanoate)  de  métlijle  se  fait  sans  aucune  difficulté  et 
avec  un  rendement  qui  atteint  70  pour  100;  de  plus,  tout  l'acide  qui  n'a  pas  été  réduit 
est  retrouvé;  il  ne  se  fait  en  ell'et  dans  cette  réaction,  ni  dans  les  suivantes,  aucun 
produit  de  polymérisation. 

»  Le  décanol-i  avait  déjà  été  obtenu  par  Krafft  à  l'aide  de  l'aldéhyde;  nous  lui  avons 
trouvé  des  propriétés  décrites  par  cet  auteur.  Il  bout  à  120°  sous  12""". 

»  La  réduction  du  myristate  de  méthyle  est  des  plus  aisées,  mais  la  séparation  de 
l'alcool  qui  prend  naissance,  d'avec  le  savon  qui  l'accompagne,  est  des  plus  délicates. 
Quand  on  a  chassé  l'éthanol  par  le  courant  de  vapeur  d'eau,  il  se  forme  à  la  surface  de 
la  solution  alcaline  une  huile  qui,  par  refroidissement,  se  concrÚte  en  une  croûte  solide, 
aisée  à  séparer  de  la  lessive  alcaline.  Elle  est  formée  d'un  mélange  de  tétradécanol  et 
de  myristate  de  sodium. 

»  On  ne  peut  en  extraire  complÚtement  l'alcool  que  par  la  distillation  dans  la  vapeur 
d'eau  surchauffée. 

»  L'épuisement  à  l'éther  de  la  croûte  concassée  en  petits  morceaux  permet  de  retirer 
la  majeure  partie  de  l'alcool.  Le  résidu  de  la  distillation  de  l'éther  est  ensuite  rectifié 
dans  le  vide. 

»  On  ne  peut  songer  à  se  débarrasser  du  savon  par  un  épuisement  à  l'eau,  car  il  y 
est  trop  peu  soluble;  de  plus,  l'agitation  Ă   l'Ă©ther  de  ces  solutions  savonneuses  donne 
des  émulsions  d'une  stabilité  désespérante. 

»  Le  télradécanol-i  fond  à  38°  et  bout  à  160°  sous  10'""';  il  est  identique  au  produit 
décrit  par  Kraflt. 

»  Acides  aromalifjues.  —  Nous  avons  constatĂ©  avec  Ă©tonnement  que  notre  mĂ©thode 
appliquée  au  benzoate  d'éthyle  ne  donne  aucun  résultai. 

»  Il  se  forme,  au  contact  du  benzoate  d'éthyle  et  de  l'éthylate  de  sodium,  un  com- 
posé solide  grùce  auquel  le  premier  échappe  à  la  réduction.  Nous  nous  proposons  de 
vérifier  si  cette  propriété  négative  est  le  fait  de  tous  les  acides  à  carboxyle  directement 
lié  au  noyau  aromatique. 

»  Les  autres  acides  aromatiques,  à  carboxyle  non  immédiatement  lié  au  noyau, 
semblent  en  eflet  se  comporter  comme  les  acides  gras. 

»  Le  phénylacétate  d'éthyle  se  réduit  en  donnant  l'alcool  phényléthylique  primaire, 
que  nous  avons  caractérisé  par  sa  phényluréthane  fondant  à  80°.  Le  groupement  car- 
boxéthyle  a  été  réduit,  mais  le  noyau  aromatique  est  resté  intact. 

»  Il  était  intéressant  de  vérifier  si  le  noyau  hexahydroaromalique  s'opposerait  aussi 
à  la  réduction  des  acides  du  type  hexahydrobenzoïque.  Nous  avons  pu  nous  procurer 
ce  dernier  acide  grùce  à  l'obligeance  de  M.  Brunel,  préparateur  au  Conservatoire  des 
Arts  et  Métiers,  qui  a  bien  voulu  nous  abandonner  une  certaine  quantité  d'hexahydro- 
benzÚne  monochloré.  Nous  avons  aisément  transformé  ce  dernier  en  acide  par  la 
méthode  de  Grignard,  puis  l'acide  en  élher  éthylique  que  nous  avons  réduit. 

»  La  réduction  s'opÚre  avec  un  rendement  excellent  et  sans  la  moindre  difficulté. 
L'alcool  liexahydrobenzylique  constitue  une  huile  assez  peu  mobile,  Ă   odeur  mixte 
d'alcool  amylique  et  de  menthe;  il  bout  à  82"  sous  i  iℱ"'. 

»   Nous   l'avons   caractérisé   au   moyen  de  sa  phényluréthane  qui  forme  de  beaux 


6-i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cristaux,  aiguillés  blancs,  fondant  à  Sa",  trÚs  solubles  dans  tous  les  dissolvants  orga- 
niques, sauf  Télher  de  pétrole  qui  les  dissout  peu  à  froid. 

»  Les  élhers  de  l'acide  benzoiqtie  et  de  ses  homologues  à  carboxyle  fixé 
au  noyau  sont  jusqu'ici  les  seuls  que  notre  méthode  n'ait  pas  permis  de 
réduire.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Oxyde  d' ĂšthylĂšne  du  'i-cyclohexanediol-i  .1  et  dĂ©rivĂ©s. 
Note  de  M.  Léon  Bkunel,  présentée  par  M.  A.  Ha  lier. 

«  J'ai  signalé  antérieurement  (')  la  formation  transitoire  de  l'éther  oxyde 
interne  du  ^-ortliocyclobexanediol  dans  la  préparation  de  ce  glycol.  Dans 
la  présente  Conimunication,  j'ai  poursuivi  l'étude  de  cet  éther  oxyde  et  de 
quelques  composés  qui  en  dérivent. 

»  RĂ©actions  gĂ©nĂ©ratrices.  —  L'oxyde  d'Ă©thylĂšne  hydroaromatique  se  forme  dans 
des  conditions  diverses  en  partant  de  la  monoiodhydrine  OH  —  C'H'" —  I. 

»  L'action  de  la  potasse  ou  de  l'oxyde  d'argent  sur  la  solution  éthérée  de  monoiod- 
hydrine fournil  l'oxyde  hydroaromatique  avec  un  rendement  de  75  Ă   80  pour  100.  La 
quantitĂ©  thĂ©orique  de  potasse  en  solution  alcoolique  donne  le  mĂȘme  Ă©ther.  La  potasse 
en  solution  aqueuse  agit  Ă   chaud  en  produisant  l'oxyde  interne,  mais  en  moindre  quan- 
tité que  précédemment,  le  produit  s'hydralaul  rapidement  dÚs  80°.  Sous  l'action  du 
chlorure  de  calcium  fondu,  l'iodindriiie  en  solution  éthérée  e=t  rapidement  transformée 
en  éther  oxyde  interne,  ce  qui  explique  la  restriction  apportée  dans  une  précédente 
Noie  C'),  à  propos  de  la  dessiccation  au  chlorure  de  calcium  de  la  solution  éthérée  de 
monoiodhydrine;  l'aclion  est  due  vraisemblablement  Ă   l'oxychlorure  de  calcium  que 
renferme  le  chlorure  fondu;  toutefois  la  chaux  n'agit  pas  dans  ces  conditions. 

»  PrĂ©paration.  —  La  premiĂšre  rĂ©action  donnant  les  meilleurs  rendements  doit  ĂȘtre 
employĂ©e.  On  dissout  dans  3oo'^'°'  d'Ă©ther  sec  loos  d'iodhydrine  OH  —  CH'"  —  I,  puis 
on  ajoute  au  liquide  refroidi  et  agité,  le  double  environ  de  la  quantité  théorique  de 
potasse  récemment  fondue  et  finement  pulvérisée;  la  réaction  s'opÚre  au  début  avec 
dégagement  de  chaleur.  AprÚs  48  heures,  pendant  lesquelles  le  mélange  a  été  fréquem- 
ment agité,  on  isole  la  liqueur  éthérée  et  l'on  épuise  le  résida  à  l'éther.  Les  solutions 
éthérées  réunies  sont  distillées.  A  SS^-SS"  passe  une  petite  quantité  de  cyclohexÚne. 
Entre  i25°  et  i4o°  on  recueille  un  liquide  qu'on  soumet  à  la  distillation  fractionnée. 
La  portion  bouillant  à  i3i°-i32°  est  l'oxyde  d'éthylÚne  hydroaromatique  pur. 

»  PropriĂ©tĂ©s.  ■ — L'Ă©ther  oxyde  interne  du  p-cyclohexanediol-1.2  est  un  liquide  inco- 
lore, trÚs  mobile,  de  densité  0,975  à  i5°,  bouillant  à  i3i",5  sous  760"",  ne  cristalli- 
sant pas  Ă   — 10".  Il  possĂšde  une  odeur  forte,  une  saveur  brĂ»lante.  Ce  corps  est  insoluble 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  384. 
{'')  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  io55. 


SÉANCE    DU   6    .lUlLLFT    IQoS.  63 

dans  l'eau,  trÚs  soluble  dans  l'alcool,  Téther,  l'acétone,  l'acide  acétique.  L'analyse  et  la 
détermination  de  sa  densité  de  vapeur  lui  assignent  la  formule  C/H"'=0.  Il  est  à 
remarquer  que,  suivant  la  rÚgle  générale,  il  bqut  notablement  plus  bas  que  son  iso- 
mÚre, la  cyclohexanone.  Ses  réactions  sont  trÚs  voisines  de  celles  de  l'oxvde  d'éthjlÚne 
de  Wurtz. 

»  Action  de  l'hydrogĂšne.  —  L'action  de  l'amalgame  de  sodium  Ă   froid  syr  la  sqIu- 
tion  hydroalcooliqMe  d'oxyde  d'Ă©thjlĂšne  du  ^-glycol,  celle  du  sodium  sur  la  solution 
alcoolique  bouillante  t]u  n^Úme  éther  ne  m'ont  fourni  aucun  résultat  satisfaisant.  J^u 
contraire,  en  employant  la  méthode  d'hydrogéDation  si  féconde  de  MM.  Subatier  et 
Senderens,  c'est-à-dire  en  faisant  passer  l'oxyde  d'éthylÚne  hydroaromatique  entraßné 
par  un  excÚs  d'hydrogÚne  sur  du  nickel  réduit  chauffé  à  i70°-i8o°,  j'ai  obtenu  par 
fjjpation  de  H-  le  cyçlohexanol  avec  ijn  rendement  trÚs  voisin  de  la  théorie 

OW>=  O  -h  H2=:  CH"  -  OH. 

n  Cette  réaction,  à  la  méthode  d'hydrogénation  prÚs,  est  calquée  sur  celle  de  Wurtz 
qui  par  hydrogénation  de  l'oxyde  d'éthylÚne  obtint  l'alcool  éthylique.  Il  est  probable 
que  le  procĂ©dĂ©  est  susceptible  d'ĂȘtre  appliquĂ©  aux  oxydes  d'Ă©thylĂšne  en  gĂ©nĂ©ral. 

T)  L'alcool  ainsi  préparé  présente  une  odeur  amylique,  bout  à  161°,  aprÚs  dessiccation 
sur  la  baryte  caustique,  et  cristallise  en  une  masse  fusible  à  j6''-I7°.  Ces  propriétés 
physiques  concordent  pj^actement  avec  celles  attribuées  par  M.  Baeyer  et  par  }i.  Mar- 
kownikoff  au  cyclohexanol  C^H" —  OH. 

»  Action  de  l'eau.  —  L'action  de  l'eau  sur  l'Ă©ther  oxyde  hydrobenzĂ©nique  m'a 
fourni  le  p-orthocyclohexanediol  précédemment  décrit, 

C'^H'»-|-H^0  =  C«H"0H. 


O 

»  L'hydratation  commence  vers  80°.  A  iio°-ii5°  elle  est  trÚs  rapide.  La  facilité  avec 
laquelle  elle  s'effectue  justifie  la  formule  donnée  plus  haut  à  l'éther  oxvde.  Elle  est  en 
effet  caractéristique  d'un  orthodérivé. 

»  J'ai  cherché  si,  en  variant  les  proportions  relatives  d'eau  et  d'éther  oxyde,  il  ne 
se  formerait  pas  de  corps  analogues  à  ceux  obtenus  par  Wurtz,  résultant  de  l'union, 
avec  fixation  d'eau,  de  deux  ou  plusieurs  molécules;  si,  par  exemple,  on  n'obtiendrait 
pas  un  composĂ©  OH  —  CH'"—  0  —  CH'»—  OH.  Le  rĂ©sultat  a  Ă©tĂ©  nĂ©gatif.  Le  P-cycIo- 
hexanediol  s'est  formé  seul  avec  rendement  théorique. 

»  Action  du  bisulfite  de  sodium.  —  Lorsqu'on  met  en  contact  Ă   froid  une  solution 
de  bisulfite  de  sodium  et  l'oxyde  d'Ă©thylĂšne  du  P-cyclohe\anediol,  et  qu'on  agite  vive- 
ment, le  mélange  ne  tarde  pas  à  se  garnir  de  petites  écailles  brillantes;  il  s'est  formé 
un  orlhocyclohexanolsulfonate  de  sodium  : 

C''H'«-h  SO^Na  H  =  OH  -  C«H'«-  SO'Na. 

O 

»  Comme  il  n'y  a  pas  de  dégagement  de  chaleur  sensible,  la  réaction  est  lente  et 
encore  incomplÚte  aprÚs  plusieurs  jours.  Elle  est  trÚs  rapide  à  chaud.  Pour  préparer 


64  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

le  sulfonate,  on  place  clans  les  tubes  5s  d'Ă©tlier  interne  hjdroaromatique,  et  une  solu- 
tion aqueuse  de  bisulfite  de  sodium  renfermant  environ  78  de  sel,  bien  exempte  d'anhy- 
dride sulfureux.  Les  tubes  scellés  à  la  lampe  sont  chauffés  2  heures  à  iioo-iiS».  Le 
sulfonate  peu  soluble  se  dépose  par  refroidissement.  On  l'essore  et  on  le  fait  recristal- 
liser dans  l'eau. 

»  Le  cjclohexanolsulfonale  de  sodium- 1.2  ainsi  obtenu  OH  —  C  H'"  — SO'Na -+-  H'O 
se  présente  sous  forme  de  paillettes  brillantes,  incolores,  inodores,  peu  solubles  dans 
l'eau,  à  peu  prÚs  insolubles  dans  l'alcool.  Il  cristallise  avec  une  molécule  d'eau  qu'il  perd 
à  100°.   » 


CHIMIE  INDUSTRIELLE.  —  Sur  la  teneur  des  vins  mistelles  et  des  autres  vins, 
en  acides  solubles  dans  Véther,  comme  moyen  de  différencialiGn.  Note  de 
M.  Ch.  Bi-aiĂźez. 

«  La  question  de  la  différenciation  des  mistelles  ou  moûts  de  raisins 
non  fermentes,  et  additionnés  d'alcool,  d'avec  les  vins  liqueurs  propre- 
ment dits,  n'est  pas  encore  pratiquement  résolue. 

»  MM.  Armand  Gautier  et  G.  Halphen  viennent  de  proposer  d'appliquer 
dans  ce  but  les  résultats  d'expériences  qu'ils  ont  faites,  relativement  aux 
variations  des  composés  azotés,  aux  variations  de  l'acidité  volatile  et  totale, 
à  la  nature  des  sucres  et  aux  variations  dans  la  teneur  en  glycérine,  varia- 
tions qui  sont  corrélatives  de  la  fermentation  des  jus  sucrés. 

»  J'ai  déjà,  en  1902,  indiqué  qu'on  pouvait  mettre  à  profil  les  résultats 
de  l'analyse  des  matiÚres  sucrées,  et  celle  des  eaux-de-vie  que  l'on  peut 
retirer  par  distillation  de  ces  produits;  mais  cela  est  insuffisant  dans  bien 
des  cas. 

»  Le  but  du  travail  dont  je  donne  ici  les  résultats  est  d'appeler  l'atten- 
tion des  chimistes  sur  les  déductions  que  l'on  peut  tirer  de  la  détermina- 
tion, au  cours  de  l'analyse  des  liquides  dont  il  s'agit,  des  acides  solubles 
dans  l'Ă©ther.  Ces  acides  sont  l'acide  malique,  qui  se  trouve  en  trĂšs  petite 
quantité  dans  les  raisius,  généralement  trÚs  miirs,  avec  lesquels  on  fait  les 
mistelles,  et  l'acide  succinique  qui  se  forme  pendant  la  fermentation 
alcoolique  du  moût.  Donc,  un  moût  de  raisins  étant  donné,  qu'd  .soit 
alcoolisé  ])ar  addition  d'alcool,  ou  cpi'il  ne  le  soit  pas,  si  l'on  dose  les  acides 
solubles  dans  l'Ă©ther  qu'il  renferme,  on  n'a  guĂšre  que  l'acide  malique. 
Si  ce  moût  a  subi  une  fermentation  plus  ou  moins  avancée,  on  ii,  en  plus 
de  l'acide  malique  préexistant,  de  l'acide  succinique  engendré  pendant  la 
fermentation,  plus  quelques  autres  acides  partiellement  solubles  dans 
l'Ă©ther. 


SÉANCE    DU   (■)   JVWA.KT    lC)o3.  65 

»  Il  résulte  de  là  un  mode  analytique  que  l'on  peut  mettre  à  profit 
pour  aider  à  différencier  les  moûts  non  fermentes  de  ceux  ayant  subi  une 
ferment;Uion. 

"  Les  résultats  d'expériences  que  je  vais  relater  dans  le  Tableau  ci-des- 
sous montrent  que  cette  détermination  de  l'acidité  soluble  dans  l'éther 
peut  entrer  trĂšs  utilement  dans  l'analyse  des  vins  mistelles  ou  des  vins 
liqueurs. 

»  J'ai  opéré  chaque  fois  sur  25"""'  de  vin,  réduits  à  lo""'  par  évaporation  au  hain- 
marie.  J'ai  épuisé  par  cinq  traitements  successifs  au  moyen  de  25"''  d'éther  pur  chaque 
fois.  Tout  l'éther  réuni  a  été  évaporé;  le  résidu,  dissous  dans  un  peu  d'eau  distillée, 
a  été  titré  avec  de  la  soude  décinormale  en  présence  de  phénolpntaléine. 

»  Les  résultats  sont  rapportés  au  litre  et  exprimés  en  acide  sulfurique  monohv- 
draté. 

Teneur  en  acides 
DĂ©signation  des  vins.  solubles  dans  l'Ă©ther. 

‱  ç 

Mistelle  de  l'année  1900 0,264 

Mistelle  de  l'année  1901 o,333 

Mistelle  de  l'année  1902 o,2i5 

Vin  blanc  d'Algérie  sec  1902 0,9996 

Vin  blanc  de  la  Gironde  1900 0,882 

Vin  blanc  de  la  Gironde  1902 i ,  loo 

Vin  de  XĂ©rĂšs  trĂšs  vieux o ,  820 

Vin  d'Alicante  trĂšs  doux 0,920 

»  Comme  on  le  voit,  les  différences  sont  trÚs  importantes,  les  mistelles 
ne  renfermant  qu'environ  le  tiers  de  la  quantité  d'acides  soluble  sdi  ns 
l'éther,  que  nous  avons  dosés  dans  les  autres  vins.  » 


THERMOCHIMIE.  —  Chaleur  de  neutralisation  de  l'acide  ferrocyanhydrique  ; 
chaleur  de  formation  de  ses  combinaisons  avec  V  éther  et  l'acétone.  Note 
de  MM.  CunÉTiEN  et  GuiiVciiant,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  A.  Dilte. 

«  Nous  avons  montré,  dans  une  Note  précédente,  que  l'acide  ferrocy- 
aniiydrique  sec  absorbe  les  vapeurs  de  différents  composés  organiques  : 
l'éther,  l'acétone,  l'oxyde  d'éthylÚne,  l'épichlorhydrine,  l'alcool  allylique. 

»  Pensant  étudier  les  courbes  de  dissociation  des  deux  premiers  coin- 
poses,  nous  avons  déterminé  leur  chaleur  de  formation  afin  de  pouvoir 
contrĂŽler  les  mesures  de  tension  de  vapeur  par  la  formule  de  Van't  Iloff 

d.  Log  p  '/      .,  ,,  .,,,,... 

-ji^ =  -^,-  Comme  nous  1  avons  signale,  la  dissociation  ne  se  produit 

G    K  ,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII    N-  1.)  () 


66 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


pas  en  l'absence  de  vapeur  d'enu  aux  lempĂ©ratures  infĂ©rieures  Ă   celles  oĂč 
commence  la  décomposilion  de  l'acide  ferrocyanhydriqile. 

«  Nous  avons  délerminé  la  chaleur  de  formation  des  combinaisons  de 
l'acide  ferrocyanhydrique  avec  l'éther  et  avec  l'acétone  en  les  décompo- 
sant dans  un  calorimÚtre  par  la  potasse  diluée  (i>  =  lo). 

»  Acide  ferrocyanhydrique.  —  Le  calcul  fait  intervenir  la  chaleur  de  neutralisalion 
de  l'acide  pour  laquelle  on  trouve  des  valeurs  discordantes. 
»  M.  Joaniiis  (')  donne 


Acide  dissous  4-  4  K.OH  dissous. 
Acide  soluble  +  eau  .1 , 


on  en  déduit 


Acide  soluble  h-  4  KO  H  dissous =  54'^"', 8. 


M.  J.-.\.  Muller(*)  donne 

Acide  dissous  +  4  KOH  dissous =:  .')6'^=',a 

1)  Nous  avons  repris  ces  déleriuinations  avec  de  l'acide  cristallisé  dans  l'alcool,  l'ana- 
lyse et  le  dosage  volumélrique  en  avaient  démontré  la  pureté.  Nous  dissolvions 
23  à  3s  d'acide  pulvérisé  et  sec  dans  600"°'  de  potasse  (  c  r=  10),  la  chaleur  de  dilution 
de  la  potasse  i-estanle  est  nulle  à  cette  concentration.  Trois  mesures  nous  ont  donné 
les  nombres  suivants  rapportés  à  i"°^  d'acide. 


‱'y     >9 


58^'^'.  2 


57<^">,6. 


B  !^Nous  admettrons  pour  la  chaleur  de  neutralisation  de  i"'"'  d'acide  ferrocjanh V' 
drique  par  4'"°'  de  potasse  la  valeur  moyenne  57'"""',9  à  12°. 

»  Les  autres  nombres  nécessaires  au  calcul  des  difTérents  cycles  ont  été  pris  dans 
l'ouvrage  de  M.  Berthelot. 

»  Combinaison  de  l'acide  ferrocyanhydrique  avec  l'Ă©ther.  —  En  dĂ©signant  par  n 
le  nombre  de  molécules  d'élher  fixées  sur  une  molécule  d'acine,  nous  déterminions  la 
chaleur  de  combinaison  au  moyen  des  deux  cycles  suivants: 


Éther  liq.  =^  Ă©ther  vap 
Ac.  sol.  -{-  Ă©ther  vap.  = 
Comb.  +  4  KO  H 
=z  FeCy«  Iv*  diss 


—  (,'‱ 


X  n 


Combinaison  X. 
+  Eth.  disSi     <f. 


l'>liier  liq.  -(- eau  =  Ă©ther  diss.  4- ĂŽ*^"', 9  x/i. 
Ac.  sol. 4-  4  KOH  =  FeCy'^K'diss.  -1-  5;' "',9 
d'oĂč 

X  =  —  tf.  H-  57,9 4-12,6   X/i 


»   En  désignant  par  '*  la  chaleur  de  décomposition  par  la  potasse  rapportée  au  poids 


(')  Hertuelot,  Thermocliiinie  :  Données  numériques. 
{'-)  Ann.  de  Chim.  et  de  Phys.,  t.  XX,  1900,  p.  384- 


SÉANCE    DU   6    JUir.LET    igo'i.  (\j 

de  combinaison  qui  renferme  i""'  d'acide,  par  r  la  chaleur  de  combinaison  rapportée 

à   1'"°'  d'élher  a;  =  -->  nous  avons  trouvé 

ri 

37  =  1,957  if=z6l,2  Xr=2I,3  XTzz  10,  g 

■2,006  59,0  32,8  ir,o 

1,028  59,6  11,2  10,9 

2,537  62,5  27,3  10,8 

2,376  60,9  26,7  II, ( 

0  Ainsi,  la  combinaison  d'une  molécule  d'acide  Jerrocyanhydrique  solide  avec 
l'éther  en  vapeur  dégage  1  iC»'  par  molécule  d'élher  fixée. 

1)  l^a  clialeur  de  combinaison  à  partir  de  l'éther  liquide  dégagerait  seidemenl 
II — 6,7  =  4''"'i3.  M.  Browning  (')  signale  qu'en  mettant  de  l'acide  solide  dans 
l'éther  liquide  le  dégagement  de  chaleur  est  suffisant  pour  porter  l'éther  à  l'ébullition. 
En  versant  quelques  gouttes  d'éther  ordinaire  sur  l'acide  pulvérisé  la  réaction  est,  en 
effet,  assez  rapide  pour  élever  notablement  la  température,  mai?  l'éther  rectifié  sur  le 
sodium  ne  donne  ni  foisonnement  ni  dégagement  de  chaleur. 

»  La  combinaison  de  l'acide  dissous  avec  l'Ă©ther  liquide  dĂ©gagera  4,3  —  o,4  =  3'^"', 9. 
Lorsqu'on  abandonne  pendant  24  heures  une  dissolution  aqueuse  d'acide  ferro- 
cyanhydrique  à  la  surface  de  laquelle  on  a  versé  une  couche  d'éther  pur,  il  se  forme 
lentement,  à  la  surface  de  séparation,  de  beaux,  cristaux  incolores  en  octaÚdres 
cubiques.  Ces  cristaux,  qui  peuvent  atteindre  2'""'  %.  .3""",  s'effleurissent  lr,Ăšs  rapi- 
dement Ă   l'air  en  perdant  leur  Ă©ther. 

»  Combinaison  de  l'acide  ferrocyanliydrique  avec  l'acĂ©tone.  —  Nous  avons 
adoptĂ©  de  mĂȘme  les  donnĂ©es  numĂ©riques  indiquĂ©es  dans  les  cycles  suivants  : 

AcĂ©tone  iiq.  -r:^  acĂ©tone  vap — ‱  7''"', 5  x  n 

Acide  sol.  -i-  acétone  vap.=  combinaison X 

Comb.-i-  4K01I  =  FeCy«K'dis.-4-  acétone  dis +9 

Acétone  lif[.  -\-  eau  =r  acétone  dis -h  3,5  x  « 

Acide  sol.-t-4KOH  =  FeCy»K»dis +57,9 

d'oĂč 

X  =  —  (j>-i-57,9-!-iox/i. 

»   Les  mesures  calorimétriques  ont  donné  les  nombres  suivants  : 

71  —  1,474        (pt=:57,99        X  =  i4,4        «  =  9,7 
j , io5  58,5  10,4  9,0 

0,870  58,1  8,5  9,8 

»  Im  combinaison  de  l'acide  ferrocyanliydrique  solide  avec  l' acétone  en  vap,eur 
dégage  9' "',7  par  molécule  d'acétone. 

»   Ces  chaleurs   de   combinaison   sont  voisines  des  chaleurs   dégagées 


(')   Trans.  Chem.  Soc.,l.  LXXVII,  1900,  p.  i233.  Berichte,  t.  XXXV,  1902,  p.  93. 


6S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  la  combinaison  de  l'ammoniaque  avec  les  chlorures  mélalliques  :  les 
tensions  de  dissociation  devraient  ĂȘtre  du  mĂȘme  ordre  pour  les  deux 
genres  de  composés,  d'aprÚs  la  remarque  empirique  de  M.  de  F'orcrand  ('  i. 
Par  exemple,  CaCl='+  8AzH»  dégage  ii*^^'  par  molécule  d'ammoniaque  et 
sa  tension  de  dissociation  est  de  2'3i"""'  à  io°,4.  Nous  ne  nous  sommes 
donc  nullement  trouvés  en  présence  d'une  tension  de  dissociation  trÚs 
faible  ayant  pu  échapper  aux  mesures  entre  io°  et  5o°.  L'absence  de 
tension  d'Ă©ther  est  due  seulement  Ă   l'absence  d'agent  catalysaleur; 
M.  Baker  (")  a  signalé  un  cas  analogue  pour  la  dissociation  du  chlorhy- 
drate d'ammoniaque,  qui  peut  ĂȘtre  distillĂ©  sans  dĂ©composition  s'il  est 
parfaitement  sec.    » 


CHIMIE  ANIMALE.  —  Sur  les  acides  gras  de  la  lĂ©cithine  de  l'Ɠuf. 
Note  de  M.  H.  Cousin,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  La  composition  des  acides  gras  qui  entrent  dans  la  constitution  de  la 
lĂ©cithine  de  l'Ɠuf  a  dĂ©jĂ   Ă©tĂ©  l'objet  d'un  certain  nombre  de  travaux  et 
l'on  admet  généralement  que  ces  acides  gras  sont  un  mélange  des  acides 
oléique,  stéarique  et  palmitique.  On  sait  peu  de  chose  sur  les  proportions 
relatives  de  ces  différents  corps  dans  le  mélange,  et  je  me  suis  proposé  de 
déterminer  approximativement  ces  proportions;  dans  le  cours  de  ces 
recherches,  j'ai  pu  caractériser,  en  plus  des  acides  déjà  connus,  l'acide 
linoléique  dont  la  présence  n'avait  pas  été  signalée  jusqu'ici.  J'ai  étudié 
dans  ce  but  un  certain  nombre  d'échantdlons  de  lécithines;  dans  tous 
les  cas,  les  rĂ©sultats  ont  Ă©tĂ©  Ă   peu  prĂšs  les  mĂȘmes. 

«  Pour  isoler  les  acides,  uue  certaine  quantité  de  lécithine  est  saponifiée  au  bain- 
marie  par  la  potasse  alcoolique,  et  les  acides  gras  sont  séparés  par  l'acide  chlorliy- 
drique. 

»  En  admettant,  comme  on  l'a  fait  jusqu'ici,  que  le  mélange  est  constitué  d'une 
part  par  l'acide  oléique  G'^Ii^'O',  acide  non  saturé,  d'autre  part  par  l'acide  stéa- 
rique C'*H"0-  et  l'acide  palmitique  C"H^-0-,  qui  sont  tous  deux  saturés,  on  pourra 
employer  les  méthodes  suivantes,  qui  permettent  de  déterminer  la  proportion  de 
chaque  catégorie  d'acides  : 

»  1°  Transformer  les  acides  gras  en  sels  de  plomb  et  traiter  ceux-ci  soit  par  l'éther, 
soit  par  la  benzine  qui,  tous  deux,  ne  dissolvent  que  l'oléate  de  plomb;  on  régénÚre 

(')  Ann.  de  Cliini.  et  de  Phys.,  t.  X.X.V1II,  igoS,  p.  384  et  t.  XXIX,  p.  5. 
(-)   Chein.  Soc.,  iSg^,  p.  6ia.  Bull.  Soc.  chirn.  de  Paris,  t.  XIV,  1896,  p.  6. 


SÉANCE    DU   6    JUILLET    I9o3.  6q 

par  l'acide  chlorhydrique  les  acides  de  chaque  partie,  ce  qui  permet  de  déterminer, 
d'une  part  la  quantité  d'acide  oléique,  d'autre  part  le  poids  des  acides  saturés. 

"  On  peut  plus  simplement  dĂ©terminer  l'indice  d'iode  de  l'acide  total.  Étant  donnĂ© 
qu'il  n'y  a  comme  acide  incomplet  que  l'acide  oléique  qui  possÚde  un  indice  d'iode 
éi,'al  à  90,  on  pourra  trÚs  simplement  calculer  la  proportion  de  chaque  catégorie 
d'acides. 

»  Or  en  employant  sur  un  mĂȘme  acide  total  les  deux  mĂ©thodes  indiquĂ©es  ci-dessus, 
j'ai  constaté  que  les  chiffres  obtenus  étaient  trÚs  différents.  Tandis  que  le  procédé 
d'extraction  par  les  sels  de  plomb  me  donnait  des  proportions  de  32  Ă   38  pour  100 
d'acide  oléique,  j'ai  obtenu  des  indices  variant  de  Îi  à  yS,  ce  qui  donne  une  proportion 
de  56  à  80  pour  100  d'acide  oléique. 

»  Celte  divergence  s'explique  facilement  en  admettant  dans  la  lécithine  la  présence 
d'acides  moins  saturĂ©s  que  l'acide  olĂ©ique  et  possĂ©dant  par  cela  mĂȘme  un  indice  d'iode 
plus  élevé.  J'ai  donc  cherché  à  isoler  ces  acides,  et  pour  cela  j'ai  employé  une  méthode 
indiquée  par  Farnsteiner.  Cet  auteur  a  reconnu  que,  quand  on  traitait  à  chaud  par  un 
mélange  de  gà*"'  de  benzine  cristallisable  et  5^"'  d'alcool  absolu,  un  mélange  des  sels 
de  baryum  des  acides  oléique,  linoléique  et  linolénique,  seuls  les  sels  des  acides  lino- 
léique  et  linolénique  étaient  solubles  à  froid,  l'oléate  de  baryte  se  déposant  en  grande 
partie  par  le  refroidissement  :  il  en  est  de  mĂȘme  du  palmitate  et  du  stĂ©arate,  qui  sont 
insolubles  dans  le  mélange  benzine-alcool.  En  opérant  sur  20s  des  sels  de  baryum, 
épuisés  en  trois  l'ois  par  i'  de  benzine-alcool,  j'ai  constaté  qu'une  proportion  assez 
forte  de  sels  de  baryum  restait  en  solution  :  les  acides  régénérés  de  leur  solution  con- 
stituent un  liquide  brun  donnant  avec  les  vapeurs  nitreuses  une  masse  molle  et  non 
un  produit  solide  et  possédant  un  indice  d'iode  variant,  suivant  les  échantillons,  de  i3o 
à  i5o;  il  n'y  a  donc  pas  de  doute  sur  la  présence  d'acides  moins  saturés  que  l'acide 
oléique. 

))  D'aprĂšs  ce  qui  prĂ©cĂšde,  on  peut,  en  partant  de  la  lĂ©cithine  de  l'Ɠuf,  isoler  des 
acides  gras  appartenant  à  trois  catégories  distinctes,  et  cela  de  la  façon  suivante  : 

»  1°  Un  certain  poids  d'acides  est  transformé  en  sel  de  baryum,  puis  le  mélange  est 
traité  par  la  benzine  mélangée  d'alcool.  En  régénérant  les  acides  de  la  solution  benzé- 
nique  des  sels  baiyliques,  on  obtient  la  fraction  n"  1  ; 

»  2°  On  transforme  en  sels  de  plomb  le  résidu  de  l'opération  précédente  et  les  sels 
de  plomb  épuisés,  soit  par  l'éther,  soit  par  la  benzine,  donnent  par  un  traitement  de  la 
solution  éthérée  ou  benzénique  la  fraction  n'^  2; 

1)  3"  Enfin  du  résidu  de  l'opération  précédente  on  isolera  les  acides  formant  la  frac- 
lion  n"  3. 

i>   Voyons  quelle  est  la  composition  de  chacune  de  ces  portions. 

«  Fraction  n"  1.  —  L'indice  d'iode  Ă©levĂ©  de  celle  partie  des  acides  gras  indique 
qu'elle  contient  des  acides  moins  saturés  que  l'acide  oléique.  H  résulte  d'autre  part  de 
l'examen  de  l'indice  d'iode  que  la  fraction  n"  1  n'est  pas  constituée  par  l'acide  lino- 
léique pur  dont  l'indice  d'iode  est  i8i,  mais  qu'elle  est  formée  vraisemblablemenl  par 
un  mélange  d'acide  oléique  et  linoléique.  Four  caractériser  la  présence  de  l'acide  lino- 
léique, j'ai  utilisé  la  méthode  d'oxydation  par  le  perruanganale  de  potasse  en  solution 
alcaline,  méthode  qui  a  été  proposée  par  Hazura  pour  caractériser  les  acides  non  saturés 
dans  un  mélange,  llazura  a  montré  en  effet  que  dans  l'oxydation  des  acides  incomplets 


70  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

par  le  peinianganale  en  solution  alcaline,  il  se  formait  des  acides  oxyetéariques,  acides 
alcools  contenant  autant  de  groupements  oxhydrjles  OH  qu'il  y  a  de  valences  libres 
dans  l'acide  :  l'acide  oléique  C'H^'O'  donne  ainsi  un  acide  dioxystéarique 
G"  H'*(  on  )-0-,  l'acide  Jijioléique  C"tP-0'^  mÚne  à  un  acide  tétraoxysléarique 
C*  1P^(0H)*0^;  on  peut  séparer  les  acides  dioxy  et  tétraoxystéarique  par  des  cristal- 
lisations répétées  dans  l'alcool.  Par  cette  méthode  j'ai  pu,  dans  les  produits  d'oxyda- 
lion,  isoler  l'acide  dioxystéarique  et  des  aiguilles  blanches  fondant  à  i^i^-i^a",  point 
de  fusion  de  l'acide  tétraoxystéarique;  des  combustions  de  ce  dernier  corps  ainsi  que 
des  dosages  d'argent  dans  le  sel  d'argent  montrent  qu'il  possĂšde  bien  la  formule 
Qi8jp6Q6^  formule  de  l'acide  tétraoxystéarique.  Cette  portion  des  acides  est  donc 
formée  par  un  mélange  d'acide  oléique  et  iKacide  linoléique. 

»  II.  Cette  fraction  est  constituée  par  de  l'acide  oléique,  ainsi  que  cela  résulte  de 
l'indice  d'iode  (84  à  88)  et  de  l'examen  des  propriétés. 

p  III.  Les  acides  de  la  fraction  n"  3  se  présentent  sous  forme  d'une  masse  solide, 
blanche,  fondant  de  55°, 3  à  5G°,  formée  par  un  mélange  d'acide  stéarique  et  d'acide 
palmitique  :  j'ai  trouvé  des  chiiTres  variant  de  3o  à  4o  pour  loo  d'acide  stéarique  et 
70  Ă   Go  pour  loo  d'acide  palmitique.  Il  n'existe  pas  vraisemblablement  d'autres  acides 
que  les  deux  corps  indiqués  ci-dessus  :  c'est  là  du  reste  un  point  que  je  me  propose  de 
reprendre. 

»  En  résuiiié,  dans  ce  tfavail,,  j'ai  tjémontrié  qu'il  existe  dans  lalécitljine 
(ie  l'Ɠuf,  en  outre  des  lĂ©citliines  dĂ©jĂ   dĂ©terminĂ©es  (stĂ©arique,  olĂ©ique  et 
piilinitique),  an  produit  du  mĂȘine  ordre  dĂ©rivĂ©  de  l'acide  linolĂ©ique.   » 


CHIMIE  ANIMALE.  —  I/ijection  intraveineuse  de  glycĂ©rine  :  dosage  de  la  glycĂ©- 
rine dans  le  sang;  Ă©lirninalionpar  V uitne.  Note  de  M.  Mai]rh;e  IVici.oux, 
présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  La  séparation  de  la  glycérine  à  l'état  de  pureté,  son  dosage  inÚnie  en 
trÚs  petites  quantités,  par  des  méthodes  qu(!  j'ai  tait  connaßtre  antérieu- 
rement ('),  m'ont  permis  d'aborder  la  qusslioa  de  savoir  comment  se  com- 
porte la  glyc>Ă©rine  introduite  dans  le  torrent  circulatoire  dans  les  hein-es 
qui  suivent  l'injeclion  et  si  cette  injection  est  suivie  d'une  Ă©limination  par 
l'urine. 

»  Injection  dans  la  sang .  —  Dosages.  —  Les  expĂ©riences  sont  conduites  de  la  façon 
suivante  :  les  animaux,  chiens  ou  lapins,  reçoivent  par  la  veine  saphÚne  (chien),  par 
la  veine  jugulaire  (lapin),  2=  ßle  glycérine  pure  en  solution  étendue  à  20  pour  100,  par 


{')  M/iURice  NiCLOiUX,  Méthode  de  dosage  de  la  glycérine  dans  le  seing  {(yOinptes 
rendus,  i.  GXXXVI,  1908,  p.  Sag). 


SÉANCE   DU   6   JUILLET    JC)n3.  71 

kilog.  de  leur  poids.  L'injection  est  faite  le  plus  rapidement  possible.  On  fait  ensuite 
des  prises  successives  de  sang  à  des  intervalles  de  temps  déterminés  et  l'on  dose  la 
glycérine. 

»  ExpĂ©rience  J.  —  Lapin  du  poids  de  2'',(j65.  GlycĂ©rine  Ă   20  pour  100  injectĂ©e  ; 
34'^"''j65.  Durée  de  l'injection  :  3o  secondes.  On  trouve,  pour  100'^"'  de  sang  : 

a   minutes  aprĂšs  la  fin  de  l'injection 0,87 

4  minutes  3o  secondes  aprĂšs  la  fin  de  l'injection 0,27 

3o  minutes  »  0,18 

»  ExpĂ©rience  II.  —  Lapin  du  poids  de  2'',44j-  GlycĂ©rine  Ă   20  pour  100  injectĂ©e  : 
24'^°'',  45.  Durée  de  l'injection  :  1  minute  4o  secondes.  On  trouve,  pour  loo'^"''  de  sang  : 

3o  secondes  aprĂšs  la  fin  de  l'injection o,54 

5  minutes  »  0,33 

4o       »  »  0 , 1 5 

»  Les  expériences  sur  le  chien  permettent  un  plus  grand  nomijre  de  dosages. 
»  ExpĂ©rience  m.  —  Cliien  du  poids  de  7''!.  GlycĂ©rine  Ă   20  pour  100  injectĂ©e:  70"'"". 
Durée  de  l'injection:   >.  minutes  i5  secondes.  On  trouve  pour  100''"°  de  sang: 

g 
3o  secondes  aprĂšs  la  fin  de  l'injection o,54 

5  minutes  »  0,37 

3o  minutes  »  0,21 

I  heure  3o  minutes  »  o,  1 15 

I  heure  »  0,01 

»  ExpĂ©rience  IV.  —  Chien  du  poids  de  9''S, 750.  GlycĂ©rine  Ă   20  pour  100  injectĂ©e  : 
97"'"°, 5.  Durée  de  l'injjclion:  5  minutes.  On  trouve  pour  100""'  de  sang: 

1  minute    aprĂšs  la  fin  de  l'injection o,38 

3o  minutes  »  o,  i5 

2  heures  » o,o3 

3  heures  3o  minutes        »  0,008 

7  heures  3o  minutes        »  o,oo4 

»  Elimination  par  l'urine.  —  Four  rĂ©soudre  celte  question,  il  Ă©tait  nĂ©cessaire 
d'établir  tout  d'abard  un  procédé  de  dosage  de  la  glycérine  dans  l'urine.  Si  l'on  opÚre 
sur  une  quantitĂ©  d'urine  qui  nĂ©  dĂ©passe  pas  5'^""  (  '  )  ‱!  suffit  d'entraĂźner  simplement 
la  glycérine  (*)  dans  l'appareil  à  entraßnement  tel  que  je  l'ai  décrit.  Les  résultats  dÚs 

(')  L'urine  normale  chez  le  chien  renferme  une  trÚs  petite  quantité  d'une  substance 
susceptible  d'ĂȘtre  entraĂźnĂ©e  par  la  vapeur  d'eau  dans  le  vide  et  qui  rĂ©duit  le  bichro- 
mate. En  opérant  sur  5'^"',  comme  il  est  indiqué,  et  a  fortiori  sur  a*^""',  comme  nous 
l'avons  fait  pour  tous  nos  dosages,  la  proportion  de  cette  substance  est  négligeable, 

(^)  Une  petite  quantitĂ©  d'urĂ©e  est  entraĂźnĂ©e  en  mĂȘme  temps;  elle  ne  gĂȘne  pas  le 
dosage. 


--2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

expériences  de  conlrÎle  justifient  celte  teclmique  trÚs  simple.  En  possession  rie  la  mé- 
thode de  dosage  nous  avons  opéré  ainsi  :  L'urine  cliez  les  animaux  est  recueillie  par 
le  sondage  de  la  vessie  à  un  moment  déterminé.  Le  dosage  de  la  glycérine  se  fait 
sur  2'^°''. 

)>  ExpĂ©rience  V.  —  Chien  du  poids  de  i  4''.  GlycĂ©rine  Ă   20  pour  100  injectĂ©e:  i^o''"'. 
Durée  de  Tinjection  2  minutes  i5  secondes. 

Quantité  de  glycérine 


Temps  compté 

Quan 

depuis  la  fin 

Vulume  de 

de  l'injection. 

l'urine  recueillie. 

pour  loocni'  ( 

h      m            h      ni 

de  0.   0  Ă   0. i5 

i3 

o'se 

de  0. i5  Ă    I . 3o 

144 

2,  i3 

de  t .3o  Ă   2.37 

52 

2,71 

de  2.87  Ă   5.87 

69 

0,28 

éliminée. 

1 

0, 

,  112 

3 

,067 

I 

.409 

0 

,1.58 

Volume  de 
l'urine  recueillie. 

Quantité 

de 

glycérine 

pu 

■ur 

100ℱ'  d' 

'urine. 

éliminée, 

cm' 
78 

3' 18 

2' 48 

46 

4,93 

2,268 

22 

2,32 

o,5io 

44 

0,28 

0,  ICI 

io5 

o,o4 

0,042 

»  Soit  éliminés  en  5  heures  87  minutes  :  4^'">746  de  glycérine  sur  28e''  injectés. 
Pour  100  :  17. 

»  ExpĂ©rience  VI. —  Chien  du  poids  de  9"'^,  750,  glycĂ©rine  Ă   20  pour  100  injectĂ©e  97f'',5; 
durée  de  l'injection  5  minutes. 

Temps  compté 
depuis  la  fin 
de  l'injection, 
h     m         h     m 
de  o.   o  Ă   o.3o 

de  o.3o  Ă   2 
de  2         Ă   8.80 
de  8.80  Ă   5.20 
de  5.20  Ă   7.45 

»  Soit  éliminés  en  7  heures  45  minutes  :  Ss'',  4oi  de  glycérine  sur  19?'',  5o  injectés. 
Pour  100  :  27,7. 

»   L'examen  de  ces  Tableaux  permet  de  tirer  les  conclusions  suivantes  : 

))  1°  La  glycérine  injectée  dans  le  sang  disparaßt  avec  une  trÚs  grande 
rtipidité.  A  supposer  qu'à  l'origine  la  glycérine  restùt  entiÚrement  dans  le 
torrent  circulatoire  pend;inl  le  temps  trĂšs  court  que  dure  l'injection,  sa  pro- 
portion dans  le  sang  serait  approximativement  3  pour  100.  Or  3o  minutes 
aprĂšs  la  fin  de  l'injection  on  trouve  o,5  pour  100;  .5  minutes  aprĂšs,  o,3 
Ă   0,4  pour  100;  2  heures  aprĂšs,  o,  o3  pour  100. 

»  1°  La  glycérine  est  éliininée  par  l'urine  en  proportion  notable,  et 
cela  en  un  temps  relativement  court. 

»  3°  Il  se  fait  au  niveau  du  rein  une  sélection  de  la  glycérine  d'une 
intensité  trÚs  grande.  Je  n'en  veux  pour  preuve  que  les  chiffres  tirés 
des  expériences  IV  et "VI  dissociées  pour  la  compréhension  facile  du  texte, 


SÉANCE    DU   6   JUIM,1-T    (9o3.  .y^ 

mais  qui  ont  Ă©tĂ©  en  rĂ©alitĂ©  faites  sur  le  mĂȘme  animal  et  le  mĂȘme  jour.  On 
voit,  par  exemple,  alors  que  la  teneur  du  sang  en  glycérine  oscillait  entre 
o,38  et  o,  i5  pour  loo  pendant  les  3o  premiĂšres  minutes,  que  l'urine  Ă©li- 
minée contenait  3,i8  pour  loo  de  glycérine,  soit  environ  lo  à  20  fois  plus; 
alors  que  la  teneur  du  sang  oscillait  entre  o,  i5  et  o,o3  pour  100  coires- 
ponilant  Ă   l'intervalle  de  temps  compris  entre  3o  minutes  et  2  heures, 
l'urine  éliminée  contenait  4>93  pour  100  de  glycérine,  soit  3o  à  100  fois 
plus;  pour  l'intervalle  de  temps  suivant  la  proportion  est  encore  plus 
grande.  C'est  là  un  fait  trÚs  remarquable  qui  constitue  un  parallÚle  inté- 
ressant entre  la  glycérine  et  un  produit  normal  de  l'organisme  :  l'urée. 
L'épithélium  rénal  fonctionne  pour  la  glycérine  introduite  dans  le  sang 
comme  il  le  fait  pour  l'urée.  » 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Les  hydrates  de  carbone  de  l'orge  et  leurs  trartsjorma- 
tions  au  cours  de  la  germination  industrielle.  Note  de  M.  L.  Lixdet,  pré- 
sentĂ©e par  M.  SchlƓsing. 

«  I.  Mode  opĂ©ratoire.  —  La  plus  grosse  difficultĂ©  que  l'on  rencoiUie  dans  une  Ă©tude 
d'ensemble  sur  les  transformations  que  les  hydrates  de  carbone  de  l'orge  subissent  au 
cours  de  la  germination  industrielle  (')  vient  de  ce  que  l'orge  et  surtout  le  malt  ren- 
ferment des  diastases,  l'amylase  et  la  sucrase,  qui,  au  cours  des  Ă©puisements  par  l'eau, 
modifient  la  nature  de  ces  hydrates  de  carbone.  L'épuisement  à  l'eau  glacée  évite  ces 
inconvénients,  mais  présente  des  difficultés  matérielles.  L'alcool  est  d'un  emploi  dan- 
gereux; il  s'hydrate  en  présence  du  malt,  que  l'on  ne  peut  sécher  sans  en  modifier  la 
composition,  et  j'ai  constatĂ©  que  la  sucrase  invertit  le  saccharose,  mĂȘme  en  prĂ©sence 
de  l'alcool  à  70°  G.  L. 

»  J'ai  obtenu  d'excellents  résultats  en  épuisant  l'orge,  à  la  température  ordinaire,  par 
l'eau  additionnée  de  sulfate  de  bioxyde  de  mercure.  Celui-ci  précipite  les  matiÚres 
azotées  et  spécialement  les  diastases  qu'il  immobilise.  La  liqueur  filtrée  est  sursaturée 
par  la  baryte,  filtrée,  puis  saturée  par  l'acide  sulfurique.  On  peut  alors  sans  crainte 
concentrer  les  liquides  pour  pratiquer  ensuite  les  précipitations  fractionnées  par 
l'alcool. 

»  Le  précipité  barytique  est  susceptible  de  renfermer  la  lévosine  dont  M.  Tanret  a 
constaté  la  présence  dans  l'orge  verte;  la  teneur  de  celle-ci  en  lévosine  diminue  parla 
germination,  jusqu'à  ne  plus  représenter  queo,  i  pour  100  de  l'orge  mûre.  Je  n'ai  pas 
rencontré  de  lévosine  dans  le  précipité  barytique  du  malt  poussé  et,  dans  ces  condi- 


(')  Je  remercie  M.  Sachs,  directeur  de  la  distillerie  Springer,  Ă   Maisons-Alforl, 
d'avoir  bien  voulu  mettre  Ă   ma  disposition  des  Ă©chantillons  d'orge  en  cours  de  germi- 
nation. 

C.  R.,  1903,    ,‱  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  1.)  lO 


n[^  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

lions,  j'ai  cru  devoir  négliger  de  )a  rechercher  dans  les  produits  inlermédii)ires  de  I9 
gernnination. 

»  II.  Élude  des  gommes.  —  Quand  on  iraite  par  des  additions  successives  d'alcool 
une  eau  d'orbe  ou  de  malt  ainsi  préparée,  on  précipite  d'abord  des  gommes,  dont  le 
pouvoir  roialoire  est  francliemcnt  gauche  et  s'Ă©lĂšve  jusqn';!  —  i3-'',5;  puis  des  gommes 
dont  le  pouvoir  rotatoire  devient  de  plus  en  plus  droit,  pour  atteindre  le  chilTre  de 
4-78°.  t^es  gommes,  dont  le  pouvoir  rolqloire  est  intermédiaire,  copime  celle  de 
M.  Linlner  (—26", 8),  peuvent  ĂȘtre,  par  l'alcool,  dĂ©doublĂ©es  en  gomme  gauche  et  en 
gomme  droite. 

»  Je  n'ai  pas  rencontré  de  dextrine,  contrairement  à  ce  qu'a  trouvé  M.  Jalowetz. 
D'ailleurs,  les  liquides  ne  donnent  aucune  coloration  par  l'iode,  comme  ils  en  donne- 
raient s'il  v  avait  eu  saccharification  diastasique  à  l'intérieur  du  grain. 

»  Ces  considérations  m'autorisent  à  admettre  que  l'orge  et  le  malt  ne  renferment 
que  deux  gommes. 

»  La  premiĂšre  semble  identique  Ă   la  p-amylane  de  M.  O'  Sullivan  (a,,  — —  i46°). 
Elle  ne  possÚde  aucun  pouvoir  réducteur.  Les  produits  d'hydrolyse  m'ont  donné  un 
mélange  de  sucres  réducteurs,  (21,  =  -)-  53°  à  4-  09°),  qui  représentent  non  pas  du  glu- 
cose, comme  ce  savant  l'avait  annoncé,  mais  un  mélange  de  sucres  en  C"',  que  j'étudie 
en  ce  moment. 

»  La  gomme  droite  répond  aux  caractÚres  de  l'a-galactane  que  M.  Miintz  a  extrait, 
sous  le  nom  Aa  galacline,  des  semences  de  luzerne  (  «1,=  +  84°,  6).  Son  pouvoir  réduc- 
teur est  compris  entre  3o  et  35.  L'hydrolyse  de  cette  gomme  fournit  du  galactose  et 
probablement  aussi  du  lévulose. 

»   Elles  ne  sont  ni  saccharifiab),es  par  la  diastase,  ni  fermentes,Gibles  par  la  levure. 
»   Dans  les  conditions  ci-dessus  indiquées,  on  peut,  en  présence  d'une  gomme  préci- 
pitée par  l'alcool,  déduire  de  son  pouvoir  rotatoire  sa  composition    élémentaire    eij 
galactane  et  amylane. 

»  J'ai  appliqué  cette  méthode  à  l'élude  de  l'orge  en  germination,  et  j'ai  précipité,  par 
des  quantités  d'alcool  identiques,  des  extraits  d'prg.e,  prplevé^  dans  Jes  (Ji^^rentes 
couches  du  germoir,  préparés  comme  il  a  été  dit  précédemment,  et  amenés  pAr  l'évar 
poration  dans  le  vide  au  mĂȘme  yoUjjpe.  J'ai  pu  constater  que  les  deux  gommes 
préexistent  dans  l'orge  crue,  que  la  gglactqne  augmente  prpgressivement  ppr  )a  gerpii- 
nation,  tandis  que  |e  poids  d'arpylane  reste  sensiblement  statjpnnaire.  L'orge  crue 
renferme,  par  exemple,  os,  46  de  galjiclane  p.oijv  loq  d'orge  §Úche;  ce  chiffre  passe 
Ă   08,91  aprĂšs  3  jours  de  gerniination,  ^  18,46  ap'',Ăšs  6  jours,  et  Ă   2?,  28  aprĂšs  9  jpurs, 
tandis  que  l'amylane  reprĂ©sente,  pour  les  mĂȘmes  pĂ©riodes,  05,54,  os, 56,  os,65,  p?,-7.i; 
Dans  une  autre  expérience,  j'ai  constalé  iß,oi,  is,46,  '",77,  25,25  de  galactane  et  o5,5o, 
os,5o,  os,6o,  oS,  53  d'amylane. 

»  m.  $tude  des  sucres.  —  J'ai,  dans  les  liqueurs  alcooliques,  dosĂ©  les  sacres  non 
précipités  et,  en  comparant  Je^  résultats  phtenus  par  l'inversion  Clerget,  qui  ne  touche 
pas  au  maltose  et,  par  l'inversion  à  100°,  j'ai  pu  constater  que,  à  aucun  moment  de  sa 
germination,  l'orge  ne  renferme  de  maltose.  Ce  fait  est  en  opposition  avec  l'opinion  de 
M.  O'  Sullivan,  de  M.  Jalowetz,  de  M.  Kniber,  de  M.  Ling  el  s'accorde,  au  contraire, 
avec  les  expériences  de  M.  Diill.  L'absence  de  maltose  et  de  dextrine  prouve  qu'il  n'y 
a  pas  de  saccharification  interne  pendant  la  germination. 


SÉANCE    DU    6   JUILLET    IQoS.  73 

»  L'orge  fcriie  renferme  de  o,5  à  i  jjoiir  100  de  saccliai-ose,  et  celui-ci  augmente  an 
germoir  dans  la  proportion  de  1  à  3.  Le  sucre  réducteur  s'y  rencontre  en  quantité 
extrĂȘmement  faible  (0,1  pour  100):  son  pouvoir  rotatoire  est  tel  que  l'on  peut  sup- 
poser le  sucre  formé  exclusivement  par  du  glucose.  BientÎt  la  sucrase  entre  en  jeu,  four- 
nissant du  glucose  et  du  lévulose,  dont  la  somme  augmente  parallÚlement  au  saccha- 
rose; ce  fait  a  été  d'ailleurs  observé  par  M.  Petit.  Mais  le  pouvoir  rotatoire  du  sucre 
réducteur  diminue  progressivement;  il  a,  dans  une  expérience,  passé  de  -t- 46°  à 
+  28°,  7  ;  dans  une  seconde,  de  -\-  ^']°  à  -+-  So",  6  et  à  17°,  7  dans  une  troisiÚme.  Le  grain 
utilise  probablement  les  deux  sucres  de  façons  différentes,  comme  je  l'ai  montré  pour 
les  feuilles  de  betteraves,  le  glucose  présidant  à  la  respiration,  le  lévulose  assurant  la 
poussée  cellulosique  du  germe  et  des  radicelles.  Le  lévulose,  qui  était  largement  uti- 
lisé au  début,  l'est  plus  lentement  quand  la  germination  se  ralentit. 

»  IV.  Étude  de  l'amidon.  —  L'amidon,  au  cours  de  la  germination,  diminue  dans 
la  proportion  de  \  environ.  En  rapportant  les  chiffres  à  loos  de  l'orge,  supposée  sÚche, 
primitivement  employée,  j'ai  constaté  60,2  d'amidon  dans  l'orge  crue,  puis  55,7  aprÚs 
3  jours  de  germination,  53,9  aprĂšs  6  jours  et  47)4  aprĂšs  9  jours.  La  transformation 
de  l'amidon  en  saccharose  a  été  reconnue  bien  des  fois.  A-t-elle  lieu  par  l'intermé- 
diaire instable  du  maltose,  comme  le  supposent  MM.  Brown  et  Morris?  Peut-elle  du 
contraire  se  passer  de  cet  intermédiaire?  La  production  d'amidon  aux  dépens  du  sac- 
charose est  classique,  et  ce  que  nous  savons  de  la  réversibilité  des  actions  diastasiques 
nous  permet  de  supposer  que  la  transformation  est  directe.  D'ailleurs,  si  le  maltose 
Ă©tait  utilisĂ©,  que  deviendrait  la  dextrine  qui  se  formerait  en  mĂȘme  temps? 

»  Les  grains  d'amidon  s'attaquent  progressivement  par  la  surface;  il  suffit,  pour  le 
démontrer,  d'isoler  l'amidon  à  différents  moments  de  la  germination  et  de  constater  le 
volume  occupĂ©  par  un  mĂȘme  poids  d'amidon  dĂ©posĂ©.  Ce  volume  diminue  dans  la  pro- 
portion de  100  Ă   79,  ce  qui  indique  que  les  grains  d'amidon  deviennent  de  plus  en  plus 
petits.   » 


HISTOLOGIE.  —  Recherches  sur  la  conslitution  et  sur  la  structure  des  fibres 
cardiaques  chez  les  Ver-tébn's  inférieurs .  Note  de  M.  F.  Marceau,  présentée 
par  M.  E.  Perrier. 

«  A  la  suite  d'tine  premiÚre  série  de  recherches  faites  uniquement  à 
l'aide  de  coupes  de  cƓur  colorĂ©es  Ă   l'hĂ©matoxyline  ferriqne  ('),  j'avais 
admis  que  les  fibrilles  sont  absolument  continties  dans  toute  la  longueur 
des  travées  musculaires  et  qu'on  ne  peut  observer  les  limites  de  leurs  pré- 
lendiies  cellules  constitutives,  isolables  par  la  solution  de  potasse  caus- 
tique à  40  pour  100,  lesquelles  sont  fusionnées  complÚtement  en  un  véri- 
tablesyncytium.  De  nouvelles  recherches,  faites  en  dissociant  des  fragments 

(')   ConipLes  rendus  Soc,  de  Biologie,  séance  du  19  juillet  1902. 


■76  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  cƓur  de  Truite,  de  Grenouille,  de  LĂ©zard,  de  Tortue  et  d'Alligator,  Ă  
l'aide  de  la  solution  concentrée  de  potasse  caustique  et  surtout  de  l'acide 
azotique  à  20  pour  100,  ont  modifié  légÚrement  mon  opinion,  tout  en  ne 
contredisant  aucune  de  mes  observations  antérieures. 

»  Les  travĂ©es  ou  les  parois  compactes  du  cƓur  des  VertĂ©brĂ©s  infĂ©rieurs  sont  consti- 
tuées par  des  faisceaux  de  fibres  plus  ou  moins  allongées  et  disposées  parallÚlement, 
mais  Ă©mettant  des  branches  trĂšs  obliques  plus  ou  moins  nombreuses  dont  les  unes 
s'anastomosent  avec  des  fibres  voisines  et  dont  les  autres  se  terminent  librement 
par  des  extrémités  longuement  effilées  ou  un  jjeu  obtuses.  Ces  fibres,  aprÚs  un  par- 
cours plus  ou  moins  long,  se  terminent  elles-mĂȘmes  par  des  extrĂ©mitĂ©s  effilĂ©es  ou 
obtuses,  cédant  ainsi  le  pas  à  d'autres  fii)res,  ou  bien  s'anastomosent  avec  des  brandies 
issues  de  fibres  voisines  et  continuent  leur  chemin  dans  la  mĂȘme  direction.  Lorsque 
les  extrémités  effilées,  terminées  librement,  sont  nombreuses,  elles  sont  placées  cÎte 
à  cÎte  en  se  dépassant  réciproquement  à  la  façon  de  celles  des  fibres  du  bois.  Les 
fibrilles  qu'elles  renferment  sont  situées  exactement  dans  le  prolongement  les  unes  des 
autres,  ce  qui  fait  qu'à  l'examen  de  coupes  longitudinales  des  travées,  elles  paraissent 
absolument  continues  dans  toute  l'Ă©tendue  de  celles-ci.  En  d'autres  termes,  les  tra- 
vées ou  la  paroi  compacte  du  muscle  cardiaque  des  Vertébrés  inférieurs  sont  consti- 
tuées par  des  fibres  musculaires  d'un  faible  diamÚtre,  anastomosées  en  un  réseau  trÚs 
compliqué  à  mailles  allongées,  mais  qui  est  hérissé  de  branches  aveugles  plus  ou 
moins  nombreuses,  de  forme  et  de  longueur  variées.  Si  par  la  pensée  on  supposait  la 
travée  distendue  latéralement  par  une  injection  interstitielle  de  liquide  qui  sépare  ses 
fibres  constitutives  sans  les  romjjre,  elle  présenterait  une  disposition  assez  analogue  à 
celle  du  réseau  de  cellules  laticifÚres  des  Composées  liguliflores. 

).  Dans  le  cƓur  des  VertĂ©brĂ©s  infĂ©rieurs,  les  travĂ©es  se  bifurquent  et  s'anastomosent 
entre  elles,  Ă   la  façon  des  fibres  elles-mĂȘmes  dans  chaque  travĂ©e.  AprĂšs  un  nombre 
plus  ou  moins  grand  de  ces  anastomoses  et  divisions  successives,  elles  aboutissent 
toutes,  en  définitive,  soit  à  la  base  du  bulbe  aortique,  soit  aux  anneaux  fibreux  des 
orifices  auriculo-ventriculaires,  oĂč  elles  se  terminent  par  des  extrĂ©mitĂ©s  coniques  Ă  
pointe  éraoussée,  absolument  semblables  à  celles  qu'a  figurées  von  Ebner  pour  les 
fibres  cardiaques  des  Vertébrés  supérieurs. 

H  Les  fibres  cai-diaques  des  Vertébrés  inférieurs,  d'un  faible  diamÚtre  en  général, 
sont  toutes  constituées  d'une  façon  analogue.  Elles  comprennent  une  colonne  sarco- 
plasmique  contenant  les  noyaux  à  la  périphérie  de  laquelle  sont  situées  des  fibrilles 
striées.  Celles-ci  sont  le  plus  souvent  disposées  en  une  seule  assise,  mais  parfois  aussi 
il  peut  y  en  avoir  deux  ou  trois  dont  les  éléments  sont  alors  répartis  sans  ordre 
apparent. 

»  Ces  fibres  sont  en  contact  direct  dans  les  travées  et  le  plus  souvent  aussi  dans  les 
parois  compactes,  puisque  dans  ces  derniÚres  régions  les  capillaires  et  les  cellules 
conjonctives  sont  rares.  Il  arrive  assez  souvent  que  ces  fibres,  toujours  indistinctes 
dans  les  coupes  longitudinales  des  faisceaux  des  travées  et  de  la  paroi  compacte, 
quelquefois  aussi  paraissent  mal  limitées  dans  les  coupes  transversales.  Cela  tient  à 
ce  que  la   rétraction  de  leur  sarcoplasma,  sous  l'induence  du  réactif  fixateur  ou  des 


SÉANCE    DU    6    .TUILLl-T    IQoS.  ■yn 

déshydratants,  se  produit  d'une  façon   trÚs  irréguliÚre,  ce  qui  en  laisse  plusieurs  en 
contact,  alors  que  d'autres  sont  fragmentées. 

»  Les  fibres  des  Cliéloniens  et  des  Crocodiliens  ont  beaucoup  d'ajialogie,  au  point 
de  vue  de  leur  taille  et  de  la  disposition  des  fibrilles,  d'une  part  avec  celles  des  Oiseaux, 
et  d'autre  part  avec  celles  des  MonotrÚmes  (Echidné).  Comme  celles  de  ces  derniers, 
elles  sont  aussi  quelquefois,  surtout  cliez  les  Crocodiles,  séparées  par  des  cellules 
conjonctives  rameuses  et  quelques  capillaires;  de  plus,  elles  sont  entourées  par  un 
sarcolemme  chez  le  Crocodile. 

»  Ainsi  la  transition  entre  les  fibres  cardiaques  des  Vertébrés  inférieurs 
et  celles  des  Vertébrés  supérieurs,  s'établit  par  l'intermédiaire  de  celles 
des  Cliéloniens  et  des  Crocodiliens.  » 


ANATOMIE  COMPARÉE.  —  Sur  la  capsule  surrĂ©nale  des  Arnphihiens.  Note  de 
M.  Ed.  Grynfeltt,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Les  capsules  surrénales  des  Amphibiens  possÚdent-elles  en  dehors  des 
cellules  du  type  cortical  et  des  cellules  chromaffines,  éléments  essentiels 
de  la  capsule  surrénale  chez  tous  les  Vertébrés,  une  nouvelle  espÚce  d'élé- 
ments histologiques?  C'est  la  question  qu'a  soulevée  Ciaccio  dans  une  Note 
récente. 

»  Ayant  étudié,  depuis  plus  d'une  année,  la  capsule  surrénale  de  divers 
Amphibiens  urodĂšles  et  anoures  et  ayant  recueilli  un  certain  nombre  de 
matériaux,  je  désirerais  présenter  quelques  observations  à  ce  sujet. 

»  Slilßing  a  décrit  en  1898  dans  la  capsule  surrénale  de  Rana  esculeiila  des  cellules 
particuliÚres  qu'il  a  appelées  cellules  d'été,  parce  qu'elles  apparaissent  avec  la  bonne 
saison,  puis  diminuent  de  nombre  et  prennent  des  caractĂšres  moins  nets,  se  conservant 
jusqu'Ă   l'annĂ©e  suivante  oĂč  elles  reprennent  tous  leurs  caractĂšres  et  tout  leur  dĂ©velop- 
pement. Depuis  les  recherches  de  Stilling,  on  a  retrouvé  ces  cellules  avec  leur  caracté- 
ristiques principales  pendant  tout  le  cours  de  l'année.  C'est  ainsi  que  Bonnamour  et 
Pûlicard  les  signalent  chez  des  Grenouilles  observées  pendant  l'hiver.  De  mon  cÎté,  je 
les  ai  également  retrouvées  chez  ces  animaux  pendant  toute  l'année.  Ciaccio  a  observé 
aussi  d'une  façon  permanente  les  cellules  qu'il  décrit  comme  troisiÚme  élément  de  la 
capsule  surrénale  des  Anoures  et  qui  paraissent  répondre,  ainsi  que  l'avait  briÚvement 
indiqué  Bonnamour  et  Policard,  au.x  cellules  d'été  de  Stilling. 

»  Cela  n'implique  pas,  du  reste,  une  erreur  de  la  part  de  Stilling,  car  il  signale 
l'absence  des  cellules  d'Ă©tĂ©  chez  des  animaux  retirĂ©s  de  la  vase  oĂč  ils  s'Ă©taient  enfouis 
pour  passer  l'hiver,  par  conséquent  à  l'état  d'hibernation.  Il  est  possible  que  les  Gre- 
nouilles observées  par  Ciaccio  et  par  moi,  vivant  dans  des  climats  plus  méridionaax, 
ne  subissent  pas  une  hibernation  aussi  marquée.  D'autre  part,  il  se  peut  que  les  Gre- 
nouilles étudiées  par  Bonnamour  et  Policard  aient  été  conservées  dans  le  laboratoire, 


«8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et,  par  t.iiite,  ne  soient  pas  comparables  à  celles  de  Stilling  au  pbinl  de  vue  de  l'Hibér- 
nation.  En  ce  qui  me  concerne,  j'ai  trouvé  pendant  tout  l'hiver  des  cellules  d'été  cdrafc- 
téristiiiues  aussi  bien  dans  les  Rana  esculenla  conservées  dans  le  laboratoire  que  dans 
celles  cjui  Ă©taieiit  pĂȘchĂ©es  dans  les  mares  autour  de  Montpellier. 

I)  Il  ne  s'agit  donc  pas  là  d'éléments  aussi  fugaces  que  pourrait  le  faire  petisër 
l'e-cpression  de  Stiliing.  Leur  forme,  leurs  divers  fcaraclĂšres  montrent  clairement  que 
cellules  de  Ciflccio  et  cellules  de  Slilling  sont  un  seul  et  mĂȘme  Ă©lĂ©ment,  et  qU'il  est 
probable  que  Giaccio  en  a  jugé  autrement  en  prenant  t^op  à  la  lettre  le  mot  de 
Somnierzellen. 

»  Ces  Ă©lĂ©ments  prĂ©sentent,  ed  outre,  la  parlitularitĂȘ  trĂšs  singuliĂšre  de  se  rencontrer 
seulement  parmi  les  anoures  dans  le  geiire  RcOia.  C'est  uh  fait  remarquable  et  absolu- 
ment hors  de  doute.  En  effet,  dans  les  belles  recherches  de  Giacomini,  ils  ne  sont 
signalés  que  chez  Rana  temporaria,  alors  que  cet  auteur  a  étudié  en  détail  la  capsule 
surrĂ©nale  de  Rana,  Bombinalor,  Bufo  et  Hyla.  J'ai  Ă©tudiĂ©  moi-mĂȘme  avec  soin  une 
série  de  capsules  surrénales  à'Hyla  et  de  Bufo  recueillis  pendant  toute  l'année  dans 
lÚs  serres  du  Jardin  des  Plantes  de  Montpellier,  et  je  n'ai  jamais  rencontré  de  cellules 
d'été  chez  ces  Anoures.  ßl  ii'y  eh  a  pds  non  plus  chez  les  UiodÚles  examinés  par  Giaco- 
mini {Salamandra,  Salamandrina,  Spelerpes,  Triton,  Euproctus),  ni  dans  les  divers 
Tritons  que  j'ai  vus  (7'.  niannoratus  et  T.  palmatas).  La  rareté  des  cellules  d'été 
mĂ©rite  d'ĂȘtre  remarquĂ©e,  et  il  ne  faudrait  j)as  se  hĂąter  de  conclure  de  la  capsule  surrĂ©- 
nale de  la  Grenouille  Ă   celle  de  tous  les  Amphibiens. 

»  Les  cellules  d'été  présentent  des  caractÚres  spéciaux,  que  Stiliing  a  bien  indiqués  : 
forme  globuleuse  oĂč  ovoĂŻde,  noyau  excentrique  et  fortement  colorable,  protoplasma 
se  teio^nant  trÚs  énergiquement  par  l'éosine  aprÚs  certains  réactifs.  La  forme  ùrroiidiÚ 
de  ces  cellules  se  rencontre  toujouts:  jamais  elles  ne  deviennent  polygonales  pour 
constituer  des  masses  épithéliales,  et  dans  quelque  partie  de  la  capsule  surrénale 
qu'elles  se  placent,  soit  dans  les  cordons  de  cellules  corticales,  soit  autour  des  cellules 
médullaires  ou  au  milieu  des  amas  que  ces  derniÚres  forment,  elles  demeurent  globu- 
leuses, sans  modeler  en  rien  leurs  contours  sur  ceux  des  espaces  que  pourraient  laisser 
libres  les  cellules.  Elles  se  montrent  donc  un  peu  comme  des  corps  Ă©trangers  Super- 
posĂ©s en  quelque  sorte  aux  Ă©lĂ©ments  des  organes  oĂč  on  les  rencontre.  Ce  caractĂšre,  la 
disposition  excentrique  de  leur  noyau  et  quelques  propriétés  colorantes,  m'ont  porté 
Ă   penser  que  ces  cellules  sont  peut-ĂȘtre  tout  sitaplemĂšnt  des  leucocytes  Ă©migrĂ©s  dans 
la  capsule  surrénale,  et  qui  prennent  des  caractÚres  spéciaux  dans  cet  organe.  Leur 
protoplasma  se  teint  par  mĂ©tachromasie  en  roĂčge  tĂźolet  pdr  le  bleu  de  Unna,  comme 
le  fait  celui  des  Mastsellen. 

»  Là  présence  de  grains  de  sécrétion  décrits  par  CiSccio  dans  ces  cellules  auxquelles 
il  donne  justement,  à  cause  de  ces  grains,  le  norti  de  granalifÚres,  ne  prévaut  pas 
contre  cette  maniÚre  de  voir.  Il  y  à  liea  de  poursuivre  l'étude  de  ces  cellules,  et  l'idée 
de  laur  nature  leucocytaire  pourra  bien  ĂȘtre  confirmĂ©e  pSr  la  suite,  surtout  lorsqu'on 
arrivera  à  constater  le  moment  précis  de  leur  apparition,  ce  que  je  n'ai  pas  pu  faire 
jusqu'ici. 

»  En  tout  cas,  il  faut  insister  sur  ce  faity  qu'on  ne  les  a  trouvées  jusqu'à 
présent  que  dans  le  genre  Rana.  Slilling  les   signale  chez  R.  esculenla. 


SÉANCE    DU   6   JUILLET    igoS.  nq 

Giacomini  ne  les  a  jias  Irouvées  chez  R.  csculenta,  mais  chezR.  temporaria. 
Ciaccio  les  reprcsenle  chez  R.  csculenta,  tt  donne  anss-i  B.  lempcraria 
comme  un  bon  exemple  pciir  l'élude  de  ces  cellules.  Par  conséquent  leur 
présence  ne  paraßt  bien  élablie  jusqu'ici  que  dans  le  genre  Rana  et 
peut-ĂȘtre   pas  dans  toutes  1rs  r  s;  Ăšces  indigĂšnes  de  ce  genre.  » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMEISTALE.  —  La  segmentation  parlhĂ©nngĂ©nĂ©tiqiie  expĂ©- 
rimentale chez  les  Ɠufs  de  Petroniyzon  Planeri.  Note  de  M.  E.  Bataillox, 
|irésenléc  par  M.  Y.  De1a£;e. 

«  Pour  élucider  les  phénomÚnes  intimes  de  la  segmentation  provoquée 
chez  les  Ɠufs  vierges  de  VertĂ©brĂ©s,  je  me  suis  adressĂ©  Ă   un  type  autre  que 
nos  Amphibiens  vulgaires  et  présentant  sur  lui  de  sérieux  avantages. 
L'Ɠuf  de  Lamproie,  par  sa  constitution  et  son  mode  de  segmentation,  rap- 
pelle celui  de  la  Grenouille;  mais  l'absence  de  gangue  et  de  pigment,  la 
présence  d'un  micropyle  et  la  netteté  de  certains  phénomÚnes  consécutifs 
à  l'imprégnation  permettent  une  expérimentation  plus  précise  avec  un 
parallélisme  intéressant  entre  l'évolution  normale  et  l'évolution  parlhé- 
nogénétique. 


»  Les  Ɠufs  vierges  portĂ©s  3o  minutes  h  35°,  suivant  la  technique  empruntĂ©e  Ă   Delage, 
et  que  j'avais  employée  avec  succÚs  pour  fiàna  temporaria,  sont  restés  inertes.  Une 
tempĂ©rature  de  So"  ne  m'a  pas  mieux  fĂ©ussi.  Le  m^ĂȘme  matĂ©riel  immergĂ©  dans  les 
solutions  fortes  salines  ou  sucrées  (valeur  :  i  pour  loo  de  NaCl),  pendant  i  lieurie, 
I  heure  3o  minutes,  2  heures,  i5  heures,  et  reporté  dans  l'eau  pure,  ne  m'a  fourni  que 
quelques  rares  débuts  de  segmentation.  Mais  j'ai  obtenu  réguliÚrement  de  trÚs  belles 
njorulas  et  mĂȘme  des  blastulas  Ă   Ă©lĂ©ments  plus  ou  moips  Ijiis,  en  plongeant  et  mq.in- 
tenant  les  Ɠufs  dans  des  solutions  de  saccharose  à  5  ou  6  pour  100  oij  dans  des  solu- 
tions isotoniques  de  ?^aCI. 

»  C'est  un  premier  point  à  noter.  Je  rappellerai  que,  l'an  dernier,  avec  Ranafusca, 
je  superposais  avantageusement  Ă   l'action  de  la  chaleur  celle  des  solutions  sous  une 
concentration  identique.  Mon  objectif  était  de  réagir  contre  la  réhydratation  inévi- 
table sur  des  Ɠufs  volumineuv  et  Ă   Ă©volution  lente.  L'interprĂ©tation  est  d'autant  plus 
plausible  que  cette  annĂ©e,  j'ai  tirĂ©  du  mĂȘme  type  Amphibien,  avec  le  seul  contact 
permanent  du  sucre  Ă   6  pour  100,  des  foruies  morniaires  ou  blastulaires  plus  belles 
que  toutes  celles  obtenues  antérieurement. 

»  C'est  la  clef  du  phĂ©nomĂšne  enregistrĂ©  chez  la  Lamproie.  L'Ɠuf  a  une  surface  rela- 
tive plus  grande  puisqu'il  est  plus  petit,  et  son  Ă©volution  est  sensiblement  plus  lente. 
Une  modification  brusque  de  l'Ă©quilibre  par  le  milieu  extĂ©rieur  peut  n'ĂȘtre  que  tran- 
sitoire ets'eflPacer  dans  l'eau  pure  avant  la  segmentation.  On  comprendrait  ainsi  com- 
ment, chez  les  Amphibiens  et  les  Cyclostomes,  la  meilleure  condition  de  l'Ă©volution 


8o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

expĂ©rimentale  paraĂźt  ĂȘtre  le  contact  permanent  de  la  solution  la  plus  faible  qui  en- 
gendre la  division. 

»  A  ces  faits  s'en  joignent  d'autres,  non  moins  suggestifs  et  qui  viennent  tous  à 
l'appui  de  mon  hypothÚse  de  la  déshydratation. 

»  Sur  l'Ɠuf  vierge  friiĂźchement  Ă©mis,  le  chorion  n'apparaĂźt  pas  :  il  est  strictement 
accolé  à  la  masse  ovalaire.  Ajoutez  le  sperme  et  presque  immédiatement  (au  bout  de 
I  minute  au  plus),  le  chorion  se  dĂ©tache  au  niveau  du  micropvle  oĂč  l'Ɠuf  montre  une 
dépression  cratériforuie.  On  voit  s'étendre  progressivement  vers  le  pÎle  opposé  une 
contraction  qui  chemine  comme  une  onde  annulaire.  L'Ɠuf  devient  libre  dans  son  en- 
veloppe; il  a  réduit  son  volume;  il  est  devenu  sphérique,  et  le  point  micropylaire  qui 
correspondait  à  une  extrémité  de  l'ovale  passe  à  peu  prÚs  au  pÎle  supérieur  à  la  suite 
d'une  rotation  de  go". 

»  L'Ɠuf  vierge  soumis  aux  solutions  dĂ©shydratantes  prĂ©sente  le  mĂȘme  phĂ©nomĂšne 
au  bout  de  2^  heures,  48  heures,  ou  mĂȘme  plus  lard.  Jamais  il  ne  se  divise  sans  avoir 
subi  au  préalable  ce  changement  d'allure,  et  je  me  suis  assuré  que  ce  changement 
précÚde  tout  mouvement  nucléaire. 

»  Mais  voici  d'autres  détails  également  significatifs.  Dans  le  sel  à  o,5  pour  loo,  on 
trouve,  au  dĂ©but  du  sixiĂšme  jour,  beaucoup  d'Ɠufs  restĂ©s  inertes;  depuis  72  heures, 
aucun  d'eux  n'a  séparé  son  chorion;  leur  surface  est  légÚrement  ridée.  On  les  porte 
dans  le  sucre  Ă   6  pour  100;  le  lendemain,  la  plupart  d'entre  eux  sont  en  mouvement 
et  donnent  ultérieurement  de  belles  blastulas.  Le  passage  inverse  a  été  pratiqué  au 
bout  de  7  jours  avec  des  Ɠufs  non  divisĂ©s  dans  le  sucre  Ă   6  pour  100;  immergĂ©s  dans 
la  solution  de  NaCl  à  o,65,  ils  se  sont  segmentés.  Bien  mieux,  au  bout  de  7  jours,  un 
stock  de  ces  Ɠufs  restĂ©s  immobiles  dans  les  milieux  artificiels  a  pu  ĂȘtre  fĂ©condĂ©. 

»  Les  Ă©bauches  issues  des  Ɠufs  vierges  ne  dĂ©passent  pas  le  stade  blastulaire.  Non 
seulement  les  blastomÚres  renferment  des  noyaux  dÚs  le  début  de  la  segmentation; 
mais,  dans  certains  cas,  presque  tous  ces  noyaux  sont  en  mouvemnnt.  Il  y  a  prédo- 
minance des  figures  pluripolaires. 

»  Ces  expériences  mettent  en  évidence  le  rÎle  trÚs  net  de  la  déshydrata- 
tion et  l'avantage  du  contact  permanent  de  la  solution  saline  ou  sucrée  à  la 
concentration  minima  oĂč  elle  soit  encore  efficace   ». 


BOTANIQUE.   —    Le  mĂ©ripkyte  chez  les  CycadacĂ©es.  Note  de  M.  H.  Matte, 

j)résentée  par  M.  Guignard. 

«  Depuis  quelques  années,  on  tend  à  accorder  au  systÚme  libéroligneux 
de  la  feuille  (mériphyle  de  M.  Lignier)  une  importance  de  plus  en  plus 
grande.  C'est  donc  dans  le  but  de  rechercher  si  celui  des  Cycadacées  peut 
donner  des  indications  sur  la  valeur  phylogénétique  de  ce  groupe  si  inté- 
ressant que  nous  avons  entrepris  sur  le  parcours  des  faisceaux  une  Ă©tude 
résumée  dans  la  présente  Note. 


SÉANCE    DU    6   JUILLET    IpoS.  8i 

«  La  structure  de  l'arc  foliaire  des  Cj'cadacées  est  trÚs  constante,  mais  sa  forme  est 
rendue  assez  variable  par  des  plissements  longitudinaux  qui  l'altÚrent  d'une  façon 
parfois  considérable. 

»  La  rentrée  des  faisceaux  foliolaires  dans  le  rachis  ne  se  fait  par  une  trace  réelle- 
ment unifasciculée  que  dans  le  genre  Cycas.-dam  tous  les  autres  genres,  elle  est  pluri- 
fasciculée.  En  effet,  s'il  est  vrai  que  dans  les  genres  Dioon  et  Ceralozamia,  ainsi  que 
dans  la  plupart  des  espÚces  du  genre  Zaniia,  celle  trace  ne  paraßt  constituée  que  par 
un  seul  faisceau  rentrant,  le  nombre  de  ses  poinlements  trachéens  démontre  cependant 
qu'il  équivaut  à  une  trace  plurifasciculée.  Parfois,  d'ailleurs,  comme  chez  le  Dioon 
edule  Lind.  et  certains  Ceralozamia,  un  ou  plusieurs  faisceaux  marginaux  externes 
de  la  foliole  restent  indépendants  de  leurs  congénÚres  plus  internes  et  se  terminent  en 
pointe  libre  dans  la  base  d'insertion  sur  le  pétiole. 

»  De  bonne  heure,  chez  les  Cycas,  Dioon.  Ceralozamia,  la  plupart  des  Zamia  el 
certains  Macrozamia,  l'arc  libéro-ligneux  péliolaire  subit,  vers  le  plan  du  pétiole, 
un  plissement  longitudinal  rentrant  d'oi^i  résulte  la  forme  classique  en  £2.  C'est  sur  ses 
marges  que  s'insĂšrent  tonjours  les  traces  foliolaires. 

»  Dans  le  genre  Encephalarlos,  la  forme  en  12  est  profondément  modifiée  et  peut 
mĂȘme  ne  plus  se  reconnaĂźtre.  En  effet,  chaque  trace  foliolaire,  nettement  plurifasci- 
culée, subit,  dÚs  sa  rentrée,  une  torsion  qui  ramÚne  le  ou  les  premiers  (')  de  ses  fais- 
ceaux soit  vers  les  derniers,  soit  simplement  vers  la  partie  antérieure  du  pétiole.  Dans 
ce  dernier  cas,  le  trajet  inférieur  des  faisceaux  devenus  antérieurs  est  variable  :  ou 
bien,  sans  modifier  notablement  leur  position,  ils  se  mettent  en  rapport  avec  ceux  des 
traces  foliolaires  sous-jacentes,  ou  bien,  se  rapprochant  plus  ou  moins  du  plan  de  symé- 
trie pétiolaire,  ils  se  placent  soit  dans  la  partie  antérieure  du  segment  médullaire,  soit 
dans  sa  partie  postérieure  ;  là  encore,  ils  se  comportent  de  façons  diverses  suivant  les 
espÚces  et  certains  peuvent  s'intercaler  dans  l'arc  pétiolaire.  Les  autres  faisceaux  des 
traces  foliolaires  s'accolent  au  bord  de  l'arc  libéro-ligneux  et  contribuent  à  son 
accroissement,  mais  jamais  ils  ne  le  font  qu'aprĂšs  avoir  subi,  eux  aussi,  vers  le  plan  de 
symétrie  du  pétiole,  une  déviation  qui  fait  songer  au  plissement  de  l'U. 

»  La  résultante  de  tous  ces  faits  est  la  constitution,  à  la  base  du  pétiole,  d'un  sys- 
tÚme libéro-ligneux  foliaire  k  faisceaux  dispersés  et  orientés  en  tous  sens,  systÚme 
dans  lequel  il  semble  impossible  de  discerner  une  disposition  type. 

»  Chez  quelques  espÚces,  notamment  chez  VE.  Lehrnanni  Lehni.  et  chez  VE. 
horridus  Lehni.,  les  faisceaux  foliolaires  rentrants  peuvent,  en  outre,  en  se  tordant, 
former  des  cordons  libĂ©ro-ligneux  trĂšs  arquĂ©s  ou  mĂȘme  Ă   structure  absolument  con- 
centrique. 

»  Le  Zamia  muricnta  Willd.  montre,  dans  la  partie  antérieure  de  son  pétiole,  un 
systĂšme  de  faisceaux  qui,  par  son  mode  de  formation  el  sa  disposition,  rappelle  celui 
du  g.  Encephalartos;  il  en  diffÚre,  cependant,  par  le  niveau  plus  inférieur  oii  se  fait 
la  torsion  des  traces  foliolaires. 

»  Enfin,  chez  quelques  Macrozamia,  M.  spiralis  Miq.,  M.  Fraseri  Miq.,  entre 
autres,  il  n'y  a  que  le  premier  faisceau  des  traces  foliolaires  successives  qui  subisse  la 


(')   C'est-à-dire  ceux  qui  sont  le  plus  rapprochés  du  plan  de  symétrie  pétiolaire. 
C.  R.,  190.3,  -i'  Semestre.  (T.  CXXXVII,   N-  1.)  II 


82  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lorslon,  el  il  en  résulle  ia  formation  d'un  systÚme  fa*ciculalre  disposé  réguliÚrement 
suivant  une  bande  antérieure  parallÚle  à  la  marge  de  l'arc  pétiolaire  et  orientée  in- 
versement. 

»  On  sait  que  chez  le  Stangeria  paradoxa  Tli.Moore,  les  deux  premiÚres  folioles 
inférieures  sont  insérées  en  avant  du  pétiole  et  de  pari  et  d'autre  de  sa  ligne  mé- 
diane antérieure,  et  qu'elles  sont,  en  outre,  conliguës  à  la  paire  suivante  qui  est  la- 
térale. Il  résulte  de  celte  disposition  que  les  traces  des  deux  premiÚres  folioles  se 
placent  en  avant  et  dans  le  prolongement  des  branches  de  l'arc  ondulées  el  un  peu 
rentrantes  vers  le  plan  pétiolaire.  Ainsi  complété,  cet  arc  prend  ia  forme  de  deux  fers 
à  cheval  accolés  par  leurs  extrémités  ;  plus  bas,  le  fer  antérieur  se  creuse  dans  le 
plan  pétiolaire. 

»  Chez  le  Bowenia  spectahilis  Hook.,  les  traces  foliolaires,  aprÚs  une  torsion  en 
avant  de  leur  premier  faisceau,  constituent  un  systÚme  libéro-ligneux  qui,  à  la  base 
du  pétiole  secondaire,  prend  la  forme  d'un  cercle  de  faisceaux  fermé  antérieurement. 

»  Les  cercles  des  deux  pétioles  secondaires  terminaux  '  unissent  en  un  seul  dans  le 
rachis  principal  en  isolant  temporairement  un  faisceau  dans  son  intérieur. 

»  Aux  niveaux  des  rentrées  des  pétioles  secondaires  inférieurs,  leurs  cercles  se 
fondent  de  mĂȘme  dans  le  cercle  unique  un  peu  dĂ©formĂ©  du  rachis  principal,  et,  chaque 
fois,  il  s'isole  encore  un  ou  plusieurs  faisceaux  permanents  dans  son  intérieur.  Ces 
rentrées  successives  déterminent  ainsi,  dans  la  base  du  rachis,  la  formation  d'un  cercle 
externe  de  faisceaux  entourant  complĂštement  un  second  cercle  interne  excentrique 
qui  enserre  lui-mĂȘme  Ă   son  intĂ©rieur  un  faisceau  reprĂ©sentatif  d'un  troisiĂšme 
cercle.  C'est  là  une  disposition  qui  rappelle  d'une  façon  frappante  celle  de  VAn- 
giopteris  evecta. 

»  RĂ©sumĂ©.  —  Les  traces  foliolaires  ne  sont  rĂ©ellement  iinifasciculĂ©es  que 
clans  le  g.  Cycas ;  ailleurs  elles  sont  plus  ou  moins  plurifasciculées. 

»  La  forme  typique  en  Ăč  ne  se  montre  visible  que  chez  les  Cycas,  Dioon, 
Ceratozamia,  la  plupart  des  Zamia  et  certains  Macrozamia,  mais  partout  il 
y  a  indication  de  pli  latéral  qui  caractérise  cet  arc. 

»  Dans  le  g.  Enccphalarlos,  chez  certains  Zamia  et  Macrozamia,  l'arc 
foliaire  présente,  dans  la  base  du  pétiole,  une  complication  parfois  consi- 
dérable due  à  des  tensions  et  à  des  déplacements  de  faisceaux  que  nous 
attribuons  Ă   des  plissements  de  l'arc  foliaire. 

»  Dans  les  g.  Stangeria  et  liowenia,  l'arc  foliaire  est  assez  différent  des 
prĂ©cĂ©dents  et  celui  du  second  a  la  mĂȘme  forme  que  dans  V Angioptens. 

»  Cette  étude  s'apph'que  à  des  feuilles  adultes  de  troncs  d'un  ùge  mûr; 
la  forme  de  l'arc  foliaire  dans  les  feuilles  de  jeunes  individus  est  généra- 
lement plus  simple  et  elle  peut  mĂȘme  prĂ©senter  d'autres  caractĂšres.   » 


SÉANCE    DU    6    JUILLET    1903.  83 


GÉOLOGIE.  —  Sur  deux  horizons  Ă   CĂ©phalopodes  du  DĂ©vonien  supĂ©rieur  dans 
le  Sahara  oranais.  Note  de  M.  Emile  Haug,  présentée  par  M.  Munier- 
Chalrnas. 

«  L'existence  de  terrains  paléozoïques  dans  le  nord  du  Sahara  est  connue 
de  longue  date,  mais  ce  n'est  qu'en  1901  que  le  Dévonien  fut  signalé  dans 
l'ExtrĂȘme  Sud  oranais  par  M.  Flamand  ('),  d'aprĂšs  des  Ă©chantillons  recueillis 
pr^s  de  Charouin,  dans  le  Gourara,  par  M.  le  commandant  LaquiĂšre. 
Calceola  sandalina  démontre  bien  la  présence,  en  ce  point,  de  l'étage 
inférieur  du  Dévonien  moyen.  C'est  à  M.  Emile  Gautier  (^)  qu'est  due  la 
dĂ©couverte,  dans  la  mĂȘme  rĂ©gion  et  dans  l'oued  Saoura,  de  CĂ©phalopodes 
indiquant  l'existence  du  Dévonien  supérieur  (*). 

»  Je  parlerai  d'abord  d'un  lot  de  fossiles,  recueilli  par  M.  Emile  Gautier  à  Fgagira, 
dans  le  Gourara,  qui  représente  un  horizon  bien  connu  en  Europe,  appartenant  à  la 
partie  inférieure  du  Dévonien  supérieur,  à  l'étage  Frasnien.  M.  Gautier  (')  a  publié 
une  coupe  de  la  localité  de  Fgagiß-a,  dans  laquelle  il  attribue,  sur  des  déterminations 
provisoires,  au  sommet  du  Dévonien  moyen  les  «  minces  couches  calcaires  avec  bancs 
»  Ă©pais  d'argiles  intercalĂ©s  »,  d'oĂč  proviennent  les  fossiles  en  question.  J'ai  sous  les 
yeux  plusieurs  plaquettes  de  calcaire  cristallin,  couvertes  Ă   la  surface  de  nombreux 
fossiles,  en  général  d'une  belle  conservation.  Sur  quelques-unes  prédominent  des  Or- 
thoceras  indéterminables,  sur  d'autres  se  trouvent  en  grand  nombre  de  trÚs  beaux 
exemplaires  de  Baclrites  carinatus  iMunst.  sj). 

»  Les  Goniatiles  sont  plus  rares,  mais  Tornoceras  simplex  Buch  et  Gepliyroceras 
intumescens  Beyr.  sont  représentés  par  plusieurs  échantillons.  Enfin,  sur  une  autre 
plaquette,  se  voient  plusieurs  exemplaires  de  Biichiola  retrostriala  Buch  sp. 

»  L'association  de  Tornoceras  simplex,  de  Gephyroceras  intumescens  et  de  Bac- 
trites  carinatus  indique  avec  certitude  la  présence,  à  Fgagira,  de  la  zone  à  Gepiiyro- 

(')  Comptes  rendus,  1"  juillet  1901. 

(')  Ibid.,  8  décembre  1902. 

(')  M.  Emile  Gautier  ayant  bien  voulu,  sur  la  demande  de  M.  Douvillc,  mettre  Ă  
ma  disposition  les  matériaux  recueillis  dans  ses  deux  voyages  (1902  et  1900)  dans 
l'ExtrĂȘme  Sud  oranais,  je  suis  Ă   mĂȘme  de  donner  aujourd'hui  le  rĂ©sultat  de  mes  dĂ©ter- 
minations paléontologiques.  Je  dois  également  à  M.  le  lieutenant  BaviÚre,  du  poste  de 
Beni-AbbÚs,  -un  lot  de  Céphalopodes  qui  m'a  été  obligeamment  remis  par  I\L  Paul 
Lemoine.  Je  tiens  Ă   adresser  ici  tous  mes  remerciments  Ă   MM.  Gautier  et  BaviĂšre, 
ainsi  qu'à  MM.  Douvillé  et  Lemoine. 

(')  EjiiLE-F^.  Gautier,  Sahara  oranais  [^Annales  de  GĂ©ogr.,  n"  63,  i5  mai  igoS, 
p.  235-259;  Carte  l'I.  IV,  8  figures  {\ow  jig.  2,  p.  244)]. 


84  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

ceras  intuniescens,  second  uiveau  du  Dévonien  supérieur,  dans  la  classification  publiée 
récemment  par  M.  Frech  ('). 

»  Cet  horizon  se  rencontre,  comme  on  sait,  à  CabriÚres,  au  Marlenberg,  à  Budes- 
heim,  etc.,  ainsi  que  dans  le  Timan. 

»  Un  niveau  incontestablement  plus  élevé  a  fourni  à  M.  Gautier  des  séries  beaucoup 
plus  riches.  Il  est  représenté  en  deux  points,  distants  d'ailleurs  d'environ  220'^",  à 
Charouin,  dans  le  Gourara,  au  nord-est  de  Fgagira,  et  Ă   Benl-.\bbĂšs,  sur  l'oued 
Saoura,  au  sud-est  d'igli. 

»  Le  gisement  de  Beni-AbbÚs  était  faiblement  représenté  dans  la  série  d'échantil- 
lons rapportés  par  M.  Gautier  lors  de  son  premier  voyage;  en  revanche,  j'ai  mainte- 
nant entre  les  mains  un  lot  trĂšs  important  recueilli  Ă   la  mĂȘme  localitĂ©  en  mars  igoS 
par  M.  Gautier  et  par  M.  le  lieutenant  BaviĂšre.  Les  CĂ©phalopodes  sont  remarquables 
par  le  nombre  des  exemplaires,  la  variété  des  espÚces  et  leur  bel  état  de  conservation. 
Ce  sont  des  moules  internes  calcaires,  colorés  en  rouge  par  du  sesquioxyde  de  fer 
anhydre;  les  détails  de  l'ornementation  et  les  cloisons  y  sont  nettement  visibles, 

»  J'ai  été  frappé  de  la  ressemblance  extérieure  que  présentent  les  échantillons  de 
Beni-AbbÚs  avec  ceux  de  certaines  localités  dévoniennes  de  l'Allemagne  centrale.  On 
va  voir  par  la  liste  ci-dessous  que  la  ressemblance  n'est  pas  seulement  extérieure  et 
qu'elle  porte  également  sur  le  caractÚre  paléontologique  de  la  série.  Voici  l'énuméra- 
tion  des  espÚces  que  j'ai  pu  reconnaßtre  parmi  mes  matériaux  de  Beni-AbbÚs  : 

»  Chiloccras  siibpartitum  Miinsl.;  Sporadoceras  subbilobatum  Miinst.;  id.  var. 
meridionalis  Frech.;  Sporadoceras  n.  sp.  (ou  Meneceras,  avec  le  péristome  muni 
d'une  apophyse  jugale)  ;  Aganides  sulcatus  Munst.;  Clynienia  lƓvigala  Miinst.;  Cl. 
cf.  pygmƓa  Miinst.;  Cl.  cf.  flexuosa  MĂ»nsl.;  Cl.  annulata  Miinst.  (nombreux 
exemplaires);  Cl.  subnautilina  Sandb.;  Cl.  n.  sp.  afT.  inlracoxLata„v^Q\\.\  Cl.  n.  sp. 
aff.  plurisepia  Phil.;  Cl.  n.  sp.  (tours  beaucoup  plus  embrassants  que  la  précédente, 
section  ovale);  Cl.  n.  sp.;  Cl.  spinosa  Miinst.;  Oxyclyinenia  striata  Miinst.;  Or- 
thoceras  pi.  sp.;  Phacops  cƓciis  Giirich.;  Capiiliis  (?)  (Dkevermann,  Fauna  der  ober- 
dev.  TuiĂŻbreccie  von  Langenaubach,  PI.  XIV,  fig.  11);  Buchiola  retrostriata  Buch.; 
Posidonomya  venusta  Munst. 

»  Ce  qui  frappe  d'ailleurs,  dans  cette  liste,  c'est  la  prédominance  des  espÚces  du 
genre  Clynienia  s.  str.  et  l'absence  totale  des  Gonioclyincnia.  C'est  précisément  là  le 
caractÚre  qui  différencie  le  niveau  inférieur  du  calcaire  à  Clyménies  de  la  Westphalie 
et  du  Nassau,  la  zone  Ă   Clynienia  annulata  de  MM.  Denckniann  et  Lotz  (-),  du  niveau 
supérieur,  de  la  zone  à  Gonioclyinenia  speciosa. 

»  Je  ne  doute  pas  que  ce  soit  le  niveau  inférieur  qui  se  trouve  représenté  à  Beni- 
AbbÚs  à  l'exclusion  du  niveau  supérieur.  Le  reste  de  la  faune  milite  également  en 
faveur  de  cette  conclusion.  Il  est  rare  de  trouver,  à  des  distances  aussi  considérables 
que  celle  qui  sépare  le  Sahara  oranais  du  Nassau,  une  association  de  formes  aussi 
remarquablement  identiques  dans  des  couches  appartenant  au  mĂȘme  horizon. 


(')  Fn.  Frech,  Ueber  devonisc/ie  Animoneen  (Beitr.  z.  Pal.  a.  Geol.  ƒster.-Ung., 
t.  XIV,  p.  27-112,  PL  II-V;  1902). 
('■')  V.  FitECH,  loc  cit.,  p.  io4- 


SÉANCE   DU   6    JUILLET    ipoS.  85 

»  Quant  à  la  seconde  localité  de  calcaires  à  Ciyménies,  celle  de  Charouin,  dans  le 
Gourara,  elle  a  fourni  jusqu'à  présent  un  nombre  d'espÚces  bien  inférieur  à  celle  de 
Beni-AbbÚs.  Parmi  les  matériaux  recueillis  par  M.  Gautier  ne  se  trouvent  que  quelques 
exemplaires  de  Clymenia  lƓvigata,  assez  bien  conservĂ©s,  mais  toutefois  partielle- 
ment polis  par  le  sable,  et  plusieurs  Gonlatiles  indéterminables.  Le  niveau  est  proba- 
blement le  mĂȘme  qu'Ă   Beni-AbbĂšs,  quoique  le  faciĂšs  minĂ©ralogique  soit  assez  diffĂ©rent. 
Les  calcaires  rouge  violacé  sont  beaucoup  plus  compacts  et  rappellent  beaucoup  cer- 
tains marbres  griotte. 

»  En  résumé,  on  connaßt  aujourd'hui  dans  le  Sahara  oranais,  grùce  aux 
explorations  de  M.  Gautier,  deux  niveaux  fossilifÚres  du  Dévonien  supé- 
rieur, nettement  définis  par  des  faunes  riches  et  bien  caractéristiques.  Leurs 
affinitĂ©s  palĂ©ontologiques  avec  les  couches  de  mĂȘme  Ăąge  de  l'Allemagne 
centrale  sont  tout  Ă   fait  remarquables  et  accentuent  encore  le  caractĂšre 
«  hercynien  »  ou  mieux  «  armoricain-varisque  »  des  chaßnes  paléozoïques 
du  Sahara  septentrional,  sur  lequel  plusieurs  auteurs  ont  déjà  insisté.    » 


GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Sur  les  variations  de  la  Meuse  Ă   l'Ă©poque  quater- 
naire. Note  de  M.  Paul  Bois,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  Létude  attentive  des  riviÚres,  de  leur  régime,  de  leurs  terrasses,  la 
comparaison  de  la  section  des  vallées  avec  la  surface  qu'elles  drainent, 
l'interprétation  des  formes  topographiques  du  sol,  montrent  qu'à  partir 
de  l'époque  paléolithique,  le  bassin  de  la  Meuse  française  a  éprouvé  des 
variations  considérables,  qui  ont  laissé  de  profondes  empreintes  dans  la 
physionomie  actuelle  du  pays  (  '  ). 

»  Ce  bassin  englobait,  à  l'est,  les  hautes  vallées  de  l'Orne,  du  Rupt  de 
Madt,  du  Terrouin  et  celle  de  la  Moselle  en  amont  de  Toul;  Ă   l'ouest,  la 
Voire,  la  Marne  avec  ses  affluents  dans  la  région  du  Perthois,  l'Aisne  en 
amont  d'Attigny  et  l'Aire. 

»  Il  était  limité  à  l'ouest  par  la  falaise  crétacée  et  à  l'est  par  l'ancienne 
falaise  corallienne  du  Jarnisy  et  du  pays  de  Haye. 

»   Un  grand  nombre  de  ses  affluents  avaient  une  assez  grande  puissance. 

»  La  SaÎnelle  drainait  tout  le  pays  oolithique  entre  Coussev,  Cliaumont  et  Langres. 
Le  Vair,  outre  son  bassin  actuel,  occupait  celui  du  Haut-Madon  en  amont  de  Mire- 
court.  La   Haute-Moselle  tout  entiĂšre,  au  lieu  de  rebrousser  Ă   Toul,  continuait  son 

(')   Voir  notamment  les  travaux  publiés  par  .\L  W.  Morris-Davis. 


86  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

cours  vers  l'ouest  et  venait,  par  le  Val-de-l'Ane,  confluer  Ă   Pagny-sur-Meuse.  Ses 
eaux  coulaient  à  45'"  au-dessus  du  fond  de  la  vallée  actuelle.  La  Loison  et  l'Olhain 
prenaient  leur  source  plus  au  sud  et  recueillaient  les  eaux  du  plateau  corallien  qui 
recouvrait  cncoie  tout  le  pays  de  Woëvres. 

»  Enfin,  un  affluent,  que  nous  désignerons  sous  le  nom  de  Marne-Bar,  prenait  sa 
source  au  nord  de  Chaumont,  suivait  le  cours  de  la  Marne  jusque  Saint-Dizier;  puis, 
se  dirigeant  vers  le  nord  par-dessus  le  seuil  delĂ   forĂȘt  de  Belnoue,  venait  rejoindre  le 
cours  de  l'Aisne,  passait  au  défilé  du  Grand-Pré  et  atteignait  la  Meuse  par  la  vallée  de 
l'Agron  puis  celle  de  la  Bar.  Il  recueillait  au  passage  tous  les  affluents  de  la  Marne  et 
de  l'Aisne  compris  entre  la  falaise  crétacée  et  la  Meuse  actuelle. 

»  Le  bassin  de  cette  riviÚi'e  avait  8000*""'  de  superficie;  celui  de  sa  voisine,  la  Meuse, 
avait  à  Mouzon  gSoo'*'"'  d'étendue.  Aussi  s'explique-t-on  que  les  vallées  creusées  par 
ces  deux  cours  d'eau,  Ă   travers  les  calcaires  oolithiques,  aient  Ă   peu  prĂšs  une  Ă©gale 
importance. 

»  L'ancienne  Marne-Bar  coulait  à  70"  en  moyenne  au-dessus  du  lit  de  l'Aisne 
actuelle  et  à  oo*  au-dessus  de  la  Marne;  son  altitude,  repérée  au  seuil  de  Belnoue  par 
les  alluvions,  atteignait  i85ℱ. 

»  A  la  mĂȘme  Ă©poque,  l'Aube  ne  recevait  pas  le  tribut  de  la  Voiie,  la  Marne  prenait 
naissance  sur  le  plateau  crayeux  delà  Champagne  et  l'Aisne  nedépassait  pas  vers  l'est 
le  bombement  jurassique  voisin  d'Atlignj'. 

»  Ces  affluents  de  la  Seine  étaient  fortement  en  contrebas  du  cours  de  la  Marne-Bar. 
Tous  avaient  la  limpidité  et  l'allure  tranquille  des  riviÚres  de  contrées  perméables;  ils 
imposaient  leur  régime  au  collecteur  en  a\al  de  Paris.  Aussi  la  Seine,  dans  son  cours 
infĂ©rieur,  remplissait-elle  sa  vallĂ©e  d'une  Ă©paisse  couche  de  tourbe,  oĂč  l'on  a  recueilli 
des  restes  humains. 

»  A  droite  de  la  Meuse,  la  Meurlhe  quaternaire  coulait,  vers  Metz,  à  45'"  au-dessus 
de  son  lit  actuel.  Ses  affluents  de  rive  gauche,  relevés  d'autant,  ne  dépassaient  pas  les 
limites  du  Jarnisy  et  du  pays  de  Haye. 

»  La  Seille,  à  Pournoy-la-Chélive,  tournait  à  droite  et,  longeant  la  faille  de 
MĂ©cleuves,  rejoignait  la  Nied  Ă   Courcelles. 

»  Toute  la  contrée  comprise  entre  la  Champagne  et  les  Vosges  était 
fermée  au  nord  par  les  massifs  forestiers  de  l'Ardenne,  du  Luxembourg  et 
du  Palatinat,  au  sud  par  ceux  de  Clairvaux,  du  Bassigny  et  des  Faucilles. 
Une  série  de  riviÚres  parallÚles,  violentes  ou  marécageuses,  alternant  avec 
de  longues  bandes  continues  de  forĂȘts  orientĂ©es  du  sud  au  nord,  rendaient 
la  pénétration  trÚs  difficile  par  l'est  ou  par  l'ouest. 

»  Aussi  les  restes  de  l'industrie  paléolithique,  qui  sont  trÚs  répandus  dans 
la  Champagne,  sont-ils  presque  inconnus  entre  celte  contrée  et  le  Rhin. 

))  Tel  était  l'état  du  pays,  lorsqu'une  série  d'événements,  en  pratiquant 
des  trouées  à  travers  tous  ces  obstacles,  vint  ouvrir  la  région  à  l'activité  de 
l'homme. 

»  La  Meurthe  à  Frouard  avait  un  bassin  plus  étendu  et  plus  ramassé  que 


SÉANCE   DU    6  JUlLLïïT    igoS.  87 

celui  de  la  Moselle;  elle  recevait  un  puissant  appel  du  Rhin;  aussi  creusait- 
elle  son  lit  avec  plus  d'énergie.  A  un  moment  donné,  un  de  ses  affluents,  le 
Terrouin,  dans  son  allongement  vers  l'ouest,  vint  surprendre  la  Moselle  Ă  
Toul  et  l'entraßna  vers  FriJuard.  Les  deux  riviÚres,  désormais  réunies,  joi- 
gnant leurs  efforts,  creusÚrent  leur  vallée  commune  avec  une  énergie  dou- 
blée, et  l'enfoncÚrent  d'environ  45"". 

»  Les  affluents,  sous  leur  impulsion,  entreprirent  une  violente  campagne 
d'érosion  régressive. 

»  Le  Bas  Madon  capturait  le  Haut  Vair  et  décapitait  l'Arol.  La  Saille,  surprise  à 
Pounioy,  était  entraßnée  dans  la  Moselle.  Le  Rupl  de  Madt,  l'Orne  et  le  Terrouin 
sapaient  le  support  argileux  de  la  falaise  corallienne  et,  la  faisant  reculer  jusqu'aux 
cÎtes  de  Meuse,  nivelaient  sur  son  emplacement  les  plaines  des  Woëvres.  Par  le  fait 
de  ces  captures,  la  Meuse  perdait  sur  sa  droite  4>oo'""  de  bassin.  l'rappéede  paralysie, 
elle  cessa  de  rouler  ses  alluvions  pour  les  déposer  dans  son  lit. 

»  Pendant  ce  temps  l'Aube,  la  Marne  et  l'Aisne  continuaient  lentement  leur  évo- 
lution et  creusaient  progressivement  leur  sillon. 

»  L'Aube  atteignait  bientÎt  la  Voire;  puis  la  Marne  champenoise  capturait  sa  voi- 
sine du  Vallage,  déblayait  le  Perthois  et  allait  conquérir  jusqu'à  Ghauniont  la  haute 
vallée  de  la  SaÎnelle.  Enfin,  l'Aire  perçait  le  bomijcment  d'Attigny  et  venait  détourner, 
au  défilé  de  Grand-I^ré,  tout  le  reste  de  la  Marne-liar.  Avec  cette  derniÚre,  la  Meuse  a 
perdu  7600'""'-  de  son  bassin.  Des  21600'""-  qu'elle  drainait  autrefois  en  amont  de 
MĂ©ziĂšres,  il  ne  lui  en  reste  plus  que  7000  Ă   l'heure  actuelle. 

»  L'Aube  et  la  Marne  ainsi  renforcĂ©es  se  sont  partagĂ©  les  tĂȘtes  champenoises  des 
riviĂšres  de  Brie. 

»  La  Marne  et  l'Aisne,  devenues  torrentielles,  entraßnÚrent  leurs  troubles  jusque 
dans  la  basse  Seine  et  recouvrirent  son  fond  tourbeux  d'une  couche  de  4"'  de  fertiles 
alluvions. 

»  La  Lorraine  et  le  liarrois  avaient  dÚs  lors  leur  aspect  actuel;  mais  la 
lutte  entre  les  riviÚres  ne  semble  pas  terminée  et  il  est  permis  d'entrevoir 
dans  l'avenir  que  les  derniers  restes  de  la  Meuse  française  seront  soutirés 
par  les  vallées  de  la  Bar  et  de  l'Ingressin,  et  que  la  Seine  sera  alors  direc- 
tement aux  prises  avec  le  Rhin. 

M  Par  toutes  les  captures,  de  larges  brÚches  ont  été  creusées  dans  les 
anciennes  barriĂšres,  les  grandes  voies  historiques  se  sont  ouvertes  de 
l'ouest  à  l'est  au  commerce  comme  à  la  guerre,  l'homme  a  pu  pénétrer 
en  Lorraine,  ainsi  que  le  prouvent  les  restes  de  l'industrie  néolithique  qui 
s'y  sont  rencontrés. 

»  Plus  tard  les  routes,  les  canaux  et  les  voies  ferrées  ont  utilisé  les 
mÎmes  passages  naturels,  dont  l'ouverture  avait  été  si  laborieuse. 

»  En  terminant,  il  est  curieux  de  remarquer  que  la  lutte  épique  des 


88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

riviÚres,  qui  a  livré  à  l'homme  l'accÚs  des  plateaux  lorrains,  n'a  fail  que 
préparer  le  théùtre  ou  devaient  se  dérouler  les  guerres  acharnées  de  deux 
races,  depuis  la  plus  haute  antiquité  jusqu'à  nos  jours.  » 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.    —   Sur  la  rĂ©lro gradation  de  l'empois  d'amidon. 
Note  de  M.  L.  M.*que.\xe,  présentée  par  M.  Roux. 

«  On  sait  depuis  longtemps  que  certaines  variétés  d'amylodextrines 
perdent  d'elles-mĂȘmes  leur  solubilitĂ©  dans  l'eau,  mais  jusqu'ici  on  n'a  encore 
signalé  explicitement  aucune  transformation  moléculaire  de  l'amidon  sim- 
plement gélifié.  La  seule  indication  précise  qui,  à  ma  coimaissance,  se 
rapproche  des  faits  exposés  dans  cette  Note  nous  a  été  fournie  par  M.  Lindet, 
qui  attribue  le  rassissement  du  pain  à  une  rétrogradation  de  l'anivlodexlrine 
ou  de  l'amidon  muqueux  et  montre,  en  effet,  que  dans  la  mie  la  quantité 
d'amidon  inattaquable  par  l'acide  chlorhydrique  dilué,  à  la  température  de 
36°,  augmente  à  mesure  qu'on  s'éloigue  du  moment  de  la  cuisson  (' ). 

»  Il  suffit  cependant  de  maintenir  pendant  quelques  jours,  en  milieu 
aseptique,  une  gelée  homogÚne  d'amidon,  pour  la  voir,  de  translucide 
qu'elle  était  d'abord,  devenir  peu  à  peu  opaque  et  finalement  déposer  des 
grumeaux  dont  l'apparition  rappelle  le  phénomÚne  delà  contraction  du 
coagulum,  étudié  autrefois  par  Grimaux.  J'ai  reconnu  que  ce  changement 
d'aspect  est  dĂ»  Ă   une  transformation  de  l'amidon,  qui  tend  Ă   prendre  la 
forme  d'amylocellulose  décrite  par  Brown  et  Héron. 

»  Non  colorable  par  l'iode,  inattaquable  par  le  malt,  trÚs  lentement 
hydrolysée  par  les  acides  minéraux  étendus  et  bouillants  (-),  cette  matiÚre 
se  dissout  au  contraire  assez  bien  dans  une  lessive  de  potasse,  et  la  liqueur 
neutralisée  se  colore  à  nouveau  par  l'iode  en  bleu  pur  :  ce  caractÚre, 
déjà  reconnu  par  Brown  et  Héron,  semble  indiquer  dans  l'amylocellulose 
la  présence  d'une  fonction  lactonique,  résultant  sans  doute  d'une  désh\- 
dratation  partielle  de  la  molécule  primitive  d'amidon. 

»  La  transformation  est  progressive;  sa  vitesse  décroßt  avec  le  temps 
sans  devenir  nulle  aprĂšs  20  jours  de  conservation  ;  elle  s'observe  enfin  avec 


(')  Comptes  rendus,  l.  CXXXIV,  p.  goS  ei  Bull.  Soc.  ciiiin.,  3"  série,  t.  WVII, 
p.  633. 

(■-)  11  se  forme  ainsi  du  glucose  ordinaire,  que  l'on  a  rĂ©ussi  Ă   faire  cristalliser, 
comme  avec  l'amidon  normal. 


SÉANCE    DU   6    JUILLET    igoS.  89 

la  pseudo-solution  d'amidon  préparée  à  i3o°  atissi  bien  qu'avec  l'empois 
ordinaire  et  par  conséquent  est  de  nature  purement  chimique,  indépen- 
dante de  l'intervention  de  tout  enzyme  ou  microorganisme. 

»  Les  résultats  suivants  donneront  une  idée  suffisante  de  l'allure  géné- 
rale du  phénomÚne. 

»  ExpĂ©rience  I.  —  as  de  fĂ©cule  (non  dessĂ©chĂ©e)  par  essai;  on  gĂ©lifie  par  un  chauf- 
fage de  5  minutes  à  100°  avec  ^o*^"'  d'eau,  on  conserve  avec  quelques  gouttes  de 
toluĂšne,  puis  on  saccharifie  Ă   froid,  par  20"''  d'une  mĂȘme  solution  d'amylase.  AprĂšs 
24  heures  on  filtre  et  l'on  dose  l'extrait  sec  dans  la  liqueur  claire,  en  négligeant  la 

matiÚre  soluble  apportée  par  le  malt  (environ  os, 3). 

Perte  en  matiĂšre 
Extrait  soluble 

sec  ~"~ — ^ — -^ ~ 

total.  absolue.  pour  100. 

DĂ©but 2,0682 

AprĂšs    2  jours i,95i8  o,ii64  5,6 

»         4  joui's i,9i52  o,i53o  7,4 

»         8  jours 1,8384  0,2298  11,1 

»       10  jours >  77898  0,2784  i3,4 

»  ExpĂ©rience  II.  —  28  de  fĂ©cule  dans  4©'^"''  d'eau;  on  gĂ©lifie  par  2  minutes  de 
chauffe  dans  un  bain  d'eau  bouillante,  puis  on  maintient  pendant  i5  minutes  en  auto- 
clave à  110°  et  l'on  conserve  sans  addition.  La  saccharification  est  faite  à  froid 
par  10''°'°  d'une  mĂȘme  infusion  de  malt  (i5s  pour  iSo"^"'  d'eau)  et  en  prĂ©sence  de 
toluÚne.  AprÚs  24  heures,  on  dose  dans  les  liqueurs  filtrées  l'extrait  sec  et  le  maltose, 
en  tenant  compte,  celte  fois,  des  apports  imputables  Ă   la  solution  de  diastas".  (05,174 
de  matiĂšre  soluble  et  0^,0828  de  maltose  pour  lo"^""'). 

»  Le  dosage  du  maltose  a  été  effectué  par  la  méthode  à  riivposulfite  de  sodium, 
que  j'ai  décrite  il  y  a  quelques  années  ('). 

Différences  pour  100.  Rapport  du 

Matiùre  Maltose — — — maltose  à 

soluble.  formé.  Extrait  sec.  Maltose.         l'extrait  sec. 

se 
Début ..      1,710  1,206  »  »  0,70» 

AprĂšs  2  jours....  i,634  t,i36  4)4  5,8  0)690 

»  4  »  ■‱‱‱  i,6o4  1,123  6,2  6,9  0,700 

»  6  »  ....  1,584  1,110  7,3  8,0  0,701 

»  8  »  ....  i,56i  1,100  8,7  8,8  0,705 

»  12  »  ....  1,546  1,080  9,6  10,4  0,698 

»  16  »  ....  i,53i  i,o66  10,5  11,6  0,696 

»  20  »  ....  i,5ï5  i,o53  11,4  12,7  0,695 

»   Ces  chiffres  montrent  que  l'extrait   sec  renferme  constamment  la  mĂȘme  propor- 


(')  Bull.  Soc.  chini.,  3"'  série,  t.  XIX,  p.  926. 
C.  R.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  M»  1.) 


1-2 


go  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

lion  centésimale  de  nialtose;  la  portion  li'empois  qui  reste  attaquable  est  donc  tou- 
jours identique  Ă   elle-mĂȘme,  ce  qui  tĂ©moigne  de  l'homogĂ©nĂ©itĂ©  de  la  matiĂšre  pre- 
miÚre et  exclut  l'hypothÚse  d'un  dédoublement  possible  de  la  fécule  en  deux  principes 
distincts,  dont  l'un  serait  transformable  en  maltose  et  l'autre  non  saccharifiable. 

»  ExpĂ©rience  III.  —  aoos  d'empois  de  fĂ©cule  Ă   4  pour  loo  par  essai;  on  stĂ©rilise  par 
i5  minutes  de  chauffe  à  120°  et  l'on  saccharifie  par  20""°  d'extrait  de  malt,  à  froid.  Au 
bout  de  24  heures  on  dose  le  ré.^du  insoluble,  par   dessiccation  sur  filtre  taré  à  iio". 

HĂ©siclii  insoluble 

absolu.         pour'  100. 

DĂ©but 0.108  1,35 

AprĂšs     2Jours o,2i3  2,66 

»         4     «     0)429  5,36 

»         6     »     o ,  566  7 ,  07 

»         8     »     ...  o ,  665  8 , 3 1 

»  12        »        0,730  9)13 

))  On  voit  qu'aprÚs  deux  semaines  la  rétrogradation  de  l'empois  atteint  environ  le 
dixiĂšme  de  la  masse  totale,  sans  ĂȘtre  encore  complĂštement  arrĂȘtĂ©e.  Celte  substance 
est  donc  susceptible  de  se  transformer  sponlanément  en  amylocellulose,  c'est-à-dire 
en  un  corps  qui  n'est  plus  attaquable  par  les  diastases  du  malt;  sa  transformation 
s'accomplit  lentement,  avec  une  vitesse  décroissante,  ce  qui  porte  à  croire  qu'elle  est 
limitée;  enfin  il  semble  qu'elle  soit  d'autant  plus  rapide  que  l'amidon  a  été  moins 
forlement  chauffé  au  moment  de  sa  gélificalioii. 

«  Il  est  vraisemblable  qu'elle  est  influencée  par  la  présence  des  matiÚres  minérales 
que  renferme  la  fécule  ou  que  l'eau  arrache  au  verre  pendant  la  stérilisation;  c'est  un 
point  sur  lequel  je  me  propose  d'entreprendre  de  nouvelles  recherches.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.    —   Sur  une  bactĂ©rie  oxydante,  son  action  sur  l'alcool 
et  la  glycérine.  Note  de  M.  R.  Sazekac,  présentée  par  M.  Roux. 

«  En  étudiant  un  vinaigre  de  vin,  je  fus  frappé  de  la  propriété  qu'il 
possédait  de  réduire  forlement  à  froid  la  litiueur  de  Fehling,  alors  que  la 
cuve  d'acétification  ne  contenait  pas  la  bactérie  du  sorbose  dont  la  pré- 
sence eût  pu  expliquer  le  pouvoir  réducteur  du  liquide,  par  son  action  sur 
la  glycérine  du  vin.  On  sait  en  effet  depuis  les  travaux  de  M.  G.  Bertrand, 
que  la  bactérie  du  sorbose  transforme  la  glycérine  en  un  sucre  possédant 
le  pouvoir  réducteur  à  froid,  la  dioxyacétone  ('). 

»   En  ensemençant  quelques  gouttes  du  vinaigre  en   question  sur  du 


(')  Comij Les  rendus,  t.  CXXVi,  1898,  p.  842. 


SÉANCE    DU   6   JUILLET    IQoS.  9I 

bouillon  lie  levure  glycérine,  j'obtins  des  cultures  qui  au  bout  de  peu  de 
temps  réduisaient  le  réactif  cupropotassique.  Le  voile  microbien  formé 
contenait  un  microbe  fort  différent,  par  sa  forme,  du  mycoderma  aceti  et 
de  la  bactérie  du  sorbose.  Isolé  avec  soin  sur  plaques  de  gélose  glycérinée 
à  2  pour  100,  il  donna  constamment,  sur  bouillon  glycérine,  des  cultures 
bien  homogÚnes  et  possédant  le  pouvoir  réducteur  à  froid. 

»  C'est  un  bactérium  assez  gros,  dont  les  articles  croissent  isolés  ou  associés  deux, 
par  deux,  quelquefois  en  forme  de  V. 

»  Il  se  colore  facilement  par  les  couleurs  basiques  d'aniline,  de  préférence  par  le 
violet  de  gentiane.  Il  ne  prend  pas  le  Gramm. 

»  Son  milieu  d'élection  est  le  bouillon  de  levure  glycérine  à  2  pour  100.  Sa  tempé- 
rature d'élection  est  au  voisinage  de  28°-3o°. 

»  Il  ne  cultive  pas  sur  bouillon  de  viande.  On  n'obtient  pas  de  colonies  sur  pomme 
de  terre.  Sur  gélose  glycérinée,  la  culture  est  facile  et  donne  des  colonies  épaisses.  Je 
n'ai  pas  réussi  à  obtenir  de  cultures  sur  le  milieu  artificiel  de  Pasteur  qui  convient 
bien  au  mycoderma  aceti. 

»  Provenant  d'une  cuve  d'acétification  en  pleine  marche,  ce  bactérium 
pouvait  ĂȘtre  considĂ©rĂ©,  jusqu'Ă   un  certain  point,  comme  un  microbe  acĂ©li- 
fianl.  Toutefois  l'expérience  montre  qu'il  consomme  difficilement  l'alcool 
éthylique.  Il  cultive  mal  sur  le  bouillon  de  levure  alcoolisé  et  le  rendement 
maximum  en  acide  acétique  correspond  à  peine  à  la  combustion  de  5o 
pour  100  de  l'alcool  à  acétifier,  comme  il  résulte  de  l'expérience  suivante  : 

»  Une  série  de  matras  coniques  contenant  5o'^'"'  de  bouillon  de  levure  alcoolisé  à 
4  pour  100  sont  ensemencés  avec  le  bactérium  et  mis  à  l'étuve  à  So".  L'acidité  totale 
calculée  en  acide  acétique  donne  pour  des  intervalles  de  48  heures  les  cliifTres  sui- 
vants : 

AprĂšs 

3  jours.  4jours.  6  jours.  8  jours.         lojours.         lajours.         i5  jours. 

08,  i35         qs,  432         os,  639         08,585        os,852         os,  555         os,  495 

»  On  obtient  donc  un  poids  maximum  de  oS,852  en  acide  acétique,  alors  que  le 
liquide  de  culture  contient  environ  28  d'alcool. 

M  Ces  résultats  différencient  encore  le  microbe  étudié  du  mycoderma 
aceti  et  de  la  bactérie  du  sorbose  qui,  tous  deux,  acétifient  rapidement  et 
en  totalité  l'alcool  qui  leur  est  offert. 

»  Toutefois  ce  microbe  oxydant  semble  se  rapprocher  sensiblement  de 
la   bactérie  du   sorbose  au  point  de  vue  de  son  action  biochimique  sur  les 


92  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

alcools  polyatomiques.  Vis-à-vis  de  la  glvcérine  son  action  est  identique. 
A  ce  titre  il  s'éloigne  encore  du  mycoderma  aceti  dont  l'action  sur  la  glycé- 
rine, bien  que  trĂšs  lente,  correspond  Ă   une  combustion  complĂšte,  ainsi 
qu'il  résulle  d'un  travail  publié  en  collaboration  avec  M.  Bertrand  ('  ). 

»  L'extraction  du  corps  réducteur  contenu  dans  les  cultures  de  bouillon  glycérine 
peut  ĂȘtre  faite  par  la  mĂ©thode  indiquĂ©e  par  M.  G.  Bertrand  pour  la  dioxyacĂ©tone  des 
cultures  de  bactérie  du  sorbose  (^).  Le  sirop  obtenu  est  combiné  au  bisulfite  de 
sodium  en  solution  concentrée.  La  combinaison  résultante  correspond  au  composé 
bisulfitique  donné  par  la  dioxyacétone  comme  le  prouve  le  dosage  du  sodium  à  l'état 
de  sulfate ;'en  effet,  le  poids  de  sodium  contenu  dans  is  de  la  combinaison  bisulfitique 
est  de  os,  11^5;  dans  le  cas  du  composé  bisulfitique  de  la  dioxyacétone,  le  poids  du 
sodium'combiné  est  de  o?,  1 186. 

»  En  décomposant  la  combinaison  bisulfitique  par  l'acide  sulfurique,  on  obtient 
un  corps  présentant  toutes  les  propriétés  de  la  dioxyacétone.  Il  possÚde  une  légÚre 
saveur  sucrée  et  fond  aux  environs  de  60°.  Le  dosage  du  carbone  et  de  l'hydrogÚne  a 
donné  les  chiffres  suivants  calculés  pour  100: 

C=:39,95,  H  =6,75 

qui  concordent  bien  avec  les  chiffres  calculés  dans  le  cas  de  la  dioxyacétone 

C  =  4o,  11:=  6, 66. 

»  J'ai  pu  voir,  en  outre,  que  ce  baclérium  consomme  d'autres  alcools 
polyatomiques,  tels  que  l'Ă©rythrite  et  la  sorbite,  en  donnant  des  corps  qui 
réduisent  à  froid  la  liqueur  de  Febling,  tandis  qu'avec  certains  autres 
alcools,  tels  que  la  mannite,  il  n'y  a  pas  formation  de  corps  réducteur. 

»  Les  faits  précédents  montrent  qu'il  existe,  dans  certains  vinaigres,  une 
bactérie  oxydante,  toute  différente,  par  sa  forme  et  l'apparence  de  ses 
cultures,  de  la  bactérie  du  sorbose,  et  capable  d'oxyder  rapidement  la  gly- 
cérine pour  la  transformer  en  dioxyacétone.  Cette  bactérie  se  distingue, 
en  outre,  des  microbes  des  vinaigres  décrits  jusqu'ici,  par  sou  faible  pou- 
voir acétifiant.  Je  propose  donc  de  la  ranger  dans  la  classe  des  microbes 
oxydants,  en  dehors  des  microbes  acétifianls  par  excellence,  tels  que  le 
mycoderma  aceli.    » 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXll,  1901,  p.  io54. 
(')  Comptes  rendus,  t.  CXXVI,  1898,  p.  984. 


SÉANCE    DU    6   JUILLET    ipoS.  98 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  De  la  proclucĂčon  du  glucose,  sous  l' in- 
fluence de  la  vie  asphyxique,  par  les  tissus  du  Bombyx  mori,  aux  diverses 
phases  de  son  évolution.  Note  de  M.  F.  Maignox,  présentée  par  M.  A. 
Chauveau. 

«  Dans  des  Notes  précédentes,  publiées  avec  M.  Cadéac  {Comptes  ren- 
dus, 28  avril  igo2,  16  juin  190  i,  i  ‱?.  janvier  igoS,  avril  igoS),  nous  avons 
Ă©tabli  que  les  tissns  de  MammifĂšres  Ă©laborent  du  glucose,  lorsqu'on  les 
soumet,  in  vivo  on  in  vitro,  Ă   diverses  influences,  telles  que  les  trauma- 
tismes,  ou  la  vie  asphyxique. 

»  Il  était  intéressant  de  vérifier  la  constance  de  cette  fonction  dans  les 
autres  groupes  de  la  série  animale.  Dans  ce  but,  j'ai  entrepris  une  série  de 
recherches,  en  m'adressant  à  des  représentants  des  différentes  classes  de 
Vertébrés  ou  d'Invertébrés. 

»  Dans  cette  Communication,  je  fais  connaßtre  les  résultats  obtenus  avec 
les  tissus  du  Bombyx  mori  (race  à  cocons  jaunes),  expérimenté  sous  forme 
de  larve,  de  chrysalide  ou  de  papillon. 

»  Claude  Bernard  a  déjà  signalé  la  |)résence  du  glucose  chez  les 
insectes  adultes,  et  l'absence  de  ce  mĂȘme  Ă©lĂ©ment  dans  les  formes  lar- 
vaires; le  sucre  apparaissant  pendant  le  stade  de  chrysalide.  Sur  le  Bom- 
byx mori,  j'ai  observĂ©  les  mĂȘmes  phĂ©nomĂšnes. 

»  J'ai  constaté  en  outre,  que  les  tissus  de  larve,  de  chrysalide  ou  d'in- 
secte adulte,  renfermant  ou  non  du  glucose,  Ă©laborent  toujours  du  sucre 
lorsqu'on  les  soumet  Ă   une  vie  asphyxique  de  18  Ă   24  heures. 

»  Pour  les  larves,  il  est  nécessaire  d'opérer  sur  les  tissus  des  parois  du  corps,  le 
contenu  intestinal  renfermant  du  glucose  en  abondance.  Pour  cela,  il  suffit  d'inciser 
la  larve  sur  toute  sa  longueur,  et  de  désagréger  la  masse  viscérale  sous  un  filet 
d'eau. 

»  Pour  les  chrysalides  et  les  papillons,  on  peut  se  servir  de  l'insecte  entier  et  vivant  ; 
l'animal  étant  à  jeun,  son  tube  digestif  est  privé  de  sucre. 

»  L'asphyxie  des  tissus  ou  des  animaux,  vivants  est  réalisée  par  leur  immersion  dans 
un  bain  d'huile.  Ce  dernier  est  stérilisé  et  privé  d'air,  par  une  ébuUition  préalable. 

»  Les  tissus,  ou  animaux,  entiers,  avant  d'ĂȘtre  placĂ©s  dans  l'huile,  sont  plongĂ©s  pen- 
dant quelques  instants  dans  une  solution  de  fluorure  de  sodium  Ă   2  pour  100,  pour 
opérer  la  destruction  des  germes  qui  pourraient  se  trouver  en  surface. 

»  En  prenant  ces  précautions,  on  se  met  à  l'abri  de  toute  putréfaction,  les  tissus 
sont  retirés  de  l'huile,  absolument  intacts,  aprÚs  un  séjour  de  24  heures. 

»   Le  bain  d'huile  est  maintenu  à  la  température  du  laboratoire. 


94  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  La  reclierche  du  glucose  porte  sur  les  bouillons  de  tissus,  préparés  et  déféqués 
comme  il  a  été  dit  dans  les  Notes  précédentes.  La  reclierclie  qualitative  est  effectuée 
au  moyen  de  la  pliénylhydrazine,  et  le  dosage  à  l'aide  de  la  liqueur  de  Fehling. 

»  Les  résultats  en  glucose,  donnés  dans  la  suite,  sont  toujours  ramenés  h  loos  de 
tissus. 

ExpĂ©rience  I  (20  juin  1902).  —  Lan.es  sur  le  point  dĂ©filer. 

Parois  du  corps  débarrassées  de  la  masse  intestinale..      Ahsence  de  glucose 
Quantité  de  glucose  formée   aprÚs  une  aspliyvie  de 

26  heures 2'"?, 5 

E.xpĂȘrience  // (20  juin).  — Jeunes  cocons  de  un   ou  deux  jours. 

)>  Les  uns  renferment  déjà  des  chrysalides,  les  autres  renferment  encore  des  larves. 
Chrysalides  et  larves  sont  séparées  et  font  l'objet  de  deux  expériences. 

Larves  (on   a  opéré  sur  l'animal  entier) Al)sence  de  glucose 

Quantité  de  glucose  formée  aprÚs  22  heures  d'as- 
phyxie   8''ĂȘ,  8 

Chrysalides  jeunes Absence  de  glucose 

Quantité  de  glucose  formée  aprÚs  22  heures  d'as- 
phyxie    3''s,  7 

ExpĂ©rience  Itl  {id  juin).  —  Cocons  dĂ©jĂ   anciens 
(le  cinquiĂšme  jour  avant  la  premiĂšre  Ă©closion). 

Chrysalides Traces   de   glucose 

Quantité  de  glucose  formée  aprÚs  17  heures  d'as- 
phyxie   S""?,  6 

I"' juillet.  —  Cocons  sur  le  point  d'Ă©clore 
(mĂȘme  origine  que  les  prĂ©cĂ©dents,  jour  de  la  premiĂšre  Ă©closion). 

Chrysalides Présence  de  glucose 

(il  s'en  est  formé  4''">  4  depuis  le  26  juin). 
Quantité  de   glucose  formée  par   une    asphyxie    de 

17  heures o""?,  7 

ExpĂ©rience  /F  (7  juillet).  —  Cocons  sur  le  point  d'Ă©clore. 

Chrysalides Présence  de  glucose 

Quantité  de  glucose  formée  aprÚs  17  heures  d'as- 
phyxie,    6'^5, 5 

ExpĂ©rience   V  (7  juillet).  —  Papillons. 

De  mĂȘme  origine  que  les  cocons  de  l'expĂ©rience  prĂ©cĂ©- 
dente. La  plujjart  sont  fécondés  et  ont  déjà  pondu. .     Présence  de  glucose 

Quantité  de  glucose  formée  pendant  2^  heures  d'as- 
phyxie   6'B,  6 


SÉAXCE    DU    (i   JUILLET    igoS.  r)5 

))  Conclusions.  —  Des  expĂ©riences  qui  prĂ©cĂšdent,  il  est  permis  de  tirer 
les  conclusions  suivantes  : 

»  1°  Les  tissus  de  vers  à  soie  ou  de  jeunes  chrysalides  ne  renferment  pas 
Inice  de  glucose,  mais  ils  peuvent  en  produire  par  une  asphyxie  de 
i8  Ă   24  heures  ; 

»  2°  Le  sucre  fait  son  apparition  dans  les  tissus  de  l'animal  vers  la  fin 
du  stade  chrysalidaire.  A  partir  de  ce  moment,  il  augmente  jusqu'Ă   la  trans- 
formation de  la  chrysalide  en  insecte  parfait,  dans  les  tissus  duquel  on  le 
retrouve  d'une  façon  constante; 

»  3"  Les  chrysalides  anciennes  et  les  pjqßillons,  bien  que  renfermant 
normalement  du  glucose,  jouissent  de  la  faculté  d'en  élaborer  à  nouveau, 
sous  l'influence  do  l'asphyxie.    » 


CIUMIE  BIOLOGIQUE.  — Sur  la  production  d'  /lydrogĂšne  sulfurĂ©  par  les  extraits 
d'organes  et  les  matiÚres  albuminoides  en  général.  Note  de  MM.  J.-E, 
Abei.ous  et  H.  Ribaut,  présentée  par  M.  Bouchard. 

«  En  1888,  M.  J.  de  Rey-Pailhade  a  montré  que,  si  l'on  mélange  du 
soufre  à  de  l'extrait  de  levure  de  biÚre,  ce  mélange  dégage  de  l'hydrogÚne 
sulfuré.  Cet  auteur,  pour  expliquer  ce  fait,  admit  qu'il  existait  dans  l'extrait 
de  levure  un  principe  immédiat,  qu'il  n^\)e\a.  philothion,  jouissant  de  la  pro- 
priété d'hydrogéner  le  soufre  à  froid  en  milieu  légÚrement  acide.  Il  observa 
des  faitsanaloguespour  des  extraits  d'organes  ou  de  tissus  animaux  et  végé- 
taux et  conclut  plus  tard  que  le  philothion  Ă©tait  un  ferment  soluble  hydro- 
génant,  une  hydrogénase. 

»  Les  recherches  que  nous  avons  entreprises  tendent  à  montrer  que 
cette  derniĂšre  conclusion  ne  saurait  ĂȘtre  acceptĂ©e  el  que  la  production 
d'hydrogÚne  sulfuré  par  les  extraits  organiques  additionnés  de  soufre  ne 
présente  pas  les  caractÚres  d'une  action  diastasique. 

«  Avant  nous,  M.  Ernst  Rosing  (ThÚse  de  doctorat  de  Rostock,  1891) 
étudiant  l'oxydation  de  l'ovalbumine  en  présence  du  soufre  avait  constaté  : 
I"  que  la  production  d'hydrogÚne  sulfuré  était  limitée;  2°  que  les  anti- 
septiques, mĂȘme  Ă   forte  dose,  ne  l'empĂȘchaient  pas  et  concluait  que  ces 
deux  ordres  de  faits  plaidaient  contre  la  nature  diastasique  de  la  réaction; 
la  production  d'hydrogÚne  sulfuré  était  la  conséquence  de  l'oxydation  (de 
l'hydroxyiation  selon  ses  propres  termes)  do  l'albumine  en  présence  de 
l'eau. 


gÔ  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   Voici  les  faits  que  nous  avons  observés  : 

>)    1°  Si  l'on  fait  un  extrait  de  foie  (de  cheval  ou  de  veau)  en   présence  de  fluorure 

de  sodium  à  n  pour  loo  (   ^.        ««  )  ;  si  l'on  mélange  cet  extrait  avec  du  soufre  et  si 
'  \  loie  )        / 

l'on  acidifie  légÚrement  par  de  l'acide  tartrique,  le   mélange  abandonné  à  une  douce 
température  ou  mieux  à  la  température  de  4o"  produit  de  l'hydrogÚne  sulfuré. 

»  2"  Si  l'on  soumet  l'extrait  à  l'ébullition  pendant  quelques  minutes  et  si,  aprÚs 
refroidissement,  on  ajoute  du  soufre,  il  se  produit  de  l'hydrogÚne  sulfuré,  que  la 
réaction  du  mélange  soit  légÚrement  alcaline,  neutre  ou  légÚrement  acide.  Non  seule- 
ment l'ébullition  préliminaire  n'a  pas  supprimé  cette  réaction,  mais  elle  en  a  accru 
au  contraire  l'intensité. 

»  3°  On  peut  mĂȘme  soumettre  l'extrait  Ă   la  tempĂ©rature  de  120°  et  i3o°  pendant 
quelques  minutes.  AprÚs  refroidissement  et  addition  de  soufre,  on  observe  un  déga- 
gement abondant  de  H=S,  plus  marqué  que  dans  les  cas  précédents.  La  température 
élevée  paraßt  avoir  favorisé  cette  réaction. 

»  /jo  On  acidifie  légÚrement  l'extrait  de  foie  par  de  l'acide  tartrique;  on  porte  à 
rébullition;  les  albumines  se  précipitent.  On  filtre.  Le  filtrat  clair  additionné  de  soufre 
noircit,  mais  faiblement,  le  papier  à  l'acétate  de  plomb.  Le  résidu  composé  d'albumines 
coagulées,  lavé  à  plusieurs  reprises,  puis  additionné  de  soufre,  noircit  rapidement  et 
énergiquemenl  le  papier  réactif. 

»  5°  Si  l'on  chaufïe  au  bain-marie  bouillant  de  l'extrait  de  foie  légÚrement  acidifié 
par  l'acide  tartrique,  on  observe  la  production  d'un  peu  d'hydrogÚne  sulfuré.  Si,  aprÚs 
un  quart  d'heure,  l'extrait  Ă©tant  toujours  dans  le  bain-marie  bouillant,  on  ajoute  un 
peu  de  soufre,  le  dĂ©gagement  de  H-S  s'accentue  manifestement.  Les  mĂȘmes  faits 
peuvent  ĂȘtre  observĂ©s  avec  l'extrait  de  levure  de  biĂšre. 

))  6°  Dans  ces  conditions  (mélange  d'extrait  de  foie  et  de  soufre  au  bain-marie 
bouillant),  nous  avons  pu  obtenir  au  bout  de  2  heures  os,oo38  d'hydrogÚne  sulfuré. 

»   7°  Nous  avons  observé  des  faits  semblables  avec  une  solution  d'ovaibumine  pure. 

»  8°  D'autres  matiÚres  nibuminoïdes  :  gélatines,  peptones,  caséine,  additionnées  de 
soufre,  ne  donnent  pas  d'hydrogÚne  sulfuré  à  4o°,  mais  en  produisent  au  contraire  à  la 
température  de  IVbullition;  l'ovalbumine  donne  de  l'H-S  à  la  température  de  4o°. 

»  Nous  concluons  : 

»  i"  Que  la  production  d'hydrogÚne  sulfuré  par  les  extraits  d'organes 
seuls  ou  additionnĂ©s  de  soufre  ne  saurait  ĂȘtre  considĂ©rĂ©e  comme  un  phĂ©- 
nomĂšne de  nature  diastasique; 

»  2°  Que  les  matiÚres  albuminoïdes  ])ossÚdent  à  des  degrés  divers  le 
pouvoir  de  dégager  de  ThydrogÚne  sulfuré  quand  on  les  chauffe  soit  seules, 
soit  en  présence  de  soufre. 

»  Nous  nous  proposons  de  donner,  dans  une  prochaine  Note,  le  résultat 
de  nos  recherches  sur  le  mécanisme  de  cette  réaction.  » 


SÉANCE    DU   6    JUILLET    igoS.  g'^ 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Étude  de  la  circulalion  marine. 
Note  de  M.  J.  Thoulet. 

«  Dans  l'intention  d'étudier  la  circulation  sous-marine,  j'ai  cherché  à 
caractériser  les  eaux  de  mer  par  un  certain  nombre  de  caractéristiques, 
permettant  de  reconnaĂźtre  si  deux  Ă©chantillons  pris  Ă   faible  distance  l'un 
de  l'autre  font  partie  de  ce  mĂȘme  fleuve  sous-marin  qu'est  un  courant.  En 
procédant  ainsi  de  proche  en  proche,  je  me  suis  proposé  de  suivre  et  par 
conséquent  de  découvrir  ce  courant  depuis  son  lieu  de  départ  jusqu'à  son 
lieu  d'arrivée.  J'ai  employé,  pour  caractéristiques  statiques,  la  densité  à 
zéro  ou  densité  normale  de  l'échantillon,  l'halogénie  ou  poids  total  des 
halogÚnes,  dosé  par  litration  à  l'azotate  d'argent  contenu  dans  i''^  de 
l'Ă©chantillon,  et,  dans  la  mĂȘme  quantitĂ©  d'eau,  le  poids  d'acide  sulfurique 
obtenu  par  précipitation  à  l'aide  du  chlorure  de  baryum.  Comme  caracté- 
ristique dynamique,  j'ai  choisi  la  densité  in  situ,  c'est-à-dire  ramenée  à  la 
température  possédée  alors  par  le  titre  de  l'échantillon  et  corrigée  de 
l'effet  de  compression  exercée  par  les  couches  d'eau  sus-jacentes.  Dans  un 
mĂȘme  plan  parallĂšle  Ă   la  surface,  quelle  que  soit  la  profondeur,  l'eau 
s'écoule  de  l'échantillon  de  plus  faible  densité  in  situ  vers  l'échantillon  de 
plus  forte  densité  in  situ,  avec  une  vitesse  proportionnelTe  au  gradient  de 
densité,  c'est-à-dire  à  la  différence  de  ces  deux  densités  à  l'unité  de 
distance. 

»  Le  procédé  pratique  consiste  à  recueillir  le  plus  grand  nombre 
possible  d'Ă©chantillons  d'eaux  sur  une  mĂȘme  verticale,  opĂ©ration  singu- 
liÚrement facilitée  par  l'emploi  de  bouteilles  Richard  ;  à  multiplier  les 
séries  et  à  les  analyser  au  point  de  vue  des  quatre  caractéristiques  dyna- 
miques et  statiques.  On  les  dispose  ensuite  en  schémas  correspondant  à 
chacune  des  stations.  Chaque  irrégularité  insolite  des  courbes  est  l'indice 
probable  d'un  courant,  dont  la  profondeur  est  ainsi  indiquée.  Pour  établir 
le  réseau  des  courants  sur  un  espace  de  mer  déterminé,  on  coupe  la 
masse  des  eaux  océaniques  à  des  distances  connues  de  la  surface  par  des 
séries  de  plans  parallÚles,  sur  chacun  desquels  on  trace  les  aires  isopycnes 
ou  d'égale  densité  in  situ,  à  l'aide  des  schémas  verticaux  des  stations.  En 
multipliant  le  nombre  des  stations,  on  parvient  Ă   reconnaĂźtre  la  circu- 
lation océanique  dans  la  région  considérée,  absolument  comme  un  zoolo- 
giste se  renseigne  sur  la  structure  interne  d'un  animal  mou  par  l'examen 

C.  R.,  igoS,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  1.)  l3 


q8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  chacune  des  sections  parallÚles  qu'il  aura  pratiquées  au  microtome  à 
travers  son  corps. 

»  Le  Prince  de  Monaco  a  bien  voulu  me  confier  les  échantillons  d'eaux  recueillis 
par  lui  pendant  plusieurs  de  ses  campagnes  océanographiques  dans  l'Atlantique  nord; 
environ  120,  dont  73  compris  entre  la  surface  et  6o35",  proviennent  de  la  campagne 
de  109a  aux  Açores. 

»  Tous  ces  échantillons  ont  été  analysés  (densité  à  zéro,  densité  in  situ,  halogénie, 
acide  sulfurique,  ammoniaque  libre,  ammoniaque  albuminoïde)  et  les  résultats  mis 
sous  forme  de  graphiques.  Les  densités  normales  à  zéro  étant  comptées  en  abscisses, 
l'halogénie  et  la  teneur  en  acide  sulfurique  étant  comptées  en  ordonnées,  on  reconnaßt 
qu'aucune  caractéristique  ne  donne  une  courbe  linéaire,  mais  que  l'ensemble  des  points 
marqués  constitue  une  bande  notablement  plus  large,  surtout  pour  l'acide  sulfurique, 
que  ne  le  comporte  l'erreur  expérimentale  évaluée  et  représentée  graphiquement. 

»  Je  me  réserve  d'étudier  en  détail  les  variations  de  chacune  de  ces  va- 
riables. Mais,  dÚs  à  présent,  la  vue  seule  du  graphique,  en  montrant  qu'à 
une  mĂȘme  densitĂ©  normale  correspondent  plus  d'une  seule  valeur  de  l'une 
quelconque  des  caractéristiques,  permet  d'établir  trois  conclusions  : 

»  1.  L'eau  de  mer  ne  saurait  ĂȘtre  considĂ©rĂ©e  comme  de  l'eau  distillĂ©e 
contenant  en  solution  une  quantitĂ©  plus  ou  moins  considĂ©rable  d'un  mĂȘme 
mélange  de  sels. 

»  2.  I.a  densité  normale  à  zéro,  l'halogénie  et  la  teneur  en  acide  sulfu- 
rique sont  bien  réellement  des  caractéristiques  statiques  des  euux  de  mer, 
dont  elles  laissent  reconnaßtre  la  personnalité  et  qu'elles  permettent,  par 
conséquent,  de  suivre  de  proche  en  proche,  à  quelque  profondeur  que  ce 
soit,  dans  la  masse  mĂȘme  des  eaux  ocĂ©aniques. 

»  3.  Les  Tables  de  ces  diverses  variables,  et  d'autres  encore,  calculées 
d'aprĂšs  des  moyennes  ou  autrement,  et  ne  donnant  qu'une  valeur  unique 
de  chaque  variable  pour  l'une  quelconque  d'entre  elles  prise  comme  terme 
de  comparaison,  ne  sont  pas  conformes  à  la  réalité.    » 

M.  V.  Génin  adresse,  par  l'entremise  de  M.  Haller,  une  Note  intitulée  : 
a  Calcul  rapide  du  mouillage  et  de  l'écrémage  du  lait  ». 

(Commissaires  :  MM.  SchlƓsing,  Marey,  Haller.) 

A  3  heures  trois  quarts  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart. 

M.   B. 


SÉANCE    DU   6   JUILLET    igo3.  qq 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


OOTRAGES    REÇUS    DANS    LA    SÉANCE    DU    29    JUIN    igoS. 

Cours  de  Physique  mathématique  de  la.  Faculté  des  Sciences.  Théorie  analytique 
de  la  Chaleur  mise  en  harmonie  avec  la  Thermodynamique  et  avec  la  théorie  méca- 
nique de  la  lumiĂšre,  par  J.  Boussinesq,  Membre  de  l'Institut.  Tome  II  :  Refroidis- 
sement et  échauffement  par  rayonnement,  conductibilité  des  tiges,  lames  et  masses 
cristallines,  courants  de  convection,  théorie  mécanique  de  la  lumiÚre.  Paris, 
Gautliier-Villars,  igoS;  i  vol.  in-S".  (Hommage  de  l'auteur.) 

Etude  sur  les  deux  derniers  cyclones  ressentis  à  Madagascar,  lo,  ii,  12  dé- 
cembre 1902  et  22,  23,  24  mars  igoS,  par  le  R.  P.  Colin,  Directeur  de  l'Observatoire 
de  Tananarive,  Correspondant  de  l'Institut.  Tananarive,  Imprimerie  officielle,  igoS; 
I  fasc.  in-4°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Le  livre  des  appareils  pneumatiques  et  des  machines  hydrauliques,  par  Philon  de 
Byzance,  édité  d'aprÚs  les  versions  arabes  d'Oxford  et  de  Constanlinople  et  traduit  en 
français  par  le  Baron  Carra  de  Vaux.  (Tiré  des  Notices  et  extraits  des  manuscrits  de 
la  BibliothĂšque  nationale  et  autres  BibliothĂšques,  t.  XXXVIII.)  Paris,  Imprimerie 
nationale,  1902;  i  vol.  in-4''.  (Présenté  par  M.  Berthelot.) 

L'architecture  du  sol  de  la  France,  essai  de  GĂ©ographie  tectonique,  par  le 
commandant  O.  Barré.  Paris,  Armand  Colin,  1908  ;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  de 
Lapparent.  ) 

Etude  géologique  de  la  Tunisie  centrale,  par  L.  PervinquiÚre.  Paris,  F.-R.  de 
Rudeval,  igoS;  i  vol.in-4°.  (  Présenté  par  M.  Munier-Chalmas.  Hommage  de  l'auteur.  ) 

Philosophie  des  Sciences  sociales,  par  René  VVorms.  I.  Objet  des  Sciences  sociales. 
Paris,  V.  Giard  et  E.  BriÚre,  190.^;  i  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Giard.) 

7 raité  théorique  et  pratique  des  moteurs  à  gaz  et  à  pétrole,  par  Aimé  Witz; 
4'  édition,  refondue  et  entiÚrement  remaniée.  T.  I  :  Histoire  et  classification  des 
moteurs,  étude  du  gaz  de  ville,  de  l'air  carburé;  gaz  pauvre,  gaz  des  hauts  fourneaux, 
acétylÚne,  pétrole,  gazoline  et  alcool.  GazogÚnes,  théorie  générique  et  expérimentale 
des  moteurs,  mesure  et  calcul  de  la  puissance,  résultats  des  essais.  Paris,  E.  Bernard, 
igoS;  I  vol.  in-4°.  (Présenté  par  M.  Haton  de  la  GoupilliÚre.  ) 

Revue  générale  de  Botanique,  dirigée  par  M.  Gaston  Bonnier,  Membre  de  l'Ins- 
titut; t.  XV,  n°  17i,  livraison  du  i5  juin  igoS.  Paris,  Librairie  générale  de  l'ensei- 
gnement; I  fasc.  in-8°. 


DĂ©termination  de  la  parallaxe  annuelle  de  l'Ă©toile  BD-t-Sy"  4i3i,  par  Osten 
Bergstrand.  Upsal,  Edv.  Berling,  1902;  i  fasc.  in-4°. 

Las  ultimas  erupciones  del  volcan  Coliina,  por  Severo  Diaz.  Mexico,  igoS;  i  fasc. 
in-i2. 


lOO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Louisiana  purchase  centennial.  dedicalion  cérémonies  Saint-Louis,  U.  S.  A., 
april  3o  ‱''  and  ntay  i"  a""!  igoS.  (  World' s  F  air  Bull.,  vol.  IV,  n"  8.)  Saint-Louis, 
(Élals-Unis),  igoS;  i  fasc.  in-4°. 

Report  of  the  State  geologist  on  the  minerai  industries  and  Geology  of  certain 
Areas  of  Vermont,  1901-1902,  George-H.  Perkins.  Albany,  1902;  i  vol.  in-S". 

Synoptische  Tabellen  der  tĂąglichen  NiderschlĂąge  an  allen  meteorologischen 
Stationen  der  Ostseeprwinzen  im  Jahre  1900,  zusammengestellt  von  Prof.  D"'  B. 
Sresnewsky.  Jurief,  G.  Mattiesen,  igoS;  i  fasc.  in-8°. 

Meteorologische  Beobachtungen  angestellt  in  Jurjew  im  Jahre  1902,  37"^ 
Jahrgang.  Jurief,  igoS;  i  fasc.  in-8°. 


ERRATA. 


(SĂ©ance  du  29  juin  igoS.) 

Note  de  MM.  Em.  Vigouroux  et  Bugot,  Sur  l'amidure  et  l'imidure  de 
silicium  : 

Page  1670,  ligne  16,  au  lieu  de  dimidure,  lisez  diimidure. 

MĂȘme  page,  ligne  27,  au  lieu  de  un  rĂ©cipient  de  fer,  lisez  un  rĂ©cipient  de  verre. 
MĂȘme  page,  ligne  2g,  au  lieu  de  est  continuĂ©e,  lisez  est  constituĂ©e. 
Page  1671,  ligne  2,  au  lieu  de  l'une  avant  l'autre,  aprÚs  l'amenée,  lisez  l'une  avant, 
l'autre  aprÚs  l'amenée. 


r  1. 


TABLE    DES  ARTICLES.   (SĂ©ance  du  6  juillet  1903.) 


MEMOIRES    ET  COMMUIVIC A TlOIVS 

DES  MEMBUES   ET   DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 

i\I.  le  Skcretaire  perpétuel  annonce  à  l'Aca- 
démie la  mort  de  M.  J.-W.  Gibbs.,  Cor- 
respondant pour  la  Section  de  MĂ©canique.         5 

iM.  J.  BoussiNESQ.  —  Sur  un  mode  simple 
dMcouIcment  des  nappes  d'eau  d'inllhra- 
tion  Ă   lit  horizontal,  avec  rebord  vertical 
tout  autour,  iorstju'une  partie  de  ce  rebord 
est  enlevée  depuis  la  surface  jusqu'au  fond.         J 

MM.  A.  Hallek  et  F.  Marcii.  —  Sur  de  nou- 
velles synthÚses  elTectuées  au  moyen  de 
molécules  renfermant  le  groupe  méthylÚne 
associé  à   un   ou  deux  radicaux   négatifs. 


Pages. 
Action  de  l'Ă©pichlorhydrine  sur  les  Ă©thers 
acétonedicarboniques  sodés  111 1 1 

M.  A.  Lavehan.  —  De  l'action  du  sĂ©rum 
humain  sur  les  Trypanosomcs  du  Nagana, 
du  Caderas  et  du  Surra ij 

M.  L.  GuiGNARD.  —  Remarques  sur  la  for- 
mation du  pollen  chez  les  Asclépiadées. .       ly 

M.  Laussedat.  —  Sur  un  moyen  rapide 
d'obtenir  le  plan  d'un  terrain  en  pays  de 
plaines,  d'aprĂšs  une  vue  photographique 
prise  en  ballon 24 


ME3I0IRES  PRESENTES. 


M.  G.  Eiffel.  —  ExpĂ©riences  sur   la  rĂ©sis- 
tance de  l'air 

M.  E.   Fraiciiet   adresse   un   MĂ©moire  por- 
,  tant   pour    tilre    :    "    Nouvelle    méthode 


d'essai  des  métaux  magnétiques  " 

M.  H.  Arnaud  adresse  un  Mémoire  intitulé  : 
«  Étude  sur  quelques  RosacĂ©es,  ou  plantes 
prétendues  telles  » 


CORRESPOrVDAlVCE. 


M.  le  SECnÉTAiRE  PERPÉTUEL  Signale  un 
opuscule  de  M.  C'A.  Lallemand,  intitulé  : 
Volcans  et  tremblements  de  terre,  leurs 
relations  avec  la  hgure  du  globe  ■ ii 

M.  Jean  Mascart.  —  Perturbations  sĂ©cu- 
laires d'importance  secondaire ii 

M.  E.  Blutel.  —  Sur  les  lignes  de  courbme 
de  certaines  surfaces V\ 

M.  DE  Seuuier.  —  Sur  les  groupes  de 
Mathieu 3; 

M.  S.  Zarkmba.  —  Sur  les  fonctions  fonda- 
mentales de  M.  Poincaré  et  la  méthode 
de  iNeumann  pour  une  frontiÚre  composée 
de  polynĂŽmes  curvilignes 3y 

M.  l'abbĂ©  Rousselot.  —  Sur  les  caractĂ©ris- 
tiques des  voyelles,  les  gammes  vocaliqnes 
et  leurs  intervalles /|0 

M.  C.  MaltĂ©zos.  —  Sur  une  espĂšce  d'oscil- 
lation de  la  perception  chromatique !\'i 

M.  Ch.-Ed.  Guillaume.  —  ConsĂ©quences  de 
la  théorie  des  aciers  au  nickel 'l'i 

M.  .A.RIÈS.  —  Sur  la  diminution  du  potentiel 
pour  tout  changement  spontané  dans  un 
milieu  de  température  et  de  pression  con- 
stantes          i" 

M.  Houllevigue.  —  Action  de  l'iode  sur 
les  pellicules  de  cuivre  obtenues  par  iono- 
plastie \- 

M.  A.  Leclùre.  —  Simplilication  de  l'ana- 
lyse des  silicates   par  l'emplni   de   l'acide 


formique 5o 

M.  J.  Aloy.  —  Sur  les  conditions  de  pro- 
duction et  de  stabilité  de  l'acide  hyposiil- 
f  ureux -51 

M.  A.  ViLLiERS.  —  Sur  l'Ă©thĂ©rification  des 
hydracides 53 

M.  P.  Lemoult.  —  Sur  l'acĂ©tylciie  bibromĂ©  : 
purification,  cryoscopie,  analyse 55 

M.Vl.  Esi.  Bourquelot  et  Herissey.  —  Sur 
la  lactase 56 

M.  Jules  Sciijiidlin.  —  Action  du  sodium 
sur  le  tétrachlorure  de  carbone  et  la  ben- 
zine chlorée  :  formation  de  triphénylmé- 
thane  et  d'hcxaphényléthane Îy 

MM.  L.  Bouveault  et  G.  Blanc.  —  PrĂ©para- 
tions des  alcools  primaires  au  moyen  des 
acides  correspondants '"' 

M.  LÉON  Brunel.  —  Oxyde  d'Ă©thylĂ©ne  du 
fl-cyclohexanediol-i  .2  et  dérivés '^2 

M.  Cii.  Blarez.  —  Sur  la  teneur  des  vins 
mistelles  et  des  autres  vins,  en  acides 
sĂčlubles  dans  l'Ă©ther,  comme  moyen  de 
différenciation ^k 

MM.  ChrĂ©tien  et  Guinchant.  —  Chaleur 
de  neutralisation  de  l'acide  ferrocyan- 
liydrique;  chaleur  de  formation  de  ses 
combinaisons  avec  l'éther  et  l'acétone...       Oj 

M.  II.  Cousin.  —  Sur  les  acides  gras  de  la 
lĂ©cUhine   de   l'Ɠuf.    ''** 

M.  Maurice  iNicloux.  —  Injection  iiitravei- 


Kl 

SUITE  DE  LA  TABLE  DES  ARTICLES. 


Pages, 
lieuse   (Je   glycérine;  dosage  de  la   glycé- 
rine dans  le  sang  :  Ă©limination  par  l'urine.       70 

M.  L.  LiNDET.  —  Les  liydrales  de  carbone 
de  l'orge  cl  leurs  transfoniialions  au  cours 
de  la  germination   industrielle ^3 

M.  F.  Marceau.  —  Hecherches  sur  la  con- 
stitution et  sur  la  structure  des  fibres 
cardiaques  chez  les  VcrLcbrés  inférieurs. . .       73 

M.  Ed.  Grynfeltt.  —  Sur  la  capsule  surrĂ©- 
nale des  Amphibiens 77 

M.  E.  Bataillon.  —  La  segmentation  par- 
thénogénétique  expérimentale  cliez  les 
ceufs  de  Petromyj^on  Plancri 79 

M.  H.  Matte.  —  Le  mĂ©riphyte  chez  les 
Cycadacées 80 

M.    Emile   Hauo.    —   Sur   deux    horizons  à     ‱ 
Céphalopodes  du  Dévonien  supérieur  dans 
le  Sahara  oranais 83 

M.   Paul   Bois.   —  Sur   les  variations   de  la 

Bulletin  bibliograpiiiouk 

Errata  


Meuse  Ă   l'Ă©poque  quaternaire 

M.  L.  Maouenne.  —  Sur  la  rĂ©trogradation 
de  l'empois  d'amidon. 

M.  R.  Sazerac.  —  Sur  une  bactĂ©rie  oxydante, 
son  action  .sur  l'alcool  et  la  glycérine 

M.  K.Maignon.  —  La  production  du  glucose, 
sous  rinflucnce  de  la  vie  asphyxique, 
par  les  tissus  du  Bombyx  mon,  aux 
diverses  phases  de  son  Ă©volution 

MM.  Abelous  et  H.  Hibaut.  —  Sur  la  pro- 
duction d'hydrogÚne  sulfuré  par  les  extraits 
d'organes  et  les  matiĂšres  albuminoĂŻdes 
en  général 

M..I.  TiiouLET.  —  Étude  de  la  circulation 
marine 

M.  V.  GÉNIN  adresse  une  Note  intitulĂ©e  : 
«  Calcul  rapide  du  mouillage  et  de  l'écré- 
mage  du  lait  » 


Pages. 

, .       85 


88 


90 


93 


95 
97 

99 

100 


PARIS.   —   IMPRIMlülüIE    GAUTHtlü  1\-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,   5b. 


Le  GĂ©rant  :   Gauthier -Villars. 


1903 

^^^'  ''^^  SECOND  SEaiESTRE. 

COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TO»IE  CXXXVII. 


K  2  (13  Juillet  1903 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS  LES  SÉANCES   DES   23   JUIN    1862   E^24    MAI    1875 


hes' Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  ties  Comptes  rendus  a 
ZjS  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 


i 


Article  1".  —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 
Les  extraits  desMémoiresprésentéspar  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  i^lus  de  5o  Y>ages  par  année. 

Toute  ISote  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  de  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  iour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  3a  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas   les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;   cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  lait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils   donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au   Bureau.  L'impression  de  ces   Notes    ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'auti 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séanc 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savanb 
étrangers  à  l'Académ' 2.  | 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  person 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  Vi 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  1 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nom 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Ex 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance 
cielle  de  l'Académie. 


Les  Savants  étrangers  à  TAcadémie  qui  désirent  faire  présenter 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance 


Article  3. 
Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  rei 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tai 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin  ;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   te 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  1 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rende 
vant  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 
Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  plancha 

figures. 

‱  Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  sei 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  con 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  d 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rappc 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernemer 

Article  5. 
Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrĂąt, 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus 
l'impression  de  chaque  volume. 
I       Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  c 
1  sent  RĂšglement. 

"J;;;;;^;"  par  mm.  les  secrétaires  P^n^^^^^'.^^nc^ 
.  avant  5^  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance 


ALIG     18  1901 

ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU   LUNDI    15  JUILLET  1905, 
PRÉSIDÉE  PAR  M.  MASCART. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  StabilitĂ©  d' un  certain  mode  d'Ă©coulement 
d'une  nappe  d'eaux  d'infiltration.  Note  de  M.  J.  Boussinesq. 

«  1 .  La  stabilité  du  mode  d'écoulement  étudié  dans  ma  Note  du  6  juillet  (') 
dépend,  comme  on  a  vu  à  la  fin  de  cette  Note,  elen  se  bornant  au  cas  d'une 
seule  coordonnée  x  ou  E,  de  la  seconde  racine  de  l'équation  transcendante 
caractĂ©risant  un  certain  problĂšme  (fictif)  Ăźle  refroidissement,  oĂč  la  tempĂ©- 
rature £  est  régie  par  l'équation  aux  dérivées  partielles 


V   /  r  ^f\         1  2  ^'2 


l'abscisse  E  y  croßt  de  zéro  à  i  et,  le  temps  (fictif)  9,  d'une  valeur  donnée  Î^ 
à  l'infini;  de  plus,  j;.,  K.,  L,  c  désignant  des  constantes  positives,  dont  la 
derniÚre  est  l'intégrale  elliptique  complÚte 

(2)  r=  r' -5=^  =  0,86236, 

-'o     V'— ^l'' 

X,  désigne,  d'aprÚs  les  formules  (11)  et  (lo)  de  la  Note  citée,  l'expres- 
sion ,,  , . -  r, ,  OÙ  71  est  la  fonction,  croissante,  comme  E,  de  zĂ©ro  Ă   i  (et  in- 
verse de  la  mĂȘme  intĂ©grale  elliptique),  dĂ©finie  par  l'Ă©quation 

(3)  c.E=r^.. 

»   Cette  équation  indéfinie  (i)  se  trouve  enfin  complétée  par  les  deux 


(')  Voir  le  précédent  CompLe  rendu,  p.  5. 

C.  R.,  1903,  1!=  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  2.)  l4 


I02  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

conditions  aux  limites 

(4)  (pourE  =  o)     ÂŁ  =  o,  (pour^  =  i)     -^  =  o. 

»  On  sait  que  les  solutions  simples  de  ce  systÚme  ont  la  forme  Ce~i'''V, 
avec  V  fonction  de  ^  et  C,  |3  constants;  que,  de  plus,  V,  [ß  résultent,  si  C 
reste  arbitraire,  des  relations  ou  conditions  : 

(^')     „  +  T^^  =  °'        (pourE  =  o)V  =  o,       (pour':  =  r)   f  =oet  V  =  i. 

»  Or  la  premiÚre  (5),  multipliée  par  Y  de,  et  intégrée  entre  les  deux 
limites,  donne,  comme  on  le  sait  Ă©galement, 

»  Cela  posé,  si  laplus petite  des  racines  p  (correspondant  à  une  fonction  V 
positive  de  ç  =  o  à  ^  =  i)  atteint  pour  le  moins  l'unité,  la  racine  suivante, 
appelée  P'  à  la  fin  de  la  Note  citée,  excédera  notablement  i;  et  l'on  a  vu 
qu'alors  la  fonction  s  tendra  vers  zéro  assez  rapidement  pour  rendre  stable 
le  mode  particulier  d'écoulement  étudié  dans  cette  Note.  Proposons-nous 
donc  de  reconnaßtre  que  la  premiÚre  racine  [ß  n'est  pas  inférieure  à  i . 

»  II.  A  premiÚre  vue,  le  calcul  effectif  des  fonctions  V  et  des  racines  p, 
déterminées  par  le  systÚme  (5),  ne  paraßt  guÚre  praticable  que  si  l'on 
suppose  r)  constant.  Dans  cette  bypolhÚse,  il  vient  immédiatement,  en 
appelant  i  l'un  quelconque  des  entiers  o,  i ,  2,  3,  . . ., 

(7)  V  =  ±sm^ ^,         -dß  =  - ^ ^'"'^ 1 ' 

et  comme  les  deux  carrés  du  sinus  et  du  cosinus  ont  pour  valeur  moyenne  ~ 
entre  les  deux  limites  ^  =  o,  E  =  i,  la  formule  (6)  devient  simplement 

(8)  Sc^^O^ij^, 

donnant  ainsi,  pour  racine  fondamentale  ou  premiĂšre,  j-~{  et,  comme  se- 
conde racine  p',  neuf  (ois  celte  expression. 

»  III.  Pour  se  faire  une  idĂ©e,  ici  oĂč  r,  est  variable,  de  la  grandeur  de  p 
ou  de  P',  il  est  naturel  d'assimiler  le  corps  hétérogÚne  proposé,  d'une  capa- 
cité calorijique  ^  fonction  de  ;,  à  un  corps  homogÚne,  qui  aurait  pour  capa- 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    1903.  [o3 

cité  calorifique  constante  une  certaine  moyenne  entre  les  diverses  valeurs 
de  -‱  Le  plus  simple  sera  donc,  à  ce  qu'il  semble,  de  prendre  la  moyenne 
arithmĂ©tique  mĂȘme  de  ces  valeurs  :  hypothĂšse  conduisant  Ă   remplacer, 
dans  (8),  le  facteur  -  par  /  — '‱  Mais  on  peut  ĂȘtre  tentĂ©  aussi,  aprĂšs  mul- 
tiplication  de  la  formule  (8)  par  -/),  de  remplacer,  non  moins  simplement, 
Y]  par  sa  valeur  moyenne  /  r,  dl.  On  aura  donc,  pour  la  racine  fondamen- 
mentale  p  cherchée,  les  deux  estimations 

(9)  ^^7^-     ^  =  »^ /'"''=‱ 

6c-  /     — 

et,  pour  la  racine  suivante  p',  g  fois  ces  valeurs  respectives. 

»   Elles  sont  aisément  calculables.  L'équation  (3)  différentiée  permet 

-i 
d'introduire  -o  comme  variable  d'intégration;  et  il  vient,  en  posant  ?)  =:  y^  : 


(10) 


D'ailleurs,  d'aprĂšs  (2),  c  a,  de  mĂȘme,  pour  valeur,  0  /    y'      ('  ~  '{)'     ^A'> 
ou  -^  B  (  5  »  -  )  ;  de  sorte  qu'il  vient 

.     .     .  __  ■  ni)r(l)  _    r(f)r(|) 

<^">  '^-s    r(t)    -^-nW 

Et  la  multiplication,  membre  Ă   membre,  des  deux  formules  (10),  (11) 
donne,  en  appliquant  trois  fois  la  relation  d'Ruler  r(«)  rfi  —  /i)  =    .   "   ■ , 

ri      T  ,     /       ,  ■'         sin/ir. 

.     t: 
I     ^  sin  - 

valeur  qu'il  suffira  de  porter  dans  la  premiĂšre  estimation  (9). 

»   Pour  ce  qui  est  de  la  seconde  (9),  on  y  substituera  la  valeur  moyenne 

3^»  de  r„  rĂ©sultant  des  formules  (12)  de  ma  derniĂšre  Note,  et  qui   est  le 


,o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

quotient  de  l'aire  A  par  le  rectangle  LM.  Il  viendra  donc,  vu,  finalement, 
la  valeur  numérique  (o,  86236)  dec,  pour  donner  une  idée  de  la  racine 
fondamentale  p,  les  deux  appréciations  de  sentiment 

(i3)  p  =  ^==.,36o3,         a  =  ^  =  1,7100. 

>,  Elles  dépassent,  toutes  deux,  l'un.té;  et,  comme  la  racine  suivante,  p', 
paraĂźt  devoir  ĂȘtre  environ  9  fois  plus  grande,  il  y  a  lieu  de  penser  qu  elle 
excĂšde  assez  fortement  I. 

«  IV.  Mais  un  examen  attentif  fait  voir  que  la  solution  fondamentale 
et  la  racine  ^  correspondante  sont  trĂšs  simples. 

„  Observant  que  Y  est  de  l'ordre  de  petitesse  de  ^  prĂšs  de  la  limite  infĂ©- 
rieure zéro,  alors  que  l'équation  (3)  y  donne  0  de  l'ordre  de  sfl,  introdui- 
sons dans  l'équation  indéfinie  (5)  le  quotient,  que  j'appellerai  U,  de  V  par  r,  -, 
quotient  dÚs  lors  fini  à  cette  limite  inférieure  et,  de  plus,  atteignant  une 
valeur  maxima  ou  minima  i ,  comme  -n  et  V,  à  la  limite  supérieure,  ou  s  an- 
nulent les  deux  dérivées  premiÚres  de  0  et  de  Y.  La  substitution  Y  -  r,-U, 
si  l'on  remplace  finalement^  par  sa  valeur  -3r=-,,  puis  qu'on  divise 
par  Y),  change  l'équation  indéfinie  (5)  en 

(.4)      i^-s) -^^  S -^<^  ■>"=<‱■ 

„  Or  celle-ci,  multipliĂ©e  soit  par  -n'dĂŻ,,  soit  par  rrVdl,  et  intĂ©grĂ©e  de 
^  =  o  Ă   ^  =  I ,  donne,  en  effectuant  sur  le  premier  terme,  dans  les  deux  cas, 
une  intĂ©gration  par  parties,  oĂč  le  terme  intĂ©grĂ©  s'annule  aux  deux  limites  : 

(,5)    3.^(1 -i)|'urA/^  =  o,     3c^(^-i)^'uV./^=|'v^%/?. 

,>  La  seconde  formule,  qui  remplace  (6)  et  oĂč  les  deux  intĂ©grales  ont 
leurs  éléments  positifs,  montre  que  ^  n'est  jamais  inférieur  à  2.  Quant  a  la 
premiÚre  formule,  elle  fait  voir  que  p  égale  nécessairement  2  pour  la  solu- 
tion oĂč  U  a  partout  le  mĂȘme  signe,  cest-Ă -dire  pour  la  solution  fondamen- 
tale. Mais  alors  l'Ă©quation  (i4).  ou  la  seconde  (i5),  exigent  l'annulation 
partout  de  la  dérivée^,  comme  à  la  limite  supérieure;  de  sorte  que  la 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    igo3.  Io5 

solution  fondamentale  revient  Ă   poser 
(i6)  p=2,         U  =  i,         V'=-^^     (V). 

»  V.  On  aurait  pu  le  prĂ©voir,  mĂȘme  pour  le  cas  gĂ©nĂ©ral  de  deux  coor- 
données a;  el  y.  Car,  dans  le  problÚme  à  l'occasion  duquel  se  sont  présen- 
tées les  équations  précédentes,  les  petits  écarts,  p.  les  plus  simples  qu'on 


(')  A  une  troisiÚme  étude,  je  m'aperçois,  en  introduisant  y]  au  lieu  de  ?,  comme 
variable,  dans  l'équation  différentielle  (i4)i  ainsi  devenue 

que  les  autres  racines  p  sont  Ă©galement  des  nombres  entiers  et,  les  autres  fonctions  U, 
également  des  polynÎmes  en  r,.  L'expression  générale  de  ceux-ci  est,  à  part  un  facteur 
constant. 


(«')  '-+-  TTTùT^'"-^  7772^   r77r;^."-+-TToT  T7:5T  '-TT^^ 


Zi^.3  ,    /(^  /(3),c  ,    /(o)/(3)  /(6) 
cf(3)  '  '^  0(3)  «(6)  '  "^  <p(3)  o(6)  <p(9)' 

oĂč  les  deux  fonctions  /,  o  sont  elles-mĂȘmes  les  deux  polynĂŽmes 

(6)  /(X)  =  2X^-H7X-3(P-2),         '^(X)  =  2(X2+2X), 

et  oĂč  les  racines  p  successives  s'obtiennent  en  posant  /(o)  =  o,  /(3)  =  o,  /(6)  =  o, 

/(9)  =  o>  ‱  ‱  ‱.  c'est-à-dire 

2  X-  +  "  X 
(c)  P  =  2  H ''  ',  avec  X  multiple  de  3. 

Pour  la  deuxiĂšme  solution  simple,   celle  qui  nous  donne  la    formule   asymptotique 
des  Ă©carts,  on  a  donc 

{d)  P'=i5,         U  =  i-— T)^. 

10 

La  seconde  estimation  (i3)  attribuait  Ă   p'  presque  la  mĂȘme  valeur,  savoir 

1 ,7100  X  9  =:  lĂąjBg. 

Quand  |3  reçoit  des  valeurs  autres  que  (f),  l'expression  {a'),  toujours  intégrale  de 
l'équation  différentielle  {a),  devient  une  série,  convergente  de  fj  =  o  à   0  =  1,   mais 

dont  la  dĂ©rivĂ©e  grandit,  prĂšs  de  t)  =  i,  Ă   la  maniĂšre  de  (i  —  f)^)"-';  en  sorte  que  le  pro- 
duit de  cette  dĂ©rivĂ©e  par  y/i  —  r,^  ne  peut  pas  y  tendre  vers  zĂ©ro  comme  l'exigerait  la 
condition  relative  Ă   cette  limite. 

Si  la  condition  concernant  l'autre  limite  tj  =0  n'obligeait  pas  le  produit  tj^U  Ă   s'annu- 
jer  avec  ■r\,  l'Ă©quation  diffĂ©rentielle  («)  admettrait  une  seconde  intĂ©grale  en-sĂ©rie,  savoir 

(e)  ■     I    /(-^),    I    /(-2)  /(!)..,    /(-2)  /(i)  /(4) 

^  ^        v^  TÔT^'^'-TÔT  TÛT"  ^  --^Ăź^-  ,Ă»)  ^''^■■■- 


Io6  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

puisse  imaginer,  d'avec  une  premiĂšre  forme  se  conservant. 


«ç 


consistent  dans  l'excĂ©dent,  sur  cette  premiĂšre  forme  A„,  d'une  autre  infini- 
menl  voisine  se  conservant  aussi,  et  obtenue  par  une  variation  infiniment 

petite  <5-  du   paramĂštre  -‱   Il  vient  ainsi,   comme   Ă©carts  ^,    l'expression 

-  +  n     S-;  ce  qui  donne  e  proportionnel  à  - — V7^'  ^'''  comme  cette 

formule  a  mĂȘme  signe  dans  toute  l'Ă©tendue  de  la  nappe,  elle  constitue  bien 
la  solution  fondamentale  (  '  ).  » 

(')  Une  généralisation  analogue  s'étendrait-elle  aux  autres  solutions  simples?  Il  est 
aisé  de  voir  que  non,  du  moins  en  général.  Car  V,  fonction  de  deux  variables  x  et  y, 
ne  peut  dĂ©pendre  de  la  variable  unique  Ç,  que  dans  l'expression,  tout  au  plus,  d'Ă©carts 
initialement  fonctions  de  Ç  seul,  comme,  par  exemple,  quand  les  deux  formes,  l'une, 
se  conservant,  l'autre,  un  peu  altérable,  de  la  nappe  sont  de  révolution  autour  de  l'axe 
des  z,  avec  des  coefficients  K,  \].  fonctions  de  la  distance  /‱  à  l'axe. 

Effectivement,  multiplions  par  Ç^  l'Ă©quation  indĂ©finie  en  V, 

et  retranchons-en  le  produit,  par  V,  de  l'équation  indéfinie  en  t, 
11  vient,  en  appelant  encore  U  le  quotient  de  V  par  Ç-  : 

Cela  posĂ©,  si  U  varie  uniquement  avec  Ç,  les  deux  produits  K^'-r- -s'Ă©criront 

^  ,     -  d{jr,y) 

^3 j     _     — — —    ;  et  cette  Ă©quation  (i^),  dĂ©veloppĂ©e  en  y  utilisant  (/),  sera 

Or,  elle  ne  devient  une  équation  différentielle  en  U  et  ?,  dans  le  genre  de  [a),  que 
si  l'Ă©quation  (/)  en  l,  admet  une  intĂ©grale  premiĂšre  reliant  explicitement — (Ai')^Ă   t. 

Par  exemple,  dans  le  cas  d'une  nappe  de  rĂ©volution,  oĂč  K,  [>.,  'C  dĂ©pendent  seulement 

de  r  ^=^  \J x^  +  y"^ ,  cas  oĂč  l'Ă©qualion  (/)  est 

«    d  (..    ^dl\  1   d{K 

-  -j-iKrl-j-        ou     -     ' 
/■  dr  \  dr  I  r 


^^ii^=-,r,         ./.(K,-u.O--(H.lv.^)<^(^)' 


une  telle  intégrale  premiÚre  ne  paraßt  exister  que  si  l'on  a,  tout  à  la  fois,  |j.K/-^=:  const. 


SÉANCE  DU  l3  JUILLET  Tgo3.  lo 


PHYSIOLOGIE.  —   Sur  les  mouvements  de  torsion  de  V Ɠil  pendant  la  rotation 
de  la  tĂȘte.  Note  de  M.  Yves  Delage. 

«  Les  mouvements  Ăźle  torsion  de  l'Ɠd,  c'est-Ă -dire  ceux  qu'exĂ©cute  le 
globe  oculaire  autour  d'un  axe  situé  sur  le  prolongement  du  nerf  optique 
lorsque  la  tĂȘte  tourne  autour  d'un  axe  horizontal  antĂ©ro-postĂ©rieur,  n'ont 
été  étudiés  que  trÚs  incomplÚtement  et  seulement  pour  les  trÚs  faibles 
amplitudes  correspondant  aux  inclinaisons  de  la  tĂȘte  vers  l'une  ou  l'autre 
épaule.  On  n'a  employé,  pour  cette  étude,  que  l'observation  objective  au 
moyen  de  quelque  tache  de  l'iris  servant  de  point  de  repÚre,  procédé  infi- 
dÚle, ou  les  images  accidentelles,  procédé  sûr,  mais  d'une  application 
difficile.  J'ai  songé  à  utiliser  pour  la  pousser  plus  loin  l'astigmatisme 
myopique  dont  je  suis  atteint.  Ce  vice  de  réfraction  est  d'autant  plus  pré- 
cieux, dans  ce  cas,  qu'on  ne  peut  y  suppléer  par  les  besicles  cylindro- 
convexes  qui,  cependant,  rendent  l'emmétrope  myope  et  astigmate.  La 
cause  en  est  que  les  besicles  suivent  les  mouvements  de  la  tĂȘte  et  non  ceux 
du  globe  oculaire. 

»  L'image  d'une  tache  lumineuse  ronde,  sur  la  rĂ©tine  d'un  Ɠil  myope  et 
astigmate,  est  une  ellipse  d'autant  plus  grande  que  la  tache  est  plus  Ă©loi- 
gnée du  punctum  remotum  et  dont  le  grand  axe  est  dirigé  parallÚlement 
au  méridien  le  plus  myope.  Quand  l'oeil  tourne  autour  de  son  axe  antéro- 
postĂ©rieur,  le  grand  axe  de  cette  ellipse  tourne  dans  le  mĂȘme  sens  que 
1  Ɠil  et  exactement  du  mĂȘme  angle.  Il  suffit,  pour  mesurer  celui-ci,  de  tra- 
cer, sur  le  fond  oĂč  le  sujet  projette  cette  image  elliptique,  les  diverses 

et  K/-  =  consl.,  c'est-Ă -dire  si  les  deux  coefficients  physiques  |a,  Ksont,  tous  les  deux, 

M 

inversement  proportionnels  Ă   /‱.  Alors,  en  posant  t^  —  T|  (avec  v;  variable  de  zĂ©ro  Ă   i), 

d'une  part,  l'intégrale  premiÚre  obtenue  donne 

I^  /  .   rN2_  2  W-crXl^  _  2M   I  -  T,' 

et  change  l'Ă©quation  {g')  en  («);  d'autre  part,  la  mĂȘme  intĂ©grale  peut,  si  l'on  pose  aussi 
/■=:const.  ±  L;  (avec  ;  variable  de  zĂ©ro  Ă   i  en  mĂȘme  temps  que  ■i\),  s'Ă©crire 

,rfr,=         2jJ.aL- 
On  retombe  donc,  exactement,  sur  le  prolilÚme  d'Analyse  déjà  traité. 


Io8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

directions  que  prend  le  grand  axe  de  l'ellipse  dans  les  positions  successives 

qu'occupe  la  tĂȘte  pendant  un  tour  complet. 

»  L'appareil  dont  je  me  suis  servi  est  une  grande  caisse,  oĂč  j'Ă©tais  assis 
et  fortement  assujetti  par  des  liens,  et  qui  tournait  au  moyen  d'un  fort 
tourillon  autour  d'un  axe  antéro-postérieur  passant  par  la  racine  du  nez. 
Des  aides  font  tourner  la  caisse  de  i5°  en  iS",  de  maniÚre  à  faire  un  tour 
complet.  A  quelques  mĂštres  de  la  caisse,  en  face  du  sujet  qui  y  est  assis, 
est  un  tableau  au  centre  duquel  est  une  petite  tache  lumineuse  ronde, 
juste  sur  le  prolongement  de  l'axe  de  rotation  de  la  caisse.  C'est  cette  tache 
qui  donne  l'image  elliptique  dont  le  grand  axe  tourne  exactement  comme 
l'Ɠil. 

»  Pour  marquer  d'une  façon  précise  sa  direction  dans  chacune  des  posi- 
tions successives  de  la  tĂȘte,  une  autre  tache  lumineuse  est  placĂ©e  Ă   l'extrĂ©- 
mité d'une  tigelle  qui  peut  tourner  autour  de  la  tache  centrale,  de  maniÚre 
que  la  tache  lumineuse  périphérique  décrive  une  circonférence  autour  de 
la  tache  centrale  comme  centre.  La  tache  périphérique  fournit,  elle  aussi, 
une  image  elliptique,  et  l'on  rĂšgle  la  longueur  de  la  tigelle,  de  telle  maniĂšre 
que  les  deux  ellipses  soient  tangentes  aux  extrémités  de  leurs  grands  axes. 
Un  aide  manƓuvre  la  tigelle  jusqu'à  ce  que  cette  tangente  soit  obtenue  et 
la  tigelle  indique  alors  exactement  la  direction  du  grand  axe  de  la  tache 
lumineuse  centrale  et  par  conséquent  la  direction  du  méridien  le  plus 
myope  <le  l'Ɠil. 

»  J'ai  pu  ainsi  dĂ©terminer,  pour  toutes  les  positions  de  la  tĂȘte  de  i5° 
en  i5°  pendant  un  tour  complet,  les  directions  correspondantes  d'un 
mĂ©ridien  invariablement  liĂ©  Ă   l'Ɠil,  et  par  consĂ©quent  les  angles  successifs 
de  rotation  de  ce  dernier. 

»  J'ai  établi  ainsi  pour  les  deux  yeux,  et  pour  les  rotations  à  droite  et  à 
gauche,  les  courbes  de  rotation  de  l'orbite  et  de  torsion  de  l'Ɠil.  Elles  ont 
été  établies  en  prenant  pour  ligne  des  abscisses  une  circonférence  sur 
laquelle  sont  marqués  les  degrés  de  i5  en  i5,  correspondant  aux  positions 
successives  de  la  tĂȘte  et  en  marquant  sur  les  rayons  correspondants  les 
ordonnĂ©es  indiquant  les  torsions  correspondantes  de  l'Ɠil.  Les  torsions 
positives,  c'est-Ă -dire  de  mĂȘme  sens  que  la  rotation  de  la  tĂšte,  sont  prises 
sur  le  prolongement  des  rayons,  en  dehors  de  la  circonférence  des 
abscisses,  et  les  nĂ©gatives  sur  les  rayons  eux-mĂȘmes,  en  dedans  de  la  cir- 
conférence. Les  points  successifs  marqués  sur  les  rayons  sont  réunis  par 
un  trait  continu. 

»  Ces  courbes,  que  je  mets  sous  les  yeux  de  l'Académie,  seront  publiées 


SÉANCE   DU    i3   JUILLET    igoS.  lOQ 

clans  le  travail  i/i  extenso  qui  paraĂźtra  incessamment  clans   les  Archives  de 
Zoologie  expérimenlale. 

»   Voici  les  conclusions  qui  résultent  de  lem-  étude. 

»  Pour  un  mĂȘme  Ɠil  : 

))  i°Pour  chaque  inclinaison  donnée  de  l'orbite,  les  torsions  corres- 
pondantes de  l'Ɠil  ne  sont  pas  indĂ©pendantes  du  sens  de  la  rotation  qui  a 
amené  l'orbite  à  l'inclinaison  qu'il  présente.  C'est  l'inverse  de  ce  qui  a  lieu, 
d'aprùs  la  loi  de  Donders,  pour  la  position  de  l'Ɠil  par  rapport  à  l'orbite 
dans  les  orientations  diverses  de  la  ligne  de  regard,  l'orbite  Ă©tant  dans  la 
position  primaire. 

»  2°  Pour  une  mĂȘme  inclinaison  de  l'orbite,  obtenue  d'abord  par  rota- 
tion Ă   droite  puis  par  rotation  Ă   gauche,  non  seulement  il  y  a  une  grande 
diffĂ©rence  entre  les  torsions  correspondantes  de  l'Ɠil,  mais  ces  torsions 
sont  de  sens  inverse. 

»  3°  Au  contraire,  il  y  a  une  certaine  ressemblance  entre  les  torsions  cor- 
respondant aux  inclinaisons  symétriques  par  rapport  à  la  verticale,  c'est- 
Ă -dire  ayant  une  valeur  angulaire  Ă©gale  de  part  et  d'autre  de  la  verticale. 

»  4"  L'allure  générale  de  la  variation  de  la  torsion  est  la  suivante.  Quand 
l'orbite  parcourt  la  circonfĂ©rence  entiĂšre,  l'Ɠil,  au  lieu  de  se  laisser 
entraĂźner  passivement  dans  le  mouvement  de  l'orbite,  suit  d'abord  ce  mou- 
vement avec  un  certain  relard  et  par  conséquent  se  tord  autour  de  la  ligne 
de  regard,  en  sens  inverse  de  la  rotation  de  l'orbite  {torsion  négative). 

»  A  mesure  que  le  mouvement  de  l'orbite  se  poursuit,  cette  torsion 
nĂ©gative  s'accentue,  passe  par  un  maximum  qui  atteint  i5°  Ă   2o<*  ou  mĂȘme 
plus,  puis  diminue  jusqu'Ă   s'annuler.  Puis,  le  mouvement  continuant,  la 
torsion  de  l'Ɠil  change  de  sens  et  devient /?05mVe,  c'est-Ă -dire  de  mĂȘme 
sens  que  la  rotation  de  l'orbite  :  l'Ɠil  prenant  l'avance,  en  quelque  sorte, 
sur  le  mouvement  de  celui-ci.  Cette  torsion  positive  s'accentue,  passe  par 
un  maximum  toujours  moindre  en  valeur  absolue  que  celui  de  la  torsion 
négative  (10°  à  \i°  au  plus),  puis  diminue  pour  retomber  à  zéro  quand  le 
tour  est  achevé.  Le  zéro  intermédiaire  ne  coïncide  pas  avec  le  milieu  du 
mouvement  de  rotation,  c'est-Ă -dire  avec  le  point  180°  oĂč  la  tĂȘte  est  en  bas. 
Il  en  reste  écarté  de  10°  à  60°. 

»  5°  Malgré  la  ressemblance  générale  indiquée  au  paragraphe  .3  et  définie 
au  paragraphe  4,  il  y  a  des  différences  notables  entre  les  courbes  de  tor- 
sion d'un  mĂȘme  Ɠil,  selon  que  l'orbite  tourne  Ă   droite  ou  Ă   gauche.  Cela 
s'explique  par  le  fait  que  les  torsions  que  l'on  compare  se  font  en  dehors 

C.  R.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  2.)  l5 


no  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  un  cas,  en  dedans  dans  l'aulre  ou  inversement,  et  par  conséquent 
sous  l'action  de  muscles  différents. 

»  6°  Dans  les  rotations  de  l'orbite  en  dehors,  le  zéro  inférieur  des  torsions 
correspondantes  est  au  delà  du  point  i8o°;  dans  les  rotations  en  dedans, 
il  est  en  deçà  et  la  différence  va  jusqu'à  70°.  Les  torsions  négatives  sont 
plus  fortes  et  plus  Ă©tendues  le  long  de  la  courbe  des  abscisses  dans  la  rota- 
tion en  dehors  que  dans  la  rotation  en  dedans;  les  positives  au  contraire 
sont  plus  fortes  et  plus  Ă©tendues  dans  celles-ci  que  dans  celles-lĂ . 

M   Pour  les  deux  yeux  : 

»  '7°  Si  l'on  compare  les  deux  yeux  on  constate,  ce  qui  est  implicitement 
contenu  dans  les  conclusions  précédentes,  que  les  courbes  de  torsion  de 
l'Ɠil  droit  et  de  l'Ɠil  gauche  tournant  du  mĂȘme  cĂŽtĂ©  (adroite  ou  Ă   gauche) 
sont  trĂšs  diffĂ©rentes,  tandis  que  les  courbes  de  l'Ɠil  droit  tournant  Ă   droite 
et  de  l'Ɠil  gauche  tournant  à  gauche,  ou  inversement,  ont  une  allure  sem- 
blable :  ce  qui  s'explique  parce  que  l'une  et  l'autre  sont  alors  des  rotations 
en  dehors  ou  des  rotations  en  dedans,  tandis  que  dans  le  premier  cas  les 
yeux,  tournant  du  mĂȘme  cĂŽtĂ©  par  rapport  aux  directions  cardinales  de  l'es- 
pace, tournaient  morphologiquement  en  sens  inverse. 

»  8°  Entre  les  courbes  de  torsion  des  yeux  droit  et  gauche  tournant  l'un 
et  l'autre  en  dedans  ou  l'un  et  l'autre  en  dehors,  il  reste  des  différences. 
Mais  celles-ci  sont  contingentes  et  dépendent  du  coefficient  individuel, 
variable,  comme  dans  les  questions  de  physiologie,  il'un  individu  Ă   l'autre, 
et  variable  aussi,  dans  le  cas  actuel,  d'un  Ɠil  Ă   l'autre  chez  le  mĂȘme 
individu.   » 

M.  Alfred  Picard,  en  présentant  à  l'Académie  le  troisiÚme  V^olume  de 
son  «  Rapport  général  sur  l'Exposition  universelle  de  1900  »,  s'exprime 
comme  il  suit  : 

«  Une  moitié  de  ce  Volume  est  consacrée  aux  palais  et  autres  édifices 
dont  la  monographie  n'avait  pu  trouver  place  au  Tome  IL  Toutes  les  dispo- 
sitions des  bùtiments  y  sont  soigneusement  décrites  en  ce  qu'elles  avaient 
d'essentiel.  Comme  précédemment,  j'ai  eu  soin  de  rappeler  les  principes 
qui  ont  servi  de  base  aux  calculs  de  résistance  des  charpentes  métalliques. 

»  La  deuxiÚme  Partie  traite  des  installations  hydrauliques,  mécaniques 
et  électriques,  ainsi  que  de  la  distribuli<iu  du  gaz  et  de  l'éclairage  à  l'acé- 
tylÚne, à  l'alcool  ou  au  pétrole. 

»   Quelques    Chapitres    me   paraissent   dignes   de    fixer   l'attention    de 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    igoS.  HI 

l'Académie.  Elle  me  permettra  de  lui  signaler  notamment  les  installations 
mécaniques  et  électriques. 

»  L'immense  usine  aménagée  pour  la  production  de  l'énergie  néces- 
saire Ă   l'Ă©clairage  et  au  service  de  la  force  motrice  comprenait  92  chau- 
diÚres et  35  groupes  éleclrogÚnes,  formés  par  l'association  de  machines  à 
vapeur  et  de  dynamos. 

»  Se  rattachant  aux  types  les  plus  divers,  les  généraleurs  avaient  une 
surface  de  chauffe  totale  de  17  000'"'.  La  production  horaire  de  vapeur  par 
mÚtre  carré  variait  de  8'-s,  y  à  32'-s  el  atteignait  prÚs  de  1  S'-e  en  moyenne. 
Tous  les  organes  étaient  essayés  en  vue  d'une  marche  nonnaleà  la  pression 
de  I  l'^P  effectifs  par  centimÚtre  carré. 

»  Il  y  avait  87  machines  motrices,  dont  la  puissance  oscillait  entre  400"'"' 
et  2400'='"';  la  force  totale  dépassait  36  000' '"".  Presque  tous  les  construc- 
teurs employaient  la  vapeur  au  maximum  de  pression;  quelques-uns  la 
détendaient  à  7'^*^  ou  8'-^  avant  l'admission  aux  cylindres.  La  triple  expan- 
sion et  la  surchauffe  de  la  vapeur  attestaient  leur  développement,  surtout 
dans  les  groupes  Ă©trangers.  Enfin,  on  pouvait  constater  une  augmentation 
considérahle  des  vitesses  moyennes  imprimées  aux  pistons,  vitesses  qui 
allaient  jusqu'Ă   5", 40. 

»  Les  dynamos  fournissaient,  soit  du  courant  continu  à  la  tension 
de  aSo''""'  ou  de  5ooℱ"%  soit  du  courant  alternatif  simple  ou,  plus  gĂ©nĂ©ra- 
lement, du  courant  triphasĂ©  dont  la  tension  s'Ă©levait  Ă   5oooℱ'^^  Elles 
donnaient  une  puissance  disponible  totale  de  20400  kilowatts. 

»  Deux  convertisseurs  et  de  nombreux  transformateurs  appropriaient 
le  courant  Ă   ses  usages. 

»  Les  cùbles  de  jonction  des  groupes  électrogÚnes  aux  tableaux  géné- 
raux de  distribution  mesuraient  i5'^ℱ;  les  canalisations  principales,  60'^ℱ. 

»  Pour  le  seul  éclairage  public,  il  existait  335o  lampes  à  arc  et 
40000  lampes  à  incandescence.  Le  nombre  des  moteurs  répartis  dans 
l'enceinte  n'était  pas  inférieur  à  680. 

»  Aux  ressources  de  l'usine  s'ajoutait  le  contingent  des  secteurs  de  la 
région. 

»  Parmi  les  installations  spéciales  demandant,  à  certaines  heures,  le 
plus  d'électricité,  se  plaçait  le  groupe  du  Chùteau  d'eau,  composé  des  fon- 
taines lumineuses  et  du  ChĂąteau  d'eau  proprement  dit.  L'appareillage 
électrique  de  ce  groupe  n'avait  pas  exigé  moins  de  86  lampes  à  arc, 
8000  lampes  Ă   incandescence  et  270'-'"  de  conducteurs.  Le  Volume  que  j'ai 
l'honneur  de  déposer  sur  le  bureau  de  l'Académie  fournit  des  indications 


112  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

intéressantes  sur  les  dispositifs  au  moyen  desquels  s'obtenaient  les  jeux  de 
colorations.  Pour  les  fontaines  lumineuses,  la  manƓuvre  des  verres  de 
couleur  interposés  entre  les  foyers  lumineux  et  les  réflecteurs  à  45"  était 
assurée  à  l'aide  d'armatures  en  fer  et  de  solénoïdes,  oßi  l'on  envoyait  à 
volonté  le  courant  par  les  touches  d'un  clavier;  ces  touches  recevaient 
elles-mĂȘmes  leur  mouvement  de  cylindres  analogues  Ă   ceux  des  boites  Ă  
musique  et  susceptibles  de  réaliser  toutes  les  variations  voulues.  Des  cla- 
viers et  des  cylindres  semblables  commandaient  les  séries  de  lampes  à 
incandescence  du  ChĂąteau  d'eau. 

»  Quelques  points  particuliers  méritent  encore  une  mention  dans  cette 
analyse  succincte. 

»  Ce  sont  d'abord  les  formes  géométriques  employées  pour  les  étoiles 
qui  garnissaient  la  crĂȘte  du  palais  de  l'ÉlectricitĂ©  et  pour  les  stalactites 
de  la  salle  des  Illusions.  L'architecte,  M.  EugÚne  Hénard,  a  eu  spéciale- 
ment recours  à  des  icosaÚdres,  au  sujet  desquels  il  avait,  dÚs  i885,  adressé 
une  Communication  à  l'Académie. 

)i  Je  citerai  encore  des  expériences  relatives  aux  pertes  de  charge  dans 
les  conduites  d'adduction  et  de  distribution  des  eaux  de  Seine.  Ces  pertes 
de  charge  n'ont  guÚre  déjiassé  la  moitié  des  chiffres  qui  résultaient  des 
formules  de  Prony.  Ma  pratique  d'ingénieur  m'avait  amené  déjà  à  des 
constatations  du  mĂȘme  ordre  sur  des  conduites  en  fonte  neuves  et  de  gros 
diamÚtre,  avec  des  eaux  ne  charriant  pas  de  détritus  anguleux. 

»  Enfin,  il  me  sera  permis  de  relater  des  observations  précises,  concer- 
nant la  dépression  et  la  température  des  gaz  à  la  base  des  deux  grandes 
cheminées,  ainsi  que  les  résultats  de  la  ventilation  mécanique  organisée 
dans  la  salle  des  FĂȘtes,  le  palais  de  l'Agriculture  et  la  galerie  des  groupes 
Ă©lectrogĂšnes,    m 


'»"■ 


CORRESPONDANCE. 

GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.    —   Sur  l'hahillage  des  surfaces. 
Note  de  M.  31.  Servant. 

«  Nous  avons,  dans  une  Note  récente  ('),  montré  l'analogie  qui  existait 
entre  le  problÚme  de  la  déformation  des  quadriques  et  l'habillage  de  cer- 
tains éléments  linéaires;  nous  allons  montrer  ici  la  raison  de  cette  analogie. 


(')  Comptes  rendus,  2''  semestre  1902. 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    I9o3.  Il3 

»   Habiller  une  surface  c'est  ramener  son  élément  linéaire  à  la  forme 

(i)  ds-  =  dy:-  +  d'f-  -+-  2F  doL <i. 

))   Soit 
(2)  ds-='Edu-  +  iYdiidv^Gdi.'-, 

un  élément  linéaire  donné;  pour  le  ramener  à  la  forme  (i),  on  voit  facile- 
ment qu'il  suffit  d'intégrer  le  systÚme  d'équations  : 


(3) 


d"-ll 

II 

du  du 

12  1 

f du  dv        du  dc\ 

22 

)dv 

di' 

d^  d'^  "^ 

I 

cJa   (>? 

I  i 

\d^d^i  ~^  dĂŻd^J  ~^ 

I 

dyi 

d'^ 

d': 

22 

2 

C^c  d^-         \ 
da  r);i  +  ( 

1  2  ) 

2  ) 

1  du  di'         du  di'\ 

21 
3 

\du 
'\doi 

du 

dp 

=  o, 


»   Considérons  alors  les  deux  problÚmes  suivants  : 

»   I.   Ramener  de  toutes   les  façons  possibles  l'élément   linéaire  (2)  à  la 
/orme  (i). 

»   II.  Étant  donnĂ©  un  Ă©lĂ©ment  linĂ©aire  : 

ds-  =  E,  du-  -f-  2F,  du  dv  +‱  G,  dv'- , 

trouver  toutes  les  surfaces  qui  admettent  cet  élément  linéaire  et  cherchons  dans 
quels  cas  ces  deux  problĂšmes  se  ramĂšnent  l'un  Ă   l'autre. 

»   Le  problÚme  II  dépend  de  l'intégration  du  systÚme  d'équations  (Dar- 
boux,  Th.  des  surf.,  t.  III)  : 


/    d'y 
di.d't> 


(4) 


di.d'{> 


(5) 


(^) 


11)  t)  ,  ~\  du  du 

12  )  I     (?   1  n  (du  di- 

»   Pour  que  les  deux  problĂšmes  soient  les  mĂȘmes,  il  suffit  que  l'on  ait 

(i>i)       J'-^l       ("/ 

)  (  - 


du  t)i' 
#   ai 


du  dv 
^  di 


d\'  di' 


(  M  /    du  du 
\  2  \,'di'df 


O, 


=  o. 


2  ;   = 


'/     2    1 


i   :..    ( 

ii2| 
lai" 


13    J 

>      Ăź 

2   h 

"  f 

2   i,' 

I    (1 


22  I 
2  I 
22  j 


22  / 

3     ).■ 


\  22 

3  ^ 

2  (9« 

3  c)  , 

2  dv     "'  ' 


‱ogpM 


Il4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Les  équations  (5)  signifient  que  les  éléments  linéaires  (2)  et  (2')  se 
correspondent  géodésiquement;  on  en  conclut  de  suite,  d'aprÚs  les  résul- 
tats de  Dini,  que  l'on  peut  prendre  pour  (2)  une  des  trois  formes  : 

(  ■^^  ds-  =  Li"(V///-  +  f/<;^)  surface  de  rĂ©volution, 

(8)  ds- =  2(Vh  -+-Y,)diuh'  forme  de  S.  Lie, 

(9)  ds-  =  («  —  (■)  (V-du-~hY^di'-)         forme  de  Liouville, 

et  pour  (2')  les  formes  correspondantes  bien  connues. 

»  Il  suffit  alors  pour  achever  le  problÚme  de  satisfaire  aux  équations  (G) 
qui  se  réduisent  à  la  suivante  : 

(i3)  ail  =  U,f\ 

»  Considérons  d'abord  la  forme  (-).  I/oquation  (i3)  est  alors  une 
équation  différentielle  ordinaire  qui  s'intÚgre  aisément  :  on  trouve,  pour 
l'élément  linéaire  (lo),  les  quadriques  de  révolution  les  plus  générales, 

(10  )  as,  —-  — — tt:. ^ h  L-«('-. 

»   L'élément  linéaire  (7)  peut  s'écrire  sous  la  forme 

(  7  )  ds-  =  5 '—^ 3 h  9-  rt(- . 

Si  c  ^  o,  l'élément  linéaire  (10')  convient  à  un  parabolouie  de  révolution  ; 
par  conséquent,  on  saura  habiller  de  toutes  les  façons  possibles  l'élément 
linéaire 

(7")  ds^-=--4^-^o\h'\ 

»  Dans  le  cas  général,  l'habillage  de  (7')  est  un  problÚme  équivalent  à 
la  déformation  de  la  sphÚre. 

»  Considérons  maintenant  l'élément  linéaire  (9);  l'équation  (i3)  est 
alors  une  équation  fonctionnelle  qui  s'intÚgre  aisément  :  on  trouve  pour  (i  2) 
la  forme  classique  de  l'élément  linéaire  des  quadriques  et  pour  (9) 

du-  r/i- 


(9)'  ^f<-=[{ 


I  I 

II 


_(„_a)(«-S)(«-j)  (,.-a)(r-a)(r-j) 


Par  conséquent  l'habillage  d'un  élément  linéaire  de  la  forme  (9)'  se 
ramÚne  à  la  déformation  d'une  quadrique  et  inversement.  Ceci  nous  per- 
met de  signaler  des  éléments  linéaires  que  l'on  saura  habiller  de  toutes  les 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    igoS.  Il5 

façons  possibles;  en  effet,  on  sait  dĂ©former  les  parabolo'Ăčies, 

ds^  ^  (il  —  v)     -, r rr 

ds-  =  ( K  —  ç»)  ( M  dii-  —  ('  (/v-  ), 

on  saura  donc  habiller  les  éléments  linéaires 

,2 / 1  >  \  r      du-  dv- 

u 


(ii  —  iy      (i'  — 0^ 


»  Si  l'on  rapproche  les  résultats  précédents  de  ceux  obtenus  dans  la 
Note  citée  plus  haut,  on  est  conduit  facilement  à  la  proposition  suivante 
qui  peut  avoir  «ne  certaine  utilité  pratique  : 

»  Étant  donnĂ©e  une  surface  dĂ©finie  intrinsĂšquement  par  ses  deux  formes 
quadratiques  fondamentales 

f/*=  =E(lu-  -+-  2  F  du  d'  +  G  di'-' . 
<ĂŻ)  =  D  du-  +  2D'  du  dv  4-  D"  dv", 

il  faut  et   il  suffit  pour  que  la  surface  soit  une  quadrique  que  les  deux 
formes  quadratiques  ds-  et  p'I»  se  correspondent  géodésiquement 

lv  =  — - 


ÉLECTRICITÉ.  —    Sui  la  mesure  des  coefflcieiUs  de  selj-inducdun  au  moyen 
du  téléphone.  Note  de  M.  R.  Doxgiek,  présentée  par  M.  Lippmann. 

K  I.  On  peut  utiliser  plusieurs  dispositifs  pour  compenser  le  décalage 
provoqué  sur  un  courant  alternatif  sinusoïdal  de  pulsation  a)  =  2  7i:N 
(N  étant  la  fréquence)  par  une  bobine  de  coefficient  de  self-induction  L. 

»  1°  On  met  en  série  avec  le  circuit  de  la  self-induction  le  systÚme 
composé  d'un  condensateur  de  capacité  C  et  d'une  résistance  non  induc- 
tive  en  dérivation  aux  bornes  du  condensateur,  systÚme  qui  provoque  une 
avance  de  phase.  On  arrive  Ă   compenser  le  retard  de  phase  dĂ»  Ă   la  self- 
induction  en  accroissant  d'une  maniÚre  continue  la  résistance  non  inductive. 
Si  r,  est  la  valeur  de  la  résistance  pour  laquelle  la  compensation  est  réa- 
lisĂ©e, l'expression  du  coefficient  de  self-mduction  est  L  =  ' ,'  ,  .,  ‱ 


Ilb  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  2°  Au  lieu  de  réunir  le^s  bornes  de  la  capacité  avec  les  extrémités  de 
la  résistance  non  inductive,  on  les  met  en  communication  avec  les  extré- 
mités du  circuit  comprenant,  disposées  en  série,  la  self-induction  à  mesurer 
et  la  résistance  non  inductive.  En  faisant  varier  d'une  maniÚre  continue  la 
grandeur  de  celte  résistance,  on  parvient  à  annuler  l'inductance  du  sys- 
tÚme total.  La  relation  L  =  C(/-^  +  L-w^)  est  alors  satisfaite.  (r\  représente 
la  résistance  de  la  portion  du  circuit  comprise  entre  les  deux  bornes  de  la 
capacité.) 

»  3°  Si  l'on  connaissait  la  fréquence  du  courant  alternatif,  chacune  de 
ces  relations  pourrait  servir  au  calcul  de  L,  au  moyen  de  la  capacité 
connue  C  et  de  l'une  des  résistances  r,  ou  r.^  déterminée  expérimenta- 
lement. L'élimination  de  w  entre  les  égalités  précédentes  conduit  à  l'ex- 
pression trĂšs  simple 

L  =  Cr,r.,. 

»  Cette  expression,  indépendante  de  la  fréquence,  permet  le  calcul  de  L 
en  fonction  de  la  capacité  C,  ainsi  que  des  résistances  r,  et  r.^,  lesquelles, 
pour  une  mĂȘme  valeur  de  la  frĂ©quence,  annulent  l'inductance  du  circuit 
dans  chacun  des  deux  cas  dont  il  vient  d'ĂȘtre  fait  mention. 

»  II.  On  obtient  la  compensation  en  intercalant  successivement  chacun  de  ces  dis- 
positifs dans  l'une  des  branches  d'un  pont  de  Wheatstone  avec  alternateur  et  téléphone  ; 
les  autres  branches  du  pont  sont  constituées  par  des  fils  métalliques  tendus,  associés 
ou  non  à  des  boßtes  de  résistance  non  inductives.  L'extinction  complÚte  du  son  dans  le 
téléphone  dénote  l'existence,  dans  son  circuit,  de  deux  courants  sinusoïdaux,  de  sens 
inverses,  prĂ©sentant  la  mĂȘme  pĂ©riode,  la  mĂȘme  amplitude  et  le  mĂȘme  dĂ©calage.  Cette 
derniÚre  condition,  c'est-à-dire  l'égalité  des  décalages,  est  léalisée  si  les  inductances 
des  différentes  branches  du  pont,  en  particulier  l'inductance  de  la  branche  qui  contient 
la  self-induction  Ă   mesurer,  sont  nulles. 

»  Afin  d'arriver  systématiquement  à  l'extinction  téléphonique,  la  résistance  en  dé- 
rivation sur  le  condensateur  est  complétée  par  un  lil  tendu  le  long  duquel  se  déplace 
un  curseur  de  prise  de  contact  A;  deux  autres  branches  consécutives  du  pont  sont 
rĂ©alisĂ©es  avec  un  mĂȘme  fil  tendu,  le  long  duquel  peut  ĂȘtre  dĂ©placĂ©  un  curseurde  prise 
de  contact  B.  On  amĂšne  successivement  les  curseurs  B  et  A  dans  les  positions  qui 
correspondent  au  minimum  d'intensité  du  son  dans  le  téléphone;  le  curseur  B  assure 
l'égalité  des  amplitudes,  le  curseur  A  celle  des  décalages.  Ces  réglages,  répétés  plusieurs 
fois  dans  le  mĂȘme  ordre,  conduisent  Ă   un  son  inapprĂ©ciable  Ă   l'oreille,  c'est-Ă -dire  pra- 
tiquement nul.  On  s'assure  qu'il  en  est  ainsi  en  disposant  un  interrupteur  avec  godets 
de  mercure  dans  le  circuit  du  téléphone;  le  fonctionnement  de  l'interrupteur  ne  pro- 
voque alors  aucun  changement  dans  l'audition  téléphonique.  Mise  en  pratique  sous 
cette  forme,  la  méthode  n'exige  la  connaissance  que  de  la  résistance  étalonnée  en  déri- 
vation  aux  bornes  du    condensateur.  Les   résistances  des  autres  branches   du   pont 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    ipoS.  [17 

demeurent  arbitraires  et  elles  n'interviennent  pas  dans  le  calcul  flu  résultat.  On  les 
choisit  de  maniÚre  à  réaliser  les  conditions  de  sensibilité  maximum. 

»  III.  Faibles  self-inductions.  —  Il  n'est  pas  possible,  mĂȘme  avec  des  fils  tendus,  de 
rĂ©aliser  un  pont  de  Wheatstone  oĂč  cliaque  branche  prĂ©sente  une  inductance  nulle. 
Aussi,  lorsqu'on  se  propose  de  mesurer  de  trĂšs  faibles  coefficients  d'induction,  est-il 
nécessaire,  avant  l'introduction  de  la  self-induction  et  de  la  capacité  compensatrice, 
d'annuler  le  son  dans  le  téléphone,  en  rendant  identiques  entre  elles  les  constantes  du 

temps  —  des  diffĂ©rentes  branches.  On  satisfait  Ă   cette  condition,  en  mettant  dans  l'une 

des  branches  du  pont  une  inductance  variable,  composée  d'une  résistance  variable  en 
dérivation  sur  les  bornes  d'un  condensateur.  Cette  précaution  une  fois  prise,  il  est 
certain  que  la  capacité  compense  exactement  la  self-induction  à  mesurer  lorsque, 
aprÚs  leur  introduction,  on  a  annulé  le  son  dans  le  téléphone. 

»  La  précision  des  mesures  dépend  de  la  sensibilité  du  téléphone  employé.  Avec  le 
téléphone  ordinaire  et  la  bobine  avec  trembleur-diapason  qui  nous  a  servi,  à  M.  Lesage 
et  à  moi,  dans  les  mesures  de  résistivité  des  liquides  de  l'organisme  ('),  j'ai  pu  mesu- 
rer au  ^  prùs  des  self-inductions  de  l'ordre  de  grandeur  de  Soo'"ℱ  ou  3  X  ro-'  Henry 
et  au  ■— ^  prùs,  des  self-inductions  voisines  de  2000'^'"  ou  2  x  lO""  Henry. 

»  Moyennes  et  grandes  self-inductions.  ■ —  Lorsqu'il  s'agit  de  mesurer  des  coeffi- 
cients de  self-induction  supĂ©rieurs  Ă   lO"'  Henry,  on  est  gĂȘnĂ©  par  les  harmoniques  qui 
se  superposent  au  son  fondamental  fourni  par  le  diapason-interrupteur.  L'inductance  de 
la  capacité  ne  compense  en  effet  celle  de  la  self-induction  que  pour  une  valeur  donnée 
de  la  période  du  courant  alternatif.  On  n'obtient,  a\ec  le  téléphone  ordinaire,  qu'un 
minimum  de  son  et  ce  minimum  est  d'autant  moins  accusé  que  le  coefficient  de  self- 
induction  à  mesurer  est  plus  considérable. 

»  Grùce  au  monotéléphone  de  M.  Mercadier  (-),  j'ai  pu  effectuer  au  ~ 
prĂšs  des  mesures  de  self-induction  de  l'ordre  de  i  o~-  Henry.  Cet  instrument 
ne  renforce,  en  effet,  que  les  sons  de  période  bien  déterminée  et  reste  insen- 
sible aux  harmoniques  provoquées  par  la  capacité  ou  par  les  substances 
magnétiques  contenues  dans  le  noyau  de  la  I)obine.  Il  présente  les  mÎmes 
avantages  que  le  tĂ©lĂ©phone  optique  de  M.  Max  Wien  et  pourrait  ĂȘtre 
employé  avec  profit  dans  les  différents  dispositifs  que  M.  Max  Wien, 
M.  Preraner,  ainsi  que  M.  Graetz  (^)  ont  utilisés  dans  la  mesure  des  coef- 
ficients d'induction.  » 


(')   DoNGiER  et  Lesagr,   Comptes  rendus,   t.   CXXXIV,  p.   612  et  834;  t-  CXXXV, 
p.  lit  et  3'>.g. 

(-)  Journal  de  Physique,  1"  série,  t.  'VI,  p.  464!  3''  série,  t.  IX,  p.  676. 
(3)   Wied.  Ann.,  2"  série,  t.  XLII,  XLIII,  L,  LUI. 


G.   R.,   1903,  2"  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  2  ) 


l(i 


Il8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE.  —  Combinaison  dit  sulfate  ferrique  avec  l'acide  sidfurique,. 
Note  de  M:  A.  Recocra. 

«  Dans  des  Notes  antérieures  (Comptes  rendus,  29  février  iSpa  et 
12  juin  1893)  j'ai  montré  que  le  sulfate  chromique  vert  se  combine  trÚs 
facilement  avec  l'acide  siilfurique,  en  donnant  naissance  Ă   des  acides  com- 
plexes que  j'ai  appelés  acides  chromosulfiiriques  et  qui  proviennent  de 
l'union  de  i""'  de  sulfate  chromiijue  avec  i""',  2"°'  ou  3ℱ°'  d'acide  sulfu- 
rique.  Ces  acides  possÚdent  des  propriétés  curieuses  qui  ont  fait,  depuis, 
l'objet  de  nombreuses  recherches. 

»  Je  me  propose  de  montrer,  dans  cette  Note,  que  le  sulfate  ferrique  se 
combine  lui  aussi  trĂšs  facilement  avec  T  acide  sulfurique,  en  donnant  naissance 
à  un  acide,  qui  provient  de  l'union  de  1ℱ°'  de  sulfate  ferrique  avec  1"°'  d'acide 
sulfurique  et  qu'on  peut  appeler  acide  ferrisulfurique. 

»  Pour  réaliser  cette  combinaison,  je  me  suis  placé  dans  les  conditions 
les  plus  variĂ©es;  mais  j'ai  toujours  obtenu  le  mĂȘme  composĂ©,  c'est-Ă -dire 
qu'il  m'a  été  impossible  de  combiner  le  sulfate  ferrique  avec  plus  de  i""' 
d'acide  sulfurique,  contrairement  Ă   ce  qui  a  lieu  pour  le  sulfate  chromique. 

»  PrĂ©paration.  —  On  peut  ol)tenir  1res  rapidement  celle  combinaison  en  procĂ©dant 
de  la  façon  suivante  :  on  fait  une  solution  concentrée  de  sulfate  ferrique  anhydre 
dans  l'eau  (i""»'  de  sulfate  dans  5oo°  d'eau).  Dans  cette  solution  on  verse  de  l'acide 
sulfurique  concentré  (environ  3'"°'  d'acide  pour  une  de  sulfate).  La  solution  de 
sulfate  ferrique,  qui  était  fortement  colorée  en  brun,  reste  brune.  Mais  au  bout  de 
quelques  heures  la  combinaison  commence  à  s'effectuer,  la  liqueur  se  décolore  peu  à 
peu,  en  déposant  une  poudre  lilanche;  au  bout  de  5  ou  6  heures,  la  décoloration  est 
complÚte.  On  obtient  ainsi  une  bouillie  qui  est  un  mélange  d'une  poudre  blanche, 
l'acide  fenisulfurique  solide,  et  d'un  liquide  incolore  formé  d'eau  et  d'acide  sulfu- 
rique. La  totalité  rlii  sulfate  ferrigue  s'est  donc  combinée  avec  de  l'acide  suif  uriqi/e, 
et  la  combinaison,  insoliilile  dans  la  solution  d'acide  sulfurique.  s'est  séparée 
Ă   l'Ă©tat  solide.  On  Ă©limine  la  majeure  partie  du  liquide  par  essorage  et  l'on  achĂšve  en 
Ă©tendant  la  substance  sur  des  plaques  de  porcelaine  poreuse.  On  lave  alors  le  produit 
sec  avec  de  l'acétone,  puis  on  l'abandonne  dans  une  atmosphÚre  sÚche. 

»  On  obtient  ainsi  une  poudre  blanche,  trÚs  légÚre,  dont  la  composition  est  expri- 
mée par  la  formule  brute  (')  Fe-0',4  SO^.g  H- O,  mais  qu'il  convient,  comme  je  le 
montrerai,  de  représenter  par  la  formule  :  Fe'0',3  S0',S0'H-,8  H°0, 

»  En  augmentant  la  proportion  d'acide  sulfurique  que  l'on  verse  dans  la  dissolution 


(')  Trouvé:  Ve'-0^=\,  SO'  =  4,oo5,  H'-0  =  8,98. 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    lyoS.  lit) 

de  bulfate  feniqui;,  on  obtient  une  combinaison  plus  rapide.  C'est  ainsi  qu'en  ajou- 
tant 6'""'  d'acide  sulfurique,  au  lieu  de  3ℱ°',  j)Our  une  de  sulfate,  la  combinaison  se 
produit  en  2  ou  3  minutes,  mais  le  composĂ©  obtenu  a  exactement  la  mĂȘme  compo- 
sition ('). 

»  Si  au  contraire  on  opÚre  avec  des  liqueurs  plus  étendues  ou  moins  riches  en 
acide  sulfurique,  la  combinaison  est  beaucoup  plus  longue  Ă   se  produire,  et  l'acide 
ferrisulfurique  ne  se  dépose  à  l'état  solide  que  par  concentration  de  la  solution. 
Mais,  quelles  que  soient  les  conditions  réalisées,  la  composition  du  produit  est  toujours 
la  mĂȘme. 

»  PropriĂ©tĂ©s.  —  L'acide  ferrisulfurique  est  une  poudre  blanche  lĂ©gĂšre  qui  se  dissout 
trÚs  rapidement  dans  l'eau,  en  donnant  une  liqueur  légÚrement  colorée  en  jaune 
paille. 

»  11  était  intéressant  de  rechercher  si  celte  solution  possédait  des  propriétés  ana- 
logues Ă   celles  de  l'acide  chromosulfurique  Gr^0^,3S0',  SO*H-,  Aq.  On  sait  que  ce 
composé  est  un  acide  bibasique  à  radical  complexe,  dans  lequel  le  chrome  et  l'acide 
snlfurique  sont  dissimulés  à  leurs  réactifs  habituels  ;  toutefois,  il  n'en  est  ainsi  que 
dans  les  solutions  récentes;  au  bout  de  peu  de  temps  l'acide  chromosulfurique  est 
détruit  par  l'eau  et  sa  dissolution  se  transforme  en  un  mélange  de  sulfate  violet  de 
chrome  et  d'acide  sulfurique. 

»  J'ai  constaté  qu'il  n'en  est  pas  ainsi  pour  l'acide  ferrisulfurique;  il  est  instanta- 
nément détruit  par  l'eau,  et  sa  solution  se  comporte  iminédlalernent  comme  un 
mélange  de  sulfate  ferrique  et  d'acide  sulfurique  libre.  On  peut  constater  en  effet  que, 
ni  le  fer,  ni  l'acide  sulfurique  ne  sont  dissimulés  et  que,  en  particulier,  la  totalité  de 
l'acide  sulfurique  est  immĂ©diatement  prĂ©cijjitable  par  le  chlorure  de  baryum,  mĂȘme 
en  liqueur  trĂšs  Ă©tendue  et  refroidie  Ă   o". 

»  D'autre  part,  si  l'on  détermine  l'abaissement  du  point  de  congélation  d'une  so- 
lution d'acide  ferrisulfurique  qui  vient  d'ĂȘtre  faite  dans  l'eau  glacĂ©e,  on  constate  que 
cet  abaissement  est  la  somme  des  abaissements  partiels  du  sulfate  ferrique  et  de 
l'acide  sulfurique  que  renferme  l'acide  ferrisulfurique,  ce  qui  prouve  bien  que  ces 
deux,  corps  ne  sont  pas  combinés  dans  la  solution.  On  trouve  en  effet  les  résultats 
suivants  : 

Abaissement  moléculaire  de  l'acide  Ici]  isulfurique.  .  .      78,2 

et  dans  les  mĂȘmes  conditions  de  dilution  : 

Abaissement  moléculaire  du  sulfate  ferrique 38,8 

Abaissement  moléculaire  de  l'acide  sulfurique 4o,9 

Dont  la  somme  est 79>7 

»  La  légÚre  différence  que  l'on  observe  entre  78,2  et  la  somme  79,7  provient  de  ce 
que,  dans  l'eau  pure,  le  sulfate  ferrique  étant  plus  hydrolyse  que  dans  le  mélange,  qui 
renferme  de  l'acide  sulfurique  libre,  son  abaissement  est  légÚrement  plus  élevé. 

(')  Toutefois  en  employant  un  grand  excĂšs  d'acide  sulfurique,  plus  de  40"""'  d'acide 
pour  une  de  sulfate,  on  obtient  un  hydrate  Ă   3"""'  d'eau  au  lieu  de  8. 


120  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  Il  faut  donc  en  conclure  que  l'acide  ferrisulfurique  est  immédiatement 
dédoublé  par  l'eau  en  sulfate  et  acide  sulfurique,  tandis  que  l'acide  chro- 
mosulfurique  ne  l'est  que  lentement.  Ce  fait  est  Ă   rapprocher  de  celui  que 
je  signalais  dans  un  travail  récent  (^Comptes  rendus,  3  novembre  1902). 
Ayant  réussi  à  ]:)réj)arer  deux  composés  pareils  de  chrome  et  d'aluminium 
CrSO^'CUÎ  H-0  et  AlS0'Cl,6H-0,  j'ai  montré  que  le  premier  présentait 
toutes  les  propriétés  d'un  composé  complexe  et  n'était  détruit  par  l'eau 
qu'au  bout  de  quelque  temps,  tandis  que  le  second,  qui  avait  Ă©videmment 
la  mĂȘme  constitution,  Ă©tait  immĂ©diatement  dĂ©truit  par  l'eau. 

»  11  en  serait  donc  des  com[)osés  complexes  du  fer  comme  de  ceux  de 
l'aluminium;  la  dissolution  les  détruit  immédiatement,  tandis  que  les 
composés  correspondants  du  chrome,  quoique  fragiles,  ne  sont  pas  détruits 
tout  de  suite  et  on  peut  manifester  leurs  propriétés  spéciales. 

»   Malgré  cela,  il  est  possible  de  démontrer  que  le  composé 

Fe-0%4S0%fjH-0 

est  bien  un  véritable  acide  à  radical  complexe;  on  peut  notamment  pré- 
parer ses  éthers,  comme  je  me  propose  de  le  montrer   ultérieurement.    « 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  l'action  de  V oxyde  de  carbone  sur  le  fer 
et  ses  oxydes.  Note  de  M.  Georges  Chaupï,  présentée  par 
M.  H.  Moissan. 

«  L'action  de  l'oxyde  de  carbone  sur  le  fer  et  ses  oxydes  a  fait,  en 
raison  du  rÎle  important  qu'elle  joue  dans  les  réactions  métallurgiques, 
l'objyt  de  plusieurs  séries  de  recherches,  mais  les  résultats  en  sont  contia- 
dictoires.  Il  semble  que,  dans  la  plupart  de  ces  Ă©tudes,  on  ait  insuffisam- 
ment séparé  l'action  du  gaz  sur  le  métal  et  la  dissociation  propre  de  l'oxyde 
de  carbone,  en  anhydride  carbonique  et  carbone,  qui  a  été  découverte  par 
Sir  Lowthian  Bell,  mais  dont  le  mécanisme  n'a  été  définitivement  élucidé 
que  par  les  recherches  récentes  de  M.  Boudouard. 

»  I.  En  ce  qui  concerne  l'action  de  l'oxyde  de  carbone  sur  le  fer  métal- 
lique, de  nombreux  essais  nous  conduisent  Ă   adopter  la  conclusion  de 
Margueritte,  savoir  que  l'oxyde  de  carbone  agit  sur  le  fer  comme  un 
cément. 

B  Nos  essais  ont  consisté  à  cliaufTer  du  1er  claiis  un  courant  lent  d'oxyde  de  carbone 
soigneusement  purifié.   Dans  chaque  expérience,   on   déterminait  l'augmentation  de 


SÉANCE  DU  l3  JUILLET  igoS.  121 

poids  du  mĂ©tal  et  la  quanlilĂ©  d'anhydride  carboniijue  dĂ©gagĂ©;  on  biĂčlait  ensuite  le 
métal  dans  l'oxygÚne  pour  déterminer  la  quantité  de  carbone  absorbé  par  ce  métal. 
Pour  éliminer  le  carbone  qui  aurait  pu,  dans  certains  cas,  se  déposer  à  l'état  libre, 
sur  la  surface  du  mĂ©tal,  on  employait  ce  mĂ©tal  sous  l'orme  de  fils  qui  pouvaient  ĂȘtre 
facilement  séparés  de  tout  dépÎt  pulvérulent  avant  qu'on  en  efTectuùt  la  pesée  et  la 
combustion. 

»  On  a  constaté  ainsi  que,  au-dessus  de  75o°  environ,  le  dépÎt  de  carbone  pulvéru- 
lent est  pratiquement  nul.  Le  métal  reste  parfaitement  propre  et  brillant,  mais  se 
carbure  trÚs  nettement.  Dans  la  plupart  des  expériences,  on  a  obtenu  des  chifires 
concordants  en  cherchant  à  déterminer  cette  carburation,  soit  d'aprÚs  l'augmentation 
de  poids  du  métal,  soit  d'aprÚs  la  combustion  du  métal,  soit  d'aprÚs  le  poids  d'anhy- 
dride carbonique  dĂ©gagĂ©.  Aux  tempĂ©ratures  infĂ©rieures  Ă   75o°,  il  y  a,  en  mĂȘme  temjis, 
dépÎt  de  caibone  pulvérulent  et  carburation  du  métal;  nous  avons  obtenu  la  cémenta- 
tion à  560°. 

i>   Le  Tableau  suivant  donne  quelques-uns  des  chillies  ainsi  obtenus  : 

Carbone  li^é  sur  le  métal,  d'aprÚs 


Durée 

l'auj 

Smentation 

la  combustion 

le 

poids  de  CO' 

Température. 

du  chauffage. 

de  po 

ids  du  métal. 

du  métal. 

dégagé. 

56o".  .  .  . 

h 
8 

0,  10 

0,09 

DĂ©pĂŽt  de  charbo 

600 .... 

8 

0,22 

0,17 

)> 

715.... 

8 

0,26 

0,28 

» 

825... 

3 

0,56 

0,57 

0,60 

925... 

2 

0,69 

0,72 

» 

935.... 

2 

oAi 

o,4i 

0.49 

102.5.  .  .  . 

2.3o'" 

0,60 

0,58 

o,58 

io5o. . . . 

2 

0,44 

0,4- 

0,44 

1080. . . . 

2 

0,53 

0,53 

o,58 

1 125.  .  .  . 

2 

0,46 

o,5o 

0,47 

1 170. . . . 

2 

0,47 

0,47 

o,5i 

ii85 

2 

0,53 

0,53 

0,47 

1190 

2 

o,3o 

o,36 

0,33 

»  On  voit  que  la  vitesse  de  cémentation  n'augmente  pas  sensiblement 
pour  les  températures  supérieures  à  900°;  il  n'y  a  cependant  pas  satura- 
tion, car,  lorsqu'on  prolonge  suffisamment  le  contact  du  fer  et  de  l'oxyde 
de  carbone,  on  peut,  comme  nous  l'avons  indiqué  dans  une  Noie  précé- 
dente, arriver  à  la  séparation  de  graphite  dans  le  métal. 

»  La  cémentation  sera  limitée  au  contraire  si,  au  lieu  d'opérer  dans  un 
courant  de  gaz,  on  chauffe  de  l'acier  en  présence  d'une  quantité  limitée 
d'oxyde  de  carbone;  dans  ces  conditions,  la  carburation  s'arrĂȘte  lorsque 
la  proportion  d'anhydride  carbonique  formé  atteint  une  certaine  valeur. 


Ili2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  IL  En  ce  qui  concerne  l'action  de  l'oxyde  de  carbone  sur  les  oxydes 
de  1er,  les  données  connues  sont  contradictoires. 

»  Dans  les  expériences  que  nous  avons  effectuées  en  chaulfant  du 
sesquioxytle  de  fer  dans  un  courant  continu  d'oxyde  de  carbone,  la  réduc- 
tion de  l'oxyde  a  été  complÚte  et  a  laissé  du  fer  métallique  [)lus  ou  moins 
carburé,  suivant  la  réaction  décrite  plus  haut,  à  toutes  les  températures 
comprises  entre  200"  et  1200";  la  réaction  est,  naturellement,  plus  rapide 
aux  températures  élevées  :  à  280°,  il  a  fallu  27  heures  de  chauffage  pour 
obtenir  un  mélange  de  charbon  pulvérulent  et  de  fer  ne  contenant  plus 
d'oxygÚne;  au-dessus  de  1 100°,  il  se  forme,  au  contact  de  la  porcelaine,  un 
silicate  de  protoxyde  de  fer  fondu  et  trÚs  difficilement  réductible;  mais,  si 
l'on  opÚre  dans  une  nacelle  de  magnésie,  on  obtient  la  réduction  complÚte 
à  l'état  de  fer  métallique.   » 


CHIMIE.    —   Sur  l'argent  dit  colloïdal.  Note  de  M.  Ha.vkiot, 
présentée  par  M.  Armanil  Gautier. 

«  Dans  une  précédente  Note  (^Comptes rendus,  t.  CXXXVI,  p.  680  et  i44^) 
j'ai  montré  que  la  substance  désignée  sous  le  nom  de  coUargol,  et  celle 
dĂ©crite  par  C.  Lea  comme  argent  colloĂŻdal,  ne  peuvent  ĂȘtre  envisagĂ©es 
comme  des  modifications  allotropiques  de  l'argent,  mais  sont  des  corps 
complexes  renfermant  de  l'argent  métallique,  une  substance  étrangÚre 
(albumine,  oxyde  de  fer),  et  donnant  par  calcination  de  l'acide  carbonique 
et  de  l'hydrogĂšne  gazeux. 

»  Pour  établir  l'origine  de  cet  hydrogÚne,  j'ai  préparé  un  argent  colloïdal 
oĂč  la  substance  Ă©trangĂšre  n'a  pas  de  propriĂ©tĂ©s  rĂ©ductrices.  Je  me  suis 
adressé  à  une  réaction  signalée  par  Ruspert  (Z).  cli.  Gesellsch.,  t.  XXV, 
p.  281 5  et  4066),  à  savoir  l'obtention  de  solutions  brunes,  en  réduisant  par 
l'aldéhyde  formique  le  nitrate  d'argent  en  pi'ésence  d'un  grand  excÚs  de 
carbonate  de  sodium. 

»  Kusperl  n'ayant  pas  isolé  le  pioduit  qui  se  forme,  j'ai  opéré  de  la  façon  sui- 
vante : 

))   On  prépare   une  solulion   de  i56  de  SiO^K^  dans  iSo^"""  d'eau,   on   ajoute  6'^^'"°  de 

formol,  puis,  en  agitant,  6*^'"'  d'une  soluliou        de  nitrate  d'argent.  Le  liquide  de\ieni 

jaune  brun.  On  ajoute  alors  de  l'acide  acétique,  en  évitant  d'en  mettre  avec  excÚs  (la 
liqueur  doit  rester  alcaline).  Au  bout  de  quelques  instants  on  obtient  un  magma  géla- 
tineux, renfermant   l'acide    silicargolique  mĂȘlĂ©  Ă   un   trĂšs  grand  excĂšs   de  silice.  Un   le 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    igoS.  12,3 

divise  et  on  le  lave  à  l'eau  jusqu'à  ce  que  la  liqueur  de  lavage  ne  soit  plus  réductrice; 
puis  on  épuise  le  magma  un  grand  nombre  de  fois  par  une  solution  concentrée  de 
CO'K-  qui  dissout  la  silice  en  excĂšs,  sans  toucher  Ă   l'acide  silicargolique.  Le  mao-nia 
devient  alors  pulvérulent  et  la  solution  se  colore  en  jaune  brun.  On  termine  par  un 
lavage  à  l'eau  du  précipité. 

»  Le  corps  qui  reste  contient  toujours  un  grand  e\cÚs  de  silice  et  vraisemblablement 
une  petite  quantité  de  carbonate  de  potassium;  en  cITet,  l'eau  laissée  en  contact  avec 
le  précipité  finit  toujours  :par  devenir  un  peu  alcaline.  Séché  à  l'air,  il  constitue  une 
poudre  brune,  insoluble  dans  l'eau,  fort  peu  soluble  dans  l'ammoniaque,  trĂšs  soluble 
dans  les  lessives  alcalines  quand  la  dessiccation  n'a  pas  été  poussée  trop  loin.  Ces  solu- 
tions sont  précipitées  par  les  sels  métalliques  et  les  acides  les  plus  faibles  :  ainsi,  il 
suffit  de  les  agiter  avec  de  la  silice  gélatineuse  pour  en  précipiter  tout  l'acide  silicar- 
golique. 

»  Pour  purifier  cette  masse,  on  la  dissout  dans  la  potasse  étendue  et  on  la  sature 
par  l'acide  carbonique.  La  précipitation  n'est  pas  immédiate,  mais,  le  lendemain,  on 
obtient  la  prise  en  gelée  de  toute  la  masse.  On  la  lave  à  l'eau  et  on  la  sÚche.  Elle  a  donné 
Ă   l'analyse  des  chiffres  variables,  mais  ici  encore  on  peut  pousser  loin  la  purification 
sans  insolubiliser  le  produit.  Celui  qui  m'a  servi  pour  la  plupart  de  ces  expériences 
renfermait  : 

H^O,  12,82;     SiO%  66,93;     Ag,  14,43; 

KOH,3,83;     Al-O'Fe'O',  i  ,71  ;     CO',   »  ;     Totalgg,;!; 

mais  j'ai  eu  Ă   plusieurs  reprises  des  corps  plus  riches  en  argent  (17  pour  100). 

»  Les  acides  dilués  n'attaquent  que  trÚs  lentement  l'acide  silicargolique,  mais,  si 
on  le  met  en  contact  avec  de  la  potasse  concentrée,  il  est  décomposé;  la  solution  se 
décolore  et  renferme  du  silicate,  tandis  que  tout  l'argent  est  contenu  dans  le  précipité 
brun,  devenu  insoluble  dans  les  alcalis. 

»  La  chaleur  décompose  l'acide  silicargolique  ;  la  masse,  soulevée  par  le  dégagement 
gazeux,  semble  en  Ă©bullition  comme  le  fait  l'oxalate  ferreux,  et  la  masse  est  par- 
tiellement projetée  dans  la  trompe  quand  on  opÚre  dans  le  vide.  Sur  2?  de  produit,  j'ai 
recueilli  CO-,  4'"'%';  H-,  4"'°', 5.  Cette  composition,  rapportée  à  l'argent,  correspond 
Ă   Ag'3H=. 

»  Ainsi,  comme  pour  les  autres  variétés  d'argent  colloïdal,  la  décomposition  par  la 
chaleur  dégage  de  l'hj'drogÚne  libre.  Il  semble  donc  que  ces  composés  se  rattachent  à 
un  hydrure  d'argent. 

»  Du  reste,  en  agitant  un  poids  connu  de  silicargol  avec  une  solution  titrée  d'iode, 
puis  déterminant  la  quantité  d'iode  absorbée,  on  trouve  que  celle-ci  est  plus  forte 
de  |- environ  que  celle  qui  correspondrait  Ă   la  saturation  de  l'argent.  Or  Ă   froid,  ni 
l'aldhéyde  formique  employée,  ni  l'acide  formique  n'ont  d'action  sur  la  solution  d'iode. 
On  ne  peut  donc  attribuer  cette  action  réductrice  à  une  petite  quantité  de  ces  corps, 
restée  combinée  avec  le  silicargol. 

»  Conclusions.  —  1°  Les  «  argents  coUoĂŻdaux  »  que  j'ai  examinĂ©s  sont 
constitués  par  des  espÚces  chimiques  différant,  non  seulement  par  leurs 
propriétés,  mais  par  leurs  compositions. 


124  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  2"  Il  y  fi  lien  d'admeltre  que  la  matiÚre  albnminoïfle  clans  le  collargol, 
l'oxyde  de  fer  dans  le  corps  de  C.  LĂ©a,  la  silice  dans  le  silicargol,  ne  consti- 
tuent pas  des  impuretés,  mais  font  partie  intégrante  de  la  molécule,  non 
seulement  parce  qu'il  parait  impossible  de  les  séparer  sans  détruire  l'argent 
colloïdal,  mais  aussi  parce  que  ces  corps  y  ont  perdu  leurs  réactions  et 
solubilités  habituelles. 

»  3°  Tous  ces  corps,  chauffés  dans  le  vide,  dégagent  de  l'acide  carbonique 
et  de  l'hydrogÚne,  et  ont  un  pouvoir  réducteur  plus  grand  que  celui  de 
l'argent  qu'ils  renferment.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  C  acide  hypophosphoreux  sur  la  diĂ©lhyl- 
celone  cl  sur  l'acétophénone.  Note  de  M.  C.  i^^ARiE,  présentée  par  M.  H. 
Moissan. 

«  DiĂ©thylcĂ©tonc.  —  On  fait  bouillir  au  rĂ©frigĂ©rant  Ă   reflux  un  mĂ©lange  de  cĂ©tone 
(3°>°'  à  4""°')  et  d'acide  lij'perphosphoreux  (iℱ"').  Au  bout  d'une  vingtaine  d'heures  la 
condensation  est  elTectuée;  on  distille  alors  l'excÚs  de  cétone  dans  le  vide  à  Îo^-So", 
et  l'on  obtient  finalement  un  sirop  à  peine  coloré  en  jaune.  On  sépare  l'acide 

PO^H'(C^H')CO(C=H^) 

formé  en  traitant  par  l'eau  le  produit  de  la  réaction  et  saturant  par  le  carbonate  de 
plomb  la  solution  acide  obtenue;  on  Ă©vapore  ensuite  Ă   sec  et  en  reprenant  par  l'alcool 
bouillant  on  dissout  le  sel  de  plomb  de  l'acide  clierché.  Ce  sel  recristallise  par  refroi- 
dissement et  correspond  Ă   la  formule 

[(C^H-')-COPOMr^]^Pb. 

»  Pour  avoir  l'acide,  on  décompose  le  sel  dissous  dans  l'eau  par  un  courant  de  H-S 
et  l'on  Ă©vapore  la  solution  ;  il  reste  un  sirop  incolore,  incristallisable  mĂȘme  Ă   —  20°  et 
soluble  dans  les  divers  solvants  organiques.  Par  oxvdation  au  brome  ou  au  chlorure 
mercurique  il  donne  facilement  l'acide  oxjphosphinique  PO'H'(G-H')-CO.  Toutes 
ces  réactions  s'efl'ectuenl  comme  pour  les  cétones  que  j'ai  étudiées  précédemment. 

»  L'acide  POMI' (C-H»)-CO-  est  soluble  dans  l'eau,  l'alcool,  l'acétone,  l'acétate 
d'Ă©lhyle  et  insoluble  dans  le  benzĂšne  et  le  chloroforme.  Pour  le  purifier,  le  mieux  est 
de  le  précipiter  de  sa  solution  dans  l'acétone  par  un  excÚs  de  chloroforme  ;  il  fond  alors 
Ă   ToS".  Il  donne  comme  tous  les  acides  oxyphosphiniques  des  sels  de  plomb  et  d'argent 
insolubles. 

»  AcĂ©tophĂ©none.  —  On  chauffe  pendant  i5  ou  20  heures  au  bain-marie  l'acĂ©- 
tophénone (3""°')  avec  PO^H'(i"'°').  Les  liquides  se  mélangent  peu  à  peu;  le 
produit  est  versé  dans  l'eau  pour  séparer  l'excÚs  d'acélophénone  et  la  solution  est 
saturée  à  chaud  par  un  excÚs  de  carbonate  de  plomb.  Le  précipité  obtenu  est  séché  el 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    IQoS.  123 

dissous  dans  l'alcool  bouillant.  Par  refioidissemenl  on  obtient  le  sel 

[(CIPC0C'^H^)P0-^II-]-^Pb2 

cristallisé  en  houppes  brillantes.  Ce  sel  est  trÚs  peu  soluble  dans  l'eau;  par  CII-S  il 
fournit  l'acide  PO-H'CIPCOC''H',  sirop  incolore,  Ă©pais,  qui  ne  cristallise  f(ue  trĂšs 
lentement,  en  une  masse  rayonnée  fusible  à  70°. 

»  Cet  acide  s'oxyde  facilement  par  le  brome  ou  le  chlorure  mercurique,  mais  le 
produit  de  la  rĂ©action  n'est  pas  le  mĂȘme  dans  les  deux  cas.  Pour  Ă©liminer  l'acide 
bromhydrique  ou  chlorhydrique  produit  il  faiit  en  effet  procéder  à  une  série  d'éva- 
porations  à  sec  qui  ne  vont  pas  sans  une  certaine  décomposition  du  produit.  Cette 
décomposition  est  évitée  par  l'évaporation  rapide  dans  le  vide  à  60°  qui  dans  le  cas 
de  l'oxydation  mercurique  laisse  l'acide  oxyphosphinique  sensiblement  pur;  dans  le 
cas  de  l'oxydation  au  brome  on  n'obtient  pas  l'acide  lui-mĂȘme  mais  sa  combinaison 
avec  une  molécule  d'acide  bromhydrique.  Cette  combinaison  se  différencie  par  son 
point  de  fusion  (190°),  sa  plus  faible  solubilité  dans  l'éther  et  son  analyse  qui  répond 
Ă   la  formule  POMl'CIFCOC'H',  HBr. 

»  Ce  produit  traité  par  l'oxyde  d'argent,  en  solution  aqueuse,  donne  Ag  Bi'  et 
l'acide  oxyphosphinique  qu'on  peut  avoir  alors  par  une  simple  Ă©vaporation.  On 
le  purifie  par  dissolution  dans  l'acétone  et  précipitation  par  CHCP.  11  fond  à  170"  et 
est  soluble  dans  les  divers  solvants  organiques  sauf  CHCl'. 

»  Il  régénÚre  facilement  la  combinaison  bromhydrique  précédente  par  une  simple 
évaporation  dans  le  vide  en  présence  d'un  excÚs  de  H  Br. 

»  Conclusions.  —  L'existence  de  ces  acides,  rapprochĂ©e  de  celle  des 
acides  préparés  au  moyen  de  PO^H'  et  des  autres  cétones,  symétriques  ou 
non,  grasses  ou  aromatiques,  montre  que  la  réaction  qui  leur  donne 
naissance  est  générale  ;  il  en  est  de  mÚiaie  de  la  réaction  d'oxydation  qui 
fournit  les  acides  oxyphosphiniques  correspondants.  » 


CHIMIE   ORGANIQUE.  —  Sur  le   chlorure  de  phcnyljtropargylidùnt 

C«H'  -  C  =  C-  CHCI^ 

Note  de  MM.  Eunest  Charon  et  Edgar  Dugoujon,  présentée  par  M.  Haller. 

«  Nous  nous  sommes  proposé  d'étendre  nos  recherches  précédentes  sur 
le  chlorure  de  cinnamylidÚne  à  des  composés  renfermant  dans  leur  molé- 
cule le  groupement  acétylénique. 

»  Nous  nous  sommes  adressé  au  mieux  connu  des  aldéhydes  acétylé- 
niques,  Ă   l'aldĂ©hyde  phĂ©nylpropargylique  CH^  — C:^C  —  CHO.  Il  existe 
C.  R.,  1903,  2«  Semestre.  (T.  GXXXVIt,  N°  3.)  '7 


12(3  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

deux  méthodes  de  préparation  pour  ce  composé,  celle  de  Claisen  ('), 
celle  de  MoLireu  et  Delange(-).  Nous  a\oiis  donné  la  préférence  à  cette 
dernieie. 

»  On  jjeul  arriver  à  coup  sûr  à  d'excellenls  rendements  dans  la  préparation  des 
aldéhydes  acél^déniques,  en  modifiant  le  procédé  décrit. 

»  11  est  capital  d'opérer  avec  des  produits  absolument  anhydres  et  purs.  Le  phényl- 
acétylÚne  et  le  formiale  dVthyle  sont  faciles  à  obtenir  tels.  Quant  à  Téllier  em])loyé 
comme  dissolvant,  il  doit  ne  donner  aucune  rĂ©action  au  sodium,  mĂȘme  par  un  contact 
prolongĂ©.  Une  trace  d'eau  suffit  pour  donner  de  mauvais  rendements  et  mĂȘme  pour 
qu'ils  soient  tout  Ă   fait  nuls. 

»  On  fait  réagir  le  dérivé  sodé  du  carbure  sur  iéther  forniique  peu  à  |ieu,  en  main- 
tenant vers  o°,  et  l'on  suit  la  dissolution  de  ce  dérivé.  Quand  elle  est  complÚte  ou 
presque,  il  est  inutile  d'attendre,  on  détruit  à  o"  la  combinaiso.i  formée  en  ajoutant 
goutte  à  goutte  de  l'acide  acétique  en  trÚs  léger  excÚs.  On  étend  d'eau  et  l'on  épuise 
à  lélher. 

»  La  destruction  du  composé  intermédiaire  par  l'acide  acétique  permet  d'é\iler  la 
résinificalion  d'une  grande  partie  du  produit,  toujours  inévitable  par  l'eau.  En  effet, 
on  forme  ainsi  de  la  soude  caustique  qui  résinifie  rapidement  les  aldéhydes  non 
saturés.  Nous  avons  obtenu  des  rendements  dépassant  5o  pour  loo  du  carbure 
employé. 

»  L'action  du  perchlorure  de  phosphore  sur  l'aldéhyde  bien  pure  a  été  conduite  de 
la  façon  suivante  : 

»  Le  perchlorure  en  quantité  un  peu  supérieure  à  la  théorie  est  introduit  dans  un 
ballon  bien  sec.  On  laisse  tomber  goutte  à  goutte  l'aldéhyde  à  la  température  ordi- 
naire. La  réaction  s'annonce  de  suite  et  le  mélange  s'échauffe  peu  à  peu.  Pour  com- 
pléter cette  réaction,  on  cliauffe  quelques  instants  au  bain-marie. 

»  Le  liquide,  dĂ©barrassĂ©  du  perchlorure  de  phosphore  non  dissous,  peut  ĂȘtre  ensuite 
traité  de  deux  façons  différentes  : 

»  1°  On  détruit  l'oxychlorure  de  phosphore  par  l'eau  glacée  en  agitant  bien  et  l'on 
reprend  le  chlorure  organique  par  l'éther.  La  solution  séchée  sur  le  chlorure  de  cal- 
cium et  redistillée  dans  le  vide  donne  le  composé  cherché; 

»  2°  On  distille  dans  le  vide  sans  traiter  par  l'eau,  l'oxychlorure  passe  d'abord  et  il 
distille  ensuite  un  liquide  incolore  trÚs  réfringent  passant  à  i3i''-i32"  sous  22""". 

»  Ce  composĂ©  a  une  odeur  assez  agrĂ©able.  Refroidi  il  cristallise  Ă   —  i^"-  ChauffĂ©  Ă  
l'air  libre  il  se  détruit  en  partie  mais  distille  trÚs  bien  sous  pression  réduite.  Sa  den- 
sité à  0°  est  de  i,2435. 

»  AbandonnĂ©  Ă   lui-mĂȘme,  on  remarque  de  suite  qu'il  est  plus  stable  que  le  chlorure 
de  cinnamylidÚne.  Il  reste  d'abord  incolore  puis  jaunit  lentement;  il  se  dégage  bientÎt 
de  l'acide  chloihydriiiue,   mais  mĂȘme  aprĂšs  jilusieurs  jours  on  peut    par  distillation 

(')  Cl.\isen,  PĂ©riclite  der  dcntschen  chemischen  Gesellschaft,  \ol.  WXl,  p.  1022. 
(■-)  MoLHEU  et  DiiLANcii;,  Cui>i//tcs  rendus,  t.   CXXXIIl,  p.  io5. 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    rpo.S.  1 2y 

régénérer  la  plus  gi-aiule  partie  du  composé  primilil'.  Par  l'eau  la  destruction  est  éga- 
lement trĂšs  lente.  L'eau  s'acidule,  mais  mĂȘme  au  linut  de  deux:  jours  on  constate  en 
dosant  l'acide  libre  qu'une  faible  partie  seulement  du  chlorure  est  détruite. 

»  Ou  peut  chauflTer  au  bain-marie,  la  décomposition  s'accentue,  elle  est  loin  cepen- 
dant d'ĂȘtre  complĂšte.  Il  n'y  a  pas  fixation  de  l'acide  naissant  sur  la  triple  liaison  et  l'on 
peut  dans  ce  cas  régénérer  une  partie  du  chlorure  inaltéré. 

»  Celte  stabilitĂ©  de  CH^— G  =  C  —  CHGI-,  beaucoup  plus  grande  que  celle 
de  C«H=— Cil  =CH— CHCI-,  se  remarque  dĂ©jĂ   dans  la  prĂ©paration  de  ces  deux 
composés  d'une  façon  trÚs  nette. 

»  Contrairement  aux  idées  admises  sur  l'énergie  particuliÚre  du  groupement  acétv- 
lĂ©nique  C^H'C  =  C  —  CIICI-  doit,  au  point  de  vue  qui  nous  occupe  ici,  ĂȘtre  rangĂ© 
entre  le  composé  saturé  et  le  composé  élhylénique. 

»  La  saturation  du  groupement  acétylénique  stabilise  complÚtement  le  groupe- 
ment ciicr-. 

»  On  obtient  ainsi  avec  le  chlore  un  liquide  incolore  distillant  Ă   i65"-i67°  sous  28ℱ"". 
Refroidi  énergiquement  ce  composé  se  solidifie  mais  sans  apparence  cristalline.  Son 
analyse  correspond  à  la  formule  CH'—  CIICl  =  CIICI  —  C1ICI-.  A.  l'air  ou  sous  l'eau 
il  est  trĂšs  stable. 

»  L'action  du  brome  en  solution  acétique  ou  chloroformique  donne  un  corps  cristallisé 
en  fines  aiguilles  blanches  fondant  à  107°  de  formule  CH'— CIIBr  =  CHBr  —  CIICI'. 
Ce  chlorobromure  est  extrĂȘmement  stable. 

»  La  stabilité  de  ces  dérivés  malgré  leurs  liaisons  éthyléniques  n'a  rien  qui  doive 
surprendre  aprÚs  les  faits  observés  avec  les  chlorures  de  chloro-  et  de  bromo-cinnamy- 
lidĂȘne. 

»  Si  l'on  excepte  les  transformations  isomériqiies  des  hydrocarbures, 
le  cas  étudié  ici  est  le  premier  exemple  de  l'action  de  la  triple  liaison  snr 
te  groupement  hydrocarboné  voisin  et  sur  les  substitutions  chlorées  dans 
ce  groupement. 

»  Nous  croyons  pouvoir  affirmer  que,  pour  ĂȘtre  trĂšs  rĂ©elle,  celte  action 
est  cependant,  dans  le  cas  des  substitutions  chlorées,  moins  accentuée 
que  celle  de  la  double  liaison. 

»  Celte  affirmation  semble  contradictoire  avec  ce  que  l'on  admet  cou- 
ramment, mais  en  somme  on  n'a  jusqu'ici  étudié  que  la  saturation  du 
groupement  —  CssG  —  et  confondu  deux  phĂ©nomĂšnes  diffĂ©rents  :  d'une 
part  cette  saturation  et  d'autre  part  un  phénomÚne  tout  autre,  le  reten- 
tissement de  ce  groupement  sur  le  reste  de  la  molécule.  L'étude  des 
composĂ©s  Ă©thylĂ©niques  Ă   ce  point  de  vue  est  elle-mĂȘme  Ă   peine  Ă©bauchĂ©e. 

»  De  ce  qui  prĂ©cĂšde  il  rĂ©sulte  que  cette  confusion  doit  ĂȘtre  Ă©vitĂ©e,  il 
ne  faut  pas,  sans  aucun  fait  expérimental,  admettre  que  l'action  extérieure 
Ă   lui-mĂȘme  du  groupement  acĂ©tylĂ©nique  est  plus  accentuĂ©e  que  celle  du 


120  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


groLipemeul  cthyléniqiie.  C'est  l'inverse  qui  est  vrai  pour  les  substitutions 
chlorĂ©es.  Il  peut  en  ĂȘtre  d'ailleurs  tout  autrement  pour  des  substitutions 
d'autre  nature.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —  PrĂ©paration  des  ainides  secondaires .  Note 
de  M.  J.  Tarbouriech,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  On  ne  connaßt  jusqu'à  ce  jour  que  trois  amides  secondaires  :  la 
diacétamide,  la  diprojjionamide  et  la  diisobutyramide,  ces  deux  derniÚres 
obtenues  d'une  façon  tout  à  fait  fortuite.  J'ai  essayé  de  préparer  quelques 
nouveaux  termes  de  cette  sĂ©rie  et,  dans  ce  but,  j'ai  mis  en  Ɠuvre  deux 
procédés  :  le  premier,  indiqué  depuis  1868  par  M.  Armand  Gautier  (') 
et  considéré  comme  la  méthode  classique  et  générale  d'obtention  de  ces 
composés  consiste  dans  l'action  ties  acides  sur  les  nitriles  correspondants; 
la  deuxiÚme  méthode,  toute  personnelle,  consiste  à  faire  réagir  les  chlo- 
rures d'acides  sur  les  amides  primaires  en  tube  scellé. 

M  La  reaction  de  M.  Armand  Gautier  donne  lieu  Ă   la  formation  des 
amides  secondaires  par  simple  addition  des  deux  constituants;  j'ai  pu 
obtenir  ainsi  !a  dibulyramide  normale  et  la  diisovaléramide.  Mais  il  est  à 
remarquer  que  la  combinaison  s'effectue  avec  une  difficulté  croissante  et 
avec  des  rendements  de  plus  en  plus  faibles,  en  mĂȘme  temps  qu'on  aug- 
mente le  nombre  d'atomes  de  carbone  dans  la  molécule. 

»  L'action  des  chlorures  d'acides  sur  les  amides  permet  d'obtenir  ces 
composés  à  des  températures  bien  inférieures  à  celles  exigées  par  la 
méthode  précédente  et  avec  de  meilleurs  rendements.  Enfin,  en  faisant 
intervenir  des  chlorures  d'acides  d'un  nombre  d'atomes  de  carbone 
diffci'ent  de  celui  de  l'amide  primaire,  on  obtient  des  amides  secondaires 
mixtes  ou  dissymétriques,  série  dont  on  ne  connaissait  jusqu'à  présent 
aucun  terme. 

»   Je  ne  décrirai,  dans  cette  Note,  que  les  composés  symétriques  : 

u  DiBUĂŻĂŻRAMiDE  NORMALE.  —  1°  PrĂ©parcUioii  par  le  nitrile  et  l'acide  butyriques. 
—  On  chaufle  Ă   2o5°  en  lube  scellĂ©,  pendaiiL  4  heures,  iSs,  8  de  nitrile  butyrique  et 
ĂŻ-8,6  d'acide  butyrique.  AprĂšs  refroidissement,  on  distille  le  liquide  sous  la  pression 
ordinaire  :  hi  plus  grande  partie  passe  avant  la  température  de  180".   Le  tliernioraÚtre 

(')  Comptes  rendus,  t.  LXVII,  1868,  p.  laĂŽo. 


SÉANCE  DU  l3  JUILLET  igoS.  129 

s'élÚve  ensuite  rapidement  jusque  vers  218°.  A  partir  de  cette  température,  le  liquide 
qui  distille  se  condense  par  le  refroidissement  en  une  masse  blanche  cristalline. 

»  Mais,  à  partir  de  200°,  il  y  a  toujours  une  décomposition  plus  ou  moins  avancée 
du  produit.  Aussi,  est-il  avantageux  d'arrĂȘter  le  fonctionnement  dĂšs  que  l'on  atteint 
cette  température.  Par  le  refroidissement,  et  au  bout  de  quelques  heures,  le  liquide 
resté  dans  le  ballon  se  prend  en  une  masse  cristalline  que  l'on  purifie  par  essorage, 
lavage  à  l'eau  distillée  et  cristallisation  dans  l'alcool.  La  dibutjramide  fond  à  107°. 

»  2°  PrĂ©paration  par  la  biUyramide  et  le  chlorure  de  hutyrile.  —  Les  deux  corps 
mélangés  dans  la  proportion  de  leur  poids  moléculaire  sont  chaufles  en  tube  scellé 
à  i20°-i3o''  pendant  6  heures.  Au  bout  de  ce  temps,  le  tube  contient  un  liquide  sur- 
nageant une  petite  quantité  d'une  matiÚre  blanchùtre  cristalline.  On  distille  le  liquide 
au  bain-marie  dans  le  vide;  dans  ces  conditions,  la  plus  grande  partie  passe  Ă   la  dis- 
tillation. Le  résidu  se  solidifie  par  le  refroidissement  en  une  masse  cristalline  que  l'on 
purifie  comme  il  vient  d'ĂȘtre  dit.  Ce  corps  a  le  mĂȘme  point  de  fusion  que  celui  obtenu 
par  l'action  de  l'acide  butyrique  sur  le  nitrile,  soit  107°.  L'analyse  démontre  qu'il  a  la 
composition  centésimale  de  la  dibutyramide. 

»  Le  produit  solide  qui  s'est  formé  en  petite  quantité  sous  le  tube  scellé  est  du  chlo- 
rure d'ammonium.  La  formation  de  ce  corps  paraĂźt  ĂȘtre  corrĂ©lative  de  la  production 
en  proportion  correspondante,  c'est-Ă -dire  trĂšs  minime,  de  tributyramide,  qui  pren- 
drait naissance  d'aprĂšs  l'Ă©quation 

2C'l]'OAzH2H-C*H'OCIr=AzIPCl-H(C'H'0)^Az. 

»  Quant  au  liquide  qui  a  passé  à  la  distillation,  il  contient  une  certaine  quantité 
de  nitrile  qui  résulte  de  l'action  déshydratante  du  chlorure  d'acide  sur  l'amide 
primaire. 

»  Diisohiityramide.  —  Hofmann  (')  a  constatĂ©  la  formation  de  ce  corps  Ă   cĂŽtĂ©  de 
l'isobutyramide  par  l'action  de  l'ammoniaque  sur  le  chlorure  de  butyrile.  En 
chaulTant  à  iio^-iiS^en  tube  scellé  de  l'isobutyramide  et  du  chlorure  d'isobutyrile 
en  proportions  molĂ©culaires,  on  obtient  un  liquide  qui,  abandonnĂ©  Ă   lui-mĂȘme,  laisse 
cristalliser  spontanément  la  diisobutyramide  en  gros  cristaux  flexibles,  incolores,  fon- 
dant à  1730-174°.  La  diisobutyramide  est  presque  insoluble  dans  l'eau  et  l'alcool 
froids.  Elle  est  plus  soluble  dans  ces  liquides  bouillants,  trĂšs  soluble  dans  l'Ă©ther. 

»  DiisovalĂ©ramlde.  —  Si  l'on  chauffe  Ă   20o"-2o5",  poids  molĂ©culaire  d'acide  valĂ©- 
rique  et  de  valéronitrile,  on  n'observe,  quelle  que  soit  la  durée  de  l'opération,  que  la 
formation  en  proportion  insignifiante  d'amide  secondaire.  On  obtient  ce  corps  en 
quantité  notable  en  portant  la  température  à  24o''-25o°  pendant  au  moins  3o  heures. 
AprÚs  distillation  sous  pression  réduite  de  la  partie  qui  n'a  pas  réagi,  on  obtient  un 
liquide  qui,  par  refroidissement,  se  concrĂšte  en  aiguilles  blanches  fondant  Ă   9^'.  Ce 
corps  a  la  composition  élémentaire  de  la  diisovaléramide. 

»  On  obtient  encore  ce  composé  par  l'action  du  chlorure  d'isovaléryle  sur  l'isovalé- 
ramide  dans  les  conditions  décrites  au  sujet  de  la  dibutyramide  normale.  Ici  encore 
on   observe  la  formation  de  chlorure  d'ammonium  et  d'une  proportion  notable  de  ni- 


(')  D.  eh.  G.,  t.  XV,  p.  977, 


l3o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Irile.  Pour  faire  cristalliser  l'amide  secondaire,  on  reprend  par  l'eau  bouillante  le 
liquide  qui  reste  aprĂšs  la  distillation  au  bain-marie  dans  le  vide,  et,  par  le  refroidisse- 
ment, on  obtient  la  diisovaléramide  sous  forme  d'un  amas  feutré  de  fines  aiguilles 
blanches. 

1)  DivaU-mmide  normale.  —  L'action  du  chlorure  de  valĂ©rvle  sur  la  valĂ©ramide  en 
tube  scellĂ©  Ă   i  io°-i  i5°  donne  lieu  de  la  mĂȘme  maniĂšre  Ă   la  formation  de  la  divalĂ©ra- 
mide  normale.  On  la  sépare  comme  les  composés  précédents  en  se  basant  sur  son  inso- 
lubilité dans  l'eau  froide.  C'est  une  substance  blanche,  cristalline,  fondant  à  loo". 
Elle  est  assez  soluble  dans  l'alcool  bouillant,  trÚs  soluble  dans  l'éllier.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  du  persulfale  d'ammoniaque  sur  les  oxydes 
métalliques.  Note  de  MM.  A.  Seyewetz  et  P.  Tuawitz,  présentée  par 
M.  A.  Haller.  (Extrait.) 

«  En  faisant  agir  le  persulfate  d'ammoniaque  sur  les  oxydes  métalliques, 
nous  avons  obtenu  des  réactions  qui  diffÚrent  notablement  de  celles  que 
donne  l'eau  oxvgĂ©nĂ©e  — 

)i  Conclusions.  —  Il  rĂ©sulte  de  nos  expĂ©riences  que  le  persulfate  d'am- 
moniaque donne  Heu  à  des  réactions  variées  en  agissant  sur  les  oxydes 
métalliques  : 

))  1°  Avec  les  protoxydes,  il  peut  y  avoir  soit  déplacement  d'ammo- 
niaque avec  formation  probable  du  persulfate  correspondant,  soit  produc- 
tion de  sesquioxydes  ou  de  peroxydes. 

»  Cette  derniÚre  réaction  est  particuliÚrement  intéressante  pour  la  pré- 
paration du  peroxvde  de  plomb  précipité. 

1)  2°  Avec  les  sesquioxydes  ou  [nf,  peroxydes,  on  peut,  st)it  [produire  l'oxy- 
dation (l'une  partie  de  l'ammoniaque,  en  dĂ©gageant  de  l'azote  en  mĂȘme 
temps  qu'il  se  forme  le  sulfate  correspondant  Ă   l'oxyde,  soit  former  le  sul- 
fate de  l'oxyde  avec  dégagement  de  l'oxygÚne  d'une  partie  du  persulfate, 
soit  enfin  donner  lieu  Ă   des  peroxydations  complĂštes,  comme  celles  que  l'on 
obtient  avec  les  hydrates  de  chrome  et  de  manganÚse.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Action  du  brome  sur  le  pinĂ©ne  en  prĂ©sence  de  l'eau. 
Note  de  MM.  P.  Gejsvresse  et  P.  Faivhe.  (Extrait.) 

«   L'action  du  brome  sur  le  pinÚne  a  été  l'objet  de  beaucoup  de  travaux 
de  la   p:irt  d'un  grand  nombre  de  savants,  entre  autres  de  MM.  Tilden  et 


SEANCE    DU    l3    JUILLET    IçjoS.  l3l 

Wallach.  Us  sont  arrivés  à  des  résultats  conlradictoires  :  M.  Tildea  conclut 
à  la  tétra valence  du  pinÚne  ;  M.  Wallach,  à  sa  divalence. 

»  Nous  avons  pensé  qu'il  serait  bon  de  reprendre  la  question  par  une 
autre  méthode;  nous  opérons  en  présence  de  l'eau;  nous  avons  seulement 
soin  que  la  température  ne  s'élÚve  pas. 

»  ...  Nous  avons  entraßné  par  la  vapeur  d'eau  l'huile  obtenue;  il  passe 
d'abord  un  liquiile  incolore,  plus  léger  que  l'eau,  constitué  surtout  par  du 
pinÚne  inaltéré,  ensuite  une  huile  colorée  en  jaune,  plus  lourde  que  l'eau, 
dont  nous  avons  extrait  du  cymĂšne,  et  enfui  un  liquide  qui  cristallise;  il 
reste  dans  l'appareil  à  entraßnement  un  résidu  brun  visqueux. 

»  Les  cristaux  fondent  à  i67°-i68"  aprÚs  cristallisation  dans  l'éther 
acétique.  Ils  sont  saturés  et  leur  analyse  correspond  à  la  formule 

G"'H"'Br% 

dibromure  de  pinĂšne.  M.  Wallach  les  avait  aussi  obtenus  par  une  autre 
méthode.  Us  sont  trÚs  importants,  parce  qu'ils  permettent  de;  conclure  à 
la  divalence  du  pinÚne.  » 


PHYSIOLOGIE.  —  Influence  du  syslùme  nerveux  sur  l'ontogenùse  des  membres. 
Note  de  M.  P.  Wi.vtkebert,  présentée  j)ar  M.  Edmond  Perrier. 

«  En  cludianl  l'origine  des  membres  chez  les  Batraciens,  je  fus  frappé 
de  voir  les  cellules  encore  indifférentes  du  bourgeon  naissant,  entourées 
par  les  fibrilles  nerveuses,  et  je  me  demandais  si  la  forme  et  la  différen- 
ciation du  membre  ne  seraient  point  réglées  par  le  systÚme  nerveux. 
R.  Rubiii  a  |)récisé  récemment  l'intlueuce  nécessaire  du  systÚme  nerveux 
pour  la  régénération  du  membre  chez  les  UrodÚles;  mais  il  s'agissait  de 
l'apparition  premiĂšre  de  l'organe  et  les  travaux  de  A.  Schaper  sur  les 
larves  d'Anoures  montrant  cjue  l'ablation  de  l'encéphale  est  sans  action 
sur  la  croissance  en  général  et  sur  la  région  céphalique  en  particulier,  ne 
touchent  pas  le  sujet  d'assez  |)rÚs.  Je  résolus  d'expérimenter  en  supprimant 
la  seule  innervation  du  membre  lui-mĂȘme  chez  des  larves  de  Batraciens 
urodĂšles  et  anoures. 

»  OfĂ©rations  et  IIÉSULTATS.  —  .1  Sifedoti  phciforiiiis.  — Sur  des  larves  d'Axolotl, 
prises  au  moment  oĂč  apparaissent  les  doigts  du  'iiembre  postĂ©rieur,  j'arrivai  aprĂšs 
plusieurs  essais  à  pouv(jir  sectionner  complÚtement  les  nerfs  qui  s'y  rendent,  j°  d'un 
seul  cÎté,    2"  des   deux  cÎtés.  Dans   les  deux  cas,  un    grand  nombre  de  larves  lurent 


j32  académie  des  sciences. 

opérées;  on  ne  retint  pour  l'appréciation  des  faits  que  celles  dont  le  membre  énervé 
Ă©tait  absolument  inerte  et  insensible.  Au  bout  d'un  temps  variable  (G  Ă   12  jours)  on 
constatait  sur  tous  les  membres,  opĂ©rĂ©s  ou  non,  la  mĂȘme  croissance  de  i  ou  2  doigts; 
pour  continuer  l'expérience,  en  évitant  une  régénération  nerveuse  possible,  certaines 
larves  furent  opérées  de  nouveau,  et  manifestÚrent  encore  aprÚs  cela  l'apparition 
d'une  ébauche  plus  avancée. 

»  II.  Rana  temporaria.  —  Les  opĂ©rations  furent  toujours  pratiquĂ©es  sur  les  2  cĂŽtĂ©s 
des  larves.  Voici  les  rĂ©sultats  relatifs  Ă   2  lots  de  tĂȘtards  : 

»  PremiĂšre  sĂ©rie  :  DĂ©'.'eloppenient  des  doigts.  —  19  larves  furent  rigoureusement 
choisies  au  stade  oĂč  le  pied  commence  Ă   se  distinguer  sur  le  bourgeon  par  un  Ă©tran- 
glement sĂ©parant  une  palette  terminale  indivise.  5  jours  aprĂšs  l'opĂ©ration,  8  tĂȘtards 
survivent,  sur  lesquels  6  ont  l'Ă©bauche  nette  de  3  doigts,  et  2  montrent  4  doigts. 
Réopérés  immédiatement,  4  seulement  sont  en  vie  5  jours  plus  tard;  2  de  ceux-ci  n'ont 
pas  progressé,  mais  les  2  autres  ont  à  ce  moment  l'ébauche  de  leurs  5  doigts,  comme 
les  témoins;  leurs  membres  étaient  toujours  restés  inertes  et  insensibles. 

»  DeuxiĂšryie sĂ©rie  :  DĂ©i'eloppement des  membr-es jusqu'Ă   complĂšte  mĂ©tamorphose.  — 
5o  tĂȘtards,  pris  Ă   un  stade  tout  Ă   fait  prĂ©coce,  subissent  le  28  mai  une  opĂ©ration,  qui 
fut  renouvelée  les  28  mai,  2  juin,  7  juin,  22  juin,  2  juillet.  AprÚs  le  7  juin,  le  membre 
était  suffisamment  développé  pour  qu'on  pût  se  rendre  un  compte  exact  de  sa  sensibi- 
lité et  de  sa  molililé,  et  il  devint  possible  d'attendre,  pour  intervenir  à  nouveau,  que 
la  sensibilité  reparût  à  la  naissance  de  la  cuisse.  Du  22  juin  au  2  juillet,  les  membres 
postĂ©rieurs  grandirent  rapidement,  et,  Ă   cette  derniĂšre  date,  18  tĂȘtards  survivaient; 
4  d'entre  eux,  plus  avancés,  avaient  sorti  leurs  membres  antérieurs,  mais  manifes- 
taient aussi  une  sensibilité  nette  au  pincement  de  la  cuisse  et  de  trÚs  légers  mouve- 
ments volontaires  de  celle-ci;  8  autres,  absolument  insensibles,  ou  dont  la  sensibilité 
restait  limitée  à  la  moitié  supérieure  de  la  cuisse,  furent  réopérés,  et  6  d'entre  eux 
libérÚrent  dans  les  jours  suivants  leurs  membres  antérieurs. 

»  Depuis  ce  moment,  laissĂ©s  Ă   eux-mĂȘmes,  les  derniers,  comme  les  premiers,  rĂ©cu- 
pérÚrent plus  ou  moins  rapidement  la  sensibilité  dans  les  segments  des  membres 
postérieurs,  traßnés  inertes  derriÚre  l'animal,  en  des  attitudes  vicieuses,  malgré  l'appa- 
rition de  minimes  contractions  des  cuisses. 

»  Ces  membres,  au  point  de  vue  de  leur  forme  générale,  de  leur  longueur  totale,  de 
la  proportion  longitudinale  de  leurs  divers  segments,  et  de  la  comparaison  entre  les 
deux  cÎtés,  ne  diffÚrent  pas  des  membres  normaux,  sauf  lésions  accidentelles  trauma- 
tiques. 

»  Dans  les  membres  les  plus  inertes  et  les  plus  sûrement  énervés  on  constate  par- 
fois, sous  l'influence  d'une  excitation  directe,  des  oscillations  des  doigts  qui  prouvent 
l'existence  de  fibres  musculaires. 

»  Nous  pouvons  donc  conclure  que  le  systÚme  nerveux  n'est  pas  néces- 
saire dans  la  génération  du  membre,  ni  pour  sa  croissance,  ni  pour  sa  mor- 
plßogénie  générale,  ni  pour  sa  différenciation.  » 


SÉANCE    DU     \3    JUILLET    igoS.  l33 


ZOOLOGIE.  —  La  distrihution  gĂ©ographique  des  ColĂ©optĂšres  hoslrychldes  dans 
ses  rapports  avec  le  régime  alimentaire  de  ces  Ir\sectes.  RÎle  probable  des 
grandes  migrations  humaines.  Note  de  M.  P.  Les\e,  présentée  par 
M.  Bouvier. 

«  L'ensemble  des  renseignements  que  l'on  possÚde  aujourd'hui  sur  le 
régime  ßles  ColéoptÚres  appartenant  à  la  famille  des  Bostrychicles  montre 
que  ces  Insectes  se  développent,  dans  les  conditions  normales,  aux  dépens 
des  plantes  ligneuses  récemment  mortes  ou  maladives.  D'une  façon  géné- 
rale, ils  cherchent  leur  subsistance  soit  dans  le  bois,  soit  dans  les  tissus  de 
réserve  des  végétaux  angiospermes;  les  espÚces  du  genre  Slephanopachys, . 
qui  vivent  exclusivement  dans  l'écorce  des  Abiétinées,  sont  les  seules  qui 
fassent  exception  Ă   cette  rĂšgle. 

»  Si,  mettant  à  part  ce  dernier  genre,  on  étudie  les  espÚces  dont  l'aire 
d'habitat  est  restée  limitée  à  l'une  des  grandes  régions  zoogéographiques, 
on  est  frappé  de  la  diversité  des  essences  auxquelles  s'attaquent  beaucoup 
d'entre  elles  et  de  la  facilité  avec  laquelle  elles  se  jettent  sur  les  arbres  ou 
les  arbustes  qui  y  ont  été  importés.  Le  régime  polyphage  est  manifeste, 
par  exemple,  chez  le  Sinoxylon  sexdentatiim  de  la  région  méditerranéenne, 
chez  le  Sinoxylon  crassum  de  la  région  indo-malaise  et  chez  les  Psoa  maculala 
et  Scobicia  dec/ivis,  de  Californie.  Une  espĂšce  du  nord  de  l'Afrique,  Liche- 
nophanes  niimida,  a  été  observée  une  fois  en  nombre  dans  le  tronc  mort 
d'un  Eucalyptus  globulus  qu'elle  avait  réduit  en  poussiÚre  ('). 

»  La  dureté  et  la  texture  des  tissus  végétaux  ne  paraissent  pas  jouer, 
dans  le  choix  des  plantes  nourriciĂšres,  un  rĂŽle  plus  important  que  l'indi- 
génat  des  essences  ou  que  les  affinités  botaniques.  Ainsi,  les  larves  de  deux 
espÚces  méditerranéennes,  Enneadesnms  iris/iinosus  et  Phonapale  fronlalis, 
s'accommodent  aussi  bien  du  parenchyme  de  la  nervure  médiane  des 
feuilles  coupées  de  Dattier  que  du  bois  de  Tamarix,  et  plusieurs  espÚces 
appartenant  aux  genres  Dinoderus  et  Rhizopertha,  quoiqu'elles  sachent 
forer  le  bois  aussi  bien  que  les  autres  Bostrychides,  et  qu'elles  s'y  déve- 
loppent fréquemment,  vivent  de  préférence  dans  divers  fruits  ou  tubercules 
dessĂ©chĂ©s,  dans  les  provisions  de  grains  amassĂ©es  par  l'homme  ou  mĂȘme 
dans  les  produits  manufacturés,  tels  que  le  biscuit. 


(')  Maurice  Girard,  Annales  de  la  Société  entomologique  de  France,  1882,  Bulle- 
tin, p.  48" 

C.  R.,  1903,  'i'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  2.)  18 


l34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Ces  faits  expliquent  la  facilité  avec  laquelle  certains  de  ces  animaux 
ont  pu  se  répandre  et  s'acclimater  dans  des  contrées  fort  éloignées  de  leur 
pays  d'origine  et  toutes  différentes  par  leur  végétation.  (J'est  ainsi  qu'il 
existe,  soit  dans  l'Amérique  du  Sud,  soit  aux  Antilles,  au  moins  quatre 
espÚces  de  Bostrvchides  (')  que  tout  porte  à  considérer  comme  étant 
d'origine  africaine.  Leur  large  dispersion  en  Afrique  oĂč  deux  d'entre  elles 
ont  donné  naissance  à  des  races  locales,  leurs  affinités  trÚs  étroites  avec 
leurs  congénÚres  restés  tous  cantonnés  dans  l'ancien  continent  et,  d'autre 
part,  la  conformité  absolue  des  individus  américains  avec  ceux  vivant  en 
Afrique  ne  peu\ent  guĂšre  laisser  de  doutes  Ă   cet  Ă©gard. 

)>  Or,  si  l'on  étudie  la  distribution  géographique  de  ces  formes  impor- 
tées, on  constate  que  leurs  centres  de  dispersion  en  Amérique,  Antilles  et 
BrĂ©sil  oriental,  sont  les  mĂȘmes  que  les  centres  d'habitat  des  populations 
noires  ou  de  gens  de  couleur  et  l'on  est  conduit  Ă   rattacher  leur  apparition 
dans  le  nouveau  continent  au  grand  mouvement  de  migration  forcée  qui, 
durant  une  période  historique  récente,  jeta  par  dizaines  de  millions  les 
nÚgres  captifs  sur  les  cÎtes  du  Brésil  et  dans  les  Antilles.  Il  est  certain  que 
les  bùtiments  négriers,  au  moment  de  quitter  l'Afrique,  embarquaient, 
outre  leur  cargaison  humaine,  du  bois,  des  ustensiles,  des  fruits  et  des 
tubercules  desséchés  qui,  dans  bien  des  cas,  recelaient  des  Bostrvchides 
sous  leurs  différents  états.  Il  n'est  pas  surprenant  qu'à  la  faveur  de  leur 
régime  varié  ceux-ci  aient  jju  s'acclimater  aux  points  d'atterrissage. 

»  D'autres  particularités  faunistiques,  susceptibles  d'une  explication 
analogue,  semblent  venir  à  l'appui  de  l'hypothÚse  précédente.  L'étude  de 
la  faune  des  Bostrychidos  de  Madagascar  révÚle  la  présence,  dans  la 
grande  ßle,  de  séries  d'espÚces  largement  répandues,  soit  en  Afrique,  soit 
dans  l'Indo-Malaisie,  et  vivant  cÎte  à  cÎte  avec  les  formes  endémiques.  La 
composition  de  cette  faune,  telle  qu'elle  est  actuellement  connue,  est  la 
suivante  : 

EspÚces  endémiques o 

»        existant  à  la  fois  en  Afrique  et  à  Madagascar i  i 

»                      )>                 dans  l'Asie  sud-orientale  et  à  Madagascar .") 

»                      »                 on  Afrique,  dans  l'Asie  sud-orienlale  cl  à  Madagascar. .  a 

»        cosmopolites 3 

»   Le  mélange  des  types  n'appartenant  pas  en  propre  à  la  faune  insulaire 

(  '  )  A'yloperlha  picea  dans  le  Brésil  et  la  Guyane,  Ayiionulus  transvei'sa  au  Brésil, 
Apale  terchvans  au  Brésil  et  dans  les  Antilles,  Apate  rnonachus  aux  Antilles. 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    igoS.  l35 

n'est  pas  sans  analogie  avec  celui  des  races  humaines  peuplant  l'Ăźle  et  tout 
se  passe  comme  si  les  nÚgres  bantous,  représentés  aujourd'hui  par  les 
Sakalaves,  et  les  Hovas  indonésiens  avaient,  les  uns  et  les  autres,  apporté 
de  leur  patrie  d'origine  un  contingent  d'espĂšces  xylophages  qui  serait  venu 
se  superposer  aux  formes  autochtones.  » 


PHYSIOLOGIE.  —  A  propos  (V une  diaslase  lactique  dĂ©doublant  le  salol.  Note 
de  MM.  A.  MiELE  et  V.  Willem,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 
(Extrait.) 

«  En  1901,  Nobécourt  et  Mercklen(')  ont  publié  une  série  d'expériences 
tendant  à  prouver  l'existence,  dans  certains  laits,  d'un  ferment  dédoublant 
le  salol  en  phénol  et  acide  salicylique Spolverini  (-)  aprÚs  des  expé- 
riences analogues,  admet  aussi  l'existence  de  ce  ferment.  De  mĂȘme  que  les 
auteurs  précédents,  il  constate  qu'une  réaction  sensiblement  acide  du 
milieu  retarde  beaucoup  l'action  du  ferment  et  peut  mĂȘme  l'enrayer  com- 
plÚtement. Enfin  A.  DesmouliÚres  et  Pozzi-Escot  (^)  ont  cherché,  avec  un 
rĂ©sultat  nĂ©gatif,  si  ce  dĂ©doublement  du  salol  ne  peut  pas  ĂȘtre  attribuĂ©  Ă  
l'action  d'une  lipase. 

»  Quelques  expériences  que  nous  avons  faites  montrent  que  l'existence 
dans  le  lait  d'un  semblable  ferment  hydratant,  dédoublant  le  salol,  est  tout 
au  moins  problématique;  presque  tous  les  faits  observés  se  peuvent  expli- 
quer par  la  simple  alcalinité  des  liquides  expérimentés. 

»  En  efTel:  i'^  une  sohilion  trÚs  diluée  de  soude  caustique  (rj^-f^r^  environ),  addi- 
tionnée de  salol,  fournit,  aprÚs  quelque  temps,  la  réaction  caractéristique  de  l'acide 
salicylique  avec  le  perchlorure  de  fer.  Cette  réaction  n'est  pas  instantanée  à  froid, 
mais  elle  est  trÚs  sensible  aprÚs  24  heures  de  maintien  de  la  liqueur  à  37°;  elle  est 
beaucoup  plus  prononcée  dans  une  solution  d'alcalinité  décuple;  elle  est  absente  en 
milieu  légÚrement  acide. 

»  Le  mĂȘme  ensemble  de  phĂ©nomĂšnes  se  prĂ©sente  si,  au  lieu  d'eau,  on  emploie 
d'autres  liquides  alcalinisés.  C'est  ainsi  que  du  lait  de  vaclie  cru   ou   bouilli,  d'abord 


(')  NOBÈCOUKT  et  Mercklen,  Un  ferment  de  lait  de  femme  et  du  lait  d'ùnesse 
{^Revue  mensuelle  des  maladies  de  l'enfance,  t.  XIX,  mars  1901). 

Ç-)  Spolveium,  Sur  les  ferments  soluĂčles  du  lait...  {Revue  d'Iifi^iĂ ne  et  de  mĂ©de- 
cine infantiles,  t.  I,  igoa). 

(*)  P ozii-EscOT,  DĂ©doublemc'/it  dlastasique  du  salol  [Comptes  rendus,  t.  CXXXVt. 
II    mai    igo3.) 


l36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

neutralisé  (pour  la  phénolphtaléine)  puis  légÚrement  alcalinité  comme  ci-ilessus 
(une  goutte  de  solution  décinormale  de  soude  pour  3'^^°'' de  liquide),  du  lait  de  femme  cru 
ou  bouilli,  de  la  salive,  une  solution  de  pancréaline,  ramenés  à  une  alcalinité  analogue, 
décomposent  tous  le  salol.  La  réaction  est  intensifiée  par  l'addition  d'une  quantité 
plus  grande  de  soude  caustique;  elle  est  annulée  par  l'acidification  trÚs  légÚre  des 
mĂȘmes  liquides. 

»  Il  est  à  noter  que  le  carbonate  de  soude  produit  des  efTets  analogues,  mais  à  une 
concentiation  supérieure  :  c'est  ainsi  qu'une  solution  au  ^^-^  donne  la  réaction  immé- 
diatement à  loo",  lentement  à  la  température  de  4o". 

»  En  résumé,  dans  ces  essais,  le  (lédoiihlemeiit  clti  salol  apparaßt  comme 
une  fonclion  de  l'alcalinité  du  milieu  et  se  montre  indifférent  aux  autres 
facteurs  considérés  :  nature  du  lait,  ébuUition  préalable,  présence  de  cer- 
taines diastases.  Or,  il  faut  se  rappeler  que,  dans  les  expériences  de  Nobé- 
court  et  Mercklen,  dans  celles  de  Spolverini,  ce  sont  les  laits  à  réaction 
alcaline  qui  ont  fourni  les  phénomÚnes  sur  lesquels  on  se  fonde  pour 
admettre  l'existence  du  ferment  en  question.  On  pourrait  donc  nier  déli- 
bérément sa  présence  si  Nobécourt  et  Mercklen  n'affirmaient  (p.  i4i)  que 
du  lait  de  femme,  maintenu  pendant  un  certain  temps  à  des  températures 
supérieures  à  65°,  perdait  son  pouvoir  de  dédoubler  le  salol,  et  si  on  ne 
lisait  dans  l'exposé  des  expériences  de  Spolverini,  sur  une  chÚvre  mise  à 
un  régime  omnivore,  l'apparition  au  bout  d'un  mois  de  la  réaction  en 
question  (Tableau,  p.  3o8),  en  mĂȘme  temps  que  l'aciditĂ©  du  lait  augmen- 
tait (Tableau,  p.  3o5). 

»  Il  ne  nous  a  pas  été  possible  de  répéter  les  expériences  de  Spolverini, 
mais  nous  avons  fait  des  essais  analogues  à  ceux  de  Nobécourt  et  Mercklen, 
et  cela  avec  des  résultats  un  peu  différents. 

»  C'est  ainsi  qu'un  lait  de  femme  stérilisé  à  iio°  pendant  une  demi-heure  nous  a 
donné  la  réaction  en  question,  trÚs  nettement,  quoique  plus  faiblement  qu'à  l'état  frais. 
Or,  nous  avons  pu  constater  que  l'ébullition  avait  modifié  le  degré  d'alcalinité  de  ce 
lait  :  frais,  il  avait  fallu  en  additionner  5'"''  de  o'"',  225  de  solution  décinormale  de 
soude  caustique  pour  provoquer  la  coloration  rose  de  la  phénolphtaléine  ;  aprÚs  stéri- 
lisation, o'=ℱ°,  36  devenaient  nĂ©cessaires  pour  obtenir  la  mĂȘme  rĂ©action.  Cette  diminu- 
tion de  l'alcalinité  du  lait,  sous  l'influence  d'une  température  élevée,  permet  de  com- 
prendre que  certains  laits  de  femme,  peu  alcalins,  perdent  par  la  chaleur  leur  pouvoir 
de  dédoubler  le  salol. 

))  Il  nous  semble  donc  que  l'existence,  dans  certains  laits,  d'un  ferment 
dédoublant  le  salol  est  bien  problématique;  la  démonstration  péremptoire 
d'une  diastase  Ă   pouvoir  hydratant  devra,  en  tout  cas,  se  faire  au  moyen 
d'autres  rĂ©actifs  que  le  salol.  Nous  ajouterons  que  les  mĂȘmes  objections 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    igoS.  \3'] 

s'appliquent  Ă   l'admission  de  semblable  ferment  dans  les  organes  oĂč  NobĂ©- 
court  et  Mercklen  ont  cru  l'avoir  révélé  (  '  ). 

»  Il  résulte  encore  de  nos  expériences  qu'il  n'existe  actuellement  aucune 
raison  d'attribuer  à  la  pancréatine,  comme  on  le  ftiit,  plutÎt  r|u'à  l'alcali- 
nité du  liquide  intestinal,  le  dédoublement  que  subit  le  salol  dans  l'intestin 
grĂȘle.  M 

PHYSIOLOGIE.  —  Sur  les  modiftcalions  du  cJtimisme  respiratoire  avec  l'ñge, 
en  particulier  chez  le  cobaye.  Note  de  M.  Léopold  Mavkr,  présentée  par 
M.  Alfred  Giard. 

«  Sondén  et  Tigerstedt  (-)  ont  étudié,  dans  les 5X;a/i«/m.  Arch.  fur  Physio- 
logie, les  Ă©changes  respiratoires  chez  l'homme,  et  l'influence  du  sexe  et  de 
i'àgesur  l'excrétion  de  l'anhydride  carbonique:  ils  ont  montré  que  l'homme 
excrĂšte  plus  d'anhydride  carbonique  que  la  ft-mme  et  que  le  pourcentage 
d'anhydride  carbonique  éliminé  par  kilogramme  diminue  notablement  de 
l'enfance  Ă   la  vieillesse,  comme  l'avait  aussi  Ă©tabli  Lorenzo  Brillo  ('). 

»  Nous  nous  sommes  proposé  de  rechercher  comment  varie,  avec  l'ùge, 
pour  diverses  espÚces  animales,  l'intensité  de  ces  combustions  respira- 
toires qui  mesurent,  en  derniÚre  analyse,  les  quantités  d'énergie  libérée 
par  l'organisme  au  repos  (  *  ). 

»   Nous  avons  ciioisi  dans  ce  but  le  Cobaye,  le  Lapin,  le  Poulet  et  le  Canard. 

»  Nous  nous  servons  de  la  méthode  de  Ilalsdane,  lédulte  à  la  pesée  de  l'anliydride 
carbonique,  avec  les  modifications  que  nous  avons  décrites  dans  un  travail  anté- 
rieur {'"). 

n  Les  dosages  ont  été  entrepris  dÚs  la  naissance  des  animaux  et  continués  journelle- 
ment pendant  le  premier  mois,  puis  Ă   des  intervalles  de  deux,  trois  et  quatre  jours. 

(')  NoBÉcouRT  et  Merckle.\,  PrĂ©sence  d'un  ferment  dĂ©doublant  le  salol  dans  les 
organes  de  V homme  et  de  divers  animaux,  ainsi  que  dans  le  lait  de  femme  et  de 
chienne  {Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,  9  février  1901). 

(^)  Klas  Sondén  et  RoBEiiT  Tigerstedt,  Unlersachungen  iiber  die  Respiration  und 
den  GesammtstoffiveclĂŻsel  des  Menschen  {Skandinav.  Arch.  f.  PhysioL,  iSgS,  p.  i 

Ă   225). 

(')  Lorenzo  Brillo,  Recherches  sur  la  ventilation  pulmonaire  dans  l'enfance 
(La  Sperimentale,  1898,  p.  218). 

(*)  Erisesï  Solvav,  Formules  d'introduction  à  l'énergétique  physique  et  psycho- 
sociologique,  p.  6. 

(*)  Léopold  Mayer,  Injluence  d'une  révulsion  cutanée  sur  le  mécanisme  et  le  chi- 
misme  respiratoire  {Travaux  du  laboratoire  de  l'Institut  Solvay,  publiés  par  Paul 
HĂ©ger,  1901,  t.  IV,  f.  1,  p.  98). 


l38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Dans  leur  ensemble,  nos  résultats  confirment  les  données  deSondén  et  Tigersledt; 
mais,  comme  nous  suivons  les  mĂȘmes  individus  pendant  plusieurs  annĂ©es  —  de  leur 
naissance  Ă   leur  mort  —  au  lieu  de  comj)ariM'  entre  eux  des  sujets  difTĂ©rents  Ă   des 
ùges  différents,  nous  pouvons  atteindre  ainsi  à  une  plus  grande  précision. 

»  Toutes  li:s  courbes  de  décroissance  de  poids  de  l'anhydride  carbonique  ai'ec 
VĂčge  ijuc  nous  avons  rencontrĂ©es  jusqu'ici  reprĂ©sentent  des  hyperboles. 

»  La  courbe  ci-dessous  résume  une  série  de  soixante-douze  expériences  pour  deux 
groupes,  l'un  <ledeux,  l'autre  de  trois  Cobayes;  elle  représente  les  moyennes  des  expé- 
riences, les  jioinls  un  peu  aberrants  «expliquant  soit  par  des  mouvements  désordonnés 
des  sujets,  soit  par  des  variations  excessives  de  température  et  de  pression  du  milieu. 


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»  On  voit  que  le  taux  de  l'excrĂ©tion  de  l'acide  carbonique,  extrĂȘmement  Ă©levĂ©  pen- 
dant les  premiers  jours  de  la  vie,  tombe  rapidement  de  4^)91  'ors  de  la  naissance  Ă   2^ 
vers  le  huitiĂšme  jour,  pour  continuer  Ă   diminuer  lentement  avec  l'Ăąge;  Ă   la  fin  du 
troisiÚme  mois,  il  oscille  autour  de  ie,8o  par  kilogramme-heure,  et  les  expériences 
ultérieures  montrent  qu'il  décroßt  progressivement,  suivant  l'équation  de  la  courbe, 
pour  atteindre,  à  l'ùge  adulte,  les  chiflVes  généralement  admis  (environ  i6,  lo). 

»  Nous  avons  tiré  des  chiffres  de  Sondén  et  Tigerstedt,  et  de  ceux  publiés  par  Magnus- 
Levy  et  Falk  ('),  des  courbes  dont  M.  Louis  Baslien  a  calculé  les  équations. 


(')  A.   MAGNtJS-LEVY    et   E.  Falk,  Arch.   fiir  Anal.   u.   Physiol.,    1899  {Physiol. 
Abllt.  SuppL,  p.  323  et  329). 


SÉANCE    DU    r3    JtUr.LET    igoS.  189 

»  Ces   formules  sont,  les   abscisses  x  étant   complL-es   en   années,  les  ordonnées  y 
représentant  des  centimÚtres  cubes  de  CO"  par  kilogramme-minute  : 

Pour  riiomnie  ....      (y  -^  wx)  (aj  +  x)  —  27800^7  —  2.5ooj  +  4G0000  -^  o; 
Pour  la  femme.  ...      (j  -H  oo.r)  (2/  +  x)  —  3i  3oox  =:  2600/  -H  .578000  :=  o  ; 

la  sexualité  femelle  s'exprimanl  ici  encore  (')  par  une  valeur  absolue  plus  grande  des 
constantes. 

»   Bastien  trouve  pour  la  courbe  ci-jointe  du  (Cobaye,  les  abscisses  étant  comptées 
en  jours  et  les  ordonnées  en  centigrammes  de  GO-  ])ar  kilogramme-heure  : 

{y  +  75. f)  (8/  -I-  x)  —  1 12800X  —  5  3oo_y  -1-  68000Q  :=  o, 

»  Pour  comparer   les   résultats,    il    faut   remplacer    dans   l'équation   du   Gobave   x 

X                                  os,oi 
par  -5—.  et  y  par  y  x  -r  x  t)0.  » 


CRYPTOGAMIE.  —  Sur  la  variation  du  Bornelina  Coriiim  suivant  la  nature 
des  milieux.  Noie  de  MM.  L.  Mangix  ot  P.  Viala,  jjrÚsentée  par 
M.  L.  Guignard. 

«  Le  Bornetina  Corium  présente  un  polymorphisme  si  remarquable  que 
nous  aurions  pu  Ă©tablir  plusieurs  espĂšces  avec  leurs  variations,  si  les  nom- 
l)reux  essais  de  culture  croisée  ne  nous  avaient  démontré,  ilans  la  grande 
diversitĂ©  des  formes,  l'existence  d'un  seul  et  mĂȘme  type  spĂ©cifique. 

»  L'aspect  des  cultures  sur  milieu  solide  (gélose,  gélatine,  sable,  imprégnés  de  solu- 
tions nutritives)  est  constant;  ce  sont  des  lames  plus  ou  moins  Ă©tendues,  parfois  ondu- 
lées et  frisées,  semblables  au  thalle  des  Champignons  ou  Lichens  crustacés.  Dans  les 
milieux  liquides,  le  Bornetina  constitue  d'abord  un  mycélium  floconneux  qui  bientÎt 
développe  une  lame  épaisse,  gaufrée  et  frisée,  d'une  grande  consistance;  celle-ci  est 
formée  parle  mycélium  stérile,  à  filaments  épais  et  réfringents,  que  nous  avons  désigné 
sous  le  nom  de  cuir.  C'est  Ă   la  surface  de  cette  lauie  que  les  spores  apparaissent  en 
grand  nombre.  Quand  la  culture  est  vieille,  lestùmes  se  couvrent  d'ampoules  à  cavités 
fruclifiées;  chaque  cavité,  de  forme  lenticulaire,  est  remplie  par  un  grand  nonibre  de 
cordons  ramifiés,  dressés  sur  le  plancher  mycélien  et  s'élevant  jusqu'à  la  membrane 
qui  forme  plafond  sans  adhéier  avec  elle.  Ces  cordons,  constitués  par  le  feutrage  du 
mycélium  stérile,  servent  de  support  au  mycélium  fertile;  les  spores  les  couvrent  en 
si  grand  nombre  qu'elles  remplissent  tout  l'espace  resté  libre  entre  eux. 

«   Dans  les   milieux   trÚs  sucrés  ou  dans  les   milieux   minérau.x  additionnés  de  sels 


(')  Voir    M.   Stefanowska  :  Sur    la   croissance   en  poids   de    la   souris  blanche 
{Comptes  rendus,  4  niai  igoS). 


l4o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ammoniacaux,  le  liornetina  est  tout  diuérenl  :  il  est  réduit  à  une  menjbrane  mince  et 
fragile,  par  suite  de  l'absence  du  cuir. 

»  La  structure  de  ces  diverses  formes  montre  que  le  mycélium  végétatif  demeure 
remarquablement  co;istanl  avec  ses  boucles  caractéristiques  et  la  gracilité  de  ses  fila- 
ments. Un  seul  milieu  d'oĂč  le  sucre  Ă©tait  absent,  la  dĂ©coction  de  viande,  nous  a  prĂ©- 
sentĂ©, en  mĂȘme  temps  qu'une  vĂ©gĂ©tation  trĂšs  languissante,  une  forme  rnvcĂ©lienne 
aberrante,  dont  les  articles  renflés  et  variqueux  s'épaississaient  et  se  coloraient  en 
brun  dans  les  cultures  vieillies  et  semblaient  présenter  le  premier  stade  de  la  forma- 
lion  des  pseudospores,  par  dissociation  du  thalle.  Le  mycélium  réfringent  stérile  offre 
des  modifications  plus  importantes  :  d'aboid,  il  n'apparaĂźt  pas  dans  certains  milieux 
et,  quand  il  s'organise,  ses  filaments  demeurent  cylindriques,  comme  dans  les  lames 
qui  couvrent  les  milieux  solides,  ou  bien  ils  deviennent  variqueux  et  prennent  la  forme 
de  chapelets. 

»  La  variation  la  plus  grande  nous  a  été  offerte  par  les  spores.  Nous  savons  qu'elles 
naissent  solitaires  dans  des  sporanges  fusiformes  et,  quand  l'endospore  est  constituée, 
l'épispore  se  développe,  dans  l'espace  laissé  entre  cette  derniÚre  et  la  membrane  du 
sporange,  avec  des  ornements  variés. 

)>  Dans  certains  milieux  sucrés  (carotte,  haricots,  salades,  etc.),  les  ornements  sont 
composés  de  bùtonnets  assez  longs,  réguliÚrement  espacés;  la  spore  prend  un  aspect 
étoile  trÚs  net.  Si  les  bùtonnets  sont  plus  rapprochés,  ils  se  fusionnent  en  bandes 
tuyautées  ou  fiangées  qui  couvrent  la  spore  d'un  réseau.  La  dimension  de  ces  orne- 
ments est  de  iV-  Ă   3!^. 

»  Dans  d'autres  milieux  sucrés  (touraillon,  pomme  de  terre,  etc.),  les  ornements 
sont  plus  réduits  et  forment  des  mamelons  coniques  à  extrémité  arrondie  et  plus  ou 
moins  réguliÚrement  disposés  à  la  surface;  ils  n'ont  pas  jilus  de  oI^,5  à  il'-  de  longueur. 
Enfin,  dans  les  décoctions  sucrées  de  céréales  (riz,  blé,  avoine),  de  lentilles,  les  orne- 
ments font  défaut  et,  sauf  quelques  exceptions,  toutes  les  spores  sont  lisses. 

»  La  dimension  des  spores  peut  varier  aussi  dans  des  limites  étendues  de  6H-  à  7!^ 
ou  mĂȘme  jusqu'Ă   ibv-. 

»  Nos  recherches  sur  les  relations  du  Bornetina  Con'iim  avec  la  compo- 
silion  chimique  des  milieux  ne  sont  ])as  assez  avancées  pour  nous  autoriser 
Ă   formuler  encore  des  conclusions;  nous  signalerons  seulement  deux  faits 
intéressants  :  d'une  part,  l'apparition  des  ornements  des  spores  dans  des 
solutions  minérales  (sucre  et  acide  lartrique)  par  l'addition  d'une  petite 
quantité  d'ammoniaque;  d'autre  part,  l'influence  de  la  lumiÚre  sur  la  dis- 
parition des  ornements. 

»  Les  cultures  de  Bornetina,  faites  à  la  lumiÚre,  dans  des  liquides  pro- 
duisant à  l'obscurité  des  spores  bien  ornées,  se  sont  d'abord  développées 
lentement;  la  germination  a  été  retardée  et  la  formation  des  spores  n'a 
commencé  que  40  jours  aprÚs  la  mise  en  culture  :  toutes  les  spores  sans 
exception  sont  sphériques,  lisses,  trÚs  foncées,  avec  une  exospore  et  une 
endospore  bien  distinctes,  Ă©paisses. 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    ir,o3.  T/jl 

»  Le  Bornelina  Corhim  offre  donc  In  plus  grande  variabilité  de  forme  et 
de  grandeur  dans  la  spore,  c'est-Ă -dire  dans  l'organe  auquel  les  myco- 
logues accordent  assez  de  constance  pour  Ă©tablir  uniquement  sur  lui  la 
diagnose  d'un  grand  nombre  d'espÚces.    » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Influence  du  chlorure  de  sodium  sur  la  transpi- 
ration et  r absorption  de  l'eau  chez  les  vĂ©gĂ©taux.  Note  de  M.  H.  RicÔ.me, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Les  végétaux  cultivés  sur  un  sol  riche  en  sels  minéraux  contiennent 
une  proportion  d'eau  plus  faible  que  ceux  qui  poussent  sur  un  sol  de 
constitution  moyenne  (').  Ce  résidtat  ne  tient  pas  nécessairement  dans 
tous  les  cas  Ă   la  mĂȘme  cause;  il  peut  ĂȘtre  Ă©m,  soit  Ă   une  gĂȘne  dans  l'ab- 
sorption, soit  à  une  exagération  dans  la  transpiration.  Je  me  suis  proposé 
d'Ă©tudier  la  question  Ă   ce  point  de  vue,  en  comparant  l'absorption  Ă   la 
transpiration. 

»  Les  expériences  ont  été  faites  dans  une  salle  qui  ne  reçoit  jamais  dlreclemeni  les 
rayons  solaires  et  qui  n'est  éclairée  que  par  la  lumiÚre  diffuse.  Elles  sont  nécessaire- 
ment d'assez  courte  durée  (a^  ou  36  heures).  Les  résultats  que  je  donne  ici  ont  été 
obtenus  aux.  mois  de  mai  et  de  juin,  pĂ©riode  oĂč  la  tempĂ©rature  de  la  salle  n'a  pas 
dépassé  19°  et  n'a  subi,  au  cours  d'une  expérience,  qu'un  écart  journalier  inférieur 
à  2°.  Les  appareils  dont  je  me  sers  ne  peuvent  donner  de  résultats  séiieux  qu'à  une 
température  presque  constante.  L'élévation  de  la  température  en  juillet  ne  m'a  pas 
permis  de  continuer  ces  recherches.  Je  ne  m'occuperai  jjour  le  moment  que  de 
l'influence  du  chlorure  de  sodium.  Les  résultats  ont  été  ramenés  à  l'unité  de  poids  de 
la  plante,  d'aprĂšs  le  poids  initial. 

»  J'ai  au  préalable  étudié  des  fÚves  et  des  ricins,  cultivés  sur  un  terrain  dépourvu 
deNaCl.  Au  cours  de  l'expérience,  les  racines  plongeaient  soit  dans  le  liquide  nutritif 
de  Knop  pur  (contenant  au  total  2  pour  1000  de  sels),  soit  dans  ce  liquide  additionné 
de  I  pour  100  de  NaGl.  Dans  le  Knop  pur  :  la  transpiration  a  été  inférieure  à  l'absorption 
la  nuit,  supérieure  au  contraire  le  jour.  L'absorption  de  l'eau  parles  racines  est  dimi- 
nuée par  la  présence  de  NaCI  dans  le  liquide  nutritif.  La  transpiration  est  à  peine 
influencée  au  début.  Il  en  résulte  que  la  teneur  en  eau  et  la  turgescence  diminuent  et 
que  la  tige  s'incline  sous  le  poids  des  feuilles.  11  n'est  pas  indifférent,  à  ce  point  de 
vue,  de  commencer  l'expérience  le  matin  ou  le  soir.  Dans  le  premier  cas,  l'activité  de 
la  transpiration  à  la  lumiÚre  fait  bientÎt  perdre  à  la  tige  sa  rigidité.  Dans  le  second 
au  contraire,  la  tige  se  maintient  dressée  toute  la  nuit  à  la  condition  que  l'atmosphÚre 
ne  soit  pas  sĂšche.  Dans  les  deux  cas,  au  bout  d'un  laps  de  temps  variable  avec  la  tem- 

(')  Charabot  et  HĂ©bert,  Comptes  rendus,  l.  CXXXVL  p.  160  et  1009. 

C.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  2.)  I9 


l/j2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

péraUire  et  l'ctat  liygromctrique  de  l'air,  la  transpiration  se  ralentit  et  devient  beaucoup 
plus  faible  qu'à  l'étal  normal.  Ce  ralentissement  dépend-il  de  la  pénétration  de  NaCl 
dans  les  tissus  ou  de  l'insuffisance  de  l'absorption,  incapable  d'assurer  le  renouvel- 
lement de  l'eau  dans  la  plante? 

))  Pour  élucider  ce  point,  il  fallait  comparer  des  plantes  ayant  poussé  sur  un  sol 
normal  et  observées  dans  le  liquide  nutritif  (elles  seront  désignées  par  le  signe  con- 
ventionnel TE)  à  des  plantes  cultivées  sur  un  sol  salé  et  observées  les  unes  sur  le 
li,,uide  nutritif  pur  (pieds  SE),  les  autres  sur  ce  liquide  additionné  de  i  pour  loo  de 
chlorure  de  sodium  (pieds  SS).  Les  sujets  Ă©taient  des  plantes  vivant  normalement  sur 
le  bord  de  la  mer  {Malcolmia  marUima,  Alyssum  inaritimurn). 

»  Voici,  exprimés  en  milligrammes,  les  chiffres  obtenus  dans  une  expérience  sur  le 
Malcolmia.  is  de  plante  a  absorbé  par  heure  : 

Pieds  TE.  Pieds  SE.  Pieds  SS. 

La  nuit 64  58  3o 

Le  jour '■!\  66  35 

et  Ifanspiré  par  heure  : 

La  nuit 59  55  27 

Le  jour 91  83  59 

)>  Comparons  d'abord  les  pieds  TE  et  SE.  Ces  derniers  ont  moins  absorbé  et  moins 
transpirĂ©  que  les  premiers.  Le  double  phĂ©nomĂšne  a  suivi  la  mĂȘme  marche;  mais  il  est 
moins  intense  dans  SE  que  dans  TE.  Cela  était  à  prévoir,  les  plantes  des  sols  salés 
étant  mieux  protégées  contre  la  transpiration  ;  la  transpiration  s'y  elTeclue  moins  acti- 
vement et,  par  contre-coup,  l'absorption  y  est  plus  faible.  Cinq  expériences  sur  les 
Malcolmia  et  une  suiï Alyssum  ont  fourni  des  résultats  comparables  aux  précédents. 
Dans  deux  autres  expériences  sur  les  Malcolmia,  la  marche  du  double  phénomÚne  n'a 
pas  différé  sensiblement  de  ce  qui  s'est  passé  pour  les  pieds  TE.  Ce  sont  là  sans  doute 
des  divergences  individuelles.  Les  Ă©chantillons  TE  et  SE  n'ont  d'ailleurs  pas  rigoureu- 
sement la  mĂȘme  organisation,  puisqu'ils  proviennent  de  sols  de  nature  diffĂ©rente. 

»  La  comparaison  des  pieds  SE  et  SS  est  plus  instructive.  Dans  toutes  les  expé- 
riences, l'absorption  s'est  montrée  bien  moindre  dans  SS  que  dans  SE,  le  sel  ajouté  au 
liquide  nutritif  gĂȘnant  le  phĂ©nomĂšne  chez  les  premiers.  La  transpiration,  au  dĂ©but 
presque  identique,  n'a  pas  tardé  à  diminuer  beaucoup  dans  les  pieds  SS.  Donc  les 
pieds  du  sol  salé  transpirent  plus  dans  le  Knop  pur  que  dans  le  Knop  salé.  La  présence 
de  NaCl  dans  les  tissus  n'empĂȘche  pas  la  plante  de  transpirer  d'une  façon  assez  intense 
quand  l'absorption  est  facilitée. 

»  Ainsi,  d'une  part,  le  chlorure  de  sodium  extérieur  à  la  plante  entrave 
l'absorption  tle  l'eau  par  les  racines;  d'autre  part,  ce  sel  contenu  dans  les 
tissus  ne  diminue  pas,  au  moins  d'une  façon  trÚs  notable,  la  transpiration. 
Cette  double  constatation  est  en  accord  avec  le  fait  que  les  végétaux  des 
sols  salés  sont  protégés  contre  une  transpiration  trop  active.  Remarquons, 
en  outre,  que  la  mĂ©thode  de  l'absorption  doit  ĂȘtre  rejetĂ©e  pour  la  mesure 


SÉANCE  DU   i3  ji'n.!j:T   iç,o3.  143 

(le  la  transpiralion,  les  deux  phénomÚnes  étant  dans  une  assez  large  mesure 
indépendants  l'un  de  l'autre.   » 


BOTANIQUE.  —  Sur  une  greffe  en  Ă©cusson  de  lilas.  Note  de  M.  Lucie.v  Daxiel, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Lorsque  l'on  sÚvre  une  greffe  en  écusson  au  début  de  la  pousse  du 
printemps,  on  réduit  presque  au  minimum  rap[)areil  végétatif  de  l'associa- 
tion tout  en  conservant  intact  l'appareil  absorbant.  Si  l'on  désigne  sous  le 
nom  de  capacité  fonctionnelle  d'absorption  Ca  le  pouvoir  absorbant  total 
du  sujet  et  sous  le  nom  de  capacité  fonctionnelle  de  vaporisation  et  de 
consommation  Cv  le  pouvoir  de  consommation  totale  du  greffon,  l'Ă©tat  bio- 
logique de  la  symbiose,  aprÚs  sevrage,  sera  représenté  par  l'inégalité 
Q.v<^Ca.  Le  svstĂšme  total  recevant  plus  d'eau  qu'il  n'en  consomme  est 
placé  en  milieu  humide  et  doit  en  manifester  les  conséquences  (').  C'est 
ce  que  j'ai  cherché  à  vérifier  expérimentalement,  dans  ce  cas  particulier. 

»  Je  possédais  un  lilas  vigoureux  ùgé  d'une  dizaine  d'années  et  pourvu  d'une  belle 
charpente.  A  la  base  de  la  tige,  en  1902,  se  développÚrent  des  drageons.  Je  conservai 
le  plus  vigoureux  et  le  taillai  Ă   5o""'  du  sol  ;  j'obtins  deux  pousses  de  remplacement 
Ă©gales  SLir  lesquelles,  en  aoĂ»t,  je  posai  4  Ă©cussons  a  Ɠil  dormarU.  Ces  Ă©ciissons  rĂ©us- 
sirent, et,  en  mars  1908,  je  procédai  au  sevrage.  Je  sectionnai  la  lige  principale  à  5'''" 
environ  de  l'insertion  du  drageon  et  je  taillai  ensuite  chaque  rameau  Ă   quelques  cen- 
timÚtres au-dessus  de  l'écusson  supérieur.  J'avais  dune  bien  réalisé  les  coudilions  indi- 
quées ci-dessus. 

»  Peu  de  temps  aprÚs  ce  sevrage,  les  écussons  poussÚrent  pendant  que  des  rameaux 
adventifs  nombreux  se  développaient  sur  le  drageon  et  sur  la  tige  principale  du  sujet. 
Je  supprimai  radicalement  la  majeure  partie  des  pousses  de  la  base  et  pinçai  à  3''"'  ou 
3'"'  de  leur  origine  les  pousses  du  sommet  du  sujet.  Je  conservai  ainsi  Ă   ces  derniĂšres 
deux  à  trois  de  leurs  biaclées  de  la  base.  A  ce  moment  les  greffons  étaient  trÚs  vigou- 
reux; ils  portaient  des  feuilles  trÚs  développées  et  1res  vertes;  leur  tige  avait  l'aspect 
particulier  de  tout  lilas  suralimenté.  Un  peu  plus  tard  des  pluies  survinrent  pendant 
quelques  jours.  Les  écussons  et  certaines  pousses  du  sujet  ne  tardÚrent  pas  à  présen- 
ter un  rougissement  caractéristique  du  sommet  végétatif  et  des  parties  jeunes;  la 
réplétion  aqueuse  se  produisit  rapidement;  les  méristÚmes  noircirent  et  furent  enva- 
his par  le  Dotrytis  cinerea.  La  pluie  ayant  cessé  au  bout  de  quelques  jours,  le  beau 
temps   fit   disparaßtre  en   partie   les   effets   morbides.  L'attaque  du  i<oi/yij'.ç  cessa  ;  la 


(')   Voir  L.  Daniel,  La  thcorie  des  capacités  fonctionnelles  et  ses  consé(iiiences  en 
agriculture  (Rennes,  1902,  in-S",  9-75  pages,  91  figures  dans  le  texte  et  9.0  planches). 


l44  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rĂ©gion  inrĂ©rieiire  de  chaque  rameau  Ă©cnsson,  plus  aoĂčlĂ©e  et  plus  rĂ©sistante,  resta  bien 
vivante  et  donna  Ă   son  sommet  deux  pousses  de  remjjiacement  vigoureuses.  De  mĂȘme 
le  sujet  Ijourgeonna  trĂšs  activement,  mais  je  supprimai  ses  pousses  en  partie  ou  les 
pinçai  sévÚrement. 

»  Fin  mai,  les  pluies  étant  revenues  et  persistant  plus  longtemps,  la  pourriture  des 
nouvelles  parties  jeunes  du  grefifon  et  du  sujet  a  recommencé,  avec  l'envahissement 
jirogressif  du  Botfylis.  Pendant  ce  temps,  les  bractées  laissées  sur  les  pousses  pincées 
du  sujet  se  sont  modifiées  d'une  façon  trÚs  remarquable.  Tandis  que  les  bractées 
tĂ©moins  avaient,  comme  Ă   l'ordinaire,  3="  Ă   4'"  de  long  sur  i''ℱ,!)  Ă   2-ℱ  de  large,  les 
bractĂ©es  des  pousses  de  la  rĂ©gion  pincĂ©e  avaient  i8'°'  Ă   19''ℱ  de  long  sur  9'ℱ  Ă   10'°'  de 
large.  Au  lieu  de  la  teinte  vert  pùle  normale,  elles  présentaient  une  couleur  verte  trÚs 
intense,  montrant  bien  leur  rÎle  actif  dans  la  suppléance  ph3siologique  des  feuilles 
absentes,  ou  en  nombre  insuffisant  pour  vaporiser  l'excĂšs  d'eau  des  tissus. 

»  Au  commencement  de  juin,  craignant  la  mort  comjdĂšle  des  Ă©cussons  et  mĂȘme  du 
sujet  à  cause  de  l'excÚs  d'humidité,  j'ai  laissé  se  développer  librement  diverses  pousses 
du  sujet,  transformant  ainsi  la  greffe  ordinaire  en  greffe  avec  nombreux  rameaux 
d  appel.  GrĂące  Ă   ce  systĂšme,  j'ai  arrĂȘtĂ©  l'extension  de  la  pourriture  et  celle  du  Botry- 
tis.  I^a  rujjture  d'équilibre  constatée  était  donc  bien  la  conséquence  de  la  valeur  trop 
grande  qu'avait  prise  la  différence  Ci^  <  C<7  sous  l'influence  de  variations  climaté- 
riques  excessives.  Il  en  Ă©tait  de  mĂȘme  pour  l'augmentation  de  la  rĂ©ceptivitĂ©  vis-Ă -vis 
du  BoLrylis.  Enfin  j'ai  constaté  que  les  modifications  caractéristiques  de  la  vie  en 
milieu  Iiumide  se  trouvaient  dans  la  structure  du  greffon  et  du  sujet. 

»  De  celte  expérience  011  peut  donc  concltire  que,  dans  le  milieu 
humide,  la  greffe  en  Ă©cusson  avec  Ă©bourgeonnement  radical  des  pousses  de 
reinpiaceinent  d'un  sujet  vigoureux  est  exposĂ©e  Ă   la  potirriture,  mĂȘme  quand 
il  s'agit  de  plantes  de  capacités  fonctionnelles  voisines,  et  que  la  greffe  avec 
bourgeons  d'appel  permet  d'atténuer  l'action  nuisible  de  ce  milieu  jusqu'à 
ce  que  l'équilibre  de  nutrition  soit  rétabli  par  le  développement  de  l'écus- 
SMu.  C'est  ce  que  j'avais  établi  déjà  théoriquement. 

»  Si  l'on  compare  maintenant  ces  phénomÚnes  à  ceux  qui  se  produisent 
dans  les  greffes  oĂč  le  mĂȘme' dĂ©sĂ©quilibre  de  nutrition,  au  lieu  d'ĂȘtre  tran- 
sitoire, est  constant  par  suite  de  différences  fondamentales  dans  les  capa- 
cités fonctionnelles  (ce  qui  est  le  cas  de  la  Vigne  française  greffée  sur  la 
Vigne  américaine  plus  vigoureuse),  on  sera  frappé  de  l'analogie  que  pré- 
sentent ces  deux  cas  au  point  de  vue  de  certaines  conditions  biologiques 
de  la  symbiose.  Les  mĂȘmes  causes  produisant  les  mĂȘmes  effets,  l'on  com- 
prendra : 

»  j°  (^i\e  V affinité  relative ,  ou  différence  des  capacités  fonctionnelles  entre 
le  sujet  et  le  greffon  aux  divers  moments  de  la  symbiose,  joue  un  rĂŽle  trĂšs 
important  dans  la  réussite,  la  durée  et  la  biologie  de  toutes  les  greffes; 

»   2°  Que   les  conditions   du  milieu    extérieur  et   particuliÚrement  les 


SÉANCE  DU  l3  JUILLET  IQoS.  l45 

variations  brusques  de  ce  milieu  onl  une  répercussion  considérable  sur  le 
tout,  répercussion  plus  grande  que  dans  la  plante  normale; 

»  3°  Que  le  nombre  d'accidents,  considérés  comme  des  maladies  (ihvl- 
lose,  pourriture  grise,  etc.),  sont,  comme  je  l'ai  indiqué  antérieurement, 
les  conséquences  d'une  nutrition  défectueuse  résultant  d'un  greffage  mal 
assorti.  Comme  dans  la  greffe  en  écnsson  du  lilas  que  je  viens  de  décrire, 
greffon  et  sujet  souffrent  à  dos  degrés  divers  et  chaque  plante  voit  diminuer 
sa  résistance  normale  aux  variations  excessives  du  milieu  et  augmenter  souvent 
sa  réceptivité  pour  tes  maladies  crypta gamiquts.    » 


MINÉRALOGIE.  —  La  cordiĂ©rite  dans  les  produits  Ă©ruptifs  de  ta  montagne 
Pelée  et  de  la  SoufriÚre  de  Saint-Vincent.  Note  de  M.  A.  L\ckoix,  pré- 
sentée par  M.  de  Lapparent, 

«  La  cordiérite  a  été  signalée  dans  les  roches  volcaniques  (andésites  et 
dacites)  de  quelques  gisements;  sa  présence  y  est  le  plus  souvent  acci- 
dentelle :  elle  y  constitue  en  effet  quelquefois  le  résidu  non  digéré  d'en- 
claves énallogÚnes  de  roches  anciennes  à  cordiérite  (granité,  etc.);  dans 
d'autres  cas,  elle  résulte  de  la  recristallisation  de  semblables  enclaves  dis- 
soutes dans  le  magma  ;  enfin,  elle  peut  aussi  provenir  de  la  dissolution 
dans  celui-ci  d'enclaves  originellement  dépourvues  de  cordiérite,  mais 
capables  d'en  fournir  par  leur  mĂ©lange  avec  le  magma  fondu.  Les  cas  oĂč 
la  cordiérite  est  d'origine  magmatique  sont  peu  nombreux  et  peuvent 
mĂȘme  ĂȘtre  discutĂ©s. 

»  Ces  considĂ©rations  Ă©taient  nĂ©cessaires  pour  montrer  l'intĂ©rĂȘt  que 
présente  la  découverte  de  nombreuses  roches  à  cordiérite  parmi  les  |)ro- 
duits  des  éruptions  actuelles  de  la  montagne  Pelée  et  de  Saint- Vincent. 
Notons  tout  d'abord  que  ce  minéral  n'existe  ni  dans  la  lave  actuelle  de 
ces  volcans,  ni  dans  leurs  laves  antérieures  en  place;  il  constitue  un 
élément  essentiel  de  blocs  de  roches  volcaniques  inconnues  in  situ  sous 
leur  forme  présente,  rejetées  par  les  grandes  explosions.  Je  distingue  parmi 
ces  roches  trois  types  : 

»  1°  La  roche  est  blanche,  formant,  par  rapport  aux.  andésites  actuelles  de  la  mon- 
tagne Pelée,  l'équivalent  des  ynicroti ailes  que  j'ai  découvertes  à  Sautorin.  Elle  est 
constituée  par  des  plagioclases  zones  (allant  de  l'anorthile  à  l'oligoclase)  et  du  quartz, 
avec  un    peu  d'hyperstliĂšne    et    de   biotite.    Cette   roche   est  holocristalline,   miaroli- 


l46  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tique;  le  quartz  grenu  ou  inicrogrenu  remplit  les  iutervalles  des  feldspatlis  enchevĂȘ- 
trés. De  petits  cristaux  bleus  de  cordiérite  apparaissent  çà  et  là  dans  les  cavités  mia- 
rolitiques.  Le  plus  souvent,  la  roche  prend  une  structure  porphyrique,  les  plagioclases 
sont  alors  disséminés  dans  un  magma  raicrogrenu  à  grands  éléments,  constitué  par  du 
quartz,  un  peu  de  plagioclases  et  plus  ou  moins  de  cordiérite;  celle-ci,  remarquable- 
ment maclée,  est  xénomorphe  quand  la  roche  est  holocristalline,  automorphe  s'il 
existe  un  peu  de  verre.  Çà  et  lĂ ,  ce  minĂ©ral  s'isole  avec  des  cristaliites  d'hvpersthĂšne 
pour  former  des  nids  distincts. 

»  2°  A  la  montagne  Pelée,  ces  roches  sont  compactes,  à  aspect  de  porcelaine 
blanche,  avec  taches  bleuùtres  ou  noirùtres;  elles  sont  fréquemment  bréchiformes; 
une  pùte  fine  englobe  alors  des  fragments  à  gros  éléments.  A  Saint- Vincent,  ceux-ci 
sont  absents  et  la  roche  est  tachetée  de  bleu  foncé. 

»  Au  microscope,  les  blocs  à  grands  éléments  ont  l'aspect  de  la  lave  actuelle  de  la 
montagne  Pelée,  avec  celte  différence  que  le  verre  de  celle-ci  est  remplacé  par  du 
quartz  finement  grenu;  de  plus,  si  les  phénocristaux  de  feldspaths  sont  intacts,  tous 
ceux  des  métasilicates  ont  disparu.  Leur  place  est  occupée  par  des  cristaux  nets  de 
cordiĂ©rite,  entremĂȘlĂ©s  ou  entourĂ©s  de  cristaliites  d'hvpersthĂšne.  De  semblables  agrĂ©- 
gats forment  aussi  des  taches  ou  des  traßnées,  et  corrodent  les  plagioclases.  Quand  il 
existe  un  peu  de  verre,  les  cristaux  de  cordiérite  ont  des  formes  remarquablement 
nettes.  Dans  les  variétés  bréchiformes,  on  voit  que  la  formation  de  la  cordiérite 
est  postérieure  à  celle  de  la  brÚche,  la  structure  des  éléments  de  celle-ci  influant 
d'ailleurs  beaucoup  sur  l'abondance  et  la  forme  des  minéraux  néogÚnes. 

»  Les  tufs  anciens  de  la  montagne  Pelée  renferment  un  type  d'andésite  dont  la  pùte 
contient  du  quartz  microgrenu,  comme  dans  nos  roches,  mais  les  métasilicates  y  sont 
intacts,  la  cordiérite  n'j"  existe  jamais.  Il  n'est  donc  pas  douteux  que  celle  qui  est 
décrite  plus  haut  résulte  d'une  action  métamorphif|ue  produite  au  cours  de  l'englobe- 
ment  de  blocs  anciens  dans  la  lave  de  l'Ă©ruption  actuelle. 

»  3°  J'ai  recueilli,  sur  l'emplacement  de  l'ancien  lac  des  Palmistes,  des  blocs  ayant 
l'apparence  d'une  opale  résinlte,  blanche,  noire  ou  verte,  enveloppant  et  pénétrant  des 
fragments  de  la  roche  précédente;  l'examen  microscopique  fait  voirquen  réalité  cette 
pseudo-opale  est  essentiellement  constituée  par  de  fort  petits  cristaux  de  cordiérite 
à  formes  nettes,  par  des  grains  de  quartz,  des  débris  de  plagioclases,  avec  plus  ou  moins 
de  verre  renfermant  des  cristaliites  d'liy])ersliiĂšne.  Peut-ĂȘtre  est-ce  Ă   ce  mĂȘme  type 
qu'il  faut  rapporter  un  bloc  plus  cristallin  formé  par  du  quartz,  de  la  cordiérite  et  du 
verre,  que  j'ai  recueilli  Ă   Saint-Vincent. 

»  Des  faits  qui  viennent  d'ĂȘtre  exposĂ©s  on  doit  conclure  : 
»  a.  La  cristallisation  en  jjrofondeur  du  magma  andésitique  de  la  mon- 
tagne Pelée  donne  des  microtinites,  comparables  à  des  norites  ou  à  des 
micronoriles  quartzifÚres  leucocrates,  pouvant  contenir  de  la  cordiérite. 
La  présence  du  quartz  dans  cette  forme  jjrofonde  de  l'andésite  de  l'érup- 
tion actuelle,  qui  n'est  pas  quartzifÚre,  ne  doit  pas  étonner;  il  résulte 
en  effet  du  calcul  des  analyses  (qui  seront  publiées  ultérieurement)  des 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    1908.  l4^ 

pro(iuits  de  l'Ă©ruplion  en  cours,  qu'ils  renl*  rnient  tous  un  excĂšs  de  silice 
sur  la  quantité  nécessaire  pour  saturer  l'alumine,  les  alcalis  et  la  chaux 
pour  donner  des  feldspaths,  la  magnésie  et  le  fer  pour  produire  des  mé- 
tasilicates.  J'ai  montré  d'ailleurs  déjà  que  les  dacites,  riches  en  quartz, 
des  pitons  du  Carbet  ont  sensiblement  la  mĂȘme  composition  chimique 
que  les  andésites  de  la  montagne  Pelée.  Des  différences  dans  les  condi- 
tions de  cristallisation  du  magma  sont  donc  suffisantes  pour  expliquer  les 
différences  minéralogiques  de  ces  roches.  Quant  à  la  présence  de  la  cor- 
diérite,  elle  ne  doit  pas  surprendre  davantage,  le  magma  renfermant  de  la 
magnésie,  en  présence  d'alumine  en  excÚs  sui-  la  quantité  nécessaire  pour 
former  des  feldspaths  avec  les  alcalis  et  la  chaux.  Nous  retrouvons  en 
outre  ici  cette  association  de  cordiérite  et  d'hypersthÚne  dont  j'ai  montré  la 
généralité  et  la  signification  en  décrivant  les  norites  à  cordiérite  du  Pallet. 

»  b.  La  cordiérite  des  microtinites  est  d'origine  magmatique;  elle  est 
en  outre  vraisemblablement  primaire,  tandis  qu'il  est  incontestable  que, 
dans  les  autres  types,  elle  est  d'origine  secondaire.  Dans  le  type  2,  elle 
résulte  de  la  fusion  partielle  des  silicates  magnésiens  de  la  roche,  du 
mélange  du  produit  de  cette  fusion  avec  celui  des  éléments  blancs  ambiants 
et  de  leur  recristallisation,  peut-ĂȘtre  avec  intervention  d'Ă©lĂ©ments  volatils. 
C'est  là  un  cas  remarquable  de  différenciation  à  rebours,  une  roche  miné- 
ralogiquement  homogÚne  devenant  hétérogÚne  par  refusion  incomplÚte 
qui  permet  des  groupements  chimiques  différents  de  ceux  la  caractérisant 
Ă   l'Ă©tat  normal. 

»  Quant  au  type  .3,  il  semble  avoir  une  origine  plus  complexe  et  ĂȘtre 
lié  à  une  décomposition  partielle  de  la  roche  par  éhmination  de  chaux  et 
d'alcalis,  les  feldspaths  ayant  parfois  entiĂšrement  disparu  sans  ĂȘtre  rem- 
placés par  des  minéraux  néogÚnes  renfermant  leurs  éléments;  une  série 
d'analyses  en  voie  d'exécution  me  permettra  prochainement  de  discuter 
cette  question. 

»  c.  La  présence  dans  les  produits  du  volcan  de  Saint-Vincent  de  roches 
à  cordiérite,  offrant  la  plus  grande  analogie  avec  celles  de  la  montagne 
PelĂ©e,  mĂ©rite  d'ĂȘtre  notĂ©e  d'une  façon  spĂ©ciale,  car  elle  apporte  un  Ă©lĂ©- 
ment nouveau  pour  la  discussion  de  la  parenté  des  magmas  de  ces  deux 
centres  volcaniques  voisins.   » 


l48  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


GÉOLOGIE.   —  Sut  r origine  des  plis  el  des  recouçrements  dans  les  PyrĂ©nĂ©es. 
Note  de  M.  Joseph  Roussel,  transmise  par  M.  Micliel  LĂ©vy. 

K  Dans  une  Note  récente  (')j'ai  fait  connaßtre  les  divers  chevauche- 
ments survenus  dans  la  ride  (ki  faßte  des  Pyrénées.  Or,  dans  chacun  des 
principaux  plis  de  cette  chaßne,  il  s'est  produit  des  phénomÚnes  analogues 
dont  l'Ă©lude  met  en  Ă©vidence  les  faits  suivants. 

))  Les  plis  des  PyrĂ©nĂ©es  sont  de  trois  sortes  :  i°  les  plis  anciens  oĂč 
affleure  le  terrain  archéen,  et  dus  au  premier  des  ridements  par  lesquels  la 
croûte  terrestre  se  maintient  au  contact  du  magma  fluide  en  voie  de  con- 
traction; 2°  les  plis  d'origine  relativement  récente,  ayant  pour  noyau  soit 
un  paquet  de  gneiss,  soit  un  paquet  de  schistes  cristallins  ou  autres  qui,  en 
glissant,  a  soulevé  les  assises  auxquelles  il  servait  de  substratum  et  les  a 
disposées  en  pli  (ces  glissements,  que  j'ai  déjà  eu  l'occasion  de  signaler  à 
diverses  reprises,  ont  joué  un  rÎle  de  premier  ordre  dans  la  formation  de 
la  chaßne);  3°  les  plis  superficiels,  plus  récents  encore,  ayant  pour  substra- 
tum des  strates  plissées  autrement  et  dus,  le  plus  souvent,  aux  chocs  pro- 
duits par  les  détentes  et  leurs  chevauchements. 

»  Tous  les  plis  anciens  sont  déjetés  vers  le  sud.  Ceux  qui  sont  d'origine 
plus  récente  et  sont  situés  dans  les  CorbiÚres,  les  petites  Pyrénées  et  la 
partie  la  plus  septentrionale  des  Pyrénées  proprement  dites,  sont  les  seuls 
qui  soient  dé  jetés  vers  le  nord. 

))  Les  plis  anciens  présentent  tous  le  phé  nomÚne  de  l'imbrication  et  les 
grands  mouvements  de  détente  et  de  chevauchement  que  j'ai  signalés  dans 
la  ride  des  faĂźtes. 

»  Ces  grands  mouvements  orogéniques  sont  survenus  à  l'époque  de  l'or- 
dovicien,  du  permien,  du  trias,  du  cénomanien,  de  l'emschérien,  du  cam- 
panien,  du  maestrichtien,  du  thanétien,  de  l'yprésien  ou  du  lutélien  et  de 
l'aquitanien.  Ils  ont,  le  plus  souvent,  causé  l'émersion  du  flanc  chevauchant 
et  la  submersion  du  flanc  recouvert.  Toutefois,  ceux  du  permien,  du  céno- 
manien, du  thanétien  et  de  l'aquitanien  ont  principalement  produit  des 
émersions,  etceux  de  l'oidovicien,  du  trias,  de  l'emschérien,  du  çampanien, 
du  maestrichtien  et  de  l'yprésien  des  immersions. 

(')  Comptes  rendus,  2  juin  iqoS. 


SÉANCE  DU  l3  JUILLET  igoS.  149 

»  Mais  les  plus  grandes  émersions  et  les  plus  grandes  submersions  ont 
été  causées  par  les  mouvements  lents  qui  ont  disposé  les  couches  dans 
l'Ă©tat  de  tension. 

»  Les  mouvements  de  détente  ont  eu  non  seulement  pour  effet  de  sou- 
lever les  couches  de  la  partie  chevauchante  mais  encore  de  les  dévier 
de  leur  direction  et  de  déplisser  les  superficielles,  dont  le  glissement  a  été 
maximum,  de  telle  sorte  que  ces  derniĂšres  reposent  en  discordance  sur 
les  profondes.  Dans  le  flanc  recouvert,  au  contraire,  les  couches  se  sont 
non  seulement  affaissées,  mais  le  plus  souvent  elles  ont  été  soumises  à  un 
plissement  si  énergique  que,  dans  la  vallée  de  l'Ara,  au  sud  du  cirque  de 
Gavarnie.j'ai  compté  jusqu'à  sept  chevauchements  superficiels  importants. 

»  L'étude  attentive  de  ces  mouvements  orogéniques  montre  qu'ils  ont 
tous  eu  pour  cause  unique  la  contraction  du  magma  fluide  servant  de  sup- 
port à  la  croûte  terrestre. 

»  La  partie  de  celle-ci  qui  correspond  aux  Pyrénées  avait  pour  appuis, 
en  arriÚre,  du  cÎté  nord,  la  masse  émergée  du  Plateau  central  français 
et  des  Cévennes  et,  du  cÎté  sud,  le  grand  massif  de  la  Meseta  ibérique. 
Elle  tendait  sans  cesse  à  se  séparer  de  son  subslratum  et  l'observation 
montre  qu'aux  époques  de  grande  tension,  elle  s'en  est  détachée  effective- 
ment dans  quelques-unes  de  ses  parties. 

»  On  sait  que,  dans  la  plupart  des  montagnes,  et  dans  l'Himalaya 
notamment,  l'accélération  de  la  pesanteur  est  plus  faible  qu'elle  ne  devrait 
l'ĂȘtre,  soit  qu'il  existe  dans  ces  montagnes  des  vides  internes  ou  un  dĂ©ficit 
en  matiÚres  lourdes  (').  Or,  l'observation  des  phénomÚnes  de  recouvre- 
ment, dans  les  Pyrénées,  tend  à  prouver  qu'à  l'époque  des  grands  chevau- 
chements, certaines  parties  de  la  chaßne  ont  cessé  de  se  maintenir  au  contact 
du  magma  fluide  sous-jacent.  Et  cette  observation  a  une  certaine  impor- 
tance; car,  lorsqu'elle  sera  confirmée,  il  suffira  des  indications  du  pendule, 
du  séismographe  et  du  magnétomÚtre  pour  connaßtre  les  régions  exposées 
à  des  catastrophes  prochaines.   » 


{')   Voir  DE  Lapparent,  Traité  de  Géologie,  4°  édition,  p.  /Ig. 


C.  R.,    igoS,   ■>-'  Semestre.   (T.  CXXXVH,  N°  2.;  20 


c  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

lOO 

profondeur  du  sommeil  avec  la  nature  de' rereu^oV^A^ 


(Exlrail.) 


,    Entre  la  nature  des  rĂȘves  et  la  profondeur  <lu  somnitil,  il  y  a  un 
ra  por       r      Tle  fait  m'apparnt  Ă©vident  en  ,809  Oft  mes  exper.ences, 

llï^Z:^:^:::!^  ,^^Z..  P."=  -  r..es  se  réfÚrent  . 
"rr:„'nrar:p.u;-,e  so..eil  est  >..er  -  supernael,  plus  les  r.ves 

r;reret;rrrei::-r^^^^^     -  ^--'^ 

,;on':;rbelin.  pour  le  repos.  ,oe  ^'^'ff^^^^^^l^Z 

Lente  et  quelle  v,ve  dans  ses  "^^  ^rt  Ă    Ă©4"  nce   okns  les  cas 

classés,  vécus  et  qui  demandent  un  peut  «»"  y'^',     j.,  eom.tiaux,  ces 
destroublespsvchopathiquesetdesnevropathes  mou     lĂšse 

faits  ont  nue  grande  in,portance  ;  ds  -f^  ^"«"  ^'^/J^.^'^  „,  ^,,  dire 


SÉANCE    DU    l3    JUILLET    igoS.  l5l 

pissent  plus  ou  moins  profondément,  et  leur  sommeil  est  toujours  super- 
ficiel. Leur  rĂȘve  n'est  qu'une  continuation  de  la  mentalitĂ©  de  la  veille,  et 
ils  n'arrivent  pas  à  s'arracher  à  leurs  préoccupations,  ou  à  leurs  obsessions, 
le  rĂȘve  alimentant  toujours  d'une  maniĂšre  efficace  et  solide  les  construc- 
tions mentales  de  la  vie  de  la  veille.  Au  point  de  vue  de  la  psychothérapie, 
la  connaissance  de  ce  rapport  peut  ĂȘtre  d'une  certaine  utilitĂ©,  surtout  dans 
l'aliĂ©nation  mentale  et  la  neurasthĂ©nie,  oĂč  les  sujets  font,  Ă   cause  de  leur 
sommeil  superficiel  ou  relativement  superficiel,  la  culture,  pour  ainsi  dire, 
de  leurs  phobies,  délires,  obsessions  ou  impulsions.  » 

A  4  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

G.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  6  juillet   igoS. 

Volcans  et  tremblements  de  terre,  leurs  relations  avec  la  figure  du  globe,  par 
Cn.  Lallemand.  (Extr.  du  Bulletin  de  la  Société  astronomique  de  France,  mai  igoS.) 
Paris,  au  siÚge  de  la  Société;  i  fasc.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Darboux.  Ilomraane  de 
l'auteur.  ) 

Les  conventions  franco-anglaises  des  i4  juin  1898  et  21  mars  1899,  par  le 
lieutenant-colonel  Monteil;  avec  une  Carte.  (Extr.  de  la  Revue  hebdomadaire.) 
Paris,  Plon-Nourrit  et  C'',  1899;  i  fasc.  in-12. 

J.  Willard  Gibbs,  sa  vie  et  son  Ɠuvre,  par  II.  Le  Chatelier.  (Revue  gĂ©nĂ©rale  des 
Sciences  pures  et  appliquées,  i4°  année,  n°  12,  3o  juin  1908,  p.  644-648- )  Pa''is. 
Armand  Colin. 

Loi  des  distances  et  des  harmonies  planétaires,  par  Azbel,  précédée  d'un  Exposé 
par  Emile  Chizat.  Paris,  Hugues  Robert  et  C'",  igoS;  i  fasc.  in-S".  (Hommage  de 
l'auteur.) 

Annales  de  l'Institut  national  agronomique.  Ecole  supérieure  d'Agriculture; 
2"  série,  t.  II,  fasc.  1.  Paris,  J.-B.  BailliÚre  et  fils,  et  librairie  de  la  Maison  rustique, 
igoS;  I  fasc.  in-S". 

Luigi  Cremona,  cenno  necrologico  letto  dal  Socio  Enrico  d'Ovidio.  (Extr.  des 
Atti  délia  R.  Accademia  délie  Scienze  di  Torino,  Vol.  XXXVIII.)  Turin,  Carlo 
Clausen,  igoS;  i  fasc.  in-8°. 


i  ^^^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Président.)  ^y./em.  by  sir  James  Grant.  (Extr.  de 

Abnormal  electrical  storage  in  the  Intman  sysiem.     j 

Canada  medƓalJournal,\nm.,  '^'^  "Jnpfs'trTsbour,    Karl-J.  Trabner, 

Faniiliare  Cysdndiathese,  von  Emil  Abderhalden.  Strasbourg, 

(fir.7.-.cA-C..Ur./a/n7ca),  von  Em.  Abderhalden.  Bonn,  Em.l  Strauss,  igoO, 


in-8» 


Z,».«,-e//^e«  G,o..e  nebst  genahrten  Oerten  fur  1900.0-  P^'^^^"''  '9°^' 

''''Leorological  observations  made  ai  tke  Adélaïde  Obser.atory,  and  oU>er^ 
,^:ZZtk  Ausu-alia  and  tke  northern  terrUory  dur.ng  tke  year  ,899,  under 
the  direction  of  Charles  TODD.  AdĂ©laĂŻde,  .902;  .  volume  in-4  ‱ 

Bulletin  de  la  Société  physico-mathématique  de  Kasan;  .=   ser.e  .   t.  XII,   n     2, 

'   S:;i  ";'^;.;SJ;5^°-^-^'«-  '‱  XC  ^  XCI.  Odessa,  .9o3;  .  vol. 
^"t£/:r^:S    .e.,e   .e   Géologie,  de   Paléontologie  et  d'Hydrologie; 

'  ü::Lr  .t?;r  tï.:S.  ‱  :t::n.....  ---rv^  err 

,,c.>nay?,«e.   ..«/.‱.«.    sous  la    direction    de   A.    Mosso     traducteur   A.    Bouchard, 
f   YVXIX    fasc    1    Turin,  Herniann  Loescher,  igoi;  i  vol.  in-o  .  ,      .  ... 

‱^;r:Z'publieacion  mensual  cientifica,  literaria  y  de  /'^j^f-'    f,^-/ 
director  D^  Jesc  Duz  de  LĂ©on;  ano  XX,  num.  1,  2.  Aguascahentes  (Me.xque),  igoS , 


2  fasc.  in-8 


ERRATA. 


(SĂ©ance  du  6  juillet  igoS.) 

Note  de  M.  de  SĂ©guier,  Sur  les  groupes  de  Mathieu 
Page  37,  ligne  i3,  au  lieu  de  avril  190s.,  lisez  avril  1901. 


On  souscrit  Ă   Paris,  chez  GAUTHIER-VILLARS, 

Quai  des  Grands-Aiigustins,  n°  55. 


uis  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  réguliÚrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année   deux  volumes  in-'"  Daii 

l'une  par  ordre  alphabétique  de  matiÚres,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 
‱t  du  i"  Janvier. 

Le  prix  de  Vabonnemenl  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  ;  30  fr.  —  DĂ©partements  :  40  fr.  —  Union  postale  :  44  fr. 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


chez  Messieurs  : 
Ferra  n  frĂšres. 

iChaix. 
Jourdan, 
Ruff. 

Courtin-Hecquet. 

l  Germain  etGrassin. 
i  Gastineau. 

e JĂ©rĂŽme. 

n RĂ©gnier. 

I  Feret. 

as I  Laurens. 

(  Muller  (G.). 
' Renaud. 

iDerrien. 
F.  Robert. 
Oblin. 
Uzel  frĂšres. 

Jouan. 

ry Perrin. 

rg.......  j"«'"'y- 

"1  Marguerie. 
.  -,  I  Juliot. 

'■^"-''-  \  Bouy. 

iNourry. 
Ratel. 
Rey. 

(  Lauverjat. 

(  Degez. 
.  l  Drevet. 

I    I  Gralier  et  C". 

fOi  elle Foucher . 

l  Bourdignon. 
i  Dombre. 
(  Thorez. 
*  (  Quarré. 


chez  Messieurs  : 

,  (  Baumal. 

Lorient !..      „.     . 

W-  lexier. 

Bernoux  et  Cumin 

Georg. 
Lyon l  ElTantin. 

Savy. 

Vitte. 

Uarseille RuĂąt. 

(  Valat. 

Montpellier 

(  Coulet  et  fils. 

Moulins Martial  Place. 

i  Jacques. 
Grosjean-Maupin. 
Sidol  frĂšres. 

(  Guist'Uau. 

Nantes J  ,,  , 

(  Veloppe. 

(  Barma. 

Nice ....      . 

(  Appy. 

Ntmes Thibaud. 

Orléans   LodJé. 

„   .  .  (  Blanchier. 

Poitiers !.. 

(  LĂ©vrier. 

Rennes Plihon  et  Hervé. 

Rocheforl Girard  (M""). 

„  (  Langlois. 

Rouen ,     ," . 

(  Lestringant. 

S'-Élienne Chevalier. 

„     ,  j  Ponteil-Burles. 

Toulon !  ., 

(  Kumebe. 

_     .  i  Gimel. 

Toulouse i  „  . 

(  PrivĂąt. 

iBoisselier. 
PĂ©ricat. 
Suppligeon. 

Valenciennes !  , 

(  Lemattre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


A  msterdam . 


Berlin. 


I  As 
iDa 


Bucharest . 


chez  Messieurs  : 
Feikema   Caarelsen 
et  C". 

AthĂšnes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  C". 
Ăąmes. 

Friedlander  et   fils. 

Mayer  et  Muller. 

Berne Schmid  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

ILamertin. 
MayolezetAudiarte. 
LebĂšgue  et  C'*. 
j  Sotchek  et  C°. 
\  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  BellelC". 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague HĂŽst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

GĂšnes Beuf. 

iCherbuliez. 
Georg. 
Stapelmohr. 

La  Haye Belinfante  frĂšres. 

Benda. 
Payot  et  C'*. 
Barth. 
Brockhaus. 

Leipzig [  Koehier. 

Lorentz. 

Twietmeyer. 

Desoer. 


Lausanne.. 


LiĂšge. 


i  Uesoer. 
(  Gnusé. 


chez  Messieurs  : 

iDulau. 
Hachette  et  C'-. 
Nutt. 
Luxembourg . ...     V.  BUck. 

l  Ruiz  et  C. 

Madrid )  Bomo  y  Fussel. 

\  Capdeville. 
'  F.  FĂ©. 

Milan.      .  j  ^""^ca  frĂšres. 

'    ■■  (  HƓpli. 
Moscou Tastevin. 

IVaples j  Marghieri  di  Giu». 

(  Pellerano. 

1  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
lVe>v-rork Stechert. 

(  LemckeetRuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C'. 

Palerme Reber. 

Porto MagalhaĂšs  el  Mouii. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

Rome j  Bocca  frĂšres. 

(  Loescheret  C". 

Rotterdam KraĂŻuers  et  fils. 

Stockholm Nordiska  BogUanilal. 

„,  ,, .,       ,  (  Zinseriing. 

S'-Petersbourg..\^^^^ 

!  Bocca  frĂšres. 
Brero. 
Clausen.        , 
Rosenberg  etSellier. 

Varsovie Gebethner  et  Wolfl. 

VĂ©rone Drucker. 

(  Frick. 

Vienne „       ,  ,    .  _, 

(  Gerold  et  C'. 

Ziirich Meyer  et  Zeller. 


Al.ES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1"  Ă   31.  —  (3  AoĂ»t  r83j  Ă   3i  DĂ©cembre  iSJu.)  Volume  in-f;  iSJJ.  Pri.'c 25  fr. 

Tomes  32  Ă   61.  —  (  \"  Janvier  iS3i  Ă   3[  DĂ©combrc  i.Si;5.)  Volume  iii-4°;  1870.  Prix , 25  fr. 

Tomes  62à  91.  —  (  1°''  Janvier  i8(56  à  3c  Docombro  rSSo.)  Volume  iii-4";  iSSy-  Pi'ix 25  fr. 

Tome.s  92  Ă   121.  —  (  1'=''  Janvier  iSSr  Ă   3i  DĂ©cembre  iSgS.)  Volume  in-.i";  1900.  Pri.\ 25  fr. 

SIMPLEMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

-  MĂ©moire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues  ,  p^u-  MM.  A.  Derbes  et  A.-J.-J.  Solier.  -  .MĂ©moire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'Ă©prouven  l 
,  par  M.  Hansen.  —  MĂ©moire  sur  le  PancrĂ©as  et  sur  le  rĂŽle  du  suc  p^incrĂ©utique  dans  les  pliĂ©noinĂ©nos  digestifs,  particuliĂšrement  dans  la   JigesUon   aes 

■  virasses,  par  M.  Claude  Bernard.  Volume  ia-!^'',  avec  3'2   planches;   iS5G "    ""  ‱ 

m^iir^  MĂ©moire  sur  les  vers  inlestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beneden.  —  Essai  d'une  rĂ©ponse  Ă   la  question  de  Prix  proposĂ©e  en  iSĂŽo  par  l'AcadĂ©mie  des  Sciences 
'encours  de  iSJ3,  et  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir:  «  Etudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisĂ©s  fossiles  dans   les  dillerents  t';'''''"  "  "■ 
'aires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simu  tance.   —  Keciierciicr  la 
'S  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  rÚgne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  UiioNM.  ln-:'i°,  avec  7  planches;  iSji... 

i"  il  mĂȘme  Librairie  les  MĂ©moires  de  l'AcadĂ©mie  des  Sciences,  et  les  MĂ©moires  prĂ©sentĂ©s  par  divers  Savants  Ă   l'AcadĂ©mie  des  Sciences. 


L 


W  2.      ‱ 

TABLE   DES  ARTICLES.   (SĂ©ance  du  13  juillet  1905.) 


MEMOIRES    ET  GOMMUIVICATIOIVS 

DES  MEMBRES   ET   DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.  J.  BoussiXESQ.  —  Sur  la  stabilitĂ©  d'un 
certain  mode  d'Ă©coulement  d'une  nappe 
d'eaux  d'infiltration loi 

M.  '^  VES  DĂ©lace.  —  Sur  les  mouvements  de 
torsion  de  l'Ɠil  pendant  la  rotation  de  la 


Pages. 

tĂšte lo; 

M.  Alfred  Pic.\rd.  —  PrĂ©sentation  du 
Tome  III  de  son  u  Rapport  général  sur 
l'Exposition  universelle  de  ii)00  n iio 


CORRESPONDAl\CE. 


M.  M.  Servant.  —  Sur  l'habillage  des  sur- 
faces          H2 

M.  R.  DoNGiER.  —  Sur  la  mesure  des  coeffi- 
cients de  self-induction  au  moyen  du  télé- 
phone      n5 

M.  A.  Recoura.  —  Combinaison  du  sulfate 
ferrique  avec  l'acide  sulfuriquc 118 

M.  Georges  Ciiarpy.  —  Sur  l'action  de 
l'oxyde  de  carbone  sur  le  fer  et  ses 
oxydes : 1 3o 

M.  Hanriot.  —  Sur  l'argent  dit  colloïdal..     102 

M.  C.  Marie.  —  Action  de  l'acide  hypophos- 
phoreux  sur  la  diéthylcélone  et  sur  l'acé- 
tophénone 124 

MM.  Ernest  Charox  et  Edgar  Dugoujon. 
—  Sur  le  chlorure  de  phĂ©nylpropargyli- 
dùne  C^H^'—  C  =  C  —  CIIGP i25 

M.  J.  Tarbouriech.  —  PrĂ©paration  des 
amides  secondaires 128 

MM.  A.  Seyewetz  et  P.  Trawitz.  —  Action 
du  persull'ate  d'ammoniaque  sur  les  oxydes 
métalliques . .      i3o 

MM.  P.  Genvresse  et  P.  Eaivre.  —  Action 
du  brome  sur  le  pinéne  en  présence  de 
l'eau i3o 

M.  P.  WiNTREBERT.  —  Influence  du  systùme 
nerveux  sur  l'ontogenĂšse  des  membres...     i3i 


M.  P.  Lesne.  —  La  distribution  gĂ©ogra- 
phique des  ColéoptÚres  bostrycliides  dans 
ses  rapports  avec  le  régime  alimentaire 
de  ces  Insectes.  RĂŽle  probable  des  grandes 
migrations  humaines 

MM.  A.  Miele  et  V.  Willem.  —  .\.  propos 
d'une  diastase  lactique  dédoublant  le  salol. 

M.  LÉoroLD  Mayer.  —  Sur  les  modifications 
du  chimismc  respiratoire  avec  l'Age,  en 
particulier  chez  le  cobaye 

MM.  L.  Mangin  et  P.  Viala.  —  Sur  la  varia- 
tion du  Bornetina  Corium  suivant  la 
nature  des  milieux 

M.  H.  RicoME.  —  Influence  du  chlorure  de 
sodium  sur  la  transpiration  et  l'absorp- 
tion de  l'eau  chez  les  végétaux 

M.  Lucien  Daniel.  —  Sur  une  greffe  en 
Ă©cusson  de  Lilas 

M.  A.  Lacroix.  —  La  cordiĂ©n'te  dans  les 
produits  cruptifs  de  la  montagne  Pelée  et 
de  la  SoufriĂšre  de  Saint-Vincent 

M.  .losEPR  Roussel.  —  Sur  l'origine  des  plis 
et  des  recouvrements  dans  les  Pyrénées.. 

M.  N.  Vaschide.  —  Recherches  expĂ©rimen- 
tales sur  les  rĂȘves.  Du  rapport  de  la  pro- 
fondeur du  sommeil  avec  la  nature  des 
rĂȘves 


Bulletin  bioliographiqui^. 
Errata  . . . .  ■ 


i33 
i35 

.37 

i39 

14. 

■  43 

.48 


i5o 
i5l 

l52 


PARIS.  -   IMPRIMERIE    G  A  UĂŻ  H  I  E  R  -  V  I  L  L  ARS. 
Quai  des  Grands-Augustins,  ^3. 


Le  GĂ©rant  ;   Gautuicr-Villars. 


3 I90S  1903 

liO'^  SECOND  SEMESTRE. 

COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES     SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVII. 


K  3  (20  Juillet  1903). 


PARIS, 


GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMKUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES  RENDUS  DES   SÉANCES  DE  L".CVDÉ.\IIE   DES   SCIENCES, 

Quai  (les  Grands-Auguslin;;,  55, 


1903 

7 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composenl  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i".  —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 
Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  TNote  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  de  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  ptiges  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  3a  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  deTAca- 
démie  ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séar 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Sa^ 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  pet 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  d 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoir 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  req 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  D  | 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondai 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  1 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ăź 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Comp 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rei 
vant  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part 
Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  plan 

figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč   des  figures 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  c 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais 
leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rap 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernem 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administr; 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rend 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution 
sent  RĂšglement. 


Les  Savants  étrangers  à  TAcadémie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  ) 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance,  avant  B".  Autrement  la  présentaUon  sera  remise  à  la  seanc 


AUG     1?  ,903 

ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SEANCE   DU   LUNDI   20  JUIf.LET  1903, 
PalĂŻSIDENGE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUIVICATIOrV8 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE  MATHEMATIQUE.  -  Extension,  Ăč  des  cas  oĂč  le  fond  est  courbe, 
du  mode  d'Ă©coulement  qui  se  conserve  dans  une  nappe  d'eaux  d'infUtralion 
reposant  sur  un  fond  plat.  Note  de  M.  J.  Boussixesq. 

«  I.  On  est  conduit  Ă   d'intĂ©ressants  rĂ©sultats  d'Analyse,  sinon  mĂȘme  Ă  
un  procédé  d'intégration  des  équations  aux  dérivées  partielles  inconnu 
jusqu'ici  dans  la  Physique  mathématique,  en  essayant  d'étendre,  à  certains 
cas  oĂč  la  profondeur  H  d'une  nappe  d'eaux  d'infdtration,  sous  le  plan 
horizontal  du  seuil  de  la  source  alimentĂ©e  par  cette  nappe,  cesse  d'ĂȘtre 
nulle  pour  devenir  une  fonction  donnée  de  x  el  de  r,  le  mode  stable 
d'Ă©coulement  dans  lequel  l'altitude  h  de  la  superficie,  au-dessus  du  mĂȘme 
plan,  est  le  produit  d'une  fonction  positive,  parfaitement  déterminée,  l, 
de  X  et  de  y,  par  l'inverse  de  la  somme  t  =  t,  +  /,  exprimant  le  temp.s 
compté  à  partir  d'une  origine  plus  ancienne,  d'une  quantité  arbitraire  -r,,, 
que  le  début  du  phénomÚne. 

»   La  fonction  l  satisfait  aux  relations 

(')     ÂŁ('^^ÂŁ)  +  |:(Ăź^^|)--^^.        (au  contour)  (Cou  g)  =  o. 

alors  que,  dans  le  cas  général  d'un  fond  courbe,  l'altitude  h  de  la  nappe 
est  régie,  à  partir  de  valeurs  initiales  arbitrairement  données  en  x  et  j 
(pour  T  =  T„),  par  l'Ă©quation  indĂ©finie  et  les  relations  adjointes 


dh  cl    \,  ,„         ,,,  dk 


'''  d-z         dx 


^  dx 


d 

dy 


(2) 

C.  R.,  igoS,  2>  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  3.)  21 


(au  contour)  [h  ou  V^  )  =  o. 

\  ^  \  dnj 


l5/|  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  ir.  A  la  condition  de  rendre  la  fonclion  T  du  temps  -r  un  peu  plus 
compliquée  que  l'inverse  de  t,  un  mode  d'écoulement  se  conservanl,  ou 
exprimé  par  la  formule  h  =  (T,  reste  possible  quand  la  profondeur  H  de 
la  nappe  sous  le  seuil  est  partout  proportionnelle  Ă   C-  Posons,  en  effet,  tout 
Ă   la  fois,  dans  (2),  si  k  est  une  constante  positive  quelconque, 

(3)    H  =  /Ăź-r,      /a  =  'CT;      d'oĂč      \\  +  h  =  ^1<  +  1)l,      ^^^T-    '^^ 

^-^  '  ^    '  H  {    i-       '\f\  , 


d(j-.y)  d{.r,y) 

»   Les  conditions  (2)  au  contour  ne  cessent  pas  d'ĂȘtre  satisfaites;  et 
l'équation  indéfinie  (2)  devient,  en  éliminant  par  (r)  les  dérivées  de  '(,, 

T'  -t-  T(X-  +  ĂŻ)  =  o,  ou  '-Lh^^]\^j;''         ' 


d-.\l    '    k  V  T    '    / 


«   Intégrée  de  maniÚre  que  T  fût  infini  à  l'époque  t  =  o  (toujours  anté- 
rieure Ă   l'instant  t„  de  dĂ©but  du  phĂ©nomĂšne),  cette  Ă©quation  donne 

(4)  T  =  -^ 


si  l'on  pose 

,1.  p-kl.  rVc^i,  —  „  ^ 

d-  "      "^  d'h 


(4  bis)  '\  =  e-^^  ;  d'oĂč         ^  =  -  /‱  J,  -"^ 


>i  III.  Mais,  pour  savoir  si  la  forme  A  =  (T  est  encore  stable,  il  faut 
Ă©tudier  les  expressions,  qui  en  sont  voisines,  de  la  fonction  h  de  x,y  et  t, 
expressions  que  nous  Ă©crirons 

(5)  /,  =  i:T+^'h  =  ^  +  ^'^3, 

avec  £  fonction  de  x,y  et  t  donnée  initialement  1res  petite.  Il  en  résulte 

,.       dh  /,-i      y      dl  /,■:'-'!'        dz 


»   Alors  les  relations  (2),  dĂ©barrassĂ©es  des  termes  oĂč  ne  figure  pas  s, 
deviennent 


(C) 


(au  contou  ^  (e  ou  -^-  )  =  o. 

Ce  sont  les  Ă©quations  du  refroidissement  d'un  certain  corps  diathermane. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    igo3.  l5l 

dont  la  conrliictibilité,  la  capacité  calorifique  et  le  coefficient  de  rayonne- 
ment varieraienl  avec  le  temps  t,  ou,  par  suite,  avec  A. 

«  Leur  solution  particuliÚre  la  plus  simple  s'obtient  en  prenant  la  dif- 
férence de  deux  formes  voisines  persistantes,  c'est-à-dire  en  choisissant, 
comme  expression  df  'i'^t.  le  produit  de  ^  par  la  dérivée  de  T  en  To,  iden- 
tique à  T'  ou  à  —  T(X'  -l-T).  Il  vient  ainsi,  à  un  facteur  constant  prùs,  si  s, 
désigne  cette  solution  particuliÚre,  de  signe  invariable,  et,  par  conséquenl , 
fondamentale, 

(7)  ^'  =  (t^' 

))  IV.  Cela  posé,  ayant  écrit  les  formules  (6)  avec  s,  à  la  place  de  s, 
multiplions  pnr  e  l'équation  indéfinie  en  s,,  et  retranchons  les  résultais,  d:i 
profluit,  par  s,,  de  l'Ă©quation  indĂ©finie  (CV)  elle-mĂȘme.  Il  viendra,  en  appe- 
lant u  le  quotient  de  i  par  j,,  ou  posant 

(8) 


équation  indéfinie  qui  régit  u  : 


dy 


(9)  _,K.-^)^-^i  =  ÂŁ:(KC-^:i;^)  +  ^(KC 


»   Bornons-nous  au  cas  de  nappes  soit  cylindriques,  soit  de  révolution, 
oĂč  u  varie  seulement  avec!:!  et  T.  Alors  les  produits  KĂź^^^"^-, — - —  deviennent 


dt     \  (.,.-,>,  du 


\^^  d(  r  y\)  ("'^^^d^/'  ^t  la  relation  (9),  divisée  finalement  par  [;."(,  prend, 
vu  l'équation  indéfinie  (t)  en  'i,  la  forme 

(,„)  -K.-W-*|  =  ^(A,0=|(ü=-*^)-(ç-** 

»  V.  Or,  avec  une  nappe  soit  cylindrique,  à  coefficients  K,  j7.  constants, 
soit  de  révolution ,  à  coefficients  K,  [j.  inverses  de  la  distance  à  l'axe,  '(,  pourm , 
d'aprĂšs  la  fin  de  ma  derniĂšre  Note,  ĂȘtre  remplacĂ©  par  une  variable  propor- 
tionnelle -0,  croissante  de  zĂ©ro  Ă   i,  et,  ^J^X)',  ĂȘtre  remplacĂ©  de  mĂȘme 
par  77  — 7Y^'  Ï-'  Ă©quation  indĂ©finie  en  u  sera  donc 


(")  J  ^(""'Ăź)  =  -o|(»"*Ăź:)  -  K""*Ăź)  -■  3K-«v^*|- 


l56  ACADEMIE    DES    SCIE^'CES. 

Elle  admet  deux  solutions  particuliÚres,  en  série,  de  la  forme 

(12)  U=  kr,^  +  Br,''+'  -f-  Cr,^-^"  +  Dr'+"  -+-..., 

avec  coefficients  A,  B,  C,  D,  ...  fonctions  de  J/.  Si  l'on  pose,  en  effet, 

(13)  9().,i)  =  2A(A  +  H-v),  F(A,6)  =  A(2l  +  5  +  2i). 

la  substitution  d'une  telle  série  (12)  dans  (1  i)  conduit,  par  l'identification 
des  termes  semblables  en  r.  dans  les  deux  membres,  d'abord,  Ă   prendre 

(ri)        o(a,i)=o,  c'est-Ă -dire  a  =  soit  zĂ©ro,   soit  —  i  —  6. 

et,  ensuite,   Ă   Ă©tablir,  entre  les  fondions   A,  B,  ('.,   ...  de  i,  le  systĂšme 
d'équations  différentielles  linéaires 

1   9(a+3,i)B  =  F(>,i)A  -mi-'L)A', 

c,5N        '  o(x  +  6,J;)C  =  F(a^"3,':)B-3ĂŽ(i-4')B'. 

'   p(;7.^9.f)D^  F(a  +  6, '^KJ- 3-Xi--'^)C', 


1)  Mais  celle  des  deux  sĂ©ries  oĂč  a  =  —  1  —  y  rend  indĂ©pendant  de  r,  le 
premier  terme  de  l'expression  correspondante  (8)  de  e.  Par  suite,  la  con- 
dition, ÂŁ  =  o,  relative  Ă   la  limite  r,  =  o,  oblige  Ă   y  annuler  A,  puis  B,  C, 
D,  ...  en  vertu  de  (i5);  et  il  ne  reste,  pour  exprimer  u,  que  l'autre  série, 
oĂč  a  =  o.  L'on  y  aura  F(«,  J/)  =;  o. 

»  VI.  D'autre  part,  la  relation  concernant  la  seconde  limite  r  =  i  re- 
vient Ă   annuler,  Ă   cette  limite,  le  produit  de  \Ji  —  r,'  par  la  dĂ©rivĂ©e  en  r, 
de  la  série  subsistante.  Or  le  cas  particulier,  déjà  traité,  d'une  nappe  à 
fond  plat  oĂč  X-  est  infiniment  petit,  et  qu'on  retrouverait  ici  comme  cas 
limite  en  Ă©tudiant  la  fonction  u  au  voisinage  de  kz  =  o,  c'est-Ă -dire 
dei  =r  I,  montre  que  cette  dĂ©rivĂ©e  devient  comparable  Ă   l'inverse  mĂȘme 
de  V  1  —  r/ ,  Ă   moins  qu'on  ne  rĂ©duise  la  sĂ©rie  Ă   un  simple  polynĂŽme,  par 
l'annulation  de  tous  ses  coefficients  venant  aprĂšs  l'un  r/uelconque  d'entre  eux. 
Il  faudra  donc  réduire  aussi  le  systÚme  (i5)  soit  à  sa  premiÚre  équation, 
en  posant  B  =  o,  soit  aux  deux  premiĂšres,  en  posant  C  =0,  soit  aux 
trois  premiĂšres,  en  annulant  D,  etc. 

»  Dans  le  premier  cas,  il  vient  A'=o,  ou  A  =  m  =  const.,  et  la  for- 
mule (8)  redonne  la  solution  simple  fondamentale  l'j). 

»  Dans  le  second  cas,  à  traiter  pour  avoir,  comme  on  sait,  l'expression 
as%mptotique  des  petits  Ă©carts,  les  deux  premiĂšres   Ă©quations  (i5)  de- 


SÉANCE    DU    20   JUILLI'T    igoS-  l57 

viennent 

n  Et  elles  donnent  (Ă   un  facteur  constant  prĂšs),  vu  qu'on  peut  y  annuler, 
pour  A  =  o,  A  en  mĂȘme  temps  que  B,  si  l'on  fait  abstraction  de  la  solu- 
tion simple  précédente  //  =--  const.  (déjn  trouvée)  : 

(17)  1>  = H-Tü'        A  =  2/    ^-f-^ — , ',,,     fi'h. 

('  —  '->)  .,'„       (i  — 'I') 

11  Pour  les  petites  valeurs  du  produit  /{-,  alors  que  ‱l  est  Ă   peine  infĂ©- 
rieur Ă   I  (Ăźle  Xt).  les  deux  coefficients  B,  A  sont  trĂšs  grands,  de  l'ordre 
de  (1  —  Yy  "  et,  par  suite,  l'expression  (8)  de  s  l'est,  elle-mĂȘme,  de 
l'ordre  de  (r  —  <J>)^'*,  comme  l'indiquait  implicitement  la  deuxiùme  racine, 
P':=  i5,  obtenue  dans  ma  derniĂšre  Note.  Mais,  ici  oĂč  /c  n'est  pas  nul  et  oĂč 
<li  tend  vers  zĂ©ro  Ă   mesure  que  -  grandit,  B  et  A  finissent  par  ĂȘtre  sensible- 
ment —  <li"  et  7'',({'"-  On  voit  donc  que  les  Ă©carts  '(^"^1  donnĂ©s  par  (8) 
s'évanouiront  comme  ij/'-,  alors  que  la  partie  régularisée  i^T  de  h  est, 
d'aprÚs  (4),  Z,k'li,  ou  décroßt  comme  ii.  Ainsi  les  écarts  s'atténueront 
comme  le  fait  la  douziÚme  puissance  de  la  partie  réglée  et,  par  conséquent, 
incomparablement  plus  vite  que  celle-ci.  C'est  bien  dire  que  la  solution 
réguliÚre  est  encore  stable. 

«  VII.  Pour  la  i'ℱ*  solution  simple,  le  dernier  coefficient,  que  j'appel- 
lerai I,  du  polvnome  (12)  résulterait  de  l'équation 

—  ‱'— (/,  —  1)— —^;  d  ou  1  = 


»  Or  un  calcul  simple  montre  que,  dans  cette  solution  spéciale,  le 
coefficient  précédant  I  et,  de  proche  en  proche,  tous  les  autres  jusqu'à  A, 
sont,  aux  deux  limites  'i  =  i  et  <!/  ^  o,  des  mĂȘmes  ordres,  soit  de  gran- 
deur, soit  de  petitesse,  que  I,  comme  on  l'a  vu  déjà  ci-dessus  pour  A,  dans 
les  formules  (17). 

»  Celte  expression  particuliÚre  de  u  est  donc,  quand  i  tend  vers  i ,  de 
l'ordre  de  grandeur  de  la  puissance  (/ —  i)  (6? -1- 1)""*  de  l'inverse 
de  I  —  (]^  et,  quand  i  tend  vers  zĂ©ro,  de  l'ordre  de  petitesse  de  la  puis- 
sance {i  —  i)  (Gi  -  i)""""  de  6. 

»  Ainsi,  quoique  les  coefficients  de  l'équation  indéfinie  varient  mainte- 
nant avec  le  temj)s  t,  de  véritables  solutions  simples  continuent  à  exister, 
encore  distinguées  les  unes  des  autres  par  leur  rapidité  de  variation  el,  en 


IÔ8 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


particulier,  à' évanouissement  lorsque  t  grandit,  rapidité  croissante  avec  leur 
numéro  d'ordre.  Seulement,  elles  ne  sont  plus  le  produit  d'une  fonction  du 
temps  par  une  fonction  des  coordonnées  ;  et  leur  allure  est  devenue  beaucoup 
moins  réguliÚre,  ou  plus  difficile  à  saisir  (  '  ).    » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  mĂ©thode  de  recherche 
et  de  dosage  des  traces  les  plus  faibles  d'arsenic.  Note  de  M.  Armand  Gautieis. 


«  Au  cours  de  mes  publications  sur  la  recherche  et  le  dosage  des  faibles 
quantités  d'arsenic  (^),  surtout  lorsque  j'ai  voulu  donner  la  preuve  de 
l'existence  normale  et  de  la  localisation  de  ce  métalloïde  dans  les  organes 
des  animaux  (^),  j'ai  dû  vérifier,  avant  fout,  lé  point  important  de  savoir  si 
la  méthode  de  carbonisation  azotosulfnrique  que  j'emploie  depuis  1875 
permettait  bien  de  recueillir  la  totalité  de  l'arsenic  sans  aucune  perte.  Dans 
ces  derniers  temps,  j'ai  montré  que  cette  méthode  est,  en  fait,  assrz  pré- 
cise pour  permettre  de  retrouver  sans  perte  2  milliĂšmes  et  peut-ĂȘtre  1  mil- 
liÚme de  milligramme  d'arsenic  ajoutés  à  loo^  ou  i  5o8  de  matiÚre  orga- 


(‱)  En  dehors  du  cas  de  proportionnalitĂ©  de  H  Ă   Ç,  une  expression  de  /;  rĂ©gularisĂ©e 
et  de  grandeur  notable,  produit,  iJT,  d'une  l'onction  Ç  des  coordonnĂ©es  .r  et  y  par  une 
fonction  T  du  temps  -,  est  impossible.  Car  la  division  de  l'équation  indéfinie  (2), 
soit  par  ;iÇT%  soit  par  jj-ÇT,  suivie,  chaque  fois,  de  deux  dilFĂ©rentiations  en  t, 
montre  que  les  deux  expressions 


Ăšlℱ£)-Ă©("»|)]-  ^ 


dx  \       djc  )        dy  \     '  dy  )  _ 


6e  réduisent  nécessairement  à  deux  conslanles.  Si  donc  k  est  le  rapport  de  celles-ci,  il 

vient 

d'^^  _    d_ 


7Ă»- 


iv(ii-Ai;) 


dx 


K(ii_.r)^' 


Ă©quation  entraĂźnant,  au  moins  dans  les  deux  cas  d'une  nappe  cylindrique  et  d'une 
nappe  de  révolution  (  pourvues  toujours  supérieurement  d'un  plan  tangent  horizontal  ), 
l'annulation,  soit  de  11  —  A^,  soit  de  la  dĂ©rivĂ©e  de  t,  c'est-Ă -dire  ou  la  proportionna- 
lité de  H  à  t,  ou  l'équilibre  de  la  nappe  liquide. 

(-)  Voir  Compter  rendus,  t.  IjXXXI,  p.  289.  —  Ann.  de  Cliim.  et  de  P/iys., 
£‱  sĂ©rie,  t.  \ni,  p.  384. 

(‱')  Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  939  et  93G;  t.  GXXX,  p.  28/i;  t.  CXXXW, 
p.  189/4,  et  Bull.  Soc.  chini.,  3=  série,  l.  XXVII,  p.  i3j  et  833. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    igoS.  iSg 

nique  animale  ou  végétale,  soit  à  5o  ou  100  millions  de  fois  son  poids  de 
matiĂšre  organique  Ă©trangĂšre  (  '  ). 

I)  Il  ne  semblerait  donc  pus  qu'U  y  ait  lieu  d'essayer  de  perfectionner 
une  méthode  aussi  exacte.  Cependant,  elle  est  si  délicate  à  appliquer,  sur- 
tout, elle  met  en  Ɠuvre  tant  de  substances  diverses  (eau  distillĂ©e,  acides 
sulturique  et  nitrique,  hydrogÚne  sulfuré,  ammoniaque,  acide  sulfureux 
et  bisulfites,  zinc,  etc.)  qu'il  peut  rester  quelque  incertitude,  lorsqu'il  s'agit 
d'affirmer  l'existence  de  doses  extrĂȘmement  faibles  d'arsenic,  i  milliĂšme 
de  milligramme,  par  exemple,  dans  des  quantités  relativement  trÚs  grandes 
de  matiĂšres  animales  ou  vĂ©gĂ©tales  oĂč  ces  rĂ©actifs  servent  Ă   le  rechercher. 
J'ai  trouvé,  en  effet,  que  l'eau  distillée,  l'ammoniaque  prétendue  pure, 
l'acide  nitrique,  l'acide  sulfureux  en  solution  et,  surtout,  l'hydrogĂšne  sul- 
furé le  mieux  lavé,  autant  de  réactifs  employés  dans  la  recherche  de  l'ar- 
senic, contiennent  toujours  des  traces  de  ce  métalloïde.  Dans  les  expé- 
riences que  je  viens  de  terminer,  malgré  la  purification  de  tous  ces  réactifs, 
j'ai  constaté  que  la  quantité  totale  introduite  par  eux  tous  pour  une 
recherche  d'arsenic  dans  loo^  de  muscle  ou  de  jaune  d'oeuf,  par  exemple, 
variait  de  ^  Ă   t  de  milliĂšme  de  millioirammo. 

»  Une  autre  raison  m'a  fait  essayer  de  modifier  et  perfectionner  mon 
ancienne  méthode.  Elle  n'est  pas  applicable  lorsqu'il  s'agit  de  retrouver 
l'arsenic  dans  des  substances  trĂšs  riches  en  chlorures  solubles  telles  que 
l'eau  de  mer,  les  eaux  minérales  chlorurées,  les  viandes  salées,  le  sel  de 
cuisine,  etc.  ou  dans  les  solutions  trop  riches  en  fer,  ainsi  qu'on  le  verra. 
Quoi  qu'on  fasse,  l'arsenic  est  en  j)artie  perdu  dans  ces  divers  cas,  soit  Ă  
l'Ă©tat  de  chlorure  qui  Ă©chappe  mĂȘme  Ă   l'eau  alcalinisĂ©e,  soit  Ă   l'Ă©tat  de 
sulfarséniure  de  fer. 

»  La  mĂ©thode  nouvelle  que  je  vais  exposer  est  d'une  extrĂȘme  simplicitĂ© 
et  d'une  prĂ©cision  surprenante.  Elle  peut  ĂȘtre  employĂ©e  Ă   la  recherche 
des  traces  d'arsenic  normal  dans  les  organes,  ou  lorsqu'il  s'agit  d'expertises 
légales,  mais  je  me  bornerai,  pour  le  moment,  à  exposer  sa  marche  et  ses 
rĂ©sultats  pour  les  cas  oĂč  les  anciennes  mĂ©thodes  sont  inapplicables  ou 
incertaines. 

»  Elle  est  fondée,  en  principe,  sur  l'observation  bien  connue  que  lorsque 
l'arsenic  existe,  mĂȘme  en  petite  quantitĂ©,  Ă   cĂŽtĂ©  du  fer,  dans  une  eau 
potable  ou  minérale,  le  fer,  en  s'oxydant  et  se  précipitant,  entraßne  tou- 
jours avec  lui  tout  ou  partie  de  cet  arsenic. 


(')  Bull.  Soc.  chim.,  3«  série,  t.  XXIX,  p.  63;). 


l6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Mes  recherches  nouvelles  démontrent  que  cette  aptitude  du  fer  est 
absolue  et  que  cet  entraĂźnement  de  l'arsenic  par  le  sous-sel  polyferrique 
qui  se  forme  est  si  complet,  dans  les  conditions  expĂ©rimentales  oĂč  je  me 
place,  que  j^  de  milligramme  d'arsenic,  ajouté  sous  forme  d'arsénites  ou 
d'arséniates  à  un  litre  d'eau  pure,  ou  chargée  de  sel  marin  ou  d'autres  sels, 
est  entiĂšrement  enlei'Ăš  par  le  fer  et  peut  ĂȘtre  exactement  dosĂ©. 

»  Je  prépare  mon  réactif  de  la  façon  suivante  :  loo*''  de  sulfate  ferreux 
commercial  sont  dissous  dans  Soc^  d'eau  distillée  avec  addition  de  aS^ 
de  SO^H^  pur;  cette  solution  est  traitée  par  l'hydrogÚne  sulfuré.  On  fait 
bouillir,  filtre  et  oxyde  Ă   chaud  le  sel  ferreux  par  28^  d'acide  nitrique 
exempt  d'arsenic.  De  la  solution,  on  précipite  ensuite  l'hydrate  ferrique 
par  l'ammoniaque  purifiée  d'arsenic,  et  aprÚs  lavage  on  redissout  à  froid 
cet  hydrate  dans  l'acide  sulfurique  pur  Ă©tendu.  Ce  sulfate  ferrique  contient 
encore  des  traces  d'arsenic  trÚs  sensibles  (trouvé:  o"'s,oo2  à  o'"^',oo3  d'ar- 
senic pour  3  grammes  Fe-0').  On  les  enlÚve  en  faisant  digérer  deux  jours 
la  solution  ferrique  avec  de  la  grenaille  de  zinc  pur  et  portant  Ă   l'Ă©buUition 
dans  le  A^ide  (P.  Clausnuinn).  On  réoxyde  alors  le  sel  par  un  peu  d'acide 
nitrique  et  sulfurique  et  l'on  en  précipite  l'hydrate  ferrique  par  un  léger 
excĂšs  d'ammoniaque  pure  qui  redissout  l'oxyde  de  zinc.  Il  ne  reste  plus 
qu'Ă   laver  Ă   l'eau  et  ajouter  Ă   l'hydrate  ferrique  de  l'acide  sulfurique 
pur  étendu  et  froid.  100  centimÚtres  cubes  de  ce  réactif,  contenant 
3o  grammes  Fe^O^  au  litre,  m'ont  donné  un  anneau  correspondant  à 
moins  de  t,  mUliĂšme  de  milligramme  d'arsenic. 

»  Voici  maintenant  les  constatations  que  j'ai  pu  faire  avec  ce  précieux 
réactif.  Si  l'on  prend  2  litres  d'eau  distillée  et  qu'on  ^les  évapore  en  pré- 
sence de  40^  d'acide  nitrique  et  10^  d'acide  sulfurique  sensiblement 
exempts  d'arsenic  (')  et  si,  aprÚs  avoir  chauffé  jusqu'à  commencement 
d'apparition  des  vapeurs  sulfuriques,  on  Ă©tend  d'eau  et  verse  dans  l'appareil 
de  Marsh,  on  obtient  : 

Arsenic  par  litre. 

Eau  distillĂ©e  Ă   l'alambic  de  cuivre  Ă©lainĂ© oℱ8,ooo7 

Eau  distillée  à  la  cornue  de  verre,  aprÚs  addition  de  5», 

pour  looos  d'eau,  de  GO'Na-  ]uir o"'s,ooi  1 

»  I  litre  de  cette  eau,  si  faiblement  arsenicale,  est  porté  à  l'ébuUition 
aprÚs  addition  de  5'^°''  de  la  solution  ferrique  précédente;  aprÚs  refroi- 
dissement on  sature  par  quelques  gouttes  d'ammoniaque  pure  et,  aprĂšs 

(')  ils  contenaient  ensemble  Ă   peine  o"?, 0001  d'arsenic. 


SÉANCE    DU    2(1    JUILLET    190.3.  161 

avoir  fait  bouillir  encore  quelques  instants,  on  filtre.  La  liqueur  filtrée 
totale,  évaporée  en  présence  d'acide  nitrique  et  sulfurique  pur,  est  chauffée 
jusqu'au  départ  de  l'acide  nitrique,  étendue  d'eau  et  versée  dans  l'appareil 
de  Marsh.  Elle  ne  donne  plus  trace  d'arsenic  ('  ). 

»  A.  2  litres  de  cette  eau  ainsi  complÚtement  privée  d'arsenic  on  ajoute 
o'"s,oo2  d'arsenic  (2  milliĂšmes  de  milligramme  d'arsenic)  sous  forme  d'ar- 
sénite  de  soude,  puis  5  cent,  cubes  de  la  liqueur  ferrique  ci-dessus.  On 
porte  Ă   l'Ă©bullition,  on  alcalinise  par  quelques  gouttes  d'ammoniaque  et  l'on 
recueille  le  précipité  qu'on  dissout  dans  un  léger  excÚs  d'acide  sulfurique; 
le  sulfate  ainsi,  formé  est  versé  directement  dans  l' appareil  de  Marsh.  On  ob- 
tient : 

Arsenic  ajoutĂ©  aux  2  litres  d'eau..  .      oℱs,oo3 
Arsenic  trouvĂ© oℱî,  002 

»   T.a  totalité  de  l'arsenic  a  donc  été  entraßnée  par  le  fer. 

»  Il  en  est  de  mĂȘme  si  l'eau  ainsi  additionnĂ©e  de  i  milliardiĂšnie  de  son 
poids  d'arsenic  est  évaporée  au  préalable  au  quart  de  son  volume  et  traitée 
ensuite  comme  ci-dessus  par  le  sel  ferrique. 

»  Ainsi  1  milliÚme  de  milligramme  d' arsenic  par  litre  d' eau  est  entiÚrement 
recueilli  par  le  prĂ©cipitĂ©  ferrique  qui  se  forme  Ă   chaud,  et  oĂč  l'arsenic  peut 
ĂȘtre  exactement  et  directement  dosĂ©  Ă   l'appareil  de  Marsh. 

»  Comme  contre-épreuve  de  cette  expérience,  à  i  litre  d'eau  distillée  on 
ajoute  o°'s,o5o  d'arsenic,  puis  5  cent,  cubes  de  la  liqueur  ferrique;  on  porte 
Ă   l'Ă©bullition,  et  l'on  filtre  aprĂšs  neutralisation  par  l'ammoniaque  pure.  La 
liqueur  filtrée  est  additionnée  comme  ci-dessus  de  20^  d'acide  nitrique  et  lo*' 
d'acide  sulfurique  purs;  on  chasse  l'eau  et  l'acide  nitrique  par  la  chaleur 
et  l'on  verse  dans  l'appareil  de  Marsh  :  l'arsenic  trouvé  est  totalement  nul. 

»  Ainsi  le  sel  polyferrique  qui  se  précipite  dans  ces  conditions  entraßne 
si  bien  la  totalité  de  l'arsenic  présent  qu'on  n'en  retrouve  plus  la  moindre 
trace  dans  la  liqueur  et  qu'une  dose  aussi  faible  qu'un  milliĂšme  de  milli- 
gramme par  litre  d'eau  peut  ĂȘtre  ainsi  exactement  recueillie  et  dosĂ©e. 

»  Cette  méthode  permet  donc  de  séparer  et  mesurer  exactement  une 
substance  qui  représente  la  milliardiÚme  partie  de  la  masse  en  expérience. 

M   Je  ne  pense  pas  qu'il  y  ait  jusqu'ici  d'exemple,  dans  les  Sciences  expé- 

(')  Du  moins  plus  de  trace  appréciable,  c'esl-à-dire  une  quanlilé  inférieure  à 
o"'i=,ûoo33  de  As. 

G.  R.,  1903,   2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,   N"  3)  22 


102  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rimentales  on  d'observation,  d'une  autre  détermination  se  faisant  avec  un 
degré  de  précision  qui  permette  de  mesurer  une  valeur  un  milliard  de  fois 
vins  petite  que  celle  Ă   laquelle  il  s'of^it  de  la  comparer. 

»  Le  dos;ige  par  celte  mĂ©lhode  de  (races  d'arsenic,  iℱ"  Ă   oℱs,ooi  par 
litre  d'eau  pure  ou  additionnée  de  3oos  de  sel  marin  pur,  de  loo^  de  sul- 
fate de  potasse,  de  nitre,  de  chlorate  de  potasse,  etc.,  se  fait  avec  la  mĂȘme 
prjcision. 

»  Elle  permet  de  retirer  facilement  l'arsenic  des  eaux  de  mer,  du  sel 
marin,  des  eaux  minérales,  des  sels  usuels,  des  acides  et  des  bases,  etc., 
avec  une  rapidité  et  une  exactitude  parfaites. 

»  Il  faut  seulement,  s'il  s'agit  d'acides,  de  sels  acides  ou  d'alcalis,  les 
saturer  au  préalable.  Pour  les  gaz  sulfureux,  sulfiiydriques,  etc.,  on  les 
oxyde  par  barbotement  dans  l'acide  nitrique  chaud  oĂč  l'on  dose  ensuite, 
comme  il  est  dit  ci-dessus,  l'arsenic  condensé  et  oxydé. 

»  Par  cette  nouvelle  mélbode,  j'ai  pu  m'assurer  aisément  que  l'arsenic 
existe  dans  l'eau  distillée  la  plus  pure  (environ  o^^^ooi  par  litre),  dans 
l'ammoniaque  prétendue  pure  du  commerce  (o'°s,oio  par  loo'"'"'),  dans 
l'acide  nitrique  le  mieux  purifié  d'arsenic,  dans  le  nitre  pur,  dans  le  bicar- 
bonate de  soude  pur,  dans  l'acide  chlorhydrique  pur,  dans  le  chlorate 
de  potasse  fondu,  dans  le  sel  marin  mĂȘme  fondu  au  rouge,  dans  l'hydro- 
gÚne sulfuré  parfaitement  lavé  provenant  du  sulfure  de  fer  et  de  l'acide 
chlorhydrique  pur  ou  non,  dans  l'acide  sulfureux  et  les  bisulfites,  etc. 
Ces  constatations  montrent  les  causes  d'erreurs  multiples  auxquelles  on 
est  exposé  lorsqu'il  s'agit  de  déterminer  l'origine  des  traces  d'arsenic  que 
l'on  trouve  dans  les  organes. 

»  En  ce  qui  touche  à  l'application  de  la  nouvelle  mélhode  à  la  recherche 
physiologique  ou  médico-légale  de  ce  métalloïde,  on  peut,  aprÚs  avoir  dé- 
truit les  maliÚres  animales  ou  végétales  par  le  mélange  nitrosulfurique, 
reprendre  le  charbon  azoté  par  l'eau  bouillante,  filtrer,  refroidir,  neutra- 
liser partiellement,  et  ajouter  le  sel  ferrique  tant  qu'il  ne  marque  pas  au 
ferrocyanure.  Le  précipité  qui  se  forme  à  froid,  dans  ces  conditions,  n'en- 
traßne pas  d'arsenic.  On  filtre,  on  ajoute  5  cent,  cubes  du  réactif  ferrique 
pur  et  l'on  porte  la  liqueur  Ă   l'Ă©bullilion.  AprĂšs  neutralisation  par  l'ammo- 
niaque, on  filtre  encore,  on  redissout  le  précipité  ferrique  dans  un  mélange 
d'acides  nitrique  et  sulfurique  purs,  on  chauffe  tant  qu'il  se  dégage  des  va- 
peurs nilreuses  et  qu'il  reste  de  l'acide  nitrique,  on  Ă©tend  d'eau  et  l'on 
verse  directement  dans  T appareil  de  Marsh.  Mais,  pour  réussir  entiÚrement. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    IQoS.  l63 

cette  méthode  demande,  dans  le  cas  particulier  des  matiÚres  animales  ou 
végétales,  une  série  de  précautions  minutieuses'que  je  me  réserve  de  I;n're 
ultérieurement  connaßtre.   » 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  les  mouvements  de  torsion  de  l'Ɠil  dans  les  oiientations 
du  regard,  l'orbite  restant  dans  la  position  primaire.  Note  de  M.  Yves 
Delage. 

«  Dans  ma  précédente  Note  {Comptes  rendus,  séance  du  i3  juillet  1908  ) 
j'ai  Ă©tudiĂ©  les  mouvement  de  torsion  de  l'Ɠil  dans  la  rotation  de  l'orbite. 
On  a  vu  que,  pour  l'étude  de  ces  torsions,  l'observateur  est  placé  dans 
une  caisse  tournant  autour  d'un  tourillon  dont  le  prolongement  passerait 
par  la  racine  du  nez. 

»  Dans  une  premiÚre  série  d'expériences,  le  tourillon  était  placé  au 
milieu  de  la  paroi  postérieure  de  la  caisse,  de  telle  façon  que  son  prolon- 
gement passait  par  le  centre  de  gravité  du  svstéme,  ce  qui  facilitait  l'équi- 
libre de  l'appareil.  Mais,  dans  ce  cas,  l'axe  de  rotation  passant  parle  milieu 
du  dos  de  l'observateur  et  la  lumiĂšre  centrale  Ă©tant  sur  le  prolongement  du 
tourillon,  la  ligne  de  regard  n'Ă©tait  pas  jierpendiculaire  au  tableau  dont 
cette  lumiĂšre  occupait  le  centre.  Il  en  rĂ©sultait  que  l'Ɠil  n'Ă©tait  jamais  dans 
la  position  primaire.  Aux  points  o,  90,  180  et  270,  le  regard  était  dirigé  en 
haut  ou  en  bas,  Ă   droite  ou  Ă   gauche,  et  l'Ɠil  Ă©tait  en  position  secondaire. 
Cela  n'avait  point  d'inconvénient,  tous  les  physiologistes  s'accordant  à 
admettre  que,  dans  ces  positions,  l'Ɠil  ne  subit  aucune  torsion.  Mais  en 
Ă©tait-il  de  mĂȘme  pour  les  positions  intermĂ©diaires,  lorsque  le  regard  est 
dirigé  en  haut  et  à  droite  ou  à  gauche,  ou  en  bas  et  à  gauche  ou  à  droite? 
Il  était  à  craindre  qu'il  n'en  fût  pas  ainsi,  divers  physiologistes  admettant 
que,  dans  cesorientations  obliques,  l'Ɠil  subit  une  torsion.  C'est  pour  Ă©viter 
celte  cause  possible  d'erreurs  que  j'ai  finalement  disposé  le  tourillon  comme 
je  l'ai  indiqué  dans  la  Note  précédente. 

>  Cela  m'a  amenĂ©  Ă   rechercher  si  vraiment  l'Ɠil  subit  dans  ces  cas  une 
tor.iion. 

»  L'existence  d'une  pareille  torsion  semble  résulter  de  l'expérience  bien 
connue  de  Ruete  que  je  rappelle  briĂšvement. 

)>  Si,  l'orbile  Ă©tant  dans  la  posilion  primaire,  oa  se  procure  une  image  accidentelle 
d'une  ligne  horizontale  et  qu'on  porte  le  regard  dans  une  des  directions  secondaires 
de  maniÚre  à  projeter  l'image  bur  une  tenture  sm  laquelle  est  dessiné   un  quadrillage 


l64  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Ă   raies  verticales  et  horizontales,  on  constate  (pie  l'image  accidentelle  reste  en  coĂŻnci- 
dence avec  une  des  lignes  horizontales  :  il  n'y  a  donc  pas  eu  de  torsion  de  l'Ɠil.  Mais 
si  l'on  porte  le  regard  dans  une  des  directions  tertiaires,  il  n'en  est  plus  ainsi.  Si,  par 
exemple,  on  regarde  avec  l'Ɠil  droit,  en  haut  et  à  droite,  on  voit  que  l'image  acciden- 
telle est  oblique  en  bas  et  Ă   gauche,  comme  si  l'Ɠil  s'Ă©tait  tordu  dans  le  sens  indirect 
(inverse  des  aiguilles  d'un  cadran).  D'oĂč  la  croyance  Ă   cette  torsion. 

»  Cette  torsion  est  cependant  bien  improbable,  l'orientation  de  l'Ɠil, 
dans  ce  cas,  se  faisant  avec  participation  du  muscle  petit  oblique,  qui  a  pré- 
cisĂ©ment pour  action  de  faire  tourner  l'Ɠil  dans  le  sens  direct. 

))  D'autre  part,  si  l'on  fait  la  mĂȘme  expĂ©rience  avec  l'image  accidentelle 
d'une  ligne  verticale,  on  constate  que  celle-ci  est  inclinée  en  haut  et  à 
droite,  comme  si  l'Ɠil  avait  tournĂ©  dans  le  sens  direct.  L'Ɠil  ne  peut 
cependant  s'ĂȘtre  tordti  Ă   la  fois  dans  deux  sens  diffĂ©rents. 

»  Helmholtz,  rapportant  la  situation  de  l'Ɠil  Ă   celle  du  plan  de  regard 
(passant  par  la  ligne  de  regard  et  par  une  droite  joignant  les  centres 
oj)tiques  des  deux  yeux),  déclare  que  l'inclinaison  de  l'image  horizontale 
est  seule  semblable  à  celle  de  l'horizon  rétinien  par  rapport  au  plan  de 
regard,  car  l'intersection  de  l'horizon  rétinien  avec  la  tenture  est  l'image 
accidentelle  de  la  ligne  horizontale,  telle  qu'on  la  voit  sur  la  tenture,  et 
l'intersection  du  plan  de  regard  avec  la  tenture  est  horizontale;  en  sorte 
que  l'angle  de  l'image  accidentelle  avec  l'horizontale  sur  la  tenture  est 
dirigĂ©  dans  le  mĂȘme  sens  que  l'angle  de  l'horizon  rĂ©tinien  avec  le  plan 
de  regard  :  c'est-à-dire  que  l'angle  de  torsion  de  l'Ɠil  est  tel  qu'il  l'a 
indiqué. 

M  Au  contraire,  les  lignes  verticales  de  la  tenture  ne  coĂŻncident  pas  avec 
l'intersection  de'Ja  tenture  et  d'un  plan  passant  par  la  ligne  de  regard  et 
perpendiculaire  au  plan  de  regard.  Celui-ci  est  en  effet,  quand  on  regarde 
en  haut,  incliné  en  arriÚre,  en  sorte  que  son  intersection  avec  la  tenture 
est  inclinée  à  droite  quand  on  regarde  à  droite,  à  gauche  quand  on  regarde 
Ă   gauche.  L'inclinaison  de  l'image  verticale  par  rapport  aux  verticales  de 
la  tenture  n'indique  donc  pas  mĂȘme,  d'une  façon  certaine,  l'obliquitĂ©  de 
l'horizon  rétinien  par  rapport  au  plan  de  regard. 

))  Tout  cela  est  juste  en  ce  qui  concerne  l'angle  de  l'horizon  rétinien 
avec  le  plan  de  regard,  mais  ne  nous  dit  pas  si  l'Ɠil  a  rĂ©ellement  subi  une 
torsion  nĂ©gative,  de  mĂȘme  ordre  que  celle  que  pourrait  lui  imprimer  un 
muscle  oblique  agissant  seul. 

))  Pour  savoir  ce  qu'il  en  est,  j'ai  étudié  par  les  procédés  de  la  Géomé- 
trie et  de  la  Trigonométrie  ce  que  devient  la  projection,  sur  un  plan  per- 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    igo3.  l65 

pendiculaire  i\  la  ligne  de  regard  dans  la  position  primaire,  d'une  croix  tracée 
sur  une  sphĂšre  (l'oeil),  lorsque  celle-ci  prend  toutes  les  positions  possibles 
en  tournant  autour  d'un  axe  passant  par  son  centre  et  parallĂšle  Ă   la  ten- 
ture, sans  qu'il  s'y  adjoigne  aucune  torsion,  c'est-Ă -dire  aucune  rotation 
autour  d'un  axe  passant  par  son  centre  et  perpendiculaire  au  plan  de  pro- 
jection. 

))  J'ai  reconnu  ainsi  que  ces  projections  prennent  précisément  les  posi- 
tions de  la  croix  sur  la  tenture  dans  l'expĂ©rience  de  Ruete.  D'oĂč  cette 
conclusion  que  l'obliquité  des  branches  de  la  croix  projetée,  dans  l'expé- 
rience de  Ruete,  n'implique  aucune  torsion  rĂ©elle  du  globe  de  l'Ɠil. 

»  Mais,  bien  qu'il  n'y  ait  aucune  torsion  du  globe  de  l'Ɠil,  les  plans  car- 
dinaux de  l'Ɠil,  horizon  rĂ©tinien  (dĂ©terminĂ©  par  le  centre  optique  et  la 
branche  horizontale  de  la  croix)  et  sagittal  rétinien  (déterminé  par  le 
centre  optique  et  la  branche  verticale  delĂ   croix),  ne  restent  pas  pour  cela 
horizontal  et  vertical.  DĂšs  que  l'Ɠil  s'est  placĂ©  dans  une  des  positions 
tertiaires  quelconque,  ces  plans  deviennent  obliques  comme  s'ils  avaient 
tourné  autour  d'un  axe  antéro-postérieur,  et  le  sens  de  cette  rotation  est  pré- 
cisément l'inverse  de  celui  qui  a  été  admis  par  la  plupart  des  physiologistes, 
Ă   la  suite  des  recherches  de  Helmholl/.. 

»  Ainsi,  lorsque  l'Ɠil  droit  regarde  en  haut  et  Ă   droite,  l'horizon  rĂ©ti- 
nien est  incliné  vers  la  droite  comme  s'il  avait  tourné  dans  le  sens  direct  et 
non  indirect;  et  la  contradiction  constatée  plus  haut,  entre  la  rotation 
admise  et  les  conditions  anatomiques  et  physiologiques  de  l'appareil  moteur 
de  l'Ɠil,  disparaüt. 

»  Cependant,  Helmholtz  n'a  pas  commis  une  réelle  erreur  :  la  torsion 
admise  par  lui  est  exacte  si  l'on  rapporte,  comme  il  l'a  fait,  la  position  de 
l'Ɠil  non  aux  plans  cardinaux  invariables  dans  l'espace,  mais  à  un  certain 
plan,  mobile  avec  l'Ɠil,  qu'il  a  pris  pour  repùre.  Ce  plan  est  le  plan  de 
regard,  défini  plus  haut,  dont  l'intersection  avec  la  tenture  reste  horizon- 
tale, quand  l'Ɠil  se  place  dans  une  des  positions  secondaires  ou  tertiaires. 
>>  Ainsi,  lorsque  l'Ɠil  droit  regarde  en  haut  et  à  droite,  l'intersection  du 
plan  de  regard  avec  la  tenture  restant  horizontale  tandis  que  celle  de  l'ho- 
rizon rétinien  est  inclinée  en  bas  et  à  gauche,  ce  dernier  plan  semble  avoir 
tourné  vers  la  gauche,  dans  le  sens  indirect,  bien  que,  en  réalité,  il  soit 
incliné  vers  la  droite  dans  le  sens  direct. 

»   Cette  rotation  indirecte  esX.  fictive;  la  rotation  réelle  est  directe. 
»   Helmholtz  fait  comme  une  personne  qui  conviendrait  de  désigner  la 
position  de  la  tĂšte  en  prenant  pour  position  initiale  celle  qu'elle  aurait  si 


i66  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

on  l'avait,  au  préalable,  fait  tourner  de  180"  sens  devant  derriÚre.  Quand 
quelqu'un  tournerait  la  LÎte  de  3o°  vers  la  droite,  cette  personne  dirait 
qu'elle  l'a  tournée  de  loo"  vers  la  gauche  :  logiquement,  cette  personne 
aurait  raison  ;  pratiquement,  ce  serait  absurde.  C'est  cette  fĂącheuse  con- 
vention, fréquemment  inaperçue,  qui  a  été  l'origine  de  la  notion  fausse 
qui  a  pris  naissance. 

»  J'ai  donné  les  formules  des  angles  que  forment  les  branches  de  la 
croix  avec  l'horizontale  et  la  verticale.  Si  l'on  appelle  <p  l'angle  que  fait 
l'axe  de  rotation  avec  l'horizontale,  u  l'angle  dont  la  ligne  de  regard  a 
tourné  autour  de  cet  axe,  a  et  ji  les  angles  des  branches  horizontale  et 
verticale  de  la  croix  avec  l'horizontale  et  la  verticale,  on  a  : 

taiiiio  (i  —  cosco) 
tanga  —        '  ' 


tangp 


costo  H-  tang"-(f. 
col'i  (1  —  cosco) 

COSOJ  +  col- -Si 


»  Pour  ç  =  w  =  45°,  valeur  pratiquement  maxima  de  ces  variables,  on 
a  :  a=  p  =  9°36'. 

»  L'angle  p  que  forme  avec  l'horizontale  la  ligne  de  plus  grande  pente 
de  l'horizon  rétinien  est  donné  par  la  formule  : 

COSp  =  t  —  COS-cp(l   —  COSoj). 

«   Pour  cp  =  to  ^  45°,  on  a  :  p  =  3i"24  ‱ 

»   Cette  inclinaison  est  loin  d'Úire  négligeable.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  action  produite  par  les  rayons  n 
et  sur  plusieurs  faits  relatifs  Ă   ces  radiations.  Note  de  M.  R.  Blo.xdlot. 

«  L'action  des  rayons  n  sur  une  petite  flamme  me  donna  l'idée  d'essayer 
s'ils  n'exerceraient  pas  une  action  analogue  sur  un  corps  solide  incandes- 
cent. A  cet  effet,  un  fd  de  platine  d'environ  o""",i  de  diamĂštre  et  i5"""  de 
longueur,  fut*porté  au  rouge  sombre  par  un  courant  électrique.  Sur  ce  fil, 
on  dirigea  un  faisceau  de  rayons /Ăź  Ă©mis  par  un  bec  Auef  Ă   travers  des  Ă©crans 
de  bois  et  d'aluminium  et  concentrés  par  une  lentille  de  quartz.  On  obser- 
vait le  fil  Ă   travers  un  verre  dĂ©poli  fixĂ©  au  mĂȘme  support  que  lui,  Ă   environ 
3'="'  en  avant.  En  déplaçant  le  fil,  on  trouve  une  série  de  foyers,  comme 
avec  les  autres  procédés  propres  à  déceler  les  rayons  n.  Le  fil  étant  placé 


SÉANCE    DU    20   JUILLET    (goS.  167 

Ă   l'un  de  ces  foyers,  lorsque  l'on  interpose  un  Ă©cran  de  plomb,  ou  simple- 
ment la  main,  sur  le  trajet  des  rayons  n,  ou  voit  la  tache  lumineuse  formée 
sur  le  verre  dépoli  diminuer  d'éclat;  lorsque  l'on  enlÚve  ces  obstacles,  la 
tache  reprend  son  premier  éclat.  Ces  actions  ne  semblent  pas  instantanées. 

))  J'ai  généralisé  les  expériences  précédentes  en  employant,  au  lieu  d'un 
fil  chaufFé  par  un  courant  électrique,  une  lame  de  platine  de  0""°,  i  d'épais- 
seur, inclinée  de  45°  sur  le  plan  horizontal,  portée  partiellement  au  rou£;e 
sombre  par  une  petite  flamme  de  gaz  placée  [lar-dessous.  Un  faisceau  hori- 
zontal des  rayons  n  concentrés  par  une  lentille  était  dirigé  sur  la  face  infé- 
rieure de  la  lame,  de  façon  à  produire  un  foyer  à  l'endroit  chauffé;  on 
observait  la  lùche  incandescente  sur  la  face  supérieure,  sans  interposition 
d'im  verre  dépoli.  Les  variations  d'éclat  sont  exactement  analogues  à  celles 
du  fil.  En  observant,  à  travers  un  verre  dépoli,  l'intensité  de  l'éclairemcnt 
produit  sur  la  face  inférieure  de  la  lame  de  platine  par  l'ensemble  de  la 
lĂąche  incandescente  de  la  lame  et  de  la  flamme,  on  constate  des  variations 
toutes  pareilles.  On  obtient  encore  les  mĂȘmes  rĂ©sultats  si,  au  lieu  de  faire 
tomber  les  rayons  n  sur  la  face  inférieure  de  la  lame,  par  conséquent  du 
cĂŽtĂ©  oĂč  se  trouve  la  flamme  destinĂ©e  Ă   l'Ă©chauffer,  on  les  dirige  sur  la 
face  supérieure. 

»  Les  différents  effets  produits  par  les  rayons  n:  action  sur  l'étincelle, 
sur  la  flamme,  sur  la  phosphorescence,  sur  l'incandescence,  conduisaient 
Ă   penser  que  ces  rayons  pouvaient  agir  en  Ă©chauffant  les  corps  qui  leur 
sont  soumis.  Pour  soumettre  celte  question  à  l'expérience,  j'installai  une 
])ile  thermo-électrique  de  Rubens  reliée  à  un  galvanomÚtre  à  cuirasse. 
L'action  des  rayons  n  sur  cet  appareil  a  Ă©tĂ©  absolument  nulle,  mĂȘme  dans 
les  conditions  les  plus  favorables,  bien  qu'une  bougie  placée  à  12"  de  la 
pile  donnùt  une  déviation  de  o'"'",5  environ  de  l'échelle;  j'ai  opéré  tant 
avec  les  rayons  n  provenant  d'un  bec  Auer  qu'avec  ceux  du  soleil,  le 
i  juillet  dernier,  Ă   l'heure  de  mi4i  :  les  rayons  n  Ă©taient  trĂšs  intenses,  car 
en  plaçant  devant  la  pile  un  tube  contenant  du  sulfure  de  calcium  faible- 
ment insolé,  son  éclat  était  de  beaucoup  augmenté  et  diminuait  par  l'inter- 
position d'un  Ă©cran  de  plomb  ou  de  la  main.  M.  H.  Rubens  a  fait  la  mĂȘme 
constatation,  comme  il  a  eu  l'obligeance  de  me  l'Ă©crire  ;  son  appareil  Ă©tait 
encore  beaucoup  plus  sensible  que  le  mien.  J'ai  cru  néanmoins  utile  de 
rechercher  directement  si  le  fil  de  platine  incandescent  ne  s'Ă©chaufferait 
pas  sous  l'action  des  rayons  n.  Pour  cela,  j'ai  eu  recours  Ă   l'Ă©tude  de  sa 
résistance  électrique.  Le  courant  qui  parcourt  le  fil  est  produit  par  5  accu- 
mulateurs; à  l'aide  de  rhéostats  trÚs  résistanls,  on  rÚgle  l'intensité  de  façon 


l68  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

que  le  fil  de  platine  toit  rouge  sombre.  Ce  fil  est  tendu  entre  deux  pinces 
massives  de  laiton  A  et  B,  qui  sont  reliées  aux  bornes  d'un  électromÚtre 
capillaire;  sur  l'un  des  fils  de  communication  est  intercalée  une  force 
électromotrice,  réglable  à  volonté,  jjroduite  par  dérivation  du  circuit  d'une 
pile  auxiliaire  ;  cette  force  électromotrice  est  réglée  de  façon  que  l'élec- 
tromÚtre  soit  au  zéro.  Toute  variation  de  la  résistance  du  fil  de  platine  pro- 
duit une  déviation  de  l'électromÚtre.  Or,  les  rayons  n  ayant  été  dirigés  sur 
le  fil,  on  n'observa  aucune  déviation  du  ménisque;  l'interposition  d'un 
écran  de  plomb  ou  d'un  papier  mouillé  restait  sans  aucun  effet  sur  l'élec- 
tromÚtre, bien  que  l'éclat  du  fil  éprouvùt  les  variations  accoutumées.  Cela 
vérifie  bien  que  les  rayons  n  n'élÚvent  pas  sa  température.  Je  me  suis,  du 
leste,  assuré  que  la  méthode  était  suffisamment  sensible  |)ar  les  expériences 
suivantes.  A  l'aitle  d'un  rhéostat  à  fil,  un  aide  faisait  varier  la  résistance  du 
circuit  comprenant  le  fil  de  platine  et  les  accumulateurs,  et,  parla,  l'intensité 
du  courant,  mais  pas  assez  toutefois  pour  que  l'observateur  aperçût  une 
variation  de  l'éclat  du  fil  ;  malgré  cela,  l'électromÚtre  était  dévié  de  3  divi- 
sions du  micromÚtre  oculaire.  Voici  encore  un  autre  contrÎle  :  une  éléva- 
tion de  1°  de  la  température  ilu  fil  changerait  sa  résistance  dans  le  rapport 

~ — i  environ;  la  diffĂ©rence  entre  les  potentiels  de  A  et  de  B   changerait 

dans  le  mĂȘme  rapport,  puisque,  la  rĂ©sistance  extĂ©rieure  au  fil  Ă©tant  trĂšs 
grande,  l'intensité  ne  change  pas  ;  dans  mes  expériences,  cette  variation 
dévierait  l'électromÚtre  de  i5  divisions.  Comme  on  ne  constatait  absolu- 
ment aucune  déviation,  et  que  l'on  eût  d'ailleurs  pu  apprécier  aisément 
j  de  division,  l'élévation  de  température  était  certainement  trÚs  inférieure 

Ă   — r  X  -  =  jT-  de  degrĂ©  et,  par  consĂ©quent,   tout  Ă   fait  insuffisante  pour 

produire  l'augmentation  d'éclat  observée.  Il  est  ainsi  surabondamment 
Ă©tabli  que  l'augmentation  d'Ă©clat  produite  par  les  rayons  n  n'est  pas  due  Ă  
une  élévation  de  température. 

»  Dans  les  expériences  sur  une  lame  de  platine  qui  ont  été  décrites  plus 
haut,  l'augmentation  d'Ă©clat  se  montrait  sur  les  deux  faces  de  la  lame. 
Étant  donnĂ©  qu'il  n'y  a  pas  d'Ă©lĂ©vation  de  tempĂ©rature,  ce  fait  semble 
paradoxal  :  comme,  en  effet,  les  rayons  n  ne  traversent  pas  le  platine,  il 
semblait  qu'il  ne  dût  y  avoir  d'action  que  sur  la  face  de  la  lame  qui  leur 
est  exposée.  Pour  tout  concilier,  il  fallait  supposer  que  les  rayons  n,  qui 
ne  traversent  pas  le  |)latine  froid,  traversent  le  platine  incandescent.  J'ai 
alors   repris  l'appareil  destiné  à  montrer  l'action  des  rayons  ji    sur  une 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    IQoS.  169 

petite  flamme,  puis,  derriÚre  la  lentille  de  quartz,  j'ai  disposé  une  lame  de 
platine  plus  grande  que  la  lentille.  L'interposition  d'un  Ă©cran  de  plomb 
entre  le  platine  et  la  source  ne  produisait  aucun  effet  sur  la  petite  flamme, 
ce  qui  vérifie  l'opacité  du  platine.  La  lame  de  platine  ayant  été  ensuite 
portée  au  rouge,  on  constata  que  l'interposition  de  l'écran  de  plomb  dimi- 
nuait l'Ă©clat  de  la  petite  flamme  :  les  rayons  n  issus  du  bec  Auer  traversent 
donc  le  platine  incandescent.   » 


IVOMIIV  AXIONS. 

L'Académie  procÚde,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Cor- 
respondant pour  la  Section  de  MĂ©decine  et  Chirurgie,  en  remplacement 
de  M.  Ollier,  décédé. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  Ă©tant  37, 

M.  Baccelli      obtient 32  suffrages 

M.  Calmette  »        4  » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  Baccelli,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  proclamé 
Ă©lu. 


MEMOIRES  PRESENTES. 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Étude  sur  les  dĂ©formations  molĂ©culaires 
d'un  barreau  d' acier  soumis  Ă   la  traction.  MĂ©j^oire  de  M.  L.  Fraicuet. 
(Extrait.) 

(Renvoi  Ă   la  Section  de  MĂ©canique.) 

a  Conclusions.—  Les  limites  d'Ă©lasticitĂ©  sont  essentiellement  fonction  de 
l'Ă©crouissage  du  mĂ©tal.  Cet  Ă©crouissage  dĂ©pend  lui-mĂȘme  de  l'effort  appli- 
qué, de  la  durée  de  l'application  de  l'effort  et  du  temps  écoulé  aprÚs  cette 
application. 

»  La  limite  élastique  que  nous  déterminons  par  notre  méthode  corres- 
pond seulement  aux  premiers  glissements  moléculaires;  mais  nous  ne 
saurions  affirmer  que  les  éléments  de  volume  n'ont  pas  déjà  subi  une  moili- 
fication  permanente  de  structure.  Nous  ne  sommes  pas  sûr  qu'un  effort, 

0.  R.,  1903,  ■>.'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  3.)  23 


I^O  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

mĂȘme  1res  petit,  applicjiiĂ©  Ă   un  barreau  pendant  un  temps  suffisamment 
long,  n'arrive  pa*;'»  produire  une  modification  permanente  de  la  structure 
des  éléments  de  volume  du  barreau,  sans  qu'il  se  produise,  pour  cela, 
aucun  glissement  moléculaire  permanent. 

)>  Mais  les  déformations  permanentes  totales  semblent  ne  devenir  réel- 
lement appréciables  que  lorsque  la  variation  de  la  réluctance  du  barreau 
passe  par  un  maximum.  La  charge  qui  correspond  Ă   ce  maximum  peut 
donc  ĂȘtre  prise  comme  une  valeur  pratique  de  la  limite  d'Ă©lasticitĂ©  vraie.  » 


CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE.  —  Photographies  de  la  comùte  Borrelly  igoS  c.  Note  de 
M.  OuÉNissET,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  Wolf. 

«  Les  photographies  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  ont 
été  obtenues  à  mon  observatoire  de  Nanterre  (Seine),  à  l'aide  d'un  objectif 
Ă   portraits  de  o^\o'jS  de  diamĂštre  et  de  o"',3oo  de  distance  focale.  Elles 
présentent  les  particularités  suivantes  : 

»  Celles  du  i4  juillet  (de  2i''45"'  à  32''  1  >  et  de  22''3o'"  à  22''j2'")  ont 
été  combinées  de  façon  à  fournir  une  image  stéréoscopique.  Ces  épreuves 
sont  des  agrandissements  de  2  fois  les  jihototypes.  Si  on  les  examine  dans 
un  stéréoscope,  on  voit  la  comÚte  bien  détachée  des  étoiles  environnantes 
et  paraissant  comme  suspendue  librement  dans  l'espace.  Cette  sensation  de 
relief  est  surtout  trÚs  sensible  en  regardant  d'abord  dans  le  stéréoscope 
avec  un  seul  Ɠil,  puis  avec  les  deux. 

»  Nous  rappellerons  que  de  semblables  photographies  stéréoscopiques 
ont  déjà  été  obtenues  par  M.  Max  Wolf  à  l'observatoire  de  Heidelberg  pour 
la  comĂšte  Perrine  (1902  h)  et  par  nous-mĂšme  pour  la  comĂšte  Swift  (1899  a). 
Ces  photographies  sont  appelées  à  donner  des  renseignements  intéressants 
dans  le  cas  de  comÚtes  à  queues  irréguliÚres,  et  pourront  probablement 
fournir  des  indications  utiles  sur  le  mouvement  de  rotation  de  ces  astres. 

))  Les  ptiololypes  pris  le  i4  juiliel  nioiU]  iiil  une  clievelure  de  1 1'  de  diamĂštre  el  une 
queue  s'étendanl,  en  s'aflaiblissant  et  s'étalant  légÚrement,  sur  une  longueur  de  5"4o' 
au  moins  (car  elle  atteint  le  liord  de  la  plaque  sensible). 

»  Un  phototype  pris  le  i5  juillet,  de  2a'' 17"'  à  22''47"',  accuse  une  queue  plus  fine, 
moins  longue  el  en  courbure  sensible  vers  le  sud. 

»  La  photographie  des  18-19  juillet  a  reçu  une  exposition  de  i''6'"  (de  23''4'i"' 
Ă   o''5oℱ).    Elle    correspond   Ă    peu    prĂšs    au    maximum   d'Ă©clat  calculĂ©  de  la    comĂšte. 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  IQoS.  I71 

L'épreuve  que  je  présente  à  l'Académie  est  un  agrandissement  de  2,8  fois.  La  clieve- 
lure  mesurée  sur  le  prototype  a  un  diamÚtre  de  17'  et  la  queue  s'étend  sur  une  longueur 
d'(7«  moins  6".  La  queue  trÚs  lumineuse  dans  le  voisinage  de  la  chevelure  donne  à 
celle-ci  un  aspect  nettement  piriforme.   » 

BALISTIQUE.  —  Sur  la  thĂ©orie  du  champ  acoustique.  Note  de  M.  Charbonnier, 
présentée  jjar  M.  le  général  Sebert. 

«  I.  DĂ©finition  du  champ  acoustique.  —  Quand  un  corps  solide  se  meut 
dans  l'atmosphĂšre  d'une  maniĂšre  continue,  son  mouvement  se  communique 
Ă   l'air  environnant;  Ă   l'instant  /  une  certaine  |jortion  de  l'espace  se  trouve 
ébranlée.  Cette  portion  sera  désignée  sous  le  nom  de  champ  acoustique. 

»  Soit  un  élément  trÚs  petit  de  surface  ti,  se  déplaçant  normalement  à 
la  surface  avec  une  vitesse  V.  Appliquant  à  ce  problÚme  l'intégrale  connue 
de  Poisson  qui  donne  la  solution  de  l'équation  différentielle  des  petits  mou- 
vements dans  l'air,  au  moyen  de  la  somme  de  deux  intégrales  doubles,  on 
trouve  que  l'intégrale  ©  du  problÚme  a  pour  expression 

V  a  COS 1  /  .V 

a  est  la  vitesse  du  son;  \  l'angle  que  fait  la  droite  qui  joint  Ă   l'origine  le 
point  oĂč  l'intĂ©grale  a  la  valeur  fp;  .v  l'abscisse  de  ce  point. 

»   On  dĂ©duit  de  cette  Ă©quation  :  1°  que  les  vitesses  propres  u=^  —  des 

molécules  gazeuses  sont  parallÚles  à  l'axe  des  x  et  ont  pour  expression 

Va  . 

u  =  -, — tCOsA; 

l\T^a- 1- 

2"  que  les  compressions  sont  nulles  comme  elles  l'Ă©taient  Ă   l'origine. 

»   n.   Onde  neutre.  —  Pour  1  =  ->  on  a  u  =■  o.  Aucun  mouvement  ne  se 

2 

fait  donc  sentir  sur  une  normale  Ă   la  direction  du  mouvement.  Quand 
l'Ă©lĂ©ment  q  se  dĂ©place,  le  lieu  des  points  oĂč  ne  parvient  aucun  Ă©branle- 
ment est  une  certaine  surface  dite  onde  neutre.  Elle  limite  Ă   l'arriĂšre  le 
champ  acoustique  avant  et  Ă   l'avant  le  champ  acoustique  arriĂšre. 

»  a.  Le  mouvement  du  mobile  sur  sa  trajectoire  étant  représenté  par 
s  =f{t)  eu  fonction  de  l'arc  s  et  du  temps/,  l'Ă©quation  de  l'onde  neutre  est 
s  =f(^t);  n  =  at  :  n  est  compté  suivant  la  normale  à  la  trajectoire. 


172  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  b.  L'onde  neutre  ne  pénÚtre  jamais  à  l'intérieur  de  la  développée  de 
la  trajectoire;  elle  est  tangente  à  cette  développée. 

»  c.  L'onde  neutre  passe  par  la  position  actuelle  du  mobile  et  y  est  tan- 
gente Ă   un  cĂŽne  circulaire  droit  dont  le  demi-angle  au   sommet  a  pour 

tangente  un  angle  p  tel  que  tangP  =  ^‱ 

»  d.  Pour  un  mouvement  rectiiigne  uniforme,  l'onde  neutre  est  un  cÎne 
circulaire  ilroit;  pour  un  mouvement  cii'culaire  uniforme,  la  trace  de 
l'onde  neutre  sur  le  plan  du  mouvement  est  une  spirale  d'ArchimĂšde. 

»  IIL  Champ  acoustique  sphĂ©rique.  —  Quand  V  <[  a,  le  champ  acous- 
tique avant  est  limité  à  l'avant  par  une  demi-sphÚre,  à  l'arriÚre  par  l'onde 
neutre.  Le  champ  acoustique  arriÚre  présente  une  disposition  inverse. 

»  On  représente  le  champ  acoustique  par  les  courbes  d'égales  vitesses 
qui  sont  tangentes  Ă   l'onde  neutre  Ă   la  position  actuelle  du  mobile. 

M  Pour  un  mouvement  rectiiigne  uniforme,  les  vitesses  successives  des 
molécules  d'air  en  un  point  situé  à  une  distance  h  de  la  trajectoire  ont 

pour  expression  u  =  t^^,  sinT^cos).,  et  le  déplacement  de  l'air  s  =  j  uat 

est  donné  par  la  formule 


(sinaX         sin2/.„        .        ,    \ 
-1 ^+^-^o> 


Va    /sinaX 


»  Le  déplacement  total  de  >.  =  o  à  >,  :=  tt  est  exprimé  par  la  formule 

^    _     Va 

"'~  %ah' 

»  Dans  le  cas  général,  comme  le  bruit  n'est  produit  que  par  un  chan- 
gement brusque  dans  les  vitesses  des  molécules  d'air,  l'observateur  per- 
cevra un  bruit  seulement  au  moment  de  son  entrée  dans  le  champ 
acoustique. 

))  IV.  Champ  acoustique  conique.  —  Il  correspond  au  cas  oĂč  V  >  a.  En 
chaque  point  de  la  trajectoire  existe  un  cĂŽne  circulaire  droit  dit  cĂŽne  sonore, 
le  long  des  génératrices  duquel  le  son  se  transmet  avec  la  vitesse  a.  Le 

demi-angle  au  sommet  de  ce  cîne  a  pour  expression  cosij'  =  y  ‱ 

»  Les  cÎnes  sonores  admettent  une  enveloppe  dite  enveloppe  sonore 
qu'on  peut  tracer  d'aprÚs  ses  propriétés  géométriques, 

»  \JonJe  de  tĂȘte  qui  limite  Ă   l'avant  le  champ  acoustique  conique  limitĂ© 
Ă   l'arriĂšre  par  l'onde  neutre  est  une  surface  normale  aux  cĂŽnes  sonores. 
Elle  passe  par  la  position  actuelle  du  mobile  et  est  tangente  en  ce  point  Ă  

un  cĂŽne  d'angle  au  sommet  Ă©gal  Ă   -  —  (|/. 


SÉANCE    DU    20   JUILLET    [903.  17,'^ 

»  ThĂ©orĂšme.  —  a.  L'onde  de  tĂȘte  ne  pĂ©nĂštre  jamais  Ă   r  intĂ©rieur  de  l'em>e- 
loppe  sonore;  au  contact  elle  présente  un  point  de  rebroussement  qui  se  déplace 
sur  l' enveloppe  sonore a^ec  la  vitesse  du  son. 

»  b.  Le  nombre  des  bruits  perçus  par  un  observateur  est  égal  au  nombre  de 
tangentes  qu'on  peut  mener  de  l  observateur  Ă   r  enveloppe  sonore  et  qui  ren- 
contrent la  trajectoire  ;  la  direction  de  ces  bruits  est  la  direction  des  tangentes; 
leur  intervalle  est  égal  à  la  différence  des  longueurs  de  ces  tangentes  divisée  par 
la  vitesse  du  son . 

))  Corollaire.  —  Le  nombre  de  coups  de  tonnerre  produits  par  un  Ă©clair 
est  Ă©gal  au  nombre  de  normales  que  l'on  peut  mener  de  l'observateur  Ă  
l'Ă©clair. 

»  V.  Partie  expĂ©rimentale.  —  1°  La  thĂ©orie  prĂ©cĂ©dente  rend  parfaite- 
ment compte  des  photographies  de  projectiles  obtenues  en  particulier  par 
le  D''  Mach,  de  Vienne,  et  oĂč  l'on  distingue  aisĂ©ment  l'onde  de  tĂȘte,  Vonde 
neutre,  le  champ  acoustique  avant,  le  champ  acoustique  arriĂšre. 

M  2°  Elle  est  la  base  de  la  remarquable  mcLliode  de  mesure  des  vitesses 
des  projectiles  imaginée  par  le  colonel  Gossot,  de  l'artillerie  navale,  et  qui 
est  en  usage  depuis  plus  de  10  ans  à  la  Commission  de  Gavre.  » 


THERMODYNAMIQUE.  —  Contribution  Ă   l'Ă©tude  de  ta  surchauffe. 
Note  de  M.  A.  Petot. 

«  On  traite  d'ordinaire,  dans  les  calculs  industriels,  la  vapeur  surchauffée 
comme  un  gaz  parfait;  et  l'on  emploie  diverses  formules  empiriques,  parmi 
lesquelles  la  plus  usitée  est  la  suivante  : 

(i)  Q  =  606,5  +  o,3o5/, -h  o,48(^— /,). 

due  Ă   Regnault.  Comme  ces  formules  ont  Ă©tĂ©  Ă©tablies  Ă   une  Ă©poque  oĂč  l'on 
n'obtenait  qu'une  surchauffe  trÚs  modérée,  on  peut  craindre  qu'elles  ne 
soient  plus  suffisamment  exactes,  depuis  que  l'on  atteint  des  températures 
de  300",  35o",  et  plus,  dans  les  surchauffeurs.  Il  semble  donc  qu'il  serait 
utile  de  reprendre  l'étude  de  la  vapeur  d'eau  surchauffée,  afin  de  com- 
pléter les  résultats  dus  à  Clausius,  à  Hirn  et  à  Zenner. 

»   Dans  cet  ordre  d'idées,  en  partant  de  l'équation  de   Clausius,  mise 
sous  la  forme 
.    .  RT  TO 


174  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

OÙ  9  est  une  fonction  arbitraire  de  t,  j'ai  obtenu  en  gĂ©nĂ©ral,  pour  l'Ă©nergie 
interne  d'une  vapeur  surchauffée,  l'expression 

(3)  U  =  y  +  pi^'^^V;'~'3V 

oĂč  5^  et  p  ont  leurs  significations  ordinaires,  et  oĂčw  et  u'  dĂ©signent  respecti- 
vement les  volumes  du  liquide  et  de  la  vapeur  saturée  sÚche,  à  la  tempéra- 
ture /. 

»  On  remarquera  que  cette  expression  de  l'énergie  interne  ne  dépend 
ni  de  6,  ni  de  la  fonction  arbitraire  de  t  introduite  par  l'intégration  des 
Ă©quations  de  la  Thermodynamique;  et  qu'il  y  entre  seulement  une  des  trois 
constantes  de  Clausius.  Cela  permet  de  vérifier  expérimentalement,  d'une 
maniĂšre  relativement  simple,  si  un  fluide  donnĂ©  peut  ĂȘtre  considĂ©rĂ©  comme 
admettant,  avec  une  approximation  suffisante,  une  équation  caractéristique 
de  la  forme  (2).    ‱ 

»  Pour  cela,  aprÚs  avoir  amené  ce  fluide  à  l'état  de  vapeur  saturée  sÚche, 
à  la  température  t^,  on  le  surchauffe  jusqu'à  une  certaine  température  Z, 
en  le  maintenant  sous  la  pression  ex,  de  saturation.  En  mĂȘme  temps,  on 
mesure  la  chaleur  de  surchauffe  Q  et  le  volume  final  v.  L'Ă©quation 

(4)  Q  =  U-(^, -^P,)  + Acr,  ((--?/,  ) 

donne  alors  la  valeur  finale  de  l'énergie  interne  U,  et  l'on  en  déduit  la 
constante  p,  Ă   l'aide  de  l'Ă©quation  (3).  Si  maintenant  on  recommence  un 
certain  nombre  de  fois  cette  expérience,  en  faisant  varier  les  températures  /, 
et  t,  on  devra,  comme  vérification,  trouver  toujours  trÚs  sensiblement 
pour  p  la  mĂȘme  valeur.  On  pourra  ensuite  dĂ©terminer  les  deux  autres 
constantes  R  et  a,  sans  particulariser  la  fonction  G  de  la  température  /,  en 
opérant  comme  l'a  fait  M.  Sarrau  ('),  pour  interpréter  les  expériences  de 
M.  Amagat.  Enfin,  on  établira  une  Table  numérique  des  valeurs  de  6  en 
fonction  de  /,  Ă   l'aide  de  la  relation 

.^.  RT  TO 


qui  n'est  autre  que  l'équation  (2),  écrite  pour  le  cas  de  la  vapeur  saturée 
sĂšche. 

))   Il  serait,  je  crois,  trĂšs  utile  de  faire  ces  essais  pour  la  vapeur  d'eau. 

(')   Comptes  rendus,  l.  XCI\  ,  p.  689;  l.  CI,  p.  941. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    tgoS.  I^S 

Regnaiilt  n'a  pas,  en  effet,  mesuré  réellenienl  la  chaleur  spécifufue  C  de  la 
vapeur  d'eau  surchauffée,  sous  pression  constante,  dans  des  conditions 
déterminées  de  température  et  de  pression;  mais  seulement  la  valeur 
moyenne  C^  de  cet  clĂ©ment,  sous  la  pression  de  1"'ℱ,  pour  des 
intervalles  de  tempĂ©rature  dont  les  limites  extrĂȘmes  ont  relativement  peu 
varié.  Ses  expériences  ne  prouvent  donc  pas  que  C  soit  une  constante,  ni 
mĂȘme  qu'il  faille  lui  conserver  dans  tous  les  cas  la  valeur  moyenne  o,4i^. 
Hirn  (')  a  depuis  longtemps  exprimé  cette  opinion,  et  tout  récemment 
M.  le  professeur  Bach  (-)  est  arrivĂ©  Ă   la  mĂȘme  conclusion,  Ă   la  suite  d'ex- 
pĂ©riences qui  ont  donnĂ©  pour  C„,  une  valeur  voisine  de  0,60. 

»  L'expression  (3)  de  l'énergie  interne  donne  d'ailleurs,  pour  la  cha- 
leur spécifique  sous  volume  constant,  la  valeur 

(6) 

d'oii  l'on  passe  à  celle  de  C.  J'ai  vérifié  à  l'aide  des  Tables  de  Zeuner  que 
cette  valeur  de  c  croßt  avec  la  température,  dans  le  cas  de  la  vapeur  d'eau 
surchauffĂ©e,  et  qu'il  en  est  de  mĂȘme  pour  la  valeur  corres|)ondante  de  C, 
aux  environs  du  point  de  condensation.  On  arrive  donc  Ă   la  mĂȘme  conclu- 
sion que  M.  Bach,  en  supposant  que  la  vapeur  d'eau  surchauffée  admet  une 
équation  caractéristique  de  la  forme  (2);  et  il  y  a  là,  sinon  un  argument, 
du  moins  une  prévention  en  faveur  de  cette  hypothÚse.  L'expérience  seule 
pourra  élucider  la  question.  » 

CHIMIE.    —    Courbes  de  stthlimalion.  Note  de  M.  A.  Bouzat. 

«  J'ai  montré  (^Comptes  rendus,  I.  CXXXVi,  p.  iSgo^  que  les  courbes  de 
dissociation  du  groupe  sol  ^  sol  +- gaz  se  déduisent  les  unes  des  autres 
d'aprÚs  une  loi  simple  :  le  rapport  des  températures  absolues  correspon- 
dant Ă   une  mĂȘme  pression  dans  deux  systĂšmes  quelconques  du  groupe 
reste  constant  quelle  que  soit  la  pression.  La  vaporisation  et  la  sublimation 
ont  été  souvent  rapprochées  de  la  dissociation  ;  il  est  naturel  de  comparer 
les  courbes  de  sublimation  aux  courbes  de  dissociation  des  systĂšmes 
sol  T^  sol  -1-  gaz. 


(')   Théorie  mécanique  de  la  chaleur,  3°  édition,  p.  435. 

(■^)  Zeitschrift  des    Vereins  deutscher  Ingenieure,   numĂ©ro  du  17   mai    1902.   — 
Bulletin  de  la  Société  des  Ingénieurs  civils  de  France,  numéro  de  juillet  1902,  p.  i43. 


I„5  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

,,  Je  n'ai  pu  trouver  qu'un  petit  nombre  de  corps  solides  dont  les  pres- 
sions de  vapeur  aient  été  déterminées  dans  un  assez  grand  mtervalle  :  ce 
sont  l'acide  carbonique  ('),  le  sulfure  acide  d'ammonium  et  le  carbamate 
d'ammonium  (0.  Les  courbes  de  sublimation  de  ces  trois  corps  sont  assez 
exactement  reliées  aux  courbes  de  dissociation  du  groupe  sol  ß;  sol  +  gaz 
par  la  loi  ^  =  const.  Pour  faire  la  comparaison,  je  prendrai  comme  coin- 
posé  dissociable  le  corps  AgCl,3AzH%  dont  les  pressions  ont  été  mesurées 
par  Isambert  et  corrigées  au-dessous  de  i  loo--  par  M.  Jarry. 

Comparaison  Ă©es  courbes  de  sublĂčnanon  de  CO',  AzH^S,  CO^  Az^H»  a.ec  la  courbe  de  dissociation  de  AgCl,3  AzH-. 

,        .    use  AgCl,3AzU3.  CO'Az'U». 

AgCl.aAlll".        CO'.  AgCI.SAzH.      AZ         .  Pressiuns      Temp.abs.    Tcmp.  abs.      Rappoil. 

Tressions.    TBmp.abs.    Temp.abs,     Bapporl.  Pressions.     Te„=p.  abs     Teu.l..  al,..     Rapporl.  Pre.s.uns.  P^^  ^  . 

,«  v,,.""  .-'."s  -.00"^  .,o.5t  3oo!'!'.  274,8  3i3,4        i,i4o      1 

1000...       207             '95,4        o.faSS  ouo...  2;^,^  290,4  >,o^7                                    '  ,^ 

.800...       30,8        203,.         0,660  500...  282,8  299  .,057  000  28,  ,           ^,  J 

2800...       3,              209,5        0,66,  -00...  288,8  3o4  .,053  700...  ^88,8  9                   9 

3500...       32a        ^Xe        0,665  .000...  295,3  3,0,2  .,o.5o  .000...  290,3  33„9          ,     4 

«   Quoique  i)eu  nombreux,  ces  exemples  paraissent  suffisants  pour  ad- 
mettre que  les  relations  signalées  précédemment  à  propos  des  courbes 
sol  ^  sol  +  gaz  sont  aussi  vérifiées  par  les  courbes  sol  ^  gaz.  Les  courbes 
sol  5  sol  +  gaz  et  les  courbes  sol  ^  gaz  se  déduisent  les  unes  des  autres 
d'aprĂšs  la  loi  ^  =  const.  Il  est  facile  de  montrer,  en  appliquant  la  formule 
de  Clapeyron,  que  cette  proposition  est  Ă©quivalente  Ă   une  autre  :  la  varia- 
lion  d'entropie  correspondant  au  passage  d'une  molécule  de  l'état  solide 
Ă   l'Ă©tat  gazeux  sous  une  pression  dĂ©terminĂ©e  a  la  mĂȘme  valeur  dans  tous 
les  systĂšmes  sol ;t -sol  +  gaz  et  sol  ^gaz;  M.  Berthelot  a  fait  voir  les  con- 
séquences que  l'on  peut  tirer   de  semblables   remarques  {Thermochimie, 
t.  I,  cliap.  I,  §  4).  » 


('■)  Faraday.  ,       ,  , 

V)  IsAMBEHT,  Comptes  rendus,  l.  -VCII,  p.  9'9  et  l.  XCIII,  p.  73..  Les  vapeurs  de 
sulfure  acide  et  de  carbamate  d'ammonium  sont  dissociées  ;  mais,  comme  la  disso- 
ciation est  complĂšte  (Is.uibert,  Comptes  rendus,  t.  XCV,  p.  i3d5  et  t.  AL.VI, 
p.  340),  le  nombie  de  molécules  gazeuses  mises  en  liberté  ne  varie  pas  avec  la  tem- 
péralure. 


SÉANCE    DU    20   JUILLET    igoS.  l'j'j 


ÉLECTROCHIMIE.  —  Sur  la  loi  de  recombinaison  des  ions.  Note 
de  M.  P.  Langevin,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  I.  Les  gaz  rendus  conducteurs  de  l'électricité  justifient,  par  toutes 
leurs  propriétés,  l'hvpothÚse  que  les  charges  disponibles  y  sont  portées 
par  un  nombre  fini  de  centres  éleclrisés  ou  ions,  les  uns  positifs,  les  autres 
nĂ©gatifs,  ayant  tous  une  mĂȘme  charge  Ă©gale  en  valeur  absolue  Ă   celle  que 
transporte  un  atome  monovalent  dans  l'Ă©lectrolyse. 

»  Ces  ions  participent  au  mouvement  général  d'agitation  thermique  des 
molécules  du  gaz,  et  le  déplacement  nioven  de  chacun  d'eux,  nul  en 
l'absence  d'un  champ  électrique  extérieur,  s'effectue  dans  le  champ  X  avec 
la  vitesse  k^  X  dans  le  sens  des  lignes  de  force  pour  les  ions  positifs,  et  X\X 
dans  le  sens  opposé  pour  les  ions  négatifs.  Les  coefficients  de  proportion- 
nalitĂ© k^  et  ^2  sont  les  mobililĂȘs  des  ions  des  deux  signes. 

»  L'attraction  mutuelle  des  ions  de  signes  contraires  provoque  une 
recombinaison  progressive  des  charges  qu'ils  transportent. 

))  Si  ^  et  n  sont  les  densités  en  volume  des  charges  portées  par  les  ions 
positifs  et  négatifs,  la  recombinaison  obéit  à  la  loi 

dp        dn 

-7-  =  — ^  =  —  o.nn. 

di        dt  ' 


a.  est  le  coefficient  de  recombinaison  indépendant  du  champ  qui  existe  dans 
gaz. 
»  J'ai  montré  antérieurement  (')  que  l'expression 


le  gaz. 


4^(A-, +  />-,) 


représente  le  rapport  du  nombre  des  recombinaisons  an  nombre  des  collisions 
entre  deux  ions  désignes  contraires.  L'expérience  vérifie  que,  conformément 
à  cette  signification,  le  rapport  e  est  toujours  plus  petit  que  l'unité  et 
tend  vers  cette  valeur  quand  la  pression  du  gaz  augmente. 

»  II.  J'ai  pu,  en  suivant  de  plus  prÚs,  du  point  de  vue  cinétique,  le 
mécanisme  de  la  collision,  montrer  que  le  rapport  e  doit,  aux  faibles 
pressions,  varier  proportionnellement  au  carré  de  la  pression;  et  j'ai  vérifié 

(')   Ànn.  de  Chini.  et  de  Phys.,  7'  sĂ©rie,  t.  XXVIII,  p.  437. 

C.   K.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  3.)  ^^ 


l'^S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

que  les  résultats  de  mesures  publiées  antérieurement  (')  sont  en  accord 
avec  celte  conclusion. 

»  La  collision  proprement  dite  entre  deux  ions  de  signes  contraires 
commence  au  moment  oĂč,  aprĂšs  un  dernier  choc  contre  les  molĂ©cules 
neutres  du  gaz,  les  deux  ions  en  présence  peuvent  graviter  librement  l'un 
autour  de  l'autre  en  décrivant  des  coniques.  Soit  r^  leur  distance  moyenne 
au  moment  du  dernier  choc  contre  une  molécule  neutre  :  cette  distance 
est  de  l'ordre  du  chemin  moyen  d'un  ion  et  varie  en  raison  inverse  de  la 
pression. 

»  J'admets  f/ue  la  recombinaison  a  lieu  lorsque,  dans  leur  mouvement  rela- 
tif, les  centres  des  deux  ions  au  moment  du  périhélie  se  trouvent  à  une  distance 
inférieure  à  une  quantité  donnée  a.  Si,  par  exemple,  la  recombinaison  a  lieu 
quand  les  deux  ions  viennent  effectivement  en  contact,  la  distance  a  est  la 
somme  des  rayons  des  agglomérations  de  molécules  neutres  autour  d'un 
centre  chargé  qui  constituent  les  ions. 

»  Le  rapport  du  nombre  des  orbites  relatives  qui  satisfont  à  cette  condi- 
tion au  nombre  total  des  collisions  fournit  le  rapport  ÂŁ. 

))  Si  e  est  la  charge  d'un  ion^  W  son  énergie  cinétique  moyenne,  fonction 
seulement  de  la  température,  on  obtient  pour  le  terme  principal  dans  la 
valeur  de  t  aux  basses  pressions 


(')  M' 


aW//-^ 


0 


m  est  un  coefficient  numérique  voisin  de  ^  fourni  par  la  théorie  cinétique. 

M  La  seule  quantité  variable  avec  la  pression  étant  r,,,  l'expression  (i) 
est  proportionnelle  au  carré  de  la  pression. 

»  IIL  Le  Tableau  suivant  montre  que  les  valeurs  expérimentales  de  £ 
pour  l'air  et  le  gaz  carbonique  satisfont  bien  Ă   cette  condition  que  le  quo- 
tient —;  reste  constant  aux  pressions  infĂ©rieures  Ă   la  pression  atmosphĂ©rique  : 

Air.  i..(J-. 

. '  ■  TiÉ  I M^ ^-^— ^  i— III — ^ — 

e  e 

p  en  alm.  e.  — r.  p  eu  alm.  s.  — r- 

P''  p- 

0,20  0,01  0,23  o,5o  o, i3  0,52 

0,49  0,06  0,25  0,74  0)37  o,5o 

i  0,27  0,27  I  o,5i  o,5i 

»  De  plus,  il  est  remarquable  que  l'expression  (i)  peut  ĂȘtre  calculĂ©e  au 

(')   Loc.  cit.,  p.  483. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    igoS.  179 

moven  des  données  relatives  aux  grandeurs  moléculaires  et  qu'elle  fournit 
un  résultat  de  l'ordre  des  valeurs  expérimentales  trouvées  pour  t. 

»  e,  charge  d'un  ion,  estvoisin  de  4  X  to^'°  unités  électrostatiques  C.G.S.; 

le  quotient  ^^  est  connu  en  toute  certitude  :  en  effet,  si  nr  est  la  pression  du 

gaz,  M  le  nombre  des  molécules  par  unité  de  volume,  la  théorie  cinétique 
donne 


3 


et  les  lois  de  l'électrolyse,  à  la  température  ordinaire, 

1,3  X  lo^cj  =  Me, 
d'oĂč,  par  division. 


e 
W 


0,87  X  10''. 


<j  pris  Ă©gal  Ă   la  somme  des  rayons  de  deux  ions  est  de  l'ordre  io~^  ;  /„  pris 
Ă©gal  au  chemin  moyen  d'un  ion  est,  dans  l'air  sous  les  conditions  normales, 
voisin  de  lo"".  D'oĂč  pour  l'expression  (i),  en  prenant  m  =  -',, 

ÂŁ  =  0,20, 

nombre  tout  à  fait  d'accord  avec  la  valeur  expérimentale  0,27. 

))  IV.  En  combinant  la  loi  que  nous  venons  d'obtenir  avec  la  loi  de  pro- 
portionnalité inverse  des  mobilités  k,  et  ki  à  la  pression,  on  obtient  ce 
résultat  que,  aux  pressions  inférieures  à  la  pression  atmosphérique,  le  coef- 
ficient de  recombinaison  ol  est  proportionnel  Ă   la  pression. 

»  Ce  résultat,  que  j'ai  indiqué  en  mars  dernier  dans  le  Cours  de  Physique 
du  CollÚge  de  France,  a  été  utilisé  par  M.  Ch.  Nordmann  pour  obtenir  les 
intéressants  résultats  de  Physique  cosmique  qui  font  l'objet  d'une  Note 
récente  ('  ).  « 


ÉLECTRICITÉ.    —  Essais  sur  la  commutation  dans  les  dynamos  à   courant 
continu.  Note  de  M.  Inovici,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Dans  l'étude  expérimentale  de  la  commutation,  il  est  intéressant 
d'Ă©tudier  les  questions  suivantes  : 

»  1°  Variation  de  l'intensité  du  courant  dans  la  section  en  court-circuit, 
pendant  la  durée  de  la  commutation. 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  i5  juin  igoS,  p.  i43o. 


l8o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  2°  Variation  de  la  force  électromotrice  induite  dans  la  section. 

»  3"  Variation  de  la  chute  de  tension  entre  un  balai  et  une  lame  du  col- 
lecteur, pendant  le  lemjĂźs  oĂč  la  lame  touche  le  balai. 

»  4°  Variation  de  la  chute  de  tension  entre  un  balai  et  le  collecteur,  le 
long  (lu  balai,  pour  une  position  déterminée  du  collecteur  (et  cela  pour 
plusieurs  positions  de  celui-ci). 

»  Ces  questions  doivent  ĂȘtre  Ă©tudiĂ©es  pour  divers  rĂ©gimes  de  fonction- 
nement de  la  dynamo  :  en  faisant  varier  la  vitesse  de  rotation,  la  position 
et  la  pression  des  balais,  l'excitation,  l'intensité  du  courant  extérieur,  etc. 

»  Les  expériences  ont  été  faites  sur  une  dynamo  tétrapoiaire  de  20  kw., 
1 10  volts,  900  t. /m.,  enroulement  tambour  imbriqué;  un  balai  couvrant 
deux  lames. 

»  1°  J'ai  indiqué,  dans  une  Note  précédente  (  '  ),  deux  méthodes  pour  la 
mesure  de  l'intensité. 

»  2°  Pour  étudier  la  variation  de  la  force  électromotrice  induite  dans 
la  section  étudiée,  je  relÚve,  par  la  méthode  Joubert,  la  force  électromo- 
trice induite  dans  la  bobine  de  fil  fin  dont  j'ai  parlé  dans  la  Note  citée. 
C'est  trĂšs  approximativement  la  force  Ă©lectromolrice  induite  dans  la 
bobine  de  l'induit. 

»  Il  résulterait  des   courbes  obtenues  que  le  terme  L -7-  -t-DM-^j  qui 

provient  du  flux  de  self-induction  et  d'induction  mutuelle,  joue  un  rĂŽle 
prépondérant,  lorsque  la  dynamo  est  parcourue  par  un  fort  courant. 

»  3^  Pour  étudier  la  variation  de  la  chute  de  tension  entre  un  balai  et 
une  lame  du  collecteur,  on  relie  la  lame  Ă   une  bague  sur  laquelle  frotte  un 
balai,  et  l'on  relÚve  par  la  méthode  Joubert  la  courbe  de  différence  de 
potentiel  entre  ce  balai  et  le  point  du  balai  de  la  machine  le  plus  rapproché 
du  milieu  de  la  lame  considérée. 

»  J'ai  obtenu  des  courbes  pour  diverses  positions  des  balais.  Lorsque 
les  balais  sont  dans  la  ligne  neutre,  en  faisant  varier  l'intensité  du  courant 
dans  la  machine,  la  chute  de  tension,  qui  ne  varie  pas  beaucoup  pour  les 
positions  pour  lesquelles  la  lame  est  couverte  en  entier  par  le  balai, 
augmente  rapidement  Ă   la  sortie  de  la  lame  de  sous  le  balai,  avec  l'augmen- 
tation du  courant,  c'est-Ă -dire  avec  la  tendance  Ă   la  production  d'Ă©tin- 
celles (-). 

(')  SĂ©ance  du  22  juin  igoS. 

(-)  A  l'entrée  la  chute  de  tension  diminue  d'abord,  puis  change  de  signe  et  augmente 
en  valeur  absolue. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    igo3.  ,8, 

»   En  déplaçant  les  balais,  les  chutes  de  tension  à  l'entrée  et  à  la  sortie 

varient  dans  le  sens  contraire:  la  chute  de  tension  Ă   la  sortie  diminue 

lorsqu'on  avance  les  balais  dans  le  sens  de  rotation  de  la  machine    Je 

contraire  arrive  lorsqu'on  déplace  les  balais  dans  le  sens  contraire 

»  4°  Pour  obtenir  la  distribution  de  la  chute  de  tension  sous  le  balai 
pour  une  position  déterminée  du  collecteur,  on  emploie  la  méthode  su'i- 
vante  : 

>'  Un  petit  balai  trÚs  mince  est  monté  sur  une  couronne  graduée  et  frotte 
sur  le  collecteur.  Ce  balai  et  le  point  du  balai  de  la  machine  le  plus 
rapproche  de  son  point  de  contact  avec  le  collecteur  sonc  réunis  aux  balais 
d  un  contact  tournant.  S.  l'on  donne  Ă   ces  balais  une  position  fixe  et  que 
1  on  déplace  le  balai  auxiliaire  le  long  du  collecteur  en  face  du  balai  de  la 
machine,  on  relĂšve,  Ă   l'aide  du  contact  tournant  la  courbe  de  la  chute  de 
tension  sous  le  balai  pour  une  position  déterminée  du  collecteur 

«  En  donnant  aux  balais  du  contact  tournant  une  série  de  positions  on 
obtient  une  série  de  courbes  qui  nous  montrent  la  distribution  de  la  chute 
de  tension  entre  balai  et  collecteur  pour  une  série  de  positions  de  celui-ci 
Pour  les  positions  intermédiaires  on  obtient  les  courbes  par  interpolation' 
>'  Ceci  nous  donne  encore  une  méthode  pour  l'étude  de  la  variation  de 
1  intensité  du  courant  dans  une  spire  en  court-circuit,  méthode  pluslon^^ue 
et  moins  précise  que  les  précédentes,  mais  qui  a  l'avantage  de  la  simplicité 
du  montage.  De  plus  elle  nous  donne  l'intensitĂ©  du  courant  au  mĂȘme 
instant  dans  toutes  les  bobines  court-circuitĂ©es  en  mĂȘme  temps. 

»  En  effet,   par  l'application  des  lois  de  Kirchhoff,  on  arrive  à  la  for- 
f  hls,  ou  .  =  I  -  if^  ■  S,/^,  /Ă©tant  la  longueur  d'une  lame 

couverte  par  le  balai,  a:,  l'arc  de  la  circonférence  du  collecteur  entre 
1  entrée  du  bala.  et  la  fin  de  la  derniÚre  lame  qui  précÚde  la  spire  en  court- 
c.rcuit  parcourue  par  le  courant  i,  I  le  courant  dans  une  branche  de 
linduit,  et  h  la  densité  sous  le  balai  au  point  situéàla  distance  .r  de  l'entrée 
du  h)alai  pour  la  position  considérée  du  collecteur. 

«  Or,  on  a  e  =  «  +  ÚS,  e  étant  la  chute  de  tension  entre  balai  et  collec- 
leur  au  point  oĂč  la  densitĂ©  est  Kaetb  des  constantes  faciles  Ă   dĂ©terminer. 

»   Un  a  donc 

'  =  ^-i  f  \e-a)dx    (‱). 


^eitschrijt  du  18  jiun  1908). 


l82  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  La  courbe  de  i  peut  donc  se  déduire  des  courbes  données  par  la 
méthode  4°' 

»   On  peut  aussi  déduire  i  des  courbes  données  par  le  point  3°.  » 

OPTIQUE.  —  Influence  de  la  tempĂ©rature  sur  le  dichroĂŻsme  des  liqueurs 
mixtes  et  vérification  de  la  loi  des  indices.  Note  de  M.  Georges  Mesli\, 
présentée  par  M.  Mascart. 

«  Parmi  les  liqueurs  que  j'ai  signalées  comme  présentant  le  dichroïsme 
dans  le  champ  magnétique,  ou  seulement  sous  l'influence  de  la  pesanteur 
(dichroïsme  spontané)  ('),  il  y  en  a  un  certain  nombre  dans  lesquelles  le 
liquide  a  un  indice  qui  ne  dépasse  que  d'une  trÚs  faible  quantité  (0,02  par 
exemple)  l'indice  moyen  du  solide;  ces  liqueurs  m'ont  paru  Ă©minemment 
propres  à  fournir  une  vérification  de  la  loi  des  indices,  en  vertu  de  laquelle 
le  signe  du  dichroïsme  change  avec  le  signe  de  la  différence  des  réfringences 
des  deux  corps  en  présence.  En  effet,  une  élévation  de  température  agit 
différemment  sur  les  indices  du  solide  et  du  liquide  que  l'on  associe,  atténue 
plus  fortement  ce  dernier  et  peut  le  rendre  inférieur  à  l'indice  du  solide, 
auquel  cas  il  devra  y  avoir  changement  du  signe  du  dichroĂŻsme. 

»  Cette  circonstance  se  présentera  en  particulier  pour  le  sulfate  de  potasse  associée 
la  benzine,  cas  dans  lequel  les  différents  éléments  sont  connus  et  permettent  de  faire 
exactement  le  calcul. 

»  Les  divers  indices  du  sulfate  de  potasse,  relatifs  à  la  raie  D,  sont  compris  entre 
1,4973  et  1,4935;  le  coefficient  de  variation,  sous  l'influence  de  la  température,  est 
Ă©gal  en  moyenne  Ă   — 0,00002  (^);  si  nous  produisons  une  Ă©lĂ©vation  de  tempĂ©rature  de 
40°  (entre  20°  et  60°),  les  indices  diminuant  de  0,0008  seront  compris  entre  i,4965 
et  1,4927;  d'autre  part,  la  benzine,  dont  l'indice  à  20°  est  j ,  5oo  et  dont  le  coefficient 
de  variation  est  bien  plus  considĂ©rable  (—0,0006)  prĂ©sente,  dans  ce  mĂȘme  intervalle 
de  température,  une  diminution  égale  à  q,024;  son  indice  devenant  1,476,  le  liquide 
est  moins  réfringent  que  le  sel  et  le  dichroïsme  doit  changer  de  signe,  J'ai  constaté,  et) 
elßet,  que  cette  liqueur,  qui  présente  à  la  température  ordinaire  le  dichroïsme  positif, 
devient  négative  si  on  la  chauffe,  au  bain-marie,  à  60°;  par  le  refroidissement  graduel, 
elle  devient  d'abord  inactive,  puis  enfin  positive. 

»  Les  nombres  que  l'on  vient  de  donner  pour  les  coefficients  de  varia- 
tion par  la  température  se  retrouvent,  à  trÚs  peu  prÚs,  pour  les  différents 
liquides  et  solides;  les  coefficients  des  liquides  sont  toujours  voisins  de 

(')   Comptes  rendus,  séances  du  i5  juin  et  du  29  juin. 
(-)  TuTTON,  J.  of  chem.  Soc.,  t.  LXV,  1894,  p.  663. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    ïgoS.  l83 

—  o,ooo5,  ceux  des  solides  se  rapprochent  de  — o,oooo3  et  sont  gĂ©nĂ©rale- 
ment de  i5  à  3o  fois  plus  petits  que  les  premiers  :  le  calcul  précédent  peut 
donc  ĂȘtre  reproduit  dans  un  grand  nombre  de  cas  et  il  permet  de  prĂ©voir 
une  inversion,  toutes  les  fois  que  l'indice  du  liquide  ne  dépassera  pas  de 
plus  de  0,02  celui  du  solide  à  la  température  ordinaire. 

»   L'expérience  m'a  donné,  en  efßet,  les  résultats  suivants  : 

Signe 
du  dichroĂŻsme 

à  20°.      à  60°. 

Borate  de  soude  et     Esseace  de  tĂ©rĂ©benthine.  .  .      —         -f- 

1,47     Ă    1,446  '-469 

Sulfate  de  nickel  et     Benzine  .  .    —  + 

I ,492  Ă    I ,467  1 ,5oo 

Slilfate  de  nickel  et     Toluùne —  +- 

1,492  Ă    1,467  1 ,49J 

Sulfate  de  |)otasse  et     Benzine +  — 

1,497   Ă     1,493  i,5oo 

»   Si  la  diiTérence  des  indices  atteint  ou  dépasse  0,02,  il  y  a  seulement  aflTaiblisse- 

ment  du  dichroïsme;  on  observe  ce  phénomÚne  avec 

Signe  du  dichroĂŻsme 

Ă   20".  Ă   6o">. 

Sulfate  de  zinc  et     Benzine H-  -t- (plus  faible) 

1 ,48  Ă    I ,46  I ,5oo 

Sulfate  de  zinc  et     ToluĂšne -+-  -H  (plus  faible) 

I ,48  Ă    1,46  1,495 

Chlorate  de  potasse  et     Benzine -+-  +  (plus  faible) 

entre  1 ,  47  et  1 ,  45  1 ,  5oo 

Sulfate  de  fer  et     ToluĂšne -H  (faible)  inactif 

I ,485   et   1,471  I ,495 

»  Ce  phénomÚne  se  produit  aussi  bien  dans  le  cas  du  dichroïsme  spontané  que  dans 
celui  du  dichroïsme  magnétique: 

Signe  du  dichroĂŻsme 
à  30°.  à  60°. 

Spon-   Magné- 

lanc.      tique.  Spontané.  Magnétique. 

Acide  borique     et     Essence  de  tĂ©rĂ©benthine.  .      -+-         —  +  (plus  faible)     —  (plus  faible) 

<t,44  1,469 

Acide  borique     et     PĂ©trole +         —  +  (plus  faible)     —  (plus  faible) 

<i,44  1,44 

Acide  borique     et     Chloroforme -t-         —  4- (plus  faible)     —  (plus  faible) 

<i,44  iĂź44 


l84  ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 

»  Il  peut  mĂȘme  arriver  qu'une  liqueur  soit  inactive  Ă   la  tempĂ©rature  ordinaire  par 
suite  d'une  difTĂ©rence  trop  faible  entre  les  indices  et  qu'elle  devienne  dicliroĂŻque  Ă  
chaud  par  suite  d'un  écart  réalisé  entre  les  réfringences;  en  voici  un  exemple  : 


Signe  du  dichroĂŻsme 

à  20°.                                     à  fßo". 

,Spon-         Magné-      Spon- 

tané,         tique.        tané.            Magnétique. 

Essence  de  térébenthine.. 

Inaclif     Inaclif       H-     -1- (plus  Ă©nergique) 

1,469 

Carbonate  de  potasse     et 
entre  i  ,469.  et  1 ,4  18 

»  J'ai  étudié  de  la  sorte  tous  les  cas  qui  pouvaient  donner  lieu  à  de  telles 
modifications  et  chaque  fois  le  résultat  s'est  trouvé  d'accord  avec  celui  que 
l'on  pouvait  prévoir  par  la  rÚgle  des  indices.  Il  est  donc  naturel  d'attribuer 
ces  inversions  aux  changements  de  sens  des  réfringences  plutÎt  qu'à  une 
modification  des  constantes  magnĂ©tiques  qui  aurait  pu  ĂȘtre  considĂ©rĂ© 
comme  la  cause  du  phénomÚne  dans  un  cas  isolé.   » 


PHYSIQUE.  —  S(ir  la  spectrophotomĂ©trie  pholo graphique. 
Note  de  M.  C.  Ca.michel,  présentée  par  M.  J.  Violle. 

«  a.  HomogĂ©nĂ©itĂ©  des  plaques  photographiques  du  commerce.  —  J'ai 
étudié  cette  question  sur  un  trÚs  grand  nombre  de  plaques  au  gélatino- 
bromure d'argent.  Le  dispositif  employé  est  le  suivant,  il  a  été  indiqué 
pour  la  premiĂšre  fois  par  M.  Bonasse  (')  dans  son  MĂ©moire  sur  les  actions 
photographiques  {Annales  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Toulouse,  1894)- 

»  Une  source  de  lumiÚre  (lampe  de  Nernst),  maintenue  constante,  éclaire  la  fente 
d'un  spectroscope  à  3  prismes  de  flint.  La  radiation  étudiée  est  isolée  au  moyen  d'une 
fente  de  8"ℱ  X  iℱ"',5  percĂ©e  dans  un  Ă©cran  mĂ©tallique  mince.  DerriĂšre  cette  fente  se 
trouve  la  plaque  photographique,  placée  sur  un  chariot  micrométrique.  Sur  cette 
plaque  je  fais  une  sĂ©rie  d'impressions,  dont  les  centres  sont  sĂ©parĂ©s  par  2"ℱ.  La  durĂ©e 
de  pose  est  maintenue  invariable. 

»  La  plaque  photographique  dĂ©veloppĂ©e,  fixĂ©e  et  sĂ©chĂ©e  est  replacĂ©e  sur  le  mĂȘme 
chariot  micrométrique;  une  lentille  convergente  forme,  au  centre  d'une  impression 
photographique,  une  image  réelle/ (o""",  3  x  5"")  du  filament  rectiligne  d'une  lampe 
de  Nernst.  Lme  deuxiÚme  lentille  forme  sur  une  pile  thermo-électrique  linéaire  une 
image  réelle  de/.  La  pile  thermo-électrique  est  reliée  à  un  galvanomÚtre.  En  tournant 
la  vis  micrométrique,  j'étudie  la  transparence  des  impressions  photographiques  pour 


(')  Je  tiens  Ă   remercier  tout  particuliĂšrement  M.  Bonasse,  qui  a  mis  Ă   ma  disposi- 
tion plusieurs  appareils  qu'il   avait  utilisés  dans  ses  recherches  sur  la  Photographie. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    IC)o'i.  18:) 

des  points  rigoureusement  homologues,  ce  qui  est  essentiel,  étant  donnée  la  variation 
de  la  sensibilité  du  gélatinobromure  avec  la  longueur  d'onde  de  la  radiation  qui  l'im- 
pressionne. 

»  En  éliminant  avec  soin  toutes  les  causes  d'erreur,  sur  lesquelles  il  serait  trop  long 
d'insister,  j'ai  trouvé  que  les  plaques  pl)Otograplii(|ues  du  commerce  possÚdent,  en 
général,  une  homogénéité  remarquable;  par  exemple,  pour  les  plaques  LumiÚre, 
marque  bleue,  en  désignant  par  a  et  a'  les  impulsions  galvanométriques  qui  mesurent 
les  transparences  de  deux  photographies  séparées  par  une  distance  comprise  entre  C^"' 

o        .                  a  —  a'  I  .      1  ‱ . 

et  6"^,  le  trouve <  -^ —  pour  00  pour  100  des  plaques  Ă©tudiĂ©es. 

»  h.  Le  produit  de  l' intensité  I  de  la  lumiÚre  par  le  temps  de  pose  t  est 
maintenu  constant.  —  J'ai  vĂ©rifiĂ©  que  dans  ces  conditions  l'impression  pho- 
tographiqtie  diminue  quand  le  temps  de  pose  augmente. 

»  Voici  quelques  nombres  : 

Intensités 

en  unités  Durée  de  Déviation 

arbitraires.  pose.  galvanométrique. 

mtniite 

3 i  61,0 

1,5 2  66 , 1 .5 

1 3  71,8 

0,75 4  80,2 

o,5o 6  90)7 

»  Les  méthodes  photométriques  qui  supposent  l'impression  photographique 
constante,  quand  on  maintient  \t  invariable,  sont  donc  complĂštement  inexactes. 

»  c.  MĂ©thode  spectrophotomĂ©trique .  —  Pour  comparer  les  intensitĂ©s  I  et  F 
de  deux  radiations  de  mĂȘme  longueur  d'onde,  j'emploie  la  mĂ©thode  sui- 
vante (  '  )  : 

»  Sur  une  mĂȘme  plaque  photographique,  je  fais,  Ă   des  Ă©poques  rĂ©guliĂšrement 
espacĂ©es,  une  sĂ©rie  d'impressions  photographiques  correspondant  toutes  Ă   la  mĂȘme 
durée  de  pose  et  à  des  intensités 

I,     K,I',     I,     K,l',     I,     ... 

r>I  I>K,>K;>K,. 

»  Le  cliché  développé  est  étudié  à  la  pile  therniu-électrique.  Soient  a,,  c<o,  «3,  ... 
les  impulsions  du  galvanomĂštre,  qui  mesurent  la  transparence  des  diverses  impressions 


(*)  Cette  méthode  n'exige  pas  que  la  source  de  lumiÚre  soit  constante,  mais  varie 
d'une  façon  continue  avec  le  temps.  De  mĂȘme,  la  plaque  photographique  peut  avoir 
une  hétérogénéité  continue. 

G.  R.,   lyoS,  2°  Semestre.  (T.  CXXWII,  >‱  3.)  2,) 


l86  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

phologfĂ phiques.  Je  construis  deux  courbes  ayant  pour  abscisses  Tune  et  l'autre  les 
divei'ses  positions  de  la  plaque  photographique  et,  comme  ordonnées,  l'une  les  dévia- 
lions  coirespondanl  aux  impressions  impaires,  l'autre  les  déviations  correspondant 
aux  inlpi-easiĂŽns  paires.  La  premiĂšre  de  ces  courbes  permet  de  se  rendre  compte  des 
variations  de  la  lampe  et  des  défauts  dliomoi;énéité  de  la  plaque.  Les  deux  courbes  se 
coupent  en  un  |ioint  A,  correspondant  Ă   une  certaine  position  /)  de  la  plaque  photo- 
graphique. Soit  »=/(!,/?)  la  fonction  qui  représente  la  variation  de  la  transparence 
des  impressions  photographiques  avec  l'intensité  I  de  la  radiation  et  la  position  p  de 

la  plaque.  Pour  le  point  A, 

/{I, /.)=,/{A-l',/>), 
ce  qui  donne 

»  Les  variables  A-  et  p  sont  d'ailleurs  liées  par  uhe  relation  simple,  linéaire  en 
général,  et  que  l'expérimentateur  choisit  arbitrairement. 

»  d.  Du  degrĂ©  de  prĂ©cision  delĂ   mĂ©thode  prĂ©cĂ©dente.  —  Pour  dĂ©terminer 
les  conditions  les  meilleures  de  l'expérience,  j'étudie  la  courbe  a  =  o(I), 
la  pose  Ă©tant  invariable;  la  plaque  choisie  est  homogĂšne.  Celte  courbe 
présente  un  point  d'inflexion  qui  correspond  à  l'intensité  dont  les  varia- 
tions s'apprécient  le  mieux. 

»  Voici  un  exemple  : 

»   ),  =  01^,589;  pose  :  2  minutes;  plaque  LumiÚre,  marque  bleue. 


I. 

Intensités 

en 

unités 
arbitraires. 

a. 

DĂ©viations 

g.ilvànométriqUes. 

3ĂŽo 

16 

275 

aSo 

225 

.  .  .  .                   20 
26 
34 

200 

A8 

"75 

i5o 

71 
108,5 

I. 
125 

a. 

i5o,5 

j  00   

204 

75 

5o 

20 

268 

32Ô 

348 

0 

36o 

»   Les  nombres  précédents  indiquent  que,  dans  la  région  du  point  d'inilexion, 

a     ara:r=i°""     correspond      -;- r=  ; 

^  1  222' 

c'est-à-dire   qu'une  variation    de  j^_  de  l'intensité  de  la  radiation  se  traduit   par  un 
changement  dans  la  déviation  galvanomélrique  de  1  division  ('). 


(1)  Les  divisions  de  l'échelle  du  galvanomÚtre  sont  de  1'"'";  il  est  facile  d'ùppi'écßér 
le  quart  de  division. 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  1903.  187 

»  La  précision  des  mesures  est  limitée  seulement  par  tes  variations  W inten- 
sitĂ© des  sources  de  lumiĂšre  Ă   comparer.  —  Si  l'intensilĂ©  des  radiations  Ă©tu- 
diées est  trop  faible,  pour  que  les  mesures  correspondent  à  la  région  du 
point  d'inflexion,  il  faudra  voiler  préalablement  la  plaque  (').   » 


CHIMIE.  —  RĂ©actions  catalytiques  diverses  fournies  par  les  mĂ©tauv  ;  influences 
activantes  et  paralysantes.  Note  de  M.  A.  Trillat,  présentée  par 
M.  Armand  Gautier. 

«  L'emploi  du  platine  et  du  cuivre  m'a  fourni  l'occasion  de  faire  quelques 
observations  intéressantes  sur  les  différentes  manifestations  chimiques  que 
le  contact  de  ces  métaux  peut  provoquer  et  sur  les  influences  activantes 
ou  paralysantes  qu'ils  peuvent  subir. 

»  Action  oaydante.  —  Le  plaline  et  le  cuivre  se  prĂȘtent  trĂšs  bien  Ă   l'oxydation  des 
alcools  en  présence  de  l'oxygÚne.  J'ai  anciennement  conseillé  l'emploi  de  cuivre  pour 
la  fabrication  de  l'aldéhyde  formique  (^);  la  préparation  de  l'aldéhyde  acétique 
rĂ©ussit  Ă©galement  par  le  mĂȘme  procĂ©dĂ©,  comme  je  l'ai  aussi  indiquĂ©. 

»  Action  dĂ©shydrogĂšnante.  —  J'ai  dĂ©crit,  en  1891,  plusieurs  expĂ©riences  dĂ©mon- 
trant qu'en  l'absence  d'oxygÚne  les  vapeurs  d'alcools  éthylique  ou  méthylique,  en  pas- 
sant dans  mon  appareil  (')  sur  le  fil  de  platine  incandescent,  donnaient  les  aldéhydes 
correspondantes.  Le  remplacement  de  platine  par  le  cuivre  fournit  aussi  les  mĂȘmes 
résultats  :  100*^"'  de  chacun  de  ces  alcools  ont  respectivement  donné  4j8  pour  100  et 
5,  2  pour  100  d'aldéhyde  étbvlique  et  méthylique.  C'est  une  véritable  déshydrogénation 
comme  l'a  fait  observer  M.  Sabatier  qui  a  fait  une  étude  si  complÚte  de  la  déshydro^ 
génation  cataivtique. 

»  Action  de  condensation.  —  La  condensation  de  deux  molĂ©cules  d'alcool  avec  une 
d'aldéhyde  se  fait  aisément  en  présence  du  platine  et  du  cuivre. 

»  En  faisant  passer  dans  mon  appareil  un  mélange  de  vapeurs  d'alcool  méthylique  et 
d'aldéhyde  formique,  on  obtient  des  quantités  abondantes  de  métliylal  d'aprÚs  la 
réaction 

CH-0-(-2CH^0H=:CH=(CIP0y-+H^0. 

»  Cette  formation  de  niéthylal  est  à  rapprocher  de  la  méthode  de  préparation  des 
acétals  méthyléniqiies  que  nous  avons  publiée,  M.  Cambier  et  nioi  (*),  et  qui  démontra 


(')  C'est  un   procédé  analogue  à  celui   qui  consiste  à  employer  dans  les  relais  des 
électro^aimants  polarisés. 

(■‱')  Dictionnaire  de  Wurtz,  2"  supplĂ©ment  ;  article  For maldĂ©hyde,. 
(^)  Bulletin  de  la  Société  de  Chimie,  igoa,  p,  797, 
(')   Bulletin  de  la  Société  c/iitni'/ue.  1894.  p.  ~^]0- 


1^8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

que  cette  classe  de  combinaisons  chimiques  se  produit  facilement  sous  l'inlluence  de 
traces  d'un  agent  catalytique. 

)>  Action  de  saponification.  —  En  faisant  passer  des  vapeurs  de  mĂ©thylai  humide 
sur  la  spirale  incandescente  de  platine  ou  de  cuivre,  on  trouve,  dans  les  produits  de 
condensation,  de  l'alcool  méthylique  et  de  l'aldéhyde  formique  libre.  Cette  décompo- 
sition a  lieu  en  présence  d'une  molécule  d'eau  : 

CH=<^^^Jj3 +H^0r=CH^0  +  2CIP0H. 

»   Obtenu  dans  un  essai  :  35,2  d'aldéhyde  formique  et  3?, 8  d'alcool  méthylique. 

n  L'acétate  d'éthyle  et  le  bromure  d'éthyle  sont  facilement  saponifiés  sous  l'in- 
fluence de  platine  ou  de  cuivre  incandescent.  Dans  le  cas  de  l'acétate  d'éthyle,  la 
spirale  de  platine,  ou  de  cuivre,  reste  incandescente  pendant  toute  la  durée  de  l'opé- 
ration. 

»  On  peut  encore  ajouter  que  l'influence  catalytique  se  manifeste  avec  phénomÚne 
d'incandescence  sur  d'autres  combinaisons  comme  l'élher  et  l'acétone  qui  fournissent 
de  l'aldéhyde  acétique  et  de  l'aldéhyde  formique  accompagnées  d'acide  acétique.  Cette 
décomposition  a  lieu  par  rupture  de  la  molécule  : 

C^IP.O.-C^H^  et  Cfi^.CO.  :CIP. 

»  RĂ©i'ersil/ilitĂ©.  —  En  faisant  passer  des  vapeurs  de  trioxymĂ©lhylĂšne  humide  sur  la 
spirale  incandescente,  j'ai  obtenu  du  méthylai  (28,3  pour  loo  du  poids  de  trioxymé- 
lhylÚne dans  un  cas).  Or,  la  formation  du  méthylai  ne  peut  s'expliquer  que  par  celle 
de  l'alcool  méthylique  comme  produit  intermédiaire. 

»  Superposition  des  actions  catalyticjucs.  —  Gomme  exemple  de  superposition 
des  actions  que  je  viens  de  signaler  je  citerai  le  cas  de  la  diméihylaniline  qui  fournit, 
aprÚs  passage  sur  la  spirale,  une  quantité  notable  de  base  tétramélhylée  : 


CH^[ceH'Az/CH;-|  = 


Or,  la  formation  de  cette  base  implique  :  i"  l'oxydation  du  résidu  CH'*  ;  2"  la  conden- 
sation de  deux  molĂ©cules  de  dimĂ©thylaniline  avec  l'aldĂ©hyde  formique.  J'ai  mĂȘme  pu 
caractériser  la  présence  d'une  petite  quantité  de  leucobase,  ce  qui  impliquerait  en 
outre  une  nouvelle  oxydation  et  condensation. 

»  Influences  paralysantes  et  activantes.  —  \  oici  quelques  observations  que  j'ai 
faites  au  cours  de  mes  essais  sur  le  cuivre.  Le  cuivre  rouge,  neuf,  est  impropre  Ă   la 
bonne  marche  de  l'oxydation  des  vapeurs  d'alcools  :  il  est  nécessaire  de  le  cuire  dans 
la  flamme  d'un  Bunsen  de  maniÚre  à  faire  naßtre  à  sa  surface  une  légÚre  couche  d'oxyde. 
L'activité  du  cuivre  augmente  avec  l'usage,  du  moins  dans  le  cas  des  alcools:  il  devient 
alors  friable  et  la  poudre  qui  en  résulte  est  quelquefois  douée  de  propriétés  voisines  de 
celles  de  la  mousse  de  platine.  Dans  un  cas,  cette  poudre  chauffée  à  loS"  a  pu 
enflammer  des  vapeurs  d'alcool  Ă©thylique.  On  peut  observer  aussi  qu'une  spirale  de 
cuivre,  amorcée  pour  l'oxydation  des  vapeurs  d'un  alcool,  se  désamorce  lorsque  l'on 
change  la  nature  de  l'alcool.  Il  v  a  donc  lĂ   comme  une  sorte  d'accoutumance. 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  igo3.  189 

»  La  présence  de  certains  métaux  ou  sels  favorise  l'action  catalytique  du  cuivre; 
d'autres  la  diminuent  ou  l'empĂȘchent  mĂȘme,  en  opĂ©rant  dans  des  conditions  iden- 
tiques. C'est  ainsi  que  la  présence  du  palladium,  du  platine,  du  fer,  du  plomb,  du 
zinc,  de  l'arsenic  et  du  soufre  modifient  les  propriétés  oxydantes  du  cuivre,  les  uns 
comme  le  platine  activant  les  oxydations,  les  autres  comme  le  plomb,  le  soufre  et  l'ar- 
senic, les  diminuant.  De  mĂȘme,  la  prĂ©sence  d'une  impuretĂ©  dans  les  vapeurs  du  produit 
traité,  diminue  ou  augmente  les  rendements  de  l'opération. 

»  On  voit  que  l'action  catalytique  des  métaux  est  trÚs  complexe  an  point 
de  vue  des  réactions  comme  au  point  de  vue  du  catalysme.  » 


CHIMIE.    —   Sur  V acide  ferrisulfurique  et  le  ferrisulfale  d'Ă©thyle. 
Note  de  M.  A.  Recoura. 

«  Dans  une  Note  précédente  {Comptes  rendus,  6  juillet  iQoS),  j'ai  montré 
que  le  sulfate  ferrique  se  combine  trĂšs  facilement  avec  l'acide  sulfurique, 
dans  les  conditions  les  plus  variées,  en  donnant  naissance  à  un  composé 
solide  Fe-0%3SO%SO'H-,8H-0  que  j'ai  appelé  acide  ferrisulfurique. 
Scliarizer  {Zeit.  Kryst.  Min.,  t.  XXXV),  qui  a  déjà  obtenu  ce  composé  dans 
des  conditions  particuliĂšres,  le  considĂšre  comme  un  sel  Ă   la  fois  basique  et 
acide  auquel  il  attribue  la  constitution  Fe-(OH)-(SO''H)'',GH-0. 

»  Contrairement  à  cette  maniÚre  de  voir,  je  me  propose  de  montrer 
qu'il  se  comporte  comme  un  acide  bibasique,  analogue  Ă   l'acide  chromo- 
sulturique.  J'ai  fait  voir,  il  est  vrai,  que,  contrairement  Ă   ce  qui  a  lieu  pour 
l'aciile  chromosulfurique,  ce  composé  est  immédiatement  détruit  par  l'eau 
et  transformé  en  un  mélange  de  sulfate  ferrique  et  d'acide  sulfurique  libre. 
On  ne  peut  donc  songer  à  préparer  ses  sels.  Mais  je  vais  faire  voir  qu'on 
peut  préparer  ses  élhers. 

»  Ferrisulfale  d'Ă©thyle.  —  J'ai  prĂ©parĂ©  le  ferrisulfale  d'Ă©thyle  de  la  façon  suivante  : 
on  dissout  208  d'acide  ferrisulfurique  dans  200s  d'alcool  à  96°  à  l'ébullition.  On  obtient 
ainsi  une  liqueur  brune,  qu'on  abandonne  pendant  plusieurs  mois  dans  un  flacon 
bouché.  Si  on  l'évaporé  alors  dans  le  vide  absolument  sec,  on  obtient  une  matiÚre 
solide,  jaune,  friable,  dont  la  composition  est  exjirimée  par  la  formule 

Fe^O',  3SO^SO'(C■^H‱5)-^-4H2  0  ('). 

C'est  le  ferrisulfale  neutre  d'Ă©thyle.  Je  vais  justilier  celle  formule  par  l'Ă©tude  des  pro- 
priétés de  ce  composé. 


1')  Trouvé  Fe-^0''=  I         S0^=4        C'''H«0  =  2,02         H20  =  4,o4 


igo  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  Si  on  le  dibsoiil  dans  l'eau,  on  le  dédouble  en  sulfate  ferrique  et  sulfate  neutre 
d'Ă©lhyle;  celui-ci  se  dĂ©double  d'ailleurs  lui-mĂȘme  immĂ©diatement,  ainsi  qu'on  le  sait, 
en  acide  suilovinique  et  alcool.  La  dissolution  obtenue  se  comporte  en  effet  comme  un 
mélange  de  : 

Une  molécule  Fe^O'',  3S0';  une  molécule  SO'HG^H»;  une  molécule  C-H'O. 

»  Cela  résulte  des  faits  suivants  : 

»  i"  La  dissolution  neutralisée  est  soumise  à  l'ébullition.  Dans  le  liquide  distillé,  on 
trouve  une  molécule  d'alcool  (trouvé  :  1,02); 

»  2"  La  dissolution  titrée  acidimétriquement  accuse  une  acidité  correspondant 
à  3""°',  5  d'acide  sulfurique  (trouvé  :  3,5),  ce  qui  correspond  bien  au  mélange 
Fe^0^,3S0^-l-  SO'HC^H'.  On  sait,  en  effet,  que  l'acide  sulfovinique  n'est  pas  détruit 
par  les  alcalis, 

»  3"  La  dissolution  étendue,  titrée  par  le  chlorure  de  baryum,  n'accuse  que  3'""' 
d'acide  sulfurique  précipitable.  On  sait,  en  efTet,  que  l'acide  sulfovinique  n'est  pas 
précipité  par  le  chlorure  de  baryum. 

»  J'ajouterai  que  le  produit  solide,  maintenu  sur  un  bain-marie  pendant  48  heures, 
est  complÚtement  saponifié;  il  abandonne  la  totalité  de  l'alcool  qu'il  renferme,  et  un 
titrage  acidimétrique  y  décÚle  alors  4°'"'  d'acide  sulfurique,  au  lieu  de  3,5  que  l'on 
trouve  dans  la  dissolution  du  produit  non  chaufFĂ©.  Tous  ces  faits  justifient  pleinement 
la  formule  que  j'ai  adoptée. 

»  Il  esta  noter  que  cet  élher  est  beaucouji  moins  stable  que  l'acide  sulfovinique.  Si 
on  le  maintient  dans  une  atmosphÚre  absolument  sÚche,  on  peut  le  conserver  indéfini- 
ment inaltéré.  Mais,  si  on  le  conserve  dans  une  atmosphÚre  qui  n'est  pas  absolument 
sÚche,  au  bout  de  quelques  jours  il  est  saponifié  par  la  vapeur  d'eau,  transformé  en 
acide  ferrisulfurique  et  le  titrage  acidimétrique  y  décÚle  alors  4""°'  d'acide  sulfurique. 
Par  contre,  exposé  à  une  atmosphÚre  trÚs  humide,  il  tombe  en  déliquescence  trÚs 
lapidemenl,  et  il  est  alors,  non  pas  saponifié,  mais  dédoublé  par  l'eau  en  sulfate  fer- 
rique, acide  sulfovinique  trĂšs  difficilement  saponifiable,  et  alcool;  et  le  titrage  acidi- 
métrique n'accuse  plus  alors  que  3^°',  5  d'acide. 

»  Ces  faits  prouvent  bien  que  ce  composé  n'est  pas  une  combinaison  de 
sulfate  ferrique,  d'acide  sulfovinique  et  d'alcool,  mais  bien  un  Ă©tlier  neutre 
de  l'acide  ferrisulfurique. 

»  L'existence  de  cet  éther  caractérise  bien  la  combinaison  de  sulfate 
ferrique  et  d'acide  sulfurique  comme  un  acide  bibasique  Ă   radical  com- 
plexe, analogue  h  l'acide  chromosulfurique.  * 

»  Action  de  la  chaleur  sur  V  acide  ferrisulfurique .  —  L'action  de  la  chaleur 
sur  l'acide  ferrisulfurique  Fe'-O',  3SO%SO''H-,8H-0  fournit  des  rensei- 
gnements intéressants  sur  la  coustituliou  de  ce  composé. 

»  Chaullé  entre  80°  et  100°,  il  perd  6H'-0;  jusqu'à  i35°,  il  n'éprouve  aucune  nou- 
velle perte  d'eau.  Mais,  à  cette  température,  il  perd  simultaiicn>eiit  50' H- H-  2H-O 
et  se  tranforme  en  sulfate  ferrique  anhj'dre.  Ce  fait  semble  indiquer  que  ces  deux  der- 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    ipoS.  19I 

niÚres  molécules  d'eau  sont  de  leau  de  constitution  et  font  partie  intégrante  de  la 
molécule  de  l'acide. 

»  Cela  est  confirmé  par  le  fait  suivant  :  l'acide  ferrisulfurique  solide,  délayé  dans 
de  lacide  sulfuriqiie  concentré  et  cliaufTé  à  2:30",  se  transforme  en  sulfate  ferrique 
anhydre  au  sein  de  l'acide  siilfurique.  On  est  en  droit  d'en  conclure  que  le  sulfate 
ferrique  ne  peut  pas  se  combiner  avec  l'acide  sulfui'icjue.  ce  qui  confirme  bien  l'hypo- 
thÚse précédente. 

»   On  doit  donc  représenter  l'acide  ferrisulfurique  par  la  formule 
Fe'O',  3S0%  SO'H-,  2H-O  +  6H-0. 

Tandis  que  ce  composé  se  dissout  immédiatement  dans  l'eau,  le  composé 
Ă   2H-O  ne  s'y  dissout  que  lentement.  Mais  les  deux  dissolutions  ont  des 
propriétés  identiques. 

»  Production  d.  acide  ferrisulfurique  par  action  de  l'acide  chlorhydrique  sur 
le  Sulfate  ferrique.  -^  J'ai  montré,  dans  la  Noie  précédente,  que  l'acide  sul- 
furique  se  combine  trÚs  facilement  avec  le  sulfate  ferrique;  cette  facilité  de 
combinaison  est  telle,  que  l'on  obtient  de  l'acide  ferrisulfurique  dans  des 
circonstances  tout  à  hit  inattendues.  J'ai  fait  voir  dans  des  Notes  anté- 
rieures (21  juillet  et  3  novembre  1902)  que,  quand  on  dissout  le  sulfaté 
chromique  et  le  sulfate  d'aluminium  dans  l'acide  chlorhydri([ue  bouillant, 
cet  acide  déplace  le  tiers  de  l'acide  sulfuri(|ue  du  sulfate  et  l'on  obtient  des 
chlorosulfates  CrSO'Cl  et  AlSO'Cl.  Si  l'on  dissout  de  mĂȘme  le  sulfate  fer- 
rique dans  l'acide  chlorhydrique  bouillant,  la  dissolution  dépose  des  cris- 
taux d'acide  ferrisulfurique  et  la  liqueur  renferme  du  chlorure  ferrique. 
Par  conséquent,  l'acide  chlorhydrique  a  décomposé  une  portion  du  sulfate 
ferrique,  l'a  transformé  en  chlorure  ferrique,  et  l'acide  sulfurique  libéré 
s'est  combiné  avec  une  autre  portion  du  sulfjtte  ferrique  et  Ta  transformé 
en  acide  ferrisulfurique.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Les  bleus  de  Prusse  et  de  Turnbull.  Une  nouvelle 
classe  de  cyanures  complexes.  Note  de  M.  P.  Cßirétiex,  présentée  par 
M.   A.   Dille. 

«  Les  bleus  de  Prusse  et  de  Turnbull  ne  sont  ni  des  ferrocVùfi lires  ni  des 
ferricyanures. 

»  Bleu  de  Prusse  soluble.—  On  lui  attribue  la  composition  FeCy'^FeK  ou  Fe-Cy°K. 
La  préparation  de  ce  bleu  est  connue.  On  peut  l'obtenir  trÚs  pur  en  enlevant  tous  les 


ig2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

produits  étrangers  par  dialyse.  Dans  ces  conditions,  il  n'a  pas  la  composition  précé- 
dente. Deux  bleus  solubles  obtenus,  l'un  en  liqueur  franchement  acide,  l'autre 
en  milieu  trĂšs  peu  acide,  avaient  pour  composition  (Fe-Cy*)-.KH,  6H'-0  et 
(Fe=Gy«)5K*H,3oH^O. 

»  En  solution,  les  bleus  solubles  donnent,  avec  les  sels  métalliques,  des  précipités 
bleus.  M.  Wyrouboft'('),  qui  a  préparé  ces  bleus  insolubles  à  chaud,  admet  qu'ils 
doivent  ĂȘtre  des  sels  correspondant  Ă   deux  acides  hypothĂ©tiques  Fe'Cy'^H''  et 
Fe'Cy^'H*.  J'ai  préparé  à  froid  le  bleu  correspondant  au  baryum;  sa  composition  est 
(Fe2Cy^)'^BaK2H-,i5H'-0,  et  c'est  Ă   ce  type  que  se  rapportent  tous  les  autres;  leur 
composition  complexe  résulte  de  la  concomittance  de  deux  réactions  :  la  double 
décomposition  de  la  coagulation  du  colloïde. 

»  Bleu  de  Prusse  insoluble.  —  PrĂ©parĂ©  en  prĂ©sence  d'un  excĂšs  de  sel  ferrique,  sa  com- 
position est  Fe'Cy'*,  i3H-0  qui  s'écrit  (Fe=Cy«)^Fe"',  i3H-0;  c'est  le  sel  ferriquecor- 
respondant  au  bleu  solubie.  Il  peut  Ă©galement  avoir  la  composition  plus  complexe  d'un 
sel  double  (  Fe- Cy«)'«Fe"K"'-^«. 

»  Bleu  de  Turnbull.  —  Sa  composition  est  Fe»Cy'-,8H-0  ou  (Pe-Cy«)-Fe",8H2  0, 
c'est  le  sel  ferreux  correspondant  au  bleu  solubie.  Il  existe  Ă©galement  des  sels  doubles 
(Fe2Cy«)'"Fe"K"'--". 

»  Bleu  solubie  acide  ou  acide  diferrocyanhydrique.  —  La  dĂ©composition 
spontanée  de  l'acide  ferricyanhydrique  aux  environs  de  20°  donne  nais- 
sance à  un  bleu  solubie  qui  est  l'acide  auquel  se  rattachent  les  bleus  pré- 
cédents, sa  composition  est  Fe-Cy^H.SH'O.  La  présence  du  brome  active 
beaucoup  la  réaction,  il  y  a  formation  de  bromure  de  cyanogÚne.  Le  pro- 
duit coagulé  redevient  en  grande  partie  solubie  lorsqu'il  a  été  purifié  par 
dialyse. 

»  L'hydrogÚne  uni  au  radical  Fe^Cly"  ne  résulte  pas  de  l'analyse;  il  est 
nécessaire,  pour  expliquer  l'acidité  du  produit,  la  formation  des  sels  cor- 
respondants et  surtout  l'action  des  alcalis  qui  donne  lieu  à  la  réaction 
suivante  : 

Fe=Cy«  H  + /iKOH  =  FeCy''R^  +  Fe(OH)' +  H-0. 

»  Ce  nouveau  cyanure  complexe  se  rattache  immédiatement  aux  com- 
posĂ©s dĂ©crits  par  MM.  Étard  et  BĂ©mond  (^);  l'acide  ferrocyauhydrique 
chauffé  à  l'abri  de  l'air  leur  a  donné  le  composé  Fe-Cy'H-  qui  bleuit  à  l'air 
en  donnant  le  cyanure  Fe-Cy"H  et  en  particulier  le  sel  d'ammonium 
Fe-Cy°.AzH'',3H-0. 

»   Traité  par  les  sels  alcalins  cet  acide  complexe  donne  par  double  décom- 


(')  WvROUBOFF,  Annales  de  ChĂčn.  et  de  Phys.,  5^  sĂ©rie,  t.  VIII. 
(-)  Étard  et  BĂ©mond,  Comptes  rendus,  t.  LXXXIX. 


SÉANCE    DU    20   JUILLET    igoB.  iq3 

position,  des  sels  acides;  les  chlorures  de  potassium  et  d'ammonium  ont 
donné  les  sels  (Fe-  C)'')-  KH,  6H=0  déjà  décrits  et  (Fe-C\^)- AzII  '.  H,6H^O. 
Le  nitrate  d'argent  donne  un  bleu  insoluble,  mais  il  est  du  mĂȘme  type 
(Fe^Cv'')-Ag.  H.7H-O. 

M  Les  sels  métalliques  donnent  une  réaction  plus  complexe.  A  froid  le 
chlorure  de  baryum  donne  un  bleu  qui  contient  3  pour  100  de  baryum; 
obtenu  Ă   chaud  il  n'en  contient  plus.  Les  sels  de  manganĂšse,  de  cobalt  et 
mĂȘme  de  fer  donnent  des  bleus  insolubles  dont  la  composition  est  iden- 
tique Ă   celle  du  bleu  acide,  il  y  a  simple  coagulation  du  colloĂŻde. 

»  Cette  coagulation  a  également  lieu  sous  l'action  de  l'acide  chlorhy- 
drique.  L'absence  de  double  décomposition  avec  les  sels  métalliques  est 
conforme  aux  données  de  la  Thermochimie. 

»  Elude  calorimĂ©trique.  ■—  Celte  Ă©tude  a  Ă©tĂ©  faite  en  mesurant  l'effet 
thermique  qui  résulte  de  la  décomposition  du  bleu  par  la  potasse  étendue. 
IjCs  différents  cycles  sont  faciles  à  imaginer,  les  données  correspondantes 
ont  été  prises  dans  l'Ouvrage  à  M.  Berlhelol  (  '  ). 

»  J'ai  obtenu  ainsi 

Fe2Cy«H,3H=0  sol.  +  4K0H  diss. 

—  FeCy"  K'  diss.  +  Fe(OH)'  pr.  -h  4IPO  lie] +  2.5^=',  4 

d'oĂč  il  rĂ©sulte 

Fe^ -H  Cj'' 4-  H  +3H201iq.  =  Fe^CvOU^SH-O  sol +122^=1,1.5 

>'   On  a  de  mĂȘme 


Fe'Cy'»,i3H2  0sol.  +  laKOHdiss. 

=  3FeCy«K*  diss.  +  4Fe(0H)'pr. -t- iSIl-Oiiq +  89' 


Cal 


■9 


d'eu 


Fe'  +  Cy"  +  iSH^O  liq.  =  Fe" Cy'%  l'iWO  sol +346' 


,Cal 


3 


»   M.  Berthelot  a  donné 

Fe'  +  Cy"*  -  Fe'  Cy"  pr +348':='',  1 

»   Les  bleus  de  Prusse  solubles  précédemment  décrits  ont  donné 

Fe*+Cy'=+K+  H  +  6H=0  liq.=  (Fe^Cy')^KH,6H20  sol. .      +288'"^', 64, 
Fe'"  +  Cy^o  +  K'  +  H  +  aoH^O  liq.=:(Fe2Cy'f  K'  H,2oH20sol.     +795':''i,  5i . 

»   Ces  nombres  conduisent  aux  conclusions  suivantes  :  si  l'on  désigne 

(')  Berthelot,  Thennoclnmie  :  Données  numériques. 

C.  R.,  igo3,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  3.)  26 


194  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

par  x  la  chaleur  de  clissokition  inconnue  du  bleu  acide,  la  double  décom- 
position en  prĂ©sence  du  chlorure  de  potassium  dĂ©gage  (—  17,6  4-  ^x)^'-^^, 
cenombreestcertaineinenlpetitet,  quelque  soit  son  signe,  la  double  décom- 
position partielle  a  lieu.  Mais  il  en  est  autrement  avec  les  sels  métalliques. 
La  formation  du  bleu  de  Prusse,  par  exemple,  dĂ©gagerait  —29^^',  9;  elle 
n'a  pas  lieu,  il  v  a  simplement  coagulation  du  bleu  acide  comme  avec  les 
autres  sels  métalliques. 

M  Mais  Ă   partir  des  deux  bleus  de  Prusse  solubles  pris  Ă   l'Ă©tat  solide,  la 
formation  du  bleu  de  Prusse  insoluble  dĂ©gagera  —  3^^',^i5  pour  le  premier 
et  +  S'^"'  pour  le  second.  Ces  nombres  montrent  l'uifluence  du  potassium 
qui,  grùce  aux  loi'^'''  dégagées  par  son  chlorure  dissous,  détermine  le  sens 
de  la  réaction. 

»  On  peut  encore  de  ces  données  thermiques  tirer  une  autre  conclusion  ; 
en  désignant  par  a  la  chaleur  de  formation  de  l"e-Cy*H,  3H-0  à  partir  des 
éléments,  par  b  l'effet  thermique  correspondant  au  remplacemenl  de 
l'hydrogÚne  par  le  potas.sium,  et  supposant  que  la  complexité  des  bleus  de 
Prusse  solubles  résulte  de  la  simple  coagulation  de  l'acide  avec  le  sel 
saturé  Fe-Cy'R,  on  peut  écrire 

5a  4-  4^  =  795,51, 
2a  +  6  =288,G/|. 
))   On  tire  de  lĂ  

b  =  49*^="' ,27         et         a  =  1 1 9^''' ,  6 . 

))  Ce  dernier  nombre  est  presque  identique  à  celui  qui  a  été  déterminé 
directement,  et  ce  résultat  semble  bien  indiquer  que  la  coagulation  du  col- 
loĂŻde joue  un  grand  rĂŽle  dans  la  complexitĂ©  des  rĂ©actions  oĂč  entrent  les 
bleus  solubles.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  spariĂ©ine.  CaractĂšres  gĂ©nĂ©raux;  action  de 
quelques  réducteurs.  Note  de  MM.  Cu.  Mouueu  et  A.  Valeur,  présentée 
par  M.  H.  Moissan. 

((  La  spartéine  est  un  alcaloïde  liquide  et  volatil  qui,  depuis  une 
vingtaine  d'années,  est  employé  en  thérapeutique,  sous  forme  de  sulfate, 
dans  le  traitement  des  affections  cardiaques,  comme  succédané  de  la  digi- 
tale. H  fut  dĂ©couvert  en  1  85 1  par  Stenhouse,  qui  le  retira  du  genĂȘt  Ă   balais 
[Spartium  scoparium),  plante  de  la  famille  des  LĂ©gumineuses  {Lieb. 
^n/Ăźa/.,  t.  LXXVII],p.  i5). 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  ipoS.  igS 

■■>  Depuis  cette  Ă©poque,  plusieurs  chimistes  se  sont  occupĂ©s  de  la  spar- 
téine,  notamment  Mills,  Bernheimer,  Bamberger,  Peratoner,  Ahrens  et 
Herzig  et  Meyer.  Malgré  leurs  nombreuses  recherches,  on  ne  sait  encore  que 
fort  peu  (le  chose  sur  la  structure  intime  de  cet  alcaloïde;  certains  résultats 
sont  mĂȘme  demeurĂ©s  contradictoires.  Nous  avons  cru  intĂ©ressant  d'entre- 
prendre une  étude  méthodique  de  la  base,  en  vue  de  jeter  quelque  liuniÚrc 
sur  sa  constitution  chimique. 

1)  La  matiĂšre  premiĂšre  qui  a  servi  Ă   nos  recherches  n'est  autre  que  le  sulfate  officinal, 
'sel  blanc,  trÚs  soluble  dans  l'eau,  qui  nous  a  été  livré  dans  un  parfait  état  de  pureté  par 
la  maison  Merck.  Au  moyen  de  la  lessive  de  soude,  on  en  déplace  l'alcaloïde,  qu'on 
sÚche  ensuite,  en  solution  éthérée,  successivement  sur  du  carbonate  de  potasse  sec  cl 
sur  de  la  potasse  fondue,  et  qu'on  distille  finalement  dans  le  vide. 

»  ConsUmles  physiques.  —  On  obtient  ainsi,  passant  entiĂšrement  Ă   188"  (corr.)  sous 
18°'"',  5,  une  huile  épaisse,  incolore,  possédant  une  saveur  trÚs  amÚre  et  une  odeur 
spéciale  analogue  à  celle  de  la  pipéridine.  Sous  la  pression  de  754"'"  et  dans  un  cou- 
rant d'hydrogÚne  sec,  elle  distille  sans  décomposition  à  la  température  de  32.5"  (corr.). 
D„=::i.o34,  et  D, ,,=  1,0196;  [«][,  =  — iG"  4a  en  solution  dans  l'alcool  absolu; 
nijzrijSagS  à  19°.  100=  d'eau  n'en  dissolvent,  à  la  température  de  32°,  que  os,3o4;  la 
base  est,  au  contraire,  trĂšs  soluble  dans  l'alcool,  l'Ă©ther  et  le  benzĂšne.  Elle  est  facile- 
ment entraĂźnable  par  la  vapeur  d'eau.  Au  contact  de  l'air,  elle  s'altĂšre  en  brunissant 
lentement. 

»  Formule  brĂ»le.  —  Il  rĂ©sulte  d'une  sĂ©rie  d'analyses  et  de  dĂ©terminations  crvosco- 
piques  efTectuées  par  nous,  que  la  spartéine  est  exempte  d'oxygÚne,  et  que  sa  formule 
brute  e3tC'°H"Az2,  celle  mĂȘme  qui  lui  fut  attribuĂ©e  par  Stenhouse,  et  Ă   laquelle 
GerYxAYà^.  {Traité  de  Chimie  organique,  t.  IV,  p.  236)  préférait  à  tort  une  formule 
en  C'«. 

»  La  spartĂ©ine  est  une  diamine  bitertiaire.  —  La  spartĂ©ine  est  une  base  forte,  Ă  
réaction  alcaline,  capable  de  neutraliser  les  acides  les  plus  énergiques.  On  peut  la 
titrer  trÚs  exactement  en  présence  du  tournesol,  de  la  phlaléine  du  phénol,  ou  de 
l'hélianthine.  La  base  se  montre  nettement  monoacide  au  tournesol  et  à  la  phlaléine, 
et  diacide  à  l'hélianthine. 

»  Le  chloroplatinate  a  pour  formule  C'Ml-^Az^  2  HCl.  PtCI''+ 2  H'-O,  et  le 
picrate,  qui  fond  Ă   208"  (corr.),  C'^H-'Az-.  2  C'^IP(01I)( AzO^)^ 

»  Ces  faits  prouvent  surabondamment  que  les  deux  azotes  de  la  spartéine  sont 
basiques,  et  que  la  spartéine  est  une  diamine. 

»   De  quelle  nature  sont  les  deux  fonctions  arainc? 

»  Mills  {Lieb.  Annal.,  t.GXXV,  p.  71)  d'une  part,  et  Bamberger  (/.('eÎ.  Annal.  1886, 
p.  368)  de  l'autre,  ont  clairement  Ă©tabli,  en  Ă©tudiant  l'action  des  iodures  alcooliques, 
que  l'une  au  moins  des  deux  fonctions  aminé  était  tertiaire.  C'est  ainsi  que  l'iodurede 
mĂ©thyle  fournit  l'iodnre  quaternaire  C'^H-'' Az-.CII'I  ([a]„  =  —  22°,75  en  solution 
aqueuse),  dans  lequel  nous  avons  pu  titrer  acidimétriqueraenl  la  fonction  basique 
restée  libre.  Cette  derniÚre,  d'aprÚs  nos  expériences,  est  certainement  aussi  tertiaire  : 
la  spartéine,  en  effet,  ne  forme  ni  dérivé  nitrosé,  ni  dérivé  benzoyié  (par  l'action  du 
chlorure  de  benzoyle  en  présence  de  soude  caustique). 


196  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  La  sparléine  est  donc  une  diamine  diteitiaire  ;  en  d'autres  termes,  cliacun  des 
deux  atomes  d'azote  est  uni  par  ses  trois  valences  au  carbone. 

»  Dans  la  sparLĂ©ine,  il  n'existe  aucun  groupe  mĂ©lhyle  liĂ©  Ă   l'azote.  —  D'aprĂšs 
Alirens  {Berichte,  t.  XXI,  p.  825),  l'un  des  deux  azotes  serait  méthylé;  en  chauffant 
la  spartéine  à  200°  avec  de  l'acide  iodhydrique,  il  aurait  obtenu  des  traces  d'iodure 
de  méthyle  et  la  base  démélhylée  C'H^'Az-.  Ilerzig  et  Meyer  {Monatshefte,  t.  XVI, 
p.  606),  au  contraire,  en  appliquant  leur  méthode  générale  de  déméthylation  par 
l'acide  iodhydrique,  ont  abouti  à  un  résultat  négatif.  Nous  avons  soigneusement 
repété  sur  notre  base  pure  les  expériences  de  ces  deux  savants,  et,  comme  eux,  nous 
concluons  que  la  spartéine  n'est  pas  méthylée  à  l'azote. 

I)  Essais  d'hydrogĂ©nation.  —  Selon  Ahrans  {Berichte,  t.  XX,  p.  2218),  en  traitant 
la  spartéine  par  l'étain  et  l'acide  chlorhydrique,  on  obtiendrait  une  base  secondaire, 
la  dihydrospartéine  C'^H^'Az^.  Nos  expériences  nous  permettent  d'affirmer  que  la 
spartéine  n'est  pas  attaquée  dans  ces  conditions,  et  que  le  corps  décrit  sous  le  nom  de 
dihydrospartéine  dans  la  littéralui-e  classique  n'existe  pas. 

»  Deux  autres  essais  de  réduction,  effectués  l'un  avec  le  sodium  et  l'alcool  absolu, 
l'autre  avec  le  sodium  et  l'alcool  amylique,  nous  ont  donnĂ©  le  mĂȘme  rĂ©sultat.  Aussi 
bien,  cette  résistance  de  la  spartéine  aux  réducteurs  concorde-t-elle  avec  ce  fait 
qu'elle  ne  décolore  pas  le  permanganate  en  solution  acide,  réactif  généralement  con- 
sidéré comme  une  excellente  pierre  de  louche  pour  les  doubles  liaisons  dans  les 
molécules. 

»  Nous  avons  voulu  ainsi  préciser  les  constantes  physiques  de  la  spar- 
téine et  donner  quelques  indications  générales  sur  sa  nature  chimique.  Sa 
grande  stabilité  à  l'égard  des  agents  réducteurs  permet  d'affirmer  presque 
à  coup  sûr  que  la  base  est  saturée,  autrement  dit  que  toutes  les  liaisons 
entre  ses  atomes  sont  des  liaisons  simples.  Il  n'est  d'ailleurs  pas  douteux, 
d'aprÚs  la  seule  inspection  de  sa  formule  brute,  que  la  molécule  de  spar- 
tĂ©ine renferme  deux  et  peut-ĂȘtre  trois  chaĂźnes  fermĂ©es.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  Ă©thers  isonilrosomaloniques  et  leur  transfor- 
mation en  éthers  mésoxaliques.  Note  de  MM.  L.  Bouveault  et  A.Wahl, 
présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  V.  Meyer  et  A.  Mûller  ont  démontré  synlhétiquement  (D.  ch.  G., 
t.  XVI,  p.  608)  (jue  l'acide  nitrosomalonique  est,  en  réalité,  un  dérivé 
isonitrosé  identique  avec  l'oxime  de  l'acide  mésoxalique;  il  s'ensuit  que  les 

Ă©thers  isonilrosomaloniques  AzOH  =  C'       „.,„  constituent  les  oximes  des 
mésoxalates  correspondants  C0('|-  Ces  derniers  corps  étant  d'une  . 

préparation  difficile,  nous  avons  songé  à  les  obtenir  par  saponification  de 
leurs  oximes. 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  IpoS.  I97 

»  Isonilrosomalonate  d'Ă©lhylc.  —  Cet  Ă©ther  a  Ă©tĂ©  obtenu  par  Conrad  et  Bischoff 
(D.  ch.  G.,  t.  XIII,  p.  599)  dans  l'action  de  l'acide  nitreux.  sur  le  malonate  d'Ă©tliyle 
sodé;  ils  le  décrivent  comme  une  huile  d'un  jaune  clair  se  décomposant  à  la  distilla- 
tion. D'aprÚs  Steyrer  et  Seng  {Mon.  f.  Ch.,  t.  XVII,  p.  633),  le  dérivé  nitrosé  ainsi 
prĂ©parĂ©  se  dĂ©compose  Ă   la  distillation  mĂȘme  sous  un  vide  de  a"";  celui  qu'ils  ont 
obtenu  dans  l'action  de  l'hydroxylamine  sur  l'Ă©tlier  dĂ©soxalique  distille  Ă   96°  sous  5ℱ"" 
avec  une  légÚre  décomposition. 

»  Nous  préparons  ce  produit  parfaitement  pur  avec  des  rendements  d'environ 
85-90  pour  100  de  la  thĂ©orie  en  dissolvant  le- malonate  d'Ă©thyle  dans  iℱ°'  d'Ă©lhylate 
de  sodium  et  faisant  passer,  dans  la  solution  maintenue  vers  io''-'iΰ,  un  courant  de 
nitrite  de  méthyle.  La  solution  fortement  colorée  en  orangé  rouge  est  distillée  sous 
pression  réduite  pour  chasser  la  majeure  partie  de  l'alcool.  On  ajoute  ensuite  de  l'eau, 
puis  de  l'acide  chiorhydrique  qui  met  l'éther  nitrosomalonique  en  liberté;  aprÚs  avoir 
rassemblé  à  l'éther  et  lavé  à  l'eau,  on  distille  dans  le  vide. 

»  \^ isonitrosomalotiate  d'éthyle  constitue  un  liquide  incolore,  épais,  bouillant 
Ă   172°  sous  12ℱℱ  sans  dĂ©composition;  il  est  plus  lourd  que  l'eau  (D^'  ^  1  ,206)  dans 
laquelle  il  ne  se  dissout  pas;  il  est,  au  contraire,  miscible  avec  les  dissolvants  orga- 
niques. 

»  Si,  dans  la  prĂ©paration  d^  cet  Ă©ther,  on  abandonne  Ă   lui-mĂȘme  le  rĂ©sidu  de  la 
distillation  de  l'alcool,  il  s'y  dĂ©veloppe  des  cristaux  qui  peuvent  ĂȘtre  sĂ©parĂ©s  par  esso- 
rage et  recristallisés  dans  l'alcool  absolu  bouillant.  Ils  se  déposent  sous  forme  de  fines 
aiguilles  blanches  qui  constituent  le  sel  acide  de  sodium  de  l'isonitrosomalonate 
d'Ă©thyle  : 

/      COOC=H-'  /      COOC^H' 

C<^  =AzOH        +C/    =AzONa      . 
\     COOC^H^         \     COOC-^Il' 

))  Ce  sel  se  dissocie  au  contact  de  l'eau  en  donnant  une  solution  jaune  du  sel  neutre 
et  un  précipité  huileux  de  nitrosé  qui  se  dissout  lorsqu'on  ajoute  un  alcali. 

»  Action  du  [jeroxyde  d'azote  sur  le  nitrosomalonate  d'Ă©thyle.  —  Nous  faisons 
barboter  des  vapeurs  de  peroxyde  d'azote  (obtenu  dans  l'action  du  sulfate  acide  de 
nitrosyle  sur  le  nitrate  de  sodium  fondu)  dans  l'isonitrosé  maintenu  à  0°.  Il  se  déclare 
une  réaction  assez  vive  accompagnée  d'un  dégagement  gazeux.  Quand  celui-ci  s'est 
arrĂȘtĂ©  et  que  le  liquide  contient  un  excĂšs  de  peroxyde  d'azote,  on  retire  le  ballon  de 
la  glace  en  surveillant  le  thermomÚtre,  et,  chaque  fois  que  la  température  atteint  3o°, 
on  refroidit  avec  de  l'eau.  Lorsque  la  température  est  devenue  constante,  on  soumet 
le  produit  à  la  distillation  fractionnée  dans  le  vide.  On  constate  la  premiÚre  fois  une 
légÚre  décomposition  qui  ne  se  reproduit  [ilus;  on  obtient  deux  fractions  principales 
bouillant,  sous  12"""  à  iS"",  à  95°-iio"  et  à  iio°-i3o''. 

»  La  premiÚre  est  d'un  vert  clair,  s'échaulFe  fortement  au  contact  de  l'eau  qtii  la 
décolore  aussitÎt  et  dans  laquelle  elle  se  dissout  trÚs  aisément.  Refroidie,  elle  dépose 
une  abondante  cristallisation  d'hydrate  de  mésoxalate  d'éthyle 

/COOC°-IF 

c/°" 

^\0H 
\C00C^H= 


igS  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

qui,  reciistallisé  dans  un  mélange  d'éther  et  d'éther  de  pétrole,  forme  de  gros  prismes 
incolores  fondant  à  57°  et  identiquesà  ceux  décrits  par  AnsclUUz  elParlalo  [D.  ch.  G.. 
t.  XXV,  p.  36i5). 

i<  Quant  au  produit  bouillant  à  i  io°-i3o°,  nous  avons  constaté  qu'il  donne,  avec 
l'ammoniaque  alcoolique  et  avec  la  potasse,  des  sels  bien  cristallisés  que  nous  avons 
reconnus  identiques  à  ceux,  du  nitromalonate  d'élliyle.  En  décomposant  le  sel  ammo- 
niacal par  l'acide  chlorhydrique,  nous  avons  obtenu  du  nilromaloiiale  cVĂ©thyle  par- 
faitement pur,  bouillant  à  i33''-i35°,  sous  i4°"",  comme  celui  que  nous  avons  décrit 
il  V  a  déjà  quelque  temps  {Comptes  vendus,  t.  CXXXII,  p.  io5i). 

»  Le  peroxyde  d'azote  a  donc  agi,  dans  cette  réaction,  de  deux  maniÚres  différentes  : 
1°  à  la  maniÚre  de  l'acide  nitreux,  en  ti-ansformant  une  oxime  en  la  cétone  correspon- 
dante; 2°  en  cédant  au  produit  un  atome  d'oxygÚne. 

»  isonitrosomaloriaCe  de  inĂ©Lliyle.  —  Le  malonate  de  mĂ©tliyle  a  Ă©tĂ©  nitrosĂ©  de  la 
mĂȘme  maniĂšre  que  son  homologue  supĂ©rieur;  il  distille  dans  le  vide  Ă   i6S°  sous  16"" 
et  cristallise  par  refroidissement;  aprÚs  recrislallisation  dans  un  mélange  d'éther  et 
d'éther  de  pétrole,  il  constitue  de  magnifiques  aiguilles  blanches,  fondant  à  67°, 
solubles  dans  l'eau.  Cet  éther  a  déjà  été  obtenu  par  M.  Muller  {Ann.  de  Cliim. 
et  de  Phys.,  7=  série,  t.  I,  p.-  536)  en  traitant  l'isonitrosocyanacétate  de  méthyle  par 
l'alcool  méthylique  chlorhydrique. 

B  Si,  dans  la  préparation  que  nous  indiquons,  on  ajoute  à  la  solution  alcoolique 
alcaline  concentrée  son  volume  d'eau,  elle  s'échauffe  fortement  et  abandonne  des  cris- 
taux qui  se  déposent,  de  leur  solution  alcoolique  ou  aqueuse,  en  magnifiques  cristaux 
jaunes.  Ces  cristaux  constituent  le  sel  de  sodium 

\      COOCH' 

»  L'élhef  méthylique  est  donc  doué  de  propriétés  plus  acides  que  son  homologue 
supérieur,  car  il  donne  un  sel  neutre  stable. 

j)  Action  du  peroxyde  d'azote.  —  L'opĂ©ration  a  Ă©tĂ©  faite  comme  dans  le  cas  prĂ©- 
cédent, mais  elle  n'a  donné  qu'une  assez  faible  quantité  de  nitromalonate  de  méthyle 
dont  nous  avons  analysé  le  sel  ammoniacal  obtenu  trÚs  bien  cristallisé. 

»  Le  produit  principal  de  la  réaction  est  le  mélange  de  mésoxalate  de  méthyle  et 
de  son  hydrate;  ce  dernier,  aprÚs  une  recristallisation  dans  un  mélange  d'éther  et 
d'éther  de  pétrole,  forme  d'admirables  cristaux  tabulaires,  fondantà  81°,  trÚs  solubles 
dans  l'eau.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  V ammoniaque  sur  l'oxyde  d'Ă©thylĂšne  du 
<^-o-cyclohexanediol.  Noie  de  M.  LÉox  Brukel,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  Haller. 

((  J'ai  décrit,  dans  une  Note  précédente,  la  préparation  de  quelques 
dérivés  d'addition  de  l'oxyde  d'éthylÚne  du  p-o-cyclohexanediol.  L'étude 
des  composés  obtenus  par  action  de  AzH^  sur  cet  éther  fait  l'objet  de  la  pré- 
sente Communication. 


SÉANCE    DU    20   JUILLET    igoS.  ing 

»  Lorsqu'on  chauffe  en  vase  clos  l'oxyde  d'éthylÚne  C«H'".0  avec  un  grand  excÚs 
de  AzH'  dissous  dans  l'eau  ou  l'alcool,  il  se  forme  en  quantité  sensiJjlement  théorique 
un  orthoami nocyclohexanol  suivant  la  réaction 

C«H'».0  4-AzH'=;0H.C«H'»  — AzH^ 

»  En  réduisant  la  proportion  d'ammoniaque,  on  obtient  en  outre  2  di-oxycyclo- 
hcxylaininca  isomÚres,  Famine  primaire  formée  d'abord  réagissant  sur  l'excÚs  d'oxyde 
d'Ă©thylĂšne  : 

OH-C''H"'-AzH^+C«Hi».0=OH--GII"-AzIl  -QJ'W-QiW. 

n  11  semble  qu'en  poursuivant  la  réaction  on  doive  obtenir,  par  combinaison  de  cha- 
cune des  deux  aminés  secondaires  précédentes  à  l'oxyde  hydrÎaromatique,  des  aminés 
tertiaires  (OH —  C''Ii'»)';EEEAz.  Le  rĂ©sultat  est  nĂ©gatif.     "  . 

»  Vorthoaminocyclohexanol,  OH  —  C^H'"—  AzH^,  est  une  masse  cristalline  inco- 
lore, à  odeur  faible  de  pipéridine,  inaltérable  à  la  lumiÚre,  soluble  dans  l'eau  et  la 
plupart  des  solvants  organiques.  Il  fond  à  66°,  bout  à  219°  sans  altération,  est  trÚs 
hygroscopique  et  fixe  avec  avidité  C0-. 

»  Le  chlorhydrate  cristallise  en  aiguilles  fusibles  à  175°.  L'azotate  fond  à  £44". 

»  Les  di-oxycyclohexylamines,  OH  —  C^H'»^  AzH  —  G=H"'—  OH  prennent  nais- 
sance quand  on  chauffe  en  tubes  scellés  i'"'  d'o\yde  d'éthylÚne  et  2"i  de  solution 
alcoolique  de  AzH^  AprĂšs  refroidissement,  les  tubes  sont  garnis  d'une  abondante 
cristallisation  d'écailles  nacrées,  constituant  la  premiÚre  aminé  que  je  désignerai  pro- 
visoirement sous  le  nom  de  '^^-di-oxycyclohexylamine;  la  deuxiÚme  aminé  ou  fi,-^/- 
oxycyclohexylamine  se  trouve  dans  l'eau  mĂšre  alcoolique.  On  essore  les  cristaux  et 
l'on  fait  recristalliser  de  l'alcool  bouillant.  La  Pi-amine  est  isolée  par  évaporation  de 
l'eau  mÚre  et  traitement  du  résidu  par  la  benzine  bouillante  qui  abandonne  la  pj-amine 
par  refroidissement. 

»  La  '^i-di-oxycy clohexy lamine  CTiilSiWiiQ  en  paillettes  incolores,  fusibles  à  i5.3", 
peu  solubles  dans  l'eau  et  l'alcool.  Le  chlorhydrate  fond  en  se  décomposant  à  266".  La 
nitrosamine  (HO  -  C«H'»)'-=  Az  —  AzO  cristallise  en  prismes  jaunĂątres  fusibles 
à  i48°. 

»  La  '^i-di-oxycyclohexylamine  cristallise  en  petites  aiguilles  incolores,  inodores, 
lusibles  à  u4".  Le  chlorhydrate  fond  à  193°.  La  nUrommiiie  cristallise  en  petits 
prismes  jaunùtres  fusibles  à  171°.   « 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Recherches  sur  la  niUrilwn  des  plantes  Ă©tiolĂ©es. 

Note  de  M.  G.  Asdhé. 

«   Mes   essais   faisant  suite  à  ceux    que  j'ai  jjubliés   {Comptes  rendus, 
t.  CXXXVI,  p.  i4oi  et  1571)  ont  été  disposés  de  la  façon  suivante  , 

1)  Des  Haricots  d'Espagne,  semés  le  12  juin  1902  dans  de  grands  pots  pleins  de  terre 
végétale,  à  l'obscurité,  ont  été  récoltés,  dans  une  premiÚre  série,  le  i^'  juillet.  L'ant- 


200  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

lyse  a  porlé  sur  les  cotylédons  d'une  part  et  sur  les  planlules  d'autre  part.  Daus  une 
deuxiÚme  série,  les  plantes,  étiolées  du  12  juin  au  i"''  juillet,  ont  été  privées  de  leurs 
cotylédons  à  cette  derniÚre  date,  puis  abandonnées  ainsi  jusqu'au  17  juillet,  époque 
oĂč  on  les  a  retirĂ©es  du  sol  et  analysĂ©es.  Enfin,  dans  une  troisiĂšme  sĂ©rie,  l'Ă©tiolement  a 
été  poursuivi  du  12  juin  au  17  juillet,  époque  à  laquelle  a  été  effectuée  l'analyse  sé- 
parée des  cotylédons  et  des  plantules.  Voici  le  Tableau  des  expériences  : 

PremiÚre  série.  DeuxiÚme  série.  TroisiÚme  série. 

Étiolemcnt  Plantes  privĂ©es  Eliuliinenl 

du  de  du 

12  juin  au  i"  juillet.     leurs  cotylédons     12  juin  au    i-j  juillet. 

r.iaines.  Cotylédons.     Plantes,     i"' au  17  juillet.     Cotylédons.     Plantes. 

1.  CE  S  ?  S 

Poids  de  100  unités  humides.  160,06  820,11  5i2,02  491^80  179,88  895,68 

Poids  de  100  unités  sÚches...  i4i;46  73,45  3.5,59  27,71  26,98  62,72 

Poids  des  cendres  totales ..  .  5,918  4.48o  4,587  4,545  8,129  6,600 
100    unités    sÚches,    cendres 

déduites i85,547  68,97  3i,oo3  28,443  28,801  46,120 

Azote  total 5,284  2,592  2,800  2,070  0,988  3,727 

Asparagine «  ',189  2,477  3,835  0,702  7 1/07 

Hydrates  de  carbone  solubles 
dans  l'eau  (calculés  en  glu- 
cose)   10,453  4,228  0,904  0,068  0,191  0,079 

»  I.  L'examen  des  chiffres  consignés  dans  ce  Tableau  montre  que  l'ensemble  de 
100  unités  sÚches  de  la  premiÚre  série  pÚse,  cendres  déduites, 

68?,970  -i-3is,oo3  =998,973, 

alors  que  100  graines  sÚches,  cendres  déduites,  pÚsent  i358,547.  Il  y  a  donc  eu  une 
perte  de  35s, 574  de  matiÚre  organique  pendant  18  jours  de  végétation  à  l'obscurité, 
soit  26,2  pour  100.  Les  plantules  ont  élaboré  3is,oo8  de  matiÚre  organique  aux  dépens 
seuls  de  leurs  cotylédons,  c'est-à-dire  des  graines  initiales.  L'ensemble  de  100  unités 
sÚches  de  la  troisiÚme  série  pÚse,  cendres  déduites,  695,92 1 .  Ce  chiffre,  comparé  au  poids 
des  graines  initiales,  accuse  une  perte  de  65s, 626  de  matiĂšre  organique,  soit  48,4 
pour  100.  Pendant  ce  temps,  les  plantules  ont  élaboré  46s, 120  de  matiÚre  organique 
aux  dépens  seuls  des  cotylédons.  Du  j"  au  17  juillet,  elles  n'ont  donc  augmenté  le 
poids  de  leur  matiùre  organique  que  de  46s,  1 20  —  3  iS,oo3  =  1 5s,  1 1 7. 

»  Les  cotylédons  des  plantes  de  la  premiÚre  série,  en  perdant  un  poids  de  matiÚre 
organique  de  i35s,  547  —  68s,  97  =  66s,  577,  ont  Ă©laborĂ©  3ib,oo3  de  plante,  soit  46 
pour  100  de  cette  perte.  Dans  la  troisiÚme  série,    les   cotylédons  ont  perdu 

i35s,  547  —  23s, 801  =  1 1  is,746 

«it  n'ont  p."oduit  que  46s, 120  de  plante,  soit  4i  ])Our  100  de  la  perte  de  poids. 
»   Entre  le  i"'"'  et  le  17  juillet,  la  perte  cotylédonnaire  s'est  élevée  à 

68s,  97  —  288,801  =:  45s,  169 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  rpoS.  20I 

et  le  gain  des  plantules  en  matiĂšre  organique  ne  s'est  accru  que  de 

465,120  —  3iK,oo3  =  i5s,i  ij, 

soit  33  pour  100  de  la  perte  de  poids  des  cotylédons.  L'examen  des  chiffres  fournis  par 
la  deuxiÚme  série  montre  que  les  plantes  qui  ont  végété  sans  cotviédons,  du  i'"'' 
au  17  juillet,  ne  pĂšsent  plus,  Ă   cette  derniĂšre  date,  ([ue  23s,  443,  soit  donc  une  perle 
de  3iB,  oo3  —  23s, 443  =  75,060  dans  l'espace  de  17  jours. 

»  IL  Les  cendres  totales  des  plantes  de  la  deuxiÚme  série  pÚsent  sensiblement  le 
mĂȘme  poids  que  celles  des  plantes  de  la  premiĂšre  (4s, 545  et  4^^,587)-  Or  si  les  plantes 
de  cette  premiÚre  série,  encore  munies  de  leurs  cotylédons,  n'ont  pas  pris  au  sol 
d'acide  phosphorique  et  ne  lui  ont  emprunté  que  de  trÚs  faibles  doses  de  potasse, 
elles  lui  ont,  au  contraire,  soustrait  d'assez  fortes  proportions  de  silice  et  de  chaux, 
ainsi  que  je  l'ai  de  nouveau  vérifié  (Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  1198). 

»  Les  plantes  étiolées  de  la  premiÚre  série  ont  emprunté  à  leurs  cotylédons  Sg  pour 
100  de  l'acide  phosphorique  que  ceux-ci  contenaient;  celles  de  la  troisiÚme  série,  dont 
l'étiolement  a  duré  17  jours  de  plus,  74  pour  100. 

»  IlL  La  somme  de  Vazote  total  des  cotylédons  et  des  plantes  (i"  et  3'^  séries)  est 
inférieure  de  ^  à  ^  à  celle  de  l'azote  des  graines  initiales.  Les  plantes  de  la  premiÚre 
série  renferment  44  pour  100  de  l'azote  de  la  graine  initiale  ;  celles  de  la  troisiÚme  série, 
71  pour  100.  La  transformation  de  l'azote  protéique  en  asparagine  se  poursuit,  aussi 
bien  chez  les  plantes  de  la  troisiÚme  série  pourvues  de  leurs  cotylédons  et  pour  les- 
quelles la  dose  de  cet  amide  est  le  double  de  ce  qu'elle  Ă©tait  chez  les  plantes  de  la 
premiÚre  série  (6,96  pour  100  de  la  matiÚre  sÚche  dans  ce  dernier  cas  et  i4,6  dans  le 
premier),  que  chez  les  plantes  dépourvues  de  leurs  cotylédons  (i3,84  pour  100  de  la 
matiÚre  sÚche).  C'est  là  un  fait  digne  de  remarque.  L'azote  de  cette  asparagine  repré- 
sente environ  22  pour  100  de  l'azote  total  dans  les  plantes  de  la  premiÚre  série, 
43  dans  celles  de  la  troisiÚme,  38  dans  les  plantes  étiolées  dépourvues  de  leurs  coty- 
lédons. 

»  Les  hydrates  de  carbone  solubles  dans  l'eau,  à  mesure  que  progresse  l'étiole- 
ment, disparaissent  des  cotylédons.  Ceux-ci  en  contiennent  5,75  pour  100  de  la  ma- 
tiĂšre sĂšche  (i''"  sĂ©rie)  et  seulement  0,71  (3"=  sĂ©rie).  La  mĂȘme  chose  a  lieu  chez  les 
plantes  :  celles  de  la  premiÚre  série  en  contiennent  2,57,  celles  de  la  troisiÚme  o,i5. 
Les  plantes  dépourvues  de  cotylédons  n'en  renferment  que  o,23. 

»  Les  cotylédons  des  plantes  de  la  troisiÚme  série  ont  transformé  leurs  hydrates  de 
carbone  solubles  dans  l'eau  et  une  grande  partie  des  hydrates  de  carbone  sacchari- 
fiables  par  les  acides  Ă©tendus  en  cellulose,  puis  en  vasculose.  La  cellulose,  qui  n'entre 
que  pour  10, 54  pour  100  de  la  matiÚre  sÚche  dans  les  cotylédons  delà  premiÚre  série, 
figure  pour  i5,85  dans  ceux  de  la  troisiÚme  :  la  vasculose  représentant  respective- 
ment 4>53  dans  le  premier  cas  et  7,81  dans  le  second. 

»  Les  plantes  attenant  encore  à  leurs  cotylédons  et  celles  qui  en  sont  dépourvues  se 
comportent  Ă   ce  dernier  Ă©gard  comme  les  cotylĂ©dons  eux-mĂȘmes.  Chez  ces  derniĂšres 
plantes,  la  proportion  centésimale  des  hydrates  de  carbone  saccharifiables,  de  la  cel- 
lulose et  de  la  vasculose  est  sensiblement  la  mĂȘme  que  chez  les  plantes  pour  lesquelles 
les  cotylédons  ont  été  maintenus  jusqu'à  la  fin  de  l'expérience  (17  juillet)  :  soit,  pour 
C.  K.,  I9u3,  -i'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  3.)  27 


202  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

les  hydrates   de  carbone   saccharifiables,    t?. ,06  et    11,10;  pour  la  cellulose,    2^,47 
et  23,38;  pour  la  vasculose,  5,58  et  5,96  pour  100  de  la  matiĂšre  sĂšche. 

»  L'ensetTtble  des  résultats  que  je  viens  d'exposer  montre  par  quel  mé- 
canisme la  planttile  étiolée  se  nourrit  aux  dépens  de  ses  cotylédons  et 
quels  sont  les  emprunts  successifs  qu'elle  leur  fait  soit  en  matiĂšres  orga- 
niques, soit  en  matiÚres  minérales.    » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  matiĂšre  phnspho-organique  de  rĂ©serve  des 
plantes  à  chlorophylle.  Procédé  de  préparation.  Note  de  M.  S.  Postek.vak, 
présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  J'ai  décrit,  il  y  a  3  ans  (*),  un  principe  immédiat  nouveau  que  j'avais 
isolé  des  graines  de  sapin  l^^g^  ^t  retrouvé  plus  tard  dans  toutes  les 
graines  étudiées  par  moi  (courge,  pois,  lentille,  lupin  blanc  et  jaune  ), 
ainsi  que  dans  la  pomme  de  terre.  Il  s'agissait  d'un  acide  phospho-orga- 
nique,  entrevu  déjà  en  1872  par  Pfeffer,  comme  faisant  partie  des  globoïdes 
inclus  dans  les  grains  d'aleurone,  et  que  Palladine,  Schnlze  et  Winterstein 
ont  signalé  plus  récemment  dans  les  graines  de  moutarde  noire.  L'analyse 
des  mélanges  de  sels  baryiiques  et  calciqties  de  cet  acide  m'a  conduit  à  la 
formule  trĂšs  simple  CH^PO',  qui  diffĂšre  de  celle  de  l'acide  phosphortqiie 
par  les  éléments  de  Y  aldéhyde  formiqite. 

»  Cette  constatation,  jointe  aux  observations  bien  connues  de  Scliimper 
sur  l'influence  de  la  lumiĂšre  et  de  la  chloropbylle  sur  l'assimilation  des 
phosphates  minéraux,  m'a  paru  démontrer  que  ces  derniers  sels  subissent, 
dans  les  feuilles,  au  cours  de  l'assimilation  chlorophylienne,  une  transfor- 
mation indépendante  en  molécules  orgardques  sans  participer,  a  ce  moment, 
à  la  synthÚse  des  albuminoïdes  qui  s'v  opÚre.  Il  semblait  découler,  en 
outre,  de  la  composition  chimique  tle  la  matiĂšre  en  question,  une  confir- 
mation directe  de  l'hvpothÚse  de  Baeyer  sur  le  rÎle  de  la  formaldéhyde 
comme  stade  intermédiaire  de  la  réduction  du  gaz  carbonique  dans  l'appa- 
reil chlorophyllien. 

»  Ma  premiÚre  publication  n'était  pas  de  nature  à  mettre  entiÚrement 
hors  de  doute  des  notions  d'une  telle  importance  pour  la  physiologie  végé- 
tale. Aussi,  ai-je  poursuivi  ces  recherches,  tant  au  point  de  vue  de  la  mé- 

(')  Revue  générale  de  Botanique,  t.  Xli,  1900,  p.  5. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    1903.  2o3 

ihode  de  prépiiralion  de  la  matiÚre  phospho-organique  qu'au  point  de  vue 
de  sa  composition  et  de  sa  constitution  chimiques. 

»  ProcĂ©dĂ©  de  prĂ©paration.  —  11  s'applique  surtoul  aux  graines  olĂ©agineuses.  Ces 
graines,  débarrassées  de  leur  huile  el  finement  pulvérisées,  sont  soumises  à  l'extrac- 
tion répétée  à  l'acide  chlorh^drique  trÚs  dilué.  Aux  extraits  acides  réunis,  presque 
complÚtement  exempts  d'albumiiioïdes,  on  ajoute  de  l'acétate  de  soude  en  quantité 
suffisante  pour  remplacer  l'acide  minéral  libre  par  l'acide  acétique,  puis  de  l'acétate 
de  cuivre  jusqu'à  ce  que  le  liquide  ne  précipite  plus  par  un  excÚs  de  ce  dernier  sel. 
Le  précipité  bleu  vert,  formé  dans  ces  conditions,  est  essoré  à  la  trompe,  lavé  et 
soumis  à  l'action  de  l'acide  sulfhjdrique.  On  sépare  le  sulfure  de  cuivre  par  filtralion, 
on  évapore  dans  le  vide  le  liquide  filtré  jusqu'à  consistance  sirupeuse  el  l'on  dessÚche 
et  pulvérise  finalement  le  résidu  aprÚs  un  traitement  [)réalable  à  l'alcool. 

I)  J'ai  obtenu  ainsi  des  graines  de  sapin  rouge,  de  cliÚnevis,  de  colza,  de  sésame  et 
de  tournesol,  de  i  ,5  Ă   2,2  pour  100  de  leur  poitls  d'une  poudre  blanche,  parfaitement 
soluble  dans  l'eau,  exempte  d'azote  el  de  phosphates  inorganiques  e.\.conlenanl  prĂšsde 
22  pour  100  de  phosphore.  Celle  poudre  est  un  mélange  de  sels  acides  de  magnésie  el 
de  chaux  (avec  un  peu  de  fer  et  de  manganĂšse)  de  l'acide  phospho-organique  en 
question. 

»  Voici  quelques  chiflfres  recueillis  dans  des  essais  quantitatifs;  ils  nionlrenl  la 
richesse  des  graines  en  acide  phospho-organique.  H  a  été  trouvé  : 

V.  (ic  l'acidf 

Phosphore       phospho-organique  V.  de  l'aciJe 

total  isolé  isolé 

pour  100  pour  100  en  pour  100 

Semonces.  de  semence.  de  semence.  du  P.  total. 

Sapin  rouge 0,606  0,600  gij'ĂźiG 

ChÚnevis  décortiqué i,l|6o  i,33o  9') 44 

Tournesol  décortiqué o,83o  0,720  86,26 

»  J'ai  indiqué,  dans  le  travail  cilé  plus  haut,  quelques  raisons  plaidant  en  faveur 
de  la  localisation  de  la  matiÚre  phospho-organique  dans  les  grains  d'aieurone.  La  mé- 
thode précédemment  décrite,  appliquée  à  ces  formations  morphologiques  isolées  des 
graines,  a  fourni  des  résultats  qui  confirment  celle  maniÚre  de  voir. 


F.  de  l'acide 

Phosphore 

liliospho-organique 

P.  de  l'acide 

total 

isolé 

isolé 

pour  lou 

pour  100 

en  pour  100 

de  semence. 

de  semence. 

du  P.  total. 

2,67 

2,58 

96,8 

3,83 

3,61 

94.3 

2,78 

2,71 

97.5 

Grains  d'aieurone  de  : 

Sapin  rouge 2,67 

ChĂšnevis 

Tournesol 

»  Pour  isoler  la  madÚre  phospho-organique  des  graines  de  céréales  et_de  légumi- 
neuses, il  est  plus  avantageux  de  faire  l'extraction  avec  de  l'eau  distillée.  Les  exlrails 
aqueux  sont  alcalinisés  fortement  avec  la  soude,  puis  précipités  par  un  léger  excÚs  de 


2o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

chlorure  de  calcium.  On  filtre  et  lave  le  précipité,  on  le  dissout  dans  l'acide  chlorhy- 

drique  dilué  et  l'on  procÚde  ensuite,  avec  la  solution  qui  en  résulte,  comme  il  a  été 

indiqué  plus  haut  pour  l'extrait  acide  des  graines. 

»  J'ai  pu  isoler  de  celle  façon  la  matiÚre  phospho-organique  des  farines  de  froment, 

de  maĂŻs,  de  pois,  de  lentilles  et  de  haricots  blancs.  Voici  les  rendements  obtenus  pour 

ces  trois  derniĂšres  graines  : 

P.  de  l'acide 

l'iiospliciie     phospho-organique  P. de  l'acide 

total  isolé  isolé 

pour  100  pour  loo  enpourioo 

de  senienci..  de  semence.  du  P.  total. 

J'ois 0,067  0,260  70,8 

Lentilles 0,299  0,2^7  82,6 

Haricots  blancs o,5i2  o,4i8  81,6 

»  Grùce  à  celle  modification  du  procédé  initial,  il  m'a  été  possible  de  préparer  la 
matiĂšre  phospho-organique  du  suc  des  tubercules  de  dahlia,  des  hulhes,  d'Ain  uni  cepa 
et  des  carottes.  Toutes  ces  préparations  furent  reconnues  identiques,  d'aprÚs  des  prin- 
cipes qui  seront  développés  ultérieurement. 

»  En  résumé,  il  a  été  facile  d'isoler,  de  toutes  les  graines  étudiées,  de 
70  à  90  pour  100  environ  de  leur  phosphore,  sous  forme  d'un  mélange 
des  sels  acides  d'un  acide  phospho-organique  trÚs  riche  en  ce  métalloïde. 
Le  mĂȘme  acide  se  trouve  dans  tous  les  tiirbercules,  bulbes  et  rhizomes 
examinĂ©s,  c'est-Ă -dire  dans  les  organes  oĂč  sont  emmagasinĂ©es  les  matiĂšres 
de  réserve;  dans  les  graines,  il  est  localisé  dans  les  grains  d'aleurone.  Ces 
formations  morphologiques  étant  d'origine  métaplasmique,  et  les  sub- 
stances qui  les  composent  jouant  le  rÎle  de  matiÚres  de  réserve,  il  n'est  pas 
douteux  que  le  mĂȘme  rĂŽle  appartient  Ă   l'acide  phospho-organique  dont  je 
viens  de  parler. 

»  Il  importe  de  rappeler,  en  terminant,  que  la  quantité  de  lécithine 
isolée  des  graines  par  différents  auteurs  (TÎpier,  Schulze  et  Steiger,  etc.) 
est  relativement  trÚs  faible  et  représente  de  i  à  7  pour  loo  du  phosphore 
total.  Au  point  de  vue  de  la  nutrition  phosphorée  de  l'embryon  végétal, 
la  lécithine  n'occupe,  par  conséquent,'  qu'une  place  tout  à  fait  secon- 
daire.   » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  des  racines  dressĂ©es  de  bas  en  haut,  obtenues 
expĂ©rimentalement .  Note  de  M.  H.  KicÔme,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

«   La  racine  principale  de  la  plupart  des  végétaux,  celle  de  la  FÚve  no- 
tamment, se  dirige  verticalement  de  haut  en  bas.  J'ai  réussi  à  obtenir  des 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    tQoS.  2o5 

racines  de  FÚve  dressées  vers  le  haut,  au  moyen  d'un  artifice  d'expérience 
a  1  aide  du  pendule.  ' 

»  Supposons  qu'une  racine,  préalablement  orientée  de  bas  en  haut,  soit  placée  dans 
cette  posUion  au  bout  d'un  fil  Ă   plomb  oscillant.  A  chaque  oscUlation,  la  racine  est 
solhcuee  par  la  pesanteur  du  cÎté  gauche,  par  exemple,  dans  la  premiÚre  moitié  de  la 
course  du  pendule,  du  cÎté  droit  dans  la  seconde  moitié,  de  sorte  qu'en  définitive  les 
deux  actions  contraires  se  contre-balançant,  la  racine  continue  à  pousser  en  ligne  droite 
et  vers  le  haut,  suivant  la  direction  du  fil.  De  cette  façon,  l'équilibre  ne  serait  réalisé  que 
dans  un  plan  ;  ,1  est  nĂ©cessaire,  pour  empĂȘcher  l'incurvation  de  la  racine,  qu'il  le  soit 
dans  tous  les  plans.  On  obtient  facilement  ce  résultat  en  faisant  décrire  au  pendule 
une  elhpse  et  en  hu  imprimant  un  léger  mouvement  de  rotation,  à  l'aide  d'une  torsion 
du  lit  de  suspension. 

..  Ce  dispositif  ne  réalise  pas,  il  est  vrai,  un  équilibre  stable,  à  cause  des  inégalités 
de  la  croissance  sur  les  diverses  faces  de  l'organe.  Lorsque  cette  inégalité  provoque  un 
déplacement  de  la  racine,  le  mouvement  pendulaire  ne  peut  la  ramener  dans  la  posi- 
tion primitive.  Pratiquement,  cependant,  on  obtient  ainsi  une  forte  proportion  de  ra 
cines  dressées  (environ  les  trois  quarts). 

..  Les  plantes  étaient  placées  dans  un  vase  et  orientées  de  façon  que  les  racines 
fussent  dirigées,  les  unes  vers  le  bas  dans  leur  position  normale,  les  autres  vers  le  haut 
en  position  renversée^Le  vase  était  attaché  au  bout  d'un  fil  suspendu  au  plafond  de  la 
salle  d  expériences.  Divers  milieux  ont  été  employés  :  terre  de  bruyÚre,  sable  fin, 
gélose  Ils  présentent  tous  quelque  inconvénient.  Celui  qui  a  donné  les  meilleurs  résul- 
tats, bien  que  de  prime  abord  il  paraisse  bien  hétérogÚne,  est  la  sciure  de  bois  humide 
sans  excĂšs  d  eau.  ' 

»   On  obtient  de  celte  façon  des  racines  qui,  dans  le  cas  le  plus  favorable 
se  sont  allongées  de   i8-  en  24  heures,  tout  en  restant  dressées.  Les 
racines  dressées  sont  en  tout  point  comparables  aux  racines  normales. 

»  Il  était  intéressant  de  se  demander  comment  s'effectue  la  croissance 
dans  des  organes  dont  la  position  est  inverse  de  la  position  normale  par 
rapport  a  la  direction  de  la  pesanteur.  Il  résulte  d'une  vingtaine  d'expé- 
riences qu'aucune  modification  ne  se  produit  dans  l'accroissement  longitu- 
dinal.  ° 

..Il  n'est  pas  rare  d'obtenir  cÎte  à  cÎte  des  racines  dressées  et  des  racines  pendantes 
parfaitement  superposables,  au  bout  de  24  heures  d'expérience.  Dans  l'un  et  l'autre 
cas,  la  croissance  suit  la  mĂȘme  marche.  Les  traits  marquĂ©s  Ă   l'encre  de  Chine  de  mil- 
limÚtre en  millimÚtre  se  correspondent  à  peu  prÚs  rigoureusement  à  la  fin  de  l'expé- 
rience. La  croissance  s'effectue  normalement.  Elle  est  maximum  dans  le  troisiĂšme 
mulimetre  a  partir  de  l'extrémité,  décroßt  de  part  et  d'autre  de  cette  région,  devient 
trĂšs  faible  a  partir  du  septiĂšme  millimĂštre.  Enfin  aucun  allongement  ne  se  produit  Ă  
partir  du  onziÚme  millimÚtre.  Les  racines  soumises  à  l'expérience  avaient  une  longueur 
totale  vanaut  de  loℱ  à  25"^". 


2o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Par  coDtre,  les  différences  d'humidité  el  d'aéralion  du  milieu  d'inclusion  jjro- 
voquent  des  modifications  considérables  de  la  croissance.  Mais  ces  modifications  sont 
les  mĂȘmes  dans  les  deux  catĂ©gories  de  racines. 

»  En  résumé,  il  est  possible  de  faire  croßtre  des  racines  en  sens  inverse 
(le  leur  direction  normale,  c'est-Ă -dire  de  bas  en  haut.  On  ne  constate 
aucune  différence  d'accroissement  longitudinal  entre  les  racines  dressées 
el  les  racines  normales  pendantes,  bien  que  la  pesanteur  soit  dirigée  vers 
la  base  de  l'organe  dans  le  premier  cas,  vers  le  sommet  dans  le  second.  La 
pesanteur  n'a  donc  ni  action  accélératrice,  ni  action  retardatrice  sur  la  crois- 
sance en  longueur  des  racines.   » 


BOTANIQUE.  —  Une  PassiJIorĂ©e  Ă   rĂ©sine.  Note  de  M.  Henri  Jumelle, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Cette  Passiflorée,  appelée  ola-boay  par  les  Sakalaves  dans  le  Boina, 
est  \ Ophiocaulon  Firingalavense  D.  d.  C. 

»  Sans  vouloir  trop  empiéter  sur  la  description  que  donnera  sans  doute 
prochainement  de  cette  nouvelle  espĂšce  M.  Drake  del  Castillo,  disons  que 
c'est  une  liane  Ă   tige  glabre,  munie  de  vrilles  simples,  avec  des  feuilles 
longuement  pétiolées,  cordées  à  la  base,  trilobées,  le  lobe  médian  étant 
plus  grand  que  les  deux  latéraux.  Les  fleurs  mùles,  disposées  en  grappes, 
sont  à  lobes  calicinaux  linéaires  aigus,  plus  longs  que  les  pétales,  qui  sont 
blancs.  Les  fleurs  femelles  et  les  fruits  sont  inconnus. 

»  Une  des  principales  particularités  de  la  plante  est  le  volumineux  renflement,  en 
forme  de  pain  de  sucre,  que  présente  la  partie  inférieure  de  son  tronc.  La  tige  peut 
ainsi  Ă   sa  base  atteindre  So'^"  de  diamĂštre,  et  davantage,  et  n'en  plus  avoir  que  5 
Ă   iℱ,5oplus  haut.  «  De  plus,  nous  dit  notre  correspondant,  M.  Perrier  de  la  Balliie, 
»   l'Ă©corce  est  recouverte  d'un  enduit  de  cire  verte  qui  peut  avoir  !■='"  d'Ă©paisseur.   » 

»  Ce  dernier  caractÚre  n'est,  d'ailleurs,  qu'un  point  de  contact  de  plus  entre  notre 
Ophiocaulon  de  Madagascar  et  les  trois  espÚces  déjà  connues,  et  qui  sont  VOphio- 
caulon  cissampeloĂŻdes  Hook.  f.,  de  Feruando-Po,  du  Gabon  et  de  l'Angola,  VOphio- 
caulon  cynanchifoliuni  Mast.,  des  mĂȘmes  rĂ©gions,  el  V Ophiocaulon  gunimiferuni 
Mast.,  du  Zanguebar. 

»  Pour  tout  le  genre,  en  effet,  il  est  dit,  par  exemple,  dans  le  PflanzenfamUien 
d'Engler,  que  la  tige  est  «  recouverte  d'une  couche  cireuse  blanchùtre  ». 

»  Et  l'on  remarquera  que  c'est  toujours  le  mĂȘme  qualificatif  de  «  cire  »  qu'on  re- 
trouve dans  toutes  ces  descriptions.  Or  ce  ne  peut  ĂȘtre  que  la  localisation  superficielle 
du  produit  sécrété  qui  a  amené  à  employer  ce  terme;  car,  si  nous  en  jugeons  par 
l'échantillon  de  substance  que  nous  avons  reçu,  c'est  plutÎt  le  nom  de  résine  que 
celui  de  cire  qui  convient,  du  moins  potxv  V Ophiocaulon  l'iringalavense. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    190,3.  207 

»  La  substance  qui  nous  est  parvenue  a  été  recueillie  par  notre  correspondant  lui- 
mĂȘme,  qui  a  frappĂ©  et  raclĂ©  l'Ă©corce  de  la  base  du  tronc,  puis  a  mis  le  tout  dans  un 
linge  et  l'a  fondu  dans  leau  bouillante. 

»  Il  nous  a  ainsi  envoyé  un  petit  bloc  ovoïde  d'une  matiÚre  vert  brunùtre  et  terne 
extérieurement,  brillante,  au  contraire,  sur  la  coupe,  qui  rappelle  assez  bien  celle 
d'un  fragment  de  résine  de  Gardcnia  de  7sou\el\e-V.a\é(\on\e.  L'ensemble  paraßt  comme 
formé  de  nombreuses  larmes  brillantes,  incluses  dans  une  petite  quantité  de  poussiÚre 
vert  pĂąle  qui  dessine  des  veines  sur  les  cassures. 

»  C'est  donc  déjà  là  l'aspect  d'une  résine  plus  que  d'une  cire.  Et,  d'autre  part,  le 
produit  se  comporte  à  l'égard  des  dissolvants  comme  une  résine. 

»  Etant  trÚs  friable,  il  est  facilement  pulvérisé;  et  la  poudre  se  dissout  dans  les 
proportions  suivantes  :  gi  pour  100  dans  le  chloroforme,  83  pour  100  dans  le  sulfure 
de  carbone,  l'Ă©ther  sulfurique  et  la  benzine,  Si  pour  100  dans  l'alcool  froid  et  le 
toluÚne,  78  pour  100  dans  l'acétone. 

»  Dans  tous  les  cas,  ces  dissolutions  ont,  aprÚs  évaporation,  laissé  au  fond  des 
cristallisoirs  une  couciie  d'une  matiĂšre  amorphe,  comme  celle  qu'on  obtient  lorsqu'on 
prĂ©pare  par  les  mĂȘmes  procĂ©dĂ©s  la  rĂ©sine  de  GardĂ©nia. 

»  On  sait,  par  contre,  que  les  cires  animales  ou  végétales,  trÚs  solubles  dans  le 
chloroforme,  l'Ă©ther  ou  la  benzine,  le  sont  trĂšs  peu  dans  l'alcool  froid. 

»  Mais  que  penser,  dÚs  lors,  de  la  localisation,  en  apparence  extérieure,  de  la  sub- 
stance dans  la  plante?  Pour  s'en  rendre  compte,  il  eût  été  désirable,  évidemment,  de 
pouvoir  examiner  un  fragment  de  la  base  du  tronc,  dans  la  partie  Ă©paissie  oĂč  le  pro- 
duit est  recueilli.  Malheureusement,  ne  possédant  pas  un  tel  échantillon,  nous  avons 
dĂ»  nous  contenter  de  l'Ă©tude  d'un  petit  fragment  de  rameau  que  nous  a  obligeamment 
communiqué  M.  Drake  del  Castillo. 

»  Sur  la  section  transversale  de  cette  branche,  de  2"""  environ  de  diamÚtre,  liber 
et  bois  forment  un  anneau,  en  dehors  duquel  le  péricycle  présente  une  rangée  de 
faisceaux  fibreux  liien  séparés.  Mais  ce  qui  frappe  tout  de  suite  est  la  présence  de 
nombreuses  cellules  résineuses,  qu'on  trouve  :  i"  dans  l'écorce,  princi|)alemenl  dans 
la  région  profonde;  2°  vers  la  périphérie  du  liber,  immédiatement  en  dedans  de  la 
couche  péricyclique;  3°  dans  la  zone  périmédullaire  sclérifiée  qui  borde  la  partie 
interne  de  l'anneau  ligneux;  4"  dans  la  moelle.  En  toutes  ces  régions,  ces  cellules 
sont  disposées  suivant  des  files  longitudinales,  particuliÚrement  nonjbreuses  dans 
l'Ă©corce  et  dans  la  moelle. 

»  La  feuille  possĂšde,  au  reste,  les  mĂȘmes  cellules  sĂ©crĂ©trices. 

»  Dans  le  pétiole,  dont  le  centre  est  occupé  par  un  groupe  circulaire  de  faisceaux 
libéro-lignenx,  se  touchant  presque  par  leurs  pointes,  les  plus  grandes  de  ces  cellules 
se  trouvent  dans  le  parenchyme,  surtout  au  voisinage  des  faisceaux  et  dans  leurs  inter- 
valles. Des  Ă©lĂ©ments  plus  petits  se  remarquent  toutefois  aussi  dans  le  liber,  et  mĂȘme 
quelques-uns,  quoique  plus  rares,  dans  le  bois. 

»  Dans  le  mésophylle  du  limbe,  les  cellules  analogues  occupent  les  deux  paren- 
chymes palissadique  et  lacuneux. 

»  Donc,  bien  qu'extérieure,  en  apparence,  à  la  base  du  tronc,  la  substance  est,  en 
réalité,  intracellulaire,  et  sa  localisation  est  comparable  à  celle  des  résines  de 
Gardénia. 


2oS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Toutefois,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  pour  ces  derniÚres,  il  n'y  aurait  pas  de 
sécrétion  résineuse  de  la  part  des  cellules  épidermiques  de  la  tige,  et  sur  le  renflement 
du  tronc,  ce  ne  serait  ainsi  qu'Ă   la  suite  de  l'exfoliation  des  assises  corticales  externes 
non  résinifÚres,  aprÚs  l'apparition  d'un  périderme  que  nous  n'avons  pu  voir  dans  le 
tout  petit  fragment  de  jeune  rameau  que  nous  avons  examiné,  que  les  éléments  rési- 
neux deviendraient  superficiels  et  formeraient  cette  épaisse  couche  périphérique. 

»  Et  notons  qu'on  s'expliquerait  assez  bien,  de  celte  maniÚre,  le  résidu  relativement 
fort  que  laisse,  mĂȘme  avec  le  chloroforme,  la  solution  de  notre  substance.  En  raclant 
l'écorce,  on  recueille  nécessairement  les  débris  cellulaires  qui  sont  mélangés  à  la 

résine. 

»  Quant  à  la  partie  (lo  pour  loo  environ)  soluble  dans  le  chloroforme,  mais  inso- 
luble dans  les  autres  liquides,  il  est  possible  qu'elle  corresponde  au  revĂȘtement  cireux 
de  l'Ă©piderme.  Lorsqu'on  reprend  par  l'alcool  la  portion  qui  s'est  dissoute  dans  le 
chloroforme,  il  reste  en  dépÎt,  au  fond  de  la  solution  alcoolique,  une  substance 
blanche,  un  peu  grasse  au  toucher. 

»  Mais,  en  tout  cas,  on  voit  qu'il  reste,  au  moins  sur  la  masse  totale,  83  pour  loo 
de  résine,  8  pour  loo  environ  représentant,  d'autre  part,  des  impuretés  constituées 
essentiellement  par  des  débris  végétaux. 

»  Telle  que  nous  l'avons  reçue,  cette  masse  avait  pour  densité  0,980  environ;  mais, 
aprÚs  qu'elle  a  été  refondue  et  pétrie,  la  densité  a  été  de  i,oi4  à  1,020. 

»  Dans  l'eau  chaude,  la  résine  commence  à  se  ramollir  vers  65°  et  est  complÚtement 
pùteuse  entre  85°  et  90°. 

»  Enfin,  d'aprÚs  les  dosages  qu'a  bien  voulu  faire,  sur  notre  demande,  M.  Duvillier, 
la  quantité  d'iode  fixé  par  100  parties  de  la  portion  soluble  dans  le  chloroforme  est 
de  34,7.  On  sait  encore  que,  d'aprĂšs  M.  Buisine,  le  litre  d'iode  est  ordinairement 
beaucoup  plus  faible  (6  à  11  pour  100)  pour  les  cires  animales  ou  végétales.  » 

ZOOLOGIE.  —  Contribution  à  Tel tide  de  l' JEpyornh  de  Madagascar. 
Note  de  M.  Guillaume  Grandidier,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  A  cûlé  de  la  faune  actuelle  de  Madagascar,  déjà  si  caractéristique  de 
ce  petit  continent  zoologique  qui  semble  ĂȘtre  restĂ©  le  tĂ©moin  unique  d'un 
ùge  géologique  disparu,  vivait  à  une  époque  encore  récente,  tout  un  autre 
groupe  d'animaux  dont  les  plus  remarquables  étaient  les  grands  lémuriens 
des  genres  Megaladapis  et  ArchƓolemur  et  les  Mpyornis.  Leur  exlinclion  ne 
remonte  pas  à  un  nombre  trÚs  considérable  de  siÚcles,  car  ils  ont  été  con- 
temporains de  l'homme  et  sur  beaucoup  de  leurs  vestiges  on  trouve  des 
traces  de  travail  humain. 

»  Le  premier  représentant  de  cette  faune  sub-fossile  a  été  signalé  à 
l'Académie  des  Sciences,  en  1 85 1 ,  par  Geoffroy  Saint-Hilaire,  qui  avait  reçu 
de  la  cîte  sud-ouest  de  Madagascar  des  Ɠufs  et  quelques  ossements.  Il  les 
avait  décrits  sous  le  nom  (WEpyornis  jnaximits. 


SÉANCE  DU  2()  JUILLI-T  1903.  209 

»   Pendanl  la  longue  période  qui  s'est  écoulée  (le  i85i   à  1893,  sauf  les 
travaux   de  MM.  Milne-Edwards  et  A.  Griindidier  ('),  aucun  document 


j-Epyornix  ingens,  (néduclion  au  ili\iÚme  environ.) 

important  n'a  été  publié  à   ce  sujet  et  l'étude  paléontologique  de  Mada- 

(')   Observations  sur    le    gisement  des   Ɠufs    d'JE^yorm%,    par    A.    Grandidier, 
C.  R.,  1903,  2>  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  3.)  28 


2IO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

gascar  n'a  été  reprise  que  dans  ces  derniÚres  années,  pendant  lesquelles 
plusieurs  voyageurs  ont  recueilli  des  collections  importantes  d'ossements 
fossiles. 

))  Le  but  de  la  présente  Note  est  de  montrer  la  reconstitution  ('  )  de 
la  partie  inférieure  du  squelette  du  plus  grand  des  .Epyornis  qui  est,  en 
mĂȘme  temps,  je  crois,  le  plus  grand  des  oiseaux  connus. 

»  J'ai  rapporté  ces  ossements,  dont  plusieurs  sont  nouveaux,  de  la 
cĂŽte  ouest  de  Madagascar,  des  environs  de  Belo,  oĂč  ils  Ă©taient  enfouis  dans 
les  dunes  de  sable  qui  bordent  la  mer. 

»  Ces  restes  qu'il  faut  attribuer,  momentanément  au  moins,  à  V.Epyornis 
ingens  (Milne-Edwards  et  Grandidier)  [car  peut-ĂȘtre  dans  l'avenir  faudra- 
t-ii  ramener  celte  espÚce  à  VjEpyornis  Titan  (Andrews)  décrit  quelques 
mois  avant  VjEp.  ingens^,  Ă©taient  mĂȘlĂ©s  Ă   de  nombreuses  coquilles  d'Ɠufs. 
Nous  avons  pu  nous  assurer  qu'elles  avaient  appartenu  Ă   des  Ɠufs  Ă©normes 
d'une  contenance  de  9'  Ă   10'  semblables  Ă   ceux  que  Geoffroy  Saint-Hdaire, 
dans  son  Mémoire  de  i85i,  avait  attribués  à  WEpyornis  maximus .  C'est  une 
erreur  qu'il  importe  de  signaler  et  de  réparer,  car  tout  semble  indiquer 
que  ces  Ɠufs  doivent  ĂȘtre  rapportes  Ă   l'espĂšce  qui  nous  occupe. 

»  La  partie  du  squelette  de  WEp.  ingens  tel  qu'il  vient  d'ĂȘtre  recons- 
tituĂ© peut  ĂȘtre  comparĂ©e  au  squelette  d'autres  groupes  d'oiseaux  et  aider 
ainsi  à  placer  la  famille  des  .Epyornis  dans  la  série  zoologique  ;  il  en  est  trois 
avec  lesquels  il  y  a  des  analogies  frappantes,  ce  sont  \ç,?,  Aptéryx,  les  Emeus 
delà  Nouvelle-Hollande  et  les  Linornis.  H  est  intéressant  de  remarquer  que 
tous  ces  animaux  appartiennent  à  la  faune  océanienne  avec  laquelle  la 
faune  malgache  a  déjà  des  liens  si  étroits.  N'y  aurait-il  pas  là  une  nouvelle 
jjreuve  Ă   apporter  de  l'existence  de  la  LĂ©murie? 

»  Les  principales  dimensions  sont  : 

»  Fémur  :  Longueur  totale,  o",/i4;  largeur  de  la  partie  supérieure  (y  compris  la 
tĂȘte  fĂ©morale),  o",i9;  de  la  partie  infĂ©rieure,  oℱ,2o;  circonfĂ©rence  au  point  le  plus 
Ă©troit  de  la  diaphvse,  o"',265. 


(Comptes  rendus  du  9  septembre  1867).  —  Sur  les  dĂ©coui'ertes  zoologĂčjues  faites  Ă  
Madagascar,  par  A.  Grandhher  (Note  de  M.  H.  Milne-Edwards  dans  les  Comptes 
rendus  du  14  dĂ©cembre  1 868  ).  —  Nouvelles  observations  sur  les  caractĂšres  zoologiques 
et  les  affinités  naturelles  de  l'Mpyovnis  de  Madagascar,  par  A.  Milne-Edwards  et 
A.  GrandidU'R.  {Annales  des  Sciences  naturelles,  Paris,  1869). 

(')  Cette  reconsliUilion  a  élé  faite  au  Muséum  d'Histoire  Naturelle  de  Paris,  sous 
la  direction  de  M.  Oustalel,  par  les  soins  de  M.  Terrier,  chef  du  Laboratoire  de  taxi- 
dermie. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    igoS.  211 

)i  Tibia:  Longueur  totale,  o"',78;  largeur  de  la  partie  supérieure,  o", 18;  delà 
partie  inférieure,  o'",i6;  circonférence  au  point  le  plus  étroit  de  la  diaphyse,  o^^ai  ; 
Ă©paisseur  antĂ©ro-postĂ©rieure  en  ce  mĂȘme  point,  o'",  o46  ;  Ă©paisseur  latĂ©rale  en  ce  mĂȘme 
point.  G", 08. 

»  MĂ©tatarsien  :  Longueur  totale,  o^j/ls",  largeur  de  la  partie  supĂ©rieure,  0ℱ,i7; 
de  la  partie  infĂ©rieure,  o"',i6;  Ă©paisseur  des  trociiiĂ©es  :  i''''  trochlĂ©e  externe,  0ℱ,O45; 
3"^  trochlĂ©e  mĂ©diane,  ©'".oĂŽ;  3"  trochlĂ©e  interne,  oℱ,o45.  » 


MINÉRALOGIE.  —  Les  enclaves  basiques  des  volcans  de  la  Martinique 
et  de  Saint-Vincent.  Note  de  M.  A.  Lacroix,  présentée  par  M.  de 
Lapparent. 

«  J'ai  signalĂ©  dĂ©jĂ   Ă   l'AcadĂ©mie  l'existence  d'enclaves  homƓogĂšnes  semi- 
cristallines  parmi  les  produits  rejetés  par  les  premiÚres  éruptions  de  la 
montagne  Pelée  (1902);  j'ai  recueilli  depuis  lors  un  grand  nombre  de  ma- 
tériaux nouveaux  permettant  de  compléter  cette  étude.  Ces  enclaves  sont 
essentiellement  constituées  par  des  plagioclases  basiques,  accompagnés 
d'hypersthÚne,  d'angite,  de  hornblende  et  de  titanomagnétite  :  elles  ont 
une  structure  diabasique  ou  une  structure  Ă   deux  temps  distincts  de  conso- 
lidation, dont  les  éléments,  toujours  de  grande  taille,  sont  accompagnés 
d'une  quantité  plus  ou  moins  grande  de  verre  incolore.  Ce  sont  de  véri- 
tables ségrégations,  plus  basiques  que  l'andésite,  formées  en  place  et  na- 
geant dans  le  magma  à  la  façon  déglaçons;  elles  rappellent  d'une  façon 
frappante  certaines  enclaves  des  andésites  à  hyperstbÚne  récentes,  des 
andésites  à  hornblende  anciennes  de  Santorin,  des  dacites  de  Milo,  etc. 

»  Je  les  ai  rencontrées  aussi  dans  les  andésites  anciennes  de  la  montagne 
Pelée,  constituant  le  morne  La  Croix  et  le  morne  qui  domine  vers  le  nord 
l'emplacement  de  l'ancien  lac  des  Palmistes;  leur  présence  dans  ces  laves 
complÚte  l'analogie  frappante  que  celles-ci  offrent  avec  l'andésite  de 
l'Ă©ruption  actuelle.  Je  signalerai  aussi  cotnme  fort  importante,  Ă   ce  point 
de  vue,  l'existence  d'enclaves  tout  Ă   fait  semblables,  mais  plus  cristal- 
lines encore,  dans  les  dacites  des  Pitons  du  Carbet,  minéralogiquement 
différentes  des  andésites  qui  nous  occupent,  mais  chimiquementanalogues. 

»  J'ai  observé  en  outre  (  particuliÚrement  ilans  les  projections  du  3o  août), 
une  autre  catégorie  d'enclaves,  holocristallines  et  grenues,  qui  constituent 
des  norites  passant  à  des  gabbros  et  à  des  tliorites;  ce  sont  de  véritables 
roches  de  profondeur,  en  relation  intime  avec  le  magma  andésitique,  mais 
elles  en  constituent  un  terme  Ă©volutif  beaucoup  plus  basique.  On  peut  y 


ai2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

reconnaĂźtre  la  forme  grenue  des  divers  Ivpes  de  labradorilesĂ   hypersthĂšne 
qui  sont  si  fréquents  parmi  les  laves  anciennes  de  l'ßle.  Ces  norites  présen- 
tent des  variétés  leucocrates  à  grands  éléments,  quelquefois  associées,  sous 
forme  de  traßnées  ou  de  véritables  fdons,  à  des  types  mésocrales,  d'ordinaire 
finement  grenus  et  trĂšs  amphiboliques.  A  l'inverse  des  enclaves  semicristal- 
lines,  celles  qui  sont  holocrisfallines  et  grenues  ont  dĂ»  former  des  masses 
importantes,  consolidées  en  profondeur;  elles  ont  été  arrachées  par  le 
magma  en  voie  d'ascension  et  ont  subi,  au  cours  du  réchauffement  qui  en 
est  résulté,  des  transformations  métamorphiques  souvent  intenses,  essen- 
tiellement caractérisées  par  la  fusion  de  l'amphibole  et  des  minéraux 
voisins  et  recristallisation  chondritique  d'augite,  d'hypersthĂšne,  d'olivine 
et  parfois  de  feldspath,  transformations  qui  ne  s'observent  jamais  dans  les 
enclaves  semicristallines  qui  n'ont  point  changé  de  milieu. 

»  El)  résumé,  réru|jtion  actuelle  de  la  Martinique  rapporte  toutes  les 
catĂ©gories  d'enclaves  homƓogĂšnes  dont  j'ai  cherchĂ©  depuis  de  longues 
années  à  suivre  la  production  dans  un  grand  nombre  de  centres  volca- 
niques; c'est-à-dire  —  des  enclaves  de  formation  trùs  profonde,  holocristal- 
lines  et  grenues,  ayant,  les  unes  sensiblement  la  mĂȘme  composition  chi- 
mique que  le  magma  englobant,  mais  avec,  souvent,  des  variations  de 
composition  minéralogique  (microtinites  à  cordiérilé)  ('),  les  autres  des  types 
plus  basiques,  permettant  de  suivre  les  phases  de  l'Ă©volution  successive  du 
magma  (^noriles  dĂ©crites  plus  haut),  et  enfin  —  des  enclaves  semi-cristallines 
qui  peuvent  ĂȘtre  considĂ©rĂ©es  comme  des  agrĂ©gats  de  phĂ©nocristaux  de  la 
roche  et  dont  la  production,  beaucoup  plus  récente,  se  continue  vraisem- 
blablement pendant  la  derniĂšre  phase  de  l'ascension  intratellurique  du 
magma. 

»  A  Saint-Vincent,  les  enclaves  homƓogĂšnes  (-)  sont  beaucoup  moins 
variées  comme  origine,  mais  infiniment  plus  abondantes  comme  nombre. 
Ce  volcan  peut  ĂȘtre  citĂ©  comme  l'un  de  ceux  dans  lesquels  la  quantitĂ©  de  ces 
produits  est  le  plus  considérable.  Ce  sont  des  enclaves  holocristallines  gre- 
nues, essentiellement  caractérisées  par  des  plagioclases  basiques  (allant 
jusqu'à  l'anorthite),  vitreux,  accompagnés  par  un  péridot  trÚs  ferrifÚre, 
par  de  la  hornblende,  de  l'augile  et  un  peu  de  titanomagnétite.  Certaines 
éruptions,  et  particuliÚrement  celle  d'octobre,  ont  rejeté  une  quantité 
considérable  de  morceaux   transparents  de   feldspaths,  provenant   de    la 

(')   Comptes  rendus  de  la  séance  précédente,  p.  i^ù- 

(-)  Ces  enclaves  sonl  aussi  abondantes  dans  les  tufs  anciens  de  la  SoufriĂšre  :  c'est 


SÉANCE  DU  2()  JUILLET  iqoS.  2l3 

démolition  de  ces  enclaves,  alors  que  dans  les  cendres  de  la  vallée  de  la 
Wallibu,  on  rencontre  des  blocs  de  ces  roches  pesant  jusqu'Ă   des  milliers  de 
kilogrammes.  On  y  dislingue  des  types  pétrographiques  variés,  suivant  que 
l'élément  ferromagnésien  associé  au  feldspath  est  du  péridot  ( troclolite),  de 
la  hornblende  (^dlorile)  ou  du  pyroxĂšne  et  de  l'olivine  {gabbro  Ă   olivine). 
Leur  structure  varie  de  la  pegmatoĂŻde  Ă   la  finement  grenue.  L'examen  des 
gros  blocs  montre  que  ces  types  n'ont  pas  d'indépendance  individuelle; 
ce  sont  des  faciĂšs  de  variation  d'un  mĂȘme  magma,  les  termes  les  plus  diffĂ©- 
rents s'associant  les  uns  aux  autres  sous  forme  de  traßnées,  de  lits  rubanés 
ou  entrelacés  de  pseudo-filons,  etc. 

»  Toutes  ces  roches  sont  nettement  plus  basiques  que  la  lave  actuelle  et 
mĂȘme  que  les  laves  anciennes  de  la  soufriĂšre  de  Sainl-Vincent,  qui  sont 
des  labradorites  Ă   hypersthĂšne,  augile  et  olivine;  l'hypersthĂšne  v  constitue 
une  raretĂ©.  L'Ă©volution  calcique  du  magma  est  Ă©vidente,  et  peut-ĂȘtre 
n'est-il  pas  mutile  Ă   cet  Ă©gard  de  faire  remarquer  que  les  mĂȘmes  tufs  de 
projection  renferment  avec  une  certaine  abondance  des  enclaves  Ă©nallo- 
gÚnes  provenant  à  l'évidence  du  métamorphisme  de  roches  sédimentaires 
calcaires  qui  n'affleurent  nulle  part  dans  le  voisinage.  La  cristallinilé  de 
quelques-unes  de  ces  enclaves  métamorphiques  n'est  pas  moins  grande  que 
celle  des  roches  similaires  de  la  Somma;  j'v  ai  observé  en  particulier  des 
roches  Ă   anorthite,  pyroxĂšne  et  woliastonite,  d'autres  Ă anorthite,  pyroxĂšne 
et  amphibole,  enfin  des  quartzites,  riches  en  anorthite  et  en  pyroxÚne.    » 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Contribution  Ă   l'Ă©tude  des  altĂ©rations 
congénitales  du  systÚme  nerveux  :  pathogénie  de  l'anencéphalie.  Note  de 
MM.  Ci-AUDE  VuRPAS  et  André  Léki,  présentée  par  M.  Bouchard. 

«  Les  diverses  opinions  sur  le  mécanisme  des  pseudencéphalies  et  des 
anencĂ©phalies  peuvent,  d'une  façon  gĂ©nĂ©rale,  ĂȘtre  groupĂ©es  sous  deux 
chefs  :  une  premiĂšre  conception  est  celle  de  l'hydropisie  embryonnaire 
(Marcot,  Morgagni,  Virchow);  plus  tard,  d'aprÚs  les  résultats  de  l'examen 
anatomique  du  névraxe  d'anencéphales,  celte  hydrocéphalie  a  été  consi- 
dérée, ainsi  d'ailleurs  que  la  plupart  des  malformations  observées  à  la 


l'une  d'elles  que  j'ai  décrite  en  i8g3  dans  mes  lïnclaves  des  roches  volcaniijaes  (476), 
d'aprÚs  un  échanlillon  que  m'avait  communiqué  M.  de  Lapparent,  auquel  il  avait  été 
donné  comme  provenant  de  ïriuidad. 


2l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

naissance,  comme  Ă©tant  de  nature  toxi-infectieuse  [Pierret  (*),  Ruffer  (-), 
Vaschide  et  Viirpas  (')].  La  seconde  opinion  est  celle  de  l'arrĂȘt  de  dĂ©ve- 
loppement, qu'il  soit  dĂ»  Ă   une  compression  de  la  tĂȘte  de  l'embryon  par  le 
capuchon  céphalique  de  l'amnios  [Dareste  (''),  Péris]  ou  qu'il  ait  pour 
origine  des  modifications  de  la  lame  médullaire,  provoquées  par  des  incur- 
vations exagérées  du  corps  de  l'embryon  pendant  les  premiers  stades  de 
la  vie  intra-utérine  (Lebedef). 

»  Dans  trois  cas  de  pseudencéplialie  qu'il  nous  a  été  donné  d'observer,  la  concep- 
tion de  l'tiydrocéptialie  infectieuse  intra-utérine  nous  a  paru  confirmée  à  la  fois  [jar 
l'histoire  pathologique  des  parents,  par  les  particularités  de  la  gestation,  par  l'état 
anatomique  des  organes,  aussi  bien  celui  du  systĂšme  nerveux  que  celui  des  autres 
viscĂšres. 

»  Dans  les  trois  cas  il  y  avait  eu  infection  de  la  mÚre  pendant  la  grossesse;  dans 
l'un,  congestion  pulmonaire  au  huitiÚme  mois  et  accouchement  prématuré  à  8  mois  |  ; 
dans  le  second,  syphilis  secondaire  en  pleine  Ă©volution;  dans  le  troisiĂšme,  signes 
d'infection  utérine  depuis  un  précédent  avorlement,  rÚgles  irréguliÚres,  douloureuses 
et  abondantes,  urines  albumineuses. 

»  Dans  deux  cas  oĂč  les  membranes  n'Ă©taient  pas  rompues  Ă   l'entrĂ©e  de  la  parturienle, 
on  a  pu  noter  un  hydramnios  abondant  (6'  J  dans  un  cas,  5'  dans  l'autre). 

»  L'examen  anatomique  nous  a  montré  une  rupture  nette  au  niveau,  soit  de  l'extré- 
mité cervicale  de  la  moelle,  soit  du  bulbe,  au-dessus  desquels  un  tissu  inllammatoire 
vasculo-conjonctif  occupait  la  place  du  cerveau;  dans  un  cas,  on  voyait  Ă   la  partie 
antérieure  de  cette  néoforniation  une  petite  zone  de  substance  nerveuse  cérébrale  trÚs 
nettement  séparée  des  centres  nerveux  sous-jacenls  ;  il  y  avait  ainsi  une  véritable 
solution  de  continuité  entre  les  parties  antérieures  du  cerveau  et  la  moelle,  à  l'endroit 
oĂč  avait  eu  lieu  sans  doute  l'Ă©clatement  du  cerveau. 

»  Nous  avons  enfin  noté  l'existence  d'une  méningite  trÚs  intense  tout  autour  du 
systĂšme  nerveux  central;  le  tissu  inllammatoire  entourait  les  nerfs  jusque  dans  leurs 
canaux  osseux  et  enveloppait  les  ganglions.  Dans  un  cas  mĂȘme,  outre  la  mĂ©ningite 
hĂ©morragique  formant  Ă   la  moelle  un  manchon  aussi  Ă©pais  que  la  moelle  elle-mĂȘme, 
il  y  avait  une  inflammation  trÚs  nette  de  toutes  les  séreuses  :  le  péritoine,  les  plÚvres, 
le  péricarde  trÚs  épaissis  contenaient  une  certaine  quantité  de  liquide,  leurs  faces 
pariétales  et  viscérales  étaient  recouvertes  de  granulations  brunùtres,  peu  adhérentes, 
rappelant  l'aspect  en  langue  de  chat.  Dans  uu  cas,  un  caillot  sanguin  occupait  tout  le 
bassinet  du  rein  droit. 

»   Les  divers  phénomÚnes  que  nous  avons  observés  dans  l'histoire  pathologique  de 


(')   PiKRRET,  Thùse  Jaboulay,  i886.  —Soc.  Anthropologie,  Lyon. 
(-)  RiiFFER,  ThĂšse  Unif.,  Oxford. 

(')  Vaschide  et  Vlrpas,  Essai  sur  In   psychoji/iysiologie  des  monstres  humains, 
p.  io8. 

(*)  Dareste,  Rechcrclics  sur  la  production  artificielle  des  monstruosités,  p.  384. 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  igoS.  2l5 

celle  monstruositĂ©  par  l'examen  soit  des  parents,  soit  des  fƓtus  ont  donc  Ă©tĂ©  les  sui- 
vants :  maladies  toxi-infeclieuses  de  la  mĂšre  au  cours  de  la  grossesse,  hjdramnios 
abondant,  inflammalion  particuliĂšrement  intense  non  seulement  du  systĂšme  nerveux, 
mais  encoie  de  toutes  les  sĂ©reuses  viscĂ©rales.  L'hjdraranios  peut  ĂȘtre  diversement 
interprété  :  mais,  qu'il  soit  dû  à  une  sécrétion  exagérée  delà  séreuse  amniotique  ou 
Ă rĂ©clatement  d'une  liydrocĂ©plialie  fƓtale  (la  solution  de  continuitĂ©  complĂšte  consta- 
tée dans  un  cas  entre  la  moelle  cervicale  et  les  parties  subsistantes  du  cerveau  nous 
fait  paraßtre  cette  seconde  hypothÚse  beaucoup  plus  probable),  d'une  façon  comme  de 
l'autre  on  se  trouve  toujours  ramenĂ©  Ă   l'idĂ©e  d'une  infection  soit  maternelle,  soit  fƓ- 
tale. Le  processus  inflammatoire  et  hémorragique  caractérisé  par  une  méningo-myé- 
lile  trÚs  intense,  un  tissu  réactionnel  de  néoformation  et  la  présence  d'hémorragies, 
non  seulement  au  niveau  du  systĂšme  nerveux,  mais  encore  au  niveau  d'autres  viscĂšres 
(bassinet  du  rein  droit  par  exemple)  sont  la  signature  de  l'infection. 

))  Nos  constatations  apportent  une  confirmation  clinique  et  analomique 
aux  faits  décrits  par  Pierret,  Ruffer,  Vaschide  et  Vurpas  et  montrent 
que  : 

»  1°  L'anencĂ©phalie  et  la  pseudencĂ©phalie  ne  sont  pas  dues  Ă   un  arrĂȘt 
de  dĂ©veloppement  fƓtal. 

»  2°  Elles  sont  dues  à  l'éclatement  d'un  cerveau  en  voie  de  développe- 
ment sous  l'influence  de  l'hypertension  ventriculaire  provo  juée  par  une 
hydrocéphalie  intra-utérine. 

»  3°  Cette  hydrocéphalie  s'accompagne  d'inflammation  de  tout  l'axe 
cérébro-spinal,  surtout  des  méninges,  et,  dans  certains  cas,  de  toutes  les 
séreuses  viscérales. 

M  4°  Toutes  ces  lĂ©sions  sont  sous  la  dĂ©pendance  d'une  mĂȘme  cause,  l'in- 
fection ou  la  loxi-infection. 

»  D'une  façon  plus  générale,  ces  diverses  considérations  parlent  dans 
le  mĂȘme  sens  que  les  rĂ©centes  recherches  de  Charrin  et  LĂ©ri  (' )  sur  les 
lésions  des  centres  nerveux  des  nouveau-nés  issus  de  mÚres  malades,  et 
portent  à  penser  que  les  altérations  dites  congénitales  des  différents 
organes,  du  systÚme  nerveux  en  particulier,  sont  en  réalité  «  acquises  » 
au  cours  de  la  vie  intra-utérine  et  sont  la  conséquence  de  toxi-infections 
de  la  mÚre  ou  de  l'enfant  pendant  la  gestation.  » 


(')  Charki.n  et  LĂ©ri,  CompLes  rendus,  16  mars  lyoS. 


2l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Sur  les  gaz  organiques  de  la  respiration 
dans  le  diabÚte  sucré.  Note  de  M.  J.  Le  Goff,  présentée  par  M.  Armand 
Gautier. 

«  Dans  l'haleine  des  personnes  atteintes  de  diabÚte  sucré  grave,  on  a 
signalé  une  odeur  attribuée  à  l'acétone;  mais  la  caractérisation  définitive  et 
le  dosage  de  cette  substance  n'ont  pas  été  faits. 

«  J'ai  eu  à  ma  disposition  un  homme  de  [\i  ans,  diabétique  depuis  6  ans  ;  ce  malade 
a  maigri  de  lo''^  depuis  6  mois.  11  Ă©limine  chaque  jour  de  3'  Ă   5'  d'urine  contenant  de 
4o§  à  75»  de  glucose  et  une  assez  forte  proportion  d'acétone.  Ses  urines  prennent  nette- 
ment la  coloration  rouge  sang  par  le  perchlornre  de  fer  (réaction  de  Gerhardt). 

»  Les  globules  rouges  de  son  sang  m'ont  donné  d'une  façon  trÚs  caractéristique  la 
réaction  basophile  ;  fixés  par  l'alcool  et  l'éther  anhydres,  ils  se  colorent  par  les  cou- 
leurs basiques,  refusant  de  prendre  les  couleurs  acides. 

»  11  m'a  été  facile  d'amener  ce  malade  à  faire  barboter  l'air  qu'il  expire  dans  un 
flacon  laveur  contenant  de  25o3  à  3oos  d'eau  distillée  bouillie  :  pendant  i5  à  3o  minutes 
et  mĂȘme  i  heure  par  intervalles  de  3  minutes  suivis  chacun  d'un  repos  d'Ă©gale  durĂ©e. 
Dans  l'eau  de  lavage  j'ai  pu  caractériser  l'acétone  par  la  réaction  bien  connue 
deLieben,  encore  sensible  avec  une  liqueur  contenant  un  millioniĂšme  de  ce  corps. 
J'ai  obtenu  un  précipité  caractéristique  avec  25oS  d'eau  dans  laquelle  l'air  expiré  avait 
passé  seulement  pendant  5  périodes  de  3  minutes,  soit  en  tout  i  j  minutes. 

»  Pour  doser  l'acétone  j'ai  fait  barboter  pendant  3o  minutes  l'air  expiré  dans  un  flacon 
laveur  muni  des  billes  de  \  erre  mouillées  par  3oo=  d'eau  distillée  bouillie;  j'ai  trans- 
formé en  iodoforme  l'acétone  dissous  en  ajoutant  à  cette  eau  quelques  gouttes  d'une 
solution  de  soude  et  un  excĂšs  de  la  solution  suivante  : 

Iode I 

Kl 10 

Eau 100 

»  Le  précipité  d'iodoforme  a  été  dosé  par  la  méthode  d'Argenson  {').  J'ai  obtenu  les 
résultats  suivants  : 

i3  juin  1900.  —  QuantitĂ©  d'acĂ©tone  Ă©liminĂ©e  par  les  pou- 
mons en  a4  heures i^iOyS 


(')  Elle  consiste  Ă   transformer  l'iodoforme  en  iodure  de  potassium  par  la  potasse  en 
solution  alcoolique  et  à  doser,  par  le  nitrate  d'argent,  l'iodure  formé. 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    ipoS.  217 

»  Ce  mĂȘme  joui-  le  malade  a  rendu  4'  d'urine  contenant,  par  litre,  yS'Ăź  de  glucose 
et  o»,  885  d'acétone. 

18  juin.  —  AcĂ©tone  Ă©liminĂ©e  en  24  heures  par  les  poumons.  i",856 

»  Quantité  d'urine,  3',5oo,  contenant  par  litre  /i8s,5  de  glucose  et  is,i35  d'acétone. 

26  juin.   —  AcĂ©tone  Ă©liminĂ©e  en  2^  heures  par  la  respiration.  28,760 

>>   Quantité  d'uriné,  4',5oo,  contenant  par  litre  58s,  2  de  glucose  et  is, 212  d'acétone. 

M  II  est  difficile  de  préciser  le  rÎle  joué  par  l'acétone  dans  l'atmosphÚre 
pulmonaire,  mais  il  est  probable  que  ce  corps  doit  ralentir  les  Ă©changes 
respiratoires;  d'ailleurs,  on  ne  le  rencontre  que  dans  les  cas  de  diabĂšte 
grave. 

»  M.  Armand  Gautier  m'a  fait  remarquer  que  de  l'alcool  et  d'autres  corps 
analogues  peuvent  se  rencontrer  aussi  dans  les  gaz  expirés  et  donner  nais- 
sance à  la  réaction  de  Liebén  ;  qu'il  y  avait  donc  lieu  d'éliminer  l'action  de 
l'alcool  en  remplaçant,  suivant  sa  méthode,  la  solution  de  soude  par  celle 
d'ammoniaque. 

»  Pour  cela,  j'ai  pris  246»"'  d'eau  dans  laquelle  les  gaz  expirés  s'étaient  lavés  pendant 
une  heure.  Je  les  ai  divisés  en  deux  parties  de  12.3""'  :  dans  la  premiÚre,  j'ai  ajouté  de 
la  soude  el  la  solution  iodoiodurée;  j'ai  obtenu  Go"'s  d'acétone.  Dans  la  deuxiÚme,  j'ai 
ajouté  de  l'ammoniaque  et  la  solution  iodoiodurée.  Je  n'ai  obtenu  que  55"S  d'acétone. 
Ce  résultat  semble  indiquer  qu'à  cÎté  de  l'acétone  il  existe,  dans  les  gaz  de  la  respira- 
tion des  diabétiques,  d'autres  substances  donnant  la  réaction  de  Lieben  et  que  je  me 
propose  d'étudier.  » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Sur  l'entretien  de  r irritabilitĂ©  de  certains 
organes  séparés  du  corps,  par  immersion  dans  un  liquide  nutritif  artificiel. 
Note  de  MAI.  E.  HĂȘoo\  et  C.  Fleig. 

«  L'expĂ©rience  de  Locke  nous  a  appris  que  l'irritabilitĂ©  du  cƓur  des 
MammifĂšres  persiste  fort  longtemps  par  circulation,  dans  les  coronaires, 
d'un  liquide  nutritif  artificiel  necontenant  que  des  sels,  un  peu  deglycoseet 
saturé  d'oxygÚne.  D'autre  part,  Conheim  ayant  montré  que,  pour  l'intestin, 
la  simple  immersion  de  l'organe  dans  du  sang  défibriné  suffit  pour  entre- 
tenir les  contractions  péristaltiques  pendant  plusieurs  heures,  il  y  avait  lieu 
(le  se  demander  si  le  mĂȘme  rĂ©sultat  pouvait  ĂȘtre  obtenu  avec  le  liquide  de 
Locke,  ou  un  autre  liquide  mieux  approprié. 

c.  R.,   1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  3.)  29 


2l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Un  segment  d'intestin  grĂȘle  de  lapin,  sacrifiĂ©  par  saignĂ©e,  est  excisĂ©  et  plongĂ©  dans 
li'  liquide  de  Locke  à  la  Icmpérattire  de  3~°,C.  Immédiatement  les  contractions  péris- 
taltiques  apparaissent  trĂšs  Ă©nergiques,  et  l'on  peut  en  observer  les  ondes  avec  la  plus 
grande  facilité,  grùce  à  la  transparence  du  liquide;  ces  contractions  persistent  fort 
longtemps,  s'affaiblissent  peu  Ă   peu  et  disparaissent  au  bout  de  4  Ă   5  heures. 

»  Nous  avons  cherclié  alors  à  obtenir  une  survie  plus  longue,  en  modifiant  et  com- 
plétant la  solution  de  Locke.  Celle-ci  manque,  en  effet,  de  beaucoup  d'éléments  miné- 
raux du  plasma  sanguin,  ou  contient  certains  de  ces  éléments  en  trop  faible  proportion. 
Comme  elle  est  privée  de  Ph,  S  et  Mg,  nous  y  avons  introduit  ces  éléments,  sous  forme 
de  phosphate  disodique  et  de  sulfate  de  magnésie,  et  corrélativement  avons  abaissé  le 
litre  en  NaCI;  comme,  d'autre  part,  son  alcalinité  est  trÚs  faible  par  rapport  à  celle 
du  sang,  nous  avojis  augmenté  la  dose  de  bicarbonate  de  soude  en  la  portant  de  o6,3  à 
is,5  et  mĂȘme  2°, 5  par  litre.  La  composition  du  liquide  ainsi  modifiĂ©e  devient  donc  : 
pour  looos  d'eau,  NaCI,  6;  KCI,  o,3;  CaClS  0,1;  SO'Mg,  o,3;  PO'HNaS  o,5; 
CO^NaJl,  1,5;  glucose,  1;  oxygĂšne  Ă   saturation.  Un  fragment  d'intestin  grĂȘle  de 
lapin,  plongé  dans  ce  liquide,  continue  à  se  mouvoir  pendant  g-ia  heures  à  87°. 

»  Avec  ce  liquide  et  cette  technique  simple,  on  peut  maintenant  recher- 
cher l'influence  d'un  élément  chimique  déterminé  sur  l'irritabilité. 

»  Locke  a  dĂ©jĂ   montrĂ©,  pour  le  cƓur,  que  les  conti  actions  rythmiques  ne  persistent 
longtemps  que  si  le  liquide  salin  (liquide  de  Ringer  qui  est  la  base  de  cette  composi- 
tion) est  additionné  de  glucose  et  saturé  d'oxygÚne. 

»  Pour  l'intestin,  nous  avons  vu  que  la  présence  du  glucose  dans  le  liquide  n'est 
pas  nĂ©cessaire,  et  que  cet  organe  est  loin  d'exiger  autant  d'oxygĂšne  que  le  cƓur;  car, 
dans  un  liquide  sans  glycose  et  sans  oxygénation  spéciale,  la  durée  des  contractions 
péristaltiques  ne  paraßt  pas  sensiblement  diminuée. 

»  Pour  les  sels,  comme  il  a  été  dit  plus  haut,  SO*Mg  et  PO'HNa"  ne  paraissent  pas 
nécessaires,  mais  leur  présence  augmente  notablement  la  durée  de  la  survie.  Au  con- 
traire, parmi  les  autres  éléments,  CO'NaH  et  CaCl-  sont  absolument  indispensables. 
Sans  bicarbonate  de  soude  ou  sans  sel  de  calcium,  les  mouvements  péristaltiques  ne 
persistent  que  peu  de  temps,  et  l'intestin  devient  complĂštement  inerte  ;  mais  ses  mou- 
vements peuvent  nĂ©anmoins  ĂȘtre  rĂ©veillĂ©s  par  l'addition  de  ces  sels  au  liquide,  mĂȘme 
aprÚs  plusieurs  heures  d'immobilité. 

»  L'expérience  est  particuliÚrement  remarquable  avec  le  sel  de  calcium.  Lorsqu'on 
a  préparé  un  liquide  nutritif  absolument  dépourvu  de  calcium,  l'intestin,  aprÚs  une 
période  d'activité  généralement  trÚs  courte,  devient  complÚtement  immobile.  Si  alors 
on  ajoute  au  liquide  le  sel  de  calcium,  les  mouvements  péristaltiques  apparaissent 
instantanément  el,  à  partir  de  ce  moment,  continuent  comme  dans  le  liquide  complet. 
Cette  expĂ©rience,  d'une  grande  simplicitĂ©,  revĂȘt  ainsi  une  forme  trĂšs  saisissante.  La 
quantité  de  sel  de  calcium  nécessaire  pour  provoquer  le  péristaltisme  est  d'ailleurs 
trÚs  inférieure  à  la  dose  indiquée  dans  la  formule,  qui  est  déjà  plutÎt  une  dose  for- 
tement stimulante,  qu'on  pourrait  avec  avantage  abaisser  Ă   o,o5  par  litre;  car  l'in- 
testin peut  encore  accuser,  par  un  péristaltisme  évident,  quoique  faible  et  passager. 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  IQoS.  219 

la  prĂ©sence  fie  o""?,  002  Ă   oℱs,  oo5  de  Ca  CP  par  litre.  D'autre  part,  les  divers  sels  de  Ca 
ont  la  mĂȘme  action  que  le  chlorure. 

))  La  conservalion  de  l'irritabilité  avec  ce  liquide  nutritif  se  manifeste 
aussi  pour  d'autres  organes  que  l'intestin  grĂȘle. 

»  Le  gros  intestin,  le  rectum,  la  vessie,  l'utérus  grsvide,  et  en  général  tous  les 
organes  à  fibres  lisses  et  pourvus  de  ganglions,  présentent  des  contractions  rythmiques 
spontanées  au  contact  du  liquide.  Dans  un  cas,  les  mouvements  spontanés  dun  utérus 
de  lapine  pleine  persistÚrent  pendant  20  heures.  I)'autres  organes  ne  présentent  aucun 
mouvement  spontané,  mais  conservent  cependant  trÚs  longtemps  leur  irritabilité, 
comme  on  s'en  aperçoit  en  y  appliquant  un  excitant  artificiel.  Ainsi,  l'Ɠsophage  du 
lapin  reste  immobile  (sauf  au  niveau  du  cardia,  animé  de  mouvements  ryllimiques), 
mais  se  contracte  chaque  fois  qu'on  l'excite  par  un  courant  induit,  et  cela  pendant 
plus  de  12  heures. 

»   La  durée  de  la  survie  dépend  d'ailleurs  de  la  température  du  liquide. 

»  L'intestin  grĂȘle  du  lapin  prĂ©sente  dĂ©jĂ   des  contractions  rythmiques  vers  26°C.  et, 
maintenu  à  cette  température,  il  conserve  son  irritabilité  plus  longtemps.  Si  l'on 
lefroidit  trÚs  progressivement  le  liquide,  les  contractions  péristaltiques  continuent  à 
une  basse  température  (jusqu'à  i5°C.  ).  Dans  le  liquide  refroidi  à  o°C,  et  maintenu  à 
la  glaciĂšre,  l'intestin  conserve  son  irritabilitĂ©  pendant  un  temps  trĂšs  long  (5  et  mĂȘme 
6  jours),  phénomÚne  sur  lequel  nous  nous  proposons  de  revenir. 

»  I^es  expĂ©riences  qui  viennent  d'ĂȘtre  exposĂ©es  constituent  une 
technique  trĂšs  simple  pour  diverses  recherches  sur  la  physiologie  des 
fibres  musculaires  lisses  et  striées.  Il  est  facile,  avec  l'intestin,  d'étudier 
les  contractions  d'un  organe  ganglionnaire  et  l'influence  de  divers  agents 
chimiques  sur  ces  mouvements.  On  peut  se  servir  d'un  Ɠsophage  de  la|)in, 
relié  à  un  myographe,  pour  l'étude  du  muscle  strié  des  MammifÚres,  avec 
le  mĂȘme  avantage  que  d'un  gastrocnĂ©mien  de  grenouille  isolĂ©.  ExcitĂ©  par 
des  chocs  d'induction,  cet  organe  donne  une  série  de  secousses,  et,  aprÚs 
épuisement  complet,  se  restaure  spontanément  dans  le  liquide  nutritif. 

»  L'excitabilitĂ©  des  muscles  du  squelette  et  des  nerfs  moteurs  peut  ĂȘtre 
entretenue  pendant  quelques  heures  aprĂšs  la  mort,  par  une  circulation  du 
liquide  nutritif  dans  les  vaisseaux;  mais,  pour  ce  qui  concerne  les  centres 
nerveux,  ce  liquide  paraĂźt  impuissant  Ă   prolonger,  d'une  maniĂšre  notable, 
leur  irritabilité.  Les  neurones  sympathiques  périphériques  paraissent,  pour 
leur  nutrition,  beaucoup  moins  exigeants  que  les  neurones  centraux;  car 
il  nous  paraĂźt  Ă©vident  que  les  mouvements  rythmiques  des  organes  comme 
l'intestin  témoignent  d'une  intégrité  de  fonction  des  ganglions  périphé- 
riques entretenue  par  le  liquide  nutritif.    » 


220  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


CHIRURGIE.  —  De  la  formation  du  cal. 
Note  de  MM.  V.  Corml  et  P.  Couduay,  présentée  par  M.  Lannelongue. 

"  A.  Fractures  fermĂ©es.  —  Les  expĂ©riences  ont  Ă©tĂ©  faites  sur  les  cĂŽtes 
et  le  radius  du  lapin.  Les  premiers  phénomÚnes  de  la  réparation  doivent 
ĂȘtre  Ă©tudiĂ©s  Ă   la  surface  de  l'os,  Ă   une  certaine  distance  de  la  fracture. 

»  Déjà,  aprÚs  un  jour,  les  éiémenls  conjonclifs  du  périoste  prolifÚrent  et  devenus 
de  véritables  ostéoblastes,  ils  forment  à  sa  partie  interne  deux  couches;  ces  grandes 
cellules  accolées  à  l'os  envahissent  déjà  les  canaux  de  Havers  superficiels. 

»  Au  bout  de  deux  Jours,  ces  ostéoblastes,  souvent  en  karyokinÚse,  accompagnent 
les  vaisseaux  qui,  du  périoste,  pénÚtrent  dans  les  canaux  de  Havers  superficiels; 
ceux-ci  s'agrandissent  eu  se  remplissant  de  cellules  qui  résorbent  le  tissu  osseux  voi- 
sin; le  mĂȘme  phĂ©nomĂšne  existe  dans  les  canaux  de  Havers  longitudinaux.  Il  en  rĂ©sulte 
que,  sur  les  coupes  transversales,  la  périphérie  osseuse  est  festonnée  ou  crénelée.  Sur 
les  coupes  obliques,  les  dépressions  de  la  surface  paraissent  plus  allongées.  L'os  découpé 
ainsi  à  sa  superficie  paraßt  soulevé  par  places.  C'est  en  ce  point  que  va  naßtre,  au  troi- 
siÚme jour,  l'ossification  nouvelle  sous-périostique. 

»  AprÚs  trois  jours,  les  ostéoblastes  sous-périostiques  et  ceux  de  la  moelle  se  sont 
multipliés  et  découpent  plus  profondément  la  surface  de  l'os,  aprÚs  avoir  envahi  une 
couche  de  canaux  de  Havers  situés  au-dessous.  C'est  au  niveau  des  lamelles  ainsi 
découpées  que  se  montrent  des  travées  ossiformes,  bordées  d'ostéoblastes  et  contenant 
dans  leur  intérieur  de  gros  ostéoplasles,  travées  en  continuité  directe  avec  l'os  ancien 
et  qui  doivent  ĂȘtre  considĂ©rĂ©es  comme  de  l'os  nouveau. 

»  Au  bout  de  quatre  Jours,  l'ossification  sous-périostique  est  trÚs  étendue,  parfois 
mĂȘme  exubĂ©rante.  Des  travĂ©es  osseuses  parties  de  la  surface  de  l'os  oĂč  elles  sont 
Ă©paisses  s'Ă©lĂšvent  du  cĂŽtĂ©  du  pĂ©rioste  oĂč  elles  se  terminent  en  pointes  libres,  sans 
atteindre  la  portion  fibreuse  externe  de  cette  membrane. 

»  Les  vaisseaux  anciens  des  canaux  de  Havers  et  du  périoste  qui,  déjà  le  deuxiÚme 
jour,  montraient  des  divisions  directe  et  indirecte  de  leurs  cellules,  pénÚtrent  dans  l'os 
nouveau  avec  le  tissu  conjonctif  et  les  ostéoblastes. 

»  Du  cÎté  du  foyer  de  la  fracture,  les  extrémités  présentent  une  modification  des 
cellules  des  ostéoplastes  et  des  signes  d'ostéite  raréfiante. 

»  AprÚs  quatre  ou  cinq  Jours,  l'ossification  sous-périostique  étant  déjà  trÚs  éten- 
due, on  voit  apparaßtre  des  cellules  et  des  capsules  de  cartilage  immédiatement  sous  le 
périoste.  Les  grandes  cellules  fusiformes  se  cerclent  d'une  mince  capsule  qui  se  colore 
en  violet  par  l'héraatoxyline.  Les  cellules  plus  volumineuses,  plus  turgides,  s'entourent 
de  la  mĂȘme  capsule.  Ces  capsules  cartilagineuses  deviennent  plus  Ă©paisses,  s'Ă©cartent 
les  unes  des  autres,  et  la  substance  fondamentale  qui  les  sépare  devient  cartilagineuse. 
Cette  couche  cartilagineuse  sous-périostique  est  séparée  des  lamelles  osseuses  en  voie 
de  formation  par  des  ostéoblastes;  le  cartilage  ne  concourt  généralement  pas  encore 
Ă   l'ossification. 


SÉANCE  DU  20  JUILLET  igoS.  221 

»  C'est  aussi  au  bout  de  quatre  ou  de  cinq  jours  que  les  fragments  qui  ont  pré- 
senté les  signes  d'ostéite  raréfiante  que  nous  avons  signalés  commencent  à  donner  des 
signes  de  réparation. 

»  Des  travées  ossiformes  se  montrent  à  Pextrémité  de  ces  fragments;  on  en  voit 
également  sur  l'os  ancien  qui  forme  la  paroi  du  grand  canal  médullaire.  Toutes  ces 
néoformations  osseuses  sont  l)ordées  d'osléoblastes,  et  l'on  n'y  voit  pas  de  cellules  car- 
tilagineuses. 

»  L'ossification  médullaire  se  poursuit  les  jours  suivants  ainsi  que  celle  des  extré- 
mitĂ©s, en  mĂȘme  temps  qu'augmentent  l'os  et  le  cartilage  sous-pĂ©riostiques. 

»  AprÚs  neuf  jours,  l'os  périostique  nouveau,  formé  de  travées  anastomosées,  s'unit 
aux  travées  analogues  venues  de  l'extrémité  des  fragments  pour  former  à  chacune  de 
ces  extrémités  une  masse  exubérante  à  la  périjdiérie  de  laquelle  se  trouve  un  tissu 
cartilagineux  abondant.  Cette  virole  cartilagineuse  trĂšs  Ă©paisse  ayant,  sur  une  coupe 
longitudinale,  la  forme  d'un  conoïde  à  base  sous-périostale,  s'enfonce  entre  les  deux 
bouquets  osseux  et  les  sépare  au  niveau  du  centre  de  la  fracture  qu'elle  remplit.  Les 
esquilles  microscopiques  plus  ou  moins  nombreuses,  primitivement  entourées  de  sang 
et  de  fibrine,  sont  détruites  par  des  cellules  géantes  qui  s'y  accolent  dÚs  le  quatriÚme 
jour  et  disparaissent  vers  le  dixiĂšme  jour. 

»  Lorsque  les  deux  extrĂ©mitĂ©s  osseuses,  au  lieu  d'avoir  la  mĂȘme  direction,  sont 
disposées  à  angles  obtus,  c'est  dans  le  sinus  de  cet  angle  que  la  formation  ostéo-carti- 
lagineuse  est  la  plus  abondante. 

»  A  partir  du  quinziÚme  et  jusqu'au  vingt-cinquiÚme  jour,  ce  cartilage,  examiné 
aux  bords  des  lamelles  osseuses,  ofi're  des  indices  d'ossification  et  disparaĂźt  peu  Ă   peu, 
si  bien  qu'il  n'en  reste  qu'un  petit  Ăźlot  au  vingt-cinquiĂšme  jour.  Ce  cartilage  a  servi  Ă  
l'ossification  qui  unit  les  bouquets  osseux  provenant  de  chacune  des  extrémités  des 
fragments.  On  observe  du  cartilage  sérié  dont  les  capsules  s'ouvrent  dans  l'espace  mé- 
dullaire vascularisé  en  contact  avec  elles. 

»  Le  plus  souvent,  la  transformation  osseuse  du  cartilage  est  irréguliÚre,  les  travées 
qui  s'ossifient  à  leurs  bords  contenant,  à  leur  intérieur,  de  nombreuses  capsules  carti- 
lagineuses. Ces  derniĂšres  peuvent  s'ossifier,  la  cellule  cartilagineuse  se  transformant 
directement  en  ostéoplaste.  La  multiplication  des  cellules  cartilagineuses  se  fait  par 
division  directe  ou  indirecte  de  leurs  novaux.  Le  premier  mode  est  de  beaucoup  le 
plus  habituel. 

»  Dans  le  bouquet  des  lamelles  osseuses  qui  s'élÚvent  de  la  surface  et  des  extrémités 
des  deux  fragments  et  qui  confinent  au  cartilage  sous-périostique  et  au  cartilage  inter- 
fragmentaire, les  lamelles-tenant  Ă   l'os  sont  Ă©paisses,  tandis  que  celles  qui  s'unissent 
au  cartilage  sont  minces  et  les  aréoles  qu'elles  forment  sont  à  petit  diamÚtre. 

»  B.  Fractures  ouvertes.  —  Nous  avons  Ă©tudiĂ©  comparativement  des  frac- 
tures du  radius,  avec  plaie,  chez  des  lapins. 

»  Deux  fois  sur  trois  cas,  il  existait  du  pus  dans  le  cal  lui-mĂȘme  sur  des  animaux 
sacrifiés  au  bout  de  ta  et  de  ao  jours.  Nous  avons  constaté  l'existence  du  cartilage 
dans  ces  deux  cas.  Dans  la  fracture  de  ao  jours,  l'os  nouveau,  trabéculaire,  coifi'ant 
les  deux,  extrémités  de  l'os  était  considérable,  formé  de  travées  minces.  11  y  avait, 


222  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

entre  les  deux  agglomérations  osseuse?,  une  virole  cartilagineuse  épaisse  sous  le  pé- 
rioste, mince  entre  elles.  Ce  cartilage  Ă©tait  en  voie  d'ossification  trĂšs  active;  la  plu- 
part des  travées  en  train  de  s'ossifier  contenaient  des  cellules  cartilagineuses  dans  leur 
intérieur. 

»  En  rĂ©sumĂ©,  le  processus  du  cal  est  celui  de  l'ostĂ©ite  oĂč  l'ossification  nouvelle  est 
visible  dés  le  quatriÚme  jour,  comme  Va  montré  M.  Lannelongue  dans  l'ostéomyé- 
lite. » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Observations  concernant  1rs  variations  du  niveau  de 
la  mer  depuis  les  temps  historiques  et  p'^Ă©historiqiies.  Noie  de  M.  Pu.  NĂ«gris, 
présentée  par  M.  Gaiidry. 

«  On  reconnaßt  sur  la  carte  de  l'Amirauté  (Roadstead  of  Santa  Maura, 
1864),  à  l'entrée  sud  du  détroit  de  Leucade,  entre  cette  ßle  et  le  continent, 
deux  mÎles  dirigés  l'un  vers  l'autre.  J'ai  observé  sur  les  lieux  que  la  plaie- 
forme  supérieure  de  ces  mÎles,  large  de  8"  environ,  se  trouve  aujourd'hui 
de  2ℱ, 40  Ă   2ℱ, 60  sous  l'eau.  Elle  est  trĂšs  sensiblement  rĂ©guliĂšre,  ne  prc- 
sentant  que  les  irrégularités  inhérentes  au  mode  de  construction  par  enro- 
chement. Les  lieux  bras  laissent  entre  eux  un  espace  libre  de  80ℱ  environ, 
avec  luie  profondeur  de  7ℱ  à  8",  Ils  n'atteignent  ni  l'un  ni  l'autre  la  cîte  : 
celui  de  l'Ouest  s'arrĂȘte  Ă   80ℱ  ou  100"'  du  rivage  de  Leucade,  qui  en  cet 
endroit  s'abaisse  en  pente  douce  sous  la  mer,  pour  atteindre  contre  le 
mĂŽle  la  profondeur  de  3'";  ce  dernier  commence  aussitĂŽt  Ă   la  profondeur 
de  2ℱ, 60.  Le  bras  oriental  se  termine  à  2""  de  profondeur,  contre  le  talus 
plus  raide  d'un  Ăźlot  rocheux,  qui  a  dĂ»  fournir  les  blocs  de  ce  br.is;  mais  il 
ne  tarde  pas  à  prendre,  lui  aussi,  la  profondeur  de  2",  4o:i  2"",  Go,  que  pré- 
sente la  surface  des  deux  mĂŽles  qui  s'Ă©tend  sur  une  longueur  de  SSo"*  et 
plus,  sans  compter  le  vide  qui  sépare  les  deux  bras. 

))  On  est  en  droit  de  conclure  de  ces  données  que  le  rivage  occidental, 
tel  qu'il  Ă©tait  Ă   l'Ă©poque  de  la  construction  des  mĂŽles,  se  trouve  aujour- 
d'hui sous  la  mer,  Ă   l'origine  du  mĂŽle  occidental,  Ă   la  protondeur  de  3'"  : 
que,  d'autre  part,  le  bras  oriental  qui  partait  des  carriÚres  a  eiupiété  dÚs 
l'origine  sur  l'ancien  rivage,  pour  faciliter  le  transport  des  blocs  :  c'est 
pourquoi  le  mÎle  commence  ici  à  un  niveau  un  peu  plus  élevé,  qu'il  con- 
serve pendant  quelques  mĂštres  setdement. 

»  Les  mÎles  sont  élevés  sur  un  sol  sableux  qui  exclurait  toute  idée  de 
tassement,  si  d'ailleurs  cette  crainte  n'était  coiubattue  par  l'état  régulier 
de  la  plate-forme,  aussi  bien  sur  Jes  points  oit  l'on  a  les  plus  grandes  pro- 


SÉANCE    DU    20   JUILLET    igoS.  223 

fondeurs  qu'aux  extrémités  opposées,  sauf  tout  contre  l'ßle  rocheuse,  à 
l'Est,  oĂč  la  surĂ©lĂ©vation  du  mĂŽle  a  Ă©tĂ©  suffisamment  justifiĂ©e.  C'est  donc 
de  3ℱ  que  se  serait  Ă©levĂ©e  la  mer  depuis  la  construction  des  mĂŽles,  qui 
doivent  sans  doute  dater  de  l'établissement  des  Corinthiens  dans  le  détroit 
oii  ils  bĂątirent  l'ancienne  Leucade  et  creusĂšrent  un  canal  de  navigation. 
Le  mÎle  paraßt  destiné  à  former  un  port  excellent  devant  cette  ville  antique 
et  à  protéger  le  canal  de  navigation  contre  les  apports  de  la  mer.  Comme 
les  Corinthiens  s'Ă©tablirent  Ă   Leucade  255oans  environ  avant  notre  Ă©ijoque, 
on  peut  conclure  que  c'est  depuis  2600  ans  environ  que  la  mer  est  montée 
de  'i"". 

»  Il  est  trÚs  remarquable  que  ce  chiffre  soit  trÚs  sensiblement  d'accord 
avec  les  chiffres  trouvés  par  d'autres  observateurs  dans  des  régions  trÚs 
éloignées  les  unes  des  autres.  Ainsi  le  professeur  Anton  Gnirs  a  trouvé 
que,  depuis  l'Ă©poque  romaine  en  Istrie,  il  y  a  un  mouvement  positif  de  la 
mer  de  2'"  au  moins  {Jahreshericht  des  K.  u.  K.  Mar.  Unterrealschide  in  Pola, 
1900-1901,  p.  20,  note);  et  le  D''  Schweinfiirth  arrivĂ©e  la  mĂȘme  conclu- 
sion Ă   Alexandrie  (F.  NoACK,  Millheilungen  des  K.  d.  Arch.  Inst.  Ath.  Ab- 
thedung,  t.  XXV,  1900,  p.  228).  Il  s'agit,  dans  l'un  et  l'autre  cas,  d'Ă©poques 
éloignées  de  nous  de  2000  ans  environ,  et  le  mouvement  positif  est  donné 
approximativement  comme  un  minimum,  tandis  que  le  chiffre  de  3"", 
trouvé  par  nous,  est  donné  comme  un  chiffre  exact  et  se  rapporte  à 
25oo  ans. 

»  Si,  d'autre  part,  on  observe  que,  sur  toutes  les  cÎtes  de  l'Asie  mi- 
neure, de  l'Egypte,  de  la  GrĂšce,  de  l'istrie,  de  l'Italie,  les  exemples  d'en- 
vahissement de  la  mer  sont  nombreux,  tandis  que  les  exemples  de  recul 
de  la  mer  sont  rares  et  plus  que  douteux,  on  peut  considérer  comme 
démontré,  dans  la  Méditerranée,  que  la  mer  a  envahi  les  continents  depuis 
2  5oo  ans,  et  que  le  mouvement  positif  est  de  3". 

»  I^ouvons-nous  trouver  le  point  le  plus  bas  que  la  mer  ait  atteint  dans 
son  mouvement  de  régression?  Les  surfaces  d'abfasion  qui  se  trouvent  à 
Modon,  dans  le  PéloponÚse,  taillées  aussi  bien  sur  le  flysch  redressé  que 
sur  le  calcaire  qui  perce  à  travers  ce  flysch,  vont  nous  permettre  de  ré- 
soudre cette  question.  La  carte  de  l'Amirautc  de  Modon  nous  montre  que 
ces  surfaces  d'abrasion,  qui  avaient  été  observées  pour  la  premiÚre  fois 
par  les  géologues  de  l'expédition  scientifique  de  Morée  {Géologie,  p.  338), 
s'arrĂȘtent  trĂšs  exactement  Ă   la  profondeur  de  3  brasses,  aussi  bien  Ă   l'ouest 
de  Modon,  oĂč  Philippson  marque  du  calcaire,  qu'Ă   l'est,  oĂč  le  mĂȘme  gĂ©o- 
logue marque  du  flysch.  A  l'est,  les  surftices  d'abrasion  sont  dues  aussi 


224  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

bien  au  flot  qu'aux  courants;  Ă   l'ouest,  au  contraire,  elles  proviennent 
seulement  du  Mot.  Il  est  clair  que  ces  surfaces  taillées  sur  des  surfaces 
fortement  redressées,  dont  les  tranches  apparaissent  tout  le  long  de  la 
surface  d'abrasion,  donnent,  par  leur  extrémité  la  plus  profonde,  le  point 
limite  que  la  mer  n'a  pas  dépassé,  soit  que  l'érosion  soit  due  au  flot  ou 
aux  courants.  Cette  limite  est  donc  3  brasses  ou  5"", 48. 

»   Occupons-nous  maintenant  de  déterminer  le  temps  qui  s'est  écoulé 
depuis  que  la  mer  a  atteint  cette  limite. 

»  Le  flélroit  de  Leucade  va  nous  pernieUre  de  résoudre  celte  question.  Pendant  le 
creusement  du  nouveau  canal  de  navigation  M.  Sakellaropoulos,  le  directeur  des  tra- 
vaux, a  constaté  que  la  lagune  à  travers  laquelle  était  creusé  le  canal  présentait  o",3o 
à  o'",4o  d'eau,  /4ℱ  à  4'"i5o  de  boue,  dont  ïü^jSo  à  3ℱ  de  boue  molle  et  i",25  à  iℱ,75 
de  boue  tenace,  mais  de  mĂȘme  aspect,  et  contenant  les  mĂȘmes  ct)quilles  marines  que 
la  boue  supérieure.  La  surface  de  séparation  des  deux  couches  de  boue  se  trouvait 
donc  à  trùs  peu  prùs  à  la  profondeur  de  3ℱ,  qui  correspond  au  niveau  que  devait  avoir 
la  mer  à  l'occupation  du  détroit  par  les  Corinthiens  et  plutÎt  au-dessous.  On  en  con- 
clut que  la  boue  molle  s'est  déposée  depuis  cette  époque,  et  la  boue  tenace  avant 
cette  époque.  La  différence  des  deux  dépÎts  doit  sans  doute  tenir  au  trouble  jjroduit 
dans  la  lagune  par  les  courants  auxquels  l'ouverture  du  canal  donna  lieu,  ou  Ă  
d'autres  circonstances  en  rapport  avec  ce  fait,  telle  que  la  plus  ou  moins  grande 
salinité  de  la  lagune  avant  et  aprÚs  l'ouverture  du  canal. 

))  Admettons  les  chiffres  moyens  de4'")25  pour  la  boue  totale,  de  'i'",'jo  pour  la 
boue  molle.  Les  deux  espĂšces  de  boue  proviennent  toutes  deux  des  eaux  superficielles 
des  cÎtes  qui  entourent  la  lagune.  On  peut  admettre  que  les  quantités  de  boue 
déposées  sont  proportionnelles  aux  temps  employés  pour  leur  formation.  On  trouve 
ainsi  que,  puisque  la  boue  de  2^,'j5  d'épaisseur  a  mis  2  5oo  ans  pour  se  déposer,  la 
boue  totale  de  4ℱ,  2.5  aura  exigĂ©  386i  ans.  C'est  lĂ   l'Ă©poque  Ă   partir  de  laquelle  les 
boues  ont  commencé  à  se  déposer  dans  la  lagune,  c'est-à-dire  l'époque  à  partir  de 
laquelle  la  mer  l'a  occupée,  et,  à  ce  moment,  elle  se  trouvait  à  4"',  6o  environ  au- 
dessous  du  niveau  actuel,  tandis  que,  aSoo  ans  environ  avant  notre  Ă©poque,  elle  se  trou- 
vait à  —  3.  Ces  profondeurs  sont  proportionnelles  aux  temps  correspondants.  Si  nous 
admettons  la  mĂȘme  proportionnalitĂ©  pour  la  profondeur  limite  de  5ℱ,  48,  nous  trouve- 
rons qu'elle  aura  été  atteinte  4566  ans  avant  notre  époque.  Mais  il  est  peu  probable  que 
celte  profondeur  limite  ait  été  atteinte,  car  il  est  certain  que  la  mer  commence  son 
travail  d'Ă©rosion  au-dessous  de  son  niveau  moyen. 

»  Nous  pouvons  donc  admettre  que  le  point  de  régression  limite  a  été 
atteint  4ooo  Ă   45oo  ans  avant  notre  Ă©poque  et  qu'il  est  compris  entre  la 
profondeur  limite  de  5'"48  obtenue  Ă   Motion  par  les  surfaces  d'abrasion, 
et  la  profondeur  de  4"'>6o  qu'atteignent  les  boues  dans  la  lagune  de  Leu- 
cade.  » 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    igoS.  2-2' 


HYDROLOGIE.  —  Sur  l'application  de  la  fluorescùine à  V hydrologie  souterraine. 

Note  de  M.  E.-A.  Mautel. 

(I  L'emploi  de  la  fluorescĂšine  pour  la  recherche  des  relations  entre  les 
pertes  et  les  réapparitions  de  riviÚres  (imaginé  par  Ten  Brinken  1877  et 
de  plus  en  plus  généralisé)  a  donné  lieu  récemment  à  divers  Mémoires  ou 
Notes,  dont  certaines  conclusions  me  paraissent  tout  au  moins  prématurées 
et  établissent  en  tout  cas  que  ce  sujet  est  trÚs  insuffisamment  élucidé. 
Comme  je  l'Ă©tudiĂ©  moi-mĂȘme  assidĂ»ment  depuis  1896,  aussi  bien  Ă   l'air 
libre  que  sous  terre,  en  examinant  la  marche  des  eaux  intérieures  parmi  les 
obstacles  qu'elles  rencontrent,  je  demanderai  la  permission  de  fixer  un  peu 
les  idées,  en  résumant  trÚs  sommairement  ce  qui  paraßt  acquis  actuellement 
sur  la  question  : 

»  i"  La  solution  de  fluorescĂšine,  mĂȘme  trĂšs  concentrĂ©e,  se  dĂ©colore  au 
soleil  en  moins  de  24  heures. 

»  2°  Au  ..otiàuanw  ^"  plein  jour,  mais  à  l'ombre,  elle  ne  commence  à  se 
décolorer  qu'au  bout  d'une  semaine  au  moins. 

»  3°  Dans  l'obscurité  complÚte  je  conserve,  depuis  1897,  des  échan- 
tillons de  solutions  absolument  inaltérées. 

)i  4°  La  décoloration  partielle  par  l'argile,  reconnue  par  M.  Trillat 
{Comptes  rendus,  i3  mars  1899)  est  moindre  sous  pression  qu'Ă   l'air  libre, 
remarque  importante,  puisque  j'ai  montré  que,  dans  les  réservoirs  des 
cavernes,  l'eau  peut  atteindre  plusieurs  atmosphĂšres  de  pression  (Comptes 
rendus,  28  décembre  1896). 

"  5°  La  fluorescĂšine,  mĂȘme  dans  une  eau  trĂšs  chargĂ©e  d'argile,  ne  se. 
décante  pas,  contrairement  à  ce  qui  a  été  admis  jusqu'ici;  au  jour  sans 
soleil  {voir  2")  elle  se  dĂ©colore  lentement,  sans  ĂȘtre  entraĂźnĂ©e  par  l'argile  qui  se 
dépose  au  fond  du  vase  d'essai. 

»  (3"  La  coloration  n'est  modifiée  ni  par  le  filtre  en  papier,  ni  par  la 
bougie  du  filtre  Chamberland,  systĂšme  Pasteur. 

»  7°  La  vitesse  de  propagation  souterraine  peut  varier  dans  la  propor- 
tion de  I  Ă   200  au  moins;  j'ai  constatĂ©  5ℱ, 5oĂ   l'heure  Ă Padirac(mai  1908) 
et  loSoℱ  à  l'heure  à  Bramabiau  (septembre  1897),  soit  182'"  à  25"""  par 
jour.  Les  causes  de  ralentissement  dans  l'Ă©coulement  des  eaux  souterraines 
sont  les  Úboulements  rocheux,  amas  de  sable  ou  d'argile,  rétrécissements, 
siphonnements  ou  conduites  forcées,  expansions  en  bassins;  bref,  toutes 
les  diminutions  de  section,  multiplications  de  frottement  et  stagnations. 

C.  R.,  1903,   2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  3.)  3o 


220  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  8°  L'accélération  est  produite  par  l'augmentation  de  la  pente  et  sur- 
tout par  celle  du  débit  (vitesse  de  Bramabiau,  S",!  8  par  minute,  avec  débit 
inférieur  à  i'"' par  seconde,  et  17'", do  par  minute  avec  3"'' par  seconde; 
vitesse  du  Rhin  à  Ragaz,  8*""  par  heure  pour  200"^°  par  seconde  et  4  pour 
1000  de  pente;  vitesse  de  la  Tamina  à  Ragaz,  3''"  par  heure,  débit  9"°'  par 
seconde  et  5o  pour  1000  de  pente;  le  torrent  coule  moins  vite  que  le  fleuve 
(août  1900). 

»  cf  Les  expériences  de  TenBrink  et  Knop  (187 7)  au  Danube-Aach  et  de 
MM.  Miquel  et  Dienert  (^Rapports  de  la  Commission  de  Montsouris  sur  les 
sources  du  bassin  de  la  Seine,  1901-1903)  ont  fourni  des  vitesses  Ă©gales  Ă  
celles  de  la  fliiorescéine,  pour  les  dissohitions  de  sel  et  la  levure  de  biÚre 
(et  mĂȘme  parfois  infĂ©rieures). 

»  10°  La  remise  en  marche  de  colorations  souterraines  est  bien  l'Ɠuvre 
des  crues  internes  ;  mais,  en  raison  de  l'absence  de  dĂ©cantation  (§  5°  et  i  ■7°), 
on  ne  doit  pas  se  prononcer  encore  sur  la  façon  dont  elle  se  réalise;  je 
pense  qu'elle  provient  d'une  baisse  qui,  aprÚs  le  jet  de  Ui  fluorescéine, 
arrĂȘte  l'eau  colorĂ©e  de  bassins  de  retenue,  momentanĂ©ment  privĂ©s  d'Ă©cou- 
lement, puis  remis  en  mouvement  (voire  mĂȘme  anastomosĂ©s)  par  une 
chasse  de  crue.  Elle  peut  aussi  élre  fictive,  par  subdivisions  inégales  du 
cours  souterrain. 

»  1 1°  Les  eaux  troubles  des  torrents  glaciaires  et  des  crues  diminuent, 
jusqu'Ă   l'annulation  complĂšte,  la  coloration  mĂȘme  trĂšs  forte. 

»  12"  Mais  l'expérimentateur  peut  remédier  à  cela  par  la  décantation 
ou  le  filtrage  des  particules  argileuses  (§  5°  et  6°). 

»  i3"  Il  est  exact  que  la  propagation  de  la  fluorescéine  semble  moins 
rapide  que  celle  de  l'eau  qui  la  véhicule;  en  eau  trÚs  calme,  j'ai  trouvé,  à 
Padirac  (22  mai  i<)o3),  une  vitesse  de  12'°  par  heure  pour  la  tĂȘte  d'une 
coloration  et  de  Z[ℱ  seulement  pour  la  queue,  soit  un  retard  des  |  pour  la 
fin  de  la  couleur.  En  espaçant  les  jets  de  couleur,  les  derniers  finissent 
toujours  par  rejoindre  les  premiers. 

»  Mais  il  pourrait  bien  y  avoir  là  (le  fait  étant  contraire  aux  consé- 
quences physiques  de  la  paifaite  incorporation  moléculaire  de  la  fluores- 
céine dans  l'eau,  §  5°  et  6°)  une  illusion,  produite  par  une  notion  insuffi- 
sante des  conditions  maiérielles  de  l'écoulement,  et  surtout  des  variations 
incessantes  de  vitesse  causées  par  les  obstacles  rencontrés.  Ici,  surtout,  la 
circonspection  s'impose. 

»  i4°  En  tout  cas,  ce  retard,  s'il  est  réel,  et  surtout  les  risques  de 
retenue  dans  l'argile  (§4")  qui  peuvent  aboutir  à  la  dilution  et  à  l'invisi- 


SÉANCE    DU    20    JUILLET    IçjoS.  in'j 

bilité  complÚtes,  en  cas  de  1res  long  ou  de  trÚs  lent  parcours,  permettent 
de  dire  qu'un  résultat  négatif  tiendra  le  plus  souvent  à  la  trop  petite  quan- 
tité de  fluorescéine  employée.  Quelque  soit  l'inconvénient  d'un  excÚs  de 
coloration,  c'est  le  seul  moyen  de  compenser  les  nombreux  éléments  d'in- 
succÚs des  expériences.  Et  le  précieux  fluorescope  de  MM.  Trillat  et  Mar- 
boutin  doit  ĂȘtre  utilisĂ©  bien  plus  comme  correctif  de  ces  Ă©lĂ©ments  que 
comme  moyen  d'Ă©pargner  la  substance  ou  d'en  restreindre  les  effets. 

»  i5°  Il  faut  jeter  la  fluorescéine,  non  pas  lentement  et  par  petites  quan- 
tités à  la  fois,  mais,  au  contraire,  rapidement  et  abondamment,  afin  de 
commencer  toute  expérience  avec  le  maximum  possible  de  coloration. 

»  16°  L'absence  de  décantation  se  manifeste  aussi  sous  terre  :  à  Padirac, 
du  23  mai  au  7  juin  igoS,  avec  750^  de  fluorescéine,  j'ai  maintenu  coloré, 
pendant  i5  jours,  un  bassin  de  Sooo""'  Ă   Gooo""',  sans  qu'aucune  trace  de 
couleur  soit  demeurĂ©e  ensuite  perceptible  (Ă   l'Ɠil  nu),  mĂȘme  sous  5""  de 
profondeur;  la  décoloration  a  été  lente  et  progressive  à  partir  du  troi- 
siĂšme jour. 

»  ï']"  La  propagation  de  la  couleur  en  eau  1res  calme  se  fait  en  minces 
filaments  vasculaires,  Ă   la  surface  ou  entre  deux  eaux,  mais  sans  chute  vers 
le  fond  (^  3°  et  17"). 

»  18°  Toute  expĂ©rience  devrait  ĂȘtre  faite  de  prĂ©fĂ©rence  lors  des  crues 
et  mĂȘme  dans  les  trois  Ă©tats  d'eaux  basses,  moyennes  et  hautes,  les  diffĂ©- 
rences de  rĂ©sultats  devant  ĂȘtre  Ă©minemment  instructives.  » 

A  4  heures  et  demie  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts. 

M.   B. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   i3  juillet  1908. 

Exposition  uni^'er selle  inter nationale  de  1900.  Rapport  général  administratif 
et  technique,  par  M.  Alfred  Picard,  Membre  de  l'Instiuit;  t.  III.  1"  Partie:  Palais  et 
autres  édifices  ou  bùtiments  généraux  de  l' Exposition  universelle  internationale 
de  1900  ;  parcs  et  jardins;  tour  de  3ooℱ  (  suite).  —  5'  Partie  :  Eaux  ;  force  motrice  ; 
éclairage.  Paris,  Imprimerie  nationale,   1908;   1  vol.  in-4°.  (Hommage  de  l'aïUeur.  ) 


228  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Recherches  su/'  les  instruments,  les  méthodes  et  les  dessins  lopographiques,  par  le 
Colonel  A..  Laussedat,  Membre  de  l'Institut;  t.  II.  2'  Partie  :  DĂ©veloppement  et  pro- 
grĂšs de  la  MĂ©trophotographie  Ă   l' Ă©tranger  et  en  France.  Paris,  Gaulhier-Villars, 
igoS;  I  vol.  in-S".  (Hommage  de  l'auteur.) 

La  Phthiriose  de  la  Vigne,  parL.  Mangin  et  P.  Viala;  avec  rj  planches  et  55  figures 
dans  le  texte.  Paris,  bureaux  de  la.  Bévue  de  Viticulture,  igoB;  i  fasc.  in-4°.  (Présenté 
par  M.  Guignard.  Hommage  des  auteurs.) 

Mémoires  de  la  Société  académique  d'Agriculture,  des  Sciences,  Arts  et  Belles- 
Lettres  du  département  de  F  Aube;  t.  XXXIX,  3*  série,  année  1902.  Troyes,  Paul 
Nouel;  1  vol.  in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  d' Agriculture,  Sciences  et  Arts  de  la  Sarthe;  2"  série, 
t.  XXXI,  années  1902-1903,  fasc.  1.  Le  Mans,  imp.  de  l'Institut  de  Bibliographie, 
1903  ;  I  fasc.  in-8°. 

{A  suivre.) 


ERRATA. 


(SĂ©ance  du  6  juillel  igoS.) 

Note  de  M.  Maurice  Nicloux,  Injection  intraveineuse  de  glycérine  ;  dosage 
de  la  glycérine  dans  le  sang;  élimination  par  l'urine  : 

Page  72,  ligne  6,  au  lieu  de  2  minutes  i5  secondes,  lisez  6  minutes. 

MĂȘme  page,  ligne  8  en  remontant,  au  lieu  de  3o  minutes,  lisez  3o  secondes. 

(SĂ©ance  du   \'i  juillet   1903.) 

Note  de  M.  LĂ©opold  Mayer,  Sur  les  modifications  du  chimisme  respira- 
toire avec  l'Ăąge,  en  pnrticidier  chez  le  Cobaye  : 

Page  137,  ligne  21,  au  lieu  de  Halsdane,  lisez  Haldane. 

MĂȘme  page,  ligne  34,  au  lieu  de  physique,  lisez  physio-. 

MĂȘme  page,  ligne  37,  au  lieu  de  respiratoire,  lisez  respiratoires. 

MĂȘme  page,  ligne  38,  au  lieu  de  HĂ©ger,  lisez  Heger. 

Page  i39,  ligne  4,  au  lieu  de  3i3ooa;  r=  2600}',  lisez  3i3oox  —  2600  k- 

MĂȘme  page,  ligne  7,  au  lieu  de  Bastien,  lisez  M.  Bastien. 


On  souscrit  Ă   Paris,  chez  GAUTHIER-VILLARS, 

.      Quai  des  Grands-Aiigustins,  n°  55. 

is  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  rĂ©guliĂšrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  Ă   la  Hn  do  l'^nn^n   h»,,.  „  .  ‱     ,     „ 

Le  prix  de  Vabonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 
Paris  :  30  fr.  —  DĂ©partements  :  40  fr.  —  Union  postale  :  44  fr. 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


chez  Messieurs  : 

Ferran  frĂšres. 

I  Chaix. 

<  Jourdan. 

(  Ruff. 

Courtin-Hecquet. 

j  Germain  etGrassin. 
(  Gastineau. 

JĂ©rĂŽme. 

RĂ©gnier. 

(  Feret. 

c j  Laurens. 

(  Muller  (G.). 

Renaud. 

I  Derrien. 
)  F.  Robert. 

Oblin. 

1  Uzel  frĂšres. 

Jouan, 

K Perrin. 

s.......  j"«"''y- 

(  Marguerie. 
Juliot. 
Bouy. 
Nourry. 
Ratel. 
Rey. 

Lauverjat. 
Degez. 
Drevet. 

Gratier  et  C*. 
'le Foucher. 

l  Bourdignon. 
1  Dombre. 
i  Thorez. 
(  Quarré. 


■Ferr.. 


chez  Messieurs  : 

Lorient (  Baumal. 

'  M"'  lexier. 

,  Bernoux  et  Cumin 

1  Georg. 
^-yon (  ElTantin. 

l  Savy. 

I  Ville. 
Marseille Ruai. 

(  Valat. 

(  Goulet  et  fils. 
Martial  Place. 

/  Jacques. 
Nancy j  Grosjean-Maupin. 

[  Sidot  frĂšres. 

J  Guisl'Itau. 

(  Veloppé. 

\  Barma. 

(  Appy. 

Mmes Thibaud. 

Orléans    LodJé. 

(  Bianchier. 

(  LĂ©vrier. 

Bennes Plihon  et  Hervé. 

Bochefort Girard  (M""). 

„  1  Langlois. 

Bouen ,      " 

(  Lestringant. 

S'-Étienne Chevalier. 


Montpellier . 

Moulins . .    .. 


Nari  tes 
Nice . . . . 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


A  msterdam. . 


Poitiers. 


_     ,  1  Ponleil-Burles. 

Toulon 

Rumebe. 


Toulouse.. 


\  Gimet. 
'  '  '  \  Privai. 
,  Boisselier. 

Tours j  PĂ©ricat. 

'  Suppligeon. 

Valenciennes , 

(  Lemallre. 


chez  Messieurs  : 
Feikema    Caarelsen 
et  C'«. 

AthĂšnes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

1  Asher  et  C". 

Berlin )  Dames. 

1  Friediander  et  fils. 
(  Mayer  et  Muller. 

Berne Schmid  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

Lamertin. 

Bruxelles MayolezelAudiarte. 

*  Lebégue  et  G'*. 

„     ,  (  Sotchek  et  C°. 

Bucharest . ,     , 

'  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  BelletC' 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .  Otto  Keil. 

Copenhague HĂŽsl  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

GĂšnes Beuf. 

/  Cherbuliez. 

GenĂšve Georg. 

(  Stapelniohr. 
La  Haye Bel  in  fa  nie  frĂšres. 

Benda. 

Payol  et  C'V 

Barlh. 

Brockhaus. 
Leipzig (  KƓhler. 

Lorentz. 

Twietmeyer. 

,  Desoer. 
LiĂšge. 


Lausanne.. 


\ 


GnusĂš. 


chez  Messieurs  : 

Dulau. 

Londres 

‱  ‱     Hachette  et  C'-. 

Nuit. 

Luxembourg . . 

. .     V.  Buck. 

/  Ruiz  et  C. 

Madrid . 

1  Romo  y  Fussel. 

j  Capdeville. 

'  F.  FĂ©. 

Milan .... 

(  Bocca  frĂšres. 

■  (  HƓpli. 

Moscou. ...... 

x       *        ‱ 

Naples 

j  Marghieri  di  Gius 

(  Pellerano. 

(  Dyrsen  et  Pfeiffer. 

New- York 

.  j  Slechert. 

(  LemckeetBuechner 

Odessa 

Rousseau. 

Oxford 

.     Parker  et  C'«. 

Palerme 

. .   Reber. 

Porto 

Prague 

Rivnac. 

Bio-Janeiro 

.     Garnier. 

Borne 

S  Bocca  frĂšres. 

\  Loescheret  G" 

Botterdam 

.     Kramers  et  fils. 

Stockholm 

.      Nordlska  Boghandel. 

S'-PĂ©tersbourg . 

Zinserling. 
■     Wolfü. 

/  Bocca  frĂšres. 

Turin 

\  Clausen. 

f  RosenbergetSellier. 

Varsovie 

.     Gebelhner  et  WolO. 

VĂ©rone 

Drucker. 

Frick. 

Gerold  et  C". 

Ziirich 

Meyer  et  Zeller. 

iS  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1"  Ă   31.  —  (3  AoĂ»t  i855  Ă   3i  DĂ©cembre  i85o.)  Volume  10-4»;  1855.  Prix 25  fr. 

Tomes  32  Ă   61.  —  (  i"  Janvier  i85[  Ă   3i  DĂ©cembre  i865.)  Volume  in-4^  1870.  Prix 25  fr. 

Tomes  62  Ă   91.  —  (  i"'' Janvier  1866  Ă   3i  DĂ©cembre  1880.)  Volume  in-4°;  18S9.  Prix 25  fr. 

Tomes  92  Ă   121.  —  (1"  Janvier  1S81  Ă   Si  DĂ©cembre  1895.)  Volume  in-4'>;  1900.  Pri.x 25  fr. 

?LÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES[S£ANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

-  MĂ©moire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  M\I.  A.  Derbes  et  A.-J.-J.  Solier.  —  MĂ©moire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'Ă©prouvent 
s,  par  M.  llANSEN.  —  MĂ©moire  sur  le  PancrĂ©as  et  sur  le  rĂŽle  du  suc  pancrĂ©atique  dans  les  phĂ©nomĂšrios  digestifs,  particuliĂšrement  dans  la  digestion  des 
rasses,  par  M.  Claude  Bernard.  Volume  in-4",  avec  3-2  planches;  iS56 \   , ...     25  fr. 

‱  —  IS-lĂ©moire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M  P.-J.  Van  Beneden.  —  Essai  d'une  rĂ©ponse  Ă   la  question  de  Prix  proposĂ©e  en  i85o  par  l'AcadĂ©mie  des  Sciences 
encours  de  iSoo  cl  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir:  «  Etudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  dill'érenls  terrains 
laires,  suivant  I  ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanĂ©e.  —  Rechercher  lu 
les  rapports  qui  existent  entre  letalactuel  du  rÚgne  organique  et  ses  étals  antérieurs..,  par  M,  le  Professeur  Bronn.  In-4%  avec  7  planches;  1861...     25  fr. 

mĂȘme  Librairie  les  MĂ©moires  de  l'AcadĂ©mie  des  Sciences,  d  les  MĂ©moires  prĂ©sentĂ©s  par  divers  Savants  Ă   l'AcadĂ©mie  des  Sciences. 


r  3. 


TABLE   DES  ARTICLES.   (SĂ©ance  du  20  juillet  1903.) 


MÉMOIRES    ET  COMMUNIGATIOIVS 

DES   MEMBIÎRS   ET   DES   COKRESPONDANTS   DE 'L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.  J.  BoussiNESQ.  —  Extension,  à  des  cas 
oĂč  le  fond  est  courbe,  du  mode  d'Ă©coule- 
ment qui  se  conserve  dans  une  nappe 
d'eaux  d'infiltration  reposant  sur  un  fond 
plat '53 

M.  Armand  Gautier.  —  Sur  une  nouvelle 
métliode  de  recherche  et  de  dosage  des 
traces   les  plus  faibles  d'arsenic i58 


Pages 
M.  Yves  Delage.  —  Suj'  les  mouvements  de 
tcürsion  de  l'Ɠil  dans  les  orientations  du 
regard,  l'orbite  restant  dans  la   position 

primaire 

M.  K.  Blondlot.  —  Sur  une  nouvelle  action 
produite  par  les  rayons  n  et  sur  plusieurs 
faits  relatifs  Ă   ces  radiations 166 


63 


IVOIVIMATÏONS. 


iM.  Baccelli  e 
Section    de 


si  Ă©lu  Corrcspoiiilanl  pour  la 
MĂ©decine    et    Chirurgie,    en 


remplacement  de  M.  OUier,  décédé i6g 


MÉMOIRES  PRESENTES. 


M.  L.  Fraichet.  —  Étude  sur  les  dĂ©forma- 
tions  moléculaires    d'un   barreau   d'acier 


soumis  Ă   la   traction  . 


169 


CORRESPOXDANCE. 


M.  QuÉNisSET.  —  Photographies  de  la  co- 
mĂšte Borrelly,  igo3   c 

M.  Charbonnier.  —  Sur  la  thĂ©orie  du  champ 
acoustique. 

M.  A.  Petot.  —  Contribution  Ă   l'Ă©tude  de 
la  surchaufTc 

M.  A.  Bouzat.  —  Courbes  de  sublimation.. 

M.  P.  Lanoevin.  —  Sur  la  loi  de  reconibi- 
naison  des  ions 

M.  Iliovici.  —  Essais  sur  la  commutation 
dans  les  dynamos  Ă   courant  continu 

M.  Georges  Meslin.  —  Influence  de  la  tem- 
pérature sur  le  dichroïsme  des  liqueurs 
mixtes  et  vérification  de  la  loi  des  in- 
dices   

M.  C.  Camichel.  —  Sur  la  spectrophoto- 
métrie  photographique 

M.  A.  Trillat.  —  BĂ©actions  catalyliques 
diverses  fournies  par  les  métaux  ;  inllucnees 
activantes  et  paralysantes , 

M.  A.  Becoura. —  Sur  l'acide  ferrisulfurique 
et  le  ferrisulfate  d'Ă©thyle. 

M.  P.  ChrĂ©tien.  —  Les  bleus  de  Prusse  et 
de  Turubull.  Une  nouvelle  classe  de  cya- 
nures complexes 

M.M.  Ch.  Moureu  et  A.  Valeur.  —  Surla 
spartéine.  CaractÚres  généraux;  action  de 
quelques  réducteurs 

MM.  L.  Bouveault  et  A..  Wahl.  —  Sur  les 
Ă©thers  isonitrosomaloniques  et  leur  trans- 
formation en  éthers  mésoxaliques 

M.  LÉON  Brunel.  —  Action  de  l'ammoniaque 
surl'oxyde  d'Ă©thylcncdu  fl-o-cyclohexauc- 

bulletin  bibliographiqui': 

Errata  


.70 

■7' 

173 
175 

"77 
■79 

182 
iS4 

.87 
.89 

'9' 
196 


diol 198 

M.  G.  ANDRE.  —  Becherches  sur  la  nutri- 
tion des  plantes  étiolées 199 

M.  S.  Posterxak.  —  Sur  la  matiùre  phospho- 
organique  de  réserve  des  plantes  à  chlo- 
rophylle. Procédé  de  préparation 202 

M.  H.  R1GÔME.  —  Sur  des  racines  dressĂ©es 
de  bas  en  luiut,  obtenues  expérimentale- 
ment      204 

M.  Henri  Jc.melle.  —  Une  PassiflorĂ©e  Ă  
résine 206 

M.  Guillaume  Guandidier.  —  Contribution 
Ă   l'Ă©tude  de  V.Epyornis  de  Madagascar..     208 

M.  A.  Lacroix.  —  Les  enclaves  l3asiques 
des  volcans  de  la  Martinique  et  de  Saint- 
Vincent 211 

MM.  Cl.  Vurpas  et  A.  LĂ©ri.  —  Contribution 
à  l'étude  des  altérations  congénilales  du 
systÚme  nerveux  ;  patbogénie  de  l'anen- 
céphalie 2i3 

.M.  J.  Le  GoFF.  —  Sur  les  gaz  organiques 
de  la  respiration  dans  le  diabÚte  sucré...     216 

MM.  E.  IlED0>ret  C.  F.'.eig.  —  Sur  l'entretien 
de  l'irritabilité  de  certains  organes  séparés 
du  corps,  par  immersion  dans  un  liquide 
nutritif  arlificiel 217 

M.\L  V.  CoRNiL  et  P.  CouDR.iY.  —  De  la  for- 
mation du  cal 220 

M.  Pu.  Negris.  —  Observations  concernant 
les  variations  du  niveau  de  la  mer  depuis 
les  temps  historiques  et  préhistoriques...     222 

M.  E.-A.  Martel.  —  Sur  l'application  de 
la  (luorescéine  à  l'hydrologie  souterraine. 


225 

i'7.7 
228 


PARIS.   -  IMPRIMERIE    G  AUTH  lE  R  -  V  ILL  ARS, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 


Le  GĂ©rant  .-' Gauthier  .Villars. 


^  >'‱>  1903 

Î,6ft5)      SECOND  SEMESTUE. 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES    SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVII. 


K  4(27  Juillet  1903). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Auguslins,  55, 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS   LES  SÉANCES    DES    23    JUIN    1862    ET    l[\    MAI    iSyS 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

H  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i".  —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
an  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  j)ourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  àe  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  3a  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qi 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séa 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Sa 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  pe 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  < 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  1 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoi 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  re 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  ce 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  il 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondĂź 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Menabre  doit  ĂȘtrt 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plu 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin;  faute  d'ĂȘtre  remis 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Com^ 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  n 
vaut  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  par 
Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  plai 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  < 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frai 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Ra 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernen 

I 
Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administi  1 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  ren(< 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécutio  1 
sent  RĂšglement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  laire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  I 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance,  avant  5^  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séan 


1?   1903 

ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU    LUNDI   27  JUILLET  1903, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  MASCART. 


MEMOli'.ES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DKS    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  PrĂ©paration  et  propriĂ©tĂ©s  d'un  siliciure  de  ruthĂ©nium  (  '  ). 
Note  de  MM.  Henri  Moissax  et  Wilhem  Maxchot. 

«  Lorsque  l'on  chauffe  au  four  électrique  un  mélange,  de  1^,5  de 
ruthénium  en  poudre  et  de  7^  de  silicium  cristallisé,  placé  dans  une  nacelle 
de  charbon  au  milieu  d'un  tube  de  mĂȘme  substance,  on  obtient  rapide- 
ment la  fusion  du  mélange,  puis  la  combinaison  se  produit;  elle  est  accusée 
par  un  rapide  dégagement  de  vapeur,  enfui  le  liquide  redevient  tranquille 
et,  Ă   ce  moment,  on  arrĂȘte  l'expĂ©rience.  Cette  derniĂšre  ne  demande  pas 
plus  de  2  à  3  minutes  avec  un  courant  de  600"ℱ''  sous  120^°"**.  Au  moment 
de  la  combinaison,  une  certaine  quantité  de  métal  a  été  volatilisée  sous 
forme  de  vapeur  brune.  Il  est  important  que  le  courant  du  four  Ă©lectrique 
soit  trÚs  constant;  sans  quoi,  les  résultats  ne  sont  pas  comparables.  Cette 
expérience  a  été  répétée  plusieurs  fois  dans  un  creuset  de  charbon  et  a 
toujours  donné  les  mÎmes  résultats. 

»  On  obtient,  dans  ces  conditions,  un  culot  métallique  bien  fondu  et 
qui  prĂ©sente  toujours  le  mĂȘme  aspect  lorsque  l'on  fait  varier  le  poids  du 
silicium  du  simple  au  double.  Cette  substance  est  concassée,  réduite  en 
poudre,  puis  traitée  par  une  lessive  de  soude  au  bain-marie  et,  ensuite,  par 
un  mélange  d'acide  fluorhydrique  et  d'acide  nitrique.  11  reste,  aprÚs  ces 
traitements,  des  cristaux  blancs,  brillants,  mélangés  à  des  quantités  va- 


(')  Nous  avons  poursuivi  ces  recherches  au  moyen  d'un  bel  échantillon  de  ruthé- 
iiiuni  mélallique  qui  nous  a  été  remis  par  M.  Malhey,  de  Londres.  Aous  tenons  à 
adresser  Ă   ce  grand  industriel  tous  nos  remerciements. 

C.  K.,  19UO,  2'  Semestre.  (T.  CX.\\VH,   \'  4.)  3l 


23o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

riables  de  carbnrundum  que  l'on  peut  séparer,  grùce  à  leur  différence  de 
densité,  au  moyen  de  l'iodure  de  méthylÚne. 

»  Le  mĂȘme  composĂ©  peut  ĂȘtre  obtenu  dans  un  Ă©tat  de  puretĂ©  plus 
grand,  en  chauffant  au  four  Ă©lectrique,  dans  un  creuset  de  charbon,  un 
mélange  de  1^,5  de  ruthénium,  iS''  de  silicium  et  5^  de  cuivre.  La  réaction 
se  pi'oduit  alors  avec  plus  de  régularité  à  la  température  d'ébuUition  du 
siliciure  de  cuivre  et,  aprĂšs  le  mĂȘme  traitement  que  prĂ©cĂ©demment,  on 
obtient  un  siliciure  de  ruthénium  trÚs  bien  cristallisé,  exempt  de  siliciure 
de  carbone  et  répondant  à  la  formule  Ru  Si.  Le  rendement  est  d'environ 
80  pour  100  du  poids  du  ruthénium  mis  en  expérience  ('). 

))  PropriĂ©tĂ©s  physiques.  —  Les  cristaux  que  l'on  prĂ©pare  ainsi  se  prĂ©sen- 
tent en  prismes  terminés  par  des  pyramides,  ou  sous  forme  de  dendrites  à 
arĂȘtes  bien  arrĂȘtĂ©es.  Ces  cristaux  trĂšs  brillants  possĂšdent  une  couleur 
blanche  et  un  aspect  métallique.  Dans  certaines  préparations,  nous  avions 
obtenu  une  substance  de  couleur  plus  foncée,  mais  cela  tenait  à  une  oxy- 
dation superficielle.  Ces  derniers  cristaux  reprennent  tout  leur  Ă©clat  dĂšs 
qu'on  les  maintient  quelques  instants  au  contact  de  fluorhydrate  de  fluo- 
rure de  potassium  fondu. 

))  Leur  densité  est  de  5,4o  à  la  température  de  -l-  \".  L'action  du  sili- 
cium sur  le  ruthénium  fournit  donc  un  siliciure  formé  avec  augmentation 
de  volume.  Ce  siliciure  de  ruthénium  est  trÚs  dur.  Il  raye  avec  facilité  le 
cristal  de  roclie,  la  to[>aze  et  le  rubis.  Sa  poussiĂšre  est  sans  action  sur  une 
surface  bien  polie  de  diamant.  Il  est  volatil  au  four  Ă©lectrique. 

»  PropriĂ©tĂ©s  chimiques.  —  Ce  siliciure  de  ruthĂ©nium  est  un  composĂ©  trĂšs 
stable.  Cependant  le  (luor  l'attaque  Ă   froid  eu  produisant  une  vive  incan- 
descence. Le  chlore  l'attaque  lentement  et  incomplĂštement  vers  5oo". 
Mais  au  rouge,  la  combinaison  se  produit  avec  un  dégagement  de  chaleur 
notable.  iMÚme  à  plus  haute  température,  l'attaque  n'est  pas  complÚte. 

»  Les  vapeurs  de  brome  et  d'iode  réagissent  lentement  sur  ce  sili- 
ciure en  poudre,  à  une  température  de  600°.  La  réaction  est,  en  tous 
points,  comparable  Ă   celle  du  chlore. 

»  Brusquement  chauffé,  le  siliciure  de  ruthénium  brûle  dans  l'oxygÚne 
avec  une  belle  incandescence.  Du  reste,  les  oxydants,  tels  que  le  chlorate 


(')  Lorsque  l'on  emploie  dans  celte  préparation  une  quantité  de  cuivre  plus  grande, 
il  se  forme  un  autre  siliciure  moins  riche  en  silicium  qui,  léi;Úremenl  chaufTé,  prend 
feu  dans  un  courant  de  chlore. 


SÉANCE  DU  27  JUILLET  igoS.  23l 

de  potassium  en  fusion,  l'attaquent  d'une  façon  progressive,  mais  sans 
incandescence.  On  perçoit  en  mĂȘme  temps  l'odeur  dn  peroxyde  de  ruthĂ©- 
nium RnO*.  De  mĂȘme  le  bichromate  de  potassium  en  fusion  l'attaque 
lentement. 

»  La  vapeur  de  soufre  au  rouge  sombre  décompose  ce  siliciure;  à  la 
miĂȘme  tempĂ©rature  il  est  lentement  attaquĂ©  par  le  sodium  et  le  magnĂ©sium 
en  fusion. 

»  Le  siliciure  de  ruthénium  n'est  pas  attaqué  par  tous  les  acides  à  leur 
température  d'ébullition,  et  le  mélange  d'acide  nitrique  et  d'acide  fluorhy- 
drique,  qui  ne  fournit  aucune  action  à  froid,  ne  réagit  à  chaud  qu'avec 
une  extrĂȘme  lenteur. 

1)  La  potasse  et  le  carbonate  de  potassiiun  fondus  attaquent  plus  diffici- 
lement le  siliciure  que  le  mĂ©tal.  Il  en  est  de  mĂȘme  pour  le  mĂ©lange  de  ces 
composés  avec  l'azotate  de  potassium.  Par  contre,  un  mélange  de  bisulfate 
et  d'azotate  de  potassium  attaque  lentement  ce  siliciure,  avec  production 
de  perruthénate. 

»  On  sait  avec  quelle  facilité  l'hypochlorite  de  potassium  attaque  le 
ruthénium.  Celte  solution  n'exerce  aucune  action  sur  le  siliciure.  Cette  sta- 
bilité du  siliciure  de  ruthénium,  soit  en  présence  des  hvpochlorites  alcalins, 
soit  en  présence  d'un  mélange  d'acide  nitrique  et  d'acide  fluorhydrique, 
démontre  bien  que  notre  nouveau  composé  ne  renferme  ni  métal  ni  sili- 
cium libre. 

»  Analyse.  —  Ce  dosage  est  assez  dĂ©licat.  Pour  attaquer  le  siliciure  de 
ruthénium,  nous  avons  employé  un  artifice  indiqué  par  Joly  dans  ses  belles 
recherches  sur  les  composés  de  ce  métal  ('  ).  Nous  avons  fait  agir  sur  un 
poids  déterminé  de  siliciure  un  mélange,  bien  exempt  d'oxygÚne,  de  chlore 
sec  en  excĂšs  et  d'oxyde  de  carbone.  Il  faut  avoir  soin  de  faire  cette  attaque 
au-dessous  du  rouge  naissant  poiu'  que  le  chlorure  anhydre  sublimé  ne 
soit  pas  trop  difficile  à  détacher  du  verre.  Le  chlorure  de  silicium  produit 
dans  cette  réaction  est  recueilli,  transformé  en  silice  et,  du  poids  de  cette 
derniÚre,  il  est  facile  de  déduire  le  poids  de  silicium  du  composé.  Le 
mélange  formé  de  chlorure  de  ruthénium  et  du  résidu  de  siliciure  non 
attaqué  (résidu  trÚs  faible  lorsque  l'attaque  a  été  assez  longue)  est  chauffé 
dans  un  courant  d'hydrogÚne  pour  réduire  le  chlorure  à  l'état  de  métal, 

([')  A.  Joly,  Aclio/i  du  chlore  sur  le  rutliriiiuin  {Comptes  rendus,  t.  GXIV,  189-^, 
p.  191). 


232  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

puis  pesé  aprÚs  refroidissement  dans  mie  atmospliÚre  d'acide  carbonique. 
On  reprend  ensuite  par  une  solution  d'hypochlorile  Ă   chaud,  qui  dissout  le 
ruthénium  et  laisse  le  résidu  de  siliciure.  La  différence  entre  les  deux  pesées 
donne  le  poids  de  ruthénium. 

»  Dans  la  plupart  de  nos  analyses,  en  partant  de  0,2  de  siliciure,  l'at- 
taque Ă©tait  complĂšte  aprĂšs  l'^So"^.  Nous  avons  obtenu  ainsi  les  chiffres 
suivants  : 

3. 


22, 10 


Ruthénium. . .  . 

1. 
‱      77.94 

2. 

77.65 

Silicium 

» 

20,17 

Théorie 

‱'1. 

pour  Ru  Si. 

77.98 

78.17 

21  ,o3 

21,83 

»  Conclusions.  —  En  rĂ©sumĂ©,  Ă   la  tempĂ©rature  de  fusion  du  ruthĂ©nium, 
ce  métal  se  combine  avec  facilité  au  silicium  pour  donner  un  siliciure  de 
formule  Ru  Si  de  densité  5,4o,  parfaitement  cristallisé,  possédant  une 
grande  dureté  et  trÚs  stable  en  présence  de  la  plupart  des  réactifs.  » 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Arsenic  dans  les  eaux  de  mer,  dans  le  sel  gemme,  le  sel 
de  cuisine,  les  eaux  minérales,  etc.  Son  dosage  dans  quelques  réactifs  usuels. 
Note  de  M.  Arsiand  Gadtiek. 

«  On  savait  depuis  longtemps  que  les  eaux  de  mer  contiennent  une 
faible  proportion  d'arsenic;  je  viens  de  m'assurer  qu'à  la  façon  du  phos- 
phore il  y  est  en  partie  dissous,  en  partie  organisé  et  contenu  dans  les 
constituants  du  plankton,  tout  particuliĂšrement  dans  les  algues  microsco- 
piques oĂč  il  accompagne  l'iode  (').  Mais  jusqu'ici  la  difficultĂ©  de  recueillir 
la  totalité  de  traces  d'arsenic  en  présence  des  masses  de  chlorures  de  l'eau 
de  mer  a  rendu  impossible  pour  ces  eaux  toute  dĂ©termination  exacte,  mĂȘme 
en  bloc,  de  cet  important  élément. 

»  La  méthode  que  j'ai  décrite  {voir  p,  i:")8)  m'a  permis,  au  contraire,  de 
doser  facilement  l'arsenic  dans  les  eaux  de  mer,  le  sel  marin,  le  sel  gemme, 
les  eaux  minérales.  Dans  le  but  de  poursuivre  utilement  mes  recherches 
sur  l'arsenic  physiologique  normal,  je  l'ai  dosĂ©  de  mĂȘme  dans  l'eau  distillĂ©e 
et  dans  les  réactifs  généralement  utilisés  dans  ce  cas. 

»  A.  Eau  de  mer;  sources  salĂ©es.  —  Dans  l'eau  de  mer  de  l'Atlantique 

(')  Comptes  rendus,  l.  CXXXV,  p.  833. 


SÉANCE  DU  37  JUILLET  IQoS.  233 

(cÎtes  de  Bretagne),  j'ai  essayé  de  doser  l'arsenic  sous  ses  trois  formes: 
minéral,  organique  et  organisr. 

»  L'eau  filtrée  sur  biscuit  de  SÚvres  a  été  additionnée,  par  litre, 
de  10  cent,  cubes  de  solution  de  sulfate  ferrique  pur  d'arsenic  (  '  ),  portée 
alors  à  l'ébuliition,  saturée  d'ammoniaque  et  filtrée.  L'arsenic  minéral  a 
été  dosé  en  recueillant  le  précipité  ferrique,  le  dissolvant  dans  l'acide  sulfu- 
rique  Ă©tendu  et  versant  direclement  dans  l'appareil  de  Marsh,  comme  il  est 
dit  (p.  i6i);  on  dose  ainsi  l'arsenic  minĂ©ral.  La  liqueur  oĂč  s'Ă©tait  produit  ce 
prĂ©cipitĂ©  a  Ă©tĂ©  additionnĂ©e,  aprĂšs  fiitration,  de  3oℱ' d'acide  nitrique  pur  et 
distillée  à  sec  au  bain  de  sable  dans  une  cornue  de  verre  vert  (-),  munie 
d'un  récipient  suivi  d'un  réfrigérant  et  d'un  tube  terminal  de  Will  et  Wa- 
rentrapp  garni  de  solution  de  potasse  pure  et  chaude,  le  tout  assemblé  par 
rodages  à  l'émeri.  Les  vapeurs  acides  non  condensées  et  le  chlore  s'échap- 
paient bulle  à  bulle  à  travers  une  solution  de  potasse  pure  (^),  destinée  à 
recueillir  et  détruire  les  vapeurs  de  chlorure  d'arsenic  qui  pouvaient  se 
produire.  AprÚs  dessiccation  complÚte  et  légÚre  calcination  du  résidu  sec 
de  la  cornue,  la  liqueur  acide  distillée  et  la  solution  alcahne  des  tubes 
de  W.  et  W.,  furent  mélangées,  neutralisées,  additionnées  de  lo"""  de  solu- 
tion ferrique,  portées  à  l'ébuliition,  etc.  On  précipite  et  dose  ainsi  l'arsenic 
organique. 

»   Toutes  corrections  faites  des  faibles  traces  d'arsenic  introduites  par  le 
réactif,  cette  expérience  a  donné  : 

Pour  I  litre^ 

.     r,        ,  ‱  .     .  1  1       ,        ,       {  Arsenic  minĂ©ral.  .  .         oℱs,ooq 

A.  tau  de  mer  puisée  a  io^'^  des  cÎtes  \  ^ 

,    n     ,  ,  -  -,„    ,  y      ,  \  Arsenic  organique.         o"s  0008  (environ) 

de  Bretagne  et  a  .i"^  de  profondeur .    j  n        t  1  \  1 

'  Arsenic  organisé. .  .        Indosable  en  i  litre 


B.  MĂȘme  eau  de  mer Arsenic  total. 


o"'6, 010 


»  Les  déterminations  suivantes  sont  aussi  intéressantes,  parce  qu'elles 
ont  été  faites  sur  l'eau  de  l'Atlantique  puisée  au  voisinage  des  Açores, 
et   sur  la  mĂȘme  verticale,  mais  Ă   diffĂ©rentes  profondeurs .  Elles  avaient  Ă©tĂ© 


(')  Cette  solution  ferrique  contenait  So^  de  Fe'O^  au  litre. 

(^)   On  s'était  assuré  que  dans  ces  conditions  le   verre  ne  cédait  pas  à   l'acide   une 
quantité  sensible  d'arsenic. 

(')  Elle  contenait  o'"f,  oo44  de  As  pour  100  et  o-"s,ooo4  pour  la  quantité  employée. 


234  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

recueillies,  avec  toutes  les  précautions  convenues  d'avance,  par  les  soins 
et  sous  les  yeux  de  son  Altesse  le  Prince  de  Monaco  que  je  ne  saurais  trop 
remercier  : 

Eau  (le  rAtlantique  (Açorcs). 
Sondages.  Profondeur.  .As  par  litre. 

S.    iSg^...    loℱ  o,025 

Id ]335  o,oio 

S.    1/427  (/=2°,7) 0943  (à  (3"' ou  S'"  du  fond)       0,080 

»  Il  semble  donc  que  dans  les  parages  volcaniques  l'arsenic  abonde 
surtout  dans  les  grands  fonds.  Nous  verrons,  en  efFet,  tout  Ă   l'heure,  que 
les  Ă©manations  venues  des  profondeurs  terrestres  entraĂźnent  avec  elles  des 
vapeurs  de  chlorure  de  sodium  trĂšs  arsenical.  A  sa  surface,  l'eau  de  la  mer 
s'enrichit  moyennement  en  arsenic  grĂące  peut-ĂȘtre  Ă   la  fois  au  plankton 
qui  la  peuple  et  Ă   l'Ă©vaporation. 

»  Les  eaux  des  sources  salées  sont  toutes,  on  le  sait,  plus  ou  moins  arse- 
nicales, particuliÚrement  les  eaux  ferrugineuses  et  les  chlorurées  sodiques. 
Ma  nouvelle  méthode  permet  d'y  doser  l'arsenic  avec  grande  précision  et 
rapiditĂ©.  Le  chlorure  de  sodium  n'empĂȘche  en  rien  l'entrainement  de  l'ar- 
senic par  le  sel  ferrique  qui  s'insolubilise  Ă   chaud.  J'en  donnerai  comme 
exemple  le  dosage  que  j'en  ai  fait  dans  l'eau  salée  de  Misserey,  prÚs  Besan- 
çon, eau  provenant  d'infiltrations  naturelles  passant  sur  une  couche  sali- 
fĂšre  de  .^4ℱ  d'Ă©paisseur  placĂ©e  Ă   i^S*"  de  profondeur.  Cette  eau  est  presque 
saturée  de  sel  dont  elle  contient  326°'  par  litre.  Elle  a  donné  : 

Arsenic  par  litre  o"'s,oio. 

))  C'est  la  richesse  en  arsenic  des  eaux  de  mer  de  surface  à  l'entrée  de 
la  Manche  ('). 

M  B.  Sel  marin,  sel  gemme,  —  Il  m'a  paru  probable  que  le  sel  marin 
i.ssu  des  eaux  de  mer  arsenicales  devait  contenir  une  proportion  sensible  de 
cet  élément.  C'est  ce  que  confirment  les  analyses  suivantes  : 


(')  J'ai  des  raisons  de  penser  que  l'arsenic  et  l'iode  varient  beaucoup  dans  les  eaux 
de  mer  mĂȘme  prises  sur  un  mĂȘme  point,  et  suivant  des  conditions  qui  nous  Ă©chappent 
encore  et  n'ont  pas  de  relation  sensible  avec  les  saisons. 


SÉANCE  DU  ‱i']    JUILLET  I9o3.  235 

Arseoic 
pour  lOoE 
Origine.  de  seL 

Sel  Ijlanc  fin CĂŽtes  de  Bretas^ne o,oo3 

Sel  blanc  fin Sables  d'Olonne o,ooi 


0,045 


e  ,       .     ,         .  .  Sables  dOlonne,        Partie  soluhle    oℱs,  o3a 

bel  <;ris  de  cnisine.    <  ,, .    ,       ‱  r.        ■    ‱       ,    ,  , 

(     sur  I  Atlantique./   l-'artƓ  insoluble  0°'^, 010  \ 

Sd  dit  anglais  (').       (Acheté  chez  Potin  à  Paris) o,oi5 

As  pour  lOoLui' 
Origines.  de  sel. 


Stassfurth  (trĂšs  bel  Ă©chan- 


uiç 


Sel  »emnie  <        '  ...  ,  o,oo25 

(  tiilon  transparent)  ) 

,,  (Salines  de   Saint-Nicolas,  )  /"«///f  .ço/w6/e. .. .     oℱs,ooq  )  , 

la.         {  ,    ^^  „‱‱,,,  -  i  0,014 

(  prĂšs  Nancy  ]  Partie  insoluble..     o'"s,ooo  ) 

I  Montagne  de  sel  de  Djebel-  1 
Amour    (  Sud-Oranais)  l o,oo5 
(bel  Ă©chantillon  )               ) 

Chloi'ure  de  sodium  fondu  au  rouge  (Origine  inconnue) ,      o,o3o 

Chlorure  de  sodium  recueilli  dans  une  fissure  volcanique  du  VĂ©suve. .  .      0,17:) 

»  Le  chlorure  de  sodium  conlient  donc  toujours  de  l'arsenic,  surtout 
s'il  est  d'origine  volcanique  directe  et  lors  mĂȘme  qu'il  a  Ă©tĂ©  fondu  au  rouge. 

))  Nous  tirerons  de  ces  analyses  un  autre  enseignement.  De  tous  les  sels 
usuels,  le  sel  gris  de  cuisine  est  le  plus  riche  en  arsenic. 

»  Le  sel  marin  me  paraßt  donc  constituer  l'une  des  sources  principales  à 
Liquelle  nous  puisons  tous  les  jours  l'arsenic  qui  nous  est  nécessaire  et 
(pie  certains  de  nos  organes  emmagasinent  avec  une  surprenante  avidité. 

»  Au  point  de  vue  médico-légal,  il  y  a  lieu  de  tenir  compte  aussi  de  cette 
introduction  continue  d'arsenic  dans  l'Ă©conomie  par  le  sel  de  cuisine.  Mais 
il  faut  remarquer  que  les  quantités  ainsi  absorbées  sont  trÚs  minimes 
(environ  un  décimilligranmie  par  mois).  Surtout  il  ne  faut  pas  oublier  que 
l'ai  montré  que  le  foie,  le  sang,  l'estomac,  les  muscles,  etc.  des  mammi- 
fÚres ne  contiennent  pas  d'arsenic  à  l'état  normal  ou  une  quantité  qui  ne 
paraßt  pas  généralement  supérieure  à  -j-j^  de  milligramme  par  loo^^  {- ). 

))  C.  Eaux  minĂ©rales.  —  J'ai  eu  la  curiositĂ©  de  doser  l'arsenic,  par  ma  nou- 
velle méthode,  dans  quelques  eaux  minérales  oßi  plusieurs  habiles  analystes 
l'avaient  déjà  déterminé.  J'ai  particuliÚrement  examiné,  à  ce  point  de  vue, 
les  eaux  de  Vichy  oĂč  l'arsenic  avait  Ă©tĂ©  dosĂ©  suivant  d'autres  procĂ©dĂ©s  et 


(')  Ce  sel,  fin,  opaque,  paraßt  mélangé  d'une  trÚs  faible  proportion  d'épices. 
(■-)  Si  l'on  corrige  l'arsenic  obtenu  de  celui  qu'apporte  l'ensemble  des  rĂ©actifs. 


236  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  ;igissant  sur  de  grandes  quantités  d'eau,  en  particulier  par  M.  VVillra, 
dont  on  connaßt  la  haute  précision. 
»   Voici  nos  résultats  comparatifs  : 

Arsenic  par  litre. 

Sources  de  Vicliy  ("j.  A.Gautier.      E.  AVillui. 

lug  m? 

Grande  Grille 0,28  0,82 

Puits  ChĂŽmai 0,24  0,82 

HĂŽpital o,i4  0,48 

Célestins  (-) 0,12  » 

Haulerive o,3i  0,82 

M   Mes  analyses  ont  été  faites  sur  100  cent,  cubes  d'eau  seulement. 

»  Sauf  pour  la  source  de  VHÎpital,  on  remarquera  la  concordance  trÚs 
satisfaisante  des  nombres  de  M.  Wdlm  et  des  miens.  Pour  l'eau  dile  de 
VHÎpital,  deux  dosages  faits  sur  loo  et  200  cent,  cubes  d'eau  m'ont  donné 
ce  mĂȘme  poids  de  t4  cenlimilligramnies  d'arsenic  par  litre.  Cette  eau 
aurait-elle  subi  quelques  variations  en  arsenic  avec  le  temps? 

»  D.  RĂ©actifs  divers.  —  J'ai  voulu  me  servir  enfin  d'une  mĂ©thodes!  com- 
mode et  si  sûre  pour  déterminer  les  quantités  d'arsenic  que  les  réactifs 
prétenilus  purs  ordinairement  employés  à  la  recherche  physiologique  ou 
médico-légale  de  ce  métalloïde  introduisent  dans  les  dosages  faits  par  les 
anciens  procédés.  Voici  mes  résultats  : 

Arseuic. 

Eau  distillée  à  Talambic  de  cuivre  étanié,  aprÚs  nié- 

me 

lange  de  is  CO'Na-  par  litre 0,0007  par  litre 

Eau  distillée  à  la  cornue  de  verre  avec  i  pour  1000 

de  GO''iNaH  pur 0,0011  » 

Ammoniaque  dite  pure  du  commerce 0,0010  pour  100'^"'' 

Ammoniaque  faite  avec  du  sulfate  de  potasse  pur 

d'arsenic  et  de  la  soude  caustique  dite /j«/c o,oo33  » 

Bicarbonate  sodique  pur  du  coiniiierce 0,016  pour  loos 

Nitre  pur  du  commerce 0,001 5  » 

Sulfate  de  potasse  dit /)«/‱ 0,006  » 

Le  mĂȘme  purifiĂ©  par  (SO'')^Fe^,  ce  rĂ©actif  conte- 
nant 3o8  Fe-0'  au  litre 0,0000  » 

Sulfate    ferrique    jjurifié,    contenant   3os   Fe-0''    au 

litre o,ooo4  pour  loo"^ 


-.cm-' 


(')  Eaux  puisées  par  moi  et  embouteillées  sur  place. 

C)  L'eau   dite  des  Célestins   provient  de   trois   sources  analysées  séparément  par 
M.  Willm.  Nous  n'avons  pu  savoir  exactement  celle  qui  correspondait  Ă   notre  analyse. 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    ipoS.  aSy 

Acide  nitrique  spécialement  pniillé o, 00028  en  jocs 

Solution  concentrée  dans  l'eau  de  gaz  sulfureux..  .  .  o,oo5     en  loo'''"' 
HydrogÚne  sulfuré  obtenu  par  FeS  ordinaire  et  HCl 

ordinaire  et  lavé  attentivement   aux   acides   et   à 

'eai' quantité  considérable  (') 

HydrogÚne  sulfuré  purifié 0,0008 

Zinc  pur 0,0000  en  20s 

»  Ainsi,  la  plupart  des  réactifs  prétendus  purs  dont  on  se  sert  habi- 
tuellement dans  les  recherches  d'arsenic  par  les  anciennes  méthodes  : 
l'eau  distillée,  l'acide  nitrique,  l'acide  sulfureux,  les  bisulfites,  l'ammo- 
niaque et  son  carbonate,  et  surtout  l'hydrogÚne  sulfuré,  contiennent 
tous  une  trace,  et  ce  dernier  gaz  une  quantité  relativement  trÚs  grande 
d'arsenic.  On  peut  à  peu  prÚs  négliger  la  dose  inappréciable  d'arsenic 
qu'introduit  la  mĂ©thode  au  fer,  mais  il  n'en  est  pas  de  mĂȘme  quand  on 
recourt  aux  anciennes.  J'ai  calculé  que,  avec  mon  ancienne  méthode,  la 
plus  perfectionnée,  on  peut  apporter,  par  l'emploi  de  100^'  d'acide  nitrique 
spécialement  purifié  et  l'ensemble  des  autres  réactifs,  de  o'"°,ooi  à  o^s^oooa 
d'arsenic.  Quoique  trÚs  faibles,  ces  quantités  deviennent  inquiétantes  s'il 
s'agit  de  s'assurer  de  l'existence  ou  de  l'absence  de  l'arsenic  physiolo- 
gique dans  des  tissus  et  des  organes  oĂč  l'on  n'en  trouve  que  des  traces  de 
l'ordre  de  grandeur  de  celle  qu'introduisent  les  rĂ©actifs  eux-mĂȘmes. 

»  Je  reviendrai  sur  ce  point  trÚs  important  dans  une  prochaine  Commu- 
nication.   » 


MÉCANIQUE.  —  Sur  les  ondes-cloisons.  Note  de  M.  P.  Duiiem. 

«  Nous  avons  montré  (-)  que,  en  un  fluide  visqueux,  les  seules  ondes 
possibles  sont  des  ondes  qui  sĂ©parent  constamment  les  deux  mĂȘmes  masses 
fluides.   Une  de  ces  ondes  incapables  de  propagation  Ă©tant  d'un  certain 


(')  L'arsenic  apporté  par  un  courant  de  bulles  de  rapidité  moyenne,  venant  barboter 
durant  2  heures  dans  de  l'acide  nitrique  pur  porté  à  100°  placé  dans  un  ballon  à  long 
col  qui  ne  cédait  pas  d'arsenic  à  l'acide,  a  été  de  o"*?, oSo.  Je  donnerai  ailleurs  la  mé- 
thode de  purification  de  l'hydrogÚne  sulfuré. 

(-)  Des  ondes  qui  peuvent  persister  en   un  fluide  visqueux  {Comptes  rendus, 
t.    CXXXIII,    i4    octobre    igoi,    p,   579).    —    Recherches  sur    l'Hydrodynamique, 
II"  Partie  {Annales  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Toulouse,  2"  série,  t.  IV,  1902). 
G.  R.,   iyo3,  2'  Semestre.  (T.  CXX.WII,  N°  4.;  32 


238  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

onlre  n  par  rapport  aux  composantes  u,  <-,  w  de  la  vitesse,  est  seulement 
d'ordre  (n  —  i)  par  rapport  Ă   la  densitĂ©  p.  Nous  avons  ensuite  Ă©tendu  ('  ) 
cette  proposition  à  tous  les  milieux  élastiques  dénués  de  viscosité,  qu'ils 
soient  vitreux  ou  cristallisés,  afFectés  de  déformations  trÚs  petites  ou  de 
déformations  finies. 

»  Ces  ondes  dénuées  de  propagation,  semblables  à  des  cloisons  étanches, 
partagent  le  milieu  en  cellules  telles  qu'aucune  masse  matérielle  ne  puisse 
passer  d'une  cellule  Ă   l'autre. 

»  Considérons  celles  de  ces  ondes-cloisons  qui  sont  du  premier  ordre 
par  rapport  Ă   u,  v,  w;  le  long  d'une  des  ondes,  la  vitesse  relative  des  deux 
masses  qu'elle  sépare  est  nulle.  Une  telle  onde  est,  en  général,  surface  de 
discontinuité  pour  les  six  quantités 

»  Considérons  la  quadrique  Q  des  pressions,  représentée  par  l'équation 

4-  2(T,-+-  T^)YZ  +  2(T,  +  T^)ZX  +  2(T,  4-  t,)YZ  =  i. 

»  Lorsqu'on  s'approche  d'un  mĂȘme  point  M  d'une  onde-cloison,  la  qua- 
drique Q  tend  vers  deux  formes  limites  distinctes  Q,,  Q,,  selon  que  l'on 
chemine  du  cÎté  1  ou  du  cÎté  2  de  l'onde.  Entre  ces  deux  quadriques  Q,  - 
Q  existe  une  relation.  Si  a,  p,  y  sont  les  cosinus  directeurs  de  la  normale 
à  V onde- cloison,  menée,  par  exemple,  du  cÎté  2  au  cÎté  1,  on  a,  au  point  M, 

»   Le  plan  diamétral  conjugué  à  la  direction  (a,  p,  y)  de  la  normale  à 


(')  Sur  le  mouvement  des  milieux  vitreux,  affectés  de  viscosité,  et  trÚs  peu  dé- 
formĂ©s {Comptes  rendus,  t.  CXXXVl,  9  mars  igoS,  p.  Sga).  —  Sur  les  ondes  au 
sein  d'un  milieu  vitreux,  affecté  de  viscosité,  et  trÚs  peu  déformé  {Ibid.,  i3  mars 
iQo3,  p.  733)-  —  Des  ondes  du  premier  ordre  par  rapport  à  la  vitesse  au  sein  d'un 
milieu  vitreux,  doué  de  viscosité,  et  affecté  de  mouvements  finis  (  Ibid.,  6  avril  igoS, 
p.  858).  —  Des  ondes  du  second  ordre,  par  rapport  à  la  vitesse  au  sein  des  milieux 
vitreux,  doués  de  viscosité,  et  affectés  de  mouvements  finis  {Ibid.,  4  mai  igoS, 
p.  loSĂą). 


SÉANCE  DU  27  JUILLET  IQoS.  aSg 

V onde-cloison  a  mĂȘme  orientation  en  la  quadrique  Q,  qiien  la  quadnque  Q,. 

»  Cette  relation  n'empĂȘche  pas  les  deux  quadriques  Q,,  Q^,  d'avoir,  en 
général,  leurs  axes  principaux  orientés  différemment. 

»  Supposons  le  milieu  limité  par  une  surface  libre  soumise  à  une  pres- 
sion normale  II,  cette  pression  étant  uniforme  ou  continûment  variable 
d'un  point  Ă   l'autre  de  la  surface  libre.  Soient  \,  il,  v  les  cosinus  directeurs 
de  la  normale  à  la  surface  libre,  cette  normale  étant  dirigée  vers  l'intérieur 
du  milieu.  Nous  aurons,  en  tout  point  de  la  surface  libre, 

(N,  +  v^)  X  +  (T,  +  T,)  <j.  +  ^r^  +  T,)  V  =  n  A, 

(T,  +  T,  )  1  +  (N,  +  v^.)  ;..  +  (T,  +  -,)  V  =  n|... 

Ces  égalités  nous  enseignent  que  la  normale  à  la  surface  libre  marque,  en 
chaque  point  de  cette  surface,  l'un  des  axes  principaux  de  la  quadrique  Q 
relative  au  mĂȘme  point. 

»  Nous  avons  vu  qu'en  général  l'orientation  des  axes  principaux  de  la 
quadrique  Q  subissait  un  changement  brusque  au  travers  d'une  onde-cloi- 
son du  premier  ordre  par  rapport  à  u,  v,  w.  Si  donc  L  désigne  la  ligne  d'in- 
tersection d'une  telle  onde-cloison  avec  la  surface  libre,  la  normale  en  M 
Ă   la  surface  libre  subira  un  brusque  changement  de  direction  lorsque  le 
point  M  traversera  la  ligne  L.  D'oĂč  la  proposition  suivante  : 

»  V intersection  d'une  onde  cloison,  du  premier  ordre  par  rapport  aux  com- 
posantes de  la  vitesse,  avec  la  surface  libre  qui  limite  le  milieu,  est  une  arĂȘte 
de  celle  derniĂšre  surface  ;  celte  arĂȘte  peut  d'ailleurs  se  dessiner  en  saillie  ou  en 
creux. 

»  Au  cours  de  ces  derniÚres  années,  les  expérimentateurs  ont  observé, 
dans  les  conditions  les  plus  variées,  qu'un  milieu  continu  en  mouvement 
pouvait  se  diviser  en  cellules  persistantes  et  que  les  surfaces  cloisonnant  le 
milieu  se  marquaient  Ă   la  surface  libre  par  des  arĂȘtes  saillantes  ou  ren- 
trantes; M.  H.  BĂ©nard  (')  a  Ă©tudiĂ©  ce  phĂ©nomĂšne,  avec  un  soin  extrĂȘme, 
dans  les  liquides  qu'un  échauffement  inégal  anime  de  mouvements  tour- 
billonnaires;  IM.  G.  Cartaud  (-)  l'a  rencontré  en  diverses  autres  circons- 
tances. Ces  observations  semblent  trouver  leur  explication  complĂšte  et 


(')  H.  Bénard,  Journal  de  Physique,   3°  série,  t.  IX,    1900,   p.  5i3;  t.   X,  1901, 
p.  254. 
(-)  Jlei'ue  générale  des  Sciences,   14"  aiince,  lyoS,  p.  1 14. 


24o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

générale  dans   les  lois  qui   président  aux  mouvements  des   milieux  vis- 
queux. » 

CHIMIE  ORGANIQUE.    —    Sur  le  cyclohcxane  cl  ses  (JĂ©rivĂ©s  chlorĂ©s. 
Note  de  MM.  Paul  Sabatieu  et  Ai.pii.  BIailhe. 

((  En  appliquant  au  benzÚne  la  méthode  générale  d'hydrogénation 
directe  par  calalvse  que  l'un  de  nous  a  instituée  avec  M.  Senderens,  on  le 
transforme  trÚs  aisément  en  cycluhexane  C'H'-  semblable  à  celui  qui  existe 
dans  les  pétroles  du  Caucase  (').  C'est  un  corps  d'odeur  agréable  qui, 
lorsqu'il  est  pur,  cristallise  facilement  au  voisinage  de  o".  Point  de 
fusion  6", 5.  Point  d'cbullilion  (dans  la  vapeiu)  sous  n55'"'"  :  81", o. 

Densité  à  i3",5 0,7843 

»        à  44"; 6 o,755i 

»  M.  le  professeur  Evkman,  de  Gioningiie  (Pays-Bas),  a  bien  voulu  en 
étudier  la  réfraction;  il  a  trouvé  comme  indices  à  i3°,5  : 

«a ''42777 

«« 1 , 4353 1 

«1 1,43972 

»  Ce  cyclohexane  est  identifié  [)ar  ses  propriétés  physiques  à  celui  que 
Zélinski  a  préparé  synlhétiquement  à  pariir  de  l'acido  piniélique  (-). 

»  L'existence  du  noyau  aromatique  a  été  établie  daas  le  carbure  de  Zélinsivi,  par 
l'action  du  brome  qui  le  change  en  tétrahroinobenzÚne. 

»  La  tempĂ©rature  trĂšs  basse  (70°  Ă   180°)  oĂč  a  lieu  la  fixation  d'hydrogĂšne  dans  la 
synthÚse  du  cycloliexane  à  partir  du  benzÚne  en  présence  du  nickel  réduit  ne  permet 
pas  de  penser  qu'une  transposition  molĂ©culaire  ail  pu  s'accomplir.  ÎS'ous  avons  pu 
démontrer  que  le  novau  aromatique  persiste  réellement  dans  le  carbure  :  en  ellet,  les 
vapeurs  de  cjciohexane  synthétique  issu  du  benzÚne,  dirigées  seules  sur  du  nickel 
récemment  réduit,  maintenu  entre  270°  et  280",  sont  décomposées  réguliÚrement  en 
régénérant  du  benzÚne  et  de  l'hydrogÚne  qui,  à  cette  température,  réagit  aussitÎt 
sur  le  benzÚne  pour  le  transformer  en  méthane,  qu'on  recueille  sensiblement  pur.  Le 
benzÚne  formé  a  été  caractérisé  jiar  sa  transformation  en  nilrobenzÚne  de  point  d'ébul- 
lition  bien  défini.  La  réaction  définitive  peut  se  formuler  : 

3C'"'I1'2=3C''JI«  +  6CH4. 


(')  Paul  Sabatier  et  J.-B.  Senderens,  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,   1901,  p.   1284. 
{-)  ZĂ©i-insky,  Ber.  dcr  c/etitsc/t.  vkcni.  Ces.,  igoi,  ]i.  2799. 


SÉANCE  DU  27  JUILLET  igoS.  24l 

»  La  présence  du  noyau  aromatique  dans  le  cyclohexane  se  trouve  ainsi 
établie  :  on  verra  plus  loin  qu'elle  est  également  démontrée  par  les  réac- 
tions des  dérivés  chlorés. 

»  DĂ©rivĂ©s  chlorĂ©s.  —  Les  travaux  antĂ©rieurs  de  Markownikoff  et  de 
Fortey  sur  le  cyclohexane  du  pétrole  avaient  indiqué  la  formation  directe, 
par  l'action  du  chlore  sur  le  carbure,  d'un  dérivé  monochloré  bouillant 
vers  142°,  puis  de  dérivés  dichlorés  mal  étudiés  et  de  dérivés  poly chlorés 
liquides  indiqués  sans  aucune  précision.  Pouvant  disposer  de  quantités 
importantes  de  cyclohexane  synthétique  absolument  pur,  nous  avons 
étudié  sa  chloruration  directe.  On  a  fait  agir  le  chlore  sur  le  carbure 
refroidi  au  voisinage  de  o"  :  l'action,  qui  est  d'abord  trĂšs  Ă©nergique,  donne 
lieu  à  une  substitution  d'autant  plus  avancée  qu'elle  est  plus  prolongée. 
La  présence  du  chlorure  d'iode  ou  d'anliuioine  n'a  aucune  utilité.  Celle  du 
chlorure  d'aluminium  est  nuisible  en  donnant  naissance  Ă   des  corps  gou- 
dronneux trÚs  condensés. 

»  Le  produit  de  chaque  opération  est  agité  avec  un  excÚs  de  potasse 
diluée,  lavé  à  l'eau  pure  et,  aprÚs  dessiccation,  soumis  à  des  distillations 
fractionnées.  On  sépare  facilement  le  dérivé  monochloré,  puis,  par  un 
grand  nombre  de  distillations  fractionnées  effectuées  sous  5o'"'°,  nous 
avons  pu  isoler  les  dérivés  dichlorés,  trichlorés,  tétrachlorés. 

»  MoNOCULOROCYCLOHEXANE.  —  C'est  un  liquide  incolore  d'odeur  agrĂ©able,  un  peu 
piquante,  qui  bout  sans  décomposition  à  141", 6-1^2°, 6  (corr.)  sous  749°"".  Sa  densité 
est  voisine  de  celle  de  l'eau,  savoir  dl:=.i  ,0161  ;  (r/j-:=  0,9976. 

»  Traité  par  la  potasse  alcoolique  pendant  plusieurs  heures  au  réfrigérant  ascen- 
dant, il  donne  du  cyclohexÚne  CH'"  bouillant  à  y3°-84°. 

»  DiCHLOROCYCLOHEXANES.    —    La    distillation    fractionnĂ©e    sous    5o">'"    sĂ©pare    deux, 
liquides  distincts,  d'odeur  piquante  non  désagréable. 
»  Le  premier  passe  en  deuv  fractions  égales  : 

de  io5°,4  à  io6",4 £^;i=:i,ao56 

de  106",  4  Ă   107", 4 dl^ii  ,2060 

»  Sous  761""°  il  bouta  189"  en  se  décomposant  assez  fortement  el  perdant  de  l'acide 
cldorhydrique.  Soumis  Ă   un  refroidissement  intense  au  moyen  de  neige  carbonique, 
il  se  prend  en  une  masse  qui,  ramenée  à  la  temjiérature  ordinaire,  dépose  un  peu  de 
composĂ©  cristallisĂ©  de  mĂȘme  formule  fondant  Ă   90  ". 

»  Chauffé  longtemps  au  réfrigérant  ascendant  avec  de  la  potasse  alcoolique,  il  se 
transforme  surtout  en  chlorure  de  naphtylÚnc  C^'' H'CI,  bouillant  à  143°,  identique  à 
celui  qu'avait  obtenu  Markowiiikofl",  et  qui  fournil  avec  l'acide  sulfurique  concentré 
une  coloration  rouge  intense.  Ce  chlorure  est  accompagné  d'une  petite  quantité  d'hexa- 
Icrpéne  Cil*,  qui  donne  avec  l'acide  sulfurique  une  réaction  violette. 


2 '[2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  deuxiĂšme,  liquide,  </„  =1,2222,  bout  Ă   1 12°,4  - 1 13'',4  sous  5oℱℱ,  et  Ă   196° 
sous  760"""  en  se  détruisant  fortement.  La  comparaison  des  densités  et  des  points 
d'ébullilion  avec  les  dérivés  similaires  du  benzÚne,  conduit  à  penser  que  c'est  le 
dérivé  1.2. 

»  Tbichloroctclohexanes.  —  Nous  avons  pu  isoler  deux  dĂ©rivĂ©s  liquides  et  un 
solide:  ils  possÚdent  une  odeur  piquante,  trÚs  persistante,  qui  est  fort  désagréable 
quand  elle  est  trÚs  diluée. 

»  Le  premier,  ÂŁ/J  =  i,3535,  bouta  iSg",  5-141",  5  sous  5o""".  Sous  745°'ℱ,  il  bouta 
221°  en  se  décomposant  assez  fortement. 

»  Le  second,  d^z=  ),36ti,  bout  à  143», 5-i4ΰ,  5,  sous  50°"";  l'ébullition  sous  745""" 
a  lieu  à  226°  avec  destruction  partielle. 

»  Le  troisiÚme  est  formé  de  cristaux  incolores,  épais,  issus  d'un  prisme  incliné,  trÚs 
solubles  dans  le  chloroforme,  d"oĂč  ils  cristallisent  aisĂ©ment.  d\^} ,  5io3.  Il  fond  Ă   66", 
et  bout  Ă   i5o'',4-i5i'',4  sous  50"".  Il  bout  Ă   233°  sous  745ℱ'",  avec  dĂ©composition  par- 
tielle. Les  analogies  amÚnent  à  croire  que  c'est  le  dérivé  I.3.5.  Traité  à  100°  en  tube 
scellé  par  la  potasse  solide  un  peu  alcoolique,  il  perd  3  HCI  et  se  change  en  benzÚne 
pur,  qui  a  été  caractérisé  par  sa  transformation  intégrale  en  nitrobenzÚne.  C'est  une 
nouvelle  preuve  de  la  persistance  du  noyau  aromatique  dans  le  cyclohexane  primitif. 

»  TĂ©trachlorocyclohexanes.  —  L'action  du  chlore  poursuivie  au  soleil  dĂ©termine 
une  chloruration  plus  avancée  avec  dépÎt  abondant  de  tétraclilorocyclohexane  cristal- 
lisé. Celui-ci,  recrislallisé  dans  le  chloroforme,  se  présente  en  prismes  allongés,  sans 
doute  anorthiques,  dont  les  faces  latérales  forment  un  angle  pian  voisin  de  54°.  La 
densité  est  o?°  =  i,64o4.  Chlore  pour  100  :  calculé,  63,9;  trouvé,  63,2.  Son  odeur 
dĂ©sagrĂ©able  rappelle  un  peu  celle  de  l'iodoforme.  Il  fond  Ă   173°  et  peut  ĂȘtre  sublimĂ© 
sans  se  détruire.  ChaufTé  en  tube  scellé  à  100°  pendant  20  heures  avec  de  la  potasse 
solide  un  peu  alcoolique,  il  perd  3  HCI  et  se  transforme  complĂštement  en  monochloro- 
benzÚne  C^H'Cl,  l)ouillant  à  i3i°-l32°.  C'est  une  troisiÚme  démonstration  de  la  for- 
mule hexagonale  du  cyclohexane. 

»  Le  liquide  qui  a  déposé  le  dérivé  précédent  nous  a  donné,  par  distillations  frac- 
tionnées, un  dérivé  télrachloré  liquide,  épais,  d'odeur  désagréable,  «ij:^  1,5674,  qui, 
sous  5oℱℱ,  bouta  170°, 5-172°, 5. 

))  I-a  cliloruration  peut  ĂȘtre  poussĂ©e  encore  plus  loin  grĂące  au  concours 
des  rayons  solaires.  Nous  poursuivons  l'étude  des  produits  obtenus.  » 


CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE.  —  Photographie  de  la  comùte  Borrelly,  1903  c.  Note 
de  M.  QuÉNissET,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  Wolf. 

«   La  photographie  de  la  comÚte  Borrelly,  que  j'ai  l'honneur  de  pré- 
senter à  l'Académie,  a   été  obtenue  à  mon  observatoire   de   Nanterre  le 


e 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    igo3.  243 

24-25  juillet  1903  Ă   l'aide  d'un  objectif  Ă   portraits  de  o'^,o'j5  de  diamĂštre 
et  o-^.Soo  de  distance  focale.  L'exposition  de  la  plaque  sensible  a  duré  i»» 
de  23'' 9"  Ă   o''9'".  ' 

»   Le  phototype  présente  les  particularités  suivantes  : 

»  La  chevelure  mesure  16'  de  diamÚtre,  c'est-à-dire  un  peu  plus  que  la  moitié  du 
diamĂštre  apparent  de  la  Lune.  On  distingue  plusieurs  queues  :  une  premiĂšre  aigrette 
lumineuse  assez  fine,  la  plus  occidentale,  de  55'  de  longueur;  une  deuxiĂšme  branche 
plus  large,  mais  bien  moins  lumineuse,  que  l'on  suit  facilement  sur  le  phototype 
sur  une  longueur  de  S-So';  une  aigrette,  plus  lumineuse,  trĂšs  fine  vers  la  chevelure' 
mais  s'elargissant  insensiblement  jusqu'à  un  centre  de  condensation  bien  marqué' 
situe  a  10 3o'  du  noyau  de  la  comĂšte;  ensuite  cette  aigrette  se  prolonge,  en  devenant 
plus  faible,  jusqu  Ă   3" 20'  environ;  enfin,  vis-Ă -vis  du  centre  de  condensation  de  l'ai- 
grette  précédente,  mais  rejelée  plus  à  l'est,  on  observe  une  queue,  la  plus  large  la 
plus  lumineuse  et  la  plus  longue,  qui  atteint  au  moins  7060'.  Cette  branche  est  elle- 
mĂȘme  trĂšs  irrĂ©guliĂšre.  » 


CHRONOMÉTRIE.    -    Sur  les     conditions    de    la   synchronisation. 
Note  de  M.  Andrade,  présentée  par  M.  H.  Poincaré. 

«  RĂ©gime  d'une  horloge  synchronisĂ©e.  —  Soient  I  le  moment  d'inertie 
d'un  balancier  synchronisĂ©;  ?i  l'Ă©cart  au  point  mort;  I(R„-f-,.)M  le  mo- 
ment de  rappel  oĂč  la  fonction  /- est  une  fonction  paire  fort  petite,  Ă   laquelle 
se  rattachent  les  perturbations  d'isochronisme;  I(),„4-/)^  le  couple 
d'amortissement  oĂč  /  est  une  fonction  de  la  vitesse  ^  =  W  ;  nous  suppo- 
sons cette  fonction  et  sa  dĂ©rivĂ©e  petites  par  rapport  Ă   \  qui  est  lui-mĂȘme 
petit.  Soit  encore  lF(t)  le  moment  de  la  force  synchronisante,  fonction 
périodique  du  temps,  de  période  T. 

>.   Pendant  que  l'Ă©chappement   n'agit  pas  sur  le  balancier,   le  mouve- 
ment de  celui-ci  est  défini  par  l'équation 

(0  S^  +  (^oH-/)§+(R„4-r)«  =  F(0; 

posons  alors  k'T  =  27.,  k^-  =  r;  .  R„  _  r;  =  ,^  ;  et  faisons  le  changement 
de  variables 


(^) 


1   u  =y  sink' t  -h  zcosA't, 
I  ji=ycosA't— s  sink't. 


2/|4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  Soit  /„  une  Ă©poque  quelconque,  mais  fixe  dans  le  raisonnement  qui  va 
suivre;  soient  j^,  -„  leS;  valeurs  de  y,  s  Ă   l'Ă©poque /„  et  Y„,  Z„  les  valeurs 
des  mĂȘmes  variables  Ă   l'Ă©poque  t„  +  T'.  Nous  envisagerons  l'Ă©chappement 
comme  agissant  instantanément  à  l'époque  /,  et  si  nous  considérons  luie 
fonction  Ă»  de  y„  et  z^  qui  dĂ©pend  sensiblement  du  seul  argument 
y/j^  +  z-l  —  p„,  et  qui,  mĂȘme  dans  une  certaine  Ă©tendue  des  amplitudes  uti- 
lisables,  est   sensiblement  constante,    nous  aurons    en  faisant  -^7^^  =  [j.. 


k'       -'■' 


(^) 


Y„  =~^.z„-^(i-  ^) j-„  +  p.  cos/ü:' /,  +  /  ^^, df. 


l'Ă©chappement  frappant  presque  au  point  mort,  on  aura  sensiblement 

[    c)a„   COSa„ 


2  '  (^«0  '  <^po  '  ]  ^  _  _  sing(i 


»  Soit  (jo,  :?(,)  le  point  double  de  la  substitution  (3)  et  posons 

AX  =  7  —  Jo.  A::  =  3  —  s„  ; 

(3)  pourra  s'Ă©crire  dans  un  voisinage  suffisant  de  (jo,  z^)  : 

(4)  AY„  =  -  ;.  A.-„  +  (I  -  1)  Ar„  -  o  slnk'f,  (^  Aj„  -  ^  A.„), 

(5)  AZ„  =  (i-A)A;„+i..Ay„-i2cos£/,(^Aro-^^"Ar.„). 

»   Posons  encore 

AY„  =  r/sin/:  AjK„=£sinO; 

AZ(|  =  -ricos/;  Asd  =  ÂŁCosO; 

en  formant  les  combinaisons 

(4)  cosZ:7,  —  (5)sin^7,  ;  et         (4)  sinX-'i,  +  (5)  cos^-'/,. 

nous  obtenons 

n  sin  (x  —  ^>'f,)  =  —  ;‱'■£  cos(0  —  k'/,)  +  (  i  —  >.)  s  sin  (0  —  k'/,), 
riCOs(x  —  k't,)—  —  [j.ssin(0  — /i'^,)  +  (i  —  A)£cos(0  —  /c'  t,)  —  ^£sin(0  — a„). 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    iQoS.  a.^S 

d'oĂč  l'on  dĂ©duit 

71  =  £     [7.,siM(0  —  ;^)  +  (i  _  ^ )  cos (î  —  7)  —  -  SID  (6  -  a„  )  cos (v   -/?:'/, ) 

L  pu 

»  Si  le  module  de  la  parenthÚse  facteur  de  £  est  moindre  que  i  dans  un 
voisinage  suffisant  de  (j„.  sj,  la  substitution  dont  (3)  est  l'expression 
approchée  sera  convergente,  à  la  maniÚre  des  substitutions  à  une  variable 
de  M.  KƓnigs. 

M   Or,  on  a 

I  ,j.  sin  (0  -  y)  +  (  I  _  \)  cos(9  -  /.)  |<  ^{i-\y  +  u?. 
»   La  condition 

(6)  v'(i-^)^^  +  r+^-^<i 

assurera  donc  la  convergence  des  substitutions  rĂ©pĂ©tĂ©es  |  y^,  z.,  1 1  „„,  Zj  et 
par  suite  un  régime  limite  périodique  pour  le  mouvement  du  balancier  de 
l'horloge  synchronisée. 

»  RĂ©glage  de  la  force  synchronisante.  —  On  peut  d'ailleurs  rĂ©gler  la  force 
synchronisante  pour  que  la  valeur  de  p„  soit  donnĂ©e  Ă   l'avance. 

))   Soit,  en  effet,  donné  en  série  de  Fourier 

F(/)  =  A„  +  A,  cos^'/  —  C,  Ă»nk' t  +. ..; 
faisons 

y«—  Po  sina„,  :^  =  ^c6s|3, 

=„  =  p„cosa„,  (A  — ^  sin [3; 

le  point  double  de  la  substitution  (3)  sera  donné  par 

£^  sina„-h  -p,  sin(o(„  +  [i)  =  ~^^, 

(7)  _  V 

f   iicosao-h^-,o„cos(a„+[i)=  ~i:„ 

qui  définiront  à  leur  tour  la  force  synchronisante  dans  ses  éléments  in- 
fluents. 

»  Quelques  consĂ©quences.  —  (6)  nous  apprend  que  l'on  pourra,  avec 
l'amortissement  naturel  de  l'horloge,  réaliser  la  synchronisation  tant  que 
I  [j.  I  est  suffisamment  inférieur  à  \/il. 

»   Quand  les  valeurs  de  |  u.  |  deviennent  plus  considérables,  il  sera  néces- 

C.  H.,  icjo3,  ■.."  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  4  )  33 


246  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

saire  d'employer  l'amortissemenl  additionnel  électromagnétique  de  Cornu. 

»  L'influence  des  levées  de  l'échappement  ne  doit  pas  modifier  d'une 
maniĂšre  bien  notable  les  conclusions  que  nous  venons  de  former  pour  un 
échappement  à  impression  instantanée. 

»  GĂ©nĂ©ralisation  (fun  thĂ©orĂšme  de  Cornu.  —  Si  l'on  suppose  /=  o  =  z  et 
si  l'on  supprime  l'Ă©chappement,  la  substitution  |  jo,  ;J  |  Y„,  Z,,  |  devient 
rigoureusement  une  transformation  du  plan  par  similitude  directe,  et  le 
théorÚme  relatif  à  un  régime  limite  périodique  établi  par  Cornu  (Mémoire 
de  1894)  pour  une  force  synchronisante  petite  et  un  atnortissemenl  petit, 
devient  débarrassé  de  ces  hypothÚses  restrictives  par  la  considération  du 
pÎle  de  similitude  de  la  transformation  précédente.    » 


OPTIQUE.  —  Sur  la  mesure  du  dichroisme  des  cristaux. 
Note  de  M.  Georges  Mesi.in,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Lorsqu'on  reçoit  dans  la  loupe  dichroscopique  de  Haidinger  un  ftiis- 
ceau  de  lumiÚre  naturelle  et  que,  aprÚs  avoir  intercalé  un  cristal  en  avant  de 
la  loupe,  les  deux  images  prennent  des  colorations  différentes,  on  dit  que 
le  cristal  est  dichroique.  Pareillement  on  dit  qu'il  y  a  dichroisme  lorsque  ce 
cristal  présente  des  teintes  différentes  suivant  la  direction  dans  laquelle  la 
lumiĂšre  le  traverse. 

»  La  cause  fondamentale  de  ce  phénomÚne  réside,  comme  on  le  sait, 
dans  l'inégale  absorption  des  vibrations  suivant  leur  orientation  ;  mais  la 
production  des  deux  couleurs  provient  essentiellement  de  ce  que  la  loi  de 
l'absorption  qui  varie  avec  la  direction,  varie  aussi  dans  le  spectre  avec  la 
loneueiir  d'onde,  c'est-à-dire  avec  la  radiation  considérée,  de  telle  sorte 
que,  si  l'on  envisage,  d'une  maniÚre  générale,  le  dichroisme  comme  la  pro- 
priété en  vertu  de  laquelle  les  vibrations  principales  sont  inégalement  mo- 
difiées, il  peut  arriver  qu'avec  certains  cristaux  les  deux  images  soient 
colorĂ©es  de  la  mĂȘme  façon,  si  l'inĂ©galitĂ©  de  modification  s'Ă©tend  suivant 
la  mĂȘme  loi  Ă   tout  le  spectre.  Pourtant,  de  tels  cristaux  manifesteront  encore 
la  propriété  dont  ils  jouissent,  en  donnant  deux  images  dont  les  intensités 
seront  diffĂ©rentes;  elles  pourront  mĂȘme  ĂȘtre  blanches  si  le  cristal  absorbe 
également  les  différentes  teintes,  tout  en  présentant  une  absorption  variable 
avec  la  direction.  Il  est  vrai  que  ce  dernier  cas,  qu'on  pourrait  appeler  le 
dichroisme  blanc,  s'observera  malaisément  s'il  est  peu  intense,  la  loupe 
dichroscopique  ne  présentant  pas  une  grande  sensibilité  pour  apprécier, 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    ÎiJo'k  2^7 

dans  ces  conditions,  des  différences  d'intensité.  Pareillement,  de  tels  cris- 
taux n'offriront  pas  deux  teintes  lorsqu'on  les  observera  par  transparence 
dans  diverses  directions;  ils  seront  seulement  plus  ou  moins  colorés  ou 
mĂȘme  plus  ou  moins  absorbants  sans  coloration. 

»  J'ai  pensé  que,  sur  de  semblables  corps,  la  propriété  fondamentale 
(inégalité  d'absorption)  avait  pu  échapper  à  l'observation  ordinaire,  et  j';ii 
cherché  à  la  mettre  en  évidence  par  un  dispositif  qui  donnùt  naissance  à 
des  couleurs,  mĂȘme  dans  le  cas  du  dichroĂŻsmc  blanc. 

»  On  peut  y  parvenir  en  remarquant  que  si  l'on  fait  tomber  un  faisceau 
de  lumiĂšre  naturelle  sur  un  tel  cristal,  que  nous  supposerons,  pour  fixer  les 
idĂ©es,  ĂȘtre  un  cristal  uniaxe  dont  nous  mettrons  l'axe  horizontal,  les  deux 
composantes  V  et  H,  primitivement  égales,  seront  inégalement  modifiées 
par  l'absorption;  elles  constitueront,  Ă   la  sortie,  un  faisceau  de  lumiĂšre 
partiellement  polarisée  qui,  reçu  sur  un  polariscope  à  teintes,  donnera  des 
colorations  caractéristiques. 

»  J'ai  utilisé  un  polariscope  à  lame  biquartz,  de  Soleil,  c'esi-à-dire  un  polariscope 
à  lunules  d'Arago  dans  lequel  la  plaque  de  cristal  de  roche  est  remplacée  parla  double 
lame  à  deu\  lotalions  dont  l'analyseur  biréfringent  fournil  deux  images.  En  tournant 
cet  analyseur  à  45°  de  l'ate  du  cristal  à  étudier,  on  amÚne  l'une  des  deux  images  à  se 
former  à  droite  et  au-dessus  de  l'autre,  et  c'est  dans  cette  position  que  les  différences 
de  couleurs  apparaissent  le  plus  nettement  avec  les  cristaux  dicliroĂŻques. 

»  Par  exemple,  avec  une  tourmaline  trÚs  mince  et  à  peine  colorée  (cristal  négatif), 
les  parties  inlernes  placées  en  regard  sont  roses,  tandis  que  les  deux  demi-disques 
extérieurs  sont  verts;  avec  une  plaque  de  quartz  enfumé  (cristal  positif)  qui  manifeste 
Ă   la  loupe  de  Haidinger  un  dicliroĂŻsme  Ă   peine  sensibLe,  les  deux  demi-disques 
internes,  voisins  l'un  de  l'autre,  sont  colorés  en  vert,  tandis  que  les  parties  externes 
présentent  une  teinte  rose,  le  polariscope  étant  orienté  comme  précédemment.  On  sait 
que  dans  les  cristaux  négatifs  la  vibration  perpendiculaire  à  l'axe  est  la  plus  absorbée, 
tandis  que  dans  les  cristaux,  positifs,  c'est  la  vibration  parallÚle  à  l'axe  qui  présente  la 
modification  la  plus  importante. 

»  On  verra  donc  de  suite,  par  la  disposition  des  colorations,  à  quelle  espÚce  de 
dicliroïsme  on  aura  affaire  et  cette  méthode  présentera  son  maximum  de  sensibilité 
pour  les  corps  qui  ne  donnent  que  de  faibles  indications  avec  la  loupe  de  Haidinger. 

»  De  plus,  on  pourra  mesurer  ce  dichroïsme  de  la  façon  suivante  :  il  suffit  de  con- 
stituer la  lumiÚre  naturelle  qui  éclaire  l'appareil  par  un  faisceau  de  lumiÚre  polarisée 
traversant  une  lame  épaisse  de  quartz  taillée  parallÚlement  à  l'axe;  la  dépolarisation 
est  complÚte  lorsque  le  polariseur  est  à  45°  'les  axes  de  la  lame,  et  le  polariscope 
permet  d'ailleurs  de  s'en  assurer;  lorsqu'on  intercale  ensuite  le  cristal  convenablement 
orienté,  des  couleurs  prennent  naissance  et  l'on  tourne  le  polariseur  jusqu'à  ce  qu'elles 
disparaissent;  les  deux  composantes  V  et  II  sont  alors  inégales  entre  elles,  puisque  les 
amplitudes  redeviennent  ensuite  Ă©gales  lorsqu'on  les  modifie  par  des  absorptions  dif- 


2'|8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

férentes  dans  le  cristal;  si  l'on  désigne  par  A^  el  A./,  les  coefficients  (|ui  multiplient  les 
ani|ilitudes,  on  a,  lorsque  la  lumiÚre  naturelle  est  reconstituée, 

A;         V 
VAi,=  HA/,,  d'oĂč  â€” ^  —  —  =  tança, 

A„        H 

a  étant  l'angle  qui  définit  la  position  du  polariseur  par  rapport  à  la  lame  dépolarisante. 
On  pourra  en  déduire  immédiatenaent  la  dilTérence  des  coefficients  d'absorption  de  la 
lame  cristalline. 

»  Si  l'on  veut  appliquer  celte  mĂȘme  mĂ©thode  aux  cristaux  colorĂ©s  ou  Ă  
ceux  dont  l'absorption  varie  dans  l'étendue  du  spectre  pour  les  différentes 
directions  de  vibrations,  on  ne  pourra  plus  employer  le  polariscope  de 
Soleil  dont  la  grande  sensibilité  tient  à  l'eimploi  de  la  lumiÚre  blanche. 
I/adjonclion  d'un  producteur  de  teinte  sensible  ne  suffisant  pas  toujours  Ă  
rendre  la  méthode  utilisable,  j'ai  alors  modifié  le  dispositif  en  employant 
un  polariscope  Ă   franges  (de  SĂ©narmoni);  en  intercalant  des  verres  colo- 
rés et  en  produisant  la  disparition  des  franges,  on  mesure  le  dicliroïsine 
dans  les  différentes  régions  du  spectre.  Pour  les  petits  cristaux,  on  utilisait 
le  systÚme  convergent  convenablement  modifié  d'un  microscope  polarisant 
dont  l'oculaire  était  remplacé  par  le  polariscope  de  Sénarmont.    » 


OPTIQUE.  —  Du  dichroĂŻsme  Ă©lectrique  des  liqueurs  mixtes. 
Note  de  M.  J.  Chaudii  r,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Dans  une  série  de  Notes  sur  le  dichroïsme  magnétique  ('),  M.  Meslin 
a  étudié  les  modifications  que  subit  la  lumiÚre  naturelle,  lorsqu'elle  tra- 
verse certaines  liqueurs  mixtes  (liquides  contenant  en  suspension  des  par- 
ticules cristallines),  placées  dans  lui  champ  magnétique.  Il  a  également 
signalé  une  modification  analogue  produite  dans  un  champ  électrique  avec 
la  liqueur  constituée  par  le  sulfure  de  carbone  et  l'hélianthine;  sur  ses 
conseils,  je  me  suis  proposé  de  vérifier  si  d'autres  liqueurs  mixtes  présen- 
taient cette  propriété  et  de  déduire  les  lois  du  phénomÚne  de  cette  élude 
expérimentale. 

»  Une  cuve  en  verre  est  placée  sur  un  support  en  ébonile,  entre  deux  plateaux  mé- 
talliques circulaires  et  parallÚles,  soigneusement  isolés.  Un  faisceau  de  lumiÚre  paral- 
lÚle aux  plateaux  traverse  la  cuve;  il  est  reçu  à  sa  sortie  sur  un  polariscope  à  biquartz 

(')  Comptes  rendus,  séances  des  6  et  14  avril,  4  mai,  2  et  5  juin  igoS. 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    IpoS.  249 

de  SoleiL  L'un  des  plateaux,  communique  avec  le  sol,  l'autre  est  relié  soit  à  l'un  des 
pĂŽles  d'une  machine  de  Wirashurst,  soit  Ă   l'armature  interne  d'une  bouteille  de  Lejde 
dont  l'armature  externe  est  au  sol. 

»  On  vérifie  d'abord  que  le  cliamp  éleclrique  produit  ne  donne  pas  naissance  au 
phénomÚne  de  Kerr  :  pour  cela,  on  constate  que  le  liquide  constituant  de  la  liqueur 
mixte,  placé  dans  la  cuve,  ne  manifeste  pas  de  biréfringence,  puis  on  ajoute  au  liquide 
des  particules  cristallines,  et,  en  maintenant  le  champ  primitif,  on  observe  au  polari- 
scope  les  modifications  subies  par  la  lumiÚre.  Un  certain  nombre  de  liqueurs  présentent 
un  dichroĂŻsme  sensible;  mais,  avec  ces  liqueurs  actives,  le  dichroĂŻsme  exige  un  cer- 
tain temps  pour  apparaĂźtre  et  pour  disparaĂźtre  aprĂšs  la  suppression  du  champ.  Par  ce 
caractÚre,  le  phénomÚne  étudié  se  différencie  du  phénomÚne  de  Kerr,  qui  est  instantané. 

»  La  plupart  des  liqueurs  actives  présentent  le  dichroïsme  spontané  ('),  qu'il  faut 
déduire  du  dichroïsme  total  observé. 

»  RĂ©sultais.  —  1°  Les  liquides  qui  entrent  dans  la  composition  des 
liqueurs  actives  sont  des  composés  non  oxygénés,  à  constante  diélectrique 
peu  élevée.  Les  principaux  liquides  employés  sont  : 

Le  sulfure  de  carbone.  Le  xyléne. 

La  nitrobenzine.  L'essence  de  térébenthine. 

Le  cinnamÚne.  Le  tétrachlorure  de  carbone. 

Le  cumĂšne.  Le  chloroforme. 

La  benzine.  Le  pétrole  lampant. 

Le  toluĂšne.  L'aniylĂšne. 

»  L'eau,  les  alcools,  les  aldéhydes,  les  acétones,  les  acides  et  d'une 
façon  générale  les  liquides  à  constante  diélectrique  élevée,  associés  à 
divers  solides,  n'ont  pas  donné  de  dichroïsme  appréciable. 

»  Les  solides  actifs  présentent,  sans  exception,  une  structure  cristalline; 
les  principaux  sont  les  suivants  : 

L'acide  gallique.  L'acide  borique. 

L'acide  pyrogallique.  Le  citrate  de  potasse. 

L'acide  picrique.  Le  benzoate  de  chaux. 

La  chrysophénine.  Le  benzoate  d'ammoniaque. 

L'hélianthine.  Le  bicarbonate  de  soude. 

»  Il  ne  paraßt  pas  exister  de  relation  directe  entre  les  caractÚres  chi- 
miques du  solide  et  le  dichroĂŻsme  Ă©lectrique  qu'il  peut  produire  lorsqu'on 
l'associe  à  un  liquide  convenable;  le  phénomÚne  semble  dépendre  de  la 
constitution  physique  des  particules  cristallines  (forme  lamellaire,  indice, 
densité). 

(')   Comptes  rendus,  séance  du  29  juin  igoS,  p.  1642. 


25o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  2"  Comme  le  dichroïsme  magnétique,  le  dichroïsme  électrique  est 
susceptible  d'ĂȘtre  caractĂ©risĂ©  par  un  signe;  mais,  pour  un  mĂȘme  solide, 
le  dichroĂŻsme  peut  ĂȘtre  positif  ou  nĂ©gatif  suivant  le  liquide  qui  le  tient  eu 
suspension.  Ainsi,  l'acide  borique  présente  le  dichroïsme  positif  avec 
l'amylÚne,  et  le  dichroïsme  négatif  avec  le  cinnaméne,  le  cumÚne,  la 
benzine,  l'essence  de  térébenthine  et  le  pétrole.  Le  benzoate  de  chaux 
présente  le  dichroïsme  positif  avec  le  pétrole  et  l'amylÚne,  et  le  dichroïsme 
négatif  avec  le  cinnaméne  et  le  cumÚne. 

»  Des  changements  de  signe  peuvent  aussi  se  produire,  lorsqu'on  associe 
Ă   un  mĂȘme  liquide  des  solides  diffĂ©rents  :  la  benzine  avec  la  chrysophĂ©- 
nine,  le  citrate  de  potasse  et  le  benzoate  de  chaux  donne  naissance  Ă   un 
dichroĂŻsme  positif,  tandis  que  ce  liquide  donne  naissance  Ă   un  dichroĂŻsme 
négatif  avec  l'hélianthine,  l'acide  borique,  l'acide  gallique  et  le  benzoate 
d'ammoniaque. 

»  De  ces  inversions  il  résulte  que,  dans  le  champ  électrique  comme 
dans  le  champ  magnétique,  le  signe  du  dichroïsme  dépend  des  deux  con- 
stituants des  liqueurs  mixtes,  et  que  l'effet  observé  est  un  effet  relatif. 

))  3°  Le  dichroïsme  des  liqueurs  actives  à  la  fois  dans  un  champ  magné- 
tique et  dans  un  champ  Ă©lectrique,  n'est  pas  toujours  affectĂ©  du  mĂȘme 
signe  :  avec  le  sulfure  de  carbone,  l'hélianthine  présente  un  dichroïsme 
positif  dans  le  champ  magnétique  et  négatif  dans  le  champ  éleclricjue;  on 
constate  un  changement  de  signe  analogue  en  associant  la  chryso[jliénine 
au  sulfure  de  carbone. 

»  De  plus,  les  modifications  subies  à  la  sortie  de  la  liqueur  par  les  com- 
posantes principales  de  la  lumiĂšre  parallĂšles  et  perpendiculaires  aux  lignes 
de  force  du  champ,  sont  différentes  dans  le  chamj)  magnétique  et  dans  le 
champ  électrique.  Tandis  que  la  lumiÚre  émergente  est  polarisée  en 
général  rectilignement  dans  le  champ  magnétique,  elle  est  polarisée  ellipti- 
quement dans  le  champ  électrique  et  j'ai  observé  une  biréfringence  notable 
avec  toutes  les  liqueurs  étudiées.  « 

PHYSIQUE.  —  Sur  la  sĂ©paration  des  mĂ©langes  gazeux  par  la  force  centrifuge. 
Note  de  MM.  G.  Claude  et  E.  De.moussy,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  Parmi  les  moyens  que  l'un  de  nous  a  été  amené  à  envisager  en  vue  de 
l'extraction  Ă©conomique  de  l'oxygĂšne  de  l'air,  un  des  premiers  qu'il  ait  eu 
à  expérimenter  a  été  l'action  de  la  force  centrifuge  sur  les  éléments  inéga- 
lement denses  qui  constituent  l'atmosphÚre.  Les  essais  effectués  à  ce  propos 


SÉANCE  DU  27  JUILLET  igoS.  25l 

n'avaient  fourni,  aux  allures  employées,  que  des  résultats  négatifs,  et  la 
méthode  n'avait  paru  susceptible  d'en  donner  d'appréciables  qu'à  la  con- 
dition, peu  pratique,  d'atteindre  des  vitesses  de  l'ordre  des  vitesses  molé- 
culaires des  gaz.  Aussi  cette  voie  avait-elle  été  abandonnée  pour  d'autres, 
lorsque,  dans  ces  derniÚres  années,  des  recherches  analogues  furent  entre- 
prises, tant  en  France  qu'en  Italie.  Ces  recherches,  au  dire  de  leurs  auteurs, 
auraientdonnéd'assezbons  résultats  pourfournir,  en  quantités  abondantes, 
avec  des  vitesses  voisines  de  celles  employées  dans  nos  propres  essais,  de 
l'air  suroxygéné  au  taux  de  3o  pour  100. 

»  Nous  avons  jugé  alors  qu'il  était  intéressant  d'instituer  de  nouvelles 
expériences  plus  précises,  pour  fixer,  autant  que  possible,  les  conditions 
de  la  séparation. 

»  Voici  le  dispositif  auquel  nous  nous  sommes  arrĂȘtĂ©s  :  le  mĂ©lange  gazeux  Ă   Ă©tudier 
est  introduit  dans  un  solide  tube  d'acier,  de  3"^'"  environ  de  diamÚtre  intérieur,  et  d'une 
longueur  de  5o''ℱ.  Ce  tube,  fermĂ©  Ă   ses  deux  extrĂ©mitĂ©s  par  des  bouchons  Ă   vis  munis 
de  robinets  pointeaux,  est  divisé  en  trois  compartiments,  par  deux  cloisons  internes 
symétriquement  placées  au  voisinage  des  deux  extrémités.  Ces  cloisons  servent  de 
siÚge  à  des  soupapes  appliquées  au  repos  par  des  ressorts.  Le  tube  est  fixé  perpendi- 
culairement par  son  milieu  Ă   un  axe  horizontal,  qu'un  moteur  Ă©lectrique  peut  faire 
tourner  à  la  vitesse  angulaire  relativement  élevée  de  36oo  tours  par  minute,  ce  qui 
représente,  pour  l'extrémité  du  tube,  une  vitesse  linéaire  de  94'"  par  seconde.  1!  n'a 
pas  paru  prudent  de  dépasser  cette  vitesse,  d'ailleurs  notablement  plus  grande  que  celles 
des  appareils  industriels  cités  plus  haut. 

»  Sous  l'action  de  la  force  centrifuge,  les  soupapes  s'ouvrent  vers  la  périphérie  dÚs 
que  le  tube  est  en  mouvement,  de  maniĂšre  Ă   Ă©talilir  une  large  communication  entre 
le  compartiment  central  et  les  deux  petites  chambres  périphériques,  qui  reprennent 
leur  indĂ©pendance  Ă   l'arrĂȘt.  L'Ă©lanchĂ©itĂ©  absolue  des  soupapes  et  des  robinets  et  leur 
parfait  fonctionnement  ont  été  soigneusement  vérifiés  au  cours  de  chaque  essai, 

))  Le  mélange  gazeux  à  séparer  est  introduit  sous  pression,  cette  condition  augmen- 
tant la  différence  de  densités,  paraissant  favorable  à  la  séparation  et  favorisant  les 
diverses  opérations.  Il  est  introduit  dans  le  tube  par  un  ajutage  central,  obturable 
par  le  jeu  d'un  bouchon  à  vis.  Les  robinets  des  extrémités  étant  ouverts,  les  sou- 
papes se  lÚvent  et  une  forte  purge  balaie  l'atmosphÚre  préexistante.  On  ferme  les  ex- 
trémités, puis  l'ajutage  central;  le  tube  plein  de  gaz  sous  pression  est  mis  en  mouve- 
ment pendant  un  temps  qui  a  varié,  suivant  les  essais,  de  1  demi-heure  à  i  heure.  Le 
tube  Ă©tant  arrĂȘtĂ©,  des  Ă©chantillons  de  gaz  sont  prĂ©levĂ©s  dans  les  trois  compartiments^ 
recueillis  sur  le  mercure  et  analysĂ©s  Ă   l'aide  de  l'eudiomĂštre  SchlƓsing. 

»   Voici  quel(pies-uns  des  résultats  obtenus  : 

»  Air.  —  Pression  du  mĂ©lange,  5^"";  vitesse  de  rotation,  36oo  tours;  durĂ©e  do 
l'expérience,  3o  minutes. 

Composition  initiale  :  oxygĂšne 20,96  pour  100 

^  ‱.‱/-!  I  Compartiment  du  milieu. ..  .      20,00         » 

Composition  imaie.  ..  .   l  /^  .  .  ■ 

j  Compartiments   extérieurs.  .      20,86  » 


252  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Les  petites  différences  de  composition,  d'ailleurs  inverses  de  celles  que  l'on  pou- 
vait attendre,  sont  de  l'ordre  des  erreurs  d'expérience.  Donc,  pas  de  séparation  obser- 
vable. 

»  Itn  vue  d'augmenter  non  seulement  les  différences  de  densités,  mais  encore  lenr 
rapport,  de  nouveaux  essais  ont  été  effectués  sur  des  mélanges  gazeux  autres  que  l'air. 

))  OxygĂšne  et  acide  carbonique.  —  Pression  du  mĂ©lange,  6""^;  vitesse,  36oo  tours; 
durée  de  l'expérience,  i  heure. 


Gaz  initial. 

CO^  pour  loo 46>7 

0  pour  100 48  j  4 

))  L'oxygÚne   renfermait   une  petite  quantité  d'azote.  Ici 
appréciable. 

»  HydrogĂšne  et  acide  carbonique.    —   Pression  du   mĂ©lange,  ^a'"»;  vitesse,  36oo 
tours  ;  durée  de  l'expérience,  40  minutes. 


Gaz 

final. 

Extrémités. 

Milieu. 

1. 

0 

46,2 

46,3 

46,1 

48,9 

48,6 

48,7 

zote.  le 

:i  encore,  pas 

de  séparation 

Gaz 

final. 

M 

-^^.        ■■ 

— 

Extrémités. 

Milieu. 

1. 

2. 

52,  I 

52,3 

5 '2,  l 

46,9 

46,9 

47,1 

Gaz  initial. 

CO-  pour  100 52,3 

II  pour  100 47,1 

»  Pas  plus  que  dans  les  expériences  précédentes,  il  ne  paraßt  y  avoir  de  séparation. 

»  Répétons  que  ces  essais  ont  été  faits  avec  tontes  les  précautions  dési- 
rables; ils  ont  été  renotivelés  plusieurs  fois,  et  les  différences  observées 
n'ont  jamais  dépasséo,3  pour  100,  dans  l'un  ou  l'autre  sens.  L'eudioinÚtre 
de  M.  SchlƓsing  permet  des  analyses  rigoureuses  ;  toutes  les  conditions, 
chambres  périphériques  petites  par  rapport  au  compartiment  central, 
vitesse  de  rotation  considérable,  durée  de  l'expérience  trÚs  prolongée, 
mélange  gazeux  sous  pression,  gaz  de  densités  trÚs  différentes,  paraissent 
propres  à  amplifier  les  différences  de  composition  finale,  à  supposer  qu'à 
ces  vitesses  il  y  ait  une  tendance  appréciable  à  la  séparation.  Pourtant  nos 
résultats  montrent  que,  si  une  telle  tendance  existe,  elle  ne  saurait  pro- 
duire que  des  modifications  de  l'ordre  des  faibles  erreurs  d'expérience.  Si 
la  contradiction  entre  nos  conclusions  et  celles  des  expérimentateurs  ita- 
liens, par  exemple,  tient  seulement  à  la  différence  entre  notre  appareil 
tubulaire  et  l'appareil  en  forme  d'essoreuse  de  ces  auteurs,  il  y  aurait  lĂ  
quelque  chose  de  curieux  à  élucider  au  point  de  vue  de  la  théorie  des  gaz. 

»  Mais  il  conviendrait,  avant  tout,  d'ĂȘtre  fixĂ©  exactement  sur  les  rĂ©sul- 
tats des  autres  expérimentateurs,  et  jusqu'à  plus  ample  informé  il  nous 
faut  admettre  que  la  séparation  des  mélanges  gazeux  par  la  force  centri- 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    rgoS.  253 

fuge  ne  peut  donner  que  des  résultats  infiniment  inférieurs  aux  résultats,  si 
remarquables,  obtenus  par  l'intermédiaire  de  la  liquéfaction.  » 


MÉCANIQUE  CHIMIQUE.  —  Sur  les  lois  et  les  Ă©quations  de  l'Ă©quilibre  chimique. 
Note  de  M.  AriÚs,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Considérons  un  systÚme  chimique  en  équilibre  et  partagé  en  ç  phases. 
Les  changements  réversibles  qu'il  peut  subir  obéissent,  avant  tout,  à  cer- 
taines Ă©quations  de  liaisons,  qui  expriment  que  les  corps  en  jeu  passent 
d'une  phase  Ă   l'autre  sans  changer  de  masse,  ou  se  transforment  en  suivant 
les  rÚgles  des  proportions  définies. 

»  Parmi  les  modifications  virtuelles,  c'est-à-dire  compatibles  avec  les 
seules  Ă©quations  de  liaisons,  on  peut  en  concevoir  qui  consistent  Ă   rendre 
minimum  le  nombre  ^  des  corps  coexistants;  ce  nombre  est  toujours  le 
mĂȘme,  quelle  que  soit  la  modification  choisie.  Ces  q  corps,  que  nous  dĂ©si- 
gnerons para,,  «.,  ...,  «y,  sont  les  constituants  indépendants  Au  systÚme. 
Les  r  autres  corps  A,,  h..,,  .. .,  A^,  qui  existent  aussi  dans  le  systĂšme  en 
Ă©quilibre,  ne  pourront  ĂȘtre  produits  qu'aux  dĂ©pens  des  premiers. 

»  cj|,  cjj,  . . .,  B7y  et  II|,  Ho,  ...,  n^  étant  respectivement  les  poids  molé- 
culaires des  corps  a  et  A,  leur  Ă©quivalence  qualitative  s'exprimera  au 
moyen  de  r  Ă©quations  distinctes  de  la  forme 

(i)  ii.=  /-;rj,  +  /t;ni,-4-...+  ^-Jr:T^  {i=i,i,...,r), 

k],  k],  . . .,  k]  étant  des  constantes  numériques  simples. 

M  Si  l'on  représente,  d'une  façon  générale,  par  x'^  ou  .r] ^-  la  proportion 
moléculaire  du  corps  a^  ou  du  corps  A,  existant  à  l'état  de  mélange  dans  la 
^leme  phase,  le  potentiel  H,  de  cette  phase,  fonction  de  la  pression  p  et  de 
la  température  T,  sera  aussi,  évidemment,  une  fonction  homogÚne  et  du 

premier  degrĂ©  en  x\ ,  Ɠi,  . ..,  x'^,  x'^_^^ a-^^^.  On  aura  donc,  d'aprĂšs  la 

formule  d'Eu  1er, 

H,  =2^-  /''  i=(i,  2,  ..  .,  (/,  q  -hi,  ...,  q  +  r). 


en  posant 


»  AJ  est  le  potentiel  molĂ©culaire  et  individuel  Ă e  l'un  des  q  -f- /‱  corps  en 
jeu  ;  i\  est  du  degré  zéro  par  rapport  aux.  x. 

G.  R.,  iguS,  i«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  4.)  34 


254  ACADEMIE   DES    SCIENCES. 

»   Le  potentiel  total  H  du  systÚme  est,  d'ailleurs, 

H  =11,4- H,  4-... +  11^. 

»  Si  le  systÚme  est  en  équilibre  dans  un  milieu  de  température  et  de 
pression  données,  sans  qu'aucun  changement  compatible  avec  les  liaisons 
ait  une  tendance  à  se  produire,  c'est  que  l'entropie  de  l'ensemble  constitué 
par  le  milieu  et  par  le  systÚme  ne  peut  plus  augmenter  et  que,  par  consé- 
quent, le  potentiel  du  systĂšme  ne  peut  plus  diminuer  (').  Il  est  minimum, 
ainsi  que  l'exige  le  principe  de  Lejeune-Dirichlet  que  l'on  retrouve  dans 
la  Statique  chimique,  et  l'on  doit  avoir,  quelles  que  soient  les  variations  dx 
compatibles  avec  les  liaisons, 

(2)  dH  =  o         et  d'^R'io. 

»  L'équation  différentielle  (2)  exprime  que  le  potentiel  d'un  systÚme  en 
équilibre  chimique  reste  constant  pour  toute  modification  virtuelle  élé- 
mentaire du  systĂšme.  C'est  encore  le  principe  des  modifications  ou  des 
vitesses  virluelles  de  la  Mécanique  rationnelle,  appliqué  à  la  Statique  chi- 
mique. 

»  De  ce  principe  on  déduit,  sans  avoir  autrement  besoin  de  former  les 
équations  de  liaisons,  les  deux  lois  données  par  Gibbs,  et  qu'observent  les 
potentiels  h,  lois  fondamentales  qui  suffisent  Ă   poser  toutes  les  Ă©quations 
de  l'Ă©quilibre. 

»  PremiĂšre  loi.  —  Si  l'on  considĂšre  la  modificadon  virtuelle  consistant 
simplement  Ă   faire  passer  d'une  phase  s  Ă   une  autre  phase  s'  la  proportion  dx 
de  l'un  des  q  -\-  r  corps  actifs,  V équation  (2)  5e  réduira  à 

f/H  =  {h]  —  l,';)dx  —  o, 
d'oĂč  l'on  tire 

(3)  a;=A;'. 

»  Le  potentiel  d' une  mĂȘme  masse  de  l'un  cpidconque  des  corps  a  la  mĂ ne 
valeur  dans  toutes  les  phases  que  ce  corps  occupe. 

»  L'indice  supérieur  qui  affecte  la  lettre  h  devient  sans  objet,  ou  pourra 
le  supprimer. 

»  DeuxiĂšme  loi.  —  ConsidĂ©rons  la  modification  qui  consiste  Ă   faire  i^arier 
de  dx,  dans  l'une  des  phases,  la  proportion  moléculaire  du  corps  A,,    celte 

(')  Voir  Comptes  renc/iis  du  6  juillet  igo3. 


SÉANCE  DU  27  JUILLET  igoS.  255 

variation  devant  ĂȘtre  compensĂ©e  dans  des  phases  quelconques  par  des  variations 
correspondantes  des  proportions  de  ses  constituants  a,,  a^,  .  .  .,  a^.  Ces  der- 
niĂšres variations  seront,  d'aprĂšs  la  formule  (i), 

—  k]  dv,      —  kf  dcc,     ....      —  k'I dx, 

et  r Ă©quation  (  2  )  deviendra 

d\\  =  (Ay„  -  /(‱;  h,  -  k-.h.,  -...-  k'I  h  g)  dx  =  o, 

d'oĂč  l'on  tire 

(A)  /i,,^,  =  klh,+Âj/i.-h.  .  .  + kj/i^         (i  =  i,2 r). 

»  Toute  rĂ©action  chimique  se  produit  avec  la  mĂȘme  Ă©quivalence  entre  poten- 
tiels moléculaires  qu'entre  poids  moléculaires,  et,  notamment,  le  potentiel 
fie  lout  corps  composé  est  égal  à  là  somme  fies  potentiels  de  ses  consti- 
tuants. 

»  Les  équations  (3)  sont  en  nombre  égal  au  nombre  des  x  diminué  de 
q  -h  r;  il  existe  r  Ă©quations  (4),  en  sorte  qu'il  manquerait  encore  q  Ă©qua- 
tions pour  déterminer  tous  les  x  en  fonction  de  p  et  de  T,  étant  entendu 
que  la  fonction  H  est  connue;  mais  les  dérivées  h  de  cette  fonction  sont  du 
degré  zéro  par  rapport  aux  x  :  les  équations  (3)  et  (4)  suffisent  donc  à 
fixer  la  composition  de  chaque  phase. 

»  Les  proportions  absolues  des  constituants  indépendants,  qui  peuvent 
servir  à  définir  entiÚrement  le  systÚme,  donnent  lieu  à  q  équations  de 
liaisons,  et  interviennent  pour  déterminer  d'une  façon  complÚte  toutes 
les  quantités  x,  et,  par  suite,  les  masses  des  diverses  phases  du  systÚme.    » 

CHIMIE.  —  Sur  une  combinaison  de  deux  corps  qui,  par  Ă©lĂ©vation  de  tem- 
pĂ©rature, s'unissent,  puis  se  sĂ©parent  au-dessous  de  —  79°.  Note  de 
M.  D.  Gernez,  présentée  par  M.  L.  Troost. 

«  J'ai  démontré  antérieurement  (^Comptes  rendus,  t.  CXXXVL  P-  889  et 
i322)  qu'avec  les  nombreux  dissolvants  de  l'iodure  mercurique  on  peut 
préparer  des  solutions  qui  ont  pour  caractÚre  commun  d'abandonner,  par 
refroidissement,  Ă   toute  tempĂ©rature  jusqu'Ă   —192",  l'iodure  sous  la  forme 
jaune  instable.  Les  solutions  dans  l'acétone  ont  en  outre,  aux  basses  tem- 
pératures, des  propriétés  spéciales  que  je  vais  indiquer. 

»   Dans  un  iLhbe  de  verre   liés  propre,  de  2"""  do  diamÚtre  intérieur,  fermé  à   l'une 


256  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  ses  extrémités,  on  fait  tomber  quelques  cristaux  d'iodure  mercurique  rouge  et  l'on 
introduit,  à  l'aide  d'un  entonnoir  en  verre  étiré,  une  couche  d'acétone  de  6""  à  8'"  de 
hauteur;  on  chauffe  le  tube  au  bain-marie  vers  56°, 4,  température  d'ébullition  de 
l'acétone,  en  le  maintenant  presque  horizontal  pour  obtenir  une  solution  saturée 
homogĂšne.  On  dresse  ensuite  le  tube  verticalement  et  on  le  maintient  dans  cette  posi- 
tion environ  un  quart  d'heure  pour  que  les  parcelles  solides  en  suspension  dans  le 
liquide  aient  le  temps  de  se  déposer.  On  le  retire,  l'essuie  rapidement  avec  du  papier 
buvard  et  on  l'enfonce  dans  un  ballon  plein  d'air  liquĂ©fiĂ©.  AprĂšs  un  sĂ©jour  qui  peut  ĂȘtre 
indifféremment  prolongé  un  quart  d'heure  ou  plusieurs  jours,  on  l'enlÚve  rapidement, 
on  se  hĂąte  d'en  mouiller  la  surface  avec  une  goutte  d'alcool  qui  empĂȘche  la  vapeur 
d'eau  ambiante  de  se  congeler  sur  le  tube  et  permet  d'en  voir  le  contenu.  On  constate 
qu'il  est  solide,  d'un  blanc  Ă   peine  jaunĂątre  d'abord,  mais  qu'il  passe  rapidement,  par 
les  nuances  intermédiaires,  au  jaune  citron.  Au  bout  de  quelques  secondes,  échauffé 
à  l'air  ambiant  par  l'intermédiaire  du  verre,  le  solide  fond  en  un  liquide  sensiblement 
incolore,  laissant  un  noyau  cylindrique  jaune  qui  diminue  rapidement  et  disparaĂźt. 
C'est  le  phénomÚne  que  présentent  les  solutions  d'iodure  mercurique  dans  les  dissol- 
vants qui  ont  été  solidifiés  par  refroidissement  dans  l'air  liquéfié  ou  ailleurs  et  que 
l'on  chauffe  ensuite  au  delà  du  point  de  fusion  du  dissolvant.  Mais  avec  l'acétone  il 
s'en  produit  un  autre  tout  à  fait  imprévu  :  à  peine  la  masse  intérieure  est-elle  fondue 
que,  dans  le  liquide  qui  continue  à  se  réchaufier,  commence  une  solidification  partant 
spontanément  des  deux  régions  du  liquide  qui  s'échauffent  le  plus  vite  :  l'extrémité 
effilée  du  tube  et  la  surface  libre  du  liquide  en  contact  avec  l'air.  Deux  masses  opaques 
de  couleur  jaune  orangé  naissent  de  ces  deux  régions,  vont  à  la  rencontre  l'une  de 
l'autre  et  envahissent  en  quelques  secondes  la  totalité  du  liquide.  Cet  effet  est  tout  à 
fait  semblable  Ă   la  solidification  d'un  liquide  surfondu.  On  peut  du  reste  le  provoquer 
en  chauffant  un  point  du  tube  avec  le  bout  du  doigt.  DĂšs  que  cette  solidification  s'est 
produite,  si  l'on  immerge  le  tube  dans  de  la  neige  carbonique  mouillée  d'un  peu  d'acé- 
tone qui  donne  une  bouillie  dont  la  tempĂ©rature  constante  est  de  — 79°,  la  masse  solide 
qui  remplissait  d'abord  le  tube  diminue  graduellement,  elle  n'occupe  plus,  aprĂšs 
quelques  minutes,  que  les  -j^  de  la  hauteur  initiale  et,  aprÚs  une  heure,  la  température 
Ă©tant  toujours  — 79°,  elle  estrĂ©duite  Ă   y^,.  Ce  rĂ©sidu  se  transforme  lui-mĂȘme  en  iodure 
mercurique  rouge  au  bout  d'un  temps  plus  long. 

»  Lorsque  l'on  retire  le  tube  de  l'air  liquide,  si,  au  lieu  de  le  maintenir  vertica- 
lement dans  un  bain  froid  à  température  constante,  on  le  tient  horizontalement  dans 
l'air,  on  observe  la  succession  des  mĂȘmes  phĂ©nomĂšnes  :  solide  jaunĂątre,  devenant 
jaune  citron  par  Ă©chauffement,  fondant  bieniĂŽl  en  un  liquide  incolore,  envahi  aussitĂŽt 
aprĂšs  par  une  masse  solide  Ă   partir  des  deux  points  extrĂȘmes.  Peu  aprĂšs,  cette  masse 
se  résout  en  un  liquide  incolore  qui  dépose  des  flocons  dont  le  volume  diminue  peu  à 
peu  et  qui  ne  forme  qu'un  dépÎt  mince  lorsque  le  tube  a  pris  la  température  ordi- 
naire. Ce  dépÎt  est  formé  d'iodure  mercurique  jaune  qui  peu  à  peu  se  transforme  en 
rouge. 

»  Tels  sont  les  effets  que  l'on  observe  dans  des  tubes  de  verre  de  aℱℱ  de  diamĂštre 
intĂ©rieur  et  dont  l'Ă©paisseur  est  de  oℱ"',6  Ă   o"",  8.  Si  l'on  emploie  des  tubes  trĂšs 
minces,  de  oℱ'",2  d'Ă©paisseur,  l'Ă©chaufi'ement  par  l'air  ambiant  est  plus  rapide  et  les 
effets  analysĂ©s  ci-dessus  peuvent  se  mĂȘler  :  ainsi,  il  arrive  dans  ce  cas  que  la  solidifi- 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    igoS.  257 

cation  en  masse  jaune  orangé  commence  à  se  produire,  quand  la  fusion  du  solide  jaune 
cilron  n'est  pas  encore  terminée,  mais  la  solidification  de  l'un  accélÚre  la  fusion  de 
l'autre. 

)>  On  peut  interpréter  ces  phénomÚnes  de  la  maniÚre  suivante  :  dans 
l'air  liquide,  l'acétone  s'est  solidifié  en  retenant  l'iodiire  mercurique 
dissous  et  il  présente  la  couleur  des  solutions  solidifiées  à  ces  basses  tem- 
pératures qui  est  presque  blanche,  comme  l'iodure  orlhorhombique. 
Réchauffée,  cette  masse  solide  jaunit  graduellement  jusqu'à  la  teinte 
citron  :  arrivĂ©  Ă   —  94°.  9»  tempĂ©rature  de  fusion  de  l'acĂ©tone,  le  dissol- 
vant fond,  mais  l'iodure,  au  lieu  de  se  déposer,  comme  il  arrive  au  sortir 
des  autres  dissolvants,  contracte  avec  l'acétone  une  combinaison  molécu- 
laire solide.  Cette  combinaison  persiste  inaltérée  entre  des  limites  assez 
Ă©troites  de  tempĂ©rature.  Au-dessous  de  —79°,  elle  se  dĂ©truit  graduellement 
et  presque  complĂštement  en  i  heure,  abandonnant  l'iodure  sous  la  forme 
instable  jaune  qui,  elle-mĂȘme,  devient  ultĂ©rieurement  la  forme  rouge  qua- 
dratique (').  On  peut  donc  admettre  que  l'acétone  forme  avec  l'iodure 
mercurique  une  combinaison  jaune  orangé  solide  qui  se  produit  par  l'élé- 
vation de  la  tempĂ©rature  un  peu  au  delĂ   de  —  94°,  9»  mais  qui  n'est  stable 
que  jusqu'Ă   une  tempĂ©rature  infĂ©rieure  Ă   —  79°,  puisqu'elle  se  dĂ©truit 
complÚtement  à  cette  température. 

»  Cette  combinaison,  amorcée  en  un  point,  puis  plongée  dans  l'air  liquéfié 
ne  s'y  développe  pas  ;  mais  la  partie  formée  se  comporte  comme  un  corps 
distinct,  car  sa  couleur  orangé  pùlit,  mais  trÚs  peu,  et  son  aspect  est  tout  à 
fait  diffĂ©rent  de  celui  que  prĂ©sentent  les  deux  iodures  Ă   la  mĂȘme  tempĂ©- 
rature, Si,  aprĂšs  l'avoir  produite  dans  tout  le  tube,  on  l'immerge  dans  l'air 
liquide,  elle  y  persiste  en  une  masse  tout  Ă   fait  homogĂšne,  ayant  les  pro- 
priétés que  j'ai  indiquées;  on  peut  en  conclure  qu'elle  est  stable  aux  tem- 
pĂ©ratures infĂ©rieures  Ă   celle  oĂč  elle  s'est  formĂ©e.  » 


(')  Si  le  tube  est  maintenu  horizontal  et  si  le  dépÎt  n'est  pas  trÚs  épais,  la  transfor- 
mation des  cristaux  jaunes  en  rouges  commence  en  quelques  points  espacés  ;  chaque 
cristal  rouge  grossit  aux  dépens  de  la  matiÚre  jaune  ambiante  de  maniÚre  à  former 
des  taches  transparentes  circulaires  de  diamĂštie  graduellement  croissant,  dont  le 
cristal  d'iodure  rouge  est  le  centre. 


258  ACADÉMIE    DES    SCIBffCES. 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  SĂ©paration  et  dosages  simultanĂ©s  de  la  baryte,  delĂ  
strontiane  et  de  la  chaux.  Note  de  M.  Lucien  Robin,  présentée  par 
M.  Ad.  Carnot. 

«  J'ai  cherchĂ©  Ă   doser  successivement  les  terres  alcalino-terreuses  ‱ 
baryte,  strontiane,  chaux,  en  mettant  en  Ɠuvre  des  mĂ©thodes  simples  et 
cependant  capables  de  fournir  des  résultats  satisfaisants. 

»   Voici  le  mode  opératoire  que  je  propose  : 

»  Les  substances  à  analyser  étant  traitées  de  telle  sorte  que  les  terres 
alcalino-terreuses  se  trouvent  réunies  en  dissolution,  sous  forme  de 
chlorures  ou  de  nitrates,  on  opérera  ainsi  qu'il  suit  : 

»  Si  la  liqueur  est  acide,  la  rendre  légÚreineiit  ammoniacale,  ajouter  du  sel  ammo- 
niac (2  pour  100  environ)  bien  exempt  d'acide  sulfurique,  et  ajirÚs  avoir  acidifié 
légÚrement  par  l'acide  acétique,  porter  à  ébullition,  puis  ajouter  dans  le  liquide 
bouillant,  d'une  solution  saturée  de  bichromate  de  potasse  jusqu'à  excÚs  assez  notable 
(la  liqueur  doit  posséder  une  teinte  rougeùtre). 

))  Laisser  bouillir  5  minutes  encore,  faire  refroidir  sous  un  courant  d'eau,  et 
recueillir  le  chromate  de  baryte  sur  un  filtre  taré;  le  laver  d'abord  avec  une  solution 
à  0,5  pour  100  environ  d'acétate  d'ammoniaque  légÚrement  alcalinisée  par  de  l'am- 
moniaque, et  tiĂšde  ;  puis  terminer  par  une  solution  alcoolique  (alcool  Ă   y5 ",  i o  parties  ; 
eau  distillée,  90  parties). 

»  Porter  le  filtre  à  l'étuve  ioo°-iio°  pendant  2  heures  au  moins  et  peser  le  chro- 
mate de  barjte  pour  calculer. 

»  Le  liquide  débarrassé  de  la  baryte  est  rendu  ammoniacal  puis  mis  à  bouillir.  On 
Introduit  alors  environ  3  à  4  pour  100  de  sulfate  d'ammoniaque  cristallisé  pur  etaprÚs 
avoir  maintenu  à  100°  pendant  un  quart  d'heure,  en  prenant  soin  de  maintenir  la 
liqueur  un  peu  alcaline,  par  l'addition  d'ammoniaque,  faire  refroidir  et  recueillir  le 
sulfate  de  strontiane.  (La  liqueur  doit  posséder  une  teinte  jaune  d'or.) 

»  Laver  avec  de  l'eau  chaude  renfermant  à  peu  prÚs  o,5  à  i  pour  100  de  sulfate 
d'ammoniaque  et  rendue  légÚrement  ammoniacale,  puis  avec  la  solution  alcoolique 
Ă   10  pour  100. 

B  Sécher  à  l'étuve,  incinérer  et  peser  le  sulfate  de  strontiane. 

»  Le  filtrat,  étant  porté  à  80°  environ,  sera  additionné  d'oxalate  d'ammoniaque  et, 
aprÚs  agitation,  abandonné  au  repos  pendant  une  demi-heure. 

»  L'oxalate  de  chaux  sera  recueilli  sur  un  filtre,  lavé  à  l'eau  chaude  légÚrement 
ammoniacale,  séché  puis  calciné,  pour  transformer  en  carbonate  ou  en  sulfate. 

»  Nous  avons  pratiqué  des  dosages  sur  des  liqueurs,  dont  la  teneur  a  été 
déterminée  par  les  méthodes  les  plus  parfaites  : 

»  Dosage  de  la  baryte  à  l'état  de  sulfate.  Dosage  de  la  strontiane  à  l'état 
de  carbonate.  Dosage  de  la  chaux  Ă   l'Ă©tat  de  sulfate. 


SÉANCE  DU  27  JUILLET  igoS.  239 

»  Ces  dosages  ont  Ă©tĂ©  faits  sur  des  volumes  croissants  5"ℱ',  10''"',  20""', 
Ă©tendus  Ă   200'^'"'  Ă   peu  prĂšs,  afin  de  pouvoir  contrĂŽler  si  la  concentration 
pouvait  avoir  quelque  influence  fĂącheuse. 

»  Enfin,  nous  avons,  dans  une  derniÚre  série  de  dosages,  prélevé  80""' 
de  la  liqueur  calcique,  afin  d'augmenter  la  teneur  en  chaux,  et  voir  si  dans 
de  telles  conditions,  cette  derniÚre  n'était  pas  entraßnée  d'une  fliçon  ap- 
préciable par  le  précipité  de  snlfate  de  strontiane. 

M   Voici  les  résultats  obtenus  : 

Baryte.  Strontiane.  Chaux. 

5'^'"' de  liqueur  renferment o,o565  o,o368  o,oi5- 

Chiffres  fournis  par  la  méthode  exposée  : 

sur  5''"'' 0,0175  o,o353  o,oi63 

sur  10'"' 0, 1 162  0,0706  o,o3io 

sur  20ℱ' .     o,23oo  0,1432  o,o6o4 

sur  aoℱ"  pour  la  baryte  et  la  strontiane  ) 

O    cmJ  11  0,2287  0,1411.)  O,2o8o 

et  sur  80ℱ   pour  la  chaux \  '  '    -‱  j  ■> 

»  On  voit,  par  l'examen  de  ce  petit  Tableau,  que  les  teneurs  trouvées 
ont  augmenté  presque  mathématiquement  et  que,  par  conséquent,  le  pro- 
cédé décrit  fournil  des  résultats  trÚs  satisfaisants,  en  un  temps  trÚs  court 
et  sans  difficulté  ojiératoire. 

»  Il  est  évident  que  cette  méthode  peut  parfaitement  s'appliquera  la  re- 
cherche et  à  la  séparation  qualitative  des  alcalis  terreux,  aprÚs  leur  préci- 
pitation en  bloc  par  le  carbonate  d'ammoniaque,  et  redissolution  dans  l'eau 
chlorhydrique.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  condensation  des  Ă©lhers  acĂ©tylĂ©niques  avec  les 
alcools.  Note  de  M.  Ch.  Moureu,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  J'ai  montré  derniÚrement,  en  commun  avec  M.  Delange,  que  les 
acides  acétyléniques  fixaient  i"""'  d'eau  sous  l'influence  des  alcalis  à  l'ébul- 
lition,  en  donnant  des  acides  ^-cétoniques.  En  vued'éclaircir  le  mécanisme 
de  cette  hydratation,  j'ai  pensĂ©  qu'il  y  aurait  intĂ©rĂȘt  Ă   connaĂźtre  tout 
d'abord  le  mode  d'action  des  alcoolates  alcalins  sur  les  mĂȘmes  composĂ©s, 
et  c'est  ainsi  que  j'ai  été  conduit  à  faire  réagir  sur  les  éthers  acétyléniques 
les  alcools  sodés,  en  solution  dans  l'alcool  correspondant  et  en  l'absence 
d'eau. 

»  Il  résulte  de  mes  expériences  qu'il  se  forme  ainsi  des  produits  de 
condensation  résultant  de  l'addition  pure  et  simple  d'alcool  aux  éthers 


26o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

acélyléniques.  La  présente  Note  a  spécialement  pour  objet  la  condensation 
du  phénylpropiolate  de  méthyle  avec  l'alcool  méthylique,  cas  particulier 
dont  j'ai  fuit  une  Ă©tude  approfondie. 

»  Lorsqu'on  traite  le  phénylpropiolate  de  méthyle  par  le  mélhylale  de  sodium  en 
solution  méthylique,  une  vive  réaction  se  déclare  presque  aussitÎt,  qui  colore  légÚre- 
ment le  mélange  et  provoque  rapidement  l'ébullition  de  l'alcool.  Suivant  les  conditions 
dans  lesquelles  on  opĂšre,  l'Ă©lher  acĂ©tylĂ©nique  peut  fixer  iℱ"'  ou  2ℱ°'  de  mĂ©tlianol. 

»  1.  Fixation  de  2ℱ"'  d'alcool  mĂȘthvliqle  sur  le  phĂ©nylpropiolate  de  mĂ©thyle.  — 
L'élher  acétylénique  (278,7)  est  ajouté  avec  précaution  à  une  solution  de  métliylate 
de  sodium  dans  l'alcool  méthylique  (4^  de  sodium  dans  928  d'alcool  méthylique  absolu  ). 
AprÚs  avoir  chauffé  le  mélange  à  reflux  pendant  i5  heures,  on  l'introduit  dans  des 
tubes  scellés,  que  l'on  maintient  ensuite  au  voisinage  de  i25°  pendant  4  heures.  La 
liqueur  ainsi  obtenue,  limpide  et  à  peine  colorée,  esl  versée  peu  à  peu  dans  un  excÚs 
d'eau  glacée,  et  le  tout  est  immédiatement  agile  avec  de  l'éther.  On  décante  la  couche 
élhérée,  et,  aprÚs  l'avoir  lavée  à  l'eau  et  séchée  trÚs  soigneusement  sur  le  sulfate  de 
soude  anhydre,  on  évapore  l'élher  et  l'on  distille  le  résidu  dans  le  vide. 

»  Acétal  dimélhyliqiie  du  benzoylacétatc  de  méthyle 

cens— C(OCH^)^— CH-— CO^CH^. 

La  majeure  partie  de  ce  résidu  passe,  aprÚs  reclification,  à  i46"-i47°  sous  16""",  sous 
la  forme  d'une  huile  incolore,  fortement  réfringente,  et  possédant  une  odeur  agréable- 
ment aromatique;  Nu=i,5oo4  à  21°;  Dj;'=zi,ii2.  D'aprÚs  sa  composition  centési- 
male et  son  poids  moléculaire  déterminé  par  la  cryoscopie,  ce  liquide  répond  à  la 
formule  brute  C'^H"^0*  (soit  G«H°— G  =  G  —  CO^CH^-f- 2GH*0).  Nous  allons 
montrer  que  toutes  ses  propriétés  l'identifient  complÚtement  avec  l'acélal  diméthy- 
lique  du  benzoylacélale  de  méthyle. 

»  a.  La  réfraction  moléculaire  concorde  trÚs  exactement  avec  la  constitution  sup- 
posée. 

1)  b.  Si  l'on  traite  le  produit,  en  solution  alcoolique,  par  quelques  gouttes  de  solu- 
tion Ă©tendue  de  chlorure  ferrique,  la  liqueur  obtenue,  d'abord  Ă   peine  jaunĂątre,  rougit 
progressivement  jusqu'au  rouge  vif  (au  bout  de  i  heure).  Ge  fait  se  conçoit  aisément  : 
l'acidité  du  sel  ferrique,  si  faible  soit-elle,  a  suffi  à  hydrolyser  la  fonction  acétal,  et 
l'élher  j3-cétonique  qui  en  résulte,  à  mesure  qu'il  esl  mis  en  liberté,  colore  en  rouge  la 
solution  de  sel  ferrique. 

»  c.  Acide  CH'—  C  (OGH')=  — GH'^  — GO^H.  —  En  saponifiant  le  produit  par  la 
soude  aqueuse  (Ă   12  pour  100)  Ă   froid,  ou  obtient  de  belles  aiguilles  incolores,  dont 
l'analyse  concorde  avec  la  formule  G^H^— G(0GH3)-^— GH'^— GO^Na  +  5  H^üO. 
L'acide  correspondant  (beaux  prismes  blancs)  s'isole  en  traitant  à  0°  le  sel  alcalin  par 
la  quantité  calculée  d'acide  sulfurique  dilué,  et  en  agitant  la  liqueur  avec  de  l'éther. 

»  Il  s'altÚre  lentement,  dÚs  la  température  ordinaire,  en  perdant  de  l'anhydride  car- 
bonique, et  en  dégageant  une  odeur  aromatique  de  plus  en  plus  forte;  la  décomposition 
s'accélÚre  avec  la  température  et  est  trÚs  rapide  vers  gS".  L'odeur  aromatique  observée 
est  due  à  la  production  d'une  huile  qui  passe  à  la  distillation  vers  94°  sous  23ℱ",  et 
qui,  d'aprÚs  l'analyse  élémentaire  et  ses  réactions,  est  constituée  par  un  mélange  de 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    igo.S.  26 r 

deux  produits  :  l'acĂ©tal  dimĂ©thylique  G"  H»—  C(OCIF)^ — GIF  et  le  a-mĂ©thoxystji-o- 
lĂšne  G«II'— G(0GH3)  =  CH^ 

»  d.  MĂ©thoxyslyrolĂšne  G«H^—  C(OGH')=  CH^—  Getle  huile,  en  effet,  sous  l'ac- 
tion du  chlorure  d'acétyle  en  présence  de  pyridine,  fournit  un  liquide  aromatique 
bouillant  sans  décomposition  à  197°  (corr.)  sous  la  pression  normale  (Do:=i,oi58; 
/ïB^ijSgSS  à  21°),  et  dont  la  composition  élémentaire  est  celle  du  méthoxyslyrolÚne. 
Ce  nouveau  corps,  hydrolyse  par  l'acide  sulfurique  Ă   5  pour  100,  se  transforme  en 
acĂ©lophĂ©none  G'^H'  —  CO  —  GIP,  qui  a  Ă©tĂ©  caractĂ©risĂ©e  par  son  point  d'Ă©bullition,  son 
point  de  fusion  et  celui  de  sa  semi-carbazone. 

M  II.  Fixation  de  1ℱ°'  d'alcool  mĂ©thĂŻlique  sur  le  phĂ©nylpropiolate  de  mĂȘtqyle.  — 
Si  l'on  opÚre  à  la  température  d'ébullition  du  mélange  réagissant  (éther  acétylénique, 
mélhylate  de  sodium,  alcool  méthylique),  on  obtient  constamment,  quelles  que  soient 
les  proportions  relatives  des  corps  mis  en  Ɠuvre,  Ă   cĂŽtĂ©  d'un  trĂšs  grand  excĂšs  de  l'Ă©ther 
dimĂ©thoxylĂ©  qui  vient  d'ĂȘtre  dĂ©crit,  de  petites  quantitĂ©s  de  l'Ă©ther  monomĂ©lhoxylĂ© 

C^H^-  C(OCH')  =  CH  -  CO'-GH'. 

»  La  présence  de  ce  dernier  est  attestée  par  l'analyse  et  la  saponification  du  produit; 
l'acide  monomĂ©thoxylĂ©  C^H^ —  C(OCH')  :=  GH  —  GO-H  est  facile  Ă   sĂ©parerde  l'acide 
diméthoxylé,  grùce  à  sa  faible  solubilité  dans  l'éther  et  l'alcool  méthylique.  11  se  pré- 
sente au  microscope  en  parallélogrammes  plus  ou  moins  allongés;  il  se  décompose 
lentement  à  partir  de  160°,  et  presque  instantanément  vers  190°,  en  gaz  carbonique  et 
méthoxystyrolÚne  identique  à  celui  dont  il  a  été  parlé  plus  haut. 

»   Get  acide  est  donc  l'acide  oc-méthoxycinnami([iie  encore  inconnu 

G'^H»— C(OGIP)=Gll  — GOni. 

»  Dans  le  mĂȘme  ordre  d'idĂ©es,  nous  rappellerons  que  Nef  a  obtenu  l'oj-Ă©thoxystyro- 
lĂšne  G^H^  — GH  =  CH(OG-II')  en  chauffantlephĂ©nylacĂ©tylĂšne  avec  de  l'alcool  en  prĂ©- 
sence de  potasse  caustique  solide  {Lieb.  Annal.  1899),  et  que  Ruhemann  et  ses  Ă©lĂšves, 
en  traitant  le  phénylpropiolate  d'éthvle  par  divers  phénols  sodés,  ont  donné  naissance 
Ă   des  dĂ©rivĂ©s  cinnamiques,  tels  le  composĂ©  C'H'' — G(OG'^H'')  =  GH —  GO^C-H^ 
{Chern.  Soc,  1900-190 1). 

»  RĂ©sumĂ©.  —  Le  phĂ©nylpropiolate  de  mĂ©lhyle  peut  fixer,  sous  l'action 
du  méthylate  de  sodium,  2"°'  ou  i""*' d'alcool  méthylique,  par  saturation 
totale  ou  partielle  de  la  fonction  acétylénique.  Les  composés  nouveaux 
ainsi  formés  se  rattachent  aux  acides  benzoylacétique  et  cinnamique. 
Nous  ajouterons  que  le  rendement  est  en  général  voisin  des  |  du  rendement 
théorique.    » 


C.  R.,  i9(.3,  2«  Semestre.  (T.  CXX.WII,  N'  4.)  -  ‱‱'-' 


262  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  constitution  du  cyanure  d'allyle.  Note 
de  M.  II.  Lespieau,  présentée  par  M.  Haller.  (Extrait,) 

«   Le   cyamire    d'allyle  provenant   de  l'action  à  froid   du   cyanure   de 
potassium  sur  le  bromure  d'allyle,  il  serait  naturel  de  l'Ă©crire 

CH=  =  CH  — CH=-CAz; 

cependant,  à  l'heure  actuelle,  celte  formule  n'est  point  admise,  on  en  pré- 
fĂšre une  autre,  CH'  — CH=^CH—  CAz,  proposĂ©e  par  RekulĂ©  et  confirmĂ©e 
par  le  fait  que  la  fixation  de  brome  sur  le  cvanure  d'allvle  fournirait  le 
ni  (ri le  CH'  —  CH  Br  —  CHBr  —  CAz  (Palmer,  American  chemical  Journal, 
t.  XI,  p.  89)... 

»  Ayant  repris  ces  recherches,  j'ai  obtenu  des  résultats  trÚs  différents  : 

1)  J'ai  fait  agir  84^  de  brome  parfaitement  sec  sur  Sgs  de  cyauure  d'allyle  desséché 
par  distillation  sur  l'anhydride  phosphorique;  les  deux  corps  étaient  fortement  dilués 
dans  du  chloroforme  pur;  la  température,  pendant  les  9  heures  que  dura  l'addition, 
fut  maintenue  entre  —  14"  et  —  10°.  (Avec  des  corps  moins  secs,  entre  4-  10  et  -t-  3o, 
on  obtient  (|uaiitativenient  les  mĂȘmes  rĂ©sultats  que  ci-dessous.) 

»  11  s'est  fait  un  peu  d'acide  bromhydrique;  à  la  distillation,  sous  iS"'",  il  se  pro- 
duisit 58  de  résidu  carbonisé  ;  deux  fractions  s'indiquÚrent  nettement  :  i"  de  60"  à  100°, 
2°  de  laS"  à  i35°  (environ  45°)-  De  cette  derniÚre  j'ai  isolé  [\o^  d'un  nitrile  bouillant 
de  i38°,5  à  189°  sous  so""'",.^,  présentant  toutes  les  propriétés  du  composé 

CH^  Br  ^  GH  Br  -  CH^  —  CAz 

que  j'ai  précédemment  décrit  [Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  i265). 
»   En  particulier,  saponifié  par  l'acide  chlorhydrique,  il  donne  l'acide 

CH^Cl  —  CHBr  —  Cll=—  CO=H, 

tandis  qu'avec  l'acide  bromhydrique,  on  a  trĂšs  nettement  l'acide 

CtPBr  —  CHBr CH^  _  CO^'H 

fondant  à  5o°. 

»  Quant  à  la  portion,  assez  abondante,  qui  passe  de  60"  à  100",  je  ne  crois  pas  qu'elle 
renferme,  du  moins  en  quantitĂ©  sĂ©rieuse,  le  nitrile  CH* —  CHBr  —  CHBr  —  CAz;  elle 
paraĂźt  bien  plutĂŽt  ĂȘtre  un  mĂ©lange  de  produits  de  substitution  raonobromĂ©s  du  cya- 
nure d'allyle  :  son  contact  produit  des  brûlures  douloureuses  ;  si  on  la  fractionne  de 
5°  en  5°  à  la  distillation  et  qu'on  fasse  l'étude  cryoscopique  de  ces  diverses  portions, 
on  trouve  des  nombres  variant  de  i5o  Ă   160;  les  acides  qu'on  eu  tire  par  saponifica- 
tion m'ont  donné  le  nombre  i65  à  la  cryoscopie,  ce  qui  correspond  exactement  à 
C*H=BrO^ 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    igo3.  263 

))   Je  crois  donc  pouvoir,   à  la   suite  de  ces  recherches,  considérer  le 
cyanure  d'allyle  comme  répondant  bien  à  la  formule 

CH'=  CH-CH-CAz.    » 


CHIMIE  ORGAMQUE.  —    Contribution  Ă   l'Ă©lude  des  qainones-dicĂ©tones. 
Note  de  M.  OEchsner  de  Coninck,  présentée  par  M.  II.  Moissan. 

«  J'ai  montré  récemment  que  l'attaque  de  l'acide  chrysophanique  par 
un  excÚs  d'acide  sulfurique,  à  chaud,  fournissait  une  certaine  quantité 
d'anhydride  carbonique  et  une  trĂšs  forte  proportion  de  gaz  sulfureux  se 
dégageant  brusquement  vers  la  fin  de  la  réaction.  Or,  d'aprÚs  les  recherches 
de  Liebermann  et  de  O.  Fischer,  l'acide  chrysophanique  est  une  dioxy- 
méthylanthraquinone;  il  m'a  donc  semblé  intéressant  d'étudier  l'action 
de  SO^  H-  sur  d'autres  quinones  en  me  plaçant  dans  les  mĂȘmes  conditions 
expérimentales. 

»  Anthraquinone.  -^  J'ai  fait  l'expérience  avec  un  échantillon  d'anlhraquinone  du 
commerce.  Celle-ci  présente  une  trÚs  grande  résistance;  il  se  dégage  une  certaine 
quantité  de  GO^,  puis  le  gaz  sulfureux  apparaßt  et  se  dégage  brusquement. 

»  Le  rĂ©sultat  a  Ă©tĂ©  le  mĂȘme  avec  un  Ă©chantillon  pur  et  bien  cristallisĂ©  d'anthra- 
qulnone. 

»  Alizarine.  —  L'expĂ©rience  a  Ă©tĂ©  faite  avec  de  l'alizarine  du  commerce  et  avec  de 
l'alizarine  purifiée  et  sublimée. 

»  Les  résultats  ont  été  conformes  aux  précédents.  J'ai  remarqué,  toutefois,  que 
l'alizarine  est  un  peu  moins  résistante  que  l'anthraquinone. 

»  Purpurine.  —  La  purpurine,  commerciale  ou  purifiĂ©e,  se  comporte  comme 
l'alizarine;  à  jseu  prÚs  aussi  résistante  que  cette  derniÚre,  elle  est  moins  résistante  que 
l'anthraquinone  Ă   l'action  de  SO*LP  en  excĂšs. 

»  PhĂ©nanlhrĂšnequlnone.  — ‱  Cette  quinone  prĂ©sente  linĂ©  rĂ©sistance  remarquable; 
puis  elle  fournit  peu  à  peu  CO-,  et,  vers  la  fin,  le  dégagement  de  SO-  devient  trÚs 
abondant. 

»  'j.-Naphloquiiioiie.  —  Elle  se  comporte,  d'une  maniĂšre  gĂ©nĂ©rale,  comme  les 
autres  quinones  étudiées. 

»  En  réfléchissant  à  ces  résultats  fournis  par  toute  une  série  de  dérivés, 
j'ai  été  amené  à  penser  que  la  molécule  de  ces  quinones-dicétones, 
quinones-phénols,  etc.,  se  coupe,  à  une  température  donnée,  et  sous  l'ac- 
tion puissante  de  SO^H^,  entre  les  groupements  (CO)  et  les  groupements 
benzéniques,  substitués  ou  non;  ensuite,  ces  derniers  groupements  se  dé- 
composent et  agissent  par  leurs  groupes  (CH)sur  l'acide  sulfurique  qui  est 


264  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

alors  énergiquement  réduit.  Ainsi  peut  s'expliquer  le  dégagement  brusque 
et  trÚs  abondant  de  SO'  que  j'ai  observé  dans  presque  toutes  mes  expé- 
riences. 

»  L'alizarine  et  la  purpurine  sont  sensiblement  moins  résistantes  que 
l'anthraquinone;  ce  fait  n'est  pas  isolé;  je  l'ai  rencontré  en  étudiant,  au 
mĂȘme  point  de  vue,  d'autres  fonctions  aromatiques.  Il  peut  s'expliquer  en 
remarqam\l  que  toute  subslituiion  dans  une  molécule  aromatique  diminue  la 
stabilité  de  celle-ci.  Je  développerai  ce  point  dans  tm  Mémoire  plus  étendu.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Les  matiùres  alhuminoïdes  du  grain  de  mais. 
Note  de  MM.  Doxaud  et  Labbé,  présentée  par  M.  A.  Ditte. 

«  Nous  avons  décrit,  dans  une  Note  précédente,  les  propriétés  spéciales 
de  la  maĂŻsine,  matiĂšre  albuminoĂŻde  extraite  du  maĂŻs  au  moyen  de  l'alcool 
amylique  bouillant. 

))  Les  quantités  de  maïsine  ainsi  extraites  restent  toujours  inférieures 
aux  teneurs  du  maïs  en  zéïne,  indiquées  par  Ritthausen.  Il  y  a  lieu  de 
penser  qu'il  existe  simultanément  dans  le  grain  de  maïs  diverses  matiÚres 
albuminoĂŻdes  plus  ou  moins  analogues.  Nous  avons  fait  le  dosage  complet 
de  ces  albuminoĂŻdes  dans  le  grain  de  maĂŻs  et  nous  avons  reconnu  ainsi 
qu'ils  étaient  en  plus  grande  quantité  que  Ritthausen  ne  l'avait  trouvé. 

»  Pour  déterminer  la  teneur  du  grain  de  maïs  en  matiÚres  albuminoïdes 
totales,  nous  avons  utilisé  la  propriété  la  plus  générale  des  albumines  du 
groupe  des  glutens  de  céréales  qui  est  leur  solubilité  dans  l'alcool  potas- 
sique. Nous  avons  soumis  à  une  longue  agitation  à  froid  répétée  à  diverses 
reprises  avec  de  nouveaux  liquides  de  lavage  alcoolo-potassiques,  du  maĂŻs 
blanc  préalablement  déshuilé  et  desséché,  et  contenant  alors,  d'aprÚs  le 
dosage  en  azote,  i4,<32  pour  100  de  matiÚres  azotées  totales. 

»  20G  de  maïs  ont  été  agités  S  heures  consécutives  avec  200°""'  d'alcool  à  70°,  con- 
tenant 3s  de  KO II  par  litre,  et  celte  opération  a  été  recommencée  quatre  fois  avec 
d'égales  quantités  du  liquide  potassique. 

»  La  quantité  de  matiÚres  organiques  solubilisées  était  fournie  par  l'extrait  des 
liquides  de  lavage  complétés  à  un  volume  donné,  aiminué  du  poids  des  cendres  dans 
‱chaque  cas.  On  a  obtenu  ainsi  9,84  pour  100  de  matiùres  albuminoïdes.  Il  y  a  donc 
dans  le  maïs  li,']8  pour  100  de  matiÚres  azotées  qui  ne  sont  pas  des  albumines,  ou  du 
moins  des  albumines  ayant  les  propriétés  des  glutens. 

»  D'autre  part,  la  composition  des  9,84  pour  100  des  matériaux  albuminoïdes  a  été 
établie  de  la  façon  suivante  : 


Solubles 

dans 
l'alcool 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    igoS.  265 

»  a.  La  maïsine  du  mélange  étant  exclusivement  soluble  dans  l'alcool  amylique  à 
chaud,  la  masse  totale  ainsi  traitée  à  trois  reprises  successives  a  abandonné  un  poids 
correspondant  Ă   5,27  pour  100  de  maĂŻsine  dans  le  grain  de  maĂŻs. 

»  b.  L'alcool  étliylique,  bon  dissolvant  de  la  maïsine,  dissoutaussi  d'autres  albumines, 
mais  non  pas  la  totalitĂ©  de  celles  du  maĂŻs.  Si  l'on  traite  le  mĂȘme  maĂŻs  par  l'alcool  Ă  
90°,  on  obtient  6, go  pour  100  d'albumine  solubilisée. 

»  Nous  sommes  ainsi  amenés  à  admettre  que  l'albumine  du  grain  de 
maïs  est  un  mélange  de  trois  matiÚres  albuminoïdes  distinctes,  au  moins. 

S  La  maĂŻsine  a,  soluble  dans  l'alcool  amylique  ; 
La   maĂŻsine  |3,  insoluble  dans  l'alcool  amjlique  et  soluble  dans 
1        l'alcool  élhylique  à  90°; 

,      /  La   maĂŻsine  7,  insoluble  dans  l'alcool  amylique  et  insoluble  dans 
potassique  Ă©tendu  ,,,,,,,.. 

^  '■  \       1  alcool  etiiylique  a  90°. 

»  On  peut  obtenir  sĂ©parĂ©ment  ces  trois  maĂŻsines  d'un  mĂȘme  Ă©chantillon 
de  maĂŻs. 

»  20S  de  maïs  épuisés  par  l'alcool  amylique  donnent  une  masse  correspondant 
Ă   5,27  pouf  100  de  maĂŻsine  a.  Le  mĂȘme  maĂŻs  Ă©puisĂ©  Ă   nouveau  par  l'alcool  Ă©thylique 
Ă   90"  donne  i,43  pour  100  de  maĂŻsine  p,  alors  que  par  difTĂ©rence  le  mĂȘme  Ă©chantillon 
accusait  1,60  pour  100. 

»  Epuisé  finalement  par  l'alcool  potassique,  à  quatre  reprises  consécutives  de  huit 
heures  d'agitation  chacune,  il  abandonne  encore  2,2  pour  100  de  maĂŻsine,  alors  que  le 
dosage  par  difTĂ©rence  n'en  accusait  que  1,61  pour  ioo. 

))  Si,  en  résumé,  on  ramÚne  ces  chiffres  au  maïs  naturel,  sa  teneur  en 
ces  diverses  variétés  de  maïsine  est  la  suivante  : 

MatiÚres  azotées  totales  (par  l'azote) 1 1 ,86  pour  ;oo 

Maïsine  a, 4)82         » 

MaĂŻsine  ^ 1,82  d 

Maïsine  ^ i ,  33         » 

MatiÚres  azotées  non  extractibles 4, 90         » 

»  La  maïsine  p,  qu'on  peut  obtenir  aisément  en  traitant  par  l'alcool  à  90° 
du  maïs  ou  du  résidu  d'amidonnerie  de  m;iïs  préalablement  épuisé  pendant 
637  heures  Ă   l'alcool  amylique,  est  une  matiĂšre  tout  Ă   fait  analogue  comme 
aspect  et  propriétés  à  la  maïsine  a.  Mais  elle  est  moins  riche  en  azote.  Sa 
composition  centésimale  est  la  suivante:  C:  55, 5o;  H:  7,85;  0(pardifF.): 
20,73;  Az  :  i4)58;  Soufre  :  0,62;  Cendres  :  0,72.  Elle  est  insoluble  dans 
l'alcool  amylique  bouillant  Ă   la  pression  ordinaire;  cependant,  sous  l'in- 
fluence d'une  ébullition  trÚs  prolongée,  elle  se  dissout  peu  à  peu  dans  ce 
solvant,  dans  la  proportion  des  ~  environ.  Elle  est  transformée  de  cette 


266  ACADÉMIK    DES    SCIENCES. 

façon  en  une  matiÚre  de  propriétés  identiques  à  la  maïsine  a.  Ces  faits,  et 
divers  autres  que  nous  publierons  prochainement,  nous  amĂšnent  Ă   penser 
qu'il  n'y  a,  entre  les  diverses  maïsines  que  des  différences  trÚs  faibles  de 
constitution,  comme  par  exemple  des  degrés  d'hydratation  différents.  » 


CHÏMIË  BlOLOGIQtJE.  —   Emploi  rie  la  bombe  calorimĂ©trique  pour  dĂ©montrer 
l'existence  de  V arsenic  dans  l'organisme.  Note  de  M.  Gabriel  Bertrand. 

«  Dans  Un  Mémoire  paru  il  y  a  peu  de  temps  ('  ),  j'ai  réussi  à  expliquer 
les  contradictions  qui  se  sont  élevées  entre  les  chimistes,  nombreux  et 
habiles,  qui  se  sont  occupés  de  la  question  de  l'arsenic  normal.  J'ai  montré 
que,  jusque-lĂ ,  aucune  des  expĂ©riences,  du  moins  sous  la  forme  oĂč  on  les 
avait  publiées,  ne  contenait  de  preuves  définitives,  ni  de  l'absence,  ni  de 
l'existence  de  ce  métalloïde  chez  les  animaux  et  les  plantes. 

;>  Les  quantités  d'arsenic  qui  existent  à  l'état  normal  dans  les  tissus  sont 
en  £;énéral  trop  petites  pour  qu'on  puisse  les  découvrir  avec  certitude  à 
l'aide  des  méthodes  alors  en  usage.  D'autre  part,  les  réactifs  incomplÚte- 
ment purifiés  introduisent  toujours  des  traces  d'arsenic  au  cours  des  expé- 
riences. 

»  Dans  ces  conditions,  si  l'on  opÚre  sur  un  organe  facile  à  détruire,  et, 
par  suite,  qu'on  emploie  peu  de  réactifs,  l'arsenic  introduit,  joint  à  l'arsenic 
normal,  peut  ĂȘtre  en  quantitĂ©  trop  faible  pour  ĂȘtre  reconnaissable. 

»  Si,  au  contraire,  on  examine  un  organe  résistant  beaucoup  à  la  des- 
truction, on  est  obligé  de  prendre  une  plus  forte  quantité  de  réactifs  : 
l'impureté  s'accumule  dans  le  résidu  de  l'attaque,  et  il  arrive  un  moment 
oii.  le  degré  de  sensibilité  de  la  méthode  de  recherche  étant  atteint,  on 
voit  apparaĂźtre  de  l'arsenic.  Plus  la  destruction  est  difficile,  plus  on  est 
exposé  à  trouver  de  métalloïde. 

»  C'est  en  perfectionnant  la  méthode  classique  de  Marsh,  au  point  de 
pouvoir  déceler  aisément  un  demi-milliÚme  de  milligramme  d'arsenic,  et 
en  trouvant  des  procédés  de  purification  des  réactifs  qui  permissent  d'uti- 
liser une  méthode  aussi  sensible,  que  j'ai  rendu  possible  une  bonne 
démonstration  de  l'existence  normale  de  l'arsenic  dans  l'organisme. 

M   D'assez  nombreuses  expériences  sur  des  matériaux  bien  choisis  m'ont 

(M  Sur  la  recherche  et  sur  la  preuve  de  l'e^vistence  de  l'arsenic  cliez  les  animaux 
{Aiin.  de  Chimie  et  de  Physique,  7"  série,  t.  XXVIII,  igoS,  p.  242-275). 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    igoS.  ofi^ 

alors  forcé  d'admettre  que  l'arsenic  existe  vraiment  à  l'état  normal  chez  les 
animaux  et  les  plantes,  et,  qu'au  lieu  d'ĂȘtre  localisĂ©  dans  certains  organes, 
il  se  rencontre  au  contraire,  sans  doute  au  mĂȘme  titre  que  le  soufre,  le  fer 
ou  le  phosphore,  dans  tous  les  tissus  de  l'organisme.  D'aprÚs  ces  expé- 
riences, les  poils,  les  ongles,  les  cornes,  et,  en  général,  les  tissus  kérati- 
niques  sont  les  plus  riches  de  tous;  la  glande  thyroĂŻde,  trĂšs  difficile  Ă  
détruire,  est  relativement  pauvre. 

')  Néanmoins,  j'ai  cru  nécessaire  de  trouver  une  méthode  de  démon- 
stration plus  précise  encore  que  celle  dont  je  me  suis  servi.  Or,  toutes  les 
difficultés  actuelles  résident  dans  la  destruction,  d'ailleurs  incomplÚte,  des 
matiÚres  organiques,  destruction  qui  entraßne  l'emploi  de  quantités  no- 
tables d'acides  sulfurique  et  nitrique,  puis  de  gaz  sulfureux,  d'hydrogĂšne 
sulfuré,  d'ammoniaque,  sans  compter  l'usage  d'objets  en  verre,  de  papier 
Ă   filtrer,  etc.  J'ai  pensĂ©  qu'on  arriverait  peut-ĂȘtre  au  but  dĂ©sirĂ©,  en  brĂ»- 
lant, d'une  maniÚre  intégrale,  la  substance  organique  sÚche  dans  un  vase 
clos,  tout  en  platine,  en  présence  d'oxygÚne  pur. 

»  M.  Berthelot' avait  déjà  proposé  et  mis  en  pratique  l'emploi  de  sa 
bombe  calorimétrique  pour  le  dosage  des  divers  corps  simples  contenus 
dans  les  composés  organiques. 

»  J'ai  essayé  si  des  organes  secs,  d'origine  animale  ou  végétale,  subi- 
raient, malgré  leur  structure  et  leur  richesse  en  sels  alcalins,  une  combus- 
tion aussi  complÚte  que  des  composés  organiques  définis,  et  si,  aprÚs  cette 
combustion,  on  pourrait  retrouver  les  traces  d'arsenic  qui  y  Ă©taient  con- 
tenues. Le  succÚs  de  mes  expériences  a  été  si  complet  ('  )  que  je  considÚre 
aujourd'hui  l'emploi  de  la  bombe  de  M.  Berthelot  comme  absolument 
indiquĂ©  dans  tous  les  cas  oĂč  il  s'agira  de  la  recherche  et  du  dosage  de  trĂšs 
petites  quantités  d'un  élément  quelconque  contenu  dans  un  organe. 

))  Ij'alUimage  de  la  substance  est  assuré,  d'aprÚs  ua  artifice  de  M.  Berllielot,  à  l'aide 
d'une  mĂšche  de  lulmi-coton,  prise  dans  une  boucle  du  fil  de  platine  au  travers  duquel 
on  envoie  le  courant  électrique.  Mais  ici,  on  doit  prendre  du  fuhni-coton  préparé  avec 
des  acides  absolument  purs.  S'il  est  nécessaire,  on  accumule  dans  la  bombe  le  produit 
de  jjlusieurs  combustions. 

«  Celles-ci  terminées,  on  transvase  le  contenu  de  la  bombe  dans  une  capsule,  et  l'on 
évapore  à  sec  avec  précaution  pour  chasser  l'acide  nitrique  dû  à  la  combustion  par- 
tielle de  l'azote;  on  reprend  le  résidu  par  quelques  gouttes  d'acide  sulfurique  et  un 
peu  d'eau,  et  on  introduit  directement  la  solution  dans  l'appareil  de  iMarsli. 

(')  La  bombe  en  platine  donne  seule  des  résultats  exacts;  avep  les  bombes  émaillées, 
on  introduit  toujours  des  traces  d'arsenic. 


268  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Avec  du  camphre  ou  du  sucre  purs,  on  n'obtient  pas  la  plus  petite  trace 
d'enduit  arsenical;  au  contraire,  quelques  grammes  d'écaillé  de  tortue  de 
mer,  d'Ă©pongĂ©,  de  blanc  ou  de  jaune  d'Ɠuf,  etc.  suffisent  Ă   donner  des 
anneaux  d'arsenic  trĂšs  nets. 

»  Ces  résultats,  d'une  méthode  trÚs  simple  et  trÚs  précise,  vérifient 
ceux  que  j'avais  déjà  publiés  et  lÚvent  tous  les  doutes  concernant  l'existence 
normale  de  l'arsenic  dans  l'organisme.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Influence  de  la  tempĂ©rature  sur  la  production  d'hy- 
drogÚne sulfuré  par  les  matiÚres  alhuminoïdes ,  les  extraits  d'organes  ani- 
maux et  les  extraits  de  levure  de  biÚre,  en  présence  du  soufre.  Note  de 
MM.  J.-E.  Abelous  et  h.  Ribaut,  présentée  par  M.  Bouchard. 

«  Dans  une  Communication  précédente,  nous  avons  montré  que  l'on 
pouvait  soumettre  des  solutions  d'albumine,  ou  des  extraits  de  foie  de 
cheval  et  des  extraits  de  levure  de  biĂšre,  Ă   la  tempĂ©rature  de  ioo°  et  mĂȘme 
de  i20°-i3o°,  sans  leur  faire  perdre  la  propriété  de  dégager  de  l'hydrogÚne 
sulfuré  à  froid  en  présence  de  soufre,  en  milieu  légÚrement  acide. 

))  Nous  avons  étudié  l'action  de  diverses  températures  sur  l'activité  de 
cette  réaction,  afin  d'en  établir  la  courbe  en  fonction  de  la  température. 

))  Nous  nous  sommes  servis  d'albumine  desséchée,  d'extrait  de  foie  de 
cheval  et  d'extrait  hydro-alcoolique  de  levure  de  biĂšre. 

»  1°  Albumine.  —  On  broie,  dans  un  mortier,  is  d'albumine  dessĂ©chĂ©e  avec 
25<^ℱ'  d'eau  distillĂ©e,  18  de  soufre  lavĂ©  et  oℱ',  5  d'acide  lartrique  Ă   ,^  ('  ). 

»  Un  tel  mélange  est  introduit  dans  un  ballon  maintenu  par  un  bain-marie  pendant 
2  heures,  aux  températures  de  45°!  6o°-62°,  80°,  95°.  Pendant  tout  ce  temps  un  cou- 
rant de  gaz  inerte,  azote  ou  hydrogÚne  pur,  entraßne  l'hydrogÚne  sulfuré  formé,  dans 
une  solution  d'iode  centinormale.  On  apprécie  la  quantité  de  H^S  formé  par  le  dosage 
de  l'iode  restant,  par  l'hyposulfite  de  soude.  Voici  les  résultats  obtenus  : 

H- S  formé, 
mg 

A  45° ■  o,56i 

A  6i°-6a'' 0,612 

A  80° 0,710 

A  950 o,833 


(')  L'acidification  du  mélange  est  nécessaire  pour  éviter  la  production  dell'S,  due 
Ă   l'action  de  l'alcali  du  verre  sur  le  soufre. 


SÉANCE  DU  27  JUILLET  ipoS.  269 

»  2°  On  répÚte  re\périence  avec  de  l'exlrail  de  foie  de  cheval  préparé  par  macéra- 
tion de  loos  de  foie  piilpé  dans  1006  d'une  solution  de  fluorure  de  sodium  à  2  pour  100. 
Cette  macération,  aprÚs  avoir  été  abandonnée  à  40°  pendant  24  heures,  est  filtrée. 

»  lo'^"''  du  filtrat  sont  mélangés  à  is  de  soufre  lavé.  On  ajoute  20'^"'"  d'eau  distillée  et 
o""',5  d'acide  tartrique  au  jL. 

»  Résultais  : 

H- S  formé. 

A4''''' o,74o 

A  63° 0,986 

A  80" 1 ,  27 

A  95° 1,56 

»  Enfin,  dans  une  derniÚre  série  d'expériences,  nous  avons  étudié  l'action  de  la  tem- 
pérature sur  de  l'extrait  hydro-alcoolique  de  levure  de  biÚre,  préparé  par  le  procédé 
indiqué  par  De  Rey-Pailhade  pour  extraire  ce  qu'il  appelle  le /j/u7ofA/o«. 

»  io""°  de  cet  extrait  filtré  et  limpide  étaient  additionnés  de  is  de  soufre  et  de 
20'^"'  d'eau.  L'extrait  de  levure  étant  franchenjent  acide,  il  n'était  pas  nécessaire 
d'ajouter  de  l'acide  tartrique  comme  dans  les  cas  précédents. 

»  Résultats  : 

H^  S  formé. 

A  45° o"4l6 

A  65° 0,595 

A  80° 0,782 

A  95° i,i3o 

M  En  présence  de  ces  fiiils  il  était  indiqué  d'étudier  l'influence  de  tem- 
pératures plus  élevées. 

»  On  introduit  dans  une  ampoule  10'^"' d'extrait  de  levure,  is  de  soufre  et  20''°'' d'eau. 
On  fait  le  vide,  on  remplit  l'ampoule  par  un  gaz  inerte,  puis  on  fait  le  vide  de  nou- 
veau. On  scelle  à  la  lampe,  et  on  laisse  dans  l'autoclave  à  i25°  le  mélange  pendant 
I  heure  3o  minutes.  Au  bout  de  ce  temps  on  introduit  le  contenu  de  l'ampoule  dans 
un  ballon  plongé  dans  un  bain-marie  d'eau  bouillante,  en  opérant  dans  un  courant  de 
gaz  inerte  qui  balaie  l'hjdrogÚne  sulfuré  formé.  Le  mélange  est  ainsi  traité  pendant 
3o  minutes  au  bain-marie  bouillant.  Le  résultat  est  le  suivant  : 

H' S  formé. 

A  95° i"?,  10 

A  I  25° 2"'8, 3o 

))  On  voit  que  la  production  de  H-S,  dans  ces  trois  séries  d'expériences, 
croßt  avec  la  température.  Ces  faits  sont  absolument  contraires  à  l'hypo- 
thÚse d'un  ferment  soluble  hvdrogénant  le  soufre.  Des  expériences  ulté- 
rieures pourront  seules  expliquer  le  mécanisme  de  la  production  d'hydro- 

C.  R.,   1903,  !‱  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  4.)  36 


270  ACADEMIE    DES    SC1E^■CES. 

gÚne  sulfuré.  Mais,  d'ores  et  déjà,  on  peut  conclure  que  le  philothion  en 

tant  qu'hydrogénase  n'existe  pas.    » 


PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  sur  l'immiuiitc  naturelle  des  Vipùres  et  des 
Couleuvres.  Note  de  M.  C.  Phisalix,  présentée  par  M.  Edaioud 
Perrier. 

«  En  1781,  Fontana,  aprÚs  avoir  fait  mordre  des  VipÚres  entre  elles,  ou 
leur  avoir  inoculé  du  venin  avec  une  lancette,  arrivait  à  cette  conclusion 
que  «  le  venin  de  la  VipÚre  n'est  point  un  poison  pour  son  espÚce  ». 
Duméril,  Guyon,  Viaud-Grand-Marais,  Waddeli  ont  répété  ces  expériences 
et  sont  arrivĂ©s  au  mĂȘme  rĂ©sultat. 

»  D'autres  expérimentateurs  comme  Mangili,  Cl.  Bernard,  Weir- 
Mitchell,  Fayrer  affirment  que  les  Serpents  peuvent  ĂȘtre  empoisonnĂ©s  par 
leur  venin;  seulement  la  mort  serait  trÚs  tardive  :  dans  les  expériences  de 
Weir-Alitchell,  elle  survenait  dans  un  délai  de  36  heures  à  i4  jours.  Wad- 
deli, critiquant  les  expériences  de  Weir-Mitchell,  attribue  la  mort  tardive 
des  Crotales  à  une  septicémie  ou  à  d'autres  causes  accidentelles.  Dans 
21  expériences  faites  avec  le  venin  de  Cobra,  cet  auteur  a  toujours  constaté 
le  mĂȘme  fait  :  «  le  Cobra  inoculĂ©  avec  son  ])ropre  venin  n'Ă©prouve  aucun 
»   symptÎme  d'empoisonnement  »  . 

»  C'est  pour  élucider  la  cause  de  ces  contradictions  que  j'ai  entrepris 
de  nouvelles  expériences. 

»  Voici  comment  jai  procédé  :  du  venin  sec  de  VipÚre  est  dissous  dans  l'eau  salée 
pliysiologique  au  titre  de  i  pour  loo,  et  la  solution  est  injectée,  à  doses  progressive- 
ment croissantes,  dans  la  cavité  péritonéale  de  VipÚres  ou  de  Couleuvres.  Jusqu'à  la 
dose  de  40"°)  le  venin  ne  produit  pas  de  troubles  appréciables.  A  partir  de  45"'S  jus- 
qu'Ă  6oℱs,  on  commence  Ă   observer  des  troubles  chez  l'animal  inoculĂ©.  Ils  consistent 
dans  une  sorte  de  torpeur  qui  rend  le  serpent  moins  sensible  aux  excitations,  plus 
paresseux  Ă   se  mouvoir  et  moins  actif  dans  ses  mouvements. 

»  Cet  état  de  torpeur  somnolente  peut  durer  plusieurs  jours  avec  quelques  inter- 
valles de  réveil  relatif  pendant  lesquels  le  reptile  se  déplace  lentement.  On  observe 
des  contractions  spasmodiques  du  rectum  et  de  lauus,  et  des  Ă©missions  abondantes 
d'urine. 

»  Puis,  peu  à  peu,  les  accidents  s'atténuent,  l'animal  redevient  plus  vigoureux  et 
plus  vif;  au  bout  de  4  à  5  jours  il  a  repris  ses  allures  habituelles.  l-*oiir  déterminer 
sûrement  la  mort,  il  faut  arriver  aux  doses  massives  de  lOO'""'  à  120"". 

»  Les  accidents  é\oluenl  alors  plus  rapidement.  Au  bout  d'une  heure,  il  y  a  dimi- 
uulion  de  la  sensibilité  el  faiblesse  murcul;iiie,  la  respiration  est  ralentie.  BientÎt,  les 


SÉANCE  DU  27  JUILLET  IpoB.  271 

symptÎmes  s'aggraveiii,  la  parésie  augmente,  le  corps  reste  étendu,  flasque,  et  réagit  à 
peine  aux  excitations;  la  sensibilité  et  le  mouvement  disparaissent  en  commençant  par 
l'extrémité  caudale.  La  respiration  devient  de  plus  en  plus  rare,  et  l'animal  meurt  par 
arrĂȘt  respiratoire,  le  cƓur  continuant  Ă   battre.  La  survie  est  de  20  Ă   3o  heures. 

»  A  l'autopsie,  on  trouve  un  peu  d'extravasation  sanguinolente  autour  du  foie  et  le 
long  de  l'aorte;  cependant,  les  globules  rouges  sont  intacts  et  riiémoglobine  ne  diffuse 
pas.  L'expérience  directe  m'a  montré,  d'autre  part,  qu'une  solution  de  venin  à  i  pour  100 
dans  l'eau  salée  n'a  aucune  influence  sur  les  globules  de  VipÚres  ou  de  Couleuvres  lavés 
ou  non  lavés. 

»  D'aprÚs  l'évolution  des  symptÎmes,  il  est  évident  que  le  systÚme  nerveux  est  frappé 
par  le  venin;  mais  on  pourrait  croire,  si  l'on  en  juge  par  la  dose  Ă©norme  de  poison 
nécessaire  à  produire  les  premiers  phénomÚnes  d'intoxication,  que  ce  systÚme  nerveux 
possÚde  une  trÚs  grande  résistance;  il  n'en  est  rien.  Si,  au  lieu  d'inoculer  le  venin  sous 
la  peau  ou  dans  l'abdomen,  on  l'introduit  dans  la  cavité  crùnienne,  il  suffit  de  doses 
trÚs  faibles  pour  déterminer  l'empoisonnement.  J'ai  fait  l'expérience  sur  la  Couleuvre  à 
collier.  Avec  une  fine  canule,  introduite  par  le  trou  occipital,  j'injecte  quelques  gouttes 
d'une  solution  concentrée  de  venin.  Or,  tandis  que  chez  des  Couleuvres  témoins,  ino- 
culĂ©es dans  les  mĂȘmes  conditions,  mais  avec  de  l'eau  salĂ©e,  il  ne  se  manifeste  aucun 
trouble,  les  Couleuvres  qui  ont  reçu  de  2ℱb  Ă   4""?  de  venin  sont  immĂ©diatement  prises 
d'accidents  caractéristiques.  Tout  d'abord,  c'est  un  tremblement  généralisé  que  l'on 
perçoit  à  la  main,  dÚs  que  le  venin  a  touché  les  centres  nerveux.  Puis  les  muscles  s'af- 
faiblissent et  leurs  mouvements  sont  incoordonnés,  de  telle  sorte  que  l'animal  posé  à 
terre  ne  peut  fuir;  dĂšs  qu'il  lĂšve  la  tĂȘte,  celle-ci  est  agitĂ©e  de  petits  tremblements  et 
retombe  bientÎt  affaissée  sur  le  sol.  Quelquefois,  il  y  a  de  l'emprostotonos.  La  respi- 
ration, trÚs  ample  au  début,  ne  tarde  pas  à  s'affaiblir;  elle  devient  rare  et  intermittente. 
La  parésie  augmente  rapidement,  et,  au  bout  de  quelques  heures,  la  couleuvre  enveni- 
mée est  absolument  flasque;  les  réflexes  sont  faibles  et  limités.  Cet  état  peut  durer 
pendant  plusieurs  jours,  et  se  termine  le  plus  souvent  par  la  mort. 

»  A  l'autopsie,  on  trouve  une  vive  inflammation  des  méninges,  surtout  au  niveau 
des  hémisphÚres  cérébraux.  Ces  faits  sont  à  rapprocher  de  ceux  que  MiVL  Roux  et 
Borrel  ont  constatés  avec  la  toxine  tétanique,  et  c'est  là  un  nouveau  point  d'analogie 
entre  les  toxines  et  les  venins. 

»  Il  résulte,  des  expériences  précédentes,  que,  chez  la  VipÚre  et  la  Couleuvre,  les 
symplĂŽmes  d'empoisonnement  sont  sensiblement  les  mĂȘmes,  que  le  venin  soit  introduit 
dans  le  péritoine  ou  dans  la  cavité  crùnienne.  Mais,  dans  le  premier  cas  (injection 
intra-pĂ©ritonĂ©ale),  il  faut  25  fois  plus  de  venin  pour  produire  le  mĂȘme  rĂ©sultat.  Il  est 
donc  certain  que  la  plus  grande  partie  du  poison  n'arrive  pas  aux  centres  nerveux. 
Que  devient-il?  C'est  ce  que  j'examinerai  dans  un  prochain  travail. 

))  En  résumé,  rimmiinité  naturelle  des  VipÚres  et  des  Couleuvres  n'est 
pas  absolue;  si  elle  est  trÚs  élevée  (5oo  à  600  fois  plus  grande  que  celle  du 
cobaye)  quand  le  venin  pénÚtre  par  la  voie  cutanée  ou  péritonéale,  elle  est 
beaucoup  plus  faible  (elle  n'est  plus  que  25  Ă   3o  fois  plus  grande  que  celle 
du  cobaye)  quand  le  venin  est  misdircrtement  en  contact  avec  le  cerveau. 


272  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Une  VipĂšre  pourrait  donc  ĂȘtre  tuĂ©e  dans  un  combat  avec  une  de  ses  sem- 
blables si  les  crochets  venimeux  pénétraient  dans  le  crùne;  mais,  en  raison 
delĂ   duretĂ©  des  os,  cette  Ă©ventualitĂ©  doit  ĂȘtre,  sinon  impossible,  du  moins 
extrĂȘmement  rare,  et  l'on  peut  admettre  l'aphorisme  de  Fontana  en  le  mo- 
difiant de  la  maniÚre  suivante  :  «  Le  venin  de  la  VipÚre  n'est  pas  un  poison 
»   pour  son  espÚce  »  dans  les  conditions  naturelles  de  l'inoculation. 

))  S'il  en  Ă©tait  autrement,  l'arme  qui  sert  Ă   procurer  la  nourriture  de 
l'individu  deviendrait  un  instrument  pour  la  destruction  de  l'espĂšce;  l'ex- 
périence et  l'observation  s'accordent  pour  montrer  que  la  VipÚre  ne  fait 
pas  exception  aux  lois  générales  de  la  Biologie.  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  spermato genĂšse  des  CrustacĂ©s  DĂ©capodes. 
Note   de  M.  Alphonse  Labbé,   présentée  par  M.  Yves  Delage. 

«  Voici  le  résumé  succincUdes  résultats  que  m'a  donnés  l'élude  de  la 
spermatogenĂšse  chez  les  DĂ©capodes  (Homarus,  Palinurus,  GalathƓa,  Eupa- 
gurus,  Porcellana,  Maia,  Stenorhynchus,  Inachus,  Carcinus,  Cancer,  etc.), 
à  l'exception  des  CaridƓ  et  >.VAstacus,  faite  au  laboratoire  de  Roscoff. 

»  Divisions  mataratives.  —  Rien  n'aulorise  Ă   affirmer,  comme  le  fait  Sabalierj 
l'origine  conjonclive  des  spermatogonies.  Les  divisions  des  spermatocytes  se  suivent 
rapidement,  mais  sont  précédées  d'un  long  stade  synapsis,  dans  lequel  le  filament  nu- 
cléinien  est  déroulé,  quoique  condensé  à  un  pÎle.  Les  tétrades  s'organisent  par  une 
premiĂšre  division  longitudinale,  et  une  deuxiĂšme  division  qui  me  paraĂźt  ĂȘtre  Ă©gale- 
ment longitudinale.  Le  cenlrosome  n'est  pas  visible  aux  pÎles  du  fuseau.  Le  nucléole 
libéré  à  la  premiÚre  division  persiste  dans  le  cytoplasme,  jusqu'à  la  spernialide. 

j)  Transformations  de  la  spernialide.  —  l^es  phĂ©nomĂšnes  de  transformation  de  la 
spermatide  en  spermatozoĂŻde  peuvent  ĂȘtre  rĂ©sumĂ©s  ainsi  : 

»  a.  Apparition  dans  le  cytoplasme  de  la  spermatide,  à  cÎté  du  noyau,  d'une  vési- 
cule {vésicule  interne)  plus  colorable  que  le  reste  du  cytoplasme;  cette  vésicule 
grandit,  refoule  le  noyau,  se  creuse  d'un  canal  {canal  acrosomien)  par  la  convergence 
de  deux  invaginations,  l'une  distale,  l'autre  proximale  par  rapport  au  noyau  ;  cette 
vésicule  prend  la  forme,  suivant  les  genres,  d'une  sphÚre,  d'une  amphore,  d'une  coupe 
ou  d'un  cylindre.  —  b.  Disparition  presque  complùte  du  cytoplasme  qui  ne  persiste 
que  sous  forme  de /^/■o/ort^''e//ie«^5 /'ad/tei' partant  d'un  anneau  au-dessus  du  noyau.  — 
c.  Persistance  de  la  membrane  cellulaire  de  la  spermatide,  sous  la  forme  d'une  vésicule 
externe  qui  peut  se  dédoubler,  se  cliver,  ou  présenter  des  étranglements,  c'est-à-dire 
qui  peut  revĂȘtir  les  formes  les  plus  variĂ©es  suivant  les  espĂšces  Ă©tudiĂ©es.  —  d.  Appari- 
tion d'anneaux  mitochondriens  avec  grains  mitochondriens,  à  des  places  déterminées 
autour  de  la  vĂ©sicule  interne.  —  e.  Persistance  du  novau  au-dessous  des  prolongements 
radiĂ©s  et  de  la  vĂ©sicule  interne.  — f.  Enfin,  apparition  entre  le  noyau  et  le  fond  de  la 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    (()o3.  2.j'i 

vésicule  interne  d'une  petite  éminence  (tigelle  des  anciens  auteurs)  qui  croßt  en 
remontant  plus  ou  moins  haut  dans  le  canal  acrosomien  et  que  j'appellerai  Vappareil 
acrosoinien  :  cet  appareil  se  trouve  constitué,  dans  la  rÚgle,  d'une  base  en  forme  de 
ligne  ou  d'angle  triĂšdre,  vivement  colorable  par  les  colorants  basiques,  et  d'un  petit 
cylindre  achromatique  au  haut  duquel  on  reconnaĂźt  une  pointe  conique  fortement 
chromatique  :  tout  cet  acrosome  se  colore  plus  Ă©nergiquement  que  la  chromaline. 

M  On  reconnaßtra,  avec  quelques  détails  de  plus,  dans  ce  bref  énoncé, 
les  descriptions  déjà  données  du  spermatozoïde  des  Décapodes  par  Gilson 
et  Hermann.  Cet  ensemble  compliqué  de  vésicules,  de  coupoles,  de 
tigelles  avait  donné  aux  spermies  de  ces  animaux  une  place  à  part,  et 
l'on  n'aurait  su  y  reconnaĂźtre  les  organes  ordinaires  du  spermatozoĂŻde  des 
autres  animaux.  C'est  qu'en  effet,  on  n'avait  pus  trouvé  les  spermatozoïdes 
mûrs  définitifs,  qui  sont  bien  différents  de  la  description  précédente. 

»  Chez  Homarus,  le  spermatozoïde  mûr  est  formé  d'un  appareil  acrosomien,  court, 
semblable  Ă   celui  que  je  viens  de  dĂ©crire  ;  d'un  anneau  cytoplasmique  d'oĂč  parlent  les 
trois  prolongements  radiés,  et  d'un  noyau  longuement  cylindroïde.  Chez  Mdia,  le  sper- 
matozoïde mûr  est  à  peu  prÚs  semblable,  sauf  que  l'appareil  acrosomien  est  long  et 
aigu,  et  le  noyau  vésiculeux.  Dans  les  autres  genres  que  j'ai  étudiés,  la  forme  du  sper- 
matozoĂŻde varie  peu  et  ne  diffĂšre  de  ces  deux  types  extrĂȘmes  que  par  des  diffĂ©rences 
de  détail.  Je  puis  affirmer  que  les  descriptions  faites  jusqu'ici  des  spermatozoïdes  des 
Décapodes  ne  s'appliquent  qu'à  des  spermatozoïdes  non  mûrs. 

»  Les  transformations  qui  légitiment  cette  affiruiatioii  se  font  soit  dans  les  sperma- 
tophores,  soit  dans  le  corps  de  la  femelle.  La  fécondation,  chez  les  Brachyures  tout  au 
moins,  est  interne,  quoi  qu'on  en  ait  pu  penser,  et,  aprĂšs  la  copulation,  on  trouve  de 
nombreux  spermatozoĂŻdes,  mĂ»rs,  entre  les  Ɠufs.  C'est  sous  la  forme  que  je  viens  de 
décrire  que  se  produit  la  fécondation.  Le  spermatozoïde-,  tel  qu'on  le  connaissait,  subit 
deux  séries  de  transformations  : 

»  a.  Une  invaginalion.  L'appareil  acrosomien  remonte  dans  le  canal  acrosomien, 
jusqu'à  ce  qu'il  arrive  à  son  orifice  supérieur,  et  il  entraßne  avec  lui  toute  la  partie 
inférieure,  c'est-à-dire  les  prolongements  radiés  et  le  noyau.  Lorsque  l'invagination 
est  complÚte,  le  spermatozoïde  a  sa  forme  définitive,  mais  se  trouve  entouré  d'une 
sorte  de  coque  protectrice  formée  par  les  vésicules  externe  et  interne.  Ce  phénomÚne 
est  facile  Ă   voir  chez  le  Homard  et  le  Maia; 

»  b.  Une  dévagination  par  disparition  des  enveloppes  vésiculaires  protectrices.  Le 
résultat  est  un  spermatozoïde  muni  d' un  acrosome  antérieur,  un  anneau  cytoplas- 
mique avec  prolongements  radiés,  et  un  noyau.  Il  y  a,  du  reste,  de  nombreuses 
variantes,  sur  lesquelles  je  ne  puis  insister.  Chez  Maia,  par  exemple,  on  trouve  deux 
formes  de  spermatozoïdes,  les  uns  nucléés,  les  autres  anucléés,  qui  ont  une  évolution 
différente. 

»  Ces  phénomÚnes,  quelque  étranges  qu'ils  puissent  paraßtre,  sont  bien 
en  rapport  avec  l'imiDobilité  des  spermatozoïdes  des  décapodes;  la  conden- 


274  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

salion  du  cytoplasme,  ou  mieux  de  ses  parties  albumineuses  dans  la  vési- 
cule interne,  la  corrélation  entre  l'accroissement  de  ces  vésicules  et  la  dis- 
parition du  cytoplasme,  montrent  que  cette  vĂ©sicule  a  peut-ĂȘtre  iin  rĂŽle 
nutritif  pour  le  spermatozoïde,  qui,  par  suite  de  son  immobilité  dans  les 
spermatophores  ou  les  poches  copulatrices,  peut  attendre  longtemps  le 
moment  d'entrer  en  action.  Les  phénomÚnes  osmotiques  me  paraissentjouer 
un  rÎle  considérable  dans  toute  l'histoire  des  spermatozoïdes  des  Déca- 
podes, notamment  dans  le  clivage  des  vésicules  externes,  dans  l'invagina- 
tion et  la  dévagination  des  spermatozoïdes. 

»   Ces  résultats  ainsi  que  les  considérations  théoriqtses  qui  y  donnent 
lieu  seront  développés  dans  un  Mémoire  ultérieur.  » 


EMBRYOLOGIE.  —  Production  arliftcielle  de  larves  gĂ©antes  chez  un  Echinide. 
Note  de  M.  F. -A.  Jaxssexs,  jjrésentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  On  sait  que  .Tacqucs  Loeb  a  publié  en  i8r)3,  dans  les  Biolog'ical  lectures, 
de  Woods  Holl,  une  méthode  pour  produire  artificiellement  des  larves 
doubles  à  l'aide  des  Ɠufs  à' Arhacia. 

»  Le  savant  amĂ©ricain  fertilise  les  Ɠufs  de  cet  Echinide  dans  l'eau  de  mer  normale. 
Entre  lo  Ă   3o  minutes  aprĂšs  la  fĂ©condation,  il  transporte  les  Ɠsifs  dans  l'eau  de  mer 
additionnée  de  loo  pour  loo  d'eau  douce.  Dans  ces  conditions  il  voit  se  former  des 
hernies  dont  les  dimensions  atteignent  parfois  celles  de  l'Ɠuf  lui-mĂȘme.  Il  arrive  qu'il 
ne  se  forme  qu'une  hernie  semblable.  D'autres  fois  il  s'en  forme  deux  et  parfois  un 
grand  nombre.  Ces  hernies  persistent  aprùs  qu'on  a  remis  les  Ɠufs  dans  l'eau  de  mer 
normale.  Il  les  appelle  e,rfAY/-or«/.  D'aprĂšs  Loeb,  les  deux  parties  de  l'Ɠuf  se  dĂ©ve- 
loppent et  il  se  forme  ainsi  des  larves  géminées  plus  ou  moins  complÚtes. 

»  Pendant  un  séjour  à  la  station  de  Naples,  sur  le  conseil  de"M.  Cnrt 
Herbst.  j'ai  entrepris  de  contrÎler  les  conclusions  de  Loeb  et  je  suis  arrivé 
à  des  résultats  trÚs  différents  des  siens. 

»  Mon  mode  opĂ©ratoire  est  absolument  le  mĂŽme  que  celui  de  LƓb,  mais  j'ai  eu  tou- 
jours bien  soin  d'wo/er  depuis  le  premier  moment  de  leur  dévelo|)pement  les  indiviflus 
dont  je  voulais  poursuivre  l'évolution.  Il  se  présente  d'ordinaire  deux  cas.  Ou  bien 
l'extra-ovat  se  sĂ©pare  immĂ©diatement  de  l'Ɠuf  dĂšs  son  retour  dans  l'eau  de  mer  nor- 
male, et  dans  ce  cas  jamais  les  deux  parties  ne  se  développent.  Ou  bien  l'extra-ovat 
reste  adhĂ©rent  Ă   l'Ɠuf.  Dans  ce  dernier  cas  ie  sort  ultĂ©rieur  de  l'Ă©volution  est  fonction 
du  degré  d'adhérence.  Si  cette  derniÚre  est  forte,  il  ne  se  produit  jamais  qu'une  seule 
blastule  plus  ou  moins  déformée  et  monstrueuse.  Cette  blastule  peut  donner  naissance  à 
une   larve  pliilciis  qui,  elle   aussi,  sera   plus   ou  moins  déformée.    Mais  il  se  peut  que 


SÉANCE  DU  27  JUILLET  tgoS.  275 

l'extra-ovat  ne  tienne  que  faiblement  àjrƓuf,  et  dans  ce  cas,  aprùs  le  stade  de  la  morale, 
il  se  fçrnie  deux^  blastules  diflerenles  qui  se  séparent  aprÚs  un  temps  plus  ou  moins 
long.  Je  ne  suis  pas  parvenu  à  obtenir  plus  que  des  yastrules  réduites  dans  ce  dernier 
cas.  Le  développement  ne  semble  pas  aller  au  delà. 

M  Au  cours  de  ces  recherches  de  contrÎle  j'ai  conslaté  que  souvent  les 
Ɠufs  Ă   hernie  sont  capables  de  se  souder  deux  Ă   deux.  J'ai  isolĂ©  de  ces 
Ɠufs  agglutinĂ©s  depuis  le  premier  moment  de  leur  soudure  jusqu'Ă   leur 
transformation  en  pluteus  et  j'ai  trouvé  des  monstres  doubles  se  compé- 
nétrant  plus  ou  moins.  Les  images  sont  analogues  jusqu'à  un  certain  point 
Ă   celles  qui  ont  Ă©tĂ©  dĂ©crites  par  LƓb  comiiic  provenant  A' un  seul  Ɠi\f,  et 
par  Morgan  et  Driesch  comme  jumeaux  provenant  de  deux  Ɠufs  diffĂ©rents 
plus  ou  moins  fusionnés. 

»  Mais  il  arrive  que  certains  de  ces  monstres  ont  des  dimensions  telles 
qu'il  me  parut  dĂšs  l'abord  impossible  d'admettre  qu'ils  provenaient  de 
deux  Ɠufs  seulement.  Je  pus  observer  alors,  en  y  regardant  de  plus  prùs, 
un  fait  trÚs  intéressant  et  qui,  à  ma  connaissance,  n'a  pas  été  signalé  jusqu'à 
prĂ©sent.  J'ai  trouvĂ©  dans  l'ovaire  Ăč'Arbacia  un  parasite  dont  je  n'ai  pu, 
jusqu'à  présent,  établir  l'identité,  mais  qui  appartient  certainement  à  la 
grande  subdivision  des  Rhizopodes.  Les  dimensions  de  cet  animal  sont  trĂšs 
variables.  11  Ă©met  d'Ă©normes  pseudopodes  qui  parviennent  parfois  Ă  
englober  un  Ɠuf  entier  et  à  l'introduire  dans  la  masse  de  l'animal.  Il  est 
souvent  possible  de  reconnaĂźtre,  dans  un  seul  individu,  deux,  trois  ou  un 
plus  grand  nombre  d'Ɠiifs  encore  sphĂ©riques.  Ces  Rhizopodes  restent  bien 
vivants  dans  l'eau  de  mer  normale  Ă   cĂŽtĂ©  des  Ɠufs  qui  se  dĂ©veloppent 
aprĂšs  la  fĂ©condation.  Dans  l'eau  de  mer  mĂȘlĂ©e  d'eau  douce,  ils  ne  meurent 
pas  immĂ©diatement.  Mais,  quand  on  reporte  les  Ɠufs  et  les  parasites  dans 
l'eau  de  mer  normale,  ces  derniers  se  contractent  brusquement  et  meurent. 
Il  arrive  souvent  que  les  Ɠufs  s'accolent  par  leurs  hernies  à  ces  masses 
désormais  inertes  et  constituent  avec  elles  des  sphÚres  plus  ou  moins  irré- 
guliÚrement bossuées.  J'ai  isolé  de  ces  sphÚres  composées  d'un  parasite  et 
d'un  nombre  variable  d'Ɠufs.  Ce  nombre  peut  aller  jusqu'à  dix  et  je  suis 
j>ersuadĂ©  qu'il  peut  le  dĂ©passer.  Les  Ɠufs  se  dĂ©veloppent.  Au  stade  de  la 
morule  on  voit  encore  trĂšs  bien  les  Ă©minences  appartenant  Ă   chacun  d'eux, 
AprÚs  ce  moment,  les  contours  se  régularisent  et  bientÎt  la  sphÚre  plus  ou 
moins  rĂ©guliĂšre  se  met  en  [iiouvement.  Les  Ɠufs  d'Arbacia  sont  encombrĂ©s 
d'enclaves  colorées  en  rouge.  Par  suite,  il  est  malheureusement  impossible 
d'observer  ce  qui  se  passe  Ă   ce  moment.  Toujours  est-il  que,  aprĂšs  5  Ă  
8  jours,  on  voit  apparaĂźtre  une  larve  plus  ou  moins  globuleuse  pourvue 


276  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(l'un  systÚme  cilié  avant  une  unité  remarquable,  dune  bouche  et  d'un 
anus.  Souvent  l'archentéron  fait  défaut.  D'autres  fois  il  n'est  pas  visible  à 
cause  de  l'opacité  de  la  larve.  Parfois  on  voit  un  archenléron  en  relations 
avec  l'anus,  mais  n'allant  pas  jusqu'Ă   la  bouche.  Dans  ce  cas  on  trouve 
dans  ce  tube  diÂŁ;estif  embrvonnaire  les  mĂȘmes  parties  que  dans  celui  des 
larves  pluteiis  normales.  Le  squelette  fait  souvent  défaut  à  ces  larves 
géantes.  D'autres  fois  il  est  représenté  par  des  baguettes  de  forme  plus 
ou  moins  complexe.  Dans  les  larves  plus  petites  le  squelette  est  souvent 
mieux  formé. 

»  Je  n'ai  jamais  trouvé  de  monstres  doubles  ou  multiples,  ni  de  larves 
géantes  dans  les  cultures  ne  renfermant /ja^  de  parasites,  w 

PHYSIOLOGIE.  —  Inscription  de  rĂ©lai  variable  de  la  tension  du  Jii  de  l'ergo- 
graphc;  Ă©quation  du  momement  et  expression  du  travail.  Note  de  MM.  A. 
Imbeut  et  J.  GagxiÚre,  présentée  par  M.  Marey. 

«  Voici  l'appareil  que  nous  avons  employé  pour  obtenir  cette  inscrip- 
tion : 

»  Nous  nous  sommes  servis  d'un  lamliour  ordinaire  entouré  d'un  cercle  en  acier 
dont  le  plan  est  perpendiculaire  à  celui  de  la  membrane  du  tambour  et  qui  est  fixé  à 
la  face  métallique  de  celui-ci;  en  outre,  une  mince  tige  métallique  réunit  la  plaque 
d'aluminium,  collée  sur  la  membrane  de  caoutchouc,  au  point  du  cercle  en  acier  dia- 
métralement opposé  à  celui  auquel  la  face  métallique  du  tambour  est  fixée.  Le  cercle 
en  acier  est  réuni  d'une  part  à  la  piÚce  mobile  qui  porte  le  stylet  inscripleur  du  sou- 
lÚvement et  d'autre  part  au  fil  qui  se  rend  au  médius,  de  telle  sorte  d'ailleurs  que  la 
tige  aboutissant  Ă   la  membrane  du  tambour  soit  dans  le  prolongement  de  ce  fil.  Le 
tambour  entouré  du  cercle  en  acier  eil  relié  à  la  maniÚre  ordinaire  avec  un  tambour 
inscripleur.  Grùce  à  celle  disposition,  toute  traction  exercée  sur  le  fil  déforme  le  cercle 
en  acier,  celte  déformation  agit  en  soulevant  la  membrane  du  tambour  explorateur  et 
le  stvlet  du  tambour  inscripleur  trace  sur  le  cylindre  les  valeurs  successives  de  cette 
traction. 

))  Les  tracés,  obtenus  dans  les  conditions  indiquées  dans  nos  Notes 
précédentes,  montrent  que  la  tension  du  lll,  c'est-à-dire  la  force  motrice, 
augmente  rapidement  au  début  de  chaque  contraction  et  atteint  un  maxi- 
mum aprĂšs  un  temps  trĂšs  court,  alors  que  le  soulĂšvement  du  poids  est 
encore  trĂšs  minime.  AprĂšs  ce  temps,  qui  est  environ  de  i  trentiĂšme  de 
seconde,  la  tension  du  lil  baisse,  tandis  que  le  poids  continue  son  ascension, 
mais  cette  tension  ne   devient  jamais  nulle,  sauf  dans  quelques  cas  oĂč  le 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    IQoS.  277 

poids  soulevé  est  faible  (i'^''')-  AprÚs  avoir  passé  par  un  minimum,  la  tension 
augmente  de  nouveau  pour  atteindre  sa  valeur  initiale  et  se  maintenir 
constante  pendant  toute  la  durée  du  soutien,  puis  elle  diminue  de  nouveau 
pendant  le  relĂąchement  musculaire  et  reprend  sa  valeur  primitive  aprĂšs 
une  série  d'oscillations  dues  à  l'élasticité  des  diverses  piÚces  de  rere;o- 


graphe. 


»  Si  l'on  réalise  l'inscription  d'une  assez  longue  suite  de  contractions 
successives,  la  fatigue  se  traduit,  sur  le  tracé  de  la  tension  du  fd,  par  des 
modifications  analogues  à  celles  que  nous  avons  décrites  antérieurement 
pour  le  soulĂšvement  et  la  force  de  contraction  musculaire  :  ralentissement 
dans  la  vitesse  d'augmentation  et  de  diminution  de  la  tension  aux  diverses 
pĂ©riodes  d'une  mĂȘme  contraction  et  diminution  de  la  tension  maxima  du 
début. 

»  On  peut  obtenir  simultanément  l'inscription  du  soulÚvement  du  poitls, 
de  la  force  de  contraction  musculaire  et  de  la  tension  du  fil. 

))  En  appelant  M  la  masse  du  corps  soulevé,  l'équation  du  mouvement 
réalisé  pendant  le  travail  à  l'ergographe  est 

(■)  M'^^f-mg. 


On  tire  de  lĂ  


f=mg^M% 


»  Or  les  valeurs  successives  de/ aux  diverses  époques  du  mouvement 
peuvent  ĂȘtre  mesurĂ©es  sur  nos  tracĂ©s.  DĂšs  lors,  connaissant /"en  fonction 

du  temps  t,  l'Ă©quation  (i)  peut  ĂȘtre  intĂ©grĂ©e,  et  la  vitesse  -.-  du  mobile 

peut  ĂȘtre  connue  pour  chaque  instant. 

»  On  peut  profiter  de  l'équation  (i)  pour  étudier  le  travail  effectué  pen- 
dant la  période  ascensionnelle  du  mouvement.  En  effet,  le  travail  de  la 
force  f  pendant  le  déplacement  dy  sera/dy  et  le  travail  total,  pendant  la 
durée  T  du  soulÚvement,  sera 

T=f]fdy=f^\Mgdy  +  M'-^dy)  =  m\gy+^(^y], 

car  la  constante  est  nulle,  puisque,  Ă   l'origine,  j' =  o  et  que  la  vitesse  du 
mobile  est  nulle  aussi. 

»    Nos  équations  et  nos  graphiques  nous  donnent  les  valeurs  successives 

C.  R.,  1903,  i'  Semestre.  (T.  CXXXVIl,  iN"  4.)  ^7 


2«j^  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

(le  y  et  de  — ;  el  nous  permettent  ainsi  de  pĂ©nĂ©trer  plus  intimement  dans 

la  question,  puisqu'il  est  possible,  non  seulement  de  calculer  le  travail 
total  entre  des  limites  de  temps  déterminées,  mais  d'en  connaßtre  la  valeur 
à  chaque  instant  et  d'en  suivre  les  variations.    » 

PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  quelques  processus  de  gommijication. 
Note  de  M.  G.  Delacuoix,  présentée  par  M.  Prillieux. 

«  Canne  Ă   sucre.  —  La  production  de  gomme  dans  la  tige  de  la  Canne 
à  sucre  est  un  phénomÚne  qui  s'observe  fréquemment  à  la  suite  de  plaies 
d'insectes,  de  blessures  quelconques,  d'atTections  cryptogamiques,  pour 
lesquelles,  le  plus  souvent  d'ailleurs,  une  plaie  d'insecte  est  la  porte 
d'entrée  du  champignon.  La  cause  premiÚre  de  cette  formation  gommeuse 
n'est  pas  nettement  Ă©tablie,  et  il  en  a  Ă©tĂ©  de  mĂȘme  jusqu'ici  de  son  mode 
de  formation.  C'est  ce  dernier  fait  seulement  que  je  veux  faire  ressortir  ici. 

»  A  la  suite  de  l'attaque  du  Borer  {DiatrƓa  striatalis),  par  exemple,  on  voit 
souvent,  dans  le  voisinage  de  la  galerie,  la  gomme  jaune  pĂąle  sourdre  en  trĂšs  fines 
gouttelettes,  el  fréquemment  ces  régions  gommipares  montrent  une  teinte  rouge  pùle, 
dont  l'apparition  semble  liée  à  la  réaction  de  la  plante,  car  on  l'observe  dans  l'attaque 
de  parasites' fort  divers  de  la  Canne. 

»  Des  coupes  transversales,  fixées  par  l'alcool  fort  et  rapidement  colorées  par  le 
carmin  aluné  ou  le  rouge  de  ruthénium,  montrent  des  sufi'usions  gommeuses  abon- 
dantes, que  l'on  voit  s'amasser  généralement  dans  le  vaisseau  annelé  qui  occupe  la 
pointe  du  faisceau,  et  qui  ne  tarde  pas  à  se  déchirer  dÚs  que  le  faisceau  grandit. 

»  L'espace  schizogÚne  qui  environne  le  vaisseau  de  la  pointe  s'emplit  également  de 
gomme.  Cependant,  il  est  facile  de  se  rendre  compte  que  ce  n'est  point  lĂ   le  lieu  de 
formation  de  cette  gomme.  Les  parois  des  vaisseaux  et  aussi  parfois  des  tissus  paren- 
chymaleux  du  bois  se  colorent  souvent  en  jaune  brunĂątre,  mais  on  ne  les  voit  pas  se 
liquéfier  et  se  transformer  en  gomme.  C'est  exclusivement  le  liber  qui  est  le  siÚge  de 
la  gommification.  Quand  on  suit  les  phases  du  phénomÚne  depuis  son  début,  on  voit 
les  éléments  du  liber,  plus  spécialement  les  cellules  annexes,  épaissir  notablement 
leur  membrane  à  partir  delà  région  la  plus  externe  du  liber. 

»  Une  observation  attentive  montre  que  cet  épaisslssement  siÚge  dans  le  cadre 
intercellulaire.  Puis,  comme  on  l'observe  dans  la  gonimose  des  Amygdalées,  les  cellules 
s'isolent  peu  Ă   peu,  en  mĂȘme  temps  que  leur  membrane  propre  s'amincit,  semblant  se 
liquéfier  du  coté  .externe,   el   la  cellule  disparaßt  au  milieu  de  la  masse  gommeuse. 

»  Je  n'ai  pu  voir  bien  Bellement  comment  la  gomme  arrive  à  s'épancher  à  la  pointe 
du  faisceau,  dans  la  région  du  vaisseau  primaire.  Il  m'a  semblé,  en  plusieurs  circons- 
tances, que  c'est  la  discission  des  éléments  du  parenchyme  ligneux  de  la  région  moyenne 
du  faisceau  (lui  permet  le  ])as«age. 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    igo3.  279 

»  AurantiacĂ©es.  —  Chez  les  Citrus,  Orangers,  Mandariniers,  Citronniers, 
la  formation  de  la  gomme  se  montre  assez  souvent  sans  qu'on  puisse  non 
plus  en  préciser  la  cause.  Le  Fasariiim  Lirnnnis  Briosi  n'est  pas  en  tout  cas 
la  seule.  Sur  des  Orangers  venant  de  l'Ăźle  de  Chio,  oĂč  j'ai  Ă©tudiĂ©  la  forma- 
tion de  cette  gomme,  je  n'ai  pu  découvrir  d'autre  organisme  que  de  trÚs 
nombreuses  cochenilles. 

»  Sur  les  Aurantiacées,  comme  l'a  déjà  déclaré  Savastano,  la  gomme  prend  nais- 
sance par  un  processus  identique  à  celui  de  la  gomme  des  Amygdalées.  L'évolution 
des  Ăźlots  de  parenchjnie  est  seulement  un  peu  dillerenle;  il  ne  s'y  accumule  pas  de 
réserves  amylacées,  et  généralement  la  liquéfaction  débute  par  le  bord  du  massif  de 
parenchyme  gommipare,  alors  que,  chez  les  Amygdalées,  c'est  généralement  au  centre 
qu'elle  commence. 

»  Khaya  Senegalensis.  —  On  observe  Lien  souvent  une  formation  abon- 
dante de  gomme  sur  cette  plante  à  la  suite  des  blessures  fréquentes  dont 
elle  est  le  siĂšge.  La  goiiime  qui  prend  naissance  ne  paraĂźt  nullement  affec- 
ter la  santé  de  l'arbre,  d'aprÚs  M.  Dybowski  qui  m'a  communiqué  les  échan- 
tillons. 

»  M.  MallÚvre  a  bien  voulu,  il  y  a  quelques  années,  examiner,  sur  ma  demande, 
cette  gomme  au  point  de  \ue  chimique.  Elle  est  constituée  par  un  mélange  d'arabane 
et  de  galactane  et,  comme  la  plupart  des  gommes,  fournit  des  cendre>  riches  en  chaux. 
Elle  est  peu  soluble  dans  l'eau  et  la  partie  dissoute  contient  une  oxydase  qui  bleuit  la 
teinture  de  gaĂŻac. 

»  La  formation  de  la  gomme  dans  les  tissus  est  exactement  la  mĂȘme  que  celle  des 
Amygdalées  et  des  Orangers.  L'évolution  du  parenchyme  gommipare  est  identique; 
néanmoins,  là  non  plus,  on  n'observe  pas  d'accumulation  de  réserves  amylacées  dans 
ce  parenchyme.  » 


GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE.  —  Sur  les  effondrements  de  la  plaine  de  Sevran. 
Note  de  M.  Gcstave-F.  Dollfus,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  Le  21  juin  dernier,  aux  environs  de  Paris,  sur  la  plaine  située  entre 
Sevran  et  Aulnay,  prĂšs  de  la  ferme  de  Fontenay,  par  56'"  d'altitude,  il  s'est 
produit  un  effondrement  elliptique  de  12'"  sur  i5'",  avec  des  parois  descen- 
dant Ă   pic  sur  une  profondeur  de  iS'"  Ă   17'".  Jusqu'Ă   i"',io  du  sol,  le  trou 
s'est  rempli  d'une  eau  verdàtre  et  séléniteuse. 

»  Le  phĂ©nomĂšne  n'est  pas  rare  dans  la  contrĂ©e,  oĂč  on  l'a  observĂ©  notam- 
ment en  ]G85  et  en  j858.  Des  entonnoirs  a^ant  cette  origine,  connus  dans 


28o  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

le  pays  sous  les  noms  de  torrents  et  de  bouillons,  se  voient  au  Bois  Saint- 
Denis,  aux  Bois  Rovaux,  entre  Bondy  et  le  Petit  Groslav,  sur  la  rive  droite 
du  canal  de  l'Ourcq. 

»  D'aprÚs  la  constitution  géologique  de  la  région,  il  est  visible  que  ces 
effondrements  affectent,  avec  le  limon  superficiel,  l'Ă©paisseur  entiĂšre  du 
cAca'we  d'il  de  Saint- Ouen,  et  atteignent  l'assise  des  sables  de  Beauchamp. 
C'est  donc  à  ce  niveau  qu'il  est  naturel  de  chercher  la  cause  du  phéno- 
mĂšne. 

))  D'un  autre  cÎté,  en  remontant  versGressy,  la  série  des  effondrements 
semble  jalonner  un  parcours  souterrain,  qui  continuerait  au  sud-ouest  la 
direction  du  ruisseau  de  l'Arneuse  et  celle  du  cours  supérieur  de  la  Beu- 
vronne.  Cette  derniĂšre,  descendant  des  hauteurs  de  Dammarlin,  court  au 
sud-ouest  jusqu'Ă   Gressy-Souilly,  point  oĂč  elle  se  coude  brusquement  Ă  
l'est,  pour  rejoindre  la  Marne  par  le  défilé  de  Claye.  D'autre  part,  tandis 
qu'en  amont  de  Souilly  la  pente  moyenne  du  thalweg  est  de  2"  par  kilo- 
mÚtre, dans  le  cours  inférieur,  au  lieu  de  diminuer,  comme  c'est  la  rÚgle, 
elle  atteint  3",3o.  Mais  la  Beuvronne  supérieure  trouverait  son  prolonge- 
ment naturel,  Ă   l'O.-S.-O.,  avec  une  pente  kilomĂ©trique  de  iℱ,  3o,  dans  la 
dépression  oßi  a  été  creusé  le  canal  de  l'Ourcq,  devant  Villeparisis,  Vau- 
jours  et  Livry. 

»  Ces  caractÚres,  et  notamment  l'excÚs  tout  à  fait  anormal  de  la  pente  en  aval  de 
Souilly,  indiquent  que  l'ancienne  Beuvronne  débouchait  à  Sevran  dans  la  plaine 
Saint-Denis,  et  que  son  cours   supĂ©rieur  a  dĂ»  ĂȘtre  capturĂ©  par  un  petit  aflluent  de  la 

Marne. 

»  Or,  cette  ancienne  Beuvronne  trahit  une  disposition  générale  du  sol  qui  portait 
les  eaux  Ă   s'Ă©couler  vers  Sevran.  Il  est  tout  naturel  que  cette  disposition  se  soit  tra- 
duite, non  seulement  Ă   la  surface,  mais  en  profondeur,  et  que,  par  suite  du  relĂšve 
ment  gĂ©nĂ©ral  des  couches  vers  Damraartin,  oĂč  se  fait  sentir  le  prolongement  de  l'axe 
du  pays  de  Brav,  un  cours  d'eau  souterrain,  engendré  par  l'absorption  des  eaux  sur 
l'aftleuremenl  des  sables  bartoniens,  ait  Ă©tĂ©  amenĂ©  Ă   suivre  la  mĂȘme  direction.  PrĂšs 
de  Sevran,  oĂč  toutes  les  assises  dessinent  un  pli  synclinal,  prolongeant  celui  qui  a  Ă©tĂ© 
nettement  reconnu  Ă   Saint-Denis,  ce  cours  souterrain  serait  Ă©tabli  au  niveau  mĂȘme 
des  sables,  oĂč  il  a  Ă©chappĂ©  aux  consĂ©quences  de  la  capture  de  la  Beuvronne,  et  il  irait 
déboucher  dans  la  berge  de  la  Seine  vers  Saint-Denis. 

»  En  circulant  à  travers  la  couche  des  sables  bartoniens,  le  ruisseau  caché  délaie- 
rait et  emporterait  peu  à  peu  cette  assise  essentiellement  meuble,  de  façon  à  provoquer 
de  temps  Ă   autre  un  effondrement  partiel  de  la  nappe  calcaire  qu'elle  supporte.  Les 
puissantes  venues  d'eaux  profondes  qu'on  observe  dans  les  forages  des  environs  de 
Saint-Denis  trouveraient  une  explication  dans  l'existence  de  cette  riviĂšre  souterraine; 
existence  qu'il  y  aurait  intĂ©rĂȘt  Ă   vĂ©rifier  par  quelques  travaux.,  en  vue  de  l'alimentation 
des  communes  du  nord  de  Pans,  si  mal  pourvues  en  eau  potable. 


SÉANCE    DU    27    JUILLET    igo'i.  281 

»  Diverses  considérations  donnent  à  penser  que  la  décapitation  de  la 
Benvronne  n'a  dii  avoir  lieu  qu'à  l'époque  fin  pléistocÚne  moyen.  Jusque-là, 
l'importance  des  érosions,  dont  la  plaine  Saint-Denis  porte  le  témoignage, 
exige  l'intervention  d'un  plus  grand  volume  d'eau.  La  capture  parla  brĂšclie 
de  Claye  aurait  pu  ĂȘtre  facilitĂ©e,  lors  du  plĂ©istocĂšne  moyen,  par  la  grande 
crue  à  la  faveur  de  laquelle  la  Marne  a  réussi  un  moment  à  déverser  ses 
alluvions  jusqu'Ă   Livrv.  AprĂšs  la  retraite  de  la  Marne,  l'affluent  de  Glaye 
aurait  capturé  la  haute  Beuvronne,  et,  tandis  que  la  partie  occidentale  de 
cette  derniÚre,  la  plus  rapprochée  du  coude  de  capture,  devenait,  sous  la 
forme  de  l'Arneuse,  tributaire  de  la  Marne,  il  restait,  entre  l'Arneuse 
d'une  part,  la  Morée  et  la  Mollette  devenues  sans  force,  de  l'autre,  une  ré- 
gion intermédiaire  marécageuse.  » 

PHYSIQUE  INDUSTRIELI-E.  —  Sur  une  nouvelle  mĂ©thode  physique  de  recherche 
et  de  détermination  du  mouillage  des  vins.  Note  de  M.  GeorgesManeuvrier, 
présentée  par  M.  E.-H.  Amagat. 

«  Parmi  les  procédés  variés  de  falsification  des  vins,  l'addition  d'eau  ou 
mouillage  est  celui  qu'on  rencontre  le  plus  fréquemment.  Les  chimistes 
mettent  le  mouillage  en  évidence  en  déterminant  préalablement,  par  l'ana- 
Ivse  quantitative,  les  principaux  éléments  constitutifs  du  vin  suspect  et  en 
appliquant  à  ces  résultats  une  série  de  rÚgles  empiriques  (telles  que  la 
Somme  alcool-acide)  dont  chacune  constitue  un  degré  de  probabilité  de 
mouillage  et  dont  l'ensemble  Ă©tablit  une  quasi-certitude.  Mais  ils  ne 
peuvent  aller  plus  loin,  c'esl-à-dire  déterminer  la  proportion  du  mouil- 
lage, qu'autant  qu'ils  ont  Ă   leur  disposition  un  Ă©chantillon  du  mĂȘme  vin, 
non  mouillé,  et  qu'ils  peuvent  en  comparer  les  éléments  avec  ceux  du 
vin  suspect. 

»  J'ai  pensĂ©  qu'on  pourrait  arriver  aux  mĂȘmes  conclusions,  plus 
sûrement  et  beaucoup  plus  rapidement,  par  la  considération  et  l'étude  de 
l'une  des  propriétés  physiques  du  vin,  pourvu  que  celle-ci  fût  susceptible 
d'une  mesure  prĂ©cise,  et  que  les  variations  dues  Ă   l'addition  d'eau  —  toutes 
choses  Ă©gales  d'ailleurs  —  en  fussent  aisĂ©ment  ajjprĂ©ciables.  J'ai  trouvĂ© 
qu'en  particulier  la  conductibililé  électrique,  ou  son  inverse,  la  résislivUé, 
répondait  précisément  à  ces  conditions.  On  peut  établir  par  l'expérience  : 

»  1°  Qu'un  vin  quelconque,  bien  déterminé  par  sa  provenance  et  par 
son  ùge,  est  doué  d'une  résistivité  électrique  caractéristique,  qui  varie 
entre  des  limites  restreintes  pour  les  diver.  Ă©chantillons  dudit  vin  ; 


282 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


»  2°  Que  la  résistivité  d'un  vin  donné  augmente  nettemp.nt  et  nolable- 
nienl  dĂšs  qu'on  l'additionne  d'eau,  mĂȘme  en  faible  proportion,  sans  tou- 
cher, bien  entendu,  à  aucun  des  autres  éléments,  car  l'addition  d'une 
substance  soluble,  saline  ou  acide,  ferait  varier  la  résistivité  en  sens  inverse. 


Courbe  de  mouillage  d'un  vin  type. 


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13 

18 
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11 
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9 
8 

7 
6 
5 

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Oar,  Les  abscisses  donnent,  en  millimĂšlres,  IfS  doplacemenls  d'un   curseur,  qui  correspondent  aux 

résistances  de  compensation  du  vin  mouillé. 
Or,  Les  ordonnées  donnent  en  centimÚtres  cubes  l'eau  ajoutée  à  un  volume  donné  (  alcDu)  du  vin  pur. 

»  Cela  étant,  voici  comment  on  peut  établir  une  méthode  physique  de  recherche, 
qui  me  paraßt  pouvoir  prendre  place  à  cÎté  de  la  méthode  chimique. 

»  Dans  le  cas  oĂč  Ton  n'a  pas  d'Ă©chantillon  du  vin  type,  non  mouillĂ©,  on  dĂ©terminera 
la  résistivité  du  vin  suspect.  Si  elle  dépasse  nettement  les  limites  fixées  par  les 
mesures  antĂ©rieures  (consignĂ©es  dans  des  Tableaux  numĂ©riques)  sur  les  vins  de  mĂȘme 
provenance,  on  peut  en  conclure  que  le  vin  est  mouillé.  Et  la  probabilité  de  cette 
conclusion  est  au  moins  égale  à  celle  qu'on  déduit  de  l'application  des  rÚgles  empi- 
riques des  chimistes. 


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74 

SÉANCE    DU    27    JUILLET    ipoS.  9.83 

»  Dans  le  cas,  qui  esl  frĂ©quent,  oĂč  l'on  possĂšde  un  Ă©chantillon  du  vin  type,  on  n'a 
plus  besoin  de  déterminer  la  résistivité  absolue  du  vin  suspect.  On  préparera,  avec 
le  vin  type,  un  certain  nombre  de  mélanges  de  vin  et  d'eau  dans  des  proportions 
déterminées  et  croissantes,  par  exemple  ^5,^,^,  ...,  jusqu'à  |,  ^ell.  Puis  on 
comparera  les  résistances  de  deux  colonnes  identiques,  l'une  du  vin  type  non  mouillé 
et  l'autre  des  mélanges  successifs.  L'opération  consiste  à  équilibrer,  dans  chaque  expé- 
rience, par  une  résistance  compensatrice,  l'accroissement  de  résistance  de  la  colonne 
à  vin  mouillé  par  rapport  à  la  colonne  à  vin  sec.  En  portant  ensuite  en  abscisses  les 
nombres  ainsi  obtenus  (résistances  compensatrices)  et  en  ordonnées  les  fractions  de 
mouillage,  on  construira  une  courbe,  que  j'appelle  courbe  de  mouillage.  Il  suffira 
ensuite  de  faire  une  seule  expérience  avec  le  vin  suspect,  c'est-à-dire  «  mettre  dans 
»  l'appareil  de  mesure  une  colonne  de  ce  vin,  identique  aux  colonnes  précédentes,  et 
»  établir  la  compensation  ».  En  portant  en  abscisse  sur  la  courbe  le  nombre  ainsi 
obtenu,  on  obtient  immédiatement  la  fraction  de  mouillage  par  l'ordonnée  qui  corres- 
pond Ă   cette  abscisse. 

»  Toutes  les  mélhodes  connues  de  mesure  de  conductibilité  des  liquides 
peuvent  ĂȘtre  utilisĂ©es  pour  ce  genre  de  recherches,  pourvu  qu'elles  soient 
Ă   la  fois  commodes  et  sensibles.  La  plus  prĂ©cise  paraĂźt  ĂȘtre  la  mĂ©thode  de 
M.  Lippmann,  par  l'emploi  de  rĂ©lectromĂčtre  capillaire  et  du  courant  con- 
tinu. La  méthode  que  Kohlrausch  a  fondée  sur  l'emploi  des  courants  alter- 
natifs, du  pont  de  Wheatstone  et  du  tĂ©lĂ©phone,  paraĂźt  ĂȘtre  plus  expĂ©ditive 
et,  par  suite,  plus  pratique.  C'est  par  cette  méthode  (récemment  employée 
avec  succĂšs  pour  d'autres  usages  par  MiVL  Dongieret  Lesage)  que  j'ai  con- 
struit les  courbes  de  mouillage  dont  j'ai  donné  ci-dessus  un  spécimen.    » 

MM.  HĂ©do\  et  Fleig  adressent  une  nouvelle  Note  relative  Ă   l'influence 
de  la  température  sur  la  survie  de  certains  organes  séparés  du  corps  et  à 
leur  reviviscence  dans  un  liquide  nutritif  artificiel. 

MM.  FovEAU  DE  CouRMELLES  et  P.  Barberix  adressent  une  Note  ayant 
pour  titre  :  «  Pouvoir  bactéricide  comparatif  de  diverses  lumiÚres  ». 

M.  W.  DE  FoxviELLE  adrcssc  une  Note  «  Sur  l'explication  donnée  par 
Fontenelle  de  la  nature  des  queues  des  comÚtes  ». 

A  4  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

fja  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart. 

G.  D. 


28/i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BULLETIN    BIBI.IOGItAPHIQUIi:. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   i3  juillet  igoS. 
(Suite.) 

Sur  le  Mémoire  présenté  au  CongrÚa  inlernaLional  des  Sciences  liisloricjues,  par 
M.  Ernest  Lebon.  (Extrait  des  Memorie  délia  Societa  degli  Spetlroscopisti  italiani, 
vol.  XXXII,  année  igoS.)  Catane  ;  i  fasc.  in-4°.  (Hommage  de  M.  E.  Lebon.) 

Magnetische  und  nieleorologisclte  Beohachlungen  an  der  K.  K.  Sternwarte  zu 
Prag  im  Jahre  1902;  auf  ĂŽfTentliche  Kosten  heiaiisgegeb.  v.  Prof.  D''  L.  Welnek; 
63.  Jahrgang.  Prague,  1908;  i  fasc.  in-4°. 

The  seven  ùges  of  création;  cosmos  and  the  mysleries  expoanded,  by  John- 
M.  Russell.  San-Francisco,  1902;  i  vol.  in-S".  (Hommage  derauteur.) 

Circular  of  the  school  of  industrial  art  of  the  Pennsylvania  Muséum;  twenty- 
seventli  season,  1908-1904.  Philadelpliie;  i  fasc.  in-8°. 

The  geographicalJournal,  including  llie  Proceedings  of  the  Royal  geographical 
Society;  vol.  XXII,  n°  1.  Londres;  1  fasc.  in-8°. 

Tlie  Journal  of  the  Franklin  Institute  devoted  lo  Science  and  the  mechanic  Arts: 
vol.  CLVI,  n"  1,  july  1908.  Philadelphie;  i  fasc.  in-S". 

Census  of  India  igoi  : 

Vol.  VII  :  Calcutta,  town  and  suburbs;  parts  I,  III,  IV.  3  vol.  in-f°. 

Vol.  XII  :  Hyderabad ;  parts  I,  IL  2  vol.  in-f°. 

Vol.  XVII  :  Punjab  and  nort-west  frontier  prosHnce ;  pari  I.  i  vol.  in-f". 


On  souscrit  Ă   Paris,  chez  GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Granfls-An£;ustins,  n°  55. 


Depuis  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  réguliÚrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  dcuT  volumes  in-4''  Doux 
blés,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matiÚres,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 
part  du  i"  Janvier.  , 

Le  prix  lie  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 
Paris  :  30  fr.  —  DĂ©partements  :  40  fr.  —  Union  postale  :  44  fr. 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


st. 


cher  Messieurs  : 
en Ferrsn  frĂšres. 

Chaix. 
Xer { Jourdan. 

Ru«f. 
>.iens Courtin-Hecquet. 

Germain  etGrassio. 

'      '  Gaslineau. 

vonne JĂ©rĂŽme. 

ançon Régnier. 

Feret. 
deaux |  Laurens. 

Muller  (G.). 
irges Renaud. 

Derrien. 

F.  Robert. 

Oblin. 
(  Uzel  frĂšres. 

'n Jouan. 

imbéry Perrin. 

j  Henry. 
(  Marguerie. 

Juliot. 

Bouy. 

Nourry. 

on i  j  Ratel. 

(  Rey. 

I  Lauverjat. 
\  Degez. 
1  Drevet. 
(  Gratier  et  C'v 
Rochelle Foucher. 

Rourdignon. 

Dombre. 

Thorez. 

Quarré. 


'.rbourg.. 


rmont-Ferr... 


'■noble. 


Havre. 


Lorient. 


chez  Messieurs  : 
1  Baumal. 
!  M"'  Texier. 
!  Bernoux  et  Cumin 
\  Georg. 
Lyon (  EfTanlin. 

Savy. 

Vitte. 

Marseille RuĂąt. 

1  Valat. 

Montpellier ,  .     .n 

'  f  Goulet  et  fils. 

Moulins Martial  Place. 

/  Jacques. 
Nancy !  Grosjean-Maupin. 

1  Sidot  frĂšres. 

I  Guist'hau. 

\  Veloppé. 

\  Barma. 

\  Appy. 

NĂźmes Thibaud. 

Orléans    LodJé. 

\  Blanchier. 

(  LĂ©vrier. 

Rennes.  : Plihon  et  Hervé 

Rochefort Girard  (  M»"  ) 

\  Langlois. 

I  Lestringant. 
S'-Étienne Chevalier. 

(  PoQteil-Burles. 

(  KumĂšbe. 

I  Gimet. 

I  PrivĂąt. 
Boisselier. 
Tours PĂ©ricat. 

'  Suppligeon. 

j  Giard. 

(  Lemaitre. 


Nantes 

Nice 

Nime 
Orléa 

Poitiers.. 

Rennes 
Roche/ 

Rouen. 

S'-Étie 

Toulon.. . 

Toulouse.. 

Tours 

Valenciennes . 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chez  Messieurs  : 

,       .      ,  I  Feikema    Caarelsen 

Amsterdam 

'      et  C'V 

AthĂšnes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

I  \sher  et  C'V 

„     ,.  '  Dames. 

Berlin 

J  Friedlander   et  fiU. 

'  Mayer  et  Muller. 

Berne .     Schmid  Francke. 

Bologne ZauichelH. 

I  Lamertia. 
Bruxelles j  MayolezetAudiarle. 

1  LebĂšgue  et  C". 

(  Sotchek  et  G». 

!  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  BellelC». 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague HĂŽst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

GĂšnes Beuf. 

i  Cherbuliez. 
GenĂšve Georg. 

1  Stapelmotir. 

La  Haye. .....    .     Belinfante  frĂšres. 

i  Benda. 
■  I  Payot  et  C'V 


Bucharest . 


Lausanne.. 


Leipzig.. 


LiĂšge. 


Barth. 

Brockhaus. 

KƓhler. 

Lorentz. 

Twietmeyer. 

Desoer. 

Gnusé. 


Londres . 


Luxembourg. . . 


chez  Messieurs  : 

iOulau. 
Hachette  et  C». 
Nutt. 
V.  BUck. 

!Ruiz  et  O'. 
Rome  y  Fussel. 
Capdeville. 
F.  FĂ©. 

Milan....  \  ^°<="  f''*"»- 

■  !  HƓpli. 
Moscou Tastevin. 

Naples i  Marghieri  di  Gius 

'    "  (  Pellerano. 

(  Dyrsen  et  PfeilTer. 
Neiv-rork Stechert. 

'  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C". 

Palerme Reber. 

Porto MagalhaĂšs  et  Mouii. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

Bocca  frĂšres. 

Loescheret  C". 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Nonllska  Bogbandtl. 

Zinserling. 

Wolff. 

Bocca  fréret. 

Brero. 
I  Clausen. 
[  RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebethner  et  Wolfl. 

VĂ©rone Drucker. 

(  Frick. 

'''«""'' i  Gerold  et  G-. 

Ziirich Meyer  et  Zeller. 


Rome . 


S'-PĂ©tersbourg. . 


Turin . 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1"  Ă   3i.  —  (3  AoĂ»t  i835  Ă   3t  DĂ©ceinbro  iS5o.)  Volume  in-4°;  i85'3.  Prix 25  fr. 

Tomes  32  Ă   61.  —  (  i"  Janvier  i83[  Ă   3i  DĂ©cembre  iS65.)  Volume  in-4°;  1870.  Prix 25  fr. 

Tomes  62  Ă   91.  —  (:«''  Janvier  1S66  Ă   3[  Dooembro  iS.So.)  Volume  iii-/(°;  18.S.).  Prix 25  fr. 

Tomes  92  Ă   121.  —  (  i"  Janvier  1881  Ă   3i  DĂ©cembre  1895.)  Volume  iii-/|";  1900.  Prix 25  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

orne  I.  —  MĂ©moire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues ,  par  MU.  V.  Derbes  et  A.-J.-J.  Solikr.  —  MĂ©moire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'Ă©prouvent 
ComĂštes,  par  M.  Hansen.  —  MĂ©moire  sur  le  PancrĂ©as  et  sur  le  rOle  d.i  suc  |i,iiicr<;.mque  dans  les  phĂ©nomĂšnes  digestif-S,  particuliĂšrement  dans  la   digestion    des 

I.iéres  grasses,  par  M.  Claude  Bernard.  Voluiie  in-'t",  avec  3i   planches;   tSiIj 25  tr. 

orne  II.  —  MĂ©moire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beneden.  —  Essai  d'une  rĂ©ponse  Ă   la  question  de  Prix  proposĂ©e  en  i85o  par  l'AcadĂ©mie  des  Sciences 
av  le  concours  de  i8Î3,  et  puis  remise  pour  celui  de  i85(j,  savoir:   «  Etudier  les  lois  de  la  distribulion_des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains 

«  Ă©dimentaires  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanĂ©e.  —  Rechercherla 
alure  des  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  rÚgne  organique  et  ses  étals  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  In-'|°,  avec  7  planches;  1861... 

A  la  mĂȘme  Librairie  les  MĂ©moires  de  l'AcadĂ©mie  des  Sciences,  et  les  MĂ©moires  prĂ©sentĂ©s  par  divers  Savants  Ă   l'AcadĂ©mie  des  Sciences. 


25  fr. 


N°  4. 

TABLE   DES  ARTICLES.   (SĂ©ance  du  27  juillet  1905.) 


MÉMOIRES    ET  COMMUIVIGATIOIVS 

DES  MEMBUES  ET   DES  CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 

MM.  Henri  Moissan  et  Wilhem  Manchot. 
—  PrĂ©paration  et  propriĂ©tĂ©s  d'un  sili- 
ciure  de  ruthénium ....     229 

M.  Armand  Gautier.  —  Arsenic  dans  les 
eaux  de  mer,  dans  le  sel  gemme,  le  sel  de 


.  .                                                               Pages, 
cuisine,  les  enux    minérales,   etc.  Son  do- 
sage dans  quelques  réactifs  usuels 282 

M.  P.  DuiiEM.  —  Sur  les  ondes-cloisons 287 

MM.  Paul  Sabaïier   et  Alph.  Mailhe.   — 
Sur  le  cyclohexane  et  ses  dérivés  chlorés.     240 


CORRESPONDAÎVCE. 


M.  QuÉNissET.  —  Photographie  de  la  comùte 

Borrelly,  1908  c : 

M.   Axdrade.   —  Sur    les   conditions    de    la 

synchronisation 

M.  Georges  Meslin.  —   Sur  la  mesure  du 

dichroĂŻsme  des  cristaux 

M.    J.    Chaudier.    —   Du    dichroĂŻsme    Ă©lec- 
trique des  liqueurs   mixtes 

MM.  G.  Claude  et  E.  Demoussy.  —  Sur  la 
séparation   des  mélanges   gazeux  par    la 

force  centrifuge ■. 

M.  AriĂ©s.  —  Sur  les  lois  et  les  Ă©quations 

de  l'Ă©quilibre  chimique 

M.  D.  Gerxez.  —  Sur  une  combinaison  de 
deux  corps  qui,  par  élévation  de  tem- 
pérature, s'unissent  puis  se  séparent  au- 
dessous  de  —  -y" 

M.  Lucien  IĂźobix.  —  SĂ©paration  et  dosages 
simultanés  de  la  baryte,  de  la  strontiane 

et  de  la  chaux 

M.  Ch.  Moureu.  —  Sur  la  condensation  des 

éthers  acétyléniques  avec  les  alcools 

M.  K.  Lespieau.  —  Sur  la  constitution  du 

cyanure  d'allyle 

M.   ƒoHSNER   DE  CoNiNCK.  —  Contribution 

à  l'étude  des  quinones-dicétones 

MM.    Donard  et   Labbe.    —   Les   matiùres 

albuminoĂŻdes  du  grain  de  mais 

M.  Gabriel  Bertrand.  —  Emploi  de  la 
bombe  calorimétrique  pour  démontrer 
l'existence  de  l'arsenic  dans  l'organisme.. 
MM.  J.-E.  Abelous  et  H.  Ribaut.  —  In- 
fluence de  la  température  sur  la  produc- 
tion d'hydrogÚne  sulfuré  par  les  matiÚres 

Bulletin  bibliographique 


242 
243 
246 
24s 

25o 
253 

255 
25S 

25r, 
2G 

26, 
264  i 

266 


albuminoĂŻdes,    les  extraits  d'organes  ani- 
maux  et  les  extraits  de  levure  de  biĂšre, 

en  présence  du  soufre 268 

M.  C.  Phisalix.  —  Recherches  sur  l'immu- 
nité naturelle  des  VipÚres  et  des  Cou- 
leuvres      2-0 

M.  Alphonse  Labbe.  —  Sur  la  spermatoge- 

nése  des  Crustacés  décapodes 272 

M.  F.-A.  Janssens.  —  Production  artifi- 
cielle de  larves  géantes  chez  un  Ecbinide.  274 
MM.  A.  I.MBERT  et  J.  GagniĂ©re.  —  Inscrip- 
tion de  l'Ă©tat  variable  de  la  tension  du 
fil  de  l'ergographe;  Ă©quation  du  mouve- 
ment et  expression  du   travail 276 

M.  G.  Delacroix.  —  Sur  quelques  processus 

de  gommilicution 218 

M.  Gustave-F.  Dollfus.  —  Sur  les  elTondre- 

ments  de  hi   plaine  de  Sevran 279 

M.  Georges  Maxeuvrier.  —  Sur  'une  nou- 
velle méthode  physique  de  recherche  et 
de  détermination  du  mouillage  des  vins..  281 
MM.  HĂ©don  et  Fleig  adressent  une  nou- 
velle Noie  relative  Ă   rinOuence  de  la 
température  sur  la  survie  de  certains 
organes  séparés  du  corps  et  à  leur  revi- 
viscence dans  un  liquide  nutritif  artificiel.  283 
MM.  FovEAu  de  Gourmelles  et  P.  Barberin 
adressent  une  Note  ayant  pour  titre  :  «Pou- 
voir   bactéricide    comparatif   de    diverses 

lumiÚres  » 283 

-M.  W.  DE  FoNviELLE  adresse  une  Note 
!(  Sur  l'explication  donnée  par  Fontenelle 
de  la  nature  des  queues  des  comÚtes  «...     283 


PARIS.  —  IMPRIMERIE    G  A  UT  UI  E  R  -  V  I  L  L  ARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

ie  GĂ©rant  :   Gauthier -Villars. 


1903 

SECOND  SEMESTRE, 


"^o-x' 


‱^ 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES     SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVII. 


W  5  (3  Août  1903). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMI^UR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'A'^IADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Auguslins,  55. 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
(Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i".  ‱ —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 

Les  extraits  desMémoiresprésentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  de  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

.  Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  Sa  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re-« 
mettre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'aul 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savant 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  person 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  1'. 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  s 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomi 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Ext 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  f 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  ( 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  rem 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin  ;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   lem 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rer 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  s 
vant  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches, 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂźi  des  figures  serait 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comptt 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  des  a 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  f 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  api 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  p: 
sent  RĂšglement.  ( 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance,  avant  5>'.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivai) 


ot 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SEANCE   DU    LUNDI  3    AOUT  1903, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUIXICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'AGADÉVIIE. 

PHYSIQUE.   —  Relations  entre  les  piles  à  plusieurs  liquides; 
par  M.  Beutiielot. 

«  Soit  lin  élément  de  pile,  M  |  A  |  M',  à  un  seul  liquide  et  dont  les  deux; 
électrodes  sont  constituées  par  deux  métaux  différents.  M,  M'.  Soit  lu  force 
Ă©lectromolrice  a^,  correspondant  Ă   la  somme  des  trois  potentiels  existant 
aux  contacts  MA,  AM',  MM';  soient  ĂȘj  pour  le  mĂȘme  liquide  et  les  Ă©lec- 
trodes M'  et  M",  et  y^  pour  M  et  M  "  :  le  calcul  indique  entre  ces  trois  forces 
la  relation 


L'J  =^A  +  ĂȘ,  =  7 


\» 


relation  que  j'ai  vérifiée  expérimentalement  d'une  maniÚre  générale  pour 
divers  liquides  A,  B,  C,  . . .  (  '  ). 

»  Je  me  propose  d'établir  une  relation  analogue,  tant  a  priori  qu'expé- 
rimentalement, pour  les  éléments  de  pile  constitués  par  la  réaction  de 
deux  liquides,  A  et  B,  contenus  dans  deux  vases  différents,  concentriques 
par  exemple;  l'expression  a^(.  représentant  la  force  électromotrice  d'un  tel 
élément,  et  la  somme  AB,  le  potentiel  développé  au  contact  de  ces  deux 
liquides;  je  montrerai,  en  outre,  comment  la  force  Ă©lectromotrice  d'un 
élément  de  pile  à  deux  liquides  est  liée  avec  celles  des  éléments  renfer- 
mant un  seul  liquide,  les  deux  électrodes  étant  supposées  différentes  entre 
elles.  Je  comparerai,  comme  toujours,  les  résultats  du  calcul  avec  ceux 
de  l'expérience. 

(')   Comptes  rendus.  29  juin  igoo,  p.  i6o3. 

C.  R.,  1903,  j«  Semestre.  (T.  GXXXVII,  N"  5.)  38 


'.86  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


»   Commençons  par  la  derniÚre  élude. 

»   Soit  l'élément  à  deux  liquides  et  deux  électrodes  différents 

M|A.B|M',  et  a^i, 

sa  force  Ă©lectromotrice;  elle  peut  ĂȘtre  reprĂ©sentĂ©e  par  la  somme  des  poten- 
tiels existant  aux  quatre  contacts  suivants  : 


a^„  =  MA  +  AB   +  BM'  +  MM'. 
»   Envisageons  l'Ă©lĂ©ment  rĂ©ciproque  :  M'|A.B|M  et  a.„^,  on  aura 


a„^=MB  +  BA  +AM'+MM'. 

»  Comparant  la  somme  de  ces  deux  quantités  avec  la  somme  des  deux 
quantités  a.,^  relatives  à  un  élément  à  un  seul  liquide  et  à  deux  électrodes 
différentes,  on  obtient  l'équation 

''-Ali  +  ='-BA  =  *A  +  a„  +  AB     +  BA    . 

»  En  admettant  que  la  somme  AB  -t-  BA  (')  soit  nulle,  —  ce  qui  revient 
Ă   admettre  AB  =  —  BA  ,  Ă©galitĂ©  non  Ă©vidente  a  priori,  —  l'Ă©quation  prĂ©- 
cédente se  réduit  à 

[2]  ='ab+*1!a=  ='a+»'ii- 

»  Or  voici  des  déterminations  qui  établissent  l'exactitude  de  la  rela- 
tion [2];  en  tenant  compte,  bien  entendu,  du  signe  Ă©lectrique  de  chacune  de 
ces  déterminations  et  des  limites  d'erreur  résultant  de  la  combinaison  de 
quatre  valeurs  expérimentales  distinctes,  ainsi  que  des  petites  différences 
Ă©lectriques  qui  existent  d'ordinaire  entre  les  Ă©tats  de  deux  Ă©lectrodes  d'un 
mĂȘme  mĂ©tal. 


(')  Au    bas   de  la    page    1607    des    Comptes   rendus  du   26  juin    1900,  nu   lieu   de 
A  Bh-  AB   ,  o«  doit  lire  AB   +  BA  . 


J 


SÉANCE    DU    3   AOUT    igoS. 


287 


l 

so*z 

Il    = 

A; 

BO 

M  = 

=  Zn; 

M'  = 

Cu. 

='AB=I 

,08 

,o3 

2 

I  I 

'-«A    =1 
«H     =1 

,o3 

M 

2 

07 

o,38 
0,13 
0,3; 


»   2.   SO^Na^=  A(');  BO'H'  =  B. 


M  =  Cu;   M'=  Pt. 

0,34    ) 

0,72 


«An=i,o9 

«l!A=I>OI 
«A  =;  I ,o3 
a,.  -=  1  ,ol^ 


‱     2,07 


0,29 
0,43 

0,35 

o,,:>7 


»   3.   SO'Na^^A;  SO'H==B. 


«A[l='  ,o3 
«BA=:I  ,  12 

«A  =i,o3 

«B    =1  ,06 

>)  4.  SO'Na^z 

«AB-=I,00 
«BA^IiOÔ 
ĂŻ  ^    =:  I  ,  o3 

2,1  =^  I ,  o3 


2,09 

A;  SO^Zri  =B 

2 ,06 
2,06 


o,3o 
o,56 
0,35  / 


0,43 


5.   SO*H"  =  A;  BO-'H'  =  B. 


=<AB  =  0,83 
«HA  =1,46 

a,v   =1,06 
o(,i   =1,04 

2,29 

,     6.     SO''Zll=: 

A;  SO^H-. 

5<AI1=I  ,o3 
«BA=',I9 

2 ,22 

a  4    = I , o3 

2,(   =1,06 

.     2,09 

0,55  j 
0,54  ( 
0,57  ( 
0,37  i 


=  B. 


o,  :i3 
0,43 
0,57 


0,80 


0,72 


0,86 


,     0,92 


o,38  ) 

0,52  I     "'9" 

0,35 


0,78 


1,09 


0,94 


0,93 


1 ,00 


M  =  Zn;  M'=  Pt. 

9,89 


1,45  1 

‱,44 

i,4i 


1,33  I 

1,45  ( 

.,35  ) 

.,4>  i 


1 ,3i  / 

.,5o  i 

1,35  } 

1,61  S 


'.39  1 

1 ,55  ( 

1,35  I 

1,44  i 


1,58  I 

1,58  i 

[,6i  / 

>,4i  » 


r,58 
1 ,60 

1,44 
1,61 


2,«,T 


2,78 
2,76 


2,96 

2,94 
3,79 

3,16 
3,02 

3,18 

3,o5 


(‱)  Les  chiffres  indiquĂ©s  pour  CuPl,  ZnPt,  avec  «a  et  SO'Na-,  Ă   la  page  i6o3,  ne 
sont  pas  exacts. 


288  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


II. 

»  Comparons  maintenant  des  éléments  de  pile,  constitués  chacun  par 
la  réaction  de  deux  liquides  A  et  B. 

»  Soit  a^B  pour  l'élément  terminé  par  le  systÚme  d'électrodes  MM',  et 
a,,^,  par  M'M;  soit  ?4„  par  M'M";  soit  y^,,  par  MM",  elc. 


'Afl" 


zi,.v  répond  à  la  somme  de-  potentiels  MA  +  AB  +  BM'h-  MM'  +-  MB  -H  BA  +  AM'+  MM' 


^Al!  -I-  °\\.K 


g,,.  _  —  M'A-t-AB+BM"  +  M'M"  +  Al'B  +  BA -hAM'  +  M'M" 


Somme  :  MA-)-AM"+BM"h-MB  +AB  +BA  +AB  -+  BA  +  aMM" 
rAi!  +  ĂŻi!A  rĂ©pond  Ă   la  somme  des  potentiels  MA  +  AB  +  BM"+  MM"-f-  MB  +  ÂB  +  AM"+  M"M 

»  La  troisiÚme  somme  sera  égile  à  la  somme  des  deux  autres,  pourvu  que 
l'on  admette  l'égalité  AB  +  BA  +  AB  h-  BA  =^  AB  +  BA,  et  l'on  aura  alors  : 


[3]  «AU-H  ß'eA  +  ^^A 


|AU 


)i  En  fait,  j'ai  reconnu  que  cette  équation  se  vérifie,  par  la  comparaison 
d'un  grand  nombre  de  données  expérimentales;  comparaison  que  je  sup- 
prime pour  ne  pas  trop  allonger  cette  Note. 

>i  Je  rappellerai  la  relation  constatée  dans  ma  Note  précédente  entre  la 
force  électromotrice  des  piles  à  deux  liquides  et  deux  électrodes  diffé- 
rents, avec  celles  des  mĂȘmes  piles  Ă   Ă©lectrodes  identiques.  Soient 

a^ij  la  force  de  l'élément  M  I  AB  |  M, 
f?,„  celle  de   l'Ă©lĂ©ment     M'(AB)M', 
/^,  celle  de   l'élément     M"(AB;M"; 

on   aura,    en    comparant  les  éléments  à   électrodes  MM'  différentes  aux 
éléments  à  électrodes  identiques,  MM  et  M'M', 

|4]  «AH  — ''-BA  =  «Ai. -t-'^h. 

^Aii  —  ^li.v  =  'Im!  -+-./ai:. 
Yak        "i'iiA  ^^  ''^Ai;  "^  ' \i\- 


SÉANCE    DU    3    AOUT    rgoS.  28f) 

»  En  réunissant  les  équations  [3  ]  et  [4  | 
[  5  ]  '-i  '/-A,,  =       (  a, ,,  +  (), „  )  -+-  (  a ,  -+-  a„  ) , 

^«ßiA  =  -  {<^XV.  +  <^An  )  +  («A  +  «b). 

lelations  susceptibles  d'ĂȘtre  utilisĂ©es  dans  les  vĂ©rifications, 

m. 

»  En  tenant  comjjte  seulement  des  inversions  entre  les  deux  électrodes 
terminales,  pour  les  éléments  de  pile  constitués  par  des  liquides  identiques 
et  disposĂ©s  dans  le  mĂȘme  ordre  relatif,  les  relations  [3]  et  [4]  demeurent 
applicables  aux;  piles  Ă   3,  4>  5,  ...  liquides  contenus  dans  des  vases  poreux 
concentriques,  ou  consécutifs.  Il  suffit,  pour  le  montrer  a  priori,  d'observer 
que  les  formules  précédentes  ne  dépendent  que  de  ces  électrodes,  et  de 
remplacer  la  valeur  relative  au  contact  entre  deux  liquides,  tels  que  AB 
et  BA,  par  la  somme  des  valeurs  des  deux  contacts  entre  liquides  conli- 
gus,  AB  -f-  BC  et  CB  +  BA;  ou  par  un  plus  grand  nombre,  s'il  s'agit  de  piles 
Ă   4.  5  liquides,  etc.;  bien  entendu  pourvu  que  l'on  admette  par  hypothĂšse 
que  la  différence  électrique  entre  les  deux  sommes  AB  +  BC  et  CB  +  BA 
et  analogues  est  nulle. 

»  J'ai  vérifié  en  fait  l'exactitude  approximative  de  ces  résultats  du  calcul 
pour  3,  4.  5  liquides;  mais  je  supprime  ces  vérifications  expérimentales 
pour  abréger. 

»  On  dĂ©montre  de  mĂȘme  l'exactitude  de  la  relation  suivante  entre  les 
éléments  à  trois  liquides  et  les  éléments  à  deux  liquides  : 

»  Soient  les  forces  des  éléments  de  pile  constitués  par  trois  liquides  iden- 
tiques, mais  distribués  dans  un  ordre  différent,  avec  deux  électrodes  iden- 
tiques MM  : 

M|ABC|M     répondant  à     «abc! 
M|BAClM     Ă      a,,,;  M|ACB|M     Ă      «,,„; 

»   Soient  encore  les  éléments  à  deux  liquides 

M|AB|M...a^„;      M  |  ACj.M  . . .  a^^;     M|  BC|  M  . . .  r?,,,.. 
[(j]  «ABC  +  «BAt  +  «ACB  =  «AB  +  «Ac  +  «hc         (éleclrodcs  MM ). 

»  Pour  le  démontrer,  il  suffit  d'admettre  entre  la  somme  de  deux  contacts 
liquides  la  relation  AC  H- CB  =  AB.  On  nmiÚne  ainsi  les  éléments  à  trois 
liquides  aux  éléments  à  deux  liquides. 


290  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

»  On  peut  Ă©galement  formuler,  sous  les  mĂȘmes  rĂ©serves,  une  relation 
entre  les  piles  Ă   trois  liquides  et  les  piles  Ă   un  liquide,  avec  deux  Ă©lectrodes 
différentes  MM';  relation  analogue  à  l'équation  [2],  relative  à  deux  liquides; 
soit  : 

[  7  ]  =^Aiic  +  «^niiA  +  o^BAC  +  «cvR  "+-  «Acii  -‱-  ='rca  =  ^ ( a.^  +  a^  4-  a,,  ). 

»  En  général,  soit  un  élément  de  pile  constitué  par  une  suite  de  n  liquides 
concentriques  ou  consĂ©cutifs.  A,,  A;,  A^,  . . .,  A„,  compris  entre  deux  Ă©lec- 
trodes M  et  M';  la  force  Ă©lectromotrice  de  cet  Ă©lĂ©ment  Ă©tant  aA,A...  a„;  ^e 
nombre  des  éléments  qui  pourront  résulter  des  arrangements  différents  de 
ces  éléments  et  électrodes  sera  représenté  par  r.2.3.../i.  Si  l'on  admet 
les  compensations  sus-indiquées  entie  les  différences  de  potentiel  des 
liquides  en  contact,  on  obtient  la  relation  que  voici  entre  la  somme  des 
forces  électromotrices  des  éléments  à  n  liquides  et  celles  des  éléments  à 
un  seul  liquide  compris  entre  les  mĂȘmes  Ă©lectrodes. 


^Î^A.A,. .  A,,  =  I  .  2  .  3  ...(«.-    I  )  !  7.,,  +  a.,,  +  . 


M  II  est  facile  de  construire  des  formules  analogues  aux  précédentes  et 
d'autres  encore  pour  les  éléments  de  pile  à  3,  4,  5,  . . .  liquides;  ces  res- 
tions se  vérifiant  approximativement,  d'aprÚs  les  données  expérimentales. 
Cependant,  la  valeur  de  semblables  vérifications  devient  moins  certaine, 
Ă   mesure  que  l'on  y  fait  concourir  Ă   chacune  d'elles  un  plus  grand  nombre 
de  données,  en  raison  de  la  proximité  des  valeurs  numériques  observées 
dans  les  comparaisons  et  des  compensations  qui  en  résultent  entre  les 
quantités  similaires,  ainsi  que  je  l'ai  montré  plus  haut.  Ces  compensations 
ne  fournissent  d'ailleurs  aucune  indication  sur  les  valeurs  individuelles 
relatives  aux  contacts  AB  et  analogues  et  n'autorisent  pas  à  les  considérer 
comme  nulles. 

»  Les  mĂȘmes  circonstances  rendent  difficile  l'Ă©valuation  exacte  de  l'in- 
fluence réciproque  des  liquides  interposés;  quoique  cette  influence  soit 
nettement  manifeste  dans  bien  des  cas.  A  cet  Ă©gard,  il  convient  de  rappeler 
aussi  l'égalité  entre  certaines  sommes  ou  différences  de  potentiels,  telle 
que  celle  que  j'ai  Ă©tablie  entre  la  force  Ă©lectromotrice  du  systĂšme  : 
acide  +  base,  et  la  somme  de  celles  des  deux  systĂšmes  :  acide  -+-  sel,  et 
base  +  sel.  » 


SÉANCE    DU    3    AGIT    1903. 


^91 


Remarques  concernant  les  relations  entre  les  piles  constituĂ©es  par  les  mĂȘmes 
liquides,  compris  entre  deux  électrodes  différentes  ou  identiques  ;  par 
M.  Beutiiei.ot. 

«  Voici  les  mesures  obtenues  avec  divers  éléments  de  pile,  terminés 
par  deux  électrodes  métalliques  différentes,  en  opérant  toujours  avec  des 
liqueurs  de  mĂȘme  concentration  molĂ©culaire. 

»  SystÚme  à  trois  liquides  et  deux  électrodes  différentes,  dont  l'une  au  moins  est 
chaque  fois  en  contact  avec  un  liquide  différent  : 


SO'Na'  :  SO'Zn.SO'H-. 
ZnCu  :  0,97  -I-  CuZn  :  i ,  ii  =  2,08 
ZnPt  :  1,52  -+-PtZn  :  1,36=2,88 
CuPt  :  0,57  H-  PtCu  :  0,32  :=  0,89 

»   Deux  liquides  : 


SO<Zn.SO«Na^SO'H'. 
I  ,  o3  +  r ,  1 2  =:  2 , 1 5 
1 ,63  +  1 ,55  =:  3, 18 

0 , 5 1  +  o ,  4o  =  o ,  9 1 


SO'Na^SO<H^SO*Zn. 

I  ,o3  +  1  ,i6  =  a, 08 
i,44-i-i,4o  =  2,84 

o  ,  39  +  0  ,  3  1  :=  o  ,  70 


SO*Na-.SO*Zn. 

SO'Na=SO<H-. 

S0>Zn.S0'H2 

ZnCu  :  0,94  ■+‱  CuZn  :  1 ,06  =  2,00 

l,o3-f-I,I2^2,l5 

1  ,o3  +  1  ,  1  C)  =  2  ,  22 

ZnPt  :  I  ,394-  PtZn  :  i, 55  =  2,94 

1 ,49  +  1 ,3o  =  2,82 

1  ,60  -t-  1  ,58  r=  3. 18 

GuPl  :  o,38  +  PtCu  :  0,52  =  0,90 

o,3o  +  o,56  =0,86 

0,53  -h  o,4o  =r  0,93 

»    Un  liquide  : 

SO'Na-. 

SO'Zn. 

se  M'. 

ZnCu  :  1  ,o3  X  2  =  2,06 

I 

,  o3  X  2  :=  2  ,  06 

I  ,  08  X  2  =:  2  ,  1  6 

ZnPt   :  1 ,  19  X  2  =  2,38 

I 

,44  X  2  —  2,88 

1,61    X  2  =:  3,  22 

CuPt  :  0,35  X  2  =  0,70 

. 

,57  X  2  =  1,1  4 

0, 

59  X  2  =  1 , 1 8 

»  On  remarquera  que  les  piles  ZnCu  et  réciproques  offrent  des  valeurs  à  peu  prés 
identiques,  malgré  la  diversité  des  liquides  en  contact  avec  chaque  métal.  Imi  outre, 
ces  valeurs  sont  Ă   peu  prĂšs  les  mĂȘmes  pour  les  piles  Ă   deux  liquides  et  pour  les  piles 
à  un  seul  liquide;  comme  si  la  force  électroniolrice  dépendait  seulement  des  deux 
métaux,  quel  que  fût  le  liquide  en  contact.  Cette  relation  a  été  observée  également  en 
prenant  pour  les  liquides  A,  B,  G  : 

»   Les  trois  systÚmes  formés  par  SO*Na-,  SO'Gu,  SO'H'; 

»  Les  trois  systÚmes  formés  par  SO'Na-,  SO'Zn,  SO*H- 

)>   Les  trois  systÚmes  formés  par  SO'Na'^,  SO'Gu,  SO'Zn; 

»  Les  trois  systÚmes  formés  par  SO'JNa^,  SO'Zn,  NaOH; 

»  Par  SO*Na'-,  SO'Cu,  NaOH;  par  SO'Zn,  SO'Gu,  NaOH^ 

»  Par  SO'NaS  SO'HS  NaOH;  par  SO'Gu,  SO'HS  NaOH; 

»  Par  SO'Zn,  SO'H-,  NaOH;  par  SO'Zn,  SO'Cu,  NaOH;  à  l'exception  des  sys- 
tĂšmes oĂč  l'Ă©lectrode  Zn  est  en  contact  avec  un  alcali  libre,  ou  bien  avec  un  sel  de 
cuivre. 

»  Avec  tous  ces  systÚmes  les  valeurs  ZnCu  et  GuZu  sont  presque  identiques;  les 


2f)2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Ă©carts  sont  plus  iii;iiquĂ©s,  lorsque  le  platine  forme   l'une  des  Ă©lectrodes,  sans  ĂȘtre  ce- 
pendant considérables. 

»  On  peut  rendre  compte  de  ces  observations  jusqu'à  un  certain  point, 
en  remarquant  que  les  valeurs  observées  paraissent  dépendre  surtout  de 
la  différence  électrique  qui  résulte  du  contact  des  deux  métaux  avec  l'oxy- 
gÚne (de  rair),Vest-à-dire  de  la  différence  de  leurs  chaleurs  d'oxydation, 
plutÎt  que  de  la  nature  des  liquides  qui  sont  en  contact  avec  ces  métaux, 
laquelle  joue  un  rÎle  secondaire.  En  effet,  Zn  +  O  dégage  :  83*^'"',  5; 
Cu  -f- O  :  37''''', 7;  Pt  +  O  :  environ  18*^"'.  DÚs  lors  la  différence  ZnCu, 
estimée  pour  une  seule  valence,  d'aprÚs  la  loi  de  Faraday,  équivaudrait 
Ă   i(83,,^  —  37,7)  =  22'^''',9,  ce  qui  rĂ©pond  Ă   r°",o  sensiblement.  ZnPt 
Ă©quivaudrait  Ă   32^"',  7  esiℱ'S4;  CuPt  Ă   9^^',  8EEso"""",4;toules  valeurs  voi- 
sines des  forces  électromotrices  observées. 

»  Il  y  aurait  dÚs  lors  une  diversité  essentielle  entre  les  forces  électro- 
motrices des  éléments  de  pile  à  deux  électrodes  métalliques  différentes, 
lesquelles  dépendraient  principalement  de  l'opposition  des  deux  métaux 
extrĂȘmes,  le  rĂŽle  des  contacts  entre  liquides  et  mĂ©taux  Ă©tant  subordonnĂ©; 
et  les  forces  électromotrices  des  éléments  de  pile  à  électrodes  identiques, 
lesquelles  dĂ©pendent  au  contraire  des  contacts  entre  un  mĂȘme  mĂ©tal  et 
deux  liquides  différents.    » 

CHIMIE  MINÉRALE.    —    Sur  un   carbure  double   de  chrome  el  de  tungstùne. 
Note  de  MM.  Henri  Moissan  et  A.  Kouzxetzow. 

«  Nous  ne  connaissons  jusqu'ici  qu'un  trÚs  petit  nombre  de  carbures 
doubles  métalliques. 

M  MM.  Carnot  et  Goûtai  (*)  ont  indiqué  l'existence  de  plusieurs  de  ces 
composés  dans  les  ferrochromes  et  dans  les  aciers. 

»  D'autre  part,  à  la  suite  de  longues  recherches  publiées  par  l'un  de 
nous  sur  les  carbures  métalliques  (-),  M.  Williams  nous  a  appris  à  pré- 
parer les  carbures  doubles  de  fer  et  de  tungstĂšne,  de  fer  et  de  chrome,  de 
fer  et  de  manganĂšse  (  '  ). 


(')  Carnot  et  Goutal,  Recherches  sur  l'Ă©tal  oĂč  se  trouvent  le  silicium  et  le  chrome 
dans  les  produits  sidérurgiques  {Comptes  rendus,  t.  CXXVI,  1898,  p.  12^0)  et 
Recherches  sur  la  constitution  chimique  des  fontes  et  des  aciers,  par  MM.  Carnot 
et  Goutal  (/F''  CongrÚs  de  Chimie  appliquée,  t.  1,  p.  4' 8). 

(2)  H.  Moissan,  Le  four  Ă©lectrique.  G.  Sleinlieil,  1897. 

(^)  I-".  Williams,  Sur  un  carbure  double  de  fer  et  de  tungstĂšne  {Comptes  rendus, 


SÉANCE   DU   3   AOIT    ipoS.  agS 

»  En  étudiant  différents  alliages  de  tunï;stÚne,  nous  avons  on  l'occasion 
de  préparer  un  carbure  double  de  chrome  et  de  tungstÚne  que  nous  dé- 
crivons dans  cette  Note.  Nous  rappellerons,  tout  d'abord,  qu'il  existe 
diffĂ©rents  carbures  de  chrome  (')  tels  que  (J-''C  —  Cr'C-  et  deux  carbures 
de  tungstĂšne  de  formule  Tu-C  et  TuC. 

»  Lorsque  l'on  prépare  au  four  électrique  un  certain  nombre  d'alliages 
de  tungstÚne  et  de  chrome,  en  partant  d'un  mélange  d'oxydes  que  l'on 
réduit  par  le  charbon,  on  s'aperçoit  que.  si  ces  alliages  ne  renferment  que 
de  20  Ă   36  pour  100  de  tungstĂšne,  ils  sont  assez  facilement  attaquables 
par  l'acide  chlorhydrique  concentré.  Dans  ce  cas,  si  l'on  n'a  pas  employé 
un  trop  grand  excĂšs  de  carbone,  il  reste  toujours  le  mĂȘme  rĂ©sidu  cristallisĂ© 
dont  la  composition  constante  répond  à  la  formule  d'un  carbure  double  : 
Tu=C,  3Cr^C\ 

»  PrĂ©paration.  —  Pour  prĂ©parer  ce  carbure  double,  on  chauffe  au  four 
électrique,  dans  un  creuset  de  charbon,  un  mélange  de  loo^  de  sesqui- 
oxyde  de  chrome,  45*^  d'acide  tungstique  et  3o^  de  coke  de  pétrole  ou  de 
charbon  de  sucre.  La  durée  de  la  chauffe  est  de  5  minutes,  et  il  est  utile 
de  ne  pas  employer  un  courant  d'une  trop  grande  intensité  :  l\oo  ampÚres 
sous  75  volts  sont  suffisants.  Nous  obtenons  ainsi  un  culot  d'apparence 
mélallique,  homogÚne  et  bien  fondu,  présentant  dans  sa  cassure  l'aspect 
de  cristaux  enchevĂȘtrĂ©s. 

»  Ce  culot  métallique  est  pulvérisé,  puis  traité  à  chaud  par  l'acide 
chlorhydrique;  on  lave  à  l'eau  et  l'on  fait  digérer  ensuite  avec  une  solu- 
tion ammoniacale  concentrée,  de  façon  à  dissoudre  les  parcelles  d'acide 
tungstique  qui  peuvent  se  trouver  comprises  entre  les  lamelles  cristal- 
lines. Cette  poudre  est  enfin  lavée  à  l'eau  et  séchée. 

»  Nous  avons  pu,  en  outre,  prĂ©parer  le  mĂȘme  carbure  double  par  une 
autre  méthode.  Nous  fondons  au  four  électrique,  toujours  en  évitant 
autant  que  possible  la  vapeur  de  carbone  de  l'arc,  un  mélange  de  chrome 
et  de  tungstÚne  métallique  additionné  d'ime  petite  quantité  de  charbon 
de  sucre  en  présence  d'un  grand  excÚs  de  cuivre.  Nous  avons  employé  les 
proportions  suivantes  :  tungstĂšne,  7*^,5;  chrome,  10^;  carbone,  o^',  2; 
cuivre,  iSo''.  La  masse  est  fondue  rapidement,  dans  un  creuset  de  char- 
bon, et  l'on  maintient  le  cuivre  Ă   l'Ă©buUition  pendant  i  ou  2  minutes. 
AprÚs  refroidissement,  il  reste  dans  le  creuset  un  culot  métalli(|ue  homo- 

t.  CXXVII,   p.   4'o)   et   Carbures  doubles  de  fer  et  de  chrome,  de  fer  et  de  man- 
ganĂšse {Comptes  rendus,  t.  CXXVII,  1898,  p  483). 
(')  II.  MoissAN,  Le  four  Ă©lectrique,  p.  208. 

C.  R.,  1903,    >'  Semestre.  (T.  CXXXVU,  N"  5.)  ^9 


204  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

gÚne  qui  est  attaqué  par  un  excÚs  d'acide  nitrique  et  qui  abandonne  de 
petites  gĂ©odes  cristallines  Ă   aspect  mĂ©tallique,  qui  sont  formĂ©es  du  mĂȘme 

carbure  double  : 

Tu-C.3CrM:-. 

»  PropriĂ©tĂ©s  physiques.  —  Ce  carbure  double  a  une  densitĂ©  de  8,4 1  Ă   22°, 
Il  se  présente  sous  forme  de  grains  cristallins  gris,  d'aspect  métallique  et 
trÚs  durs.  Il  rave  en  effet  le  quartz  et  la  topaze  avec  la  plus  grande  facilité. 
Sa  poussiĂšre  produit  sur  la  surface  bien  polie  d'un  rubis  trĂšs  dur  des  stries 
profondes;  il  ne  rave  pas  le  diamant  tendre;  il  n'est  pas  magnétique. 

»  PropriĂ©tĂ©s  chimiques.  —  Le  carbure  double  de  chrome  et  de  tungstĂšne 
est  attaqué  par  le  chlore  gazeux  vers  ^oo"  ;  il  produit  des  chlorures  chro- 
mique  et  tungstique  et  laisse  un  résidu  de  carbone  amorphe;  le  brome,  à 
la  tempĂ©rature  de  5oo°,  rĂ©agit  beaucoup  plus  lentement  et,  Ă   cette  mĂȘme 
température,  l'iode  n'exerce  aucune  action. 

»  Chauffé  sur  la  lame  de  platine  dans  l'air,  ou  à  la  pointe  du  dard  bleu 
du  chalumeau  à  oxygÚne,  sur  un  fragment  de  chaux  vive,  il  ne  présente 
aucun  phénomÚne  de  combustion.  Il  se  scorifie  lentement  à  la  surface,  dans 
la  flamme  du  chalumeau. 

»  Au  rouge  sombre,  la  vapeur  de  soufre  n'exerce  aucune  action  sur  ce 
nouveau  composé. 

»  Il  présente  d'ailleurs  une  trÚs  grande  stabilité  et  n'est  attaqué  ni  par 
l'acide  nitrique,  ni  par  l'acide  sulfurique,  ni  par  les  acides  chlorhydrique 
ou  fluorbydrique.  L'eau  régale  n'a  pas  d'action  sur  lui  et  le  mélange  d'acide 
nitrique  et  d'acide  fluorbydrique  ne  l'altĂšre  pas. 

»  La  potasse  et  les  carbonates  alcalins  en  fusion  ne  l'attaquent  qu'avec 
une  extrĂȘme  lenteur.  Mais,  au  contraire,  une  dĂ©composition  assez  vive  se 
produit  lorsque  l'on  ajoute  Ă   ces  composes  de  l'azotate  de  potassium  ou  de 
sodium.  De  mĂȘme,  le  chlorate  de  potassium  en  fusion  le  transforme  rapi- 
dement en  un  mélange  de  chromate  el  de  tungstate  alcalin. 

»  Une  autre  réaction  assez  curieuse  nous  est  fournie  par  l'acide  chlor- 
hydrique gazeux  au  rouge  sombre.  Lorsque  l'on  chauffe  ce  chlorure  double 
dans  une  cloche  courbe,  au  contact  d'une  atmosphÚre  limitée  d'acide 
chlorhydrique,  ce  dernier  gaz  est  en  partie  décomposé;  il  se  condense, 
au-dessus  du  carbure  double,  du  protochlorure  de  chrome  blanc,  un  peu 
plus  loin,  du  chlorure  de  tungstÚne  marron,  et  l'on  retrouve,  mélangée  à 
l'acide  chlorhydrique,  une  notable  quantité  d'hydrogÚne  et  de  méthane. 

»  Analyse.  —  Ce  carbure  double  a  Ă©tĂ©  attaquĂ©  dans  un  creuset  de  platine  par  un 
mélange    de   carbonate    et   d'azotate    alcalin  :   une   partie   de   carbonate   de   soude   el 


SÉANCE   DU   3   AOUT    iyo3.  ag5 

huit  parties  de  nitrate.  AprÚs  refroidissement,  la  masse  a  été  traitée  par  l'eau  et 
acidifiée  par  l'acide  nitrique.  Nous  portons  ensuite  à  l'ébuUition  et  nous  ajoutons 
quelques  gouttes  d'alcool  pour  réduire  l'acide  chromique  à  l'état  de  sel  de  chrome.  La 
solution  est  ensuite  exactement  neutralisée  par  la  potasse  de  façon  que  le  tungstÚne  et 
le  chrome  restent  en  solution.  Le  tungstÚne  est  alors  séparé  sous  forme  de  tungstate 
mercureux.  Dans  le  liquide  filtré,  on  précipite  le  mercure  par  l'hydrogÚne  sulfuré, 
puis,  aprÚs  une  nouvelle  filtration,  le  sel  de  chrome  est  ramené  à  l'état  d'acide  chro- 
mique au  moj'en  du  brome,  linfin,  cet  acide  chromique,  précipité  en  solution  acétique, 
par  le  nitrate  mercureux,  permet  de  doser  le  chrome  sous  forme  de  sesquioxyde. 

»  Le  dosage  du  carbone  a  été  effectué  de  la  façon  suivante  :  3»  de  carbure  ont  été 
attaqués  par  le  chlore  sec,  bien  exempt  d'oxygÚne  à  la  température  du  rouge  sombre. 
AprÚs  refroidissement,  la  nacelle  contenant  le  résidu  de  carbone  a  été  chauffée  dans 
un  courant  d'hydrogÚne  sec,  puis  pesée.  Cette  nacelle  a  été  disposée  dans  un  tube  de 
verre  traversé  par  un  courant  d'oxygÚne  pur.  Le  carbone  est  brûlé  puis  pesé  sous 
forme  d'acide  carbonique.  Ces  différents  dosages  nous  ont  donné  les  chiffres  suivants  : 

Théorie  pour 
1.  Ăź.  3.  Tu=C,  3Cr3C-. 

Chrome 5o , g?  n  ,  27  »  5 1 , 1 1 

TungstÚne 39,61         39,68  »  39,80 

Carbone »  »  8,71  9 ,  09 

»  Conclusions.  —  En  rĂ©.sumĂ©,  nous  avons  prĂ©parĂ©  par  diffĂ©rents  pro- 
cédés un  carbure  double  de  chrome  et  de  tungstÚne  de  formule  Tii^C, 
SCrHl'^  Ce  carbure  double  est  comparable  aux  composés  analogues  indi- 
qués par  MM.  Carnotet  Goulal  dans  les  produits  sidérurgiques.  Sa  den- 
sité est  de  8,4i.  C'est  un  carbure  trÚs  stable,  inattaquable  par  les  acides 
et  par  les  principaux  réactifs  et  remarquable  par  sa  trÚs  grande  dureté.  Ce 
fait  nous  amÚne  à  penser  que  l'addition  de  tungstÚne  aux  aciers  chromés 
pourrait  peut-ĂȘtre  donner  naissance  Ă   ce  composĂ©  et  produire  en  mĂȘme 
temps  dans  ces  aciers  des  propriétés  nouvelles  et  spéciales.  » 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  L'arsenic  existe-l-il  dans  tous  les  organes 
de  l'Ă©conomie  animale?  Note  de  M.  Ar.mand  Gautier. 

<(  Lorqu'il  y  a  trois  ans  j'annonçai  que  l'arsenic  existe  normalement 
dans  certains  tissus  de  l'économie  animale  et  spécialement  dans  les  organes 
ectodermiques,  58  années  s'étaient  écoulées  depuis  le  mémorable  Rapport 
de  la  Commission  nommée  en  i84i  par  l'Académie  des  Sciences,  Rapport 
qui  avait  conclu  Ă   l'absence  absolue  de  l'arsenic  dans  les  tissus  de  l'homme 
et  des  mammifÚres.  A  la  suite  des  expériences  de  cette  Commission,  com- 
posée de  Thénard,  J.-B.  Dumas,  Boussingault  et  V.  Regnault,  tous  les 
chimistes  admirent,  d'une  maniĂšre  absolue,  que  l'arsenic  n'existe  pas  chez 
les  animaux. 


296  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 

»  Je  montrai,  eu  1899  ('),  que  non  seulement  l'arsenic  fait  partie 
constiluante  cir  réconoiiiie,  mais  qu'il  se  localise  particuliÚrement  dans  cer- 
tains organes  et  paraßt  absent  de  plusieurs  autres,  «  soit  que  ce  métalloïde 
»  ne  s'y  trouve  rĂ©ellement  pas,  soit  que  sa  quantitĂ©  puisse  ĂȘtre  infĂ©rieure 
»   à  la  limite  de  sensibilité  de  la  méthode  ».  Je  cite  ici  mes  paroles. 

»  J'Ă©tablis  en  mĂȘme  temps  que  l'arsenic  s'Ă©limine  par  la  desquamation 
Ă©pidermique,  les  poils,  les  cheveux,  les  plumes  et  le  sang  menstruel. 

M  En  annonçant  ces  faits,  je  prévoyais  assurément  des  doutes  et  des 
objections.-  Elles  me  vinrent  d'abord  de  l'Allemagne  oĂźi  quelques  savants 
toxicologistes  ou  physiologistes  avaient  voulu  reproduire  mes  expériences. 
Elles  Ă©taient  trop  dĂ©licates  pour  ĂȘtre  rĂ©|)Ă©tĂ©es  et  rĂ©ussies  d'emblĂ©e. 

M  Depuis,  les  essais  se  sont  multipliés,  et,  sur  mes  indications  directes 
ou  indirectes,  MM.  Lepierre  Ă   Porto,  Pagel  Ă   Nancy,  Imbert  Ă   Montpellier, 
G.  Bertrand  à  Paris,  et  d'autres,  ont  retrouvé  l'arsenic  dans  les  organes  oßi 
j'avais  annoncé  sa  présence. 

»  (^e  dernier  savant,  continuant  ces  recherches,  est  arrivé,  depuis,  à  pen- 
serque  l'arsenic  existe  dans  tous  les  organes  des  animaux,  et  que  sa  pré- 
sence est  nécessaire  à  toute  cellule  vivante.  Danslesmuscleset  testicules  de 
poissons,  organes  oĂč,  pour  les  mammifĂšres  que  j'ai  examinĂ©s,  j'avais  admis 
l'absence  d'arsenic,  ou  du  moins  une  [jroportion  inférieure  à  la  limite  que 
je  considérais  alors  comme  étant  inappréciable  ou  incertaine,  il  a  trouvé 
pour  100  grammes  (Ă©tat  frais)  :  testicules  de  squale,  3  milliĂšmes  de  milligr., 
muscles  de  grondin,  o'"«,  00 1 2  ;  muscles  de  serran,  oℹ»,  00 1  5. 

»  Avant  de  chercher  la  signification  de  ces  résultats  et  d'essayer  de  les 
confirmer  ou  infirmer  par  de  nouvelles  déterminations,  il  fallait  étudier  de 
prĂšs  les  causes  d'introduction  et  de  pertes  de  l'arsenic  par  chacun  des 
réactifs  employés  et  par  leur  ensemble.  Voici  mes  déterminations  : 

»  a.  QuantitĂ©  d'arsenic  introduite.  —  En  opĂ©rant  par  ma  mĂ©thode  de 
destruction  des  matiĂšres  organiques  (celle  qui  a  fourni  Ă   M.  G.  Bertrand 
les  résultats  ci-dessus),  on  utilise  les  réactifs  suivants  contenant,  d'aprÚs 
mes  expériences  les  plus  récentes,  les  quantités  d'arsenic  que  j'indique  ici  : 

l'iiur  :  Arsenic  introduit. 

loos  d'acide  nilru|ue oℱe, 00020 

20s  d'acide  sulfurique indosable 

5os  de  zinc  pur indosable 

I  lilre  d'eau  distillĂ©e oℱs,ooo6 

Courant  de  ll'-S,  purijié  de  As,  et  passant  ensuite 

dans  l'acide  nitrique  chaud  durant  2  heures  ....  oℱs,ooo6 

(')   Comptes  rendus,  t.  CXXIX,  p.  929;  t.  GXXX,  p.  2S4;  t.  GXXXIV,  p.  1394  et 
Bull.  Soc.  chini.,  3«  série,  t.  XXVII,  p.  i35  et  843. 


SÉANCE    DU    i    AOUT    igoS.  OQT 

M  Si  l'hydrogÚne  sulfuré  obtenu  avec  FeS  et  HCl  n'a  été  que  lavé  à 
travers  plusieurs  flacons  à  acide  chlorhydrique  étendu  et  eau  distillée 
(comme  le  fait  l'auteur  cité),  il  apporte,  dans  le  résultat  final,  un  supplé- 
ment d'arsenic  que  j'ai  dosé  plusieurs  fois  et  qui  est,  en  moyenne,  de 
o"'s,ooo7  ('). 

))  I>ar  conséquent,  dans  une  recherche  d'arsenic,  aprÚs  destruction  de  la 
matiÚre  organique  par  les  quantités  moyennes  de  loos  d'acide  nitrique  pur 
et  i58  d'acide  sulfurique  exempt  d'arsenic  (y  compris  celui  qu'on  verse 
dans  l'appareil  de  Marsh)  et  en  se  servant  d'hydrogÚne  sulfuré  non  spé- 
cialement purifié,  on  augmente  trÚs  approximativement  le  résultat  des 
quantités  d'arsenic  suivantes  : 

Pour  loos  d'acide  nilrique oℱ6, ooo23 

Pour  i58  SO'H^ indosable 

Pour  3oos  Ă   3.5os  d'eau  distillĂ©e oℱB,  00020 

Pour  H'^S  incomplĂštement  pur o"s,ooo7 

Total  de  l'arsenic  introduit. ,  .      o^s,  001 13 

»   Soit  environ  i  milliÚme  de  milligramme. 

»  Si  l'hydrogÚne  sulfuré  a  été  purifié,  l'arsenic  introduit  par  les  réactifs 
se  réduit  à  o'°s,ooo43  ou  o"s,ooo5. 

))  b.  QuantitĂ©  d'arsenic  perdue.  —  D'autre  part,  les  pertes  en  arsenic 
sont-elles  sensibles?  J'ai  pensé  que  si  ma  méthode  de  destruction  des  ma- 
tiĂšres organiques  faisait  perdre  de  l'arsenic,  cette  perle  serait  d'autant  plus 
forte  que  la  masse  d'arsenic  prĂ©sente  serait  plus  grande.  AprĂšs  m'ĂȘtre 
assurĂ©  que  la  chair  naltirelle  de  bƓuf  ne  donnait  pour  ainsi  dire  pas  d'ar- 
senic, j'ai  ajouté  à  looK  de  cette  chair  des  quantités  variables  d'arsenic  et 
j'ai  dosé  ensuite  à  l'appareil  de  Marsh  les  quantités  de  ce  métalloïde  que 
j'en  retirais.  Voici  mes  dosaejes  : 

As  inti-oduit.  .\s  li-oiivé. 

uiK  m;: 

loos  de  muscle  de  bƓuf -i  2 

»  »  I  0,88 

»  »  0,010  0,010 

»  »  0,002  0,0023 

»  »  0,0000  0,0006 

»  Il  ne  semblerait  donc  pas  y^avoir  de  perte  sensible  d'arsenic  dans  l'at- 
taque et  la  carbonisation  des  matiÚres  animales  par  le  mélange  nitro-sulfu- 
rique.  Toutefois,  puisque  ajoutant  Ă   loo^  de  chair  musculaire  2  milliĂšmes  de 

(')  En  faisant  passer  H^S  impur  Ă   travers  quatre  Ă   cinq  laveurs  Ă   HCl  pur  de  plus 
en  plus  étendu,  puis  dans  de  l'eau,  la  totalité  de  ce  gaz,  en  barbotant  bulle  à  bulle 
en  .\zO''U  chaud,  m'a  donué  o'^SjoSo  d'arsenic. 


Ă  
2,^a  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

milligramme  d'arsenic,  on  les  retrouve  à  peu  prÚs  exactement, les  réactifs 
avant  introduit  un  minimum  de  oℱ8,ooo5,  et  la  chair  musculaire  en  conte- 
nant une  trace,  comme  on  l'a  dit,  on  devrait  obtenir  : 

jiiiĂź 

Arsenic  ajouté 0,002 

»         naturel  de  la  chair 0,0006 

n         introduit  par  les  réactifs  ....      o,ooo5 

Total o.oo3i     (Au  lieu  de  oℱs,oo23  trouvĂ©) 

»  Il  y  a  donc  bien  une  perte.  Elle  se  t'ait  surtout  par  le  charbon  azoté  qui 
reste  aprÚs  lavage  à  l'eau.  En  effet,  quand  on  reprend  ce  charbon  résiduel 
d'une  premiÚre  attaque  par  une  nouvelle  quantité  d'acides  azotique  et 
suKurique,  on  y  trouve  encore  une  trace  d'arsenic  qui,  pour  loo^  de  ma- 
tiĂšre initiale,  est  d'environ  o'"s,ooo5  Ă   o"s,ooo6.  L'arsenic  introduit  par  les 
réactifs  étant  de  o'"8,ooo5  (voir  plus  haut),  il  s'ensuit  que,  à  i  ou  2  dix- 
milliĂšmes  de  milligramme  prĂšs,  le  gain  compense  la  perte  si  l'on  agit 
avec  H-  S  pur,  et  que  le  gain  d'arsenic  est  de  o""",  0007  si  l'on  se  sert  d'hydro- 
gÚne sulfuré  impur. 

»  Ces  faits  établis,  il  est  possible  maintenant  de  répondre  à  la  question 
de  savoir  si  les  traces  d'arsenic,  qu'on  peut  trouver  dans  les  organes  que 
j'ai  jugés  trÚs  pauvres  ou  privés  d'arsenic,  y  préexistaient  ou  non,  puisque 
je  viens  de  montrer  qu'en  employant  loo»  d'acide  nitrique  contenant 
o'"8,ooo23  d'arsenic,  los  à  lo^de  SO*H-  pur,  et  un  courant  de  WS purifié, 
les  pertes  compensent  à  peu  prÚs  exactement  les  gains.  Les  résultats  que 
j'ai  obtenus  dans  ces  conditions  n'ont  donc  pas  Ă   subir  de  corrections  sen- 
sibles. Les  voici  : 

Acide  .arsenic  reel 

nitrique  Arsenic  calculé  pour  lOO" 

MatiÚres  examinées.                           employé.  trouvé.  de  matiÚres  fraßches. 

K                              uiB  iiiB 

looB  viande  fraüche  de  bƓuf 100  0,0006  0,0006 

I(j.                    100  0,0008  0,0008 

loos  viande  fraĂźche  de  jeune  veau 60  0,0006  0,00072 

\^                                    80  0,0010  l),OOI 

loos  chair  de  grondin  (bien  privée  de 

peau  et  d'arĂȘtes) .-  9°        '  "''^'^'^  "'*^°*' 

loos  chair  de  maquereau    (bien  privée 

d'aponĂ©vroses  et  d'arĂȘles) go  0,0020  o,oo25 

2006  leslicule  de  taureau 80  o,oo25  0,0012 

y.       140  0,0020  0,0010 

46,5  membrane  coquiliùre  Ɠuf  de  poule.  '-'.0  0,001  o,o23 

nos  jaune  dƓuf  de  poule 12a  o ,  ooo4  (faible)       o,ooo3 

1  litre  de  lait  (Ferme   d'Arcy  ;   M.  JNi- 

colas)  (') 160  0,0008  ..,0007 

(')  J'ai  trouvé  en  outre,  dans  la  biÚre  de  Maxéville  :  arsenic  par  litre  :  o-^SjOooa 
à  o"'s,ooo3,  quantités  insignifiantes  dans  ce  cas. 


SÉANCE    DU    3    AOUT    tgoS.  299 

)»  Ainsi,  toutes  corrections  faites,  l'arsenic  paraßt  bien  présent  à  l'état 
de  minimes  traces  dans  la  chair  des  mammifĂšres.  Ce  qui  semble  encore 
confirmer  cette  conclusion,  c'est  la  prĂ©sence  du  mĂȘme  mĂ©talloĂŻde  dans  la 
chair  de  poisson  en  quantités  cette  fois  trÚs  supérieures  à  toute  erreur 
possible.  M.  G.  Bertrand  l'avait  déjà  annoncé  pour  cette  chair  que  je  n'avais 
pas  examinĂ©e.  Mais  je  dois  remarquer  qu'il  a  trouvĂ©  Ă   peine  oℱs,ooi5  d'ar- 
senic dans  la  chair  de  poisson  (')  et  qu'il  introduisait  par  l'hydrogĂšne 
sulfuré  impur  qu'il  employait  et  par  l'eau  distillée  une  quantité  d'arsenic 
que  j'ai  montrĂ©  plus  haut  ĂȘtre  de  o'"s,ooo7  Ă   o^s^ooog,  ce  qui  rend  ses 
rĂ©sultats  discutables.  La  membrane  coquillĂšre  de  l'Ɠuf  est  fortement  arse- 
nicale, comme  l'avait  dit  le  mĂȘme  auteur. 

»  Je  dois  relever  maintenant  quelques  lignes  du  Mémoire  publié  par 
lui  aux  Annales  de  Chimie  el  de  Physique  (-),  juin  igoS,  oĂč  ce  savant,  sans 
s'attribuer  à  proprement  parler  la  découverte  de  l'arsenic  normal,  semble 
en  revendiquer,  ou  à  peu  prÚs,  la  démonstration.  Il  écrit  (p.  a48)  : 

»  Ce  n'est  pas  seulement  le  métalloïde  (l'arsenic)  qui  était  contenu  dans  la  matiÚre 
organique  qu'on  isole  par  l'appareil  de  Marsli,  c'est  aussi  celui  qu'on  y  introduit  par 
les  réactifs.  .  ..  Dans  toutes  les  recherches  qui  ont  été  publiées  jusqu'ici  concernanl 
l'existence  de  l'arsenic  dans  l'organisme,  on  a  négligé  d'établir  ce  rapport  (entre 
l'arsenic  préexistant  et  l'arsenic  introduit)....  En  général,  la  quantité  d'arsenic  existant 
à  l'état  normal  dans  les  organes  était  bien  inférieure  à  celle  qu'on  pouvait  découvrir 
avec  l'appareil  de  Marsh,  et  l'on  n'a  obtenu  des  résultats  positifs  qu'avec  des  réactifs 
incomplÚtement  purifiés. 

»  L'auteur  oublie  qu'avant  de  me  servir  des  réactifs  que  j'avais  pré- 
parés et  purifiés  pour  mes  études,  j'y  ai  recherché  l'arsenic  à  plusieurs 
reprises  en  évaporant  jusqu'à  fumées  blanches  un  mélange  de  3oos  d'acide 
nilricjiie  et  loo^  d'acide  sulfaritjue,  étendant  d'eau  le  résidu  et  faisant  subira 
la  totalité  de  cette  solitlion  le  traitement  complet  pour  la  recherche  de  l'arsenic 
par  r appareil  de  Marsh  (■').  C'est  aprĂšs  m'ĂȘtre  assurĂ©  par  deux  fois  que, 
dans  ces  conditions,  je  n'avais  aucun  anneau  que  j'ai  commencé  mes 
attaques  oit  j'employais  généralement  des  quantités  d'acides  beaucoup  plus 
faibles.  Je  m'étais  donc  demandé,  comme  il  le  suggÚre,  «  quelle  propor- 
tion de  l'arsenic  obtenu  revenait  à  l'organe  examiné  et  quelle  proportion 


(')  Il  paraßt  trÚs  variable  dans  la  chair  de  poisson.  Dans  une  expérience  que  je  n'ai 
pas  citée  dans  le  Tableau  ci-dessus,  j'ai  trouvé,  pour  loos  chair  de  grondin,  o^e.oÎy, 
résultat  extraordinaire  que  je  ne  donne  que  pour  mémoire. 

C^)  7"  série,  t.  XXVIII,  p.  342- 

(')   Voir  rUill.  Suc.  chini..  3-  série,  t.  XXMl,  p.  8/47. 


3oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ă©tait  (lue  Ă   l'emploi  des  rĂ©actifs  »;  celle-ci  Ă©tait  nulle  dans  les  conditions  oĂč 
je  me  plaçais. 

»  Si,  contrairement  à  ces  calculs  de  probabilité,  mes  réactifs  avaient 
introduit  l'arsenic  que  j'obtenais,  ils  l'auraient  introduit  dans  tous  les  cas. 
Or,  j'ai  trouvé  constamment  ce  métalloïde  dans  la  thyroïde,  le  thymus,  la 
peau,  les  poils,  les  cheveux,  les  cornes,  les  plimies,  les  os,  le  sang  mens- 
truel ;  je  ne  l'ai  pas  trouvé  dans  le  sang  ordinaire  ni  dans  les  autres  organes, 
oĂč  il  n'existe  pas,  ou  du  moins  oĂč  il  n'existe  qu'en  quantitĂ©  excessivement 
faible  comme  dans  les  muscles  de  mammifÚres.  Ces  centaines  d' expériences 
négatives  suffiraient  à  établir  la  pureté  des  réactifs  employés  (  '  ). 

»  J'ai  démontré  l'existence  de  l'arsenic  dans  [\i^  de  cheveux  et  de 
poils  (")  attaqués  par  6os  d'acide  nitrique  et  4^  d'acide  sulfurique  alors 
que4oo^  du  mélange  de  ces  deux  acides  n'en  donnait  pas  trace .  Dans  loo^de 
corne  de  bƓuf,  j'ai  trouvĂ©  oℱ^,o33  d'arsenic  ('),  M.  G.  Bertrand  en  trou- 
vait oℱ^,  5oo  (^).  Il  a  trouvĂ©  oℱ^,oi/i3  d'arsenic  au  minimum  dans  loo^de 
jauned'Ɠuf  (');  je  n'en  ai  trouvĂ©  que  o"^,  0004.  Tout  ceci  me  paraĂźt  dĂ©mon- 
trer que,  s'il  y  a  eu  introduction  d'arsenic,  ce  n'est  pas  dans  mes  expé- 
riences. 

»  Quant  au  choix  des  matériaux  d'études  sur  lesquels  il  insiste,  je  pense 
que  ma  démonstration  de  l'existence  de  l'arsenic  dans  la  peau  et  ses 
annexes,  le  cerveau,  la  thyroĂŻde,  le  thymus  des  animaux  terrestres,  alors 
que  tous  leurs  autres  organes  en  sont  à  peu  prÚs  dénués,  est  plus  convain- 
cante comme  preuve  de  la  présence  non  fortuite  de  l'arsenic  dans  l'éco- 
nomie que  l'observation  de  son  existence  chez  les  poissons  et  les  ĂȘtres 
inférieurs  marins  qui  vivent  et  se  nourrissent  au  sein  d'un  milieu  essen- 

(')  Toutefois,  je  m'empresse  de  reconnaßtre  que  mes  premiÚres  expériences  faites 
sur  la  glande  thyroïde  et  la  glande  mammaire,  m'ont  donné  des  résultats  beaucoup 
trop  élevés,  soit  que  l'hydrogÚne  sulfuré  que  j'employais  alors,  et  que  j'ignorais  d'abord 
contenir  de  l'arsenic,  en  ait  introduit  une  quantité  sensible,  soit  pour  toute  autre  cause 
qui  m'Ă©chappe.  J'ai  fait  moi-mĂȘme  toutes  les  expĂ©riences  de  mĂ©thode  et  de  contrĂŽle, 
j'ai  assisté  à  toutes  les  autres;  mais  l'on  comprend  que  les  détails  de  nombreuses  mani- 
pulations aient  dĂ»  ĂȘtre  confiĂ©s  Ă   des  tiers,  et  qu'il  ait  pu  se  glisser,  surtout  au  dĂ©but, 
quelque  manque  de  précaution  dont  ils  méconnaissaient  l'importance,  celle,  par 
exemple,  de  placer  un  tube  Ă   coton  Ă   la  suite  du  dernier  laveur  Ă   II-S  pour  arrĂȘter 
les  moindres  gouttelettes  d'un  liquide  pouvant  contenir  des  traces  d'arsenic. 

{')  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  1900,  p.  284. 

(')  Comptes  rendus,  t.  CXXX,  p.  286. 

(*)  Et  oℱ8,  020  dans  loo^  de  corne  de  bĂ©lier. 

(5)  Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  io84.  —TrouvĂ©  -^  de  milligramme  d'arsenic, 
en  moyenne,  en  un  seul  Ɠuf,  dont  la  moitiĂ©  au  moins,  dans  le  jaune  qui  pĂšse  de  i6sĂ   18'. 


SÉANCE   DU   3   AOUT    rpo';}.  3oi 

tiellement  arsenical.  Un  bƓuf  des  pñturages  de  Normandie  qui  possùde  de 
l'arsenic  dans  sa  peau,  ses  poils,  sa  glande  thyroĂŻde,  et  qui  n'en  a  qu'une 
quantité  infinitésimale  ou  nulle  dans  son  sang  et  ses  muscli's,  donne  une 
démonstration  autrement  frappante  de  la  présence  non  accidentelle  de  ce 
métalloïde  dans  les  tissus  que  si  l'on  vient  à  le  rencontrer  dans  une 
Ă©ponge,  une  holoturie  ou  mĂȘme  un  poisson,  animaux  vivant  en  pleine  eau 
de  mer  arsenicale  et  se  nourrissant  d'algues  riches  en  arsenic.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Transformation  des  aldĂ©hydes  et  des  cĂ©lones  en  alcools 
par  hydrogénation  cataly tique.  Note  de  MM.  Paul  Sabatier  et  J.-B. 
Senderens. 

«  Dans  plusieurs  Notes  antérieures  (^Comptes  rendus,  l.  CXXXVI, 
i"  sem.  1903,  p.  738,  921  et  983),  nous  avons  fait  connaĂźtre  que  l'emploi 
du  cuivre  réduit  permet  d'obtenir  facilement  par  catalyse  le  dédoublement 
régulier  des  alcools  primaires  ou  secondaires  en  aldéhydes  ou  cétones 
correspondantes  et  hydrogÚne  libre.  Le  nickel  récemment  réduit  est  d'un 
usage  beaucoup  moins  recommandable,  parce  que,  aux  températures 
mĂȘmes  oĂč  il  agit  sur  les  alcools,  il  exerce  dĂ©jĂ   sur  les  aldĂ©hydes  et  les 
célones  une  destruction  calalytique  assez  énergique. 

»  Au  contraire,  en  opérant  avec  du  nickel  réduit  à  des  températures 
plus  basses,  nous  avons  pu  appliquer  d'une  maniĂšre  trĂšs  avantageuse  notre 
méthode  générale  d'hydrogénation  directe  aux  aldéhydes  et  aux  cétones, 
qui  sont  ainsi  transformées  en  alcools  correspondants.  La  réaction  se  pro- 
duit déjà  à  température  1res  peu  élevée,  mais,  pour  la  poursuivre  pratique- 
ment et  conserver  au  métal  son  activité,  il  convient  de  maintenir  la  tempé- 
rature de  ce  dernier  un  peu  au-dessus  du  j)oint  d'Ă©bulUtion  de  l'alcool  qui 
est  engendré. 

»  Ainsi,  de  l'aldéhyde  élhylique  (bouillant  à  21°),  dont  les  vapeurs  étaient  entraß- 
nées par  l'hydrogÚne  sur  le  nickel  réduit,  a  loiirni  immédiatement  à  la  température 
ordinaire  une  réaction  intense,  manifestée  par  réchauffement  local  du  métal  et  par 
une  forte  diminution  du  volume  gazeux  :  aprÚ^  quelque  temps,  l'alcool  formé  demeu- 
rant en  partie  au  contact  du  nickel,  celui-ci  a  perdu  son  activité,  mais  l'a  recouvrée 
complÚtement  par  chauffe  au-dessus  de  80°,  et  dans  ces  conditions,  il  a  continué  indé- 
finiment à  produire  l'hydrogénation.  La  temjiéralure  de  i4o»  était  d'ailleurs  encore 
plus  favorable  Ă   la  transformation,  qui  s'acconqjlit  rapidement  sans  aucune  perturba- 
tion, ni  aucune  destruction.  Le  gaz  dégagé  est  de  l'hydrogÚne  pur.  Le  liquide  recueilli 
distille  à  partir  de  70°,  et  fournit  : 

I  volume,  passant  entre 70°  et  75° 

8  volumes       »  «       75°  et  78" 

C.  R.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  5.)  4o 


3o2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

>i  11  ne  resle  qu'une  queue  de  dislillalion,  extrÚmemenl  faible,  constituée  par  un 
peu  d'acétal.  On  voit  que  la  transformation  en  alcool  éthjlique  a  été  presque  totale  en 
une  seule  opération. 

»  AldĂ©hydes.  —  Les  vapeurs  de  mĂ©thanal,  produites  en  chauffant  dans  le  courant 
d'hydrogÚne  du  trioxyméthylÚne  solide,  ont  donné  lieu,  sur  le  nickel  maintenu  à  90°, 
à  une  transformation  réguliÚre  en  alcool  métlijlique,  qu'on  a  recueilli. 

»  Le  propanal  a  été  réguliÚrement  transformé,  à  i02°-i45"i  en  alcool  propjlique, 
sans  aucune  réaction  accessoire. 

»  Le  méthyl-'ß-propanal  (aldéhyde  isohutyrique)  a  fourni  facilement,  de  i35"à  160", 
l'alcool  isobutylique  (bouillant  à  107").  Ce  n'cal  qu'au-dessus  de  200"  qu'une  décom- 
position de  la  molécule  se  produit  d'une  maniÚre  appréciable. 

»  Le  mélhyl-2-butanaI-/)  (  aldéhyde  amylique),  qui  bout  à  gS",  est  transformé  régu- 
liĂšrement, Ă   i35"-i65",  en  alcool  amylique  ordinaire  (bouillant  Ă   \ii'',b),  sans  aucune 
destruction  ni  aucune  production  accessoire  appréciable. 

1)  CĂ©tones.  —  La  propanone  (acĂ©tone  ordinaire),  traitĂ©e  Ă   ii5"-i25",  donne  lieu  Ă  
une  transformation  trÚs  avancée  en  alcool  isopropylique,  sans  aucune  production  de 
pinacone.  Le  liquide  recueilli  est  formé  d'alcool  secondaire  avec  une  petite  proportion 
de  cĂ©tone,  qui  peut  ĂȘtre  aisĂ©ment  sĂ©parĂ©e  par  distillation  et  soumise  Ă   une  nouvelle 
hydrogénation. 

»  La  méthyléthylcétone,  ou  butanone  (l)ouillanlà  80", 6),  fournit  aisément  à  i3o° 
le  bulanol-2  (bouillant  Ă   99")>  sans  aucune  formation  accessoire. 

»  La  diélhylcétone,  ou  pentanone-3  (bouillant  à  102"),  donne  rapidement,  à  i3o"-i4o", 
le  pentanol-3  (bouillant  Ă   116"). 

»  La  méthylpropylcélone,  ou  pentanone-2  (bouillant  à  102"),  fournit  facilement, 
à  i3o°-i5o°,  le  pentanol-2  (bouillant  à  118"). 

»  La  mélhylisopropylcétone  ou  mÚthyl-2-pentanone-3  (bouillant  à  95°)  se  transforme 
rapidement  à  i3o°-i.")o°  en  métl]yl-2-pentanol-3  (bouillant  à  112", .3). 

i>  La  méthylbutylcétone  ou  hexanone-2  (bouillant  à  127")  fournit  aisément  à  i5o° 
rhexanol-2  (bouillant  à  i36°). 

))  Autres  mĂ©lau.r.  —  Le  cobalt  rĂ©duit  agit  Ă   la  maniĂšre  du  nickel,  mais  avec  une 
activitĂ©  moindre  :  ainsi,  avec  un  mĂȘme  appareil,  dans  des  conditions  identiques  de 
température,  de  vitesse  de  FliydrogÚne,  de  débit  du  liquide  à  hydrogéner,  nous  avons 
trouvé,  pour  la  butanone,  avec  le  nickel,  un  rendement  de  f  ;  avec  le  cobalt,  un  rende- 
ment un  peu  inférieur  à  \. 

))  Le  cuivre  rĂ©duit  peut  Ă©galement  ĂȘtre  utilisĂ©;  mais,  vi.^-Ă -vis  des  aldĂ©hydes,  il 
n'agit  guÚre  au-dessous  de  200"  et  ne  révÚle  une  activité  hydrogénante  réelle  qu'à  des 
tempĂ©ratures  oĂč  dĂ©jĂ   il  effectue  facilement  le  dĂ©doublement  de  l'alcool  en  aldĂ©hyde  et 
hydrogÚne,  ce  qui  limite  nécessairement  la  réaction.  Avec  l'aldéhyde  propyli(jue,  à 
‱200",  on  a  pu  atteindre  un  rendement  de  ^. 

»  Avec  les  cétones,  le  cuivre  agit  à  partir  de  températures  plus  basses,  mais  il  peut 
fournir  des  produits  d'hydrogénation  incomplÚte  :  nous  aurons  l'occasion  de  revenir 
sur  ce  sujet. 

))  La  mousse  de  platine  n'agit  que  trÚs  faiblement  et  ne  peut  pas  servir  à  réaliser 
])ratiquement  l'hydrogénation  des  aldéhydes  et  des  cétones. 


SÉANCE    DU    3    AOUT    H)o3.  3o'3 

))   En  résumé,  l'action  direcLe  de  l'hydrogÚne  en  présence  liu    nickel  ré- 
duit permet  de  transformer  trÚs  aisément  les  aldéhydes  et  les  cétones  for- 
mcniqiies  en  alcools  correspondants.  Cette  méthode  présente  sur  le    pro- 
cédé habituellement  suivi  (action  du  sodium  ou  de  l'amalgame  de  sodium 
en  présence  de  l'eau)  le  grand  avantage  de  ne  donner  aucun  produit  ac- 
cessoire, tel  que  les  pinacones,  et  de  fournir  du  premier  coup  un  rende- 
ment trÚs  élevé  en  alcool.  Les  propriétés  catalytiques  des  mitaux  permet- 
tent donc  d'effectuer  facilement  les  deux  réactions   inverses  :  le  cuivre 
réduit  réalise  commodément  la  scission  des  alcools  en  hydrogÚne  et  aldé- 
hy<les  ou  cétones;  au  contraire,  le  nickel,  en  présence  d'hydrogÚne  à  tem- 
pérature moins  haute,  transforme  ces  derniÚres  en  alcools.    » 


CORRESPONDANCE . 

ASTRONOMIE.    —    RĂ©sidu  des  perturbations  sĂ©culaires.   Note   de  M.   Jean 
Mascart,  présentée  par  M.  O.  Callandreau. 

«  AprÚs  les  perturbations  qui  ne  dépendent  que  de  l'élong.ition,  l'action 
de  Jupiter  sur  une  petite  planĂšte  se  manifeste  principalement  par  les  termes 
séculaires  du  premier  degré  par  rapport  à  l'excentricité,  et,  si  leur  carac- 
tĂšre sĂ©culaire  n'est  qu'apparent,  ces  termes  pourront  du  moins  ĂȘtre  utilisĂ©s 
pour  une  amplitude  trĂšs  suffisante  de  l'Ă©longation  9;  et,  connaissant  les 
coefficients  M,  on  est  conduit  Ă   calculer  ceux,  N,  qui  importent  dans  la 
perturbation  R  du  rayon  vecteur  de  la  planĂšte  au  Soleil.  Si  l'on  conserve 
les  notations  que  nous  avons  adoptées  (  '  ),  o;i  voit  que  tous  les  termes  en  N 
du  groupe  sont  donnés  par  les  termes  séculaires  de  S/>  et  Sy,  respec- 
tivement des  formes  B,q^  el  —  B|/?0;  par  l'intermĂ©diaire  des  (Quadratures 
./"(  —  HTW9  et  /(— GT)'/0,  ces  quantitĂ©s  proviennent  donc  de  l'une  des 
cinq  formes 

V  cos  kf)  4-  <V/  sin  /?-0,     ^.Pl±±ll,      Zp  cV/  sin  2  kh  +  VllzllZ!  cos  i/cO, 
^p^c/l^ps[n3Afi  -  }i(/cos-5kH]  +  '^=^  [Vcos3/cO  +  Sy sin3/tO], 


(')   Comptes  rendus,  i-  février  iqo2. 


3o4 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


N,.. 


4,206 

-26483.  IO-' 

9234.10-3 

— i4 190. 10-^ 

3734.10-' 

— 4245. 10-' 

8i5.io 

4,i56 

—  i3oii 

394' 

—  7o5o 

i558 

—2128 

325 

4 ,  100 

—  5885 

1721 

-  32S7 

587 

—  997 

ii3 

4,070 

—  3929 

920 

—   2  IJO 

334 

-  639 

5g^. 10 

3,969 

-  ,,67 

.93 

-     637 

59286.10-'- 

-   198 

64 

3,845 

-26753. 10-" 

25l2.IO-" 

—     i38 

3899 

—     4'2.IO-"' 

—     12 

3,802 

—  16004 

1146 

-81764.10-" 

438 

-     242 

—     12 

3,763 

—  I04l2 

548 

-52  585 

659 

—   i55 

—     10 

3,700 

-  4  968 

120 

— 24400 

967 

—7398.10-'= 

—   689.10- 

3,63. 

—    2  562 

—  i65.io-'= 

—  12382 

-- 

83o 

—3  552 

—  423 

3,582 

—  i526 

-  378 

-  7247 

-.. 

620 

— 2o58 

-   281 

3 , 5 1 5 

_  781 

—  370 

-  3596 

— 

395 

—  1007 

—   162 

3,472 

-     5o5 

—  326 

—  2  3o4 

— 

284 

-  638 

—   1 10 

3,442 

-     376 

-   283 

—  1698 

- 

226 

-  468 

-     86 

3,42. 

—     3o3 

—  249 

—  1 355 

— 

189 

-  071 

—     70 

3,277 

-  7476.10-" 

—   93q.io-" 

—     3i6 

— 

57 

-  835. 10-" 

—   190.10- 

3, .^7 

-2173 

-   349 

—87  263.1  o-'5 

— 

18697.10-'* 

—  222 

-     58 

*,'29 

-  1842 

-   3o5 

-734I0 

— 

16041 

-    186 

-     49 

3,106 

—  i483 

-  253 

— 5858i 

— 

l3lI2 

-   .48 

-     40 

3,075 

—    I  io4 

-    '97 

— 43oi8 

— 

994' 

—    107 

-     3o 

3,029 

—     7'7 

-    i35 

— 27406 

— 

66i3 

-6751.10-'= 

—  1  923  .  10" 

2,997 

-     534 

-   io5 

—20167 

— 

5  004 

— 4920 

-'434 

2,936 

-     363 

-     72 

—  13472 

— 

3317 

-3  255 

-  975 

2,922 

—     263 

-     56 

—  9583 

— 

2  553 

-  -2  295 

—  704 

2,901 

-        223 

-     45 

—  8006 

— 

2017 

—  2024 

-  537 

2,879 

_     176 

-     39 

-  63i9 

— 

1721 

-i485 

-  467 

2,824 

—     106 

-     24 

-  3687 

— 

1043 

—   85 1 

—  276 

2,771 

—  644i.io-'^ 

— I 564.1 0-" 

—    2203 

— 

644 

—   5oo 

—  168 

2,751 

-  5333 

~  i3i5 

—    1806 

— 

535 

—  407 

-   '37 

3,733 

-  4584 

-1  1 13 

-  i552 

— 

447 

—  355 

—   112 

2,705 

—  3  458 

-  882 

-  ..47 

— 

349 

-   254 

-     88 

2,673 

—  2571 

-  671 

-     84i 

— 

260 

-   i84 

-     65 

2,65o 

-  2066 

-  546 

-     670 

— 

209 

-    i46 

—     5i 

2,618 

-  i534 

-  4" 

-     489 

— 

i5ĂŽ 

—   io5 

-     33 

2,598 

-    1232 

-  337 

—     385 

— 

"4 

-8210. 10-" 

—2970.10- 

2,583 

—  I  ii5 

--    3oo 

—     352 

— 

IIO 

-7638 

—.596 

2,572 

—     995 

—   276 

-     3ii 

— 

lOI 

-6568 

—2401 

2,5oo 

—       502 

-    -49 

-     i5i 

— 

52 

-3  i63 

—  1  iSq 

2,433 

—       234 

-     79 

—      770.  lo-"" 

— 

267.io-'6 

-.544 

-   595 

2,424 

-  244 

-     72 

-   701 

— 

246 

—  1402 

-    542 

2,4l2 

-       2l5 

-     65 

—     620 

— 

217 

-1233 

-   478 

2,395 

-  ,78 

-     54 

—     5ii 

— 

iSo 

— 1009 

-    394 

2,371 

—    143 

-     43 

—     405 

— 

i39 

-  790 

-    291 

2,353 

—       I2l 

-     38 

-      340 

— 

122 

-  656 

—    209 

2,33i 

—     975.I0-18 

-   3o7.io-'« 

-      271 

— 

100 

—     521 

—    208 

2,3oo 

—     722 

-     2  30 

-     '97 

— 

72 

—   375 

-   i5i 

2,256 

-     467 

-    i65 

-        125 

— 

46 

—  233 

-     95 

2,2l4 

-     3o8 

—    102 

-       80 

— 

3o 

-   -47 

-     61 

2,187 

—     235 

-     78 

—      61 

— 

23 

—     IIO 

-     46 

2 , 1 55 

-     167 

-     57 

-      43 

— 

16 

-     76 

-        32 

2,i36 

-     '37 

-     48 

-       34 

— 

i3 

—     62 

-     26 

2,123 

-        123 

-    4' 

—      3i 

— 

12 

-     54 

-       23 

2,108 

—     io3 

-     35 

-       76 

- 

10 

-     45 

—    18 

SÉANCE  DU  3  AOUT  1903.  3o5 

»  Les  propriétés  caractéristiques  des  coefficients  N  correspondants  sont 
les  suivantes  :  ils  sont  en  gĂ©nĂ©ral  supĂ©rieurs  aux  coefficients  M  de  mĂȘme 
ordre,  pour  les  petites  valeurs  de  l'indice,  et  au  bord  de  l'anneau  voisin  de 
Jupiter;  mais  il  faut  tenir  compte  de  ce  qu'ils  sont  multipliés  par  l'excen- 
tricité; ils  décroissent  plus  vite  que  les  M,  en  revanche,  soit  pour  n  crois- 
sant, soit  pour  a  décroissant. 

»  Ces  termes  prĂ©sentent  les  mĂȘmes  applications  que  les  termes  en  M 
dans  les  questions  qui  touchent  aux  calculs  d'orbites,  et  il  importe  parti- 
culiĂšrement d'en  tenir  compte  dans  les  cas  suivants  : 

»    i"  Le  calcul  d'une  orbite  avec  de  peu  nombreuses  observations; 

))   2°  La  correction  d'un  éphéméride  dans  le  cas  d'une  forte  excentricité  ; 

»  3°  La  correction  d'un  éphéméride  quand  la  planÚte  n'a  pas  été 
observée  pendant  une  ou  plusieurs  oppositions  intermédiaires. 

')  Par  une  interpolation  Ă   vue  les  chiffres  que  nous  donnons  suffisent 
dans  l'appréciation  des  parties  principales  de  ces  diverses  erreurs;  pour 
connaßtre  plus  rigoureusement  encore  le  mouvement  de  l'astre  troublé,  il 
faudrait  également  calculer  les  termes  périodiques  des  divers  ordres  par 
rapporta  l'excentricité,  et  ceux  qui  dépendent  de  l'écart  (a)  avec  une 
relation  de  commensurabilité,  termes  qui  fourniraient  une  interpolation 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.    —    Sur  les  fonctions  quasi-pĂ©riodiques.  Note  de 
M.  EscLANGON,  présentée  par  M.  P.  Painlevé. 

«  Dans  une  Note  parue  aux  Comptes  rendus  en  novembre  dernier  (') 
j'avais  indiqué  une  extension  de  la  notion  de  périodicité  en  étudiant  une 
classe  de  fonctions  que  j'ai  appelées  quasi-périodiques  et  qui  jouissent  de 
certaines  propriétés  analogues  à  la  périodicité. 

»  Par  une  lettre  datée  de  Riga  et  adressée  par  M.  P.  Bohl  à  M.  Pain- 
levé,  j'ai  appris  que  cette  conception  n'est  pas  nouvelle.  M.  Bohl  y  avait 
été  amené  avant  moi  en  se  posant  le  problÚme  suivant,  qu'il  traite  dans 
sa  ThÚse  et  dans  un  trÚs  intéressant  Mémoire  publié  en  russe,  intitulé  : 
Sur  la  représentation  des  fonctions  d'une  variable  par  des  séries  trigonomé- 

(  '  )  EscLANGON,  Sur  une  extension  de  la  notion  de  périodicité  (  Comptes  rendus. 
l.  CXXXV,  i[\  novembre  1902). 


3o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

triques  avec  plusieurs  argumenls  proportionnels,  Dorpat,  i8g'3.  Voici  le  pro- 
blÚme résolu  par  iM.  Bohl  : 

n   A  quelles  conditions  une  fonction  t(  ()  définie  pour  toutes  les  valeurs 
réelles  de  t  est-elle  développable  en  série  uniformément  convergente 

(l)  U,  -\-  U.,-i-  ...   -j-  U^~h   ... 

dans  laquelle  u.,  est  un  polynĂŽme  entier  en 

sin  2  7:  —  cos  2-7:  —  (a  =  i ,  2.  ...  ,ot)? 
On  peut  toujours  supposer,  bien  entendu,  qu'entre  les  nombres 


n'existe  aucune  relation  linĂ©aire  homogĂšne  Ă   coefficients  entiers,  le  cas  oĂč 
il  n'en  est  pas  ainsi  se  ramenant  exactement  Ă   ce  dernier.  M.  Bohl  trouve 
comme  condition  nĂ©cessaire  et  suffisante  celle-ci  :  |  /('-t-"^)— ./(')j  tloit  ĂȘtre 

infiniment  petit  lorsque  7^'  —  '  ‱‱■'  7—  diffùrent  infiniment  peu  de  nombres 

entiers. 

»  A  la  forme  de  la  définition  prÚs,  les  fonctions  '\i(t)  ainsi  obtenues  sont 
les  fonctions  que  j'ai  appelées  quasi-périodiques.  J'ignorais  entiÚrement  ces 
recherches  de  M.  Bohl  ;  je  tiens  à  lui  restituer  la  priorité  qui  lui  est  due, 

X  Poursuivant  un  but  un  peu  différent  de  celui  de  M.  Bohl  j'ai  été  amené 
Ă   Ă©tudier  l'ensemble  des  pĂ©riodes  oc  qui,  vis-Ă -vis  d'une  mĂȘme  fonction 
quasi-pĂ©riodique/(a-),  peuvent  jouer  le  rĂŽle  attribuĂ©  Ă   a,,  a^,  .  .  .,  a,„,  et 
j'ai  été  conduit  ainsi  à  définir  exactement  Vordre  périodi'pie  et  le  corps  des 
périodes  attachés  à  la  fonction  f(x).  Relativomenl  à  l'ordre  de  périodicité, 
j'ai  établi  quelques  résultats  sur  les  fonctions  de  fonctions  simplement 
périodiques,  notamment  le  théorÚme  suivant  : 

))  Soit  F(Uf,u,,...,  u^,)  une  fonction  des  variables  m,,  w^,  . .  . ,  «^,,  qui n  est 
constante  par  rapport  à  aucune  de  ces  variables.  Si  l'on  remplace  u,,  u^.  ■ . .,  u^ 
par  les  fonctions  périodiques  non  constantes  u,(x'),  u.,(a-),  ....  Uj,(.x)  dont 
les  périodes  respectives  a,,  a^,  . . .,  ap  sont  indépendantes,  la  Jonction  quasi - 
périodique 

/(a;)  =  F[//,(a;),  u.,{x) Up{x)] 

est  exactement  d  ordre  p. 


SÉANCE  DU  3  AOUT  igoS.  3o7 

»  J'ai  étudié  ensuite  les  développements  en  série  des  fonctions  quasi- 
périodiques  en  recherchant  surtout  des  développements  caractéristiques 
uniques  pour  chaque  fonction.  Outre  le  développement  (i)  qui  sert  de 
définition  à  M.  Bohl,  mais  qui  n'est  pas  unique,  il  est  clair  qu'on  peut, 
sous  certaines  conditions  analogues  aux  conditions  dites  de  Dirichlet,  dévt_- 
lopper  une  fonction  quasi-périodique/(a-)  en  série  de  la  forme 


COS-IT.X  [  — ■+...-] 

a, 


■      m.,.  ...,„  sin27Ta;    --    '  '       ' 


a 


développement  unique  et  uniformément  convergent  si/(.x)  est  continu,  et 
si  «,,  «j,  . .  .,  ttj,  constituent  une  base  minimum  de  périodes. 

»  Enfui,  sous  d'autres  conditions  en  général  remplies,  j'établis  qu'une 
fonction  quasi-[)ériodique  est  développable  en  une  série  uniformément 
convergente 

dans  laquelle  le  terme  général  Sa  (a;)  est  une  fonction  simplement  pério- 
dique. Les  ])ériodes  correspondant  aux:  divers  termes  de  la  :iérie  sont 
incommensurables  deux  à  deux  et  appartiennent  au  corps  des  périodes. 
De  plus,  ce  développement,  s'il  est  possible,  ne  l'est  que  d'une  maniÚre, 
et  enfin  une  fonction  quasi-périodique  continue  quelconque  peut  toujours 
ĂȘtre  reprĂ©sentĂ©e  avec  une  approximation  donnĂ©e  e  par  une  sĂ©rie  de  cette 
forme. 

»  Les  termes  Sa(icj  peuvent  Úlre  calculés  de  plusieurs  maniÚres,  dont 
l'une  est  basĂ©e  sur  cette  propriĂ©tĂ©  trĂšs  importante  que,  si  /('■)  est  une 
fonction  quasi-périodique,  la  cjuantité 

J,  \J{^)  ^  A^'  -I-  ^0  +‱‱  --^/[-^  H-  («  -  y)h]  I 

a  une  linule  pour  ti  luliui,  et  ceia  quels  que  soient  x  et  h.  Celte  limite  est 
une  constante  si  h  est  extérieur  au  corps  des  périodes.  Celte  jiropriété 
paraĂźt  d'ailleurs  caractĂ©ristique,  mais  s'applique  au  cas  plus  gĂ©nĂ©ral  oĂč 
l'ordre  de  périodicité  est  infini.  Elle  est  susceptible  d'une  application 
curieuse,  en  permettant  de  donner  aux  moyennes  calculées  dans  les  obset- 
A'ations  météorologiques  une  interprétation  précise.    « 


3o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  fondions  de  n  variables  reprĂ©sentĂ©es  par 
des  séries  de  polynÎmes  homogÚnes.  Note  de  M.  H.  Dulac,  présentée  par 
M.  P.  Painlevé. 

«  La  théorie  des  séries  de  Taylor  et  de  Mac-Laurin  à  plusieurs  variables 
présente,  dÚs  ses  débuts,  une  importante  lacune  qui  a  été  signalée  par  plu- 
sieurs mathématiciens  (').  Pour  nous  borner  au  cas  de  deux  variables,  soit 

(i)      „{x,y)=     2^f,Xx,y)=    2Ă ^a„^,,x"  +  a„_,^,x"-' y  + ...+ a„_„y") 

une  série  de  polynÎmes  homogÚnes.  Dans  les  théories  classiques,  on  sépare 
chaque  terme  yj,  en  ses  éléments  et  l'on  considÚre  la  série  double  : 

(2)  ^ap,,xPy'^. 

Si  cette  sĂ©rie  (2)  converge  absolument  pour  x  =  a;„,  y  =--  y^,  elle  converge 
absolument  dans  le  domaine  |  ic  }  <  |  a:-„  |,  |  J'  |  <C  y^,  et  reprĂ©sente,  dans  ce 
domaine,  une  fonction  analytique  et  holomorphe  de  x,  y.  D'oĂč  une  suite 
de  conséquences  classiques. 

»  Mais  si  on  laisse  intacts  les  termes  de  la  série  (i),  que  peut-on  dire  sur 
la  convergence  d'une  telle  série  et  sur  la  fonction  qu'elle  représente?  En 
|)articulier,  si  une  série  (^i)  converge  uniformément  pour  toutes  les  valeurs  réelles 
de  x,  y  suffisamment  petites,  converge-t-elle  pour  les  valeurs  imaginaires  et 
représente-t-elle  une  fonction  analytique  de  x,  y,  holomorphe  pour  x  =  o, 

7  =  o?(^).  ..,..■ 

»   L'aifirmative  paraissait  trÚs  probable;   mais  il  n'en   existait  pas   de 


(')  Voir  une  iVote  de  M.  l^ainlevé  {Comptes  rendus,  2"  semestre  1899,  p.  27). 

(-)  En  dehors  de  son  intĂ©rĂȘt  gĂ©nĂ©ral,  la  question  se  pose  dans  des  applications  ira- 
porlaules.  Par  exemple,  dans  sa  discussion  des  équations  diflérentielles  du  premier 
ordre  (théorie  des  centres),  M.  Poincaré  établit  la  convergence  uniforme  d'une  certaine 
série  (i)  pour  ic,  y  réels  et  petits.  Mais  la  fonclion  F(x,  j)  ainsi  représentée  est-elle 
sĂźirement  holomorphe  pour  x  =  o,  y=:o?  C'est  un  point  de  rigueur  qui  restait  Ă  
trancher.  En  réalité,  la  démonstration  citée  de  M.  Poincaré  établit  la  convergence 
dans  un  domaine  D  bien  plus  étendu  que  le  domaine  réel  voisin  de  l'origine,  mais  ce 
domaine  D  ne  comprend  pas  l'ensemble  des  valeurs  complexes  de  x  et  de  y  voisines 
de  zéro. 


SÉANCE   DU    3   AOUT    igoS.  3o9 

démonstration  rigoureuse.  J'ai  pu  établir  cette  démonstration  :  une  série 
dont  les  termes  sont  des  polynĂŽmes  homogĂšnes,  Ă   un  nombre  quelconque  de 
variables,  définit  une  fonction  holomorphe  dans  le  voisinage  de  V origine,  à 
condition  que  cette  série  soit  uniformément  convergente  dans  le  domaine  D 
formé  par  l'ensemble  des  valeurs  des  variables  réelles  et  voisines  de  zéro.  Ce 
thĂ©orĂšme  reste  vrai,  mĂȘme  en  supposant  le  domaine  D  bien  moins  Ă©tendu. 
Par  exemple,  la  série  (i)  définit  une  fonction  holomorphe  pour  x  =  y  ^  o, 
si  cette  série  (i  )  converge  uniformément  pour  x  et  y  coordonnées  des  dif- 
férents points  d'un  arc  de  courbe  (autre  qu'une  droite  passantpar  l'origine) 
tracé  dans  le  plan  réel  xoy. 

»  Lkmme.  —  Si  un  polynĂŽme  f(^x^,  x.,,  ...,x^)  homogĂšne  ou  non,  de 
degré  au  plus  égal  à  npar  rapport  à  chacune  des  variables,  reste  inférieur  en 
module  Ă   un  nombre  M,  lorsque  les  aj/ixes  des  variables  x^,  x.,,  .  ..,  x^  occu- 
pent, chacune  dans  son  plan,  toutes  les  positions  possibles,  respectivement  sur 
des  arcs  de  courbe  C,,  C,,  .  .  .,  C^,  les  coefficients  du  polynÎme  sont  inférieurs 
en  module  à  MX";  \  ne  dépend  ni  des  coefficients  du  polynÎme,  ni  de  son 
degré,  et  ne  dépend  que  des  arcs  C,,  C.>,  .  .  .,  C^  considérés. 

»  Avant  d'établir  le  cas  général,  je  considÚre  les  deux  cas  particuliers 
suivants  :  i°  un  polynÎme /(a?),  de  degré  n,  reste  inférieur  en  module 
à  M,  lorsque  x  est  réel  et  varie  entre  o  et  i  ;  2°  le  module  def{x)  reste 
inférieur  à  M,  quand  x  décrit  un  arc  de  courbe  C. 

»  ThĂ©orĂšme.  —  La  sĂ©rie  F  =;  lf(x^ ,  x.^, . . .,  x^),  dont  les  termes  sont  des 
polynÎmes  homogÚnes  de  degré  égal  à  l'indice,  définit  une  fonction  holomorphe 
pour  x^^  x,^...^=  x,j^=  o,  sila  série  F  est  uniformément  convergente  lorsque, 
x^  ayant  une  valeur  fixe,  les  ajfxes  de  x^,  x.^,  . . .,  a'^  ,  occupent,  chacune 
dans  son  plan,  toutes  les  positions  possibles  respectivement  sur  des  arcs  de 
courbe  Ci,  C2,  .-.,  Cq-t-    » 

ANALYSE   MATHÉMATIQUE.    —    Sur  les  intĂ©grales   de   S.   Lie. 
Note  de  M.  N.  Saltykow,  présentée  par  M.  Appell. 

«  Les  considérations  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  con- 
cernent les  critiques  sur  les  intégrales  de  S.  Lie.  Soient  les  2«  -H  i  variables 
X,,  X.,,  .  . .,  x„,  z,  Pi,  p.-,,  ...,/?„  vĂ©rifiant  la  relation  diffĂ©rentielle 

(  I)  dz  =p,dXi-i-  p.,  dx.;,  +  .  ..+  pn  dx,„ 

liées  par  une  équation 

(2)  F(x,,x.,,  ...,x,„z,p,,p., ,p,,)  —  o, 

c.  R  ,  1903,  2*  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  5.)  4' 


3lO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  dĂ©rivĂ©e  -—  ne  s'anniilant  |)as.  S.  LieHĂ©finit  l'intĂ©grale  de  l'Ă©quation  (2). 

comme  un  systÚme  des  «  +  i  équations  identifiant  les  égalités  (i)  et  (2). 
L'intégrale  contenant  n  constantes  arbitraires,  dont  l'élimination  des  équa- 
tions la  représentant  ne  donne  que  l'équation  (2),  est  dite  son  intégrale 
complÚte.  Par  conséquent,  d'aprÚs  S.  Lie,  le  systÚme 


(3) 


5  =  (p  (a?, ,  a-,,  ....  a;„_y,  />, 

.  h,.  . 

...h„) 

oc„^,i^i  =  (p,-(a:', ,  .r.,  ....  .:r„_^,  h,. 

,  />,.  . 

■  .J>.,) 

(«  =  I.  2,  . 

...y). 

P^  —  dx,       Zà  àx,  P"-1-'' 

(/t=I,2,    . 

.  .,  n  — 

?). 

/>,,  b.^,  . . .,  b^  étant  n  constantes  arbitraires,  représente  une  intégrale  com- 
plĂšte que  nous  dirons  de  classe  q.  Les  n  Ă©quations  quelconques  du  sys- 
tĂšme (3)  Ă©tant  rĂ©solubles  par  rapport  Ă   />,,  b.^,  ....  b„,  il  suffit  de  supposer, 
par  exemple,  que  le  déterminant  fonctionnel 


D 


?>  ?1.  ?S^    ‱  ■  ‱)  ??.  '^2.4'3.    ‱  ■  ‱■  '>«-? 


*i,  ^'2,  ■  ■  -1  *?+n  ^ü+2, 

est  distinct  de  zéro,  en  y  désignant 


»   Par  consĂ©quent,  l'intĂ©grale  (3)  peut  ĂȘtre  mise  sous  la  forme  implicite 
suivante  : 

(F(a',,.r, x„,z,p,,p.„...,p,,)  =  o 

(4)       „   .  _  N_/  {r=U'i,  ...,  n). 

»   Comme  l'intégrale  étudiée  est  de  classe  q,  il  est  nécessaire  que  le  déter- 
minant fonctionnel 


s'annule  identiquement,  ainsi  que  tous  ses  mineurs  depuis  le  premier  ordre 
jusqu'Ă   l'ordre  q  inclusivement.  De  plus,  le  systĂšme  (3)  Ă©tant  complet,  il 
s'ensuit  que  les  Ă©quations  (4)  forment  aussi  un  systĂšme  complet.  Ces  deux 
derniÚres  propriétés  des  équations  (4)  sont  non  seulement  nécessaires, 
mais  aussi  suffisantes  pour  définir  une  intégrale  complÚte  de  classe  q. 
)i   II  en  résulte,  en  écrivant  l'équation  (2)  sous  la  forme  suivante 

(5)  /'i  ■+-  ^'^{oc,\x.,....x,„z,p.;„p^ /;„■)  =  G, 


SÉANCE    DU    3    AOUT    igoS.  3ll 

quelesfonctionsFj.F,,...,  F„  sont  les  intĂ©grales  de  l'Ă©quation  linĂ©aire  aux 
dérivées  partielles  d'une  fonctiony" 

i^._H^  +  [n,/]  =  o. 

OU  Lien  les  n  —  y  derniĂšres  Ă©quations  (4)  sont  les  intĂ©grales  du  systĂšme 
canonique  généralisé,  correspondant  à  l'éqnation  (.5). 

»  Il  y  a  donc  une  analogie  entre  les  problÚmes  de  Jacobi,  pour  la 
recherclip  des  intégrales  complÚtes  de  Lagrange  et  de  S.  Lie  concernant 
ses  intégrales.  Or,  les  intégrales  de  Lagrange  existent  dans  un  certain 
domaine.  Quant  aux  intégrales  complÚtes  de  S.  Lie,  elles  n'existent  que 
pour  des  Ă©quations  d'une  forme  toute  particuliĂšre  ('). 

»  Par  exemple  :  Pour  admettre  une  intĂ©grale  complĂšte  de  classe  /i  —  i, 
l'Ă©quation  {  2)  doit  ĂȘtre  linĂ©aire  par  rapport  Ă   p,,  p.,,  ...,  p^ou  indĂ©pendante 
de  ces  derniÚres  variables;  pour  avoir  une  intégrale  complÚte  de  classe  n, 
l'Ă©quation  (2)  doit  ĂȘtre  indĂ©pendante  de  toutes  les  variables  p. 

»  Eniin, pour  admettre  une  intégrale  de  classe  q,  l'équation  (2)  doit  satis- 
faire Ă   la  condition  que  les  n  —  q  Ă©quations  (\)  quelconques,  la  premiĂšre  y 
comprise,  Ă©tant  rĂ©solues  par  rapport  Ă p,,  p^,  ...,p„-g,  deviennent  linĂ©aires  pur 
rapport  Ă   toutes  les  variables  p. 

Il  Le  fait  constaté  introduit  un  désaccord  dans  les  considérations  tradi- 
tionnelles sur  la  généralité  des  notions  de  S.  Lie.  Car  ce  n'est  que  pour 
des  équations  exceptionnelles  qu'il  y  a  à  considérer,  outre  les  intégrales 
complĂštes  classiques,  encore  celles  de  S.  Lie.  De  plus,  il  y  a  encore  Ă   noter 
que,  en  liant  les  variables  x,,  a:^,  . . .,  .»„  par  des  relations,  on  modifie  le 
caractÚre  primitif  des  équations  aux  dérivées  partielles,  en  leur  substituant 
de  nouvelles  relations  obtenues  par  S.  Lie,  comme  résultat  de  certaines 
Ă©liminations. 

»  Cependant,  on  lie  intimement  les  recherches  de  S.  Lie  à  la  théorie  des 
équations  aux  dérivées  partielles.  Or,  aprÚs  tout,  ce  point  exige  bien  des 
réserves.  Une  intégrale  complÚte  de  S.  Lie  étant  un  systÚme  des  intégrales 
des  équations  canoniques,  on  conçoit  manifestement  que  i'éminent  géo- 
mÚtre ne  traite,  en  réalité,  que  de  la  théorie  des  équations  canoniques.  En 
effet,  toutes  ses  méthodes  d'intégration  ne  cherchent  qu'à  associer  les  inté- 


(')  Gel  érainenl  géomÚlie  s'en  est  occupé  en  1898  dans  son  Méaioiie  :  Uebr 
Beruhrungslransforinationen  und  Diffeienlialgleichungen  {DericItLc  u.  cl.  v.  d. 
/c.  s.  Gesel.  der  ]\  is.,  Leipzig). 


3 12  ACADÉMIE    DES    SCIENCES: 

grales  des  équations  canoniques  de  façon  à  en  tirer  n  -h  i  équations  for- 
mant un  systÚme  complet,  sans  se  soucier  d'ailleurs  s'il  détermine  une  in- 
tégrale complÚte  de  Lagrange  ou  bien  celle  de  S.  Lie.  Quant  à  la  théorie 
des  équations  aux  dérivées  partielles,  son  point  le  plus  délicat  consiste  à 
former  un  systĂšme  complet  de  n  -h  i  Ă©quations,  de  la  maniĂšre  que  les  va- 
leurs/),, p^,  ...,p„  prĂ©sentent  prĂ©cisĂ©ment  les  dĂ©rivĂ©es  partielles  du  pre- 
mier ordre  de  la  fonction  z  par  rapport  Ă   x^,  x.^,  .  ,.,  x^,  ce  qui  n'arrive 
que  si  notre  systÚme  complet  est  résoluble  par  rapport  à  s  et  à  toutes  les/?. 
Donc,  pour  tirer  des  recherches  de  S.  Lie  une  conséquence  relative  aux 
équations  aux  dérivées  partielles,  des  considérations  complémentaires  sont 
indispensables,  concernant  les  relations  entre  les  intégrales  des  équations 
canoniques  et  celles  des  équations  aux  dérivées  partielles.    » 


OPTIQUE.  —   Sur  les  changements  de  phase  par  rĂ©flexion  normale  dans  le 
quartz  sur  l'argent.  Note  de  MM.  J.  Macé  de  Lépinay  et  H.  Buissox. 

«  Les  résultats  qui  font  l'objet  de  cette  Note  ont  été  obtenus  au  cours 
de  recherches  préliminaires  sur  l'application,  à  la  mesure  des  grandes 
épaisseurs,  de  la  méthode  que  nous  avons  eu  l'honneur  de  communiquer 
antérieurement  à  l'Académie  (  '  ). 

»  Pour  cette  mesure,  on  observe  les  anneaux  des  lames  épaisses  à  faces 
parallÚles  (Lummer-Michelson),  soit  en  lumiÚre  réfléchie,  soit  en  lumiÚre 
transmise.  Dans  ce  dernier  cas,  les  deux  faces  de  la  lame  doivent  ĂȘtre  fai- 
blement argentées  (Boulouch,  Fabry  et  Pérot).  Lorsque  l'épaisseur  de  la 
lame  s'accroĂźt,  cette  derniĂšre  disposition  s'impose  de  plus  en  plus. 

»  En  lumiÚre  réfléchie,  les  divers  systÚmes  d'anneaux  dus  à  la  radiation 
principale  et  Ă   ses  satellites  s'enchevĂȘtrent  d'autant  plus  que  l'Ă©paisseur 
de  la  lame  est  plus  grande.  En  lumiĂšre  transmise,  chaque  anneau  brillant 
étant  trÚs  étroit,  ces  divers  systÚmes  se  séparent  et  il  devient  possible  de 
faire  porter  la  mesure  exclusivement  sur  la  radiation  principale. 

»  Mais  alors  se  présente  une  difficulté.  Des  deux  faisceaux  interférents, 
l'un  a  traversé  directement  la  lame,  l'autre  s'est  réfléchi  deux  fois  dans 
l'intérieur  de  la  lame  sur  l'argent.  Or,  chacune  de  ces  réflexions  sous  inci- 
dence normale  est  accompagnée  d'un  changement  de  phase,  par  rapport  à 
la  réflexion  sur  l'air,  qui  modifie  l'ordre  d'interférence.  Il  importe  donc 
d'en  connaĂźtre  la  valeur. 

(')   Comptes  rendus,  l.  CXXXV,  p.  2S!3. 


SÉANCE  DU  3  AOUT  ipoS.  3l3 

»  A  ce  sujet,  nous  ne  pouvions  considérer  comme  suffisants  les  résultats 
des  expériences  de  Wernicke  (')  et  de  Kath  (^). 

»  Le  dispositif  mĂȘme  des  mesures  d'Ă©paisseur  nous  a  permis  d'Ă©valuer 
ce  changement  de  phase.  Nos  expériences  ont  porté  exclusivement  sur  le 
quartz. 

»  Dans  une  premiÚre  méthode,  la  lame  étudiée  (^)  est  argentée  simultanément  sur 
les  deux  faces,  à  mi-hauteur  seulement.  Elle  est  recouverte  d'un  écran  percé  de  deux 
petites  ouvertures  :  l'une.  A,  en  face  de  la  partie  argentée  ;  l'autre,  B,  en  face  de  la  partie 
découverte.  tJne  image  monochroniatique  de  la  source  de  lumiÚre  (  tube  de  Michelson) 
tombe  sur  l'ouverture  B.  On  mesure  en  lumiĂšre  rĂ©flĂ©chie  le  diamĂštre  d„  du  premier 
anneau  sombre.  Déplaçant  la  lame,  de  maniÚre  à  substituer  l'ouverture  A  à  B,  on 
mesure  en  lumiĂšre  transmise  le  diamĂštre  c/,  du  premier  anneau  brillant. 

»  On  en  dĂ©duit  les  ordres  d'interfĂ©rence  au  centre,  p„  -+-  hdl  dans  le  premier  cas  et 
^2  -+-  lid\  dans  le  second,  /?„  et/?,  Ă©tant  des  nombres  entiers,  dont  l'un  au  moins  est 
inconnu,  et  h  un  coefficient  connu. 

»  A  part  une  petite  correction,  correspondant  à  la  différence  des  épaisseurs 
en  A  et  en  B,  l'accroissement  d'ordre  d'interférence  dû  aux  deux  réflexions  quartz- 
argent  est  donné  par 

P-.  —Po  +  ft  {d\  —d-;)  =  qi  +  Î2 

7-2  Ă©tant  entier  et  z^  fractionnaire. 

»  Ce  nombre  mesure  le  retard  de  phase,  évalué  en  période,  produit  par  la  double 
réflexion. 

»  Dans  une  seconde  méthode,  la  région  A  n'est  argentée  que  sur  l'une  des  faces, 
celle  qui  est  opposée  à  la  source,  et  l'on  mesure  les  diamÚtres  des  anneaux  sombres 
réfléchis,  c?,  en  A  et  d^  en  B.  A  part  la  correction  des  différences  d'épaisseur,  le  retard 
de  phase,  produit  cette  fois  par  une  seule  réflexion,  est 

u  De  ces  deux  méthodes,  la  premiÚre  s'impose  dans  le  cas  des  fortes  argentures  ;  la 
seconde,  dans  le  cas  des  faibles  argentures.  On  réalise  ainsi,  chaque  fois,  les  meil- 
leures conditions  de  visibilité  des  anneaux. 

»  Pour  les  argentures  moyennes,  les  deux  mĂ©thodes  ont  pu  ĂȘtre 
employées  simultanément,  et  nous  ont  donné  un  contrÎle  et  un  renseigne- 
ment précieux,  nous  permettant  de  déduire  l'effet  d'une  seule  argenture  de 
celui  d'une  argenture  double,  donné  par  la  premiÚre  méthode. 

»   Nous  pouvons  ainsi  réunir  l'ensemble  de  toutes  nos  déterminations 


(')  Wernicke,  Wied.  Ann.,  t.  LI,  p.  448  et  I.  LU,  p.5i5;  1894. 
C)  Kath,  Wied.  Ann.,  t.  LXII,  1897,  p.  SaS. 

{')  La  lame  a   i"^"'  d'Ă©paisseur.  J^es   satellites  de  la  raie  princi[iale    n'interviennent 
alors  pas. 


3l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  un  Tableau  unique,  s'Ă©tendanl  depuis  les  argentures  extrĂȘmement 
faibles  jusqu'Ă   celles  qui  sont  presque  opaques. 

Épaisseur  d'argent 

enitji(')-  'Ăź-  V.  B('). 

73 »  {')  o,63  o,65 

4o o,65  0,655  0,67 

3- 0,63  0,64  0,65 

3i 0,59  0,63  0,64 

i5 0,61  o,63  o,63 

i3 o,5o  0,56  0,57 

7 o,5o  o,3i  o,36 

5 o,i3  0,18  o,3o 

»   De  l'examen  de  ces  nombres  ressortent  les  conclusions  suivantes  : 

«  1°  Pour  chaque  radiation,  l'excédent  fractionnaire  e,  tend  vers  zéro 
avec  l'Ă©paisseur  d'argent.  Comme  il  en  est  de  mĂȘme  du  changement  de 
phase  7, +ÂŁ,,  nous  en  concluons  que  y,  =  o.  Il  s'agit  donc  bien  d'un 
relard  de  phase,  dont  les  valeurs  se  confondent  avec  celles  de  ^^  et  sont 
données  par  le  Tableau  précédent  (^). 

»  2°  Ce  retard  de  phase  croßt  d'abord  avec  l'épaisseur  de  la  couche 
d'argent,  mais  ne  tarde  pas  à  atteindre  une  valeur  limite  indépendante  de 
l'Ă©paisseur. 

»  3°  Celte  valeur  limite  dépend  peu  de  la  longueur  d'onde.  Elle  croßt 
légÚrement  quand  celle-ci  diminue.    » 


OPTIQUE.  —  FocimĂȘlre  phologramrnĂ©lnque  pour  l'upUque  microscopique 
{instrument  vérificateur  de  microscopes).  Note  de  M.  V,  Legrqs,  pré- 
sentée par  M.  Marey. 

((  Cet  instrument,  combiné  par  nous  sur  la  demande  et  avec  le  concours 
du  constructeur  M.  Stiassnie  qui  l'a  établi,  est  destiné  à  transporter,  dans 
la  pratique  courante  de  l'atelier  de  construction  et  des  centres  d'Ă©tudes 


(')  Les  épaisseurs  d'argent  ont  été  mesurées  par  la  méthode  Fizeau. 

('■')  R,  V,  B  dĂ©signent  les  radiations  rouge,  verte,  bleue  du  cadmiun. 

(')  La  mesure  n'a  pu  ĂȘtre  faite,  l'argenture  Ă©tant  opaque  pour  le  rouge. 

(*)  S'il  y  avait  ar«/jce  de  phase,  comme  nous  avons  toujours  compté  t,  positive- 
ment, 17,  serait  un  entier  nĂ©gatif,  Ă©gal  Ă   —  i  ;  l'avance  aurait  la  valeur  absolue  i  —  ^i, 
et  comme  cette  avance  doit  tendre  vers  zéro  quand  l'épaisseur  d'argent  diminue, 
e,  tendrait  vers  1,  ce  qui  est  contraiie  au\  observations. 


SÉANCE   DU    3   AOUT    igoS.  3l5 

microscopiques,  les  résultais  qui  ont  fait  l'objet  de  notre  Communication 
(lu  29  janvier  1900. 

»   La  base  C  est  un  cercle  divisé  :  du  centre  iln  plateau  portant  le  vernier 
s'élÚve  une  colonne  verticale  D,  terminée  par  un  manchon  horizontal  T. 


Dans  ce  manchon  coulisse,  sous  l'action  d'une  crémaillÚre  et  d'un  pignon />, 
une  maĂźtresse-tringle,  sur  laquelle  se  meuvent,  Ă©galement  sous  l'ac- 
tion de  pignons  //,  //',  deux  autres  manchons  portant  les  organes  de  la 
partie  optique.  Ces  divers  manchons  peuvent  chevaucher  l'un  sur  l'autre  : 
leurs  déplacements  sont  mesurés  par  des  verniers.  Le  manchon  conduit 
par// a  en  outre  un  mouvement  lent  commandĂ©  par  une  visa  tĂȘte  divisĂ©e  V. 

»  L'un  des  organes.  A,  de  la  partie  optique  représente  le  corps  d'un 
microscope  ordinaire  avec  sa  platine  P.  Son  objectif  peut  recevoir,  sur  un 
élément  de  revolver,  un  léger  déplacement  pour  la  mise  au  point  paral- 
lactique. 

»  La  platine  et  la  sous-platine  sont  pourvues  de  mouvements  de  cen- 
trage et  de  rotation.  La  platine  P  peut  recevoir  les  micromĂštres  sur  ses 
deux  faces.  L'ouverture  de  la  sous-platine  est  armée  de  mùchoires  à  vis  de 
serrage  pour  recevoir  les  systĂšmes  optiques. 


3l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Distance  FOCALE  principale  d'un  objectif. —  Cet  objectif  est  ajustĂ©  enO,  et  centrĂ©.  Un 
micromÚtre  est  fixé  sur  la  platine  P,  la  graduation  tournée  vers  O,  les  traits  verticaux. 

»  Le  microscope  est  mis  au  point  sur  ce  micromÚtre,  et  l'objectif  O  est  amené  en 
contact  avec  lui,  et  baigné  s'il  y  a  lieu  clans  son  liquide  d'immersion.  \  l'aide  exclu- 
sivement d'un  seul  des  mouvements  de  la  sous-platine,  l'un  ou  l'autre  selon  la  longueur 
à  mesurer,  on  met  au  point  sur  le  micromÚtre  l'image  d'une  verticale  trÚs  éloignée 
fournie  par  l'objectif.  La  marche  de  la  sous-platine  donne  déjà  la  distance  frontale. 
Par  un  mouvement  de  totalité  de  la  maßtresse-tringle  on  amÚne  à  l'estime  le  point 
nodal  d'avant  du  systĂšme  optique  O,  Ă   l'aplomi)  de  l'axe  de  rotation.  En  agissant  alors 
sur  le  cercle  on  amĂšne  successivemeut  l'image  de  la  verticale  en  coĂŻncidence  avec 
deux  traits  du  micromÚtre  symétriques  par  rapport  au  trait  central.  Si  2 /est  l'inter- 
valle de  ces  traits,  2  a  l'angle  observé,  on  a  pour  la  longueur  focale  y, 

/■=  l  cota. 

»  La  différence  entre/  et  la  distance  frontale  donne  la  position  du  point  nodal. 

»  On  dĂ©termine  les  mĂȘmes  Ă©lĂ©ments  pour  l'autre  extrĂ©mitĂ©  de  l'objectif  en  retour- 
nant celui-ci  entre  les  mĂąchoires  de  la  sous-platine.  Pour  un  objectif  Ă   court  foyer  il 
pourra  ĂȘtre  nĂ©cessaire  dĂ©faire  usage  dans  cette  dĂ©termination  d'un  micromĂštre  minus- 
cule, monté  sur  un  tronc  de  cÎne  qui  s'engage  dans  l'objectif.  Il  peut  arriver  encore 
que  le  foyer  principal  de  ce  cĂŽtĂ©  tombe  Ă   l'intĂ©rieur  de  la  lentille  extrĂȘme.  En  ce  cas, 
on  trace  sur  le  sommet  de  cette  lentille  une  petite  croix  noire,  et  l'on  met  successi- 
vement au  point  avec  le  microscope  cette  croix  et  l'image  des  objets  éloignés  donnée 
par  l'objectif.  L'intervalle  dont  le  microscope  a  avancé  représente  la  profondeur  du 
plan  focal  à  l'intérieur  de  la  croix  noire. 

»  Oculaires.  — La  dĂ©termination  des  constantes  des  oculaires  s'effectue  de  la  mĂȘme 
maniĂšre;  et  avec  les  mĂȘmes  variantes  selon  les  types. 

0  Angle  d'ouverture.  —  La  sous-platine  est  complĂštement  enlevĂ©e.  L'objectif  Ă  
essayer  est  monté  sur  le  microscope,  et  son  foyer  est  amené  sur  l'axe  de  rotation.  A 
cet  effet  on  fixe  le  micromÚtre  sur  la  face  postérieure  de  la  platine.  On  amÚne  le  plan 
de  celte  face  à  passer  par  l'axe  de  rotation,  au  moyen  de  repÚres  tracés  sur  les  man- 
chons. On  met  au  point  sur  le  micromĂštre  et  on  l'enlĂšve.  L'angle  d'ouverture  est  dĂšs 
lors  l'angle  pour  le  parcours  duquel  le  champ  optique  reste  illuminé  par  une  source 
lumineuse  unique  et  étroite  située  dans  le  plan  d'horizon  de  l'axe  optique,  l^'ouvet- 
titre  numérique  s'en  déduit  selon  les  conventions  établies. 

»  Distorsion.  —  L'objectif  Ă   essayer  est  fixĂ©  en  O.  Le  microscope  est  pourvu  d'un 
grossissement  faible,  exempt  de  distorsion  appréciable  pour  l'étendue  du  champ  de 
l'objectif  O;  ainsi  que  de  la  chambre  claire  à  angle  variable  du  D''  Malassez,  M,  calée 
dans  une  position  telle  que  les  arĂȘtes  du  prisme  soient  verticales.  On  fait  choix  d'une 
vue  comprenant  un  certain  nombre  de  verticales,  qui  donnent  pour  images,  dans  la 
chambre  claire,  des  droites  verticales;  dans  l'objectif,  des  lignes  plus  ou  moins  incur- 
vées. On  amÚne  l'une  des  droites  à  constituer  la  corde  de  l'une  des  courbes;  et  on  lit 
sur  le  micromĂštre  la  distance  du  sommet  de  la  courbe  au  centre,  la  longueur  de  la 
flÚche  et  la  hauteur  de  corde  correspondante.  Il  ressort  de  là  une  idée  nette  de  l'erreur 
dont  peut  ĂȘtre  affectĂ©e  du  fait  de  la  distorsion  la  mesure  de  la  longueur  focale  (').   » 

(')  L'instrument  se  distingue  essentiellement  d'une  simple  réduction  en  miniature 


SÉANCE    DU    3    AOUT    igoS.  S  i -7 

MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Sur  le  tĂ©lĂ©ldnc.  Note  de  M.  L.  Tokres, 
présentée  par  M.  Appell. 

"  Les  appareils  de  démonstration  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à 
l'Académie  ('  )  constituent  un  systÚme  que  j'ai  nommé  télékine,  destiné  à 
commander  de  loin  la  manƓuvre  d'une  machine  au  moyen  d'un  tĂ©lĂ©graphe 
avec  ou  sans  fd. 

»  Il  y  a  lieu  d'établir  une  différence  radicale  entre  le  télékine  simple  et 
le  télékine  multiple.  Le  premier  sert  à  commander  seulement  un  mouve- 
ment à  un  degré  de  liberté  (par  exemple  celui  d'un  levier  qui  tourne 
autour  de  son  axe);  le  second  sert  Ă   commander  plusieurs  mouvements 
dilférents. 

»  Le  télékine  simple  est  constitué  par  un  appareil  télégraphique  qui,  à 
chaque  signal  transmis,  fait  avancer  d'un  pas  une  aiguille  qui  tourne  sur 
un  cadran,  comme  dans  le  télégraphe  Bréguet,  et  d'un  servomoteur  dont 
les  mouvements  sont  commandés  par  celte  aiguille.  On  a  recours  à  un 
servomoteur  Ă©lectrique,  et  le  rĂŽle  de  l'aiguille  se  limite  Ă   entraĂźner  un  ou 
plusieurs  balais,  qui  glissent  sans  frottement  appréciable  sur  un  disque 
garni  de  plots;  la  position  de  l'aiguille  détermine  l'établissement  ou  l'inter- 
ruption des  contacts  qui  peuvent  avoir  lieu  entre  les  balais  et  les  plots,  et 
rĂšgle,  par  ce  fait,  la  marche  du  servomoteur. 

>)  La  commande  peut  se  faire  de  plusieurs  maniĂšres;  j'en  indiquerai  trois,  qui  me 
paraissent  particuliÚrement  intéressantes.  Nous  supposerons,  pour  fixer  les  idées,  que 
l'aiguille  de  l'appareil  tĂ©lĂ©graphique  commande  un  servomoteur  destinĂ©  Ă   manƓuvrer 
la  barre  du  gouvernail  d'un  bateau. 

»  1°  Commande  directe.  —  L'aiguille  sert  elle-mĂȘme  de  commutateur;  elle  doit 
admettre  trois  positions,  qui  correspondent  au  repos,  Ă   la  marche  en  avant  et  Ă   la 
marche  en  arriĂšre  du  moteur.  Cela  permettra  d'amener  chaque  fois  le  gouvernail  Ă   la 
position  voulue. 

»  1°  Orientation  arbitraire  du  gouvernail  par  rapport  au  bateau.  —Sur  le  mĂȘme 
axe  que  l'aiguille  de  l'appareil  télégraphique  est  monté  un  disque  D,  en  matiÚre  iso- 
lante, qui  porte  deux  plots,  P,  P',  en  forme  d'arc  de  cercle,   embrassant  chacun   un. 


du  banc  d'optique  classique,  par  la  méthode  photogramraétrique  de  détermination 
des  constantes  fondamentales.  Les  détails  de  son  emploi  et  la  discussion  des  erreurs 
de  la  méthode,  tant  en  Photographie  qu'en  Microscopie,  sont  exposés  dans  un  Ou- 
vrage :  la  Focimétrie  photogramniétrique,  actuellement  à  l'impression. 

(')  Une  boßte  pourvue    d'une   hélice   et   d'un   gouvernail,    dont    les    mouvements 
peuvent  ĂȘtre  commandĂ©s  Ă   distance  au  moyen  de  la  tĂ©lĂ©graphie  sans  fil. 

C.  K.,  1903,  1'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N«  5.)  4 2 


3l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

angle  presque  égal  à  deux  droits  et  laissant  entre  eux  deux  espaces  E,  E'  diamétrale- 
ment opposés.  Ce  disque  n'a  aucune  liaison  niécaniijue  avec  l'aiguille  et  peut  tourner 
librement.  L'aiguille  porte  un  balai  qui  glisse  sur  les  deux  plots  P,  P'.  Un  courant 
Ă©lectrique  qui  passe  par  le  balai  et  par  le  plot  avec  lequel  il  est  en  contact,  fait  que  le 
disque  D,  commandé  directement  par  le  servomoteur,  tourne  dans  un  sens  quand  le 
contact  a  lieu  avec  P  et  dans  le  sens  contraire  quand  il  a  lieu  avec  P' ;  cela  a  pour 
clï'et,  un  moment  de  réflexion  le  fait  comprendre  aisément,  de  ramener  un  des 
espaces  E,  E',  toujours  le  mĂȘme,  en  contact  avec  le  balai;  en  d'autres  termes  :  le  disque, 
entraĂźnĂ©  par  le  servomoteur,  marche  de  telle  sorte  que  le  diamĂštre  E,  E' prend  la  mĂȘme 
orientation  que  le  balai. 

»  3°  DĂ©lermination  arbitraire  du  rhiimb  du  bateau.  —  Imaginons  un  disque  A 
qu'on  peut  orienter  arbitrairement,  comme  le  disque  D  du  cas  antérieur;  montons  une 
boussole  sur  l'axe  de  ce  disque,  et  dans  sa  périphérie  deux  buttoirs  B,  B',  entre  les- 
quels est  emprisonnée  une  des  extrémités  de  la  boussole,  tout  en  lui  laissant  un  cer- 
tain jeu,  de  façon  qu'elle  ne  touche  pas  les  deux  buttoirs  en  mĂȘme  temps.  La  boussole, 
en  touchant  un  des  buttoirs,  Ă©tablira  un  courant  et  fera  marcher  le  servomoteur  dans 
un  certain  sens  si  le  courant  passe  par  B,  et  dans  le  sens  contraire  s'il  passe  par  B' ;  le 
servomoteur  agira  directement  sur  le  gouvernail  et  le  déviera,  dans  chaque  cas,  de 
façon  à  faire  que  le  diamÚtre  du  disque  A  équidistant  de  B  et  de  B'  vienne  se  placer 
dans  la  direction  du  méridien  magnétique.  Or,  comme  l'on  peut  orienter  arbitraire- 
ment ce  diamĂštre  par  rapport  au  bateau,  on  peut,  en  somme,  orienter  le  bateau  par 
rapport  au  méridien  magnétique. 

»  Le  tĂ©lekiiie  multiple  sert  Ă   manƓ  ivrer  plusieurs  appareils  A,,  Ao, 
A3,  ...  avec  une  seule  ligne  de  télégraphie  sans  fil.  Pour  faire  que  chaque 
signal  agisse  sur  l'appareil  auquel  il  est  destiné,  et  non  pas  sur  un  autre,  on 
met  à  profit  la  différence  de  durée  de  ces  signaux,  différence  analogue  à 
celle  qui  existe  entre  les  points  et  les  traits  du  télégraphe  Morse.  A  cet  effet, 
il  y  a  un  appareil,  nommé  distributeur,  qui  envoie  chaque  trait  dans  un  cir- 
cuit Y  et  chaque  point  dans  un  circuit  a. 

>)  En  passant  dans  le  circuit  y  le  courant  fait  avancer  d'un  pas  une 
aiguille  C,  qui  sert  de  commutateur. 

M  Le  courant  du  circuit  y.  agit  chaque  fois  sur  l'un  des  appareils  A,,  A^, 
A,  ...  ;  sur  celui  qui  est  en  circuit  quand  le  courant  passe,  et  c'est  préci- 
sément l'aiguilleC  qui,  par  sa  position,  que  nous  pouvons  régler  arbitraire- 
ment, déterminera  l'entrée  en  circuit  de  tel  appareil  que  nous  voudrons,  à 
l'exclusion  de  tous  les  autres. 

»  Les  organes  mécaniques  du  commutateur  et  de  chacun  des  appareils  A,,  Aj,  A3  .  .  . 
Ă©tant  les  mĂȘmes  que  ceux  d'un  tĂ©lĂ©kine  simple,  il  me  suffira  de  donner  une  description 
sommaire  du  distributeur. 

»  Il  comprend  :  i"  une  piÚce  M,  d'inertie  relativement  considérable,  qui  porte  deux 
plots  P,  P',  et  tend  Ă   tourner  autour  d'un  axe,  sous  l'action  d'un  ressort  qui  la  pousse; 
2°  une  piĂšce  N,  qui,  dans  sa  position  normale,  empĂȘche  la  piĂšce  M  de  tourner,  et  qui 


SÉANCE    DU    3    AOUT    IQoS.  3ig 

porte  un  plot  ti,  lequel  peut,  dans  certains  cas,  entrer  en  contact  soit  avec  P,  soil 
avec  P'. 

»  Tout  signal  électrique  reçu,  point  ou  trait,  agit  sur  un  éiectro  E,  qui  déplace  la 
piÚce  N  et  permet  le  mouvement  de  la  piÚce  M,  entraßnée  par  le  ressort;  dÚs  que  le 
courant  cesse,  un  ressort  antagoniste  de  l'Ă©lectro  R  ramĂšne  la  piĂšce  N,  et  dans  ce 
mouvement  de  retour,  le  plot-n:  vient  en  contact  soit  avec  P,  soit  avec  P';  cela  dépend 
de  l'angle  parcouru  pendant  la  durée  du  signal,  point  ou  trait,  par  la  piÚce  M  qui  est 
Ă   entraĂźnement  lent  Ă   cause  de  son  inertie. 

»  Quand  le  courant  passe  par  P,  il  agit  sur  le  commutateur  ;  quand  il  passe  par  P',  il 
agit  sur  l'appareil  A,-  qui  se  trouve  en  circuit;  dans  les  deux  cas,  il  agit  sur  un  Ă©lectro 
dont  l'action  remet  les  piĂšces  M  et  N  dans  leur  position  normale,  prĂȘtes  Ă   recevoir  un 
nouveau  signal. 

»  Parmi  les  nombreuses  applications  dont  le  télékine  est  susceptible,  on 
peut  signaler  les  essais  de  ballons  dirigeables,  qui  pourraient  ĂȘtre  rĂ©alisĂ©s 
avec  une  économie  trÚs  considérable  et  sans  aucun  danger  jiour  l'expéri- 
mentateur; et  la  direction  des  torpilles  sous-marines,  qui  serait  particuliĂš- 
rement intéressante,  si  l'on  peut  obtenir  la  syntoniedu  télégraphe  sans  fil, 
pour  empĂȘcher  que  l'ennemi  puisse  envoyer  des  signaux  et  perturber  la 
commande  de  l'appareil  (').  » 


CHIMIE   PHYSIQUE.  —  Nouvelles  lois  de  tonomĂ©trie,  quon  peut  dĂ©duire 
des  expériences  de  Raoulf.  Note  de  M.  E.  AVickersiieimer. 

«  Nous  adopterons,  dans  ce  Travail,  les  notations  de  Raoult  ainsi  que 
le  numérotage  des  équalions  qu'il  fait  figurer  dans  son  Ouvrage  Tono- 
métrie (-). 

»  L'équation  de  Clapeyron-Clausius  devient,  par  une  transformation 
facile, 

/désignant  la  tension  de  vapeur  du  dissolvant,  T  la  température  absolue, 
M'  le  poids  moléculaire,  L^  la  chaleur  latente  de  vaporisation,  d' la  densité 
de  vapeur  latente  réelle,  rfla  densité  de  vapeur  théorique. 

))   Si  l'on  considĂšre  une  dissolution  aqueuse  Ă©tendue  dont  l'abaissement 


(')  Qu'il  me  soit  permis  de  remercier  M.  KƓnigs,  qui  m'a  ouvert  son  laboratoire 
de  Mécanique  de  la  Sorbonne  et  m'a  donné  toute  sorte  de  facilités  pour  y  construire 
le  télékine,  et  aussi  à  M.  0.  Rocliefort,  qui  m'a  prÚle  les  appareils  de  télégrapliie  sans 
fil  nécessaires  à  mes  expériences,  et  m'a  aidé  à  les  régler  en  vue  de  cette  application. 

(-)  Collection  Scienlia,  igoo.  C.  Naud,  Ă©diteur,  Ă   Paris. 


020  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

du  point  de  congélation  est  C  et  qui,  à  cette  température  de  congélation, 
possĂšde  une  tension  de  vapeur/',  ou  a 

oĂč  L  est  la  chaleur  latente  de  fusion  de  la  glace,  T  la  tempĂ©rature  de 
congélation  de  l'eau  pure. 

))   D'autre  part,  d'aprùs  la  loi  de  Raoult  et  Recoura,  '^—j—  est  propor- 
tionnel  à  -y»  quelle  que  soit  la  température;  on  peut  donc  écrire,  quelle 


que  soit  la  température  T', 

(r5) 

(^X- 

■‱s»*,.,. 

xCV 

/      Jt 

substituant  T' 

Ă   T  dans  (2), 

on  a 

(i5)' 

a 

~  L,  X  M' 

X  5 

dV  ^  ' 

988. 

»   Dans  cette  Ă©quation,  on  peut  remplacer-^  par  -     —  «  si  l'Ă©lĂ©vation 

»  de  la  température  d'ébullition  (ici  T)  de  la  dissolution  n'excÚde  pas 
»  trop  un  degré  «  comme  le  dit  textuellement  Raoult.  Divisant  ensuite, 
membre  Ă   membre  (i  '))  et  (i5)',  il  vient 

/    N  CL,         T^ 


»  Je  crois  ĂȘtre  le  premier  Ă   signaler  cette  loi  qui  a  Ă©chappĂ©  Ă   Raoult 
aubsi  bien  qu'aux  auteurs  tels  qu'Arrhénius  et  Van't  Hoff  qui  ont  discuté 
les  résultats  de  Raoult.  Cette  loi  peut  s'énoncer  ainsi  : 

»  PremiĂšre  loi.  —  Les  dĂ©penses  de  chaleur  nĂ©cessaires  pour  sĂ©parer  d'une 
dissolution  une  mĂȘme  fraction  du  dissolvant  Ă   l'Ă©tat  solide  ou  Ă   l'Ă©tat  de 
impeur  sont  dans  le  rapport  du  carré  des  températures  absolues  de  congélation 
et  d'Ă©buUuion. 

»  Raoult,  se^bornaiiL  Ă   comparer  les  Ă©quations  (  i  )  et  (i3)  oĂč  T  reprĂ©- 
sentait le  point  de  glace  dans  chacune  d'elles,  était  arrivé  à  l'équation 

CL,  =:--  A [.2 

et  la  loi  qu'elle  exprime  est  un  cas  particulier  de  la  mienne.  Il  va  de  soi 
que  la  loi  que  je  viens  de  formuler  n'est  valable  que  d.ins  les  limites,  indi- 
quĂ©es par  Raoult,  oĂč  les  Ă©quations  (i3^  et  (r5)  sont  vraies,  c'est-Ă -dire 
pour  les  dissolutions  Ă©tendues. 


SÉANCE   DU   3   AOUT    igo^.  Sai 

>)   La  premiÚre  loi  tonométrique,  dite  loi  de  Eaoult,  s'écrit  ainsi  : 

(21)  PP    '^'  =  ^  '^"''^^  ‱  ' 

A  s'appelle  la  diminution  moléculaire  de  tension  de  vapeur,  M  désigne  le 
poids  moléculaire  de  la  substance  fixe  dissoute,  P  le  poids  de  cette  sub- 
stance dissoute  dans  loos  du  dissolvant. 

»  La  deuxiÚme  loi,  dite  de  Raoult  et  Recoura,  s'écrit  ainsi  : 


(«'.) 


/  — /'  iMxioo        d' 


M 

M' 

28,8 

!      1 

l'oĂč 

_  A 

X 

roo 

/.P  M'       ~~  ci 

»   Comparant  (i4)  à  (21),  il  vient 
/ox  A  X  100        d' 

»    Or,  par  définition,  r/~ 

(P')  rf'=Ăźl^  =  Bconsl. 

»  Avant  d'interpréter  ce  résultat,  il  faut  se  rappeler  que  la  loi  de  Raoult 
est  restreinte  Ă   un  mĂȘme  dissolvant,  tandis  que  celle  de  Raoult  et  Recoura 
est  tout  à  fait  générale;  mais  l'une  et  l'autre  supposent  les  dissolutions 
Ă©tendues. 

»   Revenons  à  l'équation  (P')  ;  elle  peut  s'énoncer  ainsi  : 

»  DeuxiĂšme  loi.  —  Quelle  que  soit  la  substance  fixe  (^non  Ă©leclrolYte)  dis- 
soute dans  un  dissohanl  donné,  la  densité  de  la  vapeur  saturée  de  la  dissolution 
est  constante,  c  est-à-dire  indépendante  de  la  nature  et  du  poids  de  la  sub- 
stance dissoute,  lorsque  la  dissolution  est  Ă©tendue. 

»  Si  l'on  mesure  la  densité  de  la  vapeur  émise  par  un  dissolvant  conte- 
nant des  substances  organiques  quelcon<jues,  ma  deuxiĂšme  loi  permettra 
de  fixer  le  degré  de  précision  de  celle  de  Raoult;  ensuite,  si  l'on  répÚte 
l'opération  successivement  avec  des  dissolvants  différents,  on  vérifie  de 
mĂȘme  celle  de  Raoult  et  de  Recoura. 

»  Lorsque  les  dissolutions  sont  concentrées,  la  densité  de  vapeur 
saturée  devient  une  fonction  assez  compliquée  de  la  tension  de  vapeur,  du 
poids  de  la  substance  dissoute,  de  son  poids  moléculaire  et  de  celui  du 

dissolvant 

'  _  /  — /'         iooM  +  l\\l' 

u)  "  — '^7^  ^   28,8.PMM'  ' 

par  application  de  la  formule  {11  bis)  de  l'Ouvrage^de^Raoult. 


32  2  ACADÉMIE    DES   SCIENCES, 

»  Je  signalerai,  pour  terminer,  unecorrection  à  faireau  coefficient  1,988, 
qui  est  trop  élevé  de  jf^  environ. 

1)   Ce  coefficient  provient  de  la  réduction  de  l'expression  numérique 

18,596  X  760  X  28,8 
-it5  X  373  X  I ,  agS^ 

}>   En  effectuant  les  opérations  arithmétiques,  on  trouve  1,9833."). 
»   Remarque.  —  T'  dĂ©signant  la  tempĂ©rature  absolue  dĂ©bullilion,  la  for- 
mule d'Arrhénius  (27)  s'écrit 

A  T'^ 

p  X  M  =  0,01988  J-; 

T  désignant  la  température  de  congélation,  la  formule  de  Van't  Hoff  (28) 
s'Ă©crit 

p  X  M  =  0,01988  y-- 

Divisant  membre  Ă   membre,  on  a 

AL=  _  T'^ 

ce  qui  est  exactement  ma  premiÚre  loi.    » 

PHYSIQUE.   —  Courbes  de  pression  des  systùmes  unwananls  qui  comprennenl 
une  phase  gazeuse.  Note  de  M.  A.  IĂźouzat. 

,<  J'ai  montré  {Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  i395  et  t.  CXXXVH, 
p.  175)  que  les  courbes  de  dissociation  des  systĂšmes  sol. ^  sol.  +  gaz.  et  les 
courbes  de  sublimation  (courbes  sol.  ^  gaz.)  peuvent  ĂȘtre  rangĂ©es  dans  un 
mĂȘme  groupe  et  sont  reliĂ©es  par  la  loi  suivante  :  le  rapport  des  tempĂ©ra- 
tures absolues  correspondant  Ă   une  mĂŽme  pression  dans  deux  systĂšmes 
quelconques  du  groupe  est  constant  quelle  que  soit  la  pression. 

»  Les  courbes  liq.^^  sol.+  gaz.  ne  se  déduisent  pas  des  courbes  du  pre- 

T 
mier  groupe  d'aprùs  la  loi  =^  —  const.;  mais  elles  forment  un  deuxiùme 

groupe,  dans  lequel  la  mĂȘme  relation  est  vĂ©ri  fiĂ©e.  Les  courbes  sol. ^  liq.  H-g:!/.. 
constituent  de  mĂȘme  un  troisiĂšme  groupe.  J'ai  trouvĂ©  sept  e\.emples  du 
deuxiĂšme  groupe;  le  troisiĂšme  groupe  comprend  la  classe  importante  des 
hvdratesde  gaz.  Les  courbes  liq.^liq.-t- gaz.  sembleraient  devoir  former 
un  quatriĂšme  groupe,  qui  comprendrait  aussi  les  courbes  de  vaporisation 
(courbes  liq.^gaz.);  mais  les  exemples  de  courbes  liq.^  liq . -t- gaz. 
manquent  jusqu'ici. 


SÉANCE    DU    3   AOUT    igoS.  323 

»   Il  y  a  lieu  d'observer  que  les  systÚmes  du  premier  groupe 

(sol.  ^  sol.  +  gaz.      et     sol.  ^  gaz.) 

ne  renferment  que  des  phases  jjures.  Au  contraire,  dans  les  autres  sys- 
tĂšmes, le  liquide  peut  dissoudre  partiellement  le  solide  et  le  gaz;  on  con- 
çoit que,  par  suite  de  ce  phénomÚne  secondaire,  la  loi  soit  vérifiée  avec 
moins  d'exactitude;  les  hydrates  de  gaz  trĂšs  solubles,  comme  ceux  Ăźle 
l'acide  chlorhydrique  et  de  l'acide  bromhydrique,  s'Ă©loignent  mĂȘme  nette- 
ment des  autres  composés  de  leur  groupe. 

T 
»  De  la  relation  ^  =  const.  il  résulte  que,  lorsque  deux  courbes  d'un 

mĂȘme  groupe  ont  un  point  commun,  elles  doivent  coĂŻncider.  Qu'arrive-t-il 
quand  deux  courbes  de  groupe  différent  se  rencontrent?  Pour  s'en  rendre 
compte,  il  n'y  a  qu'à  comparer  les  rapports  des  températures  absolues  qui 
correspondent  à  deux  pressions  déterminées  dans  chaque  systÚme.  On  voit, 
de  celte  façon,  qu'en  un  point  déterminé  du  plan  une  courbe  sol.^liq.  -h gaz. 
fait  en  général  avec  l'axe  des  températures  un  angle  plus  grand  qu'une 
courbe  sol.  ;^  sol. -f-  gaz.  ou  sol. ^  gaz.  ;  celle-ci  un  angle  plus  grand  qu'une 
courbe  liq.  ^  gaz.  ;  cette  derniĂšre  enfin,  un  angle  plus  grand  qu'une  courbe 
liq.^  sol.-t-  gaz. 

»  A  litre  d'exemple,  j'indiquerai  pour  quelques  systÚmes  de  chaque  groupe 
le  rapport  =7^  des  tempĂ©ratures  absolues  qui  correspond  aux.  pressions  de  900ℱ"'  et 
de  Soo""";  les  Tableaux  complets  paraßtront  dans  un  Mémoire  détaillé. 

T 

Valeurs  de  ^' -  ■ 


Groupe  1. 
sol.  ^^  liq.  -+-  t;az. 

Hydrate  de  CH=' Cl....      i,o33 
Hydrate  de  Cl i  ,o32 


(iroupo  \\- 
sol.  :^  sol. -(- gaï    et    sol.  :;±  gaz. 

AzH<Cl,3  .VzH' 1,070 

ZnCF,6  KĂŻW 1,070 

CO-Az^H'' (sol^gaz).     1,062 


Groupe  III. 

liq.  z^z^z. 

Cl 

G«HM'' 

ÂŁ  ,100 

CH^COCH    

'  ."97 

<iruii)ic  IV, 
liq.  ;--  5ul.  ■+-  gaz. 

-VzO'AzHMAzH'...      i.ioç, 

SeO-,2HCl 1,111 

AzH'I,  3AzH3 1,098 


»  En  résumé,  on  peut  distinguer  quatre  groupes  de  systÚmes  univariants  : 
le  groupe  I  des  systÚmes  sol.  ç^ liq. -f- gaz,  le  groupe  II  des  systÚmes 
sol.  ^ sol. -f- gaz  et  des  systĂšmes  sol.  "gaz,  le  groupe  III  des  systĂšmes 
liq.  ^liq.  -i- gaz  et  des  systĂšmes  liq.-^gaz,  le  groupe  IV  des  systĂšmes 
liq.  ^sol.  -t-  gaz.  A  ces  quatre  groupes  s'applique  la  loi  suivante  :  le  rapport 
des  tempĂ©ratures  absolues  correspondant  Ă   une  mĂȘme  pression  dans  deux  sys- 
tĂšmes quelconques  d'un  mĂȘme  groupe  est  constant  quelle  que  soit  la  pression. 


324  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

D'aprĂšs  la  formule  de  Clapeyron,  cette  proposition  est  Ă©quivalente  Ă   une 
autre  :  la  vanalin/i  d'entropie  rjiii  résulte  de  la  mise  en  liberté  d'une  molécule 
de  gaz  sous  une  pression  dĂ©terminĂ©e  a  la  mĂȘme  valeur  pour  tous  les  systĂšmes 
d'un  mĂȘme  groupe.  D'autre  part,  quand  quatre  courbes  de  groupes  diffĂ©rents 
se  rencontrent,  les  angles  formés  par  leurs  tangentes  avec  l'axe  des  tem- 
pératures vont  en  général  en  décroissant  de  la  courbe  I  à  la  courbe  IV.  Il 
résulte  de  là,  d'aprÚs  la  formule  de  Clapeyron,  que  les  variations  d'entropie 
qui  correspondent  au  passage  d'une  molécule  de  l'état  solide  ou  de  l'état 
liquide  à  l'état  gazeux  sous  une  pression  déterminée  décroissent  aussi  du 
groupe  I  au  groupe  IV.  » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.    —   Dosage  de  la  pyridine  en  solution  aqueuse. 
Note  de  M.  Maurice  François,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Il  n'existe  pas  de  procédé  exact  permettant  de  doser  la  pyridine  en 
solution.  Le  dosage  au  moyen  d'un  acide  titré,  en  présence  des  indicateurs 
colorĂ©s,  ne  donne  pas  de  rĂ©sultats  satisfaisants,  mĂȘme  entre  des  mains 
habiles.  J'ai  essayé  une  méthode  employée  pour  les  alcaloïdes  et  consistant 
Ă   ajouter,  Ă   la  solution  Ă   titrer,  un  excĂšs  de  solution  d'iode  dans  l'iodure  de 
potassium  et  à  titrer  l'iode  resté  en  solution  aprÚs  dépÎt  du  periodure  de 
pyridine  cristallisée  décrit  par  MM.  Prescott  et  Trowbridge  (').  Malheu- 
reusement, je  me  suis  aperçu  que  la  pyridine  n'est  pas  entiÚrement  préci- 
pitée et  que  la  composition  du  dépÎt  est  variable. 

»  Le  dosage  à  l'état  de  chloraurate  m'a  fourni,  au  contraire,  des  résultats 
trÚs  précis.  Les  développements  que  j'ai  donnés  sur  l'existence  de  plusieurs 
combinaisons  de  pyridine  et  de  chlorure  d'or  (-)  montrent  qu'il  n'Ă©tait  pas 
permis  de  décider  a  priori  si  le  dosage  à  l'état  de  chloraurate  était  appli- 
cable; je  demande  la  permission  d'exposer  briÚvement  la  méthode. 

»  Elle  repose  sur  les  faits  suivants  : 

»  i"  Les  diverses  combinaisons  de  pyridine  et  de  chlorure  d'or  étant  chaufTées  en 
présence  d'acide  chlorhjdrique  et  de  chlorure  d'or  retournent  toutes  à  l'état  de  chlor- 
aurate ordinaire  C^H» AzHGl. AuCP. 

M  2°  Le  chloraurate  ordinaire  supporte  la  température  de  ioo°  sans  changer  de 
poids  et  sans  s'altérer  en  aucune  façon.  Si  Ton  met  dans  une  petite  capsule  tarée  un 

(')  Prescott  et  Trowbridge,  Amer.  chem.  Society,  t.  X\  11,  p.  865. 
(^)  Comptes  rendus,  22  juin  igo3. 


SÉANCE    DU    3    AOUT    ipoS.  325 

poids  déterminé  de  cldoraurate,  si  on  le  dissout  dans  l'eau  additionnée  de  quelques 
gouttes  d'acide  cidoihydrique,  qu'on  Ă©vapore  au  bain-marie  bouillant  et  qu'on  pĂšse 
aprÚs  séjour  dans  un  exsiccateur,  on  observe  que  le  poids  du  cliloraurate  n'a  en  aucune 
façon  varié. 

»  3°  Le  cliloraurate  C  H' AzH  CI  .Au  CP  est  sensiblement  insoluble  dans  l'éther  pur, 
tandis  que  le  chlorure  d'or  y  est  trÚs  soluble.  En  laissant  en  contact  prolongé  à  une 
température  constante  de  30°  l'éther  pur  avec  un  excÚs  de  cliloraurate  pur,  pesant  le 
rĂ©sidu  d'Ă©vaporation  de  looℱ' d'Ă©lher  saturĂ©  et  renouvelant  plusieurs  fois  la  mĂȘme 
expĂ©rience  sur  le  mĂȘme  cldoraurate,  j'ai  trouvĂ©  que  loo""'  d'Ă©tlier  dissolvent  os, oo8 
de  chloraurate  (à  la  température  de  20"),  correspondant  à  o5,ooi5  de  pyridine. 

»  Marche  du  dosage.  —  La  pyridine  Ă©tant  supposĂ©e  amenĂ©e  Ă   l'Ă©tat  de  solution 
aqueuse  diluée  ou  à  l'état  de  chlorhydrate  dissous,  on  mesure  de  cette  solution  une 
prise  d'essai  correspondante  os,  loo  au  moins  de  pyridine;  on  la  place  dans  un  verre  de 
BohĂȘme  cylindrique  de  I25'">%  y  ajoute  20  Ă   3o  gouttes  d'acide  chlorhydrique,  puis  un 
excÚs  de  chlorure  d'or  pur  dissous.  Il  se  forme  un  précipité  et  l'on  est  assuré  qu'il  y  a 
un  excĂšs  de  chlorure  d'or  si  la  liqueur  surnageante  est  fortement  jaune.  On  porte  alors 
sur  un  baia-marie,  de  préférence  en  faisant  plonger  la  partie  inférieure  du  verre  dans 
la  vapeur;  on  évapore  à  siccité.  AussitÎt  que  l'évaporation  est  complÚte  et  qu'on  ne 
perçoit  plus  l'odeur  d'acide  chlorhydrique,  on  porte  dans  un  exsiccateur  pour  éviter 
que  la  matiÚre  desséchée  absorbe  l'humidité.  On  lave  alors  le  dépÎt  rapidement  par 
décantation  avec  de  l'éther  pur  exempt  d'aldéhyde  et  l'on  reçoit  les  liquides  de  lava<^e 
sur  un  fdtre  sans  plis;  on  fait  ensuite  passer  le  précipité  sur  le  filtre  au  moyen  d'un  jet 
d'éther  et  on  lave  le  fdtre  à  l'éther.  La  présence  d'un  excÚs  de  chlorure  d'or  se  reconnaßt 
au  début  à  ce  que  l'éther  s'est  coloré  en  jaune,  la  fin  du  lavage  à  ce  qu'il  passe  inco- 
lore. Ces  opérations  exigent  au  plus  50'^^"''  d'étlier. 

»  Le  verre  retenant  un  peu  de  chloraurate  adhérent,  on  le  lave  avec  de  l'eau  dis 
tillée  bouillante  qui  dissout  le  chloraurate;  on  réunit  cette  eau  de  lavage  dans  une  pe- 
tite capsule  de  Saxe  tarĂ©e  et  on  l'Ă©vaporĂ©  au  bain-marie;  dans  la  mĂȘme  capsule  on 
ajoute  le  filtre,  on  recouvre  d'un  couvercle  et  l'on  chaufl^e  trÚs  modérément  pour  char- 
bonner  le  filtre.  La  capsule  est  ensuite  découverte  et  la  calcination  peut  se  faire  sans 
crainte  de  pertes.  On  pÚse  l'or  resté  comme  résidu. 

»   A  196,6  d'or  correspondent  79  de  pyridine. 

»  La  pyridine  se  laissant  entraĂźner  par  la  vapeur  d'eau  avec  une  extrĂȘme  facilitĂ©,  il 
est  généralement  possible  de  l'amener  à  l'état  de  solution  aqueuse  ou  de  chlorhvdrate 
dissous  en  la  mettant  en  liberté  par  un  réactif  approprié  et  faisant  un  entraßnement 
par  la  vapeur  d'eau.  Il  convient  de  faire  suivre  le  réfrigérant  de  Lieblgd'un  tube  effilé 
plongeant  de  quelques  centimÚtres  dans  l'acide  chlorhydrique  dilué  qui  retient  les 
vapeurs  de  pyridine  entraßnées  au  début.  Cet  acide  est  placé  dans  un  matras  jaugé  et 
l'on  recueille  100''°'".  La  pyridine  est  si  facilement  entraßnée  qu'elle  passe  presque  en 
entier  dans  les  10  ou  20  premiers  centimÚtres  cubes.  Pour  les  composés  contenant  de 
l'iodure  de  mercure  et  de  la  pyridine,  on  place  la  prise  d'essai  dans  un  petit  ballon 
avec  i5s  d'iodure  de  potassium  et  is  de  potasse  en  solution  Ă©tendue  et  l'on  fait  passer 
la  vapeur. 

»  VĂšrificaUons.  —  Pour  vĂ©rifier  l'exactitude  de  ce  procĂ©dĂ©  de  dosage,  on  a  emplovĂ© 
des  solutions  de  pyridine  de  titre  dĂ©terminĂ©.  Celles-ci  ne  peuvent  guĂšre  ĂȘtre  obtenues 
C.   R.,  1903.  5«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  5  )  V' 


336  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  parlant  de  pvridine  libre  qu'il  est  difficile  d'obtenir  absolument  pure  et  sĂšche.  On  a 
préféré  préparer  et  purifier  par  plusieurs  cristallisations  des  sels  de  pvridine  et  Ton  a 
choisi  parmi  ceux-ci  l'azotate  et  le  tartrate  acide.  Ce  dernier,  que  l'on  obtient  facilement 
trÚs  pui-,  est  un  des  rares  sels  de  pvridine  non  déliquescents. 

>t  Qn  pesait  exactement  une  prise  d'essai  de  ces  sels  dans  un  matras,  on  mettait  la 
pyridine  en  liberté  par  addition  de  soude  et  l'on  entraßnait  par  la  vapeur  d'eau;  on 
recueillait  ainsi  à  l'état  de  dissolution  un  poids  absolument  déterminé  de  pyridipe. 

»   Ep  efiecluant  alors  le  dosage  suivant  le  mode  indiqué  plus  haut,  on  a  trouvé 

En  partant  de  o8,25oG  d'azotate o?,347  d'or         Théorie  :  o?,346 

En  partant  de  0%  2^6  de  tartrate  acide os,2o8  d'or         Théorie  :  o«,2io 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Si/r  les  amides  secondaires.  Note  de  M.  Tarbouriech, 

présentée  par  M.  A.  Ha  lier. 

«  \.  Amides  mixtes  ou  dissymĂ©triques.  —  Dans  une  Noie  prĂ©cĂ©dente  ('), 
j'ai  montré  que  les  chlortires  d'acides  agissant  sur  les  amides  primaires  en 
tube  scellé  à  la  température  de  iio"-ii5°  donnent  lieu  à  la  formation 
d'amides  secondaires. 

).  L'un  des  avantages  de  cette  méthode  est  de  permettre  l'obtention 
d'amides  secondaires  mixtes  ou  dissymétriques,  de  formule  générale 

R- AzU  -R', 
dans  laquelle  R  et  R'  représentent  deux  radicaux  différents  d'acides  gras. 

1)  I^a  préparation  de  ces  corps  se  fait  dans  les  conditions  indiquées  au  sujet  des 
amides  secondaires  symétriques,  c'est-à-dire  en  chaufl'ant  l'amide  et  le  chlorure 
d'acide,  mélangés  en  proportion  moléculaire  pepclsnt  siv  heures.  Toutefois  le  rende- 
ment est  moins  avantageux  que  dang  le  cas  précédent.  Il  y  a  souvent  forniation  de 
chlorure  d'ammonium  et  d'une  quantité  variable  de  nitrile.  La  séparation  de  l'amide 
secondaire  se  fait  en  distillant  dans  le  vide  au  bain-marie  l'excĂšs  de  chlorure  4'^cide 
et  le  nitrile  formé  ef.  dissolvant  dan^  l'eau  bouillante  le  résidu.  J'ai  pu  obtenir  par  cette 
méthode  les  composés  suivants  : 

»  Butyropropionamide.  —  Be)le^  lamelles  blanches  fontjant  Ă   log". 

!>  /ioÔM^/roprpyOJo^flw/f/p.  —  Fines-aiguilles  fondant  à  i4o". 

»  hovalĂ©ropropionnmide .  —  Amas  feutrĂ©  d'aiguilles  blanc|ies  fondant  Ă   68°. 

))  hçhulyrotmlyrqmide.  —  Point  de  fusion,  io3". 

»  IsovalĂ©rohutyramide.  —  Point  de  fusion,  88". 

»  ^obntyroisovali>ramide.  —  Point  4e  fusion,  94". 

»  IsobutvrovalĂ©rainide.  —  I^oint  de  fnsion,84''. 


(')   Comptes  rendes,  t.  C.VXXVll,  p.  128. 


SÉANCE    DU    'i    AOUT    I(j()3.  'iij 

»  II.  Quelques  propriétés  des  amides  secondaires. 

»  SolubilitĂ©.  —  Les  amides  secondaires  sont  trĂšs  solubles  dans  l'Ă©lher,  assez,  solubles 
dans  l'alcool  forl,  le  benzĂšne,  le  xyiĂšne.  L'Ă©vaporaiion  de  ce  dernier  dissolvant  permet 
en  général  de  les  obtenir  sous  forme  de  trÚs  beaux  cristaux.  La  solubilité  dans  l'eau 
va  en  diminuant  au  fur  et  à  mesure  qu'augmente  la  richesse  en  carbone;  la  diacéta- 
niide  se  dissout  facilement  dans  l'eau,  la  dipropionamide  est  peu  soluble,  la  dibulyra- 
mide  et  ses  homologues  supérieurs  sont  à  peu  prÚs  insolubles. 

»  VolatilitĂ©.  —  Les  amides  secondaires  se  volatilisent  Ă   des  tempĂ©ratures  relati- 
vement basses.  Quand  le  point  de  fusion  est  assez  élevé,  comme  pour  la  propiona- 
mide  (iSS"),  le  corps  se  volatilise  avant  que  l'on  atteigne  le  point  de  fusion.  D'une 
maniÚre  générale,  la  volatilisation  de  ces  composés  est  déjà  notable  à  partir  de   100°. 

»  RĂŽle  chimique.  —  On  pourrait  penser  (|ue  les  amides  secondaires  possĂšdent,  de 
mĂȘme  que  les  amides  primaires,  la  propriĂ©tĂ©  de  se  combiner  Ă   divers  chlorures  mĂ©tal- 
liques pour  donner  des  sels  doubles,  tels  que  chloroplatinates,  chloroaurales,  etc. 
Cependant  il  n'en  est  rien. 

»  Si  l'on  dissout  dans  la  plus  petite  quantité  possible  d'alcool  froid  i  molécule  de 
chlorure  de  platine  et  si  l'on  mélange  cette  solution  avec  une  deuxiÚme  solution  faite 
à  chaud  de  3  molécules  d'amide  secondaire  (dipropionamide)  dans  l'alcool,  on  con- 
state, par  le  refroidissement  de  la  liqueur,  que  la  dipropionamide  recristallise  sans 
qu'elle  soit  entrée  en  combinaison  avec  le  chlorure  de  platine. 

»  Si  d'autre  paßt  on  évapore  justju'à  siccilé  au  bain-marie  le  mélange  ci-dessus  aci- 
dulé par  l'acide  chlorhydrique,  on  observe  pendant  l'évaporation  le  dégagement  d'acide 
propionique  et  la  formation  d'un  précipité  nettement  cristallin,  qui,  aprÚs  lavage  avec 
un  mélange  éthéro-alcoolique,  présente  à  l'analyse  la  composition  du  chloroplatinate 
d'ammoniaque. 

»  Dans  le  mĂȘme  sens,  une  solution  benzĂ©nique  concentrĂ©e  et  froide  d'acide  picrique 
étant  mélangée  avec  une  solution  benzénique  et  chaude  de  dipropionamide,  on  cons- 
tate, par  le  refroidissement,  la  formation  de  cristaux  qui,  aprĂšs  plusieurs  recristallisa- 
tions dans  le  benzĂšne  bouillant,  possĂšdent  le  point  de  fusion  de  la  dipropionamide 
pure. 

»  Il  résulte  des  faits  ci-dessus  :  i"  que  l'introduction  dans  sa  molécule 
d'un  deuxiĂšme  radical  d'acide  fait  perdre  Ă   la  propioiiarhide  son  caractĂšre 
basique  et  la  propriété  qu'ont  les  amitiés  primaires  de  se  combiner  à  cer- 
tains chlorures  métalliques  et  à  l'acide  picrique;  2"  qu'eu  présence  des 
acides  minéraux  la  dipropionamide  est  rapidement  hydrolysée  avec  trans- 
formation en  sel  ammoniacal.    » 


;i-28  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ORGAMQUF,.  —  RĂ©duction  des  Ă©llicrs-sels  des  acides  Ă   fonction 
complexe.  Note  de  MM.  L.  Ißouveallt  et  G.  Ißlaxc,  présentée  par 
M.  A.  Haller. 

«  Nous  avons  soumis  à  la  réduction,  au  moyen  du  sodium  el  de  l'alcool 
absolu,  des  élhers-sels  d'acides  non  saturés,  d'acides-alcools,  d'acides 
[i-cétotiiques  et  d'acides  bibasiques. 

»    Acides  non  saturĂ©s.  —  L'olĂ©ate  tl'Ă©lli^  le,  dans  lequel  la  double  liaison  esl  Ă©loignĂ©e  ■ 
du  carboxélliyle,   nous   a  fourni  l'aZcoo/  o/cï^ß/e  C* H'" O,  liquide  incolore  bouillant 
Ă   207°  sous  i3ℱ"\  Cet  alcool  se  combine  Ă   l'isocyanale  de  phĂ©nyle  en  donnant  une  phĂ©- 
nvlurélhane  cristallisant  partiellement;  les  cristaux  fondent  à  38°. 

»  Le  p-hexylcrolonale  d'Ă©thyle  ^°i|^'^G  =  CH  —  GO^CMJ-',  produit  de  dĂ©shydra- 
tation du  |"ip-lieN.ylniétliyl-fi-oxypropionate  d'élliyle  (obtenu  par  la  condensation  de  la 
métliylhexylcétone  avec  l'iodacétate  d'élhyle  sous  l'inlluence  du  zinc),  a  donné  nais- 

sance  Ă    un  alcool  saturĂ©,   le  3-mĂ©tliylnonanol  ^^CH  —  CH-— CII-OII,    liquide 

incolore  bouillant  à  )  i4°-i  iB"  sous  i4ℱ"'. 

»  La  double  liaison  a  été  également  réduite  dans  le  cinnamate  d'étliyle  (jui  a  fourni 
de  l'alcool  phénylpropylique. 

»  Acides-alcools.  —  Les  Ă©tliers  des  acides-alcools  que  nous  avons  expĂ©rimentĂ©s  ne 
se  réduisent  pas  d'une  maniÚre  réguliÚre.  Le  phénylglycolate  d'étliyle  ne  nous  a  fourni 
qu'une  trace  de  phényiglycol. 

)>  Le  p-oxy-^p-hexylmétliylpropionate  d'étliyle  et  l'Iiydroxygéraniate  d'étliyle  qui 
proviennent  de  la  condensation  de  la  métli>lliexylcétone  et  de  la  méthylliepténone 
avec  l'iodacétate  d'étliyle,  subissent  dans  l'hydrogénation  la  décomposition  inverse; 
ils  donnent  les  produits  d'hydrogénation  (alcool  secondaire  et  pinacone)  des  acétones 
génératrices  et  de  l'acétate  d'éthyle. 

»  Acides  ^-cĂ©toniques.  —  Mes  recherches  ont  portĂ©  sur  les  Ă©thers  acĂ©tylacĂ©tiques 
mono  et  disubstitués.  Dans  tous  les  cas,  le  phénomÚne  d'hydrogénation  est  accom- 
pagné du  dédoublement  de  la  molécule  par  fixation  d'une  molécule  d'alcool 

CH»-  GO  -  G  —  GO^CHI'  +  G^H'O  =  CW—  GO^G^  IP  +  Cil  -  G(3^'GM1'. 

/\    .  /\ 

R     R'  R      R' 

))  Ghacun  des  deux  Ă©thers  est  alors  rĂ©duit  pour  son  compte.  La  rĂ©action  extrĂȘme- 
ment nette  pour  les  éthers  acétylacétiques  disubstitués  se  fait  moins  bien  dans  le  cas 
des  éthers  monosubslitués. 

))  Nous  avons  préparé  l'alcool  isobutylélhylique  par  h\drogénation  de  l'éther  iso- 
butylacétvlacétique  et  l'alcool  méthylpropyléthylique  au  moyen  de  l'éthei'  méthylpro- 
pylacélylacétique  ;  ces  deux  alcools  étaient  déjà  connus. 


SÉANCE    DU    3    AOUT    igoS.  829 

i>  Cette  réaction  est  intéressante  en  ce  qu'elle  permet  d'obtenir  trÚs  simplement  des 
alcools  primaires  de  constitution  compliquée. 

»  Acides  hibasiques.  —  En  principe,  en  rĂ©duisant  les  Ă©thers  des  acides  bibasiques, 
on  obtient  les  glycols  biprimaires  correspondants,  mais  l'obtention  de  ces  glycols  est 
extrĂȘmement  laborieuse  pour  les  acides  bibasiques  les  plus  simples,  Ă   cause  de  la 
solubilité  dans  l'eau  et  de  l'insolubilité  dans  l'éther  des  glycols  obtenus;  il  est  trÚs 
difficile  de  les  séparer  de  la  soude  et  des  sels. 

»  Nous  avons,  de  plus,  constaté  que  tous  les  étiiers  d'acides  bibasiques  susceptibles 
de  se  condenser  sous  l'induence  du  sodium  ou  de  l'étliylate  de  sodium,  se  réduisent 
trÚs  mal  :  ils  sont  en  efTet  transformés  en  dérivés  sodés  qui  les  font  échapper  à  la  réac- 
tion. C'est  ce  qui  arrive  pour  les  éthers  de  la  plupart  des  acides  des  séries  succinique 
et  adipique. 

»  Nous  avons  obtenu  avec  l'ofa-diméthylsuccinate  d'éthyle  le  2-dimélhyIbutane- 
diol  1/4,  liquide  incolore  et  visqueux,  bouillant  à  laS"  sous  10ℱ'". 

»  L'oia-diméthylglutarate  d'éthyle  nous  a  fourni  le  2-diméthylpentanediol  i5  bouil- 
lant à  i34°  sous  joℱ". 

»  La  réduction  de  l'adipate  d'éthyle  est  particuliÚrement  laborieuse;  elle  nous  a 
fourni  une  trÚs  petite  quantité  d'hexanediol  iG,  bouillant  à  iSi"  sous  12""",  fondant 
à  35°,  identique  au  produit  récemment  obtenu  par  M.  Hamonet  {Comptes  rendus, 
t.  CXXXVI,  p.  245). 

»  Le  p-méthyladipate  d'éthyle  conduit  au  o-méthylhexanediol  16,  liquide  visqueux, 
bouillant  à  i55°  sous  12""". 

»  L'hydrogénation  des  éthers  méthyliques  des  acides  subérique  et  sébacique  se  fait 
beaucoup  plus  facilement.  On  obtient,  dans  le  premier  cas,  l'octanediol  18  qui  distille 
à  172°  sous  20""",  et  forme,  aprÚs  cristallisation  dans  un  mélange  d'alcool  et  de  benzÚne, 
de  beaux  cristaux  fusibles  à  63°;  dans  le  second  cas,  le  décanediol  1. 10  qui  bouta 
179°  sous  1 1'""'  et  cristallise  aussitÎt.  Il  se  dépose  du  benzÚne  en  magnifiques  cristaux 
incolores  fondant  à  71°,  5.  » 


CHLMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  la  phĂ©nylhydrazine  sur  les  bromures  et 
iodures  alcooliques.  Note  de  M.  J.  Allain-Le  Ca\u,  présentée  par 
M.  A.  Ditte. 

«  M.  Emile  Fischer  ('),  eu  faisant  réagir  à  chaud  le  bromure  d'éthyle 
sur  la  phĂ©nylhydrazine,  a  montrĂ©  qu'oĂč  obtenait  un  ensemble  de  corps 
d'oĂč  l'on  pouvait  isoler  facilement  au  moyen  de  la  soude  caustique  le  com- 
posé C  H' .  Az'^  H-  (C-  IF)-  Br. 

»  Avec  l'iodure  d'éthyle  la  réaction  était  si  vive  qu'elle  devenait  dange- 
reuse ;  aussi  MM.  Genvresse  et  Bourcel  {-)  ont-ils  pris  soin  de  dissoudre  ce 
corps  dans  l'alcool  absolu.  J'ai  complété  ce  travail. 

(')  Deuls.  chem.  Gcs.,  t.  IX,  p.  885. 
(^)    Comptes  rendus,  t.  CXX\  111,  p.  564. 


33o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Successivement  j'ai  opéré  avec  le  bromure  d'éthyle,  les  iociures  de 
mélhyle,  d'étliyle,  de  propyle  normal,  d'isopropyle,  d'isobulyle  et  d'iso- 
amyle,  en  variant  les  proportions  des  réactifs  et  les  quantités  d'alcool. 

»  J'ai  pu  isoler  ainsiqnalresortesdecrislaux  :  descristaux  formés  par  des 
sels  contenant  une,  deux  et  trois  molécules  de  phénylhydrazine  et  dont 
l'acidité  se  titre  facilement  à  la  phtaléine  du  phénol,  et  des  cristaux  ne  s'y 
titrant  pas  et  contenant  deux  groupes  alcooliques  avec  une  molécule  d'halo- 
gÚne et  une  molécule  de  phénylhydrazine. 

»  Bromure  d'Ă©thyle  et  phĂ©nylhyclrazine.  —  Si  l'on  verse  de  la  phĂ©nylhydrazine 
dans  une  solution  alcoolique  trÚs  concentrée  de  bromure  d'éthyle  on  obtient  d'abord 
un  bromure  de  phénylhydrazine  bibasïcjue  (C'H^  Az-H^)'HBr,  qui  peu  à  peu  se  trans- 
forme en  un  sel  n'ayant  plus  qu'une  molĂ©cule  de  phĂ©nylhydrazine,  en  mĂȘme  temps  que 
se  dépose  le  composé  neutre  C'^II'Az=H-(C-lP)-Br.  Ce  dernier  est  séparé  du  précédent 
grùce  à  sa  plus  grande  solubilité  dans  l'alcool  absolu. 

»  lodures  de  inĂ©tiiyle,  d'Ă©thyle  et  phĂ©nylhydrazine.  —  En  solutions  concen- 
trĂ©es la  rĂ©action  de  la  phĂ©nylhydrazine  sur  les  iodures  de  mĂ©thyle  et  d'Ă©thyle  doit  ĂȘtre 
effectuée  dans  un  mélange  de  glace  et  de  sel;  elle  donne  encore  de  Viodhydrate  biba- 
siqiie  de  phénylhydrazine  (C^H'Az-H'j'-Hl  ;  mais  celui-ci  se  change  rapidement  en 
iodhvdrale  monobasique  en  mĂȘme  temps  qu'il  se  dĂ©pose  une  grande  quantitĂ©  du  sel 
neuue.  On  les  sépare  au  moyen  de  l'alcool  absolu  dans  lequel  le  sel  neutre  est  moins 
soluble  que  les  iodhydrates  de  phénylhydrazine. 

»  Les  cristaux  du  composé  C''H»Az-lI-(CH^)-I  sont  généralement  liés  gros,  mais  les 
faces  striées  réfléchissent  mal;  tandis  que  les  cristaux  du  composé  C^H^Az^H^  (C^  H»)- 1 
sont  trĂšs  brillants.  Ils  sont  o/thorho/nbit/ues  comme  les  cristaux  du  sel  brome  corres- 
pondant (C'H^Az^H^)  (C^  H»  )=Br. 

»  lodure  de  propyle  normal  et  phĂ©nylhydrazine.  —  L'iodure  de  propyle  rĂ©agit 
également  sur  la  phénylhydrazine.  Si  l'on  opÚre  en  solution  concentrée,  il  se  dépose 
d'abord  de  l'iodhydrate  tribasique  de  phénylhydrazine  sous  la  forme  de  cristaux  feu- 
trĂ©s (CH^Âz^H')'}!!.  Cet  iodhydrate  passe  rapidement  Ă   la  forme  bibasique  et  donne 
en  dernier  lieu  de  l'iodhydrate  monobasique.  Il  ne  semble  pas  se  déposer  de  sel 
neutre  CMI- A-II-(C'H' )'I  ;  maison  peut  en  obtenir  les  cristaux  en  versant  de  l'Ă©ther 
et  de  l'eau.  Le  liquide  se  sépare  en  deux  couches.  La  couche  aqueuse  dissout  l'iodhv- 
drate  de  phĂ©nylhvdrazine  ;  la  couche  Ă©lhĂ©rĂ©e  retient  le  sel  neutre,  d'oĂč  il  cristallise 
alors,  quoique  di/Jicilcnient,  par  Ă©vaporalion  dans  le  vide.  En  redissolvanl  les  cristaux 
formés  dans  douze  fois  au  moins  leur  poids  d'eau  chaude,  on  obtient  par  refroidis- 
sement de  petites  aiguilles  trÚs  brillantes  du  corps  cherché.  Elles  bont  monocliniques. 

»  lodure  d'isoamyle  et  phĂ©nylhydrazine.  —  Au  fur  et  Ă   mesure  que  le  poids  ato- 
mique de  l'iodure  alcoolique  grandit  la  phénylhydrazine  réagit  sur  celui-ci  plus  len- 
tement et  moins  complÚtement.  Aussi  doit-on  opérer  toujours  en  solution  alcoolique 
trĂšs  concentrĂ©e  et  est-il  bon  mĂȘme  de  chauffer.  Toutefois  il  ne  faut  pas  que  la  tempĂ©- 
rature s'Ă©lĂšve  trop  et  l'on  doit  ajouter  de  temps  en  temps  de  l'alcool.  Sans  cela  on 
obtiendrait  de  Viodure  d'anunonium,  produit  ultime  de  la  réaction.  En  opérant  avec 
précaution  on  obtient  successivement  le^  iodhydrates  tribasique  et  bibasique  de 
phénylhydrazine,  mais  il  ne  se  dépose  plus  ici  de  cristaux  monobasiques.   Ils  n'appa- 


SÉANCE  DU  3  AOIT  rpoS.  33l 

raissenl  que  si  l'on  évapore  la  solution.  Quand  l'acidité  du  liquide  n'augmente  plus, 
on  l'Ă©lend  de  deux  fois  environ  son  poids  d'eau,  en  agitant  fortement  ;  on  voit  alors 
nager,  au  milieu  d'une  huile  insoluble,  une  pondre  cristalline. 

»  Elle  constitue  le  composé  neutre  CH'^  A/.- H'(C'H")I.  Il  ne  reste  plus  qu'à  filtrer 
Ă   la  trompe,  Ă   laver  Ă   l'eau  et  Ă   l'Ă©ther.  La  poudre  grise  obtenue  se  dissout  trĂšs  facile- 
ment dans  l'alcool,  d'oĂč  elle  se  dĂ©pose  en  tahlea  clinorhonibiques,  Ă©paisses,  brillantes, 
légÚrement  colorées,  solubles  seulement  dans  80  fois  leur  poids  d'eau  bouillante  et 
presque  insolubles  dans  l'eau  froide. 

»  Dans  toutes  ces  réactions,  quand  on  augmente  la  quantité  d'alcool,  on  enlÚve  à 
l'acide  une  partie  de  la  phénvlhydraz.ine  qui  lui  était  combinée. 

»  En  rĂ©.sumĂ©,  j'ai  fait  voir  que,  mĂȘme  en  solution  alcoolique,  le  bromure 
d'éfhyle  jßouvait  donner  du  bromlivdrale  bibasique  de  phényihvdrazine, 
qu'en.suile  il  .se  formait  eu  mĂȘme  temps  le  bromhydrate  monobasique  et  un 
sel  neutre,  le  bromure  de  phĂ©nyihydrazine  diĂ©lhylĂ©;  qu'il  en  Ă©tait  de  mĂȘme 
avec  les  iodures  de  méthyle  et  d'éthyle,  ainsi  qu'avec  les  iodures  d'ordre 
plus  élevé,  que  toutefois  ceux-ci  donnaient  d'abord  de  l'iodhvdrate  triba- 
sique  fie  phényihydrazine.  Enfin,  j'ai  donné  la  préparation  et  fait  connaßtre 
les  propriétés  des  iodures  de  phényihydrazine  dipropylée  et  diamylée,    » 


THERMOCHIMIE.   —  Recherches  thermochimiques  sur  les  matiùres  colorantes. 
La  rosaniline  et  la  pararosaniline.  Note  de  M.  Jules  Sch.midli.v. 

«  On  envisage  les  matiÚres  colorantes  sous  un  point  de  vue  général, 
comme  étant  toutes  des  combinaisons  non  saturées,  pourvues  de  doubles 
liaisons.  La  double  liaison,  représentation  usuelle  d'un  groupe  non  sa- 
turé, entraßne  nécessaii'ement  sur  quelques  points  de  la  molécule  un  excÚs 
d'Ă©nergie,  une  endothermie  locale  qui  donne  lieu  Ă   une  certaine  tension 
et  qui  est  peut-ĂȘtre  la  cause  directe  de  l'absorption  de  certains  ravons 
lumineux. 

»  Par  des  recherches  thermochimiques  sûr  les  phénomÚnes  de  neutrali- 
sation, je  me  suis  proposé  de  contribuer  à  la  connaissance  de  la  nature  des 
matiÚres  colorantes  en  général,  et  de  la  rosaniline  et  pararosaniline  en  par- 
ticulier. La  faible  solubilité  de  la  rosaniline  et  de  ses  sels  oblige,  afin  d'ob- 
tenir une  dissolution  rapide,  d'opérer  dans  des  solutions  d'acides  étendues. 

»  Dans  la  suite  des  expériences  on  a  rencontré  une  particularité  trÚs 
intéressante,  mais  qui  rend  l'expérimentation  trÚs  difficile.  Ou  remarque 
qu'il  y  a  en  dehors  de  la  neutralisation  un  second  |)héaomÚne  thermique 
d'une  durée  prolongée  qui  est  tantÎt  négatif,  tantÎt  positif  et  accompagné 
d'une  coloration  ou  décoloration,  causéeprobablement  par  une  hydratation 
ou  phénomÚne  inverse. 


332  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Ainsi  la  dissolution  de  la  base  de  la  rosaniline  dans  l'acide  acétique 
donne  lien  à  deux  phénomÚnes  thermiques,  correspondant  à  deux  difTé- 
rentes  réactions  d'une  vitesse  trÚs  différente.  Supposons  que  l'effet  ther- 
mique de  la  pr(>miĂšre  minute  soit  di'i  Ă   la  neutralisation,  tandis  que  la 
chaleur  absorbée  pendant  les  six  minutes  suivantes  réponde  à  une  déshy- 
dratation. En  mĂȘme  temps  on  observe  une  augmentation  de  l'intensitĂ©  de 
la  couleur  rouge,  proportionnelle  Ă   l'absorption  de  la  chaleur  chaque 
minute.  C'est  ce  que  j'ai  constaté  à  l'aide  d'un  colorimétre. 

»   Premier  phénomÚne  : 

(AzH2C«H*)^C0H  incolore +  0 H' O^ 

-v(AzH2C«H*fCG«H*AzIPC^H'0"- incolore  4- 7C''i, 8-. 

1)  DeuxiÚme  phénomÚne  : 

(AzH2C«II')'CC«Il*AzH=C2H*02  incolore 

_^H20  +  (AzH2C«H»)2C  =C«H*— AzFPCni^OĂź  colorĂ©  —  Sc^i.Sg. 

»  Si  l'on  dissout  l'acétate  dans  l'acide  acétique,  la  réaction  se  termine 
immédiatement,  un  phénomÚne  secondaire  n'a  pas  lieu,  le  composé 
coloré  reste  coloré.  Mais  il  en  est  autrement  avec  les  acides  minéraux 
Ă©tendus  (HCl+iooH'O,  IPSO' H- 20'oH-O) ,  tous  les  sels  dissous 
donnent  ici  deux  phénomÚnes  successifs,  un  premier  qui  répond  avec  le 
monochlorhvdrate  à  la  fixation  de  2"'°'  H  Cl  et  à  la  chaleur  de  dissolution 
du  Irichlorhydrate,  et  un  second  qui  paraßt  répondre  h  une  hydratation  du 
dernier  composĂ©.  En  mĂȘme  temps  on  ol)serve  une  dĂ©coloration  graduelle. 

I.  Phase:       (  AzH2C»H')''C  :=  G«H'=  AzIf^Cl  coloré  -h  2HCI 

^  (HClAzH2C'=H'')^C  =  G«H''  =  AzII-Cl  coloré  -t-  4*^»',  18. 

II.  Phase:     (IICI  AzII^C«H*)'-C  =  GHP^  AzH'^Cl  coloré -f- H'-O 

->(IIGlAzH-C«H'')'COH  incolore +  4'"-'i, 56. 

I.  Phase:       (HGIAzIPC''H')^G=iC'ßH'  =  AzH2G1  solide  coloré 

->  (  H  CI  Az H^  G«  H* )2 G  =  G«  H*  =  AzIP- Gl  diss.  colorĂ©  —  2'^''',  t  5. 

II.  Phase:     (HGlAzH-G'^H*)2G  =  C«H*=  AzH^Gl  +  H-0  coloré 

-^(HGIAzIPG''H*)^GOH  incolore  -4- /if"',  i4- 

»  Quant  à  la  base  pure,  en  se  dissolvant  dans  un  acide  minéral  étendu, 
elle  donne  une  liqueur  incolore. 

»  Avec  le  sulfate  dissous  dans  l'acide  sulfurique,  on  observe  également 
les  deux  phénomÚnes,  avec  deux  dégagements  de  chaleur  successifs  : 

I.  Phase  :       Base  incolore -t-6'^^',79     sel  du  ciirbinol  incolore. 

II.  Phase  :      Sel  du  carbinol  incolore..      -1-  4'''',  '3     sel  coloré  anhydre. 


SÉANCE   DU   3   AOUT    ujo3.  333 

»  De  mĂȘme  en  dissolvant  l'oxalate  dans  HCl  : 

I.  Phase  :       Base  incolore -i-Sf^'^oo     sel  incolore. 

II.  Phase  :      Sel  incolore ■+-  4"^'''',74     sel  colorĂ©  anhydre. 

»  On  voit  que  tous  ces  phénomÚnes  secondaires  sont  identiques;  nous 
aurions  donc  pour  la  chaleur  d'hydratation,  en  moyenne  :  +  4'^='',4o. 

»   La  rĂ©action  inverse  de  la  dĂ©shydratation  de  l'acĂ©tate  fournit  :  —3*^"', 89. 

M  Les  deux  phĂ©nomĂšnes  rĂ©ciproques  sont  de  mĂȘme  ordre,  bien  que  les 
deux  quantités  de  chaleur  n'aient  pas  une  concordance  bien  nette,  parce 
que  les  deux  rĂ©actions  sont  superposĂ©es  et  ne  peuvent  ĂȘtre  Ă©valuĂ©es  isolĂ©- 
ment que  d'une  maniÚre  approchée. 

»  A  la  transformation  d'un  sel  incolore,  dérivé  du  carbinol,  en  sel 
anhydre  coloré,  répond  une  absorption  de  chaleur  d'environ  4^^',  énergie 
qui  est  emmagasinée  dans  les  doubles  liaisons  du  systÚme  qiiinoïde  qui 
s'Ă©tablit  par  suite  de  la  perte  d'eau. 

)>  Si  l'on  considÚre  la  chaleur  dégagée  par  minute  égale  à  la  quantité  de 
substance  transformée,  on  peut  établir  à  l'aide  des  chiffres  obtenus  pour 
le  phénomÚne  d'hydratation  du  chlorhydrate  que  cette  réaction  eslunimo- 

T 
léculaire  et  se  représente  par  l'équation  :  log  =; =  S'a. 

))  On  trouve  pour  a.,  coefficient  de  vitesse  de  la  réaction,  une  valeur 
constante. 

CHALEURS  DK  NEUTRALISATION  DES  SELS  DE  LA  ROSANILINE  ET  PARAROSANILINE. 

Pararosanilirie.     Rosaniline. 
Monochlorhydrates. 

^  ,  Cal  Cal 

Base  dissoute  dans  (HCl-t-  looH^O) -n8,.53         4-18,7.5 

Chlorhydrate  dissous _l_  8,89         M-  8,66 

Base  solide  -t-  HCl  diss.=  Chlorhydrate  solide  -H  H^O -(-lo,  i4         -t-io,  i3 

Trichlor  hydrates. 

Chlorhydrate  dissous  dans  (HCl  -H  100  H' O) +  8,89         +  8,66 

Trichlorhydrate  dissous 4-    1,99         -H   2,3i 

Chlorhydrate  solide -f- 2 HCl  diss.  =  Trichlorhydrate  solide.  .      -1-  6,3.5         -+-  6,4o 

Sulfates. 

Base  dissoute  dans  (H-SO'-t-  200  H-0  ) -I-21 ,20  -)-2i  ,5i 

Sulfate 4-io,58  -f-10,92 

Base  solide  -t-  iHjSO*  diss.  =  sulfate  solide  +  H' O 4-10", 62  4-10,59 

C.  R.,  1903,  i'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N'  5.)  44 


334  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Acétates. 

Base  dissoute  clans  acide  acétique  2,7  pour  loo -t-   5,  19  +   5  ,43 

Acétate  dissous -I-   i,33         -1-1,59 

Base  solide -(- C^H'O' diss. —acĂ©tate  solide  4- H'O -+-  3,86         ‱+-  3,84 

Oxalates. 

Base  dissoute  (H Cl -h  100 H»0-i-|C^O'H^) +i9;7o         +19,67 

Oxalate  diss.  (Ha+  iooH'^0) -+-12,43         -+-12,74 

Base  solide +iC20*H2diss.—Oxalale  solide -I-Il-O +7,27         -+-  6,93 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  le  dosage  de  F  ammoniaque  dans  les  rins,  et  son 
rÎle  dans  la  différenciation  des  mislelles  d'avec  les  vins  de  liqueur.  Note  de 
M.  J.  Laborde. 

«  La  présence  de  l'ammoniaque  dans  les  vins  a  fait  déjà  l'objet  de 
travaux  assez  importants  ('),  et,  tout  récemment  {Comptes  rendus, 
8  juin  1903),  MM.  Gautier  et  Halphen  ont  étudié  de  nouveau  le  phéno- 
mÚne de  la  disparition  de  l'ammoniaque  des  moûts  de  raisin  pendant  la 
fermentation  alcoolique  de  ces  moûts. 

»  En  1898,  j'avais  employé,  pour  doser  l'ammoniaque  des  moûts  et  des 
vins,  le  procédé  préconisé  par  M.  Mûnlz  :  on  sature  l'acidité  par  le  carbo- 
nate de  soude,  on  distille  à  basse  température  (35°  environ)  à  l'aide 
du  vide,  pour  chasser  les  bases  volatiles  en  les  recueillant  dans  une  quan- 
tité suffisante  d'acide  sulfurique,  puis  on  alcalinise  le  liquide  distillé  avec 

de  la  soude  et  on  le  distille  Ă   100°  dans  SC'H-— ,  qui  est  titrĂ©  avec  de  l'eau 
de  chaux  et  de  l'hélianthine  comme  indicateur. 

»  MM.  Gautier  et  Halphen  ont  déplacé  les  bases  volatiles  par  la  ma- 
gnésie et  la  distillation  à  100";  ils  ont  vu  que,  en  titrant  alcalimétrique- 
ment  le  liquide  distillé,  on  trouvait  un  chiffre  d'azote  ammoniacal  souvent 
plus  Ă©levĂ©  que  celui  qui  Ă©tait  fourni  par  le  mĂȘme  liquide,  acidifiĂ©  par  H  Cl 
et  traité  par  PtCl*  pour  doser  l'ammoniaque  à  l'état  de  chloroplatinate,  la 
différence  provenant  de  l'existence  de  certaines  bases  cycliques  accom- 
pagnant AzH^  et  les'bases  acycliques. 


(')  Al.  Muntz,  Comptes  rendus,  t.  GXXIV,  p.  334.  —  Al.  MiJWTZ  et  Rousseau.x, 
Revue  de  ViticuL,  1897,  p.  173.  —  J.  Laborde,  Annales  de  ilnstitiil  Pasteur,  1898, 
p.  517. 


SÉANCE   DU   3   AOUT    igo'3.  335 

»  Il  était  intéressant  pour  moi  de  savoir  si  ce  dernier  fait  se  reproduirait 
en  employant  la  méthode  de  M.  Mûnlz,  car,  dans  ce  cas,  les  réstdlats  de 
mon  travad  de  1898  devenaient  incertains.  Pour  cela,  j'ai  procédé,  dans 
de  nouvelles  expériences,  au  dégagement  des  bases  volatiles,  comparati- 
vement, par  les  deux  méthodes  de  distillation,  et  au  dosage  de  ces  bases 
dans  les  liquides  distillés,  d'abord  alcalimélriquement,  et  ensuite  par  le 
chlorure  tle  platine. 

»  Les  liquides  sur  lesquels  j'ai  opéré  étaient  :  i»  des  moûts  de  raisin  conservés  en 
bouteilles,  depuis  la  derniÚre  récolte,  par  la  pasteurisation;  2"  des  moûts  conservés 
par  l'addition  d'alcool  qui  en  avait  fait  des  inistelles;  3°  des  moûts  de  la  premiÚre 
catégorie  ayant  perdu  la  moitié  environ  de  leur  sucre  par  fermentation  dans  différentes 
conditions.  Le  Tableau  suivant  indique  ces  conditions  et  les  résultats  obtenus  pour  les 
liquides  ci-dessus  et  pour  des  vins  divers,  les  chiffres  étant  rapportés  au  litre  : 

Procédé  MiinU  :  Procédé  à  la  magnésie  : 

AzH'  di)sé  par  AzH'  dosé  par 

Nature  des  liquides.  l'alcalinu-trie.     le  platine.  l'alcalimétrie.      le  platine. 

,.    .      1        ,  .    .  '"3  "f  "S  ""S 

Mout  de  cépages  rouges  pasteurise.      197,0  '97)5  181,0  181, 5 

Mislelle  de  cépages  rouges  divers.  .  «  »  i.56,3  i.54  o 

Moût  de  chasselas  pasteurisé »  »  67,5  66.5 

Mistelle  de  chasselas »  »  54,0  53  5 

Moût  de  cépages  blancs  divers  pas- 
teurisé       i3i,r»  i3i,o  06,9  126,0 

MĂȘme  moĂ»t,  incomplĂštement  fer- 
menté à  25°  avec  levure  d'Algérie 
P"^^ 29,9  29,8  29,9  29,8 

MĂȘme  moĂ»t,  incomplĂštement  fer- 
mentĂ© Ă   35°avec  mĂȘme  levurepure       82,6  82,0  82,6  83  o 

MĂȘme  moĂ»t,  incomplĂštement  fer- 
menté à  25"  avec  levure  sauvage 
pure 12^,8  124,1  122,5  123,2 

MĂȘme  moĂ»t,  incomplĂštement  fer- 
menté à  So"  avec  levure  algérienne 
et  microbes  de  la  tourne  (') 4o,5  4'i5  4o,  1  4i   5 

MĂȘme  moĂ»t,  incomplĂštement  fer- 
mentĂ© Ă   3o"  avec  mĂȘme  levure  et 
ferment  mannitique  (') 92,2  92,3  91,2  91,0 

Moût  de  cépages  rouges  divers,  fer- 
menté à  25°  avec  levure  algérienne 
Pui-e ‱ 75,5  74,3  70,8  74,3 

Vin  de  la  Gironde  de  1899,  forte- 
ment tourné 69,5  69,8  68,6  69,0 

Vin  sain  de  la  Gironde  de  1902  ....  »‹  »  8,4  8,5 

Vin  de  Sauternes  de  i8g3 19"  '9i4  '9)9  20,0 

(')   L'acidilĂš  volatile  de  ces  liquides  Ă©tait  voisine  de  2S  par  litre. 


'M6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  On  voit  que  :  i°  les  résultats  fournis  par  les  deux  méthodes  de  distillalion  sont 
presque  toujours  tout  à  fait  comparables  pour  cette  classe  de  liquides  naturels;  2°  la 
quantité  d'AzlI^,  restant  dans  des  moûts  assez  riches  en  ammoniaque  et  avant  perdu 
environ  la  moitiĂ©  de  leur  sucre  par  fermeulalion  alcoolique  pure,  peut  ĂȘtre  supĂ©rieure 
à  la  teneur  ammoniacale  (')  de  beaucoup  d'autres  moûts  non  fermentes;  3°  sauf 
quelques  rares  exceptions,  le  dosage  de  AzlP,  par  alcalimétrie  ou  par  le  platine,  a 
donné  des  résultats  parfaitement  concordants,  soit  dans  les  moûts  cl  mistelles,  soit 
dans  les  liquides  fermentes  normalement  ou  en  présence  de  microbes. 

»  Le  fait  de  l'existence  de  bases  cycliques  volatiles,  et  de  leur  augmen- 
tation pendant  la  fermentation,  signalé  par  MM.  Gautier  et  Halphen  dans 
des  moiits  et  des  vins  du  midi  de  la  France,  ne  se  retrouve  donc  pas,  d'une 
maniÚre  sensible,  pour  les  moûts  et  les  vins  du  Bordelais  :  la  réaction  par 
le  brome,  caractĂ©ristique  de  ces  bases,  n'ayant  pu,  en  outre,  ĂȘtre  jamais 
obtenue. 

»  Au  contraire,  les  résultats  de  mes  dosages  de  1898  par  la  méthode  de 
M.  Miintz  sont  pleinement  confirmés,  ainsi  que  les  conclusions  de  mon 
travail,  qui  sont  les  suivantes,  au  sujet  de  l'ammoniaque  seulement  : 

M  D'une  maniÚre  générale,  l'ammoniaque  contenue  naturellement  dans 
le  moût  de  raisin  est  utilisée  avec  avidité  (-)  par  les  levures,  comme  l'avait 
déjà  montré  M.  Duclaux,  mais  il  peut  en  rester,  dans  le  vin,  des  quantités 
plus  ou  moins  grandes,  en  relation  avec  la  nature  du  moût,  sa  richesse 
ammoniacale,  la  variété  de  levure,  les  conditions  physiques  et  chimiques 
de  la  fermentation,  et  avec  l'influence  qu'exercent,  sur  le  milieu  fermen- 
tescible  et  sur  la  levure,  les  ferments  de  maladie  qui  peuvent  se  développer 
en  mĂȘme  temps  qu'elle. 

»  Ces  conclusions,  vraies  pour  des  liquides  complÚtement  fermentes,  le 
sont  aussi,  comme  l'ont  montré  d'ailleurs  mes  derniÚres  expériences,  pour 
des  moûts  incomplÚtement  fermentes  tels  que  ceux  qui  servent  à  la  fabri- 
cation des  vins  de  liqueur.  Ces  derniers,  mĂȘme  produits  par  des  fermenta- 
tions tout  Ă   fait  exemptes  de  microbes,  peuvent  donc  contenir  des  quan- 
tités d'azote  ammoniacal  trÚs  supérieures  à  la  limite  de  lo*"»  par  litre, 
atlmise  par  MM.  Gautier  et  Halphen,  et  j'ai  rencontré,  notamment,  bien 
des  vins  de  Sauternes,  qui  sont  des  vins  de  liqueur  par  excellence,  conte- 
nant de  i6°'s  à  25"s  à' azote  ammoniacal  par  litre.  :> 


(')  Elle  peut  varier  depuis  quelques  milligrammes  jusqu'Ă   plus  de  200  milligrammes 
par  litre. 

(2)  Mes  expériences  de  1898  montrent  en  elTet  que  AzlP  est  utilisé  dÚs  le  début 
de  la  fermentation. 


SÉANCE    D€    3    AOUT    igoS.  33-; 


CHIMII'    ORGANIQUE.  —  5a,'-  le  ferment  du  scdul  contenu  dans  certains  laits. 
Note  de  M.  A.  DesmouuĂšre.  (Extrait.) 

«  MM.  Miele  et  Willem  ont  présenté  à  l'Académie  (séance  dti  i  3  juil- 
let 1903),  une  Note  ayant  pour  \:\\.\q  A  propos  d'une  diastasc  lactique  dédou- 
blant le  salol.  Cette  Note  présente,  sur  nombre  de  points,  une  grande  simi- 
litude avec  une  Communication  que  nous  avons  faite  au  mois  de  février 
dernier  à  la  Société  de  Pharmacie  de  Paris  (').  Rappelons  d'ailleurs  que 
nous  avons  fait  abstraction  de  l'existence  d'un  ferment,  et  montré,  par  une 
série  d'expériences  relatées  dans  notre  travail,  que  la  seule  réaction  des 
liqueurs  expliquait  les  faits  constatés. 

»  Nous  avons  mĂȘme  donnĂ©  l'explication  de  certains  faits  qui  avaient  pu 
faire  croire  à  l'existence  d'un  ferment,  et  signalé  une  cause  d'erreur  dans 
le  procédé  indiqué  |)ar  MM.  Nobécourt  etMerkIen,  pour  caractériser  dans 
les  laits  ce  ferment  du  salol,  dont  l'existence,  aprĂšs  nos  recherches,  appa- 
raissait comme  bien  hypothétique.    » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  les  propriĂ©tĂ©s  et  la  composition  chimique  de  la 
matiÚre  phospho-orgamque  de  réserve  des  plantes  à  chlorophylle.  Note  de 
M.  S.  PosTER.VAK,  présentée  par  M.  Armand  Gautier. 

«  J'ai  montré  dans  une  Note  antérieure  (-)  qu'il  est  possible  d'isoler  de 
tous  les  tubercules,  graines  et  rhizomes  ex;iminés,  une  matiÚre  phospho- 
organique  de  réserve  que  l'on  obtient  sous  forme  de  mélange  des  sels 
acides  de  magnésie,  de  chaux  avec  un  peu  de  fer  et  de  manganÚse. 

»  Il  est  facile  de  préparer,  à  partir  de  ce  mélange,  par  une  méthode  qui 
sera  déci'ite  adleurs,  l'acide  phospho-orga nique  libre  et  ses  sels  définis 
dont  les  propriĂ©tĂ©s  mĂ©ritent  d'ĂȘtre  Ă©tudiĂ©es  de  prĂšs. 

»  Acide  libre.  —  L'acide  libre  dessĂ©chĂ©  dans  le  vide  sur  l'acide  sulfurique  se  prĂ©- 
sente sous  l'aspect  d'un  liquide  trÚs  épais,  transparent  et  coloré  en  jaune.  II  est  soluble 
en  toutes  proportions  dans  l'eau  distillée,  assez  soluble  dans  l'alcool  absolu,  insoluble 


(')  A.  DjiSJiouuÉRE,  Sur  le  ferment  du  salol  contenu  dans  certains  laits  (Journ. 
de  Physique  et  de  Chimie,  i"'  mars  igoS,  et  Bulletin  des  docteurs  en  Pharmacie, 
février  igoS). 

C)   Comptes  rendus,  t.  GXXXVII,  p.  202. 


338  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  l'éther,  le  benzÚne,  le  chloroforme  et  l'acide  acétique  glacial.  D'une  saveur  acide, 
il  ne  paraĂźt  prĂ©senter  aucune  tendance  Ă   la  cristallisation.  Refroidi  Ă   —  20°,  le 
liquide  s'Ă©paissit  davantage  et  se  laisse  Ă©tirer  en  fils.  CliaulTĂ©  au  bain-marie,  ou  mieux, 
encore,  à  l'étuve  au-dessus  de  100°,  l'acide  libre  brunit  fortement.  A  la  température 
de  125°,  on  observe  mĂȘme  la  formation  de  menus  flocons  d'une  substance  raĂ©lanoĂŻde 
insolubles  dans  l'eau  et  dont  je  n'ai  pas  encore  fait  l'Ă©tude. 

»  Les  solutions  aqueuses  de  cet  acide,  neutralisées  avec  la  potasse  ou  la  soude  au 
méthylorange  ou  à  la  phénolphtaléine  et  évaporées  à  sec,  donnent  des  vernis  transpa- 
rents. Tous  les  essais  pour  faire  cristalliser  les  sels  d'alcalis  sont  restés  sans  résultat. 

»  Les  conditions  de  précipitation  de  l'acide  phospho-organique,  par  les  sels  métal- 
liques, ressemblent,  en  général,  à  celles  de  l'acide  phosphorique.  Cependant,  le  per- 
chlorure  de  fer  précipite  les  solutions  de  l'acide  libre,  si  elles  ne  sont  pas  trop  diluées 
el  le  nitrate  d'argent  donne  un  précipité  blanc  avec  le  phosphate  organique  neutre  de 
soude.  L'acétate  d'urane  agit  comme  sur  les  phosphates  minéraux. 

»  Les  précipités  des  phosphates  organiques  de  magnésie,  de  chaux.,  de  baryte  et  de 
strontiane  sont  amorphes.  Le  premier  est  facilement  soluble  dans  l'acide  acétique,  le 
deuxiĂšme  moins,  les  deux  derniers  y  sont  presque  insolubles.  Ils  sont  tous  facilement 
solubles  dans  les  acides  minéraux.  Les  solutions  des  sels  de  magnésie  et  de  chaux 
dans  l'acide  acétique  se  coagulent  par  la  chaleur.  Le  coagulum,  qui  se  redissout  aprÚs 
refroidissement,  est  composé  de  corpuscules  sphériques  ressemblant  à  s'y  méprendre, 
par  leur  aspect  et  leurs  propriétés,  aux  globoïdes  décrits  par  PfelTer  dans  les  grains 

d'aleurone. 

1)  L'acide  phospho-organique  est  précipité  par  la  liqueur  magnésienne  à  l'état  de  sel 
ammoniaco-magnésien  amorphe  ;  le  sel  de  soude,  complÚtement  saturé,  est  précipité 
par  la  mĂȘme  liqueur  Ă   l'Ă©tat  de  globoĂŻdes  assez  grands  pour  ĂȘtre  visibles  Ă   l'Ɠil  nu. 

»  La  liqueur  molybdiiiue,  préparée  d'aprÚs  les  prescriptions  de  Fresenius,  ne  donne 
aucune  réaction  à  froid  lorsque  la  concentration  de  l'acide  est  faible  (au-dessous  de 
I  pour  100).  A  l'ébullilion,  on  observe  l'apparition  des  cristaux  caractéristiques  de 
phosphate  molybdoammoniacal,  due  à  la  décomposition  de  l'acide  phospho-organique. 
Avec  les  solutions  plus  concentrées  on  obtient  un  précipité  blanc,  et  la  quantité  de  la 
liqueur  molybdique  nécessaire  pour  provoquer  cette  réaction  est  en  raison  inverse  de 
la  concentration  de  l'acide.  Le  prĂ©cipitĂ©  e=t  extrĂȘmement  soluble  dans  l'eau  distillĂ©e 
et  insoluble  dans  l'acide  nitrique  de  i ,  2  de  densité. 

»  Les  solutions  des  sels  phospho-organiques  de  soude  possÚdent  la  propriété  de  dis- 
soudre des  quantités  notables  de  sels  neutres  de  magnésie,  de  chaux  et  de  manganÚse, 
complÚtement  insolubles  dans  l'eau  distillée.  De  ces  dissolutions,  lorsque  la  concen- 
tration totale  des  matiÚres  en  présence  ne  dépasse  pas  5  pour  100,  cristallise  aisément 
un  sel  double  de  chaux  et  de  soude  en  longues  aiguilles  trÚs  fines  et  molles,  se  réunis- 
sant en  houppes.  C'est  la  seule  combinaison  cristallisée  de  l'acide  phospho-organique 
que  j'aie  pu  obtenir  jusqu'ici. 

»  La  quantité  d'alcali  nécessaire  pour  saturer  l'acide  en  question  varie  suivant  l'in- 
dicateur colorĂ©  mis  en  Ɠuvre.  En  titrant  l'acide  avec  une  solution  dĂ©cinormale  de 
soude,  on  constate  que,  pour  faire  virer  la  phénolphtaléine  ou  la  teinture  de  tournesol, 
il  est  nécessaire  d'ajouter  une  fois  et  demie  le  volume  de  soude  que  l'on  emploierait 
pour  le  changement  de  la  coloration  du  méthylorange.  Pour  précipiter  tout  l'acide  de 


SÉANCE    DU    3    AOUT    igoS.  339 

la  solution  avec  de  la  baryte  décinormale,  il  faut  employer  deux,  fois  ce  volume.  C'est 
ce  qui  établit  que  l'acide  étudié  par  nous  est  au  moins  télrabasique. 

‱  »  Enfin,  pour  terminer  avec  les  propriĂ©tĂ©s  de  l'acide  jjhospho-organique,  notons 
qu'il  précipite  d'une  façon  parfaite  toutes  les  solutions  neutres  ou  acides  des  albunai- 
noïdes  d'origine  animale  ou  végétale,  y  compris  les  solutions  naturelles,  comme  le 
sĂ©rum  sanguin  et  le  blanc  d'Ɠuf.  Le  prĂ©cipitĂ©  obtenu  avec  des  albumoses  est  formĂ©  de 
globules  énormes,  trÚs  solubles  dans  les  acides  et  les  alcalis  dilués,  dans  les  sels 
neutres  Ă   froid  et  mĂȘme  dans  l'eau  Ă   la  tempĂ©rature  d'Ă©bullition.  Le  prĂ©cipitĂ©  se 
reforme  aprĂšs  refroidissement. 

»  Composition  chimique  de  l'acide.  —  Nous  ne  communiquerons  ici  que  les  rĂ©- 
sultats de  l'analyse  de  l'acide  libre  et  du  sel  cristallisé  double  de  soude  et  de  chaux. 
On  a  trouvé  pour  deux  préparations  différentes,  sécliées  à  i  lo"  jusqu'à  poids  constant  : 

Calculé  pour 
1.  ','.  C-H»P-0'.       CH'PO*. 

P 25,89  26,00  26,07  2/j,23 

C 9,87_  9,97  10,08  9,-^7 

H 3,70  3 ,  66  3,36  3 ,  90 

»  L'analyse  du  sel  double  de  soude  et  de  chaux  a  donné,  pour  deux  préparations 
différentes  séchées  à  110°: 

Calculé  pour 
1.  2.         jC'H'P-O'iNa'+C^H'P^O'Ca^ 

G 7,2.5  7,43  7,45 

H 1,34  1,49  1,24 

P '9>42  '9! '3  19,26 

Ca 8,4i  8,16  8,28 

Na i8i79  19,02  19,08 

Cendres 81, 3o  Sr,33  81, 36 

Ce  sel  cristallise  avec  8'"°'  d'eau. 

»  La  composition  centésimale  de  l'acide  libre  correspond  donc  à  la  formule 
C'^H'P^O'  qui  se  distingue  de  celle  indiquée  antérieurement  par  moi  par  \  moléc.  d'eau. 

»  Il  résulte  de  ce  qui  précÚtle  que  l'acirle  phospho-orgaiiique  de  réserve 
des  plantes  vertes  présente  des  propriétés  caractéristiques  qui  permettent 
de  le  différencier  facilement  des  autres  combinaisons  phosphorées  connues 
et  de  l'identifier  avec  certitude.  Les  faits  que  je  viens  d'exposer  seront, 
comme  on  le  verra  prochainement,  d'une  grande  utilité  pour  la  discussion 
de  la  constitution  chimique  de  ce  corps  intéressant.    » 


34o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


l'HYSiOLOGil-  AMMALE.  —  De  l'excrĂ©tion  chez  les  HvdroĂŻdes.  Note  de  M.  A. 
Billard,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Fraipont('),  Clans  (^),  de  Varenne  ('),  Merejkowsky  ( '),  Jickeli  (^) 
et  Zoja  (")  ont  signalé,  en  certains  points  de  l'ecloderme  de  différentes 
espĂšces  d'HvdroĂŻdes  des  cellules  glandulaires  granuleuses.  Jickeli,  chez 
Y Obelia  plicata  et  le  Plumularia  halecioĂŻdes,  leur  attribue  un  rĂŽle  dans  la  pro- 
duction du  périsarque.  Il  s'appuie  sur  cette  observation,  entachée  d'erreur, 
que  ces  cellules  n'existent  qu'Ă   l'extrĂ©mitĂ©  mĂȘme  des  branches,  oĂč  le 
périsarque  est  trÚs  mince,  et  disparaissent  lorsque  l'épaisseur  du  péri- 
sarque augmente. 

»  J'ai  repris  l'étude  de  ces  cellules  chez  différentes  espÚces  (^Campanu- 
laria  angulata,  C.  Jlexiiosa,  Obelia  dichotoma,  0.  longissima,  0.  geniculala, 
Sertularia  piimUa,  Plumularia  echinulala)  oĂč  l'on  peut  trĂšs  facilement  les 
observer  à  l'état  vivant  à  cause  de  leurs  contours  nets  et  de  la  réfringence 
de  leurs  granulations. 

»  Chez  le  C.  angulata,  VO.  dichotoma,  VO.  geniculata,  le  P.  echinulala,  il  y  en 
a  de  deux  sortes,  les  unes  finement,  les  autres  grossiĂšrement  granuleuses.  Les  pre- 
miÚres représentent  le  stade  jeune  des  secondes.  Le  C.  flexuosa  et  VO.  longissima  ne 
possĂšdent  que  des  cellules  finement  granuleuses,  tandis  qu'on  ne  voit  jamais  que  des 
cellules  Ă   grosses  granulations  chez  le  S.  pumila. 

»  Comme  l'a  déjà  remarqué  de  Varenne  chez  les  C.  angulata  et  C.  flexuosa,  ces 
cellules  sont  douées  de  mouvements  amiboïdes  et  j'ai  constaté  ce  fait  chez  toutes  les 
espÚces  citées  plus  haut.  Chez  VO.  dichotoma,  une  de  ces  cellules  m'a  montré  un 
déplacement  de  171^,2  en  i  minute. 

»  Ces  cellules,  contrairement  à  l'opinion  de  Jickeli,  se  rencontrent  dans-  toutes  les 
parties  de  l'Hydroïde,  elles  sont  surtout  abondantes  à  l'extrémité  des  stolons  et  des 
branches,  mais,  dans  ces  derniĂšres,  elles  sont  moins  nombreuses  que  dans  les  stolons. 
Dans  les  colonies  ùgées  d'O.  dichotoma,  dans  les  stolons  qui  ont  donné  naissance  à 
une  grande  quantité  de  jeunes  colonies,  l'ectoderme  est  trÚs  riche  en  cellules  granu- 
leuses. Dans  certains  endroits,  elles  sont  si  nombreuses  qu'elles  se  touchent.  J'ai  ob- 
servĂ© le  mĂȘme  fait  dans  les  colonies  ĂągĂ©es  du  C.  angulata  et  du  P.  echinulata. 

(‱)  Arch.  Zool.  exp.,  t.  VIII,  1879-1880. 

(^)  Arb.  Zool.  Inst.  Wien,  Bd.  IV,  1881. 

(')  Arch.  Zool.  exp.,  t.  X,  1882. 

(»)    Arch.  Zool.  exp.,  t.  X,  1882. 

(  =  )  Morph.  Jahrb.,  Bd.  VIII,  i883. 

C)  BoU.  scient.  Ann.,  15,  1893  et  Alillh.  Zool.  Stat.  Neapel,  Bd.  X,  iSgS. 


SÉANCE    DU    '6   AOl  T    Ii)ol  'l'|l 

»  Ces  derniÚres  observations  permeUent  d'expliquer  le  rÎle  de  ces 
cellules.  Elles  ne  servent  pas  à  la  formation  du  périsarqiie,  puisqu'elles 
existent  encore  aux  points  oĂč  celui-ci  est  trĂšs  Ă©pais.  Ce  ne  peul  ĂȘlre  des 
cellules  de  réserve,  car,  au  lieu  d'augmenter  en  nombre  avec  l'ùge,  elles 
devraient  diminuer  ou  mĂȘme  disparaĂźtre. 

»  Il  est  doue  naturel  de  penser  qu'il  s'agit  là  de  cellules  glandulaires 
excrétrices,  qui  accumulent  les  substances  de  déchet  dues  à  l'activité  phy- 
siologique. 

»  Cette  hypothÚse  explique  trÚs  bien  l'abondance  de  ces  cellules  granu- 
leuses à  l'extrémité  des  rameaux  et  des  stolons  oii  l'accroissement  est 
rapide  et  oĂč,  par  consĂ©quent,  les  produits  de  dĂ©sassimilation  doivent  se 
former  en  grande  quantité;  elle  explique  aussi  naturellement  leur  accumu- 
lation dans  les  vieilles  colonies  ou  dans  les  parties  ùgées  dont  le  fonction- 
nement vital  a  entraßné  la  formation  d'une  quantité  d'excréta  d'autant  plus 
grande  qu'il  a  eu  plus  de  durée.  L'excrétion  chez  les  Hydroides,  du  moins 
chez  les  Calyptoblastiques,  semble  donc  localisée  dans  cetiaines  cellules 
de  l'ectoderme.  Ces  cellules  ne  peuvent  se  débarrasser  de  leurs  produits, 
le  périsarque  au  dehors  et  la  lamelle  de  soutien  au  dedans  leur  opposant 
une  barriĂšre  qu'elles  ne  peuvent  franchir. 

»  J'ai  essayé  l'action  de  divers  réactifs  sur  ces  cellules,  mais  malheureusement  les 
résultats  obtenus  ne  permettent  pas  de  se  prononcer  sur  la  nature  chimique  des  gra- 
nulations. Ces  essais  ont  porté  sur  les  cellules  granuleuses  du  C.  angulala.  L'eau  dis- 
tillée, les  acides  acétique,  sulfurique,  azotique,  chlorhydrique  à  j^  dissolvent  les  gra- 
nulations (').  Une  solution  Ă©tendue  de  soude,  de  carbonate  de  sodium,  l'ammoniaque, 
ne  les  dissolvent  pas.  Elles  sont  Ă©galement  insolubles  dans  l'alcool,  le  chloroforme, 
l'éther,  la  benzine  et  le  xylol.  Elles  ne  sont  pas  formées  de  matiÚre  minérale,  car  elles 
disparaissent  par  la  calcination  sur  une  lame  de  mica.  D'ailleurs  on  ne  peut  pas 
non  plus  reconnaßtre  la  présence  de  calcium  ou  d'acide  phosplioiique.  La  réaction  de 
la  murexide  donne  un  résultat  négatif,  ce  qui  démontre  l'absence  d'urates.  Dans  l'ac- 
tion de  l'iode  dans  l'iodure  de  potassium  Ă   2  pour  100,  ces  cellules  montrent  une  Ă©lec- 
tivité  un  peu  plus  grande  pour  l'iode  que  les  autres,  aussi  peut-on  affirmer  que  ces 
granulations  renferment  une  substance  azotée. 

»  J'ajouterai  que  j'ai  constaté  l'action  dissolvante  des  acides  faibles  sur  les  cellules 
granuleuses  de  VO.  dicholoma,  du  S.  puinila  et  du  P.  echinulata.  Celte  facile 
solubilité  des  granulations  dans  les  acides  explique  leur  disparition  aprÚs  l'action  des 
réactifs  fixateurs  acides,  surtout  lorsque  l'action  du  réactif  a  été  prolongée,  comme 
j'ai  pu  le  constater  sur  des  coupes. 

»   J'ai  essayé  l'action  des  colorants  dans  deux  espÚces  jusqu'à  présent  {C.  angulata, 

(')  Il  n'y  a  pas  d'effervescence  avec  les  acides. 

C.  R.,  igoS,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII    N*  &‱)  4  ^ 


M<  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

O.  dichotoina).  L'hĂ©maloxyline  ferrique  colore  fortemenl  les  granulations,  de  mĂȘme 
que  le  carmia  à  l'alun.  Chez  VO.  dichotoina ,  j'ai  observé  que  les  granulations.n'élaienl 
colorées  ni  jJar  l'éosine,  ni  par  la  thionine  (colorant  de  la  niucine),  mais  prennent  la 
coloration  rouge  de  l'orange  en  employant  la  solution  triacide  d'Ehrlich. 

»  Lorsque  les  granulations  ont  été  dissoutes  par  l'action  des  réactifs,  il  reste  dans  la 
cellule  glandulaire  un  réseau  piotoplasmii[ue  plus  ou  moins  régulier,  en  un  point 
duquel  se  trouve  un  noyau  plus  petit  que  celui  des  cellules  voisines. 

»  En  résumé,  il  existe  des  cellules  excrétrices  amiboïdes  dans  recto- 
derme  de  beaucoup  d'HydroĂŻdes  calyptoblastiques,  mais  la  nature  de  l'ex- 
crĂ©tion n'a  pu  ĂȘtre  fixĂ©e.  » 


ANAÏOMIE  COMPARÉE.  —  Les  lois  mĂ©caniques  dans  le  dĂ©veloppement  du  crĂąne 
des  Cavicornes.  Note  de  M,  U.  Duerst,  présentée  par  M.  Edmond 
Perrier. 

«  AprÚs  avoir  prouvé  que  c'est  seulement  à  la  suite  de  la  production  de 
la  couche  Ă©pidt^rmique  de  corne  que  se  constitue  le  noyau  osseux,  j'ai 
essayé  d'étudier  l'influence  du  poids,  de  la  grandeur  et  de  la  forme  des 
cornes  sur  la  forme  et  les  rapports  des  os  du  crĂąne. 

»  Je  crois  pouvoir  formuler  de  la  façon  suivante  les  résultats  de  ines 
recherches  comparatives  et  expĂ©rimentales  (  '  )  |ui  ont  portĂ©  sur  i  200  tĂȘtes 
(le  Bovidés  et  Ovidés  : 

»  1°  Le  poids,  la  grandeur  el  la  forme  de  la  corne  sont  les  facteurs  prin- 
cipaux des  caractÚres  craniologiques  chez  les  Bovidés  et  les  Ovidés. 

»  2"  L'action  des  cornes  dépend  de  leur  poids  et  de  la  position  de  leur 
centre  de  gravité  qui  est  due  à  leur  forme.  Cette  action  s'étend  aussi  au  dé- 
veloppement des  muscles  et  intervient  ainsi  dans  les  caractĂšres  du  sque- 
lette qui  sont  sous  leur  dépendance. 

»  3°  Les  influences  extérieures  qui  agissent  sur  le  développement  des 
poils  et  de  la  peau  s'Ă©tendent  Ă   la  corne,  comme  Ă©tant  produite  par  la  peau, 
et  à  la  cheville  osseuse  qui  la  suit  à  son  développement;  par  cela  à  la  con- 
formation de  la  tÚte  osseuse  et  par  suite  à  celle  de  l'animal  entier,  déter- 
minant ainsi  les  caractĂšres  des  races,  des  variĂ©tĂ©s  et  mĂȘme  des  espĂšces. 

M  4°  Lt's  caractÚres  les  moins  dénendants  de  l'influence  du  dévelop- 

(')  Eludes  expérimentales  sur  la  morphogénie  du  crùne  des  Cavicornes  :\.  U  In- 
fluence du  décornage  partiel  sur  le  dc\eloppenienl  des  caractÚres  craniologiques 
(.  Vierteljahrsschrifl  naturforsch.  Gesellsch.  Zurich,  igoS,  llefl  111,  p.  SĂŽo-SjĂŽ). 


SÉANCE    DU    3    AOUT    ipoS.  343 

pement  des  cornes  sont  :  la  forme  clés  dents;  la  forme  du  corps  des  pré- 
maxillaires; la  forme  des  hyoĂŻdes;  la  forme  des  lacrymaux;  la  forme  de;, 
sutures  (les  pariétaux. 

1)  Selon  l'espÚce  des  animaux  le  déplacement  du  centre  de  gravité  produit  des 
caractÚres  un  peu  dilTérents,  mais  on  peut  observer  les  conditions  générales  sui- 
vantes : 

»  Si  le  centre  de  gravité  des  cornes  lourdes  louche  la  partie  postérieure  de  l'occipi- 
tfil  ou  assez  loin  en  arriÚre  la  ligne  de  traction  latérale  entre  les  bases  des  cornes  ou 
chignon,  il  se  produit  un  front  bombé. 

»  Chez  les  Taurins  la  suture  sagittale  reste  ordinairement  normale  et  il  ne  se  forme 
f(ue  deux  bosses  latérales  sur  les  frontaux,  correspondantes  aux  lignes  de  la  plus 
grande  traction  (ZĂ©bus  des  Indes  Ă   longues  cornes),  tandis  que  chez  les  Buffles  tout 
le  front  se  bombe  (Arnis).  Un  changement  dans  la  direction  des  cornes  de  ces  ani- 
maux peut  créer  des  fronts  plans. 

»  En  raison  de  la  position  des  pariétaux  et  de  l'occipital,  cette  conclusion  ne  s'étend 
pas  au  Mouton,  oĂč  le  bombement  du  front  rĂ©sulte  de  la  diminution  des  cornes. 

»  Le  front  devient />/«/«  si  le  centre  de  gravité  du  crùne  tombe  à  peu  prÚs  au-desxnus 
du  chignon;  soit  lorsque  de  longues  cornes  sont  disposées  presque  verticalement,  ou 
que  celles-ci  sont  des  petits  cÎnes  de  forme  variée  qui,  par  leur  légÚreté,  ne  peuven! 
pas  produire  d'eflTet  sur  la  silhouette  du  front. 

»  Si  la  ligne  de  gravité  tombe  en  avant  du  chignon,  il  peut  en  résulter  chez  les 
Bovidés  un  front  concave  ou  creux,  ou  du  moins  la  formation  d'un  angle  avec  les 
naseaux.  Chez  les  OvidĂ©s  Ă   cornes  trĂšs  lourdes  et  grosses  oĂč  la  ligne  de  gravitĂ©  tombe 
en  avant  du  chignon  et  oĂč  le  dĂ©veloppement  des  sinus  frontaux,  qui  dĂ©pend  Ă©o-ale- 
ment  du  poids  des  cornes,  devient  trÚs  accentué,  le  front  est  aussi  creux. 

»  Indépendamment  de  la  forme  de  la  corne,  le  poids  et  la  grandeur  agissent  aussi 
sur  la  formation  de  la  ligne  de  traction  latérale  entre  les  bases  des  cornes.  De  lourdes 
cornes,  dirigées  vers  le  cÎté,  provoquent  ordinairement  un  chignon  tendu  en  ligne 
droite.  Si  les  bases  des  cornes  se  rapprochent  et  si  les  cornes  sont  dirigées  vers  le 
haut,  le  chignon  devient  concave.  Si  le  poids  diminue,  la  traction  diminue  et  le 
chignon  se  relÚve  pour  former  une  bosse  qui  augmente  jusqu'à  celle  de  l'animal  dé- 
pourvu de  cornes  oĂč,  chez  les  BovidĂ©s,  le  chignon  ne  forme  qu'une  pointe  plus  ou 
moins  aiguë. 

»  L'action  des  cornes  se  fait  mĂȘme  sentir  dans  l'arrangement  des  IrabĂ©cules  osseux 
qui  se  disposent  exactement  dans  la  direction  de  la  traction  ou  se  courbent  sous  l'in- 
fluence de  la  pression. 

i>  L'action  du  poids  des  cornes  se  montre  aussi  dans  la  forme  des  autres  os.  La 
situation  des  orbites,  celle  des  trous  susorbitaires  et  la  longueur  de  la  suture  coronale 
dépendent  complÚtement  de  la  grandeur  et  du  poids  des  cornes. 

»  En  général,  on  peut  dire  que  la  diminution  des  cornes  permet  au  crùne  de 
s'Ă©tendre  dans  le  sens  de  sa  longueur,  tandis  que  la  corne  le  comprime  dans  le  sens  de 
sa  largeur. 

11  L'action  des  cornes  sur  les  angles  des  sutures  fronto-pariétale  et  pariéto-occi- 
pitale  est  faible;  cependant  on  arrive,  par  certaines  déformations  des  cornes,  à  changer 


344  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  direction  normale  de  ces  sutures.  Les  pariétaux  sont  plus  larges  cliez  les  animaux 
Ă   cornes  fortes  que  chez  ceux  Ă   cornes  courtes.  L'occipital  est  toujours  plus  large  chez 
les  animaux  Ă   cornes  lourdes.  Les  crĂȘtes  des  muscles  y  sont  plus  fortes,  le  trou  occi- 
pital plus  petit,  les  condyies  et  le  basioccipital  plus  larges  et  l'apophyse  mastoĂŻdienne 
plus  forte.  Avec  la  diminution  du  poids  des  cornes  l'occipital  se  tire  en  longueur  et 
les  crĂȘtes  musculaires  diminuent,  le  trou  occipital  s'agrandit  et  la  boĂźte  crĂąnienne 
reçoit  plus  d'ampleur.  Les  os  de  la  base  du  crĂąne  sont  influencĂ©s  pareillement,  mĂȘme 
la  rangée  des  dents  du  maxillaire  devient  plus  arquée  sous  la  pression  des  cornes.  La 
partie  faciale,  comme  le  sous-maxillaire,  est  moins  influencée  par  un  changement  de 
la  forme  des  os  que  par  la  situation  changée  de  leurs  parties. 

»  Il  convient  de  rappeler  finalement  la  grande  influence  qu'exercent 
sur  le  degré  du  développement  de  ces  caractÚres  l'ùge  et  le  sexe  de 
l'animal  et  le  milieu  dans  lequel  il  vit.    » 


ZOOLOGIE.  —  L'appareil  digestif  des  Silphidte.  Note  de  M.  L.  Bordas, 
présentée  par  M.  Edmond  Ferrier. 

H  L'appareil  digestif  des  SilphidƓ  est  remarquable  par  sa  longuetir,  ses 
nombreux  replis,  par  l'atrophie  du  gésier,  la  structure  histologique  de  l'in- 
teslin  postérieur,  et  la  présence  d'une  ampoule  terminale  offrant  quelque 
analogie  avec  la  vésicule  rectale  des  Dysticides.  Mais,  ce  qui  caractérise 
surtout  la  partie  postérieure  de  l'organe,  c'est  la  présence  de  petites  saillies 
bémisphériques  affeclant  la  forme  de  deux  cercles  concentriques  :  le 
cercle  interne  correspond  à  une  dépression  et  l'espace  annulaire  est 
occupé  par  une  rangée  unique  de  grosses  cellules.  Cette  structure  histolo- 
gique rappelle  celle  des  glandes  rectales  des  LĂ©pidoptĂšres. 

»  L'organe  tout  entier  comprend,  chez  les  Silpha  atrata  L.  et  Sdpha  tho- 
racica  L.,  trois  parties  d'inégales  dimensions.  L'intestin  antérieur  est  coiirl 
et  se  trouve  localisĂ©  dans  le  thorax.  Il  ne  comprend  que  l'Ɠsophage  et  le 
gésier.  Ce  dernier,  tout  à  fait  rudimentaire,  est  tapissé  intérieurement  par 
tie  loniiues  soies  chitineuses,  barbelées  et  de  couleur  brunùtre,  surtout  dis- 
posées  le  long  de  six  bourrelets  longitudinaux  peu  accentués. 

»  L'intestin  moyen,  cylindrique,  est  à  peu  prÚs  rectiligne.  Sa  partie  anté- 
rieure est  large  et  hérissée  de  tubercules  courts  et  arrondis;  la  région  pos- 
térieure a  un  diamÚtre  plus  étroit  que  la  premiÚre  et  porte,  implantées 
perpendiculairement  Ă   ses  parois,  des  papilles  tubuleuses,  dont  la  longueur 
Ă©gale  presque  le  diamĂštre  de  l'inteslin. 

»   La  région  antérieure  de  l'intestin  postérieur  du  Silpha  atrata  est  courte  et  reçoit, 


SÉANCE    DU    3   AOUT    I9o3.  345 

à  son  origine,  les  quatre  tubes  de  Malpighi.  Ses  parois  présentent  des  stries  lonoiuuli- 
nales  correspondant  Ă   des  replis  internes.  Ces  striations  s'arrĂȘtent  brusquement  sui- 
vant une  ligne  transversale  à  peu  prÚs  réguliÚre,  marquant  l'origine  de  la  seconde 
partie  de  l'intestin  postérieur. 

»  Cette  seconde  partie  est  trÚs  longue  et  décrit  de  nombreuses  sinuosités.  Sa  surface 
est  recouverte  des  petites  éminences  signalées  plus  haut.  Ces  petits  tubercules  sont 
presque  tangents;  ils  cessent  brusquement  vers  l'extrémité  postérieure  de  l'intestin  ; 
la  portion  libre  de  cet  organe  qui  va  s'ouvrir  dans  l'ampoule  rectale  est  trĂšs  courte  et 
comprend  deux  assises  de  fibres  musculaires  obliques  et  longitudinales.  Uainpoule 
rectale  est  assez  volumineuse;  ses  parois  sont  minces,  transparentes  et  plissées. 

»  Histologie.  —  La  plupart  des  enloinologistes,  Frenzp' (  i  88()),  Faussek 
(1887),  Mingazzini  et  Bizzozero  (1889),  Mobtisz  (1897),  Reiigel  (i8()8), 
Gorka  (1901),  etc.,  qui  se  sont  occupés  de  l'hislologie  du  tube  digestif  des 
ColéoptÚres,  ont  eu  tout  spécialement  en  vue  l'intestin  moven.  h'inteslin 
postĂ©rieur  prĂ©sente  cependant,  chez  les  SilphidƓ,  des  particularitĂ©s  histolo- 
giques  intéressantes  que  nous  résumons  ci-dessous. 

»  Une  section,  faite  dans  la  premiÚre  partie  de  VirUeslin  terminal,  présente  à  con- 
sidérer, en  allant  de  l'extérieur  vers  l'intérieur  :  1°  des  fibres  musculaires  longitudi- 
nales, disposées  irréguliÚrement  en  groupes  de  faisceaux  non  contigus  et  assez  éloignés 
les  uns  des  autres;  2°  une  assise  de  fibres  musculaires  circulaires,  formant  un  revĂȘte- 
ment régulier  complet  et  bien  compact.  Les  fibres  sont  généralement  disposées  en 
deux,  parfois  en  trois  assises,  étroitement  unies  entre  elles,  sans  apparition  de  méats; 
3"  intérieurement,  se  trouve  une  trÚs  mince  membrane  basilaire,  supportant  l'a.s- 
si.fc  épithéliale  qui  constitue  la  quatriÚme  couche.  Celte  derniÚre  présente,  dans  la 
premiĂšre  zone  intestinale,  en  arriĂšre  de  l'embouchure  des  tubes  de  Malpighi,  de  nom- 
breux replis,  affectant  quelque  ressemblance  avec  ceux  de  l'intestin  moyen.  Dans  la 
seconde  partie,  au  contraire,  cette  assise  est  à  peu  prÚs  uniforme,  réguliÚre,  et  le  lumen 
intestinal  est  ovale  ou  simplement  triangulaire. 

»  Les  cellules  constituant  la  membrane  épilhéliale  sont  hautes,  cylindriques  et  à 
parois  latérales  généralement  indistinctes.  Le  protoplasme  cellulaire  a])paraßl  sous  la 
forme  de  fibrilles  parallÚles,  trÚs  minces,  réguliÚres  et  à  direction  perpendiculaire  à 
la  membrane  basale.  Parfois,  cependant,  il  existe  entre  les  fibrilles,  et  surtout  autour 
des  noyaux,  des  plages  de  protoplasme  finement  granuleux.  Les  noyaux  sont  ovales  et 
toujours  situés  vers  le  quart  interne  de  l'épaisseur  de  l'assise.  Enfin,  le  bord  libre  des 
cellules  est  recouvert  d'une  membrane  ou  intima  chitineuse,  hyaline  et  transparente, 
qui  se  continue,  par  d'insensibles  transitions,  avec  le  protoplasme  cellulaire. 

»  Nous  savons  que  la  plupart  des  insectes  possÚdent,  vers  l'extrémité 
postérieure  de  l'intestin,  des  bourrelets  épithéliaux  désignés  par  les  histo- 
logistes  (Chun,  etc.)  sous  le  nom  de  glandes  rectales.  Le  nombre  de  ces 
formations  est  trĂšs  variable.  Ainsi,  on  en  trouve  2  ou  4  chez  les  DiptĂšres. 
Les  HyménoptÚres,   NévroptÚres  et  OrthoptÚres  en  ont  6,  tamlis  que  les 


■1/|6  ACVPÉMIR    DES    SCIE^OKS. 

LépidoptÚres  en   possÚdent  jusqu'à    3oo.   Jusqu'ici,  on  n'en   a  signalé  ni 
chez  les  ColéoplÚres,  ni  chez  les  HémiplÚres. 

»  Los  replis  épitlit'liaux  concaves  de  l'intestin  postérieur  des  Silphn  peuvent 
cependant  ĂȘtre  homologuĂ©s  aux  friandes  raciales  des  autres  insectes,  attendu  que  ces 
glandes  ne  sont  que  des  modifications  de  IV-pithélium  du  rectum.  Dans  leur  état 
général,  les  bourrelets  sont  connexes  et  proéminent  dans  la  cavité  intestinale,  mais  ils 
peuvent  ĂȘtre  moins  saillants,  peuvent  s'aplanir,  s'afTaisser,  devenir  peu  Ă   peu  concaves 
et  finalement  s'évaginer  vers  l'extérieur.  C'est  ce  qui  ariive  chez  les  Silpha.  dont  la 
seconde  partie  de  l'intestin  comprend  : 

))  1°  Quelques  faisceaux  de  muscles  longitudinaux  externes,  trÚs  espacés  les  unsdrs 
autres; 

n  2°  Des  muscles  circulaires  comprenant  une  ou  deux  couches  de  faisceaux; 

»  3°  T/assise  épithéliale  interne,  formée  par  deux  sortes  de  cellules  :  les  unes  apla- 
ties, rectangulaires,  à  protoplasme  strié  et  à  gros  noyaux  sphériques  placés  vers  le 
bord  interne,  et  les  autres  formant  une  dépression  à  convexité  externe,  dont  l'ensemble 
peut  ĂȘtre  comparĂ©  aux  glandes  rectales  des  LĂ©pidoptĂšres.  Les  cellules  limitant  ces  dĂ©- 
pressions sont  généralement  au  nombre  de  huit  et  se  continuent  directement  avec  les 
cellules  aplaties  de  l'assise  latérale.  Leur  hauteur  est  double  de  celle  de  leurs  voisines. 
Le  protoplasme  est  finement  strié  et  les  noyaux,  sphériques  ou  ovales,  sont  localisés 
vers  la  base,  contrairement  Ă   ce  qui  existe  pour  les  cellules  aplaties.  Enfin,  les  hautes 
cellules  des  dépressions  sont  bortiées  intérieurement  par  une  intima  cliilineuse,  assez 
épaisse  et  légÚrement  denticulée,  tandis  que  celle  qui  recouvre  le  reste  de  l'épithélium 
est  trĂšs  mince,  n 


ZOOLOGIE.  —  Sur  les  HĂ©tĂ©ropodes  recueillis  pendant  les  campagnes  de  l'W- 
rondelle  et  de  la  Princesse-Alice  faites  sous  la  direction  de  S.  A.  le  Prince 
de  Monaco.  Note  de  M.  A.  VayssiÚre.  présentée  par  M.  Bouvier. 

«  Il  est  toujours  assez  difficile  de  déterminer  des  Mollusques  à  téguments 
au.ssi  fragiles  que  ceux  que  possÚdent  les  Hétéropodes;  frais,  ces  téguments 
se  dĂ©chirent  facilement,  aussi  ne  pĂȘche-t-on  souvent  que  des  individus  in- 
complets. Mais  lorsque  ces  lïiÚmes  animaux  ont  séjourné  de  nombreuses 
années  dans  l'alcool  ou  dans  le  formol,  la  difficulté  n'a  fait  qu'augmenter, 
les  tissus  ont  perdu  leur  coloration,  sont  devenus  plus  ou  moins  opaques 
et  l'ensemble  du  corps  est  déformé. 

»  Dans  ces  conditions  trÚs  défectueuses,  si  l'on  peut  à  la  rigueur  déter- 
miner avec  certitude  le  genre  auquel  appartiennent  ces  Mollusques,  il  n'en 
est  pas  de  mĂȘme  au  point  de  vue  spĂ©cifique.  La  dĂ©termination  serait  trĂšs 
douteuse  si   l'on   ne  s'adressait  qu'Ă   des  caractĂšres  externes;  il  faut<lonc 


SÉANCE    DU   3   AOUT    igoS.  3^7 

chercher  parmi  les  caractĂšres  organiques  ceux  qui,  par  leurs  variations, 
peuvent  le  mieux  ĂȘtre  utilisĂ©s. 

»  Il  n'en  est  pas  qui  se  prĂȘte  plus  coaimodĂ©menl  Ă   l'examen  du  natu- 
raliste que  l'étude  des  piÚces  chitineuses  de  la  cavité  buccale,  piÚces  for- 
mant les  organes  que  Ion  nomme  radula  et  mĂąchoires.  GrĂące  Ă   leur  natui-e 
chimique,  ces  piÚces  ne  sont  pas  attaquées  par  les  liquides  consecvalears 
quels  qu'ils  soient,  ni  mĂȘme  dĂ©formĂ©es,  et  peuvent  ainsi  ĂȘtre  Ă©tudiĂ©es  avec 
|)resque  autant  de  facilité  que  sur  des  animaux  frais. 

»  Il  est  regrettable  que  la  plupart  des  naturalistes  qui  s'occupent  de  la 
détermination  des  Gastéropodes  pourvus  de  coquille,  ne  se  basent  que  sur 
les  caractÚres  conchyliologiques  pour  établir  leur  diagnose.  Ces  détermi- 
nations se  trouvent  par  cela  mĂȘme  incomplĂštes  et  devront  ĂȘtre  plus  tard 
revues  dans  le  sens  que  nous  venons  d'indiquer. 

»  Son  Altesse  le  Prince  de  Monaco  nous  ayant  confié  l'étude  des  Hétéro- 
podes  recueillis  pendant  les  campagnes  d'exploration  de  VHirondelle  et  de 
la  Princesse-Alice  (i  885- 1902),  nous  avons  basé  en  partie  nos  déterminations 
sur  la  structure  des  jjiéces  raduLiires,  ce  qui  nous  a  [lermis  de  mieux  pré- 
ciser les  caractÚres  spécifiques  de  ces  animaux. 

»  Pendant  ces  différentes  campagnes  d'exploration,  il  a  été  pris  quatorze 
espÚces  ou  variétés  d'Hétéropodes,  réparties  dans  les  trois  familles  que  l'on 
a  créées  depuis  longtemps  :  Tlarinaridés,  Firolidés  et  Atlantidés;  dans  ce 
nombre  il  y  en  a  cinq  de  nouvelles.  Une  Carinaria  {Car.  Grirnaldi),  une 
Cardiopoda  (Gard.  Hichardi),  deux  Firola  ( Fir.  Souleyeii  et  Gegenbauri^  cl 
une  Firoloida  (^Fir.  Kowatewskji)  (  '  ). 

»   Voici  l'énumération  de  ces  divers  types  d'Hétéropodes  : 


Carinaria  niediterranea  Per.  el  Les. 

»  >)  variété. 

»  Grinmldi,  nov.  sp. 

Cardiopoda  Ricliardi  nov.  sp. 
Firola  hippocanipus  Philippi. 

»  Mu  tic  a  Les. 

»  coronala  Forsk. 


Firola  Souleyeii,  nov.  sp. 

»  Gegenbauri  nov.  sp. 

Firoloida  Desniarelii,  Les. 

>>  Kowalewskyi,  nov.  sp. 

Oayrus  Keraudreni,  Me.  Anilr. 
[llaiita  Lesueuri  SouiejeL. 
»         Çuoyana  Soulej. 


»   Les  trois  familles  entre  lesquelles  ces  diverses  espĂšces  peuvent  ĂȘtre 


(')  Dans  notre  travail  sur  ces  Mollusques,  qui  va  paraĂźtre  dans  la  luxueuse  publica- 
tion de  S.  A.  le  Prince  de  Monaco,  nous  faisons  une  description  détaillée,  avec  noni- 
breu.N.  dessins  à  l'appui,  de  ces  espÚces  nouvelles,  ainsi  que  de  celles  déjà  connues  qui 
ont  été  prises  pendant  ces  diverse»  canopagnes  scientifiques. 


3/|8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rĂ©parties  n'ont  pas  toutes  la  mĂȘme  valeur  systĂ©matique,  aussi  croyons-nous 
devoir  insister  sur  la  nécessité  de  diviser  le  groupe  des  Hétcropodes  en 
deux  sections  et  non  en  trois  d'Ă©gale  valeur;  en  agissant  ainsi  nous  ne  fai- 
sons que  suivre  l'exemple  de  quelques-uns  de  nos  prédécesseurs  (De  Blain- 
ville,  Woodward,  Rattray,  P.  Fischer,  etc.). 

»  Les  CarinaridĂ©s  et  les  FirolidĂ©s  peuvent  ĂȘtre  rĂ©unis  et  former  la  section 
que  nous  dĂ©signerons  sous  l'appellation  de  PlĂ©rotrachĂȘacĂ©s,  le  nom  gĂ©nĂ©- 
rique de  Plerolrachea,  créé  en  1773  par  Forskal,  ayant  servi  à  l'origine  à 
grouper  des  Mollusques  appartenant  aux  genres  Carinaria  et  Firola.  Tous 
ces  Mollusques  sont  caractérisés  «  par  la  présence  d'une  masse  viscérale 
»  arrondie,  proéminente,  placée  à  la  partie  médio-dorsale,  ou  postéro-dor- 
»  sale  du  corps,  protégée  ou  non  par  une  petite  coquille  ;  lein-  mésopodium 
»   est  transformé  en  une  nageoire  arrondie  ». 

»  Quant  à  la  famille  des  Atlantidés,  elle  forme  à  elle  seule  la  deuxiÚme 
section  que  nous  nommerons  Atlantéacés ;  section  comprenant  «  les  types 
»  ayant  une  masse  viscérale  allongée,  complÚtement  enfermée  dans  la 
n  cavité  générale  du  corps;  ce  dernier  est  recourbé. et  rétractile  dans  une 
))   coquille  spirale.  » 


GÉOLOGIE.  —  Coupes  des  terrains  tertiaires  de  la  Patagonie. 
Note  de  M.  AndrĂ©  TouRxouiÉR,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  Albert  Gaudry. 

«  Malgré  la  multitude  et  la  remarquable  conservation  des  ossements  de 
MammifÚres  terrestres  trouvés  dans  les  terrains  tertiaires  de  la  Patagonie, 
il  est  difficile  de  fixer  leur  ùge,  parce  qu'ils  sont  tous  complÚtement  diffé- 
rents de  ceux  de  l'hémisphÚre  boréal,  soit  en  Europe,  soit  en  Asie,  soit 
aux  États-Unis.  Heureusement  on  voit  en  Patagonie  un  Ă©tage  marin  dont 
les  fossiles  se  rapprochent  de  ceux  de  nos  p^ys  et  qui  peut  ainsi  offrir  un 
point  de  repÚre.  On  a  appelé  cet  étage  le  Palagonien  et  M.  Ortmann  en  a 
décrit  de  nombreuses  espÚces  rapportées  par  M.  Hatcher;  il  les  a  attri- 
buées au  MiocÚne.  J'en  ai  recueilli  des  échantillons  que  j'ai  soumis  à 
l'examen  de  nos  plus  savants  s|>écialistes.  M.  Priem  a  déterminé  les  restes 
de  Poissons,  M.  Cossmann  les  coquilles  de  Mollusques,  M.  Canu  les  Bryo- 
zoaires, M.  Lambert  les  Oursins.  Leurs  déterminations  confirment  celles 
de  M.  Ortmann  :  les  fossiles  marins  se  rapprochent  de  ceux  du  MiocĂšne  ou 
de  l'OligocÚne  supérieur  de  nos  pays. 

«   M.  Ameghino  prétend  depuis  longtemps  que  le  Patagonien  est  au- 


SÉANCE    Dr    3    AOUT    190.3.  'i/'ig 

dessous  des  couches  Ă   Nesodon  da  Santacruzien  et  au-dessus  des  couches 
à  Pyrolherium  du  Deseado.  On  a  élevé  des  doutes  sur  ces  assertions.  J'ai 
relevé  plusieurs  coupes  graphiques  qui  ne  laissent  pas  d'incertitudes  à  cet 
égard  ;  je  les  ai  dessinées  devant  la  Société  géologique  de  France.  En  voici 
le  résumé  : 

i>  1°  A  la  base  sont  des  argiles  colorées,  avec  concrétions  ferrugineuses,  dont  on  ne 
peut  dire  l'Ă©paisseur,  car  elles  descendent  au-dessous  du  niveau  de  la  mer.  La  partie 
visible  a  4'5'"  de  puissance.  Vers  le  tiers  inférieur  sont  intercalées  des  argiles  blan- 
chĂątres avec  des  restes  de  MammifĂšres  trĂšs  dilTĂ©rents  de  ceux  de  toutes  les  autres 
assises.  J'ai  trouvé,  à  Casamayor,  le  Notostylops  murinus,  le  Trii^o/iostylops  IVnrl- 
mani,  le  Notopithecus  adapinus,  etc. 

»  2°  Au-dessus  des  argiles  du  premier  étage  se"  présentent  d'autres  argiles  qui 
renferment  une  riche  faune  d'animaux  gigantesques  et  Ă©tranges  :  Pyrotherium 
Romeri,  Astrapotheriuni  Voghti,  Leonliiiia  Gaudryi,  grands  ÉdenlĂ©s,  etc.  Dans 
deux  de  mes  voyages,  j'ai  fait,  au  Deseado,  des  fouilles  qui  m'ont  procuré  des  séries 
considérables  de  cette  faune  continentale. 

»  3"  Immédiatement  au-dessus  vient  la  formation  marine  du  Patagonien  dont  les 
fossiles  ont  été  étudiés  par  MM.  Lydekker,  Smith  Woodward,  Ortmann,  etc.  J'ai  vu, 
dans  le  bas,  des  couches  de  sable  avec  coquilles  fossiles  mal  conservées,  et,  dans  le 
haut,  des  bancs  de  grÚs  qui  ont  fouini  un  grand  nombre  d'invertébrés,  Ostrea  Bene- 
kei.  Pecleii  cenlralis,  Isechiiius  prƓcursor,  etc. 

))  4°  Au-dessus  des  couches  marines,  on  observe  trÚs  nettement  en  concordance  avec 
elles  les  couches  de  la  puissante  formation  continentale  dont  l'ensemble  est  connu 
sous  le  nom  Ă ''Etage  santacriizcen.  Le  Nesodon  y  abonde  avec  VAstrapotheriuin,  le 
Protypotherium,  le  Prolerolherium,  le  Dindiaphorus,  le  Theosodon,  nombreux 
types  d'Edenlés,  etc.  C'est  dans  le  Santacruzien  que  MM.  Ameghino,  Moreno  et 
d'autres  ont  fait  leurs  plus  belles  récoltes  de  fossiles.  J'en  ai  rapporté  d'importantes 
séries  provenant  du  mont  Leone  et  surtout  des  bords  du  Rio-Coyle. 

»  5°  Enfin,  au-dessus  du  Santacruzien,  apparaßt  l'étage  qui  a  été  appelé  le  Téliuelch, 
formé  d'accumulations  considérables  de  cailloux  roulés,  au  milieu  desquels  sont  des 
fossiles  marins,  notamment  VOstrea  Feriarisi,  qui  ressemble  beaucoup  Ă   VOstrea 
patagonien. 

»  Puisque  les  couches  marines  du  Patagonien  sont  du  MiocÚne  ou  de 
l'OligocÚne  supérieur,  les  couches  à  Pyrotherium  du  Deseado  et  les  couches 
Ă   Notostylops  de  Casamayor  qui  sont  au-dessous  sontoligocĂšnesou  Ă©ocĂšue>; 
celles  du  Santacruzien,  qui  sont  certainement  au-dessus,  ne  peuvent  ĂȘtre 
plus  anciennes  que  le  MiocĂšne.  Cette  constatation  est  d'une  importance 
considérable,  car  les  fossiles  du  Santacruzien  sont  à  un  stade  d'évolution 
absolument  différent  de  celui  des  animaux  miocÚnes  de  l'hémisphÚre 
boréal.  C'est  la  premiÚre  fois  qu'on  trouve  une  pareille  inégalité  dans 
l'Ă©tat  de  dĂ©veloppement  d'animaux  du  mĂȘme  Ăąge.   » 

C.  R.,  igo3,  j"  Semestre.  {T.  CXX.WII,  iN°  5.)  4^ 


35o  ACADÉMIE    DES    SCIÊ?üCËS. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  constitution  gĂ©ologique  des  environs  de  Mirsa  Matmuh 
{Marmarie/uc).  Note  de  M.  D.-E.  Pachundaki,  présentée  par  M.  Albert 
Gaudry. 

«  Grùce  à  l'obligeance  du  général  Hiinter  pacha,  directeur  dn  service 
des  Gardes-cĂŽtes  d'Egypte,  j'ai  pu  visiter  les  environs  du  port  de  Matroiih, 
dans  la  Marmarique,  situé  à  environ  260'^'"  à  l'ouest  d'Alexandrie,  prÚs  de 
la  frontiÚre  de  la  Cyrénaïque.  Comme  cette  région  n'a  pas  encore  été 
décrite,  je  crois  intéressant  de  signaler  à  l'Académie  les  principaux  résul- 
tats de  ma  visite. 

»  Au  point  de  vue  gĂ©ographique,  la  rĂ©gion  cĂŽtiĂšre  peut  ĂȘtre  considĂ©rĂ©e 
comme  formée  de  deux  terrasses  venant  buter  contre  le  grand  plateau  de 
la  Marmarique  qui  s'Ă©tend  jusqu'Ă   l'Oasis  de  Syouah.  Ces  deux  terrasses 
sont  séparées  par  une  chaßne  de  petites  collines  que  les  Bédouins  désignent 
sous  le  nom  d'  «el  Haggou».  La  terrasse  inférieure  s'étend  sur  une  largeur 
de  2''"  environ  jusqu'Ă   la  mer.  Son  altitude  moyenne  est  de  6"".  La  terrasse 
supérieure  a  une  largeur  de  prÚs  de  5'^'°,  avec  une  altitude  moyenne 
de  25". 

»  La  falaise  qui  borde  le  rivage  et  sur  laquelle  est  construit  le.  fort  des 
Gardes-cÎtes  est  formée  d'un  calcaire  sableux  qui  renferme  des  espÚces 
marines  actuelles  telles  que  Peclunculus  violacescens,  Strombus  Meduerra- 
neus,  Arca  barbala,  etc.,  et  ne  peut  ĂȘtre  assimilĂ©  qu'au  tuffeau  coquiller  des 
envuons  d'Alexandrie.  J^ai  mĂȘme  retrouvĂ©  au-dessus  de  ce  tuffeau  les 
sables  Ă   HĂ©lix  avec  Hetix  nuculla  Pari-eyss,  H.  Guimeti  Bgt,  H.  serntlata 
Befk,  Chondrus  sulcidens  Mousson,  Buliminus  Gaillyi  Kti,\.. 

»  iva  chaßne  de  iiauteur,  placée  entre  les  deux  terrasses,  est  formée  par 
uii  calcaire  pisolithique  qui  est  incontestablement  l'Ă©quivalent  du  calcaire 
du  Mex  des  environs  d'Alexandrie. 

»  Mon  attention  s'est  surtout  portée  sur  le  plateau  de  la  Marmarique, 
el,  eu  tĂȘte  de  l'Oady  el  Chagg,  qui  en  descend,  j'ai  pu  relever  la  coupe  sui- 
vante de  bas  en  haut  : 

n  a.  Calcaire  ocreux  de  2'",  70  d'Ă©paisseur  visible  contenant,  outre  de  nombreux 
ForaminilĂšres  et  plusieurs  espĂšces  de  Bryozoaires  :  Arbacina&p.  n.,  Teinneclnniis  ail. 
stellulatus  Dune  et  Slad.,  Clypeaster  psctidoplacu/iarius  Fuchs,  C.  liuldj'si  Fuchs, 
lirissopsĂč  sp.,  Ostrea  Virleti  De-,h.,  Peclen  cristato-cosiatus  Sacco,  P.  cf  ZiziniƓ 
Blanck.,  P.  opercularis  Lmk.,  P.  ZiUelc  Fnclis,  P.  siibstr/atus  d'Orb.,  SpondyUis 
crassicostatus  Lmk.,  Turritella  sp.,  Prato  catkedraUs  Basl. 


SÉANCE    DU    3   AOUT    l<)o3.  35 1 

»  b.  BrÚche  calcaire  de  2'»,3o  d'épaisseur,  coupée  de  iumaclielles  épaisses  à'Oslrea 
Virleli  Desl),,  et  0,  vpstita  Fuchs,  tpĂȘlĂ©es  Ă   quelques  Pecten. 

»  c.  Calcaire  rougeĂ tre  de  2ℱ,5o  d'Ă©paisseur  coiUenant  des  masses  de  Bryozoaires, 
Clrp.  Rohlfsi  et  Clypeaster  sp.  n. 

»  cl.  Calcaire  plus  clair  de  aℱ  d'Ă©paisseur  Ă   Kchinolampas  amplus  Fuchs  et  Pecleii 
suhmalvinƓ  Blanck. 

-i  e.  Calcaire  blanchĂątre  de  3-,5o  d'Ă©paisseur  avec  Spondylus  crasĂčcosta  Lmk. 
Amphiope  afr.  arcuata  Fuchs,  SciUella  sp.  n.,  Clypeaster  sp.  n. 

»  /.  Calcaire  jaunĂątre  de  2ℱ  d'Ă©paisseur  dont  la  partie  infĂ©rieure  a  Ă©tĂ©  corrodĂ©e  par 
les  agents  atmosphériques  sur  une  épaisseur  de  prÚs  de  o">,7.5.  On  y  rencontre  Ecld- 
nolampas  amplus  Fuchs,  Agassizia  ZiUeli  Fuchs,  Clypeaster  sp.' 

>.  Cette  faune  est  caractĂ©ristique.  Nous  avons  lĂ   les  mĂȘmes  espĂšces,  ou  Ă  
peu  prÚs,  que  dans  la  faune  de  Syouah,  si  bien  décrite  par  MM.  Zittel  et 
Fuchs,  et  nous  devons  synchroniser  l'ensemble  de  ce  plateau  avec  la  base 
du  deuxiÚme  étage  méditerranéen,  V)\'i\M^\\(tn. sensu slriclo.  La  particularité 
la  plus  remarquable  de  cette  faune  me  semble  ĂȘtre  la  prĂ©sence  du  genre 
Temnechinus,  que  je  suis  le  premier  Ă   signaler  dans  les  formations  du  bassin 
mĂ©diterranĂ©en,  ce  genre  d'Échinide  n'Ă©tant  connu,  jusqu'Ă   ce  jour,  qie 
dans  l'Inde  et  dans  le  craff  d'4nsleterre 

»  La  région  de  Mirsa  Matrouh  semble  donc  composée  par  des  formations 
identiques  à  la  région  Alexandrine  qui  seraient  venues  buter  contre  le 
horst  miocÚne  du  plateau;  le  pliocÚne  y  semble  mal  représenté;  mais 
peut-ĂȘtre  un  jour  pourra-t-on  signaler  la  prĂ©sence  de  formations  d'eau 
douce  appartenant  à  cet  étage,  car  j'ai  trouvé  dans  les  éboulis,  au  pied  du 
plateau,  Eelix quadridentata  Blanckenhorn,  qui  est  bien  caractéristique  des 
formations  similaires  au  sud  du  Mariout.  » 

PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.    -  Les  sensibilisatrices  du  bacUle  tuberculeux. 
Note  de  MM,  J.  Bordet  et  O.  Ge\gou,  présentée  par  M.  Roux. 

«  L'un  de  nous  a  montré,  en  1900,  que  si  l'on  met  en  contact  des  cellules 
(globules  rouges)  ou  des  microbes  avec  l'immunsérum  approprié  (lequel 
contient,  on  le  sait,  une  sensibilisatrice  spécifique),  ces  éléments  deviennent 
capables  d'absorber  Ă©nergiquement  la  matiĂšre  globulicide  ou  microbicide 
du  sérum  (alexiiie).  S'appuyant  sur  cette  donnée,  Bordet  et  Gen^ou  ont 
décrit  une  méthode  qui  permet  de  déceler,  dans  les  sérums,  l'existence 
d  une  sensibilisatrice,   Ainsi,  si  l'on  prépaie  un  mélange  en  proportions 


,H52  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

convenables  de  bacilles  typhiques,  de  sérum  frais  d'homme  on  d'animal 
neuf,  et  de  sérum,  préalablement  chauffé  à  55°,  de  convalescents  de  fiÚvre 
typhoïde,  on  constate  que  l'alexiue  du  sérum  neuf  est  absorbée  par  les 
bacilles;  en  effet,  des  globules  rouges  bien  sensibilisés,  introduits  au  bout 
de  quelque  temps  dans  le  mélange,  n'y  subissent  pas  l'hémolyse.  En  consé- 
quence, le  sérum  des  convalescents  possÚde  une  sensibilisatrice,  conférant 
au  bacille  lyphique  le  pouvoirde  fixer  l'alexine.  Nous  avons  recherché,  en 
employant  cette  méthode,  si  le  cobaye  peut  élaborer  une  sensibilisatrice 
active  à  l'égard  du  bacille  tuberculeux;  voici  les  résultats  que  nous  avons 
obtenus. 

)i  Si  Ion  injecte  Ă   des  cobayes  le  bacille  humain  vivant,  l'animal,  chez 
lequel  la  tuberculose  se  généralise  bientÎt,  ne  produit  pas  de  sensibilisa- 
trice. L'essai  du  sérum  donne  réguliÚrement,  à  toutes  les  périodes  de  la 
maladie,  un  résultat  négatif.  Au  contraire,  si  l'on  inocule  à  des  cobayes, 
sous  la  peau,  Ă   deux  ou  trois  reprises,  le  bacille  aviaire  (notre  Ă©chantillon 
provenait  du  pigeon  et  avait  été  cultivé  longtemps  sur  pomme  de  terre 
glycérinée),  lequel  est,  comme  on  sait,  peu  dangereux  pour  ces  animaux, 
ceux-ci  résistent  et  jiroduisent  bientÎt  dans  leur  sang  une  sensibilisatrice 
provoquant  l'Ă©nergique  absorption  de  l'alexine  par  le  bacille.  Chose  assez 
curieuse,  celte  sensibilisatrice  manifeste  une  activité  égale  vis-à-vis  du 
bacille  humain  ou  du  bacille  aviaire;  eu  effet,  pour  obtenir  la  fixation  d'une 
mĂȘme  dose  d'alexine  par  des  volumes  Ă©gaux  d'Ă©mulsion,  soit  de  bacilles 
humains,  soit  de  bacilles  aviaires,  il  faut  mettre  en  Ɠuvre  la  mĂȘme  quantitĂ© 
de  sérum  sensibilisateur.  Un  sérum  obtenu  par  injection  du  bacille  aviaire 
ne  permet  donc  pas  de  distinguer  l'une  de  l'autre  les  deux  races  du  microbe 
tuberculeux. 

»  Si  l'on  injecte  à  des  cobayes  neufs  un  mélange  de  bacilles  tuberculeux 
humains,  tués  par  le  chauffage  à  70°,  et  de  ce  sérum  sensibilisateur,  puis, 
au  bout  d'une  quinzaine  de  jours,  un  mélange  analogue,  mais  contenant 
des  bacilles  simplement  desséchés  au  préalable,  on  constate  que  les  ani- 
maux deviennent  plus  résistants  vis-à-vis  du  bacille  humain  vivant.  Si  on 
leur  inocule  ce  microbe,  ainsi  qu'à  des  témoins  non  traités,  ils  survivent 
notablement  plus  longtemps  que  ces  derniers  ;  néanmoins,  si  on  les  sacrifie 
au  bout  de  3  mois  environ,  on  trouve  que  les  organes  internes  sont  farcis 
de  tubercules;  il  s'agit  donc  d'un  simple  ralentissement  dans  l'Ă©volution  de 
la  maladie.  Et  si,  à  ce  moment,  on  éprouve  leur  sérum,  on  trouve  qu'il  est 
trÚs  nettement  sensibiUsateur.  Si  donc  la  propriété  sensibilisatrice  ne  pa- 


SÉANCE   DU   3   AOUT    r9o3.  353 

raĂźt  pas  toiil  Ă   fait  inutile,  au  moins  est-elle  incapable  d'enrayer  la  maladie. 
Au  reste,  des  cobayes  traités  simplement  par  des  injections  de  bacilles  hu- 
mains tués  à  70°,  puis  de  bacilles  desséchés,  peuvent  acquérir  le  pouvoii" 
sensibilisateur  du  sérum,  et  l'on  sait  depuis  longtemps  que  leur  résistance 
au  bacille  vivant  n'est  pas  considérablement  accrue.    » 

M.  T.  SocRBK  adresse  une  Note  intitulée  :  «  Alcoométrie  pondérale  ». 
(Renvoi  Ă   la  Section  de  Physique.) 

M.  O.  Dony-Hénault  adresse  une  Note  «  Sur  la  radioactivité  du  per- 
oxyde d'hydrogÚne  ». 

M.  C.  deLiebhaber  adresse,  par  l'entremise  de  M.  Brouardel,  une  «  Note 
sur  la  thermographie  sidérale  ». 

La  séance  est  levée  à  4  heures  un  quart. 

M.  B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  20  juillet  1908. 

Service  géograpldqae  de  l'Armée.  Rapport  sur  les  travaux  exécutés  en  1902. 
Paris,  igoS;  1  fasc.  in-8°. 

DĂ©partement  de  l' Eure.  Rapports  du  Conseil  central  et  des  Conseils  d'arrondis- 
sement d' hygiĂšne  publique  et  de  salubritĂ©,  annĂ©e  1902.  Évreux,  1908;   i  fasc.  in-8°. 

Les  lampes  Ă©lectriques  Ă   incandescence  et  leur  appareillage,  par  E.  Sartiaux. 
Conférence  faite  au  Conservatoire  national  des  Arts  et  Métiers,  le  22  mars  igoS.  Paris, 
F.  Baranger,  igoS;  i  fasc.  in-S".  (Hommage  de  l'auteur.) 


Le  second  viaduc  sur  la  Pclrusse  Ă   Luxembourg,  par  Eug.  Ferron.  Luxembourg, 
imp.  Huss,  igoS;  i  fasc.  in-4".  (Hommage  de  l'auteur.) 


354  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

The  iyel{oQme  pliysiological  reseçtrch  laboraLoiles  founded  189^,  \Valter  Dawson, 
Director.  Londres;  i  f^sc.   in-8°. 

The  heat  of  a  change  in  connection  willi  changes  in  dielectric  constants  and  in 
volumes,  by  G.-L.  Spf.yers.  (Exlr.  de  The  american  Journal  of  Science,  vol.  XV'I, 
juin  igoS.)  I  fasc.  in-B". 

A  review  of  the  Siluroid  fishes  or  calfishes  of  Japon,  by  David  Starr  Jordan  and 
Henri-W.  Fowler.  (Exlr.  de  The  proceedings  of  the  United  Siates  national  Muséum, 
vi)l.  XXVI,  p.  897-911.)  Washington,  igoS;  i  fasc.  in-8°. 

On  Iho  relations  of  the  fishes  of  thefamily  LampridƓ  or  Opahs,  by  ThĂ©odore  Gill. 
(ß'-xtr.  de  The  proceedings  of  the  United  States  national  Muséum,  vol.  XXVI, 
]).  gi5-924-)  Washington,  igo3;  i  fasc.  in-S". 

Atlas  geologiczny  Galicyi;  z.  XIV.  Pilzno  i  Ciezhowice  (si.  V,  p.  5);  Brzostek 
i  Strzyzow  (si.  VI,  p.  5);  Tyczyn  i  Dynow  (si.  VII,  p.  .5);  opracowal  D""  Josef 
Ghzybowski.  Cracovie,  igo3.  Texte,  i  fasc.  in-S".  Allas,  i  fasc.  in-f". 

Nachrichten  von  der  kĂŽnigl.  Gesellschaft  der  Wissenschaften  zu  GĂŽllingen. 
Geschñflliche  Milteilungen,  igoS,  Ileft  1.  GƓtlingue,  igo3;  i  fasc.  in-S". 

Memorias  de  la  Sociedad  espanola  de  Ilisloria  natural;  l.  II,  Memorias  i^  y  2". 
Madrid,  igoS;  i  fasc.  in-S". 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  27  juillet   igoS. 

Institut  de  France.  Académie  des  Sciences.  Commission  de  Sismologie.  Rapport 
pré.ienté  à  l'Académie  dans  la  séance  du  li  juillet  igo3,  par  M.  A.  de  Lapparent. 
Paris,  Gauthier-Villars;  i  fasc.  in-4°. 

Association  française  pour  l'avancement  des  Sciences:  Compte  rendu  de  la  3i^ 
session;  Montauban,  igo2;  2=  Partie  :  Notes  et  MĂ©moires.  Paris,  Masson  et  G'",  igo3; 
I  vol.  in-8°. 

Traité  élémentaire  de  Physique,  par  Ganot-Maneuvrier  ;  22=  édition,  entiÚrement 
refondue  conformément  aux  programmes  officiels  de  TEnseignement  secondaire,  con- 
tenant 822  gravures  et  i  planche  en  couleur.  Paris,  Hachette  et  G'",  igo3;  i  vol.  in-12. 
(Présenté  par  M.  Amagat.  ) 

La  Géographie.  Bulletin  de  la  Société  de  Géographie;  t.  VIII,  n°  1,  année  igoS, 
i5  juillet.  Paris,  Masson  et  G'";   1  fasc.  in-4". 


.AntrĂ ge  an  die  internationale  Association  der  Akademien  seitens  der  von  ihr 
ernannten  KommissionfĂčr  Hirnforschu\ig.  (Extr.  des  Berichten  der  mathem.-pltys. 
Klasse  der  kÎnigl.  sdchs.  Gesellschaft  der  Wissencliaften  zu  Leipzig,  séance 
du  8  juin  igo3.)  1  feuille  double  in-S". 

Bericlitandie  k.  s.  Gesellschajt  der  Wissenschaften  ûber  die  am  5.  Juni  igo3  in 
Londonabgehaltene  Sitzung  der  von  der  internationalen  Association  der  Aka- 
demien niedergeselzten  lĂźommission  sur  Gehirnerforschung,  erstattel  von  den 
Delegierten  Paul  Flechsig  und  Wilhelm  His.  (Extr.  id.  supra.)  i  fasc.  in-8". 


SÉAKCE   DU   3   AOUT    igoS.  355 

Mondalengo  i  koit/attad  framslàllning,  af  J.  B.  [J.  Bergman].  GƓteborg, 
Bonniers,  1902;  i  fasc.  in-12  oblong.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Fader  var  Îfversall  till  «  Mondalango  »  {  Verldsxpraket)....  ;if  J.  B.  [J.  Bergman]. 
GƓteborg,  Bonniers,  1902;  i    fasc.  in-12. 

Zieklen  van  rijsl,  labak,  thee  en  andere  cuUuurgewassen,  d'ip.  door  Insecten 
worden  veroorzaakt,  door  D'  J.-C.  KoNrNGSBERGER;  met  5  platen.  { Mededeelingen 
uit  S' Lands  Planlenluin,  LXIV.)  Batavia,  G.  Kol(^etC'^  igoS;  i  l'asc.  iii-S». 

Orientation,  déclinaison,  inclinaison,  variations  du  Jil  à  plomb  et  de  l'aiguille 
aimantée,  par  le  C'=  de  Moriana;  r"  Partie.  Saint-Sébastien,  igoS;  i  fasc.  in-f";  auto- 
graphié;  exemplaire  n"  12.  (Hommage  de  l'auteur.) 

The  fundamental  theorem  of  chemistry,  by  Edward  Bkckuam.  Philadelphie,  chez 
l'auteur,  igoS;  i  fasc.  in-4°. 

Carte  de  l'empire  de  Russie  et  des  États  qui  lui  sont  conligus,  par  E.  Koverski  ; 
texte  et  atlas.  Saint-PĂ©tersbourg,  igoS;  i  Ă©tui  in-S"  oblong  et  i  fasc.  in-S". 

Astronomische  Arbeiten  der  k.  k.  Gradmessungs-Bureau,  Bd.  XII.  LĂ ngenbe- 
stimmungen.  Prague,  Vienne,  Leipzig,  1900;  i  fasc.  in-4°. 

Ueber  die  RĂ©duction  der  aaf  physischen  ErdoberjlĂ che  beobachtelen  Sclnverebe- 
schleunigungen  auf  ein  gemeinsames  Niveau,  von  F.-B.  IIelmert;  2"=  Mittheilung. 
Berlin,  1908;  i  fasc.  in-S".  (Hommage  de  l'auteur.) 

Jahresbericht  der  Direktors  der  kĂŽniglichen  geodĂątischen  Instituts  fur  die  Zeit 
von  April  1902  bis  April  igo3.  Potsdam,  igoS;  i  fasc.  in-8°. 

Jahrbucher  der  k.  k.  Central- Anstalt  fur  Météorologie  und  Erdmagnetismus. 
Officielle  Publication,  Jahrgang  igoi  ;  neue  Folge,  Bd.  XXXVIII.  Vienne,  igo2-i9o3  ; 
f  vol.  et  1  fasc.  in-4°. 

Annual  report  of  the  Smithsonian  Institution,  igoo.  U.  S.  national  Muséum. 
Washington,  1902;  i  vol.  in-8". 

Proceedings  of  the  United  States  national  Muséum;  vol.  XXIII,  XXIV.  VS^ashin"- 
ton,   iqoi,  1902;  2  vol.  in-S°. 

Bulletin  of  the  United  States  national  Muséum  :  N°  39,  parts  H-0.  Washington, 
1890-1899;  7fasc.in-8<>.N<' 50,  part  II.  Washington,  1902;  i  vol.  in-8".  N"  51.  Wasliing- 
ton,  igo2  ;  i  fasc.  in-S". 

The  physical  Revie^v,  a  journal  of  expérimental  and  theoretical  Physics,  con- 
ducted  with  the  coopération  of  the  american  physical  Society,  by  Edward  L.  Nichols, 
Ernest  Merritt  and  Frederick  Bedell;  vol.  XVII,  number  I.  Lancaster,  Pa.  et 
New-York,  igoS;  1  fasc.  iii-8". 

The  Journal  of  the  CollÚge  of  Science,  Impérial  University  of  Tokyo,  Japon; 
vol.  XVIII,  art.  2;  vol.  XIX,  art.  1  and  5.  Tokyo,  1908;  3  fasc.  iii-4". 


356  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ERRATA. 


(SĂ©ance  du  6  juillet  iQoS.) 

Note  de  M.  C.  Maltézos,  Sur  une  espÚce  d'oscillation  de  la  perception 
chromatique  : 

Page  44,  ligne  i4,  «"  Hl'h  de  ^^,  lisez  ïtoÎtt- 


On  souscrit  Ă   Paris,  chez  GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n°  55. 


puis  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  réguliÚrement  le  Dimanche.  Tls  forment,  à  la  fin  do  l'année,  doux  volumes  in-4'.  Deux 
is,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matiÚres,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 
irt  du  i"  Janvier. 

Le  prix  de  Vubonnemcnl  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  30  fr.  —  DĂ©partements  :  40  fr.  —  Union  postale  :  44  fr. 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


chez  Messieurs  : 
Ferran  frĂšres. 

iChaix. 
Jourdan. 
Ruff. 

ns Courtin-Hecquet. 

Germain  elGrassin. 
Gastineau. 

ine JĂ©rĂŽme. 

çon   Régnjer. 

I  Feret. 

‱aux 1  Laurens. 

'  Muller  (G.). 
;es Renaud. 

IDerrien. 
F.  Robert. 
Oblin. 
Uzel  frĂšres. 

Jouan. 

béry Perrin. 

1  Henry. 

(  Marguerie. 

)  Juliot. 

I  Bouy. 

Nourry. 

Ratel. 

Rey. 

\  Lauverjat 
}  Degez. 
l  Drevet. 
I  Gratier  et  C'v 
chelle Foucher. 


'■g- 


■.ont-Ferr.. 


ble. 


I  Bourdignon. 
(  Dombre. 
1  Thorez. 
(  Quarré. 


Lorient. 


chez  Messieurs 
\  Baumal. 


Uontpellier . 


n/aritea 
Nice. . . 


Rouen. 


Toulon . 


Toulouse.. 


Valenctennes. 


f  M""  Texier. 
Bernoux  et  Cumin 

1  Georg. 
Lyon <  EfTantin. 

i  Savy. 

'  Vitte. 
lUarseille RuĂąt. 

,  Valat. 

'  Goulet  et  fils. 
Moulins Martial  Place. 

,  Jacques. 
Nancy Grosjean-Maupin. 

!  Sidot  frĂšres. 

I  Guist'hau. 

'  Veloppé. 

)  Barnia. 

'  Appy. 

NĂźmes Thibaud. 

Orléans    LodJé. 

1  Blanchier. 

Poitiers ,  .     . 

'  LĂ©vrier. 

Hennés Plihon  et  Hervé. 

Rocheforl Girard  (  M»"  ) 

I  Langlois. 

'  Lestringant. 
S'-Étienne Chevalier. 

(  Poateil-Burles. 

(  KumĂšbe. 

(  Gimet. 

'  PrivĂąt. 
Boisselier. 
Tours PĂ©ricat. 

'  Suppligeon. 

(  Giard. 

\  Lemattre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam. 


Berlin. 


Buchareft . 


chez  Messieurs  : 
Feikema    Caarelsen 
et  C". 

AthĂšnes ,     Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

j  Asher  et  C*. 
Dames. 
Friedlander  et   fils. 

f  Mayer  et  Miiller. 

Berne Schmid  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

(  Lamertin. 
Bruxelles..    '  MayolezetAudiarte. 

(  Lebégue  et  C*. 

(  Sotchek  et  C». 

I  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighlon,  BelleiC". 

Christiania Cammerraeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague HĂŽst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

GĂšnes Beuf. 

Cherbuliez. 
GenĂšve Georg. 

'  Stapelmohr. 

La  Haye Belinfante  frĂšres. 

t  Benda. 

'  Payot  et  C". 

'  Barlh. 

\  Brockhaus. 

Leipzig KƓhler. 

I  Lorentz. 
Twietmeyer. 
Desoer. 


chez  Messieurs  : 
(  Dulau. 
^'""''■" Hachette  et  C'v 


Luxembourg . 


:  Nutt. 

V.  Bttck. 
Ruiz  et  C'v 


Lausanne. 


LiĂšge. 


\  ' 


(  Gnusé. 


Madrid '  Romo  y  Fussel. 

j  Capdeville. 
'  F.  FĂ©. 

Milan...  (  Bocca  frÚre». 

.■  (  HƓpll. 
lHoscou Tastevin. 

Naples j  Marghieri  di  Giu». 

(  Pelleraao. 

j  DyTsen  et  Pfeiffer. 
Ne>v-york Stechert. 

'  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C". 

Palerme Reber. 

Porto Magalhaés  et  Mouii 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

Bocca  frĂšres. 

Loescheret  C" 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Nordiska  BogbaoĂŻiel. 

I  Zinserling. 
)  Wolff. 

I  Bocca  frĂšres. 
Brero. 
I  Clausen. 
[  RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebethner  et  Wolfl. 

VĂ©rone Drucker. 

Frick. 

Gerold  et  C'-. 
Ziirich Meyer  et  Zeller. 


Rome. 


S'-PĂ©tersbourg. 


Turin. 


Vienne . 


BLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDDS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1"  Ă   31.  —  (3  AoĂ»t  i835  Ă   3i  DĂ©cembre  i^jo.)  Volume  in-^";  i8i3.  Pri.t 25  fr. 

Tomes  32  Ă   61.  —  (i"  Janvier  iSii  Ă   3i  DĂ©ctinbro  i865.)  Volume  111-4°;  1870.  Prix 25  fr. 

Tomes  62  Ă   91.  —  (  i"'  Janvier  1866  Ă   3(  DĂ©ce'ubie  1880.)  Volume  in-4°;  1889.  Pri.ĂŻ 25  fr. 

Tomes  92  Ă   121.  —  (  i"  Janvier  iS8t  Ă   3i  DĂ©cembie  1895.)  Volume  'm-.\";  1900.  Pri.x 25  fr. 

iUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 

te  I.  —  MĂ©moire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  \lgues  ,  par  MM.  A.  Derbes  et  .A.-J.-J.  Solier.  —  MĂ©moire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'Ă©prouvent 
BĂštes,  par  M.  Hamsen.  —  MĂ©moire  sur  le  PancrĂ©as  et  sur  le  rĂŽle  di  suc  piincrĂ©alique  dans  les  phĂ©nomĂšnes  digestifs,  parliculiĂ©rement  dans  la  digestion  des 
■es  grasses,  par  M.  Cl.\ude  Bernard.  Voluiie  in-4'',  avec  3'2   planches;  iSVi .‱ 25  fr. 

le  II.  —  MĂ©moire  sur  les  vers  inlestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beneden.  —  Essai  d'une  rĂ©ponse  Ă   la  question  de  Prix  proposĂ©e  en  i85o  par  l'AcadĂ©mie  des  Sciences 
le  concours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir:  «  Etudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains 
mentaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  ilc  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanĂ©e.  — '  Rechercher  la 
ire  des  rapports  qui  existent  entre  l'étal  actuel  du  régne  organique  et  ses  états  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  In -4°,  avec  7  planches;  186 1. . .     25  fr. 


A  la  mĂȘme  Librairie  les  MĂ©moires  de  l'AcadĂ©mie  des  Sciences, 


Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences 


I\"  5. 


TABLE    DES  ARTICLES.   (Séance   du    3    août   1903.) 


MEAIOIUES    ET  COMMUIXICATIOIVS 

DES   MEMBUES   ET    DES   CORRESPONDANTS    DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.  Berthelot.  —  Relations  entre  les  piles 
Ă   plusieurs  liquides 285 

II.  Berthelot.  —  Remarques  concernant 
les  relations  entre  les  piles  constituées 
par  les  mĂȘmes  liquides,  compris  entre 
deux  électrodes  différentes  ou  identiques.     291 

MM.  Henri  Moissan  et  A.  Kouznetzow.  — 
Sur  un   carbure  double   de  chrome  et  de 


Pages. 

tungstĂšne 292 

M  Armand  Gautier.  —  L'arsenic  existet-il 
dans  tous  les  organes  de  l'Ă©conomie  ani- 
male?       39.5 

MM.  Paul  Sabatier  et  J.-B.  Senderens.  — 
Transformation  des  aldéhydes  et  des 
cétones  en  alcools  par  hydrogénation 
catalytiquc 3oi 


CORRESPOIMDAXCE. 


M.  Jean  Mascart.  —  RĂ©sidu  des  perturba- 
tions séculaires 3o3 

M.  Esclangon.  —  Sur  les  fonctions  quasi-    . 
périodiques 3o5 

M.  H.  DuLAC.  —  Sur  les  fonctions  de  «  va- 
riables représentées  par  des  séries  de  po- 
Ijnomes  homogĂšnes 3o8 

JM.  N.  Saltykow.  —  Sur  les,  intĂ©grales 
de  S.  .Lie ' 809 

MM.  J.  MacĂ©  de  LĂ©pinay  et  H.  Buisson.  — . 
Sur  les  changements  de  phase  par  réflexion 
normale  dans  le  quartz  sur  l'argent 3i2 

M.  \.  Legros.  —  FocimĂštre  photogrammĂ©- 
trique  pour  l'optique  microscopique  (ins- 
trument vérificiiteur  de  microscopes) 3i4 

M.  L.  ToRHES.  —  Sur  le  tĂ©lĂ©kine 817 

M.  E.  WicKERSHElMER.  —  Nouvelles  lois  de 
tonométrie,  qu'on  peut  déduire  des  expé- 
riences de  Raoult Sig 

M.  A.  Bouzat.  —  Courbes  de  pression  des 
systĂšmes  univariants  qui  comprennent 
une  phase  gazeuse 322 

M.  Maurice  François.  —  Dosage  de  la'pyri- 
dine  eu  solution  aqueuse 024 

M.  Tarbouriecu.  —  Sur  les  amides  secon- 
daires      326 

MM.  L.  BouvEAULT  et  G.  Blanc.  —  RĂ©duc- 
tion des  clhers-sels  des  acides  Ă   fonction 
complexe 32S 

M.  J.  Allain  Le  Canu.  —  Action  de  la  phĂ©- 
nylhydrazine  sur  les  bromures  et  iodures 
alcooliques 329 

M.  JuLiis  Scumidlin.  —  Recherches  ther- 
mochimiques sur  les  matiĂšres  colorantes. 
La  rosaniline  et  la  pararosaniline 33i 

M.  J.  Laborde.  —  Sur  le  dosage  de  l'ammo- 

BuLLETiN  bibliographiquh: 

EURATA   


niaque  dans  les  vins,  et  son  r61e  dans  la 
différenciation  des  mistelles  d'avec  les 
vins  de   liqueur 

AÎ.  A.  Desmoulilre.  —  Sur  le  ferment  du 
salol  contenu  dans  certains  laits 

M.  S.  PosTERNAK.  —  Sur  les  propriĂ©tĂ©s  et 
la  composition  chimique  de  la  matiĂšre 
phospho-organique  de  réserve  des  plantes 
Ă   chlorophylle 

M.  A.  Billard.  —  De  l'excrĂ©tion  chez  les 
Hydroides 

M.  U.  DuERST.  —  Les  lois  mĂ©caniques  dans 
le  développement  du  crùne  des  Cavi- 
cornes  

.M.  L.  Bordas.  —  L'appareil  digestif  des 
Silph  idƓ 

iM.  A.  VayssiĂ©re.  —  Sur  les  HĂ©tĂ©ropodes 
recueillis  pendant  les  campagnes  de  VHi- 
rondelle  et  de  la  Princesse  Alice,  faites 
sous  la  direction  de  S.  A.  le  Prince  de 
Monaco '. 

M.  AndrĂ©  Tournouer.  —  Coupes  des  ter- 
rains tertiaires  de  la  Patagonie 

M.  D.-E.  Pachundaki.  —  Sur  la  constitu- 
tion géologique  des  environs  de  Mirsa 
Matrouh  (  Marmarique) 

MM.  .1.  Bordet  et  0.  Gengou.  —  Les  sen- 
sibilisatrices du  bacille  tuberculeux 

M.  T.  SouRBE  adresse  une  Note  intitulée  : 
«  Alcoométrie  pondérale  » 

M.  O.  DoNY-HÉXAULT  adresse  une  Note  : 
«  Sur  la  radioactivité  du  peroxyde  d'hy- 
drogÚne » 

AI.  C.  DE  Lieehaber  adresse  une  Note  : 
«  Sur  la  thermographie  sidérale  » 


334 
337 

337 
340 

342 


346 
348 

35o 
35 1 
353 

353 

353 

353 
356 


PARIS.  —   IMPRIMERIE    G  AUTH  t  E  R  -  VILLA  RS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

Le  GĂ©rant  ;   Gauthier-Villars 


SLP     5    1..3  1903 

^cjO-S         second  semestre. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES     SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVII. 


N'-  ()  (10  Août  1903). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Auguslins,  55, 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin   1862  et  24  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l' Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  ^'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i".  —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 

Les  extraits  desMémoiresprésentéspar  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  à&  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  Sa  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  lait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'ai 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séanc« 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savar 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  perso 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  1 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'ui 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requi 
Membre  qui  lait  la  présentation  est  toujours  non 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Ei 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  rer 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plustar 
jeudi  Ă   I  o  heures  du  matin  ;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   te 
le  litre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  r 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu> 
vant  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planche 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  sert 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comp 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  des 
leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rappori 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administralivt 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  a] 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du 
sent  RĂšglement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  < 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance,  avant  S'.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suil 


SEP     5     1985, 

ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU   LUNDI    10   AOUT  1903, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBEllT  GAUDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président,  en  annonçant  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient  de 
faire  dans  la  personne  de  M.  Munier-Chalmas,  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  J'ai  la  douleur  d'annoncer  à  l'Académie  la  perte  bien  inattendue  de 
M.  Munier-Chalmas.  M.  Bergeron,  sous-directeur  de  son  laboratoire  de 
recherches  Ă   la  Sorbonne,  nous  apprend  par  dĂ©pĂȘche  la  mort  subite  de 
notre  cher  et  éminent  ConfrÚre,  survenue  à  Aix-les-Bains.  samedi  8  août. 
M.  Munier-Chalmas  avait  été  nommé  dans  la  Section  de  Minéralogie  le 
20  mai  de  cette  année;  il  n'y  a  donc  pas  trois  mois  qu'il  faisait  partie  de 
l'Académie;  vraiment,  c'est  nous  quitter  trop  tÎt! 

»  Il  était  également  habile  en  Géologie  et  en  Paléontologie.  C'était  un 
chercheur,  un  curieux  de  la  Nature,  découvrant  sans  cesse  quelque  chose 
de  nouveau  dans  la  grande  histoire  des  temps  passés.  Comme  il  avait  la 
passion  de  la  Science,  il  la  communiquait  Ă   ses  Ă©lĂšves.  Aussi  il  a  eu  un  rĂŽle 
considérable  dans  la  chaire  de  Géologie  de  la  Sorbonne;  sa  mort  va  pro- 
duire un  vide  profond.  I/Académie  voit  avec  tristesse  disparaßtre  cet  homme 
encore  jeune,  d'une  élounante  vivacité  d'esprit,  qui  semblait  appelé  à  lui 
faire  longtemps  honneur.  Je  lÚve  la  séance  en  signe  de  deuil.  » 


AÉRODYNAMIQUE.  —  Sur  l' aĂ©rodynamique  et  la  thĂ©orie  du  champ  acoustique. 
Note  de  M.  le  e;énéral  Sebert. 

«  La  Note  de  M.  le  commandant  Charbonnier,  de  l'Artillerie  coloniale, 
sur  la  théorie  du  champ  acoustique,  que  j'ai  présentée  à  l'Académie  dans 
1^  sĂ©ance  du   i  5  juillet  dernier,  et  la  nouvelle  Note  du  mĂȘme  auteur,  en 

C.  R.,  1903,   T  Semestre.  (T.  CWXVU,    N-  6.)  4? 


358  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

date  (le  ce  jour,  sur  l'application  de  celte  théorie  à  la  détermination  du 
frottement  intérieur  des  gaz  sont  de  nature  à  appeler  de  nouveau  l'atten- 
tion sur  les  phénomÚnes  sonores,  encore  peu  connus,  qui  se  produisent 
au  passage,  dans  l'atmosphÚre,  de  mobiles  animés  de  mouvements  trÚs 
rapides  et  sur  les  conséquences  que  la  connaissance  de  ces  phénomÚnes 
peut  entraßner  pour  les  théories  acoustiques  et  pour  l'aérodynamique  en 
général. 

»  Il  n'est  peut-ĂȘtre  pas  inutile  de  rappeler  l'Ă©tat  de  nos  connaissances  Ă  
ce  sujel,  car  les  documents  qui  en  contiennent  l'exposé  se  trouvent  presque 
exclusivement  consignés  dans  les  jiublicalions  spéciales  d'artillerie,  par  ce 
motif  que  les  services  militaires  se  sont  trouvés,  à  peu  prÚs  seuls,  en  me- 
sure, jusqu'à  ce  jour,  d'étudier  ces  phénomÚnes  ou  de  les  utiliser. 

»  C'est  en  l'année  1887,  au  cours  de  ses  études  pour  l'établissement  du 
nouveau  fusil  connu  sous  le  nom  àe fusil  Lebel,  que  M.  le  colonel  Journée, 
alors  capitaine,  a  observé,  pour  la  premiÚre  fois,  dans  le  tir  des  armes 
Ă   grande  vitesse  initiale,  la  production  d'un  bruit  violent  analogue  Ă   une 
détonation,  parfois  suivi  d'une  sorte  de  roulement  prolongé,  paraissant 
Ă©maner  du  projectile  mĂȘme  et  distinct  du  bruit  produit  par  l'explosion  de 
la  charge  de  l'arme  ('  ). 

»  Il  avait  constaté  que  ce  phénomÚne  n'apparaßt  que  lorsque  la  vitesse 
initiale  du  projectile  est  notablement  supérieure  à  la  vitesse  de  propagation 
du  son  dans  l'air,  et  il  avait  reconnu  que  le  bruit  initial  perçu  par  un  ob- 
servateur semble  provenir  du  point  de  la  trajectoire  situé  sur  la  normale 
passant  par  la  position  de  cet  observateur. 

»  Par  une  série  d'expériences  ingénieuses,  il  avait  cherché  à  déterminer 
les  conditions  de  production  et  les  causes  du  phénomÚne,  et  il  avait  cru 
pouvoir  déduire  de  ses  observations  que  tout  projectile  animé  d'une  vitesse 
supérieure  à  la  vitesse  du  son  dans  l'air  émet,  pendant  son  parcours,  un 
son  continu  analogue  à  une  détonation. 

))  Il  avait  signalé  et  vérifié,  par  ces  expériences,  que  ce  fait  donnait 
l'explication  des  anomalies  constatées  par  les  expérimentateurs  qui  avaient 
cherché  à  déterminer  la  vitesse  du  son  dans  l'air,  en  utilisant  le  tir  réel  de 
piÚces  d'artillerie  et  notamment  dans  les  essais  récemment  entrepris,  par 


(')  JouiiNÉE,  Noie  manuscriie  du  aS  octobre  1887  et  Comptes  rendus,  l.  CVl,  iZ  jan- 
vier 1888,  p.  2/i4-  —  Sebert,  Bulletin  de  la  SociĂ©tĂ©  française  de  Physique,  1888, 
p.  35.  (l^ar  suite  d'une  erreur  d'impression,  la  formule  qui  donne  la  valeur  de  l'angle 
au  sommet  du  cÎne  sonore  a  été  substituée  à  celle  de  l'angle  complémentaire.) 


SÉANCE  DU  lO  AOUT  igoS.  35g 

la  Commission  do  Gàvre,  pour  effectuer  cette  détermination  à  l'aide  de 
bouches  Ă   feu  nouvelles  Ă   grandes  vitesses  initiales. 

»  Ces  essais  avaient  donné,  pour  la  vitesse  supposée  du  son,  des  valeurs 
toujours  trop  grandes  et  M.  le  capitaine  Jacob,  de  l'artillerie  de  la  marine, 
avait  été  amené  à  rechercher  si  ces  écarts  pouvaient  s'expliquer  par  l'in- 
fluence de  la  grande  intensité  des  vibrations  produites  par  le  tir  de  la 
piĂšce,  mais  ses  calculs  ne  l'avaient,  le  plus  souvent,  conduit  qu'Ă   des 
termes  correctifs  insuffisants  ('). 

»  Les  travaux  d'Hugoniot  devaient  d'ailleurs  établir,  peu  de  temps  aprÚs, 
que  la  formule  de  Laplace,  employée  pour  le  calcul  de  la  vitesse  du  son, 
s'Ă©tablit  rigouieusement  quelle  que  soit  l'amplitude  des  vibrations  ou  la 
vitesse  de  translation  des  particules  gazeuses  déplacées  (-). 

))  Vers  la  mĂȘme  Ă©poque  avaient  Ă©tĂ©  publiĂ©s  les  premiers  rĂ©sultats  des 
remarquables  expériences  du  D""  E.  Mach,  de  Vienne,  Sur  la  fixation  pho- 
tographique des  phénomÚnes  auxquels  donne  lieu  le  projectile  pendant  son 
trajet  dans  l'air.  Les  photographies  obtenues  montraient,  pour  les  projec- 
tiles animés  de  vitesses  supérieures  à  340*",  l'existence  d'ondes  à  contours 
permanents  ou  ondes  stationnaires  mises  en  Ă©vidence  par  les  variations  du 
pouvoir  réfringent  des  couches  d'air  ébranlées  ('). 

»  Contrairement  à  l'hypothÚse  admise  par  M.  Journée,  le  D''  Mach  attri- 
buait le  bruit  de  détonation  perçu  par  un  observateur,  lors  du  tir  d'un 
projectile  animé  d'une  grande  vitesse,  à  l'arrivée  à  l'oreille  de  cet  observa- 
teur du  contour  extérieur  de  l'onde  condensée  accompagnant  le  projectile 
dans  son  parcours  et  il  expliquait  les  bruits  de  roulement  prolongé  entendus 
quelquefois,  par  les  réflexions  de  cette  onde  sur  le  sol,  les  nuages  ou  les 
autres  obstacles  naturels. 

»  Ces  questions  provoquÚrent,  au  cours  des  années  suivantes,  d'inté- 
ressants travaux  dus  Ă   MM.  de  Labouret,  Gossot,  Moisson,  Jacob  et  Char- 
bonnier, officiers  d'artillerie  de  la  marine,  et  à  MM.  Hartmann  et  Devé,  de 
l'artillerie  de  terre. 

»  M.  de  I^abouret,  parlant  des  observations  faites  par  M.  Journée,  avait 
déterminé,  par  le  calcul,  les  conditions  dans  lesquelles  le  son,  paraissant 


(')  Jacob,  MĂ©morial  de  l'Arlllkiie  de  la  lUarliie,  l.  XVI,  1888',  p.  56o. 

(-)  HuGOiMOT,  Journalde  Matliémallr/ues  pures  et  appliquées,  4=série,  t.  111,  1887, 
P-  477- 

(')  E.  Mach  et  \'.  Salcuer,  Sllzangsberlchtc  dcr  kaiserliche/i  Akadcinic  der 
Wissenschaftea  In  ]\len,  1S87,  Band.  XCV. 


36o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

émis  par  le  projectile,  devait  parvenir  à  l'observateur  et  indiqué  le  moyen  de 
tracer,  Ă   chaque  instant,  le  contour  de  la  surface  limite  de  l'onde  sonore 
émanée  de  ce  projectile  ('). 

»  M.  Gossot,  dÚs  l'année  1890,  déduisit  de  ces  résultats  une  méthode  pour 
la  détermination  de  la  vitesse  des  projectiles,  au  cours  de  leur  trajet,  sans 
l'interposition  des  cadres  cibles  habituellement  employés  à  cet  effet  et  en 
faisant  simplement  us.ige  de  résoiinateurs  analogues  à  ceux  déjà  utilisés  par 
M.  Journée.  Cette  méthode,  consacrée  aujourd'hui  parla  pratique,  a  rendu 
les  plus  grands  services  pour  l'Ă©tude  des  trajectoires  des  bouches  Ă   feu  nou- 
velles, Ă   grande  portĂ©e,  de  l'arlillerie  de  la  marine  (-  )  et  a  pu  ĂȘtre  employĂ©e 
également  pour  les  essais  balistiques  ties  nouveaux  fusils  étudiés  par 
l'artillerie  de  terre  ('). 

»  M.  Hartmann,  en  1890,  analysa  et  commenta,  dans  Xa  Revue  d' Artillerie, 
les  expériences  et  les  travaux  ci-dessus  mentionnés  de  MM.  Journée,  Mach, 
de  J^abouret  et  Gossot  et  fit  également  connaßtre  les  nouvelles  expériences 
de  photogra|)hie  de  projectiles  effectuées  par  le  D''  E.  Mach  en  collabora- 
tion avec  son  fils  I^.  Mach  et  le  professeur  P.  Salcher,  ainsi  que  les 
recherches  de  ce  dernier,  effectuées  avec  le  concours  du  D""  Mach  et  de 
M.  Whitehead,  sur  les  phénomÚnes  c]ui  accompagnent  l'écoulement  de 
l'air  à  haute  pression  (  '),  mais  il  ne  déduisit  de  ces  études  aucune  conclu- 
sion au  sujet  des  questions  controversées  de  l'origine  et  de  la  nature  du 
bruit  perçu  (°). 

»  M.  Moisson,  en  1891,  discuta  ces  expériences,  au  point  de  vue  phy- 
sique, en  cherchant  Ă   concilier  les  hypothĂšses  contradictoires  Ă©mises.  Il 
rappelle  accessoirement  le  phénomÚne  de  la  production  des  auréoles  qui 
ont  été  souvent  observées  dans  le  tir  des  projectiles  et  il  attribue  le  bruit 
produit  par  le  projectile  et  qu'il  désigne  sous  le  nom  de  claquement  par 
la  rentrée  brusque  de  l'air  dans  le  vide  qui  se  produit  à  l'arriÚre  ("). 


(')  De  Labolret,  MĂ©morial  de  l'Artillerie  de  la  Marine,  l.  XVI,  1888,  p.  366. 

(-)  Gossot,  MĂ©morial  de  l'Artillerie  de  la  Marine,  t.  XIX,  iSgi,  p.  181. 

(')  Devé,  Hevue  d'Artillerie,  t.  XLVll,  1S96,  p.  478. 

(')  E.  Mach  et  P.  Salcder,  Silzungsberichte,  etc.,  Band.  XCV'UI,  Januar  1889. 
—  E.  Mach  et  L.  MjlCu,  Sitzunffsberichte,  etc.,  Band.  XCVIII,  Xoveraber  1889.  — 
E.  Mach,  Sitzungsberichle,  etc.,  Hand.  XCVIU,  October  1889.  —  E.  MKcn,Sitzungs- 
berichte,  etc.,  Band.  XCVIII,  October  1888.  —  P.  Salcher,  Mitlheiltingen  ans 
deni  Gebiete  des  Seeuesens,  t.  XVIII,  1890. 

('")  Hartma.>n,  /{eiue  d'Artillerie,  t.  XXXVII,  1890-1891,  p.  63,  897  et  493. 

(')  Moisson,  MĂ©morial  de  l'Artillerie  de  la  Marine,  t.  XX,  1891,  p.  807. 


SÉANCE    DU    lO    AOUT    190.3.  36 1 

»  Enfin  M.  Jacob,  en  1892,  et  M.  Charbonnier,  en  1893,  ont  cherché 
à  étaljlir  la  théorie  analytifjue  du  problÚme,  le  premier  en  prenant,  comme 
point  de  départ,  la  loi  adiabatique  de  l'écoulement  desgaz('),  le  second 
en  développant  et  complétant  la  théorie  exposée  par  M.  de  Labouret.  et  en 
en  faisant  l'application  à  d'autres  phénomÚnes  physiques  comme  le  bruit 
de  la  foudre  (-). 

»  Dans  ses  derniers  travaux,  M.  Charbonnier  a  donné  finalement  une 
nouvelle  théorie,  qui  parait  définitive  et  complÚte  ('). 

»  Cette  théoriedonue  le  nioven  d'établir,  pour  chaque  point  de  l'espace, 
l'équation  qui  définit  l'état  sonore  de  ce  point  quand  l'atmosphÚre  est 
parcourue  par  un  mobile  dont  le  mouvement  est  connu.  Elle  permet  de 
déterminer  les  contours  de  la  région  ébranlée  à  chaque  instant,  qui  est 
dénommée  par  \ai  champ  acoustique,  etelledonne  la  formede  l'onde  neutre 
qui  sépare,  à  chaque  instant,  les  portions  antérieure  et  postérieure  de  ce 
champ  acoustique,  portions  dans  lesquellc^s  les  vitesses  de  déplacement 
des  molécules  gazeuses  sont  de  siirne  contraire.  Par  le  tracé  des  courbes 
d'égale  vitesse  de  ces  molécules  gazeuses,  M.  Charbonnier  donne  le  moyen 
de  représenter  complÚtement,  à  chaque  instant,  un  champ  acoustique 
donne  et  il  fait  l'application  de  ce  systĂšme  Ă   un  certain  nombre  de  cas 
particuliers  :  d'abord  à  des  mobiles  animés  de  vitesses  inférieures  à  la 
vitesse  du  son,  puis  à  des  projectiles  animés  de  vitesses  plus  grandes. 

»  Il  retrouve  ainsi,  pour  ces  derniers,  la  forme  de  l'onde  conique  de 
tĂȘte  des  photographies  du  D'  Mach,  et  le  cĂŽne  sonore  qui  se  dĂ©place  avec 
le  projectile. 

»  11  rend  compte  complÚtement  des  |)hénomÚnes  sonores  observés,  en 
admettant  que  l'oreille  ne  perçoit  un  bruit  de  détonation  que  lorsque  la 
vitesse  des  molécules  gazeuses  qui  la  frappent  varie  brusquement  et  non 
par  gradation  continue. 

»  DÚs  lors,  il  démontre  que  le  bruit  de  détonation  ou  de  claquement 
du  projectile  ne  peut  ĂȘtre  distinguĂ©  du  bruit  de  l'explosion  de  la  piĂšce  que 
si  ce  projectile  se  meut  avec  une  vitesse  supérieure  à  la  vitesse  du  son  dans 
l'air  et  si  l'observateur  se  trouve  placé  dans  une  certaine  région  déterminée 


(')  Jacob,  MĂ©morial  de  l'Arnllerie  de  la  Marine,  t.  XX,  1892,  p.  33  et  229. 

(-)  Charbonnier,  MĂ©morial  de  l'Artillerie  de  la  Marine,  t.  XXI,  1S93,  p.  5^7. 

(^)  Charbonnier,  Théorie  du  champ  aeouslique,  Mémoire  manuscril.  Ituelle, 
juin  1903,  et  Comptes  rendus,  t.  CXXXVIi,  p.  171.  (Cette  Note  a  été  présentée  dans 
ta  séance  du  i3  juitlel  1903,  bien  qu'elle  n'ait  été  insérée  que  dans  le  Compte  rendu 
de  la  séance  du  20  juillet.) 


362  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

de  l'espace.  Il  arrive  mĂȘme  Ă   celle  conclusion  que,  dans  le  cas  de  tirs  Ă  
grandes  distances,  l'observateur  peut  parfois  percevoir  deux  détonations 
émanées  du  projectile;  ce  son  étant  perçu  dans  la  direction  des  tangentes 
que  l'on  peut  mener  à  une  courbe  qu'il  dénomme  enveloppe  sonore  et  qui 
est  le  lieu  des  normales  Ă   l'enveloppe  des  cĂŽnes  sonores. 

»  L'application  de  ces  mĂȘmes  rĂšgles  Ă   l'Ă©tude  des  bruits  produits  par  les 
Ă©clairs  en  zigzag  j)ermet  d'expliquer  les  coups  de  tonnerre  multiples  et 
montre  qu'il  n'est  pas  plus  possible  de  déduire,  de  la  durée  d'arrivée  du 
bruit,  la  dislance  du  lieu  de  production  de  la  foudre,  que  de  mesurer,  Ă  
l'aide  de  télémÚtres  acoustiques,  la  distance  des  bouches  à  feu,  tirant  à 
grandes  vitesses  initiales,  dont  on  aperçoit  le  feu  ou  la  fumée. 

»  M.  Charbonnier  rend  compte  aussi  de  la  production  des  ondes  dila- 
tées observées  par  M.  Mach  à  l'arriÚre  des  projectiles,  ainsi  que  de  celle 
des  ondes  réfléchies  à  la  rencontre  des  obstacles  et  il  explique  par  des  ré- 
flexions de  ce  genre  les  roulements  prolongés  que  l'on  perçoit  dans  cer- 
tains cas.  Il  donne  encore  le  moyen  de  calculer  les  déplacements  imprimés 
aux  molécules  gazeuses  et  en  verlu  desquels  peuvent  fonctionner  les  ré- 
sonnateurs  employés,  comme  appareils  enregistreurs,  dans  la  méthode 
des  mesures  des  vitesses  des  projectiles  proposée  par  M.  Gossot. 

»  M.  Charbonnier  fait  enfin  l'application  de  la  théorie  qu'il  a  établie 
à  l'élude  de  quelques  phénomÚnes  particuliers,  notamment  à  celle  du  son 
produit,  à  différentes  distances,  par  un  diapason  vibrant  et  à  celle  de  la 
rotation  d'un  corps  animé  d'un  mouvement  circulaire  uniforme.  Il  évalue 
aussi  le  déplacement  de  l'air  dans  le  voisinage  d'une  automobile  marchant 
à  une  vitesse  déterminée,  ainsi  que  les  effets  du  vent  rencontrant  un  ob- 
stacle tel  qu'un  mĂąt,  elc. 

»  Ces  travaux  de  M.  Charbonnier  me  paraissent  de  nature  à  apporter  de 
grandes  simplifications  dans  l'établissement  des  théories  élémentaires 
d'acoustique  et  d'aérodynamique,  car  ils  jettent  une  grande  clarté  sur  les 
phénomÚnes  complexes  qu'étudient  ces  théories. 

»  La  nouvelle  Note  qu'il  adresse  aujourd'hui  à  l'Académie  en  est  une 
preuve,  car  elle  montre  que  la  théorie  du  champ  acoustique,  établie  par  lui, 
peut  suggérer  une  façon  nouvelle  d'envisager  la  question  du  frottement 
intérieur  ou  de  la  viscosité  des  gaz  qui  provoque  encore  en  ce  moment 
d'importantes  recherches. 

»  Si  l'on  adoptait  cette  maniÚre  de  voir,  la  façon  de  présenter  les  calculs 
qui  concernent  la  dĂ©termination  de  celle  viscositĂ©  devrait,  sans  doute,  ĂȘtre 
l'objet  d'importantes  modifications.  » 


SÉANCE    DU    lo   AOUT    igoS.  363 


CHIMIE  MINÉRALE.    —   Description  cV un  nouvel  appareil  pour  la  prĂ©paration 
des  gaz  purs.  Note  do  M.  He.vri  Moissan. 

«  Tous  les  chimistes  savent  combien  la  préparation  des  gaz  purs  est 
longue  et  délicate.  Cette  préparation  est  le  plus  souvent  trÚs  difficile, 
parfois  mĂȘme  impossible  par  suite  des  rĂ©actions  ou  de  la  forme  mĂȘme  des 
appareils  employés.  Nous  donnerons  dans  cette  Note  la  description  d'un 
appareil  trĂšs  simple  qui  permet  d'obtenir  rapidement  la  plupart  des  gaz 
dans  un  grand  état  de  pureté. 

»  1.  Dessiccation  des  gaz.  —  Lorsque  nous  voulons  dessĂ©cher  un  gaz, 
nous  employons  soit  des  flacons  Ă   plusieurs  tubulures,  soit  des  Ă©prouvettes 
desséchantes  qui  contiennent  des  matiÚres  avides  d'eau  :  ponce  poreuse 
mouillée  d'acide  sulfurique,  chlorure  de  calcium  fondu  ou  poreux,  cliaux 
vive,  etc.  Toutes  ces  matiĂšres  sont  imprĂ©gnĂ©es  d'air,  parfois  mĂȘme  de  diffĂ©- 
rents gaz.  Elles  donnent  souvent  naissance  à  des  réactions  secondaires 
produisant  des  impuretés  :  telle  l'attaque  lente  du  caoutchouc  des  appareils 
par  l'acide  sulfurique  froid  qui  produit  un  dégagement  continu  de  gaz 
acide  sulfureux.  De  plus  les  bouchons  de  liĂšge  ou  de  caoutchouc  ne  perdent 
que  lentement  l'humidité  qu'ils  contiennent. 

»  Description  d'un  appareil  servaiit  Ă   la  dessiccation  des  gaz.  —  Pour 
toutes  ces  raisons,  nous  avons  remplacé  cet  ensemble  volumineux  de 
flacons  et  d'Ă©prouvettes  par  deux  petits  appareils  en  verre  d'un  trĂšs  petit 
volume  {fig.  I  ). 

»  Le  premier  a,  de  So"""',  a  la  forme  d'un  cvlindre  fermé  à  ses  deux 
extrémités;  il  jjorte,  à  la  partie  supérieure,  deux  tubes  souciés,  l'un 
plongeant  jusqu'au  fond  de  l'appareil  et  l'autre  débouchant  dans  l'espace 
annulaire. 

»  Le  second  tube  b,  qui  va  faire  suite  au  premier,  est  un  tube  en  U 
de  iS*^ℱ',  portant  sur  l'une  de  ses  branches  quatre  boules  de  moyenne 
grandeiu"  et,  sur  l'autre,  deux  plus  petites.  Cette  série  de  parties  cylin- 
driques et  de  sphĂšres  a  pour  but  de  changer  Ă   chaque  instant  la  vitesse  du 
gaz,  de  le  mélanger  et  de  le  forcer  à  s'étaler  sur  la  paroi  de  verre  refroi- 
die. Ces  deux  appareils  sont  placés  dans  des  vases  de  Dewar  remplis  de 
liquides  rĂ©frigĂ©rants  Ă   des  tempĂ©ratures  qui  varient  de  —Se"  Ă   —200°. 
Nous  utilisons  pour  dessécher  les  gaz,  au  moyen  de  cet  appareil,  le  pro- 


364  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cédé  purement  physique  de  la  condensation  de  l'eau  à  trÚs  basse  tempé- 
rature ('). 

))  Nous  nous  sommes  assuré  d'abord  que,  lorsqu'un  gaz  saturé  d'humi- 
dilé  traversait  cet  appareij  avec  la  vitesse  de  i'  en  lo  minutes,  toute  la 
vapeur  d'eau  Ă©tait  retenue  Ă   la  tempĂ©rature  de  — 5o°.  Une  sĂ©rie  de  tubes 
desséchants,  pesés  au  préalable,  n'augmentaient  pas  de  poids  lorsqu'ils 
étaient  traversés  par  un  volume  de  3' d'air  ainsi  desséché.  En  réalité,  le  gaz 
renferme  encore  une  trace  d'eau  qui  correspond  Ă   la  tension  de  vapeur  de 
la  glace  Ă   — 5o".  Mais,  pour  nous  autres  chimistes,  celte  petite  quantitĂ© 
est  certainement  plus  faible  que  celle  que  peut  nous  fournir  le  verre  ordi- 
naire et  les  bouchons  employés  dans  la  plupart  de  nos  expériences. 

»  Si  nous  voulons  une  autre  preuve  de  la  dessiccation  suffisamment 
trrande  de  ces  gaz,  nous  la  trouverons  dans  l'expérience  suivante  :  de  l'air 
saturé  d'humidité  est  lentement  desséché  dans  notre  appareil  à  des  tem- 
pĂ©ratures dĂ©croissantes  de  —  lo",  —20°,  —  3o°,  — 4o",  —  jo°,  —80" 
et  _]oo°;  c'est  Ă   peine  si  Ă   la  tempĂ©rature  de  —  3o"  le  gaz  qui  a  traversĂ© 
nos  deux  tubes  fournit  encore  une  trace  de  fumée  perceptible  avec  le 
fluorure  de  bore.  L'appareil  que  nous  proposons  nous  fournit  donc  une 
véritable  dessiccation  physique  sans  adjonction  de  réactifs  ou  de  matiÚres 
poreuses  pouvant  amener  nombre  d'impuretés. 

«  Lorsque  l'on  veut  dessécher  un  courant  de  gaz  assez  rapide,  il  faut 
augmenter  la  longueur  de  l'appareil  dessiccateur,  ou  mieux,  le  faire  con- 
struire en  métal  :  plaline  ou  laiton.  Dans  ce  cas,  le  refroidissement  se  fai- 
sant plus  vite  à  cause  de  la  bonne  conductibilité  du  métal,  la  ilessiccation 
est  aussi  complĂšte  que  possible. 

M  \\.  Purification  des  gaz.  —  Jusqu'ici,  pour  purifier  les  gaz,  on  s'Ă©tait 
contenté,  le  plus  souvent,  d'obtenir  un  dégagement  trÚs  long  de  façon  à 
chasser,  autant  que  possible,  l'air  des  appareils  le  plus  souvent  trĂšs  volu- 
mineux. Cette  méthode  peut  fournirdes  résultats  approches  lorsqu'il  s'agit 
de  gaz  assez  lourds  comme  le  chlore  et  l'acide  carbonique  qui  repoussent 
devant  eux  l'air  contenu  dans  tout  l'appareil.  Dans  une  préparation  d'acide 


(')  Eu  1899,  nous  avions  déjà  eu  l'occasion  d'indiquer  cette  méthode,  soit  pour 
séparer  le  fluor  de  l'acide  fluorhydrique,  soit  pour  dessécher  les  gaz  { Comptes  rendus, 
t.  CXXIX,  1899,  p.  799).  Nous  sommes  revenu  sur  le  mĂȘme  sujet  Ă   propos  de  l'action 
de  l'acide  carbonique  complÚtement  desséché  sur  thydrure  de  potassium  {Comptes 
rendus,  t.  CXXXVI,  1908,  p.  728). 


SÉANCE    DU    lO   AOUT    igoS.  365 

carbonique  exécutée  dans  l'appareil  classique  formé  d'un  flacon  à  deux 
tubulures,  d'un  flacon  laveur  et  d'une  Ă©prouvette  Ă   bicarbonate  de  soude, 
nous  avons  trouvé  que  le  quatriÚme  litre  de  gaz  ne  renfermait  plus  que 
0,88  d'air  atmosphĂ©rique.  Au  contraire,  la  mĂȘme  expĂ©rience  faite  avec  un 
gaz  léger  comme  l'ammoniac  nous  a  donné,  pour  les  huit  premiers  litres 
dégagés,  les  chiffres  suivants  : 


Premier    ] 

Ire,   air.  .  . 

98 ,  00 

P 

Dur 

100 

Ciiu[iiiĂšme 

litre,  air.  .  . 

4, 10 

po 

ur   roc 

DeuxiĂšme 

»         .  .  . 

‱      92,00 

» 

SixiĂšme 

»            .  . 

i,4o 

» 

TroisiĂšme 

»         .  .  . 

.     48 , 00 

)) 

SeptiĂšme 

»            .  . 

0,93 

)) 

QuatriĂšme 

»         ... 

21 ,  10 

» 

HuitiĂšme 

»            .  . 

0,89 

» 

»  Dans  tous  ces  appareils,  les  tubes  de  sûreté  qui  permettent  la  rentrée 
de  l'air  sont  aussi  l'iuie  des  causes  qui  empĂȘchent  d'obtenir  des  gaz  puis. 
Enfin,  mĂȘme  avec  des  appareils  continus,  comme  ceux  de  Deville  ou  de 
Kipp,  on  sait  que  la  solubilité  de  l'oxygÚne  et  de  l'azote  dans  les  liquides 
acides  que  renferment  ces  appareils  amÚne  des  traces  d'impuretés. 

»  Le  principe  de  notre  appareil  est  des  plus  simples.  Il  consiste  à  liqué- 
fier le  gaz  dans  un  tube  de  quelques  centimĂštres  cubes  de  volume,  puis  Ă  
le  solidifier  et  Ă   faire  le  vide  dans  cet  appareil  au  moyen  d'une  trompe  Ă  
mercure.  Nous  laissons  ensuite  le  corps  solide  reprendre  l'Ă©tat  liquide, 
puis  l'état  gazeux  et  se  dégager  par  un  simple  retour  à  la  température 
ordinaire.  Si  le  gaz  solidifié  est  pur,  on  |)eut  le  recueillir  dans  des  flacons 
pleins  de  mercure  si  ce  métal  n'est  pas  attaqué.  Si  le  gaz  solidifié  est  mipur 
par  suite  d'une  préparation  défectueuse,  on  détermine  une  distillation 
fractionnée  et  l'on  sépare  les  produits  gazeux  qui  se  dégagent  au  commen- 
cement et  à  la  fin  de  l'opération.  On  peut  ainsi  recueillir  le  gaz  qui  se  pro- 
duit loisque  le  point  d'Ă©buUition  est  constant. 

»  Description  de  l'appareil.  —  Il  se  compose  d'un  petit  tube  cylindriques 
{^fig-  i)  de  verre  de  16''"'°  fermé  à  l'extrémité  inférieure  et  la'.-.sant  passer  à 
la  partie  supérieure  deux  tubes,  l'un  qui  plonge  dans  l'appareil  et  l'autre 
qui  est  soudé  à  la  partie  supérieure  de  l'espace  annulaire.  Cet  appareil, 
tout  en  verre,  est  d'environ  8""°  à  10""'.  Lorsque  l'on  veut  condenser  une 
grande  quantité  de  gazon  en  augmente  un  [)eu  le  volume. 

»  Pour  obtenir  un  gaz  pur  par  cette  nouvelle  méthode  on  dispose  l'appa- 
reil producteur  de  gaz  comme  pour  une  préparation  ordinaire  (//^.  r  et  2); 
puis  on  le  fait  suivre  de  nos  deux  tubes  dessiccateurs  Ă   la  suite  desquels  se 
trouve  un  robinet  Ă   trois  voies  qui  permet  d'envoyer  le  gaz  dans  le  con- 
densateur ou  de  le  faire  se  dégager  sur  une  cuve  à  mercure  par  un  tube 
de  80*^"  de  hauteur.  Notre  petit  condensateur  est  relié  à  une  trompe  à 

C.  K.,  iyo3,  j-  Seineare.  (T.  CXXXVII,  N"  6.)  4^ 


366 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


mercure  au  moyen  d'un  caoutchouc  éjjais.  Dans  des  expériences  délicates, 
nous  remplaçons  loujours  les  joints  de  caoutchouc  épais,  par  des  tubes  de 


Fig.   I. 


-^S 


verre  ou  de  plomb  réunis  à  frottement  doux  au  moyen  de  gomme  laque. 
»  Lorsque  la  quantité  de  gaz  solidifié  est  assez  grande,  on  peut,  vu  le 

l'iS.  2. 


petit  volume  du  condensateur,  supprimer  la  trompe  et  laisser  l'appareil 
s'échauffer  lentement  au  contact  de  l'air  atmosphérique.  On  laisse  perdre 


SÉANCE   DU    lo  AOUT    igo3.  36; 

les  premiers  5oo""'  et  bientĂŽt  on  obtient  du  gaz  pur.  Dans  ce  cas  le  tube 
de  dégagement  fait  suite  au  condensateur. 

»  Par  contre,  s'il  s'agit  de  recherches  trÚs  exactes  on  devra  opérer 
autrement.  AprÚs  avoir  soUdifié  le  gaz,  le  vide  est  fait  exactement  dans 
l'appareil,  puis  on  Ă©tire  et  l'on  ferme,  avec  un  chalumeau,  le  tube  de  verre 
qui  réunit  le  condensateur  à  la  trompe.  DÚs  lors  on  n'a  plus  à  craindre  la 
petite  quantité  d'humidité  que  peut  donner  le  tube  de  caoutchouc  le  mieux 
desséché.  Il  est  bon  aussi,  au  préalable,  de  chauffer  légÚrement  le  tube 
abducteur  de  80*=ℱ  de  hauteur  par  lequel  le  gaz  doit  se  dĂ©gager  sur  la  cuve 
Ă   mercure. 

»  Nous  indiquerons  comme  exemples  les  préparations  suivantes  : 

»  Acide  carbonique.  —  L'acide  carbonique  est  produit,  comme  d'habitude, 
par  l'action  de  l'acide  chlorhydrique  sur  le  marbre.  Il  est  lavé  dans  une 
solution  de  bicarbonate  alcalin,  puis  [)urifié  au  moyen  d'une  longue 
colonne  de  bicarbonate  de  sodium.  Les  deux  premiers  tubes  dessiccateurs 
sont  maintenus  Ă   une  tempĂ©rature  de  —  70°  par  un  mĂ©lange  d'acĂ©tone  et 
d'acide  carbonique,  puis  on  refroidit  le  condensateur  dans  de  l'oxygĂšne 
liquide  à  —  1 82°.  Tout  l'acide  carbonique  se  solidiBe  dans  ce  dernier  appa- 
reil sous  la  forme  d'une  croûte  épaisse.  On  tourne  alors  le  robinet  à  trois 
voies,  de  façon  à  isoler  l'appareil  producteur  de  gaz  du  condensateur. 

»  Au  moyen  de  la  trompe,  on  fait  le  vide  dans  le  condensateur  (résultat 
obtenu  en  quelques  instants)  jusqu'à  ce  que  le  mercure  monte  de  76*^^ℱ  dans 
le  tube  abducteur.  Lorsque  le  vide  est  obtenu,  on  ferme  le  robinet  de  la 
trompe,  on  retire  le  vase  de  Dewar  contenant  l'oxygĂšne  liquide,  et,  par 
Ă©chauffement,  l'acide  carbonique  ne  tarde  pas  Ă   prendre  l'Ă©tat  gazeux  et  Ă  
se  dégager.  On  le  recueille  dans  des  flacons  bien  secs  remplis  de  mercure 
sec,  et,  si  l'on  a  soin  de  rincer  les  flacons  avec  l'acide  carbonique  qui  se 
dégage,  puis  de  les  remplir  à  nouveau  de  mercure  sec  et  de  recueillir  enfin 
un  Ă©chantillon  de  gaz,  on  obtient  ainsi  de  l'acide  carbonique  pur. 
47""",  I,  traités  par  une  solution  alcaline  exempte  de  gaz,  ne  laissent  dans 
le  tube  gradué  qu'une  bulle  presque  imperceptible. 

»  Le  dĂ©gagement  d'acide  carbonique  du  condensateur  peut  ĂȘtre  arrĂȘtĂ© 
à  volonté  en  replaçant  le  condensateur  dans  l'oxygÚne  liquide. 

»  Acide  iodhydrique.  —  Ce  gaz  est  prĂ©parĂ©  par  la  mĂ©thode  ordinaire  : 
action  de  l'iode  sur  le  phosphore  en  présence  de  l'eau  {.fig.  i).  Nous  avons 
utilisĂ©  l'appareil  classique  de  M.  Étard.  Les  deux  tubes  dessiccateurs  a  et  b 
sont  maintenus  à  —  82°  et  le  tube  condensateur  c  à  —  60".  On  obtient 
dans  ce  dernier  appareil  un  solide  blanc  sur  lequel  on  fait  le  vide  avec  faci- 


368  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

litc.  Il  fond  par  une  élévation  de  lempérature  d'une  trentaine  de  degrés 
en  un  liquide  complĂštement  incolore  qui  prend,  peu  Ă   peu,  sous  l'action 
de  la  lumiÚre  une  faible  teinte  rose.  Le  gaz  qui  se  dégage  par  élévation  de 
température  est  pur,  bien  qu'il  ait  été  préparé  dans  un  appareil  volumi- 
neux renfermant  un  grand  excĂšs  d'air. 

»  Acide  chlor hydrique.  —  PrĂ©paration  au  moyen  de  chlorure  de  sodium 
fondu  et  d'acide  sulfurique.  Les  dessiccateurs  sont  maintenus  à  —  80°,  le 
condensateur  à  —  iSo".  On  obtient  un  solide  blanc  sur  lequel  le  vide  est 
fait  et  qui  donne  ensuite  par  réchauffement  un  liquide  transparent  puis  un 
gaz  entiĂšrement  absorbable  par  l'eau  bouillie. 

»  HydrogĂšne  phosphore.  —  Ce  gaz  obtenu  par  diffĂ©rents  procĂ©dĂ©s  est 
purifié  et  desséché  dans  nos  premiers  tubes,  maintenus  à  une  température 
de  —  80°;  puis  il  est  solidifiĂ©  dans  le  condensateur,  au  moyen  d'oxygĂšne 
liquide  Ă   —  182°.  AprĂšs  avoir  tournĂ©  le  robinet  Ă   trois  voies,  on  fait  le 
vide  dans  l'appareil  ;  il  reste  un  solide  blanc  qui  fournit  un  liquide  inco- 
lore en  dessous  de  —  i3o°.  Il  suffit  ensuite  de  laisser  l'appareil  se 
réchauffer  lentement  pour  obtenir  un  gaz  qui  se  dégage  sur  la  cuve  à 
mercure  sans  attaquer  ce  mĂ©tal  et  qui  a  perdu  toute  propriĂ©tĂ©  d'ĂȘtre  spon- 
tanément inflammable  au  contact  de  l'air. 

»  HydrogĂšne  sulfurĂ©.  —  Ce  gaz  a  Ă©tĂ©  prĂ©parĂ©  par  l'action  de  l'acide  sul- 
furique étendu  sur  le  sulfure  de  fer.  Les  tubes  dessiccateurs  ont  été  main- 
tenus Ă   —  70°  et  le  condensateur  Ă   -  100°.  Pendant  toute  la  durĂ©e  de  la 
condensation,  l'hydrogÚne  a  traversé  l'appareil  et  s'est  dégagé  par  la 
trompe  à  mercure.  On  a  séparé  ensuite  le  condensateur  de  l'appareil  pro- 
ducteur de  gaz  et  l'on  a  fait  le  vide  dans  le  condensateur.  Il  est  resté  dans 
cet  appareil  un  solide  blanc,  qui,  par  élévation  de  température,  fournit  un 
liquide  incolore,  puis  un  gaz  complĂštement  absorbable  par  une  solution 
alcaline. 

»  Oxyde  azotique.  —  PrĂ©paration  au  moyen  du  cuivre  et  de  l'acide  azo- 
tique Ă©tendu  [fi g.  2(')]. 

»  Le  premier  tube  dessiccateur  cylindrique  a  Ă©tait  maintenu  Ă   —60°.  le 
second  dessiccateur  Ă   boules  Z»  Ă   —  100°;  enfin,  le  condensateur  c  Ă   —182°. 
Pendant  toute  la  durée  de  la  préparation,  une  fois  l'expérience  mise  en 
marche  et  lorsque  l'air  a  été  à  peu  prÚs  expulsé,  nous  avons  recueilli  du  gaz 


(')  Nous  avons  choisi  ce  procédé  de  préparation  parce  qu'il  fournit  un  gaz  impur. 
M.  Berthelot  a  démontré  depuis  longtemps  que,  par  l'action  de  l'acide  nitrique  sur  une 
solution  bouillante  de  sulfate  ferreux,  on  obtient  de  l'oxyde  azotique  pur. 


SÉANCE   DU    TO   AOUT    ipo^ü.  369 

azote  qui  traversait  tout  l'appareil  sans  se  condenser.  Puis,  en  Ă©tudiant  les 
composés  solidifiés  dans  chacun  de  nos  tubes,  nous  avons  reconnu  facile- 
ment que  le  premier  tube  contenait  de  la  glace  provenant  de  l'humidité 
entraßnée  par  le  gaz,  le  deuxiÚme  une  petite  quantité  de  protoxvde  d'azote 
solide,  provenant  de  l'action  complexe  qu'exerce  le  cuivre  sur  l'acide 
nitrique,  enfin  notre  condensateur  renfermait  plusieurs  centimĂštres  cubes 
de  bioxyde  d'azote  solide.  Ce  dernier  a  été  séparé  de  l'appareil  producteur 
soumis  à  l'action  du  vide  et,  par  fusion  puis  ébuUition,  il  nous  a  donné  du 
bioxyde  d'azote  pur. 

»  Cette  derniÚre  expérience  nous  a  donc  permis,  par  des  procédés  pure- 
ment physiques,  de  séparer,  dans  une  réaction  gazeuse  complexe,  l'eau, 
l'oxyde  azoteux,  l'oxyde  azotique  et  l'azote.    » 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  l'analyne  mĂ©canique  des  sols. 
Note  de  M.   Tu.  SchlƓsixg  pùre. 

«  On  a  vu,  dans  ma  Communication  du  29  juin,  qu'il  est  possible  de 
classer  en  un  certain  nombre  de  lots,  dans  l'ordre  de  grandeur  décrois- 
sante, les  sables  7?/75  d'une  terre  végétale,  en  ayant  recours  à  la  fois  aux 
temps  que  ces  sables  emploient  Ă   parcourir  au  sein  de  l'eau  une  hauteur 
donnée,  et  aux  poids  des  dépÎts  formés  pendant  les  intervalles  successifs 
de  ces  temps. 

»  Je  me  propose  maintenant  d'indiquer  les  moyens  d'exécuter  cette 
sorte  d'analyse. 

»  Je  me  sers  d'un  appareil  figuré  ci-dessous,  dont  la  |)iÚce  essentielle  est 
une  allonge  A,  cylindrique  sur  une  longueur  de  33"",  terminée  d'un  cÎté 
par  un  goulot,  de  l'autre  par  un  entonnoir  évasé  et  un  bout  de  tube  qui 
n'a  pas  plus  de  o"°,3  de  diamÚtre  intérieur  sur  i<^",5  de  long.  Ce  tube  est 
assez  étroit  pour  que  l'allonge,  remplie  d'eau  et  placée  debout  sur  un 
support,  le  goulot  bouché,  retienne  indéfiniment  son  liquide.  Elle  le 
retiendra  encore  si  le  bouchon  porte  un  tube  bh  deux  fois  recourbé  et 
plein  d'eau  jusqu'en  n  au  niveau  de  l'extrémité  de  d.  Mais,  si  l'on  verse 
en  n  la  momdre  quantité  d'eau,  aussitÎt  une  quantité  égale  s'échappera 
de  d.  On  voit  tout  de  suite  comment  cette  allonge,  munie  de  son  tube  b  et 
remplie  d'une  eau  chargée  d'éléments  terreux,  peut  servir  à  classer  les 
sables  déposés  par  le  liquide.  Ceux-ci  tombent  tour  à  tour  sur  la  paroi  ßle 
l'entonnoir  et  roulent  de  lĂ   vers  le  tube  d;  ils  ne  s'en  Ă©chappent  pas 
spontanément;  mais  l'opérateur  peut  les  chasser  dehors,  à  mesure  qu'ils 
arrivent,  et  en  faire  autant  de  lots  successifs  qu'il  voudra,  de  la  maniĂšre  la 


370  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pins  simple,  en  ajoutant  de  l'eau  en  «,  goutte  à  goutte,  dans  la  mesure 
nécessaire  pour  que  d  ne  s'obture  pas. 

»  Voici  quelques  détails  utiles  sur  l'emploi  de  cette  allonge.  Il  est 
entendu  que  l'échantillon  de  terre,  d'un  poids  de  lo^  à  12^,  a  été  complÚte- 
ment lavé  avec  de  l'acide  nitrique  faible,  puis  mis  à  digérer  avec  de  l'eau 
distillée  légÚrement  ammoniacale,  enfin  débarrassé  du  sable  grossier  par 
des  lavages  suivis  de  décantations.  Les  eaux  décantées  sont  versées  avec 
tout  ce  qu'elles  contiennent  dans  l'allonge  dont  le  tube  d  a  été  bouché  ;  on 


achĂšve  de  remplir  avec  de  l'eau  pure  la  partie  cylindrique,  en  laissant  libre 
l'espace  compris  au-dessus,  et,  aprÚs  avoir  adapté  au  goulot  un  bouchon 
plein,  on  agite  fortement,  en  renversant  et  relevant  vivement  l'allonge; 
puis,  la  tenant  debout,  on  remplace  le  bouchon  plein  par  un  autre  Ă   deux 
trous,  qui  porte  le  tube  hb  d'avance  rempli  d'eau  jusqu'en  n  et  bouché.  On 


SÉANCE    DU    lO   AOUT    igo3.  3jï 

place  l'allonge  sur  son  support,  on  obture  le  deuxiĂšme  trou  de  son  bouchon, 
on  débouche  bb,  puis,  plaçant  une  petite  capsule  tarée  sousrf,  on  débouche 
ce  tube  et  l'analyse  commence.  Depuis  le  moment  oĂč  l'on  a  cessĂ©  d'agiter 
jusqu'Ă   celui  oĂč  l'on  dĂ©bouche  d,  il  s'est  Ă©coulĂ©  4o  Ă   5o  secondes,  pendant 
lesquelles  l'agitation  du  liquide  s'est  presque  entiÚrement  calmée. 

»  J'ai  adopté,  pour  les  temps,  une  série  commençant  par  5  minutes,  et 
dont  les  termes  croissent  comme  les  puissances  de  2.  D'autre  pari,  la  hau- 
teur du  liquide  dans  l'allonge,  depuis  la  surface  jusqu'au  fond  de  l'enton- 
noir, est  de  SGo""ℱ.  Avec  ces  donnĂ©es,  en  prenant  la  minute  pour  unitĂ©  de 
temps  et  le  millimÚtre  pour  unité  de  longueur,  on  peut  dresser  le  Tableau 
suivant  oĂč  sont  inscrits  : 

))  Les  temps  pendant  lesquels  se  forment  les  dépÎts  successifs  désignés 
par  les  lettres  D,,Do,  ...,  dans  ma  Noie  du  29  juin;  les  poids  des  sables  de 
grandeurs  décroissantes  S, ,83,  ...  ;  les  vitesses  de  chute  qui  différencient  ces 
sables. 

Temps  de  formation  des  dépÎts. 

5  minutes pour  D, 

»     Do 

»     D3 

»     Dj 

»     D, 

»      De 

.)     D, 

»     Ds 

B       D, 


de 

.50, 

Ă  

10'" 

» 

lO"" 

)) 

20ℱ 

» 

20" 

)) 

Ao" 

Ăź) 

40"" 

)> 

,h2om 

)) 

il"  20"" 

)> 

jh/Jom 

): 

2''4oℱ 

» 

5'>20'" 

)) 

5''20'° 

» 

lO^liO^ 

10'' 40'"  »  2  il*  20ℱ 


Poids  des  sa 

blés 

et  vitesses  de  c/i 

lUe. 

S,=    Di  — D,. 

de 

))        Ă  

IllUl 

^1. 

36o""" 
5      " 
Ăč 

172 
36. 

S3=2D3-D;. 

)) 

36 

)) 

18 

S;=2D,— D5. 

i) 

18 

)) 

9 

S5=iD5-D,. 

)) 

9 

)) 

4,3 

Se  =  2De-D,. 

>; 

4,5 

)> 

2,20 

S,=:2D,-D8. 

» 

2,25 

» 

i,i3 

Ss^aDs-Dg. 

» 

i,i3 

» 

o,56 

S^C) 

» 

o,56 

)> 

0,28 

Tout  ce  qui  demeure   en   suspension  dans  le  liquide  de  l'allonge  aprĂšs 
21  heures  20  minutes  est  considéré  et  dosé  comme  argile. 

M  Pendant  la  récolte  des  quatre  ou  cinq  premiers  lots,  il  est  nécessaire 
que  l'opérateur  surveille  de  prÚs  l'arrivée  ties  sables  en  d  et  les  expulse 
avant  que  leur  accumulation  ne  produise  l'obstruction  du  tube.  Toutefois, 
il  doit  ménager  autant  que  possible  les  additions  d'eau  en  n,  car  chacune 
d'elles  fait  sortir  du  tube,  en  mĂȘme  temps  que  le  sable,  une  petite  quan- 
titĂ© d'argile  que  la  thĂ©orie  n'a  pas  prĂ©vue.  C'est  surtout  au  moment  oĂč  l'on 
va  passer  d'un  dépÎt  au  suivant,  qu'd  convient  de  purger  le  Lube  d  de  tout 
le  sable  qu'il  contient,  afin  que  chaque  dépÎt  comprenne  bien  tout  le  sable 


(')  Les  dĂ©pĂŽts  s'arrĂȘtanl  Ă   D,j,  on  ne  peut  poser  Sg  =  2  D^  —  D,,,;  mais  S9  peut  ĂȘtre 
déterminé  par  extrapolation,  parce  que  les  poids  des  derniers  sables  décroissent,  en 
général,  assez  réguliÚrement. 


372  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qui  lui  appartient.  Ces  précautions  ne  sont  plus  nécessaires  par  la  suite, 
les  sables  devenant  beaucoup  plus  fins  et  moins  abondants.  Les  additions 
d'eau  en  n  peuvent  alors  ĂȘtre  confiĂ©es  Ă   un  petit  flacon  de  Mariotte  F,  dont 
le  débit  est  retardé  par  un  tube  capillaire  ce  d'un  trÚs  petit  diamÚtre  inté- 
rieur. Le  flacon  que  j'emploie  donne  12""'  en  24  heures,  soit  une  goutte 
en  8  minutes,  et  ce  débit  a  toujours  été  suffisant.  En  somme,  les  additions 
d'eau  en  n,  pendant  toute  la  durée  d'une  analyse,  ne  dépassent  pas  le 
volume  de  i5""',  en  sorte  que  l'argile  ajoutée  de  ce  fait  aux  dépÎts  D  n'est 
pas  la  centiĂšme  partie  de  celle  qu'on  dosera  plus  tard. 

»  Une  opération  qui  dure  plus  de  21  heures  et  qui,  par  suite,  s'exécute 
en  partie  pendant  la  nuit  doit  pouvoir  se  continuer  sans  ĂȘtre  surveillĂ©e. 
On  vient  de  voir  qu'un  flacon  de  Mariotte  à  débit  lent  pourvoit  à  la  sortie 
des  sables.  Il  reste  à  confier  à  quelque  mécanisme  le  soin  de  changer  en 
temps  voulu  les  capsules  qui  reçoivent  les  derniers  dépÎts.  J'ai  recours  à 
une  horloge  dont  l'aiguille  des  minutes  a  été  supprimée  et  celle  des  heures 
remplacĂ©e  par  un  disque  D,  en  mĂ©tal  mince  de  iS*-'ℱ  de  diainĂštre,  qui  fait 
une  révolution  en  12  heures.  Quatre  capsules  tarées  1,2,  3,  4-  en  cuivre 
élamé,  à  fonds  plats,  quadrangulaires,  de  22"'"  de  large  sur  40'"'"  de  long, 
sont  juxtaposées  sur  un  chariot  E  qui,  d'un  cÎté,  est  tiré  par  un  poids  P 
d'une  dizaine  de  grammes,  et,  de  l'autre,  est  retenu  par  un  fil  enroulé  sur 
un  tambour  en  liĂšge  G.  Ce  tambour,  de  3*^^"  de  diamĂštre,  porte,  Ă   la  hauteur 
du  centre  du  disque  D,  quatre  aiguilles  m,,  m.,,  m.^,  nit,  de  4ℱℱ,  (j""">  8ℱℱ, 
jQinm  jg  saillie,  et  plantées  dans  les  prolongements  de  deux  diamÚtres  per- 
pendiculaires entre  eux.  Dans  le  disque  sont  pratiquées  des  fentes/, , /j» 
/,,  de  3""",  5'"'",  7°"°  de  long,  chargées  de  régler  les  déplacements  du 
chariot. 

»  La  capsule  i  se  trouve  la  premiÚre  sous  le  tube  d\  le  chariot  est  alors 
retenu  par  w,  qui  bute  derriĂšre  le  disque.  Mais,  au  bout  de  i  heure  20  mi- 
nutes, la  fente/,  arrive  Ă   la  hauteur  de  /n,  ;  celle-ci  passe,  le  tambour 
tourne,  le  chariot  marche;  mais  le  tambour  ne  fait  qu'un  quart  de  révolu- 
tion, m.^  venant  buter  Ă   son  tour  derriĂšre  le  disque;  la  capsule  2  demeure 
donc  sous  d;  elle  y  restera  pendant  2  heures  4o  minutes,  jusqu'Ă   ce  que  la 
fente  /._,  se  présente  devant  m.,  et  la  laisse  passer.  Alors  la  capsule  3  rem- 
placera la  capsule  2  et  restera  sous  (^/ pendant  5  hein-es  20  minutes,  temps 
au  bout  duquel  /  arrivera  devant  l'aiguille  «13.  Ce  sera  le  tour  de  la 
capsule  4  à  remplacer  la  précédente.  A  partir  de  ce  moment,  l'horloge  n'a 
plus  à  intervenir;  mais  la  nuit  sera  passée  avant  que  ne  soient  écoulées  les 
10  heures  4»  minutes  assignées  au  séjour  de  la  capsule  4  sous  l'allonge,  et 
l'opérateur  sera  revenu  au  laboratoire  pour  mettre  fin  à  son  analyse. 


SÉANCE   DU    lO   AOUT    rgoS.  3']'6 

»  Il  est  commode  de  commencer  une  analyse  dans  le  courant  de 
l'aprĂšs-midi;  l'opĂ©rateur  doit  ĂȘtre  prĂ©sent  pendant  i  heure  20  minutes; 
aprĂšs  ce  temps,  il  se  fait  remplacer  par  l'horloge  et  le  flacon  de  Mariette, 
et  l'analyse  est  terminée  le  lendemain  dans  la  matinée. 

»  J>a  maniÚre  la  plus  simple  de  marquer  sur  le  disque  D  les  places  des 
fentes  /, ,  J".^,  f^  est  de  l'amener  à  un  repÚre  fixe  qui  servira  désortnais  de 
point  de  départ,  et  de  le  laisser  tourner  au  gré  de  l'horloge.  Aux  moments 
prĂ©cis  oĂč  une  montre  bien  rĂ©glĂ©e  indique  que  i  heure  20  minutes,  puis 
ensuite  2  heures  4o  minutes,  puis  encore  5  heures  20  minutes  se  sont 
écoulées,  on  marque  sur  la  circonférence  du  disque  des  points  coïncidant 
avec  les  aiguilles  w,,  m.,,  in^. 

»  Des  vitesses  différentes  de  chute  au  sein  de  l'eau  sont  un  moyen  pré- 
cieux de  classer  des  sables  ;  encore  faut-il  savoir  Ă   quelles  dimensions  de 
ces  sables  elles  correspondent.  C'est  Ă   l'observation  sous  le  microscope 
qu'il  appartient  de  fournir  ces  renseignements.  Or  les  catégories  S,,  S^,  ... 
ne  se  trouvent  pas  séparées  les  unes  des  autres  entre  les  mains  de  l'obser- 
vateur; il  faut  les  chercher  dans  les  dépÎts  successifs  D,,  D.j,  . . .;  heureuse- 
ment, S,  est  formé  des  sables  les  j)lus  gros  de  D,,  S^  des  sables  les  plus 
gros  de  D^,  et  ainsi  de  suite;  il  suffira  donc  de  chercher  dans  chaque  dépÎt 
les  grains  de  dimension  maxima. 

»  On  ne  peut  se  flalter,  dans  une  recherche  de  ce  genre,  d'obtenir  des 
résultats  précis.  En  effet,  les  vitesses  de  chute  dépendent  à  la  fois  de 
la  pesanteur  et  d'actions  retardatrices  du  liquide  ambiant.  Tous  les 
sables  des  sols  ayant  Ă   peu  prĂšs  mĂȘme  densitĂ©,  on  peut  du'e  que  l'action 
de  la  pesanteur  est  proportionnelle  à  leurs  volumes,  tandis  que  la  résis- 
tance de  l'eau  dépend  surtout  de  leurs  surfaces  et  de  leurs  formes,  et 
comme,  pour  un  mĂȘme  volume,  formes  et  surfaces  sont  intiniment  variĂ©es, 
il  arrive  que  des  grains  qui  devraient  ĂȘtre  rĂ©unis  en  raison  de  leurs  vo- 
lumes sont  en  réalité  répartis  dans  des  ilépÎts  différents  en  raison  de 
leurs  formes  ou  de  leurs  surfaces.  Le  classement  par  les  vitesses  de  chute 
présente  donc  des  imperfections  (')  qui  se  répercutent  dans  les  résultats 
de  l'examen  microscopique. 

»  En  outre,  il  y  a  toujours  de  l'arbitraire  dans  le  choix  des  grains  qu'on 
examine  |)lus  spécialement  comme  représentants  de  toute  une  catégorie. 


(')  Ces  iinperfecLlons  sont  comiiuines  à  lous  les  modes  de  lévigalion;  dans  lous, 
les  séparations  résultent  de  dillérences  entre  les  vitesses  en  sens  inverses  du  liquide  et 
des  corpuscules  solides. 

C.  K.,    iijoĂ»,    :■‱  Semestre.   (T.   CXWVII.  N°  3  ,  l'J 


374  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Néanmoins,  en  mullipliant  les  observations,  on  arrive  à  trouver  des 
limites  de  dimensions,  pour  chaque  catĂ©gorie,  qui  ne  laissent  pas  d'ĂȘtre 
instructives;  en  voici  qui  ont  clé  observées  sur  des  sables  de  diverses 
terres. 

Limites  des  plus  grands 
Catégories  diamÚtres  des 

de  grains  en  milliĂšmes 

sables.  do  millimĂštre. 

S, 90-70 

Sj 8o-65 

S3 70-5o 

S4 .5o-3o 

S5 35-20 

Se 20-l5 

Si,  Sg,  s, 10-  J 

»  Au-dessous  de  5  milliÚmes  de  millimÚtre  commence  la  série  dessablés 
argileux  qui  aboutit  aux  sables  invisibles  et  capables  de  rester  en  suspen- 
sion indéfinie  dans  l'eau  pure,  qui  constituent  l'argile  colloïdale.    » 


Rectifications  relatives  à  une  Note  de  M.  An.iiAXD  Gautier,  «  Arsenic  dans 
les  eaux  de  mer,  dans  le  sel  gemme,  le  sel  de  cuisine,  les  eaux  minérales,  etc. 
Son  dosage  dans  quelques  réactifs  usuels  » . 

Quelques  erreurs  (confusion  de  milligrammes  avec  milliĂšmes  de  milligramme) 
s'étanl  glissées  pages  284  et  235,  dans  la  !\ote  du  27  juillet,  on  croit  devoir  rétablir 
ici  les  deux  petits  Tableaux  numĂ©riques  tels  qu'ils  auraient  dĂ»  ĂȘtre  composĂ©s  : 

Page  234  : 

Eau  (le  l'Atlantique  (Açores). 
Sondages.  Profondeur.  As  par  litre  d'eau. 

S.  1394 10"  0,025 

Id i335  0,010 

S.   1427  (^  =  2°, 7) 5943  (à  6"  ou  8"  du  fond)       0,080 

Page  235  : 

Arsenic 

pour  loos 

Origine.  de  sel. 

Sel  blanc  fin Cotes  de  Bretagne o,oo3 

Sel  blanc  fin Sables  d'Olonne 0,001 


I  Sables  d'Olonne,  (     Partie  soluble    oℱ3,  o35  .  ,^ 

Sel  gris  de  cuisine,    j     ^^^,  i'Atlantiqae.'(  Partie  insoluble  o-^oio  (     °'''-'^ 
Sel  dit  anglais (Acheté  chez  Potin) o,oi5 


SÉANCE    DU    lO    AOUT    igoS.  3^5 

Arsenic 
pour  100» 
Origine.  de  sel. 

Sel  gemme.  Stassfurth  (trĂšs  bel  Ă©chantillon) o,oo25 

-,  (Salines  de  Saini-H'ico]as,  \  Partie  soluble...     0^8,009) 

j                 prĂšs  Nancy                \  Partie  insoluble.     o"8,oo5  )  ' 
Id.           Montagne  de   sel  de  Djebel-Amour  (Sud-Oranais)  (bel 

Ă©chantillon) o,oo5 

Chlorure  de  sodium  fondu  au  rouge  (Origine  inconnue) o,o3o 

Chlorure  de  sodium  recueilli  dans  une  fissure  volcanique  du  VĂ©suve.,  0,175 


NÉCROLOGIE.  —  Sur  la  mort  de  M.  Prosper  Henry. 
Note  de  M.  Janssen. 

«  L'accident  déplorable  qui  a  causé  la  mort  de  M.  Prosper  Henry  pen- 
dant une  excursion  qu'il  faisait  en  Suisse,  m'a  vivement  peiné  et  c'est  une 
perte  sensible  pour  la  France. 

1)  J'estimais  tout  particuliĂšrement  MM.  Henry. 

1)  L'Astronomie  leur  doit  de  nombreuses  découvertes  de  petites  planÚtes 
et  d'intéressantes  observations  astronomiques;  l'initiative  de  la  Carte  pho- 
tographique du  Ciel  dont  ils  ont,  avec  l'aide  de  l'Observatoire  de  Paris, 
exécuté  d'importantes  parties.  Il  faut  rappeler  encore  les  grands  travaux  de 
construction  d'objectifs  et  de  miroirs  qui  ont  répandu  le  nom  des  frÚres 
Henry  dans  le  monde  entier.  A  Meudon,  nous  leur  devons  les  objectifs  de 
notre  Ă©quatorial,  le  plus  grand  qui  existe  en  Europe,  le  miroir  de  i"'  de 
diamÚtre  de  notre  télescope,  miroir  d'une  rare  perfection.  Enfin  je  ne  dois 
pas  oublier  que  MM.  Henry  ont  généreusement  donné  à  l'observatoire  du 
sommet  du  mont  Blanc  l'optique  de  la  lunette  de  16'=°'  d'ouverture  montée 
en  sidérostat  qui  y  est  placée.  Cette  mort  sera  bien  cruelle  pour  M.  Paul 
Henry  en  raison  de  la  tendre  amitié  qui  unissait  les  deux  frÚres  :  je  lui  offre 
ici  toutes  mes  condoléances.   » 


CORRESPOIVDAIVCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  que  le  Tome  CXXXV 
des  Comptes  rendus  (2^  semestre  1902)  est  en  distribution  au  Secrétariat. 


376  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  relations  entre  les  intĂ©grales  complĂštes 
de  S.  Lie  et  de  Lagrange.  Note  de  M.  IV.  Saltykow,  présenlée  par 
M.  Appell. 

«  Le  problÚme  dont  il  s'agit  a  été  traité  dans  mes  deux  Notes  :  «  Consi- 
dérations sur  les  travaux  de  MM.  S.  Lie  et  A.  Maver  »  (Comptes  rendus, 
t.  CXXVin,  p.  274  et  suiv.).  Je  veux  lui  apporter  ici  plusieurs  simplifica- 
tions. 

»   Considérons  l'équation 

(i)  p^-hR{x,,x^,...,x„,p.„p.„...,p„)  =  o. 

admettant  l'intégrale  complÚte  de  S.  Lie, 

"  =  '?C-r,,a:-o,...,.r„_^,  A,,/^o h^^,)-^h„ 

,.ĂŻ^„_,^_,=  ©,(a-,,.r2 ■T„_^,h,J>, />„_,)  /  ,-^,^  2 a 

(2)  ?  , 

I  _  jh^  _  -^^  dj/  \A=J,  2,  .. .,  n  —  q 

I  P''~    dXk  2d~dXkP"^^' 

'  1  =  1 

Soit  le  déterminant  fonctionnel 

/^s,  p  /?!,  92)   ‱  ■  ■  ,  ?7>   'K'  'W '>»-7 

distinct  de  zéro,  en  décrivant 

1=1 

Formons  le  systĂšme  canonique 

(4)      -7-^  =  1 '        -7r^  =  —  T (r=i,a,  3 n—i), 

ou  le  systÚme  canonique  généralise  formé  par  les  équations  (4)  et  la  sui- 
vante 

n  —  \ 
r  =  l 


SÉANCE    DU    lo   AOUT    igoS.  877 

»   Nous  allons  démontrer  le  théorÚme  suivant  : 

"   V intégrale  générale  du  systÚme  canonique  (4)  est  déterminée  par  les 
Ă©quations 


(^) 


a,,  a„ «„_,  Ă©tant  n  —  i   nouvelles  constantes  arbitraires.    Pour  avoir 

l'intégrale  générale  du  systÚme  (4)-(  j).  il  faut  joindre  aux  équations  (6)  la 
premiĂšre  Ă©quation  (aj. 

"  S.  Lie  a  obtenu  (')  un  résultat  analogue  en  partant  de  la  théorie  de 
Clebsch  du  problÚme  de  PfafF.  Notre  théorÚme  formulé  présente  une  ana- 
logie avec  la  théorie  connue  de  Jacobi.  On  obtient  la  démonstration  en  fai- 
sant voir  que  les  fonctions 

A(^M^2 ■'r„<P2'P3 Pn)  (S  =  l,   1 «  —  l), 

z  —  „(x,,  ar^,  ....  x,„  p,,,  p„  ....  p^) 

sont  les  intégrales  de  l'équation  linéaire  aux  dérivées  partielles  correspon- 
dant au  systÚme  (4)-(5).  /,  et  F  repré-^entant  les  résultats  que  l'on  obtient 
en  Ă©liminant  des  fonctions 

q 

les  valeurs  h,,  b„ b„_^  dĂ©finies  par  les  n  —  i  premiĂšres  Ă©quations  (6) 

que  nous  dĂ©signerons  par  F,,  F,,  . . .,  F„_,. 

»  Le  théorÚme  énoncé  présente  lavanlagede  donner  les  intégrales  des 
Ă©quations  canoniques  sou-,  forme  canonique,  c'est-Ă -dire  que  les  fonctions 
Fj,  fs,  z  —  Y  jouissent  des  propriĂ©tĂ©s  suivantes  : 


(F,.  F,)  =  o.         (/„/,)  =  o. 


O,    -7^.9. 


[F„3-F]  =  o.  YJ\,z-Y\=f„ 

pour  toutes  les  valeurs  des  indices  s  et  ^  de  i  à  /z  —  i. 


(«)   Matheniatische  Ann.,  Bd.  VIII,  p.  2i5. 


3'y8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  Cela  élant,  il  est  aisé  de  former  immédiatement  les  intégrales  en  invo- 
liition  des  équations  canoniques  considérées  définissant  une  intégrale  com- 
plÚte de  Lagrange.  En  effet,  le  déterminant (3)  ne  s'annulant  pas,  il  admet 
au  moins  une  paire  de  mineurs  conjuguĂ©s  d'ordre  q  et  n  —  q  —  i  dis- 
tincts de  zéro. 

»   Soient  ces  derniers  déterminants 

))  Il  en  résulte  que  les  intégrales  du  systÚme  (4). 

F      {x,,x., x,„p._,p^,...,pa')=  b^,-r         (r  =i,...,n-q  -i) 


[  fv-    (a-,, 'a:,,  ...,a;„, /?,,/?,,...,/?„)  =  ai.  (;x  =  i,  2,  . . .,  y) 

étant  en  involution,  sont  de  plus  résolubles  par  rapport  à  toutes  les 
variables  jo,,/?3,  .  ..,/?„,  et  l'intĂ©grale  complĂšte  de  Lagrange  de  l'Ă©quation  (i) 
s'obtient  par  une  quadrature. 

»   Le  mĂȘme  rĂ©sultat  s'obtient  par  des  Ă©liminations  seulement,  en  remar- 
quant que  la  fonction 

'=1 

est  en  involution  avec  les  fonctions  F,^,,  F,^  ^2,  ...,  F„_, ,/,,/. /^. 

»    Par  conséquent,  l'inlégrale  cherchée  est  définie  par  la  formule 

z.  =  (f[x,,a;.,...,  x,,^^,  (  F,  ),  (  F,  ).  . . . ,  (  F  j,  />,^, ,  /^^ ,,.... ,  b„_,  ] 

1  =  1 

les  parenthÚses  (F,)  désignant  le  résultat  de  substitution  dans  les- fonc- 
tions F,  des  valeurs  /;„,  p., p,„  dĂ©finies  par  le  systĂšme  (7)  et  a,  a,, 

«2,  ...,  a^,  /v,,  V^'  ‱  ‱  ‱'  ''"-'  ^^*'"*  "  constantes  arbitraires.  » 

AÉRODYNAMIQUE.  —  La  thĂ©orie  du  champ  acoustique  et  le  frottement 
intérieur  des  gaz.  Note  de  M.  P.  Charbonnier,  présentée  par  M.  le 
général  Sebert. 

«   L   On  sait  que  le  frottement  intérieur  ou  viscosité  des  gaz  est  mis  en 
évidence  et  mesuré  par  le  mouvement  que  prend  un  plan  solide  S,  primiti- 


SÉANCE    DU    lo   AOUT    ügîS.  379 

vement  au  repos,  quand,  dans  son  voisinage,  une  autre  surface  plane 
solide  So  parallÚle  est  animée  d'un  mouvement  déterminé  dans  son  plan. 
La  théorie  cinétique  des  gaz  attribue  cette  transmission  de  mouvement  à 
la  pénétration  de  proche  en  proche  dans  le  milieu  de  molécules  gazeuses 
animées,  au  contact  de  la  surface  Sq,  d'une  certaine  vitesse. 

»  II.  Or  la  théorie  du  champ  acoustique  (Com/j/e^re/ir/iw,  20  juillet  igoS), 
donne  une  explication  beaucoup  plus  simple  de  ce  phénomÚne. 

»  Au  contact  de  la  plaque  mobile  S,,  la  couche  gazeuse  voisine  de  cette 
plaque  prend  une  vitessey"V,  formule  oĂč  V  est  la  vitesse  du  point  I  consi- 
dĂ©rĂ© de  la  plaque  et  oĂč  /  est  le  coefficient  de  frottement  du  gaz  sur  le 
solide. 

»  La  théorie  du  champ  acoustique  démontre  alors  que  si  l'on  considÚre 
dans  le  milieu  un  certain  point  P,  Ă   une  distance  rftlu  point  I,  et  si  X  est 
l'angle  de  la  direction  PI  avec  la  direction  de  la  vitesse  V,  la  vitesse  dont 
est  animé  l'air  en  P  a  pour  expression 

/Vc?cr 

7 — jü  cosl; 

dn  est  la  surface  d'un  élément  de  la  plaque  S^  en  I. 

»  L'intégration  de  cette  équation  étendue  à  toute  la  surface  q  de  la 
plaque  S„  donnera,  en  un  point  quelconque  de  l'espace,  la  valeur  de  la 
vitesse  V  résultante  pour  les  molécules  d'air  qui  s'y  trouvent. 

»  On  sait  d'ailleurs  que  toutes  ces  vitesses  V  seront  parallÚles  aux 
vitesses  V  de  la  plaque  So. 

»  III.  Il  en  rĂ©sulte  que  si  la  plaque  en  mouvement  S„  est,  par  exemple, 
un  disque  circulaire  horizontal  mobile  autour  de  son  centre  et  la  plaque 
primitivement  en  repos  S  est  une  surface  de  mĂȘme  nature  mobile  de  la 
mĂȘme  maniĂšre,  les  vitesses  V  en  chaque  point  de  celle-ci  auront  une  rĂ©- 
sultante et  la  plaque  se  mettra  à  tourner,  entraßnée  par  la  vitesse  V  com- 
muniquée à  l'air  par  un  mécanisme  inverse  de  celui  qui  entraßne  l'air  au 
contact  de  la  plaque  So. 

»  IV.  Il  résulte  de  cette  explication  que  le  frottement  intérieur  des  gaz 
peut  ĂȘtre  rattachĂ©  Ă   la  thĂ©orie  du  champ  acoustique  et  qu'il  n'existĂ©  pas,  Ă  
proprement  parler,  de  propriété  physique  des  gaz  cà  laquelle  ce  mot  puisse 
ĂȘtre  appliquĂ©.  Les  mesures  oĂč  l'on  essaye  de  dĂ©terminer  ce  frottement  ne 
font  connaĂźtre  que  la  valeur  de/",  coefficient  de  frottement  du  gaz  sur  le 
solide  employé  comme  surface  fixe. 

»  On  remarquera  que  la  loi  de  l'indépendance  à\x  frottement  intérieur  &X, 


38o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  la  pression  cki  ^az  devient  une  loi  analogue,  entre  gaz  et  solide,  Ă   celle 
que  l'expérience  a  vérifiée  pour  le  frottement  entre  deux  solides.  » 


MÉTÉOROLOGIE.  —  Le  cercle  de   Bishop,    couronne  solaire   de   1908. 
Note  de  M.  F. -A.  Fokel. 

«  Je  viens  de  constater,  trois  jours  de  suite,  la  réapparition  de  la  cou- 
ronne solaire  que  nous  avons  déjà  vue  en  1884,  aprÚs  l'éruption  du  Kra- 
katoa  et  que  nous  avons  appelée  cercle  de  Bishop.  Ce  phénomÚne  est  assez 
important  par  les  conclusions  qu'on  doit  en  tirer;  il  est  assez  urgent  d'en 
faireconfirmer  l'observation  et  la  nature,  pour  que  j'mcite,  sans  plus  tarder, 
les  physiciens  à  en  suivre  l'apparition  et  le  développement,  et  à  collaborer  a 
l'Ă©tude  de  cette  belle  manifestation. 

»  Le  cercle  de  Bishop  (voir  Comptes  rendus,  t.  XCIX,  1884,  p-  289  et  423,  t.  C, 
i885,  p.  ii32)  est  une  couronne  circumsolnire,  formée  de  deux  parties  :  immédia- 
tement autour  du  Soleil  est  un  limbe  d'argent  bleuté,  éclatant,  avec  un  rayon  de  10" 
environ;  il  est  bordé  extérieurement  par  un  cercle  rouge  cuivré,  de  quelque  20°  de 
largeur;  le  ravon  moven  du  cercle  rouge,  ou  plus  exactement  le  rayon  de  la  partie 
moyenne  de  ce  cercle,  est  de  15"  environ  (la  mesure  que  j'en  ai  faite  en  1884  m'avait 
donné  12°  à  i5",  celle  d'hier  18°).  Le  cercle  cuivré  se  fond  en  dedans  avec  l'argent  du 
limbe,  en  dehors  avec  le  bleu  du  ciel;  mais  les  contours  sont  mal  limités,  l'extérieur 
spécialement,  et  cette  décroissance  donne  à  l'azur  une  teinte  étrange,  qui  paraßt  surtout 
Ă©tonnante  lorsque,  comme  hier,  des  alto-cumulus  blancs  passent  devant  ce  fond 
assombri  et  font  contraste  avec  lui. 

))  L'observation  que  je  viens  d'en  faire  reproduit  absolument,  dans  tous 
ses  détails,  celle  du  phénomÚne  de  1884  ;  c'est  le  cercle  de  Bishop  qui 
apparaĂźt  de  nouveau  dans  le  ciel  de  notre  Europe  centrale. 

»  Rappelons  quelques  points  de  sa  premiÚre  manifestation,  il  y  a  19  ans 
de  cela. 

»  Le  cercle  cuivré  circumsolaire  a  été  observé  pour  la  premiÚre  fois  à  Honolulu, 
ßles  Sandwich,  par  le  révérend  Sereno  Bishop,  le  5  septembre  i883,  g  jours  aprÚs 
l'éruption  du  Krakatoa;  il  a  été  vu  dans  des  latitudes  de  plus  en  plus  élevées,  pendant 
l'hiver  de  i883-i884;  dans  l'été  de  i884,  nous  l'avons  observé  constamment  en  Suisse 
et  dans  toute  l'Europe  centrale  ;  il  a  mĂȘme  Ă©tĂ©  vu  en  1880  et  jusqu'en  juillet  1886.  La 
pùleur  du  phénomÚne  était  telle,  qu'il  était  difficile  à  constater  dans  la  plaine,  à  cause 
de  la  lumiÚre  diffusée  sur  une  atmosphÚre  inférieure  chargée  de  poussiÚres  éoliennes; 
en  revanche,  sitĂŽt  que  nous  nous  Ă©levions  Ă   1000'",  Ă   2000'",  Ă   4000"  au-dessus  de  la 
mer,  le  cercle  cuivré  devenait  de  plus  en  plus  brillant.  Il  apparaissait  surtout  lorsque 


SÉANCE    DU    lO    AOUT    igo'i.  38  C 

le  disque  éblouissant  du  Soleil  était  masqué  par  un  écran  opaque  assez  éloigné  de 
nous,  la  cime  d'une  montagne  ou  un  nuage  Ă©pais;  la  couronne  rougeĂątre  illuminait 
alors  l'azur  du  ciel  dans  les  Ă©cliancrures  du  nuage  ou  de  la  montagne. 

»  Nous  avons  tous  interprété  les  phénomÚnes  de  i883-i886,  en  admet- 
tant l'oxistence  d'un  anneau  de  poussiĂšres  volcaniques  extrĂȘmement  fines, 
entourant  la  Terre  dans  les  hautes  couches  de  l'atmosphĂšre;  la  couronne 
du  cercle  de  Bishop  était  un  phénomÚne  de  diffraction,  causé  par  ces 
poussiĂšres. 

»  Ce  phĂ©nomĂšne  se  reproduit  presque  exactement  dans  les  mĂȘmes 
conditions  celte  année;  nous  l'attendions  à  la  suite  des  grandes  éruptions, 
si  riches  en  cendres  volcaniques,  de  la  Martinique  du  printemps  de  1902, 
à  la  suite  des  phénomÚnes  crépusculaires  de  l'été  et  de  l'automne  de  1902; 
nous  en  avions  recommandé  la  recherche  et  l'observation.  Nous  ne 
sommes  donc  pas  Ă©tonnĂ©s  de  le  revoir  et  nous  lui  attribuons  la  mĂȘme 
cause  qu'au  phénomÚne  de  1884,  des  cendres  volcaniques  trÚs  fines  et 
suspendues  dans  les  couches  de  la  haute  atmosphĂšre. 

»  Le  cercle  de  Bishop  que  je  viens  de  revoir  les  i*'',  2  et  3  août,  dans  des 
conditions  trÚs  favorables,  par  une  limpidité  admirable  de  l'atmosphÚre,  à 
Fin-Haut  en  Valais  entre  i4ooℱ  et  2100ℱ  d'altitude,  est  beaucoup  plus 
pĂąle  qu'en  1884  ;  je  ne  l'aurais  peut-ĂȘtre  pas  remarquĂ©  si  je  n'avais  Ă©tĂ© 
habitué  à  le  rechercher.  Mais  tout  observateur  prévenu  saura  le  recon- 
naĂźtre dans  des  conditions  suffisamment  propices,  surtout  dans  de  hautes 
altitudes,  au-dessus  de  2000"",  le  soleil  du  milieu  du  jour  étant  masqué  par 
un  Ă©cran  opaque,  cime  de  montagne,  nuage  ou  corps  d'un  ballon. 

»  Je  me  permets  d'en  recommander  l'étude  aux  alpinistes  et  aux  aéro- 
nautes;  il  serait  fort  intéressant  de  déterminer  la  constance  ou  l'incon- 
stance de  cette  apparition. 

»  En  effet,  tandis  qu'aprÚs  l'éruption  de  Krakatoa  nous  avons  eu,  pen- 
dant tout  l'hiver,  l'illumination  constante  des  grands  feux  crépusculaires, 
et,  pendant  les  années  suivantes,  l'observation  constante  du  cercle  de 
Bishop,  tellement  que  nous  avons  pu  parler  d'un  anneau  continu  de 
poussiĂšres  volcaniques  entourant  la  Terre  dans  les  hautes  couches  de 
l'atmosphÚre;  actuellement,  aprÚs  l'éruption  de  la  montagne  Pelée,  il  n'en 
est  pas  de  mĂȘme.  Les  manifestations  du  phĂ©nomĂšne  crĂ©pusculaire  ont  Ă©tĂ© 
discontinues.  J'ai  constaté  des  illuminations  crépusculaires  anormales  du 
6  au  II  juillet,  du  3  au  22  août,  les  i3,  24  et  surtout  du  28  au  3o  octobre, 
oĂč  elles  ont  eu  l'Ă©clat  des  grands  crĂ©puscules  krakatoesques,  les  12-14  no- 
vembre, les  18-24  décembre  1902,  les  6-8  janvier,  les  22-27  janvier  1903. 

c.  R.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  6.)  5o 


382  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Cette  discontinuité,  nous  lavons  expliquée  en  supposant  que  les  poussiÚres 
chassées  dans  la  haute  atmosphÚre  par  les  volcans  de  la  Martinique  y  for- 
meraient, au  lieu  d'un  anneau  continu,  des  nuages  discrets  et  isolés  qui 
passeraient  successivement  au-dessus  de  nos  contrées. 

»  Tl  serait  donc  trĂšs  intĂ©ressant  de  constater  si  la  mĂȘme  discontinuitĂ© 
existe  dans  les  apparitions  du  cercle  de  Bishop  de  l'été  de  igoS,  et  si  nous 
pouvons  en  tirer  une  conclusion  analogue  à  celle  exigée  par  l'irrégularité 
des  illuminations  crépusculaires  de  l'année  derniÚre.    » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  quelques  combinaisons  binaires  de  l'uranium. 
Note  de  M.  A.  Cola.m,  présentée  par  M.  A.  Ditte. 

«  Par  l'action  de  H* S  sur  le  chlorure  uraneux  au  rouge,  Hermann  a 
obtenu  le  sulfure  amorphe  US(U  =  i2o);  de  mĂȘme  Uhrlaub  a  prĂ©parĂ© 
l'azoture  U'Az^en  chauffant  le  chlorure  uraneux  dans  un  courant  de  AzH'. 
J'ai  pensé  qu'on  pouvait  généraliser  ces  réactions  et  réaliser,  au  moyen 
de  UCl',  les  combinaisons  de  l'uranium  avec  les  métalloïdes  des  deuxiÚme 
et  troisiĂšme  familles.  Mais,  au  lieu  du  chlorure  uraneux  trĂšs  avide  d'eau  et 
facilement  volatil  au  rouge,  j'ai  employé  le  chlorure  double  UCr',NaCl 
de  M.  Moissan;  ses  avantages  sont  multiples  :  il  est  trĂšs  maniable,  peu 
hygroscopique  et  n'est  guĂšre  plus  volatil  que  Na  Cl.  On  peut,  de  cette  ma- 
niÚre, opérer  à  des  températures  comprises  entre  la  température  de  fusion 
du  chlorure  double  et  1000°  environ,  alors  qu'avec  UCl^  on  ne  peut 
dépasser  la  température  du  ramollissement  du  verre,  à  cause  de  la  grande 
volatilité  du  chlorure. 

»  Sulfure.  —  En  chauffant  une  nacelle  contenant  ce  chlorure  double  dans  un 
courant  de  H'-S  à  une  température  qui  peut  varier  de  5oo°  à  1000°,  on  obtient  direc 
temenl  le  sulfure  US  cristallisĂ©  en  grandes  tables  carrĂ©es  extrĂȘmement  minces.  On 
reprend  la  masse  par  l'eau  privée  d'air,  pour  dissoudre  Na  Cl,  on  lave  à  l'eau,  à  l'alcool, 
à  l'éther  et  l'on  sÚche  dans  le  vide  sec.  Ilermann  avait  antérieurement  préparé  US 
cristallisé  par  fusion  avec  du  borax,  de  US  amorphe.  Au  rouge  US,  comme  tous  les 
corps  dont  il  sera  question,  décomposant  l'eau  avec  une  grande  énergie,  il  faut  un 
courant  de  H- S  parfaitement  sec.  Il  est  plus  aisé  d'employer  un  courant  d'hydrogÚne 
rigoureusement  sec,  entraĂźnant  de  la  vapeur  de  soufre. 

))  Le  mĂȘme  composĂ©  se  forme  encore,  par  fusion  dans  un  courant  d'hvdrogĂšne, 
de  UCl^,NaCl  avec  des  sulfures  de  sodium,  de  magnésium,  d'alnminium,  d'anti- 
moine, ou  avec  du  protosuifure  d'étain  (procédé  de  iM.  Mourlot).  Le  sulfure  ainsi 
préparé  ne  renferme  que  des  traces  du  métal  employé.  Les  cristaux  ont  toujours  le 
mĂȘme  aspect,  mais   ils  sont   trop  minces  pour  se  prĂȘter  Ă   des  mesures.  Avec  le  bisul- 


SÉANCE    DU    lO   AOUT    igoS.  383 

fure  d'étain,  on  a  des  cristaux  qiiadi-atiques  mesurables,  doués  d'un  vif  éclat  métal- 
lique. Us  sont  trĂšs  aplatis  suivant  p  (ooi).  On  observe  les  faces  p  (ooi),  Z<^(iii)  et 
«'(ici),  rare  (mesures  faites  par  M.  de  Schulten). 

)>  SĂ©lĂ©niiire.  —  J'ai  obtenu  par  des  procĂ©dĂ©s  identiques  le  sĂ©lĂ©niure  USe. 

»  Les  cristaux,  sont  analogues  à  ceux,  de  US,  mais  excessivement  minces  et  non 
mesurables.  Si  USe  a  Ă©tĂ©  prĂ©parĂ©e  trop  basse  tempĂ©rature,  il  peut  ĂȘtre  pyrophorique. 
L'acide  azotique  fumant  réagit  énerglquement  sur  lui,  avec  parfois  inflammation  du 
séléniure.  Pour  l'analyse,  on  effectue  l'attaque  par  l'acide  chlorliydrique  brome;  elle  a 
lieu  sans  projection;  on  chasse  le  brome  en  excĂšs  par  un  courant  d'acide  carbonique; 
on  précipite  le  sélénium  par  l'acide  sulfureux  et  dans  la  liqueur  filtrée  on  dose  l'ura- 
nium Ă   l'Ă©tat  de  U'0*('). 

>>  Vers  1000°,  avec  un  courant  de  H  rapide  entraßnant  trÚs  peu  de  sélénium,  j'ai 
obtenu  une  fois  le  séléniure  cristallisé  U'Se'  analogue  au  sulfure  U*S'  préparé  par 
Alibegoff(2). 

»  Telluriire.  —  Un  mĂ©lange  d'hydrogĂšne  et  de  vapeur  de  tellure  rĂ©agit  trĂšs  mal 
sur  UCl-,i\aCl  vers  650";  vers  1000°  on  obtient  de  grandes  paillettes  trÚs  brillantes, 
en  quantité  trop  faible  pour  l'analyse.  J'ai  eu  de  meilleurs  résultats  par  fusion,  dans 
un  courant  de  H  à  1000°,  de  UCl-=NaCl  avec  du  Na^Te  contenant  un  grand  excÚs  de 
tellure.  Ce  tellurure  est  cristallisé  en  tables  carrées,  noires,  à  éclat  métallique.  L'ana- 
lyse effectuée  comme  celle  du  séléniure  conduit  à  la  formule  U'Te'.  Je  n'ai  pu  jus- 
qu'ici préparer  le  tellurure  UTe. 

»  Azoture.  —  L'azoture  dĂ©jĂ   connu  U^Az^  se  forme  facilement  par  calcination  au 
rouge  vif  de  UCr-,NaCl  dans  un  courant  de  AzH'  sec.  AprĂšs  dissolution  de  NaCl  on 
a  une  poudre  cristalline,  à  éclat  métallique  (^). 

»  Phosphure.  —Le  phosphure  PH^  rĂ©agit  mal  au  rouge  sur  le  chlorure  double 
uraneux  ;  on  a  seulement  quelques  paillettes  cristallisées;  Par  fusion  de  UCP.NaCl 
avec  du  phosphure  d'aluminium  dans  un  courant  d'hydrogÚne  vers  1000°,  traitement 
de  la  masse  refroidie  par  l'eau,  l'eau  acidulée  par  l'acide  chlorliydrique,  ou  l'élher,  on 
obtient  une  poudre  noire  cristalline,  retenant  toujours  un  peu  de  APO^  insoluble  dans 
les  acides.  Défalcation  faite  de  cette  impureté,  son  analyse  conduite  la  formule  U'P'  (*J. 

»  ArsĂ©niure.  —  En  faisant  agir  au  rouge  vif  l'arsĂ©niure  d'hydrogĂšne  surUd'^NaCl 
on  obtient  quelques  tables  carrées  bien  formées.  Par  double  écliange  avec  l'arséniure 
de  sodium  conlenaul  un  grand  excĂšs  d'arsenic,  il  se  forme  une  poudre  cristalline 
répondant  à  la  formule  U'As2(^). 

»  Antiinoniure.  —  Enfin,  par  fusion  du  chlorure  double  uraneux  en  excĂšs  avec  un 
mélange  à  équivalents  égaux  d'aluminium  et  d'antimoine,  j'ai  préjiaré  un  alliage  blanc 
d'argent  d'antimoine  et  d'uranium,  en  poudre  ou  en  masses  spongieuses,  infusible, 
ne  contenant  pas  d'aluminium  libre.  L'analyse  a  donné  :  U  42,2  pour  loo,  Sb  57,6.  La 

(')  CalculĂ©  pour  USe  :  U6o,3  —  SeSg.ĂŽ.  TrouvĂ©  :  U59,5  —  SeSg./J. 
(')  Calculé  pour  U'Se'  :  U66,9.  Trouvé  :  66,3. 

(')  CalculĂ©  pour  U^\z»  :  \J^'2,-j  —  Az7,2.  TrouvĂ©  :  U  92,4  — Az  7. 
(')  CalculĂ©  pour  U^P^  :U85,3  — Pi4,6.  TrouvĂ©  :  U  86,4  —  P  j/},2. 
(')  Calculé  pour  U^\s»  :  As  29,4.  Trouvé  :  3o,3. 


38/|  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

teneur  élevée  en  antimoine  lient  à  ce  qu'une  partie  de  raluminiiim  sert  à  transformer 
UCI''  en  excÚs  eu  U-CI'.  Cet  alliage,  cliauffé  au  four  Leclerc  et  Forquignon  dans  un 
courant  d'iiydrogĂšne,  perd  lentement  de  l'antimoine  sans  qu'on  arrive  Ă   la  formule 
U'Sb-. 

»  La  partie  non  pulvérulente  de  cet  alliage,  agitée  dans  un  flacon,  donne  des  étin- 
celles comparables  Ă   celles  produites  parle  carbure  et  qui  sont  dues  Ă   la  mĂȘme  cause. 

»  Les  combinaisons  de  l'uranium  avec  les  métalloïdes  trivalents  brûlent 
mal  à  l'air;  mais,  projetées  dans  la  flamme  d'un  bec  Bunsen,  elles  donnent 
de  vives  étincelles.  Elles  sont  toutes  violemment  attaquées  par  l'acide  azo- 
tique concentré.    » 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  La  nature  et  f  apprĂ©ciation  de  la  rĂ©action  alcaline 
du  sang.  Note  de  M.  H.  Labbé,  présentée  par  M.  A.  Ditte. 

«  Divers  expérimentateurs  ont  déjà  reconnu  et  cherché  à  mesurer  l'al- 
calinité du  sang,  pour  en  faire  découler  certaines  conséquences  physiolo- 
giques ou  chimiques.  Mais  la  nature  de  cette  alcalinité  est  spéciale  et  elle 
dépend  uniquement  de  la  façon  dont  se  comporte  le  sang  vis-à-vis  des 
divers  indicateurs  colorés  :  d'aprÚs  l'opinion  classique,  le  sang  serait,  en 
réalité,  un  liquide  à  fonction  acide;  sa  réaction  alcaline  ne  serait  due 
qu'à  la  présence,  en  quantités  notables,  de  sels  minéraux  d'acides  polyba- 
siques,  en  particidier  des  phosphates  et  des  carbonates.  Les  bicarbonates 
alcalins,  les  seuls  qui  peuvent  exister  dans  le  sang,  ne  participent  Ă   aucune 
alcahnilé,  puisqu'ils  sont  neutres  aux  indicateurs  colorés.  Les  phosphates 
dimétalliques,  comme  le  phosphate  disodique,  possédant  au  contraire  une 
réaction  alcaline  au  tournesol,  jouent  un  rÎle  dans  cette  alcalinité.  J'ai 
reconnu  que  ce  rĂŽle  n'Ă©tait  ni  exclusif,  ni  mĂȘme  prĂ©pondĂ©rant. 

»  Si  l'on  cherche,  en  efi'et,  à  mesurer  non  plus  l'alcalinité  apparente  du  sang,  mais 
son  acidité  réelle,  provenant  de  la  troisiÚme  fonction  acide  trÚs  faible  de  l'acide  phos- 
phorique,  on  doit}'  parvenir  en  précipitant  les  phosphates  par  une  solution  titrée  de 
chlorure  de  baryum,  sel  neutre,  et  arriver  ainsi  à  la  neutralisation  complÚte  du  sérum 
sanguin.  11  n'en  est  rien,  dans  la  réalité,  et  l'on  n'observe  jamais  une  disparition  de  la 
réaction  alcaline,  il  se  produit  seulement  une  notable  diminution  de  celle-ci:  l'alcali- 
nité n'est  donc  pas  due  uniquement  aux.  sels  acides  d'acides  polybasiques;  elle  est  la 
somme  de  deux  alcalinités,  dont  l'une  a  bien  cette  nature,  mais  dont  l'autre  est  une 
alcalinité  réelle  qui  ne  peut  provenir  que  de  bases  ammoniacales  ou  alcaloïdiques,  dont 
la  présence  constante  est  du  reste  connue,  dans  le  sang,  depuis  les  travaux  de  M.  A. 
Gautier  en  particulier. 

»   On  peut  aisément  réaliser  la  séparation  quantitative  des  deux  alcalinités  du  sérum 


SÉANCE   DU    lO   AOUT    IQoS.  385 

sanguin  :  dans  2""'  de  sérum  frais  dilués  avec  2"'"  d'eau  distillée,  on  fait  tomber  goutte 
à  goutte  une  solution  centinoimale  de  SO'H',  et  l'on  suit  la  décroissance  de  l'alcalinité 
par  la  touche  d'un  papier  de  tournesol  sensibilisĂ©  et  glacĂ©;  on  s'arrĂȘte  lorsqu'il  ne  se 
produit  plus  de  tache  visible.  Si  l'on  tenait  compte  du  champ  assez  Ă©tendu  qui  existe 
entre  la  disparition  de  l'alcalinité  et  l'apparition  de  l'acidité,  on  diminuerait  en  effet  la 
sensibilité  et  la  précision  de  la  méthode.  Dans  ces  conditions,  les  résultats  concordent 
à  -j^  de  centimÚtre  cube  prÚs.  Ce  premier  chiffre  mesure  l'alcalinité  totale. 

»  2'^°''  du  mĂȘme  sĂ©rum  sont  ensuite  neutralisĂ©s  Ă   froid  par  2"^"'  d'une  solution  con- 
contrée  de  BaCP  ;  le  résultat  est  du  reste  identique  si  l'on  chauffe  le  mélange,  on  suit 
encore  la  disparition  d'alcalinité  par  addition  de  la  solution  sulfurique  titrée.  Le 
nouveau  chifi're  obtenu  mesure  l'acalinité  basique,  toujours  inférieure  au  chiffre  pré- 
cédent. La  différence  des  deux  chiffres  est  l'alcalinité  apparente  due  aux  phosphates 
minéraux. 

»  Dans  la  série  de  déterminations  ainsi  faites,  la  moyenne  de  l'alcalinité  totale  (expri- 
mée en  centimÚtres  cubes  de  solution  sulfurique)  a  été,  par  centimÚtre  cube  de  sérum, 
de  S''"', 65;  la  moyenne  de  l'alcalinitĂ©  phospliatique  de  oℱ°,9;  et  la  moyenne  enfin  de 
l'alcalinitĂ©  basique  de  2'^ℱ°, 7.5.  Cette  derniĂšre  alcalinitĂ©,  due  aux  alcaloĂŻdes  ou  leuco- 
maïnes,  vraisemblablement  du  genre  de  la  guanidine,  créatinine,  etc.,  ne  semble  pas 
jusqu'Ă   prĂ©sent  ĂȘtre  due  Ă   l'ammoniaque  elle-mĂȘme,  car  les  nombres  obtenus  avant 
ou  aprĂšs  Ă©bullition  de  la  liqueur  sont  sensiblement  constants. 

»  Pour  vérifier  si  la  mesure  de  l'alcalinité  due  aux  phosphates  dans  ce  dosage  pour- 
rait donner  une  indication  approximative  de  la  quantité  réelle  des  phosphates  du  sérum, 
j'ai  déterminé  l'alcalinité  apparente  au  tournesol  d'une  solution  titrée  de  phosphate 
disodique  contenant  par  litre  08,76  de  sel  anhydre.  Le  dosage,  fait  dans  les  mĂȘmes 
conditions  que  ci-dessus,  a  exigé,  par  centimÚtre  cube  de  la  solution,  o'='"%57  d'acide 
cenlinormal;  il  s'ensuit  que  la  concentration  moyenne,  en  phosphates  du  sérum  san- 
guin, déterminée  par  cette  méthode,  est  de  1,16  pour  1000  environ,  ce  qui  est  conforme 
aux  déterminations  faites  par  divers  auteurs.  Quanta  l'alcalinité  basique  du  sérum, 
en  l'exprimant  en  ammoniaque,  elle  correspond  Ă   une  teneur  moyenne  de  0,46 
pour  1000  en  cette  base. 

»  11  n'est  pas  inutile  de  rappeler  que  ces  moyennes  ne  devront  ĂȘtre  Ă©tablies  que  sur 
un  trÚs  grand  nombre  de  déterminations. 

»  Cette  méthode,  dont  la  simplicité  permet  l'utilisation  clinique,  pourra 
fournir  des  rĂ©sultats  du  plus  haut  intĂ©rĂȘt  dans  l'Ă©tude  de  diverses  maladies. 
DÚs  à  présent,  on  peut  noter  que  les  variations  pathologiques  observées 
dans  l'alcalinité  totale  semblent  provenir  surtout  des  variations  de  l'alcali- 
nité basique.  Cette  conclusion  provisoire  est  conforme  aux  théories  qui 
tendent  à  accorder,  dans  divers  processus  pathologiques  et  surtout  l'uré- 
mie, une  grande  |)art  dans  la  production  des  phénomÚnes  d'auto-intoxi- 
calion,  aux  ptomaïnes,  leucomaïnes  ou  toxines  circulant  dans  le  sérum 
sanguin.  » 


38G  ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.   —   PhĂ©nols  libres  el  sulfoconjuguĂ©s.    MĂ©thode  de 
dosage.  Le  soufre  dit  «  neutre  »  exisle-t-il  dans  r urine?  Noie  de  M.  L. 

MONFET. 

«  Les  phénols  produits  dans  l'intestin  se  divisent  en  deux  groupes  : 
l'indol  et  le  scatol,  qui  proviennent  des  albuminÎïdes;  le  phénol  et  le  cré- 
sol,  des  hydrocarbonés.  Ils  sont  en  partie  neutralisés  par  la  sultoconju- 
gaison. 

»  L'agent  de  la  sulfoconjugaison  est  l'acide  sulfureux,  qui  provient,  pour 
la  plus  forte  pari,  de  la  transformation  de  la  taurine  en  sulfites  dans  l'in- 
testin, et  de  celle  du  soufre  des  aliments,  en  sulfures  el  en  sulfites.  Les 
dérivés  sulfoconjugués,  sont  des  sulfites  doubles  d'indol,  de  scatol  et  de 
potassium;  de  phénol,  de  crésol  el  de  potassium,  que  l'on  retrouve  dans 
l'urine  Ă   l'Ă©tal  de  sulfates  doubles  d'indol,  etc. 

»  Dans  l'ictĂšre,  la  sulfoconjugaison  a  lieu  tout  de  mĂȘme,  et  cela  aux 
dépens  du  soufre  des  aliments  azotés.  Par  contre,  si  de  l'alimentation  on 
retranche  ces  derniers,  la  sulfoconjugaison  se  fait  encore,  et  celte  fois  grĂące 
Ă   la  taurine. 

»  Les  dérivés  sulfo  se  divisent  en  deux  groupes  :  groupe  indol-scalol  et 
groupe  phénol-crésol;  le  premier,  facilement  décomposable  par  les  acides 
minĂ©raux  et  mĂȘme  par  l'acide  oxalique. 

))  Quant  au  groupe  phénol,  est-il,  comme  on  le  croit  généralement,  dé- 
composé par  les  acides  forts?  Cette  question  sera  résolue  bientÎt,  en  éta- 
blissant s'il  y  a  identité  absolue  entre  le  phénolsulfale  de  potasse  de  l'urine 
et  le  phénolsulfale  synthétique.  D'ores  et  déjà  nous  affirmons  que  ce  der- 
nier est  indécomposable  par  les  acides  minéraux  les  plus  énergiques,  quelle 
que  soit  la  durée  de  l'ébullition;  il  ne  l'est  que  par  l'action  combinée  d'un 
acide  et  d'un  oxydant  :  par  l'acide  chlorhydrique  et  le  chlorate  de  potasse, 
ou  par  l'acide  nitrique  nitreux,  par  exemple.  Cette  question  d'identité 
résolue  par  l'affirmative,  ce  serait  donc  le  soufre  du  groupe  phénolsulfo  qui 
jusqu'à  ce  jour  aurait  passé  pour  soufre  neutre  de  l'urine. 

»  Dosage  des  phĂ©nols  libres  et  des  phĂ©nols  sulfoconjuguĂ©s.  —  On  doit  opĂ©rer  sur 
l'urine  et  les  fĂšces  de  24  heures. 

»  1°  A  loo""'  d'urine  décolorée  par  le  noir  animal,  on  ajoute  2'="'  d'acide  acétique  et 
10'^"''  d'extrait  de  Saturne.  On   filtre,  on   prélÚve  55'""'  du    liquide   filtré,  qu'on  étend 


SÉANCE  DU  lO  AOUT  IQoS.  887 

d'eau  distillée;  on  ajoute  goutte  à  goutte  de  l'ammoniaque,  en  agitant,  jusqu'à  préci- 
pitation complÚte  du  sel  plombique.  Ce  précipité  est  lavé  à  plusieurs  reprises  par 
dĂ©cantation  avec  de  l'eau  ammoniacale;  on  le  jette  sur  un  filtre  sans  pli,  oĂč  l'on  achĂšve 
son  lavage.  On  le  dissout  alors  avec  5'ℱ°  d'acide  nitrique  ordinaire,  on  lave  à  l'eau  dis- 
tillĂ©e pour  faire  environ  So"^ℱ'  de  liqueur,  que  l'on  porte  Ă   l'Ă©bullition  dans  un  ballon 
Ă   fond  plat.  AprĂšs  5  minutes  d'Ă©bullition,  on  laisse  refroidir  et  l'on  ajoute  peu  Ă   peu 
jQcma  ^  iS»:"'^  de  solution  saturée  de  carbonate  de  potasse;  on  filtre  et  l'on  com- 
plÚte 100'"°.  Les  phénols  sulfoconjugués  sont  finalement  amenés  à  l'état  de  picrate  de 
potasse.  On  les  dose  en  comparant  la  teinte  obtenue  Ă   celle  de  solutions  types  de 
phĂ©nol  pur,  amenĂ©  dans  les  mĂȘmes  conditions  Ă   l'Ă©tat  de  picrate  de  potasse.  Les 
résultats  sont  traduits  en  phénol. 

1)  2°  Les  fÚces  sont  employées  pures  ou  diluées  selon  leur  consistance.  100'"' du  li- 
quide filtré  sont  additionnés  de  is  d'acide  tartrique  et  distillés  aux.  deux  tiers.  Le 
produit  distillé  est  additionné  de  5*^"'  d'acide  nitrique;  on  porte  à  l'ébullition  et  l'on 
achÚve  comme  plus  haut  la  transformation  des  phénols  en  picrate  de  potasse. 

»  L'urine  ne  contient  que  des  traces  de  phénols  libres,  retenus  par  le 
noir  animal. 

»  Les  fÚces  ne  renferment  pas  de  phénols  sulfoconjugués. 

))  Nous  nous  proposons  de  faire  connaßtre  ultérieurement  les  résultats 
qui  concernent  le  phénolisnie  et  la  sulfoconjugaison  à  l'état  normal  et  dans 
les  principales  maladies,  résultats  qui  reposent  déjà  sur  plus  de  deux  cents 
analyses  d'urines  et  de  fÚces.  » 


BOTANIQUE.  —   Une  AcrascĂ©e  baclĂ©riophage.  Note  de  M.  Padl  VuiLLE.m.\, 

présentée  par  M.  Guignard. 

«  On  sait  aujourd'hui  que  les  amibes  se  nourrissent  de  Bactéries  vivantes 
et  l'on  admet  qu'une  telle  nourriture  leur  est  absolument  indispensable. 

»  En  est-il  de  mĂȘme  pour  les  organismes,  tels  que  les  MycĂ©tozoaires, 
présentant  une  phase  amiboide?  Les  résultats  obterrus  sur  cette  question 
sont  assez  contradictoires. 

»  Lister  avait  bien  vu  que  des  Bactéries  indéterminées  sont  englobées  et  digérées 
par  les  zoospores  et  les  amibes  de  diverses  Myxogastrées,  mais  il  n  a  pas  établi  que 
ce  mode  d'alimentation  fût  habituel,  suffisant,  ni,  à  plus  forte  raison,  nécessaire. 

»  Chrzaszcz  a  pu  nourrir  le  Physaruni  leucophƓum  fernx  de  Saccharoniyccs  et 
de  Mycoderma,  mais  non  de  Bactéries  acétiques. 

»  Lad.  Celakovsky  a  vu  le  Bacillus  Megatlierium  digéré  par  les  zoospores  de 
Chondriodernia    difforme,    pourvu  qu'il   ait  été,  au  préalable,   tué   par   la    chaleur. 


388  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tandis  que  les  Bactéries  englobées  vivantes  restaient  inaltérées  au  bout  de  2  heures 
et  dentiie. 

»  Le  D''  Pinoy  réussit  à  cultiver  le  Chondrioderma  difforme  et  le  Didymitun 
effusum  en  présence  du  seul  Bacillus  luleus  Fliigge;  mais  il  ne  nous  dit  pas  de  quelle 
nature  sont  les  relations  des  deux  ĂȘtres.  De  plus,  il  semble  avoir  eu  recours  seule- 
ment Ă   l'analyse  pour  Ă©tablir  que  les  cultures  fertiles  ne  contenaient  pas  d'autre  orga- 
nisme que  la  Myxogastrée  et  la  Bactérie. 

»  En  ce  qui  concerne  les  Acrasiées,  le  Dictyosteliurn  mttcoroides  a  fait  l'objet  des 
expériences  de  Nadson.  Cet  auteur  annonce  qu'il  a  obtenu  des  cultures  pures  du  My- 
cétozoaire  sur  des  milieux  liquides  ou  solides,  en  l'absence  de  tout  microorganisme 
différent;  mais  ces  cultures  étaient  cliétives  et  ne  présentaient  aucune  forme  norma- 
lement développée.  Toutes  les  fructifications  vigoureuses  étaient  accompagnées  de 
Bactéries  variées.  Le  Bacillus  Jluorescens  liquefaciens  Fliigge  était  son  associé 
habituel. 

»  Nadson  croit  que  les  deux  organismes  se  rendent  de  mutuels  services  et  que  la 
Bactérie  favorise  indirectement  le  Dictyosteliurn,  en  produisant  de  l'ammoniaque  qui 
rend  alcalin  le  milieu  de  culture. 

))  Depuis  le  i5  mai  dernier,  je  ctiltive  le  Dictyosteliurn  mucoroides  clans 
des  tubes  à  essai  bouchés  au  coton,  placés  à  l'abri  de  la  lumiÚre  à  la  tem- 
pérature du  laboratoire,  et  contenant  de  la  gélose  additionnée  de  5  pour  1 000 
de  peptone  et  de  20  pour  1000  de  maltose. 

»  La  semence  prise  dans  les  tĂȘtes  blanches  renferme  souvent  avec  les  spores  une 
Bactérie,  qu'il  est  facile  d'en  isoler  par  des  repiquages  successifs.  C'est  un  Bacille  fluo- 
rescent fétide,  comme  celui  de  Nadson,  mais  il  ne  liquéfie  pas  la  gélatine.  Tous  les 
tubes  oĂč  se  montrent  les  Dictyosteliurn  contiennent  aussi  des  BactĂ©ries;  les  fructifi- 
cations du  Mycétozoaire  reposent  sur  des  colonies  bactériennes.  Les  pédicelles  capités 
apparaissent  au  bout  de  3  jours  en  été,  dans  les  conditions  indiquées. 

»  Si  la  semence  n'a  pas  apporté  de  Bactéries,  rien  ne  pousse;  rien  du  moins  n'est 
visible  Ă   l'Ɠil  nu,  car  au  microscope  on  dĂ©couvre  des  amibes  issues  des  spores.  Dans 
ces  semis  en  apparence  stériles,  il  suffit  d'introduire  le  Bacille  isolé,  pour  mettre  le 
développement  en  train.  L'expérience  suivante  est  assez  démonstrative  pour  nous  dis- 
penser d'en  rapporter  d'autres. 

»  Le  7  juillet,  nous  ensemençons  trois  tubes  A,  B,  C.  L'un  (A)  présente  des  Bac- 
téries et  des  débuts  de  fructifications  au  bout  de  3  jours  (10  juillet).  Bien  de  visible 
dans  les  autres.  Le  10  juillet,  nous  semons  le  Bacille  pur  dans  le  tube  B;  les  fructifi- 
cations apparaissent  3  jours  plus  tard  (i3  juillet).  Le  tube  C,  oĂč  l'on  ne  voit  encore 
rien,  est  ensemencé  de  Bacille  le  i3  juillet;  les  fructifications  se  montrent  le  16  juillet. 

«  La  culture  pure  mixte  du  Dictyosteliurn  et  du  Bacille  fluorescent  est  ainsi  réa- 
lisée par  synthÚse. 

»  Dans  tous  les  cas  oĂč  nous  avons  ensemencĂ©,  de  Bacille  fluorescent,  les  cultures  en 
apparence  stériles,  de  3  à  7  jours  aprÚs  l'introduction  des  spores  du  Mycétozoaire,  le 
résultat  a  été  positif. 


SÉANCE    DU    lO    AOUT    igoS.  889 

»  Au  lieu  de  Bacille  fluorescent,  nous  introduisons  la  Bactérie  pyocyanique  dans  une 
culture  de  5  jours,  en  apparence  stérile.  Le  résultat  est  négatif.  La  Bactérie  pousse 
seule,  bien  que  le  microscope  décÚle  des  corps  amiboïdes.  Etant  données  les  propriétés 
alcalinigénes  de  la  Bactérie  pyocyanique,  cette  expérience  contredit  l'opinion  de  i\ad- 
son  sur  le  rÎle  de  la  Bactérie  commensale. 

»  ElTectivenient  l'examen  microscopique  nous  montre  que  les  Bacilles  sont  englobés 
par  les  amibes  et  subissent  dans  les  vacuoles  les  dégénérescences  du  type  décrit  par 
PfefFer. 

»  Donc,  dans  les  conditions  de  l'expérience,  imMycétozoaire  du  groupe 
des  Acrasiées,  le  Dictyoslelium  mitcoroicles,  ne  s'est  développé  que  parallÚle- 
ment à  des  Bactéries  déterminées.  Celles-ci  n'agissent  pas  indirectement 
en  modifiant  le  milieu  ;  elles  servent  d'alimont  aux  corps  amiboĂŻdes  qui  les 
englobent  et  les  digÚrent.    « 


GÉOLOGIE.    —   Sur  le  passage  du  Rhin  par  la  vallĂ©e  du  Douhs  et  la  Bresse 
pendant  le  PliocÚne.  Note  de  M.  le  général  de  Lamothe. 

«  L'étude  des  anciennes  alluvions  du  bassin  du  Doubs,  bien  qu'elle  ne 
soit  pas  complÚtement  terminée,  m'a  conduit  à  quelques  conclusions  inté- 
ressantes au  point  de  vue  de  l'histoire  géologique  de  la  région  comprise 
entre  la  Bresse  et  l'Alsace,  conclusions  que  je  vais  résumer  briÚvement. 

»  Dans  le  fond  de  la  vallée  du  Doubs,  jusqu'à  20"  environ  de  hauteur, 
on  trouve  des  lambeaux  d'une  na\-i^&  presque  exclusivement  formée  de  galets 
roulés,  empruntés  surtout  aux  terrains  du  Jura  (calcaires  et  chailles),  et  en 
nombre  moins  considérable  à  ceux  des  Vosges  (granité  à  amphibole,  por- 
phyrites  vertes  et  brunes,  quartzites  du  grĂšs  vosgien,  etc.).  Je  citerai 
notamment  les  lambeaux  d'Osselle,  de  Torpes,  de  Thoraize,  du  ChĂȘne 
marié.  La  stratification  est  horizontale;  les  éléments  sont  de  petite  dimen- 
sion (5*^^ℱ  à  6*^'")  ;  ceux  du  Jura  sont  remarquablement  arrondis;  ceux  des 
Vosges  ont  souvent  des  formes  polyédrales  ;  la  plupart  sont  généralement 
trĂšs  frais. 

»  Au-dessus  de  cette  nappe  à  éléments  calcaires,  et  jusqu'à  140"°  au 
moins  au-dessus  du  thalweg,  on  observe,  depuis  Rozet  jusqu'Ă   DĂ©lie,  des 
amas  de  galets  remarquablement  roulĂ©s,  souvent  trĂšs  volumineux  (oℱ,  20 
Ă   oℱ,3o  de  diamĂštre),  et  d'un  aspect  complĂštement  diffĂ©rent.  Ils  sont  trĂšs 
altérés,  sauf  les  quartzites;  on  n'y  trouve  ni  granité  des  Ballons,  ni  por- 
phyrites  des  Vosges,  et  les  calcaires  du  Jiu'a  y  font  défaut. 

G.  R.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  6.)  5l 


390  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Ainsi  que  je  l'ai  annoncé  antérieurement  (  '  ),  les  matériaux  sont  pour 
la  plupart  identiques  Ă   ceux  qui  composent  le  gravier  du  Sundgau  entre 
Délie,  Volkensberg  et  Allkirch,  gravier  dont  l'origine  rliéno-rhodanienne 
a  été  nettement  établie  par  Delbos  et  M.  Gutzwiller.  Les  plus  remarquables 
parmi  ces  galets  sont  les  quartzites  jaunĂątres  ou  blancs  avec  mica  blanc  du 
Trias  du  Valais,  les  quartzites  gris  verdĂ tre  originaires  probablement  des 
dépÎts  miocÚnes  du  bassin  du  Rhin,  les  protogynes,  les  silex  à  radiolaires, 
les  calcaires  noirs  alpins,  les  grĂšs  et  calcaires  du  Flysch. 

»  Eu  général,  toute  trace  de  stratification  a  disparu,  et  les  galets  sont  le 
plus  souvent  enveloppés  dans  un  lehm  jaunùtre. 

M  Bien  que  tous  ces  dépÎts  soient  trÚs  démantelés,  on  peut  y  distinguer 
plusieurs  niveaux.  Le  plus  net  comprend  une  série  de  lambeaux  que  l'on 
peut  suivre  depuis  DĂŽle  oĂč  leur  altitude  relative  est  de  60ℱ  jusqu'Ă   Fesches- 
le-ChĂątel  oĂč  elle  atteint  ^5ℱ.  C'est  Ă   cette  nappe  que  l'on  doit  rapporter  la 
majeure  partie  des  cailloutis  qui  forment  le  sol  des  forĂȘts  de  Chaux  et 
d'Arne;  en  amont,  elle  est  représentée  par  les  cailloutis  de  Routelle,  d'Os- 
selle,  de  Montferrand,  d'HyĂšvre,  deBranne,  d'Isle-sur-Doubs,  de  Lougres, 
de  Voujaucourt,  de  Dampierre. 

»  On  remarque  que  partout  les  galets  de  la  partie  supérieure  sont  beau- 
coup plus  petits  que  ceux  des  parties  profondes  ;  ils  semblent  en  outre  avoir 
un  caractĂšre  plus  vosgien.  Une  couche  plus  ou  moins  Ă©paisse  de  lehm 
recouvre  la  plupart  de  ces  lambeaux. 

)i  Au-dessus  de  ce  niveau,  on  trouve,  dans  les  bois  de  Vomaie  et  d'Olve- 
ret,  les  débris  d'une  nappe  plus  élevée  de  20"'  à  25"",  recouverts  de  limon. 
Cette  terrasse  me  paraßt  avoir  une  individualité  propre  et  j'y  rattache 
les  cailloutis  d'Etouvans,  delà  citadelle  de  Besançon  et  de  la  terrasse  haute 
de  Montferrand,  dont  l'altitude  relative  est  la  mĂȘme. 

»  Enfin,  les  dépÎts  les  plus  élevés  semblent  marquer  le  niveau  supé- 
rieur atteint  par  les  alluvions;  l'altitude  au-dessus  du  thalweg  de  ceux  qui 
sont  les  mieux  conservés  (Col  de  Deluz,  Bois  de  Branne,  ferme  le  Faby  au 
nord-est  de  DĂ©lie  Ă   la  cote  012)  est  trĂšs  uniforme  et  comprise  entre  140" 
et  iSo";  les  gisements  de  galets  Ă©pars  de  la  CĂŽte  des  Buis,  de  Chaudanne 
et  de  Plenise,  se  rattachent  naturellement  à  ces  dépÎts;  il  n'y  a  aucune 
trace  de  limon. 

»  Le  prolongement  jusqu'au  voisinage  de  Baie,  à  travers  le  Sundgau,  de  ces  diflérents 
(')  De  Lamothe,  Bulletin  de  la  Soc.  géol.  de  France,  4°  série,  t.  1. 


SÉANCE    DU    lO    AOUT    IQoS.  3^1 

niveaux  présente  beaucoup  d'incertitude.  La  dénudalion  produite  par  les  cours  d'eau 
issus  du  Jura  a  modifié  complÚtement  la  topographie  de  cette  région,  et  le  lelim  f[ui 
recouvre  presque  partout  les  cailloutis  masque  les  terrasses  et  rend  les  observations 
trĂšs  difficiles  et  incertaines.  Comme  je  me  propose  de  traiter  cette  question  dans  un 
Mémoire  en  préparation,  je  me  bornerai  à  faire  remarquer  que  la  surface  supérieure 
du  niveau  le  plus  Ă©levĂ©  du  Doubs  prolongĂ©  vers  le  Sundgau,  mĂȘme  avec  la  pente  trĂšs 
faible  (|u'il  prĂ©sente,  passe  Ă   25ℱ  environ  au-dessus  des  cailloutis  d'Oberhagenthal. 
La  dénudation  que  ces  derniers  ont  dû  subir  en  raison  de  leur  position  topographique 
suffit  à  expliquer  cette  particularité.  Dans  tous  les  cas,  il  faut  en  conclure  que  les 
cailloutis  les  plus  Ă©levĂ©s  du  Sundgau  ne  s'arrĂȘtent  pas  brusquement  au  dĂ©bouchĂ©  du 
Rhin  dans  la  plaine  d'Alsace,  comme  on  l'a  supposé,  mais  se  prolongent  à  plus  de  180'"" 
jusqu'au  bord  de  la  dépression  bressanne. 

»  J'ajouterai  que  la  séparation  entre  les  alluvions  vosgiennes  et  les  alluvions  rhénanes 
est  d'une  remarquable  netteté  sur  la  lisiÚre  ouest  du  Sundgau.  Les  premiÚres  sont 
cantonnées  sur  les  hauteurs  au  noi-d  et  à  l'ouest  d'une  ligne  allant  de  Montbéliard  à 
Fesches-le-Chùtel  et  de  là  à  Montreux;  elles  ne  dépassent  pas  la  cote  426.  C'est  seu- 
lement au  pied  de  ces  hauteurs,  à  -o""  ou  80ℱ  au-dessus  du  thalweg,  ([ue  l'on  voit  les 
cailloutis  alpins  se  mélanger  aux  débris  vosgiens. 

»  En  résumé  :  1°  Le  Rhin  a,  pendant  une  longue  période,  suivi  les  vallées 
du  Doubs  et  de  l'Allaine  entre  Délie  et  DÎle;  il  les  a  creusées  sur  une  pro- 
fontleur  de  1 20"- iSo",  jusqu'Ă   i5"'-2o"  au-dessus  du  thalweg  actuel. 

»  La  date  de  ce  phĂ©nomĂšne  peut  ĂȘtre  facilement  prĂ©cisĂ©e.  Si  les  caillou- 
tis d'Azans,  dont  j'ai  reconnu  également  l'identité  avec  ceux  du  Sundgau, 
sont  réellement  contemporains  des  sables  de  Trévoux,  comme  l'ont  sup- 
posé MM.  Delafond  et  Deperet,  on  doit  admettre  que  l'écoulement  du 
Rhin  vers  la  Bresse  avait  déjà  lieu  pendant  la  période  de  remblai  qui  cor- 
respond à  la  formation  de  ces  sables.  D'autre  part,  M.  Gulzwiller  a  montré 
que,  Ă   l'Ă©poque  des  cailloutis  de  Rheinfelden-Monchenstein-Schonenbuch- 
Wenzweiler,  le  Rhin  coulait  déjà  dans  la  direction  du  nord. 

1)  Le  passage  du  Rhin  par  la  vallée  du  Doubs  a  donc  eu  lieu  pendant  le 
PliocÚne  moyen  et  une  partie  du  PliocÚne  supérieiu'. 

»  2°  Postérieurement  à  cette  époque,  la  vallée  du  Doubs  a  encore  été 
creusĂ©e  de  lÔ^-ao""  par  le  Doubs  et  ses  affluents,  remblayĂ©e  sur  20""  avec 
des  matériaux  jurassiens  et  vosgiens,  puis  déblayée.  » 

M.  E.  MossÉ  adresse  une  Note  relative  à  un  systùme  de  voie  automotrice, 
permettant  aux  véhicules  de  circuler  sans  le  secours  de  ntioteurs. 

La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 

M.   B. 


392  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  3  août  1908. 

La  paix  par  l'union  des  peuples,  par  J.  Polo.  Nantes,  Bourgeois,  igoS;  i  bro- 
chure in-S».  (Hommage  de  l'auteur.) 

DĂ©partement  of  the  interior  United  States  geological  survey  :  \"  Preliminary 
report  on  the  Ketchikan  mining  district,  Alaska;  1°  A  reconnaissance  of  the 
north-western  portion  of  seward  peninsula,  Alaska;  3°  The  geology  and  petro- 
graphy  of  crater  lake  national  park;  4°  The  forests  of  Oregon;  5°  The  forests  of 
Washington  a  revision  of  estimùtes;  6°  Forest  conditions  in  the  cascade  range, 
Washington;  7°  Forest  conditions  in  the  olynipic  forest  reserve,  Washington  ; 
8°  Forest  conditions  in  the  northern  Sierra  Nevada,  California.  Wasliington, 
Government  printing  office,  1902;  8  vol.  in-4°. 

Report  of  the  chief  of  the  weather  bureau,  1900- 1901  ;  vol.  II.  Washington, 
Government  printing  office,  1902;  i  vol.  in-4°- 

Memoirs  of  the  national  Academy  of  sciences,  vol.  YII.  Washington,  Govemmeot 
printing  office,  1902;  i  vol.  in-4°. 

On  the  lakes  of  south-eastern  Wisconsin,  Madison,  Wis.  Published  by  the 
State,  1902;  I  vol.  in-8°. 

Il  r.  Istituto  sperinientale  per  le  coltivazioni  dei  tabacchi  e  la  visita  del  VII 
congresso  internazionale  d'agricoltura.  Tovie  Aanunziala.,  G.  Maggi,  1908;  i  vol. 
in-4''. 


On  souscrit  Ă   Paris,  chez  GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n°  55. 


jpuis  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  réguliÚrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-4°.  Deux 
es,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matiÚres,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 
art  du  i"  Janvier. 

Le  prix  de  V abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 
Paris  :  30  fr.  —  DĂ©partements  ;  40  fr.  —  Union  postale  :  44  fr. 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


chez  Messieurs  : 

Ferran  frĂšres. 
I  Chaix. 

Jourdan. 

Ruff. 
7is Courtin-Hecquet. 

Germain  et  Grassin. 

Gastineau. 

nne JĂ©rĂŽme. 

içon   Régnier. 

Feret. 
eaux  ■ !  Laurens. 

Muller  (G.). 
^es Renaud. 

Derrien. 
F.  Robert. 
Oblin. 
Uzel  frĂšres. 
Jouan. 

ibéry Perrin. 

Henry. 
Marguerie. 
I  Juliot. 
I  Bouy. 

iNourry. 
Ratel. 
Rey. 

(  Lauverjat. 
I  Degez. 
Drevet. 
Gratler  et  C". 

oc/telle Foucher. 

BourdigDon. 
Dombre. 
Thorez. 
Quarré, 


lon/Feir 


■)ble. 


Uontpellier . 


JVantei 


chez  Messieurs  ; 

,  I  Baumai. 

Lorient 

(  M°"   lexier. 

/  Bernoux  et  Cumin 

\  Georg. 

Lyon <  Effantin. 

Savy. 

Vitte. 

Uarseille RuĂąt. 

(  Valat. 

(  Goulet  et  fils. 

Moulins Martial  Place. 

[  Jacques. 
I\'ancy .        Grosjean-Maupin. 

(  Sidot  frĂšres. 

\  Guist'liau. 

(  Veloppé. 

j  Barma. 

!  Appy. 

\imes Thibaud. 

Orléans    Loddé. 

1  Blanchier. 

Poitiers ,  . 

(  LĂ©vrier. 

Rennes Plihon  et  Hervé. 

Roche/on Girard  (M""). 

(  Langlois. 

Rouen ,        . 

(  Lestringant. 

S'-Élienne Chevalier. 

I  Ponleil-Burles. 

)  Rumébe. 

)  Gimet. 

j  PrivĂąt. 

;  Bolsselier. 
Tours j  PĂ©ricat. 

(  Suppligeon. 

(  Giard. 

(  Lemaltre. 


Aice. 


Toulon... 
Toulouse. 


Valenciennes. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam . 


Berlin. 


chez  Messieurs  : 

j  Feikema    Caarelsen 

(      et  C'-. 

AthĂšnes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  C". 
Dames. 

Friediander   et   fils. 
Mayer  et  Muller. 

Berne Schmid  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

Lamcrtin. 

Bruxelles..    Mayolezet Audiarte. 

'  Lebégue  et  C". 
(  Sotchek  et  G". 
!  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  Bell  et  C°. 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague HĂŽst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

GĂšnes Beuf. 

;  Cherbuliez. 
GenĂšve. .    ......    .  |  Georg. 

Stapelmobr. 


Bucharest. 


La  Haye. 
Lausanne. 


Leipzig. 


LiĂšge. 


Belinfante  frĂšres. 
I  BendĂą. 

Payot  et  C". 
'  Barth. 
I  Brockhaus. 

KƓhler. 

Lorentz. 
,  Twietmeyer. 

(  Desoer. 
(  Gnusé. 


Milan . 


Naples. 


chez  Messieurs  : 

IDulau. 
Hachette  et  G". 
Nutt. 
Luxembourg . ...     V.  Buck. 

iRuiz  et  C. 
Rome  y  Fusse!. 
Capdeville. 
F.  FĂ©. 

Bocca  frĂšres. 
HƓpli. 
i^oscou Tastevln. 

Marghieri  di  Gius. 

Pellerano. 
(  Dyrsen  et  PfeilTer. 

IVetv-rork Stechert. 

'  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C". 

Palerme Reber. 

Porto MagalhaĂšs  el  Mouii 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

Bocca  frĂšres. 

Loescheret  C,'. 
Rotterdam Kramers  et  fils 

Stockholm Nordlsks  Boghandol 

Zinserling. 
WolBf. 

Bocca  frĂšres. 
Brero. 

iCIausen. 
Rosenberg  et  Sellier. 

Varsovie Gebethner  et  Wolfl. 

VĂ©rone Drucker. 

Frick. 


Rome . 


S'-PĂ©tersbourg . . 


Turin . 


Vienne. 


Gerold  et  G'' 


ZUrich Meyer  et  Zeller. 


IBLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1"  Ă   31.  —  {'i  AoĂ»t  i8Ăź5  Ă   U  DĂ©cembre  iSĂąo.)  Volume  in-j";  i8y;.  Prix 25  fr. 

Tomes  32  Ă   61.  —  (  i"  Janvier  i8Ji  Ă   3i  DĂ©oemljio  i865.)  Volume  in-4°;  1S70.  Prix 25  fr. 

Tomes  62  à  91.  —  (  1"''  Janvier  i86lj  à  3[  Uocembru  18S0.)  Volume  in-.-l";  1889.  Prix 25  fr. 

Tomes  92  Ă   121.  —  (  j"  Janvier  1881  Ă   3r  DĂ©cembre  1895.)  Volume  in-4'';  1900.  Prix 25  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES;  SÉANCES  DE  L'ACADEMIE  DES   SCIENCES  : 

ne  I.  —  MĂ©moire  sur  quelques  points  de  la  Pliysioloyie  des  Algues,  par  .\IM.  A.  Derbes  et  A.-J.-J.  Solier.  —  MĂ©moire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'Ă©prouvent 
imĂštes,  par  M.H.vnsen.  —  .MĂ©moire  sur  le  PancrĂ©as  et  sur  le  riMe  di  suc  p>mcrĂ©atique  dans  les  phĂ©nomĂšnes  digestifs,  particuliĂšrement  dans  la  digestion  des 
Tes  grasses,  par  M.  Claude  Bernard.  Volume  in-4'',  s'^'^c  3:!  planches;  '^io 25  fr. 

Qe  II.  —  MĂ©moire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  VanBeneden.  —  K^sai  d'une  rĂ©ponse  Ă   la  question  de  Prix  proposĂ©e  en  r85o  par  l'AcadĂ©mie  des  Sciences 

celui  de  i856,  savoir:  «  EliiJici-  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles    dans  les  différents  terrain 


le  concours  de  iSîS,  et  puis  remise  pour  (  ,  „.,^  ^„.f,j  „.b„....,^.,  .............    „„ .  ....,  „...^.^....,  ^^ 

imentaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou   simultanĂ©e.   —  Rechercher  la 
ure  des  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  rÚgne  organiqueet  ses  et.its  antérieurs  »,  par  .M.  le  Professeur  Bronm.  In-4»,    avec  7  planches;  1861...     25  fr. 


A  la  mĂȘme  Librairie  les  MĂ©moires  de  l'AcadĂ©mie  des  Sciences,  ci  les  MĂ©moires  prĂ©sentĂ©s  par  divers  Savants  Ă   l'AcadĂ©mie  des  Sciences. 


W  6. 

TABLE    DES  ARTICLES.    (Séance  du   lO  août  1903.) 


MEMOIRES    ET  COMMUIVIGATIOIVS 

DES   MEMBKES   ET   DES  CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


Pa; 

Al.  le  Président  annonce  à  l'Académie  la 
mort  de  M.  Municr-Chalmas,  Membre 
de  la  Section  de  Minéralogie 

M.  le  gĂ©nĂ©ral  Sebert.  —  Sur  l'AĂ©rodyna- 
mique et  la  théorie  du  champ  acoustique. 

M.  Henri  Moissan.  —  Description  d'un 
nouvel  appareil  pour  la   préparation  des 


"7 


Pages, 
gaz   purs 363 

iM.   Th.   SchlƓsing   pùre.   —   Sur   l'analyse 
mécanique  des  soU >,Cm 

M.  .Arm.knd  Gautier.  —  Rectifications  rela- 
tives Ă    la  Note  du  27  juillet  1908 074 

M.  Janssen.  —  Sur  la  mort  de  M.  Prosper 
Henry 3-5 


CORRESPONDAIVCE. 


i\l.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à 
l'Académie  que  le  Tome  CXXXV  des 
Comptes  rendus  (2'  semestre  1902)  est 
en  distribution  au  Secrétariat 

M.  N.  Saltykow.  —  Sur  les  relations  entre 
les  intégrales  complÚtes  de  S.  Lie  et  de 
Lagrange  

M.  P.  Charbonnier.  —  La  thĂ©orie  du  champ 
acoustique  et   le  frottement  intérieur  des 


3y6 


gaz. 


M.  F.-A.  FoREL.  —  Le  cercle  de  Bishop, 
couronne  solaire  de  1903 

M.  A.  CoLANl.  —  Sur  quelques  combinaisons 
binaires  de  l'uranium 


M.  H.  Labre.  —  La  nature  et  l'apprĂ©cia- 
tion de  la  réaction  alcaline  du  sang 

M.  L.  MĂ»nfet.  —  PhĂ©nols  libres  et  sulfo- 
conjugués.  Méthode  de  dosage.  Le  soufre 
dit  i(  neutre  »  e.viste-t-il  dans  l'urine'?... 

M.  P.iUL  VuiLLEMiN.  —  Une  \crasiĂ©e  bactĂ©- 
riophage 

M.  le  gĂ©nĂ©ral  de  Lamothe.  —  Sur  le  pas- 
sage du  Rhin  par  la  vallée  du  Doubs  et 
la  Bi-esse  pendant   le  PliocĂšne 

M.  E.  MossE  adresse  une  Note  relative  Ă   un 
systĂšme  de  voie  automotrice,  permettant 
aux  véhicules  de  circuler  sans  le  secours 
de  moteurs . 


Bulletin  bibliographique. 


384 

3So 
3«7 

3S9 


39, 

3()2 


PARIS. 


I  M  P  R  U[  E  15 1 E    G  A  U  T  H  I E  R  -  V  I L  L  A  R  S , 
Quai  des  Grands-,\ugustins,  55. 

Le  GĂ©rant  :   Gauthier -ViLLARs 


1903 

m 

SECOND  SEMESTRE. 

COMPTES  RENDUS 

‱    HEBDOMADAIRES 

DES     SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVII. 


N"  7  (i7  Août  1903). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES   SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-AugustJus,  55,     . 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin   1862  et  24  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composenl  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  IJfotes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 

Les  extraits  desMémoiresprésenlés  j)ar  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  TNole  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  à&  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  j)as  com- 
pris dans  les  5o  j)ages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  |)eut  donner 
plus  de  3a  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  l'ail  mentiofi,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Noies  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 
.  Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'ai 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savar 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  perso 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  1 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'ui 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requi; 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  non 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  celEß 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  rei 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,' ou,  au  plus  tar 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   te 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  r 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu 
vaut  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planche 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  sera 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comp 
pour  l'étenaue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  des 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapport 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  a{ 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  | 
sent  RĂšglement. 


Le»  Sayants  étrangers  à  l'Académie  qui  désireut  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  c 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance,  avant  5^  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suiv' 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

SÉANCE   DU    LUNDI   17    AOUT  1905, 

PRÉSIDENCE  DE  .\l.  ALBERT  GAUDRY. 


ME3I0IRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  pebpétukl  rend  compte  du  récent  CongrÚs  de  l'Asso- 
ciation géodésique  internationale,  qui  vient  de  se  tenir  à  Copenhague,  du 
4  au  i4  août.  Il  indique  les  principales  questions  qui  y  ont  été  traitées  et 
signale  avec  reconnaissance  l'accueil  qui  a  été  fait  par  le  Gouvernement 
danois  aux  Membres  du  CongrĂšs. 

M.  Bouquet  de  la  Grye  ajoute  quelques  mots. 

M.  le  Président  dit  que  l'Académie  est  heureuse  que  quelques-ims  de 
ses  Membres  les  plus  éminents  aient  été  à  Copenhague  faire  une  fois  de 
plus  honneur  à  la  Science  française. 


ASTRONOMIE   PHYSIQUE.  —  Observations  spectrales 
de  la  comĂšte  Borrelly  (igoSc).  Note  de  M.  H.  Deslandres. 

«  Le  spectre  de  la  comÚte  Borrelly  a  été  étudié  à  Meudon  avec  la  grande 
lunette  double  de  l'observatoire.  M.  Millochau,  aide-astronome,  assisté  de 
M.  Jacques,  a  pris  une  part  active  aux  observations  qui  ont  été,  d'ailleurs, 
fortement  contrariées  par  le  mauvais  tem])S. 

»  La  grande  lunette  n'est  pas,  à  beaucoup  de  points  de  vue,  l'instrument 
le  plus  convenable  pour  ce  genre  d'Ă©tudes.  On  a  dĂ»  construire  un  spectro- 
graphe  spécial  dont  la  chambre  a  une  longueur  focale  (o*",  12)  beaucoup 
plus  petite  que  le  collimateur,  long  de  o"',  J»5,  le  prisme  étant  en  flint  léger 
avec  un  angle  de  60°.  On  obtient  ainsi  la  concentration  de  lumiÚre  qui, 
avec  une  fente  large  du  collimateur,  est  nécessaire  dans  le  cas  des  comÚtes. 

»  Le  spectre  a  été  observé  les  5,  G  et  7  août  dans  la  région  lumineuse  et 
ensuite  photographié  dans  le  bleu,  le  violet  et  l'ultra-violet  avec  une  pose 

G.  R.,  1903,    2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  7.)  >^ 


Liij'i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  2  heures.  La  fente  du  speclrographe  était  dirigée  dans  le  sens  de  l'allon- 
gement du  noyau,  de  la  chevelure  et  de  la  queue. 

»  Or,  d'une  maniÚre  générale,  cette  comÚte  a  le  spectre  ordinaire  de 
ces  astres,  observé  dans  la  n)ajorité  des  cas,  et  constitué  surtout  par  les 
bandes  du  carbone  attribuées  aux  hydrocarbures  et  au  cyanogÚne.  Quelques 
raies  supplémentaires,  la  plupart  faibles,  apparaissent  prÚs  du  noyau,  se 
détachant  ainsi  sur  un  spectre  continu  peu  intense.  Le  Tableau  suivant 
résume  les  résultats  : 

Lonj^ticurs 
d'oiulc.       Intensil(Ăź.  BuiDarques. 

4736,9  4  Bande  tournée  vers   le  violet,  plus  intense  prÚs  du  noyau;  est  la 

bande  bleue  la  plus  forte  des  hydrocarbures. 

4715,3  3  Bande  tournée  vers  le  violet,  plus  intense  prÚs  du  noyau;  est  la 

bande  bleue  suivante  des  hydrocarbures. 

4697,1  '4,5        Bande  tournée  vers  le  violet,  plus  intense  prÚs  du  noyau;  est  la 

bande  bleue  suivante  des  hydrocarbures. 
468,  i5         8  Bande  iloue  qui  semble  dégradée  dans  les  deux  sens. 

'         i'        ‱      I  Paquet  trùs  court,  faible  et  flou. 

(  43d6,2     \ 

43i4  ,4  7  TrÚs  courte,  fine,  semble  dégradée  vers  le  rouge;  est  attribuable 

aux  hydrocarbures. 
Courte  et  dégradée  surtout  vers  le  violet. 
TrĂšs  courte,  coĂŻncide  avec  une  bande  du  cyanogĂšne. 
TrĂšs  courte,  coĂŻncide  avec  une  bande  du  cyanogĂšne. 

Large  partie  Iloue  dégradée  du  cÎté  rouge. 

TrĂšs  courte  et  fine. 
Courte  et  floue. 

Partie  large  et  floue,  un  peu  dégradée  vers  le  rouge. 

Large  partie  floue. 

TrÚs  longue,  trÚs  intense  prÚs  du  noyau,  dégradée  vers  le  violet; 
est  la  bande  caractéristique  du  cyanogÚne. 
386,90         5  Longue;  est  la  bande  suivante  du  cyanogĂšne. 

w  Le  spectre  est  presque  identique  Ă   celui  de  la  comĂšte  b  i8g3  (Ror- 
dame)  qui  a  Ă©tĂ©  aussi  visible  Ă   l'Ɠil  nu  dans  la  mĂȘme  rĂ©gion  du  ciel  et  a 
été  observé  par  Campbell  à  l'observatoire  Lick. 

»   A  noter  les  parlicidarités  suivantes  : 

»  i"  Les  bandes  qui  composent  le  groupe  bleu  des  hydrocarbures  (^1  473) 
sont  séparées,  alors  que,  avec  la  plupart  des  comÚtes,  elles  apparaissent 


4299,0 

2 

4210,8 

3 

4193,0 

1 

j  4101, 4  j 

,/. 

j  4o63,3  t 

4 

4o52,2 

7 

4o43,2 

3 

S  4027,1  j 

0 

i   4ooS,i  ( 

3998,1 

J 

3985 , i 

388, 10 

10 

SÉANCE    DU     17    AOUT    tno3.  3()5 

confondues.  Le  mĂȘme  fait  avait  Ă©tĂ©  signalĂ©  dĂ©jĂ   dans  la  comĂšte  Rordame, 
et  avait  permis  d'affirmer  avec  une  certitude  plus  grande  la  présence  du 
spectre  des  hvdrocarbures. 

«  2°  La  bande  idtra-violette  >.  388  du  cvanogÚnc,  qui  est  la  plus  forte  du 
spectre,  et  la  suivante  1  38^  offrent  dans  leur  intervalle  nue  diminution 
brusque  de  lumiÚre,  qui  se  présente  seulement  dans  l'illumination  élec- 
trique du  gaz  aux  basses  pressions  et  n'apparaßt  pas  aussi  tranchée  dans  la 
combustion  du  gaz  cyanogĂšne  et  dans  l'arc  Ă©lectrique.  Ou  pourrait  en 
conclure  que  le  gaz  de  la  comÚte  est  illuminé  par  une  cause  d'ordre  élec- 
trique, et  cette  conclusion,  en  effet,  a  déjà  été  présentée  par  MM.  Hassel- 
berg  et  Vogel,  à  propos  de  certaines  particularités  des  bandes  lumineuses 
du  carbone  observées  dans  les  comÚtes  antérieures.  Mais,  d'autre  part,  des 
différences  sérieuses  apparaissent  :  les  hydrocarbures  et  le  cyanogÚne,  illu- 
minés électriquement  aux  basses  pressions  dans  nos  laboratoires,  donnent 
bien  le  spectre  cométaire  avec  ses  particularités,  mais  ils  donnent  en  plus, 
avec  une  intensité  notable,  le  spectre  de  lignes  de  l'hydrogÚne  et  le  spectre 
de  bandes  de  l'azote,  qui  ne  se  montrent  pas  dans  les  comĂštes.  C'est  ainsi 
que,  dans  les  épreuves  précédentes,  j'ai  cherché  vainement  la  bande  ^392, 
caractéristique  de  l'azote  aux  basses  pressions,  qui  est  la  bande  la  plus  forte 
de  l'aurore  boréale  terrestre.  Cependant,  les  théories  les  plus  récentes 
attribuent  Ă   la  mĂȘme  cause  la  lumiĂšre  de  l'aurore  borĂ©ale  et  la  lumiĂšre  des 
comĂštes. 

»  On  peut,  il  est  vrai,  concilier  dans  une  certaine  mesure  ces  résultats 
en  apparence  opposés.  I^a  cause  de  la  lumiÚre  cométaire  est  électrique, 
mais  faible;  elle  est  assez  intense  pour  illuminer  le  corps  composé,  mais 
insuffisante  pour  le  dissocier  (')  et  faire  naĂźtre  le  spectre  particulier  des 
composants,  hydrogĂšne  et  azote.  De  plus,  d'aprĂšs  les  trĂšs  belles  recherches 
de  MM.  Liveing  et  Devar,  l'apparition  des  bandes  du  carbone  telles  que 
>k388  est  considérée  comme  liée  à  la  présence  de  l'azote  (^);  or,  cette 
dépendance  est  trÚs. probable,  mais  non  absolument  certaine. 


(')  On  conçoit  que,  clans  la  comÚte,  les  conditions  d'illumination  soient  dilTérentes 
de  celles  du  laboratoire.  On  peut  admettre  que  les  gaz  cométaires,  tout  en  étant  illu- 
minés électriquement,  ont  une  température  trÚs  basse,  qui  gÚne  la  dissociation. 

(')  M.  Bertlielot,  d'autre  part,  a  remarqué  depuis  longtemps  déjà  que  les  bandes 
en  question  doivent  ĂȘtre  Ă©mises  non  par  le  cyanogĂšne,  mais  par  l'acide  cjaiiln'drique, 
6i  l'on  admet  la  présence  nécessaire  de  l'azote. 


396  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  3°  r.e  7  août,  le  spectre  cornélaire  a  été  pliotoß^raphié  entre  deux 
spectres  terrestres  de  comparaison,  ainsi  que  dans  les  recherches  spec- 
trales antĂ©rieures  sur  les  planĂštes  el  la  loi  de  leur  rotation.  Or,  de  mĂȘme 
qu'avec  les  planÚtes,  la  raie  cométaire  1388  a  été  trouvée  inclinée  légÚre- 
ment par  rapport  aux  raies  terrestres  voisines.  Les  différents  points  de  la 
comÚte  ont  des  vitesses  radiales  différentes  par  rapport  à  la  Terre.  Ces 
différences,  dans  le  cas  d'une  planÚte  ordinaire,  étaient  dues  à  sa  rotation, 
mais,  dans  le  cas  présent,  elles  ont  été  rapportées  à  la  force  répulsive 
émanée  du  Soleil  que  tous  les  auteurs  admettent  dejjuis  Kepler  pour 
expliquer  la  queue,  et  qui  éloigne  du  noyau  les  petites  particules  comé- 
taires  avec  une  vitesse  rapidement  croissante. 

))  En  effet,  la  fente  du  speclrographe,  comme  on  l'a  dit  plus  haut,  Ă©tait 
parallÚle  à  la  queue  cométaire,  qui  est  directement  opposée  au  Soleil  ;  elle 
contenait  le  noyau  et  une  partie  de  la  chevelure  du  cÎté  opposé  au  Soleil. 
Or,  d'aprĂšs  l'inclinaison  des  raies,  cette  derniĂšre  partie  de  la  comĂšte  se 
rapproche  plus,  ou  s'Ă©loigne  moins  delĂ   Terre  que  le  noyau;  de  plus, 
le  7  août,  la  position  de  la  comÚte  était  telle,  par  rapport  au  Soleil  et  à  la 
Terre,  que  la  force  répulsive  rapprochait  les  particules  de  la  Terre;  donc 
l'inclinaison  observĂ©e  peut  ĂȘtre  rapportĂ©e  Ă   la  rĂ©pulsion  solaire;  et  mĂȘme 
ĂȘtre  considĂ©rĂ©e  comme  une  vĂ©rification  expĂ©rimentale  de  cette  rĂ©pulsion. 

»  Sur  les  trois  épreuves  obtenues,  celle  du  7  août  est  la  seule  qui  offre 
les  spectres  de  comparaison  disposés  en  vue  de  la  recherche  des  mouve- 
ments intĂ©rieurs;  depuis,  le  mauvais  temps  persistant  a  arrĂȘtĂ©  toute  obser- 
vation nouvelle  et  d'ailleurs  la  comĂšte,  qui  se  meut  rapidement  dans  le 
ciel,  n'est  plus  visible  maintenant  que  trĂšs  bas  sur  l'horizon,  dans  des 
conditions  peu  favorables  à  la  photographie  spectrale.  Aussi  le  résultat 
expérimental  précédent  constaté  sur  une  seule  épreuve  et  son  interpré-: 
tation  sont  présentés  avec  de  grandes  réserves;  ils  sont  publiés  surtout 
pour  fournir  une  indication  utile  aux  astronomes  dont  les  stations  sont 
mieux  situées  que  la  nÎtre  pour  l'étude  de  la  comÚte  dans  la  seconde 
moitié  de  sa  course. 

»  Ce  premier  résultat  affermit  mes  convictions  antérieures  sur  l'utilité 
de  la  méthode  spectrale  dite  de  l'inclinaison  pour  la  reconnaissance  des 
mouvements  intérieurs  dans  les  astres  et  dans  les  comÚtes  en  particulier. 
TrÚs  probablement,  cette  méthode,  a[)pliquée  aux  comÚtes  dans  les  condi- 
tions les  plus  favorables,  avec  des  appareils  bien  appropriés  au  but,  per- 
mettra de  déceler,  d'une  part,  les  mouvements  dus  à  la  force  répulsive 


SÉANCE    DU    I-    AOUT    igoS.  ^97 

solaire  et,  d'autre  part,  la  rotation  de  l'astre  qui,  d'aprĂšs  certains  indices, 
se  ferait  autour  de  la  ligne  joignant  la  comĂšte  au  Soleil.  L'observation 
devra  Ă©lre  poursuivie  d'une  maniĂšre  continue  pendant  la  course  de  la 
comĂšte  prĂšs  du  Soleil,  la  fente  du  spectrographe  Ă©tant  parallĂšle  Ă   la  queue 
pour  l'étude  de  la  force  répulsive  et  perpendiculaire  à  la  queue  pour  la 
recherche  de  la  rotation. 

»  L'obstacle  principal  est  le  faible  éclat  de  la  comÚte  (le  noyau  étant 
mis  Ă   part);  d'oĂč  la  nĂ©cessitĂ©  d'appareils  astronomiques  et  spectraux  trĂšs 
lumineux,  et  aussi  peut-ĂȘtre  d'une  station  de  grande  altitude.  Dans  le  spec- 
trographe employé  par  nous,  le  rapport  de  l;i  partie  couverte  de  l'objectif  de 
la  chambre  Ă   la  distance  focale  Ă©tait  ~;  mais  on  pourrait,  pour  cette  chambre, 
comme  pour  l'appareil  astronomique,  atteindre  le  rapport  ^,  qui  assure 
cinq  fois  plus  de  lumiÚre.  D'autre  part,  comme  les  comÚtes  sont  en  général 
prĂšs  de  l'horizon,  les  stations  de  montagne  ont  des  avantages  Ă©vidents  sur 
les  stations  de  faible  altitude,  surtout  lorsqu'on  utilise  le  spectre  ultra- 
violet.  » 


ACOUSTIQUE.  —  Sur  le  phĂ©nomĂšne  aĂ©rodynamique  produit  par  le  tir 
des  canons  grĂȘlifuges.  Note  de  M.  J.  Violle. 

«  Le  tir  des  canons  contre  la  grĂȘle  donne  lieu  Ă   un  phĂ©nomĂšne  acous- 
tique curieux,  qui  m'a  immédiatement  frappé  par  l'analogie  étroite  qu'il 
présente  avec  certains  faits  caractéristiques  signalés  dans  mes  travaux 
antérieurs. 

))  A  la  détonation  proprement  dite  succÚde  un  long  sifflement  se  pro- 
longeant inégal  pendant  dix  à  quinze  secondes.  Ce  sifflement,  que  nos 
paysans  bourguignons  appellent  la  vibration,  est  pour  eux  le  signe  qui  a  la 
vertu  magiquede  disperser  les  orages,  de  faire  taire  le  tonnerre,  de  conjurer 
la  giĂȘle. 

»  Sans  chercher  pour  le  moment  ce  qu'il  peut  y  avoir  de  vrai  dans  cette 
vertu  si  désirée,  je  veux  m'attacher  uniquement  au  phénomÚne  aérodyna- 
mique trÚs  intéressant  qui  se  produit  dans  ces  circonstances  et  que  j'étudie 
depuis  quelque  temps  déjà.  Je  me  bornerai  aujourd'hui  à  ce  que  révÚle 
l'observation  immĂ©diate  par  l'Ɠil  et  par  l'oreille,  sans  l'emploi  d'aucun 
appareil.  A  l'oreille,  premier  bruit  du  coup  mis  Ă   part,  semble  siffler  une 
fusée  d'artifice  :  nature  et  variations  du  son  qui  procÚde  par  saccades,  sui- 


3q8  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

vant  une  trajectoire  irréguliÚre,  rappellent  le  sifflement  d'une  fusée  lancée 

en  l'air. 

))  Le  canon  grclifuge  lance  effectivement  un  projectile,  bien  qu'il  ne  soit 
chargé  qu'à  poudre  (à  la  dose  d'une  centaine  de  grammes  seulement). 
GrĂące  Ă   la  superposition  d'un  vaste  cĂŽne  en  tĂŽle  qui  lui  donne  l'aspect  d'un 
Ă©norme  tromblon,  il  se  trouve  Ă   mĂȘme  d'envoyer  presque  Ă   chaque  coup, 
6n  dehors  d'une  masse  gazeuse  qui  peut  ĂȘtre  lancĂ©e  Ă   grande  distance, 
une  belle  couronne  de  fumée,  en  forme  de  tore,  semblable  à  celle  que  sait 
produire  un  fumeur  habile,  qui  s'Ă©lĂšve  dans  l'atmosphĂšre,  plus  ou  moins 
chassée  par  le  vent,  tandis  que,  comme  l'on  sait,  les  particules  compo- 
santes roulent  sur  elles-mĂȘmes  et  autour  de  l'axe  circulaire  de  la  couronne, 
le  mouvement  sur  chaque  section  droite  à  l'intérieur  de  l'anneau  étant  de 
mĂȘme  sens  que  le  mouvement  de  translation.  C'est  Ă   l'existence  de  ce 
remarquable  projectile  gazeux  qu'est  lié  le  sifflement  jjrolongé  qui  frappe 
l'oreille  et  qui  se  rattache  manifestement  aux  principes  développés  si 
heureusement  par  M.  le  commandant  Charbonnier,  et  si  nettement  mis  en 
évidence  par  notre  savant  ConfrÚre  M.  le  général  Sebert  dans  la  derniÚre 
séance  de  l'Académie. 

»  Il  importe  d'en  étudier  avec  soin  les  diverses  circonstances,  ainsi  que 
je  l'ai  entrepris.  » 

CHIMIE  AGRICOLE.  —  Exemples  d'analyse  mĂ©canique  des  sols. 
Note  de  M.  Tu.  SchlƓsixg  pùre. 

«  Je  me  propose  de  présenter,  dans  cette  Note,  des  exemples  de  l'ana- 
lyse mécanique  des  sols  telle  que  je  la  pratique,  depuis  que  j'ai  adopté  le 
procédé  de  classement  des  sables  fins  décrit  dans  deux  Notes  antérieures. 

))  On  a  l'habitude,  dans  plusieurs  laboratoires  de  chimie  agricole,  de 
prélever  des  échantillons  destinés  aux  analyses  sur  une  provision  de  terre 
sÚche  et  pulvérulente,  qui  a  traversé  le  tamis  conventionnel  à  mailles 
de  i""°.  C'est  une  pratique  à  laquelle  j'ai  renoncé,  aprÚs  avoir  reconnu  que 
je  n'arrivais  jamais  Ă   tirer  d'un  mĂȘme  flacon  deux  Ă©chantillons  identiques. 
De  quelque  nature  que  soit  la  terre,  je  commence  par  la  sécher  ;  j'en  pÚse 
i''e  que  je  délaye  dans  l'eau  ordinaire;  le  tout  est  jeté  sur  un  tamis,  au- 
dessus  d'une  terrine.  Le  tamisage  se  fait  ainsi  sans  broyage,  les  matériaux 
restés  sur  le  tamis  sont  pesés  aprÚs  lavage  et  dessiccation;  leur  poids,  dé- 
duit de  i''B,  fera  connaĂźtre  le  poids  de  la  terre  fine  et  sĂšche. 


SÉANCE  DU   ïT  AOL r  igo3.  3^9 

"  Tous  les  éléments  qui  ont  traversé  le  tamis  se  rassemblent  rapidement 
au  fond  de  la  terrine.  AprÚs  décantation  du  liquide  éclairci,  le  dépÎt  est 
transvasé  dans  une  large  capsule  et  soumis  à  l'action  ménagée  de  la  chaleur. 
Un  moment  vient  oĂč  il  forme  une  pĂąte  qu'on  peut  manier  sans  qu'elle 
adhĂšre  aux  doigts.  Alors  on  la  corroie  jusqu'Ă   ce  qu'elle  soit  bien  homogĂšne, 
on  l'emmagasine  à  l'abri  de  la  dessiccation.  Ses  éléments,  intimement 
mĂȘlĂ©s,  ne  pourront  plus  se  sĂ©parer,  et  l'on  sera  certain  que  tous  les  Ă©chan- 
tillons qu'on  en  tirera  auront  rigoureusement  la  mĂȘme  constitution. 

»  Depuis  que  M.  P.  de  Mondésir  a  fait  connaßtre  son  excellent  calcimÚlre, 
je  dose  le  calcaire  fin  et  grossier  Ă   part  avec  son  appareil,  et  n'ai  plus  Ă   m'en 
occuper  au  cours  de  l'analyse  mécanique,  ce  qui  permet  de  traiter  immé- 
diatement par  l'acide  nitrique  étendu  l'échantillon  destiné  à  cette  analyse, 
sans  prendre  la  peine  de  le  délayer  lentement  dans  l'eau,  selon  l'ancien 
usage. 

»  La  terre  est  ensuite  lavée  sur  fdtre  avec  l'acide  au  milliÚme,  puis 
transvasée  dans  un  flacon  et  mise  en  digestion  avec  de  l'eau  ammoniacale, 
aprĂšs  quoi  elle  est  prĂȘte  pour  l'analyse;  celle-ci  commence  par  la  çépa- 
ration  du  sable  grossier,  opérée  à  l'aide  de  lavages  suivis  de  décantations  ; 
ce  qui  reste  à  faire  a  été  décrit  en  détad  dans  la  Note  qui  précÚde  celle-ci. 

Preuier  exemple.  —  Terre  du  domaine  des  Grands-Champs,  prùs  le  Chñtelet-en-Brie, 
pour  100  parties  de  terre  tamisĂ©e  et  sĂšche.  Sable  grossier  .‱  3i ,  56. 

Poids 

des 

dépÎts  successifs. 

D| 22,23  pour  I  GO  S, 


D-2 8,67  ..  s,. 

D3 6,87  >i  83 

D; 4,89  »  S,. 

Dj 3, 5i  »  S5. 

De 2,54  »  Se. 

D, 1 ,95  »  S7. 

I>8 1,49  »  Ss . 

Dg I    >  29  »  S9  . 


Poids 

des 

Ăźbles  fins. 

l3,58  po 

Lir  100 

10,47 

» 

8,85 

» 

6,28 

» 

4,47 

» 

3,  i3 

» 

2,4l 

H 

';% 

)) 

1,21  (extrapolé) 

D 


3,46  52,09 


Il  On  remarquera  que  le  total  des  dépÎts  D,,  Do,  .  .  .;  dépasse  celui  des  S,,  Sj,  .  .  .. 
il  en  doit  cUe  ainsi,  puisque  les  dépÎts  J.'i,  Do,  .  .  .  contiennent  des  éléiuenls  argi- 
leu.\  que  le  calcul  proscrit  des  sables  S,,  So,   .  .  .  ;  le  poids  de  ces  éléraenls  est  la  diffé- 


4oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

reiice  entre  le  total  des  dĂ©pĂŽts  et  celui  dessables,  et  devra  ĂȘtre  ajoutĂ©  au  poids  d'argile 
dosé  dans  le  liquide  extrait  de  l'allonge. 

Le  dosage  de  l'argile  dans  ce  liquide  m'a  donné i3,45  pour  loo 

Ajoutant  la  diffĂ©rence  53,46  —  62,09,  "" '  '^7         » 

On   a  pour  l'argile  totale 14,82  m 

»  On  voit  que  la  terre  des  grands  champs  est  trÚs  meuble;  car,  pour  une  proportion 
trÚs  modérée  d'argile,  elle  contient  3i,56  pour  100  de  sable  grossier,  et  de  plus  la 
somme  des  trois  premiers  termes  de  la  série  des  sables  fins  Si,  S^,  S3,  s'élÚve  à 
32,90  pour  100. 

»  D'aprĂšs  des  expĂ©riences  rapportĂ©es  dans  ma  Note  du  29  juin,  l'argile,  fĂčt-elle  trĂšs 
abondante,  ne  doit  pas  gĂȘner  la  chute  des  sables  fins.  Il  Ă©tait  utile  de  donner  de  ce  fait 
une  preuve  décisive.  A  cet  effet,  l'allonge  a  été  remplie  de  nouveau  avec  le  délayage 
d'un  second  Ă©chantillon  de  terre  de  mĂȘme  poids  que  le  premier  et-prĂ©parĂ©  de  la  mĂȘme 
façon.  Mais,  au  lieu  de  recueillir  les  dépÎts  successifs,  on  les  a  laissés  s'accumuler  au 
fond  de  l'allonge  pendant  21  heures  20  minutes,  durée  de  l'analyse  précédente;  puis, 
on  a  décanté  le  liquide  argileux,  le  plus  possible,  sans  entamer  le  dépÎt;  aprÚs  quoi 
celui-ci  a  été  remis  en  suspension  dans  un  volume  d'eau  pure  légÚrement  ammoniacale 
égal  au  volume  du  liquide  argileux  décanté;  on  a  procédé  alors  à  l'analyse.  Dans  cette 
nouvelle  opération,  les  sables  étaient  égaux  en  quantités  et  en  dimensions  à  ceux  de  la 
premiĂšre;  seulement  leur  chute  avait  lieu  au  sein  d'un  liquide  qui  ne  contenait  plus, 
en  éléments  argileux,  que  ceux  qui  s'étaient  précipités  avec  ces  sables  pendant  le  repos 
de  21  heures  20  minutes. 

»  Voici  les  résultats  de  cette  épreuve.  Je  reproduis  à  cÎté  des  poids  des  sables  ceux 
qu'a  donnés  la  premiÚre  analyse,  afin  de  faciliter  les  comparaisons  : 


Poids 

des 

Poids 

Poids 

sables  fins 

des 

des 

de  la 

d( 

ipiMs  successifs 

sables  (ins. 

1"  expérience. 

D,... 

22,  3o 

pour  loo 

S,.. 

.      i3,68  p( 

Dur  100 

i3,58  pour  100 

D,... 

8,62 

» 

s,.. 

10,  3j 

)) 

10,47 

» 

D3.. 

6,89 

» 

S3.. 

‱       8,91 

)) 

8,8.5 

» 

D,... 

4,87 

0 

s^.. 

‱       6,37 

>) 

6,28 

a 

B,... 

3,3; 

» 

S5.. 

.       4,37 

» 

4,47 

)} 

Do... 

2,37 

» 

s«.. 

3 .02 

» 

3, .3 

» 

D,... 

1,72 

» 

s,.. 

2,17 

» 

2,4o 

u 

Ds... 

'.27 

» 

s«.. 

1,70 

)) 

1,69 

H* 

D,... 

o,84 

» 

Se-. 

1 ,3o 

‱>) 

1,21 

)) 

62,25  61,87  62,09 

»  Dans  les  expériences  de  ce  genre,  on  ne  peut  demander  une  concordance  plus 
grande.  La  présence  de  l'argile  n'a  donc  pas  exercé  d'influence  sur  le  classement  des 
sables  fins,  et  son  élimination  préalable  serait  une  complication  inutile. 

»  Pour  doser  l'argile  dans  la  deuxiÚme  analyse,  il  faut  l'extraire  de  deux  liquides  ; 


SÉANCE    DU    17    AOUT    190.3. 


4oi 


celui  d'oĂč  les  sables  se  sont  dĂ©posĂ©s   une   premiĂšre  fois,  et  celui   qui  a  servi  Ă   les 

classer. 

Dans  le  premier  liquide,  j'ai  trouvé 18,73  d'argile 

Dans  le  deuxiÚme       »  »  0,94       " 

Total i4;67       )) 

La  premiÚre  analyse  avait  donné i4i82        » 

»  En  présentant  des  exemples  d'analyse  mécanique  avec  classement  des 
sables  fins,  j'ai  pour  but  essentiel  de  montrera  la  fois  que  l'argile  n'inter- 
vient pas  dans  ce  classement,  et  que  des  analyses  d'une  mÎme  terre  répé- 
tées dans  des  conditions  différentes  donnent  des  résultats  concordants,  ce 
qui  confirme  l'exactitude  de  la  méthode.  Aussi  pour  abréger,  je  mettrai 
tout  de  suite  en  regard,  dans  les  Tableaux  que  je  veux  encore  produire,  les 
nombres  fournis  par  deux  analyses  exécutées  l'une  en  présence,  l'autre  en 
l'absence  de  l'argile. 


DeuxiĂšme  exemple. 


Terre  du  domaine  de  Galande,  par  Moissy-Cramayel,  en  Brie, 
pour  100  parties  de  terre  tamisée  et  sÚche. 


I.  —  Argile  prĂ©sente. 
Sable  grossier i4,  i3  pour  100. 


D,. 
D,. 
D3. 
D4. 
DĂŽ- 

De. 

D,. 
D,. 
D,, 


34 ,38  p.  100       S, . , 


12,o4 

8,59 
5,48 
3,46 
2,38 
1,63 
1 ,26 
1 ,  16 

70,38 


S,., 
S3.. 
S,.. 

s,.. 

Se.. 

S,.. 

s,.. 


22,36  p.   100 

'5,49 
1 1 ,  70 

7,5o 

4,54 

3,i3 

2,00 

1,36 

o>97 


69,05 


Argile  dans  le  liquide  de  l'allonge.  i5,i7 

Dans  les  dĂ©pĂŽts  D  :  70,80  —  6g, o3.  1,27 

‱  

Total 16,44 


II.  —  Argile  Ă©liminĂ©e. 

Sable  grossier 14,28  pour  100. 

I),..     34,67  p.  100       Si..     22,68  p.  100 
1  ) , . 


D,.. 
Di., 
D... 

r>o  ‱  ‱ 
I),.. 

D,.. 


‱'.99 
8,. 56 

5,37 

3,39 

2,27 

1 ,53 

1 ,  10 

_o_,_77 

69,65 


S,. 
S3. 
S4. 

S5. 

Se. 
S,., 

S,.. 
S,.. 


l5,42 

11,75 

7,35 
4.5. 
3,0. 

1,96 
1,43 
i,o4 

69,15 


Argile  dans  le  liquide  de  l'allonge. 
Dans  le  liquide  de  l'analyse 


l5,02 

','4 


Total 16,16 


»  Ces  analyses  montrent  encore  que  l'argile  n'apporte  aucun  trouble  dans  le  classe- 
ment des  sables  fins;  quant  à  la  terre  qui  en  a  été  l'objet,  on  peut  conclure  des  nombres 
ci-dessus  qu'elle  est  encore  assez  meuble,  bien  qu'elle  ne  contienne  que  i4,  i5  pour  100 
de  sable  grossier;  mais  les  premiers  lots  des  sables  fins,  qui  se  rapprochent  bien  plus 
du  sable  grossier  que  des  sables  argileux,  donnent  un  total  de  49,55  pour  100. 
C.  R.,   1903,   2"  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  7.)  5.3 


402 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


Troisiùme  exemi'ij;.  —  Terre  de  Lacauau  {Giroruk),  trùs  argileuse  et  conlenaiit 
']  pour  loo  de  calcaire.  Pour  luo  parties  de  terre  tamisée  et  sÚche. 


I.  —  Aiyilc  prĂ©sente. 
Sable  grossier i 


D,.. 

6,5i  p 

D,.. 

5,  ■?() 

D3.. 

G, 8a 

D,.. 

6,98 

D,.. 

6,07 

De.. 

5,17 

D,.. 

4,09 

D,.. 

3,71 

D,.. 

3,82 

100 


s, 
s, 
s, 

s,., 
S7 
s» 
s, 


85 


I ,22  p.  100 

3,76 

6,66 

7>89 

fi,  97 
6,2.5 

3,60 
2.90 


48,40 


43,72 


Argile  dans  le  liquide  de  l'allonge.     4o  >  36 
Dans  les  dĂ©pĂŽts  D  :  48,46  —  43,72  .       4,74 

Total 4-5,  i<) 


11.  - 

-  Aigi 

le  éliminée. 

Sable  grossier 

.     «,75 

D,.. 

.     6,33  p. 

lOO 

S,.. 

1 ,01  p.  100 

D.,.. 

.      5,32 

s,.. 

3,98 

D,.. 

.      6,66 

s,.. 

6,46 

D;.. 

.     6,86 

S4.. 

7,88 

Dj. . 

.     5,84 

S5.. 

6,91 

D,.. 

‱     4,77 

Se.. 

5,84 

D,.. 

■     3,70 

S,.. 

4,38 

D,.. 

.     3,03 

s,.. 

3,70 

Do.. 

.        2,34 

s,.. 

3,00 

^4,84 


43,ifi 


Argile  dans  le  liquide  de  l'allonge.  40,45 

Dans  le  liquide  de  l'analyse 3,29 

Dans  les  dépÎts  D:  44,84  -  43,16.  1,68 

Total 45,42 


»  Les  poids  des  diverses  catégories  de  sables  fins  sont  encore  ici  concordatits, 
malgré  une  proportion  d'argile  trÚs  considérable. 

w  Dans  cette  leire  de  Lacanau,  tout  concourt  Ă   produire  une  extrĂȘme  compacitĂ©  :  la 
proportion  du  sable  grossier  est  trÚs  faible  ;  les  premiÚres  catégories  de  sable  fin 
donnent  un  total  peu  important,  pendant  que  les  derniÚres  gardent  presque  l'égalité 
avec  elles;  enfin  l'argile  atteint  la  proportion  de  45  pour  100. 

»  J'ai  analysé  plusieurs  autres  terres,  entre  autres  celle  dé  Joinville- 
le-Pont,  eKlrĂȘmement  sableuse;  une  terre  de  lande,  remarquable  par  une 
proportion  considérable  de  sable  trÚs  fin  ;  une  terre  du  département  de 
l'Aisne,  qui  contient  l'Ă©nonne  proportion  de  55  pour  100  d'argile;  ces 
analyses  ont  montré,  comme  les  précédentes,  que  le  classement  des  sables 
fins  réalisé  par  ma  nouvelle  méthode  fournit  d'utiles  renseignements  sur 
la  nature  des  sols,  et  que  la  présence  de  l'argile  n'apporte  aucun  trouble 
dans  ce  classement.  » 


SÉANCE  DU  17  AOUT  l9o3.  4oi 


CORRESPONDANCE. 

MÉCANIQUE  ANALYTIQUE.  —  Sur  le  rapporl  des  travaux  de  S.  Lie  à  ceux 
de  Liuuville.  Noie  de  M.  N.  Sai.tykow,  présentée  par  M.  Appell. 

«  Dans  la  Noie  qui  va  suivre,  je  reprends  les  résullats  obtenus  dans 
ma  Note  précédente  sous  un  point  de  vue  plus  général  appartenant  à  J. 
Liouville. 

>i   Considérons  l'équation 

(i)  p,  -+-H(a-,,a-, ,x^,p,,pj /?„)  =  0, 

et  le  systĂšme  canonique  correspondant 

(2)  ~-/^  = ,         -5^= Ăź (r=  I,  2,  ..  .,/2  -  i)- 

»  On  simplifie  le  problÚme  si,  au  lieu  d'une  intégrale  complÚte  de  S.  Lie 
de  classe  c/  pour  l'Ă©quation  (i),  on  ne  considĂšre  que  n  —  i  intĂ©grales  en 
involution  du  systĂšme  (2) 

(3)  FJx,,x.,,  ...,x„,po.,p3,  ..  ■,pa)  =  /-',  (5=1,2 n  —  i), 

donnant  q  relations  liant  les  variables  x,,x..,  ....  x^.  En  effet,  la  n'"^'  Ă©qua- 
tion contenant  la  variable  z,  dont  l'ensemble  avec  les  Ă©quations  (r)  et  (3) 
représente  l'intégrale  de  S.  Lie,  s'obtient  par  une  quadrature  ('). 


(')  Supposons,  en  effet,  que  les  Ă©quations  (1)  et  (3)  donnent 

a.-„_,+,=  'i,(x,,  j:-2,  .  .  .,x„_,,  Z>,,  b,.  .  .  .,  6,,^,)  ((‱=:[,  2,  .  .  .,q), 

Pk  =  ^k{-ei,  Xi,  .  .  .,  x„_,„  pn-q^u /'«>*!.  ‱  ‱  ‱'  ^«-1)  (^=1,2,  .  .  .,  n     -  /-/). 

On  voit  aisément  que  les  fonctions  'l'A-  ont  la  forme  suivante 


les  fonctions  A/^.  vérifiant  les  relations 


<^A,-  ^  ÔK, 
dxt       dxi. 


4o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Or,  il  est  ici  nécessaire  de  constater  Iç  fait  que  la  priorité  de  traiter 
des  intégrales  en  question  revient  à  J.  Liouville,  qui  a  démontré  l'impor- 
tant théorÚme  suivant  : 

»  Étant  donnĂ©es  n  —  i  intĂ©grales  en  involution  quelconques  du  systĂšme 
canonique  (2),  son  intégrale  générale  s'obtient  par  une  quadrature. 

»  Effectivement,  dans  son  article  :  Noie  sur  l'intégration  des  équations 
différentielles  de  la  Dynamique  présentée  au  Bureau  des  Longitudes  le 
■2g  Juin  i853  (Journal  de  Liouville,  t.  XX,  i855,  p.  137),  en  donnant  les 
formules  relatives  aux  intégrales(3)  résolubles  par  rapport  à.  p.,,  p^,  . .  -,  p,n 
J.  Liouville  annonce  que,  dans  ses  Leçons  au  CollÚge  de  France,  il  a  donné 
de  longs  dĂ©veloppements  sur  la  mĂȘme  question  pour  le  cas  oĂč  la  der- 
niÚre condition  n'était  plus  satisfaite.  Ce  point  important  est  étudié  dans  la 
ThÚse  de  A.  Lafon  :  Sur  l'intégration  des  équations  différentielles  de  la  Méca- 
nique; Paris,  1854.  Les  résultats  en  question  s'interprÚtent  aisément 
comme  il  suit  :  Les  équations  (3)  étant  résolubles  par  rapport  à/70,^3,  ..., 
/>«  y.  ^n-ç+i.  ‱‱■,  a',,,  mettons  le  systĂšme  (2)  sous  la  forme  d'un  nouveau 
systĂšme  canonique 


I    Cij\  dpi;  Ctj\  ÔXn-,,^i 

(4) 


(X-=2,3,  ...,n  —  q). 


^.  ^  _   an  ^  d.v„_,+i  ^ àH  (i  =  i,n,  ...,q). 

dx^  àxu  dxi  d{— p„-q+i)      ^ 

»   En  vertu  des  Ă©quations  (3),  formant  de  mĂȘme  un  systĂšme  des  intĂ©- 
grales en  involution  par  rapport  au  systĂšme  (4),  la  relation 

f/s'  =  /j,  dx^  -I-..  .-\-pn-iidXn_,i—  x„_^+,  dpn_^^^—...—  x„dpn 

est  une  différentielle  exacte,  dont  l'intégrale  s'obtient  par  une  quadrature 

Z     =     \(X  1^,     X2,      ‱    .    .,     >3?,;_y,    /J„_y+|   ,      .    .    .,   P,t,     Of,     «2'      ‱    ‱    ‱■>     ^>l-i   )     '^    ^n' 

pour  tous  les  indices  A,  /  de  i  Ă   11  —  q.  11  en  rĂ©sulte  donc  immĂ©diatement  que  TintĂ©grale 

n-,j 

\/,.dx/,~i-  b„, 


-f^ 


h„  Ă©tant  une  constante  arbitraire,  jointe  aux  Ă©quations  (3),  dĂ©finit  l'intĂ©grale  com- 
plĂšte de  S.  Lie  en  question. 


SÉANCE    DU    17    AOUT    1908 .  4o5 

h^  étant  une  constante  arbitraire  et  le  déterminant  fonctionnel 

\  h,,  à,,   ...,  b„_^  / 

ne  s'anniilant  pas.  Cela  étant,  l'intégrale  générale  de  tous  les  deux  sys- 
tĂšmes (2)  ou  (4)  est  dĂ©finie  par  les  mĂȘmes  formules 


_    (A  ^Y  /^=2,  3, 

"^t  Opn-q+i  \l    =    I,    2. 


/< 


('6)  /  "-''■-  <Jl'n-q+i  \l    =1,2.    ...,q 

(  ^^""^  (^  =  1,2..  ..,«-!). 

»  La  théorie  développée  présente  l'avantage  de  traiter  la  question  sous 
une  forme  tout  à  fait  générale,  en  s'affranchissantdes  restrictions  de  S.  Lie 
relatives  aux  intégrales  (3). 

»  En  effet,  pour  passer  des  intégrales  en  involution  (j)  quelconques  à 
l'intégrale  générale  du  systÚme  (2),  il  nous  appartient  dÚs  à  présent  le 
choix  des  variables />«,  p^,  . .  .,  Ɠ^,  x?^,  . . . ,  de  diffĂ©rents  indices  a,  p,  . . .,  y, 
S,  ...,  par  rapport  auxquelles  il  est  le  plus  avantageux  de  résoudre  les 
équations  (3),  afin  d'éviter  les  difficultés  qui  peuvent  s'y  présenter.  Il  va 
sans  dire  aussi  que  les  foruudes  indiquées  dans  notre  Note  précédente  : 
Sur  les  relations  entre  les  intégrales  complÚtes  de  S.  Lie  et  de  Lagrange,  ne 
représentent  qu'un  cas  particulier  des  formules  (6). 

»  S'il  s'agit,  enfin,  d'une  intégrale  complÚte  de  Lagrange  de  l'équa- 
tion (  i),  on  tire  immédiatement  du  systÚme  (6)  les  équations  nécessaires 
pour  former  l'intégrale  requise.    » 


ANALYSE   MATHÉMATIQUE.   —    Les  fonctions  entiĂšres  d'ordre  zĂ©ro. 
Note  de  M.  Edm.  Maillet,  présentée  par  M.  C.  Jordan. 


«  Soit  (  '  ) 

(0  ?.(^)=i 


e/c{m)    ^P     ‱^ 


('  )  Pour  la  notation,  voir  notre  Communication  du  9  février  igoS,  p.  348  :  e^  {x)^a;. 
ei(^)  =:e-«,  e,{j:)  =  ÂŁ=.(‱*',   ...  ;  logo.2;  —-Jc,  logi*-  =  logj?,  log,a,-  =  loglog,j,', 


4o6  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

oĂč  t  peut  ĂȘlre  pris  aussi  petit  qu'on  veut  dĂšs  que  m  est  assez  grand  et  p  fini. 
Pour  /{  =  G,  (p,  (.r)  est  une  fonction  entiĂšre  d'ordre  fini  p  ;  pour  ^- >  i ,  o,  (.r) 
est  une  fonction  entiÚre  à'ordre  zéro  (au  sens  de  M.  Borel). 

»  Avec  cette  notation,  la  catégorie  des  fonctions  entiÚres  d'ordre  zéro 
apparaĂźt  comme  aussi  Ă©tendue  que  celle  des  fonctions  entiĂšres  d'ordre  fini 
ou  infini.  Nous  avons  essayé  d'en  esquisser  une  classification. 

»   Posons 

^      ^     ^  =E(;.r,>i',  p). 
e/,(m)  ? 

»   DĂ©/ĂźnĂčion.  —  i"  Soit  ^  =  i.  Si  l'on  a,  quel  que  soit  |,r|  =  r, 

M,.<E(r.  i.p  +  ÂŁ), 

Mr  Ă©tant  le  maximum  du  module  d'une  fonction  entiĂšre  '^(-v)  pour  |a;  |  =  r, 
et  £  tendant  vers  zéro  quand  r  croßt  indéfiniment,  et  si,  pour  une  infinité 
de  valeurs  de  r  indéfiniment  croissantes 

M,,  =  E(/-.  i,p-ÂŁ,) 

(e,  analogue  Ă   e),  nous  dirons  que  <p(a;)  est- d'ordre  (o,  i.p). 
»   2°  Soit^>i.   Si  l'on  a,  quel  que  soit  I a;  I  =:  r, 

M,<E(/-,X-,  p  +  e) 

pour  une  valeur  finie  de  p;  et  si,  pour  une  infinité  de  valeurs  de  r  indéfi- 
niment croissantes, 

M,>E(/-,/l-.p-ÂŁ,), 

nous  dirons  que  <p(a;)  est  d'indice  k. 

»  En  suivant  la  mĂȘme  marche  que  pour  les  fonctions  entiĂšres  d'ordre 
fini  ou  infini  non  transfini,  nous  avons  obtenu  les  résultats  suivants  : 

»   I.   La  série 

(2)  q(x)  ^^a„,x"\ 

0 

OÙ,  dĂ©s  que  m  dĂ©passe  une  certaine  limite  a  finie,  les  termes  sont  tels  que 


(3)  \a„\<e 

a  son  module  au  plus  Ă©gal  Ă  


1        r-r-^  loi;  I  a- 1 

\x\   * 


SÉANCE    DU    17    AOUT    igoS.  407 

(lés  que  |  a;  |  dépasse  une  ceriaine  limile  finie  ç  (e,  s,  Jinis,  positifs,  aussi  petits 
qu'on  veut,  pourvu  que  [j.  et  1,  soient  choisis  sujjisamment  grands). 

»   II.    Tout  étant  posé  comme  ci-dessus,  s'il  y  a  dans  la  série  (2)  une  infinité 
de  valeurs  de  m  telles  que 

(4)  |««|=e         ‱        , 

c  est-à-dire  si  cp(a')  est  d'ordre  (o,  1,  pj,  d  y  a  une  infinité  de  valeurs  de  x 

telles  que,  pour  \x\=^r, 

1      i'-i 

V^  m     ->    — r-lug'' 


»  III.  DÉFINITION.  —  Sij  pour  r=^\x\'^\,  on  peut  trouver  un  nombre  ç 
fixe  tel  que 

r^'"'-<m^<^^"'''\ 

quel  que  soit  x,  nous  dirons  que  la  fonction    <p(a;)  =  V  rt„,a;"'  est  d'ordre 

0 
(o,  I,  p)  et  à  croissance  réguliÚre.  Sinon  la  fonction  a  sa  croissance  irré- 
guliĂšre. 

»   IV.   Tout  étant  posé,  comme  dans  I  et  II,  soient  m,,  m.,  (m^ ^m^)  deux 
indices  de  coefficients  «,„  satisfaisant  Ă   (4),  aucun  coefficient  a,„  d'indice  com- 

pris  entre  m,  et  m.,  ny  satisfaisant.  Si  lini — =  =  i,  quand  m,   croit  indĂ©fini- 
ment, f(x)  a  sa  croissance  réguliÚre. 

»   Quand  ^"  >  1 ,  les  résultats  que  nous  avons  obtenus  sont  moins  précis  : 

)i    V.   La  série 


(ibis)  f^{x)=yit,„.i-"', 


oĂč,  dĂšs  que  m  dĂ©passe  une  limite  finie  a,  les  termes  sont  tels  que 

I  «,«!=«*(/«)  !"       ' 

a  son  module  au  plus  égala  r('"^^')'°^*''  pour  \x\^=  r,  dÚs  que  r  dépasse  une 
certaine  limile  finie  E. 

»    VI.    Tout  étant  posé  comme  ci-dessus  (V),  s'il  ^'  a  dans  la  série  (a  bis) 
une  infinité  de  valeurs  de  m  telles  que 

\a,n\=ei,{m)        '■     \ 


4o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

c'est-à-dire  si  9(^)  est  d'indice  k,  il  y  a  une  infinité  de  valeurs  de  x  telles  que. 


pour  \x\^  r. 


y.  a,, 


>    ..{I  -E)l0g;/- 


»  Toutes  ces  propriétés  s'étendent  de  suite  aux  fonctions  monodromes 
aux  environs  d'un  point  singulier  essentiel  isolé. 

»   Il  Y  a  des  fonctions  d'ordre  o  et  d'indice  infini;  exemple  :  V 


0 

leur  module  maximum  pour  |a;|  =  r,  assez  grand,  est  plus  grand  que  celui 
de  tout  polynÎme  et  plus  petit  que  t-'"»^'',  si  grand  que  soit  l'entier  k,  au 
moins  aux  environs  de  cerlames  valeurs  de  /‱. 

»  Il  reste  à  étudier  les  modules  des  racines  des  fonctions  entiÚres 
d'ordre  o.  A  cet  égard  nous  avons  indiqué  déjà  quelques  résultats  à  pro- 
pos des  fractions  quasi-algébriques  (')  qui  sont  des  fonctions  entiÚres 
d'ordre  o.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  intĂ©grales  de  Fourier-Cauchy . 
Note  de  M.  Caiu.  Stormer. 

((  Dans  une  Communication  publiée  récemment  (-),  j'ai  donné  un 
résumé  de  quelques  résultats  que  j'ai  obtenus  dans  la  théorie  des  inté- 
grales définies  à  n  dimensions  contenant  des  paramÚtres,  et  qui  seront 
l'objet  d'un  MĂ©moire  plus  Ă©tendu. 

»  Comme  application,  j'ai  traité  une  classe  d'intégrales  définies  qu'on 
peut  convenablement  ap|jeler  intégrales  de  Fourier-Cauchy  et  qui  ont  des 
propriétés  remarquables,  dont  quelques-unes  ont  déjà  été  indiquées  par 
Cauchy  {'"). 


(')  Comptes  rendus,  1901,  3"  seni.,  p.  98g,  et  Journal  de  l'Ecole  Polyteclini(jue, 
1903. 

(-)  Videnskabs-Sehkabels  Skrifter,  I.  Malli.  nalurv.  klasse,  1908,  n"  k,  Chris- 
tiania. 

(^)  Voir  Mémoire  sur  l'intégration  des  équations  linéaires  au.r  di (férences  par- 
tielles et  Ă   coefficients  constan/s.  par  M.  A.Caucuy  {Journal  de  l'Ecole  royale  poly- 
technique. Cahier  XIX,  iSaS,  p.  5ii,  etc.). 


SÉANCE    DU    17    AOUT    rpoS.  /jog 

»  Ayant  complété  depuis  en  certains  points  mes  résultats,  je  me  permets 
d'en  donner  ici  un  court  résumé. 

»  Soient  n  variables  rĂ©elles  ÂŁ,,  ^j,  ...,  ç„  assujetties  Ă   appartenir  Ă   un 
domaine E,  bornĂ©,  parfait  et  mesurable;  soit/(Ei,  i-i,  ■‱‱,  ^„)  une  fonction 
réelle  de  E,,  Eo,  ..-,  E«  ayant  une  valeur  bien  déterminée  pour  tout  point 
(El,  ‱‱.,  E„)  Ă   l'intĂ©rieur  de  E  et  qui  est  bornĂ©e  et  intĂ©grable  pour  tout 
domaine  parfait  et  mesurable  E'  intérieur  à  E  et  sans  point  commun  avec 
sa  frontiÚre.  Supposons,  de  plus,  l'existence  de  l'intégrale  définie  généra- 
lisée Se/(E),  e,,  ...,  'in)de  dans  le  sens  de  M.  Jordan  (  '  ). 

»  Cela  posĂ©,  soient  «  autres  variables  rĂ©elles  a,,  y..,,  ...,  a„  assujetties  Ă  
recevoir  toutes  les  valeurs  réelles  possibles  et  désignons  par  D  le  domaine 
infiniment  grand  constituĂ©  par  tous  les  points  (a,,  ao,  ...,  a„)  ;  D  sera,  en 
d'autres  termes,  l'espace  Ă   n  dimensions.  DĂ©signons  ensuite  par  DE  le 
domaine  à  in  dimensions  constitué  par  l'ensemble  des  valeurs  de  a,,  a^, 
«3,  ...,a„,  E,,  i..,  ...,  E„.  Enfin,  soit  r  une  quantitĂ©  non  nĂ©gative,  dĂ©finie 
par  la  relation 

A--  =  a^  -+-  cCj  -f-  ...  +  aj;. 

»  Cela  posé,  j'ai  démontré  d'abord  que  l'existence  de  l'intégrale  définie 
généralisée  Se/^(E,,  E^,  . . .,  ^n)de  entraßne  l'existence  de  l'intégrale  définie 
généralisée  suivante,  que  l'on  peut  appeler  une  inlégrale  de  Fourier- 
Caucliy  (")  : 

/2Tt)«     i"^  ...t""     "  y  i^c,,,  ç^,  . .  .,  ç„  ;c/c, 

k  étant  un  paramÚtre  réel  ou  complexe  tel  que  la  partie  réelle  de  k"  soit 
positive  et  x^,  x^,  ...,  x^  ayant  des  valeurs  réelles  ou  complexes  finies 
quelconques. 

»  Dans  chaque  domaine  R,  situé  dans  la  partie  du  plan  de  la  variable 
complexĂ©e,  oĂč  k-  a  sa  partie  rĂ©elle  positive,  l'intĂ©grale  existe  et  reprĂ©sente 
une  fonction  analytique  réguliÚre  de /c.  Considérons  le  cas  oi!i  le  domaine'R 
est  situé  à  droite  de  l'axe  imaginaire  et  appelons  i{k)  la  fonction  analy- 
tique de  k  représentée  par  l'intégrale. 

M   J'ai  démontré  alors  que  cette  fonction  analytique  I(i{:)  est  une  fonction 

entiĂšre  transcendante  (ou  un  polynĂŽme)  de  t  et  que,  pour  toute  valeur  de  k 


(')  Cours  d'Analyse,  t.  I  el  II. 

(^)  Voir  le  Mémoire  de  Cauchy  précédemnifiU  cilé,  p.  5i2,  etc. 

C.   R.,   1903,   2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,   N"  7.)  54 


4io  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

différente  de  zéro,  l(k)  est  une  fonction  entiÚre  transcendante  (ou  un  poly- 
nĂŽme) de  chacune  des  variables  x^,  x\,  . . .,  x^. 
»   Au  lieu  de  l'intégrale  de  Fourier 

SBEe».<^.-*.''. .  .e»A-^""7(E,,  ?,,...,  E„)  de 


(2^r 

que  l'on  obtient  en  faisant  /c  —  o  dans  l'inlĂ©grale  de  Fourier-Cauchy  et  dont 
l'existence  n'est  nullement  supposée  ici,  nous  considérerons  cette  fonction 
analytique  l(k)  qui  rend  dans  les  applications  les  mĂȘmes  services  que  l'in- 
tégrale de  Fourier. 

»  Cela  posé,  faisons  tendre  k  vers  zéro  par  valeurs  positives.  J'ai  établi 
alors  avec  toute  rigueur  la  ()ropriété  suivante,  indiquée  par  Cauchy  (') 
sans  démonstration  suffisante  : 

»    1°  Si  le  point  ç,  =  a?,,  t,  =  x.^,  . .  .,  E„  =  -t,,  est  Ă   l'extĂ©rieur  de  E,  on 

aura 

liml(X-)  =  o; 

»  2°  Si,  au  contraire,  ce  point  est  à  l'intérieur  de  E  et  si  de  plus  la 
fonction /(;,,  ç„,  . . .,  ç„)  est  continue  en  ce  point,  on  aura 

liml(/-)  —f(^x,,  Xn,  . . .,  x„). 

A=0 

»  Cependant,  je  viens  de  voir  qu'il  y  a  encore  des  cas  trĂšs  Ă©tendus  oĂč  I  (k) 
admet  une  limite;  en  effet,  j'ai  réussi  à  établir  un  théorÚme  qui  comprend 
comme  cas  particulier  les  cas  i"  et  2°. 

»  Introduisons  à  cet  effet  la  notation  de  valeur  moyenne  sphérique 
de/(^,,  Ej,  ...,  E„)au  point  ic,,a;j,  ...,x„).  Soit  z'  une  hypersphùre  de 
centre  (a;,,  . . . ,  x„)  et  de  rayon  e,  dĂ©finie  par  l'inĂ©galitĂ© 

(i,  -x,y-^(l,-x,y -+-...  +(E„-.r„)=  =  a=' 

et  soitr(^,,  L,  ..,,  H„)  une  fonction  Ă©gale  Ă /(;,,  L,,  ...,  ;„)si  le  point 
(E,,  (^2.  ‱‱‱>  ^n)  *ist  Ă   l'intĂ©rieur  de  E  et  Ă©gale  Ă   zĂ©ro  si  ce  point  est  Ă   l'ex- 
térieur ou  sur  la  frontiÚre  deE.  Cela  posé,  l'existence  de  l'intégrale  définie 
gĂ©nĂ©ralisĂ©e  Se  /(;,,  I2,  ..-,  ;„)«'«  entraĂźne  l'existence  de  l'intĂ©grale  dĂ©finie 
gĂ©nĂ©ralisĂ©e  SĂŻF(E,,  ^2.  ‱‱‱.  ^n)^e  pour  tout  point  (x^,  ...,  x„)  apparte- 
nant à  E  ou  non.  Comme,  d'autre  part,  l'intégrale  S^rfe  représente  l'étendue 


(')  Loc.  cit.,  p.  5i4-5i6. 


SÉANCE    DU    17    AOUT    igoS.  4ï  I 

de  t'  et  possÚde  une  valeur  finie  etdifFérente  de  zéro,  le  rapport 

S.F(^„$„  ...An)de 


M,= 


Ss-  de 


aura,  pour  tout  point  .-f,,  . . .  ,  x„  et  pour  toute  valeur  ÂŁ  finie  et  diffĂ©rente 
de  zéro,  une  videur  finie  qu'on  peut  appeler  i^aleiir  moyenne  de 
y(ç,,  Eo,  . . . ,  ?„)  dans  la  sphùre  t' . 

»  Alors,  si  Me  lend  vers  une  limite  fixe  qunnd  e  tend  vers  zéro,  cette  limite 
sera  a^]^e\éç:valeur moyenne spliĂ©rique  Ae  fÇi^,^^,  ....  H„)  au  point  (a?,,  ...,a7„) 
et  sera  dĂ©signĂ©e  par  la  notation  lĂ»fÇXf ,  . . . ,  a;„). 

»  Cela  posĂ©,  si  celte  valeur  moyenne  spliĂ©rique  existe  au  point  (X,,...,X„), 
le  théorÚme  en  question  est  que 

lim.  I  {k)  =  M/(x,,  .To,  ...,  x„). 

»  Dans  une  prochaine  Communication,  je  me  propose  de  développer 
d'autres  propriétés  remarquables  de  cette  fonction  I  (k).    » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Diagramme  donnant  les  propriĂ©tĂ©s  des  aciers  au  nickel. 
Note  de  M.  Léon  Guilleï,  présentée  par  M.  Ditte. 

«  Dans  de  précédentes  Notes  (')  j'ai  étudié  la  structure  des  aciers  au 
nickel  bruts  de  forge  et  l'influence  que  pouvaient  avoir  sur  certaine  struc- 
ture différents  traitement'^. 

))  J'ai  pensé  que,  étant  donnée  la  classification  trÚs  simple  à  laquelle 
j'avais  été  conduit  et  la  loi  établie  par  M.  Osmond  de  l'équivalence  du 
carbone  de  trempe,  du  nickel  et  du  manganĂšse,  il  serait  possible  de  tra- 
duire ces  résultats  dans  un  diagramme  trÚs  simple. 

»  Dans  les  diverses  séries  d'aciers  au  nickel  que  j'ai  étudiées,  les  pre- 
miers aciers  Ă   structure  martensitiques  sont  :  l'acier  Ă   0,120  pour  100  C 
et  12  pour  100  Ni,  et  l'acier  Ă   0,800  pour  100  C  et  7  pour  100  Ni. 

»  Les  premiers  aciers  à  structure  polyédrique  sont  :  l'acier  à  0,120 
pour  100  C  et  27  pour  100  Ni,  et  l'acier  Ă   0,796  pour  100  Cet  i5  pour  100  Ni. 

»  Sur  deux  axes  de  coordonnées  je  porte,  d'une  part,  les  teneurs  en 
carbone  {Ox)  et,  d'autre  part,  les  teneurs  en  nickel  (Oy).  Les  points  A,  B, 
A',  B'  représentent  les  aciers  dont  je  viens  de  parler. 

(')  J'entends  par  acier  martensilujue  celui  dont  la  structure  est  entiĂšrement  mar- 
tensitique;  cela  est  facile  à  reconnaßtre  au  microscope,  un  tel  acier  ne  présentant 
aucune  zone  blanche  non  orientée. 


/^12  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

„  La  droite  AB  est  le  lieu  des  points  correspondant  aux  premiers  aciers 
martensi tiques;  la  droite  A'B'  est  le  lieu  des  points  correspondant  aux  pre- 
miers aciers  polyédriques. 


30 
-     E     29 


E  2s 


0.25  O.SÛ  0.75  I.ÛO 


CarSoiie  /o 


„  Ces  deux  droites  coupent  l'axe  Ox  en  un  mĂȘme  point  :  i  ,boo  pourioo  C. 
Or  M  Osmond  a  montré  que  i  ,65o  pour  loo  C  est  le  pourcentage  le  plus 
favorable  Ă   la  formation  de  l'austenile  dans  les  aciers  au  carbonepar  trempe 

spéciale.  ,     .      ,,^, 

„  LadroiteABcoupel'axedesjaupointi3;ladroiteA'B  aupomt^g. 

„  Pour  vĂ©riHer  ce  diagramme,  j'ai  Ă©tudiĂ©  par  la  micrographie  un  trĂšs  grand  nombre 
d'échanlillons,  mais  j'ai  porlé  toute  mon  attention  sur  les  aciers  qu.  se  trouvent  su.  la 

''T  Pour  les  obtenir,  j'ai  procédé  de  la  façon  suivante  :  j'ai  cémenté  des  ««ers  extij- 
doux  contenant  de  o  Ă   .5  pour  ,oo  de  nickel,  jusqu'Ă   ce  que  la  couche  supe,  fic.el  e 
présentùt  soit  Taspect  martensitique,  soit  l'aspect  polyédrique,  et  cela  sous  un^  t 
faible  épaisseur.  Cette  couche  était  enlevée  au  tour  et  le  carbone  etaU  dos  .  M.-U    ce 
expĂ©riences  extrĂȘmement  longues  n'ont  pu  ĂȘtre  faites  qu'en  trĂšs  petu  --  -^  P— 
les  aciers  que  nous  avons  examinés,  certains  étaient  exactement  sur   a  hmU      Cec.  e 
trÚs  facile  i  voir  pour  les  produits  qui  se  trouvent  à  la  démarcation  des  ac.e      n  a.  t 
sitiques  et  des  ac.ers  Ă   fer  ,;  en  effet,  leur  structure  est  polyĂ©drique,  ■-';;"      ^^^ 
sur  les  bords  de  polyĂšdres,  des  fers  de  lance  qui   annoncent  un  commencement 


SÉANCE    DU    17    AOUT    If^oS.  4l3 

transformation,  ainsi  que  je  l'ai  déjà  indiqué.  Pour  les  aciers  formant  la  limite  entre  le 
premier  et  le  second  groupe,  le  microscope  seul  ne  donne  aucune  indication;  mais  une 
dĂ©carburation  mĂȘme  trĂšs  faible,  un  recuit  Ă   900"  dans  l'oxyde  de  fer,  fait  apparaĂźtre 
des  taches  blanches  non  orientées  de  fer  a. 

»  Par  une  autre  série  d'expériences,  nous  avons  voulu  déterminer  les  points  qui  se 
trouvent  sur  l'axe  Oy;  à  cet  effet,  nous  avons  préparé  une  série  d'alliages  fer-nickel, 
ne  contenant  pas  de  carbone,  en  réduisant  des  mélanges  d'oxydes  de  fer  et  de  nickel 
par  raiuminium.  AprĂšs  de  nombreux  tĂątonnements,  nous  avons  pu  abaisser  la  teneur 
en  aluminium  Ă   9,  pour  100  ;  dans  quelques  essais  mĂȘme,  nous  n'en  avons  pas  eu  traces. 
Les  résultats  micrographiques  auxquels  je  suis  arrivé  sont  les  suivants  : 

»  A  26,26  de  nickel,  on  a  de  la  martensite  trÚs  nette  -1-  du  fer  y. 

»  A  28,40,  des  polyÚdres  nettement  formés  ;  mais,  au  centre,  de  la  martensite  trÚs  fine. 

»   DÚs  les  environs  de  3o  pour  100  de  nickel,  il  r.'v  a  plus  que  des  polyÚdres  trÚs  nets. 

»  Nous  n'avons  pu  préciser  l'autre  point  de  l'axe  des  j  :  les  expériences  par  alu- 
minotherraie  nous  ont  donné  des  résultats  incertains. 

»  Quelques-unes  de  nos  observations  ont  jjorté  sur  des  aciers  contenant  de  0,900 
à  I  ,65o  de  carbone;  ils  ont  bien  donné  les  résultats  prévus  par  le  diagramme. 

»  Enfin  j'ai  examiné  des  aciers  renfermant  plus  de  i,65o  de  carbone;  rien  n'était 
changé  dans  la  structure  ordinaire  de  ces  aciers  par  une  addition  de  nickel. 

»  Dans  l'établissement  du  diagramme,  il  faut  tenir  compte  de  zones  de  transition; 
j'ai  montré,  en  effet,  que  certains  aciers  étaient  formés  de  fer  cz  et  de  martensite,  ou 
de  fer  y  et  de  martensite. 

»  Mes  expériences  ont  montré  que  ces  zones  correspondaient  aux  espaces 
CDC'(  fer  a -I- martensite)  et  EDE',  le  point  G'  correspondant  Ă   10  pour  100  Ni  et  le 
point  E'  Ă   25  pour  100  Ni. 

»  En  résumé,  le  diagramme  divise  le  plan  en  quatre  espaces,  à  savoir  : 
ODC  correspondant  aux  aciers  Ă   mĂȘme  structure  que  les  aciers  au  carbone. 
C'DC  »  formés  de  fer  a -f- martensite. 

CDE'  »  »       de  martensite  pure. 

E'DE  »  »      de  martensite  -+-  fer  y- 

EDF  «  »      de  fer  y. 

»  Il  permet  ainsi  de  déduire  de  la  composition  de  l'acier  sa  structure 
et,  par  conséquent,  ses  propriétés  mécaniques.   « 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  tĂ©tramĂ©lhyldiamino-diphĂ©nylĂšne-phĂšnyl- 
méthane  dissymétrique  et  le  colorant  qui  en  dérive.  Note  de  MM.  A.  GuroT 
et  M.  Granderve,  présentée  par  M.  Haller,  (Extrait.) 

«  En  1901,  M.  Haller  et  l'un  de  nous  ('  )  avons  fait  remarquer  que  l'on 
pouvait  concevoir  et  préparer  une  série  de  colorants  présentant,  vis-à-vis 

(')  A.  Haller  et  A.  Guvot,  IJiill.  Soc.  cliiin..  t,  XXV,  3"  série,  1901,  p.  jào. 


4l4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

du  (liphĂ©nylĂšiie-phĂ©nvlmĂ©lliane,  les  mĂȘmes  rapports  que  les  colorants  du 
tripliénylméthane  vis-à-vis  de  ce  carbure.  A  l'appui  de  celte  maniÚre  de 
voir,  nous  avons  préparé  et  décrit  sous  le  nom  àe  bleu  Jluorénique,  un  colo- 
rant nouveau  et  nous  avons  préparé  depuis  un  certain  nombre  de  repré- 
sentants de  cette  nouvelle  série. 

»  Préparation  du  tétramélhyl-cliamino-diphénylÚne-phÚnylinéthane  dissy- 
mĂ©trique. —  Le  dĂ©rivĂ©  o-aminĂ©  de  la  leucobase  du  vert  malachite  a  Ă©tĂ© 
dissous  dans  l'acide  sulfurique  à  i,  et  traité  par  une  dissolution  de  nitrite 
de  sodium  à  basse  température,  puis  à  loo",  de  façon  à  décomposer  ledia- 
zoïque.  Le  rendement,  dans  ces  conditions,  a  été  de  lÎpour  loo  du  rende- 
ment théorique. 

M  La  différence  est  représentée  par  l'o-phénol,  produit  normal  de  la 
réaction  que  nous  avons  identifié,  ainsi  que  son  dérivé  acétylé,  au  corps 
préparé  par  condensation  directe  de  l'aldéhyde  o-salicylique  avec  la  dimé- 
thylaniline. 

»  Le  tétramélhyldiamino-diphénylcne-phénylniéthane  dissymétrique  se 
présente,  quand  il  a  été  plusieurs  fois  cristallisé  par  précipitation  de  la 
benzine  au  moyen  d'alcool  bouillant,  sous  forme  de  fins  cristaux  blancs, 
fondant  Ă   i49";  trĂšs  solubles  dans  la  benzine,  trĂšs  peu  dans  l'alcool. 

»  Colorant  fluorĂ©nique  correspondant  an  vert  malachite.  —  La  leucobase  prĂ©cĂ©- 
dente donne,  sous  l'influence  des  oxydants,  une  coloration  violet  sale. 

»  Pour  préparer  ce  colorant  en  quantité  notable,  nous  avons  oxydé  sa  leucobase, 
dissoute  dans  l'acide  chlorlndrique  Ă©tendu,  au  moyen  de  pĂąte  de  peroxyde  de  plomb. 

»  Son  clilorliydrate  est  trÚs  soluble  dans  l'eau  bouillante,  et  se  prend,  par  refroidis- 
sement, en  une  masse  cristalline  feutrée. 

»  Ces  aiguilles  filamenteuses,  longues,  fines,  noires  ou  brillantes,  à  reflets  mordorés, 
sont  solubles  dans  l'alcool. 

»  Nous  en  avons  préparé  le  nitrate 

/ — \n/gh3 

NO'    \ / 

par  double  décomposition  au  sein  de  l'eau  bouillante,  du  chlorhydrate  du  colorant  et 
du  nitrate  de  potassium  ou  de  plomb;  ce  sel  a  le  mĂȘme  aspect  que  le  chlorhydrate. 

»  Le  colorant  que  nous  avons  ainsi  obtenu  n'est  ni  substantif  ni  fluorescent;  il  teint 
légÚrement  les  bandelettes  mordancées  en  alumine  et  en  fer,  ainsi  que  la  laine,  mais 
avec  beaucoup  moins  d'intensité  que  ne  le  fait  le  l>lcii  fluorénique.  La  nuance  est 
d'un  violet  grisùtre,  sans  brillant.  » 


SÉANCE   DU    17    AOUT    igoS.  4' 5 


ANATOMIE  ANIMALE.    -  Un  liquide  fixateur  isolonique  m^ecl' eau  de  mer. 
Note  de  M.  M.-C  Dekhuyzen,  présentée  par  M.  Yves  Delage. 

«  Un  liquide  fixateur  hypertoniqne  à  l'cfrard  des  tissus  se  com|)orte 
comme  un  agent  déslndratant  et  cause  facilement  des  rétractions,  tandis 
qu'un  fixateur  hypotoniqiie  tend  Ă   produire  des  gonflements.  Ces  remarques 
ne  peuvent  certainement  expliquer  qu'une  partie  des  phénomÚnes  qu'on 
observe  lors  de  l'action  si  peu  étudiée  et  si  compliquée  des  réactifs  fixateurs 
sur  le  protoplasma  vivant,  mais  il  est  inutile  d'insister  longuement  sur 
l'importance  de  l'emploi  de  fixateurs  isotoniques.  Le  célÚbre  liquide  de 
Flemming  exerce  une  pression  osmolique  trois  fois  plus  grande  environ 
quecelle'qui  rĂšgne  dans  l'organisme  Ă   sang  chaud,  et  c'est  justement  Ă  
cause  des  rétractions  considérables  des  cellules  délomorphes  des  Mammi- 
fÚres que  j'ai  lùché  de  composer  des  liquides  isoioniques,  et  je  suis  arrivé  à 
de  bons  résultats. 

»  Je  me  bornerai  ici  à  faire  connaßtre  un  liquide  fixateur  pour  les  ani- 
maux de  mer,  à  l'exception  des  Téléostéens  toutefois.  La  pression  osmo- 
tiqtie  du  sang  ou  de  l'hémolymphe  des  Invertébrés  et  des  Sélaciens  est  à 
p(  u  prĂšs  Ă©gale  Ă   celle  de  l'eau  de  mer  (Bottjzi,  Quinton,  Rodier),  La  pres- 
sion osmotique  se  mesure  par  le  point  de  congélation,  indiqué  ordinaire- 
ment par  la  lettre  A. 

»  A  a  varié  pour  l'i^au  de  mer,  à  RoscofT,  peiui;iiit  mon  séjour  au  mois  de  juillet, 
entre  —  2'',oo5  et  —  2°,099G.  Nous  omettrons  le  signe  — .  L'hĂ©molymphe  Ă '' Echinas 
acutus  a  A^  2°, 026,  le  sang  de  Sipunculus  iiudus  2°, 088,  celui  de  Maja  squinado 
'2'',o-o,  celui  de  Mustelus  lƓvis  2", 064,  celui  de  ScylUuin  canicula  2°,o4o,  celui  de 
Raja  mosaica  2'',o85,  celui  de  Squadna  angélus  2°, 064  :  tous  animaux  de  RoscofF. 
Bottazzi  a  trouvé  pour  l'eau  de  mer  de  Naples  2",  29.  Au  Helder  j'ai  trouvé,  27  fé- 
vrier igoo,  Ade  l'eau  de  mer  :  io,534  et  i",5/|3  (jileiue  mer  et  liasse  mer)  :  l'induence 
du  Zuyderzée  et  des  grandes  riviÚres  se  fait  sentir.  Pour  une  station  zoologique  située 
dans  les  parages  de  l'Atlantique,  il  nous  faudra  donc  un  liquide  lßxaleur  à  A  m  2°, 06 
environ.  J'en  ai  composé  un  qui  m'a  été  inspiré  par  le  liquide  d'Altmanu  (2,5 
pour  100  K^Cr-0'',  i  pour  100  OsO')  et  qui  donne  des  résultats  satisfaisants  pour  la 
fixation  des  cellules,  trĂšs  difficiles  Ă   traiter,  du  sang  du  Siponcle,  pour  le  plankton, 
es  Cydippes,  les  granulations  des  cellules  glandulaires,  etc. 

»  Il  fallait  d'abord  connaßtre  A  pour  les  dilTérentes  concentrations  d'une  solution 
deK-Cr-0'  dans  de  l'eau  pure,  et  puis  i  le  coefficient  d'ionisation.  Les  pour  100 
désignent  le  poids  du  sel  dissous  dans  loo"  d'eau.  Appareil  de  Beckmann. 


4l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

0  (i 

a3,95o  p.  looKH'r^O'^  0,682,  «  =  2,55     A  1,498    p.  100  K^Cr'O' =  o,  295,  i  =  3,i^ 
A3,]g4  "  =  0,535,  «'=  2,67     Ao,98i6  »  =^  o,  197,  «  :=  3,  28 

A_2,483  »  =  o,/435,  «  =  2,80     Ao,4925  »  =:  o,  io4,  <  =  3,  07 

A2,Il6  »  :=:  0,38o,  /=:2,  86       Ao,3l45  i>  =:  0, 075,  <  =  3,81 

A2,ooo  >i  =;o,358,  «  =  2,85     Ao,i563  »  =  o,o4o,  «  =  4>o8 

Ai, 968  »  :=o,35o,  jr=2,83 

»  Le  bichromate  de  potassium  ne  s'ionise  donc  pas  en  K,  K,  Cr^0'(/=:3),  mais, 
par  hydrolyse,  il  se  dissocie  davantage.  Aussi  la  couleur  jaune  des  solutions  diluées 
semble-l-elle  indiquer  la  présence  d'ions  CrO'. 

»    l'our  l'OsO'  j'ai  trouvé  : 

Aa  pour  100  :=  o",  162,         «1=1,10, 

Ao,927    pour  ioo=:o°,o86,         ß  1=1,26, 
Ao, 4783  pour  ioo^=o°,o5i,         ?'-^i,47. 

»  Deux  fois  J'ai  tùché  d'aller  plus  loin  dans  la  dilution  de  la  solution  aqueuse  d'OsO', 
mais  les  déterminations  de  A  donnaient  des  résultats  trÚs  irréguliers  et,  dans  l'une  des 
expériences,  il  s'était  formé  une  poudre  noire  ;  probablement  de  l'osmium  a-l-il  été  mis 
en  liberté  par  le  platine  du  mélangeur  de  l'appareil  de  Beckmann. 

«Pour  faire  le  liquide  fixateur  isoionique  Ă   l'eau  de  mer  on  prĂ©pare  aSo''ℱ'  d'une 
solution  à  2,5  pour  100  de  bichromate  de  potassium  dans  l'eau  de  mer  filtrée.  Le  poids 
spécifique  en  est  i  ,o46  (à  rg"),  A  ^  2°,  822. 

»  On  y  ajoute  25'^"'  d'acide  nitrique  à  6,3  pour  100  (la  solution  normale  de  la  volu- 
niélrie)  :  A  du  mélange  s'élÚve  alors  à  2°, 412;  ensuite  on  ajoute  54"^"'  d'une  solution  à 
2  pour  100  d'acide  osmique.  A  est  alors  abaissé  jusqu'à  2",o43,  à  cause  de  la  grande 
quantitĂ©  d'eau  introduite.  VoilĂ   le  liquide  prĂȘt.  Son  poids  spĂ©cifique  est  i  ,o38  Ă   2o°C. 

»  Ce  liquide  a  le  grand  avantage  de  pouvoir  ĂȘtre  mĂȘlĂ©  Ă   l'eau  de  mer  sans  que  sa 
pression  osniotique  varie.  MĂȘme  diluĂ©  avec  deux  fois  son  volume  d'eau  de  mer, 
quoique  ne  contenant  alors  que  o,63  pour  100  de  K-Cr-C,  0,16  pour  100  d'acide 
nitrique  et  o,  i  pour  100  d'OsO',  il  fixe  admirablement  les  cellules  du  sang  de 
Sipunciilus  nudus,  si  sensibles  aux  réactifs,  si  toutefois  on  a  soin  d'y  laisser  couler 
lentement  le  sang,  pris  Ă   l'animal  par  une  pipette  capillaire,  et  en  agitant  la  pipette 
dans  le  liquide  fixateur,  tandis  que  le  sang  coule.  Il  faut  absolument  que  le  liquide 
viscéral  du  Siponcle  se  mélange  trÚs  rapidement  et  trÚs  intimement  au  liquide 
fi.xateur. 

»  Pour  les  Gydippes  (pour  lesquels  ce  fixateur  léussil  admirablement),  les  Térébel- 
liens  ou  pour  de  toutes  petites  piÚces  d'organes,  il  faut  préférer  le  liquide  non  dilué. 
J'y  ai  laissé  les  Gydippes  pendant  3  heures  :  les  cadavres,  qui  nagent  d'abord  auprÚs 
de  la  surface,  gagnent  alors  lentement  le  fond  dn  tube.  On  lave  Ă   l'eau  de  mer,  puis 
on  passe  dans  des  mélanges  filtrés  d'alcool  et  d'eau  de  mer  de  plus  en  plus  riches  en 
alcool. 

»  Quant  à  l'acide  osmique,  il  faut  absolument  le  peser  et  non  pas  se  fier  au  poids 
indiqué  du  contenu  du  tube.  Pour  préparer  rapidement  l'acide  nitrique  à  la  concen- 
tration dite  normale,  il  convient  de  diluer   l'acide  fort  avec  de  l'eau  distillée  jusqu'à 


SÉANCE    DU    17    AOUT    igoS.  41-7 

ce  qu'on   ait   obtenu  un  mélange  d'un  poids  spécifique  de    1,060  à    lo"  G.   Puis  on 
dilue  55,7  de  ce  mélange  jusqu'à  un  volume  de  100"'"''.    » 

CHIMIE  ANIMALE.  —  De  la  prĂ©sence  de  l' acide  lactique  dans  les  muscles  des 
Invertébrés  et  des  Vertébrés  inférieurs.  Note  de  M.  Jeax  Gautrelet, 
présentée  par  M.  Yves  Delage. 

«  J'eus  occasion,  au  sujet  d'études  hénao-alcalimétriques,  de  faire  à 
Roscoff  des  recherches  d'acide  lacticjue  dans  le  sang  de  divers  Invertébrés 
et  Vertébrés.  C'est  ainsi  que  j'ai  établi  sa  présence  dans  les  hémolyniphes 
de  Maia,  de  Homaras,  de  Carcinus,  dans  le  liquide  cavitaire  de  Sacculina, 
dans  les  sangs  de  Raja,  Scyllium,  Musiehis,  Testudo  et  Emvs. 

»  Je  n'entrerai  pas  dans  les  détails  d'expériences  que  j'ai  consignées 
ailleurs  (').  Je  ne  veux  signaler  ici  que  les  recherches  parallĂšles  d'acide 
lactique,  que  je  fis  dans  les  muscles  de  certains  de  ces  animaux. 

»  ExpĂ©rience.  —  /400'  de  muscles  de  Scyllium  caniciila  Ă©taient  rĂ©duits  en  menus 
morceaux  délayés  dans  six  fois  leur  poids  d'eau;  le  tout  macérait  12  heures  environ. 
On  passait  à  travers  un  linge  et  l'on  exprimait  à  la  presse.  La  masse  exprimée  était 
reprise  par  une  nouvelle  quantité  d'eau  et  filtrée,  et  ce,  un  certain  nombre  de  fois 
successivement. 

»  Les  eaux  de  lavage  de  la  viande  étaient  portées  à  l'ébuUilionjpour  coaguler  les 
albumines. 

»  Le  liquide  était  filtré,  concentré  et  additionné  d'un  léger  excÚs  d'acétate  neutre 
de  plomb  qui  précipitait  les  chlorures,  phosphates,  sulfates.  Pas  d'acide  urique  à 
signaler.  On  filtrait  à  nouveau  et  traitait  le  liquide  par  du  sous-acétate  de  plomb 
ammoniacal  :  nouveau  précipité. 

»  Le  filtratum  était  alors  débarrassé  de  l'excÚs  de  plomb  par  un  courant  d'hydro- 
gÚne sulfuré,  évaporé  au  bain-marie  et  abandonné  au  frais.  La  créatine  se  séparait  en 
magnifiques  cristaux  fort  abondants. 

»  Les  eaux  mÚres  de  la  créatine  étaient  acidulées  par  .l'acide  sulfurique  et  agitées 
avec  de  l'éther  à  différentes  reprises.  Celui-ci  dissolvait  l'acide  sarcolactique,  que 
mettait  en  évidence  le  réactif  d'Ueffelmann. 

»  D'ailleurs,  la  solution  éthérée,  évaporée  et  saturée  à  chaud  par  le  carbonate  de 
zinc,  puis  refroidie  aprĂšs  filtration,  donnait  des  cristaux  de  sarcolactate  de  zinc. 

1)  Nous  avons  suivi  une  marche  identique  et  mis  en  évidence  la  pré- 
sence d'acide  lactique  dans  les  muscles  de  Mustelus  parmi  les  SĂ©laciens, 

('  )  Jean  Gautrelet,  Les  pigments  respiratoires  et  leurs  rapports  avec  l'alcalinité 
apparente  du  milieu  intérieur  {ThÚse  Fac.  Sciences.  Paris,  Schleicher  et  G'»,  édi- 
teurs). 

G.  R.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  7.)  55 


4l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  Maia  parmi  les  Crustncés.  Notons  que  nous  n'avons  pas  obtenu  avec 
ces  derniers  les  cristaux  de  créatine,  si  remarquablement  abondants  chez 
les  Poissons,  ou  du  moins  chez  les  Sélaciens.  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  prĂ©sence  de  Microsporidies  du  genre  Thelobania 
chez  les  Insectes.  Note  de  M.  Edmond  Hesse,  présentée  par  M.  Alfred 
Giard. 

«  Les  Microsporidies  du  genre  Thelohanta,  caractérisé,  comme  on  le 
sait,  par  ses  pansporoblastes  oclosporés,  n'ont  été  jusqu'ici  observées  que 
chez  les  Crustacés  dont  elles  parasitent  les  muscles. 

»  J'ai  rencontré  aussi  les  Thelokania  chez  les  Insectes  et  je  décrirai  briÚ- 
vement, dans  celte  Note,  deux  espÚces  que  j'ai  ti'ouvées  :  l'une,  dans  les 
larves  de  Tanypus  varius  Meig.  {Thelohania  pinguis  n.  sp.);  l'autre,  dans 
celles  de  Limnophilus  rhombicus  Linnc  {Tlielohaniajanus  n.  sp.). 

»  Thelohania  pinguis.  —  Celte  Microspoiidie  n'est  pas  frĂ©quenle  ;  sur  looo  larves 
examinées  2  seulement  étaient  infestées.  Le  parasite  envahit  exclusivement  le  corps 
graisseux  de  l'hĂŽte;  il  le  distend,  fornjanl  des  tumeurs  trĂšs  volumineuses  qui 
emplissent  toute  la  cavitĂ©  gĂ©nĂ©rale,  compriment  fortement  les  organes  et  parfois  mĂȘme 
se  rompent  en  mettant  en  liberté  dans  le  crelome  les  pansporoblastes  qu'elles  con- 
tiennent. 

»  Ces  pansporoblastes  renferment  chacun  8  spores;  presque  tous  sont  sphériques  et 
mesurent  6!"^  Ă   6!-'-,  5  de  diamĂštre;  quelques-uns  ont  la  forme  d'ellipsoĂŻdes  mesurant  4^^ 
sur  nV-.  Les  spores,  d'une  seule  sorte,  sont  généralement  ovoïdes,  parfois  piriformes; 
leur  longueur  est  de  3!^  Ă   S!'-,  5  ;  leur  plus  grande  largeur,  nV-.  I^e  filament  spiral  est 
dévaginé  par  l'action  de  la  glycérine  sur  les  spores  fraßches  :  il  a  2oS^  de  long. 

»  Thelohania  janiis.  —  Je  n'ai  observĂ©  jusqu'Ă   prĂ©sent  qu'une  seule  fois  cette 
Microsporidie,  sans  doute  Ă©galement  trĂšs  rare.  Elle  parasite  les  larves  de  Limnophilus 
rhombicus  L.,  aux  euvirons  de  Grenoble.  Comme  l'espÚce  précédente,  elle  envahit  les 
corps   graisseux  en  respectant  les  muscles. 

»  Dans  le  cas  que  j'ai  étudié,  le  parasite  formait  des  ßlots  assez  volumineux  dans  la 
région  thoracique  et  dans  la  partie  postérieure  de  l'abdomen.  Ces  ßlots  renfermaient, 
en  quantité  à  peu  prÚs  égale,  des  pansporoblastes  à  macrospores  et  des  pansporoblastes 
Ă   microspores. 

»  Les  pansporoblastes  à  macrospores  sont  sphériques  (51^  de  diamÚtre)  ou  ellip- 
soïdes (41^,5  de  large  sur  51^,5  à  6i^  de  long);  ils  renferment  4  macrospores  incurvées 
en  forme  de  haricot  et  ayant  iV-  de  large  sur  6H-  de  long. 

»  Les  pansporoblastes  à  microspores  sont  tous  sphériques  (51^,5  de  diamÚtre)  :  ils 
renferment  8  microspores  ovoïdes,  non  incurvées,  mesurant  2!^  de  large  sur  3H-  de 
long.  L'action  de  l'eau  iodée  sur  ces  microspores  provoque  la  sortie  du  filament,  long 
de  241^  à  25H-.  Je  n'ai  pas  observé  sa  dévagination  chez  les  macrospores. 

»  Les  caractÚres  des  pansporoblastes  de  celle  espÚce  la  différencient  donc  nette- 
ment des  autres  Thelohania  dont  tous  les  pansporoblastes  renferment  8  spores  sem- 


SÉANCE    DU    17    AOUT    rgoS.  /119 

blables;  mais  je  ne  crois   pas  qu'ils  soient   suffisants,   du  moins   dans    l'Ă©tal  actuel  de 
nos  connaissances,  pour  justifier  la  création  d'un  genre  nouveau. 

»  Ainsi  les  Microsporidies  du  genre  Thelohania  ne  sont  pas  propres  aux 
Crustacés  comme  on  pouvait  le  croire  jusqu'ici;  elles  ne  sont  pas  davan- 
tage spécialisées  comme  parasites  musculaires.  J'ai,  du  reste,  observé  chez 
les  Insectes  d'autres  espÚces  de  Thelohania  que  je  me  propose  de  décrire 
prochainement.   » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  le  dĂ©veloppement  posl-embryonnaire  des  Ixodes.  Note  de 
M.  A.  Bonnet,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Le  développement  des  Ixodes  comprend  deux  stades  principaux  avant 
d'arriver  Ă   l'Ă©tat  adulte  :  la  larve  hexapode  et  la  nymphe  octopode. 

»  En  suivant  attentivement  révolution  de  la  larve  en  nymphe  et  de  la 
nymphe  en  adidte  de  Y  Ixodes  hexagonus  Leach,  on  constate  que  les  larves 
et  les  nymphes  jeunes  sont  d'une  couleur  brune,  qui  s'Ă©claircit  peu  Ă  
peu  et  qui  devient  finalement  blanche. 

»  Par  la  mĂ©thode  des  coupes,  j'ai  vu  qu'en  mĂȘme  temps  que  se  fait  ce  changement 
de  couleur,  il  se  produit  une  histogenÚse  trÚs  active,  et  j'ai  été  amené  à  subdiviser  ces 
états  larvaires  et  nymphaux.  chacun  en  deux  stades,  de  telle  sorte  que  le  développe- 
ment post-embrjonnaire  des  Ixodes  comprend:  1"  larve  brune;  2"  larve  blanche; 
3°  nymphe  brune;  4°  nymphe  blanche. 

»  La  larve  brune  doit  sa  coloration  à  un  vilellus  abondant  remplissant  presque  cojn- 
plÚtement  le  coips.  Le  tube  digestif  n'est  pas  entiÚrement  développé  :  il  est  formé 
dans  la  région  buccale,  mais  ne  se  prolonge  pas  au  delà  de  sa  sortie  du  cerveau;  dans 
la  région  anale  le  rectum  seul  est  formé.  Entre  ces  deux  portions  terminales,  je  n'ai 
pu  distinguer  aucune  indication  du  tube  digestif,  tout  l'intérieur  de  l'animal  étant 
rempli  par  une  masse  vitelline  sans  difTĂ©renciation. 

»  Les  muscles  des  piÚces  buccales  et  des  pattes  sont  bien  constitués  et  se  conser- 
veront pendant  toute  la  vie  de  l'animal;  les  muscles  dorso-ventraux  ne  sont  qu'Ă   l'Ă©tat 
d'Ă©bauches. 

»  Peu  à  peu  ces  larves  brunes  deviennent  blanches,  et,  à  mesure  que  se  fait  cette 
modification  de  couleur,  il  se  produit  une  rapide  histogenĂšse.  L'hypoderme  prolifĂšre 
activement,  principalement  aux  points  oĂč  les  muscles  dorso-ventraux  se  rattachent 
aux  parois  du  corps.  Les  nombreuses  cellules  nées  de  celle  prolifération  se  placent 
immédiatement  sous  l'hypoderme,  ou  émigrent  le  long  des  muscles  dorso-ventraux  et 
s'assemblent  pour  former  la  paroi  des  caicums  digestifs  et  de  l'estomac  proprement 
dit,  et  résorbent  presque  immédiatement  le  vitellus. 

»  Pendant  la  résorption  progressive  de  la  masse  vitelline,  la  larve  blanchit  de  plus 
en  plus  et  son  rectum  se  remplit  de  concrétions  uriques. 

))  En  mĂȘme  temps  les  muscles  dorso-ventraux  jirennent  un  dĂ©veloppement  de  plus 
en  plus  grand. 


420  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  Chez  cette  larve  l'appareil  yénilal  apparaßt  sous  forme  de  deux  ébauches  indé- 
pendantes :  la  glande  génitale  est  représentée  par  un  petit  amas  cellulaire  au  milieu 
du  corps  de  la  larve;  les  conduits  génitaux  sont  formés  par  une  faible  prolifération 
hypodermique  immédiatement  en  arriÚre  du  cerveau. 

»  La  larve  devenue  complÚtement  blanche,  c'est-à-dire  lorsque  son  tube  digestif 
est  formé  dans  son  entier  et  que  le  vitellus  a  disparu,  se  nourrit  trÚs  activement  aux 
dépens  de  son  hÎte.  Au  bout  d'un  certain  temps,  elle  accomplit  sa  premiÚre  méta- 
morphose en  donnant  la  nymphe  brune.  L'Ă©tude  de  l'organisation  de  cette  nymphe 
montre  qu'elle  est  remplie  d'une  substance  vilelline  analogue  à  celle  que  j'ai  constatée 
chez  la  larve  brune,  et,  de  mĂȘme'  que  chez  cette  derniĂšre,  le  tube  digestif  manque 
dans  la  rĂ©gion  moyenne.  De  mĂȘme,  les  muscles  dorso-ventraux  sont  Ă   l'Ă©tal  rudimen- 
taire  et  formés  de  filtres  musculaires  isolées. 

»  Cette  n3'mphe  brune  va  Ă©voluer  de  la  mĂȘme  façon  que  la  larve  de  mĂȘme  couleur  et 
deviendra  progressivement  blanche.  Une  nouvelle  prolifération  hypodermique  se  pro- 
duit, et  les  cellules  ainsi  formées  régénÚrent  la  région  moyenne  du  tube  digestif,  les 
rĂ©gions  Ɠsophagienne  et  anale  ayant  subsistĂ©  ;  le  vitellus  se  rĂ©sorbe  d'abord  dans  les 
cƓcums  digestifs,  puis  dans  l'estomac,  en  mĂȘme  temps  que  le  rectum  se  remplit  de 
concrétions  uriques. 

»  Les  muscles  dorsaux-ventraux  se  reconstituent  également.  Quant  aux  organes 
génitaux,  ils  ont  pris  pendant  la  métamorphose  un  grand  développement  :  la  glande 
génitale  est  devenue  volumineuse  et  émet  en  avant  deux  prolongements  latéraux;  les 
conduits  génitaux  sont  bien  développés  et  trÚs  contournés;  toutefois,  ils  ne  sont  encore 
en  relation  ni  avec  la  glande,  ni  avec  l'extérieur. 

)'  La  nymphe  blanche  se  nourrit  quelque  temps  aux  dépens  de  son  hÎte,  puis  subit 
une  derniÚre  mue  métamorphique  et  se  transforme  ainsi  en  adulte. 

»  L'évolution  post-embryonnaire  des  Ixodes  montre  donc  une  répétition 
de  phénomÚnes  d'histogenÚse  absolument  semblable,  à  l'état  de  larve  et  à 
l'Ă©tat  de  nymphe,  qui  ont  pour  effets  principaux  la  reconstitution  du  tube 
digestif  moyen  et  la  résorption  du  vitellus.  » 

M.  AuBic  adresse  une  Note  «  Sur  l'existence  probable  d'un  anneau 
autour  de  Jupiter  ». 

(Renvoi  Ă   l'examen  de  M.  Wolf.) 

M.  S.  DE  MoKitzECKY  adrcsse  une  Note  «  Sur  l'emploi  de  la  thérapie 
intérieure  en  cas  de  chlorose  et  autres  maladies  des  arbres  fruitiers  et 
des  ceps  de  vigne  ». 

(Renvoi  Ă   l'examen  de  M.  PriUieux.) 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

G.   D. 


On  souscrit  Ă   Paris,  chez  GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Aii^ustins,  n°  55. 


lis  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  réguliÚrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-4°.  Doux 
l'une  par  ordre  alphabétique  de  matiÚres,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 


t  du  i"  Janvier. 


Le  prix  rie  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 
Paris  :  30  fr.  —  DĂ©partements  :  40  fr.  —  Union  postale  :  44  fr. 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


chez  Messieurs  : 

Ferran  (rĂšres. 

i  Chaix. 

: Jourdac. 

Ruff. 

Courtin-Hecquet. 

(  Germain  etGrassin. 

1  Gastineau. 

le.. 

JĂ©rĂŽme. 

■>n 

RĂ©gnier. 

Feret. 

ux. 

Laurens. 

Muller  (G.). 

s 

Renaud. 

Derrien. 

\  F.  Robei  l. 

,  Oblin. 

Uzel  frĂšres. 

Jouau. 

3'T 

Perrin. 

urg.. 

1  Henry. 

'  Marguerie. 

nl-Feir 

,  Juliot. 
'  Bouj. 

IS'ourry. 

Ratel. 

'Rey. 

Lauverjal. 

'  Degez. 

le 

,  Drevet. 

1  Gralier  et  G'*. 

helle 

Foucher. 

‱e 

,  Bourdignon. 

(  Donibre. 

i  Thorez. 

1  Quarré. 

Lorient. 


chez  Messieurs  ; 

{  Baumal. 

)  M"'  Teiier. 

■'  Bernoux  et  Cumin 

1  Georg. 
Lyon .* 1  Effantin. 

i  Savy. 

'  Vilte 

Uarseille RuĂąt. 

1  Valat. 

Montpellier „      ,  ^, 

'  /  Coulet  et  fils. 

Moulins Martial  Place. 

(  Jacques. 
Nancy !  Grosjean-Maupin. 

(  Sidot  frĂšres. 

j  Guist'liau. 

\  Veloppé. 

I  Barnia. 

I  Appy. 

iiimes Tliibaud. 

Orléans    LodJé. 

1  Blanciiier. 

Poitiers _ 

(  LĂ©vrier. 

Bennes Plihon  et  Hervé. 

Rochefort Girard  (M"") 

f  Langlois. 

\  Lestringant. 
S'-Étienne Chevalier. 

)  Ponleil-Burles. 

{  Runiébe. 

(  Gimet. 

(  PrivĂąt. 

,  Boisselier. 
Tours PĂ©ricat. 

'  Suppligeon. 

)  Giard. 

(  Leriialtre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Nantes 
Nice 


Rouen. 


Toulon. . . 
Toulouse.. 


Valenciennes. 


Amsterdam. . 


Berlin. 


chez  Messieurs  : 

I  Feikema    Caarelsen 

'      et  C". 

AthĂšnes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

[  Asher  et  C'*. 

Dames. 

Friedlander   et   fils. 

'  Mayer  et  Muller. 

Berne Schmid  Francke. 

Bologne Zaniçhelli. 

i  Lamertin. 

Bruxelles MayolezetAudiarte. 

'  LebĂšgue  et  C'*. 

„     ,  1  Sotchek  et  C». 

Bucharest ,  . ,     , 

'  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighlon,  BellelC". 

Christiania Cammerineyer. 

Constantinople.  .  Otto  Keil. 

Copenhague Host  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

GĂšnes Beuf. 

Cberbuliez. 

GenĂšve Georg. 

(  Stapelmohr. 

La  Haye Bel  in  fan  te   frĂšres. 

t  Beiida. 

/  Payot  et  C". 

Barth. 

Brockhaus. 

Leipzig i  KƓhlcr. 

Lorentz. 

Twietmeyer. 

I  Desoer. 
^''Se ,G„„,^. 


Lausanne.. 


chez  Messieurs  : 
I  Dulau. 

^'""''"" Hachette  et  C'.. 

'  Nutt. 
Luxembourg . ...     V.  Buck. 

/  Ruiz  et  C'v 
Madrid )  Romo  y  Fussel. 

I  Capdeville. 

'  F.  FĂ©. 

Milan....  '  ^°'=<'a  frÚres. 

■■  '  HƓpli. 
/Moscou Tastevin. 

Naples )  Marghieri  di  Glu,. 

(  Pellerano. 

.  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
Neiv-york ,  Slechert. 

LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C'. 

Palerme Reber. 

Porto MagalhaĂšs  et  Mouiz 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

Rome !  Bocca  frĂšres. 

(  Loescheret  C". 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Nordßsk»  Boghandel. 

,  Zinserling. 

'  Wolff. 
Bocca  frĂšres. 

i  Brero. 

I  Clausen. 
RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebethner  et  Wolff. 

VĂ©rone Drucker. 


S'-PĂ©tersbourg . 


Turin. 


Vienne. 


)  Frick. 
■  !  Gerold  et  C'v 
Zurich Meyer  et  Zeller. 


LES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1"  Ă   31.  —  (3  .\oĂ»t  i835  Ă   3i  DĂ©cembre  i85a.)  Volume  in-4'';  iSĂąi.  Prix 25  fr. 

Tomes  32  Ă   61.  —  (  i"  Janvier  i8Ji  Ă   3i  DĂ©cembre  i865.)  Volume  in-4°;  1870.  Prix 25  fr. 

Tomes  62  à  91.  —  (  i"'  Janvier  1866  à  3i  Uîcombro  1880.)  Volume  iii-4°;  18S9.  Prix 25  fr. 

Tomes  92  Ă   121.  —  (  i'"'  Janvier  i88i  Ă   3i  DĂ©cembre  1895.)  Volume  in-4°;  igoo.  Prix 25  fr- 

PPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES^  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES  . 

I.  — MĂ©moire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  .\.lgues  ,  par  MM.  V.  Derbes  etA.-J.-J.  Solier.  —  .MĂ©moire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'Ă©prouvent 
;tes,  par  M.H.insen.  —  MĂ©moire  sur  le  PancrĂ©as  et  sur  le  rĂŽle  dj  su-  ;.  lacrĂ©atiquc  dans  les  phĂ©nomĂšnes  digestifs,  particuliĂšrement  dans  la  digestion  des 
1  grasses,  par  M.  Cl.^ude  Bernard.   Volu-iie  in-4°,  avec  02   planches;   iSjB 25  fr. 

II.  —  MĂ©moire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beneden.  —  Kssai  d'une  rĂ©ponse  Ă   la  question  de  Prix  proposĂ©e  en  i85o  par  l'AcadĂ©mie  des  Sciences 
concours  de  i8o3,  et  puis  remise  pour  celui  de  iS56,  savoir:  «  Etudu-r  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles   dans  les  différents  terrains 

enlaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanĂ©e.  —  Rechercher  la 
edes  rapports  qui  existent  entre  l'étatactuel  du  rÚgneorganiqueetscb  .i,its  antérieurs  »,  par  .M.  le  Professeur  Bronn.  In-^»,  avec  7  planches;  1861...     25  fr. 

la  mĂȘme  Librairie  les  MĂ©moires  de  l'AcadĂ©mie  des  Sciences,  et  les  MĂ©moires  prĂ©sentĂ©s  par  divers  Savants  Ă   l'AcadĂ©mie  des  Sciences. 


N^  7. 

TABLE    DES  ARTICLES.    (Séance  du   17   août  1905.) 


RIÉMOIUES    ET  COMMUIVICA  ITOIVS 

DES   MKMHIIKS   ET    DES   CORKESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  rend  compte 
du  CongrÚs  de  r,\ssociation  géodésique 
internationale,  tenu  Ă   Copenhague  du  4 
au   i4  août   igoS SgS 

M.  Bouquet  de  la  Grte  ajoute  quelques 
mots 393 

M.  le  Président  ajoute  quelques  remarques 
au  sujet  de  ce  CongrĂšs SgS 


Pages. 

M.  H.  Deslandres.  —  Observations  spec- 
trales de  la  comĂšte  Borrelly  (igoS  c) 3g5 

M.  J.  V10LLE.  —  Sur  le  phĂ©nomĂšne  aĂ©ro- 
dynamique produit  par  le  tir  des  canons 
grĂȘlifuges 397 

M.  Th.  SchlƓsing  pùre.  — Exemples  d'ana- 
lyse mécanique  des  sols Sgg 


CORRESPONDANCE. 


!W.  N.  Saltykow.  —  Sur  le  rapport  des  tra- 
vaux de  S.  Lie  Ă   ceux  de  Liouville 4o3 

M.  Edm.  Maillet.  —  Les  fonctions  entiùres 
d'ordre  zéro 4''5 

M.  Carl  Stormer.  —  Sur  les  intĂ©grales  de 
Fourier-Cauchy , 4°^ 

M.  LÉON  Guillet.  —  Diagramme  donnant 
les  propriétés  des  aciers  au  nickel 4i' 

MM.  A.  GuYOT  et  M.  Granderye.  —  Sur  le 
tétraméthyldiamino-diphénylÚne-pliényl- 
méthane  dissymétrique  et  le  colorant  qui 
en   dérive 4'3 

M.  M.-C.  Dekhuyzen.  —  Un  liquide  fixateur 
isotonique  avec  l'eau  de  mer 4'^ 


M.  Jean  Gautrelet.  —  De  la  prĂ©sence  de 
l'acide  lactique  dans  les  muscles  des 
Invertébrés  et  des  Vertébrés  inférieurs...     4'7 

M.  Edmond  Hesse.  —  Sur  la  prĂ©sence  de 
Microsporidies  du  genre  Thelohania  chez 
les  Insectes 4  ‱  ^ 

M.  A.  Bonnet.  —  Sur  le  dĂ©veloppement 
post-embryonnaire  des  Ixodes 4'9 

M.  AURic  adresse  une  Note  «  Sur  l'existence 
probable  d'un  anneau  autour  de  Jupiter  ».    !^io 

M.  S.  DE  Mokrzecky  adresse  une  Note  n  Sur 
l'emploi  de  la  thérapie  intérieure  en  cas 
de  chlorose  et  autres  maladies  des  arbres 
fruitiers  et  des  ceps  de  vigne  » 4'-o 


PARIS.  —   IMPRIMEKIE    G  A  UTH  I  E  R  -  V  IL  L  ARS, 
Quai  des  Grands-Auguslins,  55. 


Le  GĂ©rant  :    Gautbier-'Villars. 


1903 

SECOND  SE3IESTRE. 

COMPTES  IlENDUS 

HEBDOMADAIUES  . 

DES     SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVII. 


K  8  (24  Août  1903). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  lMFi:i  ■lEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES  RENDUS   DES   SÉAMGES   UC  ;. 'ACADÉMIE   DES.  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Aug^^riiiis,  55, 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS   LES  SÉANCES    DES    23    JUIN     1 862    ET    24    MAI    1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 


Article  1".  —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 
Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  Tendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  à&  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  3a  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  lait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
Us  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'auta 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  ^ 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 

étrangers  à  l'Académie. 
Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  person 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'A 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  s 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomi 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Ext 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ds  le  I 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance 
cielle  de  l'Académie. 


Article  3. 

Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  ren 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tar. 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin  ;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   tei 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  n 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu 
vaut  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  -  Planches  et  tirage  Ă   part. 
Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planche 

figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  sen 

autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  corn, 

pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  trais  de: 

leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rappor 

les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administra tiv 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  : 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du 
sent  RĂšglement. 


Le»  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance 


leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  P^'^P^u^ls  sont  prié, 
.avant  5^  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance 


10^ 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI  24   AOUT  1905, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GADDRY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE.  -  Piles  à  plusieurs  liquides  différents  avec  électrodes  métalliques 
identiques,  par  M.  Berthelot. 

«  J'ai  montré  quelles  relations  existent,  d'aprÚs  l'expérience  et  d'aprÚs 
les  hypothÚses  de  la  théorie,  entre  les  forces  électroraotrices  des  éléments 
de  piles  à  électrodes  métalliques  différentes,  constituées  par  i,  2,  3,  .... 
n  liquides  concentriques  ou  consécutifs.  Je  vais  exposer  d'autres  expé- 
riences sur  les  éléments  de  piles  à  plusieurs  liquides,  terminés  par  des 
électrodes  identiques,  et  comparer  les  données  observées  avec  la  théorie. 

.)  Lorsque  les  Ă©lectrodes  sont  identiques,  il  n'y  a  pas  en  principe  de 
différence  de  potentiel  dans  un  élément  renfermant  un  liquide  unique; 
mais  seulement  dans  les  éléments  constitués  par  2,  3,  4,  5,  ...  liquides 
séparés,  de  composition  différente.  J'examinerai  cette  fois  seulement  les 
éléments  dans  lesquels  les  deux  liquides  distincts  et  terminaux,  c'est-à-dire 
en  contact  avec  les  Ă©lectrodes  mĂ©talliques,  sont  les  mĂȘmes.  J'ai  opĂ©rĂ©  avec 
trois  métaux  :  zinc,  cuivre,  platine.  Toutes  les  dissolutions  possÚdent 
des  concentrations  équivalentes:  i»°'=5'   pour  les  corps  monovalents. 


o'  pour  les  corps  divalents. 


L 


»   Soient  d'abord  les  éléments  terminés  par  deux  sels  chimiquement 
neutres,  tels  que  : 

»   1°  Le  sulfatedezinc  et  le  sulfatedesoude  :SO'*Zn  ^  A;  SO*Na=  — B-  C  D   E 
répondent  à  SO*HS  SO'Cu.BO^H',  NaOH,  etc.  ,,,... 

»  (1)  ElĂ©ments  Ă   deux  liquides  :  AB.  —  On  a  trouvĂ©  : 

Electrodes  ZnZn  :  o"'''»,  00.         CuCu  :  o''°i',o3.         PtPt  :  o'"''  06. 
C-  R-,  1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  8.)  *  .^6 


422  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»   (II)  ÉlĂ©ments  Ă    trois   liquides  :  ACB.   —  MĂȘmes  contacts   entre   Ă©lectrodes  et 

C=  BO'H' 


liquides 


C  =  SOMF. 
ZnZn  :  0,01 
CuCu  :  o,o5 
PtPt    :  o,o5 


C  =  SO'Cu. 
0,00 

o,o8 
o,o5 


0,02 

o ,  oo5 
o,o3 


C  =  NaOH. 

O,00 

o,o3 
o,o5 


»  (III)  ÉlĂ©ments  Ă   quatre  liquides  : 
CD  =  SO'Cu.SO'H-. 
ZnZn   :  0,07 
CuCn  :  o,o4 
PtPt    :      » 


ACDB. 

CD  =  SO'H-.NaOH. 
0,00 
0,01 
0,08 


»  2"  Sulfate  de  zinc  et  sulfate  de  cuivre.  SO*Zn  =  A;  SO'Cu 
»   (1)  ÉlĂ©ments  Ă   deux  liquides  :  AB 


ZnZn  :  o'°",oi 


CuCu 


,07. 


PtPt 


»ult 


.  02. 


»  (II)  ÉlĂ©ments  Ă   trois  liquides  :  ACB. 


C  =  SO'Na^ 
ZnZn    :  0,02 
CuCu  :  0,08 
PtPt     :  0,08 


C  =  SO<H=. 
o,o3 
o,o4 

0,07 


C  =  BO'H' 
o,  10 
o,o5 
o,o5 


»  (III)  ÉlĂ©ments  Ă   quatre  liquides  :  ACDB. 

DC  =  SO'H".SO<Na-. 

o,o3 

0,02 

0,06 

DC  =  BO'JI'. Borax. 
ZnZn   :  o,o3 
CuCu  :  o,o4 
PtPt    :  o,oi5 


CD  =  SO'Na^SO'H- 
ZnZn   :  0,01 
Cu  Cu  :  o,o5 
PtPt    :  0,06 


CD  =  SO'Na^.BO'H 
O,o3 
0, 10 

0,07 

CD  =  SO'H-.NaOH 
0,01 
0,07 


CD  =  Borax.  BO' H'. 
0,02 
0,08 
o;oo 


(IV)  ÉlĂ©ments  Ă   cinq  liquides  :  ACDEB. 

CDE  =  SO'H-.NaOH.SO*Na=. 

ZnZn    :  0,07 

Cu  Cu  :  o,  1 1 

PtPt    :  0,04 


EDC  =  SO'Na^NaOH.SO'H'. 
0,o5 
o,o4 
o,oi5 


M  II  convient  de  remarqtier  ici  que  le  sulfate  de  cuivre  mis  en  rapport 
avec  une  électrode  de  zinc  donne  bientÎt  lieu  à  une  précipitation  du  métal 
et  à  une  polarisation  progressive,  qui  trouble  les  mesures  ultérieures. 

»   3°  Je  supprime,  pour  abréger,  les  éléments  terminés  parSO^Cu^  A; 


SÉANCE    DU    24   AOUT    igoS.  4^3 

SO*N;r  =  B,  avec  2,  3,  4.  5  liquides,  lesquels  ont  fourni  des  résultats  ana- 
logues aux  précédents. 

»  Avant  d'examiner  les  éléments  terminés  par  un  acide,  ou  par  un  alcali, 
résumons  les  indications  des  Tableaux  précédents.  Ce  qui  fra|)pe  d'abord, 
c'est  la  petitesse  générale  des  forces  électromotrices  (ou  plutÎt  des  diffé- 
rences de  potentiel). 

»  Dans  certains  cas  mĂȘme,  —  oĂč  elles  sont  Ă   peu  prĂšs  nulles,  ou  trĂšs  voi- 
sines de  zĂ©ro,  —  le  signe  Ă©lectrique  s'intervertit  au  bout  de  quelques 
minutes.  Je  rappellerai  d'ailleurs  que  ces  mesures  répondent  à  la  période 
initiale  des  phĂ©nomĂšnes,  Ă   partir  du  moment  oĂč  l'imbibition  de  la  paroi 
poreuse  est  devenue  réguliÚre;  la  polarisation  et  le  changement  de  com- 
position résultant  des  échanges  accomplis  au  travers  de  cette  paroi  ne 
tardent  pas  Ă   troubler  ce  premier  Ă©quilibre  relatif,  dans  un  grand  nombre 
de  cas. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  durant  la  période  initiale  que  je  viens  de  définir,  les 
valeurs  observées  sont  trÚs  faibles. 

»  Il  doit  en  ĂȘtre  ainsi,  en  effet,  d'aprĂšs  l'interprĂ©tation  que  j'ai  donnĂ©e 
(ce  Volume,  p.  292)  des  valeurs  considérables  et  différant  notablement 
entre  elles  de  la  force  électromotrice  observable  avec  un  élément  terminé 
par  deux  électrodes  métalliques  différentes,  valeurs  qui  se  retranchent 
l'une  de  l'autre. 

»  Ces  valeurs  sont  à  peu  prÚs  proportionnelles  à  la  différence  des  cha- 
leurs d'oxydation  des  deux  mĂ©taux.  DĂšs  lors,  dans  le  cas  oĂč  le  mĂ©tal  des 
deux  électrodes  est  identique,  les  différences  des  deux  potentiels  devraient 
ĂȘtre  nulles;  ou,  du  moins,  ne  manifester  que  de  petites  inĂ©galitĂ©s,  attri- 
buables,  en  partie,  aux  diffĂ©rences  d'Ă©tat  entre  les  Ă©chantillons  d'un  mĂȘme 
métal,  et  surtout  à  la  diversité  des  deux  liquides  neutres.  A,  B,  mis  en  con- 
tact avec  le  métal  M. 

»  Dans  les  exemples  cités,  les  ions  acides  de  ces  deux  liquides  (SO*)  sont 
d'ailleurs  les  mĂȘmes;  mais  cette  condition  n'est  pas  nĂ©cessaire. 

»  Quant  aux  liquides  intermĂ©diaires  entre  les  extrĂȘmes  G,  D,  E,  F,  la 
somme  de  leurs  influences  a  Ă©tĂ©  trouvĂ©e  faible;  mĂȘme  dans  le  cas  oĂč  il 
s'agit  d'un  alcali,  tel  que  NaOH  :  en  contact  avec  un  acide  auquel  il  se 
combine;  ou  bien  avec  un  sel  métallique  dont  il  précipite  l'oxyde,  comme 
SO^Cu.  Bien  entendu  ceci  s'applique  seulement  aux  premiers  instants  du 
contact,  avant  que  la  composition  des  deux  liquides  et  les  matiĂšres  conte- 
nues dans  la  paroi  poreuse  aient  été  notablement  modifiées. 

B  Avant  d'aller  plus  loin,  il  est  essentiel  d'établir  que  la  presque  identité 


424  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

des  potentiels  totaux  observés  avec  les  piles  à  2,  ,3,  4,  5  liquides,  terminées 
par  les  mĂȘmes  liquides,  en  contact  avec  les  mĂȘmes  Ă©lectrodes,  n'implique 
nullement  que  les  f  otenliels  individuels  développés  aux  contacts  des  liquides 
intermédiaires,  pris  deux  à  deux,  soient  nuls  ou  trÚs  petits.  En  fait,  cette  iden- 
tité résulte  des  compensations,  altribuables  pour  la  plupart  à  la  loi  des 
contacts,  et  conformément  aux  développements  donnés  à  cet  égard  dans 
mes  Notes  précédentes.  C'est  ce  que  je  vais  préciser. 

»  Soient,  en  effet,  M  |  A.B  |M  un  élément  formé  par  deux  liquides  diffé- 
rents et  sĂ©parĂ©s,  A  et  B,  compris  entre  deux  Ă©lectrodes  du  mĂȘme  mĂ©tal  M; 

»  M  I ACB 1  M  un  élément  formé  par  trois  liquides  A,  C,  B  ; 

«   M I  ÂCDB  I  M  ;  M I  ACDEB  |  M  un  Ă©lĂ©ment  Ă   4  et  5  liquides. 

»  Les  sommes  des  potentiels  respectifs  seront  : 


MA  +  BM  (entre  métaux) 


AB  (2  liquides), 

AG  +  CB  =AB( 3  liquides), 

AGh-CDh-DB  =:AB  (4  liquides), 

AC  +  CD  H-  DE  -t-  EB  =  AB  (5  liquides). 


))  Ces  égalités  résultent,  bien  entendu,  d'une  hypothÚse  non  évidente 
a  priori,  d'aprÚs  laquelle  la  loi  des  contacts  serait  supposée  applicable  aux 
chaßnes  de  liquides  différents.  Les  potentiels  AB,  AC,  etc.,  peuvent  avoir 
des  valeurs  quelconques;  mais  on  voit  que  leurs  sommes  se  réduisent  au 
chiffre  extrĂȘme,  par  suite  des  compensations. 


IL 

»  Examinons  maintenant  un  élément  terminé  à  l'un  de  ses  pÎles  par  un 
acide,  et  Ă   l'autre  pĂŽle  par  un  sel  neutre. 

»   10  S0*H2=A;  SO*Na^=B. 
»  (I)  Deux  liquides  AB  : 

ZnZn:o,ii.         CuCu:o,o6.         Pt:o,i8. 
»   (II)  Trois  liquides  ACB  : 


C  =  SO'Zn. 

C  =  SO<Cu. 

ZnZn  :  0,06 

0,12 

GuCu  :  0,01 

o,o5 

PtPt    :  0,26 

0,20 

SÉANCE  DU  24  AOUT  igoS. 
2°  S0*H2=A;  SO'Zn  =  B. 

(I)  Deux  liquides  AB  : 

ZnZn:o,o8.  CuCu:o,o8.  PtPt  :  o,oS 

(II)  Trois  liquides  ACB  : 


C  =  SO*Cu. 
ZnZn  :  o,o3 
CuCu  :  0,00 
PtPt    :   0,08 


C  =  Sp<IVa2 
0,11 
o,o4 
o,  10 


3°  SO'H^=A;SO'Cu  =  B. 
(I)  Deux  liquides  AB  : 

ZnZn  :   0,02.  CuCu  :   0,06. 


PtPt 


0,11. 


C  =  SO<Na' 
0,11 
o,  t3 
0,17 


(II)  Trois  liquides  ACB  : 

C  =  SO<Zn. 
ZnZn  :  0,12 
CuCu  :  o,  i3 
PtPt    :  0,18 

4°  SO"Znr=A;  BO^H'=B. 

(I)  Deux  liquides  AB  (' )  : 

ZnZn  :  0,01.  CuCu  :   o,o4. 

(II)  Trois  liquides  ACB,  C  =r  SO'Na^C)  : 

ZnZn  :   o,o3.  CuCu  :  0,02. 

(III)  Quatre  liquides: 

CD=SO'Na-SO'Cu 


C  =  NaOH. 
0,08 
0,09 
0,11 


Pt  :   o 


,02. 


CD  =  SO*Cu.SO«H=. 
ZnZn  :  0,02 
CuCu  :  0,02 
PtPt    :  0,002 


o,o3 

0,002 

0,02 


PtPt  :  0,02. 


CD  =  SO^CuSO*Na^ 
0,02 

o,oo5 
0,02 


425 


..  D  aprĂšs  ces  Tableaux,  l'acide  boriqtte.  acide  faible,  et  le  sttlfate  de 
zmc  ou  de  cuivre,  Ă©tant  liquides  terminaux,  leur  influence  sur  la  valeur 
absolue  du  potentiel  est  analogue  Ă   celle  des  sels  neutres,  c'est-Ă -dire 
presque  nulle.  Mats  tl  en  est  autrement,  en  fait,  pour  l'acide  sulfurique 

la  eutr"         """"iTl  ''^"'  ^'°"  ^^^'■""'  ^^"^  ^«P-^-t  acquĂ©rir'de 
V      urs  excessives.  Elles  le  sont  particuliĂšrement  avec  les  Ă©lecLdes  de 


(*)  MĂȘmes  valeurs  sensibl 


ement  avec  les  systĂšmes  SO'Gu.BO'  H'  et  SO'  Na^.BO^H^. 


426  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

»  Les  écarts  entre  les  groupes  à  deux  liquides  et  à  trois  liquides  sont  ici 
plus  marqués  que  dans  les  Tableaux  précédents.  Cette  divergence  résulte 
en  majeure  partie  de  la  difficulté  d'écarter  les  complications  attribuables 
au  mélange  des  liquides,  à  travers  la  paroi  poreuse.  En  effet,  j'ai  reconnu 
par  des  essais  spéciaux  que  la  moindre  trace  d'acide  sulfurique,  ou  d'un 
acide  fort,  ajoutée  à  un  sel  neutre,  fait  varier  la  force  électromotrice  bien 
plus  rapidement  que  l'addition  des  sels  neutres  en  faible  proportion. 


III. 


»   Soit  maintenant  un  élément  constitué  par  un  sel  neutre  et  un  alcali 


»   1°  SO*Na°-=A;  NaOH  =  B. 
»   (1)  Deux  liquides  AB  : 

ZnZn  :   o,34.  CuCu  :  0,19. 


»   (II)  Trois  liquides  ACB  : 

C=:  SO'Zn. 

C 

=  SO'Cu. 

ZnZn  :  0,82 

0.32 

CuCu  :   0,19 

0 ,  20 

PtPl  ,:   0,28 

0,34 

»  2°  SO'Zn  =  A;  NaOHr^B. 
»   (I)  Deux  liquides  AB  : 

ZnZn  :   o,34- 

»  (II)  Trois  liquides  ACB: 

C  =  SO'Cu. 
ZnZn   :   0,34 
CuCu  :  0,20 
PtPt    :  0,38 


PlPt  :  o,4i 


C  =  S0«H2. 
0,35 

0,20 
0,22 


u  :   0,21. 

PlPl  :  o,3i. 

C  =  S0<  Na'-. 

C  =  SO'H=. 

0,32 

0,28 

0,19 

0,18 

o,3i       . 

0,39 

..  3°  SO*Cu  =  A;  NaO  =  B. 
»  (I)  Deux  liquides  AB  : 


:n  :   0,33. 

CuCu 

0,26. 

PtPt  :  0,19 

s  ACB  : 

C  =  SO'Zn. 

C 

=  SO<Na=. 

C 

=  SO<H^ 

ZnZn  :  o,33 

0,34 

0,35 

CuCu  :  o,25 

0,27 

0,28 

PlPt   :  o,4o 

o,38 

0,39 

SÉANCE    DU    24   AOUT    igoS.  ^27 

»  On  voit  d'abord  que  les  valeurs  trouvĂ©es  sont  Ă   peu  prĂšs  les  mĂȘmes 
pour  les  systĂšmes  terminĂ©s  par  les  mĂȘmes  liquides,  dans  chacun  des  trois 
groupes  à  deux  et  trois  liquides  envisagés  séparément. 

)i  En  outre,  la  comparaison  des  trois  groupes  entre  eux  fournit  des  va- 
leurs d'ordinaire  fort  voisines.  Mais,  contrairement  à  ce  qui  a  été  observé 
pour  les  systĂšmes  oĂč  les  Ă©lectrodes  sont  en  contact  avec  deux  solutions 
salines,  les  potentiels  observés  cette  fois  ont  des  valeurs  notables.  Avec  les 
Ă©lectrodes  de  zinc,  ils  sont  voisins  d'un  tiers  de  volt,  ce  qui  correspond  Ă  
8^»'  environ;  avec  les  électrodes  de  cuivre,  ils  sont  voisins  d'un  quart  à  un 
cinquiĂšme  de  volt,  ce  qui  correspond  Ă   5*^*'  ou  6^^\  Avec  les  Ă©lectrodes  de 
platine,  ils  ont  oscillé  entre  un  et  deux  cinquiÚmes  de  volt,  chiffres  cor- 
respondant à  5^"'  et  9^^"'.  Le  contact  d'un  alcali  avec  les  métaux  mis  en 
Ɠuvre  exerce  donc  une  influence  toute  particuliùre. 

»  Je  suis  porté  à  attribuer  cette  influence  à  la  relation  électrochimique 
spéciale  qui  existe  entre  les  oxydes  de  ces  métaux:  zinc,  cuivre,  ])latine 
notamment  et  la  base  alcaline.  En  effet,  les  oxydes  des  métaux  mis  en  pré- 
sence des  acides  tendent  Ă   former  des  sels,  dans  lesquels  les  oxydes  jouent 
le  rĂŽle  Ă©lectropositif  au  point  de  vue  chimique;  et  ce  rĂŽle  subsiste  d'ordi- 
naire vis-Ă -vis  des  sels  neutres.  Au  contraire,  ces  mĂȘmes  oxydes,  ceux  de 
zinc  et  de  platine  en  particulier,  mis  en  présence  des  alcalis,  tels  que  la 
soude,  tendent  à  former  des  sels  dans  lesquels  les  oxydes  métalliques 
jouent  le  rÎle  d'acide,  c'est-à-dire  le  rÎle  électronégatif,  au  point  de  vue 
chimique.  Il  en  résulte  que,  dans  les  éléments  de  pile  envisagés  ici,  les  deux 
électrodes,  l'une  étant  mise  en  présence  d'un  sel  neutre,  l'autre  en  pré- 
sence de  la  soude,  tendent  Ă   ajouter,  dans  une  certaine  mesure,  leurs 
potentiels;  au  lieu  de  les  retrancher,  comme  dans  les  cas  oĂč  le»rĂŽle  Ă©lectro- 
chimique  des  mĂ©taux  qui  constituent  les  deux  Ă©lectrodes  est  le  mĂȘme. 
Ainsi,  dans  ce  dernier  cas,  la  différence  des  deux  potentiels  tend  à  devenir 
nulle;  tandis  que,  dans  le  cas  d'un  alcali,  il  en  est  autrement. 

IV. 

»   Opposons  un  acide  libre  à  une  base  libre,  vis-à-vis  de  deux  électrodes 
mĂ©talliques  identiques,  dans  un  mĂȘme  Ă©lĂ©ment  de  pile. 

»  Acide  sulfurique  et  soude  :  SO*H-  =  A;  NaOH=:B. 
»  (I)  Deu\  liquides  ÂB  : 

ZiiZu  :  0,33.         CuCu  :  o,  lĂŽ.         Pt  :  0,60. 


428 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


.)   (II)  Trois  liquides  ACB  : 

C  =  SO''Zn. 
ZnZn  :  0,20 
Cu  Cu  :   0,11 
PtPl   :   0,53 

»  (III)  Ouatre  liquides  ACDB  : 

CD  =  SO'Zn.SO'Na-. 
ZnZn  :  0,28 
Cu  Cu  :  o, i3 
PlPt    :   0,5; 


=  SO'Cu. 

C  =  SO'Na=. 

0,20 

0,  "9 

0,09 

0,12 

o,56 


0,52 


CD  =  SO'CuSO  Na-. 
o,  19 
o,  l3 
o,5o 


M  La  relation  fondamentale  entre  les  piles  formées  de  différents  liquides 
séparés  est  ici  vérifiée.  Mais  les  valeurs  observées  sont  considérables;  ce 
qui  se  rattache  évidemment  à  la  réunion  des  deux  influences,  exercées  l'une 
Ă   un  pĂŽle  par  l'acide,  l'autre  Ă   l'autre  pĂŽle  par  l'alcali  :  influences  qui 
tendent  Ă   s'ajouter.  Je  ne  veux  pas  entrer  ici  dans  la  discussion  des  hypo- 
thÚses que  l'on  pourrait  faire  à  cet  égard,  pour  préciser  davantage  le  calcul 
des  forces  Ă©lectromotrices.  Je  me  bornerai  Ă   constater  une  fois  de  plus  la 
vérification  expérimentale,  dans  les  conditions  chimiques  les  plus  diverses, 
de  la  loi  des  contacts,  en  tant  qu'applicable  aux  chaĂźnes  liquides. 


»  L'étude  du  dernier  groupe  des  liquides  étudiés  dans  le  présent 
Mémoire  nous  ramÚne  à  la  relation  que  j'ai  signalée  au  début  de  ces  études 
entre  les  forces  éleclromotrices  des  trois  éléments  constitués,  l'un  par  la 
réaction  d'un  acide  sur  une  base  donnant  lieu  à  un  sel,  les  autres  par  les 
réactions  de  ce  sel  sur  son  acide  et  sur  sa  base  séparément  : 


(0 


E  =  e.  H-  s^ 


et  plus  généralement  par  la  réaction  de  deux  liquides  entre  eux  et  sur  le 
produit  de  leur  action  réciproque. 

»  Cette  Ă©quation  peut  ĂȘtre  envisagĂ©e  Ă   divers  points  de  vue  et  notam- 
rr.ent  Ă   celui  des  chaĂźnes  liquides  qui  interviennent  dans  la  mesure  des 
quantités  E,  £,,  23. 

»  Soient  trois  liquides  séparés  A,  B,  C  et  des  électrodes  constituées  par 
un  mĂȘme  mĂ©tal  M;  on  peut  former  trois  Ă©lĂ©ments  de  pile  avec  les  liquides 


SÉANCE    DU    2/|    AOUT    HJoS.  429 

pix'cédeiils,  pris  deux  à  deux  selon  l'ordre  siiivanl  : 

M|Â.R|M;      M|A.C|M;      IM|C.B|M. 

»  En  admettant  la  loi  des  contacts  pour  les  liquides,  on  obtient  entre 
les  potentiels  du  premier  clément  et  ceux  des  deux  autres  éléments,  dis- 
posés comme  ci-dessus,  la  relation 

E  =  ÂŁ,  +  ;,_,  : 
car 

MA  +  BiVÎ  +  AV>  =  MA  +  cFl  +-  MC  +  HM  -f-  AC  +  CB. 
.1   Or 

CM  4-  MC  =  o ;  AC  +  CR  =  \ B. 

»  Les  expériences  relatives  à  la  relation  signalée  [)lus  haut  j^euvent  donc 
ĂȘtre  regardĂ©es  comme  fournissantunedĂ©monstralion  delĂ   loi  des  contacts, 
en  tant  qu'applicable  aux  chaĂźnes  liquides. 

»  Cependant,  ainsi  que  j'ai  eu  occasion  de  le  faire  observer  à  diverses 
reprises  et  de  le  démontrer  par  mes  mesures  d'intensité  et  mes  expériences 
d'électrolyses  extérieures  à  la  pile,  l'égalité  entre  les  deux  termes  de 
l'Ă©quation  (i)  s'a|iplique  uniquement  aux  potentiels  Ă©lectriques,  mais  non 
aux  quantités  de  chaleurs  dégagées  de  part  et  d'autre  et  au  travail  exté- 
rieiu'  accompli  par  les  trois  éléments.  Tontes  les  fois  que  E  répond  à  une 
réaction  exothermique,  telle  que  :  la  combinaison  d'un  acide  et  d'une  base; 
ou  l'action  réciproque  de  deux  sels  formant  immédiatement  un  sel  double 
trÚs  stable  à  l'état  ordinaire;  ou  bien  encore  une  réaction  oxydante  ou 
réductrice,  accomplie  presque  instantanément  au  contact  des  deux  liquides; 
j'ai  constaté  que  l'énergie  intérieure  correspondant  à  cette  réaction  et 
entretenue  par  elle  est  susceptible  d'intervenir,  non  seulement  pour  pro- 
duire de  la  chaleur,  mais  aussi  pour  se  transmettre  en  partie  au  dehors  sous 
la  forme  d'un  courant  électrique,  qui  développe  un  travail  électrolytique 
continu,  extérieur  à  la  pile  :  tandis  que  les  réactions  s,  et  t.^  (action  d'un  se! 
neutre  sur  un  acide,  ou  sur  une  base,  etc.),  —  Ă   rĂ©sultante  thermique 
presque  nulle,  sinon  mĂȘme  nĂ©gative,  —  puisent  dans  le  milieu  ambiant  les 
Ă©nergies  qui  entretiennent  les  potentiels  de  la  pde  qu'elles  concourent  Ă  
former.  Par  conséquent,  elles  ne  sont  pas  susceptibles  d'entretenir  un 
travail  électrolytique  extérieur;  et  celui-ci  ne  tendra  à  se  produire  que 
C.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N-  8.  5? 


43o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

suivant  la  proportion,  extrĂȘmennent  faible,  qui  rĂ©pond  Ă   l'emmagasinement 
conlinu  de  ces  énergies  extérieures. 

»  Dans  le  premier  élément  (acide  -l-  base),  au  contraire,  le  travail  exté- 
rieur est  entretenu  en  raison  de  l'énergie  fournie  en  un  temps  donné  et 
d'une  façon  continue  par  la  réaction  chimique.  En  étudiant  les  réactions 
oxydantes  en  particulier,  j'ai  montré  que  l'on  réalise  ainsi,  au  moyen  de 
l'Ă©nergie  fournie  par  le  contact  des  deux  liquides,  accompli  en  dehors  des 
électrodes  métalliques,  on  réalise  ainsi,  dis-je,  dans  plusieurs  cas,  des 
piles  qui  travaillent  en  conservant  une  force  Ă©lectromotrice  constante; 
c'est-Ă -dire  qui  possĂšdent  les  mĂȘmes  caractĂšres  que  les  piles  ordinaires,  oĂč 
la  force  électromolrice  est  fournie  surtout  par  la  réaction  chimique  accom- 
plie entre  une  Ă©lectrode  mĂ©tallique  et  le  liquide  oĂč  celle-ci  est  plongĂ©e. 
Ce  sont  là,  je  le  répÚte,  des  circonstances  capitales  au  point  de  vue  de  la 
théorie.   » 


M.  Alfred  Picard  fait  hommage  à  l'Académie  du  quatriÚme  Volume  de 
son  Raijport  général  concernant  l'Exposition  universelle  de  1900. 

«  Ce  Volume  est  presque  exclusivement  consacré  à  l'organisation  et  aux 
traits  caractéristiques  des  groupes  et  des  classes  de  la  Section  française,  y 
compris  les  colonies  et  pays  de  protectorat, 

)i  Tous  les  membres  de  l'Académie  des  Sciences  l'ayant  reçu  ou  devant 
le  recevoir  incessamment,  M.  Picard  croit  inutile  d'en  faire  l'analyse,  mais 
il  considĂšre  comme  un  devoir  de  rendre  hommage  Ă   ceux  de  ses  Ă©minents 
ConfrÚres  qui,  élus  présidents  de  gioujjc  ou  de  classe,  ont  bien  voulu  ac- 
cepter ce  mandat,  le  remplir  avec  tant  d'Ă©clat,  et  contribuer  pour  une  si  large 
part  au  brillant  succÚs  delà  Section  française  :  le  regretté  M.  Faye(  classe  de 
la  GĂ©ographie,  de  la  Cosmographie  et  de  la  Topographie);  M.  d'Arsonval 
(classe  des  applications  diverses  de  l'Electricité);  M.  le  colonel  Laussedat 
(groupe  des  instruments  et  procédés  généraux  des  Lettres,  des  Sciences 
et  ties  Arts;  classe  des  Instruments  de  précision);  M,  Marey  (classe  de  la 
Photographie);  M.  Mascart  (groupe  de  l'ÉlectricitĂ©;  classe  tiela  production 
et  de  l'ulilisalion  mécaniques  de  l'EleclricitÚ);  M.  Moissan  (classe  de 
l'Électrochimie);  M.  Potier  (classe  de  l'Échurage  Ă©lectrique);  M.  Pril- 
lieux  (classe  des  Insectes  utiles  ou  nuisibles);  M.  Sarrau  (classe  de  l' AĂ©ro- 
station) ;  M.  Troost  (classe  des  Arts  chimiques  et  de  la  Pharmacie).   » 


SÉANCE  DU  24  AOUT  IQoS. 


43i 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Sechétaiise  peiipétuel  signale,  parmi  les  piÚces  imprimées  do  la 
Correspondance,  plusieurs  MĂ©moires  de  M.  le  professeur  G.  CapeUini  et 
notamment  des  travaux  sur  les  BaL-iiics  fossiles  trouvées  en  Italie. 
(Présentés  par  M.  Albert  Gaudry.) 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Observations  du  Soleil  faites  à  V  Observatoire  de 
Lyon  {Ă©quatorial  Brimner  de  o"Si6)  pendanl  le  deuxiĂšme  trimestre 
de  1903.  Note  de  M.  J.  Guillaume,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  11  y  a  eu  67  jours  d'observation  dans  ce  trimeslre;  les  j)rincipaux 
faits  qui  en  résultent  sont  les  suivants  : 


TaĂši.eau  I. 


Taches. 


I)ates        Nooihre      Pass.      LaliluiJes  moyennes      Surfaces 

exlrĂŽmcs     iJ"(»bscr-  au  mer.    ■ — ^* — —— — -     moyennes 

(i'oijserv.     valions,  central.         S-  N.  rcUuites. 


28-  6 
3-14 

7-  « 

1 1 

8-i3 

a5-'26 

27-2S 

1 8-20 

20 

24 
24-27 
24-  2 
3o-  5 
24-  2 


26-  5 


8 

1 1 

2 

I 

6 
2 
2 


8 
3 
8 

22  j. 


Avril 

2,0 

8,7 

9,9 

12,4 

i3,-3 

21,8 

23,  I 

23,6 

23,8 

■'‱5,7 
27,8 
28,7 
29,0 
29,4 


900 . 


0,09. 


Mai. 


-iG 
-19 


—  iG 
-14 
— 20 


7 

2,1 

2 

G, 3 

— 20 

2 
1 

8,3 
11,1 

-i5 
— 20 

-20 

-21 
-22 
-23 


— 17°, 6     -1-20", o 


0,23. 


iGi 

3oi 

i3 

10 

10 


J3 

iG 
I  33 


87 
8 

9 

4 


I»,itc>:        Nomliro      Pass.      l.aLiluilcs  moyennes    .Suiface 

fxiromes      d'oliser-    an  mĂȘr. —  ^ 

(l'otiserp.     Talions,    central.        .S.  i> 


1  G-22 

2  3-27 
3() 

20-1  G 


1 1-iG 

12 
S 

i5 
20-2  3 
15-27 
I G-27 
18-20 

I-  3 


moyennes 
rij.lijilcs. 


Mai  igoS  (suite) 


2Gi 


r 

I 
3 
I 

I 

3 

10 
9 


Ï9J- 


22 , 3 
23,3 

2t,9 

25.6 


— 3o 


-2r,3 


Juin.   —  fJ,'j6. 


^,  1 

7,1 

'0,7 

12,1 
l3,I 

‱9.8 

21  ,G 
23,0 

20,7 
3o,8 


-21 

-Il 
-i5 
-jo 

-25 


-'7 

-i5 

"'7 

-iS 


iG",G 


-H  20 
-1-2  I 
-1-20 


2/1 
41 

i4 

38 


■  I 

1 1 
2/ 

4 
■5 

3 

2G 
5G 
78 


-20", 6     -i-'io",8 


432  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Tableau  II.  —   Dislribulion  des  lñches  en  lalUude. 

Sud.                                                                                 Nurd.  Surfaces 

‱ — "~~"^ "i^^^^""" ~         . — ^ — -~^ — .^ Totaux                    totales 

1903.            90".     iO'.      30".       20».       10'.     0'.    Somme.          Somme.  0*.      10".       20".     30".       M".     90°.  mensuels.              réduites. 

Avfil u         u          1           6         »              -                    -           »         3         4           u         u  l4                       772 

iMai un        I         3        »           4                5         1)       5        «         »       »  9                  233 

Juin »       "        4         J        "           7                4         "       2        2         »       »  II                   a3o 

Tolaux..        I)        »        6        12         i>          18               iG         u      lo        6         »       »  34                  I235 
Tableau  III.   —  Distribution  des  facules  en  latitude. 


Somme.         0".    10".      20".     30".    iO". 


yVvril 

3 

1 

4 

4 

I 

Mai  . 

2 

3 

2 

9 
1 5 

6 

1 

Toi 

inuK .  . 

1 5 

2 

13  I- 


■I 


Surfaees 

Tolaux 

lotaloi 

monsuols. 

réduites. 

3o 

'5,9 

^4 

<4,2 

3 1 

i5,9 

1  i  10  »       5       3       M.       » 

19  12  I       3       6       ■(       » 

4I)  39  2     12     i(i       G       3  85  4G,o 

»  "lĂąches.  —  Le  nombre  des  groupes  de  taches  enregistrĂ©s  est  double  de  celui  du 
trimestre  jirécédent  (voir  Comptes  rendus,  t.  CWXVI,  p.  994),  soil  34  groupes  au 
lieu  tie  17,  mais  leur  surface  totale  n'a  augmenté  que  d'un  tiers  environ  ;  on  a,  en  cITet, 
I  28  j  millioniĂšmes  au  lieu  de  701. 

»  En  ce  qui  concerne  leur  répartition  entre  les  deux  liémisphÚres,  le  nombre  des 
groupes  a  augmenté  de  10  au  sud  (  18  ati  lieu  de  8)  et  de  7  au  nord  (  16  au  lieu  de  9  ) 

))  Le  groupe  le  plus  important  a  traversé  le  disque  solaire  du  i""''  au  i5  avril,  à  19° 
de  latitude  australe;  il  a  occupé,  dans  son  plus  grand  développement,  une  surface 
de  4oo  inillioniémes  de  l'aire  de  riiémispliÚre  visible.  Sa  tache  principale  a  atteint  la 
limite  de  visibilitĂ©  Ă   l'Ɠil  nu;  elle  Ă©tait  accompagnĂ©e  d'autres  trĂšs  petites,  et  entourĂ©e 
de  belles  facules. 

»  D'autre  part,  le  nombre  des  jours  oii  le  Soleil  a  été  vu  sans  taches  est  de  i3,  d'oii 
résulte  un  nombre  proportionnel  de  0,19,  légÚrement  plus  faible  que  le  nombre 
obtenu  (0,22)  dans  le  trimestre  j)récédent. 

1)  RĂ©gions  d'activitĂ©.  —  Le  nombre  des  groupes  de  facules  a  diminuĂ©  de  5  au  sud 
de  l'équateur  (46  au  lieu  de  5i)  et  augmenté  de  S  au  nord  (Sg  au  lieu  de  3i);  au 
total,  on  a  noté  3  groupes  de  plus  que  dans  le  |)remier  trimestre  (85  au  lieu  de  Si). 

»  l^eur  surface  totale  a  augmenté  d'un  quart  environ,  soit  40, o  milllÚincs  au  lieu 
de  02,1.  » 


SÉANCE    DU    24   AOUT    igo3. 


/,;« 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  St/r  le  problùme  de  s.  Lie. 
Noie  de  M.  N.  Saltykow. 

«  Considérons  le  systÚme  de  q  équations  en  involution 

(')  /<(*‱,.  ^2 ■TCn^p^.p-,,  ...,  p„)  =  o  (X:=:i,2 q), 

p,,  P-2,  ...,  p„  clcsii^n;int  les  dĂ©rivĂ©es  |);irliclles  --^,  -^,  ■‱■,  -j^,  et  le  dĂ©ter- 
niinnnt  fonclinuriel 


dƓ,. 


D 


fuU -..,/, 


,Pu  Pi-  ■■■,/>.,, 

étant  distinct  de  zéro.  Sii|)posoiis  que  le  s\slÚme  linéaire  coinplct 

(2)  (,A./)  =  o  (/!-=i,ii q) 

admette  /‱  intc"i;r;dt.s  di-tincics 

telles  que  les  parenthÚses  de  Poisson  formées  ßle  ciiaque  [jaire  .le  ces  der- 
niĂšres ne  donnent  plus  de  nouvelles  intĂ©grales  du  systĂšme  (2).  Les  r  —  q 
derniÚres  intégrales  (3)  n'étant  pas  en  involution,  S.  [>ie  a  donné  une 
méthode  pour  achever  l'intégration  des  équations  (2)  et  (i)  (').  Nous 
allons  la  |:)résentcr  comme  ime  généralisation  de  la  lliéoiie  des  équations 
canoniques.  Commençons  par  chercher  des  fonctions  $,,  <ß>2,  . . .  des  quan- 
iitésy",,y2,  ,..,/^,  en  involution  avec  ces  derniÚres.  En  désigtiant  par  a,-^ 
les  parenthÚses  (fg^.,, /ç^,),  fi)rmous  le  déterminant 


«M 

a.,, 


-V  -q.  1 


«12 

y..,., 


'■,-,i,j 


■\,r-q 


'‱2,r-q 


*'‱-?,  «--y 


S'il  est  nul,  ainsi  que  tous  ses  mineurs  (h^puis  le  premier  ordre  jusqu'Ă  
ordre  j^.  —  1 ,  le  nombre  des  fonctions  $  est  ^..  Par  consĂ©quent,  notre  pro- 


(')  S.  Lu;,  Malh.  Ann..  Bd.  \  111,  p    278;  Bel.  M,  p.  464. 


434  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

blĂȘme  revient  Ă   intĂ©grer  le  systĂšme  linĂ©aire  complet  formĂ©  par  les  Ă©qua- 
tions (2)  et  les  suivantes 

(4)  (<I'm/)  =  0  (.  =  1,2,. .„[..)‱ 

»  Or  comme  on  le  sait,  sans  connailre  les  fonctions  <!>,,  on-  forme,  sans 
clifficiiltĂ©  un  systĂšme  Ă©quivalent  Ă   (4).  De  plus,  le  nombre  r  -^  q —  u.  Ă©tant 
pair('),  que  nous  désignerons  par  2:,  on  parvient,  par  des  intégrations 
successives,  Ă   un  systĂšme  complet  des  «  —  p  Ă©quations 

(5)  (/../)  =  «  (/t  =  i, 2,.. .,./),  B,(/)  =  o  (.=  i,2,..-.,«-y-f), 
admettant  un  systÚme  complet  des  n  +  p  iulrgrales  indépendantes 

v^)  yi'    y^»     ‱■‱‱    .A/»    J'i'\^     ‱‱‱'    /"    /'+! /n+p 

que  l'on  obtient,  dans  le  cas  le  moins  favorable,  par  un  nombre  des 
rt  —  <y  —  [X  —  p  opĂ©rations  d'intĂ©gralion  d'ordre 

2«   —   2y  —   2;J.   —   2p,        2//   —  21/  —   2;y.  —   20  —  2,         ...,        \,        1. 

»   Enfin,  on  obtient  par  une  quadrature  l'intégrale 

(7)  =    — /,+r,+  ,. 

formant  avec  les  équations  (6)  le  systÚme  complet  des  intégrales  du  sys- 
tÚme remplaçant  le  svstÚme  (5),  quand  on  considÚre  /  comme  fonclion 
des  variables  x,  p  et  z,  les  parenthÚses  de  Poisson  étant  remplacées  par 
celles  de  Weiler. 

»  Les  fonctions  <ß>  étant  inconnues,  nous  résumons  dans  le  setd 
théorÚme  suivant  toutes  les  considérations  compliquées  de  S.  Lie,  relatives 
à  l'intégration  du  systÚme  (2)  : 

»  Soient  les  Ă©quations  (5)  rcsolubles  par  rapport  Ă   -y^,  -j^i  ■    -,  -j^ 

En  Ă©galant  les  fonctions  (Ç>)  et  {'])  Ă   des  constantes  arbitraires  h  ^,  B„ ^,,+p+i, 

(')  Pour  le  démontrer,  S.  Lie  introduit  sa  théorie  de.  groupes.  Or  eelte  conclusion 
devient  évrdeiite,  en  remarquant  ([u'un  délerininant  gauche  symétrique  peut  ne  pas 
s'annuler  s'il  n'est  d'un  ordre  pair. 


SÉANCE   DU    24   AOUT    igoS.  435 


on  en  lire 


"n^i)\  \  1 


,^  =  i,i'.. 


le  dĂšlerminant  fonclionnel 


p/?l.    ?2.    ■■‱■    ?p.    'Il,    ■^;,    ...,    'j/,, 
V  6,,  62,    .  ..;    ...,  /',,,  +  p" 

cVrt///  dislincl  de  zéro.  Cela  posé,  parmi  les  n  -  q  -^-  p  équations 

/e5  a,  ^/a^i  des  constantes  arbitraires,  il  existe  un  systĂšme  de  n  —  q  ~  p  Ă©qua- 
tions distinctes  rĂ©solubles  par  rapport  Ă   x^^,,  .r,^, x„^^.  Les  rĂ©sulta/s 

d'Ă©limination  de  leurs  premiers  membres  des  valeurs  b,,  b. ,   ù„^    reprĂ©- 
sentent les  intégrales  requises  du  systÚme  (2). 

»  La  démonstration  de  ce  dernier  théorÚme  se  fait  d'une  maniÚre  ana- 
logue, comme  dans  la  premiÚre  méthode  de  Jacobi. 

»  Enfin,  le  systÚme  complet  des  intégrales  des  équations  (2)  étant 
connu,  l'intégrale  complÚte  du  systÚme  (i)  s'obtient  sans  difficulté. 

»  Le  théorÚme  énoncé  présente  un  résultat  trÚs  important,  dont  S.  Lie 
a  enrichi  la  thĂ©orie  des  Ă©quations  Ă©tudiĂ©es,  en  indiquant  en  mĂȘme  temps 
un  cas  trÚs|:énéral,  quand  l'intégration  du  systÚme  (2)  s'achÚve  par  une 
quadrature.  En  effet,  il  est  aisé  de  formuler  le  théorÚme  suivant  : 

»  Le  systÚme  (2)  admettant  «  +  p(p  <n  -  y)  intégrales  (6),  telles  que  le 
déterminant  correspondant  A  s'annule,  ainsi  que  tous  ses  mineurs  depuis  le 
premier  ordre  jusqu'à  r  ordre  n-q-p-i,  l'intégration  des  équations  (2) 
5  achĂšve  par  une  quadrature. 

>)  Le  théorÚme  de  Liouville  généralisé  (Comptes  rendus  du  24  juillet  1899: 
Sur  la  théorie  des  équations  aux  dérivées  partielles)  iw  présente  qu'un  cas 
particulier  de  ce  dernier  théorÚme  correspondant  à  p  =  o;  car,  dans  ce 
cas,  le  nombre  des  intégrales  connues  se  réduisant  à  n,  et  tous  les  mineurs 
deAs'annulant,  il  s'ensuit  que  les  intégrales  données  sont  en  involulion.  » 


436 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ANALYSE  MATHÉMATI<.>UE.  -  Sur  ^s  mtĂ©graks  de  Fourier-Cauchy.  Note  de 

M.  Caiil  Stormeii. 

a   Nous  avons,  dans   une  précédente    Comnu,nical;on    C),  énoncé  le 
théorÚme  fondamental,  que 

lim  I  (A-)  =  M/(a? ,  ^«)' 

M/(^,..    .    .^Jetant  ce  que  nous  avons  .p^Aé  valeur  moyenne  sphérique 

fie    f(a: ,  ar„)  au   point  (.r,,  ...,  a',,)- 

/ce  n'est  pas  ic,  TendroĂč  de  citer  les  nombreuses  apphcafons  <le  ce 
résultat.  Nous  nous  bornerons  à  signaler  la  conséquence  suivante. 

„   Supposons  .  =  3,  et  le  point  (.r.,  .„  .^3)  s.tuc  sur  une  surfac    de  d.- 

conZ^lĂ©   pour  la  fonction  /(;„  L.  ç,),  de  maniĂšre  que  cette    onct:on 

ende  vers' les  valeurs  A  et  B,  selon  que  (E..  E.  l.)  tend  vers  le  po,nt 

Z  Z  -3)  suivant  un   cbemin  situé  de  l'un  ou  de  l'autre  cÎte  de  cette 

surface.  Alors,  si  la  surface  admet  un  plan  langent  au  po;nt  (a..,  ^„  ^-3), 

on  aura  ^ 

limI(A-)  =  -^-- 

A=0 

,.    Si,  au  contraire,  le  point  (x.,  ^.,  a-,)  est  un  point  con,quc  ord.naire.  . 
on  aura 

bmi(x-)  =  Vr^-' 

quand  le  rapport  des  deux  parties  de  la  sphÚre  s'  séparées  par  la  surface  de 
discontinuité  tend  vers^^  lorsque  e  tend  vers  zéro,  etc. 

1      T/7\       \i  /"/'r  a-  ")   donne   un   théorÚme 

>,   Le  théorÚme  que  liml  (A)  =  xM/ ^.r,,  ...,  J-,,) 


li 

A-  =  0 

important  sur  l'w/egra/e  de  Founer 


(>)   Comptes  rendus,  sĂ©ance  du  17  aoĂčl  .tjoS,  p.  4oS. 


SÉANCIi:    DU    2/,    AOUT    i<)<.3.  /i'i-j 

dans  le  cas  oĂč  cette  intĂ©grale  existe,  clanL  dĂ©finie  comme  inlcgrale  dĂ©finie 
généralisée  ('  ). 

»  En  effet,  j'ai  établi  que  si  k  lend  vers  zéro  j)ar  valeurs  j)osilives,  alors 
l'intégrale 

/2^)«  ''dk'^  '  .  .  .  e  »  "     »  /^^ç,,  ,,,  .  .  .,  c,„)ae 

tend  vers  (')  la  valeur  I„  obtenue  en  y  substituant  directement  /t  =  o,  c'est- 
à-dire  que  I„  =  liml(^). 

»  En  combinant  cela  avec  le  résultat  précédent,  on  aura  donc  ce  résultat  que 

I„=  M/(a;,,,r,,  .  .  .,j:„), 

sous  V hypothĂšse  de  l'existence  non  seulement  de  VintĂšgrale  de  Fourier,  mais 

aussi  de  la  valeur  moyenne  sphĂ©rique  defÇi^ ,  H^, . . . ,  ^„)  au  point  (x ,  x„). 

»  Quant  à  la  fonction  analytique  I(^),  il  v  a  encore  des  propriétés  inté- 
ressantes Ă   signaler  Ă   son  sujet.  En  effet,  comme  I(^-)  est  une  fonction 
entiĂšre  transcendante  de  x,,x.,,  .  .  .,x„,  elle  admet  pour  k^o  des  dĂ©ri- 
vées de  tous  les  ordres  par  rapport  à  ces  variables.  Si  k  est  à  l'intérieur  du 
domaine  X-,  alors  ces  dérivées  s'obtiennent  en  dérivant  dans  rinté^rale 

sous  le  signe  d'intégration  ('),  ce  qui  donne 

»  Si  l'on  fait  brusquement  ^=0  au  second  membre,  on  n'obtient  que 
l'intégrale  divergente  : 

-^S^.e».'^.--".  .  .e-^--'(^a.)H»-.y^-  ‱  ‱(^-«)y(^M  ;.,  ‱  ‱  -,  ln)de, 
ce  qui  n'aura  pas  de  sens;  mais  cela  n'empĂȘche  pas  que  la  dĂ©rivĂ©e 


dx\  dx\ . . .  djr'li 


7IW 


(‱)  Voir,  par  exemple,  Jordan,  Cours  d'Analyse,  l.  Il,  1894,  p.  81,  elc. 
(')  Voir  moQ  Mémoire  cité  dans  la  Note  derniÚre,  tliéorÚme  G. 
(■')  Loc.  cit.,  tliĂ©orĂšme  5  et  p.  18. 

G.  R.,   190:5,  i>  Semestre.  (T.  CXXXVIl,  ^‱  8.)]  fiH 


438  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

peut  tendre  vers  une  limite  déterminée  quand  k  tend  vers  zéro  par  va- 
leurs positives.  En  effet,  j'ai  démontré  que  si,  par  exemple,  la  fonction 

/(^,,  l,,  ...,ln)  est  une  fonction  analytique  de  ^,,  Eo,  ...,  l„  rĂ©guliĂšre  au 
point  (a:,,  x^,  ....  x„),  alors  on  aura,  si  ce  point  esta  l'intĂ©rieur  de  E, 

t)Ăč  ^(E,,E.,  ...,  E„)  (lĂ©sigie  la  dĂ©rivĂ©e 


d'i},d\l...ĂŽ\), 


/('.n  '■■.'. '-:,)■ 


ÉLECTRICITÉ.  —   Sur  le  rĂŽle  des  noyaux  mĂ©lalliques  des  bobines. 
Noie  de  M.  lß.  Egi.vitis,  présentée  par  M.  J.  Violle. 

«  Ea  sensibilité  de  réchauffement  des  pÎles  aux  variations  de  la  self- 
induction  du  circuit  de  décharge  nous  a  servi  à  étudier  l'influence  des 
noyaux  métalliques  des  bobines  de  self-induction.  Les  expériences  ont  été 
faites  en  opérant  sur  des  étincelles  consécutives. 

»  Nous  avons  étudié  l'influence  du  fer,  du  laiton  et  du  cuivre.  D'aprÚs 
nos  expériences,  celle  influence  varie  avec  la  valeur  de  la  self-induction 
de  la  bobine,  la  nature  el  le  diamĂštre  des  noyaux,  la  nature  des  pĂŽles,  la 
distance  explosive,  etc. 

»   Les  résultats  de  cette  élude  sont  les  suivants  (')  : 

»  L  L'influence  d'un  noyau  dĂ©pend  de  la  forme  de  La  bobine.  —  Deux  bobines 
ayant  la  mĂȘme  self-induclion,  dont  Tutie  est  construite  en  longueur  el  l'autre  en 
épaisseur,  donnent  des  résultats  dilTérents.  Avec  une  bobine  longue,  l'eiret  d'un  no\  au 
esl  plus  grand  qu'avec  une  bobine  courte. 

))  2.  Deux  noyaux  de  mĂȘmes  dimensions,  mais  dont  l'un  esl  creux  et  l'autre 
plein,  n'ont  pas  le  mĂȘme  effet  sur  la  dĂ©charge.—  Ainsi,  deux  noyaux  de  fer  de  iS""" 
de  diamĂštre,  dont  l'un  est  creux  et  l'aulre  plein,  introduits  dans  une  bobine,  n'ont  pas 
donnĂ©  les  mĂȘmes  rĂ©sultats. 

»  3.  L'action  d'un  noyau  diminue  quand  la  self-induction  augmente,  et  aug- 
mente quand  son  diamĂštre  augmente  (au  moins  jusqu'Ă   une  certaine  limite). 

»  4.   Un  noyau  peut  n'avoir  aucune  injluence.  —   Ainsi,   un   noyau   de  laiton  de 


(')   Quelques-uns   de   ces   résultais  ont  été  publiés  l'année  passée  dans  les  Co/«/'ie« 
rendus  el  dans  un  journal  hellénique. 


SÉANCE    DU    a/i    AOUT    IQoS.  43r) 

20"""  de  diamĂštre,  ou  de  cuivre  de  4o"""  de  diamĂštre,  introduits  dnns  une  bobine  de 
0,0006  lienry,  n'ont  aucune  influence. 

»  S.  L'aclion  d'un  noyait  dépend  de  la  tempéraUire  des  pÚles,  de  leur  nature  et 
de  la  distance  explosive.  —  Nous  citerons  seulement,  comme  exemple,  la  destruction 
de  l'effet  d'un  noyau  par  l'augmentation  artificielle  de  la  température  initiale  des 
pĂŽles. 

»  6.  Un  noyau  de  fer  a  une  action  plus  forte  qu'un  noyau  de  laiton,  dont  l'ac- 
tion est  elle-mĂȘme  plus  forte  que  celle  d'un  noyau  de  cuivre.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  comlitulion  de  l'acide  phospho-organique  de 
réserve  des  plantes  vertes  et  sur  le  premier  produit  de  réduction  du  gaz 
carbonique  dans  l'acte  de  i assimilation  chlorophyllienne.  Note  de  M.  S. 
PosTER.\.4K,  présentée  par  M.  Armand  Gantier. 

«  Nous  avons  montré  (')  que  la  composition  de  l'acide  phospho-orga- 
nique dé  réserve,  déposé  dans  lés  graines,  tubercules,  rhizomes,  etc., 
correspond  ta  la  formule  C'-H^P-O",  dont  quatre  atomes  d'hydrogĂšne  sont 
susceptibles  d'ĂȘtre  remplacĂ©s  par  des  mĂ©taux  monovalents. 

»  La  constatation  suivante  domine  toutes  les  autres  au  point  de  vue  do 
la  constitution  de  ce  corps  :  chauffé  avec  les  acicies  minéraux  étendus,  il 
est  décomposé  quanlilalivement  en  inostle  et  en  acide  phosphorique. 

»  i6s,26  d'acide  phospho-organique  ont  Ă©tĂ©  soumis  Ă   l'action  de  60ℱ'  d'acide  sulfu- 
rique  au  tiers,  et  chauffés  à  i5o°-i6o°,  pendant  3  heures.  AprÚs  refroidissement,  on  a 
isolé  du  contenu  du  tube  4'', 01  d'inosite  cristallisée  pure,  pesée  anhydre.  Elle  repré- 
sentait 97,8  pour  100  du  carbone  total  de  l'acide  décomposé. 

»  De  saveur  douce,  cette  inosite  n'agit  pas  sur  la  lumiÚre  polarisée  et  donne  les 
réactions  de  Scherer  et  de  Gallois.  Elle  fond  à  218°  (n.  c);  elle  cristallise  avec  2"'"'  d'eau. 
Elle  répond  à  la  formule  C^li'-O^  Les  mesures  cristallographiques,  que  je  dois  à  Tobli- 
geance  de  M.  Wyrouljoff,  ne  laissent  aucun  doute  sur  son  identité  avec  l'inosite  inac- 
live  isolée  par  Sclierer  du  tissu  musculaire,  et  par  VohI,  Gintl,  Tanrel,  etc.  des 
feuilles  et  d'autres  produits  végétaux. 

»  A  premiÚre  vue,  on  serait  enclin  à  admettre  que  cet  ac.de  phospho- 
organique  présente  la  structure  chimique  de  l'élher  hexaphosphorique  de 
l'inosite.  Celte  supposition  doit  ĂȘtre  Ă©cartĂ©e. 

»    Une  luemiÚre  objeclioii  résulte  de  la  comjiosition  centésimale  de  notre  acide  qui  se 
outre  ])lus  riche  en  eau  que  l'Ă©ther  en  question  dont  la  formide  s'Ă©ci-irait  (Ctl^PO')^ 


m 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  p.  387. 


44°  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Notre  composĂ©  phnspho-organique  prĂ©sente,  en  outre,  une  rĂ©sistance  absolue,  mĂȘme  Ă  
loo",  Ă   l'action  de  tous  les  alcalis,  quelle  que  soit  leur  concentration,  ce  qui  ne  saurait 
ĂȘtre  dans  l'hypothĂšse  d'un  Ă©ther.  Enfin,  l'Ă©tude  crvoscopique  des  solutions  aqueuses 
de  l'acide  pur  a  fourni  des  nombres  confirmant  bien  notre  formule. 

Concentralioii  Abaissement  Poids 

Proveniince  en  grammes  d'acide  du  point  moléculaire 

de  Tacide.  poni  iods  d'eau.         décongélation.  trouvé. 

Graines  de  sapin  rou^e 1,64  0,177  '7' 

»                       3,28  0,345  177 

Graines  de  colza 3,29  o,335  181 

»             6,02  o,65o  i85 

Graines  de  chĂšne\iN .5, 08  o,5o8  i8.5 

)>  Le  calcul,  pour  la  formule  C^H'P'^0'',  donne  208.  L'Ă©cart  est  dĂ»  Ă   la  dissociation 
électrolvtique  de  la  substance  dissoute  et  ^e  rapproche  de  celui  observé  par  M.  Raoult 
pour  l'acide  phosphoreux.  Le  poids  moléculaire  de  l'éther  inositophosphorique  serait 
de  660. 

»  La  décomposition  subie  par  l'acide  phospho-organique  sous  rinflueiice 
des  acides  minĂ©raux  doit  donc  ĂȘtre  exprimĂ©e  par  l'Ă©quation 

3C2jj8paQ9  _^  3H20  =(CH.OH)''  4-  6H'P0'', 

Inosile. 

d'oßi  il  ressort  que   chaque  molécule  d'acide  contribue  à  la  synthÚse  de 

CH .  OH  - 
l'inosite  par  le  groupement   1  .    DĂšs  lors,  en  tenant  compte  de  la 

'  ^       ^  CH.OH  -  ' 

tétrabasicité  de  l'acide  et  en  élimißiaiil  rhypothÚ>e  de  l'union  directe  du 

phosphore  au  carbone  —  auquel  cas,  comme  on  le  voit  par  l'exemi^le  des 

acides  oxyphosphiniques,  la  décomposition  par  les  acides  minéraux  serait 

impossible  —  on  peut  ^e  reprĂ©senter  la  constitution  du  corps  Ă©tudiĂ©  de 

deux  façons  différentes  : 

/(OH)^  /H 

CH.OH  -  O.P(^  /CH  -  O.PO(OHV 

ou  I  I  ^O  ,  ou  0(  . 

CH  .OH  -  O.Pr  \CH  -  O.PO(OH)^ 

^(OH)-  \h 

»  La  premiÚre  de  ces  formules  suppose  l'existence  de  deux  oxhydriles  à 
fonction  alcoolique  qu'il  a  été  impossible  de  déceler  par  un  traitement 
répété  de  l'acide  avec  du  chlorure  de  benzoyle  en  milieu  alcalin.  Il  ne 
reste  donc  que  la  deuxiĂšme  formule  qui  est  celle  d'un  acide  anhydro-oxy- 
niét  hylÚn  e  -  diph  osp/i  oriq  ne. 


SÉANCE    DU    2/i    AOUT    IQoS.  /j/|l 

M  Cette  formule  de  constitution  offr(>  un  i^rand  intĂ©rĂȘt  au  point  de  vue 
de  l'assimilation  chlorophyllienne. 

»  Les  expériences  de  Sohimper  (')  ont  montré  que  la  transformation  des 
phosphates  minéraux  dans  les  feuilles  en  molécules  organiques  phospho- 
rées  est  subordonnée  au  bon  fonctionnement  de  l'appareil  chloro[>hvllien. 
On  sait,  d'autre  part,  que  les  produits  de  phosphosynthĂšse  sont  trans- 
portés, au  fur  et  à  mesure  de  leur  formation,  vers  les  cellides  parenchyma- 
teuses  et  embryonnaires  de  la  plante,  et  vers  les  lieux  de  dépÎt  des  matiÚres 
de  réserve.  On  en  conclura  que  le  groupement  organique  associé  à  l'acide 
phosphorique  dans  noire  composĂ©  est  nĂ©  pendant  l'acte  mĂȘme  de  la  rĂ©duc- 
tion chlorophyllienne  du  gaz  carbonique. 

»  Ce  groupement  n'est  autre  que  l'éther  d'un  isomÚre  alcoolique  CH.OH 
de  l'aldéhyde  formique,  COH^. 

»  Cet  isomÚre,  à  en  juger  par  les  résultats  de  la  décomposition  de  l'acide 
étudié,  n'est  pas  capable  d'exister  à  l'état  isolé.  Il  donne  naissance  à  l'ino- 
site  en  se  sextuplant,  conmie  l'oxyde  de  carbone  réduit  par  le  potassium  se 
condense  en  hexaphénol. 

»  Normalement,  l'alcool  CH.OH  formé  dans  les  feuilles  est  utilisé  par 
les  chloroplastes,  au  moment  mĂȘme  de  sa  production,  pour  la  synthĂšse  de 
sucres  et  hydrates  de  carbone,  de  l'acide  anhydro-oxyméthylÚne-diphos- 
phorique,  des  albuminoides,  etc.  Si,  pour  une  cause  quelconque,  cette 
utilisation  ne  peut  avoir  lieu,  il  y  a  formation  d'inosite  que  l'on  a  retrouvée, 
en  effet,  presque  exclusivement  dans  les  parties  vertes  de  la  plante. 

»  La  production,  par  oxydation  de  l'inosite,  de  l'hexaphénol  (il/«5'Me/(«e) 
obtenu  dĂ©jĂ   Ă   partir  de  l'oxyde  de  carbone  (Lerch),  peut  ĂȘtre  considĂ©rĂ©e 
comme  une  démonstration  de  la  parenté  de  l'inosite  avec  l'acide  carbo- 
nique, dont  elle  dérive  par  simple  réduction.    » 

PHYSIOLOGIE.   —  Sur  l'Ă©quation  gĂ©nĂ©rale  des  courbes  de  fatigue. 
Note  de  M.  Ciiakles  Henry  el  de  M"'=  J.  .Ioteyko. 

«  En  faisant  passer  des  courbes  de  sentiment  par  les  sommets  successifs 
des  ordonnées  des  ergogrammes,  on  obtient,  comme  courbes  de  fatigue, 
parfois  des  droites,  mais,  d'ordinaire,  des  courbes  qui  présentent  souvent 
un  point  d'inflexion,  trĂšs  rarement  deux,  quelquefois  aucun.  Si  nous  cher- 
chons une  relation  entre  l'effort  Ă   chaque  instant  et  le  temps,  nous  trou- 
vons pour  l'équation  de  i3  ergogrammes,  choisis  parmi  les  plus  caracté- 

(')   Botanische  Zeitung,  1888, Jp.  65. 


442  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

risliques,  clans  une  série  (]é']k  éludiée  (Comptes  rendus,  3o  mnrs  ir)o3),  une 
relation  du  troisiÚme  degré 

(i)  ■r,  =  ïl  — at"^  bl- —  cf, 

V)  Ă©tant  l'effort  Ă   chaque  instant,  H  l'effort  maximum  initial  (en  millimĂštres), 
t  le  temps  (unité  =  2  secondes). 

»  Voici  les  constantes  de  ces  ergogranimes,  suivies  de  l'écart  moyen  e  entre  la  courbe 
calculée  et  la  courbe  observée  : 

Sujets.  H.                      a.                           b.                       c.  t. 

S, 64  o,ooi3o9  0,1247  4jo6  i,33 

Sj Sg  0,002433  0,1826  4 172  i,o5 

S3 43  0,002285  o,i5ii  3,36  — o,386 

D, . .  .  .  77  0,000933  0,0823  2,96  1,48 

D2 . . . .  58  o,oo362  0,1736  3,77  0,7 

D3 .  . .  .  52  0,00487  0,1 833  3,47  0,2 

D4 i  . . .  4^  0,00247  0,0832  2,1 3  0,4 

D3 .  . . .  43  0,01266  0,3743  4jo6  0,1 

K, 65  o,oo5336  0,2734  4,73  i  ,53 

Kj 57  0,00228  0,112  3  0,9 

Kj 56  0,001 56  0,0778  2,06  1,3 

K4 45  o,ooi5  ĂŽ,o45  i,5o  0,3 

K;...  .  44  0,007003  0,2253  3,02  0,44 

M  On  voit  que  H  diminue,  a  augmente  avec  la  fatigue  :  h  et  c  sont  plus 
capricieux,  en  attendant  qu'ils  se  régularisent  par  le  jeu  dos  moyennes  sur 
un  grand  nombre  d'ergogrammes. 

»  Il  est  généralement  admis  que  le  muscle  ne  consomme  pas,  dans  les  contractions 
initiales,  les  mĂȘmes  substances  que  dans  les  contractions  finales  :  normalement,  il 
consomme  des  hydrates  de  carbone  et  trĂšs  peu  d'albuminoĂŻdes;  ce  n'est  que  dans  la 
fatigue  qu'il  consomme  notablement  ces  derniĂšres,  d'oĂč  production  de  dĂ©chets  azotĂ©s 
trÚs  toxiques.  Cette  rémarque  suggÚi'e  une  interprétation  de  la  Constante  négative  a, 
laquelle  étant  trÚs  petite  caractérise  bien  la  perte  de  puissance,  trÚs  petite  au  bout  du 
temps  1,  due  Ă   l'intoxication  locale  par  ces  toxines;  en  mĂȘme  temps,  cette  perte  de 
puissance  grandit  trĂšs  vile  avec  le  temps,  et  c'est  bieti  le  cas  du  terme  en  at''. 

))  Quand  a  el  b  sont  nuls,  la  courbe  est  une  droite.  On  rencontre  une  droite  poUr 
courbe  de  fatigue  quand  on  excite  Ă©lectriquement  les  muscles  de  l'homme;  or,  dans 
ces  cas,  la  fatigue  est  toujours  relalivemeul  faible,  car  l'application  des  courants  fara- 
diques  est  trÚs  douloureuse  et  l'on  n'emploie  que  des  poids  beaucoup  plus  légers  que 
lors  de  l'excitation  volontaire.  Quand,  au  myograplie,  le  poids  est  soutenu  par  un  sup- 
port, lés  tracés  des  muscles  isolés  de  la  grenouille  sont  des  droites  :  ce  qui  n'arrive 
plus  quand  le  travail  statique  vient  s'ajouter  au  travail  dynamique  (Kronecker). 
Comme  dans  le  cas   des   faibles   fatigues,  ce   sont   les    hydrocarbonés   seuls   qui   sont 


SÉANCE    DU    24    AOUT    igoS. 


443 


consommés,  nous  devons  considérer  la  constante  c  comme  proportionnelle  à  la  perte 
de  puissance  due  à  la  diminution  des  réserves  disponibles  d'hydrates  de  carbone. 

»  Au  nombre  des  causes  qui  peuvent  lutter  contre  la  fatigue,  on  aperçoit  l'action 
des  centres  nerveux  et  l'excitation  de  la  cellule  motrice  par  les  toxines  trÚs  diluées. 
Mosso  a  montré,  avec  le  ponomÚtre,  que  l'effort  nerveux  nécessaire  pour  produire  la 
contraction  grandit  quand  le  nombre  des  contractions  grandit.  On  sait,  d'autre  part, 
qu'un  grand  nombre  de  poisons,  quand  ils  sont  trÚs  dilués,  excitent,  au  lieu  de  tuer, 
la  cellule  vivante.  On  est  donc  conduit  Ă   voir,  dans  la  constante  positive  b,  une  mesure 
de  l'action  nerveuse  et  de  l'excitation  par  les  toxines  diluées. 

»  Il  est  d'ailleurs  possible  de  vérifier  celte  conséquence.  L'alcool,  en  général,  excite 
les  centres  nerveux  et  par  lĂ   le  muscle.  Or,  si  l'on  compare  les  Ă©quations  d'ergo- 
grammes  tracés  avant  et  aprÚs  ingestion  d'alcool,  on  constate  que  dans  ceux-ci  la 
constante  b  augmente,  en  général  ('),  «  diminuant  toujours.  Exemples  : 


Ergogrammes  normaux 


Sujets. 

R. . . . 
R. .  _. 
J.  J.. 
J.  J.. 


H.                a.                   b. 

c. 

29             0,006667       G 

0,433 

3i         0,02643       0,3364 

2,021 

28,5     0,005994    0,1699 

2-7 

33,5     0,0107         o,02g4 

G,  385 

O,  I 

0,2 
0,1 

0,5 


Ergogrammes  aprĂšs  alcool  ("-). 


Sujets. 

H. 

a. 

b. 

c. 

ÂŁ, 

R 

32 

o,Oo49 

0, 1195 

I  ,205 

0,4 

R.  .  . . 

33 

G,G0206 

0,076 

1,354 

0,  2 

J.  J.. 

27 

0,00288 

0,1786 

3,384 

0,3 

J.  J.. 

36,5 

0,0042 

o>i79i 

3,226 

0,5 

»  Dans  des  cas  de  fatigue  faible,  la  constante  a  peut  ĂȘtre  positive,  quoique  trĂšs 
petite  :  elle  marque  sans  doute  l'excitation  par  une  classe  particuliĂšre  de  toxines  dans 
le  cas  suivant  d'une  courbe  de  fatigue  de  muscles  de  grenouille  excités  électriquement 
avec  quelques  repos,  dont  l'Ă©quation  est  (e  =  o,4)  : 

ï)  =  20  -+-  G,oooG0i  335i'-H  o, 0002997^2—  o,2o8  45<. 
»   En  résumé,  l'équation  générale  des  courbes  de  faligue  est  de  la  forme 
‱/l  =  H  ±  a/'  +  ht-  —  cl  ; 

dans  des  cas  trÚs  rares  elle  atteint  le  quatriÚme  degré. 

»   On  peut  facilement  déduire  de  l'équation  (1)  la  relation  de  l'effort 


moyen 


‱Oo- 


''u 


{quotient  de  faligue  de  Jotejko)  avec  le  temps. 


»   En  inlégr;<at,  on  trouve,  pour  ce  quotient  Q  : 


Q 


t^  n 


dl  =  H 


at' 


l^^' 


-cl- 

2 


(')  La  constante  b  Ă©tant  la  somme  de  deux  termes,  le  terme  marquant  l'excitation 
centrale  peut  augmenter  toujours,  b  diminuant  parfois. 

(^)  Les  tracés  ont  été  pris  respectivement  i''20'",  i"",  ihao"  et  3o"  aprÚs  l'ingestion. 


444  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

"   L'aire  de  l'ertirogramme  n'est  nialhenreusemenl  encore  qu'une  mesure 
trÚs  imparfaite  de  la  puissance  dépensée.  » 


La  séance  est  levée  à  3  heures  trois  quarts. 


M.    B. 


ERRATA. 


(SĂ©ance  du   27  juillet  1908.) 

Noie  (le  M.  Andrade,  Sur  les  conditions  de  la  synchronisalion  : 
Page  244,  lignes  7  el  8,  supprimer  le  fadeur  2  clans  les  définitions  do  1  el  \x. 

MĂȘme  page,  Ă©quations  (3),  au  lieu  de   j  ,  lisez    j 

Page  245,  dans  l'inĂ©galitĂ©  (6)  au  lieu  de  iĂź(p„),  lisez  |i>(p„)|. 
Page  246,  ligne  4,  au  lieu  de  impression,  lisez  impulsion. 
MĂȘme  page,  ligne  5,  au  lieu  de  0^=  z,  lisez  o  =  /‱. 


Note  de  M.  Moureu,  Sur  la  condensalioii  des  clliers  acélyléniqucs  avec 
les  alcools  : 

Page  3.59,  ligne  9  en  remontant,  au  lieu  de  sous  l'inlluence  des  alcalis  Ă   l'Ă©builition, 
lisez  sous  l'influence  des  alcalis  en  solution  alcoolique  Ă   l'Ă©builition. 


On  souscrit  Ă   Paris,  chez  GATJTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Aiiejustins,  n°  55. 


?  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  réguliÚrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  de\is  volumes  in-4°.  Deux 
'une  par  ordre  alphabétique  de  matiÚres,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Aiilcurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 

u  i"  Janvier.  .      ,.       . 

Le  prix  de  ^abonnement  est  fixé  ainsi  qu  il  suit  : 

Paris  :  30  fr.  —  DĂ©partements  ;  40  fr.  —  Union  postale  :  44  fr. 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


chez  Messieurs  : 
Ferran  ItĂšres. 

ÎChaix. 
Jourdan. 
Ruff. 

Courtin-Hecquet. 

1  Germain  etGrassin. 

I  Gastineau. 

JĂ©rĂŽme. 

RĂ©gnier. 

I  Feret. 

; Laurens. 

(  Muller  (G.). 
Renaud. 

iDerrien. 
F.  Robert. 
Oblin. 
Uzel  frĂšrea. 

Jouan. 

y Perrin. 

(  Henry. 

'or j 

°  (  Marguerie. 

Juliot. 
Bouy. 

I  Nourry. 
Ratel. 

(Rey. 

1  Lauverjat. 

1  Degez. 

1  Drevet. 

I  Gralier  et  C*. 

elle Foucher. 

t  Bourdignon. 

\  Dombre. 

j  Thorez. 

j  Quarré. 


Lorient. 


',-Ferr. 


chez  Messieurs  : 

Baumal. 

M"'  Texier. 

Bernoux  et  Cumin. 

Georg. 
Lyon l  Effantin. 

Savy. 

Vitte. 

Marseille RuĂąt. 

i  Valat. 

\  Goulet  et  fils. 

Martial  Place. 

I  Jacques. 
Grosjean-Maupin. 
Sidot  frĂšres. 
I  Guist'liau. 
I  Veloppé. 
I  Barma. 
I  Appy. 

Nimes Thibaud. 

Orléans    LodJé. 

1  Blanchier. 

Poitiers ,  ‱ 

(  LĂ©vrier. 

Bennes Plihon  et  Hervé. 

Bochefort Girard  (M""). 

(  Langlois. 

I  Lestringant. 
S'-Étienne Chevalier. 

(  Ponleil-Burles. 


Montpellier . 
Moulins..   .. 


Nantes 


Nice. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam. 


Berlin. 


Bucharest. 


Bouen. 


Toulon.. 
Toulouse. 


(  RumĂšbe. 
I  Gimet. 


PrivĂąt. 

iBoisselier. 
PĂ©ricat. 
Suppligeon. 
)  Giard. 
(  Lemattre. 


Valenciennes. 


chez  Messieurs  : 

Feikema    Caarelsen 
et  C". 

AthĂšnes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  G'v 

Dames. 

Friediander  et   fils. 

Mayer  et  Muller. 

Berne  ..'. Schmid  Francke. 

Bologne.. Zanichelli. 

iLamertin. 
MayolezetAudiarte. 
Lebégue  et  G". 
Sotchek  et  C°. 
Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  BelletC». 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague HĂŽst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

GĂšnes Beuf. 

/  Cherbuliez. 
GenĂšve !  Georg. 

(  Stapelmohr. 

La  Haye Belinfante  frĂšres. 

(  Benda. 
I  Payot  et  C". 
Barth. 
Brockhaus. 

Leipzig {  KƓhier. 

Lorentz. 
Twietmeyer. 

Desoer. 
^'««■« iGnusĂ©. 


Luxembourg. 


Madrid . 


IV a  pies. 


Lausanne.. 


chez  Mesiieurs  : 

!Dulau. 
Hachette  et  C". 
Nutt. 
V.  Buck. 
/  Ruiz  et  C'v 
)  Romo  y  Fussel. 
I  Capdeville. 
'  F.  FĂ©. 

Milan j  Bocca  frĂšres. 

(  HƓpli. 
Moscou Tastevin. 

Marghieri  di  Gius. 

Pellerano. 
(  Dyrsen  et  Pfeiffer. 

New-York Stechert. 

'  Lemckeet  Buechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C'«. 

Palerme Reber. 

Porto MagalhaĂšs  et  Mouii. 

Prague Rivnac. 

Bio-Janeiro Garnier. 

Bocca  frĂšres. 

Loescheret  C'°. 

Botterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm NordUka  Bogbandel. 

l'Zinserling. 
Wolff. 

I  Bocca  frĂšres. 
Brero. 
Clau%en. 
RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebelhner  et  Wolff. 

VĂ©rone Drucker. 

Frick. 

Gerold  et  C*. 
Meyer  et  Zeller. 


Borne. 


S'-PĂ©tersbourg. . 


Turin . 


Vienne . . . 
Zurich. . . 


XS  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1=''  Ă   31.  —  (Ăź  AuĂčt  i833  Ă   ii  DĂ©cembre  i8J  ..;  Volume  in-4°;  iHVi-  Prix. 


Tomes  32  Ă   61 
Tomes  62  Ă   91. 
Tomes  92  Ă   121 


25  fr. 

(  i"  Janvier  iSu  Ă   3i  DĂ©cembro  isG5.)  Volume" iiW";  1870.  Prix 25  fr. 

-  (  [‱=''  Jauvier  1866  à  3i  Uocembco  is-io.)  Volume  in-.'r;  1889.  Prix 25  tr. 

—  (  i"  Janvier  tS8i  Ă   3i  DĂ©eembi-o  i^gĂą.)  Volume  iu-.l";  igoo.  Pri,\ 25  fr. 


PPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES;  SÉANCES  DE  L  ACALÏMIE  DES  SCIENCES  : 

I  -  MĂ©moire  sur  aaelcaes  points  de  U.  Physiologie  des  \lg.ie^ ,  par  MM.  ..  Derbes  et  A.-J.-J.  SoLiEa.  -  MĂ©moire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'Ă©prouvent 
tes,  par  M.  tltvUr-MéL^      surle  Pancréas  et  sur  le  rÎle  d.i  suc  p  M,.:réatique  dans  les  phénomÚnes  di.-e.lifs,  particuliÚrement  dans   la   digestion    des 

i grasses,  par  M.  CL.iUDE  BiCRM.iRD.   Volu  ne  in-4°,  avec  -U   planches;   iS-u 

II  —  MĂ©moire  sur  les  vers  inleslinaux,  par  M.  P.-J.  VanBeneden.  —  lĂŻ^sai  d'une  rĂ©ponse  Ă   la  question  de  Prix  proposĂ©e  en  i85o  par  l'AcadĂ©mie  des  Sciences 
■  ccricours  de  iS53  et  puis  remise  poui» celui  de  iS56,  savoir:  «  Etudie.-  les  lois  de  fi  distribution  des  corps  organisĂ©s  fossiles  dans  les  diffĂ©rents  terrains 
ienlaires  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  Ou  simultane^e.  —  Rechercher  la 
‱edcs  rapports  qui  existent  entre  TĂ©lat  actuel  du  rĂšgneorganique  et  ses  Ă©'    '  :  antĂ©rieurs  ..,  par  M.  le  Professeur  BiioN.v.  In-4°,   avec  7  planches;   i8bi...     Zb  tr. 


la  n.in.e  Liliairie  les  Méaoiies  ie  l'Acaéimie  dts  £citnces,  ci  1  >  Mfmcires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


L 


TABLE   DES  ARTICLES.    (Séance  du  24  août  1903.) 


MÉMOIRES    ET  COMMIJNIGATIOIVS 

DES  MEMBRES   ET   DES  COKRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.  Berthelot.' —  Piles  à  plusieurs  li([uides 
différents  avec  électrodes  métalliques  iden- 
tiques      '|2' 

M.   Alfred  Picaud   fait   liornuiĂ ge  Ă   l'Aca- 


Pages, 
démit  du  quatriÚme  Volume  de  son  Rap- 
port ^Ă©iu-ral  concernant  l'Exposition  uni- 
verselle de  igoo 4^" 


CORRESPONDANCE. 


M.  le  SEeuETAiRE  PERPETUEL  signale  plu- 
sieurs MĂ©moires  de  M.  G.  Capellini  et 
notamnjent  des  travaux  sur  les  Haleines 
fossiles  trouvées  en  Italie 'pi 

M.  .1.  Guillaume.  —  Observations  du  Soleil 
faites  Ă   l'observatoire  de  Lyon  pendant  le 
deuxiĂšme  trimestre  de  igoS 43i 

!\I.  N.  Saltykow.  —  Sur  le  problùme  de 
S.  Lie 4^3 

M.  Cahl  StĂŽrmer.  —  Sur  les  intĂ©grales  de 
Fourler-Cauchy 43'' 

EkR4TA ‱  ‱  ‱ 


M.  B.  EsiMTis.  —  Sur  le  rolc  des  noyaux 
métalliques  des  bobines 4''^ 

M.  S.  PosTERNAK.  —  Sur  la  constitution 
de  l'acide  phospho-organique  de  réserve 
des  plantes  vertes  et  sur  le  premier  pro- 
duit de  réduction  du  gaz  carbonique  dans 
l'acte  de  l'assimilation  cliloropliyllienne. .     4^9 

M.  Charles  Henry  et  M""  J.  Joteyko.  — 
Sur  l'équation  générale  des  courbes  de 
fatigue 


44. 
444 


PARIS.  —  IMPRIMERIE    GAUT  HI  E  R- VILLARS, 

Quai  des  Grauds-Augustins,  bb. 

Le  GĂ©rant  :  Gauthibr-Villars. 


1903 

SECOND  SEMESTRE. 


■^(i^^ 


■1 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES     SEANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVII. 


W  9  (51  Août  19051 


PARIS, 

GAUTHIER- VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES  RENDUS   DES   SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin   1862  et  24  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  01;  uimiéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  v  a  deux  volumes  par  année. 

ÀHTiciE  1*'.  —    Impression  des  travaux  de  l' AcadĂ©mie. 
Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  parun  associéélrant;erderAcadémiecomprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  jiar  année. 

Toute  Note  iKanuscrile  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  à&  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas- com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapjiorls  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pß'ges  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  3a  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  rejiroduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'aul 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
lilique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savarà 
étrangers  à  l'Académie.  \ 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  persoi 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  1' 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'nc 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requii 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  non 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Ei 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance 
crelle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  rei 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plustai 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin;  laute  d'ĂȘtre  remis  Ă   le 
le  titre  seul  duMémoire  est  inséré  dans  le  Compte) 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendi 
vaut  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 
Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  platicli' 

figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  seij 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  coai 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  d<j 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rappo 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernemen 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrali 
un  Rai)port  sur  la  situation  des  Comptes  rendus 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  d 
sent  RĂšglement. 


Les  Savants  élraiigcrc  i  l'AcadéEie  "vi  désiieut  faire  présenter 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance 


leurs  KéiDoires  par  MK.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  pri< 
avant  5\  Autrement  la  préseulaliou  sera  rDmiss  à  la  séance  £ 


SEF   22   190Î 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU   LUNDI   51    AOUT  1903, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  BOUQUET  DE  LA  GRYE. 


CORRESPONDANCE . 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  piÚces  imprimées  de  la 
Correspondance,  quatre  nouveaux  Volumes  de  1'  «  International  Cata- 
logue of  scientific  literature,  first  annual  issue  :  K.  Paleontologv  ;  O. 
Human  Anatomv;  P.  Physical  Anthropology;  Physiology,  incluiiing  expéri- 
mental Psychology,  Pharmacology  and  expérimental  Pathologv,  part  II  ». 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  rappelle,  à  cette  occasion,  qu'il  a  déjà  entre- 
tenu plusieurs  fois  l'AcadĂ©mie  de  l'Ɠuvre  du  Catalogue  international  de 
littérature  scientifique,  entreprise  par  la  Société  Royale  de  Londres,  avec  la 
coopération  des  principaux  Etals.  Il  indique  que  la  réunion  du  Comité 
international  chargé  du  contrÎle  de  ce  travail  aura  lieu  l'année  prochaine, 
Ă   Londres,  au  moment  de  la  PentecĂŽte,  en  mĂȘme  temps  que  l'assemblĂ©e 
générale  de  l'Association  internationale  des  Académies. 

M.  G.  Baccelli,  nommé  Correspondant  pour  la  Section  de  Médecine  et 
Chirurgie,  adresse  ses  remercßments  à  l'Académie. 


ANATOMIE  ANIMALE.  —  Liquide  fixateur  isoionique  avec  l'eau  de  mer ,  pour 
les  objets  dont,  on  ne  veut  pas  Ă©liminer  les  formations  calcaires.  Note  de 
M.  M.-C.  Dekhuyzen,  présentée  par  M.  Y.  Delage. 

«  Pour  fixer  les  larves  des  Oursins,  qui  contiennent  des  formations  cal- 
caires extrĂȘmement  dĂ©licates,  il  convient  d'employer  un  liquide  isotonique 
avec  l'eau  de  mer,  et  qui  ne  contienne  pas  d'acide  libre.  Si  l'on  voulait  main- 
tenir cette  condition  avec  une  rigueur  absolue,  je  doute  qu'on  parvienne 
jamais  à  la  réaliser.  Les  réactifs  fixateurs  utilisables  contiennent  toujours 

G.  B.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,   N«  9.)  Sg 


446  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

une  petite  quantité  d'ions  H  soit  par  impureté  (la  formaldéhyde  conte- 
nant de  l'acide  formiqiie,  parce  que  COH"  s'oxyde  un  peu  en  formant 
CO-H-),  soit  par  hydrolyse  (le  sublimé,  le  bichromate  de  potassium),  soit 
par  ionisation  (le  chlorure  de  platine,  qui  n'e^t  autre  chose  que  du 
PtCPH-).  Si  l'on  se  tient  dans  les  limites  pratiques,  on  pourra  se  servir 
d'un  liquide  que  j'ai  composé  par  voie  théorique  et  dont  les  résultais  dans 
la  fixalion  ont  été  salisfaisanls.  Dans  une  Communication  précédente,  j'ai 
décrit  un  liquide  isotonique  avec  l'eau  de  mer.  qui  contenait  du  bichromate 
de  potassium,  du  tétroxyde  d'osmium  et  de  l'acide  nitrique  :  nous  l'appel- 
lerons liquide  A,  et  celui  que  nous  décrirons  maintenant  liquide  B. 

»  Pour  composer  un  liquide  analogue  au  liquide  A,  mais  sans  acide  nitrique,  nous 
pourrons  calculer  comme  suit.  iVous  avions  pris  de  l'eau  de  mer,  qui  avait  son  point 
de  congélation  à  a",oo5.  (Ici  et  dans  tout  ce  qui  suit,  les  températures  sont  comptées 
au-dessous  de  zéro.)  C'est  moins  que  d'ordinaire;  les  grandes  pluies  l'avaient  un 
peu  diluée.  Avant  d'y  dissoudre  le  bicliromate  de  potassium,  l'eau  de  mer  fut  refroi- 
die à  o°,  pour  rendre  l'hydrolyse  minime.  Dans  un  volume  de  Soo'^'"'  d'eau  de  mer 
à  lÎ",  puis  refroidie,  on  dissout  I2S,5  de  Iv-Cr-O"  recristallisé  et  fondu.  Le  point  de 
congĂ©lation  Ă©tait  2°, 355.  Une  autre  portion  de  la  mĂȘme  eau  de  mer,  dans  laquelle  on 
avait  dissous  la  mĂȘme  quantitĂ©  de  K-Cr-O'  sans  refroidir  d'avance,  avait  donnĂ©  un 
A  =  2", 390.  L'influence  de  l'hydrolyse  est  donc  bien  sensible.  J'avais  remarqué  le 
mĂȘme  fait  Ă   l'occasion  de  dĂ©terminations  de  A  de  solutions  de  bicarbonate  de  soude. 
Il  est  vrai  que  l'hvdrolyse  se  produira  À  la  longue  dans  la  solution  prĂ©parĂ©e  Ă   l'eau 
refroidie,  mais  nous  sommes  du  moins  avertis  qu'il  doit  se  former  une  toute  petite 
quantité  d'ions  H.  C'est  peu  de  chose,  on  ne  pourra  pourtant  pas  en  éviter  la  forma- 
tion, parce  ([u'il  n'est  pratiquement  pas  possible  d'exclure  l'acide  carbonique  de  nos 
réactifs  fixateurs,  ni  des  autres  réactifs  de  technique  microscopique,  mais  on  est,  du 
moins,  averti. 

»  Il  faut  maintenant  y  ajouter  de  la  solution  de  tétroxyde  d'osmium  ( l'acide  os- 
mique)  à  2  pour  100  dans  de  l'eau  distillée.  Pour  calculer  combien  il  en  faut  mettre 
nous  appellerons  x  le  volume  de  la  solution  de  K^Cr^O''  à  2  {  pour  100  à  A  =  2°,  355 
et  y  le  volume  de  l'OsO*  à  2  pour  100  à  A^o",  162.  Nous  voulons  obtenir  un  mélange 
à  A  =  2°, 060,  point  de  congélation  moyen  de  leau  de  mer  et  des  hémolymphes,  etc., 
des  animaux  marins  Ă   RoscolĂŻ.  Nous  avons  maintenant  la  relation  exacte  Ă   trĂšs  peu  prĂšs  : 

2,355j?-i-o,i62  v=  2,060  (x  -I-  7), 

donc 

jp  =  6,4347- 


c'est-Ă -dire  que  toujours,  en  employant  ces  deux  liquides  originaux  et  en  exigeant  que 
le  point  de  congélation   soit  2", 060,    nous   devrons  diluer  la   solution   de  K'Cr-O' 

X  2  ^  pour  100,  c'est-Ă -dire  Ă   2,  iG  pour  100,  et  la  solution  d  Os  O*  Ă  


pc 

6,434 

7,434 

— y-^  X  2  pour  100  =  0,27  pour  100. 
7,4'54 


SÉANCE    DU    3l    AOUT    IQOS.  4^7 

)i  Ces  deux,  concentrations  ne  s'éloignent  que  fort  peu  de  celles  usitées  dans  notre 
liquide  A  avec  de  bons  résultats.  ^ 

»  Pour  composer  pratiquement  le  liquide  B  on  met  x  -)- y  =  2oo"°'- et  l'on  calcule 
la  quantité  des  deux  solutions  originales  qu'il  faut  mélanger.  On  trouve  a6'^'°',9 
d'OsO'  à  2  pour  loo  et  178ℱ',!  de  Iv-Cr-C  à  2,5  pour  100  dans  notre  eau  de  nner. 

»  Le  résultat  de  l'expérience  a  bien  confirmé  le  calcul.  On  avait  pris  par  mégarde 
j^jcm»  ,  jg  ]g  derniÚre,  et  26'''"', 9  de  la  premiÚre  solution.  On  avait  donc 

2,355  X  172, 1  -t-0,162  X  26, 9=1 99  X  A, 

ce  qui  donne  A  =;  2°,o585.  La  détermination  expérimentale  a  donné  une  fois  2°,o5o  et 
une  fois  ■ü°,o!^5. 

»  J'ai  confié  à  M.  Y.  Delage  ces  deux  liquides  pour  des  fixations  trÚs 
déficates  de  larves  d'Astéries.  Il  m'autorise  à  dire  que  le  résultat  a  été 
absolument  parfait  et  supérieur  à  celui  que  lui  avaient  donné  tous  les  autres 
réactifs.  » 


M.  L.  Belzecki  adresse  une  Note  «  Sur  la  courbe  d'équilibre  d'un  fil 
flexible  et  inextensible,  dont  les  éléments  sont  sollicités  par  les  pressions 
d'un  remblai  ». 

La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 

G.   D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  10  août   1908. 

Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de  l'Académie  des  Sciences,  par  MM. 
les  Secrétaires  perpétiels;  t.  CXXXV,  juillet-décembre  1902.  Paris,  Gauthier- Villars  ; 

I  vol.  in-4°. 

Incendies  en  forĂȘt.  Évaluation  des  dommages:  contentieux  ;  mesures  prĂ©serva- 
trices; constatations;  principes  des  expertises,  etc.,  par  A.  Jacquot,  Inspecteur  des 
Eaux  et  ForĂȘts.  Paris-iVancy,  Berger-Levraull  et  C'%  igoS;  i  vol.  in-S".  (Hommage 
de  l'auteur.  ) 

Le  sport-pĂȘche  sur  le  littoral  breton,  par  M.  A. -Y.  Le  Bras,  retraitĂ©  de  la  marine. 
{Bull,  de  la  Marine  marchande,  t.  IV,  livraison  II,  novembre  1902.)  i  fasc.  in-8". 
(Hommage  de  l'auteur.) 


/J48  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MinistĂšre  de  la  Marine  :  Annuaire  de  la  Marine  pour  igoS.  Paris,  Imprimerie 
nationale;  i  vol.  in-S". 

Mémoires  publiés  par  la  Société  nationale  d'Agriculture  de  France;  t.  CXI, 
Paris.  Philippe  Renouard,  igoS;   i  vol.  in-8°. 

Mémoires  de  l'Académie  de  Stanislas,  igoa-igoS;  GLIII=  année,  5"  série,  t.  XX. 
Nancy,  Berger-LevraUlt  et  C'%  igo3;  1  vol.  in-8°. 

Journal  de  Chimie  physique  :  Électrochimie,  Thermochimie,  Radiochimie, 
MĂ©canique  chimique,  SlƓchiomĂ©trie,  pub.  par  P. -A.  Guye;  t.  1.  n°  1,  juillet  igo3. 
Paris,  Gauthier-Villars;  GenÚve,  H.  Kiindig;  )  fasc.  in-8°. 


On  the  effect  of  absorption  on  the  resohing  power  of  prism  trains,  and  on 
methods  of  mechanically  compensating  ihis  effect,  by  F.-L.-O.  Wadswobth.  (Extr. 
de  The  philosophical  Magazine,  mars  igoS.)  Londres;  i  fasc.  in-8°. 

Einige  Bemerkungen  iiber  die,  in  den  neueren  Werken  der  kosmischen  Physik, 
"C'^ebenen  AuseinĂąndersclzungen  in  Bezug  auf  die  Kometenschweife,  von  R.  Jae- 
GERMANN.  (Bul.  de  l'Acad.  imp.  des  Sciences  de  Saint-Pétersbourg,   t.  XVIII,   n»  4, 

avril  igo3.)  i  fasc.  in-8°. 

The  geological  structure  of  Monzoni  and  Passa,  by  Maria  M.  Ogilvie  Gordon. 
(  Transactions  of  the  Edinburgh  geological  Society;  vol.  VIII,  spécial  part.)  Edim- 
bourg; I  vol.  in-S". 

Prodronius  Flora-  batavƓ;\o\.  I:  PhanerogamƓ  et  Cryptogames  vasculares; 
^Ari\\:DicolyledonƓ-CalYciflorƓ;&Ă \Ăčod,\ien.  NimĂšgue,  F.-E.  Macdonald,   igo2; 

I  vol.  in-8°. 

Census  of  India,  igoi;  Vol.  XIX:  Central  India,  by  captain  C.-E.  Luard; 
parts  1-3.  Lucknow,  1902;  3  vol.  in-f". 


On  souscrit  Ă   Paris,  chez.  GAUTHIER- VITXARS, 
Quai  des  Grancis-Augustins,  n°  55. 

epuis  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  réguliÚrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-4°.  Doux 
es,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matiÚres,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 

art  du  i"  Janvier.  .     ,    „  ,  ^    ‱        ■      .  ,     -, 

Le  prix  de  l  abonnement  est  jixc  ainsi  qu  il  suit  : 

Paris  :  30  fr.  —  DĂ©partements  :  40  fr.  —  Union  postale  :  44  fr. 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


chei  Messieurs  : 
i Ferran  frĂšres. 

1  Cbaix. 
<r Jourdan. 

*  Ruff. 
eus Courlin-Hecquet. 

j  Germain    '  Grassin. 

^" I  Gaslineau. 

onne JĂ©rĂŽme. 

nçon  Régnier. 

j  Feret. 
ieaux Laurens. 

'  Muller  (G.). 

"ges Renaud. 

Derrien. 

\  F.  Robert. 
' ■  ',  Obiin. 

'  Uzel  frĂšres. 

1 Jouan. 

mbery Perrin. 

Henry. 

Margueric. 

Juliot. 

Bouj. 

Nourry. 

m Ratel. 

'  Rey. 

1  Lauverjat. 

ai ,  ^ 

'  Degez. 

\  DreTet. 

'  Gralier  el  C". 

Koucher. 
,  Bourdignon. 
(  Dombre. 

Thorez. 


Carient. 


‱‱bourg 

‱mont-Ferr 


Lyon. 


Marseille..  . 
Montpellier . 
Moulins..    . 

Nancy 


noble . . . . 
Rochelle, 
lavre.    . . 


I 


Quarré. 


!Vaiites 


Aice. 


\  inies  . . . 
Orléans    . 


Poitiers. 


Rennes . . . . 
Roche/ort . 


Rouen 

S'-Étienne  , 
Toulon. . . 


routouse. 


Tours. 


Valenciennes, 


chez  Messieurs  : 
i  Baumal. 
I  M"'  Texier. 

Bernoux  el  Cumin 
\  Georg. 

Effantin. 
I  Savy. 

Ville 

Ruai. 

Valal. 
Goulei  el  fils. 

Martial  Place.- 

Jacques. 

Grosjean-Maupin. 

Sidol  frĂšres. 

Guisl'liau. 

Veloppé. 

Barma. 

'  Appy- 

Thibaud. 

Loddé. 
,  Blanchier. 
'  LĂ©vrier. 

Plihon  el  Hervé. 

Girard  (M""). 
,  Langlois. 
'  Leslringant. 

Chevalier. 
,  Ponteil-Burles 
'  HunĂŻĂ©be. 
,  Gimel. 
I  Privai. 

Boisselier. 

PĂ©rical. 

Suppligeon 

,  Giard. 

'  Lemailrc. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam  . 


AthĂšnes. . . 
Rarcelone. 


Berlin.  . 

I  Berne  . . . 
Bologne. 


Bruxelles. 


Bucharest. 


Budapest 

Cambridge 

Christiania 

Constantinople. 
Copenhague. . 

Florence 

Gand 

GĂȘnes 

GenĂšve . . 

La  Ha)  e. 
Lausanne 

Leipzig 


LiĂšge. 


chez  Messieurs  : 

I  Feikema    Caarelsen 

I      el  C'V 

8eck. 

Verdaguer. 

Vsher  el  C'v 
'  Dames. 

Friediander   el   fils. 
'  Mayer  el  Muller. 

Schmid  Francke. 

ianichelli. 

Lamertin. 

.Mayolezet\udiarte. 
'  Lebégue  et  G". 

Sotchek  et  C°. 

VIcalay. 

Kilian. 

Ueighlon,  BellelC". 

Cammermeyer. 

Ollo  Keil. 

HĂŽst  el  fils. 

Seeber. 

Hosle. 

Beuf. 

Cherbuliez. 

Georg. 

Stapelmohr. 

Belinfanle  frÚre». 
,  Benda. 
'  Payot  el  C". 

Barth. 
\  Brockhaus. 

KƓblcr. 
i  Lorenlz. 

,  Twielmeyer. 

I  Desoer. 
■  (  GnusĂ©. 


Kaples . 


chez  Messieurs  : 
;  Dulau. 
Londres: '  Hachetle  et  G". 

'  Nuit. 
Luxembourg .    .        V.  BUck. 

Ruiz  et  C'V 

Madrid '  Romo  y  Fussel 

i  Capdeville 
F.  FĂ©. 

Milan..    .  '  ^""^  '""' 

■     '  HƓpli. 

Moscou Tasteviu. 

Margiueri  di  Giu< 

Pellerano. 

.  Dyrsen  et  PfeiiĂŻer. 

New-York Stechert. 

Lemckeet  Buechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  el  C''. 

Palerme Reber. 

Porto MagathaĂšs  ei  Mouil. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

I  Bocca  frÚre». 

'  Loescheret  C'* 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Nordlska  Bogbandel. 

,  Zinserling. 

(  Wolff. 

Bocca  frÚre» 

)  Brero. 

Clausen. 

'  RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebethner  et  Wolff. 

VĂ©rone Urucker. 

,  Frick. 

^''«""^ (GeroldelC-. 

Zurich Meyer  et  Zeller. 


Rome. 


S'-PĂ©tersbourg . 


Turin 


l 


fABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1"  à  31.  -  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  .s,3o.)  Volume  111-4^;  .8ii.  Prix        25  fr. 

Tomes  32  Ă   61.  -  (  i"  Janvier  i85i  Ă   U  Decc.nhio  ibfai.)  Volume  m-4;;  1870.  P  ix ^&  ir- 

Tomes  62  à  91.  -  1 1«-  Janvier  1866  à  5.  I)>)ooinb|Î  .8bo.)  Volurae  m-4'ij^  ibbg.  Pux ^a  tr. 

Tomes  92  Ă   121.  —  (  i"  Janvier  1881  Ă   Si  DĂ©cembre  iSgS.)  Volume  m-4'';  1900.  Prix -ia  ir- 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES; SÉANCES  DE  L  ACADEMIE  DES   SCIENCES  : 

liĂšres  grasses,  par  M.  Cl,\uoe  BĂ«rxard.   Volunc  in-V 


i856 


A  la  mĂȘme  Libiairie  k 


s  Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences.  <  i  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


r  9. 

TABLE   DES  ARTICLES.    (Séance  du  31   août  1903.) 


CORRESPONDANCE. 


Pages. 

M.  le  SkoréTAIRK  peiu'ETUEL  sifinale  quatre 
nouveaux  Volumes  de  «  rintcniational  Ca- 
talogue of  scienlific  literatuie,  first  annual 
issue  > -'-I"' 

M.  G.  Baccelli,  nommé  Correspondant  pour 
la  Section  de^  MĂ©decine  et  Chirurgie, 
adresse  ses  rcmerciments  à  l'Académie  . . .     'l'p 

AI.  M.-C.  Dekhuyzen.  —  Liquide  fixateur  iso- 


Pai 
tonique  avec  l'eau  de  mer,  pour  les  objets 
dont  on  ne  veut  pas  Ă©liminer  les  formations 

calcaires 

M.  L.  Belzecki  adresse  une  Note  «  Sur  la 
courbe  d'Ă©quilibre  d'un  fil  flexible  et  inex- 
tensible, dont  les  éléments  sont  sollicités 
par  les  pressions  d'un  remblai  >‱ 


H^ 


Vm 


Bulletin  bibliographiquk. 


PAIUS.  —   IMPRIMERIE    G  A  UTH  I  E  R  -  V  I  L  L  ARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  5d. 


Le  GĂ©rant  :  Gauthier  -Villars. 


«T  ■‱  1903 

SECOND  SEMESTUE. 


^oa^ 


■1 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES     SEANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVII. 


W  10(7  Septembre  1903). 


:1 

^^  PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMliUR-LlBKAlRE 

DES  COMPTES  RENUDS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Auguslins,  55. 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  2.3  juin   1862  et  24  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
i' Académie  se  composeiil  des  extraits  des  travaux  de 
Ăźes  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  \  a  deux  volumes  par  année. 

Article  l".  ‱ —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  j)ourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  de  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  l'our  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Raj)ports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  Sa  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Bap- 


J 


ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu' 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savan 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  perso 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  T 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'ui 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires' 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requi 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  non 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cetEi 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondanct 
cielle  de  l'Académie. 


Article  3. 


I 


Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  r 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tai 
jeudi  Ă   I  o  heures  du  matin  ;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   te 
le  titre  seul  duMémoire  estinsérédans  le  Compter 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu 
vaut  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planche 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  ser 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  coin| 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  de 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rappoi 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrativ  II 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  n 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du'i 
sent  RĂšglement. 


Le»  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui.  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés) 
dĂ©poser  au  SecrĂ©tariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  prĂ©cĂšde  la  sĂ©ance,  avant  5'.  Autrement  la  prĂ©sentation  sera  remise  Ă   la  sĂ©ance  »n  ‱ 


»rT     1 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

SÉANCE  DU    LUNDI    7  SEPTEMBRE  1903, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

PHYSIOLOGIE  ANIMALE.  —  Élevage  des  larves  parthĂ©nogĂ©nĂ©tiques  d'AstĂ©ries 
dues  Ă   l'aclion  de  Vaoide  carbonique.  Note  de  M.  Yves  Delage. 

"  Il  y  a  quelques  mois,  j'ai  eu  l'honneur  de  faire  connaßtre  à  l'Académie 
(séance  du  20  octobre  1902)  le  résultat  de  mes  expériences  sur  l'acide 
carbonique  comme  agent  de  choix  de  la  parthénogenÚse  expérimentale 
chez  les  Astéries.  J'avais  obtenu,  dÚs  celte  époque,  des  larves  parfaitement 
constituées,  qui  ont  vécu  6  semaines,  mais  qui  étaient  si  peu  avancées 
qu'elles  rappelaient  plutĂŽt  les  larves  Auncalaria  des  Holothuries  que  les 
Bipinnaria,  beaucoup  plus  compliquées,  des  Astéries.  C'étaient,  en  réalité, 
des  Bipinnaria  arrĂȘtĂ©es  au  stade  de  leur  dĂ©veloppement  oĂč  elles  n'ont  pas 
encore  de  bras. 

»  Je  me  suis  efforcé,  cette  année,  de  conduire  le  plus  loin  possible  dans 
leur  développement  ces  larves  parthénogénétiques  expérimentales,  afin  de 
déterminer  si  vraiment  elles  ont  en  elles  ce  qui  est  nécessaire  pour  pa- 
rachever un  dĂ©veloppement  normal,  comme  celles  qui  proviennent  d'Ɠufs 
fécondés. 

»  Mes  larves  de  l'année  derniÚre  étaient  restées  stalionnaires  et  avaient 
fini  par  mourir  faute  d'aliments.  Mac  Bride  a  montrĂ©  que  le  mĂȘme  phĂ©no- 
mùne se  produit  chez  les  larves  Pluteus  des  Oursins,  provenant  d'Ɠufs 
fécondés,  et  n'a  pu  les  élever  qu'en  renouvelant  chaque  jour  une  fraction 
importante  de  l'eau  de  mer  oĂč  elles  vivent  et  la  remplaçant  par  de  l'eau 
prise  loin  au  large  et  chargée  de  cette  poussiÚre  alimentaire  qui  abonde 
dans  le  plankton. 

»  J'ai  employĂ©  le  mĂȘme  procĂ©dĂ©  et  j'ai  essayĂ©  en  outre  l'alimentation 
artificielle  par  du  vitellus  de  jaune  d'Ɠuf  et  par  une  culture  de  Chlorelles. 

C.  R.,  1903,  1'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  10.)  6o 


45o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  simple  renouvellement  de  l'eau  de  mer  ne  donne  pas  ici,  tant  s'en 
faut,  des  résultats  aussi  favorables  que  pour  les  Pluteus.  Les  larves  ainsi 
traitées  sont  restées  naines,  avec  des  bras  rudimentaires,  et  n'ont  pas  montré 
les  premiers  rudiments  des  organes  de  l'adulte.  L'alimentation  au  moyen 
du  vitellus  ou  des  Chlorelles  a  donné,  surtout  la  derniÚre,  des  résultats 
bien  meilleurs. 

))  L'agitation  de  l'eau  oĂźi  vivent  les  larves,  au  moyen  d'une  lame 
immergée  mise  en  mouvement  par  un  petit  moteur,  dont  Fabre-Domergue 
d'abord,  puis  Browne,  ont  fait  connaßtre  les  avantages,  s'est  montrée,  ici 
aussi,  trÚs  utile,  sinon  au  début,  au  moins  pour  les  stades  avancés  du 
développement. 

»  L'ombre  est  aussi  trÚs  nécessaire,  ainsi  que  l'a  montré  Mac  Bride. 
Enfin,  je  crois  pouvoir  dire  que  l'aération  de  l'eau  par  injection  de  bulles 
d'air  donne  de  bons  résultats,  mais  mes  essais  dans  cette  voie  sont  trop 
récents  pour  que  je  puisse  me  prononcer. 

»  Malgré  tous  les  soins  apportés  à  cet  élevage,  le  développement  se 
poursuit  avec  une  grande  lenteur,  à  tel  point  que  mes  larves,  ùgées  aujour- 
d'hui de  3  mois,  ne  sont  pas  encore  métamorphosées.  Comme  on  n'a  point 
encore  fait  l'élevage  méthodique  des  larves  d'Astéries  provenant  d'ceufs 
fécondés,  il  est  impossible  de  dire  si  ces  derniÚres  se  développeraient  plus 
vite  que  mes  larves  parthénogénétiqués. 

»  Je  crois  que  si  le  développement  naturel  est  plus  rapide  que  celui  de 
mes  larves,  cela  doit  tenir  plutÎt  aux  conditions  défectueuses  de  l'élevage 
en  vase  clos  qu'au  remplacement  du  spermatozoĂŻde  par  l'acide  carbonique. 

»  Voici  maintenant  la  description  rapide  de  l'évolution  de  celles  de  mes 
larves  qui  sont  actuellement  les  plus  avancées  : 

»  Le  Irailemeiit  des  Ɠufs  par  l'acide  carbonique  a  eu  lieu  les  7  et  ii  juin.  Le  len- 
demain, les  larves  nagent  sous  la  forme  de  blastules  ciliées.  Le  surlendemain,  elles 
sont  Ă   l'Ă©tat  de  gaslrules.  Le  troisiĂšme  jour,  les  vĂ©sicules  enlĂ©rocƓles  commencent  Ă   se 
former;  le  cinquiĂšme  jour,  la  larve  est  complĂšte  avec  bouche,  estomac,  intestin,  anus 
et  deux  vĂ©sicules  entĂ©rocƓles  entiĂšrement  isolĂ©es,  la  gauche  ouverte  au  dehors  par 
l'hydropore. 

»  A  partir  de  ce  moment,  l'évolution  continue  plus  lentement. 

»  A  la  fin  du  premier  mois,  les  bras  de  la  Bipinnaria  commencent  à  poindre,  les 
deux  vésicules  s'avancent  en  bas  vers  l'estomac  qu'elles  tendent  à  englober  et  en  haut 
dans  le  lobe  frontal. 

»  A  la  fin  du  deuxiÚme  mois,  les  larves  ont  beaucoup  grandi;  tous  les  bras  de  la 
Bipinnaria  ont  poussĂ©  et  sont  trĂšs  longs;  les  vĂ©sicules  entĂ©rocƓles  se  sont  rejointes  et 
fusionnées  dans  le  lobe  frontal;  en  bas,  elles  se  sont  divisées,  fournissant  chacune  une 


SÉANCE  DU  7  SEPTEMBRE  igo3.  45 1 

vĂ©sicule  splanchnocƓle  qui  entoure  l'estomac,  tandis  qu'elles-mĂȘmes  s'arrĂȘtent  un  peu 
au-dessous  de  l'orifice  Ɠsophago-stomacal. 

»  Vers  le  milieu  du  troisiÚme  mois,  les  trois  bras  à  papilles  adhésives  et  la  ventouse 
ciliée  de  la  Brachiolaria  se  montrent,  ainsi  que  les  cinq  lobes  de  l'appareil  aquifÚre, 
formĂ©s  aux  dĂ©pens  de  la  partie  infĂ©rieure  de  l'IiydrocƓle  gauche,  et  cinq  spicules,  Ă  
l'opposé  de  l'appareil  aquifÚre,  sur  la  face  droite  de  l'estomac. 

»  C'est  à  ce  stade  que  correspondent  les  photographies  que  je  mets  sous  vos  yeux 
et  qui  sont  dues  à  l'obligeance  et  à  l'habileté  de  M.  Bull. 

«  Enfin,  aujourd'hui,  les  larves  ùgées  de  3  mois  révolus  approchent  du  moment  de 
la  métamorphose. 

»  Les  appendices  adhésifs  de  la  Brachiolaria  sont  trÚs  développés,  trÚs  puissants.  La 
larve,  devenue  moins  agile,  se  laisse  passivement  entraĂźner  par  le  courant  d'eau  et 
souvent  tombe  au  fond  oĂč  elle  se  fixe  pour  un  certain  temps.  L'appareil  aquifĂšre,  bien 
développé,  montre  les  cinq  tentacules  terminaux  de  l'Astérie,  sous  la  forme  d'autant  de 
protubérances  digitiformes,  environ  deux  fois  plus  longues  que  larges.  Le  disque 
dorsal  de  l'Astérie  est  bien  dessiné  et  dégagé  du  corps  de  la  Brachiolaria,  qu'il  sur- 
plombe comme  un  bouclier;  son  contour  est  divisé  par  cinq  profondes  échancrures  en 
autant  de  lobes  correspondant  aux  cinq  bras  de  l'Astérie.  Enfin,  les  spicules  se  sont 
développés  en  larges  plaques  ajourées  dont  cinq,  logées  dans  les  cinq  lobes  du  disque, 
sont  les  terminales  de  la  future  Astérie,  tandis  que,  plus  en  dedans,  alternant  avec  les 
précédentes,  on  entrevoit  les  cinq  premiÚres  interradiales. 

»  Ainsi,  l'Astérie  est  dessinée  avec  tous  ses  organes  essentiels,  et  il  n'y 
a  pas  de  doute  que  ces  larves  n'aient  en  elles  tout  ce  qu'il  faut  pour  former 
des  Astéries  normales.  Y  arriveront-elles?  La  seule  chose  qui  m'inquiÚte 
est  que  leur  nombre,  trÚs  grand  au  début  de  l'expérience,  est  aujourd'hui 
bien  réduit  par  les  accidents,  les  pertes  et  les  tùtonnements  de  l'élevage; 
que  ces  accidents,  ces  pertes  vont  continuer  et  que  les  tĂątonnements  de 
l'élevage  vont  recommencer  au  moment  du  changement  de  régime  aprÚs 
la  métamorphose. 

»  L'expérience  continue.  J'aurai  l'honneur  d'en  soumettre  les  résultats 
à  l'Académie.  » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  production  de  glycogùnc  chez  les  Cham- 
pignons cultivés  dans  des  solutions  sucrées  peu  concentrées.  Note  de 
M.  Emile  Laurent. 

(i  La  production  de  réserves  hydrocarbonées  est  liée,  chez  les  Champi- 
gnons (glycogĂšne)  comme  chezlesplantesvasculaires  (amidon),  Ă   une  ali- 
mentation abondante  en  substances  sucrées  ou  analogues.  Il  me  paraßt 
intéressant  de  signaler  une  exception  à  celte  rÚgle;  je  l'ai  constatée  à  plu- 


4^2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sieurs  reprises  chez  des  moisissures  qui  s'étaient  développées  l'été  dernier 
dans  des  solutions  organiques  trÚs  diluées,  additionnées  d'oxalate  acide  de 
potassium  Ă   i  pour  looo  et  d'acide  chlorhydrique  Ă   i  pour  2000. 

»  Un  certain  nombre  d'essais  faits  avec  ce  dernier  corps  ont  montré  que 
le  fait  est  exact,  tout  au  moins  chez  les  quatre  espĂšces  :  Mucor  racemosiis, 
Sclerolinia  Lihertiana,  Botrytis  cineira  et  Saccharomyces  cerevisiƓ. 

»  \\,\\e.i  ont  d'abord  élé  cukivées  à  i8''-20''  dans  la  solution  nutritive  suivante  : 
eau,  iooo''ℱ';  phosphate  d'ammoniaque,  i^;  phosphate  de  potassium,  iS;  sulfate  de 
magnésium,  os,5;  sucre  candi  (trÚs  pur),  2.5?. 

«  Le  développement  est  relativement  lent;  si  l'on  prend,  avec  un  fil  de  platine, 
quelques  filaments  mycéliens  et  qu'on  les  plonge  dans  une  goutte  de  solution  iodée,  on 
les  voit  se  colorer  assez  fortement  en  rouge;  an  microscope,  ces  filaments  apparaissent 
pourvus  d'importants  dépÎts  de  gljcogÚne. 

>i  On  ol3ser\e  la  mĂȘme  chose  avec  une  goutte  du  liquida  de  culture  de  la  levure  de 
biĂšre.  Mais  la  production  de  glycogĂšne  est  encore  bien  plus  abondante  quand,  Ă   la 
solution  prĂ©citĂ©e,  on  ajoute  i  pour  1000,  voire  mĂȘme  i  pour  2000  d'acide  chlorhy- 
drique. La  croissance  des  champignons  ne  semble  pas  en  ĂȘtre  contrariĂ©e;  les  filaments 
mycéliens  et  le  dépÎt  de  levure  sont  alors  extraordinairement  riches  en  glycogÚne. 
L'iode  leur  communique  une  coloration  trÚs  foncée,  et  l'on  voit  au  microscope  les 
cellules  vraiment  bourrées  de  réserves  glycogéniques. 

»  Le  procédé  est  excellent  pour  obtenir  une  forte  production  de  glyco- 
gĂšne par  les  moisissures.  Avec  la  levure  de  biĂšre,  il  donne  d'aussi  bons 
résultats  que  la  culture  dans  des  solutions  à  io-i5  pour  100  de  saccha- 
rose, que  j'ai  indiquées  autrefois  ('),  avec  cette  différence  que  la  produc- 
tion cellulaire  est  moins  importante. 

»  Comment  convient-il  d'interpréter  ce  résultat  qui,  de  premier  abord, 
semble  paradoxal? 

»  La  solution  minérale  employée  (phosphate  d'ammoniaque  et  de 
potassium,  sulfate  de  magnésium  additionné  de  sucre)  convient  au  déve- 
loppement de  beaucoup  de  moisissures.  Cependant,  elles  n'y  végÚtent  pas 
avec  la  luxuriance  qui  caractérise  ï Aspergilltis  niger  ensemencé  dans  le 
liquide  Raulin.  Le  mélange  n'est  pas  parfait,  c'est-à-dire  ne  renferme  pas 
tous  les  corps  sini|iles  nécessaires.  Je  soupçonne  aussi  que  l'assimilation 
des  matiÚres  albuminoides  aux  dépens  du  sucre  et  de  l'ammoniaque  est 
moins  rapide  que  la  pénétration  de  l'aliment  hydrocarboné.  DÚs  lors,  la 
croissance  est  relardée,  et  une  quantité  de  substance  sucrée  devient  dispo- 
nible et  constitue  une  réserve  de  glycogÚne. 


(')  Annales  de  l'Institut  Pasteur,  t.  III,  1889,  p.  120. 


SÉANCE    DU    7    SEPTEMBRE    igoS.  /|53 

»  Je  me  suis  assuré  que  cette  interprétation  est  fondée,  eu  cultivant  les 
espÚces  étudiées  dans  la  solution  minérale  sucrée  additionnée  d'extrait  de 
touraillons  (maltopeplone)  à  2,5  pour  lonn.  Toutes  se  sont  développées 
beaucoup  plus  rapidement  que  dans  la  solution  minérale  simplement 
sucrée.  Par  contre,  la  production  de  glycogÚne  était  de  beaucoup  dimi- 
nuĂ©e; mĂȘme  les  fdaments  de  Mucor  racemnsus  se  coloraient  en  jaune  par 
l'iode.  La  différence  était  frappante.    » 


MEMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  EugĂšne  Ferron  adresse,  par  l'entremise  de  M.  le  Ministre  de  l'Ins- 
truction publique,  un  Mémoire  intitulé  :  «  Détermination  analytique  des 
divers  éléments  géométriques  de  l'anse  de  panier  rigoureuse  à  n  centres, 
étant  données  l'ouverture  et  la  flÚche  de  la  courbe  ». 

(Commissaires  :  MM.  Maurice  Levy,  Boussinesq,  Léauté.) 


CORRESPONDANCE. 

ASTRONOMIE.  —  Observations  de  la  planĂšte  MA  (24  aoĂ»t  ifjo'i)  faites  Ă  
l'Observatoire  de  Besançon,  avec  l'équatorial  coudé.  Note  de  M.  P.  Ciio- 
FARDET,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  LƓwy. 

Nombre 
Dates.  Temps  moyen  de 

1903.  Étoiles.      de  Besançon.  Aa\.  ADP.  comparaisons, 

h       m  ■      s  III       s  II! 

Août  28 a  II.    8.36  +0.52,28  4-4-5,2  12:9 

3i b  i3. 40.37  -hi.27,88  -1-5.54,6  12:6 

Sept.      I c  13.41.9  — 1.4>"  —   2.10,4  12:9 

2 c  1 4 .  59 .  24  —  1 .  5o ,  35  -1-2.5,5  12:9 

Positions  moyennes  des  Ă©toiles  de  comparaison  pour  1903,0. 

Ascension  RĂ©duction  Distance  RĂ©duction 

droite  au  polaire  au 

Étoiles.     Gr.  Catalogues.  moyenne.  jour.  moyenne.  jour. 

h         Ul         s  s  n  /  ;/  Il 

a...      9       Munich,  31572  22.42.22,47  -1-3,47  97.56.45,0  — 24,3 
b .  .  .      9        ;  (  Paris  32606 

4-Munich,  31496)  22.39.31,71  -1-3,49  9^-    7-'^5,9  —2',, 4 

c...      9       .Munich,  3i549  22.41. 20, 3i  -t-3,5o  98.19.43,2  — 24,5 


454  ACADEMIE   DES    SCIENCES. 

Positions  apparentes  de  la  planĂšte. 

Ascension  Distance 

Dates.  droite  Log.  fact.  polaire  Log.  fact. 

1903.  apparente.  parallaxe.  apparente.  parallaxe. 

Il        m        s  o        I        If 

AoĂ»l   28 22.43.18,22  ĂŻ.ogin  98.   0.2.5,9  o,857„ 

3i 22. 4i-   3,08  ü.2i5„  98.13.   6,1  o,857„ 

Sepl.      1 22.40.19,70  ü.237„  98-'7-   8i3  o,856„ 

2 22.39.33,46  T.465„  98.21.24,2  o,846„ 

«  Remarques.  —  Le  3i  aoĂ»t,  une  Ă©toile  de  12=  grandeur,  trĂšs  voisine  et  sur  le 
mĂȘme  parallĂšle  que  la  planĂšte,  contrarie  un  peu  les  pointĂ©s. 

»  Le  2  septembre,  le  ciel  étant  nébuleux,  l'éclat  de  la  planÚte  est  d'une  faiblesse 
extrĂȘme.  » 


PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  une  maladie  bactĂ©rienne  du  tabac,  le 
«  chancre  «  ou  «  anthracnose  ».  Note  de  M.  G.  Delacroix,  présentée  par 
M.  Prillieux. 

«  Les  cultivateurs  de  tabac  et  les  fonctionnaires  préposés  à  l'inspeclioii 
de  cette  culture  connaissent  bien  une  maladie  désignée,  suivant  les  loca- 
lités, sous  les  noms  à' anthracnose,  noir,  charbon,  pourriture.  Des  observa- 
teurs trĂšs  dignes  de  foi  l'observent  depuis  3o  ans  au  moins,  sans  qu'elle 
ait  fait,  Ă   ma  connaissance  du  moins,  l'objet  d'aucune  recherche  scientifique. 
Elle  a  été  généralement  confondue  avec  cette  affection  mal  définie,  due 
sans  doute  à  diverses  causes,  la  rouille.  Cependant,  quand  on  suit  le  déve- 
loppement de  la  maladie  que  j'ai  en  vue,  on  observe  des  symptĂŽmes  bien 
précis  permettant  de  la  caractériser. 

»  Les  premiÚres  apparences  du  mal  se  montrent  généralement  vers  la  fin  de  juillet, 
peut-ĂȘtre  un  peu  plus  tĂŽt  dans  les  rĂ©gions  plus  mĂ©ridionales  de  la  France  (Lot,  par 
exemple),  alors  que  les  pieds  de  tabac  repiqués  ont  atteint  de  o",2  à  o°',3.  Sur  la  tige 
et  sur  la  nervure  principale  des  feuilles  moyennes  prennent  alors  naissance  des  taches 
oblongues,  oĂč  le  tissu  se  dĂ©prime  irrĂ©guliĂšrement,  oĂč  la  surface  est  comme  un  peu 
bosselée.  La  coloration  de  ces  taches,  à  peine  modifiée  au  début,  vire  bientÎt  vers  le 
jaune,  puis  vers  le  brun  fauve,  pour  prendre  ensuite  une  teinte  souvent  un  peu  noi- 
rĂątre et  livide.  La  tache  s'Ă©tend  en  surface,  se  creuse  dans  sa  partie  centrale,  et,  de 
mĂȘme  aussi,  l'extension  en  longueur  est  parfois  considĂ©rable.  Des  taches  trĂšs  Ă©troites, 
ayant  à  peine  o<^'»,5  de  largeur,  peuvent  occuper  sur  la  lige,  dans  la  direction  de  l'axe, 
une  dimension  de  o",!  et  plus.  Lorsque  de  telles  taches  arrivent  Ă   rencontrer  l'inser- 
tion d'une  feuille,  elles  bifurquent  le  plus  souvent  et  gagnent  la  nervure  principale. 


SÉANCE  DU  7  SEPTEMBRE  igoS.  4^5 

Mais,  comme  je  viens  de  le  dire,  les  nervures  peuvent  ĂȘtre  envahies  isolĂ©ment  et  pri- 
mitivement. 

»  Les  taches  ùgées,  sur  tiges  et  nervures,  se  décolorent  un  peu  avec  l'ùge  au  moins 
dans  leurs  parties  centrales  qui  se  dessĂšchent  et  blanchissent.  Dans  les  parties  super- 
ficielles de  la  tache,  les  cellules  mortes  ont  perdu  leur  contenu  brun  qui  est  remplacé 
progressivement  par  de  l'air.  A  ce  moment,  le  centre  déprimé  se  déchire  irréguliÚre- 
ment mĂȘme  dans  la  profondeur  des  tissus,  ce  qui  a  fait  supposer  Ă   tort  l'action  d'un 
insecte. 

»  Le  bord  delĂ   tache  est  maintenant  occupĂ©  par  une  marge  brune  proĂ©minente,  oĂč 
l'examen  au  microscope  ne  permet  pas  de  trouver  la  trace  d'une  production  subéreuse. 
DÚs  lors,  la  lésion,  qui  ne  montre  aucune  tendance  à  la  cicatrisation,  est  devenue  un 
véritable  chancre. 

»  Au  début,  le  parenchyme  cortical  est  seul  intéressé;  le  tissu  s'y  voit  coloré  en 
brun  intense  sur  une  coupe  à  l'Ɠil  nu;  au  microscope  les  tissus  montrent  cette  teinte 
brune  plus  ou  moins  marquée,  aussi  bien  sur  la  membrane  que  le  contenu  cellulaire, 
oĂč  le  protoplasma,  les  leucites  chlorophylliens,  le  noyau  forment  une  masse  coagulĂ©e 
brunùtre,  autour  de  laquelle  fourmillent  de  nombreuses  bactéries  visiblement  mobiles. 
Un  peu  plus  lard,  la  lésion  gagnant  en  profondeur,  le  cylindre  central  et  la  moelle 
dans  la  tige,  les  faisceaux,  et  le  parenchyme  dans  la  nervure  sont  attaqués  à  leur  tour 
et  prĂ©sentent  les  mĂȘmes  lĂ©sions.  Le  noyau  volumineux  des  grandes  cellules  du  paren- 
chyme, de  la  moelle  et  de  la  nervure,  conserve  ici  assez  longtemps  son  apparence,  et 
les  cavités  cellulaires,  riches  en  suc,  montrent  encore  plus  de  bactéries  que  le  paren- 
chyme cortical. 

»  La  tige  et  les  nervures  qui  portent  de  ces  chancres  profonds  conservent  une  rigi- 
dité faible;  l'action  du  vent  suffit  jjour  les  briser. 

»  Les  nervures  secondaires  sont  souvent  envahies,  comme  la  nervure  primaire; 
Félendue  de  la  tache  est  simplement  proportionnée  à  la  dimension  de  la  nervure.  Le 
limbe  de  la  feuille  prĂ©sente  Ă©galement  des  lĂ©sions,  qui  peuvent  ĂȘtre  de  deux  sorles. 

»  L'infection  peut  se  propager  au  limbe  et,  dans  ce  cas,  c'est  dans  le  voisinage 
immédiat  de  la  nervure  atteinte  que  le  mal  débute.  Le  limbe  attaqué  se  colore,  sur 
une  ligne  étroite  et  à  bord  irrégulier,  en  jaune  bien  net,  puis  en  brun  et  cette  colora- 
tion gagne  souvent,  en  se  répartissant  trÚs  irréguliÚrement  en  taches  de  formes  et  de 
dimensions  variées,  toute  la  partie  verte  comprise  entre  les  deux  nervures  secondaires, 
Ă   moins  qu'une  pĂ©riode  franchement  sĂšche  et  chaude  ne  vienne  arrĂȘter  le  dĂ©veloppe- 
ment du  mal.  Le  limbe  envahi  montre  les  altérations  des  nervures  avec  des  bactéries 
dans  les  cellules.  D'un  autre  cÎté,  lorsque  la  portion  atteinte  de  la  nervure  principale 
se  trouve  comprise  entre  deux  nervures  secondaires  successives  Ă©galement  envahies, 
et  si  le  limbe  circonscrit  est  resté  intact,  la  croissance  qui  reste  normale  pour  cette 
portion  de  limbe  est  au  moins  retardĂ©e,  sinon  abolie  dans  les  nervures.  D'oĂč  la  pro- 
duction de  boursouflures,  de  cloques  dans  le  limbe  resté  sain  :  c'est  une  lésion  de 
nature  mécanique. 

»   La  maladie  du  chancre,  qui  s'est  montrée  cette  année,  en  France,  dans 
des  régions  fort  éloignées  entre  elles,  en  Meurthe-et-Moselle,  en  Dor- 


456  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dogne,  dans  le  Lot,  amÚne  l'inutilisation  des  feuilles  atteintes.  Le  dégùt  a 
atteint  parfois  le  cinquiÚme  de  la  récolte  supposée. 

»  Les  infections  que  j'ai  faites  m'ont  montré  la  nature  bactérienne  de  la 
maladie.  Je  proposerai  de  nommer  la  bactĂ©rie  qui  la  prodiiil  Bacillus  Ɠrii- 
ginosus,  Ă   cause  de  la  coloration  qu'elle  imprime  Ă   certains  milieux  de  cul- 
ture. Je  la  crois  non  décrite.  Son  élude  et  celle  de  quelques  particularités 
relatives  à  la  maladie  feront  l'objet  d'une  Communication  ultérieure.  » 


M.  Stodolkiewitz  adresse  une  Note  «  Sur  un  mode  d'intégration   des 
équations  différentielles  partielles  du  premier  ordre  ». 


La  séance  est  levée  à  [\  heures. 


G.   D. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  17  août   igoS. 

Le  PachyƓna  de  Vaugirard,  par  Marcellin  Boule.  {MĂ©moires  de  la  Soc.  gĂ©olo- 
gique de  France:  Paléontologie,  Mém.  11°  28.)  Paris,  1908;  i  fasc.  in-S». 

Observations  sur  les  cours  d'eau  et  la  plaie  centralisées  pendant  l'année  1901  par 
le  Service  hydrométrique  du  bassin  de  la  Seine.  Résumé,  par  M.  Edmond  Maillet, 
sous  la  direction  de  MM.  Salva  et  F.  Launay.  Ponts  et  Chaussées  :  Service  liydromé- 
trique  du  bassin  de  la  Seine;  texte,  i  fasc.  in-8°;  atlas,  i  fasc.  in-f°. 

Note  sur  la  formation  du  systÚme  solaire,  par  M.  Auric.  Montélimar,  Astier  et 
Niel,  1894;  I  fasc.  in-8°. 

Annales  des  Ponts  et  Chaussées;  73"  année,  8"  série,  l.  IX,  igoS,  1"  trimestre. 
I"  Partie  :  MĂ©moires  et  documents  relatifs  Ă   l'art  des  constructions  et  au  service 
de  l'ingénieur.  Paris,  E.  Bernard;  i  vol.  in-8°. 

{A  suivre.) 


On  souscrit  Ă   Paris,  chez  GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Granls-Augustins,  n°  55. 

Depuis  ,835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  réguliÚrement  le  iJ/,««;^./...  Ils  forment  à  la  fin  d«  l'.nnA»   ^ 

blés    rune  par  ordre  alphabétique  de  matiÚres,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs  Terminent  cßaqu    volume   ,-\'"''  '""'°-  '''"'' 

part  du  i"  Janvier.  -m  ,  leumneni  enaque  volume.  L  abonnement  est  annuel 

Le  prix  r/e  l'abonnemeni  est  fixe  ainsi  qu'il  suit  : 
Pa^s  :  30  fr.  —  DĂ©partements  ;  40  fr.  —  Union  postale  :  44  fr. 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


'e/'s 


chei  Messieurs  : 
'■n Ferrsn  frùres. 

1  Chaix. 
er  ( Jourdan. 

(Ruff. 

iens Courtin-Hecquet. 

Germain  etGrasiin 
Gastineau. 

■onne ...     JĂ©rĂŽme. 

inçon  Régnier. 

/  Feret. 
deaux  Laurens. 

I  Muller  (G.). 
rges Renaud. 

I  Derrien. 

\  F.  Robert. 
Oblin. 

'  Uzel  frĂšres. 

Ăź Jouau. 

mbéry Pernn. 

.A-  (  Henry. 

'bourg ■" 

(  Marguerie. 
Juliot. 
ISouy. 

I  Nourry. 

"■ Ratel. 

(Rey. 
jj  j  Lauverjat. 

I  Degez. 
Drevet. 
Gratier  et  C". 
lochelle Foucher. 

■avre j  Bourdignon. 

(  Dombre. 

Thorez. 
Quarré. 


Lorient. 


Montpellier . 
Moulins ..    .. 


Nantes 


mont-Ferr. 


loble . 


chez  Messieurs  : 
I  Raumal. 
I  M""  Texier. 

Bernoux  et  Cumin 
Georg. 

f-yon <  Effantin. 

I  Savy. 
1  Vitte. 

Marseille RuĂąt. 

)  Valat. 

(  Coulet  et  fils. 
Martial  Place. 

i  Jacques. 
Grosjean-Maupin. 
Sidot  frĂšres. 
(  Guist'liau. 
\  Veloppé. 
j  Barma. 
i  Appy. 

NĂźmes Thibaud. 

Orléans    Loddé. 

^    .. .  1  Blanchier. 

Poitiers ,  .     . 

(  LĂ©vrier. 

Rennes Plihon  et  Hervé. 

Rochefort Girard  (M"-) 

Langlois. 

Lestringant. 

S'-È  tienne Chevalier. 

(  Ponteil-Burles. 

I  KumĂšbe. 

i  Gimet. 

(  PrivĂąt. 

,  Boisselier. 
Tours j  PĂ©ricat. 

I  Suppligeon. 

I  Giard. 

(  Lemaltre. 


Nice . 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam. 


AthĂšnes. . . 
Barcelone. . 


Berlin. 


Berne  . . . 
Bologne . 


Bruxelles. 


Bucharest. 


Rouen. 
S'-Étie 
Toulon. . 

Toulouse 
Tours... . 
Vatenciennes. 


Budapest 

Cambridge 

Christiania 

Constantinople. 
Copenhague ... . 

Florence 

Gand 

GĂšnes 


GenĂšve ' 

( 
La  Haye 

Lausanne 


Leipzig.. 


LiĂšge. 


chez  Messieurs  : 
(  Feikema   Caarelsen 
'      et  C'«. 

Beck. 

Verdaguer. 

Asher  et  C'V 

Dames. 
I  Friedlander  et   fils. 
I  Mayer  et  Muller. 

Schmid  Francke. 

Zanichelli. 

iLamertin. 
MayolezetAudiarte. 
Lebégue  et  C'*. 
1  Sotchek  et  C°. 
'  Alcalay. 
Kilian. 

Deighton,  BelletC- 
Cammermeyer. 
Otto  Keil. 
Host  et  fils. 
Seeber. 
Hoste. 
Beuf. 

Cherbuliez. 

Georg. 

Stapelmohr. 

Bel  in  fan  te  frĂšres. 

Benda. 

Payot  et  C". 

Barth. 

Brockhaus. 

KƓhler. 

Lorentz. 

Twietmeyer. 

Desoer. 

Gnusé. 


chez  Messieurs  : 
,       .  [  Dulau. 

t^onares    .  1  .,     , 

j  Hachette  et  Cv 

'Nutt. 
Luxembourg....     V.  BQck. 

/  Ruiz  et  C". 
Madrid )  Romo  y  Fussel. 

)  Capdeville. 

'  F.  FĂ©. 

Milan i  Bocca  frÚre». 

/  HƓpli. 

^O'cou Tastevin. 

Naples (  Marghicri  di  Gm». 

(  Pellerano. 

j  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
New-York Stechert. 

'  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C'v 

Palerme Reber. 

fo''to Magalhaés  et  Munir. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

Rome I  ^°"«  '"■■"‱ 

I  Loescheret  C". 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Nordisln  Boriiandol. 

j  Zinserling. 

(  Wolff. 
Bocca  frĂšres. 
Brero. 

\  Clausen. 

[  RosenbergeiSellier. 

Varsovie Gebethner  et  WolS. 

VĂ©rone Drucker. 

...  (  Frick. 

Vienne !  „ 

j  Gerold  et  C. 

ZUrich. Meyer  et  Zeller. 


S'-PĂ©tersbourg . 


Turin . 


ABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L  ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1"  Ă   31.  —  (3  AoĂ»t  i8:35  Ă   3i  DĂ©cembre  i85').)  Volume  10-4";  i853.  Prix 25  fr. 

Tomes  32  Ă   61.  —  (i"  Janvier  i83i  Ă   3i  DĂ©cembre  i865.)  Volume  in-4°;  1870.  Prix. . ............  25  fr. 

Tomes  62  Ă   91.  —  (  i»'"  Jauvier  1866  Ă   3i  DĂ©cembre  1880.}  Volume  in-4°;  1S89.  Prix .'.'.'..  25  fr.' 

Tomes  92  Ă   121.  —  (  i"  Janvier  1S81  Ă   3i  DĂ©cembre  1895.)  Volume  111-4°;  1900-  Prix '. .'.  25  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES  : 


ne  I.  —  MĂ©m3iresur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  .Vlgues,  par  M\I.  A.  Derbes  et  A  -J  -J   Solier 

T^^r.'rU''''  '^n;^u'^'l\7o^/Rj^vL'n"'' v.r''^"/-'' ''  ""'  '%'''^''i  '^'i'"'  I' ' ''5''«'"''I^'^  dans'les  pl.enomÚnes  digestifs,  particulicrement  dans  la   digestion    des 
.res  yrassCs,  par  M.  Llvude  LSernard.   Voluiic  in-4",  avec  02   planches:   i.^jb d  7  i  25  fr 


-  MĂ©moire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'Ă©prouvent 


n.cmc  Liliairie  les  Kémoires  de  l'Académie  des  Sciences,  et  les  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences 


N''  10. 

TABLE   DES  ARTICLES.   (SĂ©ance  du  7  septembre  1903.) 


MÉMOlllES    ET  COMMUlXIGAnOJVS 

DES   MEMBHHS   ET   DES  CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 

Pages.  I  ,  Pages. 

M.  Yves  Delage.  —  Éleva^'edes  larves  par-  i    M.  Emile  Laurent.  —  Sur  la  production  de 
lliénogénétiqueà  d'Astéries  dues  à  l'action  glycogÚne^chez  les  Champignons  euUivés 

de  l'acide  carbonique U'J  1        dans  des  solutions  sucrées  peu  concentrées.     4^' 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  EugÚne  Ferron  adresse  un  Mémoire  in-  |        rigoureuse    à    n    centres,    étant     données 

titulé   :    «    Détermination  analytique   des  I        l'ouverture  et  la  lléclic  de  la  courbe  »...     453 

éléments  géométriques  de  l'anse  de  panier  I 

CORRESPONDANCE. 


,M.  P.  CiiOFARDET.  —  Observations  de  la 
planÚte  AL\  {34  août  lyno),  faites  à  l'ob- 
servatoire de  Besançon 4^3 

M.  G.  Delacroix.  —  Sur  une  maladie  bac- 
térienne du  tabac,  le  chancre  ou  anlhrac-  I 

Bulletin  bibliograpimouk ^"^ 


nose 43^ 

M.  Stodolkiewhz  adresse  une  Note  «  Sur 
un  piode  d'intégration  des  équations  dif- 
férentielles partielles  du  premier  ordre  ».     45'J 


PA.IUS.   —   IMPKlMlilUE    liAUTIItKK-VILLARS, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 


Le  GĂ©rant  :    (lAUTHIER -ViLLARS. 


OCT    \t  mz  1903 

SECOND  SEMESTRE. 

COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES, 

DES     SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVII. 


W  11  (14  Septembre  1903). 


i 


PARIS, 


GAUTHIEK-VILLARS,  IMPRIMEUK-LIBKAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS   DES   SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

Quai  des  Grands-Auguslins,  55. 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin   1862  et  24  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l' Académie  se  composenl  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1"^.  —  impression  des  travaux  de  l' AcadĂ©mie. 

Les  extraits  desMémoiresprésentéspar  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
nu  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  àe  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernemenl  sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  piÚges  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  3a  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
ont  imprimés  dans  les  Comptes  r endus ,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'auta 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  p 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  C Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personn 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Ac 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  se 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis 
Membre  qui  lait  la  présentation  est  toujours  nomnr 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cetExtr 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  f( 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  o 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  remi 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   tem 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  da  ns  le  Compte  ren 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  s 
vaut  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches,, 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  serai» 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  compt 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  des  i 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative! 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  ap 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  p 
sent  RĂšglement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  d< 
déposer  au  Secrétariat  aii  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance,  avant  S"-.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suiva 


OCT     16   1903 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

SÉATsCE   DU    LUNDI    14  SEPTEMBRE   1905, 

PRÉSIDÉE  PAR  M.  BOUOUEï  DE  LA  GRYE. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

SPECTROSCOPIE.   —  SĂčnplicilĂ©  des  spectres  de  la  lumiĂšre  cathodique 
dans  les  gaz  azotés  et  carbonés.  Noie  de  M.  H.  Deslaxdres. 

«  Importance  de  la  lumiĂšre  cathodique.  —  La  lumiĂšre  cathodique  (ou 
négative)  est  la  kiniiÚre  spéciale  qui  entoure,  ainsi  qu'une  gaine,  le  pÎle 
négatif,  dans  riiiumination  électrique  des  gaz  raréfiés;  elle  se  distingue, 
par  la  couleur  et  le  spectre,  des  autres  parties  de  l'Ă©tincelle  qui  forment  la 
lumiĂšre  dite  du  pĂŽle  positif.  Lorsque  la  pression  diminue,  la  gaine  catho- 
dique s'Ă©largit;  et,  aux  pressions  trĂšs  basses,  elle  envahit  le  tube  avide  tout 
entier.  A  son  contact,  le  verre  devient  phosphorescent,  et  c'est  alors  que 
les  rayons  spéciaux  issus  de  la  cathode,  dits  rayons  cathodiques,  appa- 
raissent avec  netteté.  Ils  donnent  une  tache  brillante  sur  le  verre;  de 
plus,  ils  illuminent  faiblement  le  gaz  sur  leur  passage,  l.i  couleur  et  le 
spectre  Ă©tant  Ă   peu  prĂšs  les  mĂȘmes  qu'avec  la  gaine  cathodique  aux  pres- 
sions plus  hautes. 

»  La  lumiÚre  cathodique  est  intéressante  comme  due  à  l'action  des 
rayons  cathodiques  sur  le  gaz,  et  aussi  comme  Ă©tant  la  seule  lumiĂšre 
connue  des  gaz  aux  trĂšs  basses  pressions.  A  ce  point  de  vue,  elle  doit  fixer 
l'attention  des  astronomes  qui  rencontreut  des  gaz  trÚs  raréfiés  dans  l'at- 
mosphÚre du  Soleil,  les  comÚtes  et  les  nébuleuses. 

»  RĂ©sumĂ©  des  observations.  —  J'ai  cherchĂ©  autrefois  dĂ©jĂ   la  lumiĂšre 
cathodique  dans  l'air  et  l'azote  ('),  et  j'ai  relevé  avec  soin  son  spectre  spé- 
cial, qui  est  un  spectre  de  bandes.  MĂȘme  j'ai  annoncĂ©  que  la  bande  la 


(')  Spectre  du  pÎle  négatif  de  l'azote.  Loi  générale  de  répartition  des  raies  dans 
les  spectres  de  bandes  {Comptes  rendus,  t.  CIII,  i886,  p.  87 5). 

C.  R.,  igoS,  2°  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  11  )  6l 


458  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

plus  forte  ().  391)  devait  exister  intense  dans  l'aurore  boréale  terrestre;  sa 
présence  a  été  reconnue  plus  tard  par  Paulsen. 

»  Or  j'ai  fait  rĂ©cemment  la  mĂȘme  recherche  sur  les  gaz  carbonĂ©s  (com- 
posés oxygénés  et  hydrogénés).  La  comÚte  brillante  de  cette  année,  qui 
montre  si  nettement  les  bandes  du  carbone  (')  avait  ramené  mon  attention 
vers  ces  gaz  dont  j'ai  relevé  le  premier  en  1888  les  bandes  ultra-violettes, 
mais  dans  la  partie  positive  seulement.  Il  lestait  Ă   reconnaĂźtre  la  lumiĂšre 
cathodique,  au  moins  dans  la  région  ulti'a-violette. 

»  Les  gaz  étudiés  (oxyde  de  carbone,  acide  carbonique  et  acétylÚne  pur 
aimablement  fourni  par  M.  Moissan)  ont  été  illuminés  dans  des  tubes 
spectraux,  à  partie  capillaire  et  à  électrodes  d'aluminium,  fermés  par  une 
lame  de  quartz.  Poui-  chaque  gaz,  on  a  fait  deux  Ă©preuves  distinctes  : 
a.  Une  épreuve  qui  offre  juxtaposés  les  spectres  de  la  partie  capillaire 
et  delà  gaine  négative,  la  pression  du  gaz  étant  voisine  de  ^l"""  ß  ^-  Une 
épreuve  qui  présente  juxtaposés  deux  spectres  de  la  partie  capillaire, 
obtenus  l'un  à  la  pression  de  S"""",  l'autre  à  une  pression  inférieure  à  ^  de 
millimĂštre.  La  comparaison  des  deux  spectres  sur  chaque  Ă©preuve  fait  res- 
sortir les  raies  et  bandes  propres  Ă   la  lumiĂšre  cathodique. 

»  Dans  la  partie  lumineuse  déjà  reconnue  et  dans  la  premiÚie  moitié  de 
la  région  ultra-violette  (de  "k  l\oo  à  \  3oo),  la  lumiÚre  cathodique  ou  négative 
offre  Ă   peuples  le  mĂȘme  spectre  que  la  lumiĂšre  positive;  mais,  dans  la 
seconde  moitié  du  spectre  ultra-violet  (de  A  3oo  à  a  200),  elle  présente  un 
spectre  spécial  caractéristique,  qui  est  un  spectre  de  bandes  nouveau  et 
s'ajoute  aux  cinq  spectres  de  bandes  liu  carbone  déjà  connus.  Ce  spectre 
nouveau  est  surtout  net  et  intense  avec  les  composés  oxygénés;  avec  les 
composés  hydrogénés,  l'hydrogÚne  et  le  spectre  continu  intense  qu'il  émet 
dans  celte  rĂ©gion  sont  une  gĂȘne  sĂ©rieuse. 

■»  Cependant  ce  sj)ectre  est  situĂ©  trojj  loin  dans  l'ultra-violet  pour  avoir 
un  intĂ©rĂȘt  astronomique;  s'il  est  Ă©mis  par  les  comĂštes,  il  est  arrĂȘtĂ©  par 
l'atmosphĂšre  terrestre.  Mai»  il  a  par  lui-mĂȘme  une  importance  rĂ©elle. 

»  La  case  1  de  la  planche  ci-contre  donne  une  vue  d'ensemble  du  spectre 
nouveau;  au-dessous  (case  II)  est  le  spectre  du  j)Ăčle  posilit  dĂ©jĂ   dĂ©crit  et 
publiĂ©  en  1888,  et  qui  offre  dans  la  mĂȘme  rĂ©gion  deux  spectres  de  bandes 
distincts.  D'autre  part,  les  longueurs  d'onde  et  nombres  de  vibrations  des 


(  '  )  Spectre  de  bandes  des  composés  hydrogénés  et  oxygénés  du  carbone  [Comptes 
rendus,  l.CW,  1888,  p.8!t2),  elObser\'ations  spectrales  de  la  comĂšte  IJorrelly  (igoSc) 
(^Comptes  rendus,  niĂȘiae  Tome,  p.  3()3). 


e  — 


s    a     — ; 


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4J      O       c  fl 

Oh     CL,     c3  ca 

-yj  t/"j  ca  ca 


4Go 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


lĂȘtes  des  nouvelles  bandes  ont  Ă©tĂ©  dĂ©terminĂ©s  par  comparaison  avec  le 
spectre  dn  fer  de  Kayser  et  Runge.  Le  Tableau  suivant  résume  les 
mesures  ('  )  : 


Inlensité 
(lo  Ă©tant  la 
plus  forte). 

4.... 


I.ongurur  d'onde 
ramenée  au  vide 


); 


2190,31 

2800, 36 

3,325,93 

4 2353,23 

8 2420, 29 

^^ 2446,69 

4 


24/5, 10 

3 25o5,39 

5 25oi , 20 

G 25-8,89 

i  4 2607,95 

f  4 2639,63 

[  2 2694,80 

I  3 2723,06 

1 2753,65 

1 2786,51 

\    10 2883,86 

)  10 2897,11 


Nombi-es  de  vibrations 

ramenés  au  vide 

N. 

4565i ,4 
43473,4 
42995,5 
42496,5 
4i3i8,8 
40872,9 
4o4o3,6 
39915,0 
39198,1 
38784,6 
38344,8 
37884,6 
37108,7 
36723,5 
363i5,5 
35887,1 
34675,3 
345 16, 8 


Dispersion 

cmplo^'Ă©e. 

I  qu. 

2  sp. 

2  sp. 

2  sp. 

2  sp. 

2  sp. 

2  sp. 

I  sp. 

2  sp. 

2  sp. 

I  sp. 

I  sp. 

I  sp. 

I  sp. 

I  sp. 

I  sp. 

2  sp. 

2  sp. 

»  Les  seize  premiÚres  bandes  du  Tableau  sont  toutes  semblables  et 
tournées  vers  le  rouge;  mais  les  deux  derniÚres,  trÚs  intenses,  qui  sont 
dégradées  dans  les  deux  sens,  et  ont  une  structure  différente,  d'ailleurs 
trĂšs  curieuse  (^),  doivent  ĂȘtre  mises  Ă   part.  Tl  sera  question  seulement  des 
premiĂšres  bandes  dans  ce  qui  va  suivre. 

»   Ces  recherches  expérimentales  ont  été   faites  avec  le  concours  de 


(')  Pour  avoir  toutes  les  bandes,  faibles  et  fortes,  on  a  dĂ»  employer  trois  spectro- 
graphes  de  transparence  et  de  dispersion  diflérenles,  comprenant  successivement  un 
prisme  de  quartz,  un  et  deux  prismes  de  spath  dislande.  La  derniĂšre  colonne  indique, 
pour  chaque  raie,  le  prisme  employé.  Avec  deux  prismes  de  spath,  les  longueurs 
d'onde  sont  mesurées  à  moins  de  o\io. 

(')  Ces  deux  derniÚres  bandes,  dont  l'aspect  rappelle  les  raies  II  et  K  des  protubé- 
rances photographiées  au  bord  solaire  extéiieur,  ont  été  vues  seulement  avec  les 
composĂ©s  oxygĂ©nĂ©s  du  carbone.  Peut-ĂȘtre  sont-elles  dues  Ă   l'oxygĂšne  ;  on  n'a  fait 
aucune  recherche  spéciale  pour  reconnaßtre  leur  origine. 


SÉANCE    DU    l4    SEPTEMBRE    igoS.  461 

deux  assistanfs,  M.  d'Azambuja  et  M.  Kannapell,  qui  m'ont  aidé,  le  pre- 
mier dans  les  observations  spectrales,  et  le  second  dans  les  calculs. 

»  PropriĂ©tĂ©s  de  la  lumiĂšre  cathodique.  —  Les  bandes  prĂ©cĂ©dentes  forment 
lin  spectre  bien  net  et  distinct;  car  elles  obéissent  aux  lois  générales  sui- 
vantes que  j'ai  posées  de  i885  à  1888  et  qui  caractérisent  le  spectre  de 
bandes  dĂ»  Ă   un  mĂȘme  corps  :  le  spectre  est  formĂ©  par  la  rĂ©pĂ©tition  de 
groupements  de  raies  semblables  tels  que  raies  simples  ou  doublets,  tri- 
plets,  ...,  octtiplets,  etc.,  et  la  répétition,  représentable  par  une  Table  à 
trois  entrées,  est  réglée  par  une  fonction  de  trois  paramÚtres  m,  n,  p  et  de 
la  forme  N  =:/(«-/;2)  x  ot= -1- B/i- +  ç(p^);  N  étant  le  nombre  de  vibra- 
lions,  m,  n,  p  les  nombres  entiers  successifs,  B  une  constante,  /  et  ç  des 
fonctions  qui  peuvent  ĂȘtre  quelconques. 

»  En  effet,  les  arĂȘtes  des  bandes  peuvent  ĂȘtre  groupĂ©es  en  sĂ©ries  arith- 
métiques égales,  de  la  façon  suivante  : 


SĂ©rie  I. 

SĂ©rie  II. 

SĂ©rie  III. 

SĂ©rie  IV. 

N 

N 

IN 

N 

observés. 

Intervalles. 

observés. 

Intervalles. 

observés. 

Intervalles. 

observés.  Intervalles. 

4565 I 4 

21780 

434734 

2i546 

4i3i88 

21  207 

4299,55 

21226 

391981 

20893 

408729 

2o883 

424965 

20929 

371087 

387846 
367235 

2061 1 

4o4o36 
383448 
363  r  55 

20588 
20293 

399100 

2o3o4 
378846 

'9975 

358S7I 

»  A  de  faibles  différences  prÚs,  les  intervalles,  dans  chaque  série,  sont 
en  progression  arithmétique,  et  les  quatre  séries  sont  superposables.  Les 
nombres  de  vibrations  sont  disposés  de  maniÚre  que  les  intervalles  égaux 
des  sĂ©ries  sont  sur  une  mĂȘme  ligne  horizontale. 

»  Les  paramĂštres  n  ai  p  qui  fournissent  les  arĂȘtes  des  bandes  ont,  dans 
ce  spectre,  le  premier  huit  valeurs  différentes  et  le  second  quatre  seule- 
ment. Mais  le  paramĂštre /n,  qui  donne  les  raies  d'une  mĂȘme  bande,  a  un 
nombre  plus  grand  de  valeurs  (de  o  Ă   3o  ou  4o). 


/,(Î2  ACADÉMIE   DES    SCTEXCES. 

))  Toutes  les  bandes  du  spectre  sont  en  effet  semblables,  et  formées  de 
raies  dont  les  intervalles  successifs  sont  en  progression  arithmétique.  La 
case  III  montre  une  de  ces  bandes  résolue  en  raies  fines  et  reprcsentable 
tout  entiĂšre  par  la  formule 

N  =  4i3i865  —  0,0091 3/190(4 m  4-  3y. 

Les  écarts  entre  les  nombres  observés  et  calculés  sont  tous  inférieurs  à  la 
raison,  et  l'Ă©cart  moyen  quadratique  a  la  valeur  o,i47  qui  correspond  Ă  
l'erreur  de  pointé. 

»  Mais  le  point  capital,  sur  lequel  je  veux  insister,  est  que  les  bandes 
n'offrent  qu'une  seule  série  arithmétique,  alors  que,  dans  les  cinq  spectres 
de  bandes  connus  du  carbone,  observés  au  pÎle  positif,  le  nombre  des 
séries  est  plus  grand.  Ainsi,  le  spectre  de  droite  de  la  case  II  a  des  bandes 
formĂ©es  de  deux  sĂ©ries  arithmĂ©tiques  enchevĂȘtrĂ©es  (voir  le  dessin  des 
Comptes  rendus,  l.  CVI,  1888,  p.  842)  et  les  autres  spectres  du  carbone 
ont  des  bandes  encore  plus  complexes.  Autrement  dit,  le  spectre  du  pĂŽle 
négatif  est  formé  par  la  répétition  de  raies  simples,  alors  que  les  cinq 
autres  spectres  de  bandes  du  carbone  observés  au  pÎle  positif  sont  formés 
par  la  répétition  de  doublets  ou  de  groupements  plus  compliqués. 

»  Ces  différences  sont  curieuses;  or  elles  se  retrouvent  aussi  avec  le  gaz 
azote,  qui  a,  comme  on  sait,  un  spectre  de  bandes  spécial  au  pÎle  négatif 
et  trois  spectres  de  bandes  distincts  au  pĂŽle  positif.  Le  spectre  de  bandes 
néc^atif  est  formé  par  la  répétition  de  raies  simples,  alors  que  les  trois 
positifs  prĂ©sentent  au  moins  des  triplets,  l'un  d'eux  mĂȘme,  le  plus  rĂ©fran- 
gible,  étant  formé  par  des  octuplets.  Une  bande  négative  de  l'azote 
(1391,45,  N2554)  est  représentée,  résolue  en  raies  fines,  dans  la  case  IV 
delà  Planche,  au-dessous  de  la  bande  négative  du  carbone;  elle  offre  à 
premiÚre  vue  une  .seule  série  arithmétique  et  est  trÚs  semblable  à  la  bande 

du  carbone  ('). 

»  En  résume,  flans  les  gaz  de  l'azote  et  du  carbone,  la  lumiÚre  cathodique 
a  une  simplicité  remarquable,  et  cette  propriété,  qui  est  probablement 
gĂ©nĂ©rale,  devra  ĂȘtre  recherchĂ©e  dans  les  autres  gaz. 

))    On  peut  chercher  à  pénétrer  la  nature  intime  du  phénomÚne  et  pré- 


(')  Les  fleiiK  bandes  difTÚrenl  en  ce  sens  qu'elles  sont  l'une  tournée  vers  le  rouge 
et  l'autre  vers  le  violet;  mais  elles  ont  Ă   peu  prĂšs  la  mĂȘme  raison  et  prĂ©sentent  cha- 
cune, Ă   la  mĂȘme  distance  de  la  tĂšte,  un  espace  obscur,  oĂč  les  raies  sont  Ă   peine  per- 
ceptibles. 


SÉANCE    DU    l4    SEPTEMBRE    igo^.  463 

senler  le  résultat  d'une  maniÚre  plus  saisissante,  mais  en  s'appuyant  un 
peu  sur  l'hypothÚse.  J'ai  déjà  développé  en  1890  les  raisons  qui  font 
dépendre  de  la  structure  ou  de  la  formule  chimique  du  gaz  illuminé,  le 
nombre  et  le  groupement  des  raies  dont  la  répétition  forme  les  spectres 
de  bandes.  Or  les  nombreux  spectres  du  carbone  et  de  l'azote  énumérés 
plus  haut  sont  dus  à  des  états  allotropiques  différents  des  corps  simples 
ou  à  des  combinaisons  avec  les  éléments  de  l'eau.  Dans  ces  conditions,  les 
spectres  du  pÎle  positil,  formés  par  la  répétition  de  raies  multiples,  cor- 
respondent à  de  véritables  molécules  ayant  plusieurs  atomes;  les  spectres 
négatifs,  au  contraire,  sont  dus  à  un  atome  unique;  aussi  peut-on  dire  : 
Lorsque  le  rayonnement  cathodique  qui,  Ă©tant  faible,  ionise  les  gaz,  est  assez- 
fort  pour  les  illuminer  et  donner  un  spectre  de  bandes,  il  les  décompose  en  leurs 
éléments  chimiques  les  plus  simples. 

»  Lorsque  l'étincelle  électrique  est  plu;:,  nourrie,  le  spectre  de  bandes 
disparaĂźt,  comme  on  sait,  et  fait  place  Ă   un  spectre  de  lignes  (qui  est 
d'ailleurs  le  seul  spectre  donné  par  certains  gaz).  Cette  troisiÚme  phase, 
caractérisée  par  l'action  du  champ  magnétique  sur  les  raies,  sera  examinée 
ultérieurement.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Action  d'une  trace  d'eau  sur  la  dĂ©composition 
des  hydrures  alcalins  par  l'acétylÚne.  Note  de  M.  He\ki  3Ioissa.v. 

«  En  étudiant  l'action  de  l'acide  carbonique  sur  les  hvdrures  alcalins, 
nous  avons  démontré  que,  si  cet  acide  carbonique  est  séché  avec  un  trÚs 
grand  soin,  il  ne  réagit  pas  à  la  température  ordinaire  sur  les  hydrures,  et 
que,  au  contraire,  s'il  renferme  une  petite  quantité  de  vapeur  d'eau  cor- 
respondant 'a  la  tension  de  la  glace  à  —  75°,  la  combinaison  se  fait  instan- 
tanément avec  production  d'un  formiate  (').  Nous  avons  étendu  ces 
recherches  à  une  autre  réaction,  celle  de  l'acétylÚne  sur  les  hydrures  alca- 
lins, réaction  que  nous  avons  indiquée  précédemment  (-). 

»   Nous  axons  démontré  que,  ii  la  température  ordinaire,  sous  pression 


(')  H.  MoissAN,  Élude  de  la  combinaison  de  l'acide  carboniijue  et  de  l'hydrure 
de  potassium  {Comptes  rendus,  l.  CXXXVI,  igoS,  p.  728). 

(^)  H.  MoisSAN,  Préparation  des  carbures  et  des  acétylures  acétyléui<jues  par 
l'action  du  gaz  acétylÚne  sur  les  hydrures  alcalins  et  alcalino-terreux  {Comptes 
rendus,  t.  CXXXVI,  1908,  p.  1022). 


464  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

réduite,  le  gaz  acélylÚne  réagissait  sur  les  hyilrures  avec  dégagement  d'hy- 
drogÚne et  formation  d'acélyline  accly léniqiie 

2RH-(-  2C-H-=C-R-,C-H-+H^ 

»  Si  l'on  fait  arriver  le  gaz  acétylÚne  sur  l'hydrure  de  potassium  ou  l'hy- 
drure  de  sodium  à  la  pression  ordinaire,  la  réaction  est  assez  violente,  et, 
en  mĂȘme  temps  qu'il  se  dĂ©gage  de  l'hydrogĂšne,  la  surface  de  l'hydrure 
devient  noire,  charbone,  et  parfois  mĂȘme  il  se  produit  une  lĂ©gĂšre  incan- 
descence. Le  dégagement  de  chaleur  est  en  effet  trÚs  grand,  et  nous  nous 
proposons,  par  la  suite,  de  le  déterminer  au  moyen  du  calorimÚtre. 

»  Le  gaz  acétylÚne  employé  dans  l'expérience  précédente  avait  été  des- 
séché simplement  au  moyen  d'un  tube  en  U  rempli  de  fragments  de  potasse. 
Au  contraire,  si  le  gaz  acétylÚne  est  parfaitement  desséché,  le  résultat  de 
l'expérience  est  tout  autre. 

»  Le  gaz  acétylÚne,  préparé  par  décomposition  du  carbure  de  calcium 
pur  au  contact  d'un  grand  excÚs  d'eau  bouillie,  a  été  desséché  tout  d'abord 
par  de  la  potasse,  puis  conservé  pendant  deux  jours,  dans  une  cloche  à 
robinet  en  présence  de  potasse  refondue  avec  soin  au  creuset  d'argent. 
Cette  cloche  est  réunie  par  un  tube  de  plomb  avec  un  premier  tube  dessic- 
cateur  reni|jli  de  bùtons  d'acide  métaphosphorique  vitreux  auquel  fait  suite 
le  tube  à  hydrure  alcalin;  les  joints  ont  été  faits  à  la  gomme  laque,  et  tout 
l'appareil,  séché  complÚtement,  ainsi  que  nous  l'avons  établi  dans  nos 
précédentes  expériences. 

»  Le  vide  a  été  maintenu  dans  cet  appareil  au  moyen  d'un  trompe  à 
mercure,  et,  aprĂšs  48  heures,  en  tournant  lentement  le  robinet  de  la  petite 
cloche  de  verre  contenant  l'acétylÚne,  on  laissait  arriver  ce  gaz  au  contact 
de  l'hydrure  de  potassium. 

»  En  soulevant  plus  ou  moins  la  cloche  qui  contient  le  gaz  acétylÚne,  on 
produit  dans  le  tube  Ă   hydrure  une  tension  qui  peut  ĂȘtre  mesurĂ©e. 

»  On  étire  ensuite  et  l'on  soude  l'extrémité  effilée  de  ce  tube  ;  un  volume 
déterminé  de  gaz  acétylÚne  sec  se  trouve  au  contact  de  l'hydrure.  Aucune 
réaction  ne  se  produit  à  la  température  ordinaire.  On  refroidit  peu  à  peu 
une  extrémité  du  tube  dans  de  l'oxygÚne  liquide.  Le  gaz  acélylÚne  se 
condense  aussitĂŽt  sous  forme  d'une  neige  blanche;  on  retire  le  tube  du 
vase  qui  contient  l'oxygÚne  liquide;  l'acétylÚne  reprend  l'état  gazeux, 
revient  plus  ou  moins  rapidement  à  la  température  ordinaire,  sans  produire 
aucune  réaction. 

»  On  porte  ensuite  ce  tube  scellé  dans  un  bain  d'eau  dont  on  élÚve  trÚs 


SÉANCE  DU  l4  SEPTEMBRE  igoS.  /,65 

lentement  la  lempératuro.  On  remnrqiie  alors  qu'une  réaction  vive  se  pro- 
duit, avec  incandescence  et  mise  en  liberté  de  carbone  qui  noircit  l'hydrurc. 
à  la  température  de  -+-  42".  L'expérience  a  été  répétée  plusieurs  fois  et  a 
toujours  donnĂ©  les  mĂȘmes  rĂ©sultats.  Entre  —  80°  et  +  l\i",  rhvdrnre 
n'exerce  aucune  réaction  sur  le  gaz  acétylÚne  sec. 

))  Nous  préparons  maintenant  un  tube  scellé  renfermant  i'hydrure  et  l'acé- 
tylÚne, ainsi  que  nous  l'avons  indiqué  précédemment,  et  nous  disposons 
au  préalable  dans  ce  tube  de  verre  une  petite  ampoule  contenant  quel- 
ques milligrammes  d'eau  et  un  peu  de  mercure  qui  n'agira  que  par  son 
poids.  L'ampoule  restant  fermée,  nous  vérifions  une  fois  de  plus  que  le  gaz 
acétylÚne  sec  n'a  pas  d'action  sur  I'hydrure  de  potassium.  Nous  refroidis- 
sons l'extrĂ©mitĂ©  infĂ©rieure  du  tube  Ă   —  Go"  et  nous  brisons  l'ampoule.  On 
laisse  alors  le  tube  se  réchauffer  lentement  et,  i  ou  1  miiuttes  plus  tard, 
une  réaction  vive  se  produit  en  un  point  de  I'hydrure  avec  mise  en  liberté 
de  carbone,  puis  la  décomposition  s'étend  rapidement  à  toute  la  surface 
du  corps  solide. 

»  Dans  cette  expérience  on  voit  donc  la  réaction  partir  (Vun  point 
déterminé,  puis  se  propager  rapidement  de  proche  en  proche  et  gagner 
la  totalité  de  I'hydrure. 

»  Ces  expériences  ont  été  variées  de  Ijien  des  façons  et  nous  ont  sans 
cesse  donnĂ©  les  mĂȘmes  rĂ©sultats.  En  plaçant,  par  exemple,  entre  le  tube  Ă  
hydrure  et  la  trompe  à  mercure,  un  tube  en  caoutchouc  qui  avait  été  des- 
séché au  préalable  par  un  courant  d'air  sec,  on  remarque  que  le  gaz  acé- 
tylÚne qui  a  traversé  le  tube  en  caoutchouc  réagit  toujours  sur  I'hydrure  de 
potassium  à  la  température  ordinaire.  Cela  tient  à  ce  que  la  dessiccation  du 
caoutchouc  est  illusoire  et  que  ce  corps  renferme  des  quantités  variables 
d'humidité. 

»  Dans  une  autre  expérience,  faite  avec  un  tube  scellé,  contenant  de 
l'acétylÚne  sec,  de  I'hydrure  de  potassium  et  une  ampoule  renfermant 
3ℱe  d'eau,  nous  avons  remarquĂ©  le  phĂ©nomĂšne  suivant  :  on  a  cassĂ©  l'am- 
poule lorsque  le  bas  du  tube  Ă©tait  Ă   —  80",  mais  par  suite  du  mouvement 
imprimé  au  tube,  une  petite  quantité  d'hydrure  était  tombée  à  la  partie 
infĂ©rieure,  au  contact  des  3ℱ^  de  glace.  Nous  avons  laissĂ©  ensuite  s'Ă©lever 
lentement  la  température  et  nous  avons  été  trÚs  surpris  de  voir  qu'aucune 
réaction  ne  se  déclarait  entre  le  gaz  acétylÚne. et  I'hydrure  de  potassium. 
L'hydrure  avait  gardé  sa  couleur  blanche,  aucun  dégagement  fie  chaleur 
ne  s'était  produit;  mais  lorsque,  aprÚs  quelques  heures,  nous  avons  agité 
le  tube  et  que  les  fragments  de  verre  de  l'ampoule  sont  venus  Ă©rafier  la 

C.   R.,   1903,  :‱  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  11)  (ili 


466  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

surface  de  l'hvdrure  alcalin,  une  réaction  vive  s'est  déclarée  dans  toute  la 
masse,  accompagnĂ©e  mĂȘme  d'une  incandescence. 

)i  L'explication  de  cette  expérience  est  des  plus  simples.  Au  fur  et  à 
mesure  que  la  température  de  la  glace  s'était  élevée,  la  vapeur  d'eau  avait 
été  absorbée  par  l'hvdrure  tpmbé  au  fond  du  tube,  de  telle  sorte  qu'il 
s'était  formé  de  la  potasse  à  peine  hvdralée.  La  tension  de  vapeur  de  ce 
nouveau  composé  avait  été  suffisante  pour  produire  à  la  surface  de  1  hy- 
drure  une  couche  uniforme  d'acétylure  acétylénique  tellement  mince 
qu'aucun  point  de  l'hydrure  n'avait  atteint  la  température  de  -\-[\i°. 

»  Mais  aussitÎt  que  les  fragments  de  verre  avaient  déchiré  cette  couche 
protectrice,  la  trace  d'eau  que  renfermait  l'acétylÚne  avait  déterminé  la 
transformation  complĂšte  de  l'hydrure. 

»  Nous  avons  cité  cette  expérience  parce  qu'elle  démontre  bien  l'in- 
fluence de  l'état  phvsique  des  corps  dans  les  réactions  et  qu'elle  fait  com- 
prendre aussi  la  délicatesse  de  ces  recherches. 

»    Conclusions.    —    Ces   nouvelles  expĂ©riences  Ă©tablissent  donc  quelle 

peut  ĂȘtre  l'action  d'une  trace  d'eau  sur  une  rĂ©action  chimique.  Elles  sont 

comparables  à  celles  que  nous  avons  décrites  précédemment  à  propos  de 

la  svnlhĂšse  des  formiates  au  moyen  de  l'acide  carbonique  et  des  hvdrures. 

)>  Le  gaz  acétylÚne  sec  ne  réagit  sur  l'hydrure  de  potassium  qu'à  la  tem- 
pérature de  4-  42°.  Si  le  gaz  contient  une  trace  d'eau,  cette  derniÚre 
modifie  les  conditions  de  la  réaction  qui  |>eut  se  produire  dÚs  lors  à  la  tem- 
pérature ordinaire.  Nous  attribuons,  ici  encore,  ce  changement  au  déga- 
gement de  chaleur  qui,  une  fois  commencé  en  un  point,  détermine  une 
élévation  de  température  et  cette  derniÚre  amÚne  l'hydrure  à  -i-  42°  et 
détermine  par  conséquent  une  combinaison  totale.    » 


CORRESPONDANCE. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  Ă©quations  au.r  diffĂ©rences  qui  possĂšdent 
un  systÚme  fondamental  d'intégrales.  N^ote  de  M.  Alfr.  Gi'ldberg, 
présentée  par  M.  Emile  Picard. 

«  L'importance  des  équations  différentielles  qui  possÚdent  un  systÚme 
fondamental  d'intégrales  est  bien  connue.  Or,  il  est  bien  visible  que  les 
raisonnements  employés  pour  déterminer  ces  équations  peuvent  se  répéter 
pour  le  cas  oĂč,  au  lien  des  Ă©quations  diffĂ©rentielles,  on  regarde  les  Ă©quations 
aux  différences. 


SÉANCE    DU    I 'j    SEPTEMBKI-     l(jo3.  467 

»   Considérons,  en  eOet,  le  systÚme  d'équations  aux  différences 
\Xi  =  „i(t^,  .r,,  X., .r„)  (?'=  1,2 /?.), 

et  supposons  que  la  solution  gĂ©nĂ©rale  de  ce  systĂšme  a;,,  .  ..,  x„  s'ex[)rime 
d'une  maniĂšre  dĂ©terminĂ©e,  toujours  la  mĂȘme,  par  «z  solutions  particuliĂšres 

(0  ^;",  ...,<,...;<",  ...,<»' 

et  n  constantes  arbitraires  a  par  des  formules 

qui  subsistent  lorsqu'on  y  remplace  les  solutions  (i)  par  m  autres  solutions 
particuliÚres  irréductibles  quelconques. 

»  Il  est  clair  que  l'on  peut  démontrer,  d'une  maniÚre  analogue  à  celle 
employée  dans  le  cas  des  équations  dilTérealielles,  que  la  solution  générale 
d'un  tel  systÚme  est  définie  par  les  équations  d'un  groupe 

‱^V  =  /(«'i ''«;  ^'t.  ‱‱-,  «„) 

oĂč  les  variables  e  sont  remplacĂ©es  parles  constantes  d'intĂ©gration,  et  les 
paramÚtres  a  par  des  fonctions  de  la  variable  indépendante  /.  De  plus,  ce 
groupe  est  7n  fois  transitif;  on  en  conclut,  d'aprÚs  un  théorÚme  connu  de 
Sophus  Lie,  que  m  ne  peut  surpasser  n  -+-  3. 

»    Dans  le  cas  «  =  i  on  aura  les  trois  types  d'équations  : 

»   L'équation  aux  différences 

Ax-=P(/).r, 

dont  l'intégrale  complÚte  est 

Ɠ  =  f{t)a; 

))   L'équation  aux  différences 

dont  l'intégrale  complÚte  est 

X  =  f(l)a-i-o{t); 
»   L'équation  aux  différences 

Ax-i-P(t){xAx-hx-)  -i-Q(t)x  -hR(l)  =  0, 
dont  l'intégrale  complÚte  est 

a(0«-H3(0 

X  =  ~~ Vttt-  » 

Y(«;;«-t-o(0 


4^^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES- 


MÉTÉOROLOGUE.  —  Descriplio/i  d'an  urage  trĂšs  localisĂ©.  Note  de 
M.  Jea.v  Mascart,  présentée  par  M.  Deslaiidres. 

«  Dans  la  situation  météorologique  rapidement  variable  de  ces  temps 
derniers,  un  orage  local  fut  aperçu  par  différentes  personnes,  notamment 
Ă   Colombes  (Seine)  et  Ă   Mitry  (Seine-et-Marne).  Voici  son  aspect  dans 
cette  derniĂšre  station  : 

»  Le  jeudi  3  sejnembie,  aprÚs  une  journée  légÚrement  orageuse  (baromÚtre,  758"""), 
le  ciel  se  dĂ©couvrit  vers  le  soir,  et  la  Lune,  qui  devait  ĂȘtre  pleine  4  jours  aprĂšs,  se  leva 
dans  un  ciel  d'une  pureté  absolue  :  dans  la  direction  N-N-W,  un  nuage  de  peu 
d'étendue,  à  peine  élevé  de  i5°  au-dessus  de  l'horizon,  présentait  une  masse  gris 
bleu,  de  forme  presque  parfaitement  rectangulaire.  Vers  7''45"'i  des  Ă©clairs. trĂšs 
brillants  commencĂšrent  Ă   sillonner  le  nuage  sans  que  l'on  entendĂźt  le  moindre  bruit  et, 
jusque  vers  8'' 3oℱ,  un  feu  d'artifice  ininterrompu  illumina  ce  nuage.  Le  spectacle  Ă©tait 
saisissant  et  féerique  :  la  forme  et  le  tracé  des  nombreux  éclairs,  nettement  visibles, 
s'étendaient  dans  toutes  les  directions  et  illuminaient  l'intérieur  du  nuage,  faisant 
ainsi  saillir  les  formes  de  gros  cumuli  trĂšs  pittoresques.  Aucun  bruit  ne  troublait  la 
nuit  trÚs  pure  et  constellée. 

»  Vers  9''i5ℱ  le  phĂ©nomĂšne  Ă©tait  terminĂ©  (')  :  peu  Ă   peu,  des  nuages  se  formĂšrent 
sur  place  et,  vers  10'',  le  ciel  Ă©tait  presque  entiĂšrement  couvert.  11  ne  plut  pas  cette 
nuit-lĂ . 

»  Or,  quelle  est  la  situation  météorologique,  particuliÚrement  en  ce  qui  concerne 
le  nord  de  Paris? 

»  Le  mercredi  2,  à  Paris,  éclairs  toute  la  journée.  On  doit  encore  attendre  un  ciel 
nuageux,  en  France,  pour  le  lendemain  jeudi  :  en  edet,  les  observations  du  3,  -j^  du 
matin,  montrent  qu'une  dépression  circonscrite,  signalée  la  veille,  a  traversé  la  France 
du  sud-ouest  au  nord-est  pour  se  trouver  prĂšs  de  Hambourg,  tandis  qu'une  zone  de 
hautes  pressions  se  propage  vers  le  nord  de  l'Europe.  Effectivement,  le  jeudi,  Ă   Paris, 
le  ciel  est  nuageux  avec  une  faible  pluie. 

»  Le  lendemain  malin,  vendredi  4)  à  7'',  la  situation  s'est  modifiée  dans  l'ouest,  car 
des  dépressions  s'avancent  du  large  sur  le  golfe  de  Gascogne  et  les  lies  Britanniques  : 
la  température  a  tendance  à  se  relever,  a\ec  orages  dans  l'ouest  de  la  France.  Ces 
troubles,  trĂšs  circonscrits,  qui  traversent  la  France  du  sud-ouest  au  nord-est  Ă   partir 
du  golfe  de  Gascogne,  peuvent  prendre,  au  reste,  une  importance  considérable  avec 
leur  grande  vitesse  de  translation  ;  c'est  ainsi  qu'une  petite  dépression,  insignifiante 
en  apparence,  signalée  sur  le  golfe  de  Gascogne  le  dimanche  malin  6  septembre,  se 
trouvait  le  soir  mĂȘme  au  sud  de  Paris  et,  12  heures  aprĂšs,  au  sud  de  Hambourg.  Sui- 
\aul  cette  rapide  trajectoire,  on  signale  des  pluies    1res   abondantes,  84'"'"   Ă     Bilbao, 

(')   Le  nuage  paraĂźt  s'ĂȘtre  Ă©levĂ©  trĂšs  lĂ©gĂšrement  sur  l'horizon. 


SÉANCE  DU  l4  SEPTEMBRE  igoS.  469 

43°""  Ă   Biarritz,  29""ℱ  Ă   Bordeaux,  3oℱℱ  Ă   Paris  en  5  heures  de  temps  (5^  Ă     10'»), 
Si"»"  Ă   Saint-Maur,  iS"'ℱ  Ă   Bruxelles,  etc. 

»  Existe-t-il  un  trouble  analogue,  suiceplible  d'avoir  engendré  l'orage 
local  que  nous  signalons? 

»  Dans  les  dĂ©pĂȘches  du  Bureau  mĂ©tĂ©orologique  on  ne  signale  rien,  au  nord  de 
Paris,  en  fait  d'Ă©clairs  ou  de  pluies;  loin  de  lĂ ,  Ă   Hambourg,  dans  la  nuit  du  jeudi  au 
vendredi,  on  note  une  pluie  inappréciable  au  pluviomÚtre.  Seule,  la  station  de  Saint- 
Maur  signale  un  orage,  jeudi  soir,  entre  lo*"  et  1 1*". 

»  Cependant,  en  examinant  de  plus  prÚs  les  cartes  du  Bureau  météorologique,  ou 
peut  noter  un  foyer  de  perturbation  dans  le  voisinage  de  notre  phénomÚne.  Le  jeudi 
matin,  une  petite  dĂ©pression  circulaire  de  65"ℱ,  trĂšs  circonscrite,  est  apprĂ©ciable  Ă  
l'est-sud-esl  de  Paris,  avec  tendance  Ă   se  diriger  vers  le  nord  :  vent  du  nord  Ă   Paris, 
sud-ouest  à  Belfort  et  Besançon,  sud  à  Nancy  et  au-dessous  de  la  dépression.  Le  jeudi 
soir,  ce  petit  mouvement  a  lĂ©gĂšrement  remontĂ©,  avec  les  mĂȘmes  caractĂšres  gĂ©nĂ©raux  : 
vent  de  nord-est  Ă   Paris,  ouest-sud-ouest  Ă   Nancy,  et  sud-ouest  Ă   Belfort,  mais  tou- 
jours Ă   l'est  et  sud-est  de  Paris,  une  petite  zone  Ă   GS""  au  milieu  d'un  Ă©tat  de  hautes 
pressions.  La  mĂȘme  situation  subsiste  sur  la  carte  de  y""  du  matin  le  vendredi,  quoique 
un  peu  moins  nette. 

»  Nous  ne  voulons  pas  dire  que  l'orage  local  que  nous  signalons  soiL  dû 
Ă   la  petite  perturbation  permanente  que  l'on  peut  retrouver  sur  les  cartes; 
mais,  tant  que  l'on  ne  possédera  pas  d'autres  données  sur  cet  orage,  il  nous 
a  paru  intéressant  de  rapporter  l'aspect  bizarre  sous  lequel  il  s'est  pré- 
senté, et  de  le  rapprocher  d'un  examen  plus  complet  de  la  situation 
gĂ©nĂ©rale  en  France  au  mĂȘme  instant.    » 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  la  rĂ©sistance  des  Épinockes  aux  changements  de  la 
pression  osmotique  du  milieu  ambiant.  Note  de  M.  Michel  Siedlecki  (de 
Cracovie),  j)résentée  par  M.  Alfred  Gianl. 

«  Il  est  établi  depuis  longtemps  que  l'Epinoche  (Gasterosleus  aculeatus') 
peut  vivre  aussi  bien  dans  l'eau  douce  que  dans  l'eau  saumĂątre.  PrĂšs  des 
embouchures  des  ruisseaux  allant  Ă   la  mer,  qui  se  remplissent  complĂšte- 
ment d'eau  salée  pendant  le  flux  et  ne  contiennent  que  de  l'eau  douce 
pendant  le  reflux,  l'Epinoche  vit  aussi  normalement  que  dans  les  endroits 
oĂč  jamais  l'eau  de  mer  ne  peut  arriver.  M.  Giard,  qui  a  Ă©galement  observĂ© 
ces  faits,  a  établi  par  des  expériences  que  rE|)inocho  peut  passer  direc- 
tement de  l'eau  douce  Ă   l'eau  de  mer  et  vice  versa,  et  s'adapte  brusque- 
ment Ă    son   milieu  nouveau.  Les  observations  de  M.   Giard,   dont  nous 


47»  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

avons  constaté  la  jiarfaite  exactitude  au  cours  de  nos  recherches,  et  le  fait 
que  l'Ejßinoche  de  l'eau  douce  transportée  en  eau  de  mer  peut  vivre  dans 
celte  derniÚre  d'une  façon  tout  à  fait  normale  pendant  plusieurs  semaines, 
suggÚrent  l'itiée  que  cet  animal  est  trÚs  réfractaire  aux  changements  de  la 
pression  osmotique  du  milieu  ambiant.  Nous  avons  alors  tenté  d'étudier,  à 
Wimereux,  la  rĂ©sistance  des  Épinoches  Ă   des  solutions  possĂ©dant  une 
haute  pression  osmotique,  comme  celles  du  sucre,  de  la  glycérine  et  des 
sels  divers. 

»  1.  Quelques  Epinoches  ont  été  placées  dans  une  solution  de  i  pour  loo  de  sucre  de 
betterave.  AprÚs  24  heures  nous  avons  transporté  les  animaux  dans  une  solutiou 
à  2  pour  loo  de  sucre,  et  les  jours  suivants  nous  avons  renouvelé  le  liquide  en  aug- 
mentant sa  concentration  de  i  pour  loo  par  jour.  Ainsi  nous  sommes  arrivé  à  tenir 
les  animaux  dans  une  solution  contenant  lo  pour  loo  de  sucre.  Les  Epinoches  se  sont 
comportées  d'une  façon  tout  à  fait  normale;  elles  prenaient  leur  nourriture  et  nageaient 
comme  dans  l'eau  douce.  Une  cencehtration  plus  forte  du  liquide  a  provoqué  un  affai- 
blissement des  animaux,  qui  ont  mĂȘme  cessĂ©  de  prendre  la  nourriture;  dans  une  solu- 
tion Ă   i5  ])our  loo  de  sucre  les  animaux  mouraient  en  3  jours. 

)i  Les  animaux  pris  dans  l'eau  douce  et  placés  brusquement  dans  une  solution 
contenant  i5  pour  loo  de  sucre  ont  vécu  aussi  longtemps  (3  jours)  que  ceux  qui  ont 
passé  préalablement  par  des  solutions  à  conrentration  croissante. 

»  Ces  faits  prouvent,  d'un  cÎté,  une  résistance  trÚs  prononcée  à  l'augmenlation  de 
la  pression  osmotique;  d'un  autre  cÎté,  ils.  démontrent  que  cette  résistance  reste  la 
mĂȘme,  aussi  bien  dans  le  cas  oĂč  il  s'agit  de  s"o|)poser  Ă   l'action  brusque  d'une  solution 
fortement  concentrĂ©e,  que  dans  celui  oĂč  la  (juanlilĂ©  de  sucre  a  Ă©tĂ©  augmentĂ©e  trĂšs 
lentement  dans  les  solutions. 

»  2.  Les  expériences  faites  avec  des  solutions  de  glycérine  ont  été  moins  démon- 
stratives que  les  précédentes  pour  le  rÎle  de  la  pression  osmotique,  par  suite  de 
l'action  trÚs  compliquée  de  ce  liquide.  Les  Epinoches  supportaient  une  solution 
de  6  pour  lOO  de  glvcérine  et  ne  mouraient  que  dans  une  solution  de  7  pour  100, 
aprÚs  avoir  vécu  4^  heures  dans  ce  liquide.  Traités  par  la  glycérine,  ces  Poissons 
présentaient  les  phénomÚnes  d'hyperesthésie  et  perte  du  sens  de  l'équilibre;  trÚs  sen- 
sibles à  la  moindre  secousse,  ils  nageaient  sur  le  cÎté  ou  sur  le  dos;  ils  tournaient  sur 
place  et  mĂȘme  prenaient  leur  nourriture  en  exĂ©cutant  des  mouvements  tout  Ă   fait 
désordonnés.  Il  faut  donc  admettre  que  l'action  de  la  glycérine  ne  consiste  pas  seule- 
ment en  une  augmentation  de  la  pression  osmotique;  ce  liquide  se  comporte  comme 
un  venin  agissant  sur  le  systĂšme  nerveux  et,  en  solution,  peut  tuer  une  Epinoche  avant 
que  les  limites  de  la  pression  osmotique  à  laquelle  l'animal  peut  résister  soient 
dépassées. 

»  3.  Les  expériences  avec  des  animaux  placés  dans  des  solutions  de  sels  alcalins  ou 
bien  alcalino-terreux  prouvent  aussi  que  la  toxicité  de  ces  solutions  n'est  pas  déter- 
minĂ©e par  leur  pression  osmotique  et  n'est  mĂȘme  pas  proportionnelle  Ă   celte  pression. 
Nous  avons  déterminé,  au  moyen  d'expériences,  le  minimum  de  la  concentration 
nécessaire  pour  chaque  solution  des  divers  sels,  qui  doit  tuer  une  Epinoche  en  24  heures 


SÉANCE    DU    l4    SEPTEMBRE    igoS.  f\']\ 

environ.  Pour  KCI  cette  concentration  est  de  o,  i  pour  loo;  pour  NaCl  3,5  Ă   4  pour  loo; 
pour  Na-SO'  :j  Ă   6  pour  loo;  pour  M^SO'  6  Ă   7  pour  100,  etc.  La  comparaison  de  ces 
exemples  démontre  suffisamment  l'action  spécifique  des  sels  et  le  rÎle  tout  à  fait  secon- 
daire de  la  pression  osmotique  dans  ces  solutions. 

»  k.  Les  Épinoches  sont  aussi  rĂ©fractaires  Ă   la  diminution  de  la  pression  osmotique 
du  milieu  ambiant  qu'à  son  augmentation;  placées  dans  l'eau  distillée  suffisamment 
aérée,  elles  vivent  dans  ce  liquide  d'une  façon  tout  à  fait  normale. 

»  Le  degré  de  la  résistance  aux  changements  de  la  pression  osmotique  varie  suivant 
les  propriĂ©tĂ©s  individuelles  des  Épinoches.  Les  individus  vigoureux,  bien  nourris  et 
d'une  taille  moyenne,  sont  les  plus  réfractaires;  les  jeunes  Poissons,  d'une  longueur 
de  a'^'"  à  3"^,  et  les  grosses  femelles  à  ovaires  i;onnés  succombent  ordinairement  trÚs 
vite,  mĂȘme  dans  des  solutions  relativement  peu  concentrĂ©es;  mais,  les  petites 
Épinoches  aussi  bien  que  les  grandes  femelles  sont  les  plus  difficiles  à  nourrir;  par 
conséquent  elles  s'affaiblissent  et  perdent  leur  résistance  trÚs  facilement. 

»  La  pression  osmotique  du  milieu  atteint  en  premiÚre  ligne  la  surface  du  corps  et 
des  branchies.  La  protection  de  ces  deux  parties  du  corps  est  assurée  par  l'épilhélium 
couvert  d'un  enduit  de  mucus.  Nous  crovons  que  cette  couche  épithéliale  représente 
une  membrane  résistante  à  la  pénétration  de  certains  corps  dissous  vers  l'intérieur  de 
l'organisme  et  surtout  vers  le  sang.  Avec  l'affaiblissement  de  l'organisme,  provoqué 
par  une  nutrition  insuffisante,  la  résistance  de  cette  couche  diminue  et  les  animaux 
succombent  trĂšs  facilement.  Le  mĂȘme  fait  se  pioduit  quand  on  transporte  les  Epi- 
noches dans  des  solutions  par  lesquelles  la  couche  épithéliale  est  en  partie  désagrégée, 
comme,  par  exemple,  dans  la  solution  de  Na^CO';  la  résistance  des  animaux  diminue 
tellement  qu'ils  succombent  en  quelques  7iiiniiles  mĂȘme  dans  des  solutions  trĂšs 
faibles. 

»  Nous  pouvons  conclure  que  la  pression  osmotique  du  milieu  ambiant, 
agent  trÚs  puissant  pour  d'autres  animaux  et  pour  les  végétaux,  n'a  que 
trùs  peu  d'influence  sur  les  fonctions  vitales  des  Épinoches,  grñce  à  leur 
surface  protégée  par  une  couche  pourvue  de  certaines  qualités  des  mem- 
branes hémiperméables.  » 

M.  A.  Berthier  adresse,  de  GenÚve,  une  INole  intitidée  :  «  Transforma- 
teur actino-Ă©lectrique,  pour  la  transformation  de  l'Ă©nergie  lumineuse  en 
énergie  électrique   ». 

(Renvoi  Ă   l'examen  de  M.  Mascart.) 

La  séance  est  levée  à  3  heures  et  demie. 

G.    D. 


/    2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  sÉA^'CE  du   17  aoĂ»t   1908. 
(Suite.) 
E.neriments  in  rad.oacLMty  and  ihe  production  of  heluunfrom  radium,  by  sir 

,0  Volume  delCatalogofotografico  stellare,  cor- nspondentc  alla  -' «' ,„  >        ' 

oftlTsoc.  of  Loidon,  sĂ©HeB,vol.CXCVI,p.  99-8-)  L°"<^--  'SO^"'  '  ^-^‱ 
'"^tĂȘlalive  Sclnveremcssun^en  in  WarUcmherg.  111.  Messungen  auf  der  Unie  : 
^/,.,-mom.^er  ««rf  rfem  Pendel  gegen  TempcraLurander-ur,gcn  dƓ  g  leƓhe  T,  a, 

JTvor  D.  ETRIQUE  D  ALMO.XK.  (5o/../«  ^/^  /«  /?«,./5oc..^«^.^.o.,«;,/.c«,  t.  XLR  , 

vof  XXXIV,  année  ,90^,  par  le  D^  H.  H..obbrand  HaoEBRA^ossoN.  Upsal,    .,o..,oi, 

'  'Zu:tĂ©.Ă©orolog.,ue.  lra.au.  du  roseau  '"f -‹«'°»  ^f  ^^:;'t;;rMast: 
Russie.  1901-90-,  ^^  -rie,  vol.  VI  et  Vil,  pa,-  A.  Kuossovski.   Odessa,  ,9o3, 

i""4°-  (/l  suivre.) 


On  souscrit  Ă   Paris,  choz  GAUTHIER-VITXARS, 
Quai  des  Gnind-Augiistins,  n°  55.' 

Le  prix  de  Vnbonnemeni  e^/  fixé  ainsi  qu'il  mit  : 
^ ''"'^  ■  3°  '■'■‱  -  DĂ©parteraenis     40  Ir.  -  Union  postale  :  44  fr. 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


cbei  Messieurs  : 
Ferran  frĂšres. 

j  Chaix. 

' Jourdao. 

'  Ruff. 

' Courtin-Hecquet. 

j  Germain  et  Grassin 

(  Gastineau. 

ie JĂ©rĂŽme. 

'"}     RĂ©gnier. 

Feret. 
ux   Laurens. 

'  Muller  (G.) 
s Renaud. 

iDerrien. 
K.  Robert. 
Oblin. 
Uzel  frĂšres 

‱  ■  -    Jouan. 

■'T Perrin. 

(  Henry. 
\  Marguene 
j  Juliot. 
!  Bouj. 

1  Nourry. 

'  Ratai. 

'  Rey. 

\  Laurerjat. 

(  Degez. 
,  \  Drevet. 

I  Gratier  et  G". 

elle Foucher. 

,  1  Bourdignon. 

(  Dombre. 

)  Thorez. 

I  Quarré. 


Lyon 

Harseilte.. . 
tfontfiellier , 


''‱g 

It-Ferr 


\ an  tes 


chez  Messieurs  : 

Lorient j  Baumal. 

I  M"'  Texier. 

,  Bernoux  et  Cumi 
\  Georg. 
.  Effantin. 
i  Savy. 
'  Vitte. 
RuĂąt. 
(  Valat. 
/  Coulet  et  fils. 

Moulins Martial  Place. 

/  Jacques. 

Nancy Grosjean-Maupin. 

'  Sidot  frĂšres. 
(  Guist'Uau 
I  Veloppé. 

Nice \^""'^- 

t  Appy, 

finies Thibaud. 

Orléans    LodJé. 

Poitiers jBlanchier. 

f  LĂ©vrier. 

Hennés Plibon  et  Hervé 

Roche/on. Girard  (M"") 

o  t  Langlois. 

Houen " 

I  Lestringant. 
S'-Élienne Chevalier. 

1  Ponteil-Burles 
f  Rumébé. 
I  Gimet. 
'  PrivĂąt. 

Boisselier. 

ours PĂ©ricat. 

'  Suppligeon. 

Giard. 

Lemaltre. 


/ 


chez  Messieurs  : 
Imsterdam  |  ''"«'■'«"'a    Caarelsen 

■  "  ■  '      et  Ci*. 

'ithénes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

I  \sher  et  C". 

■:erlin.- '  Oames. 

Friedlander   el   fils. 
Mayer  et  Muller. 
Schmid  Francke. 
Zaaichelli. 
Lamerlin. 

MayolezetAudiarte. 
I  Lebégue  et  C'V 

Bucharesi j  Sotchek  et  C«. 

'  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  Bell  et  G". 

Christiania Camnieririeyer. 

Constantiiiople.  .  Otto  Keil. 

Copenhague Host  et  fils. 

Florence 'ieeber. 

Gand Hosle. 


Londres 

Luxembourg . 


Herne  ... 
"■ologne. .  . 

Uruxeltes., 


GĂȘnes  . 


GenĂšve. . 


La   Haye. 


Beuf. 

Cherbuliez. 
Georg. 
Stapelmohr. 
Belinfante  frĂšres. 


Toulon. 


Toulouse. 


r'aienciennes. 


,„.,  (  Benda. 

Lausanne 

'  Payot  et  G" 


Leipzig. 


LiĂšge. 


Barth. 

Brockhaus. 

KƓhler. 

Lorentz. 

Twietmeyer. 
)  Desoer. 
(  Gnusé. 


chez  Messieurs  : 
1  Dulau. 

Hachette  et  G'». 
'  Nutt. 

V.  Bûck. 
I  Ruiz  et  C'v 

Madrid I  Romo  y  Fussel 

i  Capdeville 
\  F.  FĂ©. 

Milan (  Bocca  frĂštes. 

'  HƓpli. 

"""""^ ■‱‱■‱     Tasteviu. 

Naples j  Margliieri  di  Giu» 

I  Pellerano. 

I  Dyrsen  et  PfeilTer. 
'^e»>-york Stechen. 

LemcTteetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C'». 

Palerme Reber. 

''<"'"' MagalhaéseiMouir 

l'rague Rivnac. 

Kio-Janeiro Garnier. 

Home '  "^""s  '‱‱*'■'=» 

'  Loescheret  (  " 

Rotterdam Kraniers  et  6,5 

Stockholm Nordisko  Boghandel. 


S'-PĂ©lersbourg . 


(  Zinserling. 
(  Wolfr. 


Bocca  frĂšres 

Brero. 

Clausen. 

RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebethnerel  Wolff. 

VĂ©rone Drucker. 

Frick. 

Gerold  el  C'v 
Zurich Meyeret  Zeller. 


Turin, 


Vienne . 


.ES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENLUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE 


DES  SCIENCES. 


Tomes  1"  à  31.  -  (3  Août  i835  à  3.i  Décembre  t85o.)  Volume  in-i»-  ,853  Prix 
Tomes  32  Ă   61    —  (‱ ."  ior,,,:^n  .0:;.  a   o.  r>^ u...      o.-r  ,  ,,  .       -*.'  'o-»^- ru.\ 


riomes32  à  61.  —  (i"  Janvier 
.       .  Tomes  62  Ă   91.  -(le' Janvier  ,oud  a  01  uocemoro  i^so.;  Volume  in-',-  ,S8q    Prix 

Tomes  92  a  121.  -  ( ."  Janvier.  .88.  Ă   3.  DĂ©cembre  .895.)  Volume  in-V;  .900.  Prix 
'PLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADEMIE  DES   SCIENCES  : 

—  MĂ©moire  sur  quelques  points  d 


8^'  Ă   3.  DĂ©cembre  iS65.)  Volume" iiM-VisVĂŽ.' Prix 25  fr' 

(!«' Janvier  ib66  à  3.  Décembre  iSSo.)  Volume  in-.',»;  .S8q.  Prix..'.'.'.'.'.'.'.'.'.'.'.'.'     25  fr.' 

'.     25  fr'. 


a  rt.tn  c  Libiairie  les  Mémoires  de  l'Acade'mie  des  Sciences,  cl  les  Mémoires  présenté 


s  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


w  n. 

TABLE   DES  ARTICLES.   (SĂ©ance  du  14  septembre  1905.) 


MÉMOIRES    ET  COMMUiXICATIONS 

DHS   MRMIUiKS   ET    DES   COHRRSPONDANTS    DR    L'ACADÉMIE. 


Pat;es. 
M.  H.  Deslandres.  —  SimplicitĂ©  des  spectres 
de   la    lumiĂšre  cathodique    dans   les    gaz 
azotés  et  carbonés H'7 


Pages. 
M.  Henri  Moiss.^n.  —   Action  d'une  trace 
d'eau  sur  la  décomposition  des  hydrures 
alcalins  |iar  l'acĂ©tylĂšne   .'.■     463 


CORRESPOND A  NCE . 


M.  Ai.FR.  GULDBERG.  —  Sur  les  Ă©quations 
aux  différences  qui  possÚdent  un  systÚme 
fondamental  d'intégrales 

M.  Jean  IMascart.  —  Description  d'un  ora^ 
trÚs   localisé  

M.  Michel  Siedlecki.  —  Sur  la  rĂ©sistance 

Bulletin  bibliographiquk 


4G6 
468 


des  Épinochcs  aux  changements  de  la 
pression  osmotique  du  milieu  ambiant.. 
M.  A.  Berthier  adresse  une  Note  intitulée  ; 
«  Transformateur  aclino-éleclrique,  pour 
la  transformation  de  l'Ă©nergie  lumineuse 
en  Ă©nergie  Ă©lectrique  n 


4% 


47> 

472 


PAHIS.   -   IMPIUMEIÎIE    G  A  UT  11  I  li:  R  -  V I L  L  A  K  S, 
Quai  des  Grands-Augustins,  bb. 


Le  GĂ©rani  :   Gautbieb-Villabs. 


1903 

^^^1        SECOND  SEMESTRE. 

COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES     SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVII. 


N°  12  (21  Septembre  1903). 


>ARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPKIMI^UR-LIBRAIRE 
DES   COMPTES  RENDUS   DES   SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-A\iguslins.  55, 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  2.3  juin   1862  et  24  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i".  —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 

Les  extraits  desMémoires  présentés  par  unMembre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  jjourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  {\e  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  Sa  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
Us  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'ai 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séancf 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savar 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  perse 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  il'une  analyse  ou  d'u 
suiné  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requi 
Membre  qui  (ait  la  présentation  est  toujours  nor 
niiiis  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  E 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  If 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondanc< 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  re 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  ta 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   l( 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Co/np^e, 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendi 
vant  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planch' 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  set 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  com 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  dt 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rappo 
les  Instructions  demandés  par  le  GouvernemenI 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administ^ati^  I 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  . 
l'impression  de  chaque  volume.  1 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du) 
sent  RĂšglement. 


Lei  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance, 


leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  ^ 
avant  S^  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  sui 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

SÉANCE   DU    LUNDI  21   SEPTEMBRE  1903, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  -  La  parlhĂ©nogenĂšse  par  V acide  carbonique 
obtenue  chez    les  Ɠufs  aprĂšs   l'Ă©mission  des  globules  polaires.   NoLe    de 
‱   M.  Yves  Delage. 

«  J'ai  montré  antérieurement  (')  que,  pour  déterminer  je  dévelop- 
pement parthĂ©nogĂ©nĂ©tique  des  Ɠufs,  chez  les  AstĂ©ries,  au  moyen  de  l'acide 
carbonique,  Ă»  fallait  faire  intervenir  cet  agent  pendant  l'Ă©mission  des  glo- 
bules polaires.  Les  Ɠufs  encore  pourvus  de  leur  vĂ©sicule  germinalive  ou 
ceux  ayant  emis  depuis  quelque  temps  leurs  deux  globules  sont  absolument 
retractaires  au  réactif, 

»   Ce  n'est  pas  cependant  le  fait  de  posséder  ou  non  la  clironiatine  des 
globules  polaires  qui  intervient  ici.  J'ai  constaté,  en  effet,  que  le  dévelop- 
pement parthĂ©nogĂ©nĂ©tique  s'effectue  aussi  bien  chez  les  Ɠufs  n'ayant  Ă©mis 
aucun  globule,  chez  ceux  qui  en  ont  Ă©mis  un  seul  ou  chez  ceux  qui  ont 
emis  les  deux.  Mais,  dans  le  cas  oĂč  aucun  globule  n'a  Ă©tĂ©  Ă©mis,  il  faut  que 
les  phénomÚnes  caryocinétiques  précédant  cette  émission  aient  commencé, 
et,  dans  le  cas  oĂč  les  deux  globules  ont  Ă©tĂ©  Ă©mis,  il  faut  que  les  phĂ©no- 
mÚnes caryocinétiques  corrélatifs  de  l'émission  du  second  globule  ne  soient 
pas  achevĂ©s.  En  d'autres  termes,  il  faut,  dans  le  premier  cas,  que  l'Ɠuf  soit 
deja  sorti  de  l'état  de  repos  qui  précÚde  l'émission  des  globules;  dans  le 
second  cas,  que  l'Ɠuf  ne  soit  pas  retombĂ©  dans  l'Ă©tat  de  repos  qui  suit 
1  Ă©mission  du  second  globule.  Il  faut  que  l'Ɠuf  soit  dans  cet  Ă©tat  labile, 

V)  Comptes  rendus,    séances   des  i3   et  20  octobre   1902,   et  Arck.   Zool.  exp., 
i"  série,  t.  X,  1902,  p.  21 3-235. 

0.  R.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N«  12.)  6J5 


474  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'équilibre  instable,  qui  se  rencontre  pendant  les  phénomÚnes  de  cinÚse 
et  qui  n'existe  plus  quand  la  cellule  est  à  l'état  de  repos  cinétique. 

»  J'ai  montré  aussi,  dans  mes  recherches  antérieures  sur  ces  sujets,  que 
l'Ɠuf  de  l'Oursin  [Paracentrotus  (=:  Strongylocentrotus)]  est  absolument 
rebelle  à  l'action  de  l'acide  carbonique  et  expliqué  que  cela  tient  au  fait 
que  les  Ɠufs  de  ces  animaux  Ă©mettent  leurs  globules  dans  l'ovaire  maternel 
et  sont  tous,  au  moment  oĂč  ils  sont  Ă©mis  ou  au  moment  oĂźi  l'on  peut  les 
recueillir  efficacement  dans  la  glande,  pourvus  de  leur  pronucléus  femelle 
et  retombés  à  l'état  de  repos  aprÚs  l'émission  de  leurs  deux  globules. 

)i  Je  me  suis  demandé  s'il  ne  serait  possible,  par  des  moyens  artificiels, 
de  faire  passer  les  Ɠufs  d'Oursin  Ă   cet  Ă©tat  de  labilitĂ©  qui  rend  efficace 
l'application  de  l'acide  carbonique  pour  déterminer  la.  parthénogenÚse. 

M  Deux  moyens  se  sont  présentés  à  mon  esprit  :  le  secouage  et  l'élévation 
de  la  température. 

»  Le  secouage  est  depuis  longtemps  connu  comme  un  agent  excitant 
passablement  efficace  :  il  permet  de  hùter  la  maturation  spécifique  des 
Ɠufs  et,  mĂŽme  dans  certains  cas,  de  dĂ©terminer  un  commencement  de 
parthénogenÚse;  on  sait  aussi  qu'il  est  un  agent  trÚs  actif  de  tératogenÚse  ; 
enfin,  c'est  lui  qui  permet  l'ovolomie  et  la  blastolomie  quand  on  veut  les 
appliquer  en  grand  sur  un  nombre  considĂ©rable  d'Ɠufs  ou  d'embryons. 

»  Ici  cependant,  il  ne  suffit  pas  à  déterminer  la  parthénogenÚse.  J^es 
Ɠufs  secouĂ©s,  puis  abandonnĂ©s  Ă   eux-mĂȘmes,  ne  se  dĂ©veloppent  pas.  Les 
Ɠufs  secouĂ©s,  traitĂ©s  ensuite  par  l'acide  carbonique  Ă   froid,  ne  se  dĂ©ve- 
loppent pas  non  plus. 

»  La  chaleur  seule  ne  donne  pas  non  plus  de  résultats.  Mais  j'ai  réussi 
en  employant  simultanément  ces  deux  agents, 

»  Les  Ɠufs  sont  secouĂ©s  dans  l'eau  de  nier  Ă   la  tempĂ©rature  ordinaire,  modĂ©rĂ©ment, 
pendant  5  Ă   6  minutes.  (Il  faut  absolument  Ă©viter  le  secouage  Ă©nergique  habituellement 
employé  pour  obtenir  l'ovotomie  ou  la  blastolomie).  Us  sont  ensuite  placés  dans  la 
solution  carbonique,  comme  dans  mes  expériences  antérieures,  mais  à  la  température 
de  28°  à  3o°.  La  solution  est  préparée  avec  de  l'eau  de  mer  portée  à  35°  environ,  de 
maniĂšre  qu'aprĂšs  le  refroidissement  produit  par  le  changement  de  vases  et  l'intro- 
duction de  la  petite  quantitĂ©  d'eau  de  mer  oĂč  les  Ɠufs  ont  Ă©tĂ©  secouĂ©s,  la  tempĂ©rature 
finale  soit  de  28"  Ă   So".  On  abandonne  le  tout  au  refroidissement  naturel  et,  aprĂšs 
I  heure  environ,  on  remplace  la  solution  carbonique  par  de  l'eau  de  mer  naturelle 
(stérilisée,  bien  entendu),  à  la  température  amliianle. 

»  L'expérience  ayant  été  faite  dans  la  soirée,  j'ai  observé  le  lendemain  matin  que 
Go  pour  100  environ  des  Ɠufs  Ă©taient  segmentĂ©s.  Les  plus  avancĂ©s  avaient  une  tren- 
taine de  blaslomÚres.  J'ai  j)u,  par  les  réactifs  colorants,  mettre  eu  évidence  le  noyau 
et  démontrer  ainsi  que  c'étaient  des  segmentations  véritables.  Un  bon  nombre,  d'ail- 


SÉANCE  DU  21  SEPTEMBRE  igoS.  /j^S 

leurs,  étaient  aussi  belles  et  aussi  réguliÚres  que  celles   obtenues   par   la   fécondation. 

»  Les  Ɠufs  tĂ©moins  n'ont  pas  montrĂ©  une  seule  segmentation. 

»  D'autres  Ɠufs  de  la  mĂȘme  mĂšre,  traitĂ©s  par  les  procĂ©dĂ©s  au  chlorure  de  manganĂšse, 
au  chlorure  de  potassium,  avec  ou  sans  Iraltemenl  consécutif  à  l'acide  carbonique,  ont 
été  le  siÚge  des  phénomÚnes  que  j'ai  décrits  ailleurs  sous  le  nom  de  dégénérescence 
vésiculaire,  mais  aucun  ne  s'est  véritablement  segmenté. 

»  Il  s'en  faut  de  beaucoup,  cependant,  (jufi  ce  mode  de  traitement  soit 
aussi  efficace  que  celui  des  Ɠufs  d'AstĂ©ries,  en  voie  d'Ă©mission  de  leurs 
globules,  par  l'acide  carbonique  seul  et  Ă   froid.  Tandis  que  ceux-ci  m'ont 
donné  des  larves  ùgées  aujourd'hui  de  trois  mois  et  demi  et  en  voie  de 
se  mĂ©tamorphoser,  les  Ɠufs  d'Oursins,  traitĂ©s  par  le  procĂ©dĂ©  ci-dessus, 
n'ont  pas  dépassé  le  stade  à  32  blastomÚres.  Il  sont  ensuite  entrés  en  dé- 
générescence. 

»  J'attribue  ce  fait,  en  partie,  à  une  cause  accidentelle,  le  soleil  ayant 
frappĂ©  directement  le  vase  oĂč  Ă©taient  les  embryons;  en  partie  Ă   l'imper- 
fection du  procédé,  dont  les  conditions  o[)times  sont  encore  à  trouver.  Il 
faudra  faire  varier  les  conditions  du  secouage  et  la  température  de  la  solu- 
tion chaude  de  C0-;  peut-ĂȘtre  faire  intervenir  encore  d'autres  agents. 
C'est  lĂ   le  sujet  d'une  longue  et  patiente  recherche  que  je  n'ai  pu  entre- 
prendre encore,  vu  l'époque  avancée  de  l'année,  qui  ne  permet  plus  de  se 
procurer  un  matériel  suffisant.  ' 

»  Mais,  dÚs  maintenant,  un  point  reste  acquis,  c'est  que  l'on  peut,  par 
des  agents  mĂ©caniques  (secouage)  ou  physiques  (chaleur),  mettre  les  Ɠufs 
d'Oursins  réduits,  au  repos  et,  par  suite,  rebelles  à  l'action  de  l'acide  car- 
bonique, dans  un  état  de  labilité  nucléaire  qui  les  rend  sensibles  à  cette 
action  et  leur  permet  de  se  segmenter  parthénogénétiquement.    » 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  la  production  de  sucre  dans  le  sang  pendant  le  passage 
de  ce  dernier  Ă   travers  le  poumon.  Note  de  MM.  il.  LĂ©pime  et  Boulud. 

«  D'aprÚs  Cl.  Bernard,  le  sang  de  la  carotide  renferme  moins  de  sucre 
que  celui  du  ventricule  droit;  les  dosages  qu'il  rapporte  montrent,  en  effet, 
que  la  diffĂ©rence  pourrait  atteindre  le  quart  et  mĂȘme  prĂšs  du  tiers.  Mais 
Cl.  Bernard'ne  connaissait  pas  la  cause  d'erreur  résultant  de  l'acide  glycu- 
ronique  fortement  conjugué  (qui,  dans  quelques  cas,  est  plus  abondant 
dans  le  sang  de  la  carotide).  De  plus,  il  ne  nouii  renseigne  pas  sur  les 
conditions  particuliĂšres  oĂč  se  trouvaient  ses  animaux;  aussi  peut-on  douter 


/■(76  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

que  ses  cliilTres  soient  exacts  et  correspondent  Ă   nn  Ă©tat  normal.  Dans  nos 
expériences,  chez  des  chiens  sains,  nous  n'avons  jamais  vu  que  le  sucre 
dans  le  ventricule  droit  (ût  en  proportion  supérieure  d'un  cinquiÚme  à 
celui  de  la  carotide.  Dans  l'expérience  que  nous  avons  rapportée  à  l'Aca- 
démie le  4  m;ii  de  cette  année,  l'excÚs  n'est  guÚre  que  d'un  sixiÚme. 

»  Quoi  qu'il  en  soit,  il  demeure  incontestable  qu'il  se  détruit  du  sucre  pen- 
dant la  traversée  du  poumon.  Or,  malgré  cette  perte,  nous  avons  trouvé, 
ce  qui  avait  échappé  à  CI.  Bernard,  que,  le  plus  souvent,  chez  des  chiens 
dans  des  conditions  parfaitement  normales,  nourris  de  viande  et  Ă   jeun 
depuis  i5  heures,  les  matiÚres  sucrées  étaient  en  proportion  plus  forte 
dans  le  sang  de  la  carotide  que  dans  celui  du  ventricule  droit.  En  effet,  le 
pouvoir  réducteur,  soit  avant,  soit,  ce  qui  est  plus  important,  aprÚs  le 
chauffage  en  présence  de  l'acide  tartrique  (pour  décomposer  l'acide  glycu- 
ronique  fortement  conjugué),  étajt  plus  élevé  dans  le  sang  carotidien;  de 
plus,  trÚs  souvent,  le  pouvoir  rotatoire  à  droite  y  était  aussi  plus  prononcé. 

»  Nos  expériences,  au  nombre  de  vingt,  ont  été  faites  avec  le  manuel 
opératoire  que  nous  avons  décrit  dans  notre  Note  du  4  mai  (').  Nous  avons 
préparé  presque  tous  nos  extraits  de  sang  d'aprÚs  la  nouvelle  méthode  re- 
commandée par  MM.  Bierry  et  Portier  (-)  qui  consiste,  comme  on  sait,  à 
précipiter  les  matiÚres  albuminoïdes  au  moyen  du  nitrate  acide  de  mercure 
suivant  les  indications  de  M.  Patein,  et  qui  a  l'avantage  de  donner  des  so- 
lutions parfiutement  limpides,  trÚs  Hivorables  à  l'examen  polarimétrique, 
et  un  précipité  franchement  rouge  avec  la  liqueur  de  Fehling.  Dans  le  plus 
grand  nombre  de  nos  expériences,  l'excÚs  du  pouvoir  réducteur  (évalué 
en  glucose)  dans  le  sang  carotidien  aprÚs  le  chauffage  a  varié  entre  0^,06 
et  0^,20. 

»  On  pourrait  supposer  que  la  moindre  proportion  de  sucre  dans  le  cƓur 
droit  tient  à  ce  que,  par  un  hasard  singulier,  la  sonde  aurait  récolté  du  sang 
de  la  veine  cave  supérieure,  à  l'exclusion  de  celui  de  la  veine  cave  infé- 
rieure, plus  sucré.  Mais,  dans  toutes  nos  expériences,  la  sonde  était  bien 
introduite  dans  le  ventricule,  ainsi  que  le  montraient  ses  oscillations,  et  il 


(*)  Dans  quelques  cas,  au  lieu  de  nous  borner  à  recueillir  simultanément  les  deux 
sangs,  nous  avons  fait  une  nouvelle  prise  à  la  carotide,  immédialemenl  aprÚs  la  pre- 
miÚre, afin  de  nous  renseifßiier  sur  le  degré  de  rhjperglycémie  qui  peut  éventuelle- 
ment survenir  aprÚs  un  frottement  un  peu  prolongé  de  la  sonde  sur  le  ventricule  droit. 
Nous  l'avons  trouvée  assez  légÚre. 

(-)  15iERRV  et  Portier,  Comptes  rendus  de  la  Société  de  rtiologie.  1902,  p.  [276. 


SÉANCE    DU    2T    SEPTEMBRE    igoS.  /177 

est  flifricile  d'ndmcttre  que  ic  sang  des  deux  veines  n'y  soit  pas  parfaite- 
ment mélangé. 

«  On  peut  encore  moins  supposer  que  l'augmentation  du  sucre  dans  la 
carotide  tienne  à  la  concentration  du  sang  pendant  la  traversée  du  pou- 
mon ;  car  un  calcul  trÚs  simple  montre  que  la  quantité  d'eau  exhalée  pen- 
dant quelques  secondes  par  un  chien  est  beaucoup  trop  faible,  par  rapport 
Ă   celle  du  sang  qui  circule  Ă   travers  le  poumon,  pour  expliquer  une  aug- 
mentation de  plusieurs  centigrammes  de  sucre  par  litre.  De  plus,  dans 
cette  hypothÚse,  les  différentes  matiÚres  sucrées  du  sang  devraient  aug- 
menter parallĂšlement;  or,  il  n'en  est  pas  ainsi,  et  souvent  le  polarimĂštre 
permet  de  reconnaĂźtre  dans  le  sang  carotidicn  une  augmentation  relative  an 
pouvoir  dextrogyre  par  rapport  au  pouvoir  réducteur. 

»  Cet  excÚs  de  matiÚres  dextrogyres  (et  réductrices)  ne  provient  pas  du 
poumon,  mais  du  sang  lui-mĂȘme  : 

»  On  sait  depuis  douze  ans(')  que,  dans  du  sang  normal,  maintenu  une 
demi-heure  environ  à  58°  (pour  anéantir  son  pouvoir  glycolytique),  il  se 
produit  une  certaine  proportion  de  sucre.  Depuis  plusieurs  mois,  nous 
avons  repris  l'étude  approfondie  de  cette  glycogénie  hématique,  et,  entre 
autres  faits  nouveaux,  nous  apportons  aujourd'hui  celui-ci,  que  le  sang 
carotidien,  reçu  dans  l'eau  à  58°,  produit,  en  général,  moins  de  sucre  que 
le  sang  du  ventricule  droit,  dans  les  mĂȘmes  conditions,  ce  qui  s'explique 
en  admettant  que  l'hydrate  de  carbone  qui  lui. donne  naissance  (et  que, 
pour  ne  rien  préjuger,  nous  appellerons  sacre  virtuel'^  a  subi  pendant  la 
traversée  du  poumon  une  diminution  corrélative  de  la  production  de 
sucre. 

»  Ce  sucre  virtuel  n'est  pas  de  la  zoamyltne;  car  on  constate  l'augmen- 
tation du  sucre  dextrogyre  et  réducteur  dans  l'extrait  de  sang  carotidien, 
sans  avoir  besoin  de  le  chauffer  en  présence  d'un  acide,  c'est-à-dire  dans 
des  conditions  oĂč  l'hydrolysation  de  la  zoamyline  est  impossible.  Il  pourrait 
ĂȘtre  identique  avec  celui  dont  les  travaux  modernes,  surtout  ceux  du  pro- 
fesseur F.  Millier  et  de  Schondorff,  ont  fait  connaĂźtre  l'existence  dans  la 
molécule  d'albumine,  et  que  Blumenthal  et  Langstein  ont  particuliÚrement 
étudié  dans  les  albuminoïdes  du  sang.  Nous  nous  proposons  de  revenir  sur 
ce  point  dans  une  Communication  ultérieure. 

»  En  attendant,  nous  résumerons  celte  Note  en  disant  que,  dans  le  sang 
qui  traverse  le  poumon,  il  faut  admettre,  non  seulement  un  processus  gly- 

(')  LĂ©pine  et  Barrai,,  Comptes  rendus,  a5  mai  ei  surloiu  22  juin  iSgi. 


4^8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

colytique,  mais  un  processus  glycogénique,  qui  a  passé  jusqu'ici  inaperçu, 
et  qui  rem|iorte  le  ])lns  souvent  sur  le  processus  glycolytique  dans  les  con- 
ditions normales  que  nous  avons  précisées.   >> 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  Adbikn  Mri.LEi!  adresse  un  Mémoire  intitulé  :    «  Radio-activité   et 
ionisation;  phénomÚnes  généraux  et  théorie  ». 

(Renvoi  Ă   l'examen  de  M.  Becquerel.) 

CORRESPONDANCE. 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  Jonctions  monodromcs  cl  les  Ă©quations 
différentielles.  Note  de  M.  Edji.  Maillet,  présentée  par  M.  C.  Jordan. 

«   I.  Nous  avons  obtenu  le  critÚre  suivant  de  croissance  irréguliÚre  des 
fonctions  entiĂšres  d'ordre  infini  non  transfmi.  Soit 

(i)  '^{x)=^a„X' 

0 

une  fonction  entiùre  d'ordre  infini  (/■,  p),  oi^i  p  est  fini  :  on  sait  qu'il  y  a, 
pour  m  assez  grand,  une  infinitĂ©  de  coefficients  a,„  tels  que 

(:»)  7^=(log,«0~'^"^. 

les  autres  Ă©tant  plus  petits  que  ne  l'indique  cette  formule. 
»   Si  6,  est  un  nombre  positif  satisfaisant  à  l'inégalité 

log^^,(OT,  +  0,)>(',  logA+i'w, 

(^v^  —  I  positif,  aussi  petit  que  l'on  veut,  dùs  que  m,  est  assez  grand,  mais 
fini)  et  s'U  y  a  une  infinité  de  valeurs  de  rn^  telles  que,  parmi  les  coeffi- 
cients d'indices  m,,  m,  +  r,  .  . .,  «i^  +  0,  consécutifs,  un  au  plus  satisfait  à 
la  condition  (2)  dÚs  que  w,  dépasse  une  limite  fixe,  la  fonction  <^[x)  est 
à  croissance  irréguliÚre. 

»   Les  dĂ©rivĂ©es  de  <p(ĂŻ')  sont  en  mĂȘme  temps  Ă   croissance  irrĂ©guliĂ©re. 


SÉANCE    DU    21    SEPTEMBRE    igoS.  [\'jr) 

Ceci  s'Ă©tend  de  suite  aux  fonctions  monodromes,  aux  environs  d'un  point 
critique  isolé. 

1)   II.   L'équation  différentielle 

d    Y  ci         Y 

oĂč  A, ,  . . .,  A/(4_,  sont  des  polynĂŽmes  en  x  Ă   coefficients  rationnels,  possĂšde 
k  intégrales  indépendantes  qui  sont  des  fonctions  entiÚres  d'ordre  ^  j  ou 

des  polynĂŽmes. 

»  III.   Considérons  le  systÚme 

—-fr  —  Q'{  { X i  +  . . .  -f-  a,„x„, 


OÙ  «,,,.. .,  a„„  sont  des  fonctions  quasi-entiĂšres  aux  environs  d'un  point 
singulier  essentiel  isolĂ©  commun  que  nous  pouvons  supposer  ĂȘtre  l  =ca. 

»  Si  ces  fonctions  (')  a,,.  ...,  a„„  sont  d'ordre  au  plus  Ă©gal  Ă   celui 
de  e^+i  (I  ^  i'')  pour  t  =  co,  ce,,  ...,;»„  sont  d'ordre  de  grandeur  au  plus  Ă©gal 
Ă   celui  de  e^^  n(\t  jP"^^)  (s  positif,  fini,  aussi  petit  que  l'on  veut)  pour  t  ^  co. 

»  Si,  en  particulier,  «,,,  ..  .,  rt„„  sont  des  polynĂŽmes  de  degrĂ©  au  plus 
Ă©gal  Ă   zĂŽ,  ou  Ă©gales  Ă   un  polynĂŽme  +  un  terme  monodrome  et  fini  pour 

t  =  cci,  on  peut  trouver  un  nombre  1  positif  tel  que  |a:,  | [a;„|  soient 

d'ordre  au  plus  Ă©gal  Ă   e''"'"'*'. 

«  IV.  Toute  fonction  ç  quasi-entiÚre  pour  /  =  co  solution  (plus  généra- 
lement toute  solution)  d'une  équation  différentielle  linéaire  homogÚne, 
dont  les  coefficients  sont  des  fonctions  quasi-entiĂšres  pour  /  =  co  d'ordre 
non  transfini  (k,  p),  est  d'ordre  au  plus  Ă©gal  Ă   (/t  -i-i,  p)  ou  Ă   e^-^^d  tf^^)-  Si 
l'équation  différentielle  a  pour  coefficients  des  polynÎmes,  m  est  d'ordre 
fini.  De  mĂȘme,  pour  les  solutions  de  la  forme  x^u^,  oĂč  1  =  constante  et  u^ 
fonction  quasi-entiĂšre  pour  t  =  x>. 

»  Dans  le  cas  oĂč  les  coefficients  des  Ă©quations  diffĂ©rentielles  de  III  et  IV 
sont  des  fonctions  méromorphes  ayant  le  point  singulier  essentiel  isolé 
/  r=  ao  commun,  les  mĂȘmes  propriĂ©tĂ©s  restent  vraies  en  dehors  de  cercles 


(')  Notre  procédé  de  démonstration  est  une  extension  d'une  méthode  de  M.  Liapou- 
noff  (Picard,  Analyse,  t.  III,  p.  362). 


48o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  mĂȘme  rayon  -n  (■/]  limitĂ©  aussi  i^elit  que  l'on  veut)  ayant  pour  centres  les 
pÎles  des  coefficients,  cpiand  ces  fonctions  méromorphes  sont  d'ordre  fini 
ou  des  fractions  rationnelles. 

»   V.   Soit  a-,,    ...,  Ɠ„  un  systĂšme  de  solutions  d'un   systĂšme   linĂ©aire 

homogĂšne  d'Ă©quations  difĂŻĂ©i'entielles  entre  x,, a;„,  dont  les  coefficients 

sont  des  |)olynomes  ou  des  fractions  rationnelles  :  si  a-^,  par  exemple,  est 
une  fonction  entiÚre,  son  ordre  est  fini  et  sa  croissance  réguliÚre.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  les  propriĂ©tĂ©s  et  la  cojislilutioa  des  aciers  au  man- 
ganÚse. Note  de  M.  Léon  Guillet,  présentée  par  M.  A.  Ditte. 

«  Les  aciers  au  manganÚse  ont  fait  l'objet  d'une  étude  importante  de  la 
part  de  M.  Hadfield  (').  De  plus,  M.  Osmond  a  montré  que  les  aciers  au 
manganÚse,  non  magnétiques,  possÚdent  la  structure  polyédrique  (-). 

»  J'ai  repris  l'étude  complÚte  des  aciers  au  manganÚse,  tant  au  point  de 
vue  micrographique  qu'au  point  de  vue  mécanique.  Mes  recherches  ont 
porté  sur  deux  séries  d'aciers  trÚs  purs  :  la  premiÚre  renferme  de  o,ioo 
Ă   o,  25o  pour  loo  de  carbone,  le  manganĂšse  va  en  croissant  de  o  Ă   33 
pour  loo  ;  la  deuxiĂšme  contient  de  o,  700  Ă   o,  q5o  pour  100  de  carbone  et 
le  manganĂšse  croĂźt  de  o  Ă   12  pour  100. 

»   Les  principaux  rĂ©sultats  de  ces  recherches  peuvent  ĂȘtre  rĂ©sumĂ©s  ainsi  : 

»  Micrographie  des  aciers  bruts  de  forge.  —  Il  y  a  une  similitude  trĂšs  grande 
enlre  les  aciers  au  manganĂšse  et  les  aciers  au  nickel;  mais  il  faut  beaucoup  moins  de 
manganĂšse  (moins  de  la  moitiĂ©)  pour  produire  le  mĂȘme  effet  que  le  nickel.  De  plus, 
dans  les  aciers  suffisamment  carbures  (renfermant  plus  de  o,5oo  pour  loo  de  carbone 
environ)  on  n'observe  pas  de  martensite  pure,  mais  bien  de  la  martensite  et  de  la  troos- 
tite,  voire  mĂȘme  parfois  de  la  trooslite  pure. 

»  Le  Tableau  suivant  résume  la  conslitulion  des  aciers  bruis  de  forge  : 

Aciers   carbures. 

de  o  Ă   3  "/o  Mn 

de  3  Ă   7  7o  Mn 

teneur  en    Mn  >  7  "/o 

»  Les  aciers  de  la  deuxiÚme  classe  sont  à  martensite  lorsqu'ils  renferment  moins  de 
o,5oo  pour  100  de  carbone;  ils  sont  Ă   Iroostite,  lorsqu'ils  en  contiennent  davantage. 

(  '  )  Iron  aiid  Sleel  Instilul. 
('-)  Bulletin  dex  Mines. 


Classes. 

Microstructuie. 

Aciers  Ă   faible  teneur  en  C. 

I.... 

perlite 

de  0  à  5  »/o  Mn 

II... 

martensite  ou   trooslite 

de  5  à  12  "/„  Mn 

III... 

fer  -; 

teneur  en  Mn  >  12  "/o 

SÉANCE  DU  2  1  SEPTEMBRE  igoS.  48l 

n  Comme  pour  les  aciers  au  nickel,  cette  deuxiĂšme  classe  doit  subir  une  subdivi- 
sion, suivant  que  l'acier  est  formé  de  fer  et  de  marlensile;  de  martensite  pure  ou  de 
martensite  et  de  fer  ‱(. 

»  Micrographie  des  aciers  trempĂ©s.  —  Les  transformations  micrograpliiques  obte- 
nues par  recuit,  trempe,  Ă©crouissage  ou  refroidissement  sont  identiques  Ă   celles  que 
nous  avons  déjà  signalées  pour  les  aciers  au  nickel. 

»  Les  aciers  formant  la  limite  entre  la  deuxiÚme  et  la  troisiÚme  classe  présentent  les 
phénomÚnes  déjà  signalés.  C'est  ainsi  que  le  recuit,  la  trempe,  l'écrouissage  et  le  refroi- 
dissement Ă   —  78"  ont  produit  de  la  martensite  dans  les  aciers  polyĂ©driques  Ă   12,9 
pour  100  Mn  de  la  premiÚre  série  et  37,2  pour  100  Mn  de  la  deuxiÚme  série. 

»  PropriĂ©tĂ©s  mĂ©caniques.  —  Nous  avons  pratiquĂ©  sur  ces  aciers  des  essais  Ă   la  trac- 
tion, au  choc  par  la  méthode  Frémont  et  à  la  dureté  par  la  méthode  Brinell. 

»  Les  résultats  obtenus  sont  en  concordance  absolue  avec  la  microstrncture. 

))  Les  aciers  perlitiques  offrent  une  charge  de  rupture  un  peu  plus  élevée  que  les 
aciers  au  carbone  ordinaires,  et  cela  d'autant  qu'ils  contiennent  plus  de  manganĂšse. 
Ils  offrent  une  trÚs  grande  résistance  au  c/ioc.  Ceci  prouve  nettement,  au  contraire 
de  ce  qui  a  été  admis  dans  le  monde  métallurgique  à  la  suite  des  recherches  de 
M.  Hadfield,  que  le  manganĂšse  ne  rend  pas,  par  lui-mĂȘme,  les  aciers  fragiles  et  que 
ceux-ci  ne  le  sont  que  lorsque  la  somme  C  +  Mn  est  en  quantité  suffisante  pour 
amener  la  structure  martensitique. 

»  Les  aciers  Ă   fer  ‱;  ont  des  propriĂ©tĂ©s  mĂ©caniques  trĂšs  remarquables  qui  ont  Ă©tĂ© 
indiquées  pour  la  premiÚre  fois  par  M.  Hadfield, 

))   Le  Tableau  suivant  donne  quelques  résultats  sur  aciers  bruts  de  forge  : 


Composition 

Essais 

—— — - 

au  choc 

Manga- 

(méthode 

Carbone. 

nĂšse. 

Structure. 

|{. 

E. 

A  p.   Illll. 

-;'). 

Frcmont). 

0,0.73 

1,3 

Perlite 

42,5 

28,2 

24,5 

73,4 

39 

o,io4 

i>7 

Perlite 

49w 

28,6 

i7>5 

58,2 

36 

0,286 

2,1 

Perlite 

55,7 

40,7 

i5,5 

57,2 

28 

0,276 

5,6 

Martensite 

7''9 

7'. 9 

0,2 

3,9 

3 

o,o34 

6,i 

Martensite 

118,3 

84,3 

0,2 

0 

3 

0,  i56 

i'^,9 

Ac 

ier  sur  la  limite 

65,5 

3o,o 

3,5 

6,0 

12 

0,296 

33,5 

PolyĂšdres 

61, /, 

34,2 

4,5 

74,6 

28 

0,873 

0,5 

Perlite 

n4,9 

59,5 

6 

9 

3 

0,840 

2,0 

Perlite 

io5 , 4 

79>i 

I 

3 

3 

0,934 

3,0 

Perlite 

100, 9 

82,8 

0,5 

0 

3 

0,762 

5,1 

Martensite  h-  fer  ■,- 

86,6 

60,2 

2 

3 

0 

0,700 

7>2 

Acier  sur  la  limite 

56,5 

4i,4 

6,0 

7,5 

10 

0,960 

13 ,0 

PolyĂšdres 

89,6 

61,8 

i5,o 

'4,7 

23 

(')   On  a  adoptĂ©  pour  la  striction  S  =:  — ;=; —  X  100. 

G.  R.,  iguD,   ■‱  Semestre.  (T.  CXX.XVII,  N°  12.)  64 


482  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  En  résumé,  les  résultats  que  j'ai  obtenus  montrent  la  coïncidence  par- 
faite des  essais  métallographiques  et  mécaniques.  De  plus,  j'ai  pu  établir 
la  grande  similitude  qui  existe  entre  les  aciers  au  manganĂšse  et  au  nickel. 

»  Enfin  les  essais  au  choc  montrent  nettement  que  les  aciers  peu  car- 
bures et  à  teneur  inférieure  à  4  ou  5  pour  loo  de  manganÚse,  ne  sont  nul- 
lement fragiles. 

»  J'espÚre  pouvoir  résumer  ces  résultats  dans  un  diagramme  aussi  simple 
que  celui  que  j'ai  donné  pour  les  aciers  au  nickel.    » 


rATllOLOGlE.  —   Diagnostic  des  calculs  biliaires  par  la  radiographie  prĂ©li- 
minaire. Note  de  MM.  Mauclaihe  et  Infiioit,  présentée  par  M.  Lanne- 


«  Ayant  observé  une  malade  chez  laquelle  des  calculs  biliaires  vésicu- 
laires  avec  péricholécystite  et  adhérences  intestinales  avaient  donné  le 
syndrome  de  l'obstruction  intestinale  par  cancer,  l'un  de  nous,  en  présence 
d'une  autre  malade,  jugea  opportun  de  faire  pratiquer  la  radiographie  de 
l'hypocbondre  droit  avant  l'intervention  chirurgicale,  qui  fut  pratiquée  le 
IQ  août  dernier  à  l'HÎtel-Dieu. 

»  Nous  avons  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le  cliché  de  cette 
radiographie  préliminaire  :  l'épreuve  montre  bien  les  calculs  emprisonnés 
dans  le  bas-fond  de  la  vésicule.  D'aprÚs  nos  recherches  bibliographiques, 
nous  croyons  ĂȘtre  en  prĂ©sence  du  premier  cas,  en  France,  pour  lequel  les 
rayons  X  aient  pu,  d'une  façon  aussi  nette,  confirmer  le  diagnostic  cli- 
nique, qui  avait  d'ailleurs  été  posé. 

»  Jusqu'ici,  la  composition  chimique  des  calculs  biliaires  a  rendu 
difficile  leur  projection  en  radiographie;  leur  situation  dans  une  partie  du 
corps  que  la  respiration  met  constamment  en  mouvement  est  déjà  un 
obstacle,  mais  le  plus  important  paraĂźt  dĂ»  Ă   la  composition  chimique  de 
ces  calculs.  Les  uns  sont  exclusivement  composés  de  cholestérine,  corps 
transparentaux  rayons  X;  d'autres  sont  formés  de  cholestérine  et  d'une 
faible  quantité  de  matiÚres  minérales;  d'autres  enfin  sont  surtout  compo- 
sés de  substances  minérales.  Le  plus  grand  nombre  des  calculs  sont  formés 
de  cholestérine.  Jusqu'ici  les  résultats  radiographiques  ont  été  négatifs, 
tout  au  moins  Ă   notre  connaissance. 

M  Mais,  si  la  composition  chimique  joue  un  grand  rÎle,  le  manuel  opé- 
ratoire radiographique  a  aussi  son  importance. 


SÉANCE    DU    2Î    SEPTEMBRE    ipo^.  483 

»  On  a  lecoinuiandc  de  faire  coucher  te  malade  sur  le  ventre,  pour  que  la  vésicule  soil 
le  plus  prĂšs  possible  de  la  plaque  sensible.  Mais,  chez  quelques  malades,  la  pression 
sur  le  cÎlé  droit  est  trÚs  douloureuse  et  rimmobilité  est  impossible.  C'était  le  cas 
chez  notre  malade. 

»  Or,  voici  de  quelle  façon  l'un  de  nous  a  procédé.  Un  tube  osmo-régulaleur  petit 
modÚle,  fonctionnant  sur  une  machine  statique  à  huit  plateaux,  est  placé  à  75'"'  de  la 
plaque  sensible;  la  malade  était  couchée  sur  le  dos,  directement  sur  la  table  radiogra- 
phique,  avec  interposition  de  la  plaque.  Une  bande  de  toile  de  o"',3o  sur  o"','io  com- 
primait fortement  l'abdomen,  à  l'aide  de  brides  reliées  à  la  table.  L'ampoule  était  peu 
pénétrante,  et  la  durée  d'exposition  fut  de  lo  minutes. 

M  En  opérant  ainsi,  nous  pensons  que  les  insuccÚs  de  radiographies  vésiculaires  sur 
le  vivant  seraient  moins  nombreux.  On  cherche  trop  souvent  Ă   diminuer  le  temps  de 
pose,  ce  qui  oblige  à  employer  des  tubes  trop  pénétrants. 

»  Pour  une  autre  malade  de  IFIolel-Dieu,  chez  laquelle  la  vésicule  biliaire  était 
trÚs  volumineuse,  la  radiographie  donna  un  résultat  négatif  :  il  s'agissait,  en  elTet,  du 
cancer  de  la  tÚte  du  pancréas.  Une  cholécystostomie  fut  pratiquée  pour  remédier  mo- 
mentanément à  l'ictÚre  par  rétention. 

»  Nous  avons  recueilli  quelques  calculs  secs  qui  ont  Ă©tĂ©  radiographiĂ©s  sur  une  mĂȘme 
plaque,  en  y  joignant  ceux  provenant  de  notre  malade  aprÚs  la  cholécystostomie 
simple,  car  la  cholécysteclomie  d'emblée,  sans  ouverture  préliminaire  de  la  vésicule, 
n'avait  pu  ĂȘtre  faite  Ă   cause  des  adhĂ©rences  nombreuses  et  rĂ©sistantes. 

»  Sur  l'épreuve  de  ces  calculs,  radiographiés  à  sec,  on  note  que  :  i"  leur  degré  de 
transparence  aux  rayons  X  est  en  raison  inverse  de  Ja  quantité  de  matiÚres  minérales 
qu'ils  contiennent;  2°  le  volume  de  ces  calculs  n'a  aucune  influence  sur  le  résultat 
positif  ou  nĂ©gatif  de  la  radiographie;  3"  dans  une  mĂȘme  vĂ©sicule,  on  peut  rencontrer 
des  calculs  de  compositions  différentes,  comme  dans  notre  cas.  On  constate,  en  effet, 
que  deux  calculs  trĂšs  opaques  se  voient  trĂšs  nettement;  les  autres  ne  laissent  qu'une 
traßnée  d'intensité  inégale. 

»  Nous  notis  proposons  de  continuer  ces  recherches  pour  des  calculs 
contenus  dans  le  canal  cholédoque  (car  ici  la  radiographie  préliminaire 
permettrait  au  chirurgien  de  se  guider  plus  facilement  dans  le  choix  des 
voies  d'accÚs  sur  les  différentes  portions  du  canal  cholédoque  dans 
lesquelles  le  calcul  peut  ĂȘtre  enclavĂ©).  Cela  est  important,  car  des  adhĂ©- 
rences anormales  rendent  souvent  assez  difficile  l'exploration  du  cholé- 
doque dans  sa  totalité.    » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  La  germination  des  OrchidĂ©es.  Note  de 
M.  NoEi,  Ber.vard,  présentée  par  M.  Gaston  Honnier. 

«  Grùce  à  l'obligeant  concours  d'un  amateur  d'Orchidées,  i\I.  Magne, 
j  ai  pu  reprendre  des  observations  et  des  expériences  sur  la  gorinination 
des  Callleya  et  des  LƓlia.  J'en  indiquerai  ici  les  premiers  rĂ©sultats. 


48Zj  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  Les  graines  des  Calllcya,  des  LƓlia  ou  de  leurs  hybrides  sont  au 
nombre  de  celles  dont  on  obtient  le  plus  facilement  la  germination  dans 
les  serres,  oĂč  on  les  sĂšme  gĂ©nĂ©ralement  sur  de  la  sciure  de  bois  humide. 
Au  bout  d'une  quinzaine  de  jours,  les  embryons  donnent  de  petites  sphé- 
rules  Ă   peine  plus  grosses  qu'eux,  mais  rendues  plus  apparenles  par  leur 
verdissement,  lis  restent  plus  ou  moins  longtemps  Ă   cet  Ă©tat;  parfois  ils  ne 
le  dépassent  pas,  et  le  semis  est  tÎt  ou  tard  détruit  par  l'envahissement  de 
moisissures;  sinon,  aprĂšs  un  temps  variable  qui  peut  atteindre  i  ou  2  mois, 
le  dévelopi)ement  s'accuse  et  se  junirsuit.  La  germination  est  toujours 
irréguliére  et  lente  :  souvent,  aprÚs  4  ou  5  mois,  les  plantules  les  plus 
avancĂ©es  ne  dĂ©passent  pas  5ℱℱ.  Ces  plantules  ont  alors  la  forme  de  toupies 
au  pĂŽle  Ă©largi  desquelles  se  forme  le  bourgeon  terminal;  elles  se  montrent 
toujours  infestées  à  leur  pointe,  oi^i  s'attache  le  suspenseur,  par  un  cham- 
pignon fdamenteux  endophyte.  Les  expériences  suivantes  montreront  que 
la  pénétration  de  ce  champignon  est,  en  sus  des  conditions  qu'exige  la 
germination  des  graines  en  général,  une  condition  supplémentaire  néces- 
saire et  suffisante  pour  la  germination  de  celles-ci.  C'est  ce  que  j'avais 
suggéré  antérieurement,  sans  pouvoir  donner  la  déuïonstration  précise  que 
je  fournirai  ici. 

))  J'ai  reçu  de  M.  Magne  des  graines  liybrides  de  Catlleya  MossiƓ,  LƓlia  purpu- 
rata  et  des  plantules  obtenues  en  serre  parla  germination  de  graines  de  mĂȘme  origine. 
Les  graines  Ă©taient  incluses  dans  un  fruit  mĂčr;  j'en  ai  fait  un  grand  nombre  de  semis 
aseptiques.  Pour  cela,  en  principe,  j'ai  projeté  et  réparti  uniformément  la  fine 
poussiÚre  que  forment  ces  graines  sur  de  larges  surfaces  de  gélose  glycérinée  stérile; 
puis,  aprÚs  quelques  jours,  j'ai  prélevé,  pour  les  transporter  dans  des  tubes  de  culture, 
les  graines  qui  restaient  extérieures  aux.  colonies  microbiennes  qui  s'étaient  dévelop- 
pées. Ces  semis  définitifs  ont  été  faits  en  tubes  inclinés,  sur  de  la  gélose  à  3  pour  100 
additionnée  d'une  décoction  faible  et  limpide  de  salep;  ils  sont  restés  stériles.  Les 
jeunes  plantules  m'ont  été  envoyées  dans  des  tubes  flambés,  j'en  ai  isolé  quelques-unes 
en  les  débarrassant  de  leur  tégument  et  je  les  ai  semées,  aprÚs  lavages  à  l'eau  stérile, 
dans  des  tubes  de  culture  sur  gélose  au  salep.  Il  s'est  développé  dans  ces  cultures  un 
InphomycĂšte  et  un  coccobacille  que  j'ai  cultivĂ©s  sur  le  mĂȘme  milieu,  sĂ©parĂ©ment  ou 
ensemble.  L'hyplioniycéte  donne  des  filaments  qui  rampent  à  la  surface  du  milieu  de 
culture  ou  s'Ă©tendent  sur  les  parois  humides  du  tube;  il  ne  donne  pas  de  filaments 
dressés  aériens. 

»  Dans  les.semis  aseptiques  de  graines,  laissés  à  l'éluve  à  p.8°  à  une  bonne  lumiÚre 
diduso,  j'ai  obtenu  la  formation  des  sphérules  vertes,  mais  non  la  germination.  L'em- 
bryon ovoïde  des  graines  mûres,  qui  a  en  moyenne  aSol^-  de  plus  grand  diamÚtre,  se 
gonfle,  verdit,  et  atteint  3ool^  Ă   SSot';  quelques-unes  de  ses  cellules  Ă©pidermiques  s'al- 
longent en  courtes  papilles  sans  former  jamais  de  véritables  poils.  Un  embryon,  dont 
le  développement  est  exceptionnel,  a  atteint  Îoc!-",  présenté  des  cloisonnements  cellu- 


SÉANCE    DU    21    SEPTEMBRE    IQoS.  /|85 

laires  dans  sa  zone  moyenne  et  formé  quelques  slomates.  L'état  de  ces  embryons  reste 
stationnaire  aprĂšs  loo  jours  de  culture  ;  pour  des  semis  d'autres  espĂšces,  datant  de 
5  mois  et  ou  la  plupart  des  embryons  ont  fini  jiar  se  flétrir,  il  n'a  pas  été  dépassé. 
Mais,  dĂšs  que  l'on  transporte  les  graines  Ă   cet  Ă©tat  dans  une  culture  pure  de  l'hy- 
phomycÚle  dont  j'ai  parlé  plus  haut,  elles  ne  tardent  pas  à  germer,  soit  ([u'on  les 
place  sur  le  milieu  de  culture  mĂȘme,  soit  simplement  sur  les  parois  humides  du  tube 
oĂč  ce  champignon  Ă©tend  ses  hyphes.  Dans  les  premiers  jours  les  filaments  mjcĂ©liens 
pénÚtrent  dans  la  partie  moyenne  du  suspenseur  et  envahissent  rapidement  les  cellules 
adjacentes  de  l'embryon;  la  germination  commence  aussitĂŽt,  elle  devient  Ă©vidente  dĂšs 
les  dix  premiers  jours  ;  au  quinziÚme,  les  plantules  ont  pris  leur  forme  caractéristique 
en  toupie  et  portent  de  longs  poils  absorbants.  Au  contraire,  si  les  semis  sont  conta- 
minés par  des  moisissures  différentes  ou  par  des  bactéries,  les  graines  sont  détruites 
rapidement.  Pourtant,  le  coccobacille  dont  j'ai  parlé,  qui  seul  ne  provoque  pas  la 
germination,  peut,  sans  dĂ©savantage,  ĂȘtre  associĂ©  Ă   l'hyphomycĂšte  nĂ©cessaire.  Des 
graines  semées  depuis  87  jours  dans  l'épaisse  zooglée  que  forment  ces  deux  microor- 
ganismes sont  entrées  et  restent  en  pleine  végétation  ;  aprÚs  ce  temps,  les  plantules  ont 
atteint  4ℱ"  et  formĂ©  leurs  bourgeons  terminaux;  la  germination  est  parfaitement  rĂ©- 
guliÚre et  le  résultat  comparable  aux  meilleurs  de  ceux  qu'obtiennent  les  horticul- 
teurs. Il  y  a  donc  bien  là,  en  définitive,  une  action  spécifique,  particuliÚre  à  l'hypho- 
mycÚte qui  parasite  normalement  ces  plantes  et  qui  est  nécessaire  à  leur  germination. 
Les  expériences  qui  précÚdent  donnent,  pour  identifier  ce  champignon,  un  critérium 
décisif  qui,  jusqu'à  présent,  a  manqué;  je  reviendrai  par  la  suite  sur  ce  point. 

»  Le  cas  que  j'ai  étudié  ici  donne,  à  ce  que  je  crois,  le  premier  exemple 
certain  d'un  organisme  qtii  ne  peut  normalement  pas  dépasser  un  état 
embryonnaire  sans  la  pĂ©nĂ©tration  d'un  parasite,  pas  plus  qu'un  Ɠuf  ne 
peut,  en  gĂ©nĂ©ral,  poursuivre  son  Ă©volution  sans  ĂȘtre  fĂ©condĂ©.  En  repre- 
nant une  expression  qui  a  été  appliquée  aux  Lichens,  on  pourrait  dire  que, 
par  ces  expériences,  a  été  faite  la  synthÚse  de  plantules  d'Orchidées.  Ces 
plantules  ne  sont  pas,  en  effet,  comparables  Ă   celles  de  la  plupart  des 
plantes,  foriĂźiĂ©es  des  cellules  qui  dĂ©rivent  d'un  Ɠuf;  elles  sont  des  com- 
plexes formées  de  semblables  cellules  et  d'un  parasite  nécessaire:  elles 
ont,  en  un  mot,  la  valeur  de  Mycocécidies.   » 

La  séance  est  levée  à  3  heures  trois  quarts. 

G.  D. 


486  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BULLETIN    BIBLIOCKAPIIIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séanch  du   17  août   1900. 

(Suite.) 

Ve/handiun^^cn  der  russiscli-kaiserlichcn  uiiiiei  alogischen  Gesellscliaft  ziiSaint- 
Petersburg :  1"  série,  Bd.  XL,  Lief.  1,  mil  3  Tafehi.  Saint-Pétersbourg,  1908;  1  fasc. 
i.i-S". 

Materialen  zur  GĂ©ologie  Russlands,  herausgegeb.  v.  der  kaiserlichen  mineralo- 
gi'Schen  Gesellschaft;  Bd.  XXI,  Lief.  i,  luil  6  Tal'eln.  Saiut-PĂ©lersbourj;,  igoS;  i  fasc. 
in-8°. 

Bulletin  de  la  Société  ouralienne  des  Amis  des  Sciences  naturelles:  suppléments 
au  Tome  XXII  :  i  fasc,  in-8°  et  i  fasc.  in-f";  Tome  XXIII  :  1  fasc.  iu-8".  Saint-Péters- 
bourg, 1902. 

Memorias  de  la  Sociedad  espanola  de  Ilistoria  natural;  t.  I  :  Inlroduccion  y 
Memoria  i-^.  Madrid,  1900;  i  fasc.  in-8°. 

Boletin  demografico  de  la  Republica  tnexicana,  1901;  ana  IV,  num.  G. 
Mexico,  1902;  I  voL  in-4°. 

Censoy  division  territorial del  Estado  de  Puebla  verificados  en  \  900.  Mexico,  1 908  ; 
I  voL  in-4°. 

Censo  de  la  Republica  mexicana  pracllcado  en  igoo.'  Extranjcros  résidentes. 
Mexico,  igoS;  i  vol.  in-S". 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  24  août   igoS. 

Exposition  universelle  internationale  de  1900.  Rapport  général  administratif  et 
technique,  par  M.  AlkrI'D  Picard,  Membre  do  l'Institut,  Président  de  Section  au  Conseil 
d'État,  Commissaire  gĂ©nĂ©ral;  t.  IV.  Paris,  Imprimerie  nationale,  1900;  (vol.  in-4". 
(Hommage  de  l'auteur.) 

M.  Albert  Gaudry  présente  en  hommage,  au  nom  de  M.  le  professeur  sénateur 
Giovanni  Capellini,  les  8  Opuscules  suivants  : 

Balenotlere  mioceniche  di  San  MichĂšle  pressa  Cagliari  ;  con  due  tavole. 
Bologne,  1899;  i  fasc.  in-'i". 

Di  uno  uovo  di  Jipyornis  nel  Museo  di  Storia  naturale  di  Lione,  e  di  allre  uova 
e  ossa  Jossili  dello  stesso  uccetlo  raccolte  a  Madagascar  nell'  ultimo  decennio  del 
secola  JCIyY.  Bologne,  1900;  1  fasc.  in-4". 

Balenottera  miocenica  del  Monte  Titano,  Rcpubblica  diS.  Marino.  Bologne,  1901  ; 
I  fasc.  in-4°. 

Discorso  di  apertura  délia  A'.l'I  Adunanza  générale  estiva  tenuta  dalla  Socielà 
geologica  italiana  in  Spezia:  seduta  7  settembre  1902.  Rome,  1902;  i  fasc.  in-8''. 


SÉANCE  DU  21  SEPTEMBRE  igoS.  48^ 

Salle  ricerche  e  osservazioni  di  Lazzaro  Spallanzani  a  Porto  Venere  e  nei  din- 
loriii  dclla  Spezia.  Rome,  1902;  i  fasc.  in-S°. 

Nola  espUcalive  délia  carta  geologica  dei  dintorni  del  golfo  di  Spezia  e  val  di 
Magra  inferiore ;  2»  edizione  1881.  Home,  1902;  i  fasc.  in- 8°. 

Dalenefossili  toscane.  I.  Balaena  etrusca.  Bologne,  1902;  i  fasc.  {11-4». 

Avanzi  di  Squalodonte  nella  arenaria  di  Grami  dei  Frati pressa  Schio;  con  una 
tavola.  Rome,  igoS;  i  fasc.  in-4<'. 

Annual  report  oftheDirectorof  theAlleghenyObservatory,  for  theYearendin.r 
december  3i,  1902,  bj  F.-L.-O.  Wadswobth.  Cincinnati,  1908;  i  fasc.  in-8<>. 

The  Institution  of  mechanical  Engineers.  Proceedings,  n"  1,  january-february  looS 
Londres;  i  vol.  in-S".  J    J     ‱ 

Proceedings  of  the  american  Academy  of  Arts  and  Sciences;  vol.  XXXIX   n"  1  3 
june  igoS.  Boston,  Mass.;  3  fasc.  in-S".  '  ' 

Analele  Academiei  romane;   série  II;  t.  XXIV,   1901-1902;  t.  XXV,   iQoo-iqoS 
Bukarest,  1902-1903;  2  vol.  in-/;".  ' 

Academia  Romdna,  Disciirsuri  de  receptiune  :  XXV.   Mijloce  de  im'esti^atiune 
aie  meteorologiei;  diseurs  de  Stefan  G.  Hepites,  c„  respuns  de  D-  I.  FĂ©lix.  Bakarest 
1903  ;  I  fasc.  in-4".  ' 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  3i  août  1908. 

La  question  sardiniĂšre  :  Rapport  de  M.  Charles  Bernard  Ă   M.  Camille  Pelletan 
Ministre  de  la  Marine;  Rapport  de  MM.  J.  Kunstler  et  Charles  Bénard  à  la  Chambré 
de  Commerce  de  Bordeaux.  Bordeaux,  imp.  J.  l'echade,  1908;  j  fasc.  in-S". 

Bapport  sur  la  question  de  la  sardine,  par  M.  C.  BĂ©nard  et  M.  J  Kunstler  (Extr 
du  Registredes  délibérations  de  la  Chambre  de  commerce  de  Bordeaux-  séance  d,I 
10  juin  1903.)  Bordeaux,  imp.  F.  Pech  ;  i  fasc.  in-40. 

Ogmios  ou  Orphée,  par  H.  Lizeray.  Paris,  Vi-ot  frÚres,  1908  ;  i  fasc    in-12 

^éclairage  électrique,  revue  hebdomadaire  des  transformations  électriques'  méca 
niques,  thermiques  de  l'Ă©nergie.  Direction  scientifique:  A.  d'Arsonval,   A.   Blondel 
^■:^^ll^^^''^_-^^^^^^^,^-'Poy^CKy<t,K.Vo,^m,  A.   W.tz,   J.   Blond.n;    10»  annĂ©e' 
t.  XXXVI,  no.ia,  i5  août  1903.  Paris,  C.  Naud;  i  fasc.  in-40. 

On    a  probable  relationship  bet.veen   the  solar  prominences   and  corona     bv 
William  J  -S.  Lockyek.  (  Extr.  de  Monthly  Notices  of  the  Royal  astrononĂčcal  Society 
vol.  LXIII,  n°  8.)  Londres,  igoS;  i  fasc.  in-8''. 

A  historical  sketch  of  the  expérimental  détermination    of  ll.e  icsislance     the 
air  to  the  motion  of  projectiles,    bj  Fhancis  Kasiiforth.  Cambridge,  iqo3-  i  fisc 

International  Catalogue  of  scie  nli fie  literature,  first  annual  issue  :  Vol  III  part  '>  ‱ 
(,).  Physiology,  including  expérimental  Psychology,  Pharmacology  and  erperi 
mental  Pathology;  Vol.  XIII,  O.  Iluman  Anatomy  ;  Vol.  XIV,  P.  Pl^sical  Anthro- 
pology;  Vol.  XV  :  Paleontology.  Londres,  Harrison  et  fils  ;  Paris,  Gauthier-Vilhrs  ‱ 
lena,  Gustav  Fischer,  igo3;  4  vol.  10-8".  ' 

Catalogue  of   canadian    Birds ;  part   II:    Buds   of  Prey,     Woodpeckers,    FLy- 


488  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Catcher.':,  Crotvs,  Jnys  and  Blackbirds;  by  John  Macoun.  Ottawa,  190.3  ;  i  vol.  in-8". 

Concorsi  a  ]>remio  delB.  Islituto  di  Scienze,  Letlere  ed  Arli.  proclamait  nelT 
adunanza  solenne  del  2^  maf^gio  igoS.  Venise,  1908  ;  i  fasc.  in-S". 

Sislema  allerno  positiva,  estiidio  de  malheniaticas  que  comprende  los  f adores 
para  resoher  cxaclemenl  todas  las  diinensioncs  de  distancias,  pianos  y  cuerpos, 
por  J.  rRANCisco  Tadeo  Palacios.  Guatemala,  igoS  ;  1  fasc.  in-12. 

Natiiurlciindig  lijdschrift  voor  Nederlandsch-Indië ;  Deel  LXII.  Amsterdam,  igo3; 
I  vol.  in-S". 

Archives  du  Musée  Teyler  :  série  II,  vol.  VIII.  ?>'  partie.  Ilaarlem,  Paris, 
Leipzig,  igoS;  i  fasc.  \n-l\°. 

Publications  of  Ihe  aslronomical  Laboratory  al  Groningen;  n"'  10,  11.  Gro- 
ningue,   1902  ;  2  fasc.  in-4°. 

Obsenalions  mode  at  Ihe  Royal  magnetical  and  ineleorological  Observalory  al 
Batavia;  vol.  XXIV,  1901.  Batavia,  1900;  i  fasc.  in-f". 

Annales  du  Musée  du  Congo  :  Botanique.  Série  V  :  Eludes  de  Syslématique  et  de 
GĂ©ographie  botaniques  sur  la  flore  du  bas  et  du  moyen  Congo,  par  Eji.  de 
Wildeman;  vol.  1,  fasc.  1.  Bruxelles,  1900;  i  fasc.  iii-f". 


ERRATA. 


(SĂ©ance  du   7  septembre  iQoS.) 
Note  (le  M.  P.  Chofardel,  Observations  de  la  planĂšte  MA,  etc.  : 


Au  lieu  de  : 

Lise:  : 

Log.  fact. 

Log.  fact. 

'Ăąge. 

Dates. 

parallaxe. 

parallaxe 

454 

Août  3i 

7,21 5„ 

T,2l5 

» 

Sept.      I 

T,237„ 

7,287 

» 

2 

T.  465,, 

7,465 

On  souscrit  Ă   Paris,  clirz  GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Gnmd'^-Àugustins,  n"  55. 

)U!S  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  ré°iiliÚren,ent  le  Dinwnrlw.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  Lux  volumes  in  4°  Doux 
i,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matiÚres,  l'aulre  par  ordre  alphnl,  lique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volum'e.  L'abonnement  est  annuel 


‱t  du  i"  Janvier. 


Le  prix  de  l'abonnemciii  at  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 
Paris  :  30  fr.  —  DĂ©partements  :  40  fr.  —  Union  postale  :  44  fr. 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


chez  Messieurs  : 
Ferran  frĂšres. 
I  Chaix. 
!  Jourdan. 
'  Ruff. 

s CourtJD-Hecquet. 

Germain  etGrassin. 
Gaslineau. 

ie JĂ©rĂŽme. 

on RĂ©gnier. 

/  Feret. 

ux Laurens. 

'  Muller  (G.). 
‱s Renaud. 

iDerrien. 
F.  Robert. 
Oblin. 
Uzel  frĂšres. 

Joiian. 

ery Perrin. 

(Jenry. 

«/‱£' !  „       ■' 

(  Marguerie. 

\  Juliot. 

(  Bouj. 

;  Nourry. 

Ralel. 

(Rey. 

(  Lauverjat. 
(  Degez. 
j  Drevet. 
i  Gratier  et  C". 
helle Foucher. 

Bourdignon, 

Dombre. 

Thorez. 

Quarré. 


nl-Fevr.. 


le 


Lorient. 


chez  Messieurs  : 

I  Baumal. 

\  M"'  Texier. 

/  Bernoux  et  Cumin 

\  Georg. 
Lyon (  Effantin. 

1  Savy. 

I  Vilte. 

Marseille RuĂąt. 

^     .     „  (  Valat. 

montpellier „     ,  „, 

'  (  Coulet  et  fils. 

Moulins Martial  Place. 

!  Jacques. 
Grosjean-Maupin. 
Sidot  frĂšres. 

(  Guist'hau. 

(  VeloppĂš. 

\  Barma. 

(  Appy. 

IMmes Thibaud. 

Orléans    Loddé. 

Blanchient 
LĂ©vrier. 

Rennes '   Plihon  et  Hervé. 

Rochefort Girard  (  M""  ). 

I  Langlois. 

\  Lestringant. 
S'-Étienne Chevalier. 

j  Ponteil-Burles. 

l  HumĂšbe. 

j  Gimet. 

i  PrivĂąt. 

I  Boisselier. 
Tours j  PĂ©ricat. 

(  Suppligeon. 

j  Giard. 

(  Lemaitre. 


Nantes 


Nice . 


Poitiers- 


Rouen. 


Toulon. 


Toulouse.. 


Valenciennes.. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam . 


Berlin. 


Bucharest . 


chez  Messieurs  : 
I  Feikema    Caarelsen 
'      et  C". 

AthĂšnes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  C». 

Dames. 

Friediander   et   fils. 
I  Mayer  et  Millier. 

Berne .     Schmid  Francke. 

Bologne ZaDiclielli. 

iLamertin. 
Mayolezet  Audiarte. 
Lebégue  et  C*. 
,  Solchek  et  C«. 
'  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  Bell  elC". 

Christiania Canimermeyer. 

Constanlinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague HĂŽst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

GĂšnes Beuf. 

Cherbuliez. 

GenĂšve Georg. 

(  Stapelmohr. 

La  Haye Belinfante  frĂšres. 

I  Benda. 

\  Payot  et  C". 

/  Barth. 

\  Brockhaus. 

Leipzig IvƓhler. 

Lorentz. 
Twietmeyer. 
(  Desoer. 
(  Gnusé. 


Lausanne.. 


LiĂšge. 


Milan. 


Naples. 


chez  Messieurs  : 

ÎDulau. 
Hachette  et  C'. 
Nutt. 
Luxembourg.    . .     V.  Buck. 

[  Ruiz  et  C'V 

Madrid )  Romo  y  Fussel. 

)  Capdeville. 
\  F.  FĂ©. 

Bocca  frĂšres. 
HƓpli. 
Moscou T.nstevin. 

(  Marghieri  di  Giu». 

I  Pellerano. 

1  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
New-York Stechert. 

'  Lemckeet  Buechncr 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  €■‱. 

Palerme Reber. 

Porto MagalbaĂšs  el  Moniz. 

Prague. Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

„  i  Bocca  frùres. 

Rome , 

(  Loescheret  G'" 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Nordiska  Bogliandel. 

I  Zinserling. 

(  Woiir. 

I  Bocca  frĂšres. 
)  Brero. 
Clausen. 
Rosenbergel  Sel  lier. 

Varsovie Gebethner  et  Wolfl. 

VĂ©rone Drucker. 

i  Pf'<=''- 

Vienne „       .  ,    .  „, 

(  Gerold  et  C'. 

Ziirich Meyer  et  Zeller. 


S'-PĂ©tersbourg . . 


Turin . 


:LES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDDS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  i"  Ă   31.  —  (3  AoĂ»t  i8:Ăź5  Ă   ii  DĂ©cembre  is-3.i.i  Volume  in-i";  iS5i.  Prix '.  25  fr. 

Tomes  32  Ă   61.  —  (i"  Janvier  i85i  Ă   3i  DĂ©cembi-e  iSG5.)  Volume  iii-4'';  1870.  Prix 25  l'r. 

Tomes  62  Ă   91.  —  (  i^'  Janvier  1866  Ă   3(  UĂ©cembro  iS8o.)  Volume  in-4°;  18S9.  Pri.x 25  fr. 

Tomes  92  Ă   121.  —  (  1"  Janvier  1881  Ă   Si  DĂ©ceml)re  1895.)  Volume  111-4°;  igoo-  Prix 25  fr. 

fPPLÉMENT  ADX  COMPTES  RENDDS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADEMIE  DES  SCIENCES  : 

L—  MĂ©moire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues  ,  par  MM.  .V.  Derbes  et  A.-J.-J.  Solier.  —  MĂ©moire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'Ă©prouvent 

:tes,  par  .M.  H.i\se.n.  —  .MĂ©moire  sur  le  PancrĂ©as  et  sur  le  riile  d  i  suc  pin   lĂ©atique  dans  les  pliĂ©nomĂŽnes  diyestifs,  particuliĂšrement  dans   la   digestion   des 

grasses,  par  .M.   Glvude  Bern.^rd.   Vol u  ne  in-i",  avec  3'2   planches;   is.:i  ; 25  fr. 

n.  —  MĂ©moire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Benedbn.  —  Kssai  <rune  rĂ©ponse  Ă   la  question  de  Prix  proposĂ©e  en  i85o  par  l'AcadĂ©mie  des  Sciences 
concours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir:  «  Eludim-  ie^  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains 
entaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanĂ©e.  —  Rechercher  la 
e  des  rapports  qui  existent  entre  l'étatactuel  du  rÚgne  organique  et  ses  éuii^   intérieurs»,  p.ir  M.  le  Professeur  BaoNN.  In-4°,  avec  7  planches;  1861....     25  fr. 

L  la  mĂȘme  Librairie  les  MĂ©moires  de  l'AcadĂ©mie  des  Sciences,  et  Ict  MĂ©moires  prĂ©sentĂ©s  par  divers  Savants  Ă   l'AcadĂ©mie  des  Sciences. 


N^  12. 

TABLE   DES  ARTICLES.  (SĂ©ance  du  21  septembre  1905.) 


MEMOIRES    ET  COMMUIVIGATIOiVS 

DES  MEMBUES  ET   DES  CORRESPONDANTS   DB  L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.  Yves  Delage.  —  La  parlhĂ©nogciiĂšsc  par 
l'acide  carbonique,  obtenue  cliez  les  Ɠufs 
aprĂšs  l'Ă©missiondes  ylobules  polaires.. . .      47^ 

i\IM.  li.  LEriNi;  et   Boulud.   —   Sur  la  pro- 


Pages. 
duction    de  sucre  dans   le   sang   pendant 
le  passage  de  ce  dernier  Ă   travers  le  pou- 
mon  ‱  ‱ . .     473 


MEMOIRES  PRESENTES. 


iM.  Adiuen  Muller  adresse  un  MĂ©moire  inti- 
tulé :  <i  Radio-activité  et  ionisation  ;  phé- 


nomÚnes généraux  cl  théorie 


47« 


CORRESPONDANCE. 


M.  Ed.m.  iMaillet.  —  Sur  les  fonctions  nio-  des  calculs  biliaires  par  la  radiographie 
nodromes  et  les  équations  différentielles.     !f-S  préliminaire 482 

M.  LĂ©on  Guillet.  —  Sur  les  propriĂ©tĂ©s  et  M.  NoĂ«l  Bernard.  —  La  germination  des 
la  constitution  des  aciers  au  manganÚse.     !\So  Orchidées 483 

MM.  Mauclaire  et  Infroit.  —  Diagnostic 

Bulletin  bibliographiquic 48t> 

Ebrata , 488 


PARIS.   —   IMPRIMIÎIUE    G  A  UT  H  I  li  R  -  V  I  L  L  A  R  S, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

Le  GĂ©rant  :    (jAL'thier-Villars. 


1903 

^{j'X'^       SECOND  SEMESTRE. 

COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES     SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


T03IE  CXXXVH. 


r  13  (28  Septembre  1903). 


-    PARIS, 

GAUÏHIEK-VILLARS,  IM^>B!MEUR-L1BRA1RE 

DES   COMPTES  RENDUS  DES   SÉANCES  DE  L'AG/VDÉMIE   DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Ao       tins,  55. 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin   1862  et  24  mai  1875 


J^es  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l' Académie  se  composenl  des  exlrails  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
4H  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  l*"^.  —  Impression  des  travaux  de  l' AcadĂ©mie. 
Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  parun  associéétrangerderAcadémiecomprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  àe  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  piiges  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  3u  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
Ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposes  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autß 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  j 
bliqué  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personi 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'A 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  ; 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  s< 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomn 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Exti 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  fi 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  0 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  remi 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin  ;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   tera 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  ren 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  s 
vant  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planclies, 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč   des  figures  serait 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  compi 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  de 
teurs;  il  n'y  a  d'exce])tion  que  pour  les  Rapports 
les  lustructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  f. 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  apr 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pi 
sent  RĂšglement. 


ail 

Ăź 


Les  Savants  étrangers  i  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  de 
eposer  au  becrétanat  au  plus  tard  le  Samedi  çui  précÚde  la  séance,  avant  S'.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  «uivM 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

SÉANCE  DU   LUNDI  28  SEPTEMBRE  1905, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GADDRY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

HISTOLOGIE.  —  Les  myĂ©bcyles  du  bulbe  olfactif. 
Note  de  M.  Joamves  ChatijĂź. 

«  Le  bulbe  olfactif  a  été  longtemps  considéré  comme  un  s.mple  ren- 
flement du  nerf  de  la  premiĂšre  paire,  Ă©tendant  ses  faisceaux  avant  de 
s  Ă©panouir  sur  le  locus  luteus  de  la  membrane  pituitaire. 

»  Les  recherches  histologiques  n'ont  pas  ratifié  cette  conception  des 
anciens  anatomistes  :  elles  ont  montrĂ©  que,  loin  d'ĂȘtre  uniquement  formĂ© 
par  des  fibres  nerveuses,  le  bulbe  renferme  de  nombreuses  cellules  ^^an- 
g  lonnau-es  ;  dÚs  1877,  j'msistais  sur  la  valeur  fonctionnelle  de  ce  «  gangtion 
oltact.f  «,  formant  une  sorte  de  relais  nerveux  disposé  sur  le  trajet  de  l',m- 
press.on  olfactive,  entre  la  membrane  réceptrice  et  le  centre  percepteur 

>.  Les  travaux  ultérieurs  ont  pleinement  confirmé  mon  appréciation,  eu 
précisant  de  mieux  en  mieux  les  détails  relatifs  à  la  structure  du  bulbe 
Mais,  comme  il  arrive  souvent  en  pareil  cas,  plusieurs  auteurs  ont  cru  pou- 
voir passer  d'un  extrĂȘme  Ă   l'autre  :  aprĂšs  avoir  d'abord  assignĂ©  au  bulbe 
une  structure  des  plus  simples,  puisqu'on  le  réduisait  à  un  amas  de  fibres 
nerveuses,  on  ne  tarda  pas  à  le  doter  d'une  série  de  couches  réguliÚ- 
rement stratifiées,  à  texture  définie,  tantÎt  fibreuse  et  tantÎt  celluleuse. 

«  Il  s'en  taut  de  beaucoup  qu'il  en  soit  toujours  ainsi;  dÚs  qu'on  multi- 
plie les  types  d'Ă©tude,  chez  les  Carnivores  et  les  Rongeurs,  on  constate  que 
ce  schéma  se  trouve  souvent  peu  conforme  à  la  réalité  des  faits.  Je  n'insiste 
pas  sur  les  variations  topographiques,  amenant  Ă   se  confondre  telles 
couches  présentées  comme  entiÚremjnt  <lislinctes;  je  crois  plus  utile  de 
mettre  en  lumiÚre  certains  éléments  qui  ont  été  généralenrent  méconnus. 

C.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  GX.X.XVU,  N»  13  )  (j5 


^go  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

«  Tels  sont  les  myĂ©locyles  sur  lesquels  l'attention  paraĂźt  s'ĂȘtre  rarement 
arrĂȘtĂ©e,  et  qui  offrent  pourtant  ici  un  intĂ©rĂȘt  tout  particulier. 

»  Il  serait  superflu  de  rappeler  les  caractÚres  du  myéiocyte  nerveux  : 
dans  une  longue  série  de  Mémoires  (1888-1899),  j'ai  fait  connaßtre  son 
mode  de  constitution,  sa  karyomégalie,  sa  fréquence  dans  divers  groupes 
zoologiques,  etc.  ;  aussi  me  suffira-t-il  aujourd'hui  d'étudier  sa  répartition 
dans  le  bulbe  olfactif  et  de  rechercher  les  particularités  qu'il  peut  y  pré- 
senter. 

»  D'une  façon  gĂ©nĂ©rale  et  sans  s'arrĂȘter  Ă   la  notion  des  couches  strati- 
fiées, on  peut  regarder  le  bulbe  comme  limité  en  avant  et  en  arriÚre  par 
deux  zones  de  fibres  (libres  antérieures  ou  externes,  fibres  postérieures  ou 
internes)  entre  lesquelles  se  trouve  disposé  le  relais  ganglionnaire  compre- 
nant les  glomérules,  les  cellules  nerveuses  proprement  dites  et  les  myélo- 

cytes. 

»  Ceux-ci  se  rencontrent  surtout  (mais  non  exclusivement)  vers  les  fron- 
tiÚres antérieure  et  postérieure  de  ce  relais.  Ils  s'y  montrent  avec  leurs 
caractĂšres  habituels  :  noyau  volumineux;  cytoplasme  somalique  peu  abon- 
dant et  réduit  à  une  mince  zone  périnucléaire  ;  prolongements  de  dimen- 
sions et  de  volume  variables,  pouvant  se  différencier  en  prolongements  den- 
dritiques  et  en  prolongement  cylindraxyle,  ce  qui  distingue  le  myéiocyte 
du  grain,  tel  qu'on  le  définit  maintenant. 

»  L'étude  des  myélocytes  du  bulbe  olfactif  établit  donc,  une  fois  de 
plus,  l'intime  parenté  de  ces  éléments  avec  les  cellules  nerveuses;  d'autre 
part,  elle  achÚve  de  dégager  la  réelle  valeur  que  l'on  doit.attribuer  au  gan- 
glion ;  enfin,  elle  vient  à  l'appui  des  rapprochements  tentés,  depuis  quelques 
années,  pour  homologuer  le  relais  olfactif  et  le  relais  rétinien.  « 

M.  Alfred  Picard,  en  présentant  à  l'Académie  le  Tome  V  de  son 
«  Rapport  général  adininistratil  et  technique  sur  l'Exposition  universelle 
internationale  de  1900  »,  s'exprime  comme  il  suit  : 

((  Ce  Volume  est  principalement  consacré  aux  Sections  étrangÚres.  Il 
met  en  lumiĂšre  l'immensitĂ©  de  l'effort  que  la  plupart  des  États  ont  fait 
pour  répondre  dignement  à  l'iavitation  de  la  France  et  dont  notre  pays  ne 
saurait  leur  ĂȘtre  trop  reconnaissant. 

),  Des  indications  sur  les  résultats  de  l'étude  comparative  à  laquelle  ont 
donné  lieu  les  produits  français  et  les  produits  étrangers  m'entraßneraient 


SÉANCE  DU  28  SEPTEMBRE  I9o3.  49 I 

beaucoup  trop  loin.  L'Académie  voudra  bien  cependant  me  permettre 
deux  observations  capitales. 

»  Au  début,  beaucoup  d'esprits  clairvoyants  n'étaient  pas  sans  appréhen- 
sion pour  certaines  branches  de  l'activité  nationale,  qui  relÚvent  plus 
particuliÚrement  des  applications  scientifiques.  Les  grands  progrÚs  réalisés 
au  delà  de  nos  frontiÚres  autorisaient,  sinon  des  craintes  sérieuses,  du 
moins  des  doutes  au  sujet  de  l'issue  du  concours.  En  fait,  la  France  est 
sortie  de  l'épreuve  à  son  honneur.  On  peut  le  constater  sans  présomption. 
Mais  il  serait  imprudent  de  se  dissimuler  que  nos  rivaux  ont  Fait  de  vastes 
conquĂȘtes  et  que,  pour  garder  nos  positions,  nous  devons  plus  que  jamais 
nous  livrer  Ă   un  travail  opiniĂątre,  Ă   d'infatigables  recherches,  reculer  sans 
cesse  les  bornes  de  nos  connaissances,  entretenir  chez  nous  l'Ă©mulation  du 
labeur  et  de  la  Science. 

»  Je  viens  de  parler  de  la  Science.  Personne  ne  me  reprochera  d'attester, 
et  c'est  lĂ   ma  seconde  observation,  que  sur  ce  terrain  les  peuples  Ă©trangers 
ont  rendu  un  hommage  unanime  aux  qualités  ataviques  de  notre  race,  à  la 
clarté,  à  la  netteté,  à  la  puissance  synthétique  de  l'esprit  français.  Ce  sont 
des  qualités  que  nous  ont  léguées  nos  devanciers  et  auxquelles  nous  ne 
saurions  rester  trop  fermement  attachés. 

»  Parmi  les  Chapitres  dont  se  compose  ce  Volume,  il  en  est  un  qui  me 
paraßt  mériter  spécialement  la  bienveillante  attention  de  l'Académie  :  celui 
des  musées  centennaux.  Les  expositions  ne  constituent  pas  seulement 
des  manifestations  économiques,  des  entreprises  organisées  pour  le  plaisir 
des  yeux;  s'en  faire  une  pareille  conception  serait  réduire  singuliÚrement 
leur  rĂŽle  et  leur  portĂ©e.  Elles  doivent  ĂȘtre  avant  tout  des  Ɠuvres  d'Ă©duca- 
tion et  d'instruction  publiques.  A  ce  point  de  vue  élevé,  les  musées  rétros- 
pectifs formaient  à  la  fois  l'un  des  éléments  les  plus  brillants  et  l'un  des 
foyers  d'enseignement  les  plus  féconds  du  concours  de  igoo.  Jalonnant 
par  des  repÚres  habilement  choisis  l'évolution  de  l'activité  française  au 
cours  du  siĂšcle  et  quelquefois  mĂȘme  depuis  une  Ă©poque  plus  lointaine, 
disposĂ©s  pour  la  plupart  avec  une  extrĂȘme  compĂ©tence,  ils  retenaient  le 
visiteur,  lui  montraient  les  anneaux  successifs  de  la  chaĂźne  ininterrompue 
qui  relie  les  générations  entre  elles,  l'éclairaient  sur  la  solidarité  humaine 
Ă   travers  le  temps  et  ranimaient  sa  foi  en  l'avenir. 

»  Quelques-uns  de  ces  musĂ©es  offraient  un  intĂ©rĂȘt  spĂ©cial  :  tels  ceux  de 
la  Géographie,  de  la  Topographie,  des  Instruments  de  précision,  de  la 
Mécanique,  de  l'ElectricUé,  de  la  Chimie,  presque  tous  créés  sous  la  haute 
direction  de  membres  de  l'Académie  des  Sciences  :  le  regretté  M.  Paye, 


49^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  le  colonel  LaussedaL,  M.  Mascart,  M.  Troost.  Grùce  à  la  généreuse 
obligeance  des  grandes  institutions  d'enseignement  supérieur,  des  indus- 
triels et  des  collectionneurs,  les  organisateurs  ont  pu  édifier  un  véritable 
monument  à  la  gloire  des  savants  français  du  siÚcle,  accumuler  les  reliques 
des  hommes  qui  ont  tant  fait  pour  la  Science  et  pour  le  pays.  C'est  ainsi 
que,  dans  le  musée  de  la  Chimie,  les  appareils  et  instruments  avant  appar- 
tenu aux  laboratoires  de  l'immortel  Lavoisieret  de  ses  successeurs,  jusqu'Ă  
l'illustre  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie,  M.  Berthelot,  étaient  religieu- 
sement rangés  et  classés  dans  de  vastes  vitrines,  avec  les  spécimens  des 
produits  dus  à  leur  génie  :  le  salon  contenant  ces  vitrines  éveillait  l'im- 
pression d'un  sanctuaire  dédié  à  la  Science. 

))  Le  souvenir  des  expositions  rétrospectives  est  perpétué  dans  des 
rapports  admirablement  illustrés  qui  resteront  comme  des  documents  de 
premier  ordre  pour  l'histoire  du  mouvement  intellectuel  ou  matériel  au 
cours  du  XIX*  siÚcle.    » 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Ministre  de  la  Guerre  invite  l'Académie  à  lui  désigner  deux  de 
ses  Membres  pour  faire  partie,  cette  année,  du  Conseil  de  perfectionne- 
ment de  l'Ecole  Polytechnique. 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  une  combinaison  du  sulfate  d'aluminium 
avec  l'acide  sulfurique.  Note  de  M.  E.^Raud,  présentée  par  M.  H. 
Moissan. 

«  Lorsqu'on  attaque  la  bauxite  par  l'acide  sulfurique  étendu  de  son 
volume  d'eau,  soit  pour  l'analyse  de  ce  minerai,  soit  pour  la  fabrication 
du  sulfate  d'aluminium,  il  arrive  parfois,  aprĂšs  un  certain  temps  de  chauf- 
fage, qu'il  se  dépose  un  magma  cristallin  qui  occasionne  de  violents  sou- 
bresauts. Si  on  laisse  alors  refroidir,  toute  la  matiĂšre  se  prend  en  une  masse 
avant  la  consistance  du  miel. 

»  Ce  fait  avait  déjà  été  signalé  en  1861  par  Persoz,  puis  par  Sainte-Claire 
Deville  (  '  ),  mais  le  composé  ainsi  formé  n'avait  pas  été  étudié. 

»   Ce  n'est  cependant  pas  du  sulfate  d'aluminium  ordinaire  qui  aurait 


(')  Ann.  Chini.  et  Phys.,    "i"  série,  t.  LXI,  p.  809. 


SÉANCE    DU    28    SEPTEMBRE    rpo.S.  4g3 

été  précipité  par  l'acide  sulfurique,  car  le  produit  obtenu  ne  se  dissout  que 
trĂšs  difficilement  dans  l'eau  froide. 

»  Si  l'on  répÚte  l'expérience  précédente  en  remplaçant  la  bauxite  par 
l'alumine  hydratĂ©e  pure,  le  mĂȘme  phĂ©nomĂšne  se  produit.  Il  n'est  donc  pas 
dû  aux  impuretés  de  la  bauxite. 

>.  On  arrive  encore  au  mĂȘme  rĂ©sultat  si  l'on  chauffe  une  dissolution  de 
sulfate  d'aluminium  hydraté  dans  de  l'acide  sulfurique  à  yS  pour  100 
d'acide  pur. 

»  C'est  à  ce  dernier  procédé  que  j'ai  eu  le  plus  particuliÚrement  recours 
dans  cette  Ă©tude. 

»  En  employant  des  acides  moins  concentrés,  on  finit  toujours,  en  pro- 
longeant suffisamment  l'ébullition,  par  obtenir  le  dépÎt  cristallin,  lorsque 
l'acide  a  atteint  la  concentration  de  70  pour  100. 

»  C'est  ainsi  que,  dans  l'attaque  de  la  bauxite  par  l'acide  étendu  de  son 
volume  d'eau,  ce  phénomÚne  se  produit  lorsqu'on  a  laissé  l'acide  se  con- 
centrer jusqu'Ă   celte  limite. 

«  Le  produit  obtenu  a  été  essoré  à  l'abri  de  l'humidité,  puis  comprimé  entre  des 
plaques  poreuses  pour  en  extraire  la  majeure  partie  de  l'acide  retenu  mécaniquement, 
puis  lavé  à  l'acétone  comme  l'a  indiqué  récemment  M.  Recoura  pour  l'acide  ferrisul- 
furique  ('). 

»  Enfin  la  purification  a  été  achevée  par  un  lavage  à  l'éther  anhydre  et  un  nouvel 
essorage. 

>>   On  obtient  ainsi  une  poudre  cristalline  bien  blanche,  ayant  pour  composition 

A1^0S4S0S  411^3    C). 

»  Cette  composition  est  comparable  à  celle  des  acides  chromosulfurique  et  ferrisul- 
furique  de  M.  Recoura.  Ce  corps  se  dissout  trÚs  lentement  dans  l'eau  froide.  En  opé- 
rant avec  28  de  matiùre  et  200ℱ'  d'eau  à  20°  et  en  agitant  continuellement,  la  dissolu- 
tion n'est  complĂšte  qu'au  bout  de  3  heures. 

»  A  chaud  la  dissolution  est  beaucoup  plus  rapide. 

>.  Étant  donnĂ©e  l'impossibilitĂ©  d'une  mesure  thermique  exacte,  il  est 
difficile  de  savoir  s'il  s'agit  d'une  simple  juxtaposition  de  i"^"'  d'acide  sul- 
furique et  de  I»»'  de  sulfate  d'aluminium,  ou  s'il  y  a  eu  modification  molé- 
culaire (polymérisation  ou  formation  d'un  radical  complexe). 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  i3  juillet  igoS,  p.  118. 
(^)  Analyse:  APO^=:  20,72;     SO»=64,6o;     H'^0=:i4,68. 
Théorie  :  AP 0^=20, 65;     80^=64,78;     H^0=  14,67. 


49 'l  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Ce  sont  ces  deux  derniÚres  hypothÚses  qui  paraissent  les  plus  vrai- 
semblables. 

»  Les  sels  acides  sont  généralement  plus  solubles  que  les  sels  neutres 
correspondants;  d'autre  part,  la  lenteur  de  la  dissolution  semble  bien 
indiquer  une  modification  moléculaire  et  les  particules,  d'abord  cristallines, 
deviennent  floconneuses  avant  de  se  dissoudre. 

»  La  production  du  composé  qui  nous  occupe  est  donc  la  résultante  de 
trois  phénomÚnes  concomitants  :  déshydratation  partielle  du  sulfate  d'alu- 
minium hydraté  AF(SO^)',  16H-O,  combinaison  avec  l'acide  sulfurique 
et  modification  moléculaire. 

»  Action  de  l'acide  sulfurique  concentrĂ©.  —  Le  sulfate  d'aluminium  hydrate  se 
dissout  dans  l'acide  sulfurique  concentré  et  la  dissolution  se  maintient  limpide  à  froid. 
Mais  il  suffit  de  cliauffer  celle-ci  pendant  quelques  minutes  à  iio''-i20°  pour  qu'elle  se 
prenne  en  une  masse  pĂąteuse. 

»  AprĂšs  lavages  et  essorage,  le  produit  a  la  mĂȘme  composition  que  le  prĂ©cĂ©dent  Ă  
l'eau  de  cristallisation  prĂšs. 

»  Celte  solubilité  du  sulfate  d'alumine  dans  l'acide  sulfurique  concentré  est  d'autant 
plus  curieuse  que  l'acide  sulfurique  diminue  la  solubilité  des  sulfates  dans  l'eau  comme 
Fa  montré  M.  Engel  (')  et  nolauimenl  celle  du  sulfate  d'aluminium. 

»  Ainsi,  tandis  que  d'aprÚs  Poggiale  100  parties  d'eau  dissolvent,  à  20°,  106  parties 
de  sulfate  d'alumine,  j'ai  constaté  que  100  parties  d'un  mélange  de  P"'  d'acide  avec 
2^"'  d'eau  n'en  dissolvent  que  6,45  parties. 

»  Je  iTie  propose  d'étudier  la  solubilité  du  sulfate  d'aluminium  dans  de 
l'acide  sulfurique  à  différentes  concentrations,  solubilité  qui  pourrait  pré- 
senter des  particularités  intéressantes.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  le  nitrosite  de  la  pidĂ©gone. 
Note  de  M.  P.  Genvresse. 

«  Les  nitrosites  des  cétones  cycliques,  possédant  une  ou  plusieurs 
doubles  liaisons,  n'ayant  pas  été  préparés  jusqu'à  présent,  nous  avons 
essayé  de  les  obtenir.  Nous  avons  opéré  sur  la  carvone  et  sur  la  pulégone  ; 
nous  n'avons  pas  encore  pu  avoir  de  produit  cristallisé  avec  la  carvone;  il 
n'en  a  pas  Ă©tĂ©  de  mĂȘme  avec  la  pulĂ©gone. 

»  Le  nitrosite  de  la  pulégone,  C'^H'^O, Az'O^  peut  s'obtenir  de  deux  maniÚres  : 
soit  avec  le  peroxyde  d'azote,  soit  avec  les  vapeurs  nitreuses,  préparées  par  l'amidon 


(')  Comptes  rendus,  t.  CIV,  21  février  1887,  p.  5o6. 


SÉANCE    DU    28    SEPTEMBRE    igoS.  /JqS 

et  l'acide  nitrique;  Ă   partir  de  ce  moment  la  marche  est  la  mĂȘme,  soit  que  l'on  parte 
du  peroxyde  d'azote,  soit  des  vapeurs  nitreuses. 

»  On  dissout  la  pulégone  dans  l'éther  de  pétiole;  on  place  la  solution  dans  un 
mélange  réfrigérant  de  glace  et  de  sel,  et  on  la  sature  soit  par  du  peroxyde  d'azote, 
soit  par  des  vapeurs  nitreuses;  une  huile  se  sépare;  on  attend  au  lendemain  pour  que 
la  précipitation  soit  bien  complÚte,  on  décante  la  partie  lourde  et  on  la  soumet  à 
l'entraĂźnement  par  la  vapeur  d'eau;  peu  de  chose  passe;  on  enlĂšve  ensuite  l'eau 
condensĂ©e  et  l'on  abandonne  le  liquide  Ă   lui-mĂȘme;  au  bout  de  quelques  jours,  huit 
au  plus,  il  se  forme  des  cristaux  qu'on  essore  et  qu'on  fait  ensuite  cristalliser  Ă  
plusieurs  reprises  dans  l'alcool. 

»  L'analyse  élémentaire  de  ces  cristaux  correspond  à  la  formule  Cil'",  Az-0' ; 
nous  avons  trouvé  pour  leur  poids  moléculaire,  en  opérant  en  solution  acétique  par  la 
méthode  de  Raoult,  le  nombre  289,5;  la  formule  (;'"H'SAz^O' exigerait  le  nombre  22S. 

))  Le  nilrosite  de  la  pulégone  est  formé  de  belles  aiguilles  soyeuses  incolores,  fondant 
à  6<S°-69'';  il  est  soluble  dans  l'alcool,  plus  à  chaud  qu'à  froid,  ce  qui  permet  de  le 
purifier;  il  est  aussi  soluble  dans  le  chloroforme,  l'acide  acétique,  etc.;  il  agit  sur  la 
lumiÚre  polarisée;  sa  déviation  pour  la  raie  D  est,  en  solution  chloroformique,  de 
-t-23''i3'  à  la  température  de  23". 

»  Il  est  entraßnable,  mais  difficilement,  par  la  vapeur  d'eau;  le  groupe  Az'O'  se  fixe 
sur  la  double  liaison  de  la  pulégone;  en  effet,  si  l'on  dissout  le  corps  précédent  dans  Je 
chloroforme  ou  la  benzine,  et  que  l'on  traite  la  solution  par  le  brome,  ce  dernier  ne  se 
décolore  pas.  Ce  corps  possÚde  le  caractÚre  des  nitrosites  ;  en  efFet,  en  présence  de 
l'acide  sulfurique  et  du  phénol,  il  donne  une  magnifique  coloration  vert  émeraudc. 

»  Traité  par  l'hydrogÚne  naissant,  il  donne  de  l'ammoniaque  et  une  huile  que  nous 
ne  sommes  point  parvenu  Ă   faire  cristalliser. 

»  Son  oxime  est  également  une  huile  incristallisable. 

»  Enfin  nous  ne  sommes  point  parvenu  à  le  combiner  avec  les  ammoniaques,  la  ben- 
zylamine  ou  la  pipéridine.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  production  d'hydrogĂšne  sulfurĂ©  par  les  extraits 
d'organes  et  les  matiÚres  albuminoïdcs  en  général.  Note  de  M.  Emm. 
Pozzi-EscoT.  (Extrait.) 

((  ....  Si  l'on  fait  un  extrait  de  levure  de  brasserie,  levtu-e  bnsse,  sui- 
vant une  des  méthodes  que  j'ai  indiquées,  et  en  particulier  au  saccharose 
additionné  de  chloroforme  ou  de  fltiorure  de  sodium,  et  si  l'on  mélange 
cet  extrait  avec  du  soufre  en  fleur,  ce  mélange  dégage,  à  la  température 
ordinaire,  une  grande  quantité  d'hydrogÚne  sulfuré,  et  cela  en  quelques 
heures. 

M  Le  mĂȘme  extrait,  additionnĂ©  de  chloroforme,  mais  non  de  soufre,  ne 
donne  lieu  à  aucun  dégagement  d'hydrogÚne  sulfuré,  en  12  heures,  à  la 
température  ordinaire.... 


496  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Si  l'on  soumet  l'extrait  précédent  à  l'ébuUition  pendant  3  minutes, 
puis  qu'aprĂšs  refroidissement  on  l'additionne  de  chloroforme  et  de  soufre 
en  fleur,  on  ne  constate,  en  12  heures,  à  la  température  ordinaire,  aucun 
dégagement  d'hydrogÚne  sulfuré. 

))  —  L'extrait  aqueux  de  levure  a  Ă©tĂ©  portĂ©  Ă   TĂ©bullition  en  prĂ©sence 
de  soufre  :  il  a  donné,  immédiatement,  un  abondant  dégagement  d'hydro- 
gÚne sulfuré,  à  chaud;  mais,  aprÚs  refroidissement,  le  vase  a  été  purgé  de 
toute  trace  de  ce  gaz  par  barbotage  d'acide  carbonique,  et  abandonné 
pendant  12  heures  à  la  température  du  laboratoire  :  il  n'a  dégagé  aucune 
trace  d'hydrogÚne  sulfuré. 

»  D'autre  part,  de  l'extrait  aqueux  de  levure,  trÚs  actif,  a  été  abandonné, 
en  présence  de  bisulfite  de  soude  :  il  a  dégagé,  au  bout  d'un  certain  temps, 
de  l'hydrogÚne  sulfuré,  de  façon  notable 

»  De  ces  expériences,  et  de  quelques  autres,  il  paraßt  permis  de  con- 
clure que  la  production  d'hyth'ogÚne  sulfuré  en  abondance  et  sans  limite, 
par  les  extraits  d'organes,  et  en  particulier  par  l'extrait  de  levure,  est  bien 
due  à  un  phénomÚne  de  nature  diastasique » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  rĂ©sorption  phagocylaire  des  produits  gĂ©nitaux  inutilisĂ©s, 
chez  /'Echinocardium  cordatum  Penn.  Note  de  MM.  Maurice  Caullery 
et  Michel  Siedlecki,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Dans  des  recherches  déjà  assez  anciennes  ('),  M.  Giard  a  reconnu 
les  profondes  transformations  que  subissent,  en  dehors  de  la  période  de 
reproduction,  les  glandes  génitales  de  certains  Echinodermes  et  en  \)Ar\.\- 
calier  de  V Echinocardium  cordatum  Pennani,  Oursin  SpatangoĂŻde  abondant 
dans  le  sable  de  la  plupart  de  nos  plages.  Ces  glandes,  aprĂšs  l'Ă©poque  de 
la  ponte  (juin-juillet,  dans  la  Manche)  diminuent  de  volume,  prennent  une 
teinte  foncée  et  renferment,  au  lieu  de  cellules  génitales,  de  grands 
éléments  sphériques  vacuolaires.  De  plus,  avec  l'approche  de  l'hiver,  se 
produisent  de  nombreux  cristaux.  Sur  les  indications  de  M.  Giard,  nous 
venons  de  reprendre  l'étude  de  ces  phénomÚnes,  pour  laquelle  on  dispose 
maintenant  de  ressources  techniques  bien  plus  grandes. 


(  ')  Sur  une  fonction  nouvelle  desglandes  génitales  des  Oursins  {Comptes  rendus  , 
t.  LXXXV,  5  novembre  1877). 


SÉANCE  DU  28  SEPTEMBRE  igo3.  497 

»  Nos  observations  sont  limitées  jusqu'ici  à  l'éiuile  des  glandes  génitales  de  VEchino- 
cardium,  à  l'époque  présente  de  l'année  {septembre). 

»  11  est  facile  de  constater,  in  vico,  les  principaux  faits  énoncés  par  M.  Giard  : 
réduction  de  volume  et  changement  de  couleur  des  glandes,  présence  des  cristaux  et 
des  éléments  vésiculeux.  Ceux-ci  sont  sphériques  et  mesurent  de  3bV-  à  ^o^  de  dia- 
mÚtre; leur  protoplasme,  concentré  à  la  périphérie,  enclave  un  grand  nombre  de 
petites  sphérules  assez  réfringentes,  mesurant  environ  2^'-  et  réparties  sur  un  hémi- 
sphĂšre; au  milieu  d'elles,  on  observe  souvent  un  ou  deux  amas  de  pigment  jaune  bru- 
nĂątre (c'est  ce  pigment  qui,  par  son  abondance  plus  ou  moins  grande,  donne  la  teinte 
générale  à  la  glande);  la  vacuole  centrale  hyaline  occupe  piesque  tout  le  volume  de 
l'élément. 

»  Considérons  successivement  les  raàles  et  les  femelles. 

»  A.  MĂąles.  —  In  vivo,  on  constate,  sur  des  dilacĂ©rations,  outre  les  Ă©lĂ©ments  prĂ©- 
cédents, de  petits  corps  coniques,  isolés  ou  en  paquets.  Ce  sont  des  tÚtes  de  spermato- 
zoĂŻdes. Mais  nous  n'avons  vu  aucun  spermatozoĂŻile  intact  et  mobile.  Passons  maintenant 
à  l'examen  des  matériaux  fixés  et  colorés  (coupes  et  dilacérations).  Nous  constatons 
d'abord  que  les  éléments  vésiculeux  sont  unicellulaires.  Chacun  renferme  un  noj'au 
unique,  périphérique;  le  contenu  de  la  grande  vacuole  ne  se  teint  pas;  les  sphérules 
décrites  plus  haut  prennent  une  teinte  brune  par  l'acide  osmique  et  ne  retiennent  pas 
les  colorants;  certaines  d'entre  elles  offrent,  à  leur  intérieur,  de  petites  vacuoles.  Au 
milieu  de  ces  sphĂ©rules  on  trouve  :  1°  des  tĂȘtes  de  spermatozoĂŻdes  agglutinĂ©es  ou 
isolées;  2°  tous  les  stades  de  dégénérescence  de  ces  spermatozoïdes  et  de  leur  trans- 
formation en  sphérules.  Autour  du  spermatozoïde  il  apparaßt  d'abord  une  gaine  de  la 
substance  brune  formant  bientÎt  une  sphérule  ;  puis  le  spermatozoïde  se  recourbe  par 
son  extrémité  effilée,  prend  une  forme  en  croissant,  devient  une  petite  sphÚre  qui  se 
colore  massivement  par  la  safranine  ou  l'hématoxjline  et  enfin  se  dissout  graduellement 
dans  la  sphĂ©rule  qu'il  a  produite.  Les  mĂȘmes  processus  peuvent  affecter  un  groupe 
de  spermatozoïdes  agglutinés. 

»  De  tout  cela  ressort  que  les  cellules  vésiculeuses,  qui  maintenant  forment  la  masse 
de  la  glande,  sont  des  phagocytes,  bien  individualisés,  ayant  absorbé  chacun  un  grand 
nombre  de  spermatozoïdes;  la  digestion  de  ces  spermatozoïdes  produit  les  sphérules 
qui  finalement  se  dissolvent  pour  constituer  le  liquide  de  la  vacuole  centrale,  en  lais- 
sant, comme  résidu,  du  pigment  jaune  brunùtre. 

»  Les  coupes  montrent  la  disposition  respective  des  phagocytes,  pressés  les  uns 
contre  les  autres,  sans  tissu  interposé;  contre  l'épithélium  pariétal  on  voit  des  cellules 
spéciales  que  nous  regardons  comme  des  spermalogonies  régénérant  ultérieurement 
la  glande.  Les  coupes  montrent  aussi  que  tous  les  spermatozoĂŻdes  reconnaissables 
sont  à  l'intérieur  des  phagocytes.  Donc,  tous  les  produits  génitaux  restant  dans  le 
testicule,  à  la  fin  de  la  période  de  ponte,  sont  phagocytés. 

»  B.  Femelles.  —  Les  ovaires  offrent  un  tableau  tout  Ă   fait  semblable.  In  vico,  on 
y  constate  :  a.  des  cellules  vésiculeuses  analogues  à  celles  de  la  description  précédente 
et,  en  outre,  b.  de  petits  ovules  d'apparence  normale;  c.  des  ovules  réduits  à  la  vési- 
cule germinalive  plus  ou  moins  hypertrophiée  avec  nucléole  souvent  trÚs  gros  et  aune 

C.  R.,   1903,  2"  Semestre.   (T.  CXXXVII,  N°  13.)  66 


4^8  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

mince  couche  protoplasmique;  d.  de  nombreux  corps  sphériques  ayant  jusqu'à  aSl^ 
de  diamÚtre,  formés  d'une  substance  compacte  et  finement  granuleuse.  A  ces  carac- 
tÚres on  distinguera  immédiatement  les  femelles  des  mùles.  Sur  les  matériaux  fixés  et 
colorés,  coupes  ou  dilacérations,  on  reconnaßt  d'abord  que  les  cellules  vésiculeuses 
sont  des  phagocytes  digérant  des  fragments  d'ovules  (corps  sphériques  rf  ci-dessus). 
Les  coupes  montrent  la  structure  générale  des  acini  ;  a.  une  paroi  épithéliale  sou- 
tenue par  de  nombreuses  fibres  musculaires  ;  p.  au  contact  de  la  paroi,  se  trouve  encore 
une  couche  Ă   peu  prĂšs  continue  d'ovules,  plus  ou  moins  petits,  paraissant  normaux, 
par  l'aspect  du  noyauel  la  colorabilité  du  protoplasme;  y.  immédiatement  au-dessous, 
vient  une  zone  oĂč  les  ovules  sont  plus  ou  moins  morcelĂ©s  en  fragments  sphĂ©riques 
(conf.  d  ci-dessus),  entre  lesquels  on  aperçoit  des  noyaux  et  un  protoplasme  appar- 
tenant évidemment  à  des  phagocytes.  Les  noyaux  des  ovules  restent  sphériques,  ont 
une  tendance  à  s'hypertrophier  ;  le  réseau  chromatique  gonfle  d'abord  puis  disparaßt 
peu  à  peu;  le  nucléole  grandit  aussi,  puis  se  fragmente,  o.  Enfin,  intérieurement  à 
cette  zone,  on  trouve  les  phagocytes  vésiculeux,  dont  les  plus  périphériques  ren- 
ferment des  fragments  d'ovules  bien  reconnaissables.  Ces  inclusions  se  fragmentent 
jusqu'à  avoir  la  taille  des  petites  sphérules  que  nous  avons  décrites  plus  haut.  Les 
colorations  à  la  safranine  et  surtout  à  l'hématoxyline  ferrique  présentent  toutes  les 
transitions  depuis  le  protoplasme  normal  des  ovules  jusqu'à  la  teinte  brune  des  sphé- 
rules sous  l'action  du  liquide  de  Flemming. 

»  Donc,  chez  les  femelles  aussi,  il  y  a  phagocytose  totale  des  éléments  sexuels  non 
Ă©vacuĂ©s  et  les  produits  terminaux  de  cette  digestion  sont  les  mĂȘmes  que  chez  les  mĂąles, 
malgré  la  différence  des  matériaux  initiaux. 

»  Si  l'on  rapproche  les  résultats  précédents  obtenus  dans  les  deux 
sexes,  on  constate  un  parallélisme  complet  et  le  fait  dominant  est  la  phago- 
cytose totale  des  éléments  sexuels  différenciés,  restant  dans  les  glandes  géni- 
tales aprÚs  In  période  de  ponte.  On  remarquera  qu'il  ne  se  forme  pas  de 
graisse.  Nous  n'avons  pas  pu,  dans  l'état  actuel  des  tissus,  résoudre  deux 
questions  qui  se  posent  partout  oĂč  il  y  a  phagocytose  :  i"  l'origine  et  la 
nature  des  phagocytes  ;  2"  le  moment  exact  de  leur  intervention. 

»  Dans  de  nombreux  groupes  du  rÚgne  animal,  on  a  déjà  constaté  l'inter- 
vention de  la  phagocytose  pour  amener  la  résorption  des  produits  sexuels 
inutilisés;  mais  l'intensité  de  ces  phénomÚnes,  chez  VEchinocardium  cor- 
datum,  fait  de  cet  animal  un  exemple  trĂšs  favorable  Ă   leur  Ă©tude  et,  d'une 
façon  générale,  à  celle  des  échanges  entre  la  glande  génitale  et  le  reste  de 
l'organisme.  Nous  comptons  les  suivre  aux  diverses  phases  de  leur  cycle 
annuel.    » 


SÉANCE    DU    28    SEPTEMBRE    igo3.  49g 


BOTANIQUE.  —  Sur  la  formation  de  l'Ɠuf  et  la  multiplicalion  d'une  anti- 
pode dam  les  Joncées.  Note  de  M.  Maucellin  Laurent,  présentée  par 
M.  Gaston  Bonnier. 

«  Différents  auteurs  ont  étudié  l'anatomie  générale  des  Joncées,  ainsi 
que  leur  systÚme  floral;  mais  on  a  en  grande  partie  négligé  l'embryogénie 
et  c'est  cette  lacune  que  je  me  suis  proposé  de  combler  dans  les  deux  genres 
Juncus  et  Luzula.  Je  vais  exposer  aujourd'hui  la  formation  de  l'Ɠuf  et  d'un 
tissu  ïintipodial  particulier,  qui  laisse  son  empreinte  dans  la  graine  mûre. 

»  Le  sac  embryonnaire  des  Joncées  ne  présente  rien  de  particulier  et  les  huit  noyaux 
se  disposent  normalement  :  l'oosphÚre  placée  entre  les  deux  synergides  renferme  un 
noyau  avec  un  volumineux  nucléole  trÚs  chromatiques:  les  synergides  toujours  plus 
réduites  se  colorent  faiblement  et  disparaissent  de  bonne  heure,  avant  la  fécondation. 
J'ai  toujours  observé  les  deux  noyaux  polaires  séparés  ou  contigus  vers  le  milieu  du 
sac;  malgré  un  grand  nombre  de  coupes,  je  n'ai  pu  constater  leur  fusion.  Les  trois 
antipodes,  d'abord  semblables,  sont  disposĂ©es  cote  Ă   cĂŽte  sur  un  mĂȘme  plan,  parfois 
deux  en  avant  et  une  en  arriÚre,  celle  du  milieLi.  Toujours  sphériques  dans  le  genre 
Jiuicus,  elles  peuvent  s'allonger  plus  ou  moins  dans  le  genre  ZM3<</a  suivant  les  dimen- 
sions de  l'ovule  :  si  celui-ci  est  resserré  dans  ro\aire,  le  sac  est  en  eil'et  plus  étroit  et 
les  antipodes  sont  ovoïdes.  A  l'approche  de  la  fécondation,  l'antipode  médiane  devient 
proéminente,  s'avance  vers  l'intérieur  comme  l'oosphÚre  et  se  colore  plus  fortement  que 
les  deux  antipodes  latérales  restées  plus  petites.  Les  deux  triades  supérieures  el  infé- 
rieures sont  ainsi  disposĂ©es  de  la  mĂȘme  façon. 

»  Au  sujet  de  la  pollinisation  et  de  la  fécondation,  j'ai  cherché  à  suivre  la  germina- 
tion des  tétrades  polliniques  :  elles  ne  germent  en  chambre  humide  ni  dans  l'eau  pure, 
ni  dans  les  différents  liquides  sucrés  que  j'ai  essayés;  bourrées  d'amidon,  elles  n'ont 
pas  de  pouvoir  osniotique  sensible  et  restent  indifférentes;  elles  germent  fort  bien 
dans  l'eau  en  présence  du  stigmate  et  les  tubes  polliniques  trÚs  fins  atteignent 
environ  2ℱ'°.  La  fĂ©condation  est  directe  dans  certains  Juncus  et  en  particulier  dans 
/.  bufonius  dont  les  fleurs  sont  toujours  cléislogames  ;  les  trois  branches  du  stigmate 
se  recourbent  jusqu'au  sommet  des  anthĂšres  qui  s'ouvrent  par  un  pore  terminal;  mais 
il  n'en  est  pas  partout  ainsi,  et  dans  le  genre  Luzula  il  y  a  toujours  protandrie. 

»  Dans  tous  les  cas,  plusieurs  tubes  polliniqui'S  s'engagent  dans  la  partie  mucila- 
gineuse  de  l'Ă©piderme  externe,  particuliĂšrement  abondant  dans  les  Luzules;  puis,  Ă  
leur  sortie  du  micropyle,  dans  l'assise  épilhéliaie  du  pucelle,  et  enfin,  l'un  d'eux  tra- 
verse la  calotte  formée  de  deux  ou  trois  assises  de  cellules  et  arrive  au  contact  de 
l'oosphÚre  qu'il  contourne  quelquefois;  son  extrémité  se  colore  fortement  par  l'héma- 
toxyline,  mais  sans  prendre  l'aspect  brillant  des  noyaux  du  sac  embryonnaire.  Il  en 
est  ainsi  de  l'anthérozoïde,  en  forme  d'arc,  que  j'ai  toujours  observé  aux  cÎtés  de 
l'oosphÚre;  à  ce  moment,  il  n'y  a  pas  trace  des  deux  synergides.  AprÚs  la  fécondation, 


300  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

l'Ɠuf  se  renfle  vers  l'intĂ©rieur  oĂč  se  porte  le  noyau,  tandis  que  son  autre  extrĂ©mitĂ©  se- 
remplit  de  vacuoles. 

»  Au  pÎle  opposé  du  sac  embryonnaire,  les  trois  antipodes  existent  encore,  mais  les 
deux  latérales  en  voie  de  régression  ne  lardent  pas  à  disparaßtre.  L'antipode  médiane, 
au  contraire,  a  grandi  considérablement;  son  noyau  s'est  divisé  en  plusieurs  autres 
(trois  ou  quatre)  de  taille  inégale;  ces  nouveaux  noyaux  se  multiplient  à  leur  tour  et 
se  portent  sur  le  pourtour  de  l'antipode  de  plus  en  plus  volumineuse;  le  protoplasme 
forme  à  sa  surface  une  gaine  trÚs  chromatique  dans  laquelle  se  disséminent  les  noyaux; 
il  ne  se  produit  pas  de  membrane,  et  l'antipode  mÚre  en  était  également  dépourvue, 
puisque  c'est  à  sa  périphérie  de  plus  en  plus  grande  que  se  répandent  les  énergides. 
Les  premiers  noyaux  de  l'albumen  viennent  au  contact  de  la  masse  ainsi  formée;  elle 
disparaßt  lentement  à  mesure  que  l'albumen  se  développe,  et  elle  fonctionne  ainsi 
comme  un  second  endosperme  absorbé  par  le  premier.  Mais  la  place  qu'elle  occupait 
reste  vide,  entourée  par  un  tissu  membraneux  que  l'on  retrouve  dans  la  graine  mûre 
et  qui  sépare  la  graine  en  deux  moitiés  :  d'un  cÎté,  l'embryon  et  l'albumen  ;  de  l'autre, 
le  nucelle  persistant  au-dessous  de  la  chalaze.  AprÚs  avoir  joué  un  rÎle  d'absorption, 
la  masse  anlipodiale  semble  remplir  mainleiiani  un  rĂŽle  protecteur  en  empĂȘchant  la 
digestion  du  nucelle  par  l'albumen.   » 


Physiologie  vĂ©gĂ©tale.  —  Variation  morphologique  des  feuilles  de  Vigne 
à  la  suite  du  greffage.  Note  de  M.  A.  Jurie,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

«  A  deux  reprises,  en  1901  ('),  j'ai  signalé  diverses  variations  produites 
par  le  greffage  mixte  dans  la  Vigne,  concernant  le  sexe,  la  résistance  phyl- 
loxérique,  la  précocité,  etc.  Cette  année,  j'ai  obtenu  des  modifications 
assez  accentuées  dans  la  nature  morphologique  de  la  feuille  de  certaines 
Vignes,  à  la  suite  de  leur  greffage  sur  divers  sujets  américains.  C'est  ainsi 
que  l'angle  des  nervures,  la  forme  générale  de  la  feuille  et  les  accidents  de 
la  surface  ont  varié  d'une  façon  trÚs  sensible. 

»  1°  Angles  des  nervures.  —Dans  ma  premiĂšre  sĂ©rie  d'expĂ©riences,  commencĂ©es 
en  1900,  j'ai  grelTĂ©  le  SĂ©millon  du  Bordelais  sur  Rupestris  du  Lot. 

1)  On  sait  que  les  feuilles  de  ces  deux  Vignes  sont  trĂšs  distincte's  par  les  angles  des 
nervures  médiane,  primaire  et  secondaire,  comme  par  la  villosité  relative  des  faces 
inférieures. 

»  Dans  le  Sémillon,  la  somme  des  angles  est  de   110°,   alors   que  dans  le  Rupestris 


(‱)  A.  Jurie,  5m/-  un  cas  de  dĂ©terminisme  sexuel  produit  par  la  .greffe  mixte 
{Comptes  rendus,  2  septembre  1901).  —  Un  nouveau  cas  de  variation  de  la  Vigne 
à  la  suite  du  greffage  mixte  (  Comptes  rendus,  iZ  décembre  1901). 


SÉANCE    DU    28    SEPTEMBRE    cgoS.  5ol 

du  Lot  elle  est  seulement  de  71°  environ;  en   outre,   le   premier  a   des   feuilles  velues 
tandis  que  le  second  a  des  feuilles  glabres. 

»  J'ai  remarqué  dans  ces  essais  que  les  greffons  avaient  fréquemment  des  feuilles 
dont  les  angles  des  nervures  avaient  varié  plus  ou  moins  et  présentaient  une  valeur 
totale  moyenne  de  90°  environ,  c'est-à-dire  assez  sensiblement  intermédiaire  entre  la 
somme  des  angles  des  feuilles  du  sujet  et  celle  des  angles  du  greffon.  De  plus,  le  sinus 
pétiolaire,  trÚs  ouvert  dans  les  feuilles  du  Rnpeslris  et  presque  fermé  dans  celles  du 
Sémillon,  était  aussi  nettement  intermédiaire  comme  ouverture  dans  les  feuilles 
modifiées  des  greffons. 

»  Une  deuxiÚme  série  d'expériences,  commencées  en  1902,  est  non  moins  caracté- 
ristique. Le  Limberger,  cépage  d'Autriche-Hongrie,  a  été  greffé  sur  Colorado,  toujours 
comparativement  avec  des  témoins.  La  somme  des  angles  du  premier  est  de  108° 
quand  celle  du  second  est  de  90°  seulement;  les  feuilles  des  greffons  ont  présenté  des 
angles  dont  la  somme  n'est  plus  que  de  92°,  c'est-à-dire  au  voisinage  de  la  caracté- 
ristique du  sujet.  Les  sinus  pétiolaires  présentaient  des  ouvertures  sensiblement  inter- 
médiaires entre  celles  des  types  greffés. 

»  Or,  l'on  sait  que  ces  sommes  des  angles  ainsi  formés  par  les  nervures  médiane, 
primaire  et  secondaire,  ont  été  considérées  par  M.  liavaz  comme  des  caractÚres  de  tout 
premier  ordre  pour  la  dĂ©termination  des  variĂ©tĂ©s  amĂ©ricaines.  Peut-ĂȘtre  la  fixitĂ©  de 
ces  caractĂšres  n'est-elle  pas  aussi  absolue  que  l'admet  cet  auteur;  quoi  qu'il  en  soit,  si 
la  somme  des  angles  considérés  est  quelquefois  variable  dans  les  Vignes  franches  de 
pied,  il  est  incontestable  qu'elle  varie  beaucoup  plus  aprĂšs  greffage  et  que  la  variation 
observée  est  nettement  spécifique,  c'est-à-dire  que  le  sujet  imprime  plus  ou  moins  ses 
caractĂšres  propres  Ă   la  feuille  du  greffon. 

»  2°  Forme  gĂ©nĂ©rale.  —  J'ai  greffĂ©  en  1899  le  Limberger  sur  ioi-i4  Millardet 
=:Biparia-Bi/pestri.i.  La  feuille  du  Limberger  est  normalement  semblable  au  type 
gĂ©nĂ©ral  du  J'ilis  vĂčiĂŻfera.  De  mĂȘme  le  Riparia  Rupestris  prĂ©sente  une  forme  bien 
connue  et  caractéristique  bien  différente  du  type  Vinifera,  par  ses  trois  lobes  pointus, 
dont  le  médian  est  particuliÚrement  allongé.  Les  greffons  du  Limberger  sur  ioi-i4 
ont  pris  une  forme  sensiblement  intermédiaire  sous  le  rapport  des  lobes  entre  les  feuilles 
des  types  associés. 

»  3°  Accidenls  de  la  surface.  —  Dans  les  greffes  dĂ©jĂ   dĂ©crites  de  SĂ©millon  sur 
Rupestris  du  Lot,  j'ai  remarqué  que  non  seulement  la  somme  des  angles  avait  varié, 
mais  que  les  feuilles  des  greffons  avaient  perdu,  en  partie,  leur  tomentum  sous  l'in- 
fluence du.sujet  glabre.  Mais  cette  variation  a  été  plus  sensible  encore  dans  des  greffes 
de  Furmint,  cépage  hongrois,  sur  Rupestris  Martin,  effectuées  il  y  a  une  dizaine 
d'années.  Le  Furmint  présente  un  tomentum  trÚs  accentué,  alors  que  le  Rupestris 
Martin  est  glabre.  Tous  les  Furmint  greffés,  au  nombre  d'une  douzaine,  possÚdent 
aujourd'.hui  des  feuilles  presque  glabres. 

■»  En  rĂ©sumĂ©,  le.s  exemples  que  je  viens  de  citer  montrent  la  grande 
variabilité  de  certains  caractÚres  morphologiques  de  la  feuille  de  la  Vigne 
sous  l'influence  du  greffage. 

»  Ils  prouvent  nettement  que  cette  influence  est  spécifique  et  réalise,  à 


5o2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

des  degrés  divers,  une  sorte  d'hybridation  asexuelle  entre  les  deux  plantes 
associées.  Ils  justifient,  une  fois  de  plus,  la  théorie  de  M.  Lucien  Daniel 
sur  la  variation  dans  la  greffe.  » 

GÉOLOGIE.  —  Sur  les  relations  de  structure  des  Alpes  françaises  avec  les  Alpes 
suisses.  Note  de  M.  Kiliax,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

«  La  structure  de  la  portion  des  Alpes  comprises  entre  l'Arve  et  le  Rhin 
est  actuellement,  grĂące  aux  beaux  travaux  de  synthĂšse  de  M.  Maurice  Lu- 
geon,  expliquée  d'une  façon  qui  semble  définitive,  au  moins  dans  ses  grands 
traits. 

»  Il  est  intéressant  de  rechercher  si  les  grands  accidents  (plis  à  racines 
externes  et  plis  à  racines  internes),  signalés  par  notre  éminent  confrÚre 
suisse,  se  continuent  dans  les  Alpes  françaises  et  comment  ils  s'y  com- 
portent. Les  lignes  qui  suivent  résument  les  résultats  auxquels  nous  ont 
conduit  une  étude  attentive  de  la  question  et  jirÚs  de  vingt  années  d'explo- 
rations sur  le  terrain  ainsi  que  la  lecture  des  travaux  si  lemarquables  de 
nos  collÚgues  de  la  Carte  géologique  de  France. 

»  I.  Les  plis  dits  autochtones,  c'esL-à-dire  non  charriés  de  M.  Lugeon, 
prennent  en  France  un  grand  développement  du  cÎté  externe  de  la  chaßne 
alpine.  Ils  comprennent  la  plus  grande  partie  des  chaĂźnes  subalpines  de  la 
Savoie  et  du  Dauphiné  avec  leurs  plis-failles  (Chartreuse,  Vercors),  leurs 
plis  hésitants  ('),  déversés  tantÎt  vers  l'ouest,  tantÎt  vers  l'est  dans  le  Ver- 
cors  et  dont  l'enracinement  est  clairement  prouvé  tant  par  la  continuité  de 
faciÚs  qui  relie  les  sédiments  de  ces  chaßnes  avec  ceux  des  régions  extra- 
alpines avoisinantes,  que  par  la  nature  des  dépÎts  détritiques  de  l'époque 
tertiaire  qui  s'y  rencontrent.  Cette  zone  exempte  de  grands  charriages  se 
poursuit  par  le  Diois,  les  Baronnies,  Moustiers-Sainte-Marie,  jusqu'au 
nord-ouest  de  Grasse  et  de  Nice,  oĂč  elle  prend,  dans  ce  qu'on'a  rĂ©cem- 
ment appelé  les  Préalpes  maritimes,  une  structure  particuliÚre  caractérisée 
par  la  fréquence  des  plis-failles  déjetés  vers  le  sud. 

»  I  bis.  A  cette  zone  de  chaßnes  en  place  il  convient  de  rattacher  les 
massifs  cristallins  des  Aiguilles-Rouges,  de  Belledonne,  de  la  Mure,  dont 
la  disparition  au  sud  de  la  Mure  coĂŻncide  avec  l'apparition  d'une  ligne  de 
chevauchement  séparant  le  Beauchaßne  du  Diois  (M.  Paquier). 


(')  Celte  heureuse  expression  est  due  Ă   M.  Terniier. 


SÉANCE  DU  aS  SEPTEMBRE  igoS.  5o3 

»  II.  Si  nous  essayons  de  suivre,  en  France,  les  nappes  (plis)  à  racines 
externes  de  M.  Lugeon,  nous  arrivons  aux  conclusions  suivantes  : 

»  a.  Un  premier  faisceau  {plis  de  Mordes,  Diablerets,  etc.)  a  sa  continuaiion, 
ainsi  que  l'ont  excellemment  fait  voir  MAI.  M.  Bertrand,  Ritler  et  M.  Lugeon  lui- 
mĂȘme,  dans  l'extrĂ©mitĂ©  sud  du  massif  du  mont  Blanc  et  le  mont  Jolj;  ces  plis  ont  Ă©tĂ© 
charriés  par-dessus,  la  zone  de  Belledonne  au  nord  d'Albertville.  Leur  continuation 
mĂ©ridionale  comprend  la  zone  isoclinale  de  Petit-CƓur,  col  de  la  Madeleine,  avec  les 
noyaux  cristallins  de  Rocheray,  des  Grandes-Rousses  et  du  Pelvoux  qui  paraissent  en 
mains  endroits  n'ĂȘtre  que  les  racines  de  plis  couchĂ©s  vers  l'ouest  et  enlevĂ©s  par  l'Ă©ro- 
sion. A  ce  faisceau  appartient  trÚs  probablement  aussi  la  région  à  structure  imbri- 
quée (')  connue  sous  le  nom  de  zone  du  Gapençais,  en  partie  chevauchée  (Erabru- 
nais)  par  les  plis  du  faisceau  suivant  et  qui.  comprenant  l'aire  synclinale  de  la 
Haute-Bléone  et  du  Ilaut-Var,  s'infléchit  au  sud-est  vers  le   massif  du  Mercantour. 

»  b.  Un  deuxiÚme  faisceau,  comprenant  les  nappes  glaronnaises  de  M.  Lugeon,  a 
ses  racines  au  sud-est  du  mont  Blanc,  dans  le  val  Ferret,  et  se  poursuit  en  France  par 
la  bande  isoclinale  desChapieux-Cormet  d'ArÚches-Moûtiers  que  continue  indiscutable- 
ment la  zone  des  Aiguilles  d'Arves  ou  zone  du  Flysch.  Représentée  entre  le  col  de  la 
Seigne  et  le  Lautaret  par  un  simple  faisceau  isoclinal  (racine  possible  de  plis  couchés, 
disparus?)  celte  bande  présente  au  sud  du  PeU'oux  de  grandioses  phénomÚnes  de 
charriage  c\m  atteignent  leur  maximum  d'intensité  dans  l'Embrunais  (E.  Haug)  et 
dansl'Ubaye  (W.  Kilian  et  E.  Haug)  et  recouvrent  en  partie  le  faisceau  «;  elle  passe 
ensuite  Ă   l'est  du  Mercantour  oĂč  elle  reprend  la  structure  imbriquĂ©e  isoclinale  (col  de 
Tende). 

»  c.  Un  troisiÚme  faisceau,  celui  qui  a  fourni  ]eA  Préalpes  internes  de.  M.  Luo^eon, 
passe  en  France  dans  le  voisinage  du  Petit  Saint-Bernard  :  il  comprend  le  flanc  ouest 
de  Yéventail  houiller  de  la  zone  du  Briançonnais,  plis  du  versant  ouest  du  mont  Jovet, 
de  Salins-Mouliers,  des  Encombres,  du  grand  Gaiibler,  tous  isoclinaux  et  souvent  im- 
briquées, puis  au  sud  de  laGuisane  présente  les  nappes  empilées  et  rep lovées  éliidiées 
par  M.  Termier,  et  celles  que  nous  avons  décrites  prÚs  de  Guilleslre  et  d'Escrelns;  la 
structure  isoclinale  simple  réapparaßt  ensuite  dans  les  chaßnes  situées  au  nord-est  de 
Meyronnes  et  de  Larche. 

»  C'est  Ă   ce  faisceau,  ou  mĂȘme  au  prĂ©cĂ©dent,  qu'il  convient  d'attribuer  les  lambeaux 
de  recouvrement  de  Sulens  et  des  Annes  en  Haute-Savoie,  rattachés  par  M.  Lu^^eon  à 
des  plis  plus  intérieurs. 

»  m.  Les  plis  à  racines  externes  sont  séparés  en  Suisse  des  nappes  à 
racines  internes,  par  un  systĂšme  de  grands  plis  couches  affectant  notamment 
les  schistes  lustrés  du  Siinplon.  La  continuation  de  ces  plis,  en  France, 
passerait  Ă   l'est  de  la  zone  houillĂšre,  dans  une  rĂ©gion  oĂč  les  accidents  sont 
actuellement  (probablement  par  suite   d'un  phénomÚne  postérieur  à  la 


(')  DĂ©crite  par  M.  E.  Haug. 


5o4  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

smction  alpine)  ('  )  déversés  vers  l'est.  On  doit,  selon  nous,  leur  rattacher 
les  schistef  plissés  du  sommet  du  moût  Jovet  et  la  quatneme  ecadle  decr.te 
par  M.  Termier  dans  le  Briançonuais,  qui  ont  leur  origine  dans  la  bordure 
occidentale  de  la  bande  des  schistes  lustrés. 

.  IV  Quant  aux  nappes  Ă   racines  internes  de  M.  Lugeon,  toutes  issues 
d'une  zone  situé  au  sud,  au  sud-est  et  à  l'est  de  la  zone  des  schistes  lustres. 
rien  dans  l'Ă©tat  actuel  de  nos  connaissances,  n  autorise  Ă   supposer  qu  elles 
aient  existé  dans  les  Alpes  françaises,  .'.ont  toutes  les  masses  charriées 
signalées  jusqu'à  ce  jour  (Sulens,  Annes,  Ubaye,  Embrunais,  Bnanconnais) 
appartiennent,  ainsi  que  nous  venons  de  le  montrer,  aux  fa.sceaux  des 
plis  à  racines  externes  si  nettement  définis  en  Suisse  par  M.  Lugeon. 

>,  Nous  croyons  donc,  avec  M.  Lugeon,  que  les  Alpes  françaises  ne 
possÚdent  plus  que  des  témoins  isolés  de  l'ancien  manteau  de  nappes 
charriées  (pUs  couchés)  qui  les  recouvrait,  mais  il  semble  bien,  d  aprÚs 
certains  indices,  que  ce  manteau  n'y  possédait  ni  la  complexité,  m  l  im- 
portance qu'd  atteignait  dans  les  Alpes  suisses  et  surtout  a  1  est  du  Kliui.  .. 

M.  René  de  Saussure  adresse  une  Note  intitulée  :  «  HypothÚse  sur  la 
nature  de  la  force  » . 

M.  EugÚne  Mes.vaud  adresse  une  Note  intitulée  :  «  Flotteurs  à  fil  conduc- 
teur, pour  la  Marine  »  : 

J^e  flotteur  Ă  /il  conducteurs  pour  h.t,  d'une  part,  d  indiquer  la  position 

de  l-épave  d'un  navire  supposé  perdu  corps  et  biens  ;  d'autre  part,  d  aug- 
menter les  chances  de  sauvetage  de  cette  Ă©pave. 

La  séance  est  levée  à  3  heures  trois  quarts. 

M.  B. 


(i)  Plissement  en  retour  ou  Riickfailun^  (Heim)- 


On  souscrit  Ă   Paris,  chez  GAUTllIER-VILLARS, 
Quai  des  Grar.<l-Aii^ustins,  n"  55. 
is  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  réenliprr>n  ,.,  ,  i.  n-         a     h    r 


/-e  prix  de  l'abonnement  eu  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 
Paris  :  30  fr.  —  Dcparleraents  :  ^0  fr.  —  Union  postale  :  44  fr. 


-~ -V!?»^; 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


chez  Messieurs  : 
Ferran  frĂšres. 

1  Chaix.      . 

( Jourdan. 

f  Ruff. 

Courtin-Hecquet. 

1  Germain  et  Grassin 

(  Gastineau. 

JĂ©rĂŽme. 

RĂ©gnier. 

,   Feret. 
I  Laurens. 

I  Muller  (G.). 
Renaud. 

iDerrien. 
F.  Robert. 
Obiin. 
Uzel  frĂšres. 

Jouan. 

" Perrin. 

I  Henrj. 
(  Margueric. 

err...  jJ"""'- 
(  Bouj. 

.  Nourry. 

Ralel.    ■ 

(  Rey. 

(  Lauverjat 
!  Degez. 
l  Drevet. 
(  Gratier  et  C'v 
'le Foucher. 

)  Bourdignon. 
I  Dombre. 
j  Thorez. 
(  Quarré. 


chez  Messieurs 

Lorient (Baumal. 

f  M"*  Texier. 


Lyon. 


Bernoux  et  Cumjn 
Georg. 


Vontpetlier. . 


<  EfTantin. 
Savy. 
Ville, 
Idarseilie ..     RuĂąt. 

Val  a  t. 

Goulet  et  fils. 
Moulins Martial  Place. 

/  Jacques. 
Nancy !  Grosjean-Maupin. 

'  Sidot  frĂšres. 

(  Guist'hau. 

f  Veloppé. 

1  Barma. 

I  Appy. 

yimes Thibaud. 

Orléans    Loddé. 

(  Blancbier. 

)  LĂ©vrier. 

Hennés .  .      Plihon  et  Hervé. 

Hocheforl Girard  (  M"-  ) 

„  (  Langlois. 

Rouen " 

(  Lestringant. 

S'-Elienne Chevalier. 

\  Ponleil-Burles. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam. 


MkĂšnes. . . 
LSarcelone.. 


Vailles  . 
Nice 


Poitiers... 


Berlin. 


Berne  . . . 
Bologne. 


Bi  uxelles.. 


Toulon.  . . 
Toulouse.. 


{  RuinĂšbe. 
)  Gimet. 


{  PrivĂąt. 
I  Boisselier. 

Tours .'....  ]  PĂ©ricat. 

(  Suppligeon. 

Valenciennes , 

(  Lemaltre. 


Buckarest.  .  . 


Budapest 

Cambridge.  ■ 

Christiania 

Constantinople. 
Copenhague .     . 

Florence 

Gand 

GĂšnes 


GenĂšve. . 
La   Haye . 


Lausanne.. 


Leipzig. 


LiĂšge. 


chez  Messieurs  : 
(  Feikema    Caarelsen 
'      et  G'-. 
Beck. 
Verdaguer. 
Asher  et  G". 
Dames. 
',  Friediander   et    fils. 
I  Mayer  et  Muller. 
Schmid  Francise. 
Zanicbeili. 
f  Lamertin. 

Mayolezet  Audiarte. 
(  LebĂšgue  el  G'*. 
(  Sotcbek  el  C°. 
'  Âlcala  V. 
Kilian. 

Deighton,  BelielC». 
Cammerineyer.  | 

Otto  Keil.  [ 

HĂŽst  et  fils. 
Seeber. 
Hoste. 
Beuf. 

Cherbuiiez 

Georg. 

Stapelmolir. 

Bel  in  fan  te   frĂšres. 

Benda. 

Payot  et  O'. 

Barth. 

Broclihaus. 

KƓbler. 

Lorentz. 

Twietmeyer. 

Desoer. 

Gnusé. 


Londres 

Luxembourg . 
Madrid . . . 


Milan . . 
Moscou. 
Naples. 


Netv-rork. 


Odessa ..... 
Oxford.  \ . . . 

Palerme 

Porto 

Prague 

Rio-Janeiro . 


Rome . 


Rotterdam . 
Stockholm.. 


S^-PĂ©tersbourg . 


Turin . 


Varsovie. 
VĂ©rone . . . 


Vienne . 
Ziirich. 


chez  Messieurs  : 
i  Dulau. 
■  ‱  j  Hachette  et  C'v 

'  Nutl. 
.     V.  Ruck. 
/  Ruiz  et  C'v 
1  Romo  y  Fus^el 
)  Capdeville 
'  F.  FĂ©. 

(  Bocca   frÚre» 
■  I  HƓpli. 
‱     Tastevin. 
(  Marghieri  di  Giu» 
(  Pellerano. 
I  Dyrsen  et  PfeifTer. 
.   1  Stecheri. 
'  Lemckeet  liuechi.er 
Rousseau. 
Parker  et  C'v 
Reber. 
.     Magalhaés  ei  M.hiu 
Rivnac. 
Garnier. 
I  Bocca  frĂšres 
(  Loescheret  L". 
Kramers  et  (ils 
Nordiska  Doiztiandel. 
I  Zinserling. 
(  Wolff. 

!  Bocca  frĂšres 
Brero. 
Clausen. 
RosenbergelSellier 
Gebethner  et  Woin. 
Urucker. 
j  Frick. 

i  Gerold  et  C'v 
Meyer  et  Zeller. 


:S  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1"  Ă   31.  —  (3  AoĂ»t  i835  Ă   3i  DĂ©cembre  i85o.)  Volume  in-/,°;  i853.  Pri.K 25  fr. 

Tomes  32  Ă   61.  —  (  i"  Janvier  i83t  Ă   3i  DĂ©eembro  iS()5.)  Volume  in-4°;  1870.  Prix .‱ 25  fr. 

Tomes  62  Ă   91.  —  (  i"''  Janvier  1866  Ă   3i  DĂ©cembre  rSSo.)  Volume  iu-^";  1889.  Pri.v; 25  fr. 

Tomes  92  Ă   121.  —  (1"  Janvier  1881  Ă   3i  DĂ©cembre  i8<)j.)  Volume  in-4";  1900.  Prix. . . . ..... ....  25  fr. 

'LÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES  : 

1"  »i';"'M"w!M''.?v  "'''"u  ‱  P'"°''  "^^  'f  P''>'^''-'',°g'°  ''^^  ^'S''^,^  P,*"-  '^l'^I-  '^-  DEXBE3  et  A.-J.-J.  SOLIER.  -  MĂ©moire  sur  le  Calcul  des  Perturbai. 
■1,  P  h  Ăč  ^  "  '^'''^"°"'«  '"'■  e  'aiceas  et  sut-  le  r<ile  d..  suc  pauorealique  dans  les  phĂ©nomCMies  diyçslifs,  p,irticuliereMienl  dans 
asses,  par  i\I.   Llaude  B3a>i.i.RD.   Volu'iie  in-4«,  avec  3:;   planches;  iS5t3 °  ' 


■  MĂ©n 


hcour,  .1.  ,sV^    .    n,Tf  V                   '  P'',''  ^\  ^-l-y'-''  Beneden.  -  Essa,  d  une  rĂ©ponse  Ă   la  question  de  Prix  proposĂ©e  en  .85o  par  l'ÂcadĂ© 
'aires    .llv„n.'lvXd/f           P°"  '',  "'  '''  '  n^'  ''ℱV'-  "  '^'"''"!f    "'  '^"  ''"    '‱  distribution  des  corps  organisĂ©s  fossiles  ^dans   les   d 
esraloT'  ,  l.v'l'nli^^^^^^                             ~  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  on  simultanée 
■i:s  rapports  qui  existent  entre!  Ă©tat  actuel  du  rĂšgne  organique  et  ses  Ă©tats  antĂ©rieurs  » "   ■     -     -    '         -  -      ■  ■       ‱ 


ons  qu'Ă©prouvent 
la   digestion   des. 

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mie  des  Sciences 
ifférents  terrains 
—  Recberclier  la 
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par  M.  le  Professeur  BiioXN.  In-:!",  avec  7  planches 
^ ^ 

mĂȘme  Librairie  les  MĂ©moires  de  l'AcadĂ©mie  des  Sciences,  ei  les  MĂ©moires  prĂ©sentĂ©s  par  divers  Savants  Ă   l'AcadĂ©mie  des  Sciences 


W  13. 


TABLE   DES  ARTICLES.   (SĂ©ance  du  28  septembre  1903. 


MERIOIRES    ET  COMMUIVICA  l  lOAS 

DES   MKMBIIRS   ET    DES   CORRESPONOANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 
M.  JoANNES  Chatin.   —   Les  myĂ©locytes  du 

bulbe  olfactif 4^9 

M.  Alfred  Picard  présente  à  l'Académie  le 


Pages. 
Tome  \  de  son  «  Rapport  général  adminis- 
tratif el   technique   sur   l'Exposition  uni- 
verselle internationale  de  igoo  » 4'jo 


CORRESPOJNDAIVCE. 


M.  le  .Ministre  de  la  Guerre  invite  l'Aca- 
démie à  lui  désigner  deux  de  ses  Membres 
pour  faire  partie  du  Conseil  de  perfec- 
tionnement de  l'École  Polytechnique 49^ 

M.  E.  Baud.  —  Sur  une  combinaison  du 
sulfate  d'aluminium  avec  l'acide  sulfu- 
rique 49^ 

M.  P.  Genvresse.  —  Sur  le  nitrosite  de  la 
pulégone 4')4 

M.  Emm.  Pozzi-Escot.  —  Sur  la  production 
d'hydrogÚne  sulfuré  par  les  extraits  d'or- 
ganes et  les  matiÚres  albuminoïdes  en  gé- 
néral       49^ 

MM.  Maurice  Caullery  et  Michel  Sied- 
LECKi.  —  Sur  la  rĂ©sorption  phagocytaire 
des     produits     génitaux    inutilisés,    chez 


VEchiiiocardium  cordatum   Penn 49'3 

M.  Marcellin  Laurent.  —  Sur  la  forma- 
tion de  l'Ɠuf  et  la  multiplication  d'une 
antipode  dans  les  Joncées 499 

M.  A.  Jurie.  —  Variation  morphologique 
des  feuilles  de  Vigne  Ă   la  suite  du  gref- 
fage       5oo 

M.  KiLiAN.  —  Sur  les  relations  de  structure 
des  Alpes  françaises  avec  les  Alpes  suisses.     5o2 

M.  Hem:  de  Saussure  adresse  une  Note 
intitulée  ;  «  HypothÚse  sur  la  nature  de 
la  force  » 3o4 

M.  EuGiiNE  JlESNARD  adresse  une  Note  inti- 
tulée ;  «  Flotteurs  à  fil  conducteur,  pour 
la  Marine  « 5o4 


I"  A  li  I  S.   —    I  M  P  Itl  M  E  Kl  E    G  V  U  T  11  I  li  K  -  \  I  L  L  A  K  S , 
Quai  des  Grands-Augustins,  5ĂŽ. 

Lt;  GĂ©rant:    Ijauthier-Villars. 


1903 

^OV^     SECOND  SEMESTRE. 

COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES     SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVII. 


N°  14  (5  Octobre  1903). 


'    PARIS, 

GAUÏHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES   COMPTES  RENDUS   DES   SÉANCES   DE  L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augusuns,  55, 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin   1862  et  24  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l' Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  ‱ —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 

Les  extraits  desMémoiresprésentéspar  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l  Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  Tendus  plus  de  5o  pages  ])ar  année. 

Toute  Wote  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  ^Gi  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  3a  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'a 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séanc 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Sava 
étrangers  à  l' Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  perS' 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'i: 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoire? 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  jiages  requ 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  no 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  ceti 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  1 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondanc 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  n 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  t: 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă t 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Comp/e 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rena 
vant  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  plancl 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  se 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  cor 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  d 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapp( 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernemer 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrĂąt! 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  d 
sent  RĂšglement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter 
déposer  au  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance, 


leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  pri< 
avant  S**.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  i 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE   DU    LUNDI   5  OCTOBRE  1905. 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAIIDRY. 


MEMOIREvS  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

BOTANIQUE.  —  Influence  de  Veau  sur  la  structure  des  racines  aĂ©riennes 
d'Orchidées.  Note  M.  Gaston  Bo.vnier. 

«  Tjorsqtie  les  racines  aériennes  des  Orchidées  épiphytes  sont  appliquées 
Ă©troitement  sur  un  support,  sur  le  bols  d'une  liane,  par  exemple,  ou  sim- 
plement sur  les  parois  en  bois  du  vase  dans  lequel  on  les  cullive  en  serre, 
cet  aplatissement  produit  mécaniquement  un  eiïet  sur  la  structure  de  la 
racine;  mais  cette  action  n'a  guÚre  pour  résultat  que  de  déformer  les  tissus 
de  l'écorce,  soit  le  tissu  cortical  proprement  dit,  soit  le  tissu  du  voile  aéri- 
fÚre  qui  l'entoure.  Cette  déformation  se  produit  dans  un  plan  perpendicu- 
laire Ă   la  surface  du  support. 

»  Or,  on  constate,  chez  un  assez  grand  nombre  d'Orchidées  cultivées  en 
serre,  que  ces  racines  aplaties  contre  le  support  présentent  une  tout  autre 
modification,  uniquement  lorsque  la  racine  rampe  horizontalement  ou  peu 
obliquement  sur  la  surface  du  support.  Ce  changement  de  structure,  beau- 
cou|:)  plus  important,  consiste,  le  plus  souvent,  en  une  production  anor- 
male de  tissus  secondaires  dans  le  péricvcle  de  la  racine  aérienne. 

»  Considérons,  par  exemple,  une  racine  de  Ladia  crispa  qui  rampe  hori-- 
zonlalement  sur  un  support  en  bois  et  qui  est  aplatie  Ă   la  surface,  et  faisons 
une  coupe  transversale  de  cette  racine  {fig.  i).  Nous  constaterons  d'abord 
la  déformation  du  voile  cp  et  du  tissu  cortical  te  (ßans  un  plan  perj)endicu- 
laire  à  la  surface  du  support,  mais  nous  serons  frappés  du  changement  qui 
s'est  produit  dans  le  cylindre  central  de  la  racine.  Un  tissu /y,  constitué  |)ar 
des  assises  réguliÚres,  se  trouve  développé  en  forme  de  croissant  dans  le 
péricvcle  de  la  racine.  De  plus,  ce  tissu,  ([n'on  ne  saurait  confondre  avec  la 
production  d'une  radicelle,  a  un  plan  de  symétrie  qui  ne  coïncide  pas  avec 

C.  R.,   1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,   N°  14.)  67 


5o6 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


celui  (le  la  déforniatioa  de  l'écorcÚ.  Ce  plan  de  symétrie  fait  un  angle  de  60° 
à  90°  avec  le  [)lan  de  symétrie  de  l'aplatissement  général  de  la  racine,  et 
c'est  toujours  au-dessus  de  la  ligne  de  contact  que  se  produisent  ces  tissus 
secondaires/*  dont  la  section  a  la  Corme  d'un  croissant;   la  partie  la  plus 


■  ScliĂ©ina  d'uno  coupe  transversale  d'une  racine  aĂ©rienne  de  LƓlia  crispa, 
appliquée  hotizonlaleincnt  sur  un  support  :  s,  support;  e,  eau;  cp,  voile; 
as,  assise  subéreuse;  te,  tissu  cortical;  end,  endoderme;  b,  bois; 
l,  liber; /i,  tissu  secondaire  anormal. 

épaisse  de  ce  tissu  anormal  est  donc  toujours  située  vers  le  haut,  c'est-à-dire 
vers  la  partie  latérale  supérieiu'e  de  la  racine  croissant  horizontalement 

n  Remarquons  encore  que,  si  la  racine  est  ondtdeuse  et  ne  s'appuie  que 
cà  et  là  sur  le  su[)port,  ou  n'observera  aucune  déformation  du  cylindre  cen- 
tral dans  les  régions  ou  la  racine  ne  touche  pas  le  support. 

))  Si  l'on  suit  le  dévelo[)peuient  de  ce  tissu  péricycli(pu;  secondaire,  on 
constate  d'abord  c[ue  les  cellules  qui  sont  entre  le  bois,  le  liber  et  l'endo- 
derme ne  se  lignifient  pas  dans  toute  la  zone  oi!i  doit  se  former  le  futur  tissu 
secondaire,  tandis  qu'elles  se  lignifient  et  se  transforment  en  un  tissu  sclé- 
reu\  sur  le  restedu  pourtour  dĂ»  cylindre  cculrai.  Eu  mĂȘme  temps,  l'endo- 


SÉANCE  DU  0  OCTOBRE  IQoS.  Soy 

derme,  dans  toute  la  partie  correspondant  aux  cellules  pérjoyciiques  à  parois 
cellulosiques,  se  différencie  d'une  maniÚre  interrompue,  laissant  çà  et  là 
des  cellules  non  épaissies  (end,  fi  g.  2)  entre  les  cellules  lignifiées  et  à 
parois  Ă©paisses.  BientĂŽt,  on  voit  apparaĂźtre  des  cloisonnements  tangentiels 


l-ij: 


end  ' 


end 


/>. 


Portion  de  la  coupe  ((iie  rcprésenle  la  ligure  i,  vue  ,i  un  plus  forl 
grossissement  :  ec.  Ă©corce;  enrf,  endoderme;  e;(rf',  parlii  Ă©paissie  de 
l'endoderme;  p,  partie  externe  du  péricycle;  h,  bois;  /,  lilier;  fs,  tissu 
secondaire  péricyclif[ue. 


dans  celles  de  ces  cellules  non  lignifiées  qui  sont  en  dehors  des  faisceaux 
du  liijcr;  puis  le  cloisonnement  gagne  les  cellules  péricycliques  qui  sont 
en  dehors  des  faisceaux  du  bois.  Il  se  forme  ainsi  peu  Ă   peu  une  sorte  d'as- 
sise génératrice  continue  (/5,  fig.  2)  fonctionnant  avec  intensité,  dont  le 
maxinuim  d'épaisseur  correspond  nu  fulur  plan  de  symétrie  de  ce  tissu 
secondaire.  Il  se  produit  un  certain  nombre  de  cloisonnements  radiaux  et 
c'est  de  la  sorte  que  prend  naissance  ce  lissu  composé  de  files  réguliÚres 
<le  cellules  dont  l'ensemble,  comme  surajouté  au  cylindre  central,  affecte 
en  coupe  la  forme  d'un  croissant.  Pendant  gssez  longtemps  ce  tissu  anor- 
mal tranche  nettement  sur  le  reste  du  cylindre  central,  parce  que  celui-ci 
est  presque  entiÚrement  lignifié  tandis  que  les  tissus  secondaires  péricy- 
cliques  sont  restés  cellulosiques;  mais,  lorsque  la  racine  devient  trÚs  ùgée, 
l'assise  génératrice  péricyclique  cesse  de  fonctionner  et  les  cellules  qu'elle 


5o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

a  formées  se  ligtiifienL  et  se  sclérifieiit  à  leur  Loiir,  se  Iransforniaiit  pour  la 
plupart  en  des  sortes  de  fibres  ponctuées  dont  on  distingue  1res  bien  la 
forme  et  la  structure  par  des  coupes  longitudinales. 

»  Or  ces  fibres  sont  orientées  dans  le  sens  de  l'axe  de  la  racine;  ces  élé- 
ments allongés  seraient,  au  contraire,  perpendiculaires  à  cet  axe  s'il  s'agis- 
sait de  la  naissance  d'une  radicelle;  d'ailleurs,  on  ne  voit  dans  ce  tissu 
péricyclique  anormal  ni  vaisseaux,  ni  éléments  libériens  venant  se  raccorder 
au  bois  et  au  liber  du  cylindre  central;  enfin,  aucune  différenciation  quel- 
conque n'indique  la  production  d'une  coiffe. 

»  Cette  altération  du  cylindre  centrid  vers  le  haut,  dans  les  racines 
aériennes  d'Orchidées,  lorsqu'elles  sont  aplaties  horizontalement  ou  peu 
obliquement  sur  un  support,  est  plus  ou  moins  variable  suivant  les  espĂšces 
et  sur  une  mĂȘme  racine. 

»  On  observe  souvent,  chez  d'autres  racines  d'Orchidées,  une  formation 
de  tissus  secondaires  analogue  à  celle  que  nous  venons  de  décrire,  sinon 
parfois  plus  intense  {Caltleya  cilrina)  ou,  au  contraire,  plus  réduite 
(SophronĂčis  cĂ«rnua).  La  sclĂ©rificalion  de  tissus  correspondants  est  souvent 
rapide  chez  les  racines  des  Cattleya  MossiƓ  et  PhaUrnopsis  grandiflora,  mais 
le  tissu  anormal  y  est  formé  par  un  moins  grand  nombre  d'assises. 

»  D'autres  Orchidées  offrent  dans  le  cvlindre  central  des  modifications 
d'ordre  diffĂ©renĂź,  mais  orientĂ©es  de  la  mĂȘme  maniĂšre  que  les  tissus  secon- 
daires anormaux  et  présentant  un  maximum  d'altération  correspondant  à 
la  |)artie  !a  plus  épaisse  des  formations  précédentes.  Par  exemple,  les  ra- 
cines aplaties  et  dirigées  horizontalement  sur  le  support  du  Dendrobiuni 
speciosum  n'ont  pas  de  tissus  secontlaires  péricycliques,  mais  les  tissus  |)ri- 
maires  normaux  présentent  comme  un  secteur  non  sclérifié  dont  le  rayon 
médian  fait  un  angle  de  5o°  h.  70°  avec  le  plan  de  symétrie  de  l'aplatisse- 
ment des  tissus  corticaux.  La  modification  analogue  qu'on  observe  chez  le 
Cirrhopetaliim  pidchnun  ne  se  révÚle  que  par  une  sclérification  et  une 
lignification  moindre  dans  le  secteur  intluencé.  L'altération  du  cylindre 
central  est  encore  moindre  pour  les  racines  adhérentes  horizontalement 
au  support  dans  d'autres  Orc\m\Qe,?>  {Aeranlhes  Arachnitis,  par  exemple) 
oĂč  l'on  trouve  simplement  un  arc  non  sclĂ©rifiĂ©  en  dehors  des  faisceaux  du 
bois  et  du  liber.  Enfin,  on  n'observe  aucune  altération  du  cylindre  central, 
mĂȘme  chez  les  racines  les  plus  aplaties,  chez  plusieurs  espĂšces  Ă 'AngrƓcum 
cl  de  TceniophyAlum. 

M  Restait  Ă   cherclier  ijuelle  pouvait  ĂȘtre  la  cause  de  ces  productions  qu'on 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  igoS.  Sog 

n'observe  dans  les  racines  normales  d'aucune  OrchidĂ©e  ni  mĂȘme,  en  gĂ©- 
néral, d'aucune  MonocoLylédone. 

»  Un  examen  microscopique  des  racines  à  l'élat  frais  ou  traitées  par 
divers  colorants  ne  pouvait  indiquer  de  relation  entre  la  formation  de 
ces  tissus  et  l'attaque  des  racines  par  des  insectes  ou  des  champignons. 
En  effet,  les  racines  observées  n'a\aient  aucune  rhizocécidie  due  à  des 
insectes,  et  les  mycorhizes  constitués  par  les  fdaments  de  champignons 
microscopiques  n'atteignaient  jamais  le  cylindre  central  et  présentaient 
une  distribution  assez  homogĂšne  tout  autour  de  la  racine. 

»  Grùce  à  l'obligeance  de  M.  Finet,  qui  a  bien  voulu  mettre  à  ma  dispo- 
sition les  serres  oii  il  cultive  de  nombreuses  espÚces  d'Orchidées,  j'ai  pu 
établir  des  expériences  qui  paraissent  résoudre  la  question.  J'ai  laissé 
croßtre  des  racines  d'Orchidées,  appartenant  aux  espÚces  citées  plus  haut, 
restant  adhérentes  aux  plants  qui  les  ont  produites,  dans  des  tubes  conte- 
nant ou  ne  contenant  pas  des  sphagnnms  maintenus  constamment  humides. 
Certains  de  ces  tubes  Ă©taient  en  verre  noirci,  d'autres  en  verre  transparent. 

»  I^a  lumiÚre  n'était  pas  une  cause  des  modifications  produites,  car  on 
ne  trouvait  pas  de  différence  de  structure  entre  les  racines  s'étant  allon- 
gées dans  les  tubes  transparents  ou  celles  qui  croissaient  dans  les  tubes 
opaques.  Mais  dans  tous  les  tubes  remplis  de  sphagnums  imbibés  d'eau, 
partout  oii  les  racines  Ă©taient  en  contact  direct  avec  le  milieu  humiile,  il 
se  produisait  des  modifications  analogues  à  celles  qui  ont  été  décriles  plus 
haut,  sauf  cjue  la  cou|)c  t^ansver^ale  ne  [iresentait  pas  la  forme  d'un  crois- 


Mr^^*'^: 


« 

Ă '^, 


Coupe   Iraiisvcrsalo  du  cylindi'o  ce;itv;ii   d'imc  racine  de  L'ulia  crispa, 
qui  s'est  accrue  dans  un  tube  rempli  d''  -iphagnums  humides. 

santou  d'un  secteur  dans  les  tissus  secondaires  ou  dans  les  tissus  altérés, 
mais  une  forme  irréguliÚre,  en  rapport  avec  le  voisinage  immédiat  de 
l'humiditĂ©.  Parfois  mĂȘme,  les  tissus  secondaires  pouvaient  se  former  sur 
tout  le  pourtour  du  cylindre  central,  dans  une  mĂȘme  coupe  transversale; 
c'est  ce  que  montre  la  ligure  3,  pour  une  coupe  de  racine  de  LƓlia  crispa 


5lO  ACADÉMIE    DES    SCIE.\CES. 

pratiquĂ©e  Ă   un  niveau  oĂč  la  racine  aĂ©rienne  Ă©tait  en  contact  direct  avec  les 
spliagniims  humides,  de  tous  les  cÎtés  à  la  fois.  En  ne  considérant  que 
cette  coupe,  on  croirait  avoir  sous  les  yeux  certaines  racines  de  DracƓna 
à  formations  secondaires  péricycliqiies  réguliÚres. 

»  Or,  si  nous  revenons  aux  racines  aériennes  aplaties  horizontalement 
un  peu  obliquement  sur  les  supports  ou  sur  les  lianes,  et  cultivées  dans  les 
serres  oĂč  elles  sont  perpĂ©tuellement  arrosĂ©es,  on  peut  remarquer  facile- 
ment que  l'eau  vient  se  recueillir  dans  des  sortes  de  gouttiĂšres  Ă©troites  for- 
mées en  dessus,  à  la  jonction  du  support  et  de  la  racine  qui  s'y  appuie 
(e,  fig.  i).  Il  en  résulte  que  la  partie  de  la  racine  qui  est  la  plus  voisine  de 
cette  eau  correspond  précisément  au  tissu  /^  qui  présente  en  section  la  forme 
d'un  croissant  (^^.  i). 

»  Les  modifications  des  tissus,  qui  sont  dues  à  l'humidité,  comme  le 
montrent  les  expériences  que  je  viens  de  citer,  devraient  donc  se  produire 
de  façon  à  présenter  leur  maximum  d'épaisseur  non  dans  le  plan  de  symétrie 
de  l'aplatissement,  mais  dans  un  plan  faisant  avec  ce  dernier  un  angle  plus 
ou  moins  grand,  et  au-dessus  de  la  ligne  de  contact  de  la  racine  avec  le 
su|)port;  c'est  précisément  ce  qui  a  lieu. 

»  Ainsi  s'exj)lique  également  l'absence  de  modifications  chez  les  racines 
des  mĂȘmes  espĂšces  lorsqu'elles  rampent  verticalement,  ou  presque  vertica- 
lement, puisque  l'eau  ne  peut  y  ĂȘtre  retenue  entre  la  racine  et  le  support. 

))  En  résumé,  le  contact  de  l'eau  exerce  une  action  sur  les  racines 
aĂ©riennes  de  beaucoup  d'OrchidĂ©es,  soit  en  empĂȘchant  la  sclĂ©rification  ou 
la  lignification  des  tissus  du  cylindre  central,  ce  qui  s'explique  tout  natu- 
rellement lorsqu'on  compare  cette  modification  à  celle  que  présentent  les 
racines  aquatiques;  soit,  ce  qui  est  plus  remarquable,  en  provoquant 
un  tissu  de  réaction  dans  le  péricycle,  capable  de  protéger  le  reste  du 
cylindre  central  contre  l'influence  de  l'eau. 

»  Remarquons  en  terminant  que  le  voisinage  de  l'eau  peut  provoquer 
en  certains  cas  l'apparition  de  radicelles  chez  les  racines  non  aplaties 
d'Orchidées.  Bien  que  les  tissus  surnuméraires  que  je  viens  de  décrire  ne 
s'organisent  en  aucune  façon  de  maniÚre  à  ébaucher  de  jeunes  radicelles 
latentes,  il  n'est  pas  moins  remarquable  que,  sous  l'influence  d'une  mĂŽme 
cause,  le  mĂȘme  tissu  pĂ©ricyclique  des  racines  puisse  manifester  son  activitĂ© 
de  ces  deux  maniÚres  dificrentes  dans  leurs  résultats,  mais  trÚs  analogues 
dans  leur  origine.  » 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  r9o3.  5ll 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procÚde,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  désignation  de  deux  de 
ses  Membres  qui  devront  faire  partie,  cette  année,  du  Conseil  de  perfec- 
tionnement de  l'École  Polytechnique. 

MM.  Hatox  DELA  GoupiLLiÈRE,  H.  PoixcARÉ  rĂ©unisseut  la  majoritĂ©  des 
suffrages. 

CORRESPONDANCE . 

L'Académie  avait  liécidé  de  s'associer  à  la  célébration  du  jubilé  de  M.  le 
professeur  Graebe,  et  elle  avait  chargé  M.  Moissan  de  lui  apporter  la 
médaille  Lavoisier  et  la  médadle  Berthelot,  qu'elle  lui  avait  décernées 
sur  la  proposition  du  Bureau. 

M.  Graebe  adresse  ses  remercĂźmenls  en  ces  termes  : 

«  Je  suis  extrĂȘmement  touchĂ©  que  l'AcadĂ©mie  des  Sciences  ait  bien 
voulu  charger  un  de  ses  Membres  les  plus  illustres,  M.  Henri  Moissnii, 
de  me  remettre  personnellement  ces  médailles.  J'ai  été  trÚs  heureux  et 
flatté  que  les  noms  de  trois  des  plus  grands  représentants  de  la  Science 
française,  ceux  de  Lavoisier,  de  Berthelot  et  de  Moissan,  aient  figuré  à  mon 
jubilé.  C'est  pour  moi  un  témoignage  d'honneur  exceptionnel  et  bien 
au-dessus  de  mes  mérites.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Stir  une  classe  cV Ă©quations  diffĂ©reiilLelles  linĂ©aires. 
Note  de  M.  Ai.exanuer  Chessix,  présentée  par  M.  Appell. 

«  Il  s'agit  ici  de  généraliser  les  résultats  obtenus  dans  la  Note  Sur  une 
classe  d'équations  différentielles  réductibles  à  C équation  de  Bessel  (^Comptes 
rendus,  1 1  mai  iqoJ). 

»   Soit,  encore,  jK  une  fonction  de  a;  définie  par  l'équation  dilférentielle 

( I  )  Jℱ  +  «.  7».-,  +  «2  J,«-2  +  ■‱‱+-  a„,y  =  f{x), 

oĂč  0|,  a.,,  .  .  . ,  «,„  sont  des  constantes;  mais,  cette  fois, 

(2)  j,,=  D(")j/c-,.  Jo=J.  (lc  =  i,2,  .  .  .,rn) 


5l2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

OÙ  D'"'  dĂ©note  l'opĂ©ration  plus  gĂ©nĂ©rale 


d'' 


d"-' 


^n< 


les  coefficients  A„,  A, A„  Ă©tant  des  fonctions  de  x. 

»   Par  un  calcul  tout  semblable  à  celui  employé  dans  ladite  Note,  on 
amÚnera  le  problÚme  à  l'intégration  d'une  équation 

(3)  D("'(P=-0(r+/(a-). 

))   Soient,  encore,  0,,  0. 0,„  les  racines  de  l'Ă©quation 

(4)  «,„-a,„^.f)  +  a„,_,'J-^-...±0"'  =  o; 

soit,  aussi,  [n'],,  la  solution  générale  de  (3)  pour  0  =  6;;..  On  s'assurera, 
comme  dans  la  Note  précédente,  que  dans  le  cas  de  m  racines  distinctes 
la  solution  générale  de  l'équation  proposée  est  de  la  forme 


(5) 


j^y  ^,1  «']/,‱ 


«   D'ailleurs,  les  coefficients  h,,  sont  donnés  par  les  formules 


<      0.      0; 

[    e„,    0:. 


o;"^' 
(i"'-i 


M  Dans  le  cas  de  racines  multiples  la  formule  doit  ĂȘtre  modifiĂ©e.  La 
solution  générale  de  l'équation  proposée  est  alors  une  fonction  linéaire  des 
intégrales  [w]^.  et  de  leurs  dérivées  par  rapport  aux  racines  de  (4).  Par 
exemple,  si  0,=  6,_,  =  ...  =0,,  on  aura 


(6) 


,  —  1  Kl 


df)\ 


M   Comme   les   constantes  arbitraires   dans   les  fonctions   ["'],, 


do, 


f^'^"'^',  ...  sont  indépendantes,  on  voit  bien  que  l'expression  (6)  contient 

mn  constantes  arbitraires;  c'est  donc  la  solution  générale  de  l'équation 
proposée.    » 


SÉANCE    DU    5    OCTOBRE    l()o3.  5l3 


CHIMIE  PHYSigu]!:.  —  Conditions  qui  dùlerinincni  le  signe  cl  la  grandeur 
(le.  r éleclrisalion  par  contact  (III).  Noie  de  M.  .ßka\  I'eruix,  présentée 
par  M.  Mascart. 

(1  Pour  Ă©Uuiier  le  signe  el  la  grandeur  de  la  charge  que  prend  un  solide 
par  contact  avec  un  liquide,  j'ai  continué  à  observer  le  mouvement  que  la 
charge  Ă©gale  et  contraire  imprime  Ă   ce  liquide  sous  l'action  d'un  champ 
Ă©lectrique  (osmose  Ă©lectrique). 

»  J'ai  déjà  signalé  que  des  traces  de  certains  électrolytes  suffisent  à 
déterminer  le  phénomÚne.  Par  exemple,  tous  les  acides  monobasiques, 
mĂȘme  trĂšs  diluĂ©s,  chargent  d'Ă©lectricitĂ©  positive  la  surface  des  paillettes  de 
chlorure  de  chrome.  Plus  briĂšvement,  l'ion  H"^  charge  positivement  cette 
paroi;  l'ion  négatif  OH~des  bases  la  charge  au  contraire  négativement.  Les 
autres  ions  monovalents  agissent  beaucoup  moins,  s'ils  agissent  ('). 

»  Le  rĂŽle  des  ions  polyvalents  me  paraĂźl  remarquable,  en  lui-mĂȘme,  et 
par  ses  conséquences. 

»  Ils  ne  chargent  pas  non  plus  trÚs  notablement  les  parois.  Si,  par 
exemple,  Ă   une  solution  trĂšs  faiblement  acide  on  ajouLe  du  nitrate  de  cad- 
miiHu  ou  du  chlorure  de  magnésium,  la  charge  positive  de  la  paroi  ne  varie; 
pas  sensiblement.  De  mĂȘme,  si  l'on  ajoute  Ă   une  solution  faiblemenl  alca- 
line du  sulfite  ou  du  ferricyanure  de  potassium,  la  charge  négative  de  la 
paroi  ne  varie  pas  sensiblement. 

»  Mais,  en  de  tels  cas,  l'ion  polyvalent  ajoutĂ©  avait  mĂȘme  signe  que  l'ion 
actif  H'^ou  OH^déjà  prédominant.  Si, au  contraire,  on  ajouteà  unesolution 
maintenue  alcaline  un  ion  polyvalent  positif,  la  charge  négative  de  la  paroi 
décroßt  beaucoup. 

»  De  mĂȘme,  l'addition  d'un  ion  polyvalent  nĂ©gatif  diminue  toujours 
beaucoup,  en  solution  maintenue  acide,  la  charge  positive  de  la  paroi. 

»  Pour  un  mĂȘme  ion  polyvalent,  cette  action  paralysanle  croit  avec  la  teneur  : 
une  paroi  qui  prend  une  charge  100  dans  une  solution  millinormale  en  11+  jjrendra 
une  charge  23  si  cette  mĂȘme  solution  devient  millinormale  en  sulfate,  une  charge  5  si 
elle  devient  centinormale  en  sulfate. 

»   Pour  une  mĂȘme  concentration,  l'action  paraissante  croĂźt  beaucoup  avec  la  valence. 

(‱)  La  charge  positive  causĂ©e  par  Ag"^  et  TH  sur  le  chloi  iire  de  clnome  lĂ©sulte  du 
fait  que  la  solution  devient  alois  faiblement  acldi'. 

G.   K.,  it,oj,  j-  St-meslrc.  (T.   i..\XXVII.  N°   14  ,  urf 


514  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Dans  les  oondilions  oii  l'ion  SO*  abaisse  au  quart  de  sa  valeur  la  cliarge  positive  d'une 
paroi,  l'ion  FeCy«  des  ferricyanures  l'abaisse  au  trentiÚme,  et  l'ion  FeCy'"'  des  ferro- 
cyanures  ne  laisse  plus  subsister  de  charge  mesurable. 

»  J'ai  étudié  : 

»  Les  ions  positifs  divalents  :  Mg,  Ga,  Ba,  Go,  Mn,  Gd; 

»  Les  ions  négatifs  divalents  :  SO*,  GO',  G-0'  ; 

»  Les  ions  négatifs  trivalents  :  PO*,  FeGyS  CO'H^  des  citrates; 

»  Les  ions  négatifs  tétravalents  :  FeGy^  des  ferrocyanures. 

»  Le  corps  chargé  par  contact  a  été  le  plus  souvent  la  variété  insoluble  de  chlorure 
de  chrome,  mais  le  silex,  l'or  mussif,  le  sulfure  de  zinc,  l'alumine  calcinée,  m'ont  éga- 
lement fourni  des  résultais.  .Te  donnerai  ailleurs  le  détail  des  déterminations.  DÚs  à 
présent,  je  remercie  M.  Baudouin  qui  a  bien  voulu  m'aider  au  cours  de  ce  travail. 

»   En  résumé,  et  réservant  ici  toute  théorie  : 

»  a.  L'osmose  électrique  donne  un  moyen  facile  d'étudier  la  charge  de 
contact  entre  un  solide  quelconque  et  un  liquide. 

))  h.  Cette  charge  est  en  moyenne  beaucoup  plus  grande,  quand  le  corps 
est  un  bon  ionisant,  tel  que  l'eau.  Elle  est  due  à  des  ions  présents  dans  le 
liquide. 

»  c.  Les  seuls  ions  directement  trÚs  actifs,  dans  l'eau,  sont  les  ions  H"^ 
et  OH".  Chacun  d'eux  charge  la  paroi  de  son  signe.  Quand  leurs  actions 
sont  comparables  Ă   concentration  Ă©gale,  la  paroi  n'a  pas  de  charge  dans 
l'eau  pure,  et  la  sensibilité  du  phénomÚne  pour  un  léger  excÚs  d'acide  ou 
de  base  atteint  ou  dépasse  celle  du  tournesol.  Sinon,  le  point  de  neutralité 
est  déplacé,  comme  il  arrive  avec  certains  indicateurs  colorés. 

»  d.  Tout  ion  polyvalent  positif  diminue  l'action  des  ions  OH"  présents, 
et  tout  ion  polyvalent  négatif  celle  des  ions  H+.  Celte  action  paralysanle 
grandit  avec  la  concentration,  et  surtout  avec  la  valence. 

»  Je  croßs  important  de  rappeler  : 

>)  b'.  Que  les  colloïdes  en  solution  dans  l'eau  .sont  probablement  formés 
de  granules  chargés  électriquement  (Picton  et  Linder). 

»  c'.  Que  le  signe  de  cette  charge  est  parfois  extrĂȘmement  sensible  au 
plus  léger  excÚs  d'acide  ou  de  base  (Hardy). 

))  d'.  Que  les  colloïdes  sont  coagulés  par  addition  d'électrolytes  ;  que 
cette  action  coagulante  devient  trÚs  grande  quand  l'électrolyte  ajouté 
contient  un  ion  polyvalent  de  signe  opposé  à  celui  du  colloïde,  et  d'autant 
plus  grande  que  la  valeur  de  cet  ion  est  plus  élevée  (Schulze,  puis  Hardy). 

»  Le  parallélisme  est  évident;  j'espÚre  montrer  qu'il  en  résulte  diffé- 
rents progrés  dans  la  théorie  physico-chimique  des  colloïdes  et  par  con- 
séquent de  la  matiÚre  vivante.   » 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  igoS. 


5l5 


THERMOCHIMIE.  —  Les  chaleurs  de  combmĂčon  des  composĂ©s  organiques, 
considĂ©rĂ©es  comme  propriĂ©tĂ©s  addilives.  Alcools  et  phĂ©nols.  Éthers-oxydes. 
Aldéhydes  et  cétones.  Note  de  M.  P.  Lemoult. 


«  Dans  une  Note  antérieure  {Comptes rendus,  t.  CXXXVI,  p.  SgS),  nous 
avons  montré  comment  on  peut,  à  l'aide  de  cinq  conventions  fondamen- 
tales, calculer  la  chaleur  de  combustion  des  soixante  carbures  qui  ont  été 
l'objet  de  mesures  directes  et  obtenir  entre  les  deux  séries  de  résultats  une 
concordance  satisfaisante.  Ces  conventions,  bases  numériques  du  calcul, 
sont  : 


f{c-c)=    5, 
/{c'^c')—  210' 


Cal 


Cal 


/(c-H)=    53cai. 


/(c-  =  c=)  et /(c'^ic^)  rĂ©pĂ©tĂ©s  dans  une  mĂȘmemolĂ©cide  perdent  40^=»', 

»   Ces  résultats  ont  été  étendus  à  toutes  les  séries  de  composés  orga- 
niques. 

»  ComposĂ©s  hydroxĂŻlĂ©s  (alcools  et  phĂ©nols  mono  ou  polyatomiques).  —  Ces  corps 
contiennent,  outre  les  groupes  Ă©lĂ©mentaires  dĂ©jĂ   connus,  le  groupe  fonctionnel  C  —  OH, 
auquel  correspond  le  «  groupe  Ă©lĂ©mentaire  »  c  —  OH. 

»  a.  Alcools  primaires  et  secondaires.  —  Admettons  que  rappointdĂč  Ă   ce  groupe 
s'élÚve  ici  à  8'^='';  la  chaleur  de  combustion  de  ceux  de  ces  corps  qui  dérivent  de  car- 
bures saturés  C"  H-"+' (OU)  est  représentée  par  C  =  iSj/i  +  10,  c'est-à-dire  par  des 
points  réguliÚrement  distribués  sur  une  droite  appartenant  au  groupe  y  =  107 a- -t- R, 
dont  il  a  été  question  déjà  {loc.  cit.,  p.  898). 

»  Pour  ceux  qui  sont  plusieurs  fois  alcool,  le  calcul  se  fait  trÚs  simplement,  le 
groupe  relatif  Ă   chaque  fonction  intervenant  avec  sa  valeur  propre.  Far  exemple  : 


Mesuré.  Calculé 

Cal  c 

Alcool  Ă©lhjlique 825,7  334 

Alcool  heptylique.  ..  .      11 18,9  iiog 

Alcool  isoamjlique.  .  .        796  795 

Erjthrite 5o2,6  5o3 


Mesuré.  Calculé. 

,,         .  Cal  Cal 

Maniiite 728,5  727 

Camphol  (moy.  ) r472,6        1470 

Rhamnose 718, 5         717 

Inosile  (moy.) 664  664 


»  b.  Alcools  tertiaires,  phĂ©nols,  naplilols,  etc.  —  Pour  ces  corps,  la  convention 
f{c  —  OH)  ==:  S'^"'  conduit  Ă   des  rĂ©sultats  Uop  Ă©levĂ©s  et  nous  admettrons  que  l'appoint 
de  ce  groupe  se  réduit  ici  à  -1-2^^1;  la  convention  s'étend  aux  alcools  tertiaires  acy- 
cliques,  ainsi   qu'aux   dérivés   hydroxylés   des  c;iibures   acycliques,  mono  ou   polyva- 


5l6  ACADÉMIE    DES    SCIEhXES. 

lents;  en  voici  quelques  exemples  ; 

Mesuié.       CdIcuIl-. 

Cal  Cal 

Trimétlivlcarljinol  ....  633,6  632 
Diméllijléthylcarljiriol.  789,6  789 
CrĂ©sol  (mĂȘla) 881  883 


.Mesuré. 

Col 
1188,5 


Naplitol  a 

Naphtol  p 1 190 

llyclrotln  inoquinone  .      i3o8,5 


Calcule. 

Cal 
..89 

i3o3 


»  c.  DĂ©rivĂ©s  hydi-oxylĂ©s  Ă   molĂ©cule  non  saturĂ©e.  —   La    prĂ©sence    d'une    liaison 
double  ou  triple  diminue  l'appoint  du  grouj.e  fonctionnel;  il  faut  annuler  cet  appoint, 
puis  retrancher  4''"';  voici  quelques-uns  des  résultats  obtenus  : 
Mesuré.       Calculé 


.\lcool  allylique 442,7         4^2 

Etlijlvinjlcarbinol  .  .  .  .      ^53,  2         766 


Allykiiméthylcarbinol 
Diallylméthylcarbinol 


Mesuré. 
Cal 

914 

120 1,4 


Calculé. 
Cal 


9i5 


)>  Dans  le  cas  des  alcools  primaires  et  secondaires,  la  rÚgle  précédente  peut  s"énon- 
cei'  :  faire  le  calcul  comme  d'ordinaire,  puis  retrancher  i2'-'''.  Nous  retrouverons  cette 
valeur  — 12'^^'dans  un  grand  nombre  de  sĂ©ries,  comme  Ă©tant  la  mesure  du  trouble 
apporté  par  la  présence  d'une  liaison  multiple. 

»  Nous  avons  donné,  à  litre  d'exemples,  quelques-uns  des  résultats;  le  détail  jiiiraitra 
dans  un  autre  Recueil  (.4«/i.  f/e  C/»Vm.  et  de  Phys.).  Dans  l'ensemlile,  sur  62  cas 
examinĂ©s,  il  y  en  a  10  (16  pour  100)  oĂč  l'approximation  est  infĂ©rieure  au  -j-j-j,  (en 
gĂ©nĂ©ral  les  premiers  termes  de  sĂ©ries);  11  (18  pour  100)  oĂč  elle  est  comprise  entre 
T5o  ^'  Toci'  ^^  ^t  (66  pour  100)  oĂč  elle  est  supĂ©rieui'e,  souvent  de  beaucoup,  Ă   ..-i-,,. 

»  Ethers  oxydes.  —  Ces  corps  contiennent  le  groupe  C  —  O  —  C  auquel  correspond 
le  groupe  Ă©lĂ©mentaire  c — o,  reproduit  deux  fois,  soit  c  —  O  —  c  pour  le(|uel  nous 
admettrons  la  convention,  absolument  générale,  pour  les  molécules  saturées 

/(c  — 0  — c)  =  i8'"'i=2  X  9. 


Ceci   nous  donne,   pour  les  Ă©thers  oxydes  de  formule  C''H' 
valeur  de  la  chaleur  de  combustion 


C  =  107/;  +  ‱ 


a  condition  que 


"=--/'+/> 


/'+i. 


et 


O  —  O'lV-p- 


l'P 


la 


»  Donc  C  est  indépendant  de  p  et p'  el  ne  dé|)end   que   de   leur  somme;  en  oiilro 


C  est  représenté  par  des  points  d'une  nouvelli'  ihoili 

Mesuré.     Calculé 


groupe/ 


Éther  diĂ©thylique 65i'-'',7     65o'"' 

»      méthylphénylique     90.5'--'',5     901^'"' 
Formol  diéthyli(|ue. . 


y/0       ,7J    /y4 


I'- 1  h  e  r  i- 1  h  V 1  p  h  Ă©  1 13  1  i  q  u  e . 
»  diniélhylrésorcy- 
lique 


157./+  R. 
.Mesuré.       Calculé. 
10.57'"'',  2     lO.jS''-'' 


323,:.] 


=,(j.l 


»   Ouand   la    molécule    n'est   pas  saturée,  il   faut    (comme  plus  liant)  l'aire  le  c.ilcul 


comme    on    vient   de    l'indiquer, 
exemple   : 


is    reti'ancher    a 


Safrol 

IsoeugéiKil 


Mesuré. 

1244'^"',  7 
1278':^' 


pu 

Calculé. 
1245'^"' 


i'alt 


olil 


eiiue     13' 


Mesuré. 

Méthyleugénol l439'-"',4 

Asarone i576'-''',8 


Calculé. 
1457-'-' 

iSSiC»' 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  1903.  5i-j 

»  Sur  24  cas,  il  y  en  a  I  (4  pour  100)  oĂč  l'approximation  est  infĂ©rieure  Ă   ^h  (c'est 
le  i'^''  terme  de  la  sĂ©rie,  oxyde  de  mĂ©thyle),  4  (17  pour  100)  oĂč  elle  est  comprise  entre 
ToĂŽ  et  Y^,  et  enfin  19  (79  pour  100)  oĂč  elle  est  supĂ©rieure,  et  souvent  de  beaucoup, 


200- 


»  ALDfiuYDES  ET  CĂ©tones.  —  Le  groupe  fonctionnel  de  ces  2  sĂ©ries  est  C  =  0,  auquel 
correspond  le  groupe  élémentaire  c-=0;  nous  admettons  /(c-=  0)  =  12*^"'  pour 
les  aldéhydes  et/(c''=  o)r=  6'^"'  pour  les  cétones  dans  le  cas  des  molécules  saturées  et 
la  convention  de  relranclier  i2C-'i  (toujours  la  mÎme  f|uanlilé)  au  résultat  obtenu 
quand  la  molécule  ne  sera  pas  saturée.  Ceci  nous  conduit,  pour  les  corps  de  formule 
C/'H^/'-*-»— CO  — C'''H2/''+'  avec /J +/)'=«,  p  ou  p'  pouvant  ĂȘtre  nul,  aux  formules 
C  ==157/2  —  39  et  G  =  i5j  n  —  45  (droites  y  =  137^  + A).  Donc  un  aldĂ©hyde  et  une 
cĂ©tone  ayant  mĂȘme  nombre  d'atomes  de  C  ont  des  chaleurs  de  combustion  diffĂ©rant 
de  6''"'  environ.  Voici  quelques-uns  des  résultats  obtenus  : 

Mesuré.        Calculé.    |  Mesuré.        Calculé. 

Cal  Cal  Cal  Cal 

Aid.  propyhque 434,3  43:?           (;nniplire  (Bredt) i4i4.5  i4i5 

Acétone 426,9  426           lßenzoïne 1672, .5  1670 

Aid.  benzoĂŻque 841,7  84o          Aid.  cinnaniique ''12,9  1109 

Benzophénone i558,i  i5.56       1  Benzalacétone 1263,5  1266 

»  A  citer  encore  le  furfurol,  qui  donne  par  la  formule  à  deux  doubles  liaisons 
adoptée  ordinairement  564'''',  alors  que  la  valeur  mesurée  est  559''"', 8.   " 


CHIMIE  ORGA\IQUE.  —  Acliofi  de  l'acide  phosphoreux  sur  la  mannite. 
Remarque  sur  le  mannide.  Note  de  M.  P.  Gakré,  présentée  par 
M.    H.    Moissan. 

«  L'acide  phosphoreux  (')  réagit  sur  la  mannite  pour  donner  un  éther 
qui  résulte  de  la  combinaison  de  2"°'  d'acide  avec  1'°°'  d'alcool,  sans  qu'il 
soit  possible  de  constater  au  préalable  la  formation  d'un  éther  monoacide. 
Si  l'action  de  l'acide  phosphoreux  estsuliisatnment  prolongée,  on  détermine 
une  déshydratation  de  la  mannite,  ave<;  |)rodnction  de  mannide,  lequel 
entre  à  son  tour  en  réaction,  pour  donner  un  nouvel  éther  phosphoreux. 

»  20S  d'acide  phosphoreux  sont  chauffés  à  i25"-i3o°  dans  le  vide  (18""")  avec  45^' 
de  mannite  (Ă   l'air  libre  les  rĂ©sultats  sont  les  mĂȘmes,  mais  ils  sont  atteints  moins  rapi- 
dement, et  la  limite  d'éthérification  est  un  peu  moins  élevée).  L'élhér-ificaliou  est  tout 
d'abord  trĂšs  rapide;  elle  diminue  ensuite,  passe   [lar  un  minimum,  cioĂźt  de  nouveau 

C)  P.  C.tRitf:,  Comptes  rendus,  t.  CXX.XVl,  4  "lai  i9o3,  p.  1067. 


5l8  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

pour  atteindre  un  maximum  sensiblement  constant,  ainsi  que  le   montre  le  Tableau 

suivant  : 

Temps  Qu.intité  pour  loo 

de  chaulTe.  d'acide  éthérifié. 

h        III 

I . 3o  58 

3  4o,i 

5  43 

10  47,6 

2o  57,4 

5o  63,5 

70  67 

100  66,8 

»  Le  dĂ©part  d'eau  est  finalement  compris  entre  a'""'  et  3ℱ°'. 

»  Afin  de  déterminer  la  nature  des  éthers  formés,  nous  avons  préparé  les  sels  de 
calcium  correspondants.  L'Ă©thĂ©rification  est  arrĂȘtĂ©e  aprĂšs  i  heure  de  cliaufTe,  et  le  mĂ©- 
lange repris  par  l'eau  est  saturé  par  le  carbonate  de  cliaux  et  la  chaux  à  la  phlaléine. 

»  La  solution  aqueuse,  séparée  du  phosphite  de  calcium  parfiltration  et  additionnée 
d'alcool,  fournit  un  précipité  cristallin  qui,  lavé  à  l'alcool,  essoré  et  séché  à  froid  dans 
le  vide  sulfurique,  répond  à  la  formule  P-.  (0H)"-.0-^Ca.0^(CH-)2(CH0H)\  ainsi 
que  le  prouve  l'analyse. 

»  Il  en  résulte  que  l'éther  phosphoreux,  formé  à  cet  instant  de  l'éthérification,  pro- 
vient  de    la    fixation    de   a'""'  d'acide  sur    1"'°'  de   mannite,   et  a  pour  constitution 

»  D'autres  opérations,  faites  avec  des  proportions  trÚs  différentes  de  mannite  et 
d'acide  phosphoreux,  nous  ont  toujours  conduit  à  l'éther  précédent,  aprÚs  un  temps 
trÚs  court  d'élhérification. 

»  Les  sels  de  calcium,  préparés  aprÚs  3  à4  heures  de  chauffage,  indiquent  un  mélange 
de  l'Ă©ther  ci-dessus  et  d'un  Ă©ther  phosphoreux  du  inannide  renfermant  i"""'  d'acide 
pour  1ℱ°'  d'alcool. 

»  Le  sel  (le  calcium,  isolé  aprÚs  100  heures  de  chauffage,  répond  à  la  formule 
[O. P. (OH). OC«H«0']"Ca.  Ce  dernier  nous  indique  la  disparition  totale  de  l'éther 
phosphoreux  formé  tout  d'abord  avec  la  mannite;  il  ne  reste  plus  qu'un  éther  du 
mannide  ayant  pour  constitution  P.(OH)^.O.C*FPO''. 

»  Le  minimum  constaté  lors  de  l'éthérification  provient  donc  de  ce  que  nous  obser- 
vons, au  début,  l'éthérification  des  alcools  primaires  de  la  mannite,  et  que  l'éther 
phosphoreux  formé  réagit  sur  un  excÚs  de  mannite  pour  donner  du  mannide;  ce  der- 
nier, qui  ne  renferme  [)lusque  des  alcools  secondaires  (voir  la  remarque  faite  plus  loin 
sur  la  formule  du  mannide),  s'élliérifie  beaucoup  plus  lentement.  La  destruction  de 
l'Ă©ther  mannitique  Ă©tant  plus  rapide  que  la  combinaison  du  mannide  avec  l'acide  phos- 
phoreux, il  en  résulte  une  diminution  de  la  quantité  d'acide  éthérifié. 

»  Ea  résumé,  l'acide  phosphoreux  est  éthérifié  trÚs  rapidement   par  la 
mannite  pour  donner  l'Ă©lher  P^(OHy  0-(CH^)HCHOH)\ 


SÉAXCR  DU  5  OCTOBRE  igoS.  Sig 

»  L'clhérification  passe  ensuite  par  mi  minimum  pour  remonter  trÚs 
lentement,  et  touniit  finalement  un  Ă©liiei-  phosphoreux  du  mannide 
P(OH)=O.C''H''0\ 

»  Ces  Ă©thers  sont  monoacides  Ă   l'hĂ©lianthine  et  Ă   la  phtalĂ©ine,  de  mĂȘme 
que  les  éthers  phosphoreux  des  autres  alcools  polyalomiques,  déjà  étudiés. 
Ils  sont  peu  stables  en  solution  aqueuse  et  saponifiés  lentement  par  l'eau 
froide. 

»  Remarque  sur  la  formule  du  mannide.  —  L'Ă©lhĂ©rification  des  acides  phosphoreux 
et  phosphoriques  par  la  mannite  nous  ayant  conduit  Ă   des  Ă©tiiers  du  mannide,  nous 
avons,  aprÚs  saponification,  isolé  le  mannide  ainsi  formé. 

»  Ce  produit  nous  a  donnĂ©  les  mĂȘmes  constantes  physiques  que  celui  obtenu  par 
M.  Fauconnier  (‱)  en  faisant  agir  l'acide  chlorhydrique  sur  la  mannite. 

»  M.  Fauconnier  attribue  au  mannide  la  formule  suivante  : 

CH^OH-CH-CH— CH-CH-CH^OII. 

\    /  \    / 

O  0 

»  Si  ce  corps  conserve  deux  fonctions  alcools  primaires,  sa  vitesse  d'élhérification 
doit  ĂȘtre  la  mĂȘme  que  celle  de  la  mannite.  Or  elle  s'en  Ă©loigne  beaucoup  et  se  rap- 
proche bien  plus  de  la  vitesse  d'élhérification,  caractéristique  des  alcools  secondaires, 
ainsi  que  le  montre  le  Tableau  ci-dessus. 

»  Nous  avons  en  outre,  pour  plus  de  certitude,  préparé  du  mannide  par  le  procédé 
de  M.  Fauconnier,  et  avons  chauffé  ce  mannide  avec  une  quantité  équimoléculaire 
d'acide  phosphoreux  dans  les  mĂȘmes  conditions  que  le  mĂ©lange  d'acide  et  de  mannite. 
Le  Tableau  suivant,  indiquant  la  marche  de  l'éthérification,  nous  montre  encore, 
si  on  le  compare  au  premier,  que  le  mannide  ne  doit  plus  renfermer  de  fonctions 
alcools  primaires  : 

Temps  Quantité  pour  loo 

de  cliaurt'e  d'acide  ctlicrifié. 

Il       III 

1 . 3o  1 3 , 7 

3  i6 

5  22,6 

lo  3/i,4 

20  54,1 

5o  66 

70  7, 

100  70,7 

»  il  nous  paraßt  donc  plus  naturel  d'admettre  que  le  mannide  conserve  deux  fonc- 
tions alcools  secondaires. 

»   M.   Fauconnier  décrit   le   mannide   comme  n'agissant    pas    sur   l'oxychlorure   de 


(')  Bulletin  Soc.  eh.  de  Paris,  t.  XLI,  p.  1 19. 


520  ACADÉMIE    DES    SCIE^■CES. 

phosphore.  Ce  dernier,  mélangé  an  mannide,  nons  a  donné,  vers  So^-Go",  un  vil  <K^ga- 
gement  d'acide  chlorlivdrique,  ainsi  que  cela  >e  piodnil  avec  tous  les  corps  renfernianl 
des  fondions  alcools.  » 


CHIMIE   ORGAAigUE.   —  DĂ©rĂčcs  cl  produits  d' oxydation  de  f  acide  nitropyro- 
muciquc.  Noie  de  M.  K.  Mauquis,  préscnlée  par  ]M.  H.  Moissan. 

«  Dans  une  Noie  précédente  ('),  j'ai  montré  comment  on  pouvait 
prcj)arer  le  nitropvromiicate  d'Ă©lhvle  en  nilrant  le  pvromiicate  an  moyen 
(In  mélange  d'acide  azoliquc  fiimanl  el  d'anhvdride  acétique. 

»  L'acide  nilropyromucifjue  s'ohlicnt  iacilemeut  en  saponifianL  l'élliei- 
éthyliqiie  i)ar  l'eau  à  180°;  mais  on  peut  éviter  l'emploi  des  tubes  scellés 
en  enectuant  la  saponification  au  moven  d'acide  sulfurique  d'une  concen- 
tration convenable  et  bouillant,  il  convient  d'employer  un  mélange  de 
i^°'SO*H-  et  Iℱ'  H^O,  mĂ©lange  qui  bout  vers  loo";  lorsque  la  sa|)i)nirica- 
lion  est  terminée,  on  étend  d'eau  et  l'on  extrait  l'acide  à  l'élher,  dans 
lequel  il  est  extrĂȘmement  soluble. 

»  IS ilropy l'omiicale  de  inĂ©tiiyle.  —  On  le  prĂ©pare,  soit  par  la  nllration  du  pvro- 
mncale  de  mélhyle,  en  opérant  comme  pour  l'éther  élhylique,  foil  en  chaufl'ant 
l'acide  pendant  5  à  6  heures  avec  de  l'alcool  méthodique  à  i  pour  100  de  IICI.  Le 
nitropyromucate  de  méthyle  cristallise  en  lanjelies  nacrées  fondant  à  -8°, 5;  il  est  tout 
Ă   fait  semblable  Ă   l'Ă©ther  Ă©tiiylique,  mais  notablement  plus  soluble  dans  l'alcool. 

»  Chlorure  de  niliop)  romiicyle.  —  Ce  composĂ©  s'obtient  en  traitant  l'acide 
nilropyromucique  par  la  quantité  convenable  de  perchlorure  de  jiliosphore,  au  baln- 
marie.  L'ox^chlorure  de  phosphore  étant  dislillé  dans  le  \ide,  au  bain-marie,  le  résidu 
refroidi  cristallise  peu  Ă   peu.  On  le  dissout  dans  le  chloroforme,  qui  laisse  un  peu 
d'acide  non  attaqué  et  l'on  éva|iore  la  solution  dans  le  vide  sec.  Le  chlorure  de  nitro- 
pvromucjle  cristallise  en  lamelles,  grasses  au  toucher,  fondant  à  38°,  trÚs  solubles 
dans  le  chloroforme  et  dans  l'élher,  insolubles  dans  l'éther  de  pétrole;  il  n'est  décom- 
posé qu'assez  lentement  par  l'eau  froide. 

»  Ainide  nitropyromucique.  —  On  dirige  un  courant  de  gaz  ammoniac  sec  dans  la 
solution  éthérée  du  chlorure,  le  précipité  est  lavé  avec  trÚs  peu  d'eau  froide  pour 
enlever  le  chlorure  d'ammonium,  puis  cristallisé  dans  l'alcool  bouillant;  on  obtient 
des  cristaux  soyeux  blancs,  fondant  à  161°,  assez  solubles  dans  l'alcool,  un  peu  solubles 
dans  l'eau,  trĂšs  peu  solubles  dans  l'Ă©ther. 

»  A nilide  nilropyromucique.  —  On  ajoute  goutte  Ă   goutte  la  quantitĂ©  convenable 
d'aniline  dans  la  solution  éthérée  du  chloriue,  il  se  forme  un  abondant  précipité  jaune 
qui,  séché,  est  lavé  à  l'eau  froide  et  cristallisé  dans  l'alcool  bouillant.  Il  se  dépose  des 

(')  Comptes  rendus,  i.  C\.W\  ,  p.  5o5. 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  1903.  02  1 

aiguilles  jaune  citron  fondant  à  180°,  peu  solubles  dans  l'alcool  froid,  presqueMnso- 
lubles  dans  l'Ă©ther,  insolubles  dans  l'eau. 

B  P.-toluide  nitropy romuciij ne .  —  Elle  s'obtient  comme  l'anilide  et  cristallise  en 
prismes  jaunes  fondant  Ă   162",  un  peu  plus  solubles  dans  l'alcool  que  l'anilide. 

»  Oxydation  de  l'acide  nitropyrornuciquc.  —  Si  l'on  soumet  l'acide  nilropyro- 
mucique  Ă   l'action  du  permanganate,  de  l'acide  chromique  ou  de  l'acide  azotique,  on 
n'obtient  guĂšre  que  des  produits  de  destruction  totale. 

»  L'oxjdalion  réguliÚre  se  fait  assez  bien  avec  le  bioxyde  de  sodium,  mais  l'emploi 
de  ce  réactif  présente  un  inconvénient  à  cause  de  l'action  destructive  de  l'alcali  formé 
sur  l'acide  nitropyromucique. 

»  On  évite  cet  écueil  en  employant,  au  lieu  de  l'acide,  l'éther  éthylique  que  son 
insolubilité  dans  l'eau  préserve,  dans  une  certaine  mesure,  de  l'action  des  alcalis;  il  est 
saponifié  peu  à  peu  et  oxydé  à  mesure;  on  ajoute  le  bioxyde  de  sodium  par  portions 
et  l'on  rÚgle  la  température  de  façon  àévilerque  la  liqueur  se  colore   en  rouge  foncé. 

»  Lorsque  tout  l'éther  a  disparu,  on  étend  d'eau  et  l'on  sursature  d'acide  chlorhy- 
drique;  il  se  dégage  des  vapeurs  nitreuses  provenant  de  la  destruction  de  l'azotite  de 
sodium  formé  et,  par  épuisement  à  l'éther,  on  peut  extraire  un  acide  que  tous  ses 
caractĂšres,  ainsi  que  la  combustion  et  l'analyse  du  sel  d'argent,  permettent  d'identifier 
avec  Vacide  fumarique. 

»  Les  rĂ©sultats  de  l'oxydation  viennent  confirmer  la  position,  (p  ou  ■()  que  j'avais 
précédemment  assignée  au  groupe  AzO-  dans  l'acide  nitropyromucique. 

»  En  ce  qui  concerne  le  mécanisme  de  celte  oxydation,  on  doit  admettre  que,  par 
une  hydratation  préalable,  le  noyau  furfuranique  a  été  ouvert,  pour  donner  un  composé 

CO^H 

/ 
(AzO»)CH  =  C,  (AzO'')CH2  — CO  — CO^H      CH-CO-H 

I  )o      +ir^o=  I  ->  Il  et    AzO-u 

AzO^  — C  =  CH/  AzO-  — CH  — CHO  CH  — GOMI 

(I)  (II)  (III) 

intermédiaire  dont  la  constitution  serait  représentée  par  la  formule  (11),  ce  composé 
étant  transformé  en  acide  fumarique  par  oxydation  et  perte  de  AzO-H.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  la  formation  des  azoiques.  RĂ©duction  de 
l'éther- oxyde  ortho'nitrobenzyl-méthylique.  Note  de  M.  P.  Freundler, 
présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  J'ai  montré  ('  )  que  la  réduction  de  l'alcool  o-nitrobenzylique  au  moyen 
de  la  poudre  de  zinc  et  de  la  soude  alcoolique  Ă©tait  extrĂȘmement  complexe  : 
on  obtient,  en  effet,  divers  produits  dont  la  formation  est  due  Ă   la  fois  Ă   l'oxy- 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXVl,  p.  870. 

C.  R.,  :9o3,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  14.)  ^^9 


52a  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dation  de  la  fonction  alcool  et  à  la  réduction  totale  du  groupement  nitré; 
ces  |)roduits  renferment  par  conséquent  des  fonctions  aldéiiyde,  acide  et 
aminé.  L'alcool  o-azobenzylique  CH=OH  .(:MI\  Az  =  Az.C''H\  CH-OH, 
produit  normal  de  la  réaction,  prend  également  nai'^sancc  en  petite  quan- 
tité, mais  il  se  transforme  par  distillation  en  alcool   indazyl-o-benzyliquo 

CHl''(^i  '''^Az.t7'H\CH-0H;  son  existence  m'avait  échappé  lors  de  mes 

premiĂšres  recherches. 

»  Désirant  éviter  les  réactions  secondaires  c[ui  résultent  de  la  présence 
de  la  fonction  alcool,  j'ai  entrepris  l'étude  de  la  réduction  de  l'éther-oxyde 
méthylique  correspondant.  Cet  élher  se  préi)are  facilement  à  parlir  du 
chlorure  d'o-nitrobenzyle  (  '  ). 

»  57e  d'étlier  nitré  sont  dissous  dans  aSo""'  d'alcool  à  96  pour  100,  additionnés  de 
25s  de  soude  caustique  et  de  5o'"''  d'eau,  et  réduits  à  chaud  par  la  poudre  de  zinc, 
selon  la  méthode  habituelle.  AprÚs  (ßltration,  on  traite  jiar  l'oxyde  jaune  de  mercure,  on 
chasse  l'alcool,  et  l'on  isole  successivement  du  résidu  les  produits  neutres  et  basiques, 
puis  les  produits  acides. 

»  Dans  ces  conditions,  on  olitient  environ  lo?  de  substances  neutres  et  basiques, 
constitués  par  des  proportions  sensiblement  égaies  A''étlier-oxyde  o-aminohenzyl- 
mcthyliqiie  AzlI^.CH'.CH^OCH'  {oxalale  fusible  à  124°),  d'rther-oxjde  o-azo- 
ben:.ylmĂȘlliyUque  CH'O.CH^.  C^m.Az  =  Az.CIP.  CH^OCtP  (prismes  rouges 
fusibles  à  68",  5)  et  d'une  résine  jaunùtre,  solubledans  l'éther  et  les  acides,  qui  possÚde 

/  yCW 

tous  les  caractĂšres  de  In  benzYlĂšne-imine  (  C'll'(   I 

■'  \  \AzH 

»  Quant  aux  produits  acides  dont  la  quantité  totale  est  notablement  supérieure  à  i56, 
ils  sont  constitués  principalement  par  de  Vacide  anlliranilique  (8'  environ)  et  par  de 
Vacide  indazyl-o-benzoïquc  déjà  obtenu  dans  la  réduction  de  l'alcool  o-nitro- 
benzylique. 

»  Il  résulte  de  ce  qui  précÚde  que  l'éther  o-nitrobenzyI-méthyli(|ue  est 
saponifié  partiellement  par  les  alcalis,  contrairement  à  ce  qui  a  lieu  géné- 
ralement dans  le  cas  des  Ă©lhers-oxydes.  Cette  saponification  doit  ĂȘtre 
attribuée  évidemment  à  la  présence  du  groupement  électronégatif  AzO^  ; 
un  fait  analogue  a  d'ailleurs  été  signalé  à  propos  des  éthers  phénoliqiies 
(anisol,  etc.),  qui  sont  hydrolyses  peu  Ă   peu  par  la  potasse  alcoolique 
bouillante.  On  remarquera  toutefois  que  l'alcool  o-nitrobenzy!ique  qui 
résulte  de  celle  saponification  n'a  donné  naissance  qu'à  des  produits 
acides. 


(')  y\nn.  Clieni.,  t.  CCCV,  jj.   109. 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  1903.  5 .«3 

»  D'autre  part,  une  portion  de  l'Ă©ther  nitrĂ©  a  Ă©tĂ©  rĂ©duite  avant  d'ĂȘtre 
saponifiée;  elle  résiste  alors  à  l'action  des  alcalis;  mais  ici  encore,  comme 
dans  le  cas  de  l'alcool  o-nitrobenzyliqiie,  le  produit  normal  de  la  réduction 
(élher-oxyde  aznqua)  est  accijmijagné  de  quantités  notables  du  dérivé 
aminé  correspondant. 

»  Des  résultats  absolument  identiques  ont  été  obtenus  avec  l'éther 
o-nitrobenzvl-Ă©tliylique. 

M  L'oxyde  o-azobenzyl-méthyhque  mentionné  pins  haut  possÚde  la  pro- 
priété curieuse  de  perdre  une  molécule  d'alcool  mcthylique  et  de  se 
tran»form<"r  eu  elher  irtdazyl-benzylique  lorsqu'on  le  chauife  vers  i5o'*-20o° 
dans  le  vide  : 


'k%. 


Az 


^-\/\ 


CH-.OCH^  CH^O.CH- 
/  \     /  Az  \ 


=  (;h^oh  + 


I     I 


)Az( 


"\ 


Cli- 


CH-.OCH' 


»    Il  en  est  de  mĂȘme,  d'ailleurs,  du  dĂ©rivĂ©  Ă©lhyliqne. 

»  J'ai  signalé  (')  déjà  la  facilité  avec  laquelle  les  azoïques  à  fonction 
alcool  orthosubstiluée  se  transforment  en  indazols  par  déshydratation;  il 
est  singulier  que  celte  tendance  Ă   la  formation  d'un  noyau  indazylique  soit 
assez  forte  pour  provoquer  l'élimination  d'une  molécule  d'alcool.    » 


ZOOLOGIE.   ^  Sur  les  affinités  dit  genre  Oreosoma. 
Note  de  jM.  G. -A.  Bol'laxger,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Établi  par  Cuvier  et  Valenciennes  pour  un  petit  Poisson  de  forme 
bizarre,  le  genre  Oreosur?ia  a  été  rapporté  tour  ;i  tour  à  dilïérentes  famdies, 
placé  par  SCS  fondateur^  [larnii  les  Jo/ies  cuirassées,  à  la  suite  des  Epin()che>, 
IranslĂ©rĂ©  par  GĂčnther  ;i  la  famille  des  PercidĂ©s,  dans  le  voisinage  du  Pe/i- 
taceros,  par  I.owe  ta  celle  des  Zéidés  ou  Cyltidcs,  il  a  fait  l'objet,  il  v  a 
quelques  années,  d'une  Note  de  M.  le  piolesseiir  Léon   Vaillant,  insérée 


(')  Comptes  rendus,  l.  CXXXV'I,  p.  ii36. 


524  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dans  les  Comptes  rendus  (t.  CXVI,  1893,  |).  598).  Dans  celte  Note, 
M.  Vaillant  complĂšte  et  rectifie  sur  quelques  points  la  description  de  ses 
prédécesseurs,  détermine  la  provetiance  de  l'iiulividu  type,  recueilli  par 
PĂ©ron  dans  l'Atlantique,  un  ])eu  Ă   l'ouest  de  la  colonie  du  Cap,  mentionne 
un  second  individu,  un  peu  plus  grand,  acquis  par  le  Muséum,  et  se  pro- 
nonce en  faveur  des  Berycidés  comme  la  famille  la  plus  propre  à  recevoir 
le  genre  Oreosoma. 

»  L'aspect  de  VOreosoma  atlanticum  semblait  indiquer  l'état  jeune  d'un 
Poisson  acanthoptérygien  dont  l'adulte  restait  à  tlécouvrir.  Grùce  aux 
récoltes  faites  i)ar  M.  J.-D.-F.  Gilchrist  sur  le  Peter-Faiire  dans  le  voisinage 
du  cap  de  Bonne-Espérance,  dont  une  partie  m'a  été  souuiise  par  mon  col- 
lĂšgue, je  crois  ĂȘtre  Ă   mĂȘme  de  faire  connaĂźtre  cette  forme  adulte  et  en 
mĂȘme  temps  de  confirmer  l'opinion  Ă©mise  par  Lowe  sur  la  position  systĂ©- 
matique (lu  genre  ci-devant  si  problématique. 

»  Le  Poisson  en  question,  mesuranl  945""°  de  longueur  totale,  provient  d'une  pro- 
fondeur de  80°'  environ,  à  quelques  milles  du  cap  de  Bonne-Espérance. 

»  Il  répond  par  sa  forme  au  CjttuS,  mais  en  diftere  par  le  corps  couvert  d'écaillés 
portant  chacune  un  petit  tubercule  scléreux  arrondi,  rendant  le  Poisson  trÚs  ùpre  au 
toucher;  les  grands  tubercules  coniques  qui  donnent  un  aspect  si  bizarre  au  type 
décrit  et'figuré  par  Cuvier  et  Valenciennes  ne  sont  représentés  que  par  une  série  de 
tubercules  mousses,  relativement  beaucoup  plus  petits  et  assez  irréguliers,  de  chaque 
cÎté  du  ventre  et  par  une  double  ou  triple  série  de  tubercules  encore  plus  réduits  sur 
la  ligne  médiane,  entre  les  nageoires  ventrale  et  anale. 

»  La  ligne  latérale,  un  peu  sinueuse,  décrit  une  forte  courbe  en  avant.  La  nageoire 
dorsale,  continue,  se  compose  de  6  rayons  Ă©pineux  et  de  3o  rayons  mous;  le  plus  long 
rayon  épineux,  le  deuxiÚme,  ne  mesure  que  la  moitié  du  plus  long  rayon  mou; 
l'anale  a  3  rayons  Ă©pineux  et  28  rayons  mous.  La  nageoire  pectorale  est  courte  et 
arrondie;  la  ventrale,  de  mĂȘme  longueur,  est  formĂ©e  d'une  Ă©pine  et  de  7  ra3ons 
mous.  La  nageoire  caudale,  insérée  sur  un  pédicule  assez  court  et  mince,  n'a  que 
i3  rayons  bien  dĂ©veloppĂ©s  et  est  tronquĂ©e  arrondie.  La  tĂȘte  est  grande,  mesurant 
les  I  de  la  longueur  totale  (nageoire  caudale  exclue);  il  v  a  "ne  trĂšs  grande 
fontanelle  à  sa  face  supérieure,  couverte  de  petites  écailles  à  plusieurs  tubercules, 
comme  sur  la  nuque;  l'Ɠil  mesure  les  4  de  la  longueur  de  la  tĂȘte;  les  prĂ©maxillaires 
sont  trÚs  protractiles  et  le  maxillaire  s'étend  jusqu'au-dessous  du  quart  antérieur  de 
l'Ɠil;  les  os  ^superficiels  du  crĂąne,  ainsi  que  l'opercule,  sont  rugueux  et  striĂ©s.  La 
région  pectorale  est  tronquée  en  avant,  précédée  d'une  échancrure  correspondant  à 
l'os  urohyal.  Il  y  a  7  rayons  branchiostĂšges.  Les  branchies  sont  au  nombre  de  trois 
doubles  et  une  simple,  sans  fente  en  arriĂšre  de  celle-ci;  les  branchiospines  sont  plus 
longues  que  les  fdaments  branchiaux  et  au  nombre  de  20  à  la  branche  inférieure  du 
premier  arceau;  les  pseudobranchies  sont  trÚs  développées. 

M   Tous    ces   caractĂšres  indiquent   des   rapports  trĂšs    Ă©troits    avec   les 


SÉANCE    DU    5    OCTOBRE    190^.  SaS 

membres  de  la   famille  des  Zéidés,  dont  notre  Poisson  Saint-Pierre  (Ze«i 
faber)  est  le  type  bien  connu. 

»  La  réduction  des  arcs  branchiaux  et  des  rayons  de  la  nageoire 
caudale  s'oppose  à  tout  rapprochement  des  Bérycidés;  et  en  outre  j'ai 
pu  m'assurer  que  les  sous-orbitaires  ne  sont  pas  étalés  en  lame  interne 
soutenant  le  globe  de  l'Ɠil  et  que  l'os  hypural  ne  porte  pas  le  petit 
tubercule  ou  éperon  caractéristique  des  Bérycidés  ainsi  que  de  la  |)lupart 
des  Perciformes. 

»  Il  y  a  quelque  temps  (  '  ),  j'ai  fait  ressortir  les  caractÚres  que  les  Zéidés 
possÚdent  en  commun  avec  les  Pleuronectidés,  qu'on  a  si  longtemps  asso- 
ciés, à  tort,  aux  Gades  et  autres  Anacanthes.  M.  Thilo(-)  était  arrivé,  de 
son  cĂŽtĂ©,  aux  mĂȘmes  conclusions,  sans  que  j'eusse  connaissance  de  son 
travail.  Bien  que  les  ZĂ©idĂ©s  ne  puissent  ĂȘtre  considĂ©rĂ©s  comme  les  ancĂȘtres 
des  Pleuronectidés,  M.  Thilo  et  moi  avons  fait  voir  qu'ils  en  sont  néanmoins 
trÚs  voisins  et  qu'ils  sont  probablement  dérivés  d'un  type  commun.  Ce 
type  semble  représenté  par  un  genre  fossile  de  l'EocÚne  supérieur,  Amphi- 
stium,  dont  j'ai  publiĂ©  une  restauration,  et  il  n'est  pas  sans  intĂ©rĂȘt  de  faire 
observer  que  le  genre  Oreosuma,  sous  le  rapport  de  la  briÚveté  des  rayons 
épineux  de  la  dorsale,  formant  une  série  continue  avec  le  reste  de  la 
nageoire,  se  rapproche  davantage  du  type  fossile  que  ne  le  font  les  autres 
représentants  connus  de  la  famille  des  Zéidés. 

»  La  famille  des  Zéidés  renferme  six  genres  dans  la  nature  actuelle  : 
Grammicolepis,  Oreosonia,  Cyllus,  Cyllopsis,  Zenion  et  Zeus.  Ce  dernier  a 
laissĂ©  des  restes  dans  l'OligocĂšne  et  le  genre  Cytloides,  du  mĂȘme  Ăąge,  est 
considéré  comme  voisin  de  Cyltus.  Les  prem.iers  exemples  de  Pleuronec- 
tidés, trÚs  voisins  de  nos  Turbots,  ont  été  trouvés  dans  l'EocÚne  supérieur, 
ainsi  que  le  genre  Amphistium.    » 


PHYSIOLOGIE.  —  L'action  des  solutions  des  sels  alcalins  et  alcalino-terreux 
sur  les  Épinoches.  Note  de  M.  Michel  SiiĂŻdlecki,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  Alfred 
Giard. 

«  Il  est  évident  que  les  Epinoches,  placées  dans  des  solutions  salines,  sont 
soumises  aussi  bien  Ă   l'augmentation  de  la  pression  osmolique,  qu'Ă   une 


(')  Ann.  and  Mag.  nat.  Hlst.,  t.  X,  1902,  p.  295. 
(^)  Zool.  Anzeig.,  t.  XXV,  1902,  p.  3o5. 


520  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

action  spécifique  de  leur  milieu  nouveau.  Nous  avons  déjà  signalé  que  la 
pression  osmolique  n'a  que  peu  d'influence;  ce  fait  constaté,  nous  avons 
tenté  d'étudier  l'action  spécifique  des  solutions  des  sels  alcalins  et  alcalino- 
terreux,  qui  se  trouvent  le  plus  souvent  dans  le  milieu  ambiant  ou  bien 
dans  la  nourriture  des  Épinoches.  Nous  avons  donc  Ă©tudiĂ©  l'action  des 
chlorures  de  R,  Na  et  Li,  ainsi  que  des  sulfates,  azotates,  carbonates  et 
phosphates  des  deux  premiers  éléments;  ensuite  les  chlorures  de  Ba,  Sr,  Ca 
et  Mg,  et  le  sulfate  de  Mg. 

»  L'aclion  de  toutes  les  solutions  de  ces  divers  sels  dépendait  seulement  de  la  con- 
centration du  liquide  et  pas  de  sa  quantité;  ce  fait  prouve  que  l'organisme  des  Epi-r 
noclies  n'est  pas  capable  d'extraire  les  sels  du  milieu  ambiant  et  de  les  accumuler  dans 
son  intérieur;  les  sels  agissent  alors  surtout  sur  les  cellules  qui  entrent  en  contact 
immédiat  avec  ces  solutions.  Le  degré  de  la  résistance  à  l'action  de  ces  liquides  varia 
avec  les  individus,  suivant  les  propriétés  des  parties  touchées  immédiatement  par  la 
solution.  Les  animaux  de  taille  moyenne,  bien  nourris  et  vigoureux,  sont  en  général 
plus  réfractaires  que  les  grands  exemplaires  qui  s'affaiblissent  trÚs  vite  en  captivité; 
chez  ces  derniers,  l'affaiblissement  général  produit  une  diminution  de  la  résistance  de 
la  surface  du  corps  et  entraĂźne  la  mort  assez  rapidement. 

«  1.  Les  sels  de  potassium  sont  trÚs  toxiques  pour  les  Epinoches.  A  concentration 
mortelle,  tous  provoquaient  les  mĂȘmes  symptĂŽmes;  au  moment  de  la  mort  le  corps  est 
raide,  toutes  les  nageoires  fortement  distendues,  les  épines  se  hérissent,  les  opercules 
restent  ouverts;  tous  ces  sj'mptĂŽmes  sont  dus  aux  crampes  de  tous  les  muscles  du  corps. 

»  Le  degré  de  toxicité  des  divers  sels  de  Iv  varie  asssez  considéraldemenl  ;  nous 
l'avons  représenté  dans  le  Tableau  suivant  : 

Sel 

Concenlration  des  solutions 

en  quantités  pour   loo.  .  . 

Mort  provoquée,  en  heures. 

B  La  toxicité  des  sels  de  k  change  donc  suivant  le  degré  de  leur  acidiié.  les  sels 
légÚrement  acides  étant  moins  toxiques  que  les  neutres,  ceux-ci  moins  que  les  basiques. 
K'CO'  agit  le  plus  énergiquement  parce  qu'il  provoque  une  désagrégation  de  la  couche 
épithéliale  recouvrant  les  branchies. 

»  2.  Les  sels  de  sodium  n'agissent  qu'en  solutions  relativement  trÚs  concentrées; 
seul  Na-CO',  qui  provoque  une  dissolution  de  l'épithélium  sur  les  branchies,  tue  une 
Épinoche  assez  rapidement  en  solution  de  o,  i  à  0,2  pour  100.  Aucun  des  autres  sels 
de  Na  n'est  nuisible  Ă   ces  poissons  Ă   cette  concentration,  qui  peut  se  rencontrer  dans 
leur  milieu  naturel;  de  plus,  les  Epinoches  sont  trÚs  réfractaires  à  l'action  des  sels  qui 
se  trouvent  le  plus  souvent  dans  leur  milieu  ambiant,  comme  Na  Cl  et  Xa'SO*. 
L'action  nuisible  de  Na  Cl  commence  à  une  concentration  dépassant  3  pour  100,  donc 
voisine  ou  légÚrement  supérieure  à  celle  de  Na  Cl  dans  l'eau  de  mer;  Na'SO'  n'est 
toxique  qu'en  solutions  de  5  Ă   6  pour  100.  Ces  deux  sels  tuent  les  animaux  trĂšs  lente- 
ment et  ne  provoquent  ni  excitation  ni  crarnpes  avant  la  mort. 


KUIPO'. 

K  AzO'. 

K=SO'. 

KCI. 

K=CO'. 

,4  Ă   0,5 

0.,  2    il   0 .  ‱> 

0,3  Ă   0,3 

0,2 

0,  i 

24 

■ïi 

18  Ă    20 

2.', 

5 

SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  igoS.  ^27 

»  3.  L'action  du  chlorure  de  lithium  ressemble  à  celle  des  sels  de  potassium  ;  il  pro- 
voque une  hypereslhĂ©sie  suivie  d'un  grand  afTaiblissement  et  lue  les  Épiiioclies  en 
2/4  heures  Ă   la  concentration  de  o,5  Ă   i  pour  loo. 

»  k.  Les  chlorures  des  alcalino-terreux  sonld'autanlplusactifsque  leur  poids  molé- 
culaire est  plus  considérable.  BaCl-  en  solution  à  o, 5  pour  100  provoque  une  forte 
excitation  de  l'animal,  des  crampes  tétaniques  et  la  mort  en  18-24  heures;  Sr  CP  pro- 
voque des  symtĂŽmes  analogues,  mais  plus  faibles  en  solution  de  2  Ă   3  pour  100.  Par 
contre  CaCl=  et  MgCl^  Ă   doses  mortelles  (3  Ă   4  pour  100  pour  CaCl-  et  5  pour  100 
pour  MgCl^),  causent  d'abord  un  alTaiblissement  général  et  une  apathie  des  animaux, 
qui  restent  sans  mouvement  en  respirant  trĂšs  peu  et  lentement  ;  la  mort  vient  souvent 
sans  que  l'animal  change  de  position.  Les  mĂȘmes  symptĂŽmes  s'observent  sur  des  ani- 
maux placĂ©s  dans  une  solution  de  6  Ă   7  pour  ĂŻoo.  Les  Épinoches  se  comportent  en 
prĂ©sence  des  sels  de  Ca  et  Mg  de  la  mĂȘme  façon  qu'en  prĂ©sence  des  selsde  Na  ;  elles  sont 
donc  particuliÚrement  adaptées  à  résister  vigoureusement  à  l'action  de  ces  sels,  qui 
sont  les  principaux  constituants  de  leurs  cendres. 

»  Nous  avons  tenté,  dans  d'autres  expériences,  d'étudier  l'action  du  mélange  des 
solutions  des  divers  sels.  P<nir  ces  expériences  nous  avons  choisi  d'abord  le  mélange 
de  KCI  avec  CaCP.  Nous  avons  préparé  quatre  mélanges  dont  chacun  contenait  So"^"' 
de  la  solution  normale  de  KO,  Ă   quoi  nous  avons  ajoutĂ©  :  dans  le  premier  (I),  5oℱ°; 
dans  le  deuxiĂšme  (II),  loo""';  dans  le  troisiĂšme  (  III),  iSo""'^';  et  dans  le  quatriĂšme  (IV), 
200ℱ'  de  la  solution  normale  de  CaCl-,  et  en  outre  suffisamment  d'eau  pour  avoir  l'de 
chaque  liquide;  KCI  Ă©tait  dans  ces  solutions  Ă   une  concentration  qui  tue  uneÉpinoche 
en  10  à  j8  heures.  Les  animaux  ont  vécu,  dans  la  solution  I,  20  à  28  heures;  dans  la  II", 
28  à  4o  heures;  dans  la  III'-',  36  à  90  heures;  dans  la  IV=,  i3  à  18  heures.  Cette  expé- 
rience démontre  que  :  i"  l'action  de  KCI  est  atténuée  par  celle  de  CaCl-;  2°  qu'en 
mélangeant  ces  deux  sels  en  diverses  proportions,  on  arrive  à  un  optimum  du  mé- 
lange, dans  lequel  l'action  toxique  de  K  est  presque  entiÚrement  neutralisée.  Cet 
oplimum  était  en  notre  cas  la  solution  III;  nous  sommes  arrivé  à  v  faire  vivre  les 
Epinoches  pendant  une  semaine.  Nous  avons  ensuite  essayé  beaucoup  d'autres  mé- 
langes de  divers  sels,  mais  nous  n'avons  pas  obtenu  de  résultats  semblables  à  ceux  du 
mélange  de  KCI  avec  CaCP;  au  contraire,  certaines  solutions,  inolTensives  si  elles 
étaient  employées  seules,  devenaient  toxiques  aprÚs  avoir  été  mélangées.  Nous  nous 
proposons  de  donner  des  détails  sur  ce  sujet,  dans  notre  travail  définitif. 

>i  Le  f;iit  que  les  .sels  de  K  peuvent  Ăšlre  rendus  inoffensifs,  par  l;i  seule 
prĂ©sence  des  sels  de  Ca  dans  la  mĂȘme  sokilion,  a  une  grande  importance 
pour  les  Epinoclies,  qui  souvent  vivent  dans  des  marais  oĂč  les  sels  de  K, 
provenant  des  débris  organiques,  peuvent  facilement  se  trouver;  les  ani- 
maux résistent  dans  la  nature  à  la  toxicité  de  ces  sels,  parce  que  toujours 
dans  les  marais  les  sels  de  Ca  sont  aussi  présents.    » 


528  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BOTANIQUE.  —  Sur  le  genre  Ascodesmis.  Noie  de  M.  P. -A.  Dasgeaud, 

présenlée  par  M.  Guignard.  "* 

«  On  sait  qu'un  certain  nombre  d'AscomycÚtes  possÚdent  à  l'origine  du 
périthÚce  des  filaments  copulateurs  qui  ont  été  assimilés  à  des  anthéridies 
et  Ă   des  oogones,  c'est-Ă -dire  Ă   des  gamĂ©tanges.  Un  intĂ©rĂȘt  spĂ©cial  s'atta- 
chait au  genre  Ascodesmis,  découvert  par  M.  Van  Tieghem,  parce  que, 
jusqu'ici,  on  admettait  que  la  formation  du  périthÚce  y  résulte  des  dicho- 
tomies successives  d'un  filament  mycélien  unique  (  '  ). 

»  Nous  avions  été  frappé  cependant  |)ar  la  ressemblance  que  présente 
ce  filament  avec  celui  qui  produit  les  rosettes  chez  le  Pyronema  :  cette 
analogie  nous  a  conduit  à  la  découverte  de  rameaux  accouplés  par  paires, 
semblables  Ă   ceux  des  Gymnoascus  :  leur  nombre  est  variable  pour  chaque 
périthÚce;  on  en  trouve  de  six  à  dix  environ  dans  V Ascodesmis  nigricans. 

»  Chaque  couple  est  constitué  par  deux  rameaux  enroulés  l'un  sur 
l'autre  en  spirale;  au  début,  ils  ne  présentent  aucune  différence  bien  sen- 
sible; un  peu  plus  tard,  l'ascogone  se  distingue  facilement  Ă   son  contenu 
plus  riche  en  cytoplasme  et  à  son  diamÚtre  légÚrement  supérieur  à  celui  de 
l'anthéridie. 

»  Nos  observations  montrent  que,  dÚs  les  premiÚres  dichotomies  du  fila- 
ment générateur,  la  branche  qui  fournira  les  anthéridies  se  différencie  de 
celle  qui  donnera  naissance  aux  ascogones;  ces  organes  ne  seraient  donc 
pas  portĂ©s  sur  un  mĂȘme  rameau  comme  chez  les  Eremascus,  mais  provien- 
draient de  branches  différentes  comme  chez  les  Pyronema. 

»  Les  anthéridies  et  les  ascogones  sont  plurinucléés  :  nous  avons  cherché 
la  trace  d'une  communication  directe  entre  les  deux  rameaux  accouplés, 
mais  sans  parvenir  à  la  découvrir  :  le  cytoplasme  se  raréfie  de  bonne  heure 
dans  les  anthéridies  et  disparaßt  sur  place  avec  les  noyaux  qu'il  contient. 
Le  cytoplasme  disparaĂźt  Ă©galement  au  sommet  de  l'ascogone;  cette  partie 
qui  s'isole  par  une  cloison  du  reste  de  l'organe  est  donc  identique  au  tri- 
chogyne  des  Monascus. 

»  On  ne  voit  ordinairement  que  trois  ou  quatre  noyaux  dans  l'anthéridie; 
l'ascogone  en  renferme  sept  ou  huit;  il  n'en  reste  finalement  que  quatre 

(')  Van  Tieghem,  Sur  le  développement  du  fruit  des  Ascodesmis  {^Bull.  Soc.  bota- 
nique  de  France,  l.  XXllI,  1876,  p.  271). 


SÉANCE    DU    5    OCTOBRE    igoS.  529 

OU  cinq  aprÚs  séparation  dn  trichogvne;  mais  ces  derniers  ont  augmenté 
de  volume  et  ils  possÚdent  un  gros  nucléol(>;  ce  sont  les  seuls  qui,  lors  du 
bourgeonnement  de  l'ascogone,  fonrnissenl,  aprĂšs  une  on  plusieurs  bi|)ar- 
tilions,  les  noyaux  copulateurs  des  asques. 

»  Les  paraphyses  proviennent  de  ramifications  basilaires  du  filamonl 
initial;  elles  contiennent  plusieurs  noyaux. 

))  Comment  concilier  l'existence  de  ces  organes  copulateurs  clioz  les 
Ascomyccles  avec  l'absence  de  fusions  nucléaires  dans  l'oogone,  alors 
qu'd  s'en  pioduit  plus  tard  Ă   la  naissance  des  asques. 

»  Nous  sommes  en  mesure  maintenant  d'en  donner  une  explication 
rationnelle. 

»  Lorsque  les  SiphomycÚtes  ont  passe  de  la  vie  aquatique  à  la  vie 
aérienne,  leurs  sporanges  sont  devenus  des  couidiophores  de  formes 
variées,  isolés  ou  inclus  dans  des  conceptacles;  or  les  gamélanges  ne  sont 
que  des  sporanges  Ă   spores  affaiblies  (');  il  est  naturel  qu'Usaient  subi  une 
différenciation  analogue  à  celle  des  sporanges;  ils  se  sont  transformés  en 
gamétophores  à  gamÚtes  extérieurs.  Le  gamétophore  fertile,  ou  ascogone, 
Ă©quivalent  d'un  conidiopfiore  Ă   spores  affaiblies,  donne  naissance  Ă   des 
gamĂštes  qui  s'unissent  |)ar  deux  grĂące  Ă   l'absence  de  cloison.  L'origine  dif- 
férente des  noyaux  copulateurs  montre  bien  qu'il  s'agit  de  la  formation 
d'un  Ɠuf  comme  nous  l'avons  toujours  soutenu  :  le  mode  de  germination 
est  encore  celui  d'un  Ɠuf  puisque  le  produit  en  est  un  asque  ou  sporange 
comme  chez  les  Péronosporées;  enfin,  la  réduction  chromatique  qui,  selon 
nos  observations,  intervient  Ă   ce  moment,  ne  laisse  aucun  doute  sur  la 
nature  sexuelle  du  |)hénomÚne. 

»  Avec  cette  interprétation,  qui  nous  paraßt  définitive,  la  sexualité 
des  Champignons  supérieurs  rentre  dans  le  schéma  général  de  la  lécon- 
dation.   » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Recherches  sw  la  transpiration  des  feuilles  vertes 
dont  on  éclaire  soit  la  face  supérieure,  soit  la  face  inférieure.  Note  de 
M.  Ed.  GniFFo.v,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«   J'ai  montré,  dans  une  Note  récente,  que  les  feuilles  vertes  décomposent 
moins  énergiquement  le  gaz  carbonique  lorsqu'elles  sont  éclairées  par  la 


(')  Consulter  notre  Théorie  de  la  sexualité  {Le  Botaniste,  6"  série,  p.  268) 
C.  R.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N*  14.)  70 


53o  ACAinĂźMiK   ni- s  sciences. 

face  infĂ©rieure  an  lien  de  l'ĂȘtre  par  la  face  supĂ©rieure,  comme  cela  se  pro- 
duit dans  les  conditions  naturelles;  j'ai  conclu,  en  outre,  que  le  développe- 
ment du  tissu  palissadique  dans  le  mésophyllo  est  bien,  comme  on  l'a  sou- 
vent avancé,  favorable  à  l'assimilation  chlorophyllienne. 

»  J'ai  naturellement  été  amené  à  me  demander  dans  quelle  mesure  ce 
développement  peut  influer  sur  la  transpiration  des  feuilles  vertes  que  l'on 
Ă©clairerait  comme  il  vient  d'ĂȘtre  dit. 

»  A  cet  effet,  prenons  deux  plantes  en  pot  appartenant  à  la  mÚnne  espÚce  et  aussi 
semblables  que  possible,  puis  ex.posons-les  pendant  le  mĂȘme  temps  aux  mĂȘmes  condi- 
tions de  milieu;  il  sera  facile,  par  la  méthode  des  pesées  successives,  de  calculer  leurs 
capacités  Lranspiratoires  propres.  Renversons  ensuite  une  d'entre  elles  et  disposons 
l'expérience  de  façon  que  la  lumiÚre  frappe  directement  la  face  inférieure  comme  elle 
frappait  auparavant  la  face  supérieure.  On  verra  alors  que  le  rapport  des  deux  capa- 
cités transpiratoires  sera  changé  par  suite  de  la  diminution  de  la  quantité  de  vapeur 
d'eau  émise  par  la  plante  renversée.  L'abaissement  de  la  transpiration  peut  ainsi  aller 
de  I  Ă   o,85  pour  le  Datura,  Ă   0,74  avec  l'Eiable,  Ă   0,83  avec  le  Coletis,  Ă   0,89  avec 
un  Musa,  qu'il  suffßt  de  retourner  et  non  de  renverser,  l'unique  feuille  laissée  sur  la 
lige  étant  peu  inclinée  par  rapport  à  un  plan  vertical.  Rien  de  semblable  ne  se  pro- 
duit à  l'obscurité. 

»  Au  lieu  de  faire  l'expérience  sur  une  plante  entiÚre,  faisons-la  sur  une  feuille  seu- 
lement que  Ton  introduit  dans  un  tube  Ă   essai,  comme  dans  les  recherches  de  Mariette 
et  de  Gueltard  et  plus  tard  de  Dehérain.  Il  est  facile  de  découper,  dans  deux  feuilles 
bien  comparables  d'un  mĂȘme  rameau  ou  de  deux  rameaux  voisins,  des  surfaces  Ă©gales. 
On  assujettit  chaque  feuille  Ă   la  bordure  saillante  et  interrompue  d'un  petit  cadre  en 
bois  noirci,  de  façon  qu'une  face  ne  reçoive  pas  de  lumiÚre,  mais  qu'il  v  ait  néanmoins 
au-dessous  d'elle  un  certain  espace  communiquant  avec  la  cavité  du  tube  à  essai,  ce 
qui  permet  Ă   la  vapeur  d'eau  Ă©mise  de  se  diffuser  dans  l'air  environnant.  Dans  ces  con- 
ditions, la  transpiration  est  toujours  plus  faible  si  c'est  la  face  supérieure  qui  reçoit  la 
lumiĂšre;  elle  passe  de  i  Ă   0,74  avec  le  Laurier-cerise,  Ă   0,69  avec  le  Phytolacca  et 
le  Cerisier,  Ă   0,75  avec  la  Vigne  vierge. 

»  Mais  si,  tout  en  opérant  avec  la  méthode  de  Guettard,  l'on  emploie  des  feuilles 
coupées,  l'augmentation  de  poids  du  tube  ou  encore  la  diminution  de  poids  des  feuilles 
montrent  que,  comme  dans  la  premiÚre  série  d'expériences,  la  transpiration  baisse  si 
la  lumiÚre  éclaire  la  face  inférieure  (i  à  0,80  avec  le  Laurier-Tin,  à  0,90  avec  la  Vigne- 
vierge,  Ă   o,85  avec  le  Dahlia,  Ă   0,72  avec  le  ChĂȘne). 

»  Comment  faut-il  interpréter  ces  résultats?  La  transpiration  est  évi- 
demment réglée  parla  plus  ou  moins  grande  facilité  avec  laquelle  les  gaz 
s'Ă©chappent  au  travers  de  l'Ă©piderme,  mais  elle  l'est  aussi  par  la  plus  ou 
moins  grande  rapidité  avec  laquelle  l'eau  se  renouvelle  dans  les  cellules 
qu'elle  quitte  en  se  vaporisant. 

»  Or,  dans  les  feuilles,  les  faisceaux  libéro-ligneux  ont  leur  bois  tourné  du  cpté  du 


SÉAKCE  DU  5  OCTOBRE  1903.  53 1 

lissu  palissadique;  de  plus,  c'est  dans  ce  tissu  qu'ils  se  terminent  quand  ils  ne  s'anas- 
tomosent pas  avec  d'autres.  Le  tissu  lacuneux,  au  conlraire,  ne  reçoit  pas  directement 
l'eau  des  vaisseaux  ou  des  cellules  vasculaires  qui  coiffent  les  terminaisons  libres  des 
faisceaux.  Aussi,  quand  un  Ă©clairement  intense  le  fait  transpirer  rapidement,  comme 
cela  arrive  dans  la  premiÚre  série  d'expériences  (pot  renversé),  l'eau  ne  se  renouvelle 
pas  assez  vite  et  la  transpiration  baisse,  d'autant  que,  dans  ce  cas,  le  lissu  palissa- 
di(jue,  riche  en  chlorophylle  et  mieux  pourvu  en  eau,  vaporise  peu  de  celte  derniĂšre, 
car  il  ne  reçoit  qu'une  lumiÚre  atténuée.  Au  contraire,  quand  la  face  supérieure  reçoit 
la  lumiĂšre  directe,  le  parenchyme  en  palissade  transpire  davantage;  comme  d'autre 
part  il  est  bien  disposé  pour  la  facile  pénétration  des  rayons  lumineux  dans  le  tissu 
bous-jacent  qui  est  le  tissu  lacuneux,  ce  dernier  fonctionne  bien,  lui  aussi,  quoique 
plus  lentement  que  dans  le  cas  précédent  au  débul  et  son  eau  se  renouvelle  plus  faci- 
lement; la  transpiration  totale  de  la  feuille  doit  donc  augmenter. 

»  Si  une  feuille,  tenant  encore  à  la  plante,  est  placée  dans  un  milieu  clos,  comme  dans 
la  deuxiÚme  série  d'expériences,  la  vitesse  de  la  transpiration  baisse  de  ce  fait;  alors, 
quand  la  face  inférieure  regarde  la  lumiÚre,  l'eau  se  renouvelant  mieux  celle  fois  dans 
le  tissu  lacuneux  Ă   cause  de  la  consommation  plus  faible,  l'avantage  d'un  tissu  trĂšs 
poreux  au  point  de  vue  de  la  transpiration  l'emporle,  et  la  feuille  dégage  au  total  plus 
de  vapeur  d'eau. 

»  Enfin,  si  la  feuille  est  coupée  et  mise  aussi  dans  un  espace  clos,  comme  dans  la 
troisiÚme  série  d'expériences,  l'avantage  indiqué  ci-dessus  existe  encore  du  fait  de 
l'air  saturé,  mais  le  renouvellement  de  l'eau  est  rendu  trÚs  difficile;  le  li^su  palissadique 
ne  recevant  plus  d'eau  en  cĂšde  peu  au  lissu  lacuneux  et  la  transpiration  totale  de  la 
feuille  baisse. 

»  On  ne  peut  guÚre  faire  intervenir  à  la  place  des  considérations  précédentes  le  rÎle  des 
stomates.  D'abord  les  expériences  ne  durent  pas  longtemps  ;  ensuite,  dans  la  deuxiÚme 
série  d'expériences,  les  stomates  frappés  |iar  lu  lumiÚre  auraient  dû  se  fermer  et 
poui'lant  la  transpiiation  a  été  plus  grande  surtout  au  débul;  enfin,  dans  la  premiÚre 
sĂ©rie  (pot  renversĂ©  ),  on  obtient  les  mĂȘmes  rĂ©sultats  Ă   la  lumiĂšre  diffuse  si  les  feuilles 
sont  placées  au-dessus  d'un  écran  qui  diminue  l'éclairement  de  la  face  inférieure. 

»  Le  tissu  palissadique,  s'il  favorise  l'assimilation  chlorophyllienne,  tend  donc,  toutes 
choses  égales  d'ailleurs,  à  réduire,  mais  aussi,  par  suite  de  ses  relations  avec  les 
réserves  d'eau  des  faisceaux,  à  régulariser  la  transpiration  des  feuilles  restées  à  la 
lumiÚre.  En  l'absence  de  ce  tissu  les  plantes  des  lieui  secs  ne  pourraient  résister  à  la 
grande  Ă©vaporation  dont  elles  sont  le  siĂšge  et  au  manque  d'eau  du  sol.  Mais,  en  outre, 
son  orientation  du  cÎté  de  la  lumiÚre  fait  que,  dans  les  lieux  suffisamment  pourvus 
d'eau,  les  fortes  chaleurs,  au  moins  dans  un  grand  nombre  d'espĂšces,  ne  dessĂšchent 
pas  trop  le  tissu  lacuneux  situé  du  cÎté  de  l'ombre  et,  l'irrigation  des  parenchymes 
étant  assez  rapide,  la  transpiration  se  poursuit  sans  péril  pour  les  feuilles  et  permet 
à  ces  derniÚres  de  profiter  de  la  lumiÚre  vive  pour  assimiler  activement.  » 


53  i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BOTANIQUE.  —  Sur  !e  dĂ©veloppement  de  l'embryon  des  JoncĂšes. 
INule  (le  iM.  Marcelm.v  Laurent,  |jiéseiUée  par  RI.  Gaston  Bonnier. 

«  J'ai  mnnlic  dans  une  Note  [iréccdcnte  (')  comment  s'opÚre  la  forma- 
tion de  l'Ɠuf  des  JoncĂ©es;  j'etudie  maintenant,  dans  les  mĂȘmes  espĂšces,  le 
développement  embryonnaire  : 

11  AussitĂŽt  l'oospliĂšre  fĂ©condĂ©e,  l'Ɠuf  se  divise  transversalement  et  donne  deux 
cellules  inégales  :  la  cellule  supérieure,  plus  volumineuse,  constitue  rembrjon  pro- 
prement dit;  la  cellule  inférieure,  le  suspenseur  (je  considÚre  rembr^on  dans  la 
position  qu'il  occupe  pendant  la  germination).  C'est  en  général  la  cellule  inférieure 
qui  se  divise  ensuite  dans  le  mĂȘme  sens,  et  Ton  compte  alors  trois  Ă©lĂ©ments  superposĂ©s 
dont  deux  appartiennent  au  suspenseui-;  la  troisiĂšme  segmentation  frappe  la  cellule 
embryonnaire  et  elle  a  toujours  lieu  dans  le  sens  vertical  ;  elle  peut  d'ailleurs  se  pro- 
duire la  premiĂšre  aprĂšs  la  division  de  l'Ɠuf.  Au  stade  suivant,  la  cellule  supĂ©rieure  du 
suspenseur  se  divise  transversalement  pendant  que  les  deux  cellules  emiirvonnaires, 
par  dos  cloisonnements  rapides  en  tous  sens,  forment  déjà  un  épiderme  de  plusieurs 
cellules  coilTant  deux  cellules  centrales;  ces  derniĂšres  en  se  multipliant  vont  former  le 
corps  mĂȘme  de  l'embryon,  et  c'est  leur  dĂ©veloppement  qui  dirige  celui  de  l'Ă©piderme. 

»  La  cellule  supérieure  du  suspenseur  se  divise  plus  tardivement  par  des  cloisons 
verticales;  elle  forme  un  plateau  qui  sépare  la  partie  provenant  de  la  cellule  embryon 
des  deux  cellules  inférieures  du  suspenseur;  ces  derniÚres,  d'abord  trÚs  vacuolisées, 
grandissent  considérablement,  puis  leur  protoplasma  se  réduit  à  une  couche  de  plus 
en  plus  mince  autour  du  noyau  également  en  voie  de  régression. 

»  L'embryon  qui  jusque-là  était  ])yriforme,  la  pointe  dirigée  vers  le  mlcropyle, 
devient  ovoĂŻde  par  suite  de  la  multiplication  en  hauteur  et  en  diamĂštre  de  l'assise 
plateau  du  suspenseur  persistant;  les  cellules  périphériques  de  cette  assise  se  relient  à 
l'épiderme  général  et  permettront  plus  lard  par  leur  grande  taille  de  séparer  les  tissus 
provenant  de  la  cellule  embiyonnaire  initiale  de  ceux  provenant  de  la  cellule  sus- 
penseur.  C'est  dans  la  région  apiiarlenajit  an  suspenseur  que  l'activité  cellulaire  plus 
faible  au  début  se  concentre  maintenant;  pendant  que  les  deux  cellules  inférieures 
du  suspenseur  disparaissent  complÚtement,  l'extrémité  de  l'embryon  de  plus  en  plus 
large  vient  s'appliquer  contre  le  tĂ©gument  oĂč  il  subsiste  jjourtant  encore  un  reste  de 
la  calotte.  Celte  extrémité  se  dillérencie  en  radicule  pendant  que  la  région  supérieure, 
plongée  dans  l'albumen,  constitue  le  cotylédon;  les  deux  organes  se  continuent  exac- 
tement sans  aucune  ligne  de  démarcation,  mais  le  développement  nous  a  montré  que 
l'un  provient  de  la  cellule  suspenseur  et  l'autre  de  la  cellule  embrvonnaire  ])rimilive. 

»  La  diftĂšrenciation  s'arrĂȘte  Ă   ce  stade  dans  les  Jtincus  Ă   rhizome  vivace  et  souvent 
aussi  dans  les  Jiincus  annuels;  mais,  chez  ces  derniers,  elle  peut  ĂȘtre  poussĂ©e  plus 


(')   Comptes  rendus,  'j8  septembre  \ljo6. 


SÉANCE  DU  5  OCTOBRE  igoS.  533 

loin  :  on  voit,  en  effet,  la  gemmule  apparaßtre  à  la  base  du  cotylédon,  au-dessus  du 
méristÚrae  radiculaire;  elle  présente  aussitÎt  un  épiderme  de  grandes  cellules  et  elle 
s'accroßt  dans  une  gaine  dont  les  bords  serrés  s'entr'ouvrent  lentement  devant  elle; 
elle  ne  se  montre  au  dehors  que  plusieurs  jours  aprÚs  la  germination.  L'axe  hypocotylé 
peut  ĂȘtre  considĂ©rĂ©  comme  nul. 

»  Dans  le  genre  Luzula,  l'embryon  atteint  toujours  ce  degré  de  différenciation;  son 
développement  ne  diffÚre  de  celui  des  Juncus  que  par  une  nouvelle  division  de  la 
cellule  suspenseur  dont  trois  éléments  au  lieu  de  deux  disparaissent. 

»  Certains  auteurs  ont  considéré  l'embryon  des  Joncs  comme  indiffé- 
renciĂ©. GƓbcl  ('),  en  parlant  du  /.  glaucus,  dit  que,  «  mĂȘme  au  moment 
»  de  la  germination,  l'embryon  n'est  qu'un  amas  cellulaire  sans  aucune 
M  différenciation  ».  Je  viens  de  montrer  que,  dans  la  graine  encore  .-ittachée 
au  placenta  et  à  peine  mûre  (les  capsules  ont  été  incluses  dans  la  paraf- 
fine avant  la  déhiscence),  l'embryon  des  différentes  espÚces  de  Juncus 
(/.  glaucus,  ./.  maritimus,  J.  lampocarpus,  ,1.  supinus,  J.  bufonius,  J.  lenuis) 
était  au  moins  différencié  en  une  radicule  avec  ses  trois  initiales  bien  appa- 
rentes et  un  cotylédon  beaucoup  plus  dévelop[)é.  L'embryon  des  Joncs 
vivaces  comme  /.  glaucus  est  tout  au  plus  incomplet,  n'ayant  pas  de  gem- 
mule. Il  n'y  a  pas  à  tenir  compte  de  la  ligelle  qui  apparaßt  généralement 
trÚs  tard  dans  les  Monocotylédones. 

»  En  dehors  de  la  différenciation  assez  grande  de  l'embryon,  il  ressort 
de  cette  étude  que,  dans  les  Joncées,  le  suspenseur  persiste  en  [partie,  et 
joue  un  rÎle  trÚs  important  :  réduit  d'abord  à  quelques  cellules,  il  se 
développe  tardivement,  puis  il  devient  le  [principal  centre  d'activité  cellu- 
laire et  il  constitue  la  radicule.  Cette  radicule  est  endogĂšne,  car  la  coiffe  ne 
se  développe  qu'aprÚs  l'exfoliation  des  deux  ou  trois  éléments  inférieurs 
du  suspenseur.    » 

MINÉRALOGIE.  —  Sur  les  granitĂ©s  Ă   cegynne  et  riebeckile  de  Madagascar 
et  sur  leurs  phénomÚnes  de  cunlact.  Note  de  M.  Lacroix,  présentée  par 
M.   Michel  LĂ©vy. 

«  Les  granités  alcalins  d'Ampasibitika  (-),  sur  la  cÎte  nord-ouest  de  Mada- 
gascar, constituent  des  types  pétrograpliiques  n'ayant  pas  jusqu'à  présent 


(')  Biologisches  Centralblatt  du  i"  septembre  igoo,  n"  17,  t.  XX,  p.  Syi. 

(^)  Le  développement  de  cette  Note  sera  donné  dans  un  Mémoire  étendu  des  Nou- 
velles Archives  du  Muséum  (igoS).  Les  collections  étudiées  m'ont  été  envoyées  par 
M.  Villiaume. 


534  ACAOÈMlli    DÈS    SCIENCES. 

d'équivalents.  Ils  sont  essentiellement  caractérisés  par  la  grande  abondance 
d'un  pyroxĂšne  et  d'une  amphibole  ferrosodiques,  i'aegyrineetlariebeckile, 
dont  la  teneur  peut  atteindre  prĂšs  de  [\o  pour  loo.  Ils  constituent  des 
fdons,  souvent  rubanés;  leurs  salbandes  sont  alors  finement  grenues  et 
exclusivement  segyriniques,  tandis  que  leur  centre  est  pegmatoĂŻde  et  riche 
en  riebeckile,  dont  les  cristaux  peuvent  atteindre  prÚs  d'un  décimÚtre. 

»  Les  feldspàths  sont  tuas  alcalins  :  orthose,  anorthose  et  parfois  albite; 
ces  roches  renferment  beaucoup  de  zircon  et  un  niobotanlalate  octaé- 
drique  du  groupe  du  pyrochlore. 

»  La  composition  chimique  de  ces  granités  n'est  pas  moins  remarquable;  ils  con- 
tiennent de  64  Ă   71  pour  100  de  silice,  sont  trĂšs  peu  alumineux  (7  Ă   10  pour  100),  ne 
contiennent  que  fort  peu  de  chaux  (o  à  i,3  pour  100)  et  de  magnésie  (o,25  à 
0,64  pour  100),  mais  par  contre,  ils  sont  riches  en  oxvdes  de  fer  (10  Ă   11  pour  100)  et 
en  alcalis  (6,3  Ă   8,6  pour  100).  Le  fer  s'y  trouve  essentiellement  Ă   l'Ă©tat  de  Fe-O'  et 
ce  n'est  que  dans  les  types  riches  en  riebeckite  que  la  proportion  de  FeO  dépasse 
1,5  pour  100;  parmi  les  alcalis,  la  soude  l'emporte  sur  la  potasse,  et  d'autant  plus  que 
la  teneur  en  mélasilicates  est  plus  élevée. 

»  On  ne  peut  guÚre  comparer  ces  roches  qu'à  celle  {rockhallite)  qui,  d'aprÚs 
M.  Judd,  constitue  le  petit  ßlot  de  Rockhall,  avec  cette  réserve  toutefois  que  cette 
derniĂšre  roche  ne  contient  pas  de  potasse.  Elles  se  rapprochent  au  point  de  vue  chimique 
des  grorudites  de  NorvÚge,  décrites  par  M.  Brogger;  dans  la  série  des  roches  volca- 
niques, on  peut,  Ă   ce  mĂȘme  point  de  vue  chimique,  les  comparer  aux  pantcUĂ©rites. 

1)  Mais  il  existe  une  caractéristique  fjui  manque  à  tuutes  ces  roches  qui 
viennent  d'ĂȘtre  Ă©numĂ©rĂ©es  :  c'est  la  richesse  en  zircon  qui,  dans  nos  gra- 
nitĂ©s, n'est  jamais  infĂ©rieure  Ă   r  pour  100  et  peut  mĂȘme  dĂ©passer  7  poiu'  100; 
de  plus,  Ă   l'inverse  de  ce  qui  a  lieu  d'ordinaire  dans  les  roches  granitiques, 
le  zircon,  au  lieu  d'ĂȘtre  le  plus  ancien  minĂ©ral  formĂ©,  est  ici  l'un  des  der- 
niers; il  constitue  des  plaques  xénomorphes,  grouj)ées  en  grand  nombre 
au  milieu  du  quartz,  pour  constituer  des  pseudomorphoses  d'amphibole. 
Sa  production,  sous  l'influence  d'émanations,  ayant  accompagné  la  mise 
en  place  des  granités,  n'est  pas  douteuse  ;  la  présence  de  celles-ci  est 
encore  précisée  par  la  fréquence,  dans  les  mÎmes  roches,  de  mouches  de 
galÚne  et  surtout  par  les  importants  phénomÚnes  de  contact  qu'il  me  reste 
à  décrire. 

»  Les  granités  d'Ampasibitika  traversent  et  métamorphisent  les  assises 
gréseuses  du  lias. 

«  Certains  grÚs  sont  transforinés  en  quartzites,  d'un  noir  bleuùtre,  conte- 
nant de  l'orthose,  beaucoup  de  riebeckite,  un  grenat  mélanite  manganési- 
fÚre  et  un  peu  de  fluorine.  Ils  sont  injectés  par  de  nombreux  lits,  de 
quelques  centimĂštres  d'Ă©paisseur,  de  granitĂ©  Ă    Ɠgyi'ine,  riche  en   grenat 


SÉANCE    DU    5    OCTOBRE    ipo^.  535 

mélanite;  dans  d'autres  cas,  ces  graniles  contiennent  enx:-mÚmes  de  la 
riebeckite.  Il  est  souvent  difficile  de  distinguer  ces  quarlzites  feldspathisés 
et  amphibolisés  de  véritables  microgranites. 

»  Des  grÚs  argilocalcaires  présentent  un  autre  type  de  métamorphisme; 
ils  sont,  eux  aussi,  injectes,  lit  par  lit,  par  le  granité;  ils  sont  alors  essen- 
tiellement constituĂ©s  par  de  grandes  plages  pƓcilitiquos  de  biotite,  d'nr- 
those  et  de  quartz,  englobant  de  petites  paillettes  de  biotite,  des  grains  de 
pyroxĂšne  et  des  cristaux  automorphes  de  plagioclases  basiques;  ces  roches 
métamorphiques  rappellent,  par  leur  composition,  des  micromonzonites. 
Les  veinules  granitiques  injectées  ont  subides  modifications  endoraorphes; 
leur  amphibole  sodique  est,  en  effet,  accompagnée  par  de  la  biotite.  Enfin, 
il  faut  noter,  an  milieu  d'elles,  l'abondance  d'une  épidote  de  cérium 
{allanile)  biréfringente,  qui,  à  leur  voisinage,  se  développe  dans  la  roche 
métamorphique  en  plages  de  plusieurs  millimÚtres  de  diamÚtre. 

»  Une  derniÚre  catégorie  de  roches  métamorphiques  est  caractérisée  par 
des  cornĂ©ennes,  micacĂ©es,  pyroxĂ©niques  (augite  Ɠgyrinique  ou  rogvrine) 
ou  amphiboliques  (arfvedsonite  plus  ou  moins  riche  en  fer),  renfermant 
en  abondance  de  \n  Jluorine  microscopique,  réguliÚrement  distribuée. 

»  Les  diverses  roches  mĂ©tamorphiques  dont  il  vient  d'ĂȘtre  question  ont 
donc  un  grand  intĂ©rĂȘt  minĂ©ralogiquc.  Mais  elles  ont  une  portĂ©e  plus  gĂ©nĂ©- 
rale; la  réalité  d'apports  émanés  du  magma  éruptif  y  est,  en  effet,  aussi 
frappante  que  dans  le  cas  des  contacts  des  Iherzolites,  si  éloignées  de 
composition;  leur  Ă©vidence  est  mise  en  lumiĂšre,  dans  le  cas  qui  nous 
occupe,  par  la  nature  des  minéraux  métamorphiques  développés  dans 
les  sédiments;  ce  ne  sont  pas,  en  effet,  seulement  des  feldspaths  alcalins 
qui  apparaissent  dans  ceux-ci,  m.ais  encore  le  pyroxĂšne  et  l'amphibole 
sodiques  caractéristiques  du  magma  modificateur,  minéraux  jusqu'à  pré- 
sent inconnus  dans  les  roches  métamorphiques  de  contact. 

»  La  présence  de  \a  fluorine  est,  en  outre,  pour  la  pi'emiÚre  fois  signalée 
dans  de  semblables  conditions;  il  semble  que  le  fluor  soit  l'un  des  éléments 
les  plus  fréquents  des  émanations  des  granités  alcalins;  j'ai  signale  déjà, 
en  effet,  la  présence  de  la  fluorine  dans  les  granités  à  riebeckite  de 
l'Yemen  et  de  Corse,  je  rappellerai  en  outre  que  le  gisement  de  crvolite  et 
de  fluorures  voisins,  de  Pike's  Peak  au  Colorado,  que  j'ai  eu  l'occasion 
d'étudier  sur  place  il  y  a  quelques  années,  se  trouve  au  milieu  d'un  granité 
à  riebeckite;  il  est  associé  à  des  veines  quartzeuses,  trÚs  riches  en  zircon, 
dont  la  comparaison  s'impose  avec  le  développement  secondaire  de  zircon 
que  je  viens  de  signaler.    » 


536  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  le  rîle  des  Charriages  dans  les  Alpes  delphino-provençaks 
et  sur  la  structure  en  éventail  des  Alpes  briançonnaises .  Noie  de  M.  VV. 
KiLiAN,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

«  Une  étude  attentive  delà  tectonique  des  Al|)es  delphino-provencales 
permet  de  formuler  les  constatations  suivantes  (')  : 

»  a.  Il  existe  des  passages  nombreux  et  graduels  entre  les  plis  (anti- 
clinaux) normaux  et  les  plis-failles  {faille  de  Voreppe,  pli-faille  de  la  mon- 
tagne de  Lure)  comme  entre  ces  derniers  et  la  structure  isocliuale  imbri- 
quée (Charmant-Som,  nord  de  Saint-Pierre  d'Entremont,  etc.);  cette 
derniÚre  passe  à  son  tour  fréquemment  (Grand  Galibier-Col  de  l'Eychauda, 
Escreins-Haute-Ubaye,  elc.)  et  d'une  façon  trÚs  nette  aux  plis  couchés 
et  aux  nappes  charriées  les  mieux  caractérisées.  Ces  modifications  se  pro- 
duisent parfois  le  long  d'un  mĂȘme  axe  anticlinal. 

»  b.  Les  nappes  de  charriage  ne  sont  donc  qu'une  simple  forme  du  plis- 
sement de  l'Ă©corce  terrestre  dont  elles  reprĂ©sentent  un  terme  extrĂȘme; 
leur  production  apparaßt  partout  comme  relativement  récente,  quoiqu'elles 
aient  souvent  subi  elles-mĂȘmes  des  ploiements  et  des  ondulations  subsĂ©- 
quentes (exemple  :  environs  de  Giiiliestre,  Briançonnais  méridional). 

»  c.  Elles  ne  peuvent  ĂȘtre  considĂ©rĂ©es  comme  antĂ©rieures  au  plissement  prin- 
cipal, les  traces  d'une  phase  initiale  de  bossellement  (dĂŽmes,  cuvettes,  etc.) 
étant  manifestement  prouvées  [Dévoluy,  Castellane  (^),  etc.]  dans  les 
rĂ©gions  mĂȘmes  qu'ont  affectĂ©es  postĂ©rieurement  les  plis-failles  et  les  autres 
accidents  contemporains  des  charriages  ou  mĂȘme  antĂ©rieurs  Ă   ces  derniers, 

»  d.  Les  massifs  cristallins  déjà  plissés  à  l'époque  hercynienne  et  repris, 
aprĂšs  une  immersion  souvent  trĂšs  longue,  par  les  plissements  alpins,  ont 
eu  parfois  sur  la  propagation  des  charriages  une  influence  incontestable 
en  en  limitant  l'extension  horizontale  vers  les  régions  plus  externes;  absence 
des  charriages  et  réduction  de  la  structure  isoclinale  à  l'ouest  de  Belle- 


(‱)  Plusieurs  des  faits  Ă©noncĂ©s  dans  celte  Note  ont  Ă©tĂ©  dĂ©jĂ   signalĂ©s  isolĂ©ment  par 
nos  confrÚres  et  amis,  MM.  Haug,  Lugeon  et  Termier;  en  les  présentant  ici  avec 
d'autres  observations,  dans  un  enchaĂźnement  logique  qui  nous  a  conduit  Ă   des  conclu- 
sions nouvelles,  nous  tenons  Ă   rendre  hommage  aux  beaux  travaux  de  ces  savants  et  Ă  
reconnaßtre  le  charme  profond  de  leur  amitié. 

(')  D'aprĂšs  MM.  P.  Lory  et  Ph.  Zurclitr. 


SÉANCE    DU    5    OCTOBRE    igo3.  537 

donne,  mais  grand  développement  des  plis  couchés  et  charriés  dans  l'in- 
tervalle compris  entre  les  massifs  du  Peivoux  et  du  Mercantour,  coĂŻnci- 
dence de  la  présence  des  klippes  de  Siilens  et  des  Annes  avec  l'atténuation 
(abaissement  des  axes  anticlinaux)  de  la  zone  cristalline  de  Belledonue  vers 
le  nord  et  l'ennovagede  l'extrémité  sud  du  mont  Blanc;  ils  ont  été  escalades 
par  les  plis  couchĂ©s  et  ont,  en  les  relevanl  ainsi,  empĂȘchĂ©  le  dĂ©roulement 
de  ces  plis  vers  des  rĂ©gions  dĂ©primĂ©es  oĂč  ils  auraient  Ă©chappĂ©  Ă   l'action 
destructive  de  l'Ă©rosion. 

)>  e.  Les  régions  dans  lesquelles  la  structure  isoclinale,  imbriquée, 
rĂšgne  exclusivement,  ne  sont  souvent  autre  chose  que  les  emplacements 
des  racines  de  plis  couchés  et  charriés,  actuellement  détruits  par  l'érosion. 
C'est  le  cas  notamment  en  arriĂšre  des  massifs  cristallins  qui  avaient 
motivé  un  relÚvement  de  ces  nappes  charriées  (Moutier  en  Tarentaise, 
Galibier,  etc.). 

>> /.  Toutes  les  masses  charriées  (')  des  Alpes  delphino-provençales 
])roviennent  manifestement,  sauf  quelques  accidents  minimes,  des  chaĂźnons 
les  plus  externes,  de  plis  couchés  et  déversés  vers  l'extérieur <\e  la  chaßne; 
il  en  est  de  mĂȘme  pour  la  structure  imbriquĂ©e. 

»  g.  Les  plis  situés  à  l'est  de  la  zone  axiale  de  l'éventail  alpin  ont  une 
allure  différente  de  ceux  qui  constituent  le  flanc  occidental  de  cet  éventail  ; 
ils  sont  déversés  vers  l'intérieur  de  l'arc  alpin,  mais  on  n'y  a  point  constaté 
de  plis  couchés  et  de  charriages  dirigés  vers  l'est.  Leur  acuité  paraßt  moins 
grande  et  les  phénomÚnes  d'étirement  y  sont  moins  accentués. 

»  h.  On  a  signalé,  au  sommet  de  cet  éventail  asymétrique  [que  nous 
considérons  (-)  comme  un  massif  central  comparable  à  celui  du  Peivoux, 
mais  possédant  encore  en  grande  pai'tie  sa  couverture  sédimentaire^,  en 
Savoie  (Lias  plissé  du  mont  Jovet,  décrit  par  M.  Bertrand)  et  dans  le 
Briançonnais  (4^  écaille  de  M.  Termier)  des  paquets  de  couches  plissées 
paraissant  provenir  de  racines  situées  plus  à  l'est,  c'est-à-dire  dans  une 
rĂ©gion  oĂč  les  plis  sont  actuellement  dĂ©versĂ©s  vers  l'Italie.  » 


(')  Les  plus  grands  charriages  constatés  dans  les  Alpes  delphino-provençales  ne 
dépassent  pas  35'^"  à  40''°'.  (On  sait  qu'en  Suisse  M.  Lugeon  cite  des  déplacements 
de  80""".) 

(^)  A.  F.  A.  S.  CongrĂšs  de  Boulogne,  1899. 


C.  P...   iqo3,  1'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N-  14.)  71 


538  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  Emm.  Pozzi-Escot  adresse  une  Noie  relative  à  «  l'action  de  la  chaleur 
sur  les  levures  ». 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

G.  D. 


BULLETIN    BlBLIOGliAPIIIQUE. 


OUVRAGRS    REÇl'S    DANS   LA    SÉANCE    Ull    7    SEPTEMBRE    igoS. 

Recueil  des  travaux  du  Comité  consultatif  d' HygiÚne  publique  de  France  et  des 
actes  officiels  de  l' Administration  sanitaire;  t.  XXXI,  année  1901.  MinistÚre  de 
l'Intérieur  el  des  Cultes,  Direction  de  l'Assistance  et  de  l'HygiÚne  publiques.  Alelun, 
Imp.  administrative,  igoS;  i  vol.  in-8°. 

Recherches  de  Biologie  expérimentale  appliquée  à  l'Agriculture:  Travaux  du 
Laboratoire  de  Botanique  de  l'Institut  agricole  de  l'Etat,  Ă   Gembloux,  pub.  par  Emile 
Laurent;  t.  I.  Bruxelles,  igoi-igoS;  i  vol.  in-S".  (Hommage  de  l'Auteur.) 

AusgewĂąhlte  Methoden  der  analytischen  Chemie,  von  Prof.  D''  A.  Classen;  Bd.  II, 
unter  Mitwirkuiig  von  H.  Cloeren,  mit  i33  Abbildungen  und  2  Speclraltafeln. 
Brunswick,  Friedrich  Vieweg  el  fils,  igoS;  i  vol.  in-S". 

M.  N.  Passerini  adresse  les  deux  Opuscules  suivants  : 
.  Sopra   la  valutazione    délia  energia    calorifica   immagazzinala    dai  vegetali. 
Pise,  igo3;  i  fasc.  in-8°. 

Prove  di fecondazione  incrociata  sul  frumento,  esseguite  presso  Tlslituto  agrario 
di  Scandicci  (Firenze).  Pise,  igoS;  i  fasc.  in-8°. 

Calculde  hautes  colonnes,  par  Alberto  Leuschxer.  Coimbre,  igoS;  i  fasc.  in-12. 

Guide  to  the  search  departnient  of  the  patent  office  library,  witli  appendice; 
2"''  Ă©dition.  Londres,  igoS;  i  fasc.  in-12. 

Ti'orba  zeme  a  jeji  sopky,  napsal  Jan  Rak,  igo3;  1  fasc.  in-12. 

Sistema  alterno  positiva,  por  J.  Francisco  Tadeo  Palacios  ;  parte  I.  Guatemala,  igo3; 
I  fasc.  in-12. 

Publications  of  the  United  States  naval  Observatory;  second  séries,  vol.  III  :  Eros 
and  référence  stars:  zodiacal  stars:  prime  vertical  observations  1 882-1 884- 
Washington,  igoS;  i  vol.  in-4°. 

List  and  catalogue  of  the  publications  issued  by  the  U.  S.  Coast  and  geodetic 
Survey,  i8i6-igo2,  by  E.-L.  Burchard,  librarian.  Wasliington,  igo2;  i  vol.  in-4''. 

U.  S.  Coast  and  geodetic  Survey.  Geodesy.  A  bibliography  of  Gcodesy ; 
2"''  Ă©dition,   by  James   Howard  Gore.  Washington,  igoS;  i  vol.  in-4". 


SÉANCE    DU    5    OCTOBRE    igo^.  539 

Uniled  States  Geological  Survey  : 

Minerai  resoiirces  of  the  Uniled  Stales,  calendar  year  igoi.  Washioglon,   1902; 
I  vol.  in-S". 
Bulletin;  n"^  191,  191-207.  Wasliington,  1902;  i4  fasc.  in-8°. 

Proceedings  of  the  Boston  Society  of  naltiral  Uistory:  vol.  XXX,  11°^  3-7;  vol. 
XXXI,  n°  1.  Boston,  igoa-iooS;  6  fasc.  in-8". 

Memoirs  of  the  Boston  Society  of  natiiral  History;  Vol.  V;  n°  8  ;  Observations 
on  lii'ing  Brachio/joda,  hy  Edward-S.  Mohse.  N"  9  :  The  skeletal  systeni  of  Nec- 
turus  maculatiis  Raf.,  by  Marris  Hawthorne  Wilder.  Boston,  1902-190^-»  ;  2  fasc.  in- 4°. 

Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du   i4  septemrre  igoS. 

Annals  of  Harvard  CollÚge  Observatory ;  vol.  XLVIII,  n°=  3,  4.  Cambiidge. 
Mass.,  1908;  2  fasc.  in-i4°. 

Index-Catalogue  of  médical  and  vcterinary  Zoology,  parts  2,  3.  Was- 
hington, igoS;  2  fasc.  in-8°. 

Technology  quarlerly  and  proceedings  of  the  Society  of  Arts.  Massachusetts 
Institule  of  Technology  ;  vol.  XVI,  n°  2.  Boston,  igoS;  i  fasc.  in-S". 

The  american  Ephemeris  and  nautical  Ahnanac  1880  and  1906;  supplément 
for  1866.  Washington,  2  vol.  et  i  fasc.  in-S". 

The  Atlantic  coaster's  nautical  Alnianac,  1884-1892.  Washington,  1884-1891  ; 
9  fasc.  in-8°. 

The  Pacific  coaster's  Alnianac,  i885,  1886,  1888,  iSgo-igoS.  Washington,  i885- 
igo2  ;  17  fasc.  in-8''. 

Alnianac  catalogue  of  zodiacal  stars.  Washington,  1864  ;  i  fasc.  in-S". 

Tables  of  the  Moon,  by  Benjamin  Peirce.  Washington,  i865;  i  vol.  in-4''. 

Tables  of  Melpomene,  by  E.  Schubert.  Washington,  i86o;  i  fasc.  in-4°. 

Tables  to  facililate  the  réduction  of  places  of  the  fixecl  stars.  Washington,  1873; 
I  vol.  in-8''  cartonné. 

The  éléments  of  the  four  inner  planels  and  the  fundamental  constants  of  Astro- 
nomy,  by  Simon  Newcomh.  Washington,  189.5  ;  i  vol.  in-8°. 

Report  to  the  Secretary  of  the  ISavy  on  récent  improvements  in  astronomical 
instruments,  by  Simon  Newcomb.  Washington,  i884;  i  fasc.  in-S". 

Rapport  sur  les  travaux  du  Bureau  central  de  V Association  géodésique  interna- 
tionale en  1902,  suivi  du  programme  des  travaux  pour  l'exercice  igoS.  E.-J.  Brill, 
Leide,  igoS;  i  fasc.  in-4°. 

Société  industrielle  de  Mulhouse  :  Programme  des  prix  proposés  à  décerner 
en  igo4.  Mulhouse,  V'"  Bader  et  C'",  igo3;  i  fasc.  in-S". 

Royal  Society:  Reports  of  the  sleeping  sickness  Commission,  n"  1.  London,  igo3; 
I  vol.  in-8'>. 

The  journal  of  the  CollÚge  of  Science,  impérial  University  of  Tokyo,  Japan. 
Vol.  XVII,  art.  11;  vol.  XVIII,  art.  3;  vol.  XIX,  6  et  7.  Tokyo,  Japan  ;  1908 ;  4  broch. 
in-8°. 


5^0  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ouvrages  riïçcs  dans  la  séance  du  21   septembre   iqoS. 

Annales  de  la  Sociale  d' Agricullare,  Sciences  et  Industrie  de  Lyon,  t.  IX,  1901, 
t.  X,  1902.  Paris,  1902-1903;  2  vol.  in-8°.  .         ^      ,  .    vm 

Mémoires  de  f  Académie  des  Sciences,    Belles-Lettres  et  Arts  de  Lyon,  l.   Vlll. 
Paris,  iQ03;  I  vol.  in-S". 

Determinazioni  di  azimut  e  di  latitudine  eseguite  nel  1880;  nella  stazione  aslro- 
nomica  di  Termoli,  n°  XLII.  Ulrico  HƓpli,  1  fasc.  in-4°. 

Archives  itaUennes  de  Biologie,  t.  XXXIX,  fasc.  II.  Turin,  .90.3  ;  1  hroch    ui-8°. 

Rendiconlo  délie  tomate  e  deila^ori,  dell'  Accademia  di  Archeologia,   Lettere  e 
Belle-Arti  :  gennaio  ad  aprile  1902,  maggio  a  dicembre  1902.  Napol.,  1902-1903;  2  vol. 

'""Îndice  gĂ©nĂ©rale  dei  lavori  pubblicati  dal  MDCCLVII  al  MDCCCCII  :    Napoli, 

igoS;   I  fasc.  in-S". 

Atti  délia  reale  Accademia  di  Archeologia,  Lettere  e  Belle-Art,,  vol.  XXll,  1902. 

Napoli,  1902;  1  vol.  in-4°.  ,    ■     ro 

Catalogo  fotograjico  stellare  zona  vaticana:    vol.  I.  Roma,  1903  ;  i  vol.  111-4  ‱ 
Annuaire  géologique  et   minéralogique  de  la  Russie,  voL  VI,   livr.   4-3.   Novo- 

Alexandria,  1908 ;  i  fasc.  iii-4°.  . 

Monlhly  n'ealher  Revie^v,  vol.  XXXI,  n°  6,  igoS.  Washington,  1903  ;  i  fasc.  .0-4°. 

Sitzungsberichte  der  kĂŽnigl.-bĂŽhmischen  Gesellschafl  der  Wissenschaften.  Ma- 
thematisch-naturwissenschaflliche  Classe,  1902.  Prag,  1908;  i  vol.m-8°. 

Annals  of  the  Cape  observatory,  vol.  I.  London,  1898;  1  fasc.  in^". 

Greenwich:  observations,  1S96.  London,  1898;  i  vol.  in-4<'. 

Greemvich  spectroscopic  and  photographie  results,  1896-1897.  Loudon,  1898;  2  vol. 

>n-4°. 

Pracematematyczno-fizyczne,  t.  XIV.  Warszawa,  igoS;  i  vol.  in-8°. 

Rendiconti  e  Memorie  délia  R.  Accademia  di  Scienze,  Lettere  ed  Arti  degli 
ZelantiAcireale;  3=  série,  vol.  I,  igoi-igo2.  A,cireale,  igoS;  i  vol.  in-i". 

Flora  of  the  upper  Gangetic  plain,  and  of  the  adjacent  siwalik  and  sub-hima- 
layan  tracts,  vol.  I,  part  I.  Calcutta,  igoS;  i  vol.  in-12. 

Bollettino  tecnico  délia  coUivazione  dei  tabacchi,  n«  3-4.  Terre  Annunziata,  igoS; 

I  vol.  in-8'\ 


On  souscrit  Ă   Paris,  chez  GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grai.ds-Augustins,  n°  55. 

Depuis  ,835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraisseniT^^^rement  le  Din,„'nche.  Ils  forment  Ă   la  fin  de  I'«nn^<.-  h 
Tables     'une  par  ordre  alphabétique  de|matiÚres,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'A.tourc  Telnet  elle  vo^UlVn      "''  '"-^°-  '^'"^ 
et  part  du  I"  Janvier.  ‱  '"■ '-"^1"¼  ^"'un^e- i- abonnement  est  annuel 

Le  prix  i/e  V abonnement  est  fixe  ainsi  qu'il  suit  : 
Paris  :  30  fr.  —  DĂ©partements  ;  40  fr.  —  Union  postale  :  H  fr. 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


ctiez  Messieurs  : 
igen Ferran  IrĂšres. 

1  Chaix. 
ilge/- I  Jourdan. 

i  Ruff. 

imiens Courtin-Hecquet. 

^  I  Germain  ctGrassIn 

Ingers ! 

(  Gastineau. 

iayonne JĂ©rĂŽme. 

tesançon Régnier. 

(  Feret. 
tordeaux ,  .     Laurens. 

I  Muller  (G.). 
'ourges Renaud. 

iDerrien. 
F.  Robert. 
Oblin. 
,  Uzel  frĂšres. 

<^en Jouan. 

hambery Perrin. 

herbourg |  "«"ï- 

(  Marguerie. 


Lorient. 


Lyon. 


Marseille. . 
Montpellier . 
Moulins..    .. 


Nancy. 


lermont-Ferr. 


\  Juliot. 
;  Bouy. 

Nourry. 


!/o« jRatel. 

Rey. 

Lauverjat 
Degez. 

-enoble j  Drevet. 

Gratier  et  C'«. 

t  Hochelle Fouctier. 

Bavre.    j  Bourdignon. 

)  Donibre. 

Thorez, 
Quarré. 


N ail  les, 


Nice . 


Ile. 


i 


luĂźmes  . . 
Orléans    . 

Poitiers 

Rennes .... 
Bochefort . 

Rouen 

S'-Étienne 

Toulon 


Toulouse.. 


Tours.- 


Valenciennes. 


chez  Messieurs  : 

I  Baumal. 

'  M°"  Texier. 

'  Bernoux  et  Cumin 

I  Georg. 

(  EiTantin. 

Savy. 

Vitte 

Ruai 
\  Valat. 

I  Coulei  et  fils. 
Martial  Place. 

I  Jacques. 
Grosjean-Maupin. 
Sidot  frĂšres. 
(  Guist'bau. 
(  Veloppé. 
(  Barnia. 
(  Appy. 
.     Thibaud. 
LodJĂ©. 
I  Blanchier. 
(  LĂ©vrier. 
Piihon  et  Hervé 
Girard  (M"") 
I  Langlois. 
I  Lestringant. 

Chevalier. 
I  Ponleii-Burles. 
'  RuniĂšbe. 
I  Gimet. 
'  Pjivat. 

Boisselicr. 
.  PĂ©ricat. 

Suppligeon. 
I  Giard. 
!  Lemaltre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam . 


'  A thénes . . . 
,  Barcelone.. 


I  erlin.  . 


Berne  . .  . 
Bologne . 


Bruxelles.. 


Bucharest . 


Budapest 

Cambridge. . . 
Christiania. . . 
ConstantinopU 
Copenhague... 

Florence 

Gand 

GĂšnes 


GenĂšve.  .    .  . 


La  Haye. 
lM,usanne.. 

Leipzig... . 


LiĂšge. 


chez  Messieurs  : 
1  Feikema    Caarelsen 
■  '      et  C". 

Beck. 

Verdaguer. 
I  Asher  et  C'". 
'  Dames. 

,  Friedlander   et   fils. 
'  Mayer  et  Muller. 

Schmid  Francke. 

Zanichelli. 
I  Lamertin. 

MayolezetAudiarle. 
'  Lebégue  et  C*. 
\  Sotchek  et  C°. 
'  Alcalay. 

Kilian. 

Deighton,  BelletC' 

Cammermeyer. 

Otto  Keil. 

HĂŽst  et  fils. 

Seeber. 

Hoste. 

Beuf. 

Cherbuliez. 

Georg. 

Stapelmohr. 

Belinfante   frĂšres. 
I  Benda. 
'  Payot  et  C.  . 

Barth. 
I  Brockhaus. 

KƓhler. 

Lorentz. 

Twietmeyer. 

Desoer. 

Gnusé. 


Milan . . 
Moscou. 
N a  pies. 


New-  York. 


Odessa 

Oxford.  .  .    . 

Palerme 

Porto 

Prague 

Bio-Janeiro  . 


Rome . 


Rotterdam- 
Stockholm.. 


S'-PĂ©tersbourg. 


Turin . 


Varsovie. 
VĂ©rone . . . 


Vienne. 
ZUrich. 


chez  Messieurs  : 

Dulau. 

Hachette  et  C'v 

Nutt. 

V.  Buck. 

Ruiz  et  C". 

Romo  y  Fussel. 
)  Capdeville 

F.  FĂ©. 

l  Bocca  frĂšres. 
I  HƓpli. 

Tastevin. 

Margbicri  di  Gius 

Pellerano. 
I  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
j  Stechert. 
LemckeeÎBuechner 

Rousseau. 

Parker  et  C'«. 

Reber. 

MagalhaĂšs  et  Mouii 

Rivnac. 

Garnier. 

Bocca  frĂšres. 
Loescheret  G'*. 

Kramers  et  fils. 

Nordlsks  Bogbandel. 

Zinserling. 

Wolflf. 

Bocca  frĂšres. 

Brero. 

Clausen. 

RosenbergelSellier. 

Gebethner  et  WolB. 

Drucker. 

Frick. 

Gerold  et  C. 

Meyer  et  Zeller. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1'^'  Ă   31.  —  (3  AoĂ»t  i835  Ă   3i  DĂ©cembre  iS5o.)  Volume  in-4'';  i853.  Pri.K 25  fr. 

Tomes  32  Ă   61.  —  (  i"  Janviei-  i83i  Ă   3i  DĂ©cembre  i865.)  Volume  10-4°;  1870.  Pri.\. .  ............  25  fr.' 

Tomes  62  Ă   91.  —  (  1°''  Janvier  1866  Ă   3[  DĂ©oembra  1880.)  Volume  in-4^;  1889.  Pri.'t         25  fr' 

Tomes  92  Ă   121.  —  (  i'=''  Janvier  1881  Ă   3i  DĂ©cembre  iSgS.)  Volume  iiH»;  1900.  Prix. .  .  .  .  . .  . .  . .  '.  '.  25  fr'. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  : 


ime  I 

omĂštes 
res  gra 


'  ^ntrXxVZ'iT^'^''^vyT"''  "^^  'f  Phy^'°l«Sie  des  Algues  par  .\I,M.  A.  Derbes  et  A.-J.-J.  Solier.  -  Mémoire  sur  le  Calcul  des  Perturbùt, 
'^ll\  n'^^r  r,\7r,r  rT^'J^,""'v  ■'"'=''""%'='  sur  le  rĂŽle  d..  sue  pmcreatique  daus  les  phĂ©iiarnĂšnes  digestifs,  partieuliĂšrenieat  dans 
asses,  par  iM.  Ol.iude  Kervard.   Volu  ne  m-4°,  avec  ii   planches;  iSoo 

16  II.  —  MĂ©moire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beneden.  —  Essai  d'une  rĂ©ponse  Ă   la  Question  de  Prix  DrooosĂ©e  en  i85o  nir  l'ArVdĂ© 
e  concours  de  ,853,  ,et^P-s/f_-ise  pour  celui  de  .8^6,  savoir:  ,<  Etudier  les  lois  delà  distribu't?o^' dés  cor^s  o?ga'n?sls  fossiles  ^dans  les    d 


edimentaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  -  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou^deïem-lïsprrUion  Incc^ssi;!  orsimuftanée." 

egne  organique  et  ses  eta(s  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bkonn.  ln-\%  avec  7  planches  ; 


lature  des  rapports  qui  existent  entre  l'Ă©tal  actuel  du  rĂšg 


ons  qu'Ă©prouvent 
la   digestion   des 

25  fr. 

mie  des  Sciences 
ifférents  terrains 
—  Recherclter  la 
1861 25  fr. 


A  la  mĂȘme  Librairie  les  MĂ©moires  de  l'AcadĂ©mie  des  Sciences,  et  les  MĂ©moires  prĂ©sentĂ©s  par  divers  SavaEts  Ă   l'AcadĂ©mie  des  Sciences. 


W  14. 

TABLE   DES  ARTICLES.    (SĂ©ance   du   6  octobre  1903.) 


MÉMOIRES    ET  COMMUIXIGATIOIVS 

DES   MRMBIIRS   ET   DES   COlUiESPONDANTS   DE    L'ACADÉMIE. 


Pages. 
M.    Gaston  Boxnier.  —   Influence  de  l'eau 
sur   la    slruclure    des   racines    aériennes 


d'Orcliidées. 


Pages. 

. .     5o5 


I\03I1XATI0IVS. 


MM.    Haton  de  la  GouriLLiÉRE,  H.   Poix- 
CARÉ  sont  dĂ©signĂ©s  pour  faire  partie  du 


Conseil   de    ijerfectionnement    de    l'Ecole 
Polytechnique 3" 


COIUIKSPONUANCE. 


M.  Graebe.  —  Lettre  de  rcmercimenls  à 
l'Académie,  pour  la  médaille  Lavoisier  et 
la  médaille  Bcrllielot  qu'elle  lui  a  décer- 
nées à  l'occasion  de  son  Jubilé 

M.  Alexander  Chessin.  —  Sur  une  classe 
d'équations  dilTérenlielles   linéaires 

M.  Jean  Perrin.  —  Conditions  qui  dĂ©termi- 
nent le  sigue  et  la  grandeur  de  l'Ă©lectri- 
sation  par  contact 

M.  P.  Lemoult.  —  Les  chaleurs  de  combus- 
tion des  composés  organiques,  considérées 
comme  propriétés  additives.  Alcools  et 
phĂ©nols.  Élhers-oxydes.  AldĂ©hydes  et  cĂ©- 
tones ‱ 

M.  P.  Carre.  —  Action  de  l'acide  phospho- 
reux sur  la  mannile.  Kemarque  sur  le 
luannide 

M.  R.  Marquis.  —  DĂ©rives  et  produits 
d'oxydation  de  l'acide  nitropyromucique. 

M.  P.  FuEUNDLER.  —  Recherches  sur  la  for- 
mation des  azoĂŻques.  RĂ©duction  de  l'Ă©ther- 

oxyde  ortho-nitrobenzyl-méthylique 

M.  G.-A.  BouLANĂ»ER.  —  Sur  les  affinitĂ©s  du 


017 

520 
521 


genre  Oreosoma 

M.  Michel  Siedleoki.  —  L'action  des  solu- 
tions des  sels  alcalins  et  alcalino-terreux 
sur  les  Epinoches 

M.  P.-A.  Dangeard.  —  Sur  le  genre  Asco- 
desmis 

M.  Ed.  Griffon.  —  Recherches  sur  la  trans- 
piration des  feuilles  vertes  dont  on  Ă©claire 
soit  la  face  supérieure,  soit  la  face  infé- 
rieure  

M.  Makcellin  Laurent.  —  Sur  le  dĂ©velop- 
pement de  l'embryon  des  Joncées 

M.  Lacroix.  —  Sur  les  granitĂ©s  Ă   aegyrine 
et  riebeckile  de  Madagascar  et  leurs  phé- 
nomĂšnes de  contact 

M.  W.  KiLiAN.  —  Sur  le  rîle  des  Char- 
riages dans  les  Alpes  delphino-provençales 
et  sur  la  structure  en  Ă©ventail  des  Alpes' 
briançonnaises 

i\L  Em'm'.  Pozzi-Escoi  adresse  une  Note  rela- 
tive Ă   "  l'action  de  la  chaleur  sur  les  le- 
vures » 


Bulletin  bibliographique. 


523 

525 
528 

529 
53 -i 

533 

536 

538 
538 


PARIS.  —  IMPRIMERIE    G  AUTH  lE  R- VI  L  LARS 
Quai  des  Grands-Auguslins,  55. 


Le  GĂ©rant  :  Gauiuier-Vili-ahs. 


^Çi^a.^ 


1903 

SECOND  SEMESTRE . 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES     SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVII. 


W  15  (12  Octobre  1903). 


4 

"  PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

\ 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin   1862  et  24  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1*'.  —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 
Les  extraits  des  Mémoiresprésentés  par  un  Membre 
ou  parun  associé /'IrangerderAcadémiecomprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  de  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis,  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  p^ges  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  Sa  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'auta 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  p 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personr 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'A' 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  1 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  s( 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomn 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cetExti 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  f 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  c 
cielle  de  l'Académie, 

Article  3. 

Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  rem 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard 
jeudi  Ă   I  o  heures  du  matin  ;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   teff 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  re\ 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  \ 
vant  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 
Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches 

figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  sera 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  compi 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  des 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapport 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  aj 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  | 
sent  RĂšglement. 


tes  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés  c 
déposer  a»  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance,  avant  5".  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  sniv 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU    LUNDI    Î2   OCTOBRE  1905. 

PRÉSIDENCE  DE  M.   ALBERT  GADDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  CORRESPONDANTS  DE  L'A.GADÉ,MIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  à  l'Académie  la  perte  qu'elle  vient 
de  faire  dans  la  personne  de  M.  Ihidolf  Lipschitz,  Correspondant  pour  la 
Section  de  Géométrie,  décédé  à  Bonn,  le  7  octobre  igoS. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  relations  entre  la  thĂ©orie  des  intĂ©grales 
doubles  de  seconde  espÚce  et  celle  des  intégrales  de  différentielles  totales.  Note 
de  M.  Emile  Picard. 

«  1.  J'ai  déjà  appelé  l'attention  sur  les  difficultés  qui  se  présentent  dans 
l'évaluation  précise  du  nombre  po  des  intégrales  doißbles  distinctes  de 
seconde  espÚce  relatives  à  une  surface  algébrique 

/■(a-,j,  ^)  =  o, 

que  nous  supposons  avoir  seulement,  comme  il  est  permis,  des  singularités 
ordinaires  et  ĂȘtre  placĂ©e  arbitrairement  par  rapport  aux  axes  (voir  en  par- 
ticulier Acta  mathemalica,  t.  XXVI).  En  désignant  par  Q(a7,  y,  s)  un  poly- 
nĂŽme en  X,  y,  z  s'annulant  sur  la  courbe  double,  le  point  capital  consiste 
à  reconnaßtre  si  l'on  peut  avoir  l'identité 

A  et  B  Ă©tant  des  fonctions  rationnelles  de  x,y  et  z  (bien  entendu,  dans  les 
dérivations,  z  est  regardée  comme  fonction  de  .x  et  j).  La  grande  difficulté 
provient  de  ce  que  A  et  B  peuvent  devenir  infinies  le  long  de  certaines 
lignes  pour  lesquelles  le  premier  membre  de  l'identité  précédente  reste 
fini. 

G.   R.,  1903,  2"  Semestre.  (T.    CXXXVII,  N»  15  )  72 


542  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

»  2.  Il  était  essentiel  d'approfondir  la  question  plus  que  je  ne  l'avais 
fait  précédemment  ;  j'indiquerai  ici  la  marche  suivie  dans  le  fascicule  qui  va 
bientÎt  paraßtre  du  Tome  II  de  ma  Théorie  des  fondions  algéhnques  de  deux 
variables.  Dans  l'identité  ci-dessus,  on  peut  faire  disparaßtre  les  lignes  d'in- 
fini inconnues  de  A  et  B  et  les  remplacer  par  uil  nopibre  déterminé  de  lignes 
d'infini.  D'aprÚs  un  théorÚme  fondamental  que  j'ai  établi  antérieurement, 
on  peut  tracer  sur  la  surface  p  —  i  courbes  algĂ©briques  particuliĂšres 

C,,  (jo.  ....  ^f— 1 

telles  qu'il  exis|;e  une  intégrale  de  différentielle  totale  de  troisiÚme  espÚce 
ayant  seulement  pour  courbes  logarithmiques  une  autre  courbe  algébrique 

arbitrairement  choisie  et  la  totalité  ou  une  partie  des  courbes  C,,  Co 

Cp_,  et  de  la  courbe  à  l'infini  de  la  surface;  de  plus  cette  intégrale  n'aura 
aucune  antre  ligne  d'infini  en  dehors  de  lignes  du  type  j  =  const. 
»   Ceci  posé,  désignons  par 

ft.  (^'j)  =  0'         ‱‱‱‱         ^p-<(^'7)  =  " 

les  projections  des  p  —  i  courbes  C  sur  le  plan  des  xy.  On  peut  alors 
démontrer  que  si 

Q 

n 

peut  se  mettre  sous  la  forme  (i),  on  ne  diuiinue  pis  la  généralité  en  suppo- 
sant que  A  ^/  B  sont  de  la  forme 

oĂč  M  et  N  sont  des  polynĂŽmes  en  .x  et  z,  Ă   coelficients  rationnels  en  y, 
s'annulant  sur  la  courbe  double;  pour  y  arbitraire,  les  quotients 

M  N 

—      o\      — 

o- .  <>  . 

/r>  '  !^  i 

deviennent  infinis  seulement,  Ă   distance  finie,  sur  la  courbe  C,-.  Nous  avons 
ainsi  éliminé  toute  courbe  d'infini  de  A  et  B  en  dehors  des  courbes  déter- 
minées C,,  . . .,  Cp_,  (en  laissant  de  cÎté  bien  entendu  les  courbes  du  type 
y  =:  const.). 

»  .3.  La  recherche  théorique  du  nombre  des  intégrales  doubles  de 
seconde  espÚce  ne  présente  plus  maintenant  de  difficulté  essentielle.  Ce 
problĂšme  se  ramĂšne  Ă   reconnaĂźtre  si,  pour  un  polynĂŽme  Q  en  x,  y  et  z 


SÉANCE  DU  T2  OCTOBRE  igoS.  543 

dont  le  degré  est  limité,  on  a 

/'.        dx        Ă   y 

»   Prenons  d'abord  le  cas  le  plus  simple  oĂč  p  =  i.  Alors  A  et  B  sont  de 
la  forme 

M  et  N  Ă©tant  des  polynĂŽmes  en  a;  et  z,  Ă   coefficients  rationnels  en  /,  s'an- 
nulant  sur  la  courbe  double. 

»   Considérons  maintenant  la  courbe  entre  x  el  z 

f{x,y,z.)  =  o, 

renfermant  le  paramÚtre  y.  Nous  pouvons  former,  par  des  opérations 
rationnelles  en  y,  un  systÚme  d'intégrales  abéliennes  relatives  à  celte 
courbe  : 

fl,dx,      ...,       i^ipdx,      j  i,dx,      ...,      j  i,ndx; 

les  ip  premiÚres  forment  un  systÚme  d'intégrales  distinctes  de  seconde 
espÚce,  et  l'intégrale 

/  'ii^dx 

est  une  intégrale  de  troisiÚme  espÚce,  ayant  comme  seuls  points  singuliers 
logarithmiques  les  points  à  l'infini  O,  et  O,-,  avec  les  périodes  logarith- 
miques +  1  et  — I  (nous  dĂ©signons  par  O,,  O,,  ...,  0„,  les  m  points  Ă  
l'infini  de  la  courbe,  qui  sont  distincts  au  point  de  vue  de  la  rationalité  par 
rapport  Ă   y).  Les  I  et  les  J  sont  rationnels  en  x,  y  et  z. 

»   On  démontre  que  l'on  peut  supposer  que  B  est  de  la  forme 

B  =  a^  I,  -+-. ..+  a.:,pl..p  +  c.J^+..  .-^  CiJ,„, 

les  a  et  les  c  Ă©tant  des  fonctions  rationnelles  de  y.  Nous  avons  maintenant 
Ă   Ă©crire  que 

*^^^  /;        dy 

est  la  dérivée  par  rapport  à  x  d'une  fonction  rationnelle  de  x,  y  et  z.  En 
exprimant  ce  fait,  on  trouve  2p  -hm  —  i  relations  linĂ©aires  entre 


5/(4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  leurs  dérivées  premiÚres;  aucune  irrationalité  par  rapport  à  y  ne  s'in- 
troduit, et  ces  relations  contiennent  rationnellement/.  Il  est  alors  aisé  de 
montrer  que,  si  l'on  peut  satisfaire  Ă   ce  systĂšme  de  ip  -\-m  —  \  Ă©quations 
différentielles  linéaires  à  coefficients  rationnels  en  y  entre  les  a  et  les  c, 

on  pourra  mettre  ^  sous  la  forme  demandée.  Or  c'est  là  un  problÚme 
élémentaire  ('). 

»  4.  Dans  le  cas  oĂč  p  est  quelconque,  la  solution  repose  sur  une  analyse 
analogue.  Aux  fonctions  rationnelles  I  et  J,  il  faut  en  adjoindre  d'autres 
se  rapportant  à  chacune  des  courbes  C.  On  forme  une  intégrale  abélienne 

/  Ridx         (H,  rationnelle  en  x,  y  el  z) 

relative  Ă   la  courbe  entre  x  et  :;,  f{x,  y,  z")  =  o,  qui  a  pour  points  singu- 
liers logarithmiques  le  point  Ă   l'infini  O,  et  les  points  de  la  courbe  C,  ayant 
la  valeur  considérée  du  paramÚtre  y,  avec  les  périodes  logarithmiques  +  i 
en  ces  points  et  —di  en  O,  (rf,  Ă©tant  le  degrĂ©  de  C,).  On  montre  alors  que 
l'on  peut  mettre  B  sous  la  forme 


B  =  a,I,  +.  .  .-4-  ao/,Io^+ Y2J2+.  .  .-I-Y„,J,„  + Yi,H,  -h.  .  .+  7ip_,H, 


-t  1 


les  a  et  les  y  Ă©tant  des  fonctions  rationnelles  de  y  et  les  r,  des  constantes. 

»  On  écrit  alors,  Bayant  cette  nouvelle  valeur,  que  la  différence  (2) 
est  la  dérivée  par  rapport  à  x  d'une  fonction  rationnelle  de  x,  y  et  z.  Ceci 
nous  donne  2p-+-  m  —  i  relations  linĂ©aires  entre  les  a,  les  y,  leurs  dĂ©rivĂ©es 
premiĂšres  et  les  constantes  n. 

»  Le  problÚme  est  donc  ramené  à  reconnaßtre  si  l'on  peut  déterminer 
les  constantes  ‱/],  de  maniĂšre  que  les  Ă©quations  diffĂ©rentielles  linĂ©aires  prĂ©- 
cĂ©dentes puissent  ĂȘtre  vĂ©rifiĂ©es  par  des  fonctions  rationnelles  de  j,  pro- 
blÚme ne  présentant  aucune  difficulté  théorique. 

»  En  résumé,  quand  on  connaßt  un  systÚme  de  courbes  C,  il  est  possible 
de  reconnaßtre  si  une  identité  de  la  forme  (1)  est  possible,  et  par  suite  de 
dénombrer  les  intégrales  distinctes  de  seconde  espÚce. 


C)  li  n'esl  pas  sans  inlérÚlde  remarquer  que  le  problÚme  que  nous  venons  de  traiter 
généralise  le  problÚme  fondamental  relatif  à  l'existence  des  intégrales  de  différentielles 
totales  de  seconde  espĂšce  (transcendantes).  Dans  ce  problĂšme,  Q  est  nul,  ainsi  que 
les  c;  en  suivant  la  méthode  du  texte,  on  forme  immédiatement  le  systÚme  d'équations 
différentielles  donnant  les  a,  d'une  maniÚre  plus  rapide  qu'à  la  page  i65  du  Tome  I  de 
ma  Théorie  des  foncLions  algébriques  de  deux  variables. 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  igoS.  545 

»   5.  Ajoutons   quelques   remarques   importantes.   On  peut,  à  chaque 

courbe  C,-,  faire  correspondre  une  expression  ^,  oĂč  O,  est  un  polynĂŽme 

en  Ɠ,  y,  z  susceptible  de  la  forme  indiquĂ©e.  De  plus,  aucune  combinaison 
linéaire  à  coefficients  constants 

C.Qi  +  ...  +  Cp,,Qp_, 
f- 
ne  peut  se  mettre  sous  la  forme 


f-. 

)rme 

'Ă ^KjJ 

+ 

d 

(7Ù' 

U  et  V  Ă©tant  des  polynĂŽmes  en  x  et  z,  Ă   coefficients  rationnels  en  y    Enfin 

g 
toute  expression  -jj,  susceptible  de  la  forme  (i),  peut  s'Ă©crire 

A,Q.  +  ...+  Ap_iQp_,  0 JIJ\  Ă   /\\ 

les  A  Ă©tant  des  constantes,  U  et  V  ayant  la  signification  ci-dessus. 

»  Toutes  les  considérations  que  nous  venons  de  développer  sont  utili- 
sables, quand  on  a  pu  déterminer  un  systÚme  de  courbes  C.  Elles  sont 
numériquement  applicables  à  une  surface  donnée,  mais  on  comprend 
qu'elles  ne  permettent  guÚre  d'énoncer  sur  le  nombre  p^  des  intégrales 
doubles  distinctes  de  seconde  espÚce  des  propositions  générales.  C'est  en 
les  combinant  avec  l'étude  des  périodes  de  certaines  intégrales  doubles 
que  je  suis  arrivé,  aprÚs  bien  des  efforts,  à  obtenir  quelques  lois  générales 
que  j'mdiquerai  dans  la  prochaine  sĂ©ance.  ArrĂȘtons- nous  seulement 
aujourd'hui  sur  des  cas  particuliers  trĂšs  simples,  qui  nous  donneront  cepen- 
dant l'occasion  de  faire  une  remarque  générale  sur  le  nombre  o 

»  6.  Nous  avons  déjà  eu  l'occasion  d'utiliser  la  facilité  avec  laquelle 
s'appliquent  nos  théories  générales  aux  surfaces  dont  l'équation  est  de  la 
forme 

(3)  ^■'-=A^;y). 

»  A  la  vérité,  elles  ne  rentrent  pas  dans  la  catégorie  des  surfaces  à  sin- 
gularités ordinaires,  mais  cependant,  avec  peu  de  modifications,  les  théo- 
rÚmes généraux  trouvent  leur  application.  Il  y  a  en  particulier,  pour  ces 
surfaces,  un  nombre  p  qui  a  une  assez  grande  analogie  avec  la  lettre 
dĂ©signĂ©e  plus  haut  de  la  mĂȘme  maniĂšre  (voir,  en  particulier,  An/iaks  de 
l' École  Normale,  igoi  et  i9o3). 


546  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

.   Si,  pour  la  surface  (3),  le  nombre  ?  est  nul,  loute  expression  de  la 
forme 

^■‱^'■^^.        (P  polynîme  en  x  et  y), 

susceptible  de  la  forme  ^  H-  j^,  peut  s  Ă©crire 

M  et  N  Ă©tant  des  polynĂŽmes  en  x,  Ă   coefficients  rationnels  en  y. 
»   Prenons,  en  particulier,  les  surfaces 

oĂč  f{x)  et  F(}')  sont  des  polynĂŽmes  arbitraires  de  degrĂ©s  ap  +  i  et  27-f-  i . 
Sous  cette  condition  que  les  polynÎmes  précédents  ne  présentent  pas  de 
particularités  spéciales,  on  peut  démontrer  que  l'on  a  pour  la  surface  pré- 
cĂ©dente p  =  o,  et  l'on  en  dĂ©duit  que  le  nombre  p„  des  intĂ©grales  doubles 
distinctes  de  seconde  espÚce  est  donné  par  la  formule 

»  7.  Le  rĂ©sultat  prĂ©cĂ©dent  peut  ĂȘtre  inexact  dans  certains  cas  parti- 
culiers. Supposons  que  f(x)  et  F(j)  soient  du  troisiÚme  degré.  On  aura 
bien  p»  =  4,  s'il  est  impossible  de  satisfaire  à  l'équation 


dx  , ,       dv 


(C  Ă©tant  une  constante  convenable) 


en  prenant  pour  x  une  fonction  rationnelle  de  y  (ne  se  réduisant  pas  à 
une  constante);  mais,  dans  d'autres  cas,  il  n'en  sera  pas  de  mĂȘme.  P.ir 
exemple,  si  les  deux  polynĂŽmes /et  F  sont  identiques,  le  nombre  p  n'est 
plus  nul,  et  l'on  démontre  que 

Po  =  3, 

pourvu  toutefois  que  les  fonctions  elliptiques  correspondant  au  polynĂŽme 
du  troisiÚme  degré /(^)  n'admettent  pas  la  multiplication  complexe. 

»  Les  conclusions  sont  encore  différentes  si  nous  sommes  dans  un  cas 
de  multiplication  complexe.  L^i  valeur  du  nombre  p  a  changé  et  cette  mo- 
dification a  sa  rĂ©percussion  sur  la  valeur  de  p„.  On  trouve  alors 

Po=2. 


SÉANCE   DU    J2   OCTOBRE    igoS.  5/47 

»  8.  Les  exemples  précédents  suffisent  pour  appeler  l'nltention  sur  une 
circonstance  extrĂȘmement  remarquable  :  je  yeux  parler  du  caractĂšre  arith- 
mĂ©tique de  l'invariant  p„.  Ce  nombre  ne  dĂ©pend  pas  seulement  de  questions 
de  configurations  et  de  singularités  relatives  à  la  surface  algébrique.  La 
nature  arithmétique  des  coelficients  de  l'éqijation  de  la  surface  ipflqe  sur 
sa  valeur.  Ainsi,  pour  la  surfape 

=^=/(a7)/(jK)  (/  polynÎme  du  troisiÚme  degré), 

le  nombre  po  est  égal  à  trois  en  général.  Ce  nombre  s'abaisse  à  deux,  quand 
les  coefficients  de /(a;)  satisfont  aux  conditions  firithmétiques  relatives  à 
la  multiplication  complexe.  L'invariant  p„  est  doac,  à  ce  point  de  vue,  bien 
différent  de  son  f^nalogue  2/j  dans  la  théorie  des  courbes  algébriques 
(yo  étant  le  genre  de  Riemann),  ou  des  genres  géométrique  et  numérique 
Vg  et  /?„  aujourd'hui  classiques  dans  la  thĂ©orie  des  surfaces  algĂ©briques.  » 

CHIMIE  GÉNÉRALE .  —  Sur  la  tempĂ©rature  d'inflammation  et  sur  ai 
combustion  lente  du  soufre  dans  l'ojcygĂšne  et  dans  l'air.  Note  de 
M.  Memii   i^IoiSSA\. 

«  Nous  avons  démontré  que  les  trois  variétés  de  carbone  dégagent  de 
l'acide  carbonique  bien  avant  leur  température  d'inflammation  et  que  le 
charbon  de  bois  en  particulier  brûle  trÚs  lentement,  dans  l'oxygÚne,  (lÚs 
la  température  de  100",  en  produisant  une  petite  quantité  d'acide  carbo- 
nique ('). 

»  Nous  avons  étendu  celte  étude  à  l'action  de  l'oxygÚne  sur  le  soufre. 

»  On  sait  depuis  longtemps  que,  au-dessoifs  de  sa  température  d'inflam- 
mation, le  soufre  peut  devenir  phosphorescent  dans  l'air  (^).  M.  Joubert 
a  fait  remarquer  que  cette  phosphorescence  apparaßt  à  une  température 
d'environ  200°  (').  K.  Heumann  a  démontré  que,  à  i8o'\  ce  phénomÚne 
était  accompagné  de  la  production  d'anhydride  sulfureux  (  ''). 


(')  H.  MoissAN,  Sur  la  température  ci' injlammalion  et  sur  ta  combustion  dans 
l'oxygÚne  des  trois  variétés  de  carbone  {Comptes  rendus,  t.  GXXXV,  1902,  p.  921). 

(-)  Berzélius,  Traité  de  Chimie,  2=  édition  fj-ançaise,  l.  I,  i845,  p.  177. 

(')  Joubert,  Sur  la  pliosplwrescence  du  phosphore,  du  soufre  et  de  l'arsenic 
(Comptes  rendus,  t.  LXXVllI,  1878,  p.  r853). 

(')  K.  Heumann,  Verbrennung  des  Scha-efels  mit  weisser  Phosphorescenz/lamme 
(Bericlite,  t.  XVI,  i883,  p.  iSg;  voir  aussi  :  Oscar  Jacobsen,  mĂȘme  Recueil,  mĂȘme 
Tome,  p.  478)- 


548  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  TempĂšraturp.  d'inflammation  du  soufre  dani  l'oxygĂšne.  —  Le  soufre  em- 
ployé dans  nos  premiÚres  expériences  était  du  soufre  ordinaire  en  canons, 
tel  que  le  livrent  les  raffineries.  L'oxygĂšne,  contenu  dans  un  cylindre  en 
acier,  avait  été  préparé  par  électrolyse  de  l'eau  et  titrait  de  99,2  à  99,3. 
Il  faut  avoir  soin  de  faire  l'analyse  du  gaz  de  chaque  cylindre  avant  de 
commencer  une  série  d'expériences.  Lorsque  l'oxygÚne  renferme  une 
teneur  plus  griinde  en  azote,  il  doit  ĂȘtre  rejetĂ©. 

»  L'appareil  au  moyen  duquel  ont  été  faites  les  premiÚres  expériences 
se  composait  d'un  petit  tube  en  U,  d'une  contenance  de  20'"°'  environ,  dans 
lequel  circulait  un  courant  assez  lent  d'oxvgĂšne.  Un  fragment  de  soufre 
de  i'^"à  2<'k  était  disposé  au  fond  du  tube  et  la  température  de  ce  dernier, 
indiquée  par  un  thermomÚtre,  vérifié  au  préalable,  était  maintenue  con- 
stante au  moyen  d'un  bain  de  nitrates  fondus. 

»  Les  résultats,  obtenus  dans  ces  conditions,  étaient  assez  variables. 
Bien  que  la  vitesse  du  courant  d'oxygÚne  fût  constante  et  que  son  débit 
atteignßt  1'  en  10  minutes,  les  résultats  oscillÚrent  entre  807*'  et  325°.  En 
réalité,  nous  obtenions  des  températures  trop  élevées,  parce  qu'il  se  for- 
mait, avant  la  combustion,  de  l'anhydride  sulfureux  dont  la  quantité 
variait  d'aprĂšs  la  surface  du  soufre  liquide  au  fond  du  tube  en  U  et  qui 
affaiblissait  la  propriété  comburante  de  l'oxygÚne.  Dans  ces  conditions, 
nous  obtenions  une  température  d'inflammation  irréguliÚre  et  certainement 
trop  élevée. 

»  Dans  une  seconde  série  d'expériences,  nous  avons  placé  le  soufre 
dans  une  petite  nacelle  disposée  au  milieu  d'un  tube  de  verre  horizontal 
fermĂ©  par  des  plaques  de  mĂȘme  substance  Ă   parois  parallĂšles.  Deux  aju- 
tages latéraux  permettaient  l'entrée  et  la  sortie  du  gaz  oxygÚne.  Enfin  une 
pince  thermo-électrique  de  M.  Le  Chatelier  servait  à  prendre  la  température 
du  soufre  au  moment  exact  oĂč  l'on  voyait  l'incandescence  se  j^roduire  en 
regardant  dans  l'axe  du  tube.  Cet  appareil,  d'une  longueur  de  60*^"  environ, 
était  chauffe  sur  40*^""  au  moyen  d'un  bain-marie,  formé  de  nitrates  en  fusion. 
Dans  ce  cas,  la  température  était  prise  auprÚs  du  soufre,  c'est-à-dire  à 
l'endroit  mĂȘme  oĂč  se  produisait  le  phĂ©nomĂšne  de  l'inflammation.  Nous 
avons  obtenu  ainsi  une  série  de  chilfres  plus  exacts  que  les  précédents  et 
compris  entre  -4-275"  et  -1-280°.  Cependant  cette  expérience  comporte 
encore  des  causes  d'erreur.  L'acide  sulfureux  (jui  se  produit  avasit  l'inflam- 
mation donne  un  mélange  gazeuxdans  lequel  le  titre  de  l'oxygÚne  diminue. 
Déplus,  le  diamÚtre  intérieur  du  tube  étant  de  i'^'°,8,  le  gaz  qui  le  traverse 
avec  la  mĂȘme  vitesse  que  prĂ©cĂ©demment  n'est  pas  en  Ă©quilibre  de   tempe- 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  igoS.  549 

rature  avec  le   bain  de  nitrates,  et  les  chiffres  trouvĂ©s  doivent  ĂȘtre  trop 
faibles.  ^ 

»  Nous  avons  alors  modifié  notre  expérience  de  la  f;içon  suivante  :  du 
soufre  fondu  a  été  maintenu  dans  une  atmosphÚre  d'acide  carbonique 
pour  empĂȘcher  toute  formation  d'anhydride  sulfureux  et  l'oxygĂšne  a  Ă©tĂ© 
chauffé  dans  le  bain  de  soufre  liquide  au  milieu  duquel  se  produisait 
l'expérience.  Pour  cela,  nous  avons  placé  i5os  de  soufre  en  fusion  au  fond 
d'un  matras  de  aSo"'".  Grùce  à  un  tube  de  verre  recourbé  à  an»le  droit, 
nous  faisions  arriver  Ă   la  surface  un  coiu-ant  assez  rapide  d'acide  carbo- 
nique sec.  Le  gaz  oxygÚne  était  amené  par  un  tube  de  verre  étroit  dont 
l'extrémité  plongeait  complÚtement  sur  une  longueur  de  S*^""  à  Î*^"  dans  le 
soufre  liquide  et  était  terminée  par  une  pointe  effdée. 

»  Le  gaz  oxygÚne  se  dégageait  bulle  à  bulle  avec  une  lenteur  beaucoup 
plus  grande  que  dans  les  expériences  précédentes.  Un  thermomÚtre  indi- 
quait la  température  du  soufre  liquide.  Eafin,  le  matras  était  placé  sur  un 
bain  de  sable  que  l'on  chauffait  avec  précaution.  Dans  ces  conditions,  tant 
que  la  température  est  inférieure  à  282°,  l'oxvgÚne  se  dégage  bulle  à  bulle 
au  travers  du  soufre  liquide  en  donnant  de  l'acide  sulfureux,  mais  sans 
produire  d'incandescence.  Au  contraire,  lorsque  cette  température  est 
atteinte,  une  réaction  plus  vive  s'annonce  par  une  petite  explosion  qui  est 
suivie  immédiatement  du  phénomÚne  d'incandescence.  A  partir  de  cette 
température,  la  combinaison  de  l'oxygÚne  et  du  soufre  se  produit  avec 
flamme  et  avec  un  dégagement  de  chaleur  qui  va  en  s'accentuant  et  qui  ne 
tarde  pas  à  élever  la  température  du  squfre  en  fusion.  La  température 
d'inflammation  du  soufre  dans  l'oxygĂšne  sous  une  pression  d'une  atmo- 
sphĂšre est  donc  de  -+-  282"  ('). 

»  TempĂ©rature  d'inflammation  (lu  soufre  dans  l'air.  —  En  rĂ©pĂ©tant  la 
mĂȘme  expĂ©rience  avec  de  l'air,  la  tempĂ©rature  d'inflammation  est  de  363°. 
Cette  combustion,  au  milieu  du  bain  de  soufre  fondu,  se  fait  avec  une 
flamme  bleue,  mais,  comme  elle  se  proiluit  dans  un  liquide  jaune,  elle 
paraßt  verte.  Lorsque  la  température  s'abaisse  à  36o°,  la  petite  flamme 
ne  se  forme  plus  et  dĂšs  lors,  si  le  courant  d'acide  carbonique  n'est  pas  trĂšs  ' 
rapide  à  la  surface  du  soufre,  il  se  fait  une  série  de  détonations  dues  au 
mélange  d'air  et  de  vapeurs  de  soufre.  C'est  qu'en  effet,  la  température 

(')  La  plupart  des  ouvrages  de  Chimie  indiqueiU,  pour  cette  température  d'inflam- 
mation, le  cliiffre  de  25o°,  d'ailleurs  sans  indication  bibliographique. 

C.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  15.)  'j'i 


55o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'inflammation  de  celle  vapeur  de  soufre  est  moins  élevée  que  celle  du 
soufre  liquide  et  se  produit  dans  l'air  vers  285°  ('  ). 

M  Cette  température  d'inflammation  s'élÚve  rapidement  lorsque  l'air 
renferme  de  l'acide  sulfureux.  Dans  un  mélange  de  g5  pour  loo  d'air  sec 
et  de  5  pour  loo  d'anhydride  sulfureux,  la  température  d'inflammation 
est  voisine  de  445°.  Dans  un  mélange  de  90  pour  100  d'air  sec  et  de  10 
pour  100  d'anhydride  sulfureux,  l'inflammation  ne  se  produit  plus  à  465°. 

»  Combustion  lente  du  soufre  dans  roxygĂ©ne.  —  AprĂšs  avoir  dĂ©terminĂ© 
cette  température  d'inflammation,  nous  avons  disposé  i?  à  2^  de  soufre 
fondu  au  fond  d'un  tube  en  U  à  -1-220",  et  il  nous  a  été  facile,  en  faisant 
passer  un  courant  d'oxygĂšne  dans  ce  tube,  de  voir  que  l'acide  sulfureux 
se  produisait  en  quantité  notable  en  dessous  du  point  d'inflammation  du 
soufre. 

»  En  effet,  il  suffisait  de  faire  passer  le  gaz  qui  sortait  du  tube  en  U  dans 
un  petit  condensateur  maintenu  Ă   — 80°  [au  moyen  d'un  mĂ©lange  d'acĂ©- 
tone et  d'acide  carbonique  (-)]  pour  condenser  de  l'acide  sulfureux  solide 
qu'il  nous  a  été  facile  ensuite  de  caractériser.  En  effet,  ce  corps  solide  est 
devenu  liquide  vers  —  75°,  puis  a  pris  l'Ă©tat  gazeux  Ă   —  8°.  Le  gaz,  re- 
cueilli sur  le  mercure,  avait  une  odeur  caractéristique,  s'absorbait  par  la 
potasse  et  sa  solution  aqueuse  décolorait  le  pennanganate  de  potassium. 

»  Dans  une  autre  expérience,  on  a  fait  passer  un  courant  d'oxygÚne  dans 
le  tube  en  U  contenant  du  soufre  liquide  à  -1-  200°  et  le  gaz  barbotait 
ensuite  dans  une  solution  d'acétate  de  plomb. 

»  Nous  avons  vu  se  former,  dans  ces  conditions,  un  précipité  blanc  de 
sulfite  de  plomb,  qui,  traité  par  l'acide  chlorhydrique,  a  dégagé  de  l'acide 
sulfureux  que  l'on  a  absorbé  par  une  solution  de  potasse.  AprÚs  avoir  per- 
oxyde cette  solution  par  l'eau  de  brome,  puis  chassé  l'excÚs  de  brome, 
nous  avons  pu  caractériser  l'existence  d'une  notable  quantité  d'acide  sulfu- 
rique  au  moyen  du  chlorure  de  baryum. 

»  Ainsi,  à  80°  au-dessous  de  son  point  d'inflammation,  le  soufre,  en  pré- 
sence de  l'oxygÚne,  donne  lieu  à  une  combustion  lente  bien  caractéristique. 

»  Nous  avons  remarqué  aussi  que,  dans  cette  combustion  lente,  il  ne  se 


(')  Nous  avons  aussi  remarqué  que,  si  les  Imlles  d'air  traversent  le  soufre  fondu 
entre  3oo"  et  35o",  chaque  Ijulle  diminue  nelleincnl  de  volume  en  sélevanl  au  travers 
du  soufre  liquide. 

(-)  11.  MoissA.N,  Suf  une  nouvelle  niétliode  de  manipulation  des  gaz  liquéfiés  en 
tubes  scellés  {Comptes  rendus,  t.  GXXXIIl,  p.  768). 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  ipoS.  55 l 

produisait,  mélangé  à  l'acide  sulfureux,  que  des  traces  impondérables 
d'acide  siilfurique,  si  l'on  a  soin  de  recueillir  les  produits  de  la  combustion 
dans  une  liqueur  qui  demeure  constamment  alcaline,  ainsi  que  l'a  conseillé 
M.  Berthelot.  On  sait,  au  contraire,  que  dans  la  combustion  vive,  mĂȘme 
dans  le  verre  seul,  il  se  forme  toujours  de  l'anhydride  sullurique  dont  la 
teneur  a  été  mesurée  par  M.  Berthelot  (')  et  parfois  des  traces  d'anhydride 
persulturique  (Schutzenberger). 

»  Il  nous  restait  à  reconnaßtre  si  cette  combustion  lente  pouvait  se  pro- 
duire à  des  températures  plus  basses.  Mais  dans  ces  phénomÚnes  le  temps 
intervient  et  nous  avons  dû  modifier  notre  méthode  expérimentale. 

»  Nous  avons  cherché  tout  d'abord  une  réaction   assez  sensible  pour 
déceler  des  traces  d'acide  sidfnrcux,  et  nous  avons  utilisé  la  réaction  de 
Forclos  et  GĂ©lis.  Des  fragments  de  soufre  Ă©taient  disposes  dans  un  tube 
en  U  traversé  lentement  par  un  courant  d'oxygÚne  maintenu  à  la  tempéra- 
ture de  ioo°.  Le  soufre  restait  solide   et  le  gaz  barbotait  ensuite  dans  une 
solution  alcaline.  Ce  dernier  liquide   Ă©tait    introduit  dans  un  appareil  Ă  
hydrogĂšne  contenant  du  zinc  et  de  l'acide  chlorhy  Irique  pur,  et  il  se  pro- 
duisait une  petite  quantité  d'hydrogÚne  sidfuré,  facilement  reconnaissable 
par  son  action  sur  un  |ja|iier  à  l'acétate  de  plomb.  Mais  cette  réaction  ne 
peut  s'appliquer  dans  ce  cas.  Si  l'on  remplace,  en  effet,  le  co  irant  d'oxy- 
gÚne par  de  l'azote  pur,  les  résultats  sont  identiqies,  bien  qu'il  ne  se  soit 
pas  produit  d'acide  sulfureux.  Cela  tient  Ă   ce  que  la  tension  de  vapeur  du 
soufre  Ă   loo"  et  mĂȘme  Ă   So"^  n'est  pas  nĂ©gligeable.  IHoiis  avons  dĂ©jĂ   appelĂ© 
l'attention  sur  ce  phénomÚne  au  sujet  de  la  présenca^du  soufre  en  nature 
dans  l'eau  chaude  de  la  source  sulfureuse  de  la  grotte  a   H  ignĂšrei-ie- 
Luchon  (-). 

»  Nous  avons  alors  placé  0^,2  de  soufre  dans  un  tube  de  verre  fermé 
à  l'une  de  ses  extrémités  et  l'on  a  chauffé  ce  soufre  de  façon  à  l'amener  à 
l'Ă©tat  liquide,  puis  on  a  fait  le  vide  dans  l'appareil  pour  enlever  les  gaz 
qu'il  |)ouvait  contenir  (').  AprÚs  2  heures,  ou  a  laissé  le  soufre  se  solidifier 


(')  Beiitiiklot,  Sur  la  chaleur  de  formation  i/rs  oxydes  du.  soufre  [Annales  de 
Chimie  et  de  Physlr/ae,  5=  série,  t.  XXII,  1881,  |).  422). 

(-)  H.  Moissw,  Sur  la  présence  de  l'argon  dans  le  gaz  de  la  source  Bordeu  à 
Ludion  et  sur  la  présence  du  soufre  libre  dans  l'eau  sulfureuse  de  la  grotte  et 
dans  les  vapeurs  de  luiniage  {Comptes  rendus,  l.  GXXXV,  1902,  p.  1378). 

(')  Celte  préparùt  ion  était  suffisante  pour  nos  recherclies,  mais  nous  tenons  à  rap- 
|)eler  à  ce  sujet  les  expériences  si  originafes  de  Cli.  Malus  sur  la  solubilité  des  gaz 
dans  le  soufre  et  sur  sa  viscosité  en  présence  de  l'anhydride  sulfureu\  [Annales  de 
Chimie  et  de  Physique,  7"^  série,  l.  XXIV,  1901,  p.  490- 


552  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  mainlenHnl  toujours  le  vide,  puis  on  a  rempli  ensuite  Ă   froid  le  tube 
d'oxygÚne  sec.  Enfin,  on  l'a  scellé  en  avant  soin  d  étirer  trÚs  finement  la 
pointe.  Dans  ces  conditions,  nous  avons,  en  présence,  de  l'oxygÚne  et  du 
soufre  dans  un  espace  clos. 

»  Lorsque  le  tube  vientd'Útre  ainsi  préparé  si  nous  refroidissons  l'extré- 
mitĂ© effilĂ©e  Ă   —  186°,  nous  voyons  se  condenser  dans  la  pointe  une  trĂšs 
petite  quantité  de  liquide  qui  reste  transparent  tant  que  le  tube  ne  renferme 
que  de  l'oxygÚne  pur.  Ce  liquide  est  de  l'oxvgÚne  liquéfié  qui  reprend  l'état 
gazeux  dÚs  que  la  température  s'élÚve  de  quelques  degrés.  Si  au  contraire 
notre  gaz  renferme  des  traces  d'acide  sulfiu-eux,  nous  vovons  un  corps 
solide  se  condenser  à  l'intérieur  de  la  pointe  effilée,  corps  solide  qui  ne  se 
dissout  pas  dans  la  gouttelette  d'oxvgĂšne  liquide,  et  qui  ne  reprend  du 
reste  son  état  gazeux  que  par  un  réchauffement  beaucoup  plus  intense 
que  le  précédent. 

»  Un  certain  nombre  de  tubes  scellés,  renfermant  du  soufre  et  de  l'oxy- 
gÚne et  ne  fournissant  pas  de  dépÎt  blanc  par  refroidissement  de  la  |)ointe 
Ă   une  tempĂ©rature  oscillant  entre  —  1 85"  et  —  190°  ont  Ă©tĂ©  maintenus  Ă   des 
températures  A^ariables.  A  la  température  de  iSo",  aprÚs  12  heures  de 
chauffe  :  formation  d'un  léger  dépÎt  blanc  solide  qui  augmente  nettement 
avec  la  durĂ©e  de  la  chauffe.  Il  en  est  de  mĂȘme  Ă   100°.  Il  en  est  encore  de 
mĂȘme  Ă   une  tempĂ©rature  voisine  de  20°  lorsque  l'expĂ©rience  dure  un 
mois. 

))  Pour  reconnaĂźtre  si  ce  dĂ©pĂŽt  blanc  ainsi  condensĂ©  Ă   — 186°  Ă©tait  bien 
de  l'acide  sulfureux,  nous  avons  séparé  rapidement  par  un  trait  de  chalu- 
meau la  partie  effilée  et  refroidie  avant  que  cette  neige  ait  pu  reprendre 
l'état  liquide.  Nous  avons  cassé  la  pointe  de  ce  petit  tube  dans  2'°'°  d'eau 
distillée  et  nous  avons  obtenu  un  liquide  légÚrement  acide  qui  décolorait 
une  solution  trĂšs  Ă©tendue  de  permanganate  de  potassium  et  fournissait 
ensuite,  avec  une  goutte  d'une  solution  de  chlorure  de  baryum,  un  préci- 
pité blanc  de  sulfate  de  baryum  insoluble  dans  l'acide  nitrique  étendu. 

»  Nous  avons  pu  démontier  ain^i  que  le  soufre  oclaédrique,  le  soufre 
prismatique  et  le  soufre  insoluble  biĂčlaient  lentement  dans  l'oxygĂšne,  non 
seulement  à  la  température  de  loo",  mais  incaie  à  la  température  ordi- 
naire. 

»  L'action  est  bcaucoiq)  plus  lente  dans  l'air,  mais  elle  se  poursuit  néan- 
moins et,  aprÚs  3  mois  à  une  température  qui  a  oscillé  entre  iG"  et  26°, 
nous  avons  pu  caractériser  la  formation  de  traces  d'anhydride  sulfureux. 

»  Conclmions.  —  En  rĂ©sumĂ©,  la  tempĂ©rature  d'inflammation  du  soufre 
est  de  282°  dans  l'oxygÚne  et  de  333''  dans  l'air  à  la  pression    atmosphé- 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  IQoS.  553 

rique.  De  plus,  la  combustion  ou  la  combinaison  lente  du  soufre  avec 
l'oxygÚne  se  produit  bien  avant  la  température  d'inflammation.  Ainsi, 
à  ioo°,  cette  combinaison  est  manifeste  aprÚs  12  heures;  elle  donne  une 
quantitĂ©  d'acide  sulfureux  que  l'on  peut,  par  refroidissement  Ă   — iSG", 
amener  à  l'état  solide  et  caractériser. 

»  Ce  procédé  débcat  nous  a  permis  de  reconnaßtre  que  ce  phénomÚne 
de  combustion  lente  se  produisait  avec  les  différentes  espÚces  de  soufre, 
mĂȘme  Ă   la  tempĂ©rature  ordinaire,  et  nous  pouvons  dire  que,  d'une  façon 
constante,  le  soufre  exposé  à  l'air  y  brûle  trÚs  lentement  en  donnant  des 
traces  d'anhydride  sulfureux. 

»  Nous  voyons  donc  que  ce  phénomÚme  de  la  combustion  lente  s'étend 
pour  le  charbon  et  le  soufre  à  des  températures  beaucoup  plus  éloignées  du 
point  d'inflammation  que  l'on  ne  pouvait  le  soupçonner  tout  d'abord.   » 


PALÉONTOLOGIE.  —  Observations  palrnritologiques  flans  l'Alaska. 
Note  de  M.  Albekt  Gaudrv. 

«  Par  l'intermédiaire  de  notre  confrÚre  M.  Edmond  Peiner,  nous  avons 
des  nouvelles  de  M.  Obalski,  auquel  le  Muséum  d'Histoire  naturelle  a  confié 
une  mission.  M.  Obalski  est  arrivé  à  Yidvou,  sur  la  frontiÚre  de  l'Alaska, 
au  64"3o'  de  latitude  et  au  i[\(f  de  longitude.  Le  pays  oĂč  il  se  trouve  ren- 
ferme, paraßt-il,  beaucoup  d'or;  mais,  comme  il  est  absolument  glacé,  par 
conséquent  sans  végétation  et  sans  habitations,  les  pauvres  chercheurs  d'or 
endurent  de  grandes  souffrances.  Ils  sont  obligés,  pour  obtenir  l'or,  de 
creuser  des  terrains  cpiaternaires  d'une  douzaine  de  mĂštres,  formes  de 
couches  de  boues,  de  sables,  de  galets.  De  mĂȘme  qu'en  SibĂ©rie,  ces  couches, 
gelées  jusque  dans  leurs  parties  les  plu->  profondes,  renferment  une  multi- 
tude d'ossements;  il  n'y  a  pas  de  cadavres  avec  leurs  chairs.  M.  Obalski 
écrit  :  Ce  n'est  que  défenses  gigantesques  de  Mainmniths,  ossements  mons- 
trueux, restes  de  BƓufs  musquĂ©s,  de  Bisons,  ^tl' Elans,  de  Cerfs.  Tout  cela  gĂźt 
épars,  retiré  des  fonds  glacés.  Il  y  a  aussi  du  Cheval,  dont  les  photographies 
ont  été  envoyées  au  Directeur  du  Muséum. 

»  Il  convient  de  rappeler  qu'en  iSyS  un  autre  voyageur  français,  M.  Al- 
phonse Piiiart,  avait  fait  une  importante  expédition  dans  l'Alaska  et  signalé 
la  profusion  des  débris  des  Mammouths.  J'ai,  à  cette  époque,  communique 
à  l'Académie  une  molaire  de  l'un  de  ces  animaux  rapportée  par  M.  Pinart; 
ses  lames,  extrĂȘmement  serrĂ©es,  prĂ©sentent  l'exagĂ©ralion  des  caractĂšres 


554  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

du  Mammouth.  Ainsi  il  semble  que  cette  espĂšce  ait  eu  ses  traits  les  plus 

accentués  dans  les  régions  trÚs  froides. 

»  L'accord  des  voyageurs  des  diverses  nations,  au  sujet  de  l'abondance 
extrĂȘme  des  grands  Herbivores  fossiles  dans  les  contrĂ©es  borĂ©ales,  prouve 
de  plus  en  plus  qu'Ă   une  Ă©poque  trĂšs  peu  ancienne,  alors  que  les  hommes 
vivaient  déjà  depuis  bien  longtemps,  le  nord  de  notre  planÚte  avait  un 
climat  moins  dur  que  de  nos  jours.  T.e  régime  des  Steppes  à  plantes  her- 
bacées a  précédé  le  régime  des  Toundras  actuelles,  dont  le  sol  profondé- 
ment glacé  ne  porte  que  des  Mousses.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  nouvelle  fonction  E^(x). 
Note  de  M.  G.  MrrT.\G-LEi'PLEu. 

«  Dans  ma  Note  du  2  mars  de  cette  année,  j'ai  introduit  la  nouvelle 
fonction 

E,(a7)  =  .  -+-  j;(,  +  a.i)  +  r(,^....)  -^  rTTjirT)  +  ‱  ‱  "' 

oii  a  dĂ©signe  une  constante  positive,  que  j'ai  supposĂ©e  ĂȘlre    plus  petite 

que  2. 

»   Cette  fonction  se  comporte,  en  réalité,  de  deuK  muiiÚres  trÚs  dilfé- 

renles  suivant  que 

o  <;  x  <  2  ou  <X>2. 

»  Examinons  d'abord  la  premiÚre  hypothÚse  o  <  a  <  2.  On  doit  alors 
distinguer  trois  cas  : 

»  1°  Le  module  r  de  x{x^ré'^)  augmente  indéfiniment  le  long  d'un 
vecteur  silué  dans  l'angle 

2-  —  a-~>(s3>a-- 

2         '  2 

»  Dans  ce  cas,  le  module  |Ea(a;)|  s'approche  en  mĂȘme  temps  indĂ©fini- 
ment de  zéro. 

»   2°  Le   module   \x\  augmente   indéfiniment  le  long  tl'un   des   deux 

vecteurs 


»   Dans  ce  cas,  le  module  |  Ea(a7)  |  s'approche  en  mĂȘme  temps  indĂ©fini- 
ment de  -‱ 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  igoS.  555 

»   3°  Le  module  \cc\  augmente  indéfiniment  le  long  d'un  vecteur  situé 
dans  l'angle 

Dans  ce  cas,  le  module  |Ea(ic)|  augmente  en  mĂȘme  temps  au  delĂ   de  toute 
limite,  tandis  que 


diminue  indéfiniment. 

»   On  voit  qu'on  retombe  pour  a  ==  i  sur  les  propriétés  connues  de  la 
fonction  E,  [as)  =  e^. 

»   Examinons  maintenant  la  deuxiÚme  hypothÚse 


a.1-1. 


n  Quand,  dans  cette  hypothĂšse,  \x\  augmente  au  delĂ   de  toute  limite, 
le  long  d'un  vecteur  quelconque  dont  l'argument  ç  est  soumis  à  la  res- 
triction 

-^<?<  +  ^. 

le  module  |  £„(  j?)  |  augmente  simultanĂ©ment  au  delĂ   de  toute  limite,  tandis 
que  la  somme 

oĂč  la  sommation  embrasse  tous  les  nombres  entiers  rĂ©els  [j.  remplissant  la 
condition 

a 

diminue  en  mĂȘme  temps  indĂ©finiment.  Quand,  d'un  autre  cĂŽtĂ©,  dans  cette 
hypothÚse  a^2,  le  module  \x\  augmente  indéfiniment  le  long  d'un  vecteur 
d'argument 


le  module 


V-Hl  /      i 

E5((a:)  —  y -e' /"'    ^    cos(/-"siu- 

V=-0 


(y.  =  2m  +  Sr,   o>2r>— i;   m  =  \ ,  q.,'5,  . . .) 
dmiinue  en  mĂȘme  temps  indĂ©finiment. 


556  ■     ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))   On  a  donc  clans  cette  hypothĂšse  af:  2 

\ime-"'\EJr)  |  =  -', 

lim  e-"  I  Ea(.r)  |  =  o,  x  =  re''"'-  (o  <  0  <  i). 

»   La  fonction 

partage  avec  sina^  la  propriété  bien  connue  que  son  module  augmente,  au 
delĂ   de  toute  limite,  en  mĂȘme  temps  que  |  x  |,  quand  x  va  vers  l'infini  le 
long  d'un  vecteur  quelconque,  Ă   l'exception  ^Y un  seul.  On  peut  se  demander 
s'il  existe  des  fonctions  entiĂšres  transcendantes  dont  le  module  augmente 
au-dessus  de  chaque  limite  en  méuie  temps  que  \jo\,  quand  x  va  vers 
l'infini  le  long  d'un  vecteur  déterminé  qidoonquc.  La  réponse  est  affirma- 
tive, comme  le  montre  l'exemple  suivant  : 

a3sin(,r  +  /), 

qui  a  été  indiqué  par  M.  H.  von  Roch  et  auquel  on  pourrait  ajouter,  d'aprÚs 
une  remarque  de  lui, 

g{x)  -f-E<,(.r), 

oĂč  g(ir)  dĂ©signe  une  fonction  entiĂšre  rationnelle.  La  diffĂ©rence  entre  une 
telle  fonction  entiĂšre  transcendante  et  la  fonction  entiĂšre  rationnelle  oeut 
ĂȘtre  caractĂ©risĂ©e  comme  il  suit  :  la  seconde  s'approche  de  l'infini  pour 
toutes  les  directions  d'une  maniĂšre  uniforme  et  la  premiĂšre  d'une  m:iniĂšre 
non  uniforme. 

M   Une  question  plus   profonde   est  la    suivante   :    la   fonction    '^^(^x') 

(o  <^  a  <[  2)  augmente  vers  l'infini  seulement  dans  l'angle  —  a-  <[  o  <[  a- 

qu'on  peut  amoindrir  autant  qu'on  veut  en  diminuant  a.  Existe-l-il  des  fonc- 
tions entiĂšres  qui  ne  deviennent  infinies  que  si  |  .t  |  augmente  le  long  A' un 
seul  vecteur,  mais  qui  diminuent  indéfiniment  quand  \x\  augmente  le  long 
de  tous  les  autres  vecteurs? 

»  Un  de  mes  élÚves,  M.  J.  Malmquist,  vient  d'en  former  un  exemple 
dans  la  fonction 

Ë^(^)=I1      r      '""'   \ T  (o<x<i). 

»  M,  E.  Lindelot,  en  se  rattachant  à  ma  Note  du  2  mars  et  en  s'appuyant 


SÉANCE    DU    12    OCTOBRE    fQoS.  55^ 

sur  un  théorÚme  fort  remarquable  trouvé  pnr  lui  (Acta  Soc.  Se.  Fenn., 
l.  XXXr,  n"  3,  p.  liy),  a  formĂ©  une  autre  fonction  de  la  mĂȘme  nature 
{Bull,  des  Se.  math.,  août  igoS).  Une  autre  fonction,  semblable  à  celle  de 
M.  LindelĂŽf,  est  la  suivante  : 

Ê7(.r)  =2  (-''' '"«"""a;"'  (n  <  y.  <  l}. 

).  Les  fonctions  ^^(a?)  et  È^(a;)  s'approchent  en  réalité  indéfiniment 
(le  zéro  quand  |^|  augmente  au  delà  de  toute  limite  le  long  d'un  vecteur 
déterminé  quelconque  situé  dans  l'angle 

o  <  o  <  2--, 

tandis  qu'elles  augmentent  au-dessus  de  chaque  limite  quand  x  va  vers 
l'infipi  le  long  de  l'axe  réel  positif. 

M  Je  ferai  la  remarque  suivante  qui  se  rattache  immédiatement  à  la  pro- 
priété énoncée  de  ces  fonctions  : 

»    Si  l'on  pose 

ou 

E(.r)  =  r?-^«"'  -  e^^«-'-'         (a'>  a"), 

on  obtient  en  E(j7)  une  nouvelle  fonction  entiÚre  transcendante  possédant 
la  propriété  bien  remarquable,  qui  parait  à  premiÚre  vue  paradoxale, 
qu'elle  s'approche  indéfiniment  de  zéro  quand  a?  va  vers  l'infini  le  long  d'un 
vecteur  (\Ă©\.&rĂŻmnQ  quelconque.  L'explication  est  la  mĂȘme  qu'auparavant.  La 

(onction  diminue  avec- — i  d'une  maniùre  non  uniforme. 

»  Ou  voit  facilement  que  les  fondions  i'.a.{oc),  £5,(0;),  E(j7)  ne  sont  pas 
de  genre  fini.  Existe-il  des  fonctions  de  genre  fini  qui  possĂšdent  la  mĂȘme 
propriété  ([ue  j'ai  fait  ressortir  pour  ces  fonctions? 

»  La  réponse  est  négative  à  cause  d'un  théorÚme  dû  à  M.  Phragmén  et 
dont  la  démonstration  sera  publiée  prochainement.  Ce  théorÚme,  qui  se 
rattache  à  la  propriété  fondamentale  de  la  fonction  £^(0;)  (o  <^  a  <^  2)  et 
qui  amÚne  une  précision  inespérée  au  théorÚme  élémentaire  yM'«/ßeyci/ßc;/o/i 
enliére  dont  le  module  a  une  limite  supérieure  finie  est  nécessairement  une  con- 
stante, est  exprimé  ainsi  par  son  auteur  : 

»  Soient  y.  et  p  deux  quantités  satisfaisant  aux  inégalités 

o<c.  <2,  '^'<f<Ăą 

C.  K.,  iyo3,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  15.)  y/j 


.'iñS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

el  supposons  que  lu  fonction  entiĂšre  F(j3)  satisfasse  aux  deux  conditions  sui- 
vantes : 

w    En  posant 


X  =  ic' 


on  a  :    r 


(t    2° 


\„(^x^\c~'°lz\  |)Otir  —  a-^ç^Ɠ 


2 


k  et  B  étant  druv  constantes  ;  je  dis  que  cette  fonction  „(x)  sera  nécessaire- 
ment une  constante, 

))  A  ce  théorÚme  s'en  latlache  un  ;uitre  pins  profond  encore  qui  ouvre, 
avec  le  premier,  une  vue  toute  nouvelle  sur  l'Ă©tiule  de  la  croissance  des 
fonctions  entiĂšres  : 

»   Soient  c.  et  p  deux  quantités  satisfaisant  aux  inégalités 

0<a<  2, 

o  <  p  <^  - , 

et  supposons  qu'une  fonction  entiĂšre  <l>(a')  satisfasse  aux  deux  conditions 
suiva/i/es  : 

')  1°  I  i>(x)  I  e^l'^'l  reste  au-dessous  d'une  limite  finie  quand  x  reste  dans  un 
certain  angle  rcctiligne  d'Ă©tendue  cck  et  ayant  son  sommet  Ă   l'origine; 

»  i"  I  <ß>(a;)  I  reste  au-dessous  d'une  limite  finie  quand  x  reste  dans  l'un  ou 
l'autre  de  deux  angles,  contigus  de  cÎté  et  d'autre  à  l'angle  nommé,  ces  deux 
angles  pouvant  d'ailleurs  ĂȘtre  d'Ă©tendue  arbitrairement  petite. 

w    Cela  posé,  on  aura  nécessairement,  dans  l'angle  nommé  d'étendue  a-, 

l'IU  ; o  =  O. 

p  désignant  une  quantité  supérieure  à  l'unité,  mais  d'ailleurs  arbitraire,  el 
cette  expression  convergera  uniformément  vers  sa  valeur  limite  dans  tout  cet 
angle,   )> 

MÉMOIRES  LUS. 

PHYSIOLOGIE  COMPARÉE.    —    Becherche  et   dosage  de  l'urĂ©e  dans  les  tissus 
et  dans  le  sang  des  animaux  vertébrés.  Note  de  M.  Nestor  Gréiianï. 

«  Il  y  a  longtemps  que  je  me  suis  occupé,  pour  la  premiÚre  fois,  de  la 
question  de  l'urée  an  point  de  vue  physiologique  et,  dans  ma  ThÚse  de 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  1903.  Süg 

Doctorat  es  Sciences  (1870),  j'ai  ilémoiilré  que  la  ligature  des  uretÚres  et 
la  néphrotomie  sont  deux  opérations  identiques  quant  à  lenrs  consé- 
quences et  qu'elles  sont  suivies  de  l'accninulalion  de  l'urée  dans  le  sang 
et  dans  les  tissus. 

M  C'est  en  perfectionnant  le  procédé  de  Millon  que  j'obtiens,  en  décom- 
posant l'urée  dans  le  vide  par  les  vapeurs  nitreuses,  des  volumes  égaux 
d'acide  carbonique  et  d'azote,  ([ui  donnent  à  mon  procédé  de  dosage  une 
exactitude  mathématique. 

»  Je  ne  puis  donner  ici  les  détails  complets  de  la  Icchnique  que  j'em- 
ploie; il  suffira  de  résumer  les  opérations  successives  qui  sont  nécessaires  : 

»  Un  poids  mesuré  de  substance,  muscles  liacliés  ou  sang  défibriné,  est  addiliouné 
d'un  poids  double  d'alcool  à  90";  au  bout  de  24  heures,  on  sépare  à  la  presse  le 
liquide  alcoolique  qui  est  évaporé  dans  le  vide  à  So",  pour  éviter  la  dissociation  par- 
tielle de  l'urée,  qui  a  lieu,  comme  l'a  démontré  le  D'  Quinquaud,  quand  on  chaulTe 
des  solutions  d'urée  au  bain-marie  d'eau  bouillante. 

n  Le  résidu  de  l'évaporation,  repris  par  l'eau,  a  été  décomposé  par  la  liqueur  verte 
obtenue  en  faisant  dissoudre  os,  S  de  mercure  dans  l'acide  nitrique;  les  gaz  sont 
recueillis  Ă   l'aide  de  la  pompe  Ă   mercure  dans  une  cloclie  de  80''"'  Ă   go'^"''. 

1)  Chaque  centimĂštre  cube  d'acide  carbonique  sec  Ă   o"  et  Ă   760'""  de  pression  cor- 
respond à  2"'8, 683  d'urée  pure. 

Poids  d'urée 
contenus  dans  iok^  du 

muscles.  sang. 

Lapin 0,043  0,043 

Coba^'e o,o45  o,o43 

Canard o  o 

Grenouilles o,o'|4 

Carpe 0,021 

Raie i  .3- 

1)  En  résumé,  il  y  a  chez  les  MauimifÚres  autant  d'urée  clans  le  sang  que 
dans  les  muscles. 

»   Lt;  sang  et  les  muscles  de  l'oiseau  ne  contiennent  pas  d'urée. 

»  100^  de  muscles  de  la  raie  renferment  1^,37  d'urée,  ou  65  fois  [)liis 
que  le  mĂȘme  poids  de  muscles  de  car|)e  et  3o  fois  plus  d'urĂ©e  que  les 
muscles  du  cobaye. 

»  Il  paraßt  donc  que  les  reins  de  la  raie  sout  insuffisants  pour  excréter 
l'urée  qui  se  trouve,  à  l'état  normal,  accumulée  dans  les  muscles  et  dans  le. 
sang,  comme  chez  les  MammifÚres  auxquels  on  aurait  lié  les  uretÚres. 


56o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Il  va  |jlu.sieiiis  années  ('),  nous  avons,  le  professeur  JolveL  et  moi,  fait 
des  recherches  comparatives  sur  la  torpille  à  Arcachon;  le  cƓur  avant 
été  enlevé,  nous  avons  excité  avec  l'appareil  à  chariot  l'un  des  appareils 
électriques  et  laissé  l'autre  au  repos;  à  plusieurs  reprises,  nous  avons 
trouvé  dans  l'organe  éleclrisé  un  plus  grand  poids  d'urée  que  dans  l'organe 
au  repos.  C'est  i\n  premier  pas  que  nous  avons  fait  dans  la  recherche  du 
lieu  de  formation  de  l'urée  dans  l'organisme  animal.    » 


CORRESPOND  AIV  CE . 

INI.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  piÚces  imprimées  de  la 
Correspondance,  le  «  Bulletin  de  la  Société  normande  d'études  préhist'i- 
riqnes,  Tome  X,  année  1902  ».  (Présenté  par  M.  Albert  Gaudry.) 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  Ă©quations  linĂ©aires  aiiv  diffĂ©rences  finies . 
Note  de  M.  Alf.  Guldberg,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

«  La  présente  Note  se  réduit  à  quelques  remarques  trÚs  simples,  qui 
n'ont  peut-ĂȘtre  pas  encore  Ă©tĂ©  faites,  et  qui  peuvent  prĂ©senter  quelque 
intĂ©rĂȘt.  Comme  elles  ont  trait  cĂ   des  questions  isolĂ©es,  je  les  introduis  dans 
des  numéros  séparés. 

»  I.  La  considération  des  analogies  qui  existent  entre  les  équatioiis 
algébriques  et  les  équations  différentielles  linéaires  a  conduit  à  des  résul- 
tats importants.  Cn\  il  est  bien  visible  que  les  raisonnements  employés 
peuvent  se  rĂ©pĂ©ter  pom"  le  c;is  oĂč,  au  lieu  des  Ă©quations  diKĂ©rentielles 
linéaires,  on  regarde  le-^  équations  linéaires  aux  diflérences  finies. 

»   Considérons  l'équation  linéaire 

(1)      x(v)^j,,,  + a;; >,.,„.,  +  ...  ^Ar"jx  ,  +  A^'>x=o. 

»  si  l'on  pose  y^=  ^'j-Mx  et  si  l'on  ren^aniue  que 

on  trou\e  une  transformée,  dont  la  loi  se  trouve  immédiatement;   nous 

(')   Comptes  rendus  de  la  Société  de  Biologie,   iSyi. 


SÉANCE    DU    12    OCTOliRE    IQoS. 


56i 


l'Ă©crivons  ainsi  : 


('^) 


I  \(ç^)u_,~^'-Ji"'(ç)lu,.+  ^x:^^(„)A^,,^  + 


(ni\v»,  -+-  a;;  r.,^„_ ,  ^  A"-'  u_,  +  p^.,„  A"H^.  =  o. 


))  De  l'éqiialion  (2)  on  dcchiit  d'abord  directement  le  théorÚme  connu 
(le  la  réduction  de  l'ordre  de  rc(]!ialion  (i),  si  l'on  en  connaßt  des  solu- 
tions particuliùres.  De  plus,  si  j'j'  mis  à  la  place  de  („  satisfait  aux  k 
Ă©quations 


l'cqiiation  (i)  aura  /c  solutions  de  la  fr>rme 


^'''-"(yT)  =  o, 


([i)  y::\   ^',   ^:'^',v-';',    ...,   a;'*-"j-:;' 


oi!i  x-^''^  ciesi 


ignĂ©  a:(.a?  —  i)  . . .  (a;  — /? -j- i). 
»   En  effet,  dans  noire  hypothÚse,  (2)  de\ieiit 

_i__x'^)(y;')A^^..+  .../.;;„  A''/..  =  o. 

»   Or,  cette  équation  n  pour  solution 

11  =  1,     X,     x^-',      ...,     ,:f<''~''. 

1)  Inversement,  si  l'Ă©quation  (i)  a  des  solutions  ([i),  les  Ă©cpiations  (a) 
sont  satisfaites. 

»  2.  On  démontrera  facilement  de  l'équation  (2)  qu'un  svstÚmc  fonda- 
mental de  solutions  de  l'Ă©quation  (i)  peut  se  mettre  sous  la  forme 


.y;'-<'.;'2-f; 


oĂč  aucune  des  fonctions  Cj,  n'est  identiquement  nulle. 

»   .*}.  Soient  j^',  jKÎ;',  . . . ,  y"''  un  systĂšme  fondamental  de  solutions  de 
l'Ă©quation  (i).  En  Ă©crivant  l'Ă©qualion  (i)  sous  la  forme 


X(7)i 


J'x 

.}'.:+,          ‱ 

yx+n 

J^' 

y:::,  ■ 

r'" 

jT 

yxi,    ■ 

fi) 

■  ■    yx.,. 

^^(y^yT---yx')  =  <^^ 


562  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»   On  voit  immédiatement  que  l'on  a 

formule  loiil  à  fait  analogue  à  celle  de  Lioiiville  pour  les  équations  diffé- 
renlielles  linéaires. 
»   4.   Soient 

K,^.y.-n,  +  Ay  V., ,,_,  +  ...  4-  ATx,  =  o. 

0„^.r-..„  +  B<;  >'.,.„,.  +  . . .  4-  n[:\y,  -  o, 

deux  équations  linéaires,  et  soit  m  ~  n  =  a.  l'oin-  déterminer  l'éqnation 
linĂ©aire  qui  donne  les  solutionscommnnes  Ă   P„,  =  o,  Q„  =  o,  dans  le  casoii 
il  en  existe,  nous  remarquerons  qu'on  i)cut  déterminer  des  fonctions  r,, 
r.,,  ‱ .  -,  ^11  de  X  telles  que  la  diffĂ©rence 

oĂč    Q„,_/,    dĂ©signe  y,,,   .,+  B;j;,,i^. ,„,/,,, +  ...-f- ir;'^^,r.,-+;„    ne   contienne 

quej^„,-,,  J'a;hn-2.  etc. 

«   Nous  pouvons  donc  écrire  Tidentilé 

i\«  ^  Q»  :  i;.  +  '■.  Q«  :  H- 1  -^  ‱  ‱  ‱  +  'V  Q«  +  'V  M  ĂŻ^  ' 

R  désignant  une  expression  linéaire  aux  différences  analogue  à  P  et  Q, 
mais  renfermant  au  plus  j^_j.„_.,.  Les  solutions  communes  à  P„,=  o,  0„=  o 
sont  communes  à  Q„=  o,  R  =  o  et  inversement.  On  continuera  ainsi,  de 
proche  en  proche,  et  quand  le  reste  sera  nul,  la  derniĂšre  expression 
employée  sera  l'équation  linéaire,  donnant  les  solutions  communes  aux 
deux  équations  proposées.   » 

ÉLECTRICITÉ.   —  Sur  le  fonclionnement  de  cohĂ©rcurs  associĂ©s.  No!e 
de  M.  Ai.BEUT  Tprpai.v,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Nous  nous  sommes  proposé  d'étudier  les  particularités  que  présente 
le  fonclionnement  de  plusieurs  cohĂ©reurs  rĂ©unis  Ă   une  mĂȘme  antenne. 

»  On  détermine  la  sensibilité  d'un  coliéreur  par  la  distance  à  laquelle  un 
radiateur  est  susceptible  d'agir  nettement  sur  le  cohéreur.  La  netteté 
d'action  est  donnée  par  la  valeur  du  courant  ([ui,  aprÚs  cohésion,  parcourt 
un  galvanomĂštre  trĂšs  sensible. 

!)  On  constate  que,  si  un  cohéreur  esl  en  circuit  fermé,  la  sensibilité  est  bien 


SÉANCE  DU  12  ocTocni:  1903.  563 

plus  grande  ques'ilest  en  circuit  ouvert,  c'est-Ă -dire  si,  au  moment  de  l'Ă©mis- 
sion des  ondes,  une  seule  des  électrodes  du  cohéreur  est  reliée  à  l'antenne 
et  à  un  |)ole  de  la  pile  dont  le  courant  doit  ultérieurement  le  traverser, 
l'autre  électrode  du  cohéreur  étant  isolée.  Cette  constatation  se  fait  en 
reliant  l'électrode  isolée  du  cohéreur  à  la  terre  et  au  second  pÎle  de  pile, 
aprÚs  que  les  ondes  ont  été  émises. 

»  ColiĂ©reurs  associĂ©s  en  dĂ©rlvaUon.  —  Si  l'on  associe  plusieurs  cohĂ©reurs  en  dĂ©ri- 
vation, l'une  des  électrodes  de  chaque  cohéreur  étant  reliée  à  l'antenne  commune, 
l'autre  électrode  étant  (circuit  fermé)  ou  non  (circuit  ouvert  )  reliée  au  reste  du  circuit, 
on  constate  les  faits  suivants  : 

»  1°  Les  coliĂ©reurs  conservent  la  mĂȘme  sensibilitĂ©  relative,  qu'ils  soient  tous  en 
circuit  ouvert  ou  qu'ils  soient  tous  en  circuit  fermé,  mais  la  sensibilité  de  chacun  d'eux 
est  bien  moindre  en  circuit  ouvert  qu'eu  circuit  fermé. 

»  2°  On  peut  alors  trÚs  simplement  et  trÚs  rapidement  obtenir  l'oidre  de  sensibilité 
de  plusieurs  cohéreurs  associés.  Pour  cela,  tous  les  cohéreurs  étant  en  circuit  fermé, 
on  produit  une  émission  d'onde  telle  qu'un  seul  cohéreur  se  trouve  coliéré  par  cette 
émission.  Ceci  fait,  on  met  ce  cohéreur  en  circuit  ouvert  en  isolant  l'une  de  ses  élec- 
trodes. On  cherche  alors  par  une  nouvelle  émission  d'ondes  à  produire  la  cohésion 
d'un  des  cohéreurs  laissés  en  circuit  fermé.  On  niel  ce  deuxiÚme  cohéreur  en  circuit 
ouvert  et  l'on  continue  jusqu'à  ce  qu'on  ait  épuisé  les  cohéreurs  à  classer. 

»  On  s'est  assurĂ©  que  la  sensibilitĂ©  de  chaque  cohĂ©reur  est  la  mĂȘme,  qu'il  soit  mis 
seul  en  expĂ©rience  ou  qu'il  soit  entourĂ©  de  cohĂ©reurs  voisins  expĂ©rimentĂ©s  en  mĂȘme 
temps  que  lui. 

»  CohĂ©reurs  associĂ©s  en  sĂ©rie.  —  Nous  avons  Ă©tudiĂ©  le  fonctioiuiemenl  d'une  chaĂźne 
de  cohéreurs  disposés  les  uns  à  la  suite  des  autres.  Si  les  cohéreurs  sont  tous  déco- 
hĂ©rĂ©s,  il  semble  qu'il  y  a  alors  dans  le  circuit  :  cohĂ©reurs  —  pile  —  galvanomĂštre  — 
cohéreurs,  autant  de  coupure  que  de  cohéreurs.  En  effet,  la  sensibilité  relative  de 
chaque  cohĂ©reur  a  Ă©tĂ©  trouvĂ©e  la  mĂȘme  que  l'on  ait  ou  non  pratiquĂ©  une  coupure  dans 
le  circuit  au  moment  de  l'Ă©mission  des  ondes. 

))  Pour  évaluer  ici  la  sensibilité  de  chacun  des  cohéreurs,  on  opÚre  ainsi  :  aprÚs 
l'Ă©mission  des  ondes,  par  l'Ă©tablissement  de  ponts  conducteurs  reliant  des  godets  de 
mercure  dont  la  distribution  est  facile  Ă   imaginer,  on  dispose  succe^sivelneat,  dans  le 
circuit  pile  —  galvanomĂštre,  chacun  des  cohĂ©reurs  Ă©tudiĂ©s  pris  seul  et  l'on  se  rend 
ainsi  compte  du  degré  de  cohésion  que  l'émission  d'ondes  a  prodLiit  sur  lui. 

»  On  constate  ainsi  que  la  connexion  d'une  antenne  avec  une  électrode  d'un  cohé- 
reur augmente  la  sensibilité  de  ce  cohéreur.  C'est  ainsi  que,  si  l'on  fait  varier  le  point 
d'attache  de  l'antenne  avec  le  circuit  comprenant  plusieurs  coliéreurs  disposés  en 
série,  l'ordre  de  sensibilité  des  cohéreurs  associés  change. 

»  Applications.  —  Nous  avons  appliquĂ©  les  rĂ©sultats  de  cette  Ă©tude  expĂ©- 
rimentale :  1°  à  la  réalisation  de  dispositifs  nous  permettant  de  sui\re  et 
d'enregistrer  la  marche  des  orages  ;  2"  à  la  réalisation  de  dispositifs  trÚs  sen- 


564  ACADÉMIE    DES   SCIEIS'CES. 

sibles  utilisables  tant  en  télégraphie  sans  fil  qu'en  télégraphie  hertzienne 
avec  conducteur.  » 


CHIMIE  PHYSIQUE.  —   Électrisadon  de  contact  (IV)  el  thĂ©orie  des  solutions 
colloïdales.  Note  de  M.  Jeax  Pkrkix,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  L'éleclrisatioii  de  contact  que  prend  un  corps  plongé  dans  l'eau  joue 
un  rĂčle  insuffisamment  reconnu,  et  peut-ĂȘtre  capital,  en  diffĂ©rents  pro- 
blÚme^ que  les  jjhysico-chimisles  et  les  biologistes  s'accordent  à  considérer 
comme  importants.  Tel  me  paraĂźt  ĂȘtre  le  cas  pour  les  teintures,  pour  les 
entraßnements  de  corps  solubles  par  certains  précipités,  et  surtout  pour  les 
solutions  colloïdales,  auxquelles  se  rapporte  la  présente  communication. 

»  Il  est  trÚs  probable,  comme  on  sait,  que  toute  solution  colloïdale  est 
formée  de  granules,  invisibles  au  microscope,  mais  bc:iucoup  plus  gros 
que  des  molécules  (car  ils  diflusent  fortement  la  lumiÚre),  et  chargés  élec- 
triquement (car  ils  suivent  ou  remontent  les  lignes  de  force  quand  on  les 
place  dans  un  champ  Ă©lectrique). 

»  A  ma  connaissance,  on  n'a  pas  explicpié  de  façon  satisfaisante  :  com- 
ment peut  se  former  une  telle  suspension;  comment  elle  peut  subsister 
indéfiniment,  sans  que  les  plus  gros  des  granules  s'accroissent  aux  dépens 
des  plus  petits,  grùce  au  solvant  interposé,  jusqu'à  réunion  complÚte  en 
une  seule  masse,  ainsi  que  font  dans  un  nuage  les  grosses  gouttes  aux  dépens 
des  petites;  comment  il  arrive  parfois  que  ces  granules  grossissent  ou 
décroissent  réversiblement  quand  on  change  la  composition  du  liquide 
oĂč  ils  baignent;  comment  enfin,  si  l'on  dĂ©passe  certaines  limites,  une 
coagulation  irréversible  se  produit,  notamment  sous  l'influence  d'ions 
polyvalents. 

X  Bref,  il  faut  indiquer  des  causes  qui  assurent  un  Ă©quilibre  stable  pour 
un  certain  diamÚtre  du  granule.  Dans  ce  but,  je  proposerai  une  théorie 
que  résume  la  phrase  suivante  :  la  tension  superficielle  et  ta  cohésion  favo- 
risent  l'accroissement  d'un  granule,  mais  l'Ă©lectiisation  de  ce  granule  est  une 
cause  interne  de  dislocation,  et  ion  conçoit  qu  il  existe  un  diamc  ire  pour  lequel 
ces  deux  influences  opposées  s'équilibrent.  C'est  ce  que  je  vais  lùcher  de 
préciser. 

»  D'abord,  il  est  raisonnable  de  supposer  que  la  charge  électrique  des 
granules  est  due  aux  causes  qui  déterminent  l'éleclrisation  par  contact 
d'une  grande  ])aroi,  et  de  chercher  à  appliquer'  les  lois  trouvées  pour  ces 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  tgoS.  56,") 

parois.  Je  rappelle  que  j'ai  signalé  plusieurs  de  ces  lois,  et  en  particulier 
comment  cette  électrisation  parait  due  à  la  présence  des  ions  H*  on  OH- 
et  comment  elle  peut  ĂȘtre  beaucoup~amoindrie  par  des  traces  d'ions  poly- 
valents de  signe  opposé. 

»  Mais,  dans  le  cas  de  trÚs  petites  surfaces,  la  charge  électrique  n'est 
plus  assimilable  Ă   une  couche  homogĂšne,  et  on  doit  la  regarder  comme 
formée  par  un  ou  plusieurs  centres  distincts,  valant  chacun  un  électron 
(charge  d'un  ion  monovalent),  une  plus  petite  quantité  d'électricité  n'étant 
pas  réalisable. 

»  Imaginons  alors  qu'en  une  solution  sursaturée,  vis-à-vis  d'une  sub- 
stance A,  se  trouve  ou  se  forme  un  germe  de  celte  substance.  Ce  germe, 
d'abord  extrĂȘmement  petit,  ne  portera  presque  jamais  de  charge,  et  il 
grossira;  puis,  au  delĂ   d'une  certaine  taille,  il  portera  en  moyenne  un 
Ă©lectron  et  nulle  cause  encore  ne  l'empĂȘchera  de  grandir;  puis  il  portera 
deux  électrons,  qui  se  repousseront  et  qui  distendront  le  granule  formé. 

»  Celle  rĂ©pulsion  pourra  ĂȘtre  assez  grande  pour  amener  la  segmentation 
du  granule,  aprĂšs  quoi  chacun  des  deux  granules  grossira  comme  avait  fait 
le  granule  primitif,  puis  se  segmentera  de  nouveau,  et  ainsi  de  suite.  Ainsi 
font,  dans  la  cellule  vivante,  les  leucites,  les  chromomĂȘres,  le  centrosome  (et 
peut-ĂȘtre  tout  microsome).  On  peut  admettre  que  la  segmentation  se  pro- 
duira chaque  fois  que  l'Ă©nergie  Ă©lectrique  rendue  disponible  par  celle  seg- 
mentation sera  supérieure  à  celle  qui  correspond,  du  fait  de  la  cohésion,  mais 
surtout  du  fait  de  la  tension  superficielle,  à  la  réunion  des  deux  fragments. 

»  Si  la  répulsion  de  deux  électrons  n'a  pas  suffi  pour  segmenter  le 
granule,  cette  segmentation  pourra  se  produire  lorsque  le  granule,  devenu 
plus  gros,  portera  un  plus  grand  nombre  (rélectrons.  Toutefois,  au  delà 
d'une  certaine  taille,  on  n'aura  plus  le  droit  de  négliger,  comme  j'ai  fait 
ici,  les  électrons  de  signe  opposé  qui  flottent  dans  le  liquide;  le  granule  sera 
de  plus  en  plus  assimilable  à  un  feuillet  électrique  fermé,  et  les  actions 
Ă©lectriques  n'auront  plus  chance  de  l'emporter  sur  la  tension  superficielle 
(et  la  cohésion). 

»  Bref,  si  une  substance  prend  au  contact  de  l'eau  une  faible  tension 
superficielle  et  une  forte  électrisation,  l'étal  stable  du  systÚme  sera  réalisé 
par  une  émulsion  de  granules  de  diamÚtre  ?\\Ú,  dispersés  dans  l'eau. 

))  Si  l'on  accroĂźt  l'Ă©lectrisation  de  contact,  on  diminue  la  grosseur 
(moyenne)  du  grain  qui  correspond  Ă   l'Ă©  pnlibre  stable;  si  l'on  diminue 
cette  Ă©lectrisation,  on  accroĂźt  cette  grosseur;  si,  enfin,  on  la  diminue  au- 
dessous  d'une  certaine  valeur  critique,  la  segmentation  devient  impossible, 

C.  R.,  igoS,  2'  Semestre.  (T.  CWXVU,   N-  15.)  ^J 


566  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  les  granules  s'agrĂšgeiil  par  tension  superficielii',  en  mĂȘme  temps  que  les 
])Ius  petits  se  résorbent  :  c'est  la  coagulation. 

)>  Il  devient  alors  aisé  de  comprendre  les  divers  phénomÚnes  observés 
quand  on  ajoute  Ă   une  solution  colloĂŻdale  des  traces  d'acide,  d'alcali  ou 
d'ions  polyvalents.  Je  montrerai  ailleurs  comment  on  peut,  Ă   cet  Ă©gard, 
préciser  un  peu  les  considérations  formulées  par  Hardy,  à  la  suite  de  ses 
belles  expériences. 

»  On  remarquera  que  la  théorie  qui  précÚde  donne  un  fondement  phy- 
sique simple  à  la  théorie  granulaire  de  la  matiÚre  vivante,  telle  qu'elle  a 
Ă©tĂ©  prĂ©sentĂ©e  par  NƓgeli,  Altmann,  et  beaucoup  d'autres  biologistes.  » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Dp  V aclion  de  l'acide  carbonique  sous  pression  sur  les 
phosphates  métalliques.  Note  de  M.  A.  Babillé,  présentée  par  M.  H. 
Moissan. 

«  Dans  un  précédent  travail  (' ),  aprÚs  avoir  étudié  le  mode  d'aclion 
de  l'acide  carbonique  sous  pression  sur  les  phosphates  de  calcium,  nous 
avons  reconnu  l'existence  d'un  composé  que  nous  avons  nommé  carhono- 
phosphate  de  calcium.  Il  était  intéressant  d'ctemlre  cette  étude  aux  autres 
phosphatfs  métalliques.  Les  résultats  obtenus  nous  jiermettent,  en  effet, 
de  conclure  Ă   l'existence  de  cinq  autres  carbonophosphates  (bibasiques  et 
tribasiques). 

»  A.  Nos  expériences  nous  ont  amené  à  constater  que  les  phosphates 
tribasiques  de  potassium,  de  sodium,  d'ammonium,  de  calcium,  de  baryum 
et  de  magnésium  se  combinent  avec  l'acide  carbonique  sous  pression,  en 
présence  de  l'eau,  pour  donner  naissance  à  un  phosphate  bibasique  et  au 
bicarbonate  correspondant  ;  ces  résultats  n'étant  obtenus  qu'aprÚs  évapo- 
ration  de  la  dissolution  carbonique,  soit  dans  le  vide,  soit  Ă   l'Ă©luVe  Ă   une 
douce  chaleur.  Avant  cette  dissociation  finale,  il  existe,  dans  la  dissolution 
carbonique,  un  composé  intermédiaire,  peu  stable,  auquel  nous  avons 
donné  le  nom  de  carbonophosphale  tribasique. 

»   Celte  réaction  est  établie  par  la  formule  suivante  : 

2(F0MV1'^)  +  4(C0'H-)  =  (P0'M'MI)^2C0%  2(C0^HM')  +  2H-O. 

CiirbMUopliospliate  Ui basique. 


(')   l'hosphalci  de  crdcitun." Action  de  l'acide  carbonique.  (  Tlicse  de  Doct.  Univ. 
l'aiis  :  l^liarm.) 


SÉANCE    DU    12    OCTOIiRE    t9o3. 
»  Par  dissociation,  on  a  : 


)6i 


(P0'M'Mi)^2C()%2(C0\FI.M'j  =  2(P0''lVl'^H)  +  2(C0ML\l')4-2C0v.^. 

))  Les  caibonophosphales  ne  peuvent  exister  qu'en  dissolution  et,  sons 
cet  état,  ils  se  dissocient  toujours  au  contact  de  l'air  avec  une  rapidité 
plus  ou  moins  grande. 

»  Si  l'on  met,  dans  un  flacon  plein  et  boucliL-,  les  dissolutions  de  carbonophosphates 
de  Ca,  de  Ba  et  de  Mg,  on  voit  se  former  plus  ou  moins  rapidement,  au  sein  du 
liquide,  de  trÚs  beaux  cristaux  de  phosphate  bibasique.  Celle  précipitation  est  en 
rapport  avec  la  quantité  de  bicarbonate  correspondant  existant  dans  la  dissolution.  En 
edet,  en  mélangeant,  dans  un  flacon  plein  et  bouclié,  une  dissolution  carbonique  de  l'un 
de  ces  trois  phosphates  bibasiques  avec  une  dissolution  de  bicarbonate  correspondant, 
on  obtient  également  une  précipitation  de  phosphate  bibasique.  Chacune  de  ces  réac- 
tions s'opĂšre  dans  les  mĂȘmes  limites  et  dans  les  mĂȘmes  proportions. 

»  B.  Tous  les  autres  phosphates  bibasiques  ou  tribasiques  sont  plus  ou 
moins  solubles  dans  l'eau  chargée  d'acide  carbonique  sous  pression,  sans 
Y  subir  aucune  transformation.  Le  Tableau  suivant  donne  les  résultats 
obtenus  avec  les  divers  phosphates  mis  eu  expérience  : 


Tableau  indiquant  l'action  de  l'acide  carbonique,   à  la  presssion  de   io''5  et  en  présence 
de  l'eau  sur  les  phosphates  métalliques. 


Quaiililés  de 


riiospliales  111 U  en  cxpcrieme 


P=0'  iliss.iui 
par  lĂźlrp. 


plios|ihales 

'uriyspuinlanl 

a  I"  0>. 


1°  Pliospliates  donnant  des  cariiono/iliosp/utles  :  plios- 
pliates  de  iiotassium,  de  sodium  et  d'aniuioiiiuui  bi  et 
li-iljasic|UPS  (  plios|)liat(?';  alcalins  solubles  dans  l'eau  et 
iudiquéù  pour  mémoire). 

Pliospliate  lricalci(]ue o,.'Ăźy3 

»  iiicalcique 0,878 

»  tribarytique 0,2974 

n  Ijibai-ytique ,    ..  o,4'i9''. 

»  Lrimagnésiquo 3'390 

i>  bimagnésique 2,5o3:'i 

2°  Pliospliates  simplement  dissous  par  00- 

Phosphate  ammoniaco-magnésien. .  3,37.5 

»  trililliique 9,  io35 

«  tristrontianique    0,4598 

')  bistronsianiquc '^'77^ 


0 

.92.i 

2 

,137 

I 

,3  If) 

I 

47 '1 

5 

4  00 

8 

170 

0- 
1 1 

«46 

16 

057 

I 

[^i\h-i 

! 

00  3 

l'ii'isphalcs  rni.i  en  expérience 


^.fuanUles   de 

pliospliates 
P*05  (lissons      L-orrcspondanl 
par  lilrc,  Ă   P-O'^. 


Pliospliale  trimaii^'aneuv 0^3956  i°,34i7 

d'alumine  tribasique.    ..  0.260  0,740 

de  gluciiiiiim  liibasique.  0,3747  0,8417 

triferreux 0,429  i,o83 

biferreux o,4.')li  1,091 

■>  trizincique 0,2023  0,676 

ti-iniekélique i,3.5S3  3,5io5 

de  cadmium  tribasique  .  0.3179  'i'?? 

"'■ancu\ Traces. 

"'‱aiiique NĂ©ant. 

)i  stanneux  tribasique  ... .  0,17^4  0,6264 

"  tricuprique 0,433.)  i,326 

dicuprique 0,5202  i,564 

triplombique 0,223  '.397 

luei-curique o,2i6.S  o.goSS 

mercui-eux o,i.'<79  i,3i2 

basique  d'argent o.i-.')  i,o32 


»    Il  est  intéressant  de  constater  que  le.s  phosphates  dont  les  bases  peuvent 


568  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

donner  des  bicarbonates  sont  les  seuls  qui  soient  attaqués  et  décomposés 
par  l'acide  carbonique  et  les  seuls  par  suite  qui  puissent  donner  des  carbo- 
nophos])liates.  Telle  est  la  cause  pour  laquelle  le  phosphate  de  lithitie  et  le 
phosphate  de  slrontiane  font  exception  Ă   cette  rĂšgle  dans  chacun  de  leur 
groupe. 

»  C.  Eu  ce  qui  concerne  les  phosphates  dimÚtalliques,  bien  que  dans 
aucun  cas  l'acide  phosphorique  ne  puisse  abandonner  i°"''  de  métal  à 
l'acide  carbonique,  il  résuite  néanmoins  de  nos  expériences  que  les  phos- 
phates bibasiques  des  métaux  dont  les  phosjjhales  tribasiques  nous  ont 
donné  des  carbonophospbates  paraissent  donner  lieu  également  à  une 
combinaison  avec  l'acide  carbonique  sous  pression  en  présence  de  l'eau; 
mais  ici,  la  dissociation  régénÚre  le  phosphate  bibasique  tel  qu'il  a  été  mis 
en  expérience. 

»  Il  V  aurait  donc  deux  sortes  de  carbnnophosphates  métalliques  :  l'un 
correspondant  aux  phosphates  bibasiques,  l'autre  aux  phosphates  triba- 
siques. Le  premier,  que  l'on  pourrait  appeler  par  analogie  carhonophosphatc 
bibasique,  aurait  pour  formule  générale 

(P0^HM'-)-2C0=, 

et  le  second,  le  carbonophosphate  tribasique,  serait  constitué  par  la  sou- 
dure d'un  carbonophosphate  bibasique  avec  le  bicarbonate  correspondant 

(PO'HM'-')=2CO-.2(CO^HM'). 

»  Enfin  nous  avons  démontré  expérimentalement  que  les  phosphates 
dimÚtalliques  sont  toujours  plus  solubles  dans  l'eau  chargée  d'acide  carbo- 
nique que  les  jdiosphates  trimétalliqnes  correspondants.  La  présence  de  i""*' 
de  bicarbonate  métallique  explique  cette  différence  pour  les  dissolutions 
de  carbonophosphates  tribasiques.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  une  sĂ©rie  de  composĂ©s  du  bismuth.  Note  de 
MM.  G.  UuBAix  el  U.  Laco.>ibe,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Ou  n'avait  signalé  jusqu'à  ces  derniÚre»  années  de  cas  d'isomorphisme 
des  terres  rares  qu'avec  les  métaux  alcalino-terreux.  MM.  Wvrouboff  et 
Verneuil  {U.  Soc.  cit.,  3*=  série,  t.  XX-T,  1899,  j).  1  18)  ont  tenté  de  généra- 
liser celte  analogie.  M.  Goste  Bodman  {lier.  chem.  GcselL,  t.  XXXL  1898, 
p.  1237;  Z.  anorg.  Chem..  I.  XXVIL  1901 ,  p.  254)  ^i  Ă©tabli  que  les  nitrales 


SÉANCE    DU    12    OCTOBRE    igoS.  569 

et  les  sulfates  simples  des  terres  rares  peuvent  cristalliser  en  toutes  pro- 
portions avec  le  nitrate  et  le  sulfate  simple  de  bismuth.  Ce  rapprochement 
est  le  seul  argument  d'ordre  chimique  qui  permette  de  faire  considérer 
les  métaux  rares  comme  trivalents.  Nous  avons  pensé  que  l'analogie  entre 
les  terres  rares  et  le  bismuth  pouvait  ĂȘtre  poussĂ©e  plus  loin,  et  nous 
avons  observé  un  trÚs  grand  nombre  de  faits  qui  légitiment  ce  rappro- 
chement. 

»  Il  résulte  de  nos  recherches  que  le  bismuth  est  aux  terres  rares  ce 
que  le  zinc  est  au  magnésium.  Nous  nous  bornerons,  dans  celte  premiÚre 
Note,  à  décrire  une  classe  nouvelle  de  nitrates  de  bismuth. 

»  La  formulegénéraledeces  nitrates  est3M"(AzO'')^2Bi(AzO')^2IH-0, 
dans  laquelle  M"  représente  du  magnésium,  ou  du  zinc,  ou  du  nickel,  ou 
du  cobalt,  ou  du  manganĂšse. 

»  Ces  nitrates  appartiennent  au  mĂȘme  type  que  les  nitrates  doubles  des  terres 
rares  avec  les  nitrates  correspondants  de  la  série  magnésienne.  Ils  se  présentent  sous 
la  mĂȘme  forme  et  sont  complĂštement  isomorphes  avec  eux. 

»  Ces  composés  se  préparent  en  dissolvant  à  chaud  dans  le  moins  possible  d'acide 
nitrique  de  densité  i,3  les  nitrates  simples  magnésiens  avec  le  nitrate  de  bismuth 
dans  les  proportions  thĂ©oriques.  Pendant  le  refroidissement,  la  cristallisation  peut  ĂȘtre 
provoquée  par  des  germes  de  nitrate  double  de  didyme  et  de  magnésium. 

»  Les  cristaux  ainsi  obtenus  sont  volumineux.  Dans  l'acide  nitrique  fumant,  les 
cristaux  que  l'on  obtient  sont  plus  petits  et  mieux  formés.  Ces  sels  sont  déliquescents. 
Le  sel  de  nickel  et  celui  de  magnésium  sont  moins  déliquescents  que  ceux  de  zinc  et 
de  cobalt.  Le  sel  de  manganÚse  est  le  plus  déliquescent  de  la  série.  Tous  ces  sels 
s'eftleurissent  dans  l'air  sec.  Par  l'ensemble  de  leurs  propriétés,  ces  sels  se  rappro- 
chent le  plus  des  sels  assez  fondants  de  gadoliniura  dans  la  série  des  terres  rares. 

»  Comme  tous. les  sels  de  bismuth,  ils  sont  décomposés  par  l'eau. 

»  Sel  de  magnésium  :  3Mg(  AzO^)^  aBi  (  AzO')^24^PO.  -  Ce  sel  est  incolore. 
Il  fond  sans  décomposition  à  71".  Son  poids  spécifique  à  16°,  déterminé  par  l'inter- 
médiaire de  l'essence  de  térébenthine,  est  D}J=2,32. 

»  Seldezinc  :  3Zn  (  AzO')^  2Bi(  AzO')^  24H=0.  —  Ce  sel  est  incolore.  Il  com- 
mence à  fondre  à  67°,  5,  mais  il  se  décompose  alors  en  formant  à  la  faveur  de  l'eau  de 
cristallisation  un  sous-nitrate  de  bismuth.  Poids  spécifique  DJ^=:2,75. 

»  Sel  de  nickel:  3Ni(  AzO')=.  2Bi(  AzO')^  2^  H'O.  -  Sel  vert.  Il  fond  sans  dé- 
composition à  69°.  Poids  spécifique  DJ*  =  2,5i. 

»  Sel  de  cobalt  :  3Co(  AzO»)\  2Bi(  Az^^a^H-O.  -  Sel  rouge,  un  peu  plus 
orangé  que  le  composé  correspondant  de  néodyme.  Il  fond  sans  décomposition  à  58". 
Poids  spécifique  D  j  ^  =  2 ,  48. 

»  Sel  de  manganĂšse  :  ^^\n{\zO^)-.n\i\{kzO^Y.'Ăź!i]\'^0.  —  Ce  sel  est  rose  pĂąle. 
C'est  le  plus  instable  des  sels  de  cette  série.  Il  ne  subsiste  pas  en  présence  de  ses  com- 
posants solides  au  sein  d'une  liqueur  nitrique.  Il  fond  sans  se  décomposer  à  43°-44". 
Poids  spécifique  D]^  :=  2  ,42.   » 


;)^o 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  le  dosage  du  vanadium  dans  les  produits 
métallurgiques.  Noie  de  M.  Em.  Campa«\e,  présentée   par  M.  A.  Haller. 

«  Les  mélhodes  de  dosage  du  vanadium  dans  ses  alliages  et  ses  minerais 
peuvent  ĂȘtre  considĂ©rablement  simplifiĂ©es,  tout  en  gagnant  en  exactitude, 
si  l'on  lient  compte  des  faits  suivants:  i°  l'élher  chargé  d'acide  chlorhy- 
drifjue  dissout  le  chlorure  ferrique,  tandis  qu'il  ne  dissout  pas  les  oxy- 
chlorures  de  vanadium;  2°  l'oxychlorure  VOCl'  est  réduit  en  VOCl* 
par  ébuUition  prolongée  avec  de  l'acide  chlorhydriquc,  tandis  que  le 
chlorure  ferrique  n'est  pas  altéré,  l'ar  transformation  des  chlorures  en 
sulfates,  ou  obtient  du  sulfate  de  divanadyle  bleu  VH)'(SO')'  et  du  sulfate 
ferrique;  au  moyen  d'une  liqueur  titrée  de  permanganate  on  peut  déter- 
miner la  quantité  d'oxvgÚne  nécessaire  pour  transformer  le  sulfate  de 
divanadyle  en  sulfate  vauadique  ^'-0=(SO'')'  et,  par  suite,  la  quantité  de 
vanadium  présente  dans  la  liqueur. 

»   Les  réactions  suivantes  rendent  compte  de  ces  faits  : 

V-0' +  6HC1  =  2  VOCl- +  3H-0  4- Ci^ 
2VOCl^-4-2H^SO'=  V^O^(SO^)^+4HCl. 
5[V^O^(SO*)^]  +  2RMnO^  +  8H-^SO^ 

=  5[V^0-(S0*)']  H-  K-'SO*  +  aMnSO'  +  8H-0. 

B  S'il  s'agit  de  doser  le  vanadium  dans  un  acier,  on  attaque  5s  de  métal  en  perçures 
par  6o<^""'' d'acide  azotique  de  densité  1,20  ajouté  par  petites  portions.  On  complÚte 
l'attaque  à  douce  température,  puis  on  évapore  au  bain  de  sable  en  chaulTant  fortement 
Ă   la  fin,  de  maniĂšre  Ă   transformer  tous  les  azotates  en  o\vdes  ;  on  redissout  ceux-ci  par 
oo'^"'  d'acide  chlorhydrique  pur  et  concentré.  La  liqueur  de  chlorures  obtenue  est 
extraite  par  l'éther  au  moyen  de  l'appareil  employé  par  M.  Carnot  pour  l'application 
de  la  méthode  de  Rothe.  La  presque  totalité  du  fer  est  retenue  par  l'éther,  la  liqueur 
aqueuse  renferme  tout  le  vanadium  et  les  autres  métaux  :  manganÚse,  nickel,  cuivre, 
chrome,  etc.,  et,  en  outre,  une  petite  quantité  de  fer.  On  la  recueille  et  l'on  chasse 
l'élher  qu'elle  lient  en  dissolution  en  la  maintenant  à  douce  température  quelque  temps, 
puis  on  la  concentre  à  faible  volume.  Le  résidu  est  additionné  de  5o'="'' d'acide  chlorhy- 
driquc pur  et  concentré  et  évaporé  à  nouveau.  Cette  opération  est  destinée  à  opérer 
la  transformation  totale  de  VOCl^  en  VOCIS  condition  essentielle  de  l'exactitude  du 
dosage;  pour  Úlre  assuré  de  ce  résultat,  l'ébullition  en  présence  d'un  grand  excÚs 
d'acide  chlorhydrique  est  répétée  trois  fols.  Au  résidu  de  la  derniÚre  évaporation  on 
ajoute  y""'  d'acide  sulfurique  pur  et  concentré  et  l'on  chaqlTe  jusqu'à  apparition  de 
fumĂ©es  blanches.  On  laisse  refroidir,  on  reprend  par  a5o'">'  Ă   3ooℱ'  d'eau  chaude;  on 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  igoS.  5']X 

obtient  ainsi  une  liqueur  plus  ou  moins  fortement  colorée  en  bleu  suivant  la  quantité 
de  vanadium  présente  et  tenant  de  la  silice  en  suspension.  Si  celle-ci  est  eu  proportion 
gĂȘnante,  on  la  sĂ©pare  par  fillralion. 

>)  La  liqueur  est  alors  titrée  par  le  jierinanf^anate;  en  opérant  à  60"  environ,  le 
jioint  final  de  l'oxydation  est  trĂšs  net  et  la  coloration  rose  persiste  longtemps.  Le  titre 
de  la  solution  de  permanganate  (  environ  is  de  sel  crislallisé  par  litre)  est  déterminé  au 
moyen  d'une  liqueur  ßle  vanadale  de  soude  préparée  en  partant  d'un  poids  connu 
d'anhydride  vanadique  pur.  La  rĂ©duction  du  vanadale  peut  ĂȘtre  rĂ©alisĂ©e  soit  au  moyen 
de  1  acide  chlorhydrique  comme  il  a  été  décrit  plus  haut,  soit  au  mo3en  de  l'acide 
sulfureux. 

»  La  mĂȘme  mĂ©thode  est  applicable  aux  ferrovanadiums;  si  la  proportion  de  mĂ©tal 
rare  dépasse  20  pour  100,  on  peut  encore  l'abiéger  en  se  dispensant  d'éliminer  au 
prĂ©alable  le  fer.  Dans  ce  cas,  la  liqueur  ayant  servi  au  dosage  du  vanadium  peut  ĂȘtre 
à  nouveau  réduite  par  l'hydrogÚne  sulfuré  puis  retitrée  par  le  permanganate;  on 
obtient  un  chiffre  correspondant  aux  quantités  présentes  de  vanadium  et  de  fer  et  il 
est  facile  d'en  conclure  la  proportion  de  fer  dans  le  métal. 

)i  Dans  le  cas  du  cuprovanadium,  on  attaque  le  métal  par  l'acide  azotique  et  l'on  dose 
éleclrolytßquement  le  cuivre.  La  liqueur  résiduelle  est  évaporée  à  sec,  de  façon  à  obtenir 
le  vanadium  et  le  fer  sous  forme  d'oxydes,  que  l'on  traite  comme  il  a  été  dit  plus  haut, 
mais  sans  séparer  le  fer  dont  la  proportion  est  généralement  trÚs  faible. 

»  Si  l'alliage  ou  le  minerai  examiné  contenait  du  clirome,  celui-ci  serait  compté 
comme  vanadium  en  opérant  comme  il  a  été  décrit.  Le  dosage  volumétrique  successif 
du  vanadium  et  du  chrome  coexistant  dans  une  solution  fera  l'objet  d'une  Note 
ultérieure.  « 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  Ă©thers  nitri/jues  (les  acides-alcools.    Note 
de  M.  H.  DuvAL,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Jusqu'ici  les  éthers  nitriques  des  acides-alcools  ont  été  peu  étudiés. 
Reinsch  en  18^9,  Dessaignes  en  iBSa,  Demole  en  1877,  puis  Kekulé 
en  i883,  étudiÚrent  l'acide  nitrotarlrique.  En  1870,  Henry  en  préparait 
l'élher  diéthylique,  puis  trois  ans  plus  lard  le  nitrate  d'acide  lactique  et 
soL  ether  élhyliqiie,  le  nitroglycolale  d'éthyle,  le  nitromalate  diéthy- 
lique et  le  dinilroglycérate  d'éthyle  impur.  Il  indiquait  aussi  que  le  nilro- 
tartrale  d'éthyle  se  transformait  spontanément  en  iiilrotartronate, 'fait  qui 
ne  semble  pas  avoir  élé  vérifié  dans  la  suite.  Il  ne  pouvait  isoler  les  acides 
nitromalique  et  nitrocitrique,  mais  signalait  aussi  l'action  de  l'acide  nitrique 
sur  les  alcools  tertiaires.  En  j  875,  Chatn))ion  et  Pellet  décrivaient  l'acide 
nitrocitrique.  Tout  récemtnent  MM.  Frauklaud,  HeathcoLe  et  Hartle  d'une 
part,  et  M.  Walden  d'autre  part,  ont  préparé  et  étudié  les  éthers  nitrotar- 
Iriques  et  nitromaliques.  Henry  observa  en  cuire,  en   t88o,   que  l'acide 


572  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nitrolaclique  se  décompose  avec  le  temps   ou   plus   rapidement  si    1  on 

chaufTe  d'aprÚs  la  réaction 

CtP  -CHO  AzO^'  -  CO-li  =  HCAz  +  COHl  -  COHl  +  H-O. 

»  Je  me  propose  de  poursuivre  l'éiudede  ces  composés  avec  les  diffé- 
rentes classes  d'alcools,  de  préparer  les  nilrates  des  acides-alcools  et  de 
leurs  élhers  appartenant  à  la  série  grasse,  possédant  ou  non  des  substitu- 
tions d'halogÚne;  d'observer  leur  mode  de  décomposition  suivant  les  posi- 
tions relatives  des  fondions,  et  enfin  d'examiner  la  transformation  des 
Ă©lhers  nitrotarlriques  en  Ă©lhers  nilrotartroniques. 

»  Nitrate  d'acide  glycolique.  —  On  dissout  208  d'acide  glycolique  biea  pur  et 
bien  blanc,  pulvérisé  rapidement  dans  3oS  d'acide  azotique  de  i,45de  densité,  on 
ajoute  ensuite  en  refroidissant  256  d'acide  sulfurique  concentré,  on  laisse  reposer  et 
l'on  verse  le  tout  sur  looB  de  glace  pilée.  On  extrait  ensuite  à  l'étlier  en  ayant  soin 
que  le  liquide  se  maintienne  vers  0°,  car  l'on  sait  que  l'éther  réagit  énergiquement 
sur  l'acide  azotique  pour  fournir  principalement  de  l'acide  acétique.  La  solution 
éthérée  est  ensuite  lavée  à  l'eau  jusqu'à  complÚte  élimination  de  l'acide  sulfurique, 
puis  évaporée  ;  le  produit  séché  sur  du  sulfate  de  soude  est  repris  par  l'éther  anhydre, 
filtrĂ©,  enfin  mis  sur  le  vide  sulfurique  oĂč  il  cristallise  dans  les  48  heures. 

»  Purification.  —  On  traite  une  dizaine  de  grammes  de  la  masse  par  lĂŽ'^"''  Ă   20""' 
d'un  mélange  de  benzÚne  avec  10  pour  100  de  ligroïne,  anhydres,  on  chaude  trÚs  dou- 
cement au  bain-marie  vers  4o°;  lorsque  tout  est  dissous,  on  refroidit  la  solution,  qui 
se  trouble  et  qu'on  laisse  reposer.  Enfin  on  décante  la  couche  supérieure,  puis  on 
amorce  la  solution,  qu'on  abandonne  Ă   elle-mĂȘme  24  Ă   36  heures.  On  obtient  dans 
ces  conditions  de  beaux  cristaux  transparents.  Mais,  en  mĂȘme  temps  que  les  cris- 
taux, se  dépose  dans  le  fond  du  tube  une  huile  qu'il  va  falloir  éliminer.  Pour 
cela,  on  agite  les  cristaux  avec  l'eau  mÚre  que  l'on  décante  ensuite  rapidement  et 
laisse  reposer;  à  la  troisiÚme  ou  quatriÚme  opération  semblable,  l'eau  mÚre  reste  par- 
faitement limpide,  et,  dans  ces  conditions,  le  produit  obtenu  est  pur. 

»  Analyse  :  Trouvé  :  C,  19,78  ;  H,  2  ,62  ;  Az,  1 1 ,83. 

»  ThĂ©orie  pour  CII'O AzO"-— COn^  :  C,  19,85;  II,  2,48;  Az,  11,57. 

»  Beaux  prismes  incolores,  trÚs  déliquescents,  trÚs  solubles  dans  l'eau,  l'alcool, 
l'acide  acétique,  le  benzÚne  et  surtout  l'éther,  insoluble  dans  la  ligroïne.  Point  de 
fusion  54°,  5. 

»  Nitrate  d'acide  nudique.  —  Ce  composĂ©  se  prĂ©pare  Ă   peu  de  chose  prĂšs  comme 
l'acide  nitroglycolique,  mais  avec  une  facilité  beaucoup  plus  grande. 

»  On  dissout  208  d'acide  malique  dans  20s  d'acide  azotique  de  1  ,45  de  densité,  on 
ajoute  208  d'acide  sulfurique  concentré,  on  jette  le  tout  sur  loo^  de  glace,  on  extrait 
Ă   l'Ă©ther  qu'on  lave  Ă   complĂšte  Ă©limination  d'acide  sulfurique,  on  Ă©vapore  la  majeure 
partie  de  l'Ă©ther  au  bain-marie  et  l'on  fait  cristalliser  dans  le  vide.  Pour  purifier  le 
produit  et  l'obtenir  tout  Ă   fait  blanc,  on  le  dissout  Ă   l'Ă©bullition  dans  le  moins  possible 
d'un   mélange  de  80  pour  100  de  benzÚne  pour  20  ])0ur  100  d'élher,  anhydres.   AprÚs 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  IQoS.  573 

refroidissement,  on  essore  et  l'on  fait  cristalliser  par  dissolution  dans  une  trĂšs  petite 
quantité  d'eau  et  évaporation  totale  de  la  solution. 

»  Analyse.  —  TrouvĂ©  :  C,  26,89;  H,  2,86;  Âz,  8,i3. 

»  ThĂ©orie  pour  C0^II  —  CH0Az02—Cir--C0-H  :  C,  26,81;  II,  3,78;  Az,  7,82. 

»  Substance  blanche  non  déliquescente,  cristallisant  aisément  en  aiguilles  réunies 
en  étoiles.  Fond  à  ii5°  en  se  décomposant,  soluble  dans  l'eau,  l'alcool,  l'éther,  l'acide 
acétique,  insoluble  dans  le  benzÚne  et  la  ligroïne. 

»  Dinitrate  d'acide  glycĂ rique.  —  Pour  obtenir  le  dinitrale  d'acide  glycĂ©rique,  il 
suffit  de  suivre  le  procédé  précédemment  décrit  en  opérant  de  la  façon  suivante  :  on 
fait  tomber  goutte  à  goutte  et  en  agitant  los  d'acide  glycérique  dans  un  mélange  bien 
refroidi  de  i5s  d'acide  sulfurique  et  d'un  poids  Ă©gal  d'acide  azotique  fumant.  La 
température  tend  à  s'élever  pendant  l'éthérificalion,  mais  il  faut  la  maintenir  constam- 
ment infĂ©rieure  Ă   — 5°,  de  prĂ©fĂ©rence  au  voisinage  de  — 12°.  Pendant  cette  opĂ©ration, 
le  dinitrate  d'acide  glycérique  précipite.  On  verse  le  tout  sur  la  glace  et  l'on  recueille 
le  précipité  sur  colon  de  verre. 

»  Purification.  —  Le  prĂ©cipitĂ©  est  repris  sur  le  filtre  par  l'Ă©ther,  la  solution  lavĂ©e 
trois  ou  quatre  fois  à  l'eau  distillée  est  ensuite  évaporée.  Le  produit  est  dissous  à  plu- 
sieurs reprises  successives  dans  une  trÚs  petite  quantité  d'eau  chaude,  puis  on  laisse 
reposer.  AprĂšs  complet  refroidissement,  on  essore  Ă   fond.  On  reprend  ensuite  par  trĂšs 
peu  d'éther  qu'on  lave  avec  quelques  centimÚtres  cubes  d'eau,  on  décante  exactement, 
puis  on  Ă©vapore  et  l'on  sĂšche  rapidement  dans  le  vide.  On  fait  enfin  cristalliser  par 
dissolution  dans  une  petite  quantité  d'éther  qu'on  additionne  de  2^"'  de  ligroïne,  an- 
hydres, puis  laissant  la  solution  s'Ă©vaporer.  Le  produit  cristallise  Ă©galement  bien  par 
refroidissement  d'une  solution  de  benzĂšne. 

»  Analyse.  — ‱  TrouvĂ©  :  G,  18,48;  H,  2,09;  Az,  i4)46. 

»  ThĂ©orie  pour  GIPOAzO^  —  ClIOAzO^—GOMI  :  C,  18, 36;  H,  2,o4;Az,  14,28. 

»  Solide  Jjlanc  cristallisant  aisément,  soluble  dans  l'eau,  l'alcool,  l'éther,  peu  soluble 
dans  le  benzÚne,  insoluble  dans  la  ligroïne,  le  chloroforme,  le  tétrachlorure  de  car- 
bone. Se  décompose  vers  1 17"  lorsqu'il  y  est  maintenu  quelques  instants.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Fixation  anormale  du  trioxyinĂ©thylĂȘne  sur  certains 
dérivés  organomagnésieiis  aromatiques.  Noie  de  MM.  M.  Tiffexeau  et 
1\.  Dela\ge,  piésentée  par  M.  Haller. 

«  Une  courte  Note  de  M.  V.  Grignard  sur  l'alcool  phényléthyliqtie  pri- 
maire, parue  dans  le  dernier  Bulletin  de  la  Société  chimique,  3*  série,  t.  XXIX, 
p.  953,  nous  engage  à  coiumuniquer  des  résultats  que  nous  avons  déjà 
obtenus  depuis  quelque  temps,  mais  que  nous  n'avions  pas  publiés,  parce 
qu'ils  sont  le  point  de  départ  d'un  travail  d'ensemble  non  encore  achevé. 

»  Nous  avons,  comme  M.  Grignard,  fait  réagir  le  IrioxyméthylÚne  sur  le 
chlorure  de  benzyle  magnésium  et  obtenu,  comme  lui,  un  alcool  cristallisé 
possĂ©dant  les  mĂȘmes  constantes. 

c.  R.,  igoS,  2*  Semestre.  (ĂŻ.  CXXXVII,  N"  15.)  76 


574  ACADÉMIE   DES  SCIENCES. 

»  Si  la  réaction  se  passait  normalement,  c'est-à-dire  dans  le  sens  déjà  indiqué  anté- 
rieurement par  MM.  Grignard  et  Tissier  {Comptes  rendus,  t.  GXXXIV,  p.  107),  on 
devrait  obtenir  l'alcool  pliényléthvlique  d'aprÚs  l'équation 

2C'^1P  —  CH^MgCl  +  2  HCHO  -+-  H^O  =:  aC'tP—  Cli^—  GH'-OH  -1-  MgO  +  MgCl=. 
Or  l'alcool  cristallisé  que  l'on  obtient  ainsi  n'est  autre  que  l'alcool  orthotoluylique 

,ClPOH(i) 

\G1P(2) 

déjà  décrit  par  divers  auteurs  (Krober,  D,  cli.  G.,  t.  XXIII,  p.  1028;  CoLSON,  An- 
nales de  Chimie  el  de  l'hysique,  6'  série,  t.  VI,  p.  1 1 5  ;  Hutchinson,  D.  ch.  G.,  t.  XXIV, 
p.  174). 

»  Get  alcool  cristallise  dans  la  ligroïne  en  aiguilles  fusibles  à  35°,  alors  (jue  l'alcool 
phĂ©nylĂ©llijlique  pur  ne  cristallise  pas  Ă   —  20",  mĂȘme  en  l'amorçant  avec  le  produit 
fusible  à  35°. 

»  Notre  alcool  orthotoluylique  bout  Ă   iijy-iao"  sous  i4"""-i5ℱℱ  et  Ă   219°  Ă   la 
pression  ordinaire,  et  présente  ainsi  un  point  d'ébullilion  trÚs  voisin  de  celui  de  l'alcool 
phénylétliylique.  Mais,  tandis  que  le  permanganate  oxyde  ce  dernier  en  donnant  de 
l'acide  benzoĂŻque,  il  fournil  avec  notre  alcuol  de  l'acide  orthotoluylique  fusible 
à  102°. 

»  Les  phénylurétlianes  des  deux  alcools  ont  des  points  de  fusion  trÚs  voisins,  celle 
de  l'alcool  orthotoluylique  fond  à  79°,  celle  de  l'alcool  phényléthylique  fond  à  80";  le 
mélange  des  deux  phénylurétlianes  fond  dÚs  70".  L'alcool  obtenu  est  donc  bien  l'alcool 
orthotoluylique  et  tout  s'est  passé  dans  cette  réaction  comme  si  le  dérivé  magnésien 
initial  Ă©tait,  non  pas  C»H'^—  GH-MgCl,  mais 

^      \MgCl(2) 

correspondant  au  toluÚne  orlhochloré;  cependant  c'est  bien  la  premiÚre  formule  qui 
convient  au  déri\é  magnésien  initial,  puisque,  en  soumettant  une  partie  de  ce  dérivé 
à  l'action  de  CO^,  nous  avons  obtenu  avec  un  rendement  de  60  pour  100  l'acide  phé- 
nylacétique  correspondant 

C^H^-  CH^MgCl  -i-  GO^-t-  H»0  =  G'IP—  Cir-—  GO'^H  +  MgGI(OH). 

»  Il  laut  donc  interprĂ©ter  cette  curieuse  rĂ©action  de  la  mĂȘme  façon  que  les  rĂ©actions 
classiques  de  formation  d'alcools  primaires  aromatiques  par  fixation  directe  de  MGHO 
sur  les  arylhydroxylamines,  les  phénols  sodés,  etc.  et  admettre  que  le  groupement 
GH-MgGI  intervient  non  pas  directement  comme  dans  les  autres  réactions  au  magné- 
sium, mais  indirectement  et  de  la  mĂȘme  maniĂšre  que  les  groupements  AzlIOlI,  ONa 
dans  les  cas  que  nous  venons  de  citer. 

»  Il  faut  donc  écrire  la  réaction 

G'lP-GIPMgGl  +  HGllU  =  Gqi<^JJ;^/^^,(.)       -     Gqp(^][:^**S^' (2). 
»   Nous  avons  o]jser\é  ()uc  le  composé  final  ne  lixe  pas  GU-,  mais  que  iraulre  part 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  igo3.  5^5 

il  donne  un  éllicr  acétique  par  action  directe  de  l'anhydride  acétique,  ce  qui  exclut  la 
formule  (i)  et  justifie  la  formule  (2). 

»  Nous  avons  vérifié  que  cette  réaction  anormale  est  particuliÚre  au  trioxyraé- 
thylÚne  et  qu'elle  n'a  plus  Jieu  avec  les  autres  aldéhydes  et  cétones;  c'est  ainsi  que 
le  chlorure  de  benzylmagnésium  donne  avec  la  paraldéliyde  le  méthylbenzylcarbinol 
C'H^GFP—  CHOH  —  CH'  et  avec  l'acĂ©tone  le  dimĂ©lhylbenzylcarbinol 

C«H5—  CH^—  GHOH  -  (CH')^ 

»  Nous  nous  proposons  de  poursuivre  l'étude  de  celte  réaction  sur  les 
divers  homologues  du  chlorure  de  benzvle.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Actions  des  composes  organomagnĂ©siens  mixtes 
sur  les  amides.  Nouvelle  méthode  de  préparation  de  cétones.  Note 
de  M.  Constantin  Béis,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  Lorsque  l'on  étudie  l'action  des  amides  sur  les  composés  organoma- 
gnésiens mixtes  de  M.  Grignard  (')  on  peut  constater  qu'elles  réagissent 
ou  bien  par  leur  groupement  —  NH^  ou  bien  à  la  fois  par  celui-ci  et  par 
le  groupement  —  CO  —  . 

»  Je  reviens  ici  sur  cette  seconde  réaction,  qui  m'a  conduit  à  une 
nouvelle  méthode  de  préparation  de  cétones. 

»  Quand  on  met  en  contact  une  amide  (i '""'),  avec  un  excÚs  de  composé  organo- 
magnĂ©sien  mixte  (plus  de  2ℱ"')  et  que  l'on  cliaiilTo  pendant  quelques  heures  au  bain- 
marie,  il  se  forme  des  corps  qui,  pai-  l'action  ultérieure  de  l'eau,  produisent  principa- 
lement des  cétones.  Cette  méthode  (  qui  ne  s'applique  pas  à  la  formiamide)  donne 
des  rendements  f[ui  semblent  varier  de  ao  pour  100  Ă   5o  pour  100  et  qui  paraissent 
ĂȘtre  d'autant  meilleurs  que  l'amide  employĂ©e  est  plus  riche  eu  carbone. 

»  On  peut  expliquer  la  série  des  réactions  par  les  équations  suivantes,  dans  les- 
quelles R  et  R'  sont  des  radicaux  alcooliques  et  X  un  halogĂšne  : 

(V)  R--C0NH^-H2Mg<'    =:R-C-NHMgX-hR'-H, 

^‱^  \R' 

^/OMgX  /OH 

(B')  R  _  C-NHMgX  4-  2H^0  =  R-  C-.N  H»+-  MgX'+  Mg(OH)S 

\R'  \K' 

/OH 
(r)  R_C— NH2=R-C0-R'-(-NH'. 

\R' 


(  '  )  Annales  de  Chimie  el  de  Physique,  ~''  série,  t.  XXIV  ,  190 1 . 


576  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

B   Les  expériences  que  j'ai  faites  à  ce  sujet  et  les  résultats  obtenus  sont  les  suivants  : 
»   1.  L'acĂ©tamide  (  CU' —  CONH^)  avec  rĂ©thyl-broinurede  magnĂ©sium  ainsi  qu'avec 

l'étlivl-ioduie   de   magnésium  (Mg<^p'     "  elMgC^,         j  a  donné   la   métlivlélliylcé- 

tone  (CH^— CO  — CMI^). 

»  2.  La  propionamide  (C'-IP-  GOMP)  avec  l'éthylbromure  de  magnésium  a 
donnĂ©  la  diĂ©thvlcĂ©tone  (G- II"' —  CO  —  C-H^). 

).   3.    La    butyramide    (  CMl' —  CO  NIP  )    avec   le   mĂ©lliyliodure    de     magnĂ©sium 

(Mg(^^^'^  a  donnĂ©  la  propylmĂ©thylcĂ©lone  (CMP—  CO  — CIP).  J'en  ai  prĂ©parĂ©  la 

semicarbazone. 

/  CH'  \ 

»   4.   L'isovaléramide  (  1  )  avecl'étliylbromure  de  magné- 

\Cli^  -  CH  -  CH^  -  CONHV 

sium  a  donnĂ©  l'isobutylĂ©thylcĂ©tone  (  ntis _  fyi_ru-2 _  QO  —  C-H»  )    ^^^  ^'  prĂ©parĂ© 

la  semicarbazone. 

»  5.  La  benzamide  (CMl^—  CONH^)  avec  le  mĂ©thyliodure  de  magnĂ©sium  a  donnĂ© 
l'acĂ©tophĂ©none  (CH'— CO  —  CH').  J'en  ai  prĂ©parĂ©  la  pliĂ©nylhydrazone. 

»  6.  La  benzamide  avec  l'éthylbromure  de  magnésium  a  donné  la  phényléthyl- 
cĂ©tone  (C^Hi^— CO  —  C-H^).  J'en  ai  prĂ©parĂ©  la  semicarbazone. 

))  Remarque.  —  L'acĂ©tamide  ne  donne  que  de  faibles  rendements  avec  les  composĂ©s 
organomagnésiens  que  j'ai  employés.  Quant  à  la  forniianiide,  elle  ne  réagit  pas  de  la 
mĂȘme  façon  que  les  autres  amides. 

»  Je  poLirsuis  des  études  analogues  sur  les  diamides  et  les  imides  simples 
ou  subsUtuées.  » 

ZOOLOGIE.  —  Sur  les  mouvements  oscillatoires  des  Convoluta  roscoffensis. 
Note  de  M.  Geokges  Boiix,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Ces  mouvements  ont  clé  observés  journellement  du  23  juillet  au 
3o  septembre,  it  Saint-Vaast-la-Hougiie,  puis  Ă   Saint-Jacut-de-la-Mer. 

M  Les  Co/H'o/w/a,  ïurbellarics  parasités  par  des  Algues  vertes,  vivent  sur 
le  rivage.  A  chaque  marée  la  mer  vient  les  recouvrir  pendant  une  durée  de 
2 heures etdemie  (morte  eau)  à  Sheures  (grandes  marées)  ;  elles  se  meuveni; 
■Aor^  dans  le  sable  à  diverses  profondeurs;  quand  la  mer  se  retire,  elles 
viennent  formera  la  surface  du  sable  des  taches  d'un  vert  intense,  dont  la 
situation,  les  dimensions,  les  contours  changent  incessamment.  ) 

»  Les  mouvements  de  ces  animaux  ont  pour  résultat  d'éviter  deux 
dangers  :  l'entrainement  par  les  vagues  (immersion),  la  dessiccation 
(Ă©mersion). 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  igoS.  577 

»  I.  Mou<.'ements  provoquĂ©s  par  le  choc  des  vagues.  —  Les  Convoluta  fuient 
vers  la  profondeur  en  suivant  la  verticale,  pour  remonter  dĂšs  que  le  choc  cesse  par 
suite  du  retrait  de  la  mer. 

»  Pendant  l'émersion,  un  ébranlement  quelconque  entraßne  immédiatement  la  des- 
cente verticale.  Si  l'on  secoue  un  tube  de  verre  renfermant  du  sable  humide  et  des 
Convoluta,  celles-ci  descendent,  pour  remonter  dĂšs  que  l'on  cesse  de  secouer  :  elles 
forment  un  anneau  vert  dont  on  peut  suivre  aisément  les  oscillations.  Il  y  a  des  diflé- 
rences  considérables  de  la  sensibilité  au  choc  suivant  les  heures  de  la  marée. 

»  Cela  tient  à  ce  que,  en  dehors  des  oscillations  provoquées,  il  y  a  des  oscillations  deve- 
nues  spontanées  qui  correspondent  rigoureusement  à  celles  de  la  marée.  Si  l'on  place 
le  tube  mentionné  dans  un  lieu  tranquille,  l'anneau  vert  monte  et  descend  alternative- 
ment, occupant  la  position  la  plus  élevée  au  moment  de  la  basse  mer,  la  position  la 
plus  basse  au  moment  de  la  haute  mer.  Le  synchronisme  a  pu  persister  en  aquarium 
pendant  i4  marées  consécutives.  Aucune  influence  extérieure  {éclairenient,  oxygé- 
nation, humidité)  n'a  pu  altérer  le  rythme  acquis  :  les  oscillations  ont  lieu  aussi 
bien  la  nuit  que  le  jour;  on  peut  renverser  les  conditions  naturelles  (par  exemple 
émersion  au  lieu  d'immersion),  le  phénomÚne  n'est  pas  modifié. 

»  Ces  oscillations  ont  lieu  à  l'intérieur  du  sable,  mais  dÚs  qu'elles  ont  amené  l'animal 
Ă   la  surface  elles  se  poursuivent  le  long  des  pentes  sableuses.  Dans  une  cuvette,  les 
Convoluta,  qui  apparaissent  au-dessus  du  sable  Ă   l'heure  oĂč  la  mer  se  retire  (un  peu 
aprĂšs  en  morte  eau),  envahissent  progressivement  les  parois  obliques  jusqu'Ă   l'heure 
de  la  basse  mer,  pour  ajjrĂšs  les  abandonner  de  mĂȘme.  11  y  a  lĂ   un  dispositif  qui  per- 
mettrait de  sui\re  à  Paris  les  oscillations  de  la  marée  en  n'importe  quel  point  du 
littoral. 

»  II.  Mouvements  provoquĂ©s  par  la  dessiccation.  —  Les  oscillations,  le  long  des 
pentes  sableuses,  s'observent  trĂšs  bien  sur  les  plages  :  aprĂšs  le  retrait  de  la  mer,  les 
Convoluta  tendent  à  gagner  les  altitudes  les  plus  élevées,  à  s'avancer  vers  le  rivage, 
Ă   envahir  les  saillies.  Plus  tard,  c'est  l'inverse  :  elles  descendent  les  pentes,  vers  la 
mer  et  les  dĂ©pressions  humides.  Mais  tous  ces  dĂ©placements  peuvent  ĂȘtre  influencĂ©s 
par  la  dessiccation  du  sable. 

«  Or,  la  dessiccation  est  fonction  de  l'intensité  de  l'éclairement.  Si  celui-ci  devient 
plus  intense,  les  régions  les  plus  élevées  se  dessÚchent,  et  les  Convoluta.  ont  tendance 
à  descendre  les  pentes  pour  gagner  les  régions  plus  humides.  Au  début  de  l'émersion, 
l'ascension  normale  de  ces  animaux  devient  plus  pénible  ;  vers  la  fin,  la  descente 
normale  est  facilitée.  Les  Convoluta  qui  descendent  les  pentes  sableuses  ensoleillées 
s'arrĂȘtent  dĂšs  qu'elles  ont  franchi  la  limite  d'une  ombre.  De  mĂȘme  le  mouvement 
cesse  si,  pendant  la  descente,  l'Ă©clairement  diminue  brusquement.  L'ombre  et  la  lumiĂšre 
sont  en  quelque  sorte  des  signaux  avertisseurs  :  les  Convoluta  y  obéissent  fatale- 
ment. Les  mĂȘmes  rĂ©actions  se  produisent  encore  quand  on  supprime  artificiellement 
le  danger  de  la  dessiccation  par  une  immersion  continue  :  si  les  animaux  sont  placés 
dans  un  vase  rempli  d'eau,  on  les  voit  s'arrĂȘter  en  bordure  de  toutes  les  ombres, 
et  dessiner  des  lignes  vertes, 

»  Il  ne  s'agit  pas  de  phototropisme.  Il  n'y  a  en  réalité  aucune  recherche  de  l'ombre 
ou  de  la  lumiĂšre.    Aucun   recul   n'a  lieu  Ă   la  limite   de  l'ombre   et  de  la  lumiĂšre. 


57B  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Toutefois    il   n'en   est  pas  de  mĂȘme  lors  de  la   sortie  du  sable,  (|ui  est  retardĂ©e  par 
l'Ă©clairement. 

»  En  résumé,  les  Com'oluta,  clans  les  aquariums  aussi  bien  que  dans  la 
nature,  montent  et  descendent  à  l'intérieur  du  sable  et  le  long  des  pentes 
sableuses.  Ces  mouvements  sont  oscillatoires.  A  de  grandes  oscillations 
spontanées,  synchrones  de  celles  de  la  marée,  se  superposent  de  petites 
oscillations  provoquĂ©es  par  la  dessiccation  du  sable,  ou  mĂȘme  simplement 
par  les  variations  de  l'éclairement.  Ces  diverses  oscillations  ont  été 
confondues  par  Gamble  et  Reeble,  dans  un  MĂ©moire  qui  vient  de  paraĂźtre 
et  que  je  ne  pouvais  connaßtre.  Si  les  faits  sont  incomplÚtement  observés, 
leur  interprétation  est  inadmissible.  Un  effet  tonique  de  la  lumiÚre  ne  peut 
produire  les  grandes  oscillations  qui  s'observent  la  nuit  avec  plus  de  netteté 
encore  que  le  jour  :  elles  sont  en  quelque  sorte  la  conséquence  du  souvenir 
du  choc  des  vagues.  D'autres  animaux  littoraux  présentent  cette  curieuse 
périodicité  :  telle  VHedisle  diversicolor,  Annélide  qui,  en  aquarium,  sort 
du  sable  Ă   l'heure  oĂč  le  flot  montant  vient  recouvrir  l'habitat  d'origine.  » 


PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.   —  Sur  l' appareil  vĂ©gĂ©latif  de  la  rouille,  jaune  des 
Céréales.  Note  de  M.  Jakob  Eriksso.v,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier, 

K  Dans  plusieurs  travaux  précédents  (  '  )  j'ai  émis  l'opinion  que  l'origine 
et  la  propagation  de  la  rouille  des  Céréales  ne  proviennent  pas  toujours 
de  contamination  extérieure  (spores).  Je  me  suis  alors  ajipuyé  d'abord  sur 
des  observations  faites  dans  les  champs  de  Céréales  et  ensuite  sur  des  cul- 
tures pures,  exécutées  en  caisses  spéciales  et  à  l'abri  des  germes  extérieurs. 
N'ayant  pu  dĂ©couvrir  de  mycĂ©lium  hivernant  dans  la  plante  elle-mĂȘme,  j'ai 
été  amené  à  supposer  qu'il  existait  un  germe  interne  de  la  maladie,  sous 
forme  de  plasma  de  champignon  intimement  mélangé  au  protoplasma  de  la 
plante  nourriciÚre.  J'ai  donné  le  nom  de  mycoplasma  à  cet  ensemble.  A  un 


(')  J.  ICriksson,  Vie  lalenle  et  plasmatique  de  certaines  Urédmées  {Comptes 
rendus,  1897,  i*"'  mars,  p.  157).  —  Principaux  rĂ©sultats  des  recherches  sur  la 
rouille  des  CĂ©rĂ©ales  {Revue  gĂ©nĂ©rale  de  Botanique,  t.  X,  1898,  p.  33).  —  Der 
heulige  Stand  der  Petreiderostf rage  {lier.  d.  deutsch.  Bot.  Ces.,  Ileft  III,  p.  i83, 
Berlin,  1897).  —  Sur  l'origine  et  la  propagation  de  la  rouille  des  CĂ©rĂ©ales  par  la 
semence  {Ann.  d.  Se.  nat.  Bot.,  8°  série,  t.  XIV  et  XV,  Paris,  1901-1902). 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  IQoS.  379 

certain  moment,  et  sous  l'action  des  agents  extĂ©rieurs,  les  deux  ĂȘtres  inti- 
mement mĂȘlĂ©s  doivent  se  sĂ©parer,  et  j'avais  cru  devoir  considĂ©rer  certains 
'i  corpuscules  spéciaux  »,  observés  en  continuité  immédiate  avec  les  fda- 
ments  des  premiĂšres  taches  cVUredo,  comme  Ă©tant  la  forme  primordiale 
sous  laquelle  le  plasma  du  champignon  s'individualise.  Plusieurs  auteurs 
ont  Ă©mis  des  doutes  sur  la  justesse  de  cette  hypothĂšse  et,  tout  en  rejetant 
mon  explication  de  l'origine  du  mycélium  par  ces  corpuscules  spéciaux, 
qu'on  a  à  tort  identifiés  au  mycoplasm;i,  on  a  de  plus  nié  l'existence  du 
mycoplasma  lui-mĂȘme.  En  outre,  le  dĂ©veloppement  d'une  pustule  d'Uredo 
secondaire,  obtenu  par  inoculation  à'Uredo,  a  été  présenté  comme  consti- 
tuant une  objection  Ă   l'hypothĂšse  du  mycoplasma  ('). 

»  Pendant  les  deux  derniÚres  saisons,  avec  la  collaboration  de  M.  Georg 
Fischler,  maßtre  de  conférences  à  l'Université  de  lieidelberg,  j'ai  fait  de 
nouvelles  recherches  sur  cette  question.  Nous  avons  appliqué  les  méthodes 
modernes  de  fixation,  d'inclusion  et  de  coloration  (procédés  de  Flemming 
ou  de  Haidenhain).  Ces  recherches  ont  mis  en  Ă©vidence  que  mon  expli- 
cation des  corpuscules  spéciaux,  comme  étant  les  premiers  germes  mycélieiis, 
n'est  pas  juste,  car  ces  corpuscules  appartiennent  à  une  phase  de  dévelop- 
pement plus  avancĂ©e,  c'est-Ă -dire  au  stade  oĂč  se  forment  les  suçoirs. 

»  On  peut  résumer  de  la  maniÚre  suivante  les  principales  phases  du 
développement  de  la  rouille  du  Blé. 

»  I"  Mycoplasma.  —  I^renons  comme  exemple  le  BlĂ©  de  Norsford,  variĂ©tĂ©  trĂšs 
attaquĂ©e  par  la  rouille  jaune.  DĂšs  l'arriĂšre-saison,  et  encore  Ă   l'Ă©poque  oĂč  apparaissent 
les  taches  de  la  rouille,  on  trouve  un  contenu  granuleux  et  vacuolaire  dans  certaines 
des  cellules  des  feuilles.  Le  noyau  et  les  grains  de  cidoropliylle  de  ces  cellules  Ă   con- 
tenu granuleux  ont  cependant  conservé  leur  aspect  normal.  Ce  contenu  granuleux 
n'est  autre  que  ce  que  j'avais  appelé  mycoplasma  sans  avoir  pu  déceler  son  existence 
rĂ©elle  :  c'est  une  symbiose  intime  entre  le  proloplasma  de  l'IiĂčlc  et  celui  du  Cham- 
pignon. En  eflfet,  dans  la  fixation  et  la  coloration  au  Flemming,  le  Mycoplasma  prend 
une  nuance  violette. 

»  Pendant  la  période  hivernale  le  Blé  ne  contient  que  cette  forme  du  parasite,  sans 
aucune  trace  de  mycélium. 

»  2°  ProtumycĂ©lĂ im.  —  A  l'Ă©poque  oĂč  apparaissent  les  premiĂšres   taches  de  la 


(')  H.  Marsuall  Ward,  On  Ihe  Idslolo^y  of  Uredo  dispersa  Erikss.,  and  Ihe 
«  mycoplasin  »  /lypolhesis  {l'Iiil.  Tians.  of  ihe  Roy.  Soc.  of  Loiidon.  ser.  H, 
Vol.  CXCVl,  p  39-46,  l.ondon,  iyo3;  read  mardi  la,  igoS).  —  Jakob  Fhiksson, 
The  researches  of  Prof  essor  H.  Marshall  Wanl  on  the  brown  rust  on  Ihe  brows 
and  the  mycoplasm  hypothĂšses  {K.  Svenska  Vet.-Acad.,  Arkiv  for  Botanik,  Bd.  I, 
p.  189-146,  Stoclvholtn,   njoj;  read  inay  j3,   1900). 


58o  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

rouille  jaune,  et,  en  SuÚde,  c'est  en  général  an  mois  de  juin,  on  trouve  une  masse 
plasmique  qui  établit  des  communications  entre  des  rangées  de  taches  à'Uredd:  tantÎt 
cette  niasse  plasmique  rampe  comme  des  filaments  enlre  les  cellules  de  l'hĂŽte;  tantĂŽt 
elle  occupe  complÚtement  les  méats  intercellulaires. 

»  Dans  cette  seconde  phase,  qui  pourrait  ĂȘtre  appelĂ©e  phase  du  protomycĂ©liam, 
on  ne  trouve  pas  encore  de  cloisons  transversales,  dans  les  filaments  mycéliens.  Tout 
d'abord  on  n'observe  pas,  dans  la  masse  plasmique,  de  noyaux,  distincts,  mais  seu- 
lement certains  granules  agrandis  et  se  colorant  d'une  façon  plus  intense.  Plus  tard, 
on  remarque  de  gros  nucléoles  bien  nets,  assez  nombreux,  qui,  dans  les  colorations 
au  Flemming,  prennent  le  rouge  et  s'entourent  d'une  auréole  claire.  Dans  les  cellules 
de  la  feuille  qui  touchent  à  ce  protomycélium,  on  trouve  une  hypertrophie  maladive 
du  noyau,  lequel  finit  par  occuper  une  partie  relativement  considérable  de  la  cellule. 
Il  est  à  supposer  que  ce  phénomÚne  est  dû  à  une  sécrétion  du  filament  mycélien 
voisin.  C'est  dans  cette  phase  que  les  suçoirs  commencent  à  apparaßtre. 

»  D'aprÚs  les  investigations  qui  précÚdent,  on  doit  admettre  forcément  que  le  proto- 
mycélium intercellulaire  dérive  du  mj'coplasma  intracellulaire,  bien  que  certains 
détails  dans  la  transition  entre  les  deux  formes  ne  soient  pas  encore  suffisamment 
décrits. 

»  3°  MycĂ©lium  et  psendoparenchyme.  —  Dans  celte  troisiĂšme  phase,  qui  corres- 
pond à  la  forme  mycélienne  parfaite,  les  nucléoles  du  prolomycélium  disparaissent, 
des  cloisons  se  forment,  et,  aprÚs  une  division  répétée,  il  s'organise  un  pseudopareu- 
chvrae.  Les  cellules  de  la  feuille  de  Blé,  enfermées  dans  le  pseudoparenchyme,  sont 
peu  à  peu  détruites.  Tout  d'abord,  les  grains  de  chlorophylle  se  désagrÚgent  et  se 
réunissent  pour  constituer  ensuite  une  masse  compacte  au  milieu  de  la  cellule.  Enfin 
les  cellules  attaquées  de  la  feuille  de  Blé  se  contractent  et  forment  des  corps  irréguliers, 
présentant  quelquefois  l'aspect  d'étoiles,  et  se  colorant  en  rouge  par  le  Flemming. 

»  4°  HymĂ©nium.  —  Enfin,  quatriĂšme  phase,  le  pseudoparenchyme  donne  nais- 
sance, comme  on  sait,  à  un  hyménium  sporifÚre.    » 


BOTANIQUE.  —  NĂ©cessUĂ©  d'une  symbiose  microbienne  pour  obtenir  la 
culture  des  MyxomycÚtes.  Note  de  M.  Pixoy,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

((  Dans  une  premiÚre  série  de  recherclies  ('),  m'étant  adressé  aux 
MyxotnvcÚtes  endosporés,  j'ai  montré  que,  si  l'on  ensemence,  en  prenant 
toutes  les  précanlions  nécessaires,  des  spores  pures  soit  de  Chondrioderma 
difforme,  soit  de  Didymium  tffusum,  niÚme  sur  une  macération  de  bois 
gélosée,  on  n'obtient  aucun  développement.  Si,  au  contraire,  on  ajoute  des 
lßactéries,  on  obtient  successivement  la  germination  de  la  spore,  la  forma- 


(')  BM.  de  la  Soc.  inycol.  de  France  (t.  XVIII,  3«  fasc.) 


SÉANCE  DU  12  OCTORRF.  igoS.  58l 

lion  des  myxamibes,  fin  plasmode  et  de  l'appareil  sporifĂšre.  L'une  de  ces 
bactéries  (le  Bacillus  lutetis  do  Fliigge),  s'est  montrée  la  plus  favorable. 

»  Dans  une  deuxiÚme  série  de  recherches,  j'ai  pris  comme  sujet  d'études 
une  Acrasiée,  \f  DictyostpHiim  mucoroides ,  et  mes  premiers  résultats  ont  été 
communiqués  à  la  Société  de  mvcologie,  à  la  séance  du  7  juin  U)n3  ('). 

»  Depuis,  M.  Vuillemin  a  présenté  à  l'Académie  des  Sciences  (séance 
du  10  août  1903),  une  Note  sur  une  Acrasiée  bactériophage  qui  est  le 
Diclyostehum  mucoroirles . 

»  Poursuivant  l'étude  que  j'avais  entreprise,  j'ai  adopté  une  technique  ofirant  pour 
les  résultats  obtenus  une  sécurité  que  l'on  ne  trouve  pas  dans  les  expériences  anté- 
rieures. Ayant  obtenu  des  cultures  pures  (-)  du  Dictyosteliiim  miicoroides  avec  une 
variété  du  Bacillus  JluorefTcens  liquefaciens  de  Fliigge,  ne  se  développant  pas  à  la 
température  de  S;",  je  les  ai  chauflTées  à  la  température  de  5o°  pendant  i  heure.  Dans 
ces  conditions  la  bactérie  est  tuée,  ce  dont  on  s'assure  d'ailleurs  par  un  ensemencement 
en  bouillon  ordinaire,  et  l'on  a  ainsi  des  spores  rigoureusement  pures. 

»   Ces  spores  ensemencées  seules  ne  germent  jamais. 

»  Elles  ne  germent  qu'Ă   partir  du  moment  oĂč  on  leur  adjoint  une  espĂšce  bactĂ©- 
rienne convenable.  Cette  méthode  permet  d'établir  ainsi,  d'une  façon  rigoureuse,  qu'un 
grand  nombre  de  bactéries  peuvent  permettre  d'obtenir  le  développement  du  Dictvo- 
steliiim  mucoroidesan  dehors  de  la  variété  du  B .  fluorescent  liquefaciens  de  Fliigge; 
tels  sont  tous  les  bacilles  fluorescents,  le  Microbacillus  prodigiosus,  le  Bacillus  coli 
comnuinis.  etc.  Le  développement  est  plus  ou  moins  abondant,  suivant  l'espÚce  de 
bactérie  mise  en  svmbiose. 

»  On  peut  remarquer  que  le  DictyosleHum  mucoroides  doit  la  teinte  jaunùtre 
feuille  morte  qu'il  prend  en  vieillissant  aux  bacilles  fluorescents.  C'est,  enefl'et  le  oi"- 
ment  de  ces  bactéries  qui  colore  le  mucus  entourant  les  spores. 

»  D'autre  part,  avec  le  microbacillus  prodigiosus,  on  obtient  des  tĂȘtes 
sporifÚres  d'un  blanc  laiteux  mais  trÚs  légÚrement  rosé.  Il  est  certain  qu'il 
n'est  pas  indifférent,  pour  la  morphologie  de  l'Acrasiée,  que  le  MvxomycÚte 
soit  associé  avec  telle  ou  telle  bactérie. 

»  Certaines  espÚces  d'Acrasiées,  décrites  comme  distinctes  à  cause  de 
leur  couleur,  devront  sans  doute  ĂȘtre  considĂ©rĂ©es  comme  appartenant  Ă  
une  mĂȘme  espĂšce  associĂ©e  Ă   des  bactĂ©ries  chromogĂšnes  diffĂ©rentes.  » 


(')  Bull,  de  la  Soc.  mycol.  de  France  (t.  XIX,  3"  fasc.) 

('^)   Nos  cultures  sont  faites  sur  carottes  stérilisées.  Les  carottes  ont  été  préalable- 
ment mises  à  tremper  dans  de  l'eau  ammoniacale,  puis  lavées  à  grande  eau. 


G.  R.,  1903,    2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  15.) 


582  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


MINÉRALOGIE.  —  Sur  une  nouvelle  espĂšce  minĂ©rale. 
Note  de  M.  A.  Lacroix,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

((  .T'ai  donné  l'an  dernier  (')  une  description  préliminaire  d'un  nouveau 
minéral,  que  j'ai  désigné  sous  le  nom  de  grandidiérile,  et  dont  j'avais 
trouvé  un  fragment  parmi  quelques  roches  rapportées  du  sud  de  Mada- 
gascar par  M.  Alluaud.  Depuis  lors,  grĂące  aux  recherches  de  M.  le  com- 
mandant Blondlat,  le  gisement  de  la  substance  a  pu  ĂȘtre  retrouvĂ©  et  je  suis 
Ă   mĂȘme  d'en  donner  l'Ă©tude  complĂšte. 

»  La  grandidiérile  est  un  élément  d'une  pegmatite  des  falaises  d'Andra- 
homana,  prĂšs  de  Fort-Dauphin,  Ă   l'eKlrĂȘme  sud  de  Madagascar.  Elle  y  est 
accompagnée  par  du  quarlz,  de  l'orthose  et  du  grenat  almandin.  Elle  forme 
de  grands  cristaux,  atteignant  S*^"  de  longueur  et  ne  présentant  pas  d'autres 
formes  géométriques  que  deux  plans  de  clivage  rectangulaires,  inégale- 
ment faciles,  faisant  partie  de  la  zone  d'allongement.  Ces  cristaux  englobent 
pƓcilitiquement  tous  les  autres  Ă©lĂ©ments  de  la  roche. 

)>  La  couleur  de  la  grandidiérile  est  le  vert  bleuùtre.  Son  éclat  est  vitreux,  un  peu 
nacré  sur  le  clivage  le  plus  facile  /i'(ioo).  Le  minéral  est  orthorhombique.  En  lumiÚre 
polarisée  parallÚle,  l'extinction  se  fait  en  effet  parallÚlement  à  l'axe  vertical  dans  la 
zone  comprenant  les  deux  clivages  et  parallĂšlement  Ă   la  trace  de  ceux-ci  dans  la  sec- 
tion/)(ooi)  perpendiculaire  Ă   l'axe  vertical;  les  trois  axes  de  l'ellipsoĂŻde  optique  sont 
respectivement  perpendiculaires  aux  clivages  A',  g^  et  k  p. 

»  Le  plan  des  axes  optiques  est  parallÚle  à/?;  la  bissectrice  aigué  est  négative  et  per- 
pendiculaire à /;'.  Les  indices  ont  été  mesurés  par  la  méthode  de  la  réflexion  totale 
(réfractomélro  Klein),  à  l'aide  de  plaques  normales  aux  bissectrices. 

/^  =1,6385     (Na), 
Il  i„  =  1 ,636o, 
Il I,  =1 1 ,6oi8, 

d'oĂč 

«„  —  «,,  =0, 0867         et         2V  =  30016'. 

I)  La  mesure  directe  de  l'Ă©cartemenl  des  axes  m'a  fourni  : 

2E=:49°3o'         d'oĂč         2V  =  29"4o'. 

1)  La  dispersion  p  <  c  est  trÚs  forte  [2E  =  52°(Tli.)]. 

»   Le  caractÚre  distinctif,  qui  a  tout  d'abord  appelé  mon  attention  sur  ce  minéral  et 


(')  Bull.  Soc.  miner,  de  France,  t.  XXV,  1902,  p.  8.5. 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  ipoS-  583 

m'a  raoïUré  qu'il  ne  correspondait  à  aucune  espÚce  connue,  réside  dans  les  phéno- 
mĂšnes d'absorption  qu'il  prĂ©sente.  Le  plĂ©ochro'ĂŻsme  est,  eu  effet,  extrĂȘmement  intense 
dans  les  teintes  suivantes,  avec  Hp  >■  /^,  >  /!,„  : 


Plaques  de  o""",  3. 

flaques  de  o"",02. 

iig;  =  vert  foncé. 

vert  bleuĂątre  pĂąle 

«„,  z=  incolore. 

incolore. 

iip  =  bleu  vert  foncé. 

bleu  vert. 

»  Au  point  de  vue  de  son  diagnostic,  dans  les  lames  minces  de  roches,  il  faut  donc 
retenir  que  la  grandidiérite  est  incolore  suivant  la  direction  d'allongement  et  forte- 
ment colorée  transversalement  à  celle-ci, 

»  Il  était  à  prévoir  qu'un  minéral  possédant  un  semblable  pléochro'ïsme  devait  pré- 
senter le  phénomÚne  des  houppes.  J'ai  donc  fait  tailler  des  plaques  perpendiculaires  à 
un  axe  optique;  on  constate  dans  celles-ci  deux  houppes  bleues  sur  un  fond  blanc;  le 
phénomÚne  est  aussi  net  que  pour  l'épidote  cl  l'andalousite;  à  l'inverse  de  tous  les 
minéraux  idiocjclophanes  connus,  la  grandidiérite  a  un  écartement  des  axes  optiques 
faible,  aussi  les  houppes  sont-elles  déjà  visibles  dans  les  plaques  perpendiculaires  à  la 
bissectrice  aiguë^  quand  on  les  incline  suffisamment. 

»  La  densité  est  de  2,99.  Le  minéral  est  infusible  au  chalumeau,  inattaquable  par 
les  acides.  L'analyse  suivante  a  été  faite  par  AL  Pisani  sur  une  substance  que  j'ai  pu- 
rifiée par  des  séparations  répétées  à  l'aide  de  l'iodure  de  méthylÚne.  Le  bore,  le  lluor 
et  le  titane  y  ont  été  recherchés  sans  succÚs  : 

SiO^ 20,90 

APO' 52,80 

Fe=03 6,60 

FeO 4,86 

MgO 9,65 

CaO 2,10 

Na'-0 2,22 

K^O o,/lo 

H-0 1 ,25                       0,067 


Rapports  moléculaires. 

0,348 

o,5l8   1 
o,o4i    ( 

1  0,559 

0,068  1 

0,241 

‱  0,347 

o,o38  \ 

o,o35  1 

o,oo4 

.  0, 106 

100,78 

»   Cette  analyse  conduit  à  la  formule 

7SiO%  tI(Al,Fe)=0^7(Mg,Fe,Ca)0,  2(Na,K,  H)=0. 

La  grandidiérite  est  donc  l'nn  des  plus  basiques  des  silicates  connus;  elle 
vient  prendre  place  au  voisinaj^e  de  In  snpliirine  et  de  la  staurotide  pour 
laquelle  M.  Friedl  a  proposé  une  formule  analogue  à  celle  que  je  donne 
plus  haut 

iiSiO-,  i2(Al,Fe)=0%6(Fe,Mg)0,2tPO. 


584  ACADÉMIE    DKS    SCIENCES. 

»  Les  propriétés  optiques  de  ces  deux  minéraux  sont  d'ailleurs  tout  à 
fait  différentes. 

»  Malgré  la  résistance  aux  agents  chimiques  de  nos  laboratoires,  la 
grandidiĂ©rile,  de  mĂȘme  que  les  silicates  du  groupe  auquel  elle  appartient, 
se  décompose  assez  facilement  dans  la  nature;  elle  se  transforme  alors  en 
une  substance  verte,  fibro-lamellaire,  paraissant  se  rapprocher  du  kryplotile 
qui  épigénise  la  prismatine  de  Waldheim;  elle  existe  en  trop  petite  quantité 
dans  mes  échantillons  pour  qu'il  m'ait  été  possible  de  l'isoler  et  de  l'étudier 
plus  complÚtement.  » 


GÉOLOGIE.   —  Sur  le   Turonien  dWbou-Roach  {Égyple).   Noie 
de  M.  11.  FouRTAu,  présentée  par  M.  Albert  Gaudrv. 

«  Parmi  les  étages  du  Crétacique  supérieur  de  l'Egypte,  le  Turonien  est 
celui  qui  est  le  plus  diversement  interprété  par  les  différents  savants  qui 
se  sont  occupés  de  cette  partie  de  la  géologie  égyjjtienne.  Cela  tient  sur- 
tout à  ce  que  les  dépÎts  de  la  mer  Turonienne  en  Egypte  ne  sont  pas  tou- 
jours trÚs  faciles  à  séparer  du  Cénomanien  supérieur  et  cela  principalement 
dans  le  dĂ©sert  arabique  et  au  Sinai;  j'ajouterai  mĂȘme  que  la  localitĂ©  type  du 
Turonien  d'Egypte,  le  massif  d'Abou-Roach,  n'aj)as  toujours  été  interprété 
exactement. 

Tout  récemment  encore  MM.  Edgar  Dacqué  (')  et  Beaduell  (-)  ont 
attribué  au  Cénomanien  les  strates  inférieures  de  ce  massif  que,  dans  une 
Note  à  l'Académie  (^),  j'avais  déjà  formellement  attribuées  au  Turonien. 
Depuis  cette  Note,  j'ai  eu  l'occasion  de  faire  de  nombreuses  récoltes  de  fos- 
siles à  Abou-Roach,  et  je  crois  utile  de  signaler  à  l'Académie  les  caractÚres 
du  Turonien  de  cette  contrée  et  ses  rapports  avec  les  autres  contrées  de 
la  réffion  méditerranéenne. 

»  Nous  pouvons  diviser  le  Turonien  fossilifÚre  d'Abou-Roach  en  trois 
zones  bien  distinctes,  tout  en  laissant  décote  les  grÚs  et  marnes  sans  fossiles 
qui  constituent  la  couche  «  et  i  de  ma  précé  lente  Note  sur  le  massif. 


(')  Ebuar  Dacqué,  Mitlheilungen  iiber  den  Krcidecoinplex  von  Abu  Roash, 
{Paleonlogiapkica,  XXX.  SuiUgard,  i9o3.) 

(^)  iiuGH.-J.  L.  lÎEADNELL,  Tbc  Cretuceous  rĂ©gion  of  Abu  Roash  {Gcological  Sur- 
t'cy  Report.  Le  Caire,  1902.) 

(')  K.  FouRiAU,  Sur  le  Crétacé  du  massif  d'Abou  Roash  {Comptes  rendus, 
l.  CXXXl,  p.  629.) 


SÉANCE  DU    12  OCÏOBPxE    igoS.  585 

V  A.  Une  zone  inférieure  à  Echinides  el  Radioliles  comprenant  les  couches  c  à  e. 
»   B.  Une  zone  moyenne  assez  pauvre  en  fossiles  comprenant  les  couches/ à  y. 
»   C.   Une  zone   supérieure  à  Biradiolités,  Actéonelles  et  Nérinées  comprenant  les 
couches  k  Ă   ut. 

»  MM.  Dacqué  et  Beadnell  ont  attribué  la  zone  inférieure  au  Cénoma- 
nicii,  et  M.  Dacqué  hésite  à  ne  pas  comprendre  dans  ce  mÎme  étage  une 
p.irtie  de  la  zone  moyenne.  Mais,  tandis  que  la  description  stratigraphique 
de  M.  Beadnell  est  simplement  appuyée  sur  une  liste  de  fossiles,  M.  Dacqué 
a  décrit  et  figuré  ceux  qu'il  avait  entre  les  mains.  Je  puis  donc  discuter 
son  opinion. 

»  M.  H.  Douvillé  a  bien  voulu  examiner  et  déterminer  les  rudistes  de  la 
zone  infĂ©rieure  ;  il  y  a  reconnu  :  PrƓradiolites  sp.  n.  BiradiolitĂ©s  runaencis 
Cholïat  et  Radiolites  Peroni  Choffat  :  d'aprÚs  M.  Dacqué,  celte  mÎme  zone 
renfermerait  :  Radioliles  ga'ensis  sp.  n.  DacquĂ©,  SphƓrulites  Pe/o//f  Choffat, 
SphƓrulltes  sp.  Il  est  donc  incontestable  que  c'est  Radioliles  Peroni 
(^  =  SphƓruliles  Peroni)  Choffat  qui  a  dĂ©terminĂ©  la  conviction  de 
M.  Dacqué.  Or  il  résulte  des  travaux  récents  de  M.  P.  Clioffat  ('  ),  qu'une 
partie  des  couches  du  Portugal,  qu'd  avait  tout  d'abord  attribuées  au  Céno- 
manien  supĂ©rieur,  doivent  ĂȘtre  attribuĂ©es  au  Turonien,  et  ce  sont  prĂ©cisĂ©- 
ment celles  qui  contiennent/?.  Peroni.  L'opinion  que  je  soutenais  Ă©tait  donc 
bien  fondée. 

»  En  ce  qui  concerne  la  zone  moyenne,  je  dois  ajouter  aux  fossiles  que 
je  citais,  il  y  a  trois  ans,  Goniopygus  Peroni  Thomas  et  G'authier  et  Ceri- 
thium  Sancli  Arromani  Th.  et  Gauth.  qui  sont  bien  caractéristiques  du 
Turonien  de  la  Tunisie. 

»   Quant  Ă   la  zone  supĂ©rieure  Ă   iÇj'rai/o/t^ei  cornu  pasloris  d'Orb.,  Tro- 
chaetƓon  Saloinonis  Frass  et  Nerinea  Refjuieniana  d'Orb.,  je    n'ai   rien  à 
ajouter,  tout  le  monde  Ă©tant  d'accord  pour  l'attribuer  au  Turonien. 

»  La  zone  inférieure  et  la  zone  moyenne  ont  les  plus  grandes  affinités 
avec  le  Turonien  inférieur  de  la  Tunisie  et  du  Portugal,  malgré  l'absence 
du  faciĂšs  Ă   CĂ©phalopodes.  Comme  en  Tunisie,  se  sont  les  Cyphosoma  et  les 
Periaster  qui  prĂ©dominent  dans  la  faune  Ă©chinitique,  de  mĂȘme  que  les 
OstreidƓ  sont  trùs  rares;  enfin  Cerithium  Sancli  Arromani  est  un  fossile 
bien  caractéristique  de  cette  formition;  quant  aux  Rudistes  ils  sont  les 
mĂȘmes  qu'en  Portugal. 

(')  P.  Choffat,  Les  progrÚs  de  la  connaissance  du  Crélaclque  supérieur  du 
Portugal  (^Compte  rendu  du  VHI'^  CongrÚs  géologique  international.  Paris,  igoi). 


^86  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

»  En  ce  qui  concerne  la  zone  supérieure,  il  v  a  peu  d'analogie  avec  la 
Tunisie,  et,  quoique  la  faune  soit  bien  voisine  de  celle  du  Turonien 
supérieur  du  Portugal,  c'est  plutÎt  vers  l'est  qu'il  faut  chercher  ses  véri- 
tables affinilés.  C'est  en  effet  aux  environs  de  Jérusalem,  dans  les  calcaires 
siliceux  (Missih)  de  l'Ouady  Jos,  que  nous  retrouvons  la  mĂȘme  faune, 
Tr.  Salomonis  et  A'^.  Requieniana  accompagnés,  d'aprÚs  Fraas,  par  Bira- 
diolĂčes  Mortoni  Mantell,  qui  est  parfois  bien  difficile  Ă   distinguer  de  Bir. 
cornu  pasloiis. 

»  11  est  certain  que  la  zone  inférieure  appartient  au  sous-étage  Ligérien 
et  la  zone  supérieure  re|)résente  l'Angoumien,  mais  il  est  difficile  d'attri- 
buer Ă   l'un  de  ces  sous-Ă©tages  les  couches  de  la  zone  moyenne,  vu  leur 
pauvreté  en  fossiles.  » 

M.  E.  Fraiciiet  adresse  une  Note  intitulée  :  «  Etudes  sur  les  déforma- 
tions élastiques  d'un  barreau  d'acier  soumis  à  la  traction  ». 

(Renvoi  Ă   la  Section  de  MĂ©canique.) 

La  séance  est  levée  à  4  heures. 

M.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  28  septembre  igoS. 

Exposition  universelle  internationale  de  1900  :  Rapport  général  administratif 
et  technique,  par  M.  Alfred  Picard.  T.  V.  Paris,  i  vol.  111-4". 

Observatoire  d'Abhadia:  Observations  faites  au  cercle  méridien  en  1901. 
Paris,  igo3;  1  vol.  111-4°. 

Travaux  du  laboratoire  de  Géologie  à  la  Faculté  des  Sciences  de  Grenoble; 
t.  VI.  Grenoble,  1902:  i  vol.  in-8". 

Bulletin  de  la  Société  de  l' Industrie  minérale,  4"^  série,  t.  II,  3"  livraison,  igoS; 
Salnl-Éllenne,  i  vol.  in-8°  avec  atlas  de  11  planclies. 

Notes  sur  (jueUjues  Apocynacées  lalicifÚres  de  la  flore  du  Congo.  Bruxelles,  1908; 
I  brocli.  in-8°. 

Description  des  Echinides  crétacés  de  la  Belgique,  année  igoS.  Bruxelles,  1  vol, 
in -4°. 


SÉANCE  DU  12  OCTOBRE  ipoS.  587 

Annales  de  la  Société  géologique  de  Belgique,  t.  XXV  bis,  2"  livraison  .  LiÚge,  1901  ; 
I  vol.  in-Zl". 

VerĂŽffentlichungen  der  grossherzĂŽglichen  Strrmvarte  zu  Heidelberg.  Karlsruhe, 
igoS;  I  vol.  111-4°. 

Mitteilungen  der  grĂŽ^sh.  Stermvavte  zu  Heidelberg.  Karis.uhe,    iqoS;  i  jirocli, 
in -8°. 


Ohservalinns  mode  at  the  Hong-Kong  ohsrrval.nry,  in  llie  year  1902.  Ilons- 
Kong,  1903  ;  I  vol.  in-4". 

Expodcion  apacanonalan  ed  inpanalio  ed  halcy  na  Luisinna  agĂ oen  ed  ciudad 
naSan  Luis  diad  Estados-Unidox  no  taong  ia  A rapen  ed  igo^;  Manila,  inoSiS  vol. 
divers  in-8°. 

Annalen  der  P/ijsik,  n"  H,  1908.  Leipzig,  igoS;  i  vol.  in-8". 

Ja/irbuch  fur  das  EisenhuUen-Wesen.  Diissc\i]nr(,  igoS;  i  vol.  in-S°. 

Bergens M useums  aarbog  igoS.  Bergen,  igo3;  i  vol.  in-S». 

De  veris  geometriƓ  integrƓ  priiicipiis  contra  geomelras  euclidcos  simitl  cl 
noneuclideos.  Zagrabia;,  igoS  ;  i  brocli.  in-8°. 

Lefnadsieckningar  of^^er  kangl.  svensl;a  vrlmskaps  al<ademiens.  Banil  IV, 
Hafle  3.  Stockholm,  igoS  ;  i  broch.  in-8°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  5  octobrr  igo3. 

La  Clumic  piiysique  et  ses  applications,  huil  leçons  faites  sur  l'invitation  de  l'Uni- 
versité de  Chicago  du  20  au  24  juin  igoc,  par  J.-II.  van't  IIoff;  Ouvrage  traduit  de 
l'allemand  par  A.  Corvisy.  Paris,  A.  Ilermann,  igo3;  i  fasc.  in-S\  (Présenté  par 
M.  Amagat,  de  la  part  de  l'Ă©diteur.) 

Etat  actuel  du  labourage  Ă©lectrique,  par  Émili;  Guarlm.  (Extrait  du  journal  le 
GĂ©nie  civil.)  Paris,  igo3;  i  fasc.  in-8<>. 

Germination  de  Vascospore  de  la  truffe,  par  M.  Emile  Boulanger.  Rennes,  imp. 
Oberthur,  1908;  i  fasc.  10-4".  (Hommage  de  l'auteur.) 

ParallÚles  euclidiennes,  par  Commolet.  (E\tr.  de  la  revue  l'Enseignement  mathé- 
matique, 5"  année,  n»  5.)  Paris,  C.  Naud,  1903  ;  r  fasc.  in-S\ 

PantosynthÚse,  par  L.  Mirlnnv,  synthÚse  chimique,  sommaire  abrégé,  planche  hors 
texte.  Paris,  imp.  Marquet,  igo3;  i  fasc.  in-12.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Z,e  Z)e('o«>,  revue  des  questions  sociales.  Directrice  :  M""'V*'=  Godin;  t.  XXVII,  sep- 
tembre igo3.  FamilistÚre  de  Guise,  Aisne;  i  fasc.  in-4°. 


On  convergents  and  arithmetical  séries,  the  ratio  of  whose  terms  approrunate 
successively  the  value  of  iz;  and  on  their  application  ta  the  construction  of  Com- 
puting machines,  by  F.-L.-O.  Wadswortii.  (Extr.  de  The  Journal  of  the  Franklin 
Institule,  août  1908.)  Philadelphie;  i  fasc.  in-S°. 

On  tlie  aberration  of  the  concave  grating,  when  used  as  an  objective  spectro- 
scope,  by  F.-L.-O.  Wadsworth.  (Extr.  de  The philosophical Magazine,  juillet  igoS.) 
Londres,  Taylor  et  Francis;  i  fasc.  in-8". 


ggg  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tienne,  1902;  1  vol.  in-i 2.  TT7ccP,,çc/if//"^e/i,    malemalhch- 

n^nh.rhrifLen   der  haisrrlichen  Akademie  dei     (I  (.«en'Jc/if/yie», 
natunvissenscha/Uiche  Clas.e,-  Bd.  LWII,   190-^  ,  ℱa  4.  Taleln,  , 
,  Karte.  Vienne,  1902;  i  vol.  in-4°.  u//\.r.«^c/;a/-^e/;,  mathrmatàch- 

af   1-/1..  Slockholm,  igoS;  4  fasc.  in-8°.  VVYVI- 

Bohun;  Bd.\l,n"o.)  Stockholm,   ,903;  ifasc.,n-S°  j.^j,    ,„,,,,e    des 

léorologie;  vol.  XLII,  .900.  Stockholm,  .9o3;  .  vol.  .n-4". 


On  souscrit  Ă   Paris,  chez  GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Graiids-Augustins,  n"  55. 

Le  prix  de  Pabonn^ment  est  fixe  ainsi  qu'il  suit  ■ 
==—-—-^ ^^"^  ''  ^°  '^''-  "  DĂ©partemenis  ;  40  fr.  -  Union  postale  :  44  fr. 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


ingers. 


chez  Messieurs  : 
^ĂȘ"^" Ferran  (rĂšres. 

iChaix. 
Jourdan. 
Ruff. 
imiens Courtio-Hecquet. 

Germain  et  Grassin 
Gastineau. 

iayonne JĂ©rĂŽme. 

iesançon   Régnier. 

I  Feret. 

Bordeaux Laurens. 

(  Muller  (G.). 
Bourges Renaud. 

/  Derrien. 

'rest  ^-  '^o''"»- 
Oblin. 

[  Uzel  frĂšres. 

^^ Jouau. 

hambery Perrin. 

Henry. 

Marguerie. 

Juliot. 

Bouy. 

I  Nourry. 
'i°n Ratel. 

(  Rey. 

tuai jLauverjat. 

(  Degez. 

‱moble (Drevet. 

1  Gratier  et  C 
■  Boclielle Foucher. 

(  Bourdignon. 
(  Dombre. 

le J  Thorez. 

"    arré. 


Lorient. 


f.yon. 


herbourg.. 


lermont-Ferr 


chez  Messieurs  : 
I  Baumal. 
!  M"'  Texier. 

Berncrux  et  Cumin 
Georg. 

<  Effantin. 
Savy. 
Vitte. 

Marseille RuĂąt. 

)  Valat. 

\  Goulet  et  fils. 
Moulins Martial  Place. 

I  Jacques. 
Grosjean-Maupjn. 
Sidot  frĂšres. 
Guist'hau. 
Veloppé. 

Nice j'^""^^- 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Montpellier . 


Nantes 


Poitiers. 


Havre. 


1  Tho 
I  Qua 


Appy- 

Mmes Thibaud. 

Orléans    Lod Je. 

I  Blanchier. 

\  LĂ©vrier. 

Rennes Plihon  et  Hervé. 

Rochefort Girard  (M"") 

Rouen [  Langlois. 

\  Lestringant. 
S'-Étienne Chevalier. 

Toulon (  Ponteil-Burles. 

(  Rumébe. 

rr     1  \  Gimet. 

Toulouse ' 

(  PrivĂąt. 

,  Boisselier. 

Tours I  PĂ©ricat. 

'  Suppligeon. 

(  Giard. 

'  Lemaltre. 


Valenciennes. 


chez  Messieurs  : 
\ Amsterdam  '  Feikema    Gaarelsen 

■  ■  '      et  C''. 

AthĂšnes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

[  Asher  et  C'v 
Berlin 'Dames. 

,  Friedlander   et   fils. 

'  Mayer  et  Muller. 

Berne Schmid  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

1  Lamertin. 
Bruxelles Mayolezet  Audiarte. 

'  l.ebĂšgue  et  C''. 

Bucharest >  Sotchek  et  C». 

'  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  BelletC 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .  Otto  Keil. 

Copenhague HĂŽst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

GĂȘnes Beuf 

Cherbuliez. 

GenĂšve Georg. 

(  Stapelmohr. 

La  Haye Belinfante  frĂšres. 

I  Bendd. 
'  Payot  et  C". 
,  Barth. 
\  Brockhaus. 
KƓhler. 
Lorentz. 
Twietmeyer. 
(  Desoer. 
(  Gnusé. 


Londres ...... 

Luxembourg . 


Lausanne.. 


Leipzig.. . . 


LiĂšge. 


chez  Messieurs  : 
i  Dulau. 

j  Hachette  et  C*. 
'  Nutt. 
V.  Bûck. 

!Ruiz  et  C'v 
Rome  y  Fussel. 
Capdeville. 
F.  FĂ©. 

Milan j  ^occa  frĂšres. 

/  HƓpli. 

'*''""='"' Tastevin. 

Naples j  Marghieri  di  Gius. 

I  Pellerano. 

1  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
'^^^-^ork Stechert. 

'  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C". 

Palerme Reber. 

^°''^° MagalhaÚs  et  Monix. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

Rome j  ^""^  ffé'-es- 

(  Loescheret  C''. 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Nordisk»  Boihind.l. 

S^-PĂ©tersbourg..  j  Z'nserling. 
*      (  Wolfif. 


Turin . 


Vienne . 


Bocca  frĂšres. 
Brero. 
\  Clausen. 
I  RosenbergelSellier. 

Varsovie Gebethner  et  Wolff. 

VĂ©rone Drucker. 

Frick. 

Gerold  et  C. 
Ziirich Meyer  et  Zeller. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES 

(3  Août  i83 


Tomes  I"  Ă   31. 
Tomes  32  Ă   61 
Tomes  62  Ă   91, 
Tomes  92  à  121.  — 


DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


..  —  (iAoĂ»t  i835  Ă   il  DĂ©cembre  iS5o.)  Volume  in-;»-  i8i3   Prix  9ts  fr 

.  -  (  I"  Janvier  i85i  à  3t  Décembre  .865.)  Volume  in-4°;  isyo'.  Prix 25  fr' 

.  -  (  I-  Janvier  i8bb  Ă   3i  DĂ©cembre  .880.)  Volame  in-4';  iSb'q.  PrJK 25  fr' 

1.  -  (  1"  Janvier  i88i  Ă   3i  DĂ©cembre  1895.)  Volume  in-4'';  ,900   Prix 25  fĂź' 


SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

imel.— MĂ©moire  sur  quelques  points  delĂ   Physiolo<;ie  des  Al.'ues    narUM    V    Derbii'<!  pi  i     r     i    = 

'Zfl%  P'"  ''■  "tr^^-  -  ''f '^"-^  '"^  "=  P'---  «^  su,  le  rĂŽU'dl    uc  puorĂ©atique  dan  Tis  ItT'  ~  ''^^''1?'  '^  <^^"=r'''<=^  Perturbations  qu'Ă©prou 
eies  grasses,  par  M.   Claude  BERM.iRD.   Volu'ne  in-4°,  avec  32   placiciies:   i856.....  phénomÚnes  digestifs,  particuliÚre.nent  dans   la   digestion 

orne  II.  —  MĂ©moire_sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Beneden 

"" "      "       '  'ences 

s 
a 


vent 

des 
25  fr. 


A  la  mĂȘme  Librairie;  les  MĂ©moires  de  l'AcadĂ©mie  des  Sciences,  et  les  MĂ©moires  prĂ©sentĂ©s  par  divers  S 


avants  à  l'Acadéicie  des  Sciences. 


r  15. 

TABLE   DES  ARTICLES.    (SĂ©ance   du   12  octobre  1903.) 


MEMOIRES    ET  COMMUNICATIOIVS 

DES  MEMBUKS   ET   DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.  le  SecrĂ©taire  PERrÉTUix  anno-nce  la 
mon  de  M.  Rudolf  Lipschitz,  Corres- 
pondant pour   la  Section  de  Géométrie. .       >4i 

M.  E.MiLE  Picard.  —  Sur  les  relations  entre 
la  théorie  des  intégrales  doubles  de  seconde 
espÚce  et  celle  des  intégrales  de  différen- 
tielles totales S^i 


Pages. 

M.  He.vri  Moissax.  —  Sur  la  tempĂ©rature 
d'inflammation  et  sur  la  combustion  lente 
du  soufre  d.ius  l'oxygĂšne  et  dans  l'air....     547 

iM.  Albert  Gaudry.  —  Observations  palĂ©on- 
tologiques  dans  r.\laska 553 

M.  Mittag-Leffler.  —  Sur  la  nouvelle  fonc- 
tion E„(a;) 554 


MEMOIRES  LUS. 


M.  Nestor  GrĂ©hant.  —  Recherche  et  dosage 
de  l'urée  dans  les  tissus  et  dans  le  sang 


des  animaux  vertébrés 558 


COURESPOrVDAlVCE. 


M.  le  Secrétaire  perfétiel  signale  le 
«  Bulletin  de  la  Société  normande  d'études 
préhistoriques,  Tome  X,  année  1902   >»...      5'Jo 

M.'  Alf.  Guldberg.  —  Sur  les  Ă©quations 
linéaires  aux  différences  finies ÎGo 

M.  .\lbert  Tlrpain.  —  Sur  le  fonctionne- 
ment de  cohéreurs  associés 50? 

M.  Jean  Perrin.  —  Électrisation  de  con- 
tact (IV)  et  théorie  des  solutions  colloï- 
dales       564 

M.  A.  BarillĂ©.  —  De  l'action  de  l'acide  car- 
bonique sous  pression  sur  les  phosphates 
métalliques 566 

MM.  G.  Urbain  et  H.  Lacomee.  —  Sur  une 
série  de  composés  du  bismuth 5GS 

M.  E.M.  Campagne.  —  Sur  le  dosage  du  vana- 
dium dans  les  produits  métallurgiques...     5-;o 

M.  II.  Dlval.  —  Sur  les  Ă©thers  nitriques 
des  acides-alcools 371 

MM.  M.  Tiffeneau  et  R.  DelanoĂ«.  —  Fixa- 
lion    anormale    du    trioxyméthylÚne    sur 

Bulletin  bibliographique 


certains  dérivés  organomagnésiens  aro- 
matiques       ĂŽ-ji 

M.  Constantin  Beis.  —  Actions  des  com- 
posés organomagnésiens  mixtes  sur  les 
amides.  Nouvelle  méthode  de  préparation 
de  cétones 570 

.M.  Georges  Bohn.  —  Sur  les  mouvements 
oscillatoires   des   Convoluta  roscoffensis.    5^6 

M.  Jakob  Eriksson.  —  Sur  l'appareil  vĂ©gĂ©- 
tatif de  la  rouille  jaune  des  Céréales 078 

M.  PiNOY.  —  NĂ©cessitĂ©  d'une  symbiose  micro- 
bienne pour  obtenir  la  culture  des  Myxo- 
mycĂštes       5So 

M.  .\.  Lacroix.  —  Sur  une  nouvelle  espùce 
minérale 582 

M.  R.  FoURTAU.  —Sur  le  Tuionien  d'Abou- 
Roach  (  Egypte  ) 584 

M.  E.Fraichet  adresse  une  Note  intitulée  : 
«  Etudes  sur  les  déformations  élastiques 
d'un  barreau  d'acier  soumis  Ă   la  trac- 
tion » 586 

586 


PARIS.   —   I.MPRIMEIUE    G  \  UTHI  K  R  -  V  I  L  L.-VRS, 
Quai  des  Grands-AUguslins,  55. 

Le  GĂ©rant  :  UAUiHiER-VuLARa. 


1903 

^Ç^^^  SECOND  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES     SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVII. 


W  16  (19  Octobre  1903). 


PMIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Auijuslins,  55. 


1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin   1862  et  24  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composenl  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 
Les  extraits  de^Mémoiresprésentéspar  un  Membre 
ou  parun  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  àe  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  iour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
Us  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap 


ports  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autant 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  pu- 
blique ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 

étrangers  à  l'Académie. 
Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personnes 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Aca- 
dĂ©mie peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  rĂ©- 
sumé qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  sont 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis.  Le 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nommé  ; 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Extrait 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  font 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  offi- 
cielle de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  remis  Ă  
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard,  le 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin  ;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   temps, 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rendu 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  sui- 
vant et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 
Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches,  ni 

figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  seraient 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comptera 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  des  au- 
teurs; il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports  el 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  faiij 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  aprĂši| 
l'impression  de  chaque  volume.  j 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  pré 
sent  RĂšglement. 


déposer  a»  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance,  avant       »"«  f 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

SÉANCE   DU    LUNDI    lü)   OCTOBRE   1905. 

PRÉSIDENCE   DR  M.  ALIlF.UT  GAUDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  PiüÉsiDF.xT  annonce  Ă   l'Acadcmie  que,  en  raison  de  la  sĂ©ance 
publique  annuelle  des  cinq  Académies  qui  doit  avoir  lieu  le  lundi  26  oc- 
tobre, la  séance  hebdomadaire  de  l'Académie  des  Sciences  sera  remise  au 
mardi  27  octobre. 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  irlat  du  carbone  imporisc ; 
par  M.  Bertiielot. 

I. 

«  On  sait  que  les  lampes  électriques  à  incandescence  renferment  un  fd 
de  carbone  amorphe,  obtenu  par  la  calcination  d'un  fdament  végétal,  et 
que  ce  fd  porté  an  rouge  blanc,  dans  le  vide,  par  le  courant  électrique, 
fournit  une  trace  de  vapeur  de  carbone,  dont  la  condensation  aux  parois, 
poursuivie  pendant  toute  la  durée  de  la  lampe,  c'est-à-dire  pendant  600  à 
800  heures,  dans  la  plupart  des  cas,  finit  par  former,  à  la  surface  intérieure 
de  la  lampe,  un  enduit  brun,  qui  en  détermine  l'obscurcissement  graduel. 
Il  m'a  semblĂ©  de  quelque  intĂ©rĂȘt  d'examiner  l'Ă©tat  de  ce  carbone  vaporisĂ© 
à  la  plus  basse  température  possible  et  de  le  comparer  avec  les  états  connus 
du  carbone  :  diamant,  graphites  divers  ('),  carbone  amorphe. 


(')  Pour  éviter  toute  confusion,   je  lappellerni  que  j'ai  réservé  en  1870  le  nom  de 
graphites  aux  variĂ©tĂ©s  de  carbone  susceptibles  <rĂȘtre  transformĂ©es  en  oxydes  graphi- 
tiques correspondants,  dont  les  propriétés  indiquent  d'ailleurs  l'existence  de  plusieurs 
graphites  différents.  Cette  distinction  n'avait  pas  été  faite  auparavant  et  l'application 
C.  R.,  igoS,  3-  Semestre.  (T.  CXXXVIl,  A'  16.)  78 


Sqo  académie  des  sciences. 

»  J'ai  joint,  à  l'étude  du  carbone  vaporisé,  celle  du  carbone  qui  l'avait 
fourni  :  je  veux  dire,  d'une  part,  celle  des  fils  aprĂšs  une  incandescence 
prolongée  et  aussi  aprÚs  une  courte  incandescence;  ces  actions  n'ayant  pas 
dépassé  la  température,  relativement  modérée  et  que  l'on  peut  estimer 
de  1200"  Ă   i5oo",  mise  en  jeu  dans  un  Ă©clairage  accompli  Ă   l'aide  d'un 
courant  de  70  à  80^°"^,  sans  pousser  la  destruction  des  filaments  jusqu'à 
une  volatilisation  finale,  brusque  et  presque  totale. 

»  Cette  réserve  est  nécessaire;  car  dans  l'arc  électrique  la  température 
est  beaucoup  plus  élevée  et  le  carbone,  quel  qu'en  soit  l'état  initial,  se 
transforme  rapidement  en  graphite  ('),  au  pÎle  négatif.  La  température 
produite  par  la  combustion  du  carbone  dans  le  dard  d'un  chalimieau  Ă  
oxygĂšne  pm-  suffit  pour  produire  le  mĂȘme  changement,  avec  beaucoup 
moins  d'intensité  à  la  vérité  ("). 

»  Carbone  voporisc. — Voici  comment  j'ai  opĂ©rĂ©  :  j'ai  rassemblĂ©  un  certain  nombre 
de  lampes  Ă   peu  prĂšs  Ă©puisĂ©es  (6  lampes  de  10  bougies  — ^0^°'''),  et  tapissĂ©es  de 
carbone  condensé;  sans  avoir  subi  cependant  une  destruction  totale,  accompagnée  de 
températures  excessives.  J'ai  détaché  la  douille  de  chaque  lampe,  j'ai  enlevé  les  por- 
tions de  filament  inaltérées,  et  retournant  la  lampe  ovoïde,  j'ai  versé  dans  son  fond 
quelques  centimÚtres  cubes  d'acide  azotique  monohj'draté  pur;  puis  j'y  ai  incorporé 
du  chlorate  de  potasse  porphyrisé.  Le  tout  a  été  mis  en  digestion  sur  un  bain  de  sable 
fortement  chauffé,  pendant  quelques  heures.  Une  portion  de  l'enduit  carboné  s'est 
dissous  et  j'ai  pu  alors,  avec  une  baguette  de  verre  à  extrémité  aplatie,  détacher  le 
reste  de  l'enduit  et  le  faire  glisser  dans  le  liquide  inférieur.  Ce  traitement  ayant  été 
poursuivi  quelque  temps,  j'ai  laissé  refroidir,  ajouté  de  l'eau  distillée  pour  diluer 
l'acide,  décanté;  puis  introduit  de  l'eau  distillée  chaude,  pour  achever  de  dissoudre 
le  chlorate  de  potasse  inaltéré.  Une  portion  du  carbone  indissous  restait  au  fond  de 
chaque  lampe.  J'ai  réuni  dans  un  petit  matras  à  fond  plat  toutes  les  portions  de  car- 
bone provenant  des  lampes  sur  lesquelles  j'opérais;  je  les  ai  encore  lavées  par  décan- 
tation. Puis  j'ai  desséché  le  tout  à  l'étuve  et  aprÚs  refroidissement  j'ai  ajouté  de  nou- 
velles doses  d'acide  azotique  monohydraté  et  de  chlorate  de  potasse.  J'ai  chauffé  au 
bain-marie.  En  poursuivant  ces  traitements,  je  suis  arrivé,  au  bout  de  quelques  jours, 
à  dissoudre  entiÚrement  le  carbone  vaporisé,  sans  aucun  résidu  d'oxj^de  graphitique. 

»  Il  résulte  de  ces  observations  que  la  vapeur  de  carbone  obtenue  dans 

du  mĂȘme  nom  Ă   plusieurs  variĂ©tĂ©s  de  carbone  amorphe,  par  BerzĂ©lius  et  par  RegnauJt, 
avait  donnĂ©  lieu  Ă   beaucoup  de  confusions  et  d'Ă©quivoques.  —  An/i.  de  Ch.  et  de 
Pbys.,  4''  série,  t.  XIX,  p.  Sgg-ZioS.  Voir  aussi  p.  /|i6pour  le  charbon  métallique  et  le 
charbon  de  cornues. 

(')  Ann.  de  Ch.  et.  de  Phys..  !\'  sĂ©rie,  t.  XIX,  1870,  p.  419-  — Voir  aussi  Moissan, 
Comptes  rendus,  t.  CXIX,  p.  779. 

(2)  MĂȘme  IHecueil,  4"  sĂ©rie,  t.  XIX,  p.  4i8- 


SÉANCE  DU  19  OCTOBRE  IQoS.  Sgi 

ces  conditions,  c'est-à-dire  à  la  plus  basse  température  possible,  ne  contient 
pas  de  graphite,  ni  de  diamant.  C'est  une  variété  de  carbone  amorphe. 

»  C'est  ià,  d'ailleurs,  une  question  de  température;  car,  d'aprÚs  les 
expériences  publiées  par  M.  Moissan  {Comptes  rendus,  t.  CXIX,  p.  779)  la 
vapeur  du  carbone  produite  sous  l'influence  de  la  température  de  l'arc 
électrique  ou  d'une  température  analogue,  avec  brusque  volatilisation 
finale,  renferme  du  graphite. 

»  Examinons  maintenant  les  fdaments  non  vaporisĂ©s,  soumis  aux  mĂȘmes 
températures  que  la  vapeur  que  j'ai  étudiée. 

»  Filaments  initiaujc  ayant  subi  une  incandescence  électrique  de  courte  durée  (une 
heure  au  plus).  —  On  sait  que  ces  filaments  avaient  Ă©tĂ©  obtenus  Ă   l'origine  par  la 
destruction  pyrogénée  de  certaines  fibres  végétales.  Depuis  lors,  on  a  eu  recours  à 
divers  artifices  pour  les  préparer,  notamment  avec  filetage  de  cellulose  en  pùte  :  un 
grand  nombre  de  brevets  ont  été  pris  pour  cette  préparation.  Une  incandescence  élec- 
trique de  courte  durée  est  pratiquée  pour  en  faire  disparaßtre  toute  trace  d'hydrogÚne 
et  d'autres  gaz  ou  vapeurs.  Elle  ne  produit  pas,  d'ailleurs,  dans  ces  conditions  de 
durée,  de  vapeur  de  carbone  appréciable,  si  la  lampe  a  été  bien  fabritjuée. 

‹»  Les  fils  ainsi  prĂ©parĂ©s  et  placĂ©s  tout  entiers,  sans  autre  prĂ©caution,  dans  le  mĂ©- 
lange d'acide  azotique  et  de  chlorate  de  potasse,  n'y  éprouvent  que  des  altérations 
trÚs  faibles,  par  une  digestion  à  chaud  de  quelques  lieures.  Mais  cette  inaltérabilité 
n'est  qu'apparente.  En  elfet,  si  l'on  chauffe  le  filament  au  rouge  dans  un  creuset  de 
platine,  le  carbone  brûle  lentement,  et  il  reste  un  squelette  solide  :  ce  qui  montre  que 
le  filament  avait  été  enduit  en  fabrique  avec  une  matiÚre  fixe,  silice  ou  silicate,  alumi- 
nate,  etc.  Pour  s'en  débarrasser,  il  est  nécessaire  de  faire  digérer  à  chaud  les  fila- 
ments dans  un  mélange  de  fluorure  d'ammonium  et  d'acide  sulfurique,  additionné  d'un 
peu  d'eau,  sans  pousser  trop  loin  l'évaporation.  AprÚs  celte  opération,  on  lave  par 
décantation,  on  sÚche  légÚrement  et  l'on  traite  par  l'acide  chlorhydrique  concentré 
pour  achever  de  dissoudre  les  oxydes;  on  lave  de  nouveau,  on  dessĂšche  les  filaments, 
et  on  les  réduit  en  poudre  impalpable  dans  un  mortier  d'agate.  Ces  traitements  ont 
besoin  parfois  d'ĂȘtre  rĂ©itĂ©rĂ©s.  Finalement,  la  poudre  sĂšche  de  carbone,  qui  reste 
dans  le  mortier,  est  délayée  dans  l'acide  azotique  monohydraté,  introduite  dans  un 
petit  malras  à  fond  plat  et  additionnée  de  chlorate  de  potasse  porph)risé.  On  chauffe 
au  bain-marie,  etc.  Le  carbone  disparaĂźt  Ă   la  longue  et  se  dissout  entiĂšrement. 

»  Il  n'y  avait  donc  pas  de  graphite  formé  dans  ces  conditions,  avec  les 
filaments  fournis  par  le  commerce  que  j';ii  étudiés. 

»  Filameiils  rĂ©sidus  d'une  lampe  ayant  servi.  —  Il  s'agit  de  filaments 
n'ayant  pas  britlé  complÚtement  à  la  Cm,  comme  il  arrive  parfois,  c'est- 
à-dire  obtenus  sans  avoir  été  poussés  jusqu'à  une  volatihsation  finale, 
brusque  et  totale  ou  à  peu  prÚs.  Je  les  ai  traités  exactement  comme  les 
prĂ©cĂ©dents  et  je  suis  arrivĂ©  au  mĂȘme  rĂ©sultat. 


592  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  carbone  de  ces  filaments  n'avait  donc  pas  été  changé  en  graphite, 
au  cours  de  leur  emploi  prolongé  pour  l'éclairage,  à  une  température  rela- 
tivement basse.  Si  la  température  de  l'arc  ou  analogue  intervenait,  on 
aurait  au  contraire,  comme  on  sait,  du  graphite  ('). 

II. 

»  En  résumé,  le  carbone  possÚde  une  tension  do  vapeur  appréciable,  à 
une  tempĂ©rature  qui  ne  surpasse  pas  le  rouge  blauc  et  qui  peut  ĂȘtre  estimĂ©e 
entre  1200"  et  ijoo". 

M  Cette  tension  est  si  faible  qu'il  faut  plusieurs  centaines  d'heures  pour 
produire  quelques  milligrammes  de  carbone  condensĂ©,  mĂȘme  dans  le  vide 
jn-esque  absolu  des  lampes  électriques.  Enfin,  le  carbone,  a'wai  vaporisé  à 
la  plus  basse  température  possible,  est  du  carbone  amorphe,  sans  graphite 
ni  diamant,  dans  les  conditions  de  mes  observations. 

M  D'aprÚs  ces  faits,  la  température  à  laquelle  se  manifeste  déjà  la  ten- 
sion de  la  vapeur  du  carbone  est  inférieure  de  2000"  environ  à  celle  de 
son  Ă©buUition  (36oo°  d'aprĂšs  M,  Violle);  intervalle  qui  surpasse  extrĂȘ- 
mement celui  pendant  lequel  la  plupart  des  autres  corps  possĂšdent  une 
tension  de  vapeur  sensible. 

»  Mais  cette  tension,  dans  le  cas  du  carbone,  ne  répond  pas  à  une 
simple  va]K)risation,  sans  changement  profond  de  constitution  chimique 
du  corps  en  expérience;  contrairement  à  ce  qui  arrive  pour  l'eau,  l'alcool 
et  la  plupart  des  corps  simples  ou  composés  :  ceux-ci  étant  constitués 
d'ordinaire,  à  l'état  liquide  ou  solide,  par  des  agrégations  purement  phy- 
siques de  molécules,  que  la  fusion  et  la  volatilisation  séparent  avec  un 
travail  relativement  faible. 

»  Le  carbone  au  contraire,  tout  en  reprĂ©sentant  un  seul  et  mĂȘme 
élément  chimique,  se  présente  à  l'état  solide  sous  une  multitude  d'états 
divers,  doués  de  propriétés  physiques  ou  chimiques  fort  dissemblables,  et 
diversement  condensés.  Ces  états  du  carbone  sont  en  réalité  de  véritables 
polymÚres,  à  constitutions  moléculaires  spéciales,  limites  corrélatives  de  la 


(')  Un  grapliilo  esl  égaleiueiU  susceptible  de  se  pioduiie  à  plus  basse  température, 
sous  l'influence  du  contact  de  certains  corps,  tels  que  le  soufre,  le  chlore,  l'iode,  au 
[uĂ»inent  oĂč  le  carbone  sort  de  certaines  de  ses  combinaisons.  C'est  ce  que  j'ai  Ă©tabli 
pour  la  décomposition  du  sulfure  de  carbone,  de  ses  chlorures  et  des  élhers  iodlij- 
driques. 


SÉANCE  DU  19  OCTOBRE  \go3.  SgS 

constitution  des  nombreuses  séries  de  combinaisons  que  cet  élément  est 
susceptible  de  former.  La  décomposition  pyrogénée  de  ces  combinaisons 
n'aboutit  pas  du  premier  coup  Ă   un  seul  et  mĂȘme  Ă©tat  normal  du  carbone; 
mais  elle  s'opĂšre  par  voie  de  condensations  progressives;  les  divers  car- 
bones représentent  les  limites  de  ces  condensations  ('). 

»  J'ai  insisté  à  bien  des  reprises  sur  ces  phénomÚnes  depuis  i865;  ainsi 
que  sur  l'absorption  Ă©norme  de  chaleur,  8  ou  10  fois  aussi  grande  que  la 
chaleur  de  vaporisation  de  l'eau,  laquelle  est  exigée  par  une  dissociation 
capable  de  ramener  ces  polymĂšres  Ă   un  Ă©tat  atomique  normal,  tel  que  l'Ă©tat 
caractérisé  par  l'analyse  spectrale  du  carbone  gazeux.  La  reproduction  de 
cet  état  normal  paraßt  nécessaire  pour  que  le  carbone  puisse  se  combiner 
directement  et  par  le  seul  travail  de  ses  Ă©nergies  internes  avec  l'hydrogĂšne 
gazeux,  comme  il  arrive  dans  la  synthÚse  directe  de  l'acétylÚne. 

»  D'aprÚs  les  analogies  ordinaires,  les  propriétés  physiques  des  corps 
composĂ©s,  susceptibles  d'ĂȘtre  formĂ©s  directement,  dĂ©rivent  de  celles  de 
leurs  composants,  plus  ou  moins  modifiées  en  raison  de  la  perte  d'énergie 
éprouvée  lors  de  cette  combinaison  directe.  Ainsi,  pour  nous  borner  à  deux 
exemples,  la  combinaison  de  l'hydrogùne,  qui  bout  à  —  2j2°,  et  celle  de 
l'oxygùne,  qui  bout  à  — 182",  fournit  de  l'eau,  qui  bout  à  +100°  :  la  force 
vive  qui  maintenait  à  l'état  gazeux  les  molécules  d'hydrogÚne  et  d'oxygÚne 
libres  a  donc  diminué  dans  une  proportion  énorme,  corrélative  des 
Sgooo*^^'  perdues  au  moment  de  leur  combinaison  avec  formation  d'une 
molĂ©cule  d'eau  gazeuse.  De  mĂȘme  l'oxyde  de  carbone  qui  bout  Ă   —190° 
et  l'oxygùne  à  — 182°,  forment  de  l'acide  carbonique  (qui  bout  seulement 
Ă   — 78"),  avec  un  dĂ©gagement  de  chaleur  voisin  de  68000'"'. 

»  Il  en  est  assurĂ©ment  de  mĂȘme  du  carbone,  lors  de  sa  combinaison  avec 
l'hydrogÚne.  L'existence  réelle  de  cet  élémentàun  état  gazeux  identique, 
quelle  qu'en  soit  l'origine,  est  attestée  par  l'analyse  spectrale,  tant  dans 
l'arc  Ă©lectrique,  ou  sur  le  trajet  de  l'Ă©tincelle  Ă   travers  ses  oxydes,  hy- 
drures,  sulfure,  chlorures,  azoture  gazéifiés,  que  dans  les  flammes  pro- 
duites par  la  combustion  de  ces  divers  composés;  et  cela  pour  des  tempé- 
ratures dont  les  derniÚres,  celles  des  flammes,  ne  dépassent  pas  d'ordinaire 
1200°  à  i5oo°,  limite  à  laquelle  répond  la  formation  du  carbone  gazeux, 
dans  les  conditions  étudiées  par  la  présente  Note. 

»  Si  l'on  tient  compte  des  points  d'ébullition,  tant  de  l'acétylÚne  et  des 
autres  carbures  gazeux  d'hydrogĂšne,  que  des  oxydes  gazeux  du  carbone, 

(')  Voir  mon  Essai  de  MĂ©canique  chimique,  t.  II,  p.  43  et  1 195. 


594  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  son  azoture,  de  son  sulfure,  ainsi  que  des  analogies  qui  précÚdent,  il 
semble  que  l'état  normal  du  carbone  à  la  température  ordinaire  devrait 
ĂȘtre  celui  d'un  gaz  permanent,  dont  le  point  d'Ă©bullition  serait  compris 
entre  ceux  de  ThydrogÚne  et  de  l'oxygÚne;  conformément  d'ailleurs  à  la 
gradation  de  leurs  poids  atomique  :  H=  i  ;  O  =  16;  C  =  12.  Mais  on  est 
forcé  d'admettre  qu'un  semblable  gaz  se  changerait  presque  instantané- 
ment en  polymÚres,  par  la  combinaison  réciproque  de  ses  molécules; 
comme  le  fait  d'ailleurs  l'acétylÚne  porté  vers  la  température  du  rouge 
sombre;  ce  changement  aurait  lieu  de  mĂȘme  avec  des  dĂ©gagements  de 
chaleur  considérables. 

»  En  fait,  parmi  les  corps  simples  actuellement  reconnus  de  la  Chimie, 
un  petit  nombre  seulement  paraissent  se  présenter  en  général  à  l'état  de 
molécules  élémentaires  isolées;  tels  sont  l'hydrogÚne,  l'oxygÚne,  l'azote. 
Au  contraire,  la  plupart  de  nos  corps  simples  actuels,  tels  que  les  mé- 
taux, le  soufre,  le  silicium,  le  carbone,  se  manifestent  d'ordinaire  Ă   l'Ă©tat 
solide,  en  dehors  de  leurs  combinaisons  avec  d'autres  éléments,  sous  la 
forme  d'états  condensés,  avant  déjà  perdu  une  partie  considérable  de  leur 
énergie  essentielle.  » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  pĂ©riodes  des  intĂ©grales  doubles  et  leurs 
rapports  avee  la  théorie  des  intégrales  doubles  de  seconde  espÚce.  Note  de 
M.  Emile  Picard. 

«  1.  Je  me  suis  déjà  occupé  {Comptes  rendus,  18  novembre  et  aS  dé- 
cembre 1901,  et  Annales  de  l'École  Normale,  1902)  des  pĂ©riodes  des  intĂ©- 
grales doubles,  en  me  bornant  aux  intégrales  doubles  de  premiÚre  espÚce. 
Soit  une  surface 

de  degré  m,  et  dont  le  genre  d'une  section  plane  arbitraire  sera  désigné 
par  p,  et  envisageons  une  intégrale  quelconque  de  la  forme 

(I)  yy^^^TT^^'^'' 

p  étant  un  polynÎme  en  x,  y,  z  s'annulant  sur  la  courbe  double.  Me  plaçant 
toujours  au  point  de  vue  de  mes  recherches  antérieures,  je  considÚre  l'inté- 
grale abélienne 

(2)  rPi.v,y,z)du' 


SÉANCE  DU  19  OCTOBRE  ipoS.  SgS 

relative  Ă   la  courbe  entre  -v  et  :■,  f(x,  y,  :)  =  0.  Ces  pĂ©riodes  sont  au 
nombre  de  ip  +  m  —  i  et  satisfont  Ă   une  Ă©quation  diffĂ©rentielle  linĂ©aire  E', 
que  j'ai  déjà  considérée  et  dont  les  points  singuliers  désignés  par  b  sont  en 
nombre  N  (N  Ă©tant  la  classe  de  la  surface).  De  plus,  les  points  singuliers  h 
sont  de  nature  trĂšs  simple  (la  surface  ayant  une  position  quelconque  par 
rapport  aux  axes  et  n'ayant  que  des  singularités  ordinaires);  au  point  6,- 
correspond  une  période  de  (2),  qui  va  jouer  dans  la  suite  un  rÎle  essentiel 
et  que  nous  désignerons  par  i2;(j),  cette  fonction  étant  holomorphe  autour 
de  bi.  Parmi  les  périodes  de  (2),  m  ~  i  correspondent  aux  points  à  l'infini 
et  sont  des  polynĂŽmes  en  y  que  nous  dĂ©signerons  par  t,  (y),  . . .,  -,„_,  (y). 
»  2.  Imaginons  que,  dans  le  plan  de  la  variable  complexe  j',  on  trace 
des  lignes  allant  d'un  point  a  aux  différents  points  singuliers  b^,  b.,,  . . .,  b^. 
Si,  entre  iü,,  Çl.,,  ...,  H,,  il  existe  une  relation 


expression 


7/2,12,  H-  ...  +  m,i2,  =  o         (les  m  entiers), 
"'  I  f  ^-^  (y)  &  +  ...  +  w,  f  Qs(y)  dy 


ne  dépendra  pas  de  a;  ces  expressions  sont  capitales  dans  mes  recherches. 
»  Pour  simplifier  ici,  plaçons-nous  dans  le  cas  général  suivant  (quoique 
ce  ne  soit  pas  nécessaire  pour  quelques-uns  de  nos  résultats)  :  pour  une 
intĂ©grale  arbitraire  de  la  forme  (2),  il  y  a  np -\- m  —  \  fonctions  i2(y) 
linéairement  indépendantes,  soient 

o,(j),     o^(^) .%+,„-,  („y) 

correspondant  respectivement  aux  points  singuliers  b  de  mĂȘme  indice. 
Ces  9.  forment  un  systÚme  fondamental  de  l'équation  différentielle  li- 
nĂ©aire E'.  Envisageons  une  autre  fonction  Q.,  soit  Çi^i^y^,  oĂč  s  est  supĂ©rieur 
à  ip  -\-  m  —  r;  on  aura  la  relation  identique 

m^  r>,  +. . .-(-  w,j,n^+  m,il,  =  o         (en  posant  v.  =  ip  +  m  —  i), 
et  l'expression  correspondante,  indépendante  de  a, 

m,  f   9.,iy)cly  -\-...+  mA   9.,{r)v.y. 

)i   On  obtient  de  cette  façon 

N  —  2/>  —  {m  —  i), 


596  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qua.nlilés  qui  sont  des  périodes  de  l'inlégrale  double.  On  peut  établir  qu'elles 
reprĂ©sentent  les  valeurs  de  l'intĂ©grale  le  long  de  N  —  2/j  —  (ot  —  i)  cycles 
à  deux  dimensions,  situés  tout  entiers  à  distance  finie. 

»  3.  Ou  doit  se  demander  si  la  valeur  de  l'intégrale  double  pour  un 
cycle  quelconque  situé  à  distance  finie  se  ramÚne  aux  périodes  que  nous 
venons  de  trouver;  c'est  un  point  qui  peut  s'Ă©tablir  en  employant,  quoique 
dans  des  circonstances  plus  complexes,  une  méthode  analogue  à  celle  que 
j'ai  suivie  (t.  I,  p.  58)  dans  l'étude  des  résidus  des  intégrales  doubles. 

»  Un  second  point  appelle  aussi  l'attention.  Les  N  ‱ —  a/J  —  {m  —  i)  pĂ©- 
riodes obtenues  sont-elles  distinctes?  Je  démontre  qu'il  en  est  ainsi,  c'est- 
à-dire  qu'elles  ne  sont  liées  par  aucune  relation  homogÚne  et  linéaire  à 
coefficients  entiers,  si  l'intégrale  double  (i)  est  prise  arbitrairement.  J'indi- 
querai sommairement  le  mode  de  démonstration  que  j'ai  employé  et  qui 
m'a  été  utile  dans  d'autres  circonstances.  On  établit  d'abord  (ce  qui  est  à 
peu  prÚs  évident)  que,  s'il  y  a  une  relation  linéaire  à  coefficients  entiers 
entre  les  périodes  de  l'intégrale  arbitraire  (i),  ces  coefficients  entiers  ne 
dépendent  pas  des  arbitraires  figurant  dans  l'intégrale.  Soit  alors  une  inté- 
grale déterminée,  prise  d'ailleurs  arbitrairement,  du  type  (i).  En  conser- 
vant aux  fl  la  mĂȘme  signification  que  plus  haut,  une  relation  supposĂ©e  entre 
les  périodes  se  traduira  par  une  relation  de  la  forme 

(3)  m,  f    o,  (y)dj  +  ...+  m,  I     o,(  y)  dj  =  o. 

les  7?i  Ă©tant  des  entiers  qui  ne  sont  pas  tous  nuls.  Supposons  alors  que,  au 
lieu  de  l'intégrale  (i),  nous  parlions  de  l'intégrale 

//^(■>-^^(f'>'=V/.r./v. 

(p(r)  Ă©tant  un  polynĂŽme  en  y.  On  devra  avoir,  quel  que  soit  ce  polynĂŽme,  la 
relation 

m,  f    'f  (y)  il,(y)dy+...+  m^  f    ç  (y  )  !>,.  (  y  )  dy  =  n, 

avec  les  mĂȘmes  entiers  m  que  dans  la  relation  (3);  on  peut  d'ailleurs  sup- 
poser qu'aucun  des  Ăź2(y)  n'est  identiquement  nul.  De  ce  que  nous  venons 
de  dire  résulte  que  l'on  aura  les  relations  en  nombre  infini. 


m 


^  f.y'"-'-<[y)'b' +  ‱‱'  +  "' s J  ./^■s(y)<iy  =  o       (k  =  o,  ..2....). 


SÉANCE    DU    19   OCTOBRE    igoS.  597 

Il  csl  aisé  de  voir  que  cela  est  impossible,  car  alors  la  fonclioii  de  x, 

serait  identiquement  nulle  ;  ce  qui  est  impossible,  car  elle  Ă©prouve  l'accrois- 
sement 27:1  m/,i2/^(a;),  quand  x  tourne  autour  du  point  b/,.  Nous  avons  donc 
N  —  2/>  —  (m  —  i)  pĂ©riodes  dislincles. 

»  4.  Parmi  les  N  —  ip — (w  —  i)  pĂ©riodes  distinctes  que  nous  venons 
de  trouver,  il  y  en  a  ip  qui  sont  les  résidus  de  l'intégrale  double  relatifs  à 
la  ligne  à  l'infini  de  la  surface.  Ces  résidus  correspondent  à  l'intégrale 


/-(7)^A-. 


prise  autour  du  point  infini,  en  prenant  pour  fi(y)2.p  intégrales  de  l'équa- 
tion E'  qui  ne  sont  pas  des  combinaisons  linĂ©aires  des  m  —  i  polynĂŽmes 
dĂ©signĂ©s  plus  haut  par  -,,  -o,  ....  -„,_,-  On  jieut  Ă©tablir  que,  si  l'intĂ©grale 
double  est  arbitraire,  ces  2 p  résidus  sont  certainement  distincts. 

»   On  conclut  de  là  le  théorÚme  fondamental  suivant  :  />oiir  Vinlégrale 
double  générale  de  seconde  espÚce  de  la  forme 


fl 


— '  '  ;  '  "  dxdy        (P  polynîme  en  a^,  y  et  ;), 


le  nombre  des  périodes  distinctes  correspondant  à  des  cycles  à  distance  finie  est 

N  — 4/?— (w-  1). 


Ă©gal  Ă  


»  .5.  La  comparaison  entre  le  nombre  des  périodes  des  intégrales 
doubles  de  seconde  espĂšce  et  le  nombre  p„  des  intĂ©grales  doubles  distinctes 
de  la  mĂȘme  espĂšce  va  nous  conduire  Ă   une  relation  fondamentale. 

))  Revenons  d'abord  sur  le  problÚme  traité  dans  ma  Communication  de 
la  derniÚre  séance,  à  laquelle  le  lecteur  est  prié  de  se  reporter  :  recon- 
naĂźtre si  une  expression 

-jr         (Q  polynĂŽme  en  x,  y,  z  s'annulant  sur  la  courbe  double) 

est  susceptible  de  se  mettre  sous  la  forme  -r — h  3--  Comme  nous  l'avons 

signalé,  le  nombre  p  (qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec  po)  joue  un  rÎle 
important  dans  ce  problĂšme. 

C.  R.,  1903,  2=  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N«  16.)  79 


agS  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  6.   Occupons- non  S  d'abord  du  cgs  oĂč  p  =  i .  On  voit  alors  aisĂ©ipent  que, 

payant  la  forme  précédente,  les  périodes,  que  nous  venons  d'étudier,  de 

l'intégrale  double 

(^^)  r  rQ(x,y,z)d.Tdy 

sont  toutes  nulles. 

M  On  peut  joindre  à  ce  théorÚme  une  réciproque  :  si  toutes  les  périodes 
de  l'intégrale  double  (4)  sont  nulles,  on  aura 

./  ;         Ă .f         Or 

et,  dans  cette  réciproque,  il  n'est  pas  besoin,  comme  dans  la  proposition 
directe,  de  supposer  que  p  est  égal  à  un .  Indiquons  la  marche  de  la  démons- 
tration. 

»   On  cherche  à  déterminer  les  fonctions  rationnelles  dey 

«1.      ff' fJjp^      c.,,       ...,      c,„, 

de  maniÚre  à  pouvoir  satisfaire  à  la  relation  pi'écédente,  en  prenant 

B  =  a,T,  ~r.. -\-a.,pl.,^+c.J., -h...  i- €,„.],„. 

»   Désignons  d'une  maniÚre  générale  par 

il''     cl     ĂŻ* 
‱^i      ^'-      ft 

les  valeurs,  analogues  à  i2,,  se  rapportant  aux  intégrales 

/  \/,dx     cL       /  ^j,da-; 
les  a  et  les  c  seront  déterminées  par  les  N  relations 

rĂź2,(.x)J)'  =  a,o;+...  +  «,^,i2;''+c,V;+...+  c„,Tf        («=  r ,  2,  ...,  N). 

»  Ces  relations  se  rĂ©duisent  a  ip  -+-  m  —  i  d'entre  elles,  si  l'on  suppose 
que  toutes  les  périodes  sont  nulles,  et  l'on  établit  que  les  a  et  c  déter- 
minées par  ces  équations  du  premier  degré  sont  des  fonctions  rationnelles 
de  y.  La  détermination  de  A  est  alors  immédiate,  et  par  suite  nous  avons 
le  théorÚme  suivant  : 

»    Pour  que  ~    puisse  se  met  ire  sous  la  Jorine h  -j->  ««  ^"^'^  ^'"e  toutes 


SÉANCE  DU  19  OCTOBRE  igoS.  5c)C) 

les  périodes  de  l'intégrale  (/j)  soient  nulles.  Cette  condition  suffisante  sera  de 
plus  nécessaire,  s'il  s'agit  d'une  surface  pour  laquelle  ?  =  i- 

»  7.  Le  ihéorÚme  précédenl  couLluiL  à  une  proposition  imporlante  rela- 
tive aux  surfaces  pour  lesquelles  p  =  i.  On  montrera  d'abord  que,  en 
t'crivant  que  les  N  —  2/>  — (/n  — i)  pĂ©riodes  de  l'intĂ©grale  double  arhi- 
ti-aire  du  type  toujours  considéré 

sont  nulles,  on  obtient  N  —  2/j  —  (/n  —  j)  Vii\Al\oas  distinctes .  Pour  Ă©tablir 
ce  point,  j'ai  recours  Ă   une  analyse  dont  le  principe  est  le  mĂȘme  que  pour 
l'analyse  du  §  3.  Ce  point  établi,  on  a  alors  le  théorÚme  suivant  : 

«  Soit  une  surjace  f  pour  laquelle  p  =  i .  Le  nombre  p„  des  intĂ©grales  doubles 
distinctes  de  seconde  espÚce  est  donné  par  l'égalité 

?o  =  N  —  4/;  —  (m  -  i). 

»  On  peut  encore  dire  que  p„  est  Ă©gal  au  nombre  des  pĂ©riodes  de  l'intĂ©- 
grale ilouble  générale  de  seconde  espÚce  du  type  envisagé. 

))  Il  est  bien  remarquable  que  cet  Ă©noncĂ©  ait  prĂ©cisĂ©ment  la  mĂȘme  forme 
que  dans  la  thĂ©orie  des  courbes  algĂ©briques,  oĂč  le  nombre  des  intĂ©grales 
abéliennes  dislincles  de  seconde  espÚce  est  précisément  égal  au  nombre 
des  périodes  de  l'intégrale  générale  de  seconde  espÚce.  Mais  cette  généra- 
lisation n'est  exacte  que  quand  p  =  i.  Il  nous  reste  Ă   examiner  le  cas  oĂč 
p  est  supérieur  à  un. 

■n  S.  Le  cas  de  p  diffĂ©rent  de  un  ne  prĂ©sente  pas  des  difficultĂ©s  nouvelles, 
si  l'on  se  sert  des  résultats  précédents  et  si  l'on  se  reporte  aux  remarques 
faites  dans  ma  derniĂšre  Communication  sur  les  expressions 

yü'   7T'    ■■■'   TT' 

que  nOus  avons  fait  correspondre  Ă   chacune  des  tourbes  C,,  . . .,  Cp_,. 
)<   On  est  alors  conduit  Ă   la  formule 


Po 


=--N  -/|/;-(//z  ^-  !)-(?-  1), 

c'est-Ă -dire  que  le  nombre  p„  est  Ă©gal  au  notnbre  des  pĂ©riodes  diminue  de  ^  —  i . 

M  Dans  la  formule  prĂ©cĂ©dente,  le  nombre  p„  est  un  invariant  absolu, 
c'est-Ă -dire  un  invariant  j)our  toute  transformation  birationnelle.  Il  n'en 
est  pas  de  mĂȘme  du  nombre  p. 

»   9.   Je   terminerai  par  une  derniÚre  remarque.  Nous  avons  dit  plus 


6oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

haut  que,  si  toutes  les  périodes  de  l'intégrale  (/\)  sont  nulles,  on  a  une 
identité  de  la  forme  (5).  mais  cette  condition,  suffisante  pour  qu'on  ait 
l'identité  précédente,  n'esl  nécessaire  que  si  p  =  i . 

1)  Quand  p  est  su|)érieur  à  un,  une  intégrale  de  /a  forme  {[\)  peut  avoir 
des  périodes  différentes  de  zéro.  Il  est  intéressant  de  voir  à  quel  fait  analy- 
tique est  due  cette,  circonstance.  En  se  reportant  Ă   ma  Communication 

.       O 
précédente,  on  voit  qu'à  chaque  courbe  C,  correspond  une  fonction  -/  telle 

que 

fr     dx\g,fj'^  dy\gif-J 

))  U  résulte  d'ailleurs  de  cette  identité  la  conséquence  suivante  :  pour 
une  valeur  donnée  arbitrairement  i\&  y,  l'intégrale  abélienne 


/ 


<r  .  i 


relative  entre  la  courbe  entre  x  et  :;,  /(x,  r,  :;)  =  o,  a  comme  points  sin- 
guliers logarithmiques  Ă   distance  finie  les  points  M  de  la  courbe  C,  cor- 
respondant à  la  valeur  envisagée  de  j;  pour  tous  ces  points,  la  période 
logarithmique  a  la  mĂȘme  valeur  qui  est  une  constante  T  indĂ©pendante  de  y,  et 
la  période  de  l'intégrale  double 

est  un  multiple  de  Y. 

))  10.  Je  me  suis  borné  ici  aux  points  fondamentaux  de  la  théorie  que, 
depuis  plusieurs  années,  je  cherche  à  édifier  dans  ce  domaine  difficile  relatif 
aux  fonctions  algébriques  de  deux  variables.  Sans  quitter  les  généralités, 
bien  d'autres  questions  sont  maintenant  facilement  abordables,  comme  la 
recherche  des  relations  entre  les  périodes  de  deux  intégrales  doubles,  et 
l'étude  des  équations  linéaires  correspondant  aux  périodes  des  intégrales 
doubles  d'une  surface  dépeiuiant  d'un  paramÚtre  arbitraire,  dont  j'ai  déjà 
dit  un  mot  {Comptes  rendus,  ^  3  janvier  1902).  Je  reviendrai  bientĂŽt  sur  ces 
sujets.  » 

CHIMIE  MINÉRALE.    —  Sur  le  dosage  de  l'argon  dans  V air  atmosphĂ©rique. 

Note  de  M.  Hexui  Moissax. 

«  AprÚs  la  belle  découverte  de  l'argon  dans  l'air  atmosphérique  par 
lord^Rayleigh   et  sir  William  Ramsay,   plusieurs  chimistes  ont  cherché  à 


SÉANCE    DU    19   OCTOBRE    rgoS.  601 

floser  ce  corps  simple  dans  différents  mélanges  gazeux.  Cette  étude  a  été 
poursuivie  eu  France  par  M.  SchlƓsing  fils  (')  et  en  Angleterre  par 
M.  Relias  (  =  ). 

»  Notre  confrĂšre  M.  SchlƓsing  fils  a  publiĂ©  sur  ce  sujet  une  sĂ©rie  d'expĂ©- 
riences trÚs  intéressantes.  11  a  dosé  l'argon,  par  rapport  à  l'azote  existant 
dans  l'air,  en  absorbant  cet  azote  par  du  magnésium  chauffé  au  rouge, 
aprÚs  avoir  éliminé  l'oxygÚne  et  l'acide  carbonique.  Il  a  obtenu  ainsi  une 
teneur  de  0,93  pour  100  et  établi  la  constance  en  argon  de  différents  échan- 
tillons d'air.  M.  Kellas,  en  employant  une  méthode  identique,  a  trouvé  des 
chiffres  trĂšs  voisins. 

»  En  1895,  M.  Maquenne,  d'autre  part,  a  démontré  qu'en  faisant  passer 
de  l'air  sur  un  mélange  de  chaux  pure  et  de  magnésium  chauffé  au  rouge, 
l'oxygĂšne  et  l'azote  Ă©taient  fixĂ©s  sous  forme  d'oxyde  et  d'azoture  (■'). 

))  Plusieurs  années  aprÚs,  nous  avons  pu  obtenir  le  calcium  pin-  en  quan- 
tité notable,  et  nous  avons  fait  voir  que  ce  calcium  métallique,  non  seule- 
ment pouvait  se  combiner  au  rouge  sombre  avec  la  plus  grande  facilité 
avec  l'oxygĂšne  et  l'azote,  mais  encore  qu'il  se  combinait  Ă   l'hydrogĂšne,  Ă   la 
mĂȘme  tempĂ©rature,  en  produisant  un  hydrure  d'une  grande  stabilitĂ©  ('). 
Ce  dernier  fait  était  important,  parce  que,  dans  l'emploi  du  mélange  de 
magnésium  et  de  chaux  [utilisé  par  Sir  William  Ramsay,  pour  préparer 
l'argon  avec  facilité  (')],  il  se  dégage  toujours  des  quantités  plus  ou  moins 
grandes  de  gaz  hydrogĂšne.  Il  est,  en  effet,  Ă   peu  prĂšs  impossible  de  manier 
à  l'air  la  poudre  de  chaux  vive  et  la  poudre  de  magnésium  sans  qu'elles 
absorbent  une  petite  quantité  d'humidité  qui,  décomposée  ensuite,  fournit 
de  l'hydrogĂšne. 

»  Nous  avons  alors  pensé  à  utiliser  le  calcium  métallique  pour  l'absorp- 
tion totale  de  l'oxygÚne  et  de  l'azote  d'un  volume  d'air  déterminé.  L'argon 


(')  SchlƓsing  kils,  Su/'  le  dosage  de  l'argon  {Comptes  rendus,  t.  CXXI,  i4  oc- 
tobre 1895,  p.  SaS  et6o4)  et  Uniformité  de  la  répartition  de  l'argon  dans  l'atmo- 
sphĂšre {Comptes  rendus,  t.  CXXII,  1896,  p.  696). 

(')  A. -M.  Kellas,  On  the  percentage  of  argon  in  atmospheric  and  in  respired 
air  {Proc.  Roy.  Soc,  t.  LIX,  i4  novembre  i8g5,  p.  66). 

(^)  Maquenne,  Sur  la  fixation  de  l' azote  par  les  métaux  alcalino-terreux 
{Comptes  rendus,  t.  CXXI,  1890,  p.  ii/i?)- 

(')  H.  MoissAN,  Recherches  sur  le  calcium  et  ses  composés  {Ann.  de  Chim.  et  de 
P/ijs..  7"  série,  t.  XV'III,  1899,  p.  289). 

(°)  Ramsay,  Proceedings  of  the  Royal  Society,  l.  LXIV,  1898,  p.  i83,  el  W.  Travers, 
7V(e  e.rperimentat  study  of  gases,  p.  io5. 


Go2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

])ur  devait  rester  Comme  résidu  et  la  méthode  de  dosage  était  directe  ('). 

))  Dans  des  ex|)ériences  ])réliminaii'es,  nous  nous  sommes  assuré  tout 
d'abord,  en  faisant  circuler  un  volume  déterminé  d'un  mélange  d'oxygÚne, 
d'hydrogĂšne  et  d'azote  sur  du  calcium  chaude  au  rouge  sombre,  que 
l'absorption  Ă©tait  totale.  Nous  avons  reconnu  aussi  que,  si  l'on  partait  soit 
de  l'air,  soit  d'un  mélange  d'air  et  d'hydrogÚne,  on  n'obtenait,  aprÚs  pas- 
sage sur  du  calcium  maintenu  Ă   Soo",  que  de  l'argon,  ne  donnant  plus,  Ă  
l'analyse  spectrale,  les  lignes  de  l'azote'.  Du  reste,  ce  mĂȘme  gaz,  additionnĂ© 
d'oxygÚne  et  soumis  à  l'action  d'une  série  d'étincelles  d'induction,  ne 
fournissait  pas  de  vapeurs  rutilantes  et  ne  diminuait  plus  de  voluftie  en 
présence  des  alcalis. 

»  Prise  d' ĂšchantillQn.  —  AprĂšs  dillĂ©rents  essais,  exĂ©cutĂ©s  au  moyen  de 
ballons  de  verre  dans  lesquels  on  avait  fait  le  vide,  ou  de  flicons  traversés 
par  un  courant  d'air  continu,  nous  avons  choisi  une  méthode  plus  simple, 
qui  nous  a  donné,  comme  nous  le  démontrerons  |)lus  loin,  des  résultats 
suffisamment  comparables. 

»  Pour  recueillir  un  échantillon  d'an-,  dans  un  endroit  donné,  nous 
prenons  de  l'eau  qui  a  séjourné  de|)uis  un  temps  assez  long  dans  cet 
endroit,  et  nous  en  emplissons  deux  bouteilles  bieri  propres. 

»  Nous  vidons  ensuite  à  moitié  nos  deux  flacons,  puis  nous  les  agitons 
vivement  aprÚs  les  avoir  bouchés  de  façon  à  produire  la  solubilité,  aussi 
complÚte  que  possible,  des  g;iz  de  l'air,  au  moment  de  l'expérience.  Non 5 
versons  ensuite  le  liquide  de  lĂ   premiĂšre  bouteille  dans  la  seconde,  de 
façon  à  l'emplir  complÚtement.  Puis  nous  versons  à  nouveau  le  liquide  de 
la  deuxiÚme  bouteille  dans  la  premiÚre.  La  seconde  bouteille  est  fermée 
avec  un  bouchon  de  liÚge  netif.  Enfin,  la  premiÚre  bouteille  est  vidée 
complĂštement  et  fermĂ©e  Ă   son  tour  par  le  mĂȘme  procĂ©dĂ©. 

»  Si  l'eau  que  nous  employons  dans  cette  expérience  est  bien  saturée 
par  les  gaz  qui  l'entourent,  on  obtiendra  ainsi  deux  Ă©chantillons  d'air 
humide,  réjjondaut  à  la  composition  moyenne  de  l'atmosphÚre  dans 
laquelle  s'est  exécutée  la  jiri^e  d'échantillon. 

»  Description  de  V appareil .  —  Notre  appareil  de  dosage  Ă©tait  formĂ©  d'un 
mesureur  pouvant  contenir  environ  i'  d'air  qui  Ă©tait  mis  en  coHunu- 
uicalion,  ])ar  l'iulcrmédiaii-e  d'ime  Iroiupe,  avec  deux  tubes  maintenus  au 


(  '  )  Nous  avons  déjà  appliqué  la  mélhode  que  HOiis  déci-ßvons  aujourd'hui  au  doisagÚ 
(le  l'argon  dans  les  gaz  dégages  par  la  source  Bordeu  à  Luchon  et  dans  les  gaz  des 
fumerolles  de  la  iiioiUagne  VttX^e.  {Comptes  rendus,   t.  CXXXV,  1902,  p.  io85  et  1278). 


SÉANCE  DU  If)  OCTOBRE  lQo3.  6o3 

rouge  sombre,  dont  le  premier  renfermait  un  mélange  de  chaux  vive  et 
de  magnésiun^,  et  le  second  i»  environ  de  calcium  en  trÚs  petits  cristaux. 

»  Le  mesureiir,  de  volume  constant,  fermé  à  sa  partie  supérieure  par 
un  robinet  de  verre  et  à  sa  partie  inférieure  par  une  colonne  de  mercure, 
permettait,  de  mĂȘme  que  dans  les  appareils  de  Regnault  et  de  M.  SchlƓ- 
sing,  de  mesurer  le  gaz  sous  pression  réduite.  Tout  l'appareil  était  entouré 
d'eau  froide  à  température  constante. 

»  Dans  des  essais  préliminaires  nous  nous  sommes  assuré  que  l'erreur 
que  comportait  une  lecture  ne  s'Ă©levait  jamais  Ă   plus  de  -^  de  centimĂštre 
cube  pour  le  volume  de  notre  mesureur,  soit  980ℱ'. 

»  Une  trompe  permettait  de  faire  circuler  le  gaz  pendant  plusieurs 
heures  sur  les  tubes  Ă   calcium.  Bien  entendu,  tous  les  joints  Ă©taient  en 
gomme  laque  et  les  différentes  parties  de  l'appareil  étaient  réunies  par  des 
tubes  de  plomb  en  spirale  pour  leur  donner  une  certaine  mobilité. 

))  Conduite  fie  l'expĂ©rience.  —  i"  L'Ă©chantillon  de  gaz  Ă©tait  placĂ©  sur  la 
cuve  à  mercure  dans  une  cloche  à  robinet  et  séché  par  des  bùtons  transpa- 
rents d'acide  métaphosphorique. 

»  2°  Le  gaz  Ă©tait  introduit  ensuite  dans  le  mesureiu'  oĂč  il  passait  toute 
la  nuit  à  une  température  constante,  et  les  lectures  étaient  faites  le  lendemain 
matin  Ă   3  heures  d'intervalle,  pour  voir  si  elles  restaient  concordantes. 

»  3"  l'endant  la  premiÚre  partie  de  l'opération,  on  avait  fait  la  veille  le 
vide  dans  l'absorbeur.  Ce  dernier  appareil  devait  tenir  le  vide  toute  la  nuit 
et  ne  plus  renfermer  de  gaz.  Le  vide  avait  été  fait  aussi  dans  la  canalisation 
jusqu'au  robinet  du  mesureur. 

)i  4"  On  place  tme  éprouvetle  mobile,  reliée  à  l'absorbeur,  sur  le  tube 
abducteur  de  la  trompe,  et  l'on  fait  passer  l'air  du  mesureur  sur  les  tubes 
Ă   calcium  chauffĂ©s  et  vides  de  gaz.  L'arrivĂ©e  de  l'air  doit  ĂȘtre  assez  lente 
pour  que  l'incandescence  qui  se  produit  dans  le  premier  tube  (mélange  de 
chaux  et  de  magnésium)  ne  soit  pas  Irop  grande,  et  ne  produise  pas  la 
fusion  du  verre. 

»  L'absorption  de  l'oxygÚne  et  de  l'azote  se  termine  en  quelques  minutes 
et,  au  moyen  d'une  circulation  réglée  par  la  trompe,  les  deux  gaz  repassent 
sur  les  tubes  Ă   calcium,  pendant  trois  heures. 

»  5°  La  hauteur  du  baromÚlre,  qui  se  trouve  en  contact  avec  la  trompe, 
devient  bientĂŽt  constante;  il  n'y  a  plus  d'absorption  de  gaz.  On  remplace 
alors,  sur  le  tube  abducteur  de  la  trompe,  l'Ă©prouvette  mobile  par  un  tube 
gradué.  En  continuant  à  faire  le  vide,  on  amÚne  tout  le  gaz  que  contient 
l'appareil  dans  le  tube  gradué  qui  sera  ensuite  porté  sur  la  cuve  à  mercure 
et  qui  permettra  de  lire  le  volume  d'argon  recueilli. 


6o4  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Le  mĂȘme  tube  graduĂ©  a  servi  Ă   tous  nos  essais  (').  Sa  graduation  avait 
été  établie  avec  soin,  et  la  lecture  du  volume  gazeux,  sur  la  cuve  à  mercure, 
permettait  d'apprécier  avec  facilité  un  tiers  d'une  division  qui  correspon- 
dait au  dixiĂšme  de  centimĂštre  cube. 

»  AprÚs  l'expérience  nous  avons  reconnu  que  le  premier  tube,  renfer- 
mant le  mélange  de  magnésium  et  de  chaux  vive,  retenait  tout  l'oxygÚne 
et  la  plus  grande  partie  de  l'azote,  et  que  le  second  tube,  qui  contenait  le 
calcium,  arrĂȘtait  complĂštement  le  restant  de  l'azote,  l'hvdrogĂšne  prove- 
nant de  la  décomposition  de  traces  d'eau  par  le  premier  tube  et  toutes  les 
impuretés  gazeuses  de  l'air. 

))  BĂ©sidtals.  —  En  analysant,  par  ce  procĂ©dĂ©,  un  certain  nombre  d'Ă©chan- 
tillons d'air,  nous  avons  obtenu  les  résultats  que  nous  consignons  dans  le 
Tableau  suivant  : 

Dosase  de  l'ai  son  dans   l'air. 


Originr.  Ptccucilli  par 

Océan  Allantique  37°  lat.N.,  24°3o'  long.  W.  M.  G.  Bertrand, 

Id.  43°       Id.      22°  10'     Id Id. 

Paris  (Sorbonne),  juillet  igoS M.  Moissan. 

Id.     octobre  1903 Id. 

Bretagne  (Pointe  du  Raz) M.  Lebeau. 

Pyrénées  (Vallée  de  Luchon) M.  xMoissan. 

Vallée  deChamonix,  Mer  de  glace  iSoo""   ....  JM.  H.  Gautier. 

Sommet  du  mont  Blanc M.  Janssen. 

Id.  Id. 

Martinique,  montagne  Pelée M.  Lacroix. 

Id.  riviĂšre  Blanche  (5.50") Id. 

Manche  5o°  lai.  nord,  2°  7  long,  ouest M.  G.  Bertrand. 

Londres,  Victoria  station M.  Rigaut. 

Berlin,  Unter  den  Linden '  . .  M.  Moissan. 

Vienne,  KƓrntnerring M.  II.  Gautier. 

Saint-PĂ©tersbourg,  Perspective  \c\vskv Id. 

Moscou,  Kremlin Id. 

Port  d'Odessa Id. 

Orerabourg Id. 

AthĂšnes,  Acropole M.  Moissan. 

Golfe  de  Nauplie M.  Moissan. 

(')   Nous  avons  évité  dans  ces  manipulations  tout  transvasement  de   gaz  qui    peut 

augmenter  le  volume  obtenu  de  la  petite  (pianlilé  d'air  comprise  entre  le  mercure  et 
la  paroi  des  Ă©prouvettes. 


Volume 

Volume 

cVa  i  r 

d'argon 

à  o« 

Ă   0" 

Argon 

et  à  760""°. 

el  à  76,1°"". 

pour  100. 

CUl^ 

cm^ 

S25,  2 

7.69 

0,9318 

834,3 

7.92 

0,9493 

806,4 

7,53 

0,9337 

844,5 

7.87 

0,9319 

802,0 

7,5i 

0,9364 

784  >  5 

7,3a 

0,9330 

352,7 

5,16 

0,9335 

747.4 

6,99 

o,g352 

700,1 

6,53 

0.9327 

S08 , 2 

7.57 

0 , 9366 

778,0 

7.24 

o,93o5 

793,9 

7.44 

0 , 937 1 

682,0 

6,36 

0,9325 

652, 1 

6,08 

0,9323 

778.9 

7.3i 

0,9333 

790.0 

7.37 

0,9329 

836,6 

7,80 

0,9323 

667,6 

6,24 

0,9346 

583,8 

5,45 

0,9351 

8o4,3 

7,52 

0,9349 

799.0 

7.47 

0,9349 

Volume 

Volume 

d'air 

d'argon 

à    0» 

à  0° 

Argon 

et  à  760°"». 

et  à  760"». 

pour  100. 

cm' 

COI* 

8>7.7 

7,66 

0,9356 

812,7 

7,58 

0,9826 

800,4 

7.49 

0,9357 

SÉANCE  DU  19  OCTOBRE  igoS.  6o5 


Origine.  Recueilli  par 

Mer  Ionienne  37''23'  ial.  N.,  i5°28'  long.  E. .  .      M.  Moissan. 

Golfe  de  Naples Id. 

Venise,  grand  canal M.  H.  Gautier. 

»  (]e  qui  ressort  tout  d'abord  de  ces  expériences,  c'est  que,  saut"  une 
analyse,  tous  ces  chiffres  sont  trÚs  concordants  et  démontrent  que  la  teneur 
en  argon  de  l'air  est  d'une  grande  constance.  Ces  résultats  sont  semblables 
d'ailleurs  Ă   ceux  qui  avaient  Ă©tĂ©  indiquĂ©s  prĂ©cĂ©demment  par  M.  SchlƓsing 
fils,  mais  ils  ont  été  obtenus  par  une  méthode  différente  et  ils  jjorlent  sur  un 
plus  grand  nombre  d'échantillons.  Le  seul  résultat  qui  s'éloigne  de  notre 
moyenne  nous  a  été  fourni  par  de  l'air  recueilli  dans  l'océan  Atlantique 
par  M.  G.  Bertrand  dans  une  croisiĂšre  faite  Ă   bord  du  yacht  Princesse  Alice, 
dirigée  par  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco. 

»  Cet  air  titre,  pour  100,  0,9492  d'argon.  Son  analyse  a  été  aussi  régu- 
liÚre que  les  précédentes  et  nous  ne  nous  expliquons  pas  cette  différence, 
d'autant  plus  que  d'autres  Ă©chantillons,  pris  dans  l'Atlantique,  dans  la  mer 
Ionienne,  dans  le  golfe  de  Naples,  n'ont  pas  une  teneur  aussi  élevée.  Le 
premier  Ă©chantillon  a,  peut-ĂȘtre,  Ă©tĂ©  prĂ©levĂ©  au  moment  d'une  baisse  baro- 
métrique rapide  qui  aurait  permis  à  l'argon  en  solution  dans  l'eau  de  la 
mer  de  se' dégager  et  d'augmenter  ainsi  la  teneur  de  l'air  ambiant.  On  sait 
que  le  coefficient  de  solubilité  de  l'argon  dans  l'eau  est  beaucoup  plus 
grand  que  celui  de  l'azote. 

11  Un  autre  fait  curieux,  qui  se  dégage  de  nos  recherches,  est  la  con- 
stance de  la  teneur  en  argon  de  l'air  recueilli  à  des  altitudes  différentes, 
par  exemple,  à  la  Mer  de  glace  (1800ℱ)  et  au  sommet  du  mont  Blanc 
(/|8io"). 

M  Notre  confrÚre,  M.  Janssen,  toujours  si  intéressé  aux  recherches 
scientifiques,  a  bien  voulu,  en  effet,  nous  adresser  deux  Ă©chantillons  d'air 
provenant  de  son  observatoire  du  mont  Blanc.  Cet  air  renfermait  0,9852 
et  0,9327  d'argon.  Il  n'était  donc  pas  différent  de  l'air  recueilli  à  Paris  : 
argon,  pour  loo  :  0,9337;  Ă   Londres  :  o.gSaS  ou  Ă   Berlin  :  0,9823. 

»  Ce  fait  a  été  vérifié  au  moyen  d'un  autre  échantillon  d'air  que 
M.  Lacroix  a  eu  l'obligeance  de  nous  rapporter  de  la  montagne  Pelée  à 
la  Martinique  (1201"").  Cet  air  renfermait  0,9366  d'argon,  soit  une  quan- 
tité normale. 

G.  R.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  16.)  Ho 


6o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))  Dans  les  pays  plats  comme  la  Russie,  la  constance  de  l'argon  dans  les 
différents  échantillons  est  particuliÚrement  remarquable.  Parmi  les  prises 
d'air  que  M.  Henri  Gautier  a  prélevées,  à  notre  intention,  nous  remar- 
quons, en  effet,  que  celle  de  Saint-Pétersbourg  nous  a  donné  0,9329 
d'argon  pour  100,  celle  de  Moscou  :  0,9823,  tandis  que  celle  de  Berlin 
fournit  le  mĂȘme  chiffre  :  0,9323. 

i)  En  somme,  d'aprÚs  nos  expériences,  les  échantillons  d'air  recueillis  à 
l'intĂ©rieur  des  continents  pour  des  altitudes  de  o°>  Ă   58ooℱ  prĂ©sentent,  pour 
100ℱ',  une  teneur  en  argon  qui  oscille  entre  o"""',  982  et  o'''"',935,  teneur 
remarquable  par  sa  constance.  Les  Ă©chantillons  d'air  qui  proviennent  de 
la  surface  <le  différentes  mers  renferment  des  quantités  d'argon  qui,  en 
général,  sont  un  peu  plus  élevées  que  les  précédentes,  tout  en  se  mainte- 
nant dans  les  mĂȘmes  limites.  Un  seul  Ă©chantillon,  pris  dans  l'ocĂ©an  Atlan- 
tique, renfermait  une  dose  d'argon  Ă©gale  Ă   0,9492. 

»  Ces  recherches  viennent  donc  confirmer  les  vues  importantes  de 
Dumas  et  Boussingault  sur  la  constance  de  composition  de  l'atmosphĂšre 
qui  entoure  la  Terre  (  '  ). 

))  Nous  devons,  en  terminant  ce  rapide  exposé,  remercier  tous  ceux  qui 
ont  bien  voulu  nous  aider  dans  ce  travail  et  recueillir  pour  nous  différents 
Ă©chantillons  d'air,  en  pnrticulier  MM.  Janssen,  Lacroix,  Henri  Gautier  et 
Gabriel  Bertrand. 

»  Enfin  nous  tenons  aussi  à  adresser  tous  nos  remercßments  à  M.  Rigaut, 
préparateur  à  la  Sorbonne,  qui  nous  a  secondé  pour  mener  à  bien  ces 
analyses  longues  et  délicates.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  produits  de  condensation  du  tĂ©lramĂšthyldia- 
midophényloxanthranol  avec  le  benzÚne,  le  toluÚne  et  la  dimÚlhylaniline . 
Vert  phtalique.  Note  de  MM.  A.  Hali.er  et  A.  Gurox. 

«  A  la  suite  de  nos  derniÚres  recherches  sur  les  télraalcoyldiamidodi- 
phénvlanthrones  (-)  obtenues  par  condensation  du  chlorure  d'anthraqui- 
none  avec  les  dialcoylanilines,  il  nous  a  semblé  intéressant  de  préparer 


('  )  Dumas  el  Boiissingault,  Rechercher  sur  la  véritable  constitution  de  l'air  atmo- 
sphérique {Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  3'  série,  t.  III,  i84i,  p-  257). 
(-)  A.  Hallur  el  A.  GuĂŻor,  Comptes  rendus,  l.  CXXW'l,  1900,  j).  635. 


SÉANCE  DU  19  OCTOBRE  igoS.  607 

leurs  isomĂšres  de  la  forme  (II) 

C  C 

CO  CO 

»  Pour  oblenir  ces  nouveaux  dérivés,  il  était  tout  indiqué  de  condenser 
la  benzine,  le  toluÚne,  etc.,  avec  le  tétraméthyldiamidophényloxan- 
thranol  : 

liO       ,C=H'N(CIF)^  C»H\    /C'4PN(C1P)2 


C  c 


CO  CO 

car  on  sait  que  les  phényloxanthranols  se  combinent  facilement  avec  les 
carbures  benzéniques  pour  donner  des  diphénylanthrones;  celte  réaction 
nous  a,  en  effet,  permis  autrefois  de  préparer  un  certain  nombre  d'homo- 
logues de  la  diphénylanlhrone  ('). 

»  Mais,  comme  on  le  verra  dans  la  suite,  les  produits  qu'on  obtient  dans 
celte  condensation  avec  des  phényloxanthranols  substitués  par  des  groupe- 
ments NR-  semblent  s'écarter,  par  leurs  propriétés,  des  corps  du  type 
diphĂ©nylanlhrone  et  peuvent  plutĂŽt  ĂȘtre  considĂ©rĂ©s  comme  des  dĂ©rivĂ©s  du 
dihydrure  d'anlhracÚne  diphénylé  symétrique  de  Linebarger  (-). 

))  Condensation  du  tĂ©tramĂ©thyldianiidopliĂ©nyloxanthranal  cn-ec  la  benzine.  — 
On  introduit  dans  un  flacon  bouché  à  l'émeri  i  ]wrlie  de  benzine,  i  partie  de  télra- 
mélhjIdiamidophénylox.anthi'anol  et  10  parties  d'acide  sulfurique  concentré  et  l'on 
agite  le  mélange  pendant  quelques  jours  avec  uu  agitateur  mécanique.  La  liqueur, 
primitivement  rouge  fuchsine,  vire  au  brun  foncé;  on  perçoit  en  outre  une  légÚre 
odeur  d'acide  sulfureux  provenant  sans  doute  d'une  légÚre  oxydation  des  produits  au 
contact  de  l'acide  sulfurique.  Il  convient  d'arrĂȘter  l'opĂ©ration  Ă   ce  moment,  bien  que 
la  condensation  soit  encore  trĂšs  incomplĂšte,  afin  d'Ă©viter  la  formation  de  matiĂšres 
résineuses.  On  verse  le  contenu  du  flacon  sur  de  la  glace,  on  neutralise  partiellement 
la  solution  rouge  orangé  ainsi  obtenue  par  addition  d'ammonia(iue,  on  sépare  par 
filtralion  le  tétraméthyldiamidophénjlxanthranol  qui  n'est  pas  entré  en  réaction  et 
qui  se  précipite  en  petits  cristaux  lors  de  la  neutralisation,  puis  on  ajoute  à  la  liqueu"" 

C)  A.  llALLERet  A.  GuYOT,  Bull.  Soc.  chim.,  t.  XVII,  iSyj,  p.  878,  et  A.  Glyot 
mĂȘme  Recueil,  p.  984. 

(^)  Li.NEBARGER,  Ani.  clieni.  Journal,  t.  Xlll,  p.  556. 


6o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

filtrée  un  mélange  de  chlorure  de  sodium  et  de  chlorure  de  zinc.  Le  chlorozincate  du 
colorant  se  précipite  bientÎt  en  petits  cristaux  rouges  qu'on  dissout  dans  l'eau  bouil- 
lante et  traite  à  chaud  par  un  excÚs  d'ammoniaque.  La  base  se  précipite  en  flocons 
qu'on  reprend  par  le  benzÚne;  enfin,  la  solution  benzénique  séchée,  filtrée  et  con- 
centrée abandonne,  par  addition  d'élher  de  pétrole,  de  petits  cristaux  blancs,  groupés 
en  mamelons,  fondant  à  i/lo°,  trÚs  solubles  dans  la  benzÚne  et  le  chloroforme,  peu 
solubles  dans  l'alcool  et  l'élher,  presque  insolubles  dans  l'éther  de  pétrole.  Le  ren- 
dement en  produit  pur  atteint  à  peine  7  à  8  pour  100  du  rendement  théorique,  ce  qui 
est  Ă©videmment  dii  Ă   la  nĂ©cessitĂ©  d'arrĂȘter  l'opĂ©ration  longtemps  avant  la  fin  de 
la  réaction  pour  éviter  la  formation  de  produits  résineux. 

)>  Les  chiffres  fournis  par  l'analyse  conduisent  Ă   la  formule  G^H^'N^O^  et  non  Ă   la 
formule  CH^N^O  qui  serait  celle  de  la  tétraraéthyUliamidodiphénylanthrone  prévue 
par  la  thĂ©orie.  Notre  corps  rĂ©sulte  donc  de  l'addition  de  iℱ"'  de  benzine  Ă   1"°'  de 
télramélhyldianiidodiphényloxantliranol  sans  élimination  d'eau. 

))  Il  forme  avec  les  acides  des  sels  bien  cristallisés,  solubles  dans  l'eau  en  orangé 
intense.  Ces  sels,  chaufFĂ©s  en  solution  alcoolique  avec  1ℱ°' de  chlorhydrate  d'Iiydroxyl- 
amine  ou  de  phénylhydrazine,  donnent,  par  addition  d'acétate  de  soude,  des  produits 
de  condensation  incolores  et  parfaitement  cristallisés,  formés  avec  départ  de  2""°' d'eau. 
»  La  combinaison  avec  l'hydroxy lamine  C-'»II"N^O  constitue  de  fines  aiguilles 
blanches,  solubles  sans  coloration  dans  les  acides  minéraux  et  fondant  à  210°. 

1)  La  combinaison  avec  la  phénylhydrazineC^^W'^''  se  présente  sous  la  forme  de 
petits  cristaux  incolores,  fondant  à  200°,  solubles  sans  coloration  dans  les  acides 
minéraux. 

»  Condensation  du  tĂ©tramĂ©thyldiamidopliĂ©nyloxanthranol  avec  le  toluĂšne.  — 
Cette  condensation  s'eflectue  exactement  comme  plus  haut  et  le  produit  s'isole  de  la 
mĂȘme  façon,  mais  les  rendements  sont  beaucoup  plus  Ă©levĂ©s  qu'avec  le  benzĂšne  et 
atteignent  facilement  5o  pour  100  du  rendement  théorique. 

»  Ce  produit  se  dépose  de  sa  solution  benzénique  par  addition  d'éther  de  pétrole  en 
petits  cristaux  blancs,  fondant  vers  i63°-i64'' (  non  corr.),  trÚs  solubles  dans  la  benzine 
et  le  chloroforme,  peu  solubles  dans  l'alcool,  l'éther  et  l'élher  de  pétrole.  Comme  son 
homologue  infĂ©rieur,  il  rĂ©sulte  de  l'union  directe  de  1ℱ°'  d'oxanlhranol  avec  1ℱ°'  de 
toluÚne,  sans  élimination  d'eau,  et  répond  par  conséquent  à  la  formule  C="  H'- N'' O^ 
»  Avec  les  acides,  ce  corps  forme  des  sels  d'un  rouge  orange  intense  et  se  combine 
Ă   l'hydroxylamine  et  Ă   la  pliĂ©nyliiydrazine  avec  dĂ©part  de  2ℱ°'  d'eau. 

»  La  combinaison  avec  l'hydroxylamine  C^'IF'N^O  constitue  de  fines  aiguilles 
d'uu   blanc  pur,  fondant  à  245°. 

»  La  combinaison  avec  la  phénylhydrazinr  C''H"N*  forme  de  petits  cristaux 
d'un  jaune  trĂšs  pĂąle  fondant  Ă   220". 

»  Condensation  du  tctramélhyldlamidophényloxantliranol  avec  la  dimclhyl- 
aniline.  Vert phtalifjae.  —  On  dissout  Ă   chaud  une  partie  de  lĂ©lramĂ©lhyldiamido- 
phényloxanthranol  dans  trois  parties  de  diméthylaniline  pure,  on  refroidit  en  agitant 
vivement,  de  façon  à  obtenir  une  poudre  cristalline  trÚs  divisée  d'oxanthranol  en 
suspension  dans  la  diméthylaniline,  puis  on  ajoute,  en  une  seule  fois,  une  partie  d'oxy- 
chlorure  de  phosphore  étendu  d'une  partie  de  diméthylaniline.  La  masse  s'échauffe, 
devient  opaque  et  prend  uu  reflet  bronzé.  AprÚs  une  heure  de  digestion,  on  prend  le 


SÉANCE  DU  19  OCTOBRE  igoS.  609 

jjioduit  de  la  réaction  par  8  ou  10  parties  de  sulfure  de  carbone,  qui  enlÚve  les  pro- 
duits qui  n'ont  pas  réagi  et  laisse  le  colorant  sous  forme  d'une  masse  visqueuse  se 
résolvant  en  petits  cristaux  au  contact  de  l'eau.  Le  rendement  en  chlorhydrate  est 
presque  théorique  et  le  produit  est  trÚs  pur  du  premier  jet. 

»  Les  autres  sels,  nitrate,  sulfate,  oxalate,  iodhydrate,  etc.,  cristallisent  aussi  trÚs 
facilement;  ils  s'obtiennent  soit  par  double  décomposition  du  chlorhydrate  avec  le  sel 
d'argent  correspondant,  soit  par  dissolution  de  la  base  libre  dans  un  acide.  Ils  sont 
généralement  trÚs  peu  solubles  dans  l'eau  froide  et  se  dissolvent  facilement  dans  l'eau 
bouillante  et  dans  l'alcool  froid;  ils  renferment  tous  une  ou  plusieurs  molécules  d'eau 
de  cristallisation  qu'ils  perdent  vers  120°  et  répondent,  à  l'état  anhydre,  à  la  formule 
générale  C^'-IP*N'OR,  confirmée  par  de  nombreuses  analyses. 

»  Base  libre  C'''II''N^O-.  —  Ce  composĂ©  se  prĂ©cipite  sous  la  forme  de  ilocons 
blancs,  amorphes,  lorsqu'on  décompose  par  le  carbonate  de  soude  une  solution 
aqueuse  de  chloiliydrate.  Il  est  trĂšs  soluble  dans  le  chloroforme,  d'oĂč  l'alcool  bouil- 
lant le  précipite  en  fines  aiguilles  blanches  fondant  à  162°  et  se  colorant  rapidement 
au  contact  de  l'air. 

»  Leucobase  C^IF^N'O.  —  La  leucobase  du  vert  phtalique  s'obtient  facilement  en 
traitant,  jusqu'à  décoloration  complÚte,  une  solution  aqueuse  du  chlorhydrate  par  du 
zinc  et  de  l'acide  chlorhydrique.  Le  produit  obtenu  ressemble,  par  ses  propriétés  phy- 
siques et  chimiques,  à  celui  que  nous  avons  déjà  décrit  dans  une  communication  anté- 
rieure (  '  ). 

»  Produits  de  condensalion  de  la  base  du  ver/  phtalique  avec  l'hydro.ry lamine 
et  la  pliénylhydrazine  : 

»  Ces  composés  se  forment  avec  la  plus  grande  facilité  lorsqu'on  chaulïe  au  bain- 
raarie,  pendant  quelques  minutes,  une  solution  alcoolique  du  colorant  ou  de  sa  base 
libre  avec  un  excÚs  de  chlorhydrate  d'hydroxylamine  ou  de  chlorhydrate  de  phényl- 
hydrazine  et  une  quantité  équivalente  d'acétate  de  soude.  Ces  produits  de  condensa- 
tion, une  fois  formés,  ne  tardent  pas  à  se  déposer  en  petits  cristaux,  qu'on  purifie  par 
de  nouvelles  cristallisations  dans  l'alcool. 

»  Le  dérivé  obtenu  avec  l 'hydi-oxy  la  mine  ciislnWhe  en  aiguilles  Ijlanches,  fondant 
Ă   339"-34o'',  trĂšs  peu  solubles  dans  l'alcool  et  l'Ă©tlier,  trĂšs  solubles  dans  le  chloroforme 
et  répondant  à  la  formule  C'-IP*N''0. 

»  Le  produit  de  condensation  avec  la  phcnyl/iydrazine  crislaWne  en  prismes  d'un 
jaune  pùle,  fondant  à  288°,  trÚs  peu  solubles  dans  tous  les  véhicules  organiques,  excepté 
dans  le  chloroforme,  s'altérant  peu  à  peu  au  contact  de  l'air  en  se  colorant  en  vert.  Sa 
composition  répond  à  la  formule  CH^'N". 

»  Conclusions.  —  Les  produits  d'addition  tlu  tĂ©traniĂ©thyldiaiTiidophĂ©nyl- 
oxanlhranol  avec  la  benzine,  le  toluÚne  et  la  diméthylaniline  ne  sont  pas  des 
amidodiphénylanthrones;  cela  résulte  de  leia- composition;  du  reste  les  deux 
télraalcoyldiamidodiphénylanthrones   (-)   que  nous   avons   décrites  dans 


(')  Revue  générale  des  matiÚres  colorantes.  iSyS,  ]).  i. 
('-)  Loc.  cit. 


6io 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


c 

une  précédente  Note,  et  dont  la  constitution  /\  n'est 


CO 
pas  douteuse,  sont  jaunes  Ă   l'Ă©tat  libre,  donnent  avec  des  acides  des  sels 
incolores  et  ne  se  combinent  ni  a^ec  l'hydroxylamine,  ni  avec  la  phényl- 
hydrazine,  alors  que  les  produits  décrits  dans  le  présent  Mémoire  sont 
incolores  à  l'état  libre,  forment  avec  les  acides  des  sels  fortement  colorés 
et  se  combinent  avec  la  phénylhydrazine  et  l'hydroxylamine  avec  départ 
de  s"""'  d'eau. 

»  Bien  que  le  processus,  qui  donne  naissance  à  ces  dérivés  au  moyen  de 
notre  oxanthranol  substituĂ©,  puisse  ĂȘtre  reprĂ©sentĂ©  le  plus  facilement  par 
l'équation  (A),  pour  les  raisons  signalées  plus  haut,  nous  nous  voyons 
cependant  forcés  d'attribuer  à  ces  composés  une  constitution  qui  s'écarte 
de  celle  des  anthrones  disubstituées.  La  composition  des  bases,  avec  leurs 
deux  atomes  d'oxygĂšne,  la  double  dĂ©composition  Ă   laquelle  elles  se  prĂȘtent 
avec  l'hydroxylamine  et  la  phénylhydrazine,  le  caractÚre  des  matiÚres 
colorantes  que  possÚdent  leurs  sels,  nous  conduisent  à  les  considérer 
comme  des  dérivés  du  dihydrure  de  diphénylanthracÚne  de  Linebarger 


C«H» 


HOC 

C«H*/   \csH3N(CH^)"- 


C«H\Cil» 

I 
HO-C 

C«H*/   \c=H5N(CH')» 


HO^ 


HO 

c«H*(^  y 

HOC 


C'=H*N(CH= 

I 
C 


C«H5N(CH')» 


H0C«H5 


CH'CII^ 


C«H*N(CH' 


»  Il  est  cependant  à  remarquer  que  les  radicaux  unis  aux  deux  atomes 
de  carbone  y  du  complexe  anlhracénique  ne  sont  pas  symétriques  vis-à-vis 
du  noyau  B,  et  ne  sauraient,  par  consĂ©quent,  avoir  mĂȘme  fonction,  comme 
le  montre  le  schéma  développé  ci-dessous  : 

,C'iH*  -  N  (  CH3  )- 


.N(rj-P)--= 


C«H*N(CIP)^ 


SÉANCE  DU  19  OCTOBRE  igoS.  61T 

»  Il  en  résulte  que,  par  analogie  avec  la  plupart  des  colorants  du  tri- 
phénylméLhane,  on  est  conduit  à  envisager  le  carbone  y,  qui  se  trouve  en 
para  vis-Ă -vis  du  complexe  CN(CH')-,  comme  intervenant  dans  la  fonc- 
tion des  bases,  quand  elles  subissent  l'hydrogénation  pour  se  transformer 
en  leucodérivés  ou  lorsqu'elles  se  combinent  aux  acides  pour  donner 
naissance  aux  sels  ou  matiĂšres  colorantes. 

»   Ces  composés  auront  donc  respectivement  les  formules  suivantes  : 


,C''H''N(CIP) 


C^H'N(CH3)2 


iV(CH3)' 
^C6H'N(C1P)^  \C'>n*N(CIP)2 

Leucodérivé  du  vert  plualii|uc.  Vert  plitalique  (chlorhydrate). 

»  Quant  aux  combinaisons  des  bases  avec  l'hydroxylamine  et  la  phényl- 
hydrazine,  on  peut  les  envisager  de  la  maniĂšre  suivante  : 

CR  CR 


C^H 


\ 


/ 


/ 


/ 


\ 


\ 


/ 


NOH 


\r 


\ 


\ 


GR 


)C/fFN(CII')-  C''Ii'(     C'H'NHN     )Gni^N(CH')% 

/  \         /      / 

\     I     / 


R  représentant  les  radicaux  C«H^  CH'CIP,  C''H^N(CH=)^    » 


MEMOIRES  LUS. 

BIOLOGIE.  —  Sur  l'acclimatation  et  la  culture  des  pinta.dines,  ou  huütres 
perliÚres  vraies,  sur  les  cÎtes  de  France,  et  sur  la  production  forcée  des  perles 
fines.  Note  de  M.  Rapiiael  Dubois. 

«  Dans  la  séance  du  16  septembre  igoo,  au  CongrÚs  international 
d'Aquiculture  et  de  PĂȘche,  j'ai  annoncĂ©  que  j'Ă©tais  arrivĂ©  Ă   provoquer 
chez  certains  Mollusques  la  production  des  perles  fines  (  '). 


(')  Sur  la  nature  et  la  formation  des  perles  fines  naturelles  {MĂ©moires   et 


^‱12  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  En  outre,  j'ai  montré  à  diverses  personnes,  au  laboratoire  maritime 
(le  Biologie  de  Tamaris,  les  résultats  annoncés  et  obtenus  avec  des  Avicu- 
lidés  indigÚnes  (Mylilus,  Pinna). 

»  A  l'occasion  de  ma  Communication  du  16  septembre  1900,  le  Prési- 
dent du  CongrĂšs,  M.  Edmond  Perrier,  fit  remarquer,  avec  raison,  qu'il 
serait  trÚs  important  d'appliquer  ma  méthode  à  de  véritables  hußtres  per- 
liÚres,  à  des  pintadines,  et  qu'il  se  trouvait  précisément  une  espÚce  de  ce 
genre  sur  les  cotes  du  golfe  de  GabĂšs,  dans  le  sud  tunisien.  J'ai  suivi  le 
conseil  de  l'éminent  Directeur  du  Muséum  et  je  m'en  suis  bien  trouvé. 
AprĂšs  avoir  obtenu  une  mission  de  la  bienveillance  de  M.  Decrais,  alors 
Ministre  des  Colonies,  je  me  suis  rendu  dans  le  golfe  de  GabĂšs,  oij  j'ai  pu, 
en  190X,  Ă©tudier  Ă   loisir  les  conditions  biologiques  d'exislence  des  pinta- 
dines, grùce  à  la  sollicitude  éclairée  de  M.  de  Pages,  directeur  adjoint  des 
Travaux  publics,  et  de  M.  Pouzevera,  chef  de  la  Navigation,  en  Tunisie. 
Celte  mission  m'a  permis,  en  outre,  de  rapporter  des  pintadines  vivantes 
et  de  les  installer  dans  les  milieux  jugés  les  plus  favorables,  d'aprÚs  mes 
recherches  en  Tunisie,  et  aussi  de  me  faire  faire  des  envois,  dans  de  bonnes 
conditions,  par  mon  préparateur,  M.  Allemand-Martin,  sous-directeur  du 
laboratoire  maritime  de  Biologie  de  Sfax,  dont  j'ai  la  direction  scientifique. 
C'est  ainsi  que  j'ai  constaté  que  l'on  pouvait  acchmater  la  pintadine  de 
GabĂšs,  la   multiplier  et  la  cultiver  mĂ©thodiquement  dans  nos  eaux,   oĂč 
l'accroissement  de  sa  taille  est  particuliĂšrement  rapide. 

1)  Les  échantillons  vivants  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie 
sont  des  Margarilifera  vulgaris  Jstvneson.  Cette  espÚce  a  passé  de  la  mer 
Rouge  dans  la  Méditerranée  par  le  canal  de  Suez  :  elle  a  été  un  peu  mo- 
difiĂ©e par  son  nouvel  habitat,  mais  c'est  bien  la  mĂȘme  que  celle  que  l'on 
pĂȘche  Ă   Ceylan  pour  ses  magnifiques  perles.  Cette  espĂšce  se  rencontre 
Ă©galement  dans  le  sud  de  la  mer  des  Indes,  aux  Maldives,  Ă   l'Ăźle  Maurice, 
dans  la  Malaisie,  l'Australie,  la  Nouvelle-Guinée,  la  Nouvelle-Zélande,  le 
golfe  Persique,  la  mer  Rouge,  Alexandrie  et  Malte,  d'aprĂšs  M.  Jameson, 
auteur  d'importantes  recherches  sur  cette  question. 

»  Les  perles  que  produit  la  Margarilifera  vulgaris.  en  Tunisie,  ont  un 
trÚs  bel  orient;  elles  sont  réguliÚres,  mais  petites.  En  outre,  elles  sont 
extrĂȘmement  rares,  puisqu'il  faut  ouvrir  1200  Ă   i5oo  huĂźtres  pour  trouver 
une  perle. 

Comptes  rendus  des  séances  du  CongrÚs  international  d'Atjaiciiltu/'e  et  de  PÚche. 
Paris,  1901). 


SÉANCE    DU    19   OGTOBRR    rcjo^.  fil3 

»  En  plarnnt  ces  pintarlines  d;ms  des  milieux  naturels  oti  arLificiels  oĂč 
les  moules  (  Mylilas  gallo-provincialis)  deviennent  perliĂšres  par  suite  delĂ  
conlaraination  parasitaire,  on  provoque  facilement  la  production  des 
perles  fines,  de  telle  sorte  qu'en  ouvrant  successivement  trois  pintadines 
contaminées  on  a  pu  trouver  dans  chacune  d'elles  deux  petites  perles, 
ainsi  que  je  l'ai  montré  derniÚrement,  à  mon  laboratoire  de  Lyon.  J'ai 
d'ailleurs  fait  voir  de  semblables  résultats  dans  mon  laboratoire  de  Tama- 
ris. Mais  je  dois  déclarer  que  j'ai  complÚtement  échoué  avec  des  Mol- 
lusques marins  n'appartenant  pas  aux  Aviculidés  :  Ostrea,  Venus  ou  Tapes, 
Cardiurn.  etc. 

»  Avant  mon  départ  de  Tamaris,  j'ai  ouvert  un  certain  nombre  de 
sujets  contaminés,  et  les  voici  portant  leurs  perles.  Celles-ci  sont  petites, 
car  la  contamination  est  de  date  récente;  mais  elles  ont  un  bel  orient. 
J'ai  l'espoir  de  voir  leur  taille  s'accroĂźtre  jjeaucoup,  puisque,  dans  nos 
eaux,  les  coquilles  elles-mĂȘmes  grandissent  trĂšs  vite,  au  point  que  l'on 
peut  penser  que  leur  nacre  deviendra  un  jour  utilisable  pour  l'industrie. 

»   En  résumé,  j'ai  prouvé  : 

11  1°  Que  les  pintadines  peuvent  supporter  de  longs  voyages  sans  périr, 
|)uisque  j'en  ai  amené  de  vivantes,  des  frontiÚres  de  la  Tripolitaine  à  Paris  ; 

i>  ■1°  Qu'elles  peuvent  s'acclimater  et  se  cultiver  sur  les  cîtes  de  France, 
et  mĂȘme  y  acquĂ©rir  des  qualitĂ©s  nacriĂšres  supĂ©rieures  ; 

■1  3"  Que  j'ai  pu  obtenir  avec  ces  pintadines  la  production  forcĂ©e  des 
perles  fines  vraies,  qu'il  ne  faut  pas  confomlie  avec  les  perles  de  nacre  ; 

1)  4°  Que  ces  résultais  permettent  d'espérer  que  j'arriverai  à  accli- 
mater, sur  l^-s  cÎtes  de  France  et  de  nos  colonies  méditerranéennes,  des 
espĂšces  de  [)inladines  autres  que  la  Margaruifera  vulgaris,  si  l'on  veut  bien 
seconder  mes  efforts  pour  doter  mon  pays  d'une  industrie  nouvelle.    » 

CORRESPONDAIS  CE. 

M.  Ed.  Caspari  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  parmi 
les  candidats  Ă   la  place  vacante,  dans  la  Serlion  de  GĂ©ographie  et  Naviga- 
tion, par  suite  du  décÚs  de  M.  de  Bussy. 

(Renvoi  Ă   la  Section  de  GĂ©ographie  et  Navigation.) 

M.  le' Seckétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  piÚces  imprimées  de  la 
Correspondance,  les  trois  premiers  numéros  du  «  Journal  de  Chimie  phy- 
sique »,  publié  par  M.  Philippe-A.  Guye.  (Présenté  par  M.  Haller.  ) 

C.  K.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  C\X\.VII,  N°  16)  hl 


f>l4  ACADÉMIE    DES   SCIENCEb. 


ANALYSE   MATHÉMATIQUE.    —   .Sur  lei  Ă©quaUons  linĂ©aires   aux  diffĂ©rences 
finies.  Note  de  M.  Ai.f.  f!iuLDBERG,  prĂ©seulĂ©e  par  M.  É-nile  Picard. 

«  Je  me  permets  d'indiquer,  dans  cette  Note,  pour  les  équationslinéaires 
aux  différences  finies,  un  théorÚme  analogue  au  théorÚme  sur  les  fonctions 
symétriques  des  racines  d'une  équation  algébrique.  I.e  théorÚme  corres- 
pondantpour  les  équations  différentielles  linéaires  est  démontré,  comme 
on  sait,  dans  un  MĂ©moire  fondamental  de  M.  Appell. 

))   Soient 

une  Ă©quation  linĂ©aire  aux  diffĂ©rences  finies,  et  jj  ,  j|/  ,  .■‱,j'"'  un  sys- 
tÚme fondamental  d'intégrales;  je  vais  démontrer  le  théorÚme  suivant  : 

M  Toute  fonction  algébrique  entiÚre  F  dey''^\y^\  .  .  -yy'^"  et  des  valeurs 
successives  de  ces  fonctions,  qui  se  reproduit  multipliée  par  un  facteur  constant 
différent  de  zéro  quand  on  remplace  y',  y',"'.  .  .  .,  y]"^  par  les  éléments  d'un 
autre  systÚme  fondamental  d'intégrales,  est  égale  à  une  fonction  algébrique 
entiÚre  des  coefficients  de  l'équation  linéaire  et  de  leurs  valeurs  successives  mul- 
tipliĂ©es par  une  puissance  de  n[(  —  i)"  a,"^,]- 

)>  La  démonstration  de  ce  théorÚme  est  absolument  analogue  à  la  dé- 
monstration du  théorÚme  fondamental  de  M.  Appell. 

»  La  fonction  supposée  F  doit,  en  particulier,  se  reproduire,  à  un  fac- 
teur constant  prĂšs,  quand  on  permute  entre  elles  les  fonctionsj'^ ',  j^"',  ..., 
y".\  Il  résulte  de  là  que  cette  fonction  contient  les  valeurs  successives 
de  r'j,",  y^"',  .  .  .,  j'"'  jusqu'au  mĂȘme  ordre.  Soit/J  cet  ordre. 

»  1°  Si  l'ordre  p  des  plus  hautes  valeurs  successives  de  y\^\  y^\  ‱  ‱  ‱. 
y["',  qui  figurent  dans  F  est  moindre  que  «  —  i ,  la  fonction  F  se  rĂ©duit  Ă   une 
constante. 

»  2"  Si  /y  =  «  —  I ,  la  fonction  F  es(,  Ă   un  facteur  prĂšs,  indĂ©pendant 
de  j^",  y^'^\  .  .  .,  y'-"'  une  puissance  du  déterminant 


y„ 

yx-,- 1 

■  ■       J  x^n-\ 

.v;' 

v'  ' 

J  J+H-l 

yf 

v" 

.  .     v'" 

c'est-Ă -dire  une  puist,ance  de  Cn[(--  \)'^ Ă 'fl^  \. 


SÉANCE  DU  IÇ)  OCTORHE  IQoS.  6l5 

»  3"  Si  p  est  plus  grand  que  n  —  i  on  peut  toujours,  Ă   l'aide  de  l'Ă©qua- 
tion liné;iire  (i).  remplacer  dans  F  tontes  les  valeurs  successives  de  j*,,", 
_r^'',  .  ..,  y'".\  (l'ordre  supĂ©rieur  Ă   «  —  i  en  fonction  des  autres.  Cette 
o[)Ă©ralion  n'introduit  Ă©videmment  dans  F  que  des  fonctions  entiĂšres  des 
coelficients  de  l'Ă©quation  (i)  et  de  leurs  valeurs  successives.  On  transforme 
ainsi  la  fonction  F  en  une  autre  de  mĂȘme  nature  qui  ne  contient  plus  que 
les  valeurs  successives  àey''^\  ...,  /'"',  jusqu'à  l'ordre  n  —  i  inclusivement; 
par  suite,  d'aprĂšs  le  deuxiĂšme  cas,  celte  fonction  est  une  puissance 
de  n[(—  i)" «'"_!,],  multipliĂ©e  par  un  facteur  qui  ne  peut  ĂȘtre  qu'une  fonc- 
tion algébrique  entiÚre  des  coefficients  de  l'équation  (i)  et  de  leurs  valeurs 
successives. 

»  Nous  terminerons  ces  remarques  en  insistant  sur  la  notion  d'irréduc- 
tibilité d'une  équation  linéaire  aux  différences  finies. 

»   Soit  une  équation  linéaire  aux  différences  finies 

(  2  )  y.r.„ + «:;>,,,„ .,+...+ d':\y^ = o, 

dont  les  coefficients  sont  des  fonctions  rationnelles  de  certaines  fonctions 
de  X  considérées  comme  connues;  nous  disons  que  l'équation  linéaire  (2) 
est  irréductible,  si  elle  n'a  de  solution  commune  avec  aucune  équation 
linĂ©aire  de  mĂȘme  nature,  mais  d'ordre  moindre. 

»  Quelques  remarques  générales  se  déduisent  immédiatement  de  cette 
définition  : 

»  Quand  une  équation  linéaire  n'est  pas  Irréductible,  il  existe  toujours  une 
équation  linéaire  d'ordre  moindre,  dont  elle  admet  toutes  les  intégrùtes. 

))  Si  une  équation  linéaire  a  une  intégrale  commune  avec  une  équation 
linéaire  irréductible,  elle  admettra  toutes  les  intégrales  de  cette  derniÚre.    » 


PHYSIQUE.   —  Sur  un  rĂ©fractomĂ©tre  Ă   rĂ©flexions.  Note  de  M.   Tu.  VauĂŻier, 

j)résentée  par  M.  J.  Violle. 

K  11  existe  certaines  applications  de  la  méthode  interférentielle  pour 
lesquelles  il  convient  de  séparer  entiÚrement  l'un  de  l'autre,  et  sur  de  longs 
trajets,  les  deux  faisceaux  inlerlérenls.  Telle  est  la  disposition  offerte  par 
le  réfractométre  que  nous  décrivons  dans  cette  Note  et  que  nous  avons  em- 
ployé dans  des  expériences  dont  nous  indiquerons  ultérieurement  les  ré- 
sultats. 

n   L'appareil  se  compose  essentiellement  de  qnaU'e  surfaces  lollécliissantes  planes  et 


6,6 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


parallĂšles;  les  deux  premiĂšres  ont  entre  elles  la  mĂȘme  distance  que  les  deux  derniĂšres; 
elles  sont  formées  par  trois  miroirs  argentés  dont  l'un,  pincé  entre  les  deux  autres,  est 
argenté  sur  ses  deux  faces. 

»  Une  fente  éclairée  S,  située  dans  le  plan  focal  d'une  lentille  à  long  foyer  L,,  émet 
un  faisceau  parallÚle  qui  se  divise  en  deux  parties  sur  le  bord  taillé  en  biseau  du  miroir 
central  M;  l'une  d'elles  se  réfléchit  entre  les  deux  premiÚres  surfaces,  l'autre  entre  les 
deux  derniÚres;  elles  sont  reçues  l'une  et  l'autre  sur  une  lentille  L,  à  long  foyer,  c|ui 
donne  dans  son  plan  focal  une  image  de  la  fente  lumineuse.  On  dédouble  cette  image 
en  deux  autres  trĂšs  voisines  S,,  Sj,  par  une  trĂšs  faible  rotation  du  dernier  miioir  Mj 
autour  d'une  direction  parallÚle  à  la  fente;  les  deux  images  réelles  S,,  S^  ainsi  obtenues 


forment  des  sources  lumineuses  susceptibles  d'interférer,  et  l'on  obtient  dans  la  partie 
commune  aux  deux  faisceaux  des  franges  trĂšs  nettes  et  trĂšs  brillantes. 

»  Si  sur  le  parcours  de  l'un  ou  l'autre  faisceau,  entre  les  miroirs  M,  M,  ou  M,  Ma,  se 
trouve  un  milieu  dont  les  modifications  h  mesurer  entraßnent  des  variations  corré- 
latives du  chemin  optique,  le  systÚme  de  franges  se  déplacera;  le  déplacement  pourra 
ĂȘtre  observĂ©  ou  bien  inscrit  photographiquement  sur  un  cylindre  enregistreur.  En 
inscrivant  simultanément  les  vibrations  d'un  diapason  et  d'un  signal  marquant  la 
seconde,  on  aura  les  éléments  nécessaires  pour  déduire  des  courbes  tracées  par  les 
franges,  la  loi  du  phénomÚne  étudié  dans  la  suite  des  temps. 

»  Comme  on  le  voit  sur  la  figure,  l'espace  qui  entoure  les  faisceaux  entre  chaque 
miroir  est  entiĂšrement  libre;  on  peut  donc  y  placer  facilement  des  appareils  plus 
ou  moins  encombrants  et  appropriés  au  milieu  étudié. 

»  Le  rĂ©fractomĂštre  peut  encore  ĂȘtre  montĂ©  sans  les  lentilles  L,,  L,  ;  le  faisceau  issu 
de  la  fente  lumineuse  est  divisĂ©  en  deux  parties  comme  prĂ©cidemment  par  l'arĂȘte  du 
miroir  central,  et  ces  deux  parties  se  juxtaposent  à  nouveau  aprÚs  réflexion  entre  las 
miroirs;  en  faisant  tourner  légÚrement  le  miroir  M.,  autour  d'un  axe  parallÚle  à  la 
fente,  on  fait  converger  le  faisceau  correspondant  sur  l'autre,  et  l'on  observe  des 
franges  d'interférence  dans  la  partie  commune  aux  deux  faisceaux. 

)>  Toutefois  dans  cet  arrangement,  Ă   mesure  que  le  chemin  parcouru  par  la  lumiĂšre 
augmente,  l'éclat  diminue;  aussi  avons-nous  généralement  employé  le  dispositif  décrit 
en  premier  lieu,  qui  donne  des  franges  plus  brillantes. 

»  Les  supports  des  miroirs  sont  pourvus  des  organes  nécessaires  pourvrégler  le 
parallélisme  et  l'égalité  des  distances.  Pour  achever  ce  dernier  réglage,  il  est  commode 
de  s'aider  d'un  spectroscope  dont  la  feule  est  placée  dans  la  région  de  formation  des 
franges. 

»  Dans  le  premier  dispositif,  il  existe  un  point  particulier  P  oĂč  l'on  obtient  des 
franges  localisées  avec  une  grande  étendue  de  la  source  lumineuse;  le  calcul  montre 
que  ce  point  est  situĂ©  Ă   l'endroit  oĂč  se  sĂ©parent  les  faisceaux  issus  des  images  S,,  S-j  de 


SÉANCE    DU    19   OCTOBriI-     1903.  617 

h\  fente.  Nous  avons  vérifié,  en  ellel,  que  Ton  olili.Mit  des  franges  absolument  nettes 
en  ce  point  en  donnant  Ă   la  fente  une  largeur  de  3"""  et  cela  encore  lorsque  les  fais- 
ceaux lumineux  étaient  réfléchis  huit  fois  entre  des  miroirs  distants  de  3"'. 

»  On  n'a  pas  cependant  utilisé  ce  point  particulier  pour  les  inscriptions  phologra- 
l.hiques;  il  est  plus  avantageux,  tout  en  s'en  rapprochant  autant  que  possible,  de  se 
maintenir  dans  une  rĂ©gion  oĂč  les  faisceaux  convenablement  superposĂ©s  donnent  un 
fond  lumineux  bien  uniforme;  il  est  comnaode  Ă   cet  effet  d'employer  des  lentilles  Ă  
long  foyer. 

»  On  peut  accroßtre  ou  diminuer  dans  de  larges  limites  la  sensibilité  de 
l'appareil  en  faisant  varier  ladistancedes  miroirs  et  lenombre  des  réflexions. 
Pour  avoir  une  iilée  de  celte  sensibilité,  il  stiflit  de  noter  par  exemple  que, 
dans  l'air  prisa  la  pression  atmosphĂ©rique,  il  faut  un  i)ar(ours  de  1 3ℱ  pour 
qu'une  variation  de  densité  de  ,-^,'--  déplace  le  systÚme  de  franges  enre- 
gistrées photographiquement  d'une  largeur  de  frano;es  ;  on  rendrait  ainsi 
visibles  des  différences  de  pression  inférieures  à  -^^^^^  d'atmosphÚre,  ou 
des  variations  de  température  de  l'ordre  de  ^  de  degré  centigrade. 

"  Un  parcours  de  cet  ordre  de  grandeur  est  facilement  ré;disablc;  mais 
une  trop  forte  augmentation  de  |)arcours  optique  amĂšne  dans  l'obser- 
vation des  franges  des  perturbalious  dont  l'atténuation,  sinon  la  sup- 
pression, exige  des  dispositifs  appro|)riés. 

»   Ces  perturbations  sont  de  deux  sortes  : 

"  D'abord  les  vibrations  accidentelles  ties  supports  qui  se  traduisent  par 
la  vibration  des  franges;  cet  inconvénient  s'accroßt  surtout  avec  le  nombre 
de  réflexions  auxquelles  les  faisceaux  linnineux  sont  soumis;  c'est  |)ar  une 
étude  spéciale  des  supports,  par  l'emploi  judicieux  de  cales  de  caoutchouc 
qu'on  rendra  minimum  les  perturbations  de  celte  espĂšce. 

))  On  observe  aussi,  lorsque  le  parcours  o|)tique  des  faisceaux  séparés 
est  trÚs  considérable,  une  torsion  variable  et  un  déplacement  latéral, 
lent,  du  systĂšme  de  franges,  mouvements  qui  indiquent  une  variation 
relative  des  chemins  optiques  aux  divers  niveaux  traversés  par  la  lumiÚre. 
Ces  variations  continuelles  de  la  densitĂ©  dans  un  air  mĂȘme  calme,  sont 
altribuaules  à  des  variations  de  température;  c'est  donc  au  régla^^e  d'une 
température  uniforme  et  invariable  qu'il  faudra  s'attacher  pour  obtenir 
des  franges  bien  fixes  quand  le  parcours  optique  dépasse  une  dizaine  de 
mÚtres  dans  l'air  atmosphérique.  Au-dessous  de  cette  distance  nous  n'avons 
que  trÚs  rarement  constaté  le  dernier  inconvénient.  » 


6l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  MINÉRALE.  --  Sur  la  composilinn  du  peroxyde  de  zinc. 
Note  (le  M.  I\urii.off,  présentée  j^ar  M.  H.  Moissan. 

«  M.  de  Forcrand,  dans  deux  Notes  (Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  Goi , 
et  t.  CXXXV,  p.  io3)  sur  la  composition  et  les  propriétés  du  peroxyde  de 
zinc,  établit  trois  types  des  oxydes  supérieurs  de  zinc  Zn^O',  Zn^O'  et 
ZnO^,  en  refusant  de  reconnaßtre  l'individualité  chimique  du  peroxyde 
obtenu  par  M.  Ilaass,  Zn^O",  ainsi  que  du  peroxyde  indiqué  par  riioi, 
Zn^O'H-0. 

»  La  question  de  l'individualité  chimique  des  combinaisons  aussi  peu 
constantes  que  le  peroxyde  de  magnésium,  de  zinc  et  de  cadmium  est  trÚs 
compliquée.  Il  est  difficile  dans  ce  cas  d'appliquer  le  principe  de  la  con- 
stance de  tension  de  la  dissociation,  vu  que  la  décomposition  se  produit 
trÚs  rapidement  et  est  quelquefois  accompagnée  par  de  légÚres  explosions. 
11  faut  observer  d'un  autre  cÎté  qu'on  peut  obtenir  différents  degrés 
d'oxydation  en  traitant  graduellement  l'hydrate  d'oxyde  de  zinc  par  le 
peroxyde  d'hydrogÚne.  Les  types  des  oxydes  décrits  par  M.  de  Forcrand 
étaient  évidemment  connus  de  M.  Haass  et  ils  ont  été  décrits  par  moi. 

»  Ces  données  sont  indiquées  en  détail  dans  mon  travail  publié  en  1899 
et  1900,  qui,  peut-ĂȘtre,  est  restĂ©  inconnu  jjour  M.  de  Forcrand  puisqu'il 
ne  fait  usage  que  de  ma  Note  trÚs  courte  publiée  dans  les  Annales  de  Chimie 
et  de  Physique,  &  série.  Tome  XXIIF,  1891. 

»  En  raison  de  ces  circonstances  je  pense  qu'il  ne  sera  pas  inutile  de  citer 
l'extrait  suivant  de  mon  travail  sur  le  sujet  en  question  (Journ.  de  la  Soc. 
phys.-chim.  russe,  t.  XXII,  1900,  p.  180)  : 

»  l^e  premier  Uailement  de  l'iiydiate  doxyde  de  zinc  par  le  peroxyde  d'iiydro- 
1!  gÚne  a  donné  un  produit  qui  répond  approxinialivemenl  à  la  composition  Zn-0^,  le 
»  second  traitement  Zn'^O'';  le  troisiÚme  Zn^O'  »,  et  plus  loin  :  «  de  celte  façon, 
»  t'augmenlation  de  l"o\ygÚne  continue  de  croßtre  en  approchant  de  la  pioportion 
.>    théorique  de  la  composition,  ZnO-  ». 

»  H  va  sans  dire  que,  suivant  la  maniÚre  de  procéder,  on  obtiendra  des 
peroxydes  de  zinc  de  toute  esjjÚce  de  composition;  il  fallait  décider 
laquelle  de  ces  substances  doit  ĂȘtre  reconnue  chimiquement  individuelle. 

»  Pour  établir  l'individualité  chimique  on  se  sert  de  la  méthode  basée 
sur  la  loi  de  la  constance  de  composition.  La  substance  dont  la  compo- 
sition restait  invariable  dans  des  préparations  différentes  était  reconnue 


SÉANCE  DU  19  OCTOBRE  1903.  619 

comme  chimiquement  individuelle  (p.  189-191).  VoilĂ   pourquoi  parmi 
tous  les  peroxydes  de  zinc  nous  nous  sommes  arrĂȘtĂ©  alors  sur  la  substance 
(le  la  composition  ZiiO-Zn(OH) '.  Les  exj)ériences  ont  démontre  qu'au 
moyen  du  traitement  graduel  de  l'hydrate  d'oxyde  de  zinc  en  suivant  la 
méthode  indiquée  par  moi  (évaporation  des  solutions  du  |)eroxyde  d'hy- 
drogĂšne avec  l'hydrate  d'oxyde  de  zinc),  on  obtient  toujours  des  peroxydes 
de  zinc  possédant  la  composition  indiquée  précédemment. 

»  En  nous  basant  sur  ce  que  je  viens  de  dire  on  arris'e  aux  conclusions 
suivantes  : 

1)  1°  Les  oxydes  de  M.  de  Forcrand  présententdes  formes  d'oxydation 
intermédiaires  dont  la  composition  dépend  des  moyens  de  les  obtenir. 

»  2°  La  composition  du  peroxyde  de  zinc  ainsi  que  relie  du  peroxyde 
analogue  de  cadmium  répond  à  la  formule  MO''M(OH)-. 

»  3°  Ce  dernier  type  est  le  seul  bien  établi  pour  le  moment  :  les 
autres  types,  pour  ĂȘtre  admis,  doivent  ĂȘtre  vĂ©rifiĂ©s  par  l'application  d  ■  l'un 
ou  l'autre  principe  établissant  leur  individualité. 

M  4°  AprÚs  l'établissement  de  l'individiiaiité  des  différents  degrés  d'oxy- 
dation il  sera  possible  de  résoudre  définitivement  la  question  du  caractÚre 
de  ces  substances  comparativement  aux  peroxydes  des  métaux  du  baryum, 
strontium  et  calcium.  » 


PHYSIOLOGIE  ANIMALE.    —  V organe  phagocylaire  des  CruslacĂ©s  DĂ©capodes. 
Note  de  M.  L.  Cuénot,  présentée  par  M.  Bouvier. 

«  Si  l'on  injecte  de  l'encre  de  Cliiue  finement  broyée  dans  la  cavité 
d'un  Crustacé  Décapode,  l'encre  disparaßt  trÚs  vite  de  la  circulation,  en 
quelques  minutes  chez  les  petites  espĂšces.  On  retrouve  trĂšs  peu  de  grains 
noirs  dans  les  jeunes  amibocytes  (stade  phagocyte)  ;  la  majeure  partie  de 
l'encre  a  été  capturée  par  un  organe  phiigocytaire  spécial,  qui  se  trouve 
sur  les  rameaux  terminaux  des  artÚres  hépatiques.  Ces  branches  termi- 
nales, logĂ©es  entre  les  cƓcumsdu  foie,  portent  Ă   leur  surface  de  trĂšs  nom- 
breux nodules  saillants,  constitués  par  des  amas  de  cellules  fixes  ressem- 
blant beaucoup  aux  amibocvtes  libres,  et  qui  possÚdent  à  un  haut  degré  la 
propriĂ©tĂ©  phagocy  taire.  AprĂšs  injection  cƓlomique,  elles  sont  littĂ©ralement 
bourrées  d'encre,  de  sorte  qu'à  un  simple  examen  à  la  loupe,  on  distingue 
facilement  les  petits  nodules  qui  se  détachent  eu  noir  sur  le  fond  clair  des 
cƓcums  hĂ©patiques.  Telle  est  la  disposition  de  l'organe  phagocylaire  chez 


fiao  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tous  les  Crustacés  Décapodes  dont  le  foie  est  logé  dans  le  céphalolhorax  : 
l'artĂšre  hĂ©patique  devrait  donc  ĂȘtre  appelĂ©e  artĂšre  hĂ©palo-phagocy- 
taire  (  '  ) . 

»  Chez  les  Pagures,  dont  le  foie  est  entiÚrement  logé  dans  l'abdomen, 
l'organe  phagocytaire  présente  des  dispositions  fort  intéressantes.  Comme 
l'a  trĂšs  bien  reconnu  M.  Bouvier  {-),  il  se  dĂ©tache  du  cƓur  deux  grosses 
artÚres  qui  correspondent  exactement  aux  artÚres  hépatiques  des  autres 
Décapodes,  mais  qui  ne  se  rendent  pas  au  foie;  elles  restent  dans  le  céphn- 
lothorax.  Sur  tout  leur  trajet,  ces  artĂši-es,  que  je  propose  d'appeler  artĂšres 
phagocylaires,  émettent  de  nombreuses  et  fines  ramifications  terminées  en 
cƓcum,  qui  sont  recouvertes  d'un  manchon  de  phagocytes  fixes  (tissu 
périvasculaire  de  Marchai).  AprÚs  injection  d'encre,  ces  ramifications  se 
dessinent  nettement  en  noir;  tantÎt  elles  sont  agglomérées  en  une  masse 
aplatie,  appliquée  sur  les  cÎtés  de  l'estomac  (petits  Pagures  comme  Cliba- 
narius  el  Diogenes);  tantÎt  elles  s'intriquent  avec  les  ramifications  vésicales 
du  rein  antennaire  et,  comme  celles-ci,  encadrent  exactement  l'estomac 
( Eiipaguriis  Ber/ihardus  h.);  des  intermédiaires  relient  du  reste  ces  deux 
dispositions  extrĂȘmes. 

»  On  sait  que  les  Crustacés  Décapodes  possÚdent  un  autre  organe  lym- 
phoĂŻde,  d'oĂč  proviennent  les  amibocytes  libres  du  sang  (‱'')  :  cet  organe 
globuligĂšne  est  en  relation  avec  l'artĂšre  opthalmique,  soit  qu'il  s'Ă©tale  Ă  
la  surface  de  l'estomac  (Astacus,  Crabes),  soit  qu'il  entoure  celle  artĂšre 
d'un  Ă©pais  manchon  continu  (Pagures,  Nika),  soit  enfin  qu'il  se  concentre 
en  une  petite  masse  placée  à  la  base  du  rostre  (Palémonides).  Les  cellules 
de  cet  organe  sont  tout  à  fait  dépourvues  de  la  propriété  phagocytaire,  et 
présentent  de  nombreuses  uutoses. 

»  C'est  certainement  chez  les  Décapodes  que  ces  deux  types  d'organes 
lymphoïdes,  globuligÚne  et  phagocytaire,  se  présentent,  sous  la  forme  la 
plus  schématique,  tant  par  la  facilité  avec  laquelle  on  peut  les  mettre  en 
Ă©vidence  que  par  la  simplicitĂ©  de  leur  fonctionnement.  ■> 


(')  A  ma  csnnaissatice,  un  seul  auteur  a  soupçonné  la  présence  d'un  organe  phago- 
cytaire sur  les  rameaux  ßle  l'artÚre  hépatique;  c'est  Saint-llilaire  [La  fonction  pha- 
gocytaire des  vaisseaux  hĂ©patiques  de  t'Éerevisse  (Revue  des  Se.  natur.,  Sainl- 
Pétersl>ourg,  4°  année,  1898,  p.  347  )J. 

(■-)  lĂź.-L.  BouviEu,  Recherches  anatomiques  sur  le  systĂšme  artĂ©riel  des  CrustacĂ©s 
Décapodes  (Ann.  Se.  nat.,  y-'  série,  t.  \1,  iSijr,  p.  197). 

{'')  CuÉNor,  Études  physiologiques  sur  les  CrustacĂ©s  DĂ©capodes  {Arch.  de  Bio- 
logie, l.  XIII,  1890,  p.  240). 


SÉANCE   DU    r9   OCror.I'.E    I()o3.  621 


GÉO[,OGlE.-  —  Sur  /es phases  de  plissemenl  des  zones  intra- alpines  Jrançaises . 
Note  (le  M.  W.  Kimax,  [>résentée  par  M.  Michol  Lévy. 

«  IjOr.s<|iie  l'on  aiuilyse  le  déUiil  ßles  dislocations  qm  ont  donné  aiiK 
Alpes  delphino-provençales  leur  slructurc  complexe  (')  teille  c[ne  l'a  par- 
faitement représentée  M.  Terniier  (-)  en  quatre  coupes  transversales 
récemment  publiées,  on  est  amené,  en  ce  qui  concerne  les  régions  intra- 
alpines  (zones  du  Briançonnais  et  du  Picnionl),  à  y  voir  la  trace  des  phé- 
nomĂšnes suivants  (^)  : 

))  a.  Formation  de  plis  imbriqués  et  couchés  vers  l'extérieur  de  la  chaßne, 
«  s'escaladant  »  les  uns  les  autres,  suivant  l'expression  si  suggestive  de 
M.  Lugeon,  accompagnés,  notamment  entre  les  massifs  cristallins  du  Mer- 
cantour  et  du  Pelvoux,  de  nombreux  charriages  (décrits  par  MM.  Hang, 
Termier,  et  par  nous-mÚme)  et  ayant  déterminé  parfois,  dans  leur  «  Voi- 
land  »,  une  structure  imbriquĂ©e  trĂšs  nette  et  dirigĂ©e  dans  le  mĂȘme  sens. 

»  Ces  plis  ayant  intéressé  les  Flysch  éocÚne  et  oligocÚne  et  chevauchant 
eux-mĂȘmes  des  rĂ©gions  renfermant  dans  leurs  parties  externes  des  assises 
miocÚnes,  plissées  (Diois  et  Baronnies)  sont  nécessairement  postérieurs  à 
la  premiÚre  moitié  de  la  période  néogÚne.  Ils  ont  été  précédés  cependant 
de  dislocations  intenses,  les  conglomérats  du  MiocÚne  supérieur  sub-alpin 
(Voreppe,  Bas-Dauphiné,  etc.)  contenant  en  galets  la  plupart  des  roches 
(^granit  du  Pelvoux,  quartzites  du  Trias,  variolites,  etc.)  qui  constituent 
ces  zones  intra-alpines  et  que  des  dislocations  avaient  donc,  Ă   cette  Ă©poque, 
déjà  fait  affleurer  en  des  points  accessibles  à  l'érosion.  On  peut  conclure 
aussi  de  ces  faits  que  ces  dislocations  ne  se  soni  pas  uniquernerU  manifestées 
en  profondeur  dans,  \qs,  ré^\on?,  intracorticales,  mais  qu'elles  ont  atteint  la 
surface  du  sol. 

»  b.  Nouvelle  phase  de  striction,  produisant  le  reploiement  des  plis 
couchés  précédents  (a)  et  des  nappes  qui  en  dérivent,  ainsi  que  nous 

(  ')   Voir  Comptes  rendus,  28  septembre  el  5  octobre  1900. 
.    (-)  Bull.  Soc.  géol.  de  France,  4"  série,  t.  II,  1902,  p.  4ii. 

(■*)  Nous  laissons  ici  de  cĂŽtĂ©  les  mouvements  et  dislocations  antĂ©rieurs  Ă   l'Ă©poque 
miocÚne,  bien  que  la  nature  des  galets  qui  composent  les  brÚches  et  les  conglomérats 
du  Lias  (brÚche  du  Télégraphe)  et  de  TEogÚne,  uioiUre  <rÚi  rte«e/;u'/i<  qu'il  a  dû  se  pro- 
duire, Ă   dillerents  moments  des  temps  secondaires  et  Ă©ogĂšnes,  des  bombements  et  des 
plis  ayant  donné  prise  à  l'érosion  des  eaux  marines  et  s'étanl  manifestés  autrement 
que  par  des  déplacements  inlracortlcaux. 

G.  K.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXWH,  N°  16.)  ^2 


622  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'avons  démontré  pour  les  montagnes  situées  entre  Guillestre,  Escreins  et 
Vars,  et  comme  M.  Termier  l'a  fait  voir  pour  la  région  qui  sépare  Valloiiise 
de  Briançon.  Ces  nappes  reployées  ont  sans  doute  présenté,  avant  que 
l'Ă©rosion  en  ait  fait  disparaĂźtre  une  notable  partie,  une  extension  bien 
plus  grande  que  celle  que  représentent  les  témoins  que  nous  connaissons 
aujourd'hui. 

»  c.  PhénomÚnes  de  plissement  en  retour  (Riirkjaltiing),  déterminés  sans 
doute  par  un  affaissement  (décompression)  des  régions  piémontaises  et 
s'étant  manifestés  sur  le  cÎté  interne  senlement  du  bourrelet  (arc)  alpin 
constitué  par  les  dislocations  précédentes.  Cette  sorte  de  poussée  au  vide 
a  produit  une  série  de  plis  secondaires,  déversés  vers  l'Italie  (régions  à 
l'est  de  Modane,  de  Briançon,  de  Chàtean-Qiieyras,  de  Maurin),  notam- 
ment dans  les  racines  du  paquet  de  schistes  liasiques  |ilissés  et  charriés  du 
mont  Jovet  et  de  la  4*  écaille  du  Briançonnais  dus  aux  charriages  de  la 
phase  («)  et  que  l'érosion  a  ensuite  isolés  en  arriÚre  de  leurs  racines 
(désormais  plissées  en  sens  inverse). 

»  Ces  plis  en  retour  se  distinguent,  ainsi  que  l'ont  fait  remarquer  divers 
observateurs,  par  l'absence  de  charriages  importants  et  par  leur  allure 
différente  de  celles  des  plis  couchés  de  la  premiÚre  phase,  tous  déversés 
vers  l'ouest. 

))  Ce  n'est  qu'Ă   la  suite  de  ces  derniers  mouvements  que  se  dessine  la 
structure  en  éventail  asymétrique  {^),  si  caractéristique  de  nos  Alpes  fran- 
çaises. L'éventail  alpin  présenterait  ainsi,  suivant  que  l'on  considÚre  les 
causes  qui  ont  produit  sa  portion  externe  (ou  occidentale  pour  les  Alpes 
delpliino-provençales)  ou  ses  éléments  internes  (orientaux),  une  dualité 
d'origine  tout  h  fait  remarquable.  Son  existence  n'apparaĂźtrait  plus  comme 
une  anomalie  dans  le  systÚme  alpin  dont  tous  les  éléments  accusent  si 
nettement  une  poussée  dirigée  vers  l'extérieur  de  l'arc  que  décrit  notre 
grande  chaßne  européenne.  « 

PHYSIOLOGIE.  —  Du  rîle  de  la  compression  dans  la  localisation  des  tendons. 
‱  Note  de  M.  R.  Axtho.w,  prĂ©sentĂ©e  de  jM.  Marey. 

«  Depuis  les  travaux  connus  de  M.  Marey,  de  iM.  Roux  (')  cl  de  leurs 
Ă©lĂšves,  on  sait  que,  dans  ce  qu'on  est  conveuu  d'appeler  un  muscle  {rĂšnn'xon 


(')  Mise  en  Ă©vidence,  dĂšs  iSgil,  par  M.  Marcel  Beilrand. 

(')  Voir  pour  détails   :    Anthony,  Comptes  rendus   Soc.  Diol.,    igoa-igoS;  Hiill. 
Soc.Antiirop.,  Paris,  igoS.  —  Th.  Romignot,  D.  AI.,  Lille,  1902. 


SÉANCE    DU    19   OCTOBRi;    igo'5.  623 

de  substances  contractiles  et  de  substances  teniineiises),  h  longueur  réelle 
de  la  fibre  musculaire  est  proportionnelle  Ă   l'amplitude  du  mouvem?int 
qu'elle  commande. 

»  Cette  premiÚre  question  résolue,  une  autre  se  pose,  celle  de  la  position 
respective,  dans  un  mĂȘme  muscle,  de  la  substance  musculaire  et  de  la  sub- 
stance tendineuse,  et  des  facteurs  qui  déterminent  cette  position. 

»  Ces  facteurs  sont  nombreux  :  je  me  suis  spécialement  occupé  de  l'étude 
de  l'un  d'eux,  la  compression  réciproque  des  muscles  les  uns  par  les 
autres,  dont  déjà  en  1890  M.  Roux  avait  si;?iialé  l'importance.  J'ai  reconnu 
que  les  effets  de  la  compression  s'exerçaient  chaque  fois  qu'un  muscle  se 
trouvait,  au  moment  de  sa  contraction,  empĂȘchĂ©  par  un  mĂ©canisme  quel- 
conque d'augmenter  son  volume  transvers;»!,  condition  nécessaire  de  la 
contraction;  le  fait,  pour  un  muscle,  d'ĂȘtre  placĂ©  entre  un  plan  rĂ©sistant 
et  un  autre  muscle,  ou  entre  deux  autres  muscles  le  croisant  perpendicu- 
lairement, constitue  la  rĂ©alisation  de  cet  empĂȘchement. 

»  Le  résultat  morphogénétique  de  la  compression  est  la  transformation 
tendineuse.  Si  la  compression  est  f.tible  (V'' degré),  le  muscle  comprimé 
s'aplatit,  se  lamine  en  quelque  sorte  et  prend  simplement,  sur  sa  partie 
directement  en  contact  avec  le  compresseur,  un  aspect  nacré  caracté- 
ristique (les  fibres  les  plus  superficielles  Ă©tant  naturellement  les  plus 
gĂȘnĂ©es).  La  compression  devient  plus  forte  (2"  degrĂ©),  la  substance  muscu- 
laire est  alors  expulsée  en  :quelque  sorte,  le  tendon  étant  nettemant  loca- 
lisé dans  la  région  comprimée  et  ne  la  dépassant  pas.  Si  la  compression 
devient  plus  forte  encore  (3'  degré),  le  tendon  s'amincit  de  plus  en  plus  et 
finit  mĂȘme  par  complĂštement  disparaĂźtre,  le  muscle  transportant  son 
insertion  au  point  oĂč  la  compression  n'existe  plus.  J'ai  recueilli  de  nombreux 
exemples  detendinification  parce  mécanisme  (dissections  faites  au  labora- 
toire d'Anatomie  comparée  du  Muséum  d'Histoire  naturelle). 

»  Par  ce  qu'il  vient  d'ĂȘtre  dit,  on  conçoit  que  la  compression  est  un 
facteur  morphogénétique  des  plus  puissants  :  les  corps  musculaires  ne 
peuvent,  en  rĂ©alitĂ©,  exister  que  lĂ   oĂč  son  action  ne  se  fait  |)oint  sentir  et  il 
s'ensuit  que  leur  longueur,  partant  l'amplitu  le  des  mouvemĂźnts  qu'ils 
commandent  et  consécutivement  la  forme  des  surfaces  articulaires,  est 
sous  la  dépendance  de  ce  facteur,  qui,  grùce  à  l'accumidation  héréditaire, 
acquiert  une  importance  trÚs  considérable  dans  la  constitution  des  types 
morphologiques  animaux. 

»  Sur  un  individu  pris  en  particulier,  on  peut  aisément  constater  les 
eft'ets  morphogĂ©nĂ©tiques  de  la  compression  :  les  animaux  jeunes  et  les  fƓtus, 
enetfet,  n'ont  pas  les  tendons  aussi  nettement  accusés  que  les  adultes. 


62^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  De  |)liis,j'ai  pu  expérimenlalemenl,  chez  un  animal,  modifier  la  dispo- 
sition normale  des  tendons,  en  chaniifeant  dĂšs  le  jeune  Ăąge  les  rapports  des 
muscles  entre  eux. 

»  C'est  ainsi  que,  sur  un  cliien  (expérience  faite  à  la  Station  physiologique  du  Col- 
lÚge de  France)  à  qui  j'avais  e^llevé  à  l'ùge  de  !\  mois  l'un  des  muscles  crotaphytes,  en 
m'attachant  surtout  à  détruire  sa  partie  postérieure  qui  comprime  le  muscle  occipito- 
mastonlo-huméral  et  y  déterminer  la  production  d'une  impression  tendineuse,  jai  con- 
staté, 6  mois  aprÚs  l'opéiatiou,  que  la  susdite  impression  tendineuse  était  sensiblement 
moins  nette  et  moins  étendue  du  cÎté  opéré  que  du  cÎté  normal. 

»  Au  mĂȘme  animal  j'avais,  le  jour  de  sa  naissance,  fait  subir  une  luxation  du  coude, 
à  la  suite  de  laquelle  il  avait  pris  l'habitude  de  marcher  d'une  façon  spéciale,  écartant 
l'omoplate  du  corps.  Plus  lard,  Ă   la  dissection,  je  reconnus  que  le  muscle  sous-scapn- 
laire  ne  possédait  pas  l'inij^ression  nacrée  caractéristique  qu'il  présente  normalement. 
Lue  modification  du  mĂȘme  ordre  intĂ©ressait  le  muscle  cubital  postĂ©rieur. 

»  Cette  mĂȘme  luxation  m'a,  de  plus,  permis  de  constater  la  production  expĂ©rimentale 
de  tendons  dans  des  rĂ©gions  oĂč  normalement  il  n'en  existe  pas.  Dans  la  position  spĂ©ciale 
de  sa  patte,  au  moment  de  l'appui,  l'animal  efTectuait  une  rotation  en  dedans  de  son 
avant-bras;  les  muscles  radiaux  se  contractant  énergiquement  exerçaient  alors  sur  la 
partie  externe  et  inférieure  du  biceps  une  compression  énergique  et  inaccoutumée,  se 
traduisant  par  la  présence  trÚs  nettement  limitée  de  tissu  conjonctif  (à  aspect  terne  et 
graisseux,  il  est  vrai)  en  une  rĂ©gion  oĂč  il  n'y  a  normalement  que  du  tissu  musculaire. 

))  En  résume  :  i°  Des  faits  nombreux  d'anatomie  comparée  montrent 
que,  partout  oĂč  il  y  a  compression  effective  d'un  muscle,  il  existe  un 
tendon  ; 

>)  2°  L'expérimentation  montre  qu'on  peut,  dans  beaucoup  de  cas,  éta- 
blir une  relation  de  cause  à  effet  entre  la  compression  et  la  présence  du 
tendon  ; 

))  3°  La  compression  est  un  facteur  morphogénétique  agissant  constam- 
ment, puisque,  c/ir;  un  individu,  on  peut,  en  la  mettant  en  jeu,  déterminer 
la  prĂ©sence  de  tendons  et,  en  supprimant  son  action,  empĂȘcher  le  dĂ©ve- 
loppement de  formations  tendineuses  normales.    » 


MÉDECINE.  —  Sur  les  rapports  qui  existent  entre  le  Surra  et  le  Nagana, 
d'aprÚs  une  expérience  de  Nocard.  Note  de  MM.  Vallée  et  Carré,  pré- 
sentée par  M.  A.  Laveran. 

c«   Nous  devons  à  MM.  Laveran  et  Mesnil  une  excellente  démonstration, 
iaiie  sur  des  chÚvres,  de  la  non-identité  du  Nagana  et  du  Siu-ra  (').  En 

(  '  )  Laveran  et  Meskil,  Comptes  rendus,  22  juin  igoS. 


SÉANCE    DU    K)   OCTOBRE    190;^.  621 

raison  de  l'inlĂ©rĂȘt  considĂ©rable  qui  s'attache  Ă   la  question  si  importante  des 
ra])jjorls  entre  ces  deux  maladies,  il  nous  a  paru  intéressant  de  signaler  les 
résultats  de  l'expérience  suivante,  entreprise  par  notre  éminent  maßtre,  le 
regretté  professeur  Nocard. 

»  Une  vache  brelonne  esl  inoculée  le  7  juin  1902  avec  2""'  de  sang  de  rat  riche  en 
tiypanosomes  du  Nagana. 

»  Le  10  juin  on  constate  aisément  dans  le  sang  de  l'animal,  lors  de  la  réaction 
fébrile,  quelques  trypanosonies.  DÚs  le  lenderniiin  la  température  s'abaisse,  l'examen 
microscopique  ne  permet  plus  de  trouver  des  parasites;  l'Ă©tat  de  la  bĂȘte  s'amĂ©liore 
progressivement. 

»  Le  sujet  reçoit  alors,  à  de  courts  intervalles,  des  doses  relativement  considérables 
de  sang  trĂšs  riche  en  trjpanosomes  du  Nagana  ; 

»   i-^.  Juin  19012.  —  25''""'  de  sang  de  chat. 

»   (3  juillcl  1902.  —  45''ℱ'  de  sang  de  chat. 

»   21  Juillet  1902.  —  35°""'  de  sang  de  chat. 

1)    it\  aoĂčl  1902.  —  .50"^°''  de  sang  de  chat. 

»    17  aoĂ»t  1902.  —  5o""'  de  sang  de  chat. 

»   29  aoĂ»t  1902.  —  600'"°  de  sang  de  chien  extrĂȘmement  riche  en  parasites. 

>:  La  vache  a  donc  reçu  au  total,  en  injections  sous-cutanées  ou  intra-péritonéales, 
8o5'^°''  de  sang  toujours  trÚs  riche  en  trypanosomes  et  cela  sans  présenter  d'autres 
troubles  que  des  poussées  fébriles  intermittentes. 

»  Les  parasites  inoculés  lors  de  la  derniéie  injection,  le  29  août  1902,  ont  été  si 
rapidement  détruits  dans  l'organisme  que  le  sang  recueilli,  à  partir  du  3  sep- 
tembre 1902,  n'infecte  plus  les  souris  inoculées.  On  doit  donc  considérer  le  sujet  mis 
en  expérience  comme  guéri  du  Nagana  et  hypcrvacciné  contre  celte  jnaladie. 

»  Le  6  juillet  1908,  plus  d'un  an  aprĂšs  l'inoculaliun  du  Nagana,  cette  bĂȘte  reçoit  sous 
la  jieau  o''"'',5  de  sang  d'une  souris  inoculée  de  Surra  de  l'ßle  Maurice,  dû  à  l'obli- 
geance de  MM.  Laveran  et  Mesnil.  On  inocule,  en  mĂȘme  temps,  comme  tĂ©moin,  un 
jeune  bovidé  neuf  de  race  bretonne. 

»  A  |)artir  du  huitiÚme  jour  aprÚs  cette  inoculation,  les  souris  qui  reçoivent  une 
seule  goutte  du  sang  de  la  vache  préalablement  vaccinée  contre  le  Nagana  sont  à  coup 
sûr  infectées  de  Surra.  Il  esl  cependant  trÚs  difficile  de  rencontrer  des  trjpanosomes  à 
l'examen  direct  de  ce  sang. 

»  Depuis  celte  époque,  le  Surra  évolue  chez  la  vache  immunisée  contre 
le  Nagana  de  la  mĂȘme  façon  que  chez  le  bovidĂ©  tĂ©moin.  Tous  deux  prĂ©- 
sentent une  forme  relativement  bénigne  de  la  maladie. 

»  Aujourd'hui  encore,  |)lus  de  trois  mois  aprÚs  le  début  du  Surra,  l'ino- 
culalion  à  la  souris  de  5  gouttes  du  sang  ßle  la  vache  immunisée  contre  le 
Nagana  provoque  d'une  façon  certaine  l'évolution  du  Surra. 

»  Ainsi  se  trouve  confirmée  la  démonstration,  faite  par  MM.  Laveran  et 
Mesnil,  de  la  non-identité  du  Surra  et  du  Nagana.  » 


626  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PATHOLOGIE.    —    Pcilho gĂ©nie   et    traitement   du   rhumatisme. 
Note  de  M.  L.  PéniÚres,  présentée  par  M.  LéonLabbé. 

((  Le  rhumatisme  est  une  auto-intoxication.  Les  travaux  de  M.  Bouchard 
ont  démontré  que  l'urine  contient  à  l'état  normal,  et  surtout  à  l'état  patho- 
logique, des  toxines,  des  poisons  dangereux  pour  la  vie.  Ces  poisons 
s'écoulent  au  dehors  sans  danger  pour  l'économie,  à  la  faveur  des  épithé- 
Uums  qui  tapissent  les  voies  urinaires.  La  couche  épithéliale  forme  une 
barriĂšre  fragile,  mais  suffisante,  contre  l'absorption  de  ces  produits,  c'est- 
Ă -dire  contre  l'empoisonnement  du  sang,  mais  que  cette  couche  |)rotectrice 
soit  entamée,  que  l'épithélium  tombe,  l'absorption  versera  dans  la  circu- 
lation générale  ces  poisons  dÚlournés  de  leur  voie  d'élimination. 

))  C'est  ce  qui  arrive  dans  le  rhumatisme.  Le  produit  résorbé  est  un  fer- 
ment analogue  sinon  identique  au  ferment  de  la  fibrine  étudié  par 
Schmidt,  auferment-fdjrinedeM.  A.  Gautier.  Ce  ferment  peut  ĂȘtre  observĂ© 
dans  ses  effets.  Il  trahit  sa  présence  par  des  phénomÚnes  de  coagulation  du 
sang,  disséminés  dans  tout  l'organisme  :  fdjrine  dans  le  sang  des  rhumati- 
sants; dépÎts  fibrineux  dans  les  articulations,  dans  les  plÚvres,  sur  les  val- 
vules du  cƓur,  etc.  C'est  la  caractĂ©ristique  du  rhumatisme. 

»  Par  oĂč  se  fait  l'absorption  du  ferment  ?  Plus  spĂ©cialement  par  la  mu- 
queuse de  l'uretÚre.  Le  rhumatisme  serait  précédé  d'une  urelérite  desqua- 
mative,  causée  par  la  congestion  viscérale  provenant  du  froid  et  de  l'humi- 
dité; par  le  trauma  du  surmenage,  de  l'effort,  de  la  pression  de  la  masse 
intestinale  et  du  muscle  psoas;  par  l'Ă©rosion  des  calculs,  ou  le  passage  de 
■substances  toxiques,  etc. 

M  En  1882,  j'ai  pu  déterminer  chez  deux  lapins,  parmi  soixante  mis  en 
expérience,  un  rhumatisme  expérimental  en  détruisant  l'épithélium  de 
l'uretÚre  au  moven  de  l'acide  acétique. 

»  Une  thérapeutique  rationnelle  découlait  de  cette  conception  patho- 
génique  du  rhumatisme.  Le  problÚme  était  double  :  il  fallait  réparer  les 
voies  d'élimination  de  l'urine,  restaurer  l'épithélium  de  l'uretÚre,  et,  en 
second  lieu,  détruire  ou  neutraliser  le  ferment.  Un  antiseptique  était  né- 
cessaire, mais  tel  que,  sans  inconvénient  pour  l'estomac  et  pour  le  rein, 
il  pĂ»t  largement  irriguer  l'uretĂšre.  Je  me  suis  arrĂȘtĂ©  Ă   une  association  de 
résines,  parmi  lesquelles  une  résine  extraite  du  Piper  cubeba. 

»  Le  résultat  thérapeutique  a  démontré  l'exactitude  de  ses  conceptions 
Ă©liologiques,  et  de  nombreuses  observations  recueillies  depuis  un  certain 
nombre  d'années  affirment  l'excellence  de  la  méthode.    » 


SÉANCE    DU    l()   OCTOBRE    igoS.  627 

PSVCHO-PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  expĂ©rimentales  sur  roi/action 
des  vieillards.  Note  de  M.  VxVsciiide. 

«  Il  n'existe  aucune  recherche  expérimentale  sur  hi  psycho-physiologie 
de  la  vieillesse;  j'ai  essayé  d'apporter  quelques  documents  à  la  connais- 
sance de  ce  problĂšme,  en  portant  d'abord  mes  investigations  dans  le 
domaine  psycho-sensoriel. 

»  Mes  fecherches  sur  l'olfaction  des  vieillards  ont  été  faites  avec  Vosmi- 
esthésimétre  Toulouse-Vaschide,  et  selon  leur  technique  expérimentale. 
Elles  ont  porté  sur  66  sujets  des  deux  sexes  :  36  hommes  de  l'hospice  de 
BicĂȘtre,  du  service  de  M.  le  professeur  Marie,  et  3o  femmes  de  l'hospice 
de  la  SalpĂštriĂšre,  du  service  de  M.  le  professeur  Raymond. 

»  Les  sujets  étaient  ùgés  en  moyenne  de  78  ans;  il  y  en  avait  parmi  eux  qui  comp- 
taient mĂȘme  94  ans.  Les  sujets  n'avaient  aucune  maladie  des  fosses  nasales  et  l'examen 
rliinologique  minutieux  de  chaque  sujet  n'a  pu  rien  nous  déceler;  j'ai  éliminé  les  sujets 
atteints  de  coryza  chronique  ou  ceux  dont  la  muqueuse  nasale  était  légÚrement  irritée. 
Tous  les  sujets  affirmaient  se  servir  Ă   merveille  de  leur  olfaction. 

»   Voici  le  résultat  en  chiflVes  de  nos  recherches  : 

Heconniiissance 
Nombre  Minmiiim  moyen  .Minimum  moyen  des  sujets. 

tolal  Age  poiii-  pour  —  

Ilomines.      des  sujets.       moyen.  la  sensation.  la  perception.  Odeurs.      Anosmiques. 

Vieux....        36  78  ans         4  P-  10  (  21  suj.)  Clainphre  pur  (7  stij.)  0,66  i5 

Adultes..        37  37  ans         9  p.  100000  7  p.  loooo  5, 29  1 

Femmes. 

Vieilles..        3o  78  ans         2  p.  jo  (21  suj.)  6  p.  10  (8  suj.)  1,71  y 

Adultes..        4'  25  ans  i  p.  looooo  7  p.  looooo  G,So  3 

1)  Remarquons  encore  que,  sur  les  36  sujets  hommes,  il  y  avait,  potij-  la  .wnxation, 
7  sujets  hors  série,  i.5  n'accusant  aucune  serisatioii  ;  pour  la  percepLioii,  7  hors  série 
et  i4  "6  reconnaissant  pas  le  camphre.  Sur  les  3o  sujets  femmes,  il  y  avait,  pour  la 
sensation,  ,5  sujets  hors  série  et  9  n'ayant  aucune  sensation  ;  pour  la  perception,  8  hors 
série  et  8  ne  reconnaissant  pas  le  camphre. 

»  Il  résulte  de  ces  recherches,  en  premier  lieu,  une  différence  notable 
entre  la  maniÚre  dont  la  sensibilité  se  comporte  chez  les  deux  sexes;  la 
femme  paraßt  garder  encore  sa  supériorité  olfactive  malgré  l'évolution  de 
l'ùge;  celte  différence  existe  à  tous  les  ùges,  ainsi  que  M.  Toulouse  et  moi 
nous  l'avons  démontré.  Cette  supériorité  est  néanmoins  plus  petite  poin-  la 
sensation  ;  elle  est  trĂšs  grande  pour  la  perception. 

»  Un  second  fait  digne  d'ĂȘtre  remarquĂ©  est  la  diminution  notable  de  la 
sensibilité  olfactive  pendant  la  vieillesse,  en  dehors  de  toute  considération 
de  sexe.  I^^e  nombre  des  anosmiques  est  considérable  :  24  sur  66  cas,  tan- 


fÎ28  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

(lis  qu'il  n'existe,  d'aprĂšs  les  recherches  de  Toidouse  et  Vaschide,  que 
4  cas  sur  78  siijels  adultes;  cette  différence  devient  encore  plus  grande 
si  l'on  tient  compte  des  sujets  hors  série  :  i5  sur  66,  tandis  qu'ils  ne  sont 
(ine2sur78  chez  les  adultes.  On  a  un  total  de  Sg  pour  r  00  sujets  anosmiqucs 

et  hors  série. 

»  Les  vieillards  paraissent  avoir  donc  la  sensibilité  olfactive  atrophiée 
et,  fait  remarquable,  aucun  sujet  n'était  conscient  de  cette  infirmité  :  tout 
en  arrivant  Ă   peine  Ă   dislingucr  une  odeur  connue  sur  dix,  et  tout  en  pre- 
nant comme  de  l'eau  pure  les  odeurs  les  plus  intenses,  nos  sujets  préten- 
daient jouir  du  parfum  des  fleurs.  Leurs  images  visuelles  suppléaient 
l'absence  des  images  olfactives,  car  les  sujets  reconnaissaient  les  parfums 
des  fleurs  quand  ils  pouvaient  les  regarder. 

»  L'image  olfictive  a  donc  une  existence  intellectuelle  indépendante, 
puisqu'elle  est  capable  d'une  reviviscence  fonctionnelle.  M.  Metschnikoli 
a  eu  l'obligeance  de  m'autorisera  dire  que  Pasteur  Ă©tait  tout  Ă   lait  auos- 
mique;  il  fut  de  mĂȘme  pour  le  grand  philosophe  Durand  de  Gros,  d'aprĂšs 
l'observation  de  sa  fdle  M'""  Sorgues.  Les  images  souvenirs  jouent  un  rĂŽle 
capital  dans  la  psycho-physiologie  de  la  viedlesse  et  cette  connaissance  est 
précieuse  pour  l'intelligence  des  processus  évolutifs  de  la  vie  mentale  et  de 
la  vie  biologique.  » 

M.  S.  SocoLow  adresse,  de  Moscou,  une  Note  «  Sur  les  corrélations 
qui  existent  entre  les  éléments  des  orbites  du  systÚme  planétaire  ». 

A  4  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  et  demie. 

G.   D. 


ERRATA. 


(SĂ©ance  du  '12  octobre  rgoS.) 

Note  de  M.  H.  Moissan,   Sur  la  lem|)Ă©rature  d'inflammation  et  sur  la 
combustion  lente  du  soufre  dans  l'oxygĂšne  et  dans  l'air  : 

Page  552,  ligne  18,  au  lieu  de  aprÚs  12  heures  de  chauffe  :  formation  d'un  léger 
dépÎt  blanc,  lisez  aprÚs  12  heures  de  chaufTe  :  par  refroidissemanil,  formali.on  d'un 
léger  dépÎt  blanc. 


On  souscrit  Ă   Paris,  chez  GAUTHIER- VILLARS, 
Quai  des  Grands-Auo„stins,  n°  55, 

lis  ,835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  rĂ©gu\iĂšvm^^^i^^,nncf,e.  Ils  forment/Ă   la  fin  de  l'annĂ©e   denx  vol„m««  ‱     .o   n 

d\::t  ^nir  '"'^''"^"^  ''  '''''''''  ''"^^  '-'  '''-  ''^''''"^-  '^  --^  ^‱^-"--  -—  ^"«^-  vZ;'i;zireVt:f  i;, 

Le  prix  Ăźle  l'abonnement  est  fixe  ainsi  qu'il  suit  : 
Paris  :  30  fr.  —  DĂ©parleraents  :  40  fr.  —  Union  postale  :  44  fr. 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


chez  Messieurs  : 
Ferran  frĂšres. 

I  Chaix. 
<  Jourdan. 

(  Ruff. 

- Courtin-Hecquet. 

(  Germain  etGrassin 

I  Gastineau. 

JĂ©rĂŽme. 

RĂ©gnier. 

/  Feret. 
<: Laurens. 

(  Muller  (G.). 
Renaud. 

/  Derrien. 

\  F.  Robert. 
'      Oblin. 

'  Uzel  frĂšres. 

Jouan. 

K Perrin. 

g. (Henry. 

I  IMargueric. 

r.„  l  Juliot. 

■Ferr,.. 

(  Bouy. 

;  Nourry. 
......     Ratel. 

(Rey. 

j  Lauverjat. 
'  '  (  Degez. 
j  Drevet. 
I  Gratier  et  G'». 
le Foucher. 

i  Bourdignon. 
(  Dombre. 
(  Thorez. 
'  (  Quarré. 


Lorient. 


Nantes. 

Nice. . . . 

Ntme. 
Orléa 

Poitier».. 

Rennes 
Rochefi 

Rouen. 

S'-Étie 

Toulon.. 

Toulouse 
Tours.... 
Valenciennes. 


chez  Messieurs  ; 

(  Baumal. 

!  M"*  Texier. 

/  Bernoux  et  Cumin. 

1  Georg. 
f-yon <  Effantin. 

J  Savy. 

1  Vitte. 
Marseille RuĂąt. 

Montpellier „ 

I  Goulet  et  fils. 

Moulins Martial  Place. 

!  Jacques. 
Grosjean-Maupin. 
Sidot  frĂšres. 
Guist'hau, 
Veloppé. 
(  Barma. 
1  Appy. 

ISitmes Thibaud. 

Orléans    LodJé. 

Blanchier. 
LĂ©vrier. 

Rennes Plihon  et  Hervé. 

Rocheforl Girard  (M""). 

Langlois. 
Lestringant. 
S'-Étienne Chevalier. 

Ponleil-Burles. 
RumĂšbe. 
Gimet. 
PrivĂąt. 
,  Boisselier. 

Tours PĂ©ricat. 

(  Suppligeon. 
Giard. 
Lemaltre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


A  msterdam . 


Bruxelles. . 


Bucharest. 


chez  Messieurs  : 

(  Feikema   Caarelsen 

'      et  C". 

AthĂšnes Beck. 

lirircelone Verdaguer. 

I  Asher  et  G'*. 

Berlin j  Dames. 

j  Friedlander   et   fils. 
1  Mayer  et  Muller. 

Berne Schmid  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

/  Lamerkin. 

MayolezetAudiarte. 

Lebégue  et  G'*. 

Sotcliek  et  G°. 

Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  Bell  et  C°. 

Christiania. .....     Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Hrisl  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gaiid Hoste. 

GĂšnes Beuf. 

iCherbuliez. 
Georg. 
Stapelmohr. 

La  Haye Belinfante  frĂšres. 

Benda. 
Payot  et  C'-. 
Barth. 
Brockhaus. 

Leipzig — ^'  KƓhler, 

Lorentz. 
Twietmeyer. 
Desoer. 
Gnusé. 


Londres 

Luxembourg .    , . 


Lausanne.. 


LiĂšge. 


chez  Messieurs  : 
l  Dulau. 

j  Hachette  et  C'«. 
'  Nutt. 
V.  Buck. 

!Ruiz  et  C'v 
Romo  y  Fussel. 
Capdeville. 
F.  FĂ©. 

Milan j  Bocca  frĂšres. 

(  HƓpli. 

«o^eou Tastevlu. 

JVaples j  Marghieri  di  Giu». 

i  Pellerano. 

(  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
Me^v-rork Stechert. 

(  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C*«. 

Palerme Reber. 

^<"''<' Magalhaés  et  Mooii. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

Rome j  Bocca  frĂšres. 

(  Loescheret  C'*. 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Nordlsk»  Boghandel. 

Zinserling. 

Woief. 

Bocca  frÚre». 

Brero. 
1  Clausen. 
I  RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebethner  et  Wolff. 

VĂ©rone Drucker. 

Frick. 

Gerold  et  G'*. 
ZUrich Meyer  etZeller. 


S'-PĂ©tersbourg. 


Tarin , 


Vienne . 


iS  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENBDS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1"  Ă   31.  —  (3  AoĂ»t  i835  Ă   3i  DĂ©cembre  i85o.)  Volume  in-4°;  i863.  Prix 25  fr. 

romes32Ă 61.  —(i"  Janvier  i8ii  Ă   3i  DĂ©cembre  iSGJ.j  Volume  in-4°;  1870.  Prix ".  25  fr.' 

lomes  62Ă   91.  —(['='■  Janvier  1866  Ă   3t  DĂ©cembre  iSSi..,  Volume  in-4°;  1S89.  Prix 25  fr.' 

lomes  92  Ă   121.  —  (  i"  Janvier  1881  Ă   3[  DĂ©cembre  is.j,.) .Volume  in-4";  1900.  Prix ! .  25  fr'. 

'LÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES  ; 

iJ^es/pa^^r^vao^  B"a^!r  l^u  :;ei;;i4^  av;!^r;;i.'.o^ 

uis  de  ib3d,  Lt  puis  lemise  pour  celui  de  i8d6,  savoir:  «  Etudier  les  In^  Me  la  distribulinn  drs  corps  organisés  fossiles  dans  les  dilTérents  terrains 
aÔDom  mi  exil'ntVn'tr' l-rrf'^'M-  ~  ''""'"='  '''  question  de  le,  .,„,urit.on  ou  de  leur  ,l,,spar!tion  'successive  ou  sii„i?Uanle.  -  Hechcrcher  a 
apports  qui  existent  entre  1  Ă©tat  actuel  du  rcgne  organique  et  ses  Ă©tals  a„.,i  -.urs  »,  par  M.  le  Professeur  Buonn.  1Ă»-4°,  avec  7  planches;   1861 ....     25  fr. 

ĂȘme  Librairie  les  MĂ©noires  de  l'AcadĂ©mie  des  Sciences,  et  les  Kcaoires  prĂ©sentĂ©s  par  divers  Savants  Ă   l'AcadĂ©mie  des  Sciences. 


W  16.  ^    .. 

TABLE   DES  ARTICLES.    (SĂ©ance   <lu   19  octobre  1903.) 


MÉMOIRES    ET  GOMMUIVICATIOIVS 

DES  MEMBHES   ET   DES  CORRESPONDANTS   DE  L'ACADÉMIE. 


Pages 

M  le  Président  annonce  à  l'Académie  que, 
en  raison  de  la  ^Ă©nnce  publique  annnclle 
des  cinq  Académ-  qui  doit  avoir  lieu  le 
lundi  a6  octobre,  la  séance  hebdomadaire 
de  l'Académie  des  Sciences  sera  remise  au 
lendemain  mardi  27  octobre 

M.  Berthelot.  -  Sur  l'Ă©tat  du  carbone 
vaporisé 

M.   Emile  Picard. 


Sui   les  périodes  des 


589 


58., 


Pages. 

intégrales  doubles  cl   leurs  rapports  avec 
la  théorie  des  intégrales  doubles  de  seconde 

espĂšce "       9^ 

M.  Henri  Moissax.  —  Sur  le  dosage  de 
l'argon  dans  l'air  atmosphérique 600 

MM.  A.  Haller  et  A.  Guyot.  —  Sur  les  pro- 
duils  de  condensation  du  létraméthyldia- 
midophényloxanthranol  avec  le  benzÚne,  le 
toluÚne  et  la  diméthylaniline 606 


MÉMOIRES  LUS. 


M.  Raphaël  Dubois.  -  Sur  l'acclimatation 
et   la  culture  des  Pintadines,  ou    luiitres 


perliĂšres  vraies,  sur  les  cĂŽtes  de  France, 

et  sur  la  production  forcée  des  perles  fines.     611 


CORRESPONDANCE . 


M  Ed.  Caspari  piie  l'Académie  de  le  com- 
prendre parmi  les  candidats  Ă   la  place 
vacante,  dans  la  Section  de  GĂ©ographie 
et  Navigation,  par  suite  du  deces  de 
M.  de  Bussy ‱  ‱  ■ :  ■ 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  les  trois 
premiers  numéros  du  «Journal  de  Chimie 
physique   »,   publié  par   M.    Philippe-A. 

Guye 

M.    Alf.    Guldrerg.   —    Sur   les   Ă©quations 

linéaires  aux  différences  finies 

M.  Th.  Vautier.   —  Sur  un  rĂ©fractomĂštre 

à  réflexions ; 

M.    KURILOIF.    —    Sur    la    composition   du 

peroxyde  de  zinc 

M.  L.  CuÊNOT.  —  L'organe  phagocytaire  des 

Errata  


6 1.1 

6i3 
6i4 
Bit 
618 


Crustacés  Décapodes 

M.  W.  KiLiAN.  —  Sur  les  phases  du  plisse- 
ment  des  zones  inlra-alpines   françaises. 

M.  R.  Anthony.  —  Du  rîle  de  la  compression 
dans  la  localisation  des  tendons 

MM.  VALLEE  et  Carre.  —  Sur  les  rapports 
qui  existent  entre  le  Surra  et  le  Nagana, 
d'aprÚs  une  expérience  de  ISocai-d 

M.  L.  PeniĂšres.  —PathogĂ©nie  et  traitement 
du   rhumatisme 

M.  Vaschide.  —  Recherches  expĂ©rimentales 
sur  l'olfaction  des  vieillards 

M.  S.  SocoLow  adresse  une  Note  «  Sur  les 
corrélations  qui  existent  entre  les  élé- 
ments des  orbites  du  systÚme  planétaire  ». 


fji9 

1)21 

O23 

634 
(326 
627 

628 

r,28 


PARIS.  -   IMPRIMERIE    G  A  UTH  I  E  R  -  V  II.LARS, 
Quai  des  Grands-Auguslins,  65. 


Le  GĂ©rant  :  Gauthier -ViLLAHS. 


'  1903 

^        ;,  SECOND  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES     SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVII. 


W  17  (27  Octobre  1903). 


PARIS, 

GAUTHIER- VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DE      COMPTES  UENDUS    DES    SÉANCES  DE  L'.GADÈMIK    DES   SCIENCES, 

(Juai  des  Grands-Augusliiis.  55, 


1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin   1862  et  24  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composenl  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
[\%  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  l''.  —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  jiages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  pins  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  nepour;a  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  àe  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  1ns  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  3a  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  re])ro(luisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soil  lait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
[iréjudicie  en  rien  aux  droils  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'aut 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  ij 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus.  l 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  person 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  VA 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  s 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nomi 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cetExl 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  I 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  rerr 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tan 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin  ;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   tei 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  n 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu 
vant  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planche 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  sen 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comf 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  de; 
tenrs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rappor 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administra tivi 
un  Rap|iort  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  a 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du 
sent  RĂšglement. 


Lea  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés 
déposer  am  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance,  avant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  sui 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU   MARDI  27   OCTOBRE  1905, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUIVICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce  que  le  Tome  XLVI  des  «  Mémoires 
de  l'Académie  des  Sciences  »  est  en  distribution  au  Secrétariat. 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  phosphorescence  scintillante  c/ue  prĂ©sentent  cer- 
taines substances  sous  l'action  des  rayons  du  radium.  Note  de 
M.   He\ri  Becquerel. 

«  I!  y  a  quelques  mois  ('),  Sir  W.  Crookes  a  fait  une  trÚs  curieuse 
expérience.  Sur  un  écran  de  sulfure  de  zinc  phosphorescent,  on  pose  un 
trĂšs  petit  grain  d'un  sel  de  radium,  ou  mieux,  on  le  maintient  trĂšs  prĂšs 
de  l'écran  en  le  fixant  à  l'extrémité  d'un  fil  métallique,  et  l'on  regarde  la 
surface  phosphorescente  au  moyen  d'une  forte  loupe  ou  d'un  microscope. 
On  aperçoit  alors  sur  l'écran,  autour  tl'une  tache  lumineuse,  une  série  de 
points  brillants  qui  apparaissent  et  disparaissent  Ă   chaque  instant,  donnant 
l'aspect  d'un  ciel  étoile  incessamment  variable.  Sir  W.  Crookes  a  appelé 
cette  disposition  expérimentale  le  spinthariscope. 

»  Si  l'on  opÚre  avec  une  quantité  un  peu  plus  grande  de  sel  de  radium, 
et  qu'on  l'approche  progressivement  de  l'Ă©cran,  la  lueur  phosphorescente 
que  provoque  la  matiÚre  active  présente  une  agitation  croissante.  Le  phé- 
nomÚne se  produit  dans  le  vide  comme  dans  l'air,  et  à  la  température  de 
l'hydrogÚne  liquide  comme  à  la  température  ordinaire;  il  s'affaiblit  au 
point  de  disparaĂźtre  si  l'on  interpose  une  feuille  de  papier  entre  la  source 


(')  Proc.  Roy.  Soc,  t.  LXXl,  p.  4o5  (19  mars  igoS).  —  EleclricUia  (3  avril  igoj). 
-  Modem  views  on  matter  (juin  igoS). 

G.  R.,  1903,    .'  Semestre.  (T.  GXXXVU,  N"  17.)  83 


a 


63o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES.  , 

radiante  et  l'Ă©cran  de  blende  hexagonale.  La  scintillation  s'observe,  mais 

plus  faiblement,  avec  un  Ă©cran  de  platinocyanure  de  baryum. 

»  En  se  fondant  sur  la  faible  pénétrabilité  des  rayons  provoquant  1 
scintillation,  Sir  W.  Crookes  a  pensé  que  l'elTet  était  produit  par  les 
rayons  a  (rayons  transportant  des  charges  positives),  et  que  chacun  des 
points  himineux  était  le  résultat  du  choc  d'un  électron  isolé. 

»  Peu  aprÚs  la  publication  de  cette  expérience,  MM.  J.  Elster  et 
H.  Geitel  (')  ont  annoncĂ©  qu'ils  avaient  vu  de  leur  cĂŽtĂ©  le  mĂȘme  phĂ©no- 
mĂšne de  scintillation  sur  de  la  blende  hexagonale  maintenue  Ă   un  potentiel 
négatif  de  20oo''°'''  dans  un  espace  clos,  dont  le  volume  avait  un  peu  plus 
d'un  mĂštre  cube  et  qui  contenait  de  l'air  radioactif  extrait  du  sol. 

»  Les  mĂȘmes  auteurs  ont  ensuite  rĂ©pĂ©tĂ©  l'expĂ©rience  de  Sir  W.  Crookes 
sur  la  blende  hexagonale  avec  des  matiÚres  actives  entourées  de  papier;  ils 
ont  reconnu  que  la  lumiĂšre  rouge  ne  modifie  pas  la  scintillation,  tandis  que, 
comme  on  le  sait,  les  rayons  rouges  et  infra-rouges  provoquent  l'extinction 
de  la  phosphorescence  produite  par  une  excitation  lumineuse  ;  puis,  en 
substituant  Ă   l'Ă©cran  de  blende  hexagonale  un  Ă©cran  de  tungstate  de 
calcium,  qui  devient  phosphorescent,  ils  n'oni  plus  observé  la  scintillation. 
))  Le  rayonnement  du  thorium  provoque  faiblement  la  scintillation  de 
la  blende  hexagonale.  Un  courant  d'air  projeté  sur  l'écran  ne  paraßt  avoir 
aucun  effet  sur  le  phénomÚne. 

»  Les  expĂ©riences  qui  viennent  d'ĂȘtre  rappelĂ©es,  soulĂšvent  plusieurs 
questions  : 

»  La  premiÚre  est  d'établir  si  lu  scintillation  est  due  à  l'action  d'une 
partie  seulement  du  rayonnement  du  raiiium.  Le  caractĂšre  d'une  faible 
pénétrabilité  ne  suffit  pas  pour  définir  le  rayonnement  actif  et,  bien  que 
l'attribution  faite  par  Sir  W.  Crookes  aux  rayons  a  soit  exacte,  il  convenait 
de  rechercher  si  les  autres  parties  du  rayonnement  produisent  le  mĂȘme 
effet. 

»  Une  autre  question  non  moins  intéressante  est  de  démontrer  si, 
comme  le  pense  Sir  W.  Crookes,  la  scintillation  est  produite  par  le  choc 
d'électrons  isoles,  émis  à  des  intervalles  de  temps  appréciables,  ou  si  l'effet 
ne  devrait  pas  plutĂŽt  ĂȘtre  attribuĂ©  Ă   la  dĂ©sagrĂ©gation  de  la  matiĂšre  phos- 
phorescente. Les  substances  qui  présentent  la  scintillation  avec  la  plus 
grande  intensité  s'altÚrent  sous  l'influence  du  rayonnement,  et  l'altération 
pourrait  ĂȘtre  accompagnĂ©e  de  clivages  molĂ©culaires,  phĂ©nomĂšne  qui  don- 


(')  Pltysikalisclie  Zeitschrift,  l.  tV,  p.  489  (27  mars  i<jo3). 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  igo3.  63 I 

nerait  lieu  Ă   He  petites  Ă©tincelles  analogues  Ă   celles  qu'on  observe  en 
brisant  descristaux  de  nitrate  d'urane,  de  sucre  ou  d'autres  matiĂšres. 

»  Ces  considérations  m'ont  conduit  à  reprendre  et  à  compléter  une  étude 
que  j'avais  faite  il  y  a  plusieurs  années  sur  la  phosphorescence  provoquée 
par  le  rayonnement  du  radium  ('  ),  Ă   une  Ă©poque  oĂč  je  n'avais  pas  encore 
réalisé  l'analyse  de  ce  rayonnement  par  un  champ  magnétique. 

»  Au  moyen  d'un  dispositif  simple,  ou  peut  transporter  un  trÚs  petit 
grain  de  chlorure  de  radium  sur  divers  Ă©crans  phosphorescents,  Ă   un  demi- 
millimĂštre  environ  au-dessus,  et  examiner  les  Ă©crans  avec  un  microscope. 

»  Dans  ces  conditions,  soit  avec  un  échantillon  de  blende  hexagonale 
préparée  par  M.  Ch.  Henry,  soit  avec  des  écrans  disposés  autrefois  par 
mon  pÚre  et  formés  de  cristaux  pulvérisés  de  blende  hexagonale  préparée 
par  M.  Sainte-Claire  Ueville,  le  phénomÚne  décrit  par  Sir  W.  Crookes 
apparaßt  avec  la  plus  grande  netteté. 

»  Un  écran  formé  de  petits  cristaux  provenant  de  la  pulvérisation  d'un 
diamant  a  manifesté  la  scintillation  avec  une  intensité  remarquable. 

»  Ces  divers  écrans  sont  constitués  par  des  matiÚres  pulvérulentes 
collées  avec  un  peu  de  gomme  sur  de  minces  lames  de  mica.  En  les  retour- 
nant on  interpose  le  mica  entre  la  source  et  la  matiĂšie  lumineuse;  l'effet 
de  scintillation  se  produit  encore,  mais  seulement  dans  les  régions  situées 
immédiatement  au-dessous  du  grain  de  chlorure  de  radium,  et  l'on  peut 
constater  ainsi  la  faible  pénétrabilité  de  la  partie  active  du  rayonnement. 

»  En  disposant  d'abord  le  grain  de  radium  au-dessous,  puis  en  le  cou- 
vrant d'une  lame  d'aluminium  de  o°"°,oi  d'épaisseur,  et  posant  sur  l'alu- 
minium l'écran  transparent,  la  face  tournée  vers  la  matiÚre  active,  on  voit 
dans  le  champ  du  microscope  une  multitude  d'étoiles  scintillantes  se  déta- 
chant sur  un  fond  relativement  obscur. 

»  Dans  ces  expériences,  la  moindre  fissure  dans  le  mica,  ou  le  moindre 
trou  dans  la  feuille  d'aluminium,  laisse  passer  des  rayons  actifs  dont  la 
présence  se  révÚle  par  un  accroissement  dans  l'intensité  de  la  phospho- 
rescence scintillante. 

»  Avec  le  platinocvanure  de  baryum  la  phosphorescence  est  vive  et  la 
scintillation  faible;  la  lueur  phosphorescente  présente  une  sorte  d'agitation 
analogue  à  celle  des  images  produites  au  travers  de  couches  d'air  irrégu- 
liĂšrement Ă©chauffĂ©es.  La  mĂȘme  apparence  s'observe,  mais  trĂšs  faiblement. 


(')   Comptes  rendi/x,  t.  GXXIX,  p.  912  (4  décembre  1899). 


(■),').!  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

avec  le  sulfate  double  d'uranium  et  de  potassium,  qui  devient  trĂšs  lumineux. 

»  Pour  les  autres  substances  qui  avaient  servi  à  mes  recherches  anté- 
rieures, les  effets  lumineux  ont  été  trop  faibles  et  l'on  n'a  pu  observer 
l'existence  ou  la  non-exislence  de  l'intermittence. 

»  En  comparant  ces  résultats  avec  ceux  que  j'avais  obtenus  dans  le  tra- 
vail cité  plus  haut,  on  reconnaßt  que  les  substances  qui  manifestent  la  scin- 
tillation sont  celles  dont  la  phosphorescence  est  excitée  par  les  rayons  les 
plus  absorbables. 

»  Pour  analyser  le  rayonnement  actif,  on  a  disposé  l'expérience  de  la 
maniÚre  suivante.  Une  petite  quantité  de  chlorure  de  radium  était  ras- 
semblée dans  une  rainure  pratiquée  dans  un  petit  bloc  de  plomb;  à 
quelques  millimĂštres  au-dessus  de  la  rainure  on  dispose  un  Ă©cran  de  plomb 
percé  d'une  fente  fine  parallÚle  à  la  rainure,  puis  au-dessus  on  place  l'écran 
phosphorescent,  la  face  tournée  vers  le  bas,  et  on  l'examine  par-dessus 
avec  une  forte  loupe  ou  un  microscope.  Tout  l'appareil  est  placé  entre  les 
pÎles  d'un  électro-aimant,  la  rainure  étant  disposée  horizontalement  et 
parallĂšlement  au  champ. 

»  Avec  la  blende  hexagonale  et  avec  le  diamant,  la  scintillation  paraßt  la 
mĂȘme  quand  l'Ă©lectro-aimant  est  excitĂ©  ou  quand  il  ne  l'est  pas;  le  rayon- 
nement actif  ne  paraßt  pas  dévié  d'une  maniÚre  appréciable;  les  rayons 
dĂ©viables  ^  ne  produisent  qu'une  phosphorescence  extrĂȘmement  faible,  et 
la  scintillation  observée  est  produite  par  la  partie  du  rayonnement  non 
déviable  ou,  plus  exactement,  trÚs  peu  déviable. 

:>  Avec  le  jilatino-cvanure  de  baryum,  les  rayons  «  et  les  rayons  p 
excitent  la  phosphorescence  Ă   peu  prĂšs  avec  la  mĂȘme  intensitĂ©;  le  champ 
magnétique  sépare  les  deux  faisceaux,  et  l'on  observe  alors  que  la  scintil- 
lation n'est  appréciable  que  dans  le  faisceau  des  rayons  non  déviés.  Elle 
devient  mĂȘme  beaucoup  plus  nette  qu'en  l'absence  du  champ  magnĂ©tique, 
ce  qui  montre  que  la  phosphorescence  due  aux  rayons  p  masque  alors  par- 
liellemtMit  la  scintillation  provoquée  par  les  rayons  non  déviables. 

»  Lorsqu'on  fait  l'expérience  avec  le  sulfate  double  d'uranium  et  de 
potassium,  on  peut  obtenir  des  effets  différents  suivant  l'épaisseur  de  la 
couche  de  sel  qui  forme  l'Ă©cran.  Si  l'Ă©paisseur  est  un  peu  grande  les 
rayons  |i  pénÚtrent  seuls  sur  la  face  du  cÎté  de  l'observateur,  la  totalité 
(lu  rayonnement  qui  excite  la  phosphorescence  observée  est  déviée,  par  le 
champ,  et  ce  rayonnement  ne  provoque  pas  de  scintillation  appréciable. 
Si  la  couche  de  sel  qui  forme  l'écran  est  trÚs  mince,  on  reconnaßt  qu'à  cÎté 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    IpoS.  633 

de  la  trace  lumineuse  déviée  par  le  champ  il  v  a  une  faible  trace  phospho- 
rescente non  déviée  produite  par  les  ravons  a.,  et  malgré  la  faiblesse  de 
l'intensité,  on  peut  discerner  dans  la  lueiu-  émise  l'agitation  caractéristique 
dont  il  a  été  question  plus  haut. 

»  Le  sulfate  double  d'uranium  et  de  potassium  est  donc  surtout  rendu 
phosphorescent  par  les  rayons  p,  le  platinocyanure  <le  baryum  par  les 
rayons  oc  et  [ĂŻ,  tandis  que  la  blende  hexagonale  et  le  diamant  le  sont  surtout 
par  les  rayons  a;  nous  ne  parlons  pas  ici  de  l'effet  des  ravons  X.  Ces  der- 
niÚres substances  sont,  cependant,  faiblement  excitées  par  les  rayons  fi, 
et,  dans  mes  premiÚres  expériences  sur  l'action  d'un  champ  magnétique  (  '  ), 
j'avais  pu  observer  la  concentration  des  rayons  déviables  sur  un  pÎle  d'ai- 
mant, au  moven  des  mĂȘmes  Ă©crans  phosphorescents.  J'ai,  du  reste,  rĂ©pĂ©tĂ© 
rĂ©cemment  ces  expĂ©riences  avec  ces  mĂȘmes  matiĂšres,  et  j'ai  retrouvĂ©  les 
mĂȘmes  rĂ©sultats. 

»  Ainsi  il  résulte  de  ces  observations  c|ue,  conformément  à  l'opinion 
Ă©mise  par  Sir  W.  Crookes,  ce  sont  les  ravons  a  qui  provoquent  la  phos- 
phorescence scintillante;  la  phosphorescence  excitée  par  les  ravons  p, 
lorsqu'elle  est  appréciable  ou  préjiondérante,  masque  le  phénomÚne  pro- 
duit par  les  rayons  a.  H  semble  donc  que  l'action  des  rayons  p  ne  donne 
pas  lieu  au  mĂȘme  effet. 

»  Une  série  d'expériences  faites  en  projetant,  sur  les  divers  écrans  dont 
il  a  été  question  plus  haut,  un  faisceau  de  rayons  X,  limité  par  un  trou 
d'épingle  percé  dans  une  lame  de  plomb,  n'a  montré  aucune  apparence  de 
scintillation;  mais  comme  l'intermittence  de  l'excitation  du  tube  focus 
producteur  des  rayons  X  pouvait  masquer  le  phénomÚne,  celte  derniÚre 
expĂ©rience  ne  doit  pas  ĂȘtre  considĂ©rĂ©e  comme  absolument  concluante. 

»  La  question  de  savoir  si,  dans  les  expĂ©riences  qui  viennent  d'ĂȘtre 
décrites,  l'intermittence  de  la  phosphorescence  excitée  par  les  rayons  a. 
peut  ĂȘtre  attribuĂ©e  Ă   une  trĂšs  lente  frĂ©ipience  dans  l'Ă©mission  de  ces 
rayons,  est  plus  difficile  à  résoudre.  Si  l'on  avait  pu  observer  avec  un 
corps  phosphorescent  une  lueur  non  intermittente  produite  par  les  rayons  a, 
on  devrait  en  conclure  que  la  fréquence  de  l'émission  est  trop  grande  pour 
ĂȘtre  mesurable  dans  ces  conditions  et  que  l'effet  observĂ©  vient  de  la  ma- 
tiÚre altérable  de  l'écran  ;  mais,  au  contraire,  la  scintillation  ou  l'agitation 
de  la  phosphorescence  produite  par  les  rayons  aa  été  reconnue  avec  toutes 
les  substances  étudiées. 


(')    Cnmpte:^  rendus,  t.  C\'\I\,  p.  996(11  décembre  1899). 


634  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Cependant  diverses  particularités  des  expériences  précédentes 
doivent  ĂȘtre  prises  en  considĂ©ration.  Un  fait  gĂ©nĂ©ral  est  que  la  scintilla- 
tion est  d'autant  plus  nette  et  plus  vive  que  les  écrans  sont  formés  de  plus 
petits  cristaux.  Si  parmi  les  beaux  cristaux  préparés  par  M.  Sainte-Claire 
Deville  on  choisit  un  fragment  cristallin  qui  semble  relativement  gros  sous 
le  microscope,  et  si  on  le  place  trĂšs  prĂšs  d'un  grain  de  chlorure  de  radium, 
il  devient  phosphorescent  et  produit  une  lueur  continue  sans  manifester 
de  scintillation.  Parfois,  sur  le  fragment  cristallin  apparaĂźt  un  point  lumi- 
neux semblable  Ă   une  petite  Ă©toile  qui  croĂźt  puis  disparaĂźt  lentement,  et  se 
reforme  plusieurs  fois  de  suite  Ă   la  mĂȘme  place  oĂč  se  trouve  vraisembla- 
blement une  fĂȘlure.  Si  l'on  brise  le  mĂȘme  cristal  en  fragments  plus  petits, 
certains  morceaux  présentent  des  points  brillants  variables,  et  enfin,  si 
l'on  pulvérise  ces  morceaux,  la  scintillation  apparaßt  avec  les  caractÚres 
décrits  plus  haut.  La  blende,  préparée  en  trÚs  petits  cristaux  par  le  pro- 
cédé de  M.  Ch.  Henry,  manifeste  la  scintillation  avec  une  trÚs  grande 
intensité. 

»  On  peut  donc  admettre  que,  sous  l'influence  d'un  rayonnement  qui 
paraĂźt  continu  pour  nos  sens,  les  cristaux  s'altĂšrent  progressivement  et  se 
clivent  inégalement  vite  suivant  qu'ils  sont  plus  ou  moins  gros.  La  matiÚre 
présenterait  une  sorte  de  décrépitemenl.  Dans  cet  ordre  d'idées,  on  conçoit 
que  les  rayons  a,  qui  sont  théoriquement  constitués  par  des  masses,  réelles 
ou  apparentes,  mille  fois  plus  grosses  que  celles  des  Ă©lectrons,  et  qui 
paraissent  transporter  une  partie  considérable  de  l'énergie  du  faisceau 
radioactif,  soient  plus  efficaces,  pour  produire  les  effets  en  question,  que 
ne  le  sont  les  rayons  p  et  y. 

))  IjC  clivage  des  divers  cristaux  employés  pour  les  expériences  précé- 
dentes doit  ĂȘtre  accompagnĂ©  d'une  Ă©mission  de  lumiĂšre,  mĂȘme  lorsqu'on 
le  produit  mécaniquement.  J'ai  réalisé  l'expérience  en  écrasant  entre  deux 
plaques  de  verre  des  cristaux  de  blende  hexagonale.  Chaque  cristal  qui  se 
brise  produit  une  Ă©mission  lummeuse  d'autant  plus  intense  qu'il  est  plus 
gros,  et  en  regardant  les  cristaux  avec  une  loupe  pendant  qu'on  les  Ă©crase, 
on  réalise  un  spinlhariscope  sans  radium. 

»  Ces  faits  établissent  sinon  une  démonstration,  du  moins  une  grande 
présomption  en  faveur  de  l'hypothÚse  qui  attribuerait  la  scintillation  à  des 
clivages  provoqués  irréguliÚrement  sur  l'écran  cristallin  par  l'action  conti- 
nue plus  ou  moins  prolongée  des  rayons  a.  » 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  igoS.  635 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  C.  Fleig  soumet  au  jugemeat  de  l'Académie  deux  Notes  ayaut  pour 
titres  :  «  Mode  d'action  chimique  des  savons  alcalins  sur  la  sécrétion  pan- 
créatique »  et  «  Mécanisme  de  l'action  de  la  sapocrinine  sur  la  sécrétion 
pancréatique  ». 

(Renvoi  Ă   l'examen  de  M.  Duclaux.) 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Maire  de  Saixt-Just-en-Chaussée  (Oise)  écrit  à  M.  le  Président 
pour  prier  l'Académie  de  vouloir  bien  se  faire  représenter  à  l'inauguration 
du  monument  Ă©levĂ©  Ă   la  mĂ©moire  de  RenĂ©-Just  HaĂčy  et  Valentin  HaĂ»y  qui 
aura  lieu  dans  cette  ville  le  8  novembre  prochain. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  piÚces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

Un  Volume  de  M.  R.  Verneaii  ayant  pour  titre  :  «  Les  anciens  Patagons. 
Contribution  à  l'étude  des  races  précolombiennes  de  l'Amérique  du  Sud, 
publiée  par  ordre  de  S.  A.  le  Prince  de  Monaco.  »  (Présenté  par  M.  Gaudry.) 

ASTRONOMIE.  —  Obsen'ation  de  T Ă©clipse  de  Soleil  du  20  septembre  i go'5  Jaite 
Ă   l'Ăźle  de  la  RĂ©union.  Note  de  MM.  Edmond  Rordage  et  A.  Garsault. 

«  Grùce  à  des  conditions  trÚs  favorables,  il  nous  a  été  permis  de  faire 
quelques  observations  sur  l'éclipsé  partielle  de  Soleil  prédite  par  l'Obser- 
vatoire de  Paris,  pour  la  date  du  20  septembre  iqoS,  Ă   i4''37'"i2*. 

»  En  ajoutant  à  i4''37"'i2^  (^temps  moyen  astronomique)  la  longitude 
orientale  de  Saint-Denis  (Réunion)  exprimée  en  heures,  soit  3''32'°28%  on 
obtenait  i8''9'"4()%  ce  qui  correspondait  en  réalité,  au  21  septembre,  à 
6'^9'"4o'  {temps  civil). 

»  Nous  avons  alors  pris  nos  dispositions  pour  étudier  l'éclipsé  dÚs  son 
début,  à  (3''9'"4()*;  ce  début  devant  se  produire  un  quart  d'heure  environ 
aprĂšs  le  lever  du  Soleil  (5''55"'). 


636  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  phĂ©nomĂšne  a  pu  ĂȘtre  observĂ©  pendant  presque  toute  sa  durĂ©e.  A  deux  reprises 
seulement,  de  petits  nuages  ont  voilé  pendant  quelques  instants  le  disque  du  Soleil. 

»  L'éclipsé  a  atteint  son  maximum  aux  environs  de  7''.  Ce  maximum  représentait  à 
peu  ])rÚs  les  -^  du  diamÚtre  du  disque.  Le  phénomÚne  a  pris  fin  vers  8^  S"-.  Sa  durée 
a  donc  été  d'environ  2  heures  pour  la  Réunion. 

»  La  diminution  dans  l'intensité  lumineuse  était  si  peu  sensible  qu'elle  est  demeurée 
inaperçue  des  animaux,  et  que  beai«coup  de  personnes  non  prĂ©venues  n'ont  mĂȘme  pas 
eu  conscience  de  la  production  du  phénomÚne.  Lors  de  la  magnifique  éclipse  totale  du 
17  mai  i90i,non  seulement  les  divers  animaux,  mais  encore  beaucoup  de  noirs,  avaient 
manifesté  des  signes  trÚs  marqués  d'inquiétude,  voire  de  terreur. 

»  Au  Soleil,  le  thermomÚtre  a  indiqué  une  diminution  de  température  qui  n'a 
guÚre  dépassé  2°, 5.  Par  suite  de  leur  situation  abritée,  il  a  été  impossible  aux  ther- 
momĂštres enregistreurs  d'ĂȘtre  nettement  infiuencĂ©s  par  cet  abaissement  peu  marquĂ©. 
Depuis  le  lever  du  Soleil  jusqu'à  la  fin  de  l'éclipsé,  la  courbe  est  rapidement  ascen- 
dante. Vers  7'',  au  moment  du  maximum  de  l'éclipsé,  les  graphiques  présentent,  d'une 
façon  constante,  une  sorte  d'encoche  dans  cette  ligne  ascendante.  Cette  encoche 
correspond  Ă   un  court  arrĂȘt  ou,  plus  exactement,  Ă   un  trĂšs  petit  ralentissement  dans 
l'ascension. 

»  En  mĂȘme  temps  que  ia  prĂ©sente  Communicnlion,  nous  avons  l'hon- 
neur de  faire  parvenir  à  l'Académie  un  certain  nombre  de  photographies 
prises  avec  le  plus  grand  soin  par  l'un  de  nous  (M.  A.  Garsault).  Ces  pho- 
tographies, obtenues  au  moyen  d'un  appareil  muni  d'un  téléobjectif,  ont 
été,  de  plus,  agrandies  de  façon  à  atteindre  le  diamÚtre  d'une  piÚce  de  cinq 
francs  en  argent.  Nous  joignons  aussi  à  notre  envoi  une  série  de  cinq  jolies 
petites  photographies  prises  par'M.  Georges  Jacquier. 

»  Sur  aucune  des  photographies  nous  n'avons  constaté  la  présence  de 
montagnes  lunaires  projetées  en  silhouette  sur  le  tlisque  solaire,  ainsi  que 
cela  s'est  produit  pour  les  photographies  prises  en  France  lors  de  l'éclipsé 
partielle  du  10  octobre  1874  (silhouettes  des  monts  Leibnitz  et  DƓrfel).  » 


ASTRONOMIE.  —   Observations  de  Mars  à  la  grande  lunette  de  l'observatoire 
de  Meudon.  Note  de  M.  G.  Millociiau,  présentée  par  M.  Deslandres. 

«  J'ai  observé,  en  igoS,  l'opposition  de  la  planÚte  Mars,  qui  se  présen- 
tait dans  des  conditions  favorables,  à  cause  de  la  hauteur  élevée  de  l'astre 
au-dessus  de  l'horizon. 

»  L'état  du  ciel  m'a  permis  de  faire  de  bonnes  observations  les  10,  11, 
12,  i3,  20  mars  et  les  i4  et  22  mai,  avec  le  grand  objectif  de  oℱ,  80  de  dia- 
mĂštre et  de  16"",  1 5  de  distance  focale;  dans  l'opposition  de  1 901,  je  n'avais 
pu  observer  Mars  que  les  11,  20,  21  et  22  février. 


SÉANCE    DU    27    OCTOURE    190.3.  637 

»   Le  grossissement  employé  a  élé  soit  de  320,   soit  de  4^0  diamÚtres, 


Dessins  de  la  jilanĂšlc  Mars. 


29.  février  1901. 

Longitude  du  centre,  234°.  Lulitude,   u". 

i'l6*  jour  du  printemps  martien  (hém.  N.), 


]  i  murs  190J. 
Longitude  du  centre,  23o°.  Latitude,  21° 
lû"  jour  de  l'été  martien  (liém.  boréal). 


1 1  février  igoi. 

Longitude  du  centre,  338».  Latitude,  21". 

i35°  jour  du  printemps  martien  (liéni.  iS.). 


14  uiai   igoo. 

Longitude  du  centre,  339".  Latitude,  2.3" 

77"  jour  de  l'été  martien  (hem.  boréal  j. 


suivant  l'Ă©tat  des  images.  Ces  grossissements  peuvent  sembler  faibles  Ă©tant 
donné  le  grand  diamÚtre  de  l'objectif,  mais  en  les  employant,  la  finesse  et  la 


C.  B.,   1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVK,  N«  17  ) 


81 


638  ACADÉMIE    DES    SCIE^'CES. 

définilioii  (les  délails  compensent  largement  leur  pelilesse;  de  plus,  comme 
par  suite  de  l'action  des  vagues  almosphériques,  le  plan  focal  oscille  autour 
d'une  position  moyenne,  i'Ɠil  peut,  par  accommodation,  suivre  l'objet  exa- 
miné pendant  un  temps  plus  long  avec  un  oculaire  plus  faible,  sans  perdre 
de  vue  un  détail  a|)erçu. 

)>  Les  grossissements  de  320  et  43o  et  souvent  de  plus  forts  sont  aussi 
généralement  employés  pour  observer  Mars  avec  des  objectifs  de  o",3ode 
diamĂštre  seulement;  mais  les  images  sont  alors  7  fois  moins  lumineuses 
qu'avec  l'objectif  de  ()'",8o. 

»  La  comparaison  des  résultats  obtenus  en  1901  et  1903  m'a  permis  de 
constater  des  variations  bien  nettes  dans  certaines  taches  permanentes  de 
la  surface  de  Mars  et  quelques  particularités  qui  me  semblent  dignes 
d'ĂȘtre  signalĂ©es. 

»  1°  Le  21  février  1901  (netteté  4;  grossissement  43o)  et  le  22  février  (netteté  3; 
grossissement  820),  la  région  dite  Cerberus  (A  sur  le  dessin),  limitant  V Elysluin  au 
sud-ouest,  Ă©tait  visible  comme  une  large  bande  nuire,  Ă   bords  nets,  finissant  en  pointe 
à  ses  extrémités  et  traversée,  perpendiculairement  à  sa  longueur,  par  deux  canaux 
blancs,  parallĂšles,  la  sĂ©parant  en  trois  parties  presque  Ă©gales;  cette  mĂȘme  rĂ©gion, 
pendant  les  observations  faites  en  igoS,  les  10,  11,  12,  |3  mars  et  le  aa  mai,  s'est  pré- 
sentée sous  la  forme  de  deux  taches  noires  allongées,  à  bord  lions,  séparées  par  un 
large  espace  relativement  moins  sombre. 

»  Par  contre,  un  canal  trÚs  noir  (B  sur  le  dessin)  traversant  Mare  cimineiimu  et 
ayant  à  son  extrémité  nord  l'aspect  d'une  virgule  renversée,  a  été  constamment  revu 
en  igoS  comme  en  1901. 

»  1°  Pendant  le  mois  de  mars,  la  région  dite  Elysiiim  (C  sur  le  dessin)  était  presque 
aussi  blanche  que  la  calotte  polaire;  le  22  mai,  elle  avait  pris  la  teinte  rougeàtre  géné- 
rale de  la  planĂšte. 

ji  3°  Le  22  mai  (netteté  4;  grossissement  43o)  le  terniinateur  avait  l'aspect  d'une 
bande  de  -j^  Ă   j-^  de  seconde  d'arc  de  large  et  d'un  rouge  fumeux;  le  disque  Ă©tait  for- 
tement assombri  depuis  ce  terniinateur  jusqu'au  tiers  du  diamĂštre  environ,  alors  que, 
le  i4  mai  (netteté  4>  presque  5;  grossissement  43o),  aucun  phénomÚne  de  ce  genre 
n'était  visible.  Cet  aspect  de  Mars  m'a  do^né  l'impression  d'un  effet  de  crépuscule  dû 
Ă   l'atmosphĂšre  de  la  planĂšte. 

»  4°  1^6  '■  fĂ©vrier  1901  (nettetĂ©  4;  gi'ossissement  43o)  le  petit  lac  Z)//'ce  i^o/zs  (D  sur 
le  dessin)  était  bien  visible  et  assez  noir,  alors  que,  le  i4  mai  1900  (netteté,  presque  5  ; 
grossissement  43o),  il  n'y  avait  à  sa  place  qu'une  vague  grisaille  mal  définie.  Celte 
diffĂ©rence  Ă©tait  peut-ĂȘtre  due  Ă   la  prĂ©sence  de  nuages,  le  i4  mai,  dans  l'atmosphĂšre 
de  Mars.  Une  seule  observation  de  cette  région  a  été  faite  en  igoi  comme  en  1903. 

»  Chacpie  observation  a  un  coefficient  de  netteté  qui  est  utile  pour  les 
comparaisons  ultérieures  d'images  observées  à  des  époques  différentes.  Ce 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  igo3.  ÔSp 

coefficient  varie  de  o  à  5,  la  netteté  5  étant  la  meilleure.  Les  images  de 
netteté  égale  ou  inférieure  à  2  n'ont  pas  été  utilisées. 

»  L'aspect  des  planÚtes  et  de  Mars  en  |)articulier  m'a  paru  bien  diffé- 
rent avec  nn  objectif  trĂšs  grand  et  avec  les  instruments  plus  petits  que  j'ai 
eu  l'occasion  d'employer.  Les  canaux  qui,  dans  les  lunettes  moyennes,  se 
voient  comme  des  lignes  légÚres,  assez  fines,  mais  un  peu  floues,  perdent 
cette  apparence  dans  la  grande  lunette;  ils  sembl.ent  alors  formés  de 
masses  sombres  discontinues,  à  bords  déchiquetés  formant  des  sortes  de 
chapelets  qui  sont  réunis  en  lignes,  par  I'omI,  lorsque  la  vision  n'est  pas 
concentrée  sur  un  point. 

»  Les  lacs  ont  aussi  des  bords  irréguliers  et  des  prolongements  en 
forme  de  rayons  qui,  étant  amorcés  dans  diverses  directions,  peuvent 
donner  l'illusion  de  lignes. 

»  Cet  aspect  ne  doit  pas  tenir  à  un  défaut  de  l'objectif  employé,  car 
certaines  mers  apparaissent  bordées  de  rivages  aussi  nets  que  s'ils  avaient 
été  tracés  au  tire-ligne,  il  doit  surtout  tenir  au  grand  pouvoir  séparateur 
de  cet  objectif,  qui  permet  de  mieux  définir  les  petits  détails. 

»  Ce  mĂȘme  aspect  des  canaux  et  des  lacs  a  Ă©tĂ©  observĂ©  aussi  en  1899 
et  1901  et  décrit,  en  1901,  dans  une  Note  du  Bulletin  de  la  Société  astrono- 
mique, pages  437  et  438. 

))  Dans  mes  dessins,  j'ai  fortement  exagéré  l'intensité  des  teintes  des 
divers  détails,  afin  d'éviter  une  fatigue  inutile  au  lecteur.  D.ms  la  réalité, 
les  mers  sont  assez  faiblement  teintées  et  les  détails  formant  les  canaux 
difficilement  visibles.   « 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  — Sur  les  groupes  de  transformations  des  Ă©quations 
linéaires  aux  différences  finies.  Note  de  M.  Alf.  Guldberg,  présentée  par 
M.  Emile  Picard. 

«  Je  me  propose,  dans  cette  Note,  d'mdiquer,  pour  les  équations 
linéaires  aux  difiérences  finies,  nn  théorÚme  analogue  au  théorÚme  fonda- 
mental de  M.  Picard  dans  la  Théorie  des  équations  différentielles  linéaires. 

»  Prenons,  pour  plus  de  simplicité,  le  cas  d'une  équation  linéaire  à 
coefficients  rationnels 

et  désignons  par  y'^",  r'^"',  .  ..,  r',""  un  systÚme  fondamental  de  solutions. 


6:1o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Nous    n'avons    qu'à    reproduire    presque    textuellement    le   procédé    de 
M.  Picard,  en  substituant  Ă   la  notation  r/mWe  celle  Aq  valeur  successive . 
»   Soit  l'expression 

oĂč  les  Uj.  sont  des  fonctions  rationnelles  quelconques  de  r.  Cette  fonction 
satisfait  à  l'équalion  linéaire  d'ordre  «;-  : 

(■2)  V,,,„.  ^  P.;' „,„„=_,  4-.. .  +  Vf-'W,  =  o: 

on  a  d'ailleurs 

,/l)     r,    "   V       -1-  /»'-'   V"  J-  _U'y'"'''V  2 

y,C       —    «j;      V  j.   4-  «j.      V  ^^  I    +  .   .   .  -t-    X^         >    .r-H,«'-(  . 

,/">  _f3;.2'v    o-R'-'V        -+-        _i_  rj'"''i  V        !    , 


j-"=}.-v,+  ).-v,^,+...+Ar'v, 


a;+m'  — I  » 


OÙ  les  y.,.,  p,.,  >.j;  sont  rationnels  en  .r. 

»  A  toute  solution  de  l'équalion  (a)  correspond  un  systÚme  de  solu- 
tions j^.",  . . .,  yℱ'  de  l'Ă©quation  donnĂ©e  (i);  ce  systĂšme  pourra  n'ĂȘtre  pas 
fondamental.  Cela  arrivera  si  le  déterminant  des  j^  et  de  leurs  valeurs 
successives,  jusqu'Ă   l'ordre  m  —  i,  est  nul;  en  Ă©crivant  ceci,  on  obtiendra 
une  certaine  Ă©quation  en  V,.  : 

(3)  <p(-r,V,,V,,,,  .  .  .  ,  V,r.A)  =  o, 

^■  Ă©tant  au  plus  Ă©gal  Ă   /n-  —  j.  On  aura  doue  un  systĂšme  fondamental 
Xx"-  ‱  ‱  Jx' »  ^'  'o"  prend  pour  V^;  une  solution  de  l'Ă©quation  (2)  ne  satis- 
faisant pas  Ă   l'Ă©quation  (3). 

»   Ceci  posé,  supposons  que  l'équation  aux  différences  finies  d'ordre  p 

/représentant  un  polynÎme,  irréductible,  c'est-à-dire  n'ayant  aucune  so- 
lution commune  avec  une  Ă©quation  de  mĂȘme  forme  et  d'ordre  moindre, 
ait  une  solution  commune  et,  par  suite,  toutes  ses  solutions  communes 
avec  l'équation  {2).  L'équalion  (4).  supposée  différente  deréquatiou  (3), 
n'aura  avec  celle-ci  aucune  solution  commune,  et,  par  suite,  Ă   chaque 
solution  de  l'Ă©quation  (4)  correspond  un  systĂšme  fondamental  de  solu- 
tions pour  l'Ă©quation  (i). 

»   Soit  doue  v'",  jV"  ,  ‱  ‱  ‱  '  yr'  ^e  svsiĂšme  fondamental  correspondant  Ă  


SÉANCE    DU    17    OCTOIiRE    1903.  6^1 

une  certaine  solntion  Vj.  de  l'Ă©quation  ( /j),  et  s|j',  s'^',  . . .,  -'""  le  systĂšme 
correspondant  Ă   la  solution  gĂ©nĂ©rale  de  la  mĂȘme  Ă©quation  ;  on  aura 

^'  =  c^^y'"-^  «,,vi:' +  ..,  +  «„„ y;", 
='""  =  Cm^y'.!■''  +  «,„2 )v'  +  . . .  -K  ci„„„y'"\ 

et  les  a  seront  des  fonctions  algébriques  de  p  paramÚtres  arbitraires. 
L'ensemble  de  toutes  ces  substitutions  est  le  groupe  de  transformations 
linéaires  relatif  à  l'équation  (i);  nous  le  désignerons  par  G. 

»  On  peut  établir,  à  l'égard  de  ce  groupe,  la  proposition  suivante  qui 
rappelle  le  théorÚme  fondamental  de_M.  Picard  dans  la  théorie  des  équa- 
tions différentielles  linéaires  : 

»  Toute  fonction  rationnelle  de  x,  y'^  y',':',  .  .  .,  y'""  et  de  leurs  valeurs 
successĂčes,  s' exprimant  rationnellement  en  Jonction  de  x,  reste  invariante 
quand  on  effectue  sur  y^.\  y[^\  . . ., y""\  les  substitutions  de  G.  Toute  fonction 
rationnelle  de  x  et  d'un  systĂšme  fondamental  y'^\  y"^\  . .  . ,  y'"'\  et  de  leurs 
i^aleurs  successives,  qui  reste  invariable  par  les  substitutions  du  groupe  G,  est 
une  fonction  rationnelle  de  x. 

»  Les  théorÚmes  sur  la  réduction  du  groupe  G  par  l'adjonction  des 
solutions  d'équations  auxiliaires  sont  analogues  aux  théorÚmes  bien  con- 
nus de  M.  Vessiot  dans  la  théorie  des  équations  différentielles  linéaires  : 

))  Pour  que  l'équation  linéaire  (i)  soit  intcgrahJe par  quadratures  finies,  il 
aut  et  il  suffit  que  le  groupe  G  soit  un  groupe  inlégrable. 

»  Une  équation  linéaire  d'ordre  supérieur  au  premier  n'est  pas  en  général 
inlégrable  par  quadratures  finies. 

»  Ajoutons  enfin  que  la  théorie  piécédente  s'élend,  dans  ses  points 
essentiels,  à  toutes  les  équations  aux  différences  finies,  qui  possÚdent  des 
systÚmes  fondamentaux  de  solutions.  » 


ALGÈBRE.  —  Sur  la  rĂ©solution  pratique  des  Ă©quations.  Note  de  M.  Rabut, 
présentée  par  M.  Haton  de  la  GoupilliÚre. 

«  La  méthode  de  Newton  |)oiir  la  résolution  d'une  équation  quel- 
conque f(^x)  =  o  s'applique  d'ordinaire  en  calculant,  au  moyen  de  l'aj  - 
proximation  initiale  x,,  les  approximations  successives  a-^,  x.f,  r.,  . .  .  par 


C/ja  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  formules 

. /(^lL. 


oc.  =  X., 


Ou  ;     ,2    ., 


.f(r,) 


»  Dans  la  pratique,  le  calcul  numĂ©rique  de  /(a:,)  et/'(.r,)  peut  ĂȘtre 
assez  long  et,  en  tous  cas,  n'est  nullement  simplifié  par  le  fait  d'avoir  déjà 
calculĂ©  /(a-/^,  )  et  /'(a-,.,  )‱ 

))  J'ai  reconnu  qu'il  est  presque  toujours  plus  expéditif  de  calculer  du 
premier  coup  la  troisiĂšme  approximation,  et  souvent  mĂȘme  la  quatriĂšme, 
au  moyen  de  formules  plus  condensées,  faciles  à  établir  comme  il  suit. 

)>  Soient  u,  m"^ ,  n'u^  les  trois  corrections  successives  de  a-,,  de  façon  que 
l'on  ait 

.T.,  —  Ɠ.,-\-  i'u-  =  a-,  +  M  +  vu-. 


Ɠ,-h  u  +  vit-  -+-  wu^. 


»   Développons  /{cc^)  par  la  série  de  Taylor  en  négligeant  les  termes 
en  u'  ;  l'équation  donnée  devient 

f{x,)  +  («  +  ra-  +  »'«')/'(^'r,)  +  K"'+  2w^')/"(;r,)  +  i»^  f"\x,)  =  o. 

»   Négligeant  successivement  ir,  u\  puisw',  nous  obtenons  les  équations 

(  I  )  /    +  II/'  =  0,  d'oĂč  u  =  - 

(2)  (/'  +lf"  =0,  >>  (‱  = 

(3)  «:/'  +  *:/'"+',/"'  =  o.         »         "'  = 

))  Le  calcul  des  deux  quantités  numériques/"(.r,  )  et/'"(j-,  )  est  souvent 
beaucoup  plus  simple  que  celui  des  quatre  quunlilés /(x. -.),/' (x 2),  f{x^), 
f'{x^),  de  sorte  qu'il  est  plus  avantageux  de  franchir  les  degrés  d'approxi- 
mation de  deux  en  deux,  au  moyen  de  la  formule  (2)  ou  mĂȘme  de  trois  en 
trois,  au  moyen  des  formules  (2)  et  (3).  Ou  peut  choisir  l'un  ou  l'autre  parti 
suivant  le  degré  de  rapidité  qu'offrira  le  calcul  de  la  dérivée  tierce.  Ces 
formules  sont  faciles  Ă   retenir;  on  peut,  d'ailleurs,  les  conserver  par  Ă©crit. 


/ 

7' 

Ăź 

V-  — 

6/' 

SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  IQoS.  643 

»  Elles  reviennent  à  substituer  à  la  courbe  7=/(-^')'  "°'^  P'"^  ""^^ 
série  de  deux  ou  trois  tangentes  successives,  mais  une  parabole  osculatrice 
du  deuxiĂšme  ou  du  troisiĂšme  ordre.  On  reconnaĂźt  assez  facilement  que, 
sous  la  seule  condition  de  partir  d'une  valeur  de  J-,  suffisamment  approchée 
(ou,  ce  qui  revient  an  mĂȘme,  de  pousser  assez  loin  les  opĂ©rations  succes- 
sives), le  second  procédé  procure  une  plus  grande  approximation,  ce  qui 
augmente  sa  supériorité  sur  le  premier. 

»  La  méthode  de  Newton  n'est  enseignée,  à  ma  connaissance,  que  pour 
la  résolulion  d'une  équation  unique;  mais  son  principe  s'étend  aisément 
au  cas  plus  général  d'un  systÚme  d'équations  à  plusieurs  inconnues,  qu'il 
est  souvent  impossible  (ou  seulement  trÚs  long)  de  réduire  à  une  seule 
par  l'Ă©limination.  Dans  ce  cas  aussi,  l'approximation  peut  souvent  ĂȘtre 
rendue  plus  rapide  |)ar  l'emploi  de  formules  de  condensation  analogues  Ă  
celles  que  je  viens  de  donner. 

»   Soient,  en  effet, 

/2  (‱^.  J  )    =   O 

deuxéquations  simultanées  à  résoudre  numériquement,  .r,  ,y,  une  premiÚre 
approximation,  de  laquelle  on  désire  passer  directement  à  la  troisiÚme   : 

»   Posons 

JC .,  —  i^  j  ~"t~    *s  ~r"  *  ■-'    j 

73=Ji  +  "  +  "'"'' 

et  appelons,  comme  d'ordinaire,  p,  q,  r,  s,  t  les  dérivées   partielles   de 
f(^x,y).  Le  systÚme  proposé  peut  s'écrire,  eu  négligeant  s''  et  «', 

/.(^i.  j'i)  +  (^  +  *'=' V^i  -^  ("  +  '«'«"y/i  +  =^^1  +  ="■*(  +  "'^  =  'ĂŻ' 

Âi^nyĂŻ)  +  (=  +  <'-')/'::  +  («  +  n'u-)q-,+  z"  r, -h  zus.,-\-  u-t.,=  o. 

»  Négligeant  successivement  z-  et  //-,  puis  ='  et  m',  on  écrit  les  deux 
systÚmes  d'équations  du  premier  degré  : 

I  /,-hp,:- +  '/,"  =  o, 
au  moyen  duquel  on  obtiendra  d'abord  :;  et  u  ;  puis 

(  /?,2-'ç' -t-^,w'a' +  sV,  +  ;w^, -(- «-/,  =  o, 
)  p.,z^i>  -h  q.^u-iv  -+-  z-/:^  +  zus.,  +  u'-Lj  =  o, 

qui  permet  de  calculer  ensuite  v  et  w. 


G44  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M  Suivant  les  cas,  il  sera  plus  expédilif  d'obtenir  les  approximations  suc- 
cessives, soit  par  degrés  simples  au  moyen  du  systÚme  (r),  soit  (beaucoup 
plus  souvent)  par  degrés  doubles  au  moyen  des  systÚmes  (i)  et  (2). 

))  Je  dirai  enfin  que  la  rĂšsolulion  de  ces  deux  systĂšmes  se  fait  plus  vite 
si  on  les  pose  en  nombres,  que  si  on  les  résout  d'avance  en  formules  litté- 
rales.   » 


MÉCANIQUE.  —  Delermina'.ion  expĂ©rimentale  de  la  pression  mumenlanĂ©e 
rĂ©sultant  du  choc.  Note  de  M.  Ri\gelma\x,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  A.  MĂčutz. 

«  Nous  avons  voulu  nous  rendre  compte  expérimentalement  de  la  pres- 
sion C  qui  se  manifeste  pendant  un  temps  trĂšs  court  lorsqu'un  poids  V 
tombe  d'une  certaine  hauteur  H  sur  un  corps  immobile. 

»  AprÚs  de  nombreux  essais  préliminaires,  effectués  dans  des  conditions 
différentes  et  avec  des  dispositifs  divers,  nous  avons  établi  un  appareil 
vertical  attaché  à  un  dynamomÚtre  enregistreur.  Dans  cet  appareil  on  peut 
laisser  tomber  d'une  certaine  hauteur  un  corps  dont  le  poids  est  connu;  a 
la  partie  infĂ©rieure  de  sa  course  le  corps  est  arrĂȘtĂ©  par  l'appareil  qui  reçoit 
le  choc,  et  la  pression  momentanée  qui  en  résulte  est  inscrite  par  le  dyna- 
momĂštre. 

»  Dans  l'appareil  qui  a  servi  aux  essais,  la  hauteur  de  chute  pouvait  atteindre  2"'; 
les  expérieuces  ont  eu  lieu  avec  des  poids  de  100^,  200",  Soqs,  5oos  et  6008  tombant 
de  o^jSo,  1",  i",5o  et  de  2";  enfin  on  a  fait  passer  successivement  le  poids  mĂȘme  de 
l'appareil  de  4''^'  à  i4''^,  24''°  et  à  34''S. 

»  Les  résultats  obtenus  montrent  que  si  l'on  désigne  par  : 
P  le  poids  du  corps  (en  kilogrammes); 
V  la  vitesse   du   corps,    lors  du  choc,   exprimée  en   mÚtres  par  seconde 

(.  =  v/^); 
k  un  coefficient  expérimental   =  i3,55,  la  pression  momentanée  C  qui 
résulte  du  choc  a  pour  expression  : 

C  =  XPr. 

)>  Les  valeurs  de  C,  calculées,  se  vérifient  dans  toutes  les  expériences  et  présentent, 
avec  les  pressions  inscrites  par  le  dynamomĂštre,  un  Ă©cart  qui  n'atteint  pas  1  ,5  pour  100 
(en  général  cet  écart  vaiie  de  0,2  à  0,6  pour  100);  on  peut  donc  considérer  le  coeffi- 
cient A  de  i3,55  comme  exact  Ă   2  pour  100  prĂšs. 

»   Poncelet,  dans  son  Introduction  à  la  Mécanujue  industrielle,  bien  qu'il 
semble  faire  une  supposition  (en  parlant  du  choc  d'un  cube  de  fer  pesant 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  IQoS.  645 

3oo''^  tombant  d'une  hauteur  de  i"',  So  sur  une  substance  plus  ou  moins 
molle  dans  laquelle  il  pénÚtre  de  o"',02),  a  dû  certainement  faire  une 
expérience,  car  le  chifire  de  66  qu'il  donne,  pour  le  cas  particulier  dont  il 
s'agit  (')  et  qu'il  ne  généralise  pas.  est  trÚs  voisin  de  celui  que  nous 
trouvons  d'aprÚs  la  formule  précédente  :  pour  P  =  l'^s  et  i'^5'",o5  au 
moment  du  choc,  nous  trouvons  que  la  pression  momentanée  C  serait 
de68'>B,427.  » 

PHYSIQUE.  —  Sur  un  capillarimĂȘlre . 
Note  de  MM.   E.   Tassilly  et  A.   Chambeklaxd. 

«  Dans  l'appareil  que  nous  présentons,  nous  avons  cheiché  à  nous  rap- 
procher de  la  méthode  classique  d'ascension  dans  les  tubes,  en  diminuant 
dans  la  mesure  du  possible  les  inconv'énienls  qu'elle  présente. 

»  L'appareil  se  compose  essentiellement  d'une  lentille  cylindrique 
biconcave  sur  les  bords  plans  de  laquelle  on  peut  appliquer,  au  moyen  de 
deux  pinces  Ă   ressort,  deux  lames  Ă   faces  parallĂšles.  Le  systĂšme  Ă©tant 
plongé  dans  un  liquide,  on  aspire  celui-ci  au  moyen  d'un  dispositif  conve- 
nable et,  l'équilibre  étant  établi,  on  observe  dans  les  tubes  deux  ménisques 
dont  on  mesure  la  différence  de  niveau.  Pour  cela,  le  systÚme  est  fixé  à  un 
chariot  mobile  pouvant  se  déplacer,  à  l'aide  d'une  vis  niicrométrique,  le 
long  d'une  rÚgle  divisée.  On  vise  les  ménisques  à  l'aide  d'un  microscope  à 
court  foyer  muni  d'un  réticule  et  placé  à  posie  fixe. 

»   La  différence  des  deux  lectures  tionne  la  dénivellation. 

»    Le  tambour  divisĂ©  de  la  vis  permet  de  lire  le  —  de  millimĂštre. 

»  Pour  en  déduire  la  constante  capillaire,  il  suffit  de  faire  le  produit  de 
cette  dénivellation  par  le  poids  spécifique  du  liquide  considéré. 

u  En  effet,  admettons  que  rascension  dans  les  canaux  de  notre  appareil  soit  la  mĂȘme 
que  celle  qui  se  produirait  entre  deux  lames  Ă   faces  parallĂšles  dont  la  dislance  serait 
mesurée  par  la  longueur  de  la  flÚche  du  segment  obtenu  en  coupant  chacun  de  nos 
tubes  par  un  pian  horizontal. 

))  Les  ascensions  seront  alors  données  par  les  formules 

2  A  , ,       ik 


(')  A  la  page  172,  Poncelet  dit  «  qu'un  corps  pourrait  produire  par  son  poids  seul, 
dans  un  temps  plus  ou  moins  long,  un  effet  égal  à  celui  qui  résulte,  dans  un  temps 
généralement  tiÚs  court,  du  choc  d'un  poids  6G  fois  moindre,  lancé  avec  une  vitesse 
de  5"',o5,  due  à  une  hauteur  de  chute  de  i'",3o   ». 

C.   K.,   1903,  -‱  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  17.)  85 


646  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

A  constante  capillaire,  -  poids  spécifique  du  liquide;  e,  e'  distances  des  Iqimes  à  faces 
parallĂšles. 

1)  On  en  fire  pour  la  (l('ni\ ellation  z 

~   \e       e  I 

d'oii 

)i  Dans  la  disposition  adoptée,  cette  formule  sera  exacte  à  une  constante  prÚs,  ce 
qui  donnera 

\      ce'  .  . 

Comme  -  -; constitue  une  constante  de  Tannareil  pouvant  ĂȘtre  calculĂ©e  connais- 

9,  e  —  e  III 

sanl  e  et  c\  on  a  finalement 

(4)  A=C:t:. 

»  Nous  avons  déterminé  C  en  étudiant  dans  notre  appareil  un  certain  nombre  de 
liquides  dont  les  constantes  capillaires  A  ont  été  déterminées  antérieurement  par 
divers  expérimentateurs  et  en  résolvant  chaque  fois  l'équation  (4)  pai'  rapport  à  C. 

»  La  moyenne  des  nombres  trouvés  a  fourni  la  valeur  de  C  =  o,4i95.  C'est  en 
appliquant  la  formule  définitive 

A  =  o ,  4  '  95  -  ; 

que   l'on  a  calculé  pour  A  les  nombres  contenus  dans  la   derniÚre   colonne  de  notre 
Tableau  : 

1:.  0.        ;"".  y.  c.  A. 

o  o 

Eau  alcoolisée O1967  18  9i35  3,727  a  17      (')  o,4'2  2,792 

Acide  acétique .    ...  1,080  i5  6,4  3,957  à  i5 ,6  (- )  0,427  2,899 

BenzĂšne o,883  i.5  8,08  2,87    Ă   i5       (')  o,4o2  2,992 

Acétone o,8o4  i5  7,40  2,46    à  i5      (M  o,4'3  2,49^ 

Bromure  d'Ă©thylĂšne.  2,180  iS  4.23  4,09    Ă   20      ('')  o,443  3,868 

Élher  acĂ©tique 0,933  16  6,60  2,564  Ă   34      (*)  0,420  2,555 

»  En  prenant  0,42  pour  valeur  de  la  constante  C,  on  trouve  pour  K  la  valeur  o,85, 
ce  qui  légitime  suffisamment  notre  hvpothÚse  initiale. 

C)  Frankenheim. 

(-)  Mendeleieff. 

C)  Schiff. 

(»)  Wilhelmy. 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    1903.  fi/l'y 

»  En  résumé,  la  simplicité  de  la  méthode,  la  commodité  du  nettoyage  de 
l'organe  |jrincipal  de  l'appareil,  facilement  démontable,  et  les  avantages 
qui  résultent  de  l'emploi  d'une  méthode  dillérentielle,  nous  permettent  de 
présenter  cet  appareil,  que  nous  avons  appelé  capillarimélre,  comme  étant 
susceptible  de  rendre  quelques  services  dans  la  pratique.   » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Changement  de  rĂ©sistance  Ă©lectrique  du  sĂ©lĂ©nium 
suas  l'influence  de  certaines  substances.  Note  de  M.  A.-IÎ.  Griffitiis. 

«  J'ai  déterminé,  par  la  méthode  de  Wheatstone  (  Wheatstones  bridge), 
la  résistance  électrique  du  sélénium  et  j'ai  reconnu  que,  s'il  est  exposé  aux 
solutions  alcooliques  de  quelques  pigments  tie  plantes  et  d'animaux,  péri- 
dant  i5  minutes  à  la  distance  de  5*^",  sa  résistance  électrique  diminuait. 

M   Les  recherches  ont  donné  lés  résultats  suivants  : 

Hésislaiicr  i\\\  sélénium 

avant  aprĂšs 

Pigments.  l'exposition.  l'exposition. 

otms  oitiĂčs 

Verbcna  (pétales) 340000  290000 

Uelianllius  (pétales) 420000  4'5ooo 

Géranium  (pétales) 462000  820000 

Bacteriiim  A  llii  (  '  ) 890  000  870  000 

Pélagéine  (^) oooooo  33oooo 

Diémyclyline  (') 444ooo  4ioooo 

Amanitine  (■‱) 38oooo  36oooo 

»  On  sait  que  la  lumiÚre,  les  rayons  du  radium  et  les  rayons  de  Ronfgen 
réduisent  la  résistance  électrique  du  radium  ;  il  se  pourrait  que  les  pigments 
précédents  émettent  ces  rayons  (^). 

»  M.  T. -A.  Edison  a  prouvé  que  la  chlorophylle,  la  curcumine  et  la 
daturine  produisent  la  phosphorescence.  » 


(')  Gkiffiths,  Comptes  rendus,  t.  CX,  p.  [\i%. 
(^)  Grifutus  et  Plati',  Comptes  rendus,  t.  CXXI,  p.  45 1. 
(^)  Griffiths,  Comptes  rendus,  t.  CXIX,  p.  912. 
(*)  Griffiths,  Comptes  rendus,  t.  CXXII,  p.  i34a. 

C')  Voir  E.  VIN  AuBEL,  Comptes  rendus,  t.  CKXXVI,  p.  929.  J'ai  confirmé  l'irupor- 
tĂąril  travail  de  M.  van  Aubel. 


648  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIK  iMlAÉRALK.   —  Sur  la  fusibilitĂ©  des  mĂ©langes  de  soufre  el  de  hismuth. 
INote  de  M.  H.  Pklabox,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Quand  on  élÚve  progressivement  la  température  d'un  mélange  de 
soufre  et  de  bismuth,  le  soufre  entre  d'abord  en  fusion  vers  114°  puis  c'est 
le  tour  du  bismuth  vers  255",  enfin  les  deux  liquides  superposés  se  com- 
binent brusquement  vers  Zio°  environ,  avec  un  dégagement  de  chaleur 
suffisant  pour  vaporiser  une  partie  du  soufre. 

»  En  opérant  en  tube  scellé,  deux  cas  peuvent  se  présenter  : 

»  1°  Le  mélange  renferme,  pour  un  atome  de  bismuth,  plus  d'un  atome  et 
un  tiers  de  soufre. 

»  Dans  ce  cas,  quelle  que  soit  la  température  à  laquelle  on  maintient  le 
systĂšme,  la  combinaison  n'est  pas  totale;  il  reste  toujours  du  soufre  non 
combiné.  Ceci  est  d'accord  avec  ce  que  l'on  sait  du  sulfure  précipité  Bi*S'', 
qui  perd  du  soufre  quand  on  le  chauffe. 

»  2"  Le  mélange  renferme,  pour  un  atome  de  bismuth,  moins  de  un  atome 
et  un  tiers  de  soufre. 

»  Pour  une  température  suffisamment  élevée,  dans  ce  cas,  le  soufre  dis- 
paraĂźt complĂštement,  et  dans  le  tube  on  a  un  liquide  qui,  par  refroidisse- 
ment, se  solidifie  sans  perdre  de  soufre. 

»  Nous  nous  sommes  proposé  d'étudier  la  solidification  de  ces  liquides 
quand  on  fait  varier  les  proportions  relatives  de  soufre  et  de  bismuth. 

))  Les  mélanges  qui  renferment  peu  de  soufre  ont  en  général  deux  points 
de  solidification  :  le  point  de  solidification  finissante  est  voisin  de  260°,  c'est- 
à-dire  de  la  température  de  fusion  du  bismuth,  le  point  de  solidification 
commençante  varie  avec  la  composition  du  mélange  liquide,  il  s'élÚve  trÚs 
rapidement  et  trÚs  réguliÚrement  quand  la  proportion  de  soufre  croßt. 

»  Cette  température  de  solidification  est  déjà  voisine  de  435"  pour  le 
mélange  renfermant  un  atome  de  bismuth  et  un  seiziÚme  d'atome  de 
soufre. 

))  La  courbe  de  fusibilité  construite  en  portant  en  abscisses  les  propor- 
tions de  soufre,  en  centiÚmes  du  poids  total  du  mélange,  et  en  ordonnées 
les  températures  de  solidification  commençante,  comprend  donc  une  pre- 
miÚre portion  de  droite  AB  1res  inclinée  sur  l'axe  des  abscisses  et  ren- 
contrant l'axe  des  ordonnées  en  un  point  A.  L'ordonnée  de  ce  point  A 
est  255°. 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  igoS.  6\g 

»  Vient  ensuite,  pour  les  mélanges  plus  riches  en  soufre,  une  seconde 
droite  BC  un  peu  moins  inclinée  que  la  précédente.  L'extrémité  C  de  cette 
portion  de  droite  a  pour  ordonnée  la  température  de  solidification  du  pro- 
tosulfure, soit  685°,  et  pour  abscisse 

S  X  100         8206 


BiS 


=  i3,32. 


»  Enfin,  si  l'on  continue  à  faire  croßtre  la  proportion  de  soufre,  le  point 
de  solidification  commençante  du  mélange  s'élÚve  encore  suivant  une 
portion  de  droite  CD,  encore  moins  inclinée  que  la  précédente.  Le  point  C 


^ 

** 

^ 


qui  correspond  au  protosulfure  BiS  est  donc  bien  un  point  anguleux  de  la 
courbe  de  fusibilité. 

»  On  ne  peut  dans  le  tracé  de  cette  courbe  dépasser  le  point  D  qui 
correspond  au  mélange  de  4  atomes  de  soufre  avec  3  atomes  de  bismuth, 
puisque  le  soufre  en  excÚs  ne  s'unit  pas  à  ce  mélange. 

»  Il  résulte  de  ce  qui  précÚde  que  le  sulfure  de  bismuth  BiS  et  le  bis- 
muth peuvent,  quand  ils  sont  fondus,  se  mélanger  intimement  pour  donner 
des  liquides  homogĂšnes  dont  les  points  de  solidification  sont  compris 
entre  255"  et  685". 

»  Ce  résultat  est  parfaitement  d'accord  avec  ceux  que  nous  avons 
trouvés  en  étudiant  Faction  du  gaz  hylrogÚnesur  le  sulfure  de  bismuth  BiS, 
en  présence  de  masses  variables  de  bismuth  ('). 


C)  Annales  de  Physique  et  de  Chimie,  7"  série,  t.  XXV. 


65o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Si  la  température  du  tube,  dans  lequel  on  a  introduit  les  trois  corps, 
est  voisine  de  685"  ou  supérieure  à  cette  limite,  on  a  en  présence,  au 
moment  oĂč  l'Ă©quilibre  chimique  est  Ă©tabli,  d'une  part  un  mĂ©lange  homo- 
gÚne gazeux  d'hydrogÚne  et  d'acide  sUlfbydrique,  d'autre  part  un  mélange 
homogĂšne  liquide  de  bismuth  et  de  protosulfure;  il  n'est  pas  Ă©tonnant 
dans  ces  conditions  que  la  composition  flu  systÚme  gazeux  dépende  de  celle 
du  liquide  et  que,  comme  ou  l'a  observé  directement,  la  proportion  du  gaz 
hydrogÚne  sulfuré  augmente  avec  celle  du  sulfure  de  bismuth  introduit. 

»  Supposons  au  contraire  que  la  température  des  expériences  soit  com- 
prise entre  255°  et  685",  qu'elle  soit  44o"  par  excuipie.  Cherchons  quelle 
est  l'abscisse  correspondante  au  point  d'ordonnée  (44o°)  dans  la  courbe 
de  fusibilité,  nous  trouvons  i,5  environ.  Deux  cas  sont  alors  à  consi- 
dérer : 

»  Ou  bien  les  masses  de  sulfure  et  de  bismuth  introduites  dans  les  tubes 
scellĂ©s  en  mĂȘme  temps  que  l'hydrogĂšne  sont  telles  que  le  rapport  R  de  la 
masse  de  soufre  à  la  masse  totale  est  supérieur  à  i,5;  alors,  au  moment 
de  l'équilibre,  les  tubes  renferment,  outre  le  mélange  homogÚne  gazeux, 
d'une  part  du  protosulfure  de  bismuth  solide,  d'autre  part  un  mélange 
liquide  de  composition  bien  déterminée,  fonction  seulement  de  la  tempé- 
rature. La  composition  du  systÚme  gazeux  ne  tloit,  dans  ce  cas,  dépendre 
que  de  la  température  et  non  de  la  valeur  du  rapport  R,  pourvu  que 
celle-ci  soit  supérieure  à  i,5. 

»  Ou  bien  les  masses  de  sulfure  et  de  bismuth  sont  telles  que  R  est  tou- 
jours inférieur  à  i,5.  Les  deux  corps  donnent  alors  un  liquide  homogÚne 
de  composition  variable  avec^R,  et  le  mélange  gazeux  qui  se  trouve  dans 
le  tube  a  également  une  constitution  qui  dépend  de  la  valeur  de  ce 
rapport. 

»  Ces  résultats  sont  ceux  que  l'on  trouve  directement  par  l'expé- 
rience.  M 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Action  de  l'acide  borique  sur  les  iodures;  son  emploi 
pour  la  séparation  de  l'iode  des  iodures  en  présence  de  bromures  et  chlorures. 
Note  de  MAI.  H.  Baubigxy  et  P.  Rivals,  présentée  par  M.  Troost. 

«  L'acide  borique  pur  décompose  déjà  à  froid  les  iodures  en  dissolution 
en  donnant  HI,  tandis  qu'il  n'agit  qu'à  chautl  sur  les  solutions  saturées  des 
bromures  et  chlorures.   Si  donc  on  fait  intervenir  une  action  oxydante, 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  ipoS.  65 1 

l'iodp  peut  ĂȘtre  mis  en  libertĂ©.  Mais  l'oxydabilitĂ©  de  l'iode  exige  l'emploi 
d'un  oxvdant  peu  énergique.  Le  bioxyde  de  manganÚse  artificiel,  préparé 
par  la  réduction  du  permanganate  avec  l'alcool  et  lavé,  convient  parfai- 
tement. On  peut  l'employer  aprÚs  dessiccation  à  basse  température  (3o°-4o'') 
ou  à  l'état  de  pùte,  en  s'aidant  de  l'action  de  la  chaleur  de  façon  à  distiller 
l'iode. 

»  Nous  avons  opĂ©rĂ©  avec  le  mĂȘme  appareil  (')  qui  nous  a  servi  Ă   la 
séparation  du  brome  et  du  chlore.  Dans  le  ballon  on  met  la  solution  saline, 
l'acide  borique,  le  bioxyde  de  manganÚse,  ces  deux  derniers  en  quantités 
déterminées  et  l'on  ferme.  On  adapte  ensuite  le  condensateur  contenant 
de  la  lessive  alcaline  et  un  peu  de  sulfite  de  soude  (^).  En  chauffant  au 
bain-marie,  l'iode  se  volatilise  et  on  l'entraĂźne  par  un  courant  d'air  dans  le 
condensateur  oĂč  il  est  aisĂ©  de  le  doser;  on  a  soin  de  maintenir  constant  le 
volume  liquide  du  ballon  à  l'aide  de  l'artifice  déjà  indiqué. 

»  Comme  d'ordinaire  nous  résumons  les  conditions  expérimentales  et 
les  résultats  sous  forme  de  Tableau. 


IK, 

valeur 

B^O' 

Mn=0'H-0 

Volume 

Durée  de 

Agi 

en  Agi. 

employé. 

employci. 

liquide. 

distillation. 

retrouvé. 

(>)■‱‱ 

.     o'o848 

5 

0,Ô2D 

100 

n,ii, 
45 

B 
0,0611 

(2)... 

.     o,o848 

10 

0,216 

100 

4o 

0,0844 

(3)... 

.     0,0848 

10 

0,320 

100 

5o 

0,0845 

(4)... 

.     0,0848 

1.5 

o,325 

100 

4.5 

0,0845 

(5)... 

.     o,2i38 

1.5 

o,43o 

too 

.5o 

0,21 34 

»  L'es.sai  (i)  seul  est  défectueux.,  cela  tient  à  ce  que  tout  l'iodure  n'a  pas  été  décom- 
posĂ©. Or  cet  essai  est  celui  oĂč  la  richesse  de  la  solution  en  acide  borique  a  Ă©tĂ©  minima, 
et  il  en  est  toujours  ainsi  pour  cette  mĂȘme  concentration  tandis  qu'avec  une  solution 
à  10  pour  100  et  plus,  les  résultats  obtenus  conservent  l'exactitude  voulue.  Nous 
adopterons  donc  celte  concentration  Ă   10  pour  too  en  acide  borique  comme  un  mini- 
mum nécessaire  pour  le  succÚs  de  l'expérience. 

»  J2n  ce  qui  concerne  lebjoxyde  2MnO-,  H'O  aident  d'oxydation,  comme  pour  toutes 
les  au|tres  mĂ©thodes  basĂ©es  sur  le  mĂȘme  piincipe,  la  quantitĂ©  n'en  doit  pas  ĂȘtre  non 
plus  laissée  au  hasard.  En  elTet  avec  un  trÚs  grand  excÚs  de  bioxyde,  à  cause  de  l'oxy- 
dabilitĂ© de  l'iode  lui-mĂȘme,  il  y  a  formation  partielle  d'acide  iodique,  et  si  l'on  restreint 


(')   Comptes  rendus,  t.  CXXV,  1897,  p.  027. 

(-)  L'addition  de  sulfite,  rédu.cteur  des  hypoiodites,  est  nécessaire,  sinoij  l'odeur  de 
l'iode  se  manifeste  Ă   l'orifice  du  condensateur,  indice  d'une  perte  certaine. 


652  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'emploi  de  l'oxydant,  la  mise  en  liberté  de  l'iode  est  incomplÚte.  D'une  façon  comme 
de  l'autre  le  dosage  se  trouve  alors  erroné. 


IK, 

Durée 

valeur 

B^O' 

Mn'O'H^o 

N'olume 

de 

Agi 

eti  Agi. 

employé. 

employé. 

liquide. 

dislillation. 

retrouvé. 

(6).. 

.     oB,o848 

lOS 

is,  25o 

100""" 

3o"'"' 

os,  0784 

(7).- 

.     os,o848 

los 

os,  090 

100"ℱ' 

40ℱ'" 

08,0795 

»  Dans  ces  deux  expĂ©riences  la  distillation  a  Ă©tĂ©  arrĂȘtĂ©e  comme  pour  les  autres 
essais  quand  les  vapeurs  d'iode  avaient  complĂštement  disparu.  Or,  pour  l'essai  (6)  !e 
déficit  est  bien  dû  à  une  oxydation  de  l'iode,  car  on  a  retrouvé  un  peu  d'acide  iodique 
dans  les  eaux  mÚres  du  mélange  salin,  tandis  que  pour  le  second  (7)  c'était  Thydra- 
cide  qui  n'avait  pas  été  complÚtement  décomposé.  Cependant  dans  cette  derniÚre  expé- 
rience, le  poids  de  bioxyde  employé  était  sensiblement  supérieur  à  celui  nécessaire 
pour  l'oxydation  complÚte  de  l'acide  HI  en  présence.  Ce  fait  est-il  dû  à  l'état  physique 
de  l'oxyde  desséché  qui  a  été  employé  dans  cet  essai  {7)  [comme  d'ailleurs  pour  le  (6)] 
et  cela,  malgré  un  tamisage  en  poudre  fine  auquel  il  a  été  préalablement  soumis?  Nous 
ne  nous  sommes  pas  arrĂȘtĂ©s  Ă   celte  question  parce  que  les  essius(2,  3,  4i  5)  faits  avec 
le  produit  en  pĂąte  prouvent  qu'on  peut  augmenter  la  proportion  de  cet  oxydant  dans 
des  limites  encore  assez  étendues  sans  nuire  nu  succÚs  de  l'opération,  puisque  le  poids 
donné  pour  chaque  essai  est  toujours  rapporté  au  composé  supposé  sec  aMnO',  H'-O, 
contenu  dans  le  volume  de  pùle  employé  (1). 

»  D'ailleurs,  outre  cette  possibilité  de  faire  varier  dans  une  mesure  encore  assez 
lar^e,  les  proportions  de  aMnOS  H-0,  il  est  toujours  possible  d'Ă©viter  un  trop  grand 
excÚs-  c'est  en  opérant  la  distillation  avec  une  quantité  limilée  de  cet  oxyde  par 
rapport  au  poids  de  sel  soumis  Ă   l'analyse  et  en  redistiilant,  aprĂšs  nouvelle  addition 
de  2Mn  O-,  H-0.  Au  cas  oĂč  la  premiĂšre  dose  aurait  Ă©tĂ©  insuffisante,  les  derniĂšres  traces 
d'iode  sont  éliminées  lors  de  cette  seconde  distillation. 

»  Il  nous  resLe  à  montrer  que,  dans  les  conditions  oi^i  nous  avons  isolé 
l'iode,  il  ne  se  forme  ni  chlore,  ni  brome,  et  que,  pour  qu'il  y  ait  mise  en 
liberté  de  brome,  il  faut  non  seulement  opérer  avec  une  solution  assez 


('  )  Pour  opérer  avec  celte  pùle,  le  plus  simple  est  de  substituer  la  mesure  à  la  pesée. 
En  conservant  le  produit  dans  un  flacon  fermé,  el  en  ayant  soin  de  le  brasser  à  chaque 
prise,  on  comprend  qu'Ă   un  mĂȘme  volume  de  pĂąte  correspond  toujours  le  mĂȘme  poids 
ou  sensiblement,  de  aMnO-,  H-0  sec.  La  richesse  en  bioxydo  de  chaque  lot  se  déter- 
mine par  un  essai  spécial  sur  l'une  des  prises  :  iodométriquement  ou  par  dessiccation 
à  40"  et  pesée  du  résidu.  Comme  jauge  volumétrique,  une  petite  cuillÚre  à  moutarde, 
en  buis,  remplit  trĂšs  bien  le  but,  la  prise  pouvant  ĂȘtre  constituĂ©e  par  plusieurs 
cuillerĂ©es.  L'expĂ©rience  a  montrĂ©  que  mĂȘme  pour  le  produit  sec,  les  Ă©carts  d'une  prise 
à  l'autre  sont  négligeables  dans  le  cas  qui  nous  occupe. 


SÉANCE   DU    27    OCTOBRE    IQoS.  653 

riche  en  bromure,  mais  augmenter  aussi  la  teneur  pour  100  de  la  solution 
en  acide  borique. 


V 

aleur 

en  sel  d' 

argent 

B=0' 

Mn=0''H'-0 

\  oiunji- 

H  urée  de 

Agi 
de  I 

Ag  Bi- 
de Br 

AgBr 
de  Br 

AgCl 
de  Cl 

d\i  \'a 

Cl. 

du  KBr. 

du  M. 

employé. 

employé. 

liquide. 

(lisiillalion. 

distillé. 

distillé. 

fixe. 

distillé. 

(8) 

)) 

0,758 

» 

lO 

o,43o 

lOO 

h        min 
1  .  l5 

)) 

0 , 0002 

>} 

)) 

(9) 

» 

I  ,58o 

» 

10 

o,43o 

100 

1  .  l5 

» 

0 , ooo3 

)) 

,) 

(,o) 

» 

0,209 

)> 

i5 

o,45o 

100 

I  .20 

» 

nul 

)) 

n 

(>0 

» 

0,682 

)) 

i5 

o,43o 

100 

1 .  i5 

)) 

0 , 00 1 9 

)) 

» 

(12) 

» 

0,948 

>i 

i5 

o,4ao 

JOO 

5o 

» 

0,0070 

)) 

» 

(.3) 

» 

o,4io 

» 

20 

o,43o 

roo 

I .  i5 

» 

0 , 0006 

i> 

» 

(i4) 

., 

1 ,58o 

)) 

20 

o,43o 

100 

1 .  i5 

» 

o,oi58 

)) 

» 

(■5) 
(.6) 

46,  906 
» 

0,7.53 

O",  2i38 

10 
10 

0, 35o 
o,43o 

100 
100 

1 .  i5 

05,2l36 

» 
» 

08,7577 

os,  ooo3 

»  Ainsi,  le  dégagement  de  brome  ne  devient  sensible  que  si  la  richesse 
de  la  solution  s'accroĂźt  comme  bromure  et  acide  borique.  Quant  aux  chlo- 
rures ils  sont  encore  plus  difficilement  docomposables. 

»  Une  fois  l'iode  enlevĂ©  du  mĂ©lange,  rien  n'empĂȘche  den  sĂ©parer 
ensuite  le  brome  par  l'action  du  sulfate  de  cuivre  et  du  MnO*K,  d'aprĂšs 
le  procédé  que  nous  avons  fait  connaßtre,  la  présence  de  l'acide  borique 
ne  gĂȘnant  en  rien.  De  sorte  que  dans  les  eaux  mĂšres  il  ne  reste  que  le 
chlore.    » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  la  composition  de  bronzes  prĂ©historiques 
de  la  Charente.  Note  de  M.  Chesxeau,  présentée  par  M.  Adolphe 
Carnot. 

«  Dans  la  plupart  des  analyses  de  bronzes  antiques,  publiées  déjà  en  assez 
grand  nombre,  on  ne  s'est  en  général  attaché  à  doser  exactement  que  le 
cuivre,  l'élainet  le  plomb.  Ces  données  ne  peuvent  rien  apprendre  sur  l'ori- 
gine encore  si  obscure  des  métaux  qu'ils  ont  employés,  car  les  bronzes 
d'une  mĂȘme  rĂ©gion  prĂ©sentent,  Ă   cet  Ă©gard,  les  compositions  les  plus 
variables  ('),  et  il  semble  que  ce  soit  plutÎt  dans  le  dosage  des  éléments 
considérés  comme  des  impuretés,  et  laissés  le  plus  souvent  de  cÎté  dans  les 


(')  Voir  à  cet  égard  les  nombreuses  analyses  de  bronzes  préhistoriques  citées  dan» 
le  Mémoire  suivant  :  Analyse  de  Ijronzes  anciens  du  département  de  la  Charente. 
par  L.  Chassaigne  et  G.  Chauvf.t,  RulTec,  1908. 

C.   R.,  i9u3,  i'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  17.)  ^^ 


654  ACADÉMIE  "DES    SCIENCES. 

analyses,  que  l'on  ait  chance  de  découvrir  la  provenance  de  ces  métaux 
par  la  comparaison  de  nombreuses  analvses.  C'est  ainsi  que,  dans  un  autre 
domaine  scientifique,  M.  Adolphe  Carnot,  par  le  dosage  précis  du  fluor 
dans  les  ossements  fossiles,  a  pu  fonder  une  mĂ©thode  nouvelle  extrĂȘme- 
ment précieuse  pour  établir  leurs  ùges  relatifs. 

»  C'est  en  se  plaçant  à  ce  point  de  vue  que  M.  G.  Chauvet,  Président  de 
la  Société  archéologique  et  historique  de  la  Charente,  a  bien  voulu  me  con- 
fier, pour  en  faire  l'examen,  quatre  échantillons  de  bronzes  préhistoriques 
de  ce  département. 

»  Trois  de  ces  bronzes,  un  culot  de  cuivre,  une  base  de  lance  et  un  frag- 
ment de  hache,  proviennent  de  la  cachette  découverte  en  iSg'i  à  Venat, 
commune  de  Saint-Yrieix,  prĂšs  AngoulĂȘme,  oĂč  l'on  a  trouvĂ©  dans  un  grand 
vase  en  terre  'jS^^  d'armes  et  objets  divers  en  bronze,  parmi  lesquels  un 
gros  culot  de  cuivre  et  des  déchets  de  fonte,  donnant  à  penser  que  cette 
cachette  est  celle  d'un  fondeur  (').  Cette  prĂ©somption  donne  un  intĂ©rĂȘt 
tout  particulier  à  la  recherche  des  impuretés,  en  vue  notamment  d'élablir  si 
le  cuivre  du  bronze  des  armes  est  bien  de  mĂȘme  origine  que  le  lingot  non 
manufacturé,  et  dans  ce  but,  M.  Chauvet  a  bien  voulu  mettre  à  notre  dis- 
position un  poids  important  de  chaque  Ă©chantillon  (9^  Ă   75^).  Le  quatriĂšme 
échantillon,  de  poids  beaucoup  plus  faible  (2^),  a  été  prélevé  sur  une 
hache  à  talon,  trouvée  par  M.  Maraudùt  à  la  Maison-Blanche,  commune  de 
GarĂąt,  arrondissement  d'AngoulĂȘme. 

»   J'ai  suivi  pour  les  analyser  les  méthodes  suivantes  : 

))  1°  Culot  de  cuivre.  —  J'ai  dissous  le  mĂ©tal  dans  l'eau  bromĂ©eĂ   froid,  de  façon  Ă  
laisser  inatlaqués  l'argent,  le  bismuth,  et  les  corps  non  métalliques.  J'ai  obtenu  ainsi  un 
léger  résidu  (o,35  pour  100),  formé  seulement  de  matiÚres  organiques  et  terreuses,  que 
j'ai  dĂ©duites,  pour  le  calcul  de  l'analjse,  du  poids  du  mĂ©tal  rais  en  Ɠuvre.  La  liqueur, 
chauflTée,  puis  réduite  par  SO'-  et  rendue  chlorhydrique,  a  été  précipitée  par  l'hydro- 
gÚne sulfuré  :  les  sulfures  ont  été  mis  en  digestion  avec  du  sulfure  de  sodium,  et  les 
sulfosels  obtenus  ont  été  analvses  par  la  méliiode  à  l'acide  oxalique  et  à  i'hyposulfite 
de  soude  proposée  par  M.  Ad.  Carnot  pour  la  séparation  de  l'étain,  de  l'antimoine  et 
de  l'arsenic.  J'ai  ainsi  obtenu  une  petite  quantité  d'antimoine  (0,09  pour  100),  que 
j'ai  pu  caractériser  nettement  à  l'appareil  de  Marsh  et  par  l'enduit  noir  sur  barreau 
d'étain.  Je  n'ai  trouvé  ni  étain  ni  arsenic;  en  revanche,  dans  la  liqueur  primitive,  j'ai 

(')  Ces  objets  ont  été  décrits  pour  la  plupart  dans  un  Mémoire  publié  en  1894  par 
MM.  J.  George  et  G.  Chauvet  dans  le  Dullelin  de  la  Société  archéologique  et  histo- 
rique de  la  Charente.  La  base  de  lance  et  le  culot  de  cuivre  que  j'ai  analysés  y  figurent 
sous  les  n°'  33  et  2-6. 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    igoS.  655 

retrouvé  des  traces  de  phosphore,  dosé  à  l'état  de  phosphomolybdate  par  la  méthode 
de  double  précipitation  de  M.  A.  Carnet. 

»  Les  sulfures  de  plomb  et  de  cuivre  et,  d'autre  part,  ceux  des  métaux  de  la  famille 
du  fer  ont  été  analysés  par  les  méthodes  ordinaires. 

»  Le  soufre,  en  prĂ©sence  d'une  forte  proportion  de  cuivre,  ne  peut  ĂȘtre  exactement 
précipité  à  l'état  de  sulfate  de  baryte  :  je  l'ai  dose  sur  une  prise  d'essai  spéciale,  dis- 
soute par  l'acide  azotique  fumant,  puis  débarrassée  du  cuivre  par  éleclrolvse. 

»  2°  Bronzes.  —  Le  cuivre,  l'Ă©tain  et  le  plomb  ont  Ă©tĂ©  dosĂ©s  par  les  mĂ©thodes  ordi- 
naires de  voie  humide  à  l'acide  azotique.  L'arsenic,  l'antimoine  et  le  phosphore  ont  été 
recherchés  dans  une  opération  spéciale  sur  l'alliage  dissous  dans  l'eau  régale  et  traité 
comme  ci-dessus.  Le  soufre  a  été  dosé  aprÚs  élimination  du  cuivre,  soit  éleclrolvti- 
quement  en  liqueur  azotique  soit  en  liqueur  clilorhydrique  par  le  zinc,  dont  les  sels 
ne  gĂȘnent  pas  la  prĂ©cipitation  de  traces  d'acide  sulfurique  par  le  chlorure  de  baryum, 
ainsi  que  je  m'en  suis  assuré. 

»  Le  Tableau  suivant  résume  les  résultats  obtenus  pour  les  quatre  échantillons 
(dont  aucun  n'a  donné  d'argent,  ni  d'arsenic)  : 

Cachette  de  Venat. 
■ — ^ ^  —  Hache 

Culot  Base  de  la 

de  cuivre.         de  lance.         Hache.  Maison-Blanche. 

Pour  100  Prtur  100  Poar  loo  Pour  loo 

Cuivre 99.' 3  88,62  87,09  S?)'? 

Étain )>  7,58  10,74  l'jîg 

Plomb o,o5  1,33  i.^i  0.14 

Fer 0,06  0,11  0,06  0,60 

Nickel Traces  Traces  Traces  0,89 

Zinc Traces  Traces  Traces  0,12 

Antimoine OjOg  0,06  0,09  » 

Phosphore o,oo5  0,008  o,oo5  » 

Soufre 0,71  0,08  o,i5  » 

OxygÚne  (par  différence) »  2,212  »  » 

Total 100,045       100,000       99,545  100,11 

))  La  proportion  presque  identique  de  phosphore  et  d'antimoine,  dans 
les  trois  Ă©chanlillons  de  la  cachette  de  Venat,  semble  bien  prouver  que  le 
cuivre  qui  a  servi  Ă   faire  les  bronzes  a  la  mĂȘme  origine  que  celui  du  culot, 
car  on  sait  que,  à  l'inverse  du  soufre,  ces  éléments  se  conservent  sans 
variation  sensible  dans  la  fusion  de  l'alliai^e.  L'analyse  chimique  confirme 
donc  pleinement  l'opinion  Ă©mise  par  M.  Chauvet  sur  le  caractĂšre  de  cachette 
de  fondeur  allrihué  aux  objets  de  bronze  de  Venat. 

»  Il  ne  m'a  pas  été  possible  de  caractériser  ces  éléments  dans  la  hache 
de  la  Maison-Blanche  à  cause  du  faible  poids  de  métal  dont  je  disposais; 
mais  la  teneur  en  nickel  de  ce  bronze,  suffisante  pour  ĂȘtre  dosĂ©e  mĂȘme 


656  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sur  un  faible  poids,  rlifTĂšre  tellement  rie  celle  des  objets  de  la  cachette  de 
VĂ©nal,  qu'on  est  autorisĂ©  Ă   penser  que  le  cuivre  de  ceux-ci  n*a  pas  la  mĂȘme 
origine  (ou  est  d'une  autre  Ă©poque)  que  celui  de  la  hache  de  la  Maison- 
Blanche.  ». 


THERMOCHIMIE.  —   Sur  le  calcul  de  la  chaleur  de  combustion  des  acides  orga- 
niques, de  leurs  anhydrides  et  des  Ă©thers-sels.  Note  de  M.  P.  Lemoult. 


»  Ce  calcul  se  fait  suivant  la  méthode  que  nous  avons  fait  connaßtre 
{Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  890,  et  t.  CXXXVII,  p.  5i5),  en  addi- 
tionnant les  appoints  dus  aux  divers  groupes  élémentaires  que  contient  la 
molécule. 

»  Acides.  —  Ces  corps  possĂšdent  un  groupe  Ă©lĂ©mentaire  c'<^  ;  nous  admet- 
trons  que  son   appoint   est   de   —2'^'''://  ^^  \  ^„  )  ~ — 2*^"';    cette    convention    est 

valable  pour  les  acides  simples,  pour  les  acides  poljbasiques  et  pour  ceux  qui  ont  des 
fonctions  complexes;  pour  les  acides  à  molécule  non  saturée,  le  calcul  se  fera  sur  les 
mĂȘmes  donnĂ©es,  mais  on  retranchera  12'^"'  (la  valeur  dĂ©jĂ   signalĂ©e)  au  rĂ©sultat  ainsi 
obtenu.  On  voit  de  suite  que  les  acides  mono  el  bibasiques,  par  exemple,  dérivés  des 
carbures  saturés  ont  pour  chaleur  de  combustion  G,  et  C2,  les  valeurs  données  par  les 
deux  Ă©quations 

C,=/(C"-'H-^"-'  — CO'^H)  =157 /^-  106, 

C2=/[C"-^H2"-=(COMi)=]  =  i.57«-2i2, 

qui  représentent  encore  des  droites  du  groupe  j  =  157 x  +  A. 

»  a.    Voici  quelques  exemples  d'acides  saturés  mono  ou  polybasiques  : 


Acide  acétique 209 , 4 

»      valérique 681 

»      dipropylacétique i  i5i  ,.5 

11      myristique 2080  , 9 

11      benzoĂŻque 772i9 

»      loluique  (moyenne) 928,6 

))       naphtoĂŻque 1282,6 

))      campholiqiie 1409,2 


Mesuré.    Calculé. 
Cal  f.al 

208 

679 

ii5o 
2092 

773 

980 

1236 

1409 


Mesuré. 
Cal 

Acide  méthylmalonique 862 , 5 

»  diméthylsuccinique  (sym.).  . .  674,5 

>i      diphénylsuccinique  p 1807,7 

»  pentamélhylÚnedlcarbonique.  776 

Il      phlalique  (moyenne) 77°, 4 

»  tétrahydrophtalique   (moy.)..  882,2 

11      camphorique  (  moyenne) 1248 

»      trimésique  (1.8.6) 767 ,6 


Calculé 

Cal 
861 

675 

1800 


769 

881 

1248 

765 


»  b.  Dans  l'ensemble,  les  résultats  sont  trÚs  satisfaisants,  puisque  sur  80  cas  examinés 
il  y  en  a  60  (75  pour  100)  oĂč  rapproximalion  dĂ©passe,  et  souvent  de  beaucoup,  -^, 
tandis  qu'il  n'y  en  a  que  12  (i5  pour  100)  oĂč  elle  est  comprise  entre  -^  et  -(^,  et 
8  oĂč   elle  est  infĂ©rieure  Ă   y^  ;  Ă   cette  derniĂšre  catĂ©gorie  appartiennent  les  premiers 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  ipoS. 


657 


termes  de  séries  comme  Facide  formique,  l'acide  oxalique,  pour  lesquels  le  calcul 
donne  toujours  des  nombres  inférieurs  (de  /i'^"'  à  8^^')  aux  valeurs  déterminées  par 
l'expérience. 

»  c.  Acides  à  fonctions  complexes. 


Mesuré.  Calculé. 

Cal  Cal 

Acide  a-oxyb« lyrique 4?^  477 

»       dimélhyldioxyadipique  .  .  .  .        §97,9  899 

»       tartrique  racém 278,7  271 

,)       lévulique 577,1  .579 


Mesuré.     Calculé. 


Cal 


Acide  oxybenzoĂŻque  (moy.) 7^9 j  9 

u       trioxybenzoĂŻque 63i ,  i 

»      /).créosotique 880,  i 

'I       anisique 895 , 2 


Cal 
782 

63o 

879 

897 


»  d.   Acides  à  molécules  non  saturées. 


Mesuré.      Calculé. 


Cal 


Acide  angélique 635,  i 

1)       tiglique 626,6 

i>       oléique 2682 

1)       phénylpropiolique 1028,7 


Cal 

63o  , 
2681 

I022 


Mesuré.      Calculé. 


Cal 


Acide  fumarique 3i8,6 

I        maléique 826,7 

allylmalonique 638 

»       phénylparaconique 1 196 


)>  A  signaler  encore,  parmi  les  résultats  obtenus,  celui  qui  est  relatif  à  l'acide  pyro- 
mucique;  la  valeur  trouvée  est  493"^"', 8,  tandis  que  le  nombre  calculé  d'aprÚs  les  con- 
ventions faites  s'Ă©lĂšve  Ă   49"'^'''  (i3o  +  90  -t-  18  +  3,.53  -f-  2,.5i  —  2). 

»  Anhydrides  d'acides.  —  Attribuons  au  groupe  Ă©lĂ©mentaire  c' — O  —  c'  qu'ils 
contiennent  la  valeur  i2'^'>'  et  admettons  que,  dans  le  cas  oĂč  la  molĂ©cule  n'est  pas 
saturée,  nous  devrons  retrancher  au  nombre  trouvé  deux  fois  12'^''',  nous  pourrons 
faire  le  calcul  relatif  aux  dix  cas  connus;  l'approximation  est  trĂšs  satisfaisante,  comme 
le  montrent  les  quelques  exemples  suivants  : 


Mesuré. 
Cal 


Anhydride  acétique 43i  ,9 

»  propionique 747 ,  i 

»  phtalique 788 


Caiculé. 
Cal 
432 

746 

785 


Mesuré. 
Cal 

Anhydride  camphorique 1262,1 

»  itaconique 48i,8 

»  diphÚnylmaléique 1770,1 


-/ 


O 


»  Éthers-sels.  —  Ces    corps   contiennent    le    groupe   C  —  O  — C    auquel    corres- 

// 
pond  le  groupe  Ă©lĂ©mentaire  c*—  O  —  c  pour-  la  valeur  thermique  duquel  nous  admet- 
trons -1-12*^"';  cette  nouvelle  convention,  jointe  à  celles  que  nous  avons  faites  précé- 
demment, y  compris  la  perte  de  12*^"'  pour  tenir  compte  de  la  présence  d'une  liaison 
multiple,  nous  permet  de  calculer  les  chaleurs  de  combustion  des  80  corps  qui  ont  été 
l'objet   de   mesures  directes.  En    particulier  pour  les  éthers-sels  de  formule  générale 


Cal 
822 

636 
1201 


Calculé. 
Cal 
1264 

482 

1770 


C"H2''0-^  =  C/'-'H--"'- 


(ZO-^—O'W'''- 


p+  p'=n, 


PP' 


■  o, 


658 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


c'est-à-dire  qui  dérivent  d'acides  et  d'alcools  saturés,  la  chaleur  de  combustion  est 
donnée  par 

C  :=  i57n  —  90         (droite  du  groupe  :  y  =  i57  j;  -(-  A), 


indépendante  par  conséquent  de  l'acide  et  de  l'alcool,  mais  fonction  de  n. 


Mesuré.    Calculé. 


Cal 

538 


Cal 


Acétate  d'élhyle .587 

Butjrate  de  mélliyle 698,4  695 

Benzoate  de  phénjle i.5ii,8  i5ii 

o-oxybenzoai»  d'élhyle io5i,7  loSa 

Oxyben^.oate  de  bulyle i366,3  i366 

Oxalate  d'Ă©lhyle 708,6  707 

Télrahydrophlalate  de  mélhyle.    ..  1226,8  122.0 


Mesuré.  'Calculé. 


Cal 
'3.9 


o-phlalate  de  méthyle 

Mélh3lÚnedimalonate  de  mélhyle  . 

Tartrale  diméthylique  dr 619,2 

Acétylacélate  de  méthyle 594 

Benzoale  d'eugényle 2o65,3 

Fumarate  de  méthyle 662.8 

Cinnamale  de  mélhyle i2i3,6 


Cal 

ii5 


202,2     1200 

6,7 

595 

2064 

662 

I2l5 


»  Dans  l'ensemble,  il  y  a  8  cas  (10  pour  loo)  oĂč  l'approximalion  est  infĂ©rieure 
Ă   yfĂą-;  17  (21  pour  100)  oĂč  elle  est  comprise  entre  ~  et  -^  et  55  (69  pour  100)  oĂč 
elle  est  supérieure  à  j-J-Î- 

»  Anhydrides  internes  d'acides-alcools.  —  Ces  corps,  qui  appartiennent  Ă   la  catĂ©- 
gorie des  Ă©thers-sels,  ont  mĂȘme  groupement  fonctionnel  que  ces  derniers;  aussi, 
leur  chaleur  de  combustion  se  laisse-t-elle  Ă©valuer  d'une  maniĂšre  trĂšs  satisfaisante  en 
appliquant  les  conventions  énoncées  pour  les  élhers-alcools.  Voici  quelques-uns  des 
exemples  choisis  parmi  les  10  cas  connus  : 


Mesuré.      Calculé. 

Anhydr.  glycolique i67*="',4      lĂŽg^"' 

»         mannonique  (moy.  )  .  .  .  .      617^"',  7     617*^*' 


Mesuré. 

Anhyd.  glucoheptonique 726''^', 6 

«       glucooclonique 887'-''',  2 


Calculé. 
841'^''' 


»  En  résumé,  nous  pouvons,  à  l'aide  de  quelques  conventions,  bases 
numériques  du  calcul,  évaluer  la  chaleur  de  combustion  de  tous  les  com- 
posés organiques  ne  contenant  que  du  carbone,  de  l'hydrogÚne  et  de 
1  oxygĂšne.  Sur  45o  cas  examinĂ©s,  il  y  en  a  12  pour  100  oĂč  l'approximation 
par  rapport  aux  valeurs  mesurĂ©es  est  infĂ©rieure  Ă   -^\  20  pour  100  oĂč  elle 
est  comprise  entre  7^7  et  ^  et  68  pour  100  oĂč  elle  est  supĂ©rieure,  et  le  plus 
souvent  de  beaucoup,  à  ;7^-.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —   Recherches  sur  V iso glucosamine .   Note 
de  M.  L.  Maquenne,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«   Les  bases  que  nous  avons  obtenues,  M.  Roux  et  moi,   en  réduisant 
les  aldosoximes  par  l'amalgame  de  .sodium  ('),  présentent  avec  les  glu- 


(')  Maquenne  et  Roux,  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  980.  —  Roux,   Thùse  pour 
le  Doctoral,  1908. 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  igoS.  ÔSg 

cosamines  dĂ©jĂ   dĂ©crites  les  mĂȘmes  relations  qui  existent  entre  les  alcools 
polyatomiqiies  et  les  sucres  réducteurs.  Il  était,  par  suite,  à  prévoir  que 
l'on  pourrait  passer  des  unes  aux  autres  par  simple  fixation  d'hydrogĂšne; 
c'est,  en  effet,  ce  qui  a  lieu  avec  l'isoglucosamine  qui  prend  naissance, 
comme  on  le  sait,  dans  l'action  de  la  poudre  de  zinc  sur  la  phénylglucosa- 
zone,  en  présence  d'acide  acétique.  La  réaction  est  particuliÚrement  inté- 
ressante en  ce  sens  qu'elle  vient  donner  une  nouvelle  preuve  Ă   l'appui 
de  la  formule  attribuĂ©e  Ă   ce  corps  par  Ém.  Fischer,  en  se  fondant  sur  sa 
transformation  en  lévulose  par  l'acide  nitreux. 

))  Pour  la  réaliser,  on  introduit  peu  à  peu,  en  refroidissant,  1006  d'amalgame  de 
sodium  Ă   3  pour  100  dans  une  solution  renfermant  5b  de  sulfate  d'isoglucosamine  pour 
20"""'  d'eau.  L'attaque,  d'abord  rapide,  se  ralentit  Ă   mesure  que  la  liqueur  devient  plus 
alcaline;  il  se  dégage  un  peu  d'ammoniaque  et  bientÎt  le  liquide  cesse  de  réduire  le 
réactif  de  Fehiing.  Alors  on  sature  exacterhent  par  l'acide  sulfurique,  on  évapore  el 
l'on  extrait  les  bases  formées  parla  méthode  que  nous  avons  décrite,  M.  Roux  et  moi, 
à  propos  de  la  préparation  de  la  glucamine. 

»  On  obtient  finalement  un  mélange  sirupeux  d'oxalates  qui,  par  addition  ménagée 
d'alcool  à  60°,  dépose  rapidement  des  cristaux  lameileux,  quadrangulaires,  qui  fondent 
nettement,  aprÚs  purification,  à  186°.  Ce  nouveau  corps,  qui  ne  possÚde  plus  aucune 
propriĂ©tĂ©  rĂ©ductrice,  a  pu  ĂȘtre  identifiĂ©  Ă   l'oxalate  de  inannamine 

par  comparaison  directe  avec  un  échantillon  de  ce  sel,  préparé  expressément  dans 
mon  laboratoire  par  M.  Roux,  en  partant  de  la  niannosoxime. 

1)  Les  eaux  raeres,  concentrées  et  additionnées  à  nouveau  d'alcool,  précipitent  un 
sirop  brun  qui  bientÎt  se  prend  en  une  bouillie  cristalline  :  ce  second  composé,  qui 
fond  à  i79°-i8o"  et  cristallise  en  belles  lamelles  hexagonales,  n'est  autre  que  l'oxalate 
de  glucamine  déjà  connu.  Il  est  notablement  moins  abondant  que  son  isomÚre. 

»  L'isoglucosamine  se  convertit  donc  sous  l'action  de  l'hydrogÚne  nais- 
sant, en  solution  alcaline,  en  un  mélange  de  deux  bases  stéréoisomÚres, 
appartenant  à  la  série  des  glucamines,  et  que  nous  avons  pu  caractériser, 
l'une  comme  d.  glucamine  proprement  dite,  l'aulre  comme  d.  mannaniine. 
Ce  fait  vient  confirmer  d'une  maniÚre  irréfutable  l'existence  d'une  fonc- 
tion a.  cétonique  dans  la  molécule  de  l'isoglucosamine  et  montre  que  cette 
base  se  comporte,  vis-Ă -vis  des  agents  rĂ©ducteurs,  exactement  de  la  mĂȘme 
maniÚre  que  le  d.  fructose,  dont  elle  représente  un  dérivé  immédiat. 

»  Comme  ce  dernier,  l'isoglucosamine  fournit  donc  un  nouveau  moyen 
de  passer  de  la  série  de  la  mannite  à  celle  de  la  sorbite,  ou  inversement, 
sans  qu'il  soit  besoin  d'Ă©liminer  son  azote. 


66o  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  Dans  les  mĂȘmes  conditions,  la  d.  gkicosamine  (de  la  chitine)  n'est  pas 
sensiblement  attaquée  par  l'amalgame  de  sodium,  ce  qui  tient  sans  doute  à 
sa  fonction  d'aldéhyde,  moins  facdement  attaquable  que  la  fonction  d'acé- 
tone. Son  oxime,  qui  devrait  théoriquement  fournir  une  base  diaminée, 
semble  au  contraire  se  détruire  entiÚrement,  avec  émission  d'ammoniaque 
et  formation  de  corps  bruns  incristallisables.   » 


CHIMIE   ORGANIQUE.   —  Action  du  chlore  sur    l' acĂ©tate   de   baryum. 
Note  de  M.  Albert  Colson,  présentée  par  M.  Georges  Lemoinc. 

«  Comme  je  l'ai  établi,  l'acétate  de  plomb  en  solution  acétique  se 
change  en  chlorure  et  en  tétracétate  plombiques  sous  l'action  d'un  courant 
de  chlore  (').  Cette  réaction  constitue  donc  un  moyen  simple  de  mettre 
en  évidence  la  télravalence  d'un  élément,  en  particulier  la  constitution 
(O  =  Pb  =  O)  du  bioxyde  de  plomb.  En  l'appliquant  au  baryum,  je  n'ai  pu 
former  aucune  combinaison  tétrabarytique  de  forme  BaX^  :  le  baryum  est 
invariablement  resté  divalent,  comme  si  le  bioxyde  répondait  à  la  consti- 

tution  Ba(    i  . 

\o 

»  Voici  les  faits.  AprÚs  avoir  dissous  6e  de  carbonate  de  baryte  dans  loo"^""' d'acide 
acétique  pur,  j'ajoute  5?  d'anhydride  acétique  pour  éliminer  l'eau  résultant  de  la  for- 
mation de  l'acétate  de  baryte;  puis  je  salure  de  chlore  sec  à  la  température  de  12°. 
II  se  forme  le  lendemain  un  précipité  cristallin  qui,  essoré  et  lavé  à  l'acide  acétique, 
répond  à  la  composition  suivante  aprÚs  dessiccation  dans  l'air  sec  : 

BaCP+Ba(C^H30'-')=+2C^H'0'' 
ou 

2[BaCl.C-tP02+C^H'02]. 

Ce  sel  double,  cristallisé  avec  1"°'  d'acide  acétique,  est  bien  un  acétochlorure  de  ba- 
ryum et  non  pas  un  mélange  de  chlorure  et  d'acétate,  car  il  ne  se  redissout  pas  à  froid 
dans  l'acide  acĂ©tique  gĂ©nĂ©rateur,  mĂȘme  quand  celui-ci  ne  renferme  plus  de  chlore  en 
solution.  D'autre  part,  si  le  dépÎt  contenait  de  l'acétate  libre,  c'est  qu'il  sortirait 
d'une  solution  sursaturée  d'acétate;  a  fortiori,  la  solution  primitive  qui,  avant  le 
passage  du  chlore,  contient  tout  le  baryum  Ă   l'Ă©tat  d'acĂ©tate,  serait  elle-mĂȘme  sursa- 
turée de  ce  sel  qui,  alors,  serait  immédiatement  précipité  par  quelques  parcelles  du 
dépÎt.  On  ne  constate  rien  de  tel  :  le  dépÎt  est  donc  exempt  d'acétate  libre. 


(')  Comptes  rendus,  avril  igoS. 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    IQO^.  661 

Il  L'acétochlorure  (Ba  Cl  .C'IPO- -t- C- H' 0-)  s'obtient  encore  f|uand  on  dissout 
l'acétate  de  barvuni  dans  l'acide  acétique  pur  (jue  l'on  sature  à  froid  par  le  chlore  sans 
l'avoir  additionné  d'anhydride  acétique. 

»  Ce  composé,  presque  insoluble  dans  l'acide  acétique,  est  au  contraire  soluble  dans 
l'eau  oĂč  il  se  comporte  comme  un  mĂ©lange  de  chlorure,  d'acĂ©tate  et  d'acide  acĂ©tique. 
Le  baryum  précipité  dans  ce  singulier  composé  n'acquiert  pas  de  propriétés  radio- 
actives, ou  du  moins  la  radioactivité  de  l'acétochlorure  n'atteint  pas  la  vingtiÚme 
partie  de  celle  de  l'uranium,  d'apiĂšsun  examen  dĂ»  Ă   l'extrĂȘme  obligeance  de  M.  Curie. 

»  La  genÚse  de  l'acétochlorure  devrait  donner  naissance  soit  à  du  peroxyde  d'acé- 
tyle,  soit  à  de  l'eau  oxygénée  : 

2  Cl  -t-2Ba(C'II'0=)2=i2BaCl.Cni'0^+(CMFO)50-. 

»  Quand  l'action  du  chlore  est  épuisée  et  que  la  liqueur  est  redevenue  incolore,  elle 
ne  renferme  aucun  de  ces  corps,  et  les  gaz  qui  se  dégagent  en  petites  quantités  pen- 
dant la  réaction  ne  contiennent  pas  d'ozone,  mais  du  gaz  carbonique  qui  paraßt  souillé 
de  composés  oxygénés  du  chlore.  Ces  faits  montrent  bien  la  résistance  du  barvuni  à 
passer  à  la  forme  tétravalenle. 

»  La  formation  de  composés  oxygénés  du  chlore  (réagissant  sur  la  baryte  en  solu- 
tion acétique  comme  l'acide  hypochloreux  sur  les  alcalis)  explique  pourquoi  le  chlo- 
rure de  baryum  \ient  souiller  l'acétochlorure  à  mesure  que  l'on  prolonge  l'opération. 
Ainsi,  en  isolant  l'acétochlorure  formé  au  bout  de  12'  à  i5  heures,  la  liqueur  se 
trouble  de  nouveau  et  le  précipité  nouveau  s'enrichit  de  jour  en  jour  en  chlorure  de 
barvum  insoluble  dans  l'acide  acĂ©tique.  On  arrive  mĂȘme  Ă   recueillir  finalement  BaCl- 
à  peu  prÚs  exempt  d'acétate. 

B  Quand  la  réaction  se  fait  à  100"  en  vase  clos,  le  baryum  se  transfoime  en  majeure 
partie  en  chlorure,  parfois  mĂȘme  en  totalitĂ©;  si  le  chlore  n'est  pas  en  trop  grande 
quantité,  aucun  gaz  ne  se  dégage  et  la  liqueur  incolore  qui  a  déposé  BaCl-  n'est  pas 
oxydante  à  froid  :  le  chlore  paraßt  donc  bien  réasii"  ici  encore  comme  il  le  ferait  sur  la 
baryte  dissoute  ou  sur  tout  aulre  alcali.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.    —    Colorants  azoĂŻqiics,  solides,    dĂšiivĂ©s  de  Vx-amino- 
anthraquinone.  Note  de  M.  Charle.s  Lautii,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

<c  Le.s  matiĂšres  colorantes  qu'on  obtient  aujourd'hui  avec  les  produits 
du  goudron  de  houille  sont  si  variées  et  si  belles,  qu'il  paraßt  superflu  de 
chercher  à  en  augmenter  encore  le  nombre;  c'est  d'un  autre  cÎté  que 
doivent  se  porter  les  efforts  des  chimistes  :  leur  but  doit  Ăšlre  d'obtenir  des 
couleurs  qui,  outre  l'éclat  et  le  bon  iTiarché,  possÚdent  une  qualité  toujours 
rare,  celle  d'une  résistance  suffisante  à  la  lumiÚre  et  aux  agents  chimiques. 

»  Il  m'a  paru  intéressant,  dans  cet  ordre  d'idées,  de  rechercher  si  les 
combinaisons  anthraquinoniqiies,  qui  sont  solides  en  général,  pourraient 

C.    R.,   1903,   2"  Semestre.  (T.  C.XX.XMI,  N<  17.)  H7 


602  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

donner  naissance  Ă   des  produits  de  la  grande  famille  des  couleurs  azoĂŻques, 
et  si  ces  azoïques  seraient  résistants  aux  agents  physiques  et  chimiques. 
Les  tetitatives  que  j'ai  faites,  il  y  a  plusieurs  années  déjà,  soit  de  diazoter 
l'amidoalizarine,  soit  de  copuler  les  dérives  hydroxylés  de  l'anlhraquinone 
avec  des  combinaisons  diazoïques  étaient  restées  infructueuses.  J'ai  été 
plus  heureux  en  prenant  comme  point  tle  départ  l'a-amidoanthraquinone; 
on  sait  que  ce  corps  peut  se  diazoter;  j'ai  constaté  que  ce  diazo  se  combine 
avec  les  agents  ordinaires  de  copulation  et  donne  naissance  Ă   des  colorants 
riches  et  trÚs  solides.  (Pli  cacheté  déposé  à  la  Société  chimique  de  Paris,  le 
i'^'"  mars  iQoS.) 

»  Le  point  de  départ  est  l'anlhraquinone,  qu'il  faut  tout  d'abord  nitrer. 

))  Nitralion  de  l'anlhraquinone.  —  iM.  Liebennann  a  fait  connaütre  en  i883  un 
bon  procédé  de  préparalioit.  Le  suivant  est  encore  plus  avantageux  :  on  dissout  200? 
d'anthraquinone  dans  1200'^^'""  d'acide  sulfurique  à  66°  B'^,  et  l'on  ajoute  à  cette  solu- 
tion, goutte  Ă   goutte  et  sans  refroidir,  en  agitant  constamment,  69^"'"  d'acide  nitrique 
à  4o°  B''  ;  la  température  doit  monter  à  5o°  environ  ;  le  mélange,  fluide  à  ce  moment,  se 
prend  en  masse  par  refroidissement;  on  y  ajoute  de  la  glace,  puis  on  lave  le  précipité 
jusqu'à  neutralité.  On  obtient  ainsi  235s  de  produit  nitré  fondant  à  218°  (p.  indiqué 
220")  et  qu'on  peut  utiliser  sans  autre  purification  pour  la  préparation  du  dérivé 
aminé. 

»  RĂ©duction  de  V-j.~niLroanlhiaquinone.  —  200S  de  nitro  sont  broyĂ©s  avec  4oos  de 
sulfure  de  sodium  crisl.  (82,8  pour  100  de  Na"-S);  le  mélange  est  additionné  de  5',5o 
d'eau  et  porté  à  l'ébullition  pendant  70  minutes;  pour  s'assurer  que  la  réduction  est 
complÚte,  on  prélÚve  un  petit  échantillon  du  produit  et  on  le  chauffe  à  100°  avec  une 
solution  de  5s  de  Na^S  dans  10  p.  d'eau;  la  moindre  trace  de  nitro  donne  naissance  Ă  
une  coloration  verte  qu'on  aperçoit  en  écrasant  la  matiÚre  solide  contre  les  parois  de 
la  capsule;  on  continue  Ă   chauller  jusqu'Ă   ce  que  cette  coloration  n'apparaisse  plus.  La 
réduction  terminée,  on  laisse  refroidir  et  l'on  filtre  sur  coton,  à  la  trompe;  les  eaux 
mÚres  sont  colorées  en  violet  et  renferment  une  petite  quantité  d'alizarine.  On  obtient 
1706  (environ  la  quantité  théorique)  d'a-amidoanlhraquinone,  bien  cristallisée,  fon- 
dant Ă   240". 

»  Diazolalion.  —  On  dissout  l'aminĂ©  dans  dix  fois  son  poids  d'acide  sulfurique;  Ă  
la  dissolution  on  ajoute  peu  à  peu  de  la  glace,  de'façon  à  avoir  un  précipité  trÚs  ténu, 
puis  on  Ă©tend  de  100  volumes  d'eau;  on  filtre  pour  Ă©liminer  la  majeure  partie  de 
l'acide  sulfurique  et  jusqu'à  ce  qu'on  ait  ainsi  séparé  les  ,*^  d'eau  acide;  le  produit 
filtré  est  additionné  d'eau,  de  façon  à  avoir  l'aminé  délacée  dans  70  fois  son  poids  d'eau 
acide,  puis  on  y  ajoute  45  pour  100  du  poids  de  l'amido  en  iiitrite  de  l\a  préalablement 
dissous;  on  agile  fréquemment  et  on  laisse  en  contact  pendant  20  heures  environ. 

»  I^our  s'assurer  que  la  dia/.olation  est  complÚte,  on  prélÚve  un  échantillon  et  Ton 
y  ajoute  CO'iXa-,  qui  colore  la  masse  en  rouge  s'il  y  a  encore  de  l'aminé  non  trans- 
formée. Pour  plus  d'exactitude,  on  précipite  un  échantillon  de  la  liqueur  diazotée  par 
un  excÚs  de  CO'Na'-  ;    on  filtre  et  l'on  reprend  le  précipité  séché  par  l'alcool.  La  pré- 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    lÇ)o3.  663 

sence  de  l'5:-aiiiino  est  aisément  conslalée  au  iTiicrosco|)e,  cette  aminé  cri>lallisant  trÚs 
facilement  en  longues  aiguilles.  On  peut  d'autre  part  reprendre  le  produit  de  l'Ă©vapo- 
ration  de  l'alcool  par  l'acide  acétique  cristallisabie  ;  ajouter  à  la  solution  AzO'Na,  et 
une  trace  de  sulfonaphtol,  qui  donnera  une  coloration  rouge  intense  s'il  subsiste  de 
l'aminé  non  transformée. 

1)  Copulation.  —  Le  composĂ©  diazoĂŻque  ain>i  prĂ©parĂ©  se  combine  aisĂ©ment  an\ 
aminés  et  aux  phénols,  sulfonés  ou  non,  en  donnant  naissance  à  des  matiÚres  colo- 
rantes. On  réalise  cette  préparation  en  versant  le  produit  de  la  diazolalion,  en  suspen- 
sion dans  l'eau,  dans  les  agents  de  copulation  dissous  dans  CO^  Na'  ;  on  laisse  en  contact 
jusqu'à  solubilité  complÚte  dans  l'eau  chaude,  ce  qui  exige  quelques  heures,  puis  on 
précipite  par  Cl>ia. 

»   On  obtient  ainsi  : 

M  Des  muges  avec  le  p-naphtol-6-sulfo  (sel  de  Schaeffer),  le  j3-naphtol- 
8-sulfo  (sel  de  Rtimpf),  le  fi-naphlol-3-7-disulfo  (sel  R),  le  p-naphtol- 
3-8-disulfo  (sel  J),  le  p-naphtol-7-sulfb,  l'acide  naphtionique; 

»  Des  amarantes  avec  l'a-sulfonaphtol  (sel  de  Piria),  le  dinaphtol-i-8- 
disiilfo-3-6  (acide  chromolropique); 

»  Des  bruns  avec  l'a-naphlol,  la  résorcine,  le  métamidophéiiol,  l'acide 
ortho  et  niĂ©lacrĂ©sotinique,  la  p-naphlylaniinemonosulfo-6  (sel  deBrƓnner), 
la  toluylÚnediamine,  la  p-naphtylamine,  la  diphénylamine,  l'acide  salicy- 
lique; 

»  Des  violets  avec  l'a-naphlvlamine,  ra-aaphtolamino-8-(lisiiUo-3-6 
(acide  H). 

»  La  teinture  de  la  laine  s'elfectue  aisément  avec  ces  colorants  en  pré- 
sence d'acide  sulfurique  et  de  SO''Na-.  Les  couleurs  obtenues  sont,  en 
général,  belles  et  trÚs  pures.  Celles  qui  dérivent  des  sulfonaphlols  et  des 
aminonaphlols  sulfonés  sont  trÚs  solides  à  la  lumiÚre;  elles  résislent  égale- 
ment au  foulonnage;  les  autres  sont  peu  résistantes. 

»  Les  rouges,  notamment  ceux  qui  sont  obtenus  avec  le  sel  de  Rumpt, 
rĂ©sistant  Ă   l'action  du  bichromate  acide,  peu^  ent  ĂȘtre  employĂ©s  pour  obtenir 
des  teintures  mixtes  avec  certains  colorants  qui  nécessitent  l'emploi  de  cet 
agent,  et  donner  ainsi  d'autres  couleurs  solitles. 

»  Les  dérivés  sulfonés  de  l'anthraquinone,  nitrés  et  réduits,  donnent 
les  mĂȘmes  rĂ©sultats  que  l'a-amidoanthraquiuone  elle-mĂȘme. 

»  C'est  ainsi  qu'en  nitrant,  d'aprÚs  le  [)rocédéde  Claus,  l'anthraquinone 
monosulfonée  et  réduisant  le  nitro  par  le  sulfure  de  sodium  on  obtient 
l'aminoanlhraquinone  sulfonée  qui,  aprÚs  diazotation,  a  été  combinée  aux 
agents  de  copulation.  Les  colorants  oblenus  sont  plus  sohibles  dans  l'eau 
que  ceux  qui  dĂ©rivent  de  l'aminoanthraquinone  elle-mĂȘme.  Ils  teignent  li 
laine  dans  les  mĂȘmes  conditions. 


b04  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  La  présence  d'un  groupement  sulfonique  permet  la  formation  de  sels, 
qui  ont  dfs  couleurs  spéciales;  aussi  en  ajoutant  aux  bains  de  teinture  cer- 
tains composés  métalliques,  ou  en  passant  les  éloffes  teintes  dans  une 
dissolution  de  ces  composés,  on  modifie  les  nuances  primitives:  tel  est  le 
cas,  par  exemple,  des  sels  de  cuivre  et  du  bichromate  de  potassium  qui 
donnent  naissance  à  des  couleurs  variant  du  violet  au  brun.    » 


CHIMIE  AN'ALVIIQL'E.   —  Elude  sur  quelques  pains  anciens. 
Note  de  M.  L.  Lixdet,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  SchlƓsing. 

«  Les  fragments  de  pain  que  la  Science  archéologique  a  pris  soin  de 
recueillir  se  présentent  avec  un  aspect  et  une  composition  chimique  qui 
dépendent  des  conditions  matérielles  auxquelles  ils  ont  été  exposés. 

))  Pain  de  PoinijĂ©i.  —  Les  pains  dĂ couverls  Ă   l'oinpĂ©i  sonl  les  plus  connus;  ils  onl 
été  décrils  et  analysés  par  de  Luca(');  ils  se  présentent  sous  la  forme  d'un  charbon 
poreux,  dans  lequel  on  ne  peut  trouver  trace  des  éléments  du  pain,  et  renferment,  à 
la  façon  du  coke,  une  notable  quantité  d'azote  (2,6  à  2,8  pour  100). 

»  Cet  azote  n'est  pas  à  l'état  de  sels  ammoniacaux,  puisqu'il  ne  se  dégage  pas  à  l'état 
d'ammoniaque  en  prĂ©sence  de  la  njagnĂ©sie,  ni  Ă   lĂ©tat  d'aminĂ©s,  pouvant  ĂȘtre  dĂ©com- 
posées par  la  soude.  Il  est  en  cet  état  particulier  que  l'on  peut  désigner  sous  le  nom 
Ă 'azote  cyaniqiie,  capable  par  la  chaleur  sĂšche,  de  fournir  de  l'indol,  de  la  pjridine  ou 
du  paracyanogÚne  ;  la  molécule  azotée  y  est,  en  somme,  dans  les  derniÚres  lilnites  de  sa 
décomposition  et  le  fragment  semble  avoir  été  l'objet  plutÎt  d'une  calcinalion  que 
d'une  dégradation  par  voie  humide,  comme  le  sont  ceilains  objets  trouvés  à  l'ompéi, 
et  notamment  des  grains  de  blé,  signalés  par  W.  Berlhelot  (^).  11  est  évident  que 
celte  quantité  d'azote,  qui  subsiste  dans  le  charbon  d'une  matiÚre  organique  calcinée, 
est  en  relations  avec  la  température  à  la(|uelle  celte  matiÚre  a  été  soumise,  en  sorte 
que  le  dosage  d'azote  nous  donne  une  idée  de  la  température  à  laquelle  ces  pains  ont 
été  exposés.  En  chaullant,  en  vase  clos,  à  Sao^-^oo"  (^)  un  morceau  de  pain  compact, 
j'ai  obtenu  un  charbon  poreux,  identique  d'aspecl  aux  échantillons  trouvés  à  Pompéi, 
renfermant  2,81  pour  loo  d'azote,  alors  que  l'un  de  mes  Ă©chantillons  dosait  2,65 
pour  100.  Les  géologues  s'accordent  d'ailleurs  à  dire  que  les  cendres  du  ^  ésuve  qui 
ont  couvert  Pompéi  n'étaient  pas  trÚs  chaudes. 

«  Toute  trace  d'amidon,  de  cellulose  a  disparu  ;  il  reste  cependant  des  maliÚres 
ulmiques,  susceptibles  de  fournir  par  la  distillation  sÚche  une  petite  quantité  d'acide 
acétique. 

(')  Comptes  rendus,  t.  LVII,  i863,  p.  '^-h. 
(-)  Journal  de  Ph.  et  de  Ch.,  t.  XLIV,  i863,  p.  4o2. 

(‱*)  Pour  eslimej- cette  tempĂ©rature,  j  ai  introduit  dans  le  morceau  de  pain  des  frag- 
ments de  plomb  el  des  fragments  de  zinc  ;  les  premiers  seuls  onl  londu. 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  1903.  665 

»  Les  fragmenls  doiiiienl  nellenienl  la  réaclioii  des  chlorures;  l'iiiie  nous  dil  que 
les  Romains  introduisaient  du  sel  dans  les  pĂątes  ('). 

»  Pain  des  stations  lacustres.  —  C'est  dans  un  Ă©lal  analogue  que  se  prĂ©sentent,  les 
pains  découverts  dans  difTérents  lacs,  aprÚs  l'incendie  des  stations  lacustres.  Dans  un 
Ă©chantillon  provenant  de  la  station  des  Corcelleltes,  au  lac  de  NeufcliĂ tel  (Ăąge  de 
Bronze),  je  n'ai  constaté  qu'un  charbon  azoté  (Az  =  2,46  pour  100)  enrobé  de  débris 
végétaux.  Dans  un  second  échantillon  moins  carbonisé,  de  teinte  légÚrement  rousse 
(Az  =  4>69  pour  100),  et  provenant  du  lac  du  Hourget  (Ăąge  de  Bronze),  j'ai  pu 
nettement  distinguer  les  débris  de  grains  qui  subsistent  encore  et  spécialement  des 
fragments  de  l'Ă©piderme  extĂ©rieur  de  la  balle  de  l'orge,  en  mĂȘme  temps  que  quelques 
grains  d'amidon.  L'orge  e^t  d'ailleurs  la  céréale  la  |ilus  anciennement  connue,  et  a  été 
rencontrée  dans  les  palafittes  de  la  Suisse  et  de  la  Savoie. 

»  Pain  des  tombes  Ă©gyptiennes.  —  Les  pains  destinĂ©s  Ă   la  nouniture  des  morts,  et 
que  l'on  enfermait  dans  leurs  tombes,  se  sont  afiii]irablement  conservés  et  se  retrouvent 
aujourd'hui  tels  qu'ils  y  ont  été  introduits.  On  rencontre  dans  les  tombes  égyptiennes, 
tantÎt  des  pains  non  levés,  pétris  en  forme  d^  galettes,  tantÎt,  au  contiaire,  des  pains 
levés.  Les  Egyptiens  connaissaient  d'ailleurs  le  levain,  puisque  la  Bible  nous  apprend 
que  les  HĂ©breux  en  faisaient  usage.  Les  deux  Ă©cliaiUillons  que  j'ai  eus  entre  les  mains 
étaient  des  pains  non  levés,  complets,  dans  les(iuels  j'ai  pu  reconnaßtre  aisément  les 
débris  de  l'enveloppe  de  l'orge  (épiderrae  extérieur  et  bypoderme  fibreux  de  la  balle, 
cellules  de  l'assise  protéique,  poils  radicellaires)  ;  or,  on  sait  que  le  gluten  de  l'orge 
n'est  pas  doué  de  propriétés  élastiques;  le  pain  d'oi'ge  ne  pouvait  pas  lever.  La  pùle 
renferme  une  quantité  de  gluten  et  une  quantité  d'amidon  que  l'on  peut  considérer 
comme  normales. 

»  J'ai  constaté  dans  mes  deux  échantillons,  d'une  part,  1 1 ,20  et  1 1  ,44  pour  100  de 
matiÚre  azotée  (Az  :;=  1  ,80  et  i  ,83  ),  et,  d'autre  part,  68,0  et  65, a  pour  100  d'amidon. 
Cet  amidon,  comme  dans  un  pain  cuit,  se  trouve  sous  deux  Ă©tals  :  une  partie  est  solu- 
bilisée à  l'état  d'amidon  soluble  et  de  dextrine  (20,4  pour  100).  Elle  a  plus  d'impor- 
tance que  dans  les  cas  ordinaires,  parce  que  le  pain  a  été  légÚrement  torréfié,  ainsi 
que  le  prouve  l'acidité  de  la  pùte.  L'autre  partie  est  à  l'état  d'empois  gonflé;  on  ne 
rencontre  que  de  rares  grains  d'amidon  qui  soient  lestés  intacts.  J'ai  montré  (-)  que 
l'on  mesure  le  degré  de  gélatinisalion  en  tiailant  le  pain  par  l'acide  chlorhydrique 
Ă   iℱ',5  pour  100,  et  lĂ   encoie  on  constate  que  la  quantitĂ©  d'amidon  ((ui  se  dissout 
dans  l'acide  faible  s'Ă©lĂšve  au  delĂ   des  limites  ordinaires  (21 ,3  pour  100).  Un  des  pains 
renferme  4,5  pour  loo  de  cendres  dans  lesquelles  on  constate  la  présence  des  chlo- 
rures. Les  sels  employĂ©s  par  les  Égyptiens  Ă©taient  riches  en  nitrates;  on  peut  dĂ©celer 
ceux-ci  dans  le  pain  par  le  diphénylamine. 

»  Pain  romain  d'Aoste  {/scre).  —  En  i856,  des  fouilles  ont  permis  de  dĂ©couvrir  Ă  
Aosle  (Augustura)  divers  objets  romains  au  milieu  desquels  s'est  trouvé  un  fragment 
de  pain  reprĂ©sentant  le  quart  d'une  nnche  de  3o""  Ă   4o''ℱ  de  diamĂštre.  Cette  miche 
est  entiÚrement    transformée   par    moulage    et    remplissage  en  un  morceau  de  grÚs  à 


(')   Tline,  IJtsl.  nat.,  Livre  XVIU,  §  2(J. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  1902,  p.  yo8. 


666  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Ă©lĂ©ments  granitiques  (feldspath  et  mica  blanc);  la  pseudomorphose  prĂ©sente  un  intĂ©rĂȘt 
qui  n'est  pas  exclusivement  géologique;  j'ai  trouvé,  [en  effet,  enclavés  dans  le  grÚs, 
quelques  rares  grains  d'amidon;  ces  grains,  non  déformés  par  la  cuisson,  ont  résisté  à 
l'action  des  eaux,  qui  ont  apporté  ces  éléments  granitiques;  les  grains  qui  étaient  à 
l'état  muqueux  ont  été  détruits,  ainsi  que  le  gluten.  L'examen  microscopique  permet 
de  conclure  que  les  grains  d'amidon  proviennent  du  froment.  » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  ta  Structure  tectonique  de  l'Ăźle  d'EubĂ©e. 
Note  de  M.  Deprat,  présentée  par  M.  Fouqué. 

«  Je  distinguerais  en  Eubée  quatre  séries  de  plissements  : 
).   I.  Plissements  antécarbonifériens.  II.  Plissements  antétriasiques  (her- 
cyniens). 111.  Plissements  éocÚnes(antéoligocÚnes).  lY.  Plissements  post- 
sarmaliques.  Ces  séries  sont  bien  marquées  par  des  discordances. 

»  1.  Les  plissements  antécarbonifÚres  ont  amené  une  premiÚre  phase  de 
ridement  sur  l'emplacement  actuel  des  monts  Galtzades  dans  la  région 
septentrionale.  Une  partie  des  plis  de  la  région  méridionale,  surtout  dans 
le  massif  de  l'Ocba,  appartiennent  à  cette  phase.  Leur  ùge  antécarbonifé- 
rien  est  nettement  indiqué  par  la  transgression  des  calcaires  à  fusulines 
et  à  Bellerophon  Idulcus  que  j'ai  signalés  (')  prÚs  de  Galtzades  et  qui  se  pré- 
sentent en  lambeaux  sur  les  tranches  relevées  des  schistes  et  arkoses  des 

Galtzades. 

»  IL  La  période  carboniférienne a  été  suivie  d'une  nouvelle  surrectionde 
plis  appartenant  au  systĂšme  hercynien.  Ces  plis,  de  direction  SO-NE 
prennent  dans  les  régions  méridionale  et  centrale  la  forme  des  plis  amyg- 
daloïdes  (brachysynclinaux  et  brachyanticlinaux),  affectant  les  séries  dévo- 
nienne  de  Seta  et  carboniférienne  de  Sténi  et  des  monts  de  Valhya.  Ils 
sont  souvent  extrĂȘmement  aigus  et  forment  des  sĂ©ries  d'isoclinaux  empilĂ©s 
les  uns  contre  les  autres  et  généralement  déversés  vers  le  sud-est.  Dans 
la  région  septentrionale  ils  sont  déversés  généralement  vers  le  massif  thes- 
salien,  c'est-Ă -dire  vers  le  nord-est. 

»  Ces  deux  sĂ©ries  de  plis  paraissent  s'ĂȘtre  moulĂ©es  contre  deux  massils 
résistants,  le  massif  archéen  thessalien  au  nord  et  un  grand  massif  égéen 
ancien  effondré  au  sud. 

»  III.  Avec  les  temps  secondaires  une  forte  submersion  de  la  région  eut 
lieu,  elles  eaux  marines  riosiques  l'envahirent,  arrosant  les  plis  hercyniens 


(1)  Comptes  rendus,  janvier  igo3. 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  igoS.  667 

et  édifiant  sur  cette  pénéplaine  des  conglomérats  puissants.  La  région  paraßt 
avoir  alors  acquis  une  stabilité  relative. 

»  Pendant  l'époque  turonienne,  une  ébauche  des  grands  mouvements 
pyrénéens  se  prépare  par  un  ridement  signalé  par  les  conglomérats  de 
rOchtonia. 

»  Enfin  nous  arrivons  à  la  fin  de  réocÚne,  aprÚs  les  derniers  dépÎts  du 
flysch.  Un  mouvement  puissant  se  produit,  amenant  la  production  de  plis 
allongés,  dirigés  dans  le  non!  de  l'ßle,  parallÚlement  aux  plis  des  monts 
Galtzades  et  prenant  dans  la  région  centrale  une  direction  0-E,  pour 
rebrousser  vers  le  nord-est  dans  la  région  de  l'Ochtonia.  Les  phénomÚnes  de 
refoulement  atteignaient  à  cette  époque  une  remarquable  intensité,  ame- 
nant la  formation  de  plis  dĂ©versĂ©s  et  mĂȘme  de  chevauchements  et  de  char- 
riages importants.  Ces  plissements  comprennent  : 

)>  1"  L'axe  anticlinal  des  monts  de  Hialtra  (Ilygia-Lulra),  dans  la  presqu'Ăźle  de 
Lithada.  Dirigé  0-E  daus"la  partie  septentrionale,  cet  axe  s'inlléchit  vers  le  sud-est, 
formant  ainsi,  par  son  prolon2:ement,  l'axe  anticlinal  des  monts  Ivandili;  on  obtient 
ainsi  une  vaste  courbe  dont  la  concavité  est  tournée  vers  le  continent  grec.  Ce  pli,  à 
mesure  que  nous  avançons  vers  le  centre  de  l'ßle,  se  renverse  et  se  couche  de  plus  en 
plus  vers  le  nord-ouest,  formant  une  masse  de  recouvrement  puissante  sur  les  plis  cen- 
traux des  monts  Pyxaria. 

»  Il  faut  noter  ce  fait  que  le  renversement  de  la  chaßne  des  Kandili  et  des  monts  de 
Kondodespoti,  qui  atteint  son  maximum  dans  la  région  d'Apokrymno  et  dans  les 
monts  Pyxaria,  s'atténue  de  plus  en  plus  vers  le  nord-ouest,  de  sorte  que  les  plis  de 
Lithada  appuyés  contre  le  massif  résistant  hercynien  de  Galtzades  ne  subissent  aucun 
déversement  et  sont  normaux.  Le  point  fixe  de  l'axe  se  trouve  en  cette  derniÚre  région 
et  représente  le  point  d'application  de  la  résistance  offerte  par  le  massif  ancien  de 
Galtzades;  dÚs  que  cette  résistance  a  cessé  de  se  faire  sentir,  le  pli  a  pu  se  dérouler 
librement  sur  le  synclinal  des  monts  de  Pagondas  et  d'Apokrymno. 

»  30  Au  systÚme  pyrénéen  appartiennent  des  chaßnons  du  Xeronoros,  du  mont 
Psara  pourvus  d'une  direction  NO-SE  (région  septentrionale). 

»  3°  ParallÚlement  au  systÚme  Lithada-Kandili,  s'allongent  sur  la  cÎte  occidentale 
les  plis  des  Garakovouni,  Mavrovouni,  Delphi,  Pyxaria,  affectant  les  terrains  secon- 
daires. Tous  sont  déversés  largement  vers  la  dépression  égéenne.  I^'ensemble  des  axes 
de  tous  ces  plis  varie  comme  direction  entre  .jo»  et  So"  d'obliquité  par  rapport  aux 
axes  des  plis  hercyniens;  il  subit  des  flexions,  des  sinuosités  curieuses,  moulant  les 
régions  antérieurement  plissées,  comme  l'axe  synclinal  Drakospilo-Parameritaes 
moule  le  dĂŽme  de  l'Olympe. 

)>  4°  Dans  la  région  des  monts  Sukaron  (pays  de  Kumi),  nous  avons  constaté 
l'existence  d'une  puissante  série  de  plis  parallÚles  déversés  vers  le  nord-est  et  recou- 
verts par  une  lame  charriĂ©e  d'amplitude  variant  entre  5''ℱ  et  8I"". 

»  L'ensemble  de  ces  plis  montre  remarquablement  le  moulage  des  mas- 


668  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

sifs  anciennement  plissés  par  les  chaßnes  nouvelles.  On  pent  noter  aussi 
l'influence  du  substratum  schisteux  primaire  sur  lequel  les  plis  postérieurs 
crétacés  se  sont  formés  souvent  sans  l'affecter,  glissant  pour  ainsi  dire  sur 
une  surface  lubrifiante. 

»  IV.  Enfin  les  mouvements  postsarmatiques,  échos  des  mouvements 
alpins,  ont  affecté  les  sédiments  tertiaires  aquitanéens  de  Rumi  ainsi  que 
les  dépÎts  sarmatiens  sur  lesquels  les  dépÎts  levantins  (ponlico-pliocÚnes) 
se  sont  formés  en  discordance  (bassins  de  Ronistraes,  Simlia,  etc.).  Puis 
les  grands  effondrements  postpliocĂšnes  ont  eu  lieu  amenant  la  production 
d'un  réseau  de  failles  orthogonales  de  direction  NO-SE  et  NE-SO. 

»  Les  premiÚres,  perpendiculaires  au  petit  axe  de  l'ile,  et  ayant  amené 
l'effondrement  oriental  sur  la  mer  Egée,  la  formation  de  la  fosse  d'Atalanle- 
Euripe,  les  secondes  la  formation  du  canal  Oreos-Tricheri  et  les  grandes 
cassures  de  la  région  méridionale,  dont  une  des  plus  importantes,  celle  de 
Seta-Rala,  à  Rumi,  a  donné  naissance  au  cumulo-volcan  d'Oxylilhos. 

»  Quant  aux  relations  des  plis  pyrénéens-eubéens  avec  ceux  des  régions 
voisines,  elles  sont  trĂšs  nettes;  on  peut  constater  que,  dans  le  nord,  ils  sont 
en  moyenne  parallÚles  à  ceux  de  l'Olhrys  moulé  sur  le  massif  thessalien; 
puis,  aprÚs  avoir  pris  une  direction  NO-SE  dans  la  région  centrale,  ils  se 
moulent  contre  les  plis  hercyniens  méridionaux,  dans  lesquels  il  faut  chei'- 
cher  le  prolongement  des  plis  de  l'Hymctte,  du  Pentélique  (dans  l'Altique) 
et  de  Makronysi;  le  passage  de  ces  plis  aux  plis  eubéens  hercyniens  appa- 
raĂźt nettement  par  leur  orientation;  du  reste,  les  Ăźles  Petali  et  Berdugi 
ménagent  le  passage  entre  les  plis  eubéens  et  ceux  du  continent. 

»  Il  faut  retenir  surtout  des  faits  précédents  les  deux  directions  prin- 
cipales hercynienne  et  pyrénéenne,  car  ce  sont  elles  qui  ont  imprimé  à  la 
région  eubéenne  les  traits  généraux- de  son  orographie  actuelle.  Il  faut 
noter  aussi  l'intensité  des  plissements  et  des  phénomÚnes  de  chevauche- 
ment; leur  grand  intĂ©rĂȘt  rĂ©side  en  ceci  qu'dsont  Ă©tĂ©  rĂ©cemment  observĂ©s 
en  CrĂšte  et  dans  le  PĂ©loponĂšse  par  M.  Cayeux  ('),  montrant,  comme  ce 
dernier  le  fait  ressortir,  «  l'existence  sur  le  parcours  de  l'arc  dinaro- 
»  laurique  de  M.  Suess,  de  complications  tectoniques  analogues  à  celles 
»   du  systÚme  alpin.    » 


(')  PhénomÚnes  de  charriage  dans  la  Méditerranée  orientale  (Comptes  rendus, 
i6  février  1908). 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRK    igo^.  669 


PHYSIOLOGIE.  —  Étude  des  contractions  musculaires  et  des  rùjJexes  chez  le 
Slichopus  regalis.  Noie  de  M.  Victou  Ue.vri,  présentée  par  M.  Alfred 
Giard. 

«  Les  muscles  longitudinaux  du  Slichopus  re^a/w  présentent,  par  leur 
développement  et  par  leur  disposition  analomique,  de  grands  avantages 
pour  l'étude  physiologique  des  muscles  lisses  et  des  réflexes.  Ces  muscles 
ont  une  longueur  Ă©gale  souvent  Ă   20*^"  pour  un  diamĂštre  de  5°ℱ  Ă   7ℱℱ; 
leur  structure  histologique  montre  qu'ds  sont  formés  de  fibres  muscu- 
laires sans  striations,  trĂšs  longues,  qui  d'aprĂšs  certains  auteurs  auraient 
une  longueur  Ă©gale  Ă   celle  du  muscle. 


»  1°  Contraction  LocalisĂ©e  du  muscle.  —  Lue  excitation  (mĂ©caiiiijiie,  thermique, 
chiiTiique  ou  électrique)  cFiin  point  quelconque  d'un  muscle  longitudinal  provoqué 
une  contraction  de  la  région  excitée  du  muscle;  cette  contraction  reste  localisée  au 
point  excité,  elle  ne  se  propage  pas  le  long  du  muscle.  C'est  une  contraction  lente, 
qui  dure  environ  2  secondes. 

»  1°  Absence  d'onde  de  contraction.  —  Lorsqu'on  place  sur  le  muscle  deux  Ă©lec- 
trodes Ă   la  distance  de  plusieurs  centimĂštres  et  si  l'on  fait  passer  un  courant 
constant,  on  voit,  au  moment  de  la  fermeture  du  courant,  que  le  muscle  se  contracte 
seulement  aux  deux  points  de  contact  des  électrodes,  la  partie  intermédiaire  reste 
normale;  au  moment  de  l'ouverture  du  courant  il  se  produit  de  nouveau  une  contrac- 
tion aux  deux  points  de  contact  des  Ă©lectrodes.  Le  phĂ©nomĂšne  est  le  mĂȘme  si  l'on 
excite  par  un  choc  d'induction  ou  par  une  sĂ©rie  de  chocs  mĂȘme  trĂšs  intenses  et  pro- 
longés. Jamais  on  n'arrive  à  produire  une  contraction  d'une  longueur  de  muscle 
dépassant  '.i"";  on  observe  toujours  une  contraction  seulement  aux  deux  points  de 
contact  des  Ă©lectrodes. 

1)  3"  RĂ©flexes  Ă©lĂ©mentaires.  —  Lorsque,  sur  un  animal  entier  ou  sur  une  tranche 
transversale,  on  excite  mécaniquement  un  point  (pielconque  de  la  surface  externe  du 
corps,  on  observe  une  contraction  d'une  région  bien  limitée  d'une  paire  de  muscles 
qui  se  trouve  en  face  du  point  excité;  une  seule  excitation  sensitive  provoque  toujours 
une  contraction  réflexe,  c'est  là  un  réflexe  élémentaire  sans  coordination  (laquelle 
existe  toujours  dans  les  réflexes  des  animaux  vertébrés).  Une  excitation  plus  forte  ou 
une  série  de  chocs  mécaniques  produit  une  contraction  d'une  plus  grande  longueur 
de  muscle. 

»  4°  Action  des  poisons.  —  En  appliquant  une  goutte  de  solution  faible  de  strych- 
nine sur  la  membrane  qui  réunit  un  muscle  longitudinal  avec  la  paroi  du  corps,  mem- 
brane dans  laquelle  passent  les  ramifications  nerveuses  qui  parlent  des  nerfs  radiaires 
pour  innerver  les  muscles,  on  observe  que  la  sensibilité  est  augmentée  :  une  excita- 
tion trĂšs  faible  provoque  une  forte  contraction  de  la  paire  de  muscles  en  face  du  point 
touché,  et  le  muscle  reste  contracté  pendant  plusieurs  secondes. 

C.  R.,   igoS,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  17.)  i^H 


b^O  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  L'airopine  appliquĂ©e  dans  les  mĂȘmes  conditions  diminue  el  finit  par  abolir  com- 
plÚtement la  transmission  réflexe. 

»  La  nicotine  produit  au  début  une  forte  contraction  de  la  région  correspondante 
du  muscle,  puis  un  relĂąchement  de  ce  muscle;  Ă   ce  moment,  les  excitations  de  la  sur- 
face externe  du  corps  ne  provoquent  pas  de  rĂ©ponse  rĂ©flexe,  mais  le  muscle  lui-mĂȘme 
reste  bien  excitable.  En  lavant  à  l'eau  de  mer  la  nicotine,  on  voit  les  réflexes  reparaßtre. 

»  5°  RĂ©flexes  gĂ©nĂ©ralisĂ©s.  —  Lorsqu'on  excite  faiblement  un  point  de  la  partie 
antérieure  du  corps  (région  péribuccale)on  observe  une  contraction  d'une  longueur  de 
quelques  centimĂštres  d'une  paire  de  muscles  longitudinaux.  Si  l'excitation  est  plus 
forte,  plusieurs  paires  de  muscles  se  contractent  dans  leur  partie  antérieure.  Enfin, 
des  excitations  fortes  répétées  provoquent  la  contraction  des  muscles  sur  toute  leur 
longueur. Cette  contraction  est  trĂšs  forte  :  par  exemple  un  muscle  de  20'=ℱ  devient  Ă©gal 
Ă   6ℱ.  Donc,  par  l'intermĂ©diaire  de  l'anneau  buccal,  on  peut  obtenir  des  rĂ©flexes  gĂ©nĂ©- 
ralisés, ce  qui  était  impossible  par  l'intermédiaire  des  nerfs  radiaires.  L'anneau  ner- 
veux apparaßt  donc  comme  un  centre  nerveux  supérieur  aux  centres  nerveux  disposés 
le  long  des  nerfs  radiaires. 

»  La  transmission  de  l'excitation  nerveuse  se  fait  de  l'anneau  buccal  par  les  nerfs 
radiaires  qui  envoient  des  branches  nerveuses  transversales  aux  muscles  longitudinaux. 
En  efl'et,  on  peut  sectionner  la  membrane  qui  réunit  un  muscle  avec  la  paroi  du  corps 
sur  une  longueur  quelconque  sans  léser  ni  le  muscle  ni  le  nerf  radiaire  ;  on  constate 
alors  qu'une  excitation  de  la  région  buccale  provoque  une  contraction  de  toute  la  lon- 
gueur du  muscle  sauf  celle  qui  est  séparée  du  corps.    » 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALti.  —  Sur  l'excitation  des  nerfs  et  des  muscles 
par  décharges  de  condensateurs.  Note  de  M.  J.  Cluzet,  présentée  par 
M.  Marey. 

«  1.  La  loi  d'excitation  découverte  par  M.  Weiss  permet  de  déterminer 
tous  les  éléments  d'une  décharge  de  condensateur  qui  produit  le  seuil  de 
l'excitation.  D'aprĂšs  M.  Weiss,  le  seud  de  l'excitation  est  atteint  lorsque 
la  quantité  d'électricité  pénétrant  dans  le  nerf  égale  a  -^-  bt  (a  et  b  sont  des 
coefficients  dépendant  du  nerf  et  des  conditions  expérimentales,  t  est  la 
durée  de  l'excitation);  l'équation  suivante  donne  le  temps  au  bout  duquel 
la  décharge  de  condensateur  a  terminé  son  effet  excitant  : 


Vo  est  le  potentiel  de  décharge,  C  la  capacité  du  condensateur,  R  la  résis- 
tance du  circuit  de  décharge  dont  la  self-induction  est  supposée  né- 
gligeable. 

»  Pour  résoudre  l'équation  (i)  on  observe  que  la  droite  j  =  a  -h  bt  est 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  igoS.  67 1 


tangente  à  la  courbe  j'=  VoC\  i  —  e  ""7  pour  le  seuil  de  l'excitation  :  la 
solution  cherchée  est  la  racine  double  de  l'équation  (1).  On  trouve  ainsi 

oĂč  t  est  la  durĂ©e  utile  Ă   l'excitation  en  secondes  si  V„  est  exprimĂ©  en  volts, 
C  en  farads,  R  en  ohms.  Remarquons  que  dans  cette  expression  il  entre 
un  facteur  contenant  „„;  or  V„  varie  avec  C,  donc  la  durĂ©e  utile  de  la 
décharge  d'un  condensateur  n'est  pas,  comme  on  l'avait  supposé  jusqu'ici, 
proportionnelle  à  la  capacité  quand  la  résistance  est  constante. 

»  En  donnant  à  l  la  valeur  ainsi  trouvée,  la  formule  de  décharge  d'un 
condensateur  donne,  pour  valeur  du  potentiel  au  moment  oĂč  l'effet  exci- 
tant de  la  déchareje  cesse, 

»   La  quantité  d'électricité  qui  a  seule  déterminé  l'excitation  est  donc 

^  =  C(V„-AR) 

et  la  loi  générale  d'excitation  par  décharges  de  condensateurs  s'écrit 

(2)  C(V„-Ă©R)  =  a  +  /;RCj^^. 

Cette  équation  résolue  par  rapport  à  C  donne  la  valeur  de  la  capacité  du 
condensateur  qui,  chargĂ©  Ă   un  potentiel  donnĂ©  V„,  provoque  le  seuil  de 
l'excitation;  on  a  en  effet 

(-')  C  = f ^. 

»    L'énergie  déterminant  le  seuil  de  l'excitation  sera 


(M)  «-‱=  ,'5C(V;- 6-R-)  =  ;^a 


V„-^R(.^.^^ 


Celle  quantité  d'énergie  utile  est  minimum  pour  la  valeur  V^  =  2,914  qui 
annule  la  dérivée.  En  portant  cette  valeur  du  potentiel  dans  les  formules 
(r),  (2'),  (3),  on  obtient  la  durée  de  la  partie  utilisée  d'une  décharge  qui 
provoque  le  seuil  de  l'excitation  avec  le  minimum  d'énergie,  la  capacité 
du  condensateur  et  la  valeur  de  cette  énergie  utilisée  minimum;  on   ob- 


6-!2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

tient  ainsi 

'  =  ■'^-^■^71-         ^  =  m5tr'         «'  =  44.38oa^R. 

»  II.  Pour  vérifier  l'exaclitude  de  ce  qui  précÚde,  j'ai  d'abord  déter- 
miné, sur  un  certain  nombre  de  nerfs,  les  coefficients  a  et  fe  par  un  procédé 
analogue  Ă   celui  qu'employait  M.  Weiss  pour  l'Ă©tablissement  de  sa  loi. 
A  l'aide  de  décharges  de  condensateurs  je  déterminais  ensuite  les  valeurs 
de  V„  qui,  pour  chaque  capacitĂ©  employĂ©e,  donuaient  le  seuil  de  l'exci- 
tation. Pour  les  capacités  moyennes,  l'équalinn  (2)  a  toujours  été  trouvée 
vérifiée  :  la  différence  entre  les  valeurs  des  deux  nombres  a  toujours  été 
aussi  petite  qu'on  pouvait  le  désirer. 

»  Un  autre  procédé  de  vérification  consiste  à  mesurer,  au  moyen  d'un 
galvanomÚtre  balistique,  la  quantité  d'électricité  inactive  de  la  décharge 
qui  doit  ĂȘtre,  d'aprĂšs  ce  qui  prĂ©cĂšde,  Ă©gale  Ă   CĂšR. 

»  III.  Il  est  encore  possible  de  vérifier  la  formule  (2)  en  partant  du 
minimum  d'énergie  de  la  totalité  de  la  décharge  provoquant  le  seuil  de 
l'excitation,  minimum  observé  et  mesuré  par  MM.  Cybulski  etZanietowski, 
Dubois,  Hoorweg,  Waller,  Weiss. 

»   L'énergie  totale  de  la  décharge,  W  =  5CV^,  devient,  en  vertu  de  (  2'), 

W  =  5a-  ^" 


■H' 


dont  le  minimum  a  lieu  pour  V„  =  3,5i3ùR. 

»  La  durée  utile,  la  capacité  et  l'énergie  totale  correspondant  à  ce 
minimum  sont 

t=y,         C=        "■■,'         W  =  4q.i68a6R. 
b  1 ,  200  o  R 

»  Inversement  ces  formules  donnent  la  valeur  des  coefficients  a  et  h 
si  l'on  connaßt  les  éléments  de  la  décharge  donnant  le  seuil  de  l'excitation 
avec  le  minimum  d'Ă©nergie  totale.  On  a 


»  Connaissant  ainsi  les  valeurs  de  a  et  b,  on  peut  vérifier  l'exactitude 
de  l'Ă©quation  (2)  et.  en  mĂȘme  temps,  calculer  les  Ă©lĂ©ments  utiles  de 
la  décharge,    » 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE    igoS.  673 


PHYSIOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Le  siĂšge  des  comnilsions  Ă©pileptiformes 
toniques  et  cloniques.  Note  de  M.  Nixo  Samaja. 

«  M.  Battelli  a  récemment  montré  qu'on  peut  provoquer  chez  le  chien, 
au  moyen  de  l'application  d'un  courant  alternatif  (Ă©lectrodes,  bouche  et 
nuque),  une  crise  convulsive  cpiieplifurme  caractérisée  par  une  phase 
tonique  suivie  d'une  phase  clonique  {Société  de  Biologie,  4  juillet  iQoS). 

»  M.  le  professeur  J.-L.  Prévost  m'a  engagé  à  employer  cette  méthode 
pour  Ă©tudier,  dans  son  laboratoire  et  sous  sa  direction,  les  convulsions  qui 
persistent  aprÚs  l'application  des  courants  alternatifs,  afin  de  déterminer 
si  ces  phases  convulsives  (tonique  et  clonique)  sont  sous  la  dépendance 
de  centres  nerveux  différents. 

»  Les  résultats  que  j'ai  obtenus,  en  employant  un  voltage  de  1 1  à 
iio  volts  pendant  une  seconde,  peuvent  se  résumer  comme  suit  : 

»  Chez  le  ctiien,  le  chat  (adulte  ou  nouveau-né),  le  lapin,  le  cobaye,  aprÚs  la  section 
transversale  de  la  moelle,  l'application  des  Ă©lectrodes,  de  la  surface  de  section  Ă   l'anus, 
ne  provoque  que  des  convulsions  toniques. 

»  Chez  le  chien  et  le  chat  adultes,  l'ablation  complÚte  à  la  curette  des  deux  zones 
psycho-motrices  rolandiques  abolit  les  convulsions  cloniques  ;  les  convulsions  toniques 

seules  persistent. 

»  Si  l'ablation  n'a  pas  été  totale,  on  observe  des  convulsions  cloniques  limitées  au 
territoire  musculaire  correspondant  aux  parties  de  la  zone  restées  intactes  ;  tandis  que 
l'ablation  de  n'importe  quelle  partie  de  l'Ă©corce,  en  dehors  de  la  zone  rolandique,  ne 
modifie  aucunement  la  crise  des  convulsions  cloniques. 

»  Les  chats  nouveau-nés,  dont  l'écorce  rolandique  n'est  pas  encore  excitable, 
n'offrent  que  des  convulsions  toniques.  Les  convulsions  cloniques  n'ont  pu  ĂȘtre  pro- 
voquées chez  eux  que  le  dix-huitiÚme  ou  le  dix-neuviÚme  jour. 

»  Chez  les  cobayes,  l'ablation  de  la  couche  corticale  motrice,  ainsi  que  celle  du 
cervelet,  la  section  transversale  complĂšte  du  cerveau,  au-dessous  des  tubercules  qua- 
drijume'aux  ou  au-dessus   du  calamus  scriptoriiis,  ne  modifient  pas  la  forme  des 

convulsions. 

„   Les  cobayes  nouveau-nĂ©s   prĂ©sentent,  dĂšs  la  naissance,   les  mĂȘmes  rĂ©actions  que 

les  adultes. 

»  Chez  les  lapins,  les  convulsions  présentent  une  phase  tonique  suivie  d'une  phase 
clonique.  L'ablation   de    la   couche    corticale   motrice    ne    modifie    pas   la   forme   des 

convulsions. 

,,  Chez  les  grenouilles  vertes,  l'application  d'un  courant  alternatif  de  11  volts  pro- 
voque les  mĂȘmes  convulsions  tonico-cloniques  de  la  tĂȘte  et  des  membres,  soit  qu'on 
place  les  Ă©lectrodes  Ă   la   tĂȘte,  soit  qu'on  le  fasse  de  la  tĂȘte  Ă   l'anus.  L'ablation  des 


674  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

hémisphÚres  cérébraux,  celle  des  hémisphÚres  el  des  lobes  optiques  ne  modifient  nul- 
lement les  convulsions. 

»  L'application  des  électrodes  à  la  moelle,  aprÚs  section  transversale  complÚte  de 
cet  organe,  donne  la  mĂȘme  forme  de  convulsions  cloniques. 

»  Ces  résultats  expérimentaux  m'autorisent  à  tirer  les  conclusions  gé- 
nérales suivantes  : 

»  1.  La  zone  corticale  motrice  est  le  centre  exclusif  des  convulsions 
cloniques  chez  le  chien  et  le  chat  adultes.  Le  reste  de  l'axe  cérébro- 
spinal  ne  peut  donner,  chez  eux,  que  des  convulsions  toniques.  Chez  les 
MammifÚres  moins  élevés  dans  la  série  animale  (lapins  et  cobayes),  de 
mĂȘme  que  chez  le  chien  et  le  chat  nouveau-nĂ©s,  et  chez  la  grenouille 
verte,  l'Ă©corce  motrice  n'est  pas  le  siĂšge  d'un  centre  convulsif. 

»  2.  Le  bulbe  ou  l'isthme  de  l'encéphale,  chez  le  cobaye  et  le  lapin,  sont 
le  siĂšge  des  convulsions  cloniques.  Chez  le  cobaye  et  la  grenouille  verte  le 
bulbe  isolé  de  l'isthme  de  l'encéphale  est  encore  le  siÚge  d'un  centre 
convulsif  clonique. 

»  3.  La  moelle,  dans  toute  son  étendue,  chez  tous  les  MammifÚres,  est 
le  siĂšge  d'un  centre  exclusivement  tonique;  elle  ne  provoque  jamais  de 
convulsions  cloniques. 

»  Chez  la  grenouille  verte  la  moelle  provoque,  au  contraire,  des  convul- 
sions cloniques. 

)>  Nous  vovons  donc  que  le  centre  convulsif  clonique  remonte  progres- 
sivement, dans  l'échelle  animale,  depuis  la  moelle  jusqu'à  l'écorce  céré- 
brale :  bidbo-médullaire  chez  la  grenouille  verte,  bulbaire  ou  basilaire 
chez  le  cobave  et  le  lapin,  il  devient  cortical  chez  le  chien  et  le  chat 
adultes. 

»  Chez  l'homme,  puisque  chez  les  décapités  le  tronc  ne  présente  aucun 
signe  de  convulsions,  le  siĂšge  des  convulsions  toniques  est  exclusivement 
basilaire;  celui  des  convulsions  cloniques,  cortical.  » 


CHIRURGIE.  —  Nouveau  perforateur  à  ressort,  dentaire  et  chirurgical.  Note 
de  MM.  J.  lÎERCL'T  et  A.  Doxat,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  I^annelongue. 

«   Ainsi  qu'on  le  sait,  les  dentistes  n'ont  actuellement  à  leur  disposition, 
pour  le  travail  des  dents,  que  le  tour  à  pédale  et  le  tour  électrique. 

»  Dans  le  premier  de  ces  appareils  la  rotation  est  communiquée  à  la  fraise  à  Paide 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  igoS.  675 

(l'une  roue  mise  en  mouvement  par  le  pied  de  l'opĂ©rateur;  ce  dernier,  du  fait  mĂȘme 
de  ce  travail,  est  obligé  de  fixer  son  attention  à  la  fois  sur  le  maintien  constant  et 
régulier  de  pet  efifort  et  sur  la  dent  qu'il  opÚre.  De  cette  double  attention,  portée 
simultanément  sur  deux  points  diflerents,  il  résulte  au  bout  de  trÚs  peu  de  temps  une 
grande  fatigue,  fatigue  qui  a  fatalement  pour  conséquence  le  manque  de  stabilité  de  la 
main  qui  travaille.  A  tous  ces  défauts  on  peut  ajouter  que  l'instrument  n'est  pas  fa- 
cilement transportable  et  ne  permet  que  difficilement  les  soins  Ă   domicile. 

»  Dés  que  l'électricité  a  fait  son  apparition  dans  les  villes,  les  dentistes  l'ont  utilisée 
pour  faire  tourner  leurs  fraises.  L'appareil  courant  dont  ils  se  servent  n'exige  Ă©videm- 
ment aucun  effort,  mais  le  pied  de  l'opérateur  étant  obligé  d'en  régler  la  vitesse,  l'at- 
tention se  trouve  encore  ici  attirée  sur  deux  points  différents.  De  plus,  cet  appareil 
ne  peut  ĂȘtre  dĂ©placĂ©  et  n'est  utilisable  que  dans  les  villes  oĂč  il  y  a  de  l'Ă©lectricitĂ©. 

»  Il  y  avait  donc  là  une  lacune  à  combler  et  l'appareil  que  nous  avons 
l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  a  pour  but  de  répondre  aux  nombreux 
desiderata  formulés  plus  haut.  - 


A 


»  Ce  perforateur,  qui  tient  tout  entier  dans  la  main,  se  compose,  ainsi 
que  le  montre  la  figure  ci-dessus,  d'une  boite  cylindrique  A,  renfermant 
un  ressort  et  un  mouvement  d'horlogerie  destinés  à  provoquer  la  rotation 
rapide  d'une  tige  à  l'extrémité  de  laquelle  on  peut  adapter  divers  outils, 
tels  que  fraises,  moules,  brosses  circulaires,  porte-fraises  et  porte-scies. 

»  Le  systÚme  de  ce  perforateur  est  tel  qu'on  peut  communiquer  soit  un 
mouvement  de  rotation,  soit  un  mouvement  de  translation,  soit  un  mou- 
vement rectiligne.  Il  se  monte  Ă   l'aide  d'une  clef;  la  mise  en  marche,  la 
vitesse  et  l'arrĂȘt  sont  rĂ©glĂ©s  Ă   l'aide  d'un  dĂ©clic  sur  lequel  on  presse;  on 
peut  faire  varier  ainsi  la  vitesse  de  5oo  Ă   i5oo  tours  Ă   la  minute. 

»  Grùce  à  cet  appareil  on  ouvre  un  sinus  frontal  et  maxillaire  en  deux 
secondes,  et  en  dix  secondes  on  perfore  les  os  dans  leur  partie  la  plus  Ă©paisse  ; 
la  disposition  de  la  fraise  est  telle  que  les  débris  sont  rejetés  à  l'extérieur 
et  la  profondeur  à  laquelle  elle  doit  pénétrer  est  réglée  au  moyen  d'un 
disque  Ă   vis.  Vu  la  vitesse  avec  laquelle  on  opĂšre,  on  peut,  dans  certains 
cas,  n'employer  que  l'anesthésie  locale. 

»  Le  poids  de  l'instrument  maintient  la  stabilité  de  la  main  sans  fatigue 
et  il  n'y  a  pas  Ă   craindre  les  vibrations,  comme  avec  les  autres  tours. 

»   En  résumé,   ce  perforateur  est  d'un  maniement  trÚs  commode,  il  est 


676  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

facilement  transportable  dans  la  poche  et  peut  servir  à  plusieurs  opérations 

à  domicile.   » 


HYDROLOGIE.  —  Sur  la  courbe  des  dĂ©bits  d'une  source. 
Note  de  M.  Edmo.vd  Maillet. 

«  Considérons  une  source  issue  d'une  nappe  souterraine  (terrains  per- 
mĂ©ables), et  des  pĂ©riodes  P  oĂč  les  pluies  ne  profitent  pas  sensiblement  Ă  
cette  nappe,  conformément  à  la  loi  que  Daiisse  a  indiquée  pour  le  bassin 
de  la  Seine  (énoncé  ßle  Belgrand,  La  Seine,  éludes  hydrologiques,  Paris, 
1872,  p.  65).  Admettons  que,  datis  ces  périodes,  un  régjime  tende  à  s'éta- 
blir de  façon  qu'à  chaque  valeur  Au  débit  Q  de  la  source  corresponde  une 
valeur  unique  du  volume  V  d'eau  qui  y  est  contenu,  V  Ă©tant  fonction 
croissante  de  Q  :  l'Ă©quation  de  continuitĂ©  c/V  =  —  Q^dt,  avec  V  =/(Q), 
conduit  Ă   la  relation 

(i)  /-/„=9(Q„)-?(Q),        ç'(Q)  =  ^^- 

»  Le  régime  en  question,  s'il  existe,  sera  dit  le  régime  propre  ou  non 
influencé  de  la  source. 

»  Avec  deux  axes  rectangulaires  OQo  (abscisses),  OQ  ordonnées,  con- 
struisons, d'aprĂšs  les  rĂ©sultats  de  l'expĂ©rience,  les  courbes  l  —  /„  =  const. 
Au  moyen  du  graphique  obtenu,  quand  nous  serons  dans  une  période  P, 
connaissant  Qo  au  temps  /„,  nous  pourrons  prĂ©voir  ta  l'avance   le  dĂ©bit  Q. 

(i)  peut  encore  s'Ă©crire  : 

(2)  ï-f- cp(Q)  =  ^„  +  ç(Q„)  =  T  =  const., 

T  étant  une  constante  spécifique  de  la  source.  Prenant  deux  axes  rectan- 
gulaires O,/ (abscisses),  0,Q  (ordonnées),  (i)  re|)résente  une  courbe,  que 
nous  pourrons  encore  construire  d'aprÚs  les  résultats  de  l'expérience,  et 
que  nous  appelons  la  courbe  des  débits  de  la^source  (dans  les  périodes  de 
régime  propre).  Q  est  fonction  décroissante  du  temps  t. 

»  Si  les  périodes  Psont  assez  longues,  les  prévisions  faites  à  l'aide  de  (i) 
ou  (2)  seront  des  prévisions  à  longue  échéance. 

»  Le  graphique  (i),  plus  commode  à  construire  que  la  courbe  (2),  a 
des  propriétés  intéressantes  qui  peuvent  en  faciliter  la  construction.  Sup- 
posons que  nous  attribuions  k  l  —  t„  des  valeurs  en  progression  arithmĂ©- 


SÉANCE  DU  27  OCTOBRE  rgoB.  677 

tique  :  les  courbes  i  —  i^^  =^  1,  2,  v3, . . .  se  dĂ©duisent  de  la  courbe  /  —  /„=:  i 
par  une  construction  géométrique  simple.  Elles  sont  toutes  comprises  pra- 
tiquement entre  la  bissectrice  de  QOQ„  et  l'axe  OQ^,  dans  le  premier  qua- 
drant. La  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  que  le  tarissement  de  la 
source  ne  se  produise  jamais  est  que  toutes  les  courbes  /  —  /„  =  const. 
passent  par  l'origine.  Si  la  courbe  /  —  /„  =  i  est  concave  ou  convexe  vers 
les  Q  [lositifs,  les  autres  courbes  le  sont  en  mĂȘme  temps.  Quand  ces  courbes 
sont  convexes,  ou  sont  des  droites  passant  par  l'origine,  la  diminution  du 
débit  pendant  l'unité  de  temps  à  partir  du  temps  t  est  d'autant  [)lus  grande 
que  le  débit  au  temps  t  est  plus  grand. 

»   On  peut  construire  le  graphique  (i^  connaissant  la  courbe  (2),  et 
réciproquement.  Quand  la  courbe  des  débits  est  de  la  forme 

(3)  0  =  : 7  (A  dĂ©bit  au  temps /  — o), 

^     ■'  ^  (1  -I-  a/)-  *■  l  ^ 

les  courbes  (i)  sont  de  la  (orme 

(4)  -^-  ^=\(t-l„)         (Xionst.); 

elles  sont  convexes  et  passent  par  l'origine.  La  réciproque  est  vraie. 
Quand  la  courbe  des  débits  est  de  la  forme 

(5)  q  =  Ae-'^',  (a>o), 
les  courbes  (1)  sont  des  droites  passant  par  l'origine, 

(6)  Q  =  Q„e-"-''\ 
»  La  réciproque  est  vraie  (  '  ). 


(')  Dans  un  Mémoire  manuscrit  présenté  par  nous  à  l'Académie  des  |Sciences  à  la 
fin  de  mai  1908  et  retiré  depuis,  nous  avions  indiqué  les  équations  (1)  et  (2)  et  un 
certain  nombre  de  leurs  propriétés  ainsi  que  la  notion  de  courbe  des  débits.  Grùce  à 
des  calculs  basés  sur  des  hypothÚses  qui,  ainsi  que  nous  l'a  fait  remarquer  M.  Boussi- 
nesq,  sont  critiquables,  nous  obtenions  :  i"  pour  les  nappes  Ă   fond  horizontal  dans  la 

pĂ©riode  de   rĂ©gime  non   influencĂ©   la  formule  Q  = —^  Ă©tablie  par  M.  Boussinesq 

dans  sa  Communication  du  6  juillet  1900,  la  formule  Q  =  X,  -r^    (X;  const.)  analogue 

Ă   la  formule  (i4)  de  la  mĂȘme  Communication,  mais  avec  une  valeur  moins  exacte  des 

constantes  \^  et  A  ;  enfin  la  formule  (4)  ci-dessus  ;  2°  pour  les  nappes  à  fond  rectiligne 

C.  U.,  igoS,  2'  Semestre.  (T.  G\XX.V1I,  N"  17.)  89 


Ctyii  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Ces  formules  (3)  et  (5)  sont  rrailleurs  exactes  en  théorie  (Boussi- 
]SESQ,  Comptes  rendus,  juin  et  juillet  igoS).  M.  Boiissinesqa  encore  indiqué 
la  loi  (Comptes  rendus.  20  juillet  iQo'J) 

qui  se  rĂ©duit  sensiblement  Ă   la  loi  (6)  si  A  ou  ^  —  /„  est  assez  grand. 

»  Enfin  si,  pour  une  source,  on  peut  déterminer  une  suite  de  périodes 
oĂč  la  nappe  ne  leçoit  jias  d'apports  extĂ©rieurs  et  oĂč  il  existe  une  courbe 
des  débits,  le  débit  Q  étant  fonction  décroissante  du  temps,  l'équation 
d\  =  —  \)dl  et  l'Ă©quation  (2)  montrent  que  V  est  fonction  croissante 
deQ. 

))  Nous  indiquerons,  dans  une  autre  Communication,  des  applications  et 
des  vérifications  expérimentales  des  considérations  précédentes.   » 

A  4  heures  un  quart  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

\.:\  séance  est  levée  à  4  heures  Irois  (jiiarts. 

G.  D. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


OlVHAGES    IIEÇIS    DANS    LA    SÉANCE    DU    12    OCTOBRE    igoS. 

Cours  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris.  Cours  d' Electricilc,  par  Jl.  Pellat  ; 
t.  II:  Électrodynamique ;  magnĂ©tisme;  induction;  nu-sures  Ă©lectromagnĂ©tiques. 
Paris,  Gautliier-Villars,  1903  ;  i  vol.  in-8°.  (Piésenlé  par  M.  LIppmann.) 


incliné,  la  formule  Q  =:  At?-"'  analogue  à  une  formule  établie  par  M.  Boussinesq 
dans  sa  Communication  du  22  juin  iC)o3  (aux  constantes  prĂšs);  enfin  la  formule  (6) 
ci-dessus.  Pratiquement,  tant  que  les  valeurs  des  constantes  sont  déterminées  à  l'aide 
des  débits  fournis  par  l'expérience,  nos  formules  ci-dessus  suffisent.  Elles  ont  d'ail- 
leurs eu  un  rÎle  utile,  car  ce  sont  elles  qui  nous  ont  conduit  aux  graphiques  de  pré- 
vision des  débits  des  sources  de  Cérilly  et  Armentiéres  (Vanne)  dont  il  sera  question 
dans  une  Communication  ultérieure. 


SÉANCE    DU    27    OCTOBRE     IpoS.  679 

Bulletin  (le  la  Société  normande  d'Etudes  préhistoriques  :  t.  X,  année  igoi. 
Louviers,  imp.  E.  Izamhert,  igoS;  i  vol.  in-8'\  (F'résenté  par  M.  Aiberl  Gaiidry,  ) 

Les  travaux  mathéniati<]ues  au  CongrÚs  des  Sciences  historiques  à  Rome  en  1908, 
par  Ernf.st  Lebon.  {L'Enseignement  mathématique,  revue  inlernationale,  V^  année, 
n"  5,  i5  sept.  1903,  p.  878  et  siiiv.)  Paris,  C.  iNaiid,  igoS;  i  fasc.  in-S°.  (Hommage 
de  l'auleur.  ) 

DĂ©termination  de  la  position  d'un  navire  quand  l'horizon  n'est  pas  visible,  par 
E.  DĂ©cante.  Paris,  R.  Chapeloi  et  C'"',  igoS;  i  fasc.  in-8". 

Conférence  faite  à  l'Institut  Solvay  de  Physiologie,  sur  Voxyde  de  carbone, 
l'alcool  Úthylique  et  le  grisou,  par  le  D''  Gréhant.  (  Gazette  médicale  belge,  16"  année, 
n°  1,  p.  [\  et  suiv.,  octobre  igoS.)  (Hommage  de  l'auteur.) 

Recherches  analytiques  faites  dans  un  atelier  de  repassage  mécan  ique,  par  Nestor 
Gbéuant.  {La  Science  au  xx''  siÚcle,  1"  année,  11  "8,  p.  2\i  et  suiv.,  sept.  igo3.)  (Hom- 
mage de  l'auleur.) 

Les  mycéliums  Iruffiers  blancs,  par  M.  Emile  Boulanger.  Hennes-Paris,  imp. 
Oberthur,   1908;  i  fasc.  in-/]".  » 

Cinq  feuilles  de  Cartes  en  couleurs  nouvellement  éditées  par  le  Service  géographique 
de  l'armĂ©e  :  AlgĂ©rie,  Ă©chelle  jĂŽ^ĂŽ^'  Veuille  n°  120  :  Aine  Mlila.  —  Tdmsie,  Ă©chelle 
s^pL-j^,  feuille  n°  LXIII  :  Kairouan;  feuille  n"  XXXVIII  :  Ouargha.  —  Afriquk, 
Ă©chelle  ,  ^ „ ^  „ „ „  :  RĂ©gion  seplentiionale,  feuille  m"  3,  Funchal ;  RĂ©gion  Ă©quatoriale, 
feuille  n°  42  bis,  Mahé. 


On  the  rejlection  of  Screw-systenis  and  allied  (questions,  by  sir  Rorert  Ball.  (  The 
Transactions  of  the  Royal  frish  Acadeniy.  vol.  XXXII,  Section  A,  part  VI. 
I.lublin,  igoS.)  (Hommage  de  l'auteur.) 

Constitution  niatter  and  analytical  théories  of  heat,  by  Ganesd  Prasad.  Berlin, 
Weidmann,  igo3;  1  fasc.in-4°.~ 

Etudes  sur  l'origine  des  météores  cosmiques  et  la  formation  de  leurs  courants, 
par  le  prof.  D'  Tu.  Brédikhine,  avec  six  planches.  Saint-Pétersbourg,  igo3;  i  vol. 
in-4°. 

Total  éclipse  of  the  Sun,  may  18,  igoi  ;  Reports  on  the  Dutch  Expédition  to 
Karang  Sago  Sumatra,  pub.  by  the  Eclipse  Gommittee  of  the  Royal  Academy,  Ams- 
terdam ;  n"  1.  General  account,  by  D''  A.-A.  Nuland.  Amsterdam,  KrĂŽber  et 
Bakels,  1908  ;  i  fasc.  in-8°. 

La  Luna  e  la  calamita  del  mondo.  Giuseppe  Ißorredon.  Xaples,  igoo;  i  fasc.  in-S°. 
(Hommage  de  l'auteur.) 

On  tlie  constitution  of  the  copper-tin  se/'ies  of  alloys,  by  C.-T.  IlEYCocii  and  F. -H. 
Neville.  {Phil.  Trans.,  A.,  vol.  CCII,  igo3,  p.  1-69.)  Londres,  igo3;  1  fasc.  in-4°. 

Experiments  in  hybridization,  with  spécial  référence  to  the  effect  of  conditions 
on  dominance.  by  LĂ©onard  Doncaster.  {Phil.  Trans.,  B,  vol.  CXCVI,  p.  iig-173.  ) 
Londres,  igo3;  1  fasc.  in-4". 

Professor  Alexander  Graham  Bellj)n  kilc  construction,  by  H. -11.  Clayton.  Blue 
Hill  Observatory,  igo3;  i  fasc.  in-S". 


68o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Las  plagas  th  la  afi;ricultura,  \..'S.,  p.  563-626.  Mexico,  Secrelaria  de  Foiiiento, 
Comision  de  Parasilologia  agricola,  s.  d.;  i  fasc.  in-8". 

Climate  Ă»f  the  Argentine  Bepublic,  cornpiled  froni  observations  niade  lo  tlƓ  end 
of  the  yeav  1900,  by  Walter  G.  Davis.  Buenos-Ayres,  1902;  )  vol.  in-Zj". 

Anuario  de  la  Real Academiade  Cienciasexactas,  fisicas y  naturales,  tgoi,  igoS. 
Madrid,  L.  Aguado;  2  vol.  in-24- 

Annuario  publicado  pela  observatorio  do  Rio  de  Janeiro  para  o  anno  de  igoS, 
amio  XIX.  Rio-Janeiro,  igoS;  1  vol.  in-12. 

Explorations  géologiques  dans  les  régions  aurifÚres  de  la  Sibérie  :  Région  auri- 
fĂšre d'IĂ©nissei,  livraison  III,  avec  une  carie;  RĂ©gion  aurifĂšre  de  l'Amour, 
livraison  III,  avec  deux  cartes.  Sainl-Pélersbourg,  1902;  2  fasc.  in-8°. 

Comptes  rendus  des  séances  de  la  Commission  sisniique  permanente,  t.  1, 
livraison  2.  Saint-Pétersbourg,  1908 ;  i  fasc.  in-^». 

Rullelin  de  la  Société  impériale  des  naturalistes  de  Moscou  :  année  1902,  n"  3; 
année  igoS,  n»  1.  Moscou,  1908;  2  fasc.  in-8". 

Memorias  de  la  Real  Academia  de  Ciencias  exactas,  fisicas  y  naturales  de 
Madrid:  t.  XVIII,  p.  1  ;  t.  XX;  t.  XXI.  Madrid,  1897-1903  ;  3  vol.  in-4". 

Proceedings  of  the  Rochester  Academy  of  Science  ;  vol.  IV,  p.  67-186.  Rocbesler, 
N.  Y.,  1908;  6  fasc.  in-S". 

Proceedings  of  the  Academy  of  natural  Sciences  of  Philadelphia  ;  \ol.  L^  , 
])arl  I.  Philadelphie,  1908;  1    vol.  in-S". 

Transactions  of  tke  Kansas  Academy  of  Science:  vol.  XVllI,  Topeka, 
Kansas,  190H;  i  vol.  in-8°. 

Proceedings  of  the  United  S  tates  national  Muséum  :  vol.  XXV.  Washington,  1908; 
1  vol.  in-S". 

7 lie  Thompson  Votes  and  Jolinston  Laboratories  Report:  vol.  V  (new  séries), 
part  I.  Londres,  1908;  i  vol.  iM-4". 


On  souscrit  Ă   Paris,  ri.  z  GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grai>il  -Aue^ustins,  n°  55. 


mie  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  régulic  i  nenl  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  6n  de  l'année,  deux  volumes  in-4°.  Deux 
,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matiÚres,  l'autre  par  ordre  alplui! .  liciue  denoms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  anmiel 
t  du  i"  Janvier. 

Le  prix  de  Vabonnemrni  cxl  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  30  fr.  —  DĂ©partemcnis     40  fr.  —  Dnion  postale  :  44  fr. 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


obez  Messieurs  : 
Ferran  (rĂšres. 

1  Chaii. 
j  Jourdan. 
(  Ruff. 

s Courtin-Hecquet. 

Germain  elGrassin. 
Gastineau. 

ne JĂ©rĂŽme. 

on   RĂ©gnier. 

Feret. 

ux j  Laurens. 

(  Muller  (G.). 
s  Renaud. 

iDerrien. 
F.  Robert. 
Oblin. 
Uzel  frĂšres. 

Jouau. 

'ery Perrin. 

i  Henry. 
(  Marguerie. 
\  Juliot. 
I  Bouy. 

.  Nourry. 

Ratel. 
(  Rey. 

t  Lauverjat. 
1  Degez. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


urg. 


mt-Ferr. 


.  \  Drevet. 
i  Gratier  et  C'«. 

^helle Foucher. 

\  Bourdignon, 
(  Dombre. 


Thorez. 
Quarré. 


Lorienc. 


chez  Messieurs 
I  Baumal. 


!  M°"  Texier. 

Bernoux  et  Cumin 

Georg. 

Lyon (  Effantin. 

i  Sa\7. 
(  Vilte. 

Marseille Ruai. 

,  Valat. 


Montpellier . 
Moulins . .    .. 


t  Coulel  et  fils. 

Martial  Place.    * 
/  Jacques. 
Nancy !  Grosjean-Maupin. 


Nan  tes 


Sidot  frĂšres. 
^  Guist'hau. 
)  Veloppé. 
I  Barma. 


A'ice ,  , 

(  Appy. 

/VĂźmes Thibaud. 

Orléans    Loddé. 

i  Blanchier. 

Poitiers ,  . 

f  LĂ©vrier. 

Hennés Plihon  et  Hervé. 

Rochefort Girard  (M"") 

I  Langlois. 

\  l.eslringant. 
S'-Étienne Chevalier. 

I  Ponleil-Burles. 

I  HuniĂšbe. 

f  Giiiiet. 

(  PrivĂąt. 
Boisselier. 
Tours j  PĂ©ricat. 

(  Suppligeon. 

I  Giard. 

I  Lemallre. 


Rouen. 
S'-Étie 
Toulon. . . 

Toulouse.. 

Tours 

Valenciennes . 


A  msterdam . 


Bucharesl . 


chez  Messieurs  : 

I  Feikema    Caarelsen 

i      et  C". 

AthĂšnes Beck. 

Harcelone Verdaguer. 

(  Asher  et  C". 

,,     ,.  1  Dames. 

nertm 

.  Friediander   et   lils. 

f  Mayer  et  Muller. 

Berne Schniid  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

j  Lamerliu. 
Bruxelles Mayolezet  Audiarle. 

(  Lebégue  et  C". 

I  Sotchek  et  C°. 

'  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deiglilon,  Bell  et  C°. 

Christiania Cammermeyer. 

Conslantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague HĂŽsl  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

GĂȘnes Beul. 

,  Cherbuliez. 
GenĂšve Georg. 

(  Stapelmohr. 

La  Haye '. . .     Belinfante  frĂšres. 

(  Benda. 

'  Payot  et  C". 

;  Barth. 

l  Brockhaus. 

Leipzig ‱,  KƓhler. 

Lorentz. 
Twietmeyer. 

i  Desoer. 
^'^S^ iGnusĂš. 


Lausanne.. 


chez  Messieurs  : 

Dulau. 

Londres 

t               .... 

Nutt. 

Luxembourg. .  . 

.     V.  Buck. 

Ruiz  et  C'v 
Romo  y  Fussel 

Madrid  .  . . 

)  Capdeville 
(  F.  FĂ©. 

Milan 

(  Bocca  frĂšres. 

(  HƓpli. 

Moscou. . . . 

T       »        ■ 

IVaples . . . 

(  Margliieri  di  Gius 

(  Pellerano. 

1  Dyrsen  et  Pfeiffer. 

Ne^-York '.  . 

.     Stechert. 

'  LemckeetBuecbner 

Odessa 

Rousseau. 

Oxford 

Parker  et  C". 

Palerme 

.     Reber. 

Porto 

Prague 

.     Rivnac. 

Rio-Janeiro  . . . . 

.     Garnier. 

Rome 

(  Bocca  frÚre». 

1  Loescheret  C'°. 

Rotterdam 

.     Kramers  et  fils. 

Stockholm 

Nordiska  Bogliandel. 

S'-PĂ©tersbourg. 

Zinserling. 
■     Wolff.       , 

Bocca  frĂšres. 

Brero. 

Turin 

i  Clausen. 

f  RosenbergelSellier. 

.     Gebethner  et  Wolfl. 

VĂ©rone 

.     Drucker. 

(  Frick. 

Vienne 

‱    i  n..-.^l.j    ...    r-i. 

Gerold  et  G'- 
ZUrich Meyer  et  Zeller. 


3LES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1''  Ă   31.  —  (3  AoĂ»t  i835  Ă   Ji  DĂ©cembre  i«5o.)  Volume  in-4';;  i853.  Prix.. . 


25  fr. 


Tomes  32  Ă   61.  —  (i"  Janvier  iS5i  Ă   3i  DĂ©eembio  iSGS.)  Volume  in-4°;  1870.  Prix 25  fr. 

Tomes  62a  91.  —  (i""-  Janvier  1866  Ă   3i  UĂ©cembro  i.SSo.;  Volume  10-4";  1889.  Prix 25  fr. 

Tomes  92  Ă   121.  —  (  i'"'  Janvier  1S81  Ă   3i  DĂ©cembre  iSgS.)  Volume  ia-4°;  1900.  Prix 25  fr. 

DPPLÉMENT  ADX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  BE  L'ACADEMIE  DES  SCIENCES  : 


1 1  ;ivBss  et  A.-J.-J.  Solieh.  —  MĂ©moire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'Ă©prouveut 
■iticiueddns  les  pliĂ©noiniiiej  digcitifs,  particuliĂšrement  dans   la   digestion   des 


25  tr. 


l.  —  MĂ©iiiiiu'c;  sur  quelques  points  de  l.i  PiiysiolDijie  di;s  .Vlgucs  ,  p  ir  .M  M 
ĂȘtes,  par  M.  U.ilsEX.  —  .MĂ©muire  sur  le  l'aiicrĂ©cH  et  sur  le  rĂŽle  di  sa.: 
5  grasses,  par  .M.  GL.iuOE  Beiiv.iim.  Volu  ne  in-\-,  avec  ii  plancUcj; 
!  II.  —  MĂ©moire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M    P.-J.  Van  Bkneden.  —  EsĂź.h   lune  rĂ©ponse  Ă   la  question  de  Prix  proposĂ©e  en  iS5o  par  l'AcadĂ©mie  des  Sciences 

concours  de  iS53,  et  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir:  «  Etudier  le^  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains 
icntaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  bur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanĂ©e.  —  Rechercher  la 
‱edes  rapports  qui  existent  entre  l'Ă©tat  actuel  du  rĂšgne  organique  et  ses  oUi!~  .ultĂ©rieurs»,  par  M.  le  Professeur  Bronn.  ln-'i°,  avec  7  planches;  1861 25_li . 


A  lu  mĂȘme  Librairie  les  MĂ©moires  de  l'AcadĂ©inie  des  Sciences,  fi 


Mémoires  préEentés  jrr  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


■  N°  17. 

TABLE   DES  ARTICLES.    (SĂ©ance   du  27  octobre  1903.) 


MEMOIRES    ET  COMMUNICA  1  lOlVS 

DES   MKMKUKS   ET   DES   CORRESPONDANTS    DB   L'ACADÉMIE. 


Pages. 
M.  le  SecrĂ©taire  rEBrÉiuEL  annonce  que  le 
Tome  XL\  I  des  «  Mémoires  de  l'Aradémie 
des  Sciences  »  est  en  distribution  au  Secré- 


62 


0! 


Pages. 
M.  Henri  Becquerel.  —  Sur  la  phosphores- 
cence scintillante  que  présentent  certaines 
substances   sous    l'action    des    rayons    du 
radium 629 


MEMOIRES  PRESENTES. 


M.  C.  Fleig  adresse  deu,\  Notes  ayant  pour 
titres  :  ■(  Mode  d'action  chimique  des 
savons  alcalins  sur   la   sécrétion  pancréa- 


tique »  et  ‱<   MĂ©canisme   de  l'action  de  la 
sapocrinine  sur  la  sécrétion  pancréatique  ». 


63.=) 


CORRESPOND ANGE. 


,M  le  Maire  TfE  Saint-Just-en-Chaussée 
(Oise)  prie  l'Académie  de  vouloir  bien 
se  faire  représenter  à  l'inauguration  du 
monument  élevé  à  la  mémoire  de  René- 
Just  Hauy  et  Valentin  HaiĂŻy,  le  S  no- 
vembre  prochain 635 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  un  Vo- 
lume de  M.  R.  Verneau  intitulé  :  «  Les 
anciens  Patagons.  Contribution  Ă   l'Ă©tude 
des  races  précolombiennes  de  l'Amérique 
du  Sud  » 635 

MM.  Ed.mond  Bordage  et  A.  Gausaulï.  — 
Observation  de  l'éclipsé  de  Soleil  du 
20  septembre  1903,  faite  Ă   l'ile  de  la  RĂ©u- 
nion      635 

M.  G.  Millocuau.  —  Observations  de  Mars 
Ă   la  grande  lunette  de  l'observatoire  de 
Meudon 636 

M.  Alf.  Guldbero.  —  Sur  les  groupes  de 
transformations  des  équations  linéaires 
aux  différences  finies 639 

M.  Habuf.  —  Sur  la  rĂ©solution  pratique  des 
Ă©quations 61)1 

M.  RiNGELMANN.  —  DĂ©termination  expĂ©ri- 
mentale de  la  pression  momentanée  résul- 
tant du  choc 6:i4 

M.M.  E.  Tassilly  et  A.  Chamberl-and.  —  Sur 
un  capiUarimĂštre 645 

M.  A.-B.  Gbiffiths.  —  Changeuienl  de 
résistance  électrique  du  sélénium  sous 
l'influence  de  certaines  substances 647 

M.  H.  Pelabon.  —  Sur  la  fusibilitĂ©  des  mĂ©- 
langes de  soufre  et  de  bismuth 648 

Bulletin  bibliographiquk 


MM.  H.  Baubigny  et  P.  Rivals.  —  Action  de 
l'acide  borique  sur  les  iodures  ;  son  emploi 
pour  la  séparation  de  l'iode  des  iodures 
en  présence  de  bromures  et  chlorures. . . .     65o 

M.  Chesneau.  —  Sur  la  composition  de 
bronzes  préhistoriques  de  la  Charente...     653 

M.  P.  Lesioult.  —  Sur  le  calcul  de  la  cha - 
leur  de  combustion  des  acides  organiques, 
de  leurs  anhydrides  et  des  Ă©thers-sels. . . .     656 

M.  L.  Maquenne.  —  Recherches  sur  l'iso- 
glucosamine ' 658 

M.  Albert  Colson.  —  Action  du  chlore  sur 
l'acétate  de  baryum 660 

M.  Charles  I>.\utii.  —  Colorants,  azoïques, 
solides,  dérivés  de  l'a-aminoanthraqui- 
none 661 

M.  L.  LiNDET.  —  Etude  sur  quelques  pains 
anciens 664 

M.  Dephat.  —  Sur   la   structure   tectonique 

de  l'Ile  d'Eubée 666' 

M.  Victor  Henri. —  Étude  des  contractions 
musculaires  et  des  rédexes  chez  le  Sti- 
chopus  regalis 669 

M.  J.  Cluzet.  —  Sur  levcitalion  des  nerfs 
et  des  muscles  par  décharges  de  conden- 
sateurs        670 

M.  NiNO  .Samaja.  —  Le  siùge  des  convulsions 
Ă©pileptiformes  toniques  et  cloniques 673 

MM.J.Bercut  et.V.  Uonat.  —  Nouveau  per- 
forateur Ă   ressort,  dentaire  et  chirurgical.     674 

M.  Ed.mond  Maillet.  —  Sur  la  courbe  des 
débits  d'une  source 676 

(i-8 


PARIS.  —   IMPRIMERIE    GAUT  Ht  E  R  -  VILLARS, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 


Le  GĂ©rant  :   Gauthier-Villars. 


1903 

SECOND  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES     SÉANCES      ' 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVII. 


W  18  (2  Novembre  1903). 


PARIS, 

GAUTHIKR-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DKS   COMPTES  RENDUS    DES   SÉAMCES   DE   L'ACADÉMIK    DKS   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Auguslins,  55. 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS    LES  SÉANCES    DES    23    JUIN     1862    ET    2^    MAI    iSyS 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l' Académie  se  composenl  des  exlrails  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
4^  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composenl  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1"^.  —  Impression  des  travaux  de  l' AcadĂ©mie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  afssocié  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  j>ages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  INote  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  àd  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  3a  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  lait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicieen  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'ai 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séani 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savi 
étrangers  à  l' Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  pen 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d' 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoire^ 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requi 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  noi 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  celE 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  h 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondant 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  re 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  ta 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin  ;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   LJ 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  ' 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rend 
vaut  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier.  | 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planch 
figures.  1  j 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč   des  figures  se-' 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  cou 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  d 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rappc 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernemen 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrati 
un  Ra|)port  sur  la  situation  des  Comptes  rendus 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  d 
sent  RĂšglement.  n 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  iaire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  prié 
déposer  aa  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance,  avant  5^  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  « 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU    LUNDI  2  NOVEMBRE  1905, 

PRÉSIDENCE  DE  M.   ALBERT  GAUDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES  MEMBRES  ET  DES  GORRESPONDA.NTS  DE  L'A.GADÉMIE. 

ZOOLOGIE.  —  Sur  la  non-rĂ©gĂ©nĂ©ration  des  sphĂ©ridies  chez  les  Oursins. 
Note  de  M.  Yves  Delage. 

«  Dans  une  Note  précédente  {Comptes  rendus,  séance  dn  5  mai  1903), 
j'ai  montré  que  les  sphéridies  des  Oursins  ne  sont  pas,  comme  on  avait  cru 
pouvoir  le  supposer  d'aprĂšs  leur  structure  et  leur  conformation,  des 
organes,  du  moins  exclusifs,  de  l'Ă©quilibre  ou  de  l'orientation  locomotrice, 
car  les  Oursins  privés  de  ces  organes  arrivent  à  se  retourner  quand  on  les 
place  sur  le  pÎle  apical.  Cependant,  les  Oursins  ainsi  mutilés  se  retournent 
d'abord  plus  difficilement,  plus  paresseusement  que  les  autres;  ce  n'est 
qu'au  bout  de  quelque  temps  qu'il  devient  impossible  de  les  distinguer, 
sous  ce  rapport,  des  Oursins  non  opérés. 

»  Il  y  avait  donc  lieu  de  se  demander  si  les  sphéridies  enlevées  ne  se 
régénÚrent  pas. 

))  Pour  vérifier  ce  point,  j'ai  enlevé,  au  commencement  de  juillet,  les 
sphéridies  chez  plusieurs  Oursins  [ Paracentrotus  {Strongylocentrotus)  li- 
vidus].  A  la  fin  d'octobre,  c'est-Ă -dire  prĂšs  de  trois  mois  plus  tard,  j'ai 
examiné  ces  Oursins  et  constaté  que  les  sphéridies  ne  se  sont  pas  régé- 
nérées. Les  autres  organes,  épiderme,  piquants,  pédicellaires  se  sont  si 
bien  rĂ©gĂ©nĂ©rĂ©s,  qu'il  est  impossible  de  distinguer  la  rĂ©gion  oĂč  ils  ont  Ă©tĂ© 
enlevés,  par  grattage  jusqu'à  la  couche  calcaire,  des  régions  voisines 
laissées  intactes.  Mais  les  sphéridies  sont  absolument  absentes  partout 
oĂč  elles  ont  Ă©tĂ©  dĂ©truites  par  l'opĂ©ration. 

»  Il  serait,  à  la  rigueur,  possible  qu'un  temps  plus  long  fût  nécessaire  à 
cette  régénération.  Aussi  ai-je  laissé  quelques  individus  opérés,  en  obser- 
vation, pour  vérifier  la  chose  plus  tard.  Mais  dÚs  maintenant  il  est  acquis 

C.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  18.)  90 


682  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

que  la  régénération  ne  se  fait  absolument  pas  dans  un  délai  de  trois  mois, 
plus  que  suffisant  pour  la  régénération  des  appendices  voisins.  Il  est 
extrĂȘmement  probable  que  cette  rĂ©gĂ©nĂ©ration  n'aura  pas  lieu.    « 


ZOOLOGIE.  —  Remarques  de  M.  Edm.  PiiimiER,  à  propos  de  la  Commu- 
nication de  M.  Raphaël  Dubois,  du  19  oclohre  dernier,  «  Sur  les  hußtres 
perliÚres  vraies  » . 

«  Filippi  a  affirmé  le  premier,  en  1832,  que  les  perles  étaient  dues  à  la 
présence  d'un  ver  parasite  du  genre  Distome,  et  a  jiréconisé  la  propagation 
de  ce  parasite  en  vue  de  la  production  des  perles.  On  contesta  ses  obser- 
vations, bien  que  sur  les  lieux  de  pĂšche  des  huĂźtres  perliĂšres,  l'opinion  se 
soit  répandue  que  la  perle  était  le  résultat  d'une  maladie  contagieuse. 
M.  R.  Dubois  apporte  aux  idées  de  Filippi  une  précieuse  confirmation.  Je 
dois  ajouter  que,  dans  une  lettre  datée  du  ^3  juillet,  un  naturaliste  du 
laboratoire  colonial  du  Muséum,  qui  étudie  la  production  des  perles  pour 
le  compte  de  nos  colonies  océaniennes,  à  Rdiitéa,  m'écrit  :  «  La  formation 
»  des  perles  fines  est  due  à  la  présence,  dans  les  tissus  de  l'hußtre  perliÚre, 
»  d'un  petit  Amphistome,  dont  le  cycle  évolutif  n'est  pas  connu  d'une 
»   façon  complÚte  ». 

»  Ces  observations  concordantes  quoique  indépendantes  semblent 
indiquer  que  nous  touchons  Ă   la  solulioji  du  problĂšme,  y 


MÉCANIQUE.  —  Note  de  M.  A.vvEi.1,  accompagnant  la  prĂ©sentation  du  Tome  II 
de  la  seconde  édition  de  son  «  Traité  de  Mécanique  rationnelle  » . 

«  Ce  deuxiÚme  Volume  est  entiÚrement  consacré  à  la  Dynamique  des  sys- 
tĂšmes et  Ă   la  MĂ©canique  analytique.  Voici,  aussi  briĂšvement  que  possible,  les 
principaux  changements  qu'il  présente  par  rapport  à  la  premiÚre  édition. 

»  Dans  l'exposé  des  théorÚmes  généraux,  les  applications  du  théorÚme 
des  moments  des  quantités  de  mouvement  ont  été  modifiées  en  vue  des 
particularitĂ©s  prĂ©sentĂ©es  par  certains  sj'slĂšmcs  dĂ©formabics,  les  ĂȘtres  vivants 
par  exemple,  qui  paraissent  pouvoir  eflÚcluer  une  révolution  complÚte 
autour  d'un  axe,  sans  l'intervention  de  forces  extérieures. 

M  Dans  la  théorie  du  frottement  de  glissement,  nous  avons  expliqué,  sur 
un  exemple  simple,  les  difficultés  qui  se  présentent  dans  l'application  des 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    ipo^.  683 

lois  empiriques  du  frottement  ordinairement  admises  et  nous  avons  exposé 
les  points  essentiels  des  recherches  de  M.  Painlevé  sur  cette  question 
(Comptes  rendus,  t.  CKXI,  iHpS). 

»  Pour  le  mouvement  d'un  solide  autour  d'un  point  fixe,  les  prélimi- 
naires géométriques  ont  été  complétés  par  la  définition  des  paramÚtres 
dOlinde  Rodrigues  et  les  équationsdu  mouvement  ont  été  données,  d'abord 
sons  la  forme  classique  d'Eider,  puis  sous  luie  forme  tout  à  fait  générale 
obtenue  en  employant  un  triÚdre  de  référence  mobde  à  la  fois  dans  le  corps 
et  dans  l'espace.  Comme  application  de  ces  derniĂšres  Ă©quations,  nous 
avons  étudié  en  détail  et  présenté,  sous  une  forme  qui  nous  semble  nou- 
velle, les  propriétés  paradoxales  des  solides  de  révolution  suspendus  par  un 
point  de  leur  axe  et  animés  d'une  rotation  rapide. 

»  Nous  avons  ajouté  aux  exemples  du  mouvement  d'un  corps  solide  une 
étude  détaillée  du  roidement  d'un  cerceau  sur  im  plan  horizontal  fixe. 

»  L'Ă©quation  gĂ©nĂ©rale  de  la  Dynamique  dĂ©duite  du  principe  de  d'Âlembert 
combiné  avec  le  théorÚme  du  travail  virtuel,  est  ap|)liquée  successi- 
vement aux  systĂšmes  holonomes  et  aux  systĂšmes  non  holonomes.  L'Ă©tude 
des  équations  générales  de  la  Dynamique  se  trouve  ainsi  divisée  en  deux 

Parties  : 

»  La  premiÚre  Partie  se  rapporte  aux  systÚmes  holonomes;  les  équations 
du  mouvement  d'un  de  ces  systÚmes  peuvent  se  mettre  sous  la  forme  donnée 
par  Lagrange;  le  systÚme  est  caractérisé  par  l'expression  analytique  de  son 
énergie  cinétique  ou  énergie  de  vitesses 

»  La  deuxiÚme  Partie  se  rapporte  aux  systÚmes  non  holonomes:  les  équa- 
tions du  mouvement  d'un  de  ces  systĂšmes  ne  peuvent  pas  ĂȘtre  mises  sous 
la  forme  indiquée  par  Lagrange;  la  question  de  savoir  dans  quel  cas  la 
forme  d'Ă©quation  de  Lagrange  peut  ĂȘtre  exceptionnellement  appliquĂ©e  Ă  
un  paramÚtre  déterminé  est  discutée  en  détail;  un  systÚme  non  holonome 
est  caractérisé  par  son  énergie  d'accélérations 

S=l^mP 

dépendant  des  dérivées  secondes;  la  nécessité  d'employer  une  fonction 
autre  que  ï  pour  caractériser  aualytiqueinent  le  systÚme  résulte,  comme 
nous  l'avons  montré  dans  un  Article  <lu  Tome  122  du  Journal  de  Crelle,  de 


684  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

ce  que  deux  systĂšmes,  avant  des  mouvements  analvliquement  difTĂ©rents, 
peuvent  avoir  identiquement  la  mĂȘme  Ă©nergie  cinĂ©tique  et  la  mĂȘme  fonction 
de  forces.  L'emploi  de  l'énergie  d'accélérations  S  permet  d'écrire  les 
équations  générales  du  mouvement  sous  une  forme  simple,  convenant  à  la 
fois  aux  systĂšmes  holonomes  et  aux  systĂšmes  non  holonomes  :  nous 
donnons  diverses  applications  de  cette  forme  d'Ă©quations,  entre  autres 
l'Ă©tude  de  quelques  mouvements  de  roulement. 

»  AprÚs  avoir,  comme  dans  la  premiÚre  édition,  établi  les  principes 
d'Hamilton  et  de  la  moindre  action,  nous  exposons  le  principe  de  la 
moindre  contrainte  de  Gauss  et,  suivant  une  méthode  dont  l'idée  premiÚre 
a  déjà  été  donnée  par  Jacobi  dans  une  Leçon  encore  inédite  (*),  nous  indi- 
quons un  énoncé  analvtique  du  principe  de  Gauss  qui  ramÚne  la  recherche 
des  Ă©quations  du  mouvement  d'un  systĂšme  quelconque  Ă   la  recherche  du 
minimum  d'une  fonction  du  second  degré.  Si  l'on  adopte  ce  point  de 
départ,  on  est  conduit,  par  une  deuxiÚme  voie,  à  la  forme  générale  des 
équations  de  la  Dynamique  résultant  de  l'emploi  de  l'énergie  d'accéléra- 
tions S. 

»  Enfin,  nous  avons  terminé  l'Ouvrage  par  un  paragraphe  sur  la  simi- 
litude en  MĂ©canique  et  la  construction  des  modĂšles  :  on  sait  que  cette 
théorie,  dont  les  principes  ont  été  posés  par  Newton,  a  été  développée  par 
Joseph  Jiertrand  dans  le  XXXIP  Cahier  du  Journal  de  l'École  Polytech- 
nique.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  de  nouvelles  actions  produites  par  les  rayons  n  :  gĂ©nĂ©rali- 
uition  des  phénomÚnes  précédemment  observés.  Noie  de  M.  R.  Blonulot. 

«  Lorsque  l'on  dirige  un  faisceau  de  rayons  n,  soit  sur  une  petite  étin- 
celle Ă©lectrique,  soit  sur  une  petite  flamme,  soit  sur  une  substance  phos- 
phorescente préalablement  insolée,  ou  encore  sur  une  lame  de  platine 
portée  au  rouge  sombre,  on  voit  la  lumiÚre  émise  par  ces  différentes 
sources  augmenter  d'éclat.  Dans  ces  expériences,  on  opÚre  sur  des  sources 
émettant  spontanément  de  la  lumiÚre;  je  me  suis  demanilé  si  l'on  ne 
pourrait  pas  les  généraliser  en  employant  un  corps  n'émettant  pas  de 
lumiĂšre  par  lui-mĂȘme,  mais  renvoyant  celle  qui  lui  vient  d'une  source 
extérieure.  J'ai  eu  conséquence  fait  l'expérience  suivante  :  une  bande  de 


(')  .Nous  de\ons  ce  retiseigneiiicnl  Ă   Al.  le  professeur  Mayer,  de  Leipzig. 


SÉANCE    DU    2   NOVEMBRE    IQoS.  685 

papier  blanc,  longue  de  1 5ℱ"  et  large  de  2""°,  est  fixĂ©e  verticalement  Ă   un 
support  en  fil  de  fer;  l'obscurité  étant  faite  dans  la  salle,  on  éclaire  fai- 
blement la  bande  de  papier  en  projetant  sur  elle  latéralement  un  faisceau 
de  lumiÚre  émis  par  une  petite  flamme  renfermée  dans  une  boßte  percée 
d'une  fente  verticale. 

»  D'autre  part,  les  rayons  n  sont  produits  à  l'aide  du  dispositif  suivant  : 
un  bec  Auer  muni  d'une  cheminée  en  tÎle  dans  laquelle  a  été  pratiquée 
une  ouverture  rectangulaire  de  ĂŽo""""  de  hauteur  et  de  25'""'  de  largeur, 
est  enfermĂ©  dans  une  lantertie  en  tĂŽle  percĂ©e  d'une  fenĂȘtre  taisant  face  Ă  
l'ouverture  de  la  cheminée,  et  obturée  par  une  feuille  d'aluminium.  Devant 
cette  fenĂȘtre  on  place  la  petite  bande  de  papier,  Ă©clairĂ©e  comme  il  a  Ă©tĂ© 
dit.  Si  maintenant  on  intercepte  les  rayons  en  interposant  une  lame  de 
plomb  ou  la  main,  on  voit  le  petit  rectangle  de  papier  s'assombrir,  et  ses 
contours  perdre  leur  netteté;  l'éloignement  de  l'écran  fait  reparaßtre 
i'éclat  et  la  netteté  :  la  lumiÚre  diffusée  jtar  la  bande  de  papier  est  donc 
accrue  par  l'action  des  rayons  n. 

))  L'idée  suivante  se  présenta  alors  :  la  diffusion  de  la  lumiÚre  est  un 
phénomÚne  complexe  dans  lequel  le  fait  élémentaire  est  la  réflexion  régu- 
liÚre, et,  par  conséquent,  il  y  a  lieu  de  rechercher  si  la  réflexion  de  la 
lumiÚre  ne  serait  pas  modifiée  par  l'action  des  rayons  n.  A  cet  effet,  une 
aiguille  Ă   tricoter  en  acier  poli  fat  assujettie  verticalement  en  place  de  la 
bande  de  papier  de  l'expérience  précédente;  d'autre  part,  dans  une  boite 
complÚtement  close,  à  l'exception  d'une  fente  verticale  pratiquée  à  la  hau- 
teur du  bec  Auer,  et  obturée  par  un  papier  transparent,  une  (lamme  était 
disposĂ©e  de  maniĂšre  Ă   Ă©clairer  la  fente.  En  plaçant  convenablement  l'Ɠil 
et  la  fente,  on  voit  l'image  de  celle-ci  formée  par  la  réflexion  sur  le  cylindre 
d'acier;  la  surface  rĂ©flĂ©chissante  reçoit  en  mĂȘme  temps  les  rayons  n.  Il  fut 
alors  facile  de  constater  que  l'action  de  ces  rayons  renforce  l'image,  car  si 
l'on  vient  Ă   les  intercepter,  cette  image  s'assombrit  et  devient  rougeĂ tre. 
J'ai  rĂ©pĂ©tĂ©  cette  expĂ©rience  avec  le  mĂȘme  succĂšs  en  employant,  au  lieu  de 
l'aiguille  Ă   tricoter,  un  miroir  plan  en  bronze. 

»  On  obtient  encore  le  mĂȘme  rĂ©sultat  eu  faisant  rĂ©flĂ©chir  la  lumiĂšre  sur 
une  face  polie  taillée  dans  un  bloc  de  quartz;  toutefois,  quand  les  rayons /t 
tombent  normalement  sur  la  face  réfringente,  leur  action  sur  la  lumiÚre 
réfléchie  disparaßt,  quelle  que  soit  l'incidence  de  celle-ci,  soit  que  cette 
action  devienne  nulle,  soit  qu'elle  devienne  seulement  inappréciable.  Pour 
que  la  lumiÚre  réfléchie  par  le  quartz  soit  renforcée  par  les  rayons  n,  il 
n'est  pas  nécessaire  que  ceux-ci  soient   (hrigés  de  l'extérieur  vers  l'inté- 


686  ACADEMIE   DES    SCIENCES. 

rieur  du  quartz  :  cette  action  a  encore  lieu  lorsque  les  rayons  n  traversent 

la  surface  réfléchissante  de  dedans  en  dehors. 

»  Toutes  ces  actions  des  rayons  n  sur  la  lumiÚre  pxii,'ent  un  temps  appré- 
ciable pour  se  produire  et  pour  disparaĂźtre. 

»  Je  n'ai  pu,  en  variant  l'expérience  d'un  grand  nombre  de  maniÚres. 
cx)nstater  aucune  action  des  rayons  n  sur  la  lumiÚre  réfractée. 

»  Je  ferai  ici  la  remarque  générale  suivante  concernant  l'observation  des 
rayons  n.  L'aptitude  à  saisir  de  faibles  variations  d'intensité  lumineuse 
varie  beaucoup  d'une  personne  Ă   une  autre  :  certaines  personnes  voient 
du  premier  coup  et  sans  aucune  difficulté  le  renforcement  que  les  rayons  n 
produisent  dans  l'Ă©clat  d'une  petite  source  lumineuse;  pour  d'autres,  ces 
phénomÚnes  sont  presque  à  la  limite  de  ce  qu'elles  peuvent  distinguer,  et  ce 
n'est  qu'aprĂšs  un  certain  temps  d'exercice  qu'elles  parviennent  Ă   les  saisir 
couramment  et  à  les  observer  en  toute  sûreté.  La  petitesse  de  ces  effets  et 
la  dĂ©licatesse  de  leurobservationne  doiventpas  nousarrĂȘter  dans  une  Ă©tude 
qui  nous  met  en  possession  de  radiations  restées  jusqu'ici  inconnues.  J'ai 
cx)nstatĂ©  rĂ©cemment  que  le  bec  Auer  peut  ĂȘtre  remplacĂ©  avantageusement 
par  la  lampe  Nernst,  sans  verre,  qui  donne  des  rayons  n  plus  intenses  : 
avec  une  lampe  de  200  watts,  les  phĂ©nomĂšnes  sont  assez  forts  pour  ĂȘtre, 
à  ce  que  je  crois,  aisément  visibles  d'emblée  par  tous  les  yeux.  » 


PHYSIOLOGIE.    —    Sur  le.    sucre    virtuel    du  sang. 
Note  de  MM.  R.  LĂ©pixe  et  IĂźoulud. 

«  Dans  notre  derniÚreNote  {^Comptes  rendus,  21  septembre)  nous  disions 
que,  trÚs  souvent,  il  existe  plus  de  matiÚres  sucrées  et,  nolammoiit,  plus 
de  sucre  dextrogyre  dans  le  sang  de  la  carotide  que  dans  celui  du  ventri- 
cule droit,  et  que,  dans  ce  cas,  le  sang  de  la  carotide,  reçu  dans  de  l'eau  h  58" 
(préalablement  stérilisée)  et  maintenu  au  moins  20  minutes  à  cette  tem- 
pĂ©rature, produit  moins  de  sucre  que  le  sang  du  ventricule  droit;  d'oĂč  la 
conclusion  que  ce  dernier  sang  renferme  un  hydrate  de  carbone  (sucre 
virtuel)  qui  n'est  ni  à  l'état  de  sucre  libre,  puisqu'il  n'est  pas  réducteur,  ni 
à  l'état  de  givcogÚne  libre,  puisqu'il  ne  dévie  pas  à  droite. 

»  Nous  ajouterons  aujourd'hui  que,  dans  quebpies  cas  au  moins,  on  peut 
trouver  plus  de  sucre  dans  le  sang  d'une  veine  (jugulaire,  fémorale,  etc.) 
que  dans  le  sang  artériel,  et  que  dans  ces  cas,  d'ailleurs  exceptionnels, 
sans  doute  Ă   cause  de  la  glycolyse  qui  se  fait  dans  les  capillaires,  on  trouve 


SÉANCE    DU    2    iVÛVKMBRE    igoS.  687 

toujours  moins  de  sucre  virtuel  dans  le  sang  veineux  que  dans  le  sang 
artériel.  En  d'autres  termes,  on  a,  dans  certains  cas  au  moins,  la  preuve 
qu'il  se  produit  du  sucre  dans  les  capillaiies  de  la  grande  circulation,  aux 
dépens  du  sucre  virtuel  du  sang.  Voici  un  de  ces  cas  : 

»  Chien  bien  portant  ayant  subi  une  saignée  la  veille.  On  fait  tomber 
simultanément  le  sang  de  l'artÚre  fémorale  et  de  la  veine  fémorale  (du  cÎté 
opposé)  dans  du  nitrate  acide  de  mercure: 

»  Pouvoir  réducteur  {évalué  en  glucose)  aprÚs  chauffage  de  V extrait  de 
sang  à  I  ;'.o°  en  présence  d'acide  tartrique  (pour  déconjuguer  l'acide  glycu- 
ronique  fortement  conjugué)  pour  1000  : 

DaiiS  l'artĂšre.  Dans  la  veine. 

O , 80  0,86 

»  Immédiatement  aprÚs  les  deux  'prises  précédentes  on  fait  tomber 
simultanément  dans  de  l'eau  à  58°  les  sangs  artériel  et  veineux,  et,  une 
heure  plus  tard,  on  y  dose  les  matiÚres  ancrées,  comme  précédemment. 
On  trouve  alors: 

Dans  l'arlére.  Dans  la  ve'ne. 

0,90  0,86  (')‱ 

»  Ainsi,  dans  le  sang  artériel,  il  y  avait  du  sucre  virtuel,  qui,  pendant 
l'heure  qui  a  suivi  sa  sortie  du  vaisseau,  dans  des  conditions  qui  empĂȘ- 
chaient toute  glycolyse,  a  donnĂ©  0^,10  de  sucre  rĂ©ducteur.  Eu  mĂȘme  temps 
la  déviation  polarimétrique  à  droite  a  augmenté.  Au  contraire,  il  n'existait 
pas  de  sucre  virtuel  dans  le  sang  veineux;  car,  pendant  l'heure  qui  a  suivi 
sa  sortie  du  vaisseau,  ses  pouvoirs  réducteur  et  rotatoire  n'ont  pas  varié. 

»  En  résumé,  le  sucre  virtuel  est,  le  plus  souvent,  plus  abondant  dans 
le  sang  du  ventricule  droit  que  dans  le  sang  artériel,  et  plus  abondant  dans 
celui-ci  que  dans  le  sang  des  veines.  Il  s'en  faut  d'ailleurs,  et  c'est  ce  qui 


(')  Quelques  observateurs  avaient  déjà  noté  que  le  sang  veineux,  exceptionnelle- 
ment, possÚde  un  pouvoir  réducteur  supérieur  à  celui  du  sang  artériel;  mais  ils 
avaient  cru  à  une  erreur  de  dosage.'  M.  Seegen  seul  avait  attaché  de  l'importance 
à  cet  excÚs  de  sucre,  qu'il  avait  observé  dans  le  sang  de  la  veine  fémorale,  aprÚs  la 
faradisalion  des  nerfs  du  membre  inférieur  (et  pas  des  muscles).  L'expérience  que 
nous  rapportons  montre  que  cet  excĂšs  du  bui  re  dans  la  veine  peut  exister  sans  fara- 
disation  préalable.  M.  Seegen  d'ailleurs  n'a  pas  soupçonné  la  corrélation  que  nous 
signalons  entre  l'excĂšs  de  sucre  du  sang  veineux  et  la  diminution  (ou  disparition)  de 
son   sucre  virtuel. 


688  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fait  l'intĂ©rĂȘt  du  sucre  virtuel,  qu'on  puisse  le  dĂ©celer  dans  tout  sang  artĂ©- 
riel ('). 

«  I/élévation  de  la  température  à  58°  n'est  nullement  nécessaire  à  sa 
transformation  en  sucre.  Elle  n'agit  qu'en  empĂȘchant  la  glycolyse.  Nous 
avons  maintes  fois  constaté  une  auç^mentation  trÚs  notable  du  sucre  du 
sang  artériel  aprÚs  un  séjour  prolongé  à  une  température  inférieure 
à  +  8°.  A  cette  température,  en  effet,  la  glycolyse  est,  sinon  absolue,  au 
moins  trÚs  diminuée. 

»  Ainsi  que  l'un  de  nous  l'avait  autrefois  constaté  avec  M.  Barrai,  l'eau 
n'est  pas  non  plus  nécessaire;  mais  le  temps  est  un  facteur  essentiel  :  il 
faut  au  moins  quelques  minutes  pour  que  le  sucre  virtuel  se  transforme  en 
sucre,  aprĂšs  que  le  sang  est  sorti  du  vaisseau.  Sa  transformation  est  en 
grande  partie  achevée  en  un  quart  d'heure;  mais  plusieurs  heures  pa- 
raissent nécessaires  pour  qu'elle  soit  complÚte,  au  moins  avec  certains  sangs. 

»  L'addition  au  sang  au  sortir  du  vaisseau  d'un  milliÚme  d'acide  chlorhy- 
drique  non  seulement  empĂȘche  qu'Ă   la  tempĂ©rature  de  58°  il  se  fasse  du 
sucre,  mais  encore  détruit  une  grande  partie  du  sucre  préexistant.  L  acide 
oxalique  n'a  pas  cette  action.  Voici  une  expérience  type  à  cet  égard  : 

»  Sang  artériel  d'un  chien  bien  portant  : 

Au  sortir  du  vaisseau o ,  48 

AprÚs  chaufTage  de  l'extrait  à   120"  en  présence  d'acide 

tartrique  (pour  déconjuguer  l'acide  ghxuronique). . . .  o,54 

AprĂšs  sĂ©jour  d'un  Ă©chantillon  du  mĂȘme  sang  Ă   58° 0,78 

AprÚs  chauftage  de  l'extrait  à  120°  en  présence  d'acide 

tartrique 0,60  (  =) 

AprĂšs  sĂ©jour  d'un  Ă©chantillon  du  mĂȘme  sang  Ă   58°,  addi- 
tionné d'un  milliÚme  d'acide  chlorhydrique 0,08 

AprĂšs  chauffage  de  l'extrait o ,  38 

AprĂšs  sĂ©jour  d'un  Ă©chantillon  du  mĂȘme  sang  Ă   58°,  addi- 
tionné de  prÚs  d'un  milliÚme  d'acide  oxalique 0,78 

AprĂšs  chauffage  de  l'extrait o,58  (') 


(')  Il  arrive  mĂȘme  assez  souvent  que,  aprĂšs  le  sĂ©jour  Ă   58°,  on  trouve  dans  le  sang 
moins  de  sucre  qu'au  sortir  de  l'artÚre.  Nous  reviendrons  ultérieurement  sur  ce  point. 

C^)  On  remarquera  dans  ce  cas  que  l'acide  tartrique  à  120°  a  détruit  une  notable 
quantité  de  sucre.  Ce  fait  est  la  rÚgle  quand  cet  acide  est  en  présence  de  sucre  nou- 
vellement formé,  ce  qui  est  le  cas  ici,  puisqu'au  sortir  du  vaisseau  il  n'3'  avait  que  o, 48 
de  sucre  (o,  54  avec  l'acide  glycuronique  fortement  conjugué).  Or,  aprÚs  ce  séjour  à  58°, 
on  en  trouve  0,78. 

(■*)   MĂȘme  remarque. 


SÉANCE    DU    2   NOVEMBRE    I9o3.  689 

)>  La  production  de  sucre  à  58°  ou  au-dessous  de  -f-  8°  se  fait  aussi  bien 
avec  le  sérum  qu'avec  le  sang. 

»  Dans  une  prochaine  Note,  nous  indiquerons  d'autres  conditions  de 
production  de  sucre  aux  dépens  du  sucre  viituel  du  sang.  » 

PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  De  l' influence  de  V ahmenlalion  minĂ©rale 
sur  la  production  des  sexes  chez  les  plantes  dioĂŻques.  Note  de  M.  Emile 
Laurent. 

«  La  nature  du  sexe  ne  paraßt  pas  toujours  déterminée  dans  les  graines 
de  certaines  plantes  dioïques.  C'est  ce  qui  résulterait  des  recherches  de 
divers  observateurs  et  particuliĂšrement  de  celles  de  M.  Molliard. 

»  L'alimentation  minérale  peut-elle  avoir  une  influence  sur  la  produc- 
tion des  sexes  chez  ces  végétaux?  Depuis  sept  ans,  j'ai  fait  de  nombreux 
semis  d'Epinard,  de  Chanvre  et  de  Mercuriale  annuelle  dans  les  planches 
de  mon  champ  d'expériences.  Chacune  de  celles-ci  reçoit  une  fumure  dans 
laquelle  prédomine  l'un  des  éléments  suivants  :  azote,  potasse,  acide 
phosphorique,  chi  ux  ou  chlorure  de  sodium. 

»  Chez  le  Chanvre  et  la  Mercuriale  annuelle,  je  n'ai  constaté  aucune 
influence  bien  nette  de  l'alimentation  sur  le  nombre  des  pieds  mĂąles  et  des 
pieds  femelles.  Il  en  est  autrement  ties  rĂ©sultaLs  relatifs  Ă   TÉpinard,  sur- 
tout à  la  variété  de^ffollande,  dont  les  semis  m'ont  toujours  donné  un 
certain  nombre  de  plantes  monoĂŻques.  Le  plus  souvent,  ce  sont  des  indi- 
vidus trĂšs  vigoureux,  dont  l'axe  principal  porte  des  fleurs  femelles,  tandis 
que  les  fleurs  mùles  prédominent  sur  les  ramifications  latérales.  Il  existe 
aussi  des  pieds  Ă   fleurs  femelles  prĂ©pondĂ©rantes,  oĂč  le  sexe  mĂąle  est  reprĂ©- 
senté par  un  petit  nombre  de  fleurs.  Les  individus  chez  lesquels  la  distri- 
bution des  deux  sexes  paraĂźt  Ă©gale  sont  trĂšs  rares. 

»  Les  chiffres  suivants  expriment  les  résultats  donnés  par  un  semis 
d'Epinard  de  Viroflay,  qui  n'a  produit  que  des  individus  exclusivement 
mùles  ou  femelles.  Le  nombre  de  graines  semées  dans  chaque  planche 
n'avait  pas  été  compté. 

Plantes. 

mĂąles  femelles 

pour  100.  pour  100.  observées. 

Planche  I  (  avec  engrais  azotés) 55,9                 44)1  286 

Planche  II  (avec  engrais  potassiques  )...  .      48>4                  5i  ,6  207 

Planche  III  (avec  phosphate) 45,  i                    54,9  2^4 

Planche  IV  (avec  ehau\) 55,8                  44,2  269 

Terre  normale 5o,7                  49,3  345 

C.  K.,  :9o3,  2°  Semestre.  (T.   CXXWU,  >-  18.)  ()  I 


^nim 


fiç)0  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

))   Tous  les  antres  rĂ©siillals  concernent  l'Épinard  de  Hollande. 
»    Voici  des  chiffres  obtenus  dans  un  semis  dont  les  graines  étaient  de 
grosseur  moyenne;  elles  passaient  au  tamis  de  3""",  mais  non  Ă   celui  de  2" 

Plantes 

mĂąles  monoĂŻques  femelles 

poiii-  ino.  pour  mo.  pour  loo.  observées. 

Planche  I Sg.ĂŽ  8.6  5i,8  894 

Planche  II ^9,9  lo.  i  60,0  38; 

Planche  III 3o,i  9.7  60,2  38?. 

Planche  IV 89, i  7.-5  .53,4  449 

Terre  normale 36,6  5.i  08,9  439 

»  Des  graines  récoltées  dans  les  planches  I,  TI,  III  et  iVfnrent  .semées 
comparativement  en  ti'rre  normale,  c'est-Ă -dire  dans  un  solde  bonne  qua- 
lité, mais  qui  n'avait  reçu  aucun  engrais  en  quantité  excessive. 

»  Les  résultats  consignés  dans  les  deux  Tableaux  suivants  sont  relatifs 
à  un  essai  fait  en  juin  1899  avec  des  graines  récoltées  sur  des  plantes 
semées  en  avril  1898  dans  les  planches  en  question.  Les  semences  avaient 
été  séparées  en  deux  catégories,  les  grosses  et  les  petites,  au  moyen  du 
tamis  de  2ℱℱ.  De  chaque  lot,  on  a  semĂ©  cent  graines  dans  des  terrines  con- 
tenant la  mĂȘme  terre  et  placĂ©es  dans  les  mĂȘmes  conditions  de  culture. 

Semis  de  grosses  graines. 

Planles 

Graines  niĂ les  monoĂŻques  femelles 

de  .  pour  ion.  pour  100.  pour  100.  observées. 

Planche  I >  ,i  12  5o,7  76 

Planche  II 6.5. o  i,3  33,7  77 

Planche  III '64,6  3,8  3i,6  79 

Planche  IV 58, o  3,4  38,6  88 

Semis  de  petites  graines. 

Plantes 

Graines  mĂąles  monoĂŻques  femelles 

,1e  pour  100.  pour  luo.  pour  100.  observées. 

Planche  1 34,5  i3,8  5i,7  29 

Planche   11 66,7                    o  33,3  21 

Planche   III 69,6                    4-3  26,1  28 

Planche  IV 63,-                   o  36,3  22 

»  Les  petites  graines  tionnent  prestfne  toujours  plus  de  pieds  mùles  (juc 
les  grosses. 


SÉANCE    DU    2    .NOVEMBRE    I903.  691 

»  D'autres  semis,  iails  eu  pleine  tene  de  1900  a  1902,  ont  donné  des 
résultats  analogues  à  celui  de  juin  1  H99. 

»  En  1903,  j'ai  jiarUigé  les  individus  monoïques  eu  deux  catégories 
d'aprÚs  le  sexe  qui  prédominait  parmi  les  fleurs.  Les  graines  avaient  été 
récoltées  en  1902  sur  des  plantes  provenant  d'un  semis  fait  dans  les 
planches  au  mois  de  mai  de  la  mĂȘme  annĂ©e.  Il  y  en  avait  if)0,  de  moyenne 
grosseur,  provenant  de  chaque  planche. 

Plantes  inonuĂŻi|ui>  Ă   (leurs 


Piaules 

mĂąles 

Graines 

de 

pour  100 

Planche 

1... 

26,  1 

Planche 

II.. 

38,0 

Planche 

111. 

.     38,9 

Planche 

IV. 

3i  ,9 

mĂąles 

lemelles 

r  le 

IIILCS 

|irédominanlc-s 

|ircclominanles 

femelles 

pour  100. 

pour  100. 

pour  100. 

observées. 

11,7 

i3  ,ĂŽ 

48,7 

1 1  I 

18,0 

1  1  ,0 

33,0 

100 

20,8 

i5,3 

25,  0 

122 

24,1 

17,6 

26,4 

131 

))  Les  résultats  exposés  dans  les  cmq  Tableaux  précédents  permettent 
de  distinguer  deux  efiets  différents  tians  l'action  des  matiÚres  muiérales 
sur  la  détermination  du  sexe  chez  l'Epiuard. 

»  Eu  premier  lieu,  il  y  a  la  modificalion  imprimée  directement  par  l'ali- 
mentation au  sexe  des  plantes  observées;  puis,  les  éléments  nutritifs 
rĂ©agissent  sur  le  sexe  des  embryons  produits  par  ces  mĂȘmes  plantes. 

«  Pour  ce  qui  est  de  l'action  directe,  un  excÚs  d'engrais  azotés  ou  de 
chaux  donne  plus  de  pieds  mĂąles;  la  potasse  et  l'acide  phosphorique  aug- 
mentent le  nombre  des  pieds  femelles. 

»  Quant  aux  graines  produites  par  les  plantes  cultivées  avec  excÚs  d'en- 
grais azotés,  elles  ont  produit  moins  de  pieds  mùles,  plus  de  pieds  femelles 
et,  parmi  les  individus  monoĂŻques,  un  plus  grand  nombre  de  fleurs 
femelles.  Au  contraire,  un  excĂšs  de  potasse,  d'acide  phosphorique  ou  de 
chaux  prédi-spose  les  graines  à  donner  plus  de  pieds  mùles  parmi  les  indi- 
vidus dioĂŻques  et  plus  de  fleurs  mĂąles  chez  les  individus  monoĂŻques. 

»  I>a  descendance  des  phntes  monoĂŻques  de  l'Épinard  de  Hollande  a  Ă©tĂ© 
observée  en  1899  et  en  1903.  Chaque  fois,  on  a  récolté  les  graines  à  semer 
sur  un  pied  dont  la  tige  portait  des  fleurs  femelles  tandis  que  sur  les 
branches  il  y  avait  des  fleurs  mĂąles  j)lus  nombreuses  : 

»  Eu  J899,  100  grosses  grauies  ont  donné  72  plantes  parmi  lesquelles 
il  y  avait  46  pieds  mĂąles,  i3  monoĂŻques  et  i3  femelles;  100  petites  graines 
de  mĂȘme  origine  ont  produit  21  plantes,  dont  17  mĂąles,  2  monoĂŻques  et 
2  femelles. 


692  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  En  igoS,  ces  premiÚres  observations  ont  été  complétées  par  la  répar- 
tition des  piefls  monoĂŻques  d'aprĂšs  la  proportion  des  fleurs  mĂąles  et 
femelles. 

»  200  graines  de  grosseur  moyenne  ont  donné  98  plantes  mùles, 
23  femelles  et  29  monoĂŻques  ;  jiarmi  celles-ci,  il  n'y  en  avait  qu'une  seule 
à  fleurs  femelles  prépondérantes. 

»  La  plupart  des  pieds  monoïques  de  l'Epinard  de  Hollande  présentent 
plus  de  fleurs  mùles  que  de  fleurs  femelles.  On  peut  donc  les  considérer, 
et  leur  descendance  confirme  cette  opinion,  comme  des  plantes  mĂąles  chez 
lesquelles  un  certain  nombre  de  fleurs  deviennent  femelles.   » 


CORRESPOND  AI\  CE . 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  piÚces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Traité  de  Radiologie  médicale  publié  sous  la  direction  de  M.  Bou- 
chard. (Présenté  par  M.  Bouchard.) 

2°  Sept  fascicules  du  «  Répertoire  graphique  des  repÚres  du  réseau  de 
second  ordre  du  nivellement  général  de  la  France  »,  adressés  par  M.  Ch. 
Lallemand. 

3°  Deux  Volumes  intitulĂ©s  :  «  ƒuvres  scientifiques  de  Gustave  Rohin. 
réunies  et  publiées  sous  les  auspices  du  MinistÚre  de  l'Instruction  publique 
par  M.  L.  Raffy  ».  (Présentés  par  M.  Appell.) 

M.  Cii.  Lallemaxd  prie  l'Académie  de  vouloir  bien  le  comprendre  parmi 
les  candidats  Ăą  la  place  vaca  n  le  dans  la  Section  de  GĂ©ographie  et  Navigation, 
par  suite  du  décÚs  de  M.  de  Bussy. 

(Renvoi  Ă   la  Section  de  GĂ©ographie  et  Navigation.) 


GÉOMÉTRIE.  —  Sur  les  courbes  gauches  à  torsion  constante. 
Note  de  M.  W.  de  Taxxexberg. 

«  Je  me  propose,  dans  cette  Note,  d'indiquer  une  forme  particuliÚre  des 
équations  des  courbes  gauches  à  torsion  constante  et  d'en  déduire  une 
construction  géométrique  de  ces  courbes. 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    fÇ)o'i.  69^ 

»   1.   Considérons  une  courbe  gauche  définie  par  les  équations 

et  posons 

X  -\-  iy  ^  0. 

»   Si  l'on  désigne  respectivement  par  F  et  o  le  module  et  l'argument  de 
la  dérivée  seconde  de  0,  de  sorte  que 

et  si,  en  outre,  on  pose 

on  trouve  que  la  torsion  (  =  )  de  la  courbe  en  un  point  quelconque  est 

définie  par  la  formule 

i  <»' 

T  ~"  lM=T' 
»   En  particulier,  soit 

T  =  i. 

on  voit  alors,  Ă   l'aide  des  Ă©quations  Ă©videntes 

— +A(p'  =  o,         Â--+i  =  (p', 
que  h  et  k  sont  déterminées  en  fonction  de  o  par  les  relations 


(3)  /L-  =  V(p'-.         hk  =  ^^. 

»   La  formule  (2)  fournit  donc  l'expression  de  l-j-\  k  l'aide  d'une  fonc- 


tion  arbitraire  et  réelle  cp(  /).  On  obtient  d  par  une  quadrature. 
»  2.   Posons  maintenant 

»   L'enveloppe  C  de  la  ligne  d'action  du  vecteur,  qui  représente  l' accé- 
lération du  point  m(a;,  y),  est  alors  définie  par 

de  =  e'f  ds,  ds  +  d\  =  hdt. 

»   La  construction  que  j'ai  en  vue  repose  sur  ce  fiul  que    l'arc  s  de  la 


6g!i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

courbe  C  s'exprime  en  fonction  de  ).  sans  quadrature.  On  trouve,  en  effet 
(en  choisissant  convenablement  l'origine  des  arcs), 

2').  +  si!l(2l  +  2.0  =  O. 

»  Ceci  posé,  soil  C  une  courbe  quelconque  du  plan  des  a-y.  Désignons 
par  u  la  fonction  de  s,  délßnie  par  l'équation 

u  ■+-  sin*/  =  2s, 

et  soil  tp  l'angle  de  l'axe  des  x  avec  la  direction  de  la  tangente  au  point 
M(X,  Y).  Portons  sur  celle  tangente  un  vecteur 

Mm  =  \  =  -  —  s, 

2 

et  soit  P  le  |)oint  de  l'espace  qui  a  pour  projection  rn  et  pour  cote 
(4)  z.=t=^J'{i  +  cosu)d<f. 

»   Le  beu  des  points  P  est  la  courbe  à  torsion  constante  la  plus  générale. 
»    Remarquons  que  X,  Y,  x,  y,  :‱  s'expriment  en  fonction  de  u  Ă   l'aide 
de  la  formule  (4)  et  des  suivantes  : 

dQ  =  ■-  e'^i  I  -+-  cosw  )  (lu,  h  =  Q  —  -  e''  siu  //. 

2  2 

))  On  en  dĂ©duil  une  infinitĂ©  de  cas  oĂč  l'on  peut  exprimer  x,  y,  :;  sous 
forme  complÚtement  explicite  à  l'aide  des  fonctions  élémentaires.  Si,  en 
effet, 

o  =  mu, 
ou  bien  si 

tangj=/(c),  i'=tang^', 

f(v)  désignant  une  fonction  rationnelle  de  (»,  toutes  les  intégrations  peuvent 
ĂȘtre  effectuĂ©es.  Dans  le  ])remier  cas,  les  projections  des  courbes  sur  le  plan 
des  xy  sont  des  courbes  algébriques,  si  m  est  un  nombre  rationnel  différent 
de  l'unité. 

))  I^es  formules  (2)  et  (3)  permettent  aussi  de  déterminer  les  courbes 
algébriques  et  imaginaires  à  torsion  constante,  courbes  qui  jouent,  comme 
on   sait,   un  rÎle  important  dans  la  théorie  de  la  déformation  du  parabo- 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    (poS.  6g5 

loïde  de  révolution.  Mais  je  ne  développerai  pas  ici  cette  remarque,  l'élude 
de  ces  courbes  ayant  déjà  été  faite  (  '  ).    « 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.   —  Sur  la  dĂ©termina /ion  des  classes  singuliĂšres  de 
séries  de  Taylor.  Note  de  M.  Emile  Bouei,,  présentée  par  M.  Appell. 

«  l.  Nous  dirons  que  deux  sĂ©ries  entiĂšres  en  s  appartiennent  Ă   la  mĂȘme 
classe  lorsque  les  puissances  de  z  dont  les  coefficients  sont  nuls  sont  les 
mĂȘmes  dans  les  deux  sĂ©ries.  Celte  dĂ©finition  est  un  cas  particulier  de  la 
définition  des  classes  de  polynÎmes  (-).  Une  classe  de  séries  entiÚres  peut 
ĂȘtre  dĂ©finie  par  une  suite  illimitĂ©e  d'entiers  positifs  croissants  :  «,,  n.,..., 
/«,-...,  qui  sont  les  exposants  des  puissances  de  z  dont  les  coefficients  ne 
sont  [)as  nids. 

»  Nous  dirons  qu'une  classe  de  séries  est  singuliÚre  lorsque  ^ow^cf  les 
séries  de  cette  classe  admettent  leur  cercfe  de  convergence  comme  Usne  sin- 
guliére  (ou,  plus  briÚvement,  sont  singuliÚres).  Le  but  de  cette  Note  est 
d'indiquer  un  cas  trĂšs  Ă©tendu  dans  lequel  on  peut  affirmer  qu'une  classe 
est  singuliĂšre  (^). 

»  2.  Nous  donnerons  le  nom  Absous-classe  à  l'ensemble  des  séries  d'une 
classe  telles  que  les  modules  de  leurs  coefficients  vérifient  certaines  inéga- 
lités (les  arguments  restant  arbitraires).  La  remarque  suivante  est  fonda- 
mentale :  dans  toute  sous-classe,  il  y  a  une  infinité  de  séries  singuliÚres.  Cette 
remarque  se  démontre  comme  la  proposition  connue  :  une  série  de  Taylor 
admet,  en  général,  son  cercle  de  convergence  comme  coupure. 

1)  Nous  dirons  qu'une  sous-classe  est  impropre  lorsque  les  inégalités  qui 
la  définissent  ont  la  conséquence  suivante  :  toute  série  de  la  sous-classe  est  la 
somme  d'une  série  appartenant  à  une  classe  moins  étendue  (ayant  plus  de 
coefficients  nuls)  et  d'une  série  ayant  im  ravon  de  convergence  plus  grand. 

»   3.   ThĂ©orĂšme   I.   —  Pour  qu'une  classe  soU  singuliĂšre,  il  suffit  que  cette 


(')  G.  D.iRBOux,  7 Iléorie  générale  des  surfaces  (Note  IV). 

(})  Voir  mon  Mémoire  :  Sur  les  séries  de  polynnmes  et  de  fractions  rationnelles 
(Acta  niat/iemalica,  t.  XXIV). 

(')  Le  i-Ă©sullat  le  plus  Ă©tendu  obtenu  jusqu'ici,  ;i  notre  connaissance,  est  dĂ»  Ă  
M.  Fabry  :  une  classe  est  singuliĂšre  si  la  diffĂ©re/ice  ni+j — ni  augmente  indĂ©fini- 
ment aveci.  Voir,  pour  l'historique  de  la  question,  et  pour  tous  les  renseignements 
bibliographiques  reiatifs  Ă   notre  Note,  le  remarquable  livre  de  M.  Hadamard  :  La 
série  de  Taylor  et  son  prolongement  analytique. 


696  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

classe  renferme  une  sous-classe  propre  S  ayant  la  propriété  suivante  :  une  série 
arbitraire  de  cette  sous-classe  S  étant  donnée,  il  est  possible,  sans  changer  son 
cercle  de  convergence,  de  la,  compléter  de  maniÚre  quelle  n  admette  plus  sur  ce 
cercle  (]u  un  nombre  limité  de  points  singuliers.  Par  définition,  compléter  une 
série,  c'est  la  remplacer  par  une  autre  série  dans  laquelle  les  puissances  de  la 
variable  figurant  effectivement  dans  la  sĂ©rie  donnĂ©e  ont  les  mĂȘmes  coefficients 
que  dans  cette  série  donnée,  les  autres  coefficients  étant  quelconques. 

»  Soit  cp(z)  une  série  de  la  classe  considérée;  désignons  par ']/(:)  une 
série  quelconque  de  la  sous-classe  S  et  posons  : 

»  Si  nous  supposons  que,  les  a,  étant  fixes,  les  b^  soient  assujettis  aux 
inégalités  qui  définissent  la  sous-classe  S,  la  fonction  6(z)  appartient  à 
une  autre  sous-classe  S';  il  est  donc  possible  de  choisir  les  6,  de  maniĂšre 
que  la  série  6(z)  soit  singuliÚre  et  que  le  rayon  de  convergence  de  6 (s)  soit 
Ă©gal  au  produit  (')  des  rayons  de  convergence  de  <p(s)  et  de  '^(z)-  Les  6,- 
étant  ainsi  choisis,  il  est  possible,  par  hypothÚse,  de  compléter  la  série  '\i(z) 
de  maniĂšre  Ă   obtenir  une  sĂ©rie  W(z)  ayant  le  mĂȘme  cercle  de  conver- 
gence que  (LC-^)  6t  n'admettant  sur  ce  cercle  que  des  points  singuliers 
isolés.  11  est  manifeste  que  chaque  coefficient  de  6(  =  )  est  égal  au  produit 
des  deux  coefficients  correspondants  de  ?(-)et  de  'F^::);  de  plus,  le  rayon 
de  convergence  de  6(z)  est  Ă©gal  au  produit  des  rayons  de  convergence  de 
ces  deux  séries;  dans  ces  conditions,  on  conclut  d'un  théorÚme  bien  connu 
de  M.  Hadamard  que,  si  (p(s)  n'Ă©tait  pas  singuliĂšre,  6(^)  ne  le  serait  pas. 
Le  théorÚme  I  est  donc  démontré. 

»  4.  ThĂ©orĂšme  11.  —  Pour  qu'une  classe  dĂ©finie  par  les  entiers  nf,  n.^,  ..., 
n,,  ...  soit  singulicrc,  il  suffit  qu'en  posant 

6(.)  =  n(^,-|), 

la  fonction  entiĂšre  (-)  6(c)  soit  telle  que  le  maximum '^{r)  de  son  module 


(')  C'est  ici  qu'intervient  l'hypothĂšse  que  la  sous-classe  S  est  propre;  la  sous- 
classe  S'  peut  ĂȘtre  impropre. 

(2)  Au  lieu  de  la  fonction  entiĂšre  6(-),  on  pourrait  introduire  beaucoup  d'autres 
fonctions  entiĂšres  admettant  les  zĂ©ros  «,,  «2,  ...,/'„  . . . ,  mais  il  semble  que  celle  que 
nous  introduisons  donne  lieu  Ă   des  applications  plus  simples. 


SÉANCE    DU    2   NOVEMBRE    igoS.  697 

pour  I  :;  I  =  /‱  croisse  moins  vite  à  l'infini  que  e^'',  quelque  petit  que  soit  le  nombre 
positif  t. 

»  Soit,  en  effet,  ^{z)  une  fonction  de  la  classe  consiflérée,  définie  par 
la  lormule  Ă©crite  plus  haut  ;  nous  supposerons  que  <i(=)  a  pour  rayon  de 
convergence  l'unité  et  appartient  à  la  sous-classe  définie  par  les  inégalités 

|6,|<(log«,j-. 

»   DÚs  lors,  si  nous  posons 

nous  pourrons  affirmer  que  la  série  du  second  membre  converge  et  que  le 
maximum  M,  (/■)  du  module  de  cj(:;)  croüt  moins  vite  que  e"',  quel  que  soite; 
donc  la  série 

n'admet  ('  )  sur  le  cercle  de  convergence  que  le  point  singidier  +  i  ;  cette 

série  't'(-)  n'est  aulre  que  la  série  '^(^z)  complétée,  avec  conservation  du 

rayon  de  convergence;  la  condition  du  théorÚme  I  est  donc  bien  remplie. 

»   5.   On  verrait  aisément  que  le  théorÚme  II  entraine  la  conséquence 

suivante  (^)  :  pour  qu'une  classe  soit  singuliĂšre,  il  suffit  que  le   rapport -i^^ 

augmente  indéfiniment  avec  i.  » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  quelques  points  de  la  thĂ©orie  des  ensembles. 
Note  de  M.  Erxst  Lixdelof,  présentée  par  M.  Emile  Picard. 

«  1.  On  doit  à  M.  Borcl  un  théorÚme  trÚs  général,  relatif  aux  ensembles 
fermés,  qui  peut  s'énoncer  comme  il  suit  (^)  : 

«   ThĂ©orĂšme  I.    —    Etant  donnĂ©,   dans   un  espace  Ă   n   dimensions,  C„, 


(')  Ce  résultat  est  dû  à  M.  Leau  {Journal  de  Mathématiques,  1899,  p.  393).  Il  a  été 
retrouvé  par  M.  Georg  Faber  :  Ueber  Reihenenlwlckelungen  analytisclier  Func- 
tionen  {Inaugural  Dissertation,  Munich,  20  avril  1902),  travail  qui  renferme  d'ail- 
leurs d'autres  résultats  nouveaux  et  intéressants. 

(-)   Cet  Ă©noncĂ©  ne  fait  peut-ĂȘtre  pas  connaĂźtre  le  cas  le  plus  Ă©tendu  dans  lequel  une 

classe  est  singuliĂšre;  il  suffit  peut-ĂȘtre  que  le  rapport  -4  prenne  des  valeurs  dĂ©passant 

tout   nombre  donné  d'avance,  ce  qui  n'exige  pas  que  ce  rapport  augmente  indéfini- 
ment; mais  c'est  lĂ   un  cas  trĂšs  singulier,  au  point  de  vue  des  applications. 

(')  Cf.  É.  BoREL  :  Leçons  sur  la  ThĂ©orie  des  fonctions,  p.  42-43;  une  Note  insĂ©rĂ©e 
G.  R.,   1903,  2-  Semestre.  (T.   CXXXVU,  N"  18.)  92 


6q8  ACADEMIE   DES   SCIENCES. 

un  ensemble  horné  et  fermé  de  points ,  (P),  si  de  chacun  de  ses  points  comme 

centre  on  construit  une  sphĂšre  quelconque,  on  pourra  choisir  un  nombre  limite 

de  ces  sphÚres,  de  telle  sorte  que  tout  point  P  soit  intérieur  à.   au  moins,   l'une 

d'elles. 

»  Dans  le  cas  d'un  ensemble  quelconque,  fermé  ou  non,  on  pent  établir 
cet  autre  lliéorÚme,  qui  constitue  une  généralisation  direcle  <iu  premier  : 
»  ThĂ©orĂšme  II.  —  Soit  (P)  un  ensemble  quelconque  situĂ©  dans  l'espace  C„ 
et,  de  chaque  point  P  comme  centre,  construisons  une  sphĂšre  Sp  d'un  rayon  pp 
qui  pourra  varier  d'un  point  à  l'autre;  il  est  possible  de  choisir  une  infinité 
dénombrable  de  ces  sphÚres,  de  telle  sorte  que  tout  point  de  l'ensemble  donné 
soit  intérieur  à,  au  moins,  l'une  d'elles. 

»  Nous  nous  contenterons  d'indiquer  en  quelques  mots  la  marche  de  la 
démonstration.  En  supposant  d'abord  l'ensemble  (P)  borné  et  les  rayons 
Pp  tous  supérieurs  à  une  longueur  donnée  p,  on  voit  immédiatement  qu'il 
existe  un  nombre /«mue  des  sphÚres  Sp  répondant  aux  conditions  requises. 
ConsidĂ©rant  ensuite  le  cas  oĂč,  l'ensemble  (P)  Ă©tant  toujours  bornĂ©,  les 
rayons  pp  sont  quelconques,  on  démontre  le  théorÚme  en  divisant  (P)  en 

ensembles  partiels  (P),,  (P), (P\,   ■■‱‱  oĂč  (P)v  renferme  tous  les 

points  P  tels  que  £,_,  S  Pp>  Sv,  lÚse,,  Jj,  ...,  s^,  ...  désignant  des  longueurs 
qui  décroissent  vers  zéro.  Enfin,  on  remonte  au  théorÚme  général  en  re- 
marquant que  tout  ensemble,  situĂ©  dans  C„.  peut  ĂȘtre  divisĂ©  en  une  infi- 
nité dénombrable  d'ensemble  bornés. 

»  2.  Les-  théorÚmes  qui  précÚdent  permettent  d'établir  trÚs  facilement 
certains  résultats  qui,  jusqu'à  présent,  ont  été  démontrés  à  l'aide  des 
nombres  transHnis  de  M.  Cantor.  Ainsi,  le  théorÚme  II  fournit  une  dé- 
monstration directe  et  tout  élémentaire  de  la  proposition  fondamentale 
suivante,  due  Ă   MM.  Cantor  et  Bendixsou  : 

»  Tout  ensemble  fermĂ©  non  dĂ©nombrable  situĂ©  dans  l'espace  C„.  se  compose 
d'un  ensemble  parfait  et  d'un  ensemble  dénombrable. 

»  Je  ferai  d'abord  remarquer  que  le  théorÚme  II  entraßne,  comme  con- 
séquence immédiate,  ce  lemme  : 

»  Tout  ensemble  (V)  qui  est  dénombrable  au  voisinage  de  chacun  de  ses 
points  est  un  ensemble  dénombrable. 

»   Nous  dirons  que  (P)  est  dénombrable  au  voisinage  d'un  point  donné, 


dans  les  Comptex  rendus  du  4  mai  igoS  et  mi  Mémoire  qui  vient  de  paraßtre  dans    i« 
Journal  de  Mathématiques  {Contribution  à  l'analyse  arithmétique  du  continu). 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    igo3.  699 

si  l'on  peut  entourer  ce  point  d'une  sphĂšre  qui  ne  renferme  qu'un  nombre 
dénombrable  de  points  P. 

»  Cela  posé,  soit  (P)  un  ensemble  fermé  et  non  dénombrable  situé 
dans  l'espace  C„;  nous  le  |)artagerons  en  deux  parties,  (P)  =  (R)  +  (C), 
oĂč  (R)  comprend  tous  les  points  P  au  voisinage  desquels  l'ensemble  (P) 
est  dénombrable,  et  (C)  tous  les  autres  points  (P),  qu'on  pourrait  appeler 
les  points  de  condensation  de  l' ensemble  donné. 

»  Du  lemme  ci-dessus  on  conclut  immédiatement  que  l'ensemble  (R) 
est  dĂ©nombrable.  D'autre  part,  d'aprĂšs  la  dĂ©finition  mĂȘme  de  l'en- 
semble (C),  toute  sphĂšre  ayant  pour  centre  un  point  C  renfermera  une 
infinité  non  dénombrable  de  points  P  et,  par  suite  aussi,  une  infinité  non 
dénombrable  de  points  C,  ce  qui  montre  que  l'ensemble  (C)  admet  chacun 
de  ses  points  comme  point-limite.  Qn  voit  d'ailleurs  immédiatement  que 
tout  point-limile  de  (C)  fait  partie  lui-mĂȘme  de  cet  ensemble.  Donc  (C) 
est  bien  un  ensemble  parfait,  et  notre  démonstration  se  trouve  ainsi 
achevée  ('  ). 

»  3.  De  mĂȘme,  le  thĂ©orĂšme  I  conduit  trĂšs  facilement  aux  rĂ©sultats  de 
M.  Cantor  relatifs  Ă   la  mesure  des  ensembles  (^). 

»  Soient  (P)  un  ensemble  bornĂ©  et  fermĂ©  situĂ©  dans  l'espace  C„,  Sp  une 
sphùre  de  rayon  pp  ayant  pour  centre  le  point  P,  et  n(pp,  P)  la  partie  deC„ 
remplie  par  l'ensemble  des  sphĂšres  Sp.  Je  dis  qu'on  aura 

(i)  limp=„n(?p,P)=liinf=„n(p,P). 

pourvu  que  les  rayons  pp  tendent  vers  zéro  avec  p,  de  telle  sorte  qu'on  ait 
constamment  pp  <  p  pour  tout  point  P.  La  valeur  commune  de  ces  deux 
limites  est  ce  que  M.  Cantor  appelle  la  mesure  de  l'ensemble  (P). 

n  Pour  démontrer  l'égaUté  (1),  imaginons  d'abord  qu'on  réduise  à  leurs 
moitiés  les  rayons  de  toutes  les  sphÚres  Sp.  D'aprÚs  le  théorÚme  I,  on  pourra 
choisir  un  nombre  limité  p.  des  sphÚres  ainsi  obtenues,  de  telle  sorte  que 
tout  point  P  soit  intérieur  à,  au  moins,  l'une  d'elles.  Soit  s.  le  plus  petit 
parmi  les  rayons  de  ces  y.  sphÚres  et  désignons,  d'autre  part,  par  n^  la 
partie  de  l'espace  C„  remplie  par  les  sphùres  primitives  Sp  correspondant 
à  ces  (/.  sphÚres.  Tout  point  P  sera  intérieur  au  domaine  U^  et  aura  une 
distance  minimum  supérieure  à  s  de  sa  frontiÚre. 


C)  Cette  démonstration  ainsi  que  celle  du  théorÚme  II  seront  exposées  en  détail 
dans  le  Tome  XXIX  des  Acta  niathemalica. 

C)  Cf.  p.  90-91  du  travail  de  M.  SchƓnflies  insĂ©rĂ©  dans  Jaliresbericht  der  deul- 
schen  Malhemaliker-Vereinigung,  t.  VIIl. 


700  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

«  Il  s'ensuit  tout  d'abord  que  n  (pp,  P"^  se  compose  d'un  nombre  limité 
de  domaines  séparés.  Mais,  d'autre  part,  on  peut  en  déduire  successi- 
vement les  inégalités 

n(p.P)>n(pp,p)2n^.>n(e,  P). 

lesquelles  entraßnent  bien  comme  conséquence  l'égalité  (  i  ). 

))   De  celte  égalité  (i)  découlent  immédiatement  les  résultats  suivants  : 

))   La  mesure  de  t.oul  ensemble  fermé  et  dÚnomhrahle  est  égale  à  zéro. 

»  En  effet,  les  rayons  pp  formant  un  ensemble  dénombrable,  on  pourra 
les  choisir  de  telle  sorte  que  la  somme  des  volumes  de  toutes  les  sphĂšres  Sp 
et,  par  suite  aussi,  le  volume  n  (pp,  P)  soient  inférieurs  à  toute  quantité 
donnĂ©e.  La  mĂȘme  remarque  conduit  encore  Ă   cet  antre  rĂ©sultat  : 

»  Soit  (P)  =  (R)  -+-(P)(.  oĂč  (R)  dĂ©signe  un  ensemble  dĂ©nombrable  et 
(P),  (P),  des  ensembles  fermés  et,  bornés  quelconques;  la  mesure  de  l'en- 
semble (^P)  est  Ă©gale  Ă   celle  de  l'ensemble  (  P), . 

»  En  s'appuyant  sur  le  théorÚme  démontré  au  n"  2,  on  en  conclut  en 
particulier  cette  proposition  fondamentale,  Ă©tablie  par  M.  Cantor  Ă   l'aide 
des  nombres  Iransfinis  : 

»  fM  mesure  d'un  ensemble  fermé  est  égale  à  celle  de  l'ensemble  parfait  qui 
en  fait  partie.  » 


MÉCANIQUE.  —  Sur  la  relation  entre  la  pression  et  la  marche  des  chronomùtres . 
Note  de  M.  Paul  Ditishei.m,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  LƓwy. 

«  A  l'occasion  d'un  essai  de  détermination,  fait  par  le  transport  d'une 
série  de  chronomÚtres  de  bord,  de  la  différence  de  longitude  entre  les 
observatoires  de  Paris  et  de  Neuchàlel,  situés  respectivement  auxaltitudes 
de  67ℱ  et  de  4^9*",  j'ai  constatĂ©,  en  comparant  les  observations  auxquelles 
M.  Bigourdan,  ii  Paris,  et  M.  Arndt,  Ă   NeuchĂ lel,  ont  bien  voulu  coo|)Ă©rer, 
une  différence  systématique  dans  les  marches  diurnes,  dont  il  m'a  paru 
naturel  de  chercher  la  cause  dans  la  différence  de  la  pression  atmosphé- 
rique moyenne  en  ces  deux  stations.  Des  observations  faites  sur  les  mĂȘmes 
piccesà  l'Ecole  d'horlogerie  de  la  Chaux-de-Fonds(ioi7°»)  par  M.  P.  Berner, 
et  au  sommet  du  Chasserai  (iSSGℱ)  |)ar  moi-mĂȘme,  avec  la  coopĂ©ration  de 
M.  Wehrli,  observations  rendues  possibles  grĂące  au  signal  d'heure  que 
M.  le  D*"  Arndt  avait  bien  voulu  m'envoyer  quotidiennement  de  l'observa- 
toire de  NeuchĂ tel,  ont  permis  de  prolonger  les  courbes  dont  la  direction 
avait  été  indiquée  par  les  premiÚres  observations. 


SÉANCE    DU    2   NOVEMBRE    ipoS.  70 I 

»  Les  limites  étroites  de  pression  entre  lesquelles  on  avait  opéré,  et  la 
variabilité  des  conditions  atmosphériques,  et  notamment  de  rhiimidilé,  ne 
permettaient  cependant  pas  de  déduire  de  ces  observations  des  lois  suffi- 
samment nettes.  C'est  pourquoi  je  me  suis  décidé  à  reprendre,  en  les  éten- 
dant, des  observations  ébauchées  par  Urb;iin  Jnrgensen,  en  1826,  et  par 
M.  Hilfdcer,  en  1888,  et  consistant  Ă   soumettre  des  chronomĂštres  Ă   des 
pressions  réalisées  artificiellement,  en  maintenant  la  température  et  l'humi- 
dité aussi  constantes  que  possible. 

)>  Sur  le  conseil  de  M.  Ch.-Ed.  Guillaume,  dont  le  nouveau  systĂšme  de 
balancier,  appliqué  aux  instruments  transportés,  avait  permis  d'obtenir 
des  marches  trÚs  serrées,  je  fis  établir  des  récipients  hermétiques,  per- 
mettant d'exposer  les  chronomÚtres  à  une  série  de  pressions  bien  connues, 
qui  ont  variĂ©  de  100°"°  en  Joo""°,  entre  ^p6oo"""  et  -f-  200ℱ'",  par  rapport 
à  la  pression  moyenne  de  la  Chaux-de-Fonds  (675°"" environ).  Un  thermo- 
chronomÚtre totalisait  les  températures.  Les  comparaisons  journaliÚres  ont 
été  effectuées  directement  sur  un  signal  d'heure  envové  de  l'observatoire 
de  NeuchĂ tel. 

rt  Les  mesures  les  plus  étendues  ont  été  faites  sur  des  chronomÚtres  de  bord  du  mÚrcie 
type  (22  lignes),  d'un  diamùtre  de  49ℱ°", 6.  Les  chronomùtres  restaient  pendant  2/4  heures 
environ  à  une  pression  constante,  sous  laquelle  ils  élaientobservés.  Puis  on  les  relirait 
de  la  cloche,  on  les  remontait,  et  l'on  Ă©tablissait  ra[iidement  une  nouvelle  pression. 

»  Pour  la  recherche  de  la  loi  suivant  laquelle  varie  la  marche  des  chronomÚtres  en 
fonction  de  la  pression,  on  a  appliqué  la  méthode  des  moindres  carrés  à  l'établissement 
des  coefficients  d'une  formule  linéaire  à  laquelle  les  résultats  directement  obtenus  ont 
été  ensuite  comparés  (').  On  a  pu  constater  ainsi  que,  sur  une  moyenne  de  huit  piÚces, 
les  erreurs  résiduelles  aux  pressions  basses,  moyennes  ou  forles,  ne  présentaient  aucune 
différence  systématique.  Dans  les  limites  entre  lesquelles  les  observations  ont  été  faites 
les  variations  de  la  marche  sont  donc  sensiblement  proportionnelles  Ă   la  pression. 

n  Les  nombres  trouvés  variaient  d'une  piÚce  à  l'autre,  et  il  était  naturel  de  chercher 
si  les  différences  constatées  n'étaient  pas  en  relation  avec  les  changements  d'amplitude 
des  mouvements  du  balancier  dus  aux  variation^;  de  la  densité  de  l'air,  et,  par  consé- 
quent, avec  le  défaut  d'isochronisme  des  chronomÚtres. 

»  Si  l'on  dresse  le  Tableau  des  résultats  immédiats  de  l'observation  aux  pressions, 
en  regard  des  écarts  d'isochronisme,  déduits  des  observations  faites  pendant  les  douze 
premiÚres  et  les  douze  derniÚres  heures  de  la  marche  quotidienne  et  rapportés  à 
24  heures,  on  constate,  en  elfet,  aux  limites  prĂšs  des  erreurs  de  marche  des  piĂšces, 
une  évidente  relation  entre  ces  deux  séries  de  chillres.  On  peut  alors  se  proposer  de 
chercher  une  expression  susceptible  de   représenter  cette   relation  et   la   méthode  des 


(*)  Les  calculs  ont  été  faits  sous  la  direction  de  M.  Guillaume  par  M.  L.  Maudet. 


702  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

moindres  carrés,  appliquée  à  une  fonction  du  premier  degré,  conduit  à  la  formule  sui- 


vante : 

»l„H ;—  =  0,0162, 

700 

nip  désignant  la  variation  pour  imm  dg  mercure,  i   le    défaut   d'isochronisme    défini 
ci-dessus. 

»  Les  valeurs  de  l'expression  m„H ^r-  portĂ©es  Ă   la  derniĂšre  colonne  du  Tableau 

'^       750  * 

suivant,  montrent  que  les  nombres  ainsi  calculés  sont  identiques  aux  erreurs  prÚs  des 

observations  et  des  marches  des  piĂšces. 

Variation 
par  24  heures 

pour  1""»  Isoclironisiiie 

de  mercure.      (avance  aux  petits  arcs).  i 

m^.  i.  '       730 

s  s  s 

o,oi58  0,4  o,oi63 

o,oi38  1,2  o,oi54 

o,oi4i  1,2  o,oi57 

0,0145  1,6  0,0166 

0,0117  3,0  o,oi57 

0,0126  3,2  0,0169 

0,0120  3,4  o,oi65 

»  La  formule  établie  ci-dessus  admet  une  interprétation  [immédiate  ;  elle  montre 
que,  pour  les  piÚces  du  calibre  étudié,  la  variation  de  marche  correspondant  à  une 
variation  de  pression  de  1ℱℱ  de  mercure  serait  de  o%oi6a  par  24  heures  si  Fiso- 
chronisme  était  parfait,  et  que,  de  plus,  la  variation  d'amplitude  constatée  entre  la 
moyenne  des  deux  pĂ©riodes  consĂ©cutives  de  12  heures  est  la  mĂȘme  que  celle  qui 
se  produit  lorsque  la  pression  est  remontĂ©e  de  750'"ℱ  de  mercure. 

»  On  a  appliquĂ©  (sans  preuve  suffisante,  il  est  vrai)  la  mĂȘme  relation  Ă   la  rĂ©duction 
Ă   un  isochronisme  parfait,  des  observations  faites  sur  un  certain  nombre  de  piĂšces  de 
divers  calibres,  et  l'on  a  pu  Ă©tablir  le  Tableau  suivant  des  variations  aux  pressions, 
depuis  le  calibre  du  chronomĂštre  de  marine,  jusqu'au  plus  petit  calibre  des  montres 
de  poche  sur  lequel  il  soit  possible  de  faire  des  observations  quelque  peu  précises  : 

Variation  en 
Diaiuétre  24  heures  pour 

Type  ■  .— i""""  de  mercure: 

de  du  du  i 

mouvement.  mouvement,    balancier.  ''       -io 

mm  uuii  s 

Marine 86,  i  37,2  0,0102 

22  lignes 49.6  20,7  0,0162 

19  lignes 42,9  17,4  0,o30O 

17  lignes 38,3  i5,5  0,0217 

i4  lignes 3i,6  i3,2  0,0223     . 

10  lignes 22,6  9,4  0,0225 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    IQoS.  7o3 

B  L'action  de  la  pression  atmosphérique  augmente  donc  lorsque  diminue  le  diamÚtre 
du  balancier,  et  tend  vers  une  limite  pour  un  balancier  trĂšs  petit. 

»  La  relation  entre  la  variation  aux  pressions  et  l'isochronisme  permet- 
trait, ainsi  qu'on  l'a  déjà  fait  observer,  de  compenser  entiÚrement  l'action 
de  la  pression  en  créant  un  suffisant  défaut  d'isochronisme.  Il  est  à  remar- 
quer, toutefois,  que,  pour  obtenir  la  cotnpensation  complÚte,  il  serait  né- 
cessaire d'admettre  un  défaut  d'isochronisme  qui,  pour  un  chronomÚtre 
de  boni,  par  exemple,  serait,  de  12  secondes  environ  par  24  heures  pour 
les  arcs  des  12  premiĂšres  heures  de  remontage  et  des  12  heures  suivantes. 

»  On  voit  aisément  que  le  remÚde  serait  pire  que  le  mal,  et  que,  si  l'on 
ne  parvient  pas  à  réduire  l'action  de  l'air  sur  le  balancier  par  d'autres 
procédés,  il  vaudra  mieux  en  tenir  compte,  en  appliquant  aux  chrono- 
mÚtres des  corrections  déduites  de  l'observation  du  baromÚtre.  » 

MÉCANIQUE.  —  Remarques  sur  la  Note  de  M.  ]\  Ditisheim,  relative  à  l'action 
de  la  pression  atmosphérique  sur  la  marche  des  chronomÚtres.  Note  de 
M.  Cii.-Éd.  Guillaume,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  LƓvvy. 

«  Les  expériences  de  M.  Ditisheim  me  semblent  établir  pour  la  pre- 
miÚre fois  d'une  façon  nette  le  double  effet  dû  au  milieu  dans  lequel  se 
meut  l'organe  oscillant  du  chronomÚtre.  Le  phénomÚne  principal  est  un 
retard  qui  s'accentue  à  mesure  que  la  densité  du  milieu  augmente;  sur  ce 
phénomÚne  s'en  greffe  un  autre,  de  sens  contraire  au  premier,  dans  les 
piÚces  réglées  avec  une  avance  aux  petits  arcs,  mais  qui,  dans  les  condi- 
tions ordinaires  du  réglage,  lui  reste  nettement  inférieur. 

»  Cette  deuxiÚme  action  est  due,  sans  aucun  doute,  à  la  résistance  pro- 
prement dite  de  l'iiir,  c'est-à-dire  au  moment  antagoniste  développé,  sur 
le  parcours  effectué  par  le  balancier,  par  les  particules  d'air  rencontrées 
par  les  saillies  qu'il  présente.  Elle  a  été  seule  prise  en  considération  par  la 
plupart  des  savants  qui  se  sont  occupés  du  réglage  des  chronomÚtres,  et 
l'analyse  mathématique  du  problÚme  a  montré  que,  pour  un  systÚme  oscil- 
lant isochrone,  cet  effet  devait  ĂȘtre  du  deuxiĂšme  ordre  de  petitesse  ('). 
Comme  il  produit  une  diminution  dans  l'amplitude  des  oscillations,  d  doit 
nécessairement  se  manifester  par  une  avance  dans  les  piÚces  réglées, 
comme  on  le  fait  ordinairement,  avec  un  faible  retard  aux  grands  arcs. 

(')  Voir  notamment  :  YVON  Viilarceau,  Recherches  sur  le  moin-ement  et  la  com- 
pensation des  chronomĂštres  {Annales  de  l'Observatoire  de  Paris:  MĂ©moires,  t.  Vil). 


794  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  L'aulre  effet,  qui  constitue  la  niiijoure  partie  du  phénomÚne  observé, 
ne  semble  pas  avoir  été  signalé  jusqu'ici.  On  en  trouve  la  cause  toute  natu- 
relle d;ins  l'entraĂźnement  de  l'air  par  le  balancier,  dont  la  masse  est  ainsi 
virtuellement  augmentée  au  moment  de  l'oscillation.  Il  est  facile  de  voir 
que  le  volume  d'air  qu'il  est  nécessaire  de  supposer  adhérent  au  balancier 
pour  produire  les  effets  observés  n'a  rien  d'exagéré. 

»  On  a  vu,  par  exemple,  que  dans  un  chronomÚtre  de  bord,  réglé  avec  un  isochro- 
nisme  parfait,  le  retard  est  de  0,0162  x  760^  12, 3  secondes  par  24  lieures.  Or,  la 
masse  du  balancier  étant  alors  d'environ  i',o,  la  masse  supplémentaire  entraßnant  le 
relard  observĂ©  est  de  2  ^\i'^„  i  ,0  =  o"'S,  28,  correspondant  Ă   un  volume  de  21 5""°' envi- 
ron. Or  il  convient  de  remarquer  que  l'air  accompagnant  le  balancier  dans  son  mou- 
vement ne  lui  est  pas  relié  d'une  façon  rigide.  11  n'effectue  pas  le  mouvement  circu- 
laire complet  avec  les  piÚces  métalliques,  mais  est  rejeté  au  dehors  par  l'effet  de  la 
force  centrifuge,  et  se  trouve  remplacé  par  d'autres  masses  d'air  appelées  du  centre,  et 
auxquelles  le  balancier  communique  sa  vitesse  instantanĂ©e  au  moment  oĂč  elles 
atteignent  la  périphérie.  Il  n'est  donc  pas  nécessaire,  à  beaucoup  prÚs,  de  supposer  que 
le  balancier  considĂ©rĂ©,  et  dont  le  dĂ©veloppement  pĂ©riphĂ©rique  atteint  ĂŽS""ℱ  environ, 
entraĂźne  un  tore  dont  la  section  soit  voisine  de  3"""',  et  qu'il  faudrait  admettre  si  l'air 
n'Ă©tait  pas  susceptible  de  se  renouveler  pendant  l'oscillation. 

»  Une  expérience  faite  à  ma  demande  par  M.  Dilisheim  confirme  cette  maniÚre  de 
voir.  Plusieurs  piÚces  observées  dans  l'air,  le  mécanisme  étant  retiré  de  son  enveloppe, 
ont  montré  une  légÚre  augmentation  du  retard,  due  sans  aucun  doute  au  fait  que  l'air 
se  renouvelait  plus  aisĂ©ment  autour  du  balancier.  Les  mĂȘmes  piĂšces  observĂ©es  dans  le 
vide,  libres  ou  enfermées,  n'ont  pas  montré  de  différences  appréciables  dans  leurs 
marches. 

»  Le  volume  de  l'air  entraßné  dépend,  dans  une  large  mesure,  de  sa  visco- 
sitĂ©; il  doit  donc  diminuer  en  mĂȘme  temps  que  la  tempĂ©rature  s'Ă©lĂšve;  et, 
comine  sa  densitĂ©  varie  dans  le  mĂȘme  sens,  on  devra  s'attendre  Ă   trouver 
un  effet  de  la  pression  de  moins  en  moins  prononcé  à  mesure  de  l'éléva- 
tion de  la  température,  comme  aussi  on  devra  constater  un  changement 
dans  la  compensation  suivant  la  pression  à  laquelle  elle  aura  été  observée; 
mais  ce  sont  lĂ   de  petites  quantitĂ©s,  difficiles  Ă   dĂ©celer  mĂȘme  avec  les 
meilleurs  chronomĂštres. 

)>  On  peut  chercher  Ă   Ă©tablir,  d'aprĂšs  les  observations  de  M.  Ditisheim, 
comment  varie  l'épaisseur  de  la  couche  d'air  entrainée  dans  le  mouvement 
du  balancier  suivant  ses  dimensions.  On  voit  aisément  alors  que,  si  l'on 
admet  une  couche  d'Ă©paisseur  constante,  ou  une  couche  d'Ă©paisseur 
proportionnelle  aux  dimensions  du  balancier,  on  obtient,  en  fonction  des 
diamÚtres,  deux  progressions  qui  comprennent  entre  elles  celle  qui  résulte 


SÉANCE    DU    1   NOVEMBRE    igo3.  703 

de  l'observalion.  L'hypolhÚse  que  vérifierait  l'expérience  est  donc  com- 
prise entre  ces  deux  limites.  » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE,  —  Sur  la  perturbation  magnĂ©tique  du  3i  octobre  igo3. 
Note  de  M.  Th.  Moureaux,  présentée  par  M.  Mascart. 

c  Une  perturbation  magnétique  d'une  intensité  exceptionnelle,  rap- 
pelant celle  du  17  novembre  1882,  s'est  produite  le  3i  octobre  dernier. 
D'aprÚs  les  courbes  de  variations  relevées  à  l'observatoire  magnétique 
du  Val-Joyeux,  elle  débute  brusquement  à  6''  12'"  m.  par  une  hausse  simul- 
tanée de  la  déclinaison  D  et  de  la  composante  horizontale  H,  et  par  une 
baisse  de  la  composante  verticale  Z.  Les  grandes  oscillations  des  aimants 
de  D  et  de  H  commencent  Ă   se  manifester  vers  7''  m.,  et  se  succĂšdent  sans 
interruption  jusqu'Ă   10''  s.  DĂ©jĂ ,  entre  10''  et  1 1''  m.,  H  subit  une  trĂšs  forte 
diminution,  mais  la  phase  d'intensité  maximum  ne  se  déclare  que  vers  midi; 
à  ce  moment,  Z,  peu  agitée  jusque-là,  augmente  rapidement,  et  les  deux 
autres  éléments  ont  des  variations  brusques  et  de  trÚs  grande  amplitude. 

»  Noire  collaborateur,  M.  llié,  prévenu  par  le  développemenl  du  magnétogramme 
du  malin,  esl  reslé  en  permanence  aux  appareils  à  lecture  directe  pendant  tout 
l'aprĂšs-midi,  en  notant,  au  moins  pour  la  dĂ©clinaison,  les  points  extrĂȘmes  de  chaque 
oscillation;  sur  le  tableau  des  variations  du  déclinomÚtre,  on  voit  que  D  a  diminué 
de  i^og'  dans  l'espace  de  3  minutes,  de  i''52"'  Ă   i''55"'  s.,  pour  se  relever  ensuite 
de  i"i8'  entre  2''o"'  et  2''5"'  :  de  semblables  variations  sont  absolument  rares.  Pen- 
dant le  mouvement  rapide  de  l'aimant  de  la  déclinaison  vers  l'est,  les  deux  compo- 
santes H  et  Z  croissaient  simultanément,  en  sorte  que  la  force  magnétique  totale 
a  éprouvé,  à  ce  moment,  une  augmentation  considérable.  Des  oscillations  de  trÚs 
grande  amplitude  se  remarquent  encore  à  4''  et  de  5''3oℱ  à  7''  s.  Les  aimants  sont 
d'ailleurs  restĂ©s  troublĂ©s  toute  la  nuit;  c'est  mĂȘme  <Ă   2'' m.  seulement,  le  i"  novembre, 
que  Z  esl  passée  par  sa  moindre  valeur. 

»  D'une  maniÚre  générale,  pendant  la  perturbation,  les  valeurs  moyennes 
de  D  et  de  H  sont  au-dessous  et  celle  de  Z  au-dessus  de  la  normale.  L'am- 
plitude extrĂȘme  des  variations  est  de  0,00680  (C.G.S.)  pour  H  et  de 
plus  de  0,00020  pour  Z,  nombres  qui  correspondent  respectivement  Ă   :^^ 
el—  de  la  valeur  absolue  des  deux  composantes;  la  dĂ©clinaison  a  variĂ© 
de  i°[\' ,  le  maximum  ayant  eu  lieu  à  2''3iℱ  et  le  minimum  à  7''i5"'  s. 

»  Un  groupe  important  de  taches  solaires,  suivi  depuis  le  26  octobre  à 
l'Observatoire  du  Parc  Saint-Maur,  est  passé  au  méridien  central  précisé- 
ment dans  la  journée  du  3i;  sans  couvrir  une  aussi  grande  étendue  que  le 

C.  R.,  1903,  2«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  18.)  gS 


7o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

prĂ©cĂ©dent,  observĂ©  du  5  au  17  et  qu'on  a  pu  voira  l'Ɠil  nu,  il  mesurait, 
dans  le  sens  de  sa  plus  grande  longueur,  environ  le  ^  du  diamĂštre  du 
Soleil.  Aucune  trace  d'aurore  boréale  n'a  été  visible  à  cette  station  dans  la 
soirée  du  3i  ;  le  ciel  s'est  d'ailleurs  couvert  aprÚs  7''. 

»  Des  phĂ©nomĂšnes  de  mĂȘme  ordre  ont  Ă©tĂ©  constatĂ©s  dans  les  Observa- 
toires de  Lyon,  Nice,  Perpignan  et  fin  PIc-du-Midi.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  une  variĂ©tĂ©  de  carbone  filamenteux.  Note  de 
MM.  CoxsTANT  et  Hexiii  Pélabo.v,  présentée  par  M.  Moissan. 

«  La  carbonisation  des  houilles  grasses  en  vue  de  la  fabrication  du  coke 
mĂ©tallurgique  donne  lieu,  au  sein  mĂȘme  de  la  masse  du  coke,  Ă   la  forma- 
tion de  certains  dépÎts  ayant  une  apparence  filiforme  et  constituant,  par 
l'enchevĂȘtrement  des  fds,  une  vĂ©ritable  laine  de  carbone. 

»  Ces  dépÎts,  que  l'on  ne  rencontre  presque  jamais  dans  les  fours  dits 
à  récupération  dans  lesquels  la  distillation  de  la  houille  s'opÚre  en  vase 
clos,  se  trouvent  surtout  dans  le  coke  provenant  des  fours  ouverts  et  sur- 
tout dans  les  trĂšs  anciens  systĂšmes  de  fours.  Dans  ceux-ci  l'admission 
d'air,  nĂ©cessaire  Ă   la  combustion  des  gaz,  se  fait  dans  la  chambre  mĂȘme, 
par  des  ouvertures  ménagées  dans  les  portes.  Les  gaz  s'entlaniment  donc 
dans  l'appareil  et  toutes  les  flammes  viennent  se  réunir  et  se  concentrer 
vers  une  ouverture  percée  dans  la  paroi  supérieure.  Il  existe  dans  la  région 
voisine  de  cette  ouverture  une  zone  oĂč  la  tempĂ©rature  est  beaucoup  i)lus 
élevée  que  dans  les  autres  parties  du  four;  c'est  vers  cette  zone  que  se 
trouvent  généralement  les  dépÎts  de  carbone  iiliformes.  La  laine  de  car- 
bone se  trouve  au  voisinage  de  la  prise  de  flammes  dans  des  fentes  de 
retrait  du  coke,  chaque  fil  est  relié  par  l'une  de  ses  extrémités  à  un  frag- 
ment de  coke  et  la  direction  générale  de  tous  ces  fils  est  celle  du  cou- 
rant gazeux  lui-mĂȘme. 

»  En  résumé  ces  dépÎts  se  forment  dans  la  partie  du  four  exposée  à  une 
trÚs  haute  température  et  à  la  partie  supérieure  du  gùteau  de  coke,  c'est- 
Ă -dire  lĂ   oĂč  l'action  du  rayonnement  de  la  voĂčLe  est  le  plus  directe.  On 
sait  d'ailleurs  dans  la  pratique  que  lorsque  cette  formation  se  produit  c'est 
que  l'allure  du  four  est  trop  poussée.  Il  faut  encoi-e  remarquer  que  la  sur- 
face des  gĂ©odes  oĂč  se  trouvent  ces  dĂ©pĂŽts  filiformes  est  coaime  imprĂ©gnĂ©e 
de  substances  goudronneuses  dont  la  distillation  serait  imparfaitement 
achevée. 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    ipoS.  707 

))  Dans  les  dĂ©pĂŽts  de  carbone  filiforme  on  trouve,  en  mĂȘme  temps  que  des  parties 
grises,  des  portions  parfaitement  noires.  Examinés  au  microscope,  les  fils  qui  consti- 
tuent la  laine  grise  sont  en  général  cylindriques,  leur  surface  semble  recouverte  d'un 
vernis  analogue  Ă   celui  qui  recouvre  les  morceaux  de  coke  voisins.  On  en  rencontre  quel- 
quefois qui  sont  constitués  par  une  série  de  renflements  réguliers,  les  fils  paraissent  alors 
formés  d'un  grand  nombre  de  cÎnes  empilés  les  uns  dans  les  autres;  il  n'y  a  cependant 
dans  ce  cas  aucun  indice  de  cristallisation.  D'autres  encore  trÚs  contournés  sur  eux- 
mĂȘmes  semblent  avoir  pris  naissance  par  bourgeonnement  comme  les  excroissances 
qui  se  forment  Ă   la  surface  du  charbon  gras  pendant  la  combustion.  Quelquefois  dans 
la  laine  de  carbone  on  aperçoit  des  parties  noires  grosses  comme  une  tĂȘte  d'Ă©pingle, 
ce  sont  des  paquets  de  fils  trÚs  fins  et  trÚs  serrés  qui  ont  pris  naissance  en  certains 
points  d'autres  fils  de  diamĂštre  plus  grand. 

.  »  Les  filaments  qui  constituent  la  laine  noire  sont  ternes,  leur  surface  est  recou- 
verte d'aspérités  quelquefois  disposées  trÚs  réguliÚrement;  les  fils  semblent  alors 
formés  d'une  succession  d'anneaux.  Dans  l'un  de  ces  fils  nous  avons  compté  jusqu'à 
six  anneaux  par  dixiĂšme  de  millimĂštre. 

»  L'épaisseur  des  fils  est  en  général  comprise  entre  3  et  i5  centiÚmes  de  millimÚtre  ; 
les  filaments  trÚs  fins  qui  constituent  les  petites  parties  noires  dont  nous  avons  parlé 
plus  haut  et  qui  semblent  avoir  pris  naissance  sur  les  fils  précédents  ont  une  épaisseur 
beaucoup  moindre  et  qui  peut  atteindre  i  cinq-centiĂšme  de  millimĂštre. 

»  Enfin  la  longueur  moyenne  des  fils  de  carbone  est  de  o",o5;  on  en  trouve  qui  ont 
jusqu'Ă   o'",o8  de  longueur. 

»  Chauffée  dans  un  courant  de  gaz  oxygÚne  pur  et  sec  la  laine  de  carbone  ne  com- 
mence à  donner  de  l'anhydride  carbonique  que  vers  585°.  Si  l'on  maintient  cette 
température  constante  pendant  un  temps  suffisamment  long,  le  corps  disparaßt  com- 
plĂštement. En  effectuant  la  combustion  de  oS',  ii5  de  matiĂšre  on  a  pu  constater 
qu'elle  est  formée  de  carbone  pur;  le  résidu  ne  pesait  que  o8'',ooo5.  On  n'a  pas  pu 
doser  l'hydrogĂšne  que  le  corps  renferme  trĂšs  probablement  mais  en  proportion  trĂšs 
faible. 

»  AprÚs  avoir  lavé  plusietirs  fois  la  laine  de  carbone  successivemenl  à  la 
benzine,  l'alcool  et  l'éther,  nous  l'avons  parfaitement  séchée,  puis  nous 
l'avons  introduite  dans  le  mélange  oxydant  préparé  comme  l'a  indiqué 
M.  Moissan  (')  en  ajoutant  du  chlorate  de  potassium  bien  sec  et  finement 
pulvérisé  à  de  l'acide  azotique  préparé  par  l'action  d'un  excÚs  d'acide 
sulfurique  préalablement  bouilli  sur  l'azotate  de  polassiutn  récetiiment 
fondu.  AprÚs  12  heures  de  contact  avec  ce  mélange,  les  fdsres  dont  la 
forme  n'a  pas  été  modifiée  ont  été  transformées  en  une  substance  de  teinte 
jaunùtre.  Cette  substance,  qui  se  pulvérise  facilement,  est  insoluble  dans 
l'eau;  séchée,  elle  déflagre  en  produisant  quantité  de  petites  étincelles, 

(')  H.  Moissan,  Recherches  sur  les  différeiiLes  variétés  de  carbone  [Annales  de 
Chimie  et  de  Physique,  "j"  série,  l.  VIII,  p.  3o7). 


708  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

quand  on  la  chauffe  vers  3oo".  Il  y  aurait  donc,  dans  cette  action  du 
mélange  oxydant,  j)roduction  d'oxyde  graphitique. 

»  La  laine  de  carbone  qui  prend  ainsi  naissance  dans  hi  fabrication  du 
coke  j)ossĂ©derait,  d'aprĂšs  cela,  Ă   peu  prĂšs  les  mĂȘmes  propriĂ©tĂ©s  que  celle 
que  Schutzenberger  (  '  )  a  préparée  en  faisant  passer  sur  une  longue 
colonne  d'un  mélange  de  charbon  de  cornue  et  cryolithe,  disposée  dans 
un  tube  de  porcelaine  porté  au  rouge,  un  courant  de  cyanogÚne. 

»  Remarque.  —  Le  fait  que  la  surface  des  gĂ©odes  oĂč  se  produisent  les 
filaments  de  carbone  paraßt  imprégnée  de  substances  goudronneuses, 
permet  de  supposer  que  les  fdaments  en  question  proviennent  de  la 
décomposition  pyrogénée  des  carbures  riches  en  carbone,  ayant  une 
vapeur  trÚs  dense,  et  qui  se  forment  à  la  fin  de  la  distillation  de  la  houille.  » 

CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Sur  la  sĂ©paration  et  le  dosage  du  fer  et  de  l'acide 
phosphorique  dans  les  eaux.  Note  de  M.  H.  Causse,  présentée  par 
M.  Armand  Gautier. 

«  Ce  qui  caractérise  le  fer  et  l'acide  phosphorique  contenus  dans  les 
eaux  potables,  c'est  qu'ils  y  sont  occlus,  c'est-Ă -dire  unis  Ă   la  matiĂšre  orga- 
nique, constituant  des  ions  complexes.  Ces  combinaisons  expliquent  la 
présence  de  l'oxyde  de  fer  et  de  l'acide  ])hosphorique,  dans  un  milieu 
comme  l'eau  potable  qui  contient  du  carbonate  de  chaux. 

»  Pour  précipiter  le  fer  et  l'acide  phosphorique,  j'ai  recours  au  chloro- 
mercurate  de  p.-amidobenzÚne-sulfonate  de  sodium,  dont  j'ai  donné  la  pré- 
paration (■-).  Le  bichlorure  de  mercure  qu'il  contient  est  ici  l'agent  actif; 
il  agit  comme  oxydant  sur  les  combinaisons  ferreuses  et  phosphoriques;  il 
précipite  le  fer  à  l'état  de  sesquioxyde,  l'acide  phosphorique  sous  forme  de 
phosphate  de  mercure  insoluble  si  l'eau  est  impure;  comme,  dans  ces  con- 
ditions le  fer  est  au  minimum,  on  obtient  aussi  du  protochlorure  de 
mercure. 

»  SĂ©paralioiL  du  fer  et  de  l'acide  phosphorique.  —  Un  volume  d'eau  iĂźUrĂ©e, 
variable  de  2  à  3  litres,  csi  additionné  de  os, 60  à  os,So  par  liue  de  chloromercurate;  on 
agite  vivement,  le  sel  se  dissout  en  partie;  mais  bieiUĂŽt  la  portion  dissoute  commence 
à  se  séparer  et  à  tiouLler  Feau,  qui  ne  redevient  claire  qu'aprÚs  la  précipitation  com- 
plÚte du  fer  et  de  l'acide  phosphorique.  Cette  séparation  demande  un  repos  de  24  à 
36  heures,  parfois  davantage,  suivant  la  qualité  des  eaux. 


(')  ScHUiZENBERGEK,  Complet  rendus,  t.  CXI,  p.  774. 
{-)  Comptes  rendus,   1900. 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    igoS.  709 

»  L'aspect  du  précipité  est  significatif:  si  l'eau  est  pure  et  contient  peu  ou  point  de 
combinaisons  ferreuses,  il  est  blanc,  cristallin,  ressemblant  au  sel  primitif;  dans  le  cas 
contraire,  il  est  caséeux  et  grisùtre,  parfois  ocreux. 

1)  Lorsque  l'eau  s'est  éclaircie,  on  la  décante;  le  précipité  est  reçu  sur  un  filtre,  lavé, 
puis  entraßné  dans  un  tube;  l'eau  qui  le  baigne  est  séparée  et  remplacée  par  de  l'acide 
chlorlijdrique. 

»  Si  l'eau  est  pure,  la  dissolution  est  complÚte;  si  elle  est  impure,  il  reste  un  pré- 
cipité blanc  floconneux  de  protoclilorure  de  mercure;  c'est  l'indice  d'une  eau  de  qua- 
lité médiocre  et  suspecte. 

))  La  solution  chlorlndrique  contient  le  fer  et  l'acide  phospliorirpie,  on  l'évaporé; 
on  dessÚche  le  résidu  que  l'on  mélange  avec  is  de  CO'Na-  sec  et  pur,  on  calcine;  la 
masse  saline  est  arrosée  d'acide  nitrique,  desséchée,  puis  calcinée,  pour  peroxyder  le 
fer;  aprĂšs  refroidissement,  on  reprend  par  l'eau.  Ce  traitement  donne  une  solution  qui 
contient  l'acide  phosphorique  et  un  résidu  d'oxyde  de  fer  que  l'on  sépare  par  le  filtre; 
l'un  et  l'autre  sont  ensuite  dosés  par  les  procédés  habituels. 

»  Le  Tableau  suivant  indique  les  proporlions  relatives  de  fer,  d'acide 
phosphorique  et  d'azote  organique  (')  données  par  diverses  eaux  et  rap- 
portées au  litre  : 

Acide  Azote 

Ker.  pliosplioriquc.  organique 

Eau  du  RhĂŽne 

...  ms 

(mai-juin  igoS) traces  traces  o,4o 

Eau  de  SaĂŽne 

(mai-juin   igoS) ‱ 0,1  0,1  r  ,28 

Eau  de  source 

(terrain  calcaire,  septembre  igo2). .  .       o,3  0,1  0,0 

Eau  d'Ă©gout 

(février-mars  igo3) i  ,20  1,0  2,gi 

M  De  la  comparaison  des  nombres  inscrits  dans  ces  colonnes  il  ressort 
que,  dans  l'eau  de  SaÎne,  la  contamination  est  présente,  c'est-à-dire  qu'il 
existe  une  certaine  quantité  de  matiÚre  organique  azotée,  phosphorée  et 
ferrugineuse,  non  transformée,  probablement  de  l'ordre  des  nucléines; 
sous  ce  rapport  l'eau  de  SaÎne  ressemble  à  l'eau  d'égout  fortement  diluée. 

»  Pour  l'eau  du  RhĂŽne  et  l'eau  de  source  examinĂ©e,  eaux  oĂč  la  conta- 
mination est  passée,  au  premier  abord  les  résultats  paraissent  contradic- 
toires :  dans  un  cas  la  proportion  d'azote  organique  est  nidle,  à  cÎté  d'une 
quantité  appréciable  de  fer  et  d'acide  phosphorique;  dans  l'autre  c'est 
l'inverse  qui  a  lieu. 

(')   Comptes  rendus,  igo2. 


710  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

»  Ces  faits  sont  la  conséquence  des  origines  différentes  de  la  matiÚre 
organique. 

j)  Dans  un  sol  calcaire  el  poreux  la  nilrificalion,  trÚs  active,  délache  l'azote  du  pro- 
téide  primitif  el  le  convertit  en  acide  azotique,  le  composé  ternaire  qui  en  résulte 
reste  uni  au  fer  el  à  l'acide  phosphorique.  L'eau  météorique  qui  lessivera  celte  terre 
en  dissoudra  une  partie  qui  passera  dans  la  nappe  puis  dans  la  source. 

»  Dans  un  cours  d'eau,  oĂč  la  matiĂšre  organique  est  en  solution,  l'oxydation  porte 
sur  toutes  les  parties,  le  fer  et  l'acide  phosphorique  sont  à  peu  prÚs  libérés  el  préci- 
pités par  le  carbonate  calcique. 

»  Ainsi  s'expliquent  ces  divergences  apparentes  qui,  d'ailleurs,  com- 
portent une  mĂȘme  signification.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  une  mĂ©thode  de  synthĂšse  des  dĂ©rivĂ©s  dihalogĂ©nĂ©s 
symétriques  de  la  henzophénone.  Note  de  F.  Bodroux,  présentée  par 
M.  Troost. 

«  Dans  une  Communication  précédente,  j'ai  montré  que  le  paradibro- 
mobenzÚne  et  le  parachlorobromobenzÚne  réagissent  avec  facilité  sur  le 
magnésium  en  présence  d'élher  anhydre  pour  donner  le  bromure  de  para- 
bromophénylmagnésium  et  le  bromure  de  parachiorophénylmagnésium. 
Sur  les  composés  ainsi  formés,  j'ai  constaté  que  l'anhydride  carbonique 
sec  réagit  en  donnant  à  la  fois  un  acide  benzoïque  monohalogéné  et  un 
dérivé  dissubstilué  de  la  benzophénone,  les  proportions  relatives  de  ces 
(leuK  corps  variant  avec  les  conditions  de  l'expérience. 

»  I.  Dans  une  solution  de  bromure  de  parabromophénylmagnésium,  à  la  température 
du  laboratoire,  j'ai  fait  passer  pendant  deux  heures  un  courant  de  gaz  carbonique 
sec.  Du  produit  de  l'opération,  aprÚs  décomposition  par  l'acide  chlorhydrique  étendu, 
j'ai  enlevé  l'acide  parabromobenzoïque  formé  au  moyen  d'une  solution  de  potasse.  Le 
résidu  ayant  été  épuisé  par  l'alcool  bouillant,  en  présence  de  noir  animal,  j'ai  obtenu, 
aprÚs  refroidissement,  des  lamelles  blanches  fusibles  à  i']i°-i'j'ß°. 

»  L'analyse  de  ce  corps  et  la  détermination  de  son  poids  moléculaire  lui  assignent 
la  foruiule  G"H*15r'0.  11  possÚde  une  fonction  cétonique,  car  il  donne  facilement 
naissance  à  une  oxime,  cristallisée  en  aiguilles  blanches  fusibles  à  i5o".  Cette  pro- 
priété permet  d'identifier  le  composé  obtenu  avec  la  diparabromophénylcétone  : 

GH    CH  CH    CH 

CBr/  \G-C0-C/  V.Br 

GH^H  GH~CH 


SÉANCE    DU    1    NOVEMBRE    1903.  71 T 

»   La  fonnalion  de  celle  acétone  s'explique  facilemenl  si  l'on  admel  que  sur  chaque 
atome  d'oxygÚne  de  l'anhydride  carbonique  réagit  une   molécule  de  composé  organo- 


magnesien. 


1  CnPBr 

/'O        Mg  -  Br  ^    I /Q  _  Mg  _  Br 
"^^O  +  Mg-Br"   pO-Mg-Br' 


V 


'  G''  H*  Br 

C«H*Br 

C^H'Br  CnPB 

l/0-Mg-Br        HGl       „,^  „   /Br         '^ 

\\0  -  Mg  -  Br  ^-  HCl  -  "^0  -.  .Mg/^,  +  ÇO  . 

»  Dans  le  but  de  rechercher  les  meilleures  conditions  de  formation  de  cette  acétone 
halogénée,  j'ai  fait  les  expériences  suiv.mtes  : 

»  1°  La  solution  organo-magnésienne  a  été  chaulTée  pendant  le  passage  de  GO- 
(2  heures)  Ă   36",  point  d'Ă©buUition  de  l'Ă©ther; 

»  2°  La  solution  refroidie  à  0°,  au  moyen  de  glace,  a  été  traitée  pendant  4  heures 
par  un  courant  de  gaz  sec; 

»  3°  La  solution  refroidie  à  0°  a  été  additionnée,  par  petites  portions,  d'un  grand 
excĂšs  de  GO^  solide.  La  tempĂ©rature  est  rapidement  descendue  Ă   —  [\o°  et  l'opĂ©ration 
a  duré  un  quart  d'heure. 

»  Dans  le  Tableau  ci-dessous,  j'indique,  en  poids  de  dibromobenzÚne  transformé, 
les  résultats  de  ces  trois  opérations  : 

Action  de  CO-  gazeux  Action 

C=H'15r- -  —  de  consolide 

transfoinic  à  36°.  à  0°.  à  — 40"' 

„       nru/COOH 

Jin  L.°H*\       ......   10  pour  100     01  pour  100     7b  pour  100 

„     C«H*Br\^^^  ..  .  ^ 

P6 H4R    /"-'^ ■^^  pour  100  20  pour  100  6  pour  100 

11  IL  Le  bromure  de  parachlorophénylraagnésiujn,  traité  par  l'anhydride  carbonique 
gazeux  et  sec,  fournit  de  l'acide  parachlorobenzoĂŻque  et  un  corps  neutre  de  formule 
G"H*G1^0,  cristallisant  dans  l'alcool  en  lamelles  blanches  fusibles  Ă   i^^",  et  donnant 
facilement  naissance  Ă   un  oxime  qui  fond  Ă   i35". 

»  Ge  corps  est  donc  la  diparachlorophénylcétone 


GH 

GII 

GH    GH 

GGl/ 

">- 

-GO- 

-c/      )gci. 

GH 

Cil 

CH    GH 

■  çazeiix 

Action 



de  CO-  solide 

Ăźi  o". 

à  —  40°. 

64   pour 

100 

80   pour    100 

18  pour 

1 00 

'l    po  u  r    1 00 

712  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  J'ai   fail  comme  précédemment  trois    expériences  comparatives  dont  voici    les 

résultats  : 

Quantité  Action  de 

deC«H'BiCI  — ^ 

transformée  à  36". 

„     „„„,/COOH 

lin   C^H*;    ^,  24   pour   100 

\Cl  ' 

„     C«H*CI\„„ 

C^H'CI/      '^°  '^°"''  "^° 

«  Jj'anhyclride  carbonique  réagit  donc  sur  les  l)romures  de  parachloro- 
phénylmagnésium  et  de  parabromophénylmagnésiiuii  en  donnant  à  la 
fois  un  acide  benzoïque  monosubslitué  et  un  dérivé  dihalogéné  symélrique 
de  la  benzophénone.  Lorsqu'on  opÚre  à  la  température  d'ébuUition  de 
l'éther  c'est  ce  dernier  composé  qui  domine  :  si  l'on  agit,  au  contraire,  à 
basse  température,  c'est  l'acide  benzoïque  substitué  qui  se  forme  en  plus 
grande  proportion.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Application  de  la pyridinc  Ă   la  prĂ©paration  de  quel- 
ques dérivés  amidés.  Note  de  M.  P.  Freundler,  présentée  par  M.  H. 
Moissan. 

«  J'ai  montré  précédemment  (')  qu'on  pouvait  obtenir  le  dérivé  diben- 
zoylé  de  l'hydrazobenzÚne  en  effecLuanl  la  benzoylation  à  chaud,  en  pré- 
sence de  pyridine. 

»  Le  mĂȘme  procĂ©dĂ©  m'a  permis  de  prĂ©parer  le  composĂ©  dissymĂ©trique 
C'H'.Az(CO.C«H'').Az(CO.C'H').C'IF;  celui-ci  s'obtient  aussi  bien  en 
traitant  le  monobenzovl-o-hydrazotoluĂšne  par  le  chlorure  de  /j-loluyle 
qu'en  faisant  agir  le  chlorure  de  benzoyle  sur  le/7-toluyl-o-bydrazotoluĂšne  ; 
les  deux  rĂ©actions  fournissent  le  mĂȘme  produit. 

)>  J'ai  employé  également  la  pyridine  pour  la  préparation  de  diverses 
amides  aromatiques  secondaires  ou  tertiaires,  symétriques  ou  dissymé- 
triques, telles  que  la  benzĂšnesulfanilide,  la  dibenzĂšnesulfaniliile,  la 
/j-toluylbenzanilide,  la  benzoylbenzĂšnesulfanilide ,  etc.  Cette  derniĂšre 
n'avait  pu  ĂȘtre  obtenue  en  chauffant  le  chlorure  de  benzoyle  avec  la 
benzÚne  sulfanilide  ou  en  effectuant  l'opération  inverse  (-). 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXVl,  p.  i553. 

('-)  Kmght,  Am.  cliem.  Journ.,  t.  XIX,  p.  i53. 


SÉANCE    DU    2   NOVEMBRE    igoS.  7l3 

»  J'ai  utilisé  aussi  ces  propriétés  de  la  pyridine  pour  résoudre  d'une 
façon  définilive  la  question  de  l'isomérie  de  la  dibenzanilide. 

»  D'aprÚs  dififérenls  auteurs  (*),  l'action  du  clilorure  de  benzoj'le  sur  la  benzani- 
lide,  à  180°,  donnerait  naissance  à  une  dibenzanilide  cristallisée  en  aiguilles  fusibles 
vers  136".  En  chauffant  d'autre  part  à  220°  un  mélange  d'isosulfocyanate  de  phénvle 
(2°""')  et  d'acide  benzoĂŻque  (1ℱ"')  on  obtiendrait  un  isomĂšre  cristallisĂ©  en  lamelles 
fusibles  Ă   161"  (-).  Or,  j'ai  pu  Ă©tablir  que  cette  derniĂšre  substance  est  simplement  de 
la  benzanilide,  tandis  que  le  premier  procédé  fouinit  un  produit  non  homogÚne, 
fusible  vers  iSS^-iÎo"  et  constitué  par  un  mélange  des  deux,  dérivés  benzoylés.  La 
dibenzanilide  pure  fond  à  164",  température  un  peu  plus  élevée  que  celle  qui  a  été 
donnée  par  M.  Steiner  (^)  et  par  M.  Kay  (')  (161°). 

»  La  préparation  des  amides  mixtes  à  radicaux  gras  et  aromatiques,  au 
moyen  de  la  pyridine,  s'effectue  d'une  façon  beaucoup  moins  régidiÚre. 
J'ai  constaté,  en  effet,  que  les  chlorurés  d'acides  aromatiques  déplacent 
trĂšs  facdement  les  radicaux  gras,  mĂȘme  lorsqu'on  ne  les  em|)loie  pas  en 
excĂšs. 

»  C'est  ainsi  qu'en  chauffant  l'acétanilide  avec  du  chlorure  de  benzoyle  et  de  la 
pyridine,  on  obtient  de  la  dibenzanilide.  Bien  jjlus,  l'action  du  mĂȘme  chlorure  sur 
l'acélaniide  fournit,  déjà  à  la  température  ordinaire,  de  la  dibenzamide. 

»  D'autre  part,  l'application  de  la  réaction  inverse  (chlorure  d'acide  gras  et  amide 
aromatique)  est  limitée  par  le  fait  que  les  chldrures  d'acides  gras  réagissent  sur  la 
pyridine  en  se  transformant  en  dérivés  de  l'acide  déhydracétique  (Wedekind).  Néan- 
moins, la  benzamide  a  pu  ĂȘtre  acĂ©tylĂ©e  partiellement  Ă   froid. 

»  Quant  à  la  préparation  des  amides  secondaires  et  tertiaires  à  radicaux 
gras,  elle  est  encore  plus  dĂ©licate  pour  la  raison  qui  vient  d'ĂȘtre  dite. 
D'ailleurs,  M.  Tarbouriech  (^)  ayant  entrepris  l'étude  de  ces  composés,  je 
me  suis  borné  à  préparer  l'isobutyry  lacélamide  et  risobutyrylacetandide, 
afin  de  montrer  que  l'emploi  de  la  pyridine  est  encore  possible  dans  le  cas 
présent. 

»  Les  deux,  dérivés  précédents  s'obtiennent,  le  premier  à  froid,  le  second  à  chaud, 
en  faisant  tomber  peu  Ă   peu  le  chlorure  d'isobutyiyle  dans  les  solutions  pyridiques  de 
l'acétamide  et  de  l'acétanilide. 

(')  Gerhaiidt,  Anii.  de  Chim.  et  de  Pliys.,  3"  sĂ©rie,  t.  XLVl,  p.  129.  —  Higgik, 
Chem.  Soc,  t.  XLI,  p.  i33. 
(^)  LosANiTScu,  D.  chem.  Ges.,  t.  VI,  p.  176.  —  lliuGi.v,  loc.  cil. 
(')  Ann.  Chem.,  t.  CLXXVtll,  p.  235. 
(')  Deut.  chem.  Ges.,  t.  XXVI,  p.  2802. 
(»)  Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  p.  128  et  S^O. 

C.  K.,   iyo3,  2»  Semestre.  (T.  CiXXVIl,  N«  18.*  94 


7l4  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»    Voici  la  liste  des  composés  nouveaux  qui  ont  été  préparés  dans  le 
cours  de  ces  recherches  : 

Point 
de  fusion, 
o 
/j-Toluyl-o-hydrazotoluĂšne i32 

Benzoyl-/;-tolujl-o-hydrazololuéiie 182 

Benzojl-/^-toluylaniline iTig-iGo 

BenzoylbenzĂšnesulfanilide 1 1 4 

DibenzĂšnesulfanilide i43-i44 

Isobiitjrylacétamide 177-178 

Isobutyrylacétanilide 49-  5o 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'emploi  de  F  amalgame  de  magnĂ©sium  en  Chimie 
organique.  Noie  de  M.  Louis  Mecmer,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  L'amalgame  de  magnésium  et  les  alcoolales  qu'il  permet  de  préparer  (') 
peuvent  encore  ĂȘtre  utilisĂ©s  avec  succĂšs  dans  un  certain  nombre  de  syn- 
thĂšses et,  en  particulier,  dans  les  cas  suivants  : 

»  PrĂ©paralion  du  dipliĂ©nybnĂšthane.  —  On  [irĂ©pare  l'amalgame  dans  un 
ballon  à  partir  de  i*'  de  magnésium,  en  se  conformant  aux  indications 
données  antérieurement;  on  ajoute  : 

,niui  (jg  chlorure  de  benzyle; 
,mc.i  de  benzÚne  monobromé. 

»  La  réaction  s'amorce  à  froid;  on  la  continue  en  chauffant  pendant 
5  à  6  heures,  jusqu'à  disparition  du  magnésium. 

»  Le  produit  de  la  réaction  est  traité  par  l'eau,  puis  additionné  d'acide 
acétique  jusqu'à  réaction  acide;  il  se  sépare  immédiatement  un  liquide  qui 
surnage;  ce  liquide  est  décanté  et  soumis  à  un  entraßnement  à  la  vapeur 
d'eau  qui  élimine  les  réactifs  n'ayant  pas  réagi.  Il  reste  comme  résidu  du 
(liphénylmélhane  presque  pur  sous  forme  d'un  liquide  visqueux  trÚs  légÚ- 
rement coloré  en  jaune. 

»  PrĂ©paralion  des  dĂ©rivĂ©s  Ă©thylĂ©s  du  malonale  d'Ă©thyle.  —  Le  raalonate 
d'Ă©thyle  n'est  pas  attaquĂ©  par  le  magnĂ©sium,  mĂȘme  Ă   chaud,  tandis  qu'une 
solution  de  malonate  dans  la  benzine  anhydre  dissout  parfaitement  ce 
métal,  lorsqu'il  est  à  l'élat  d'amalgame,  sous  l'influence  d'une  trÚs  légÚre 
élévation  de  température. 

(')   Comptes  rendus,  mars  1902. 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    igoS.  7l5 

»  La  réaction  se  poursuit  réguliÚrement  et  l'on  obtient  en  fin  de  réaction 
un  liquide  jaune  verdĂątre  qui,  aprĂšs  Ă©limination  de  la  benzine,  donne  une 
masse  visqueuse  puis  résineuse  de  couleur  jaune  citron. 

«  L'action  substituante  du  magnésium  ne  porte  que  sur  le  groupement 
CH- ‱<  du  malonate;  la  fonction  Ă©ther-sel  n'est  pas  attaquĂ©e;  si  l'on  soumet 
en  effet  le  dérivé  magnésien  à  l'action  de  l'oau  bouillanle,  il  v  a  régénéra- 
tion  du  niĂŻdonate  d'Ă©thyle. 

«  En  dissolvant  par  exemple  un  atome  de  magnésium  dans  deux  molé- 
cules de  malonate,  on  obtiendra 

(c- H'- ^:o-)=  =  CH  -  Mg  -  eu  =  (co^c^ \vy. 

L'action  de  l'iodure  d'éthyle  sur  ce  composé  conduit  bien  à  l'obtention  du 
dérivé  mono-éthvié  du  malonate  d'éthyle,  mais,  pour  la  préparation  de  ce 
corps,  il  est  préférable  d'employer  le  mode  ojßératoire  suivant  : 

»  On  prépare  de  l'élliylale  de  magnésium  en  faisant  réagir  un  atome  de  métal  à 
l'état  d'amalgame  sur  un  excÚs  d'alcool  absolu.  Lorsque  la  réaction  est  terminée,  on 
introduit  deux,  molécules  de  malonate  d'éthyle  et  l'on  chauflTe  au  réfrigérant  ascendant 
jusqu'à  ce  que  l'élhylate  ait  complÚtement  disparu  et  soit  transformé  en  dérivé  magné- 
sien du  malonate  d'Ă©thyle. 

»  On  ajoute  alors  un  peu  plus  de  deux  molécules  d'iodure  d"éthyleet  l'on  maintient 
le  chauffage  au  réfrigérant  ascendant  pendant  5  à  6  heures.  Au  bout  de  ce  temps,  on 
laisse  refroidir;  il  se  forme  un  dépÎt  abondant  d'iodure  de  magnésium  qu'il  est  inutile 
de  séparer;  on  traite  toute  la  masse  par  l'eau,  ce  qui  détermine  la  formation  d'un 
magma  blanc  que  l'on  additionne  par  petites  portions  d'acide  chlorhydrique  jusqu'Ă  
dissolution  et  séparation  de  deux  couches. 

»  La  couche  inférieure  est  décantée,  desséchée,  puis  soumise  à  la  distillation; 
il  passe  vers  72°  un  peu  d'iodure  d'éthyle  non  combiné,  puis  la  température  monte 
rapidement  vers  207°,  et  la  majeure  partie  du  produit,  constituée  par  le  dérivé  mono- 
éthylé  du  malonate  d'éthyle,  passe  entre  207°  et  209°. 

»  On  peut  passer  du  dérivé  monoéthylé  au  dérivé  diélhvlé;  pour  cela, 
on  chauffe  pendant  5  heures,  au  réfrigérant  ascendant,  le  dérivé  mono- 
éthylé avec  l'éthylate  de  magnésium  à  raison  de  deux  molécules  de  dérivé 
monoéthylé  pour  une  d'élhylate;  puis  l'on  ajoute  deux  molécules  d'iodure 
d'éthyle  et  l'on  chauffe  à  nouveau  pendant  8  heures.  Le  résultat  de  la 
réaction  est  repris  par  l'eau,  puis  yiar  l'acide  acétique,  il  se  sépare  deux 
couches;  la  couche  inférieure  est  décantée,  séchée  sur  le  carbonate  de 
potasse,  puis  soumise  à  la  distillation;  le  diéthylmalonate  passe  entre  220° 
et  222°,  mais  le  rendement  est  bien  iulérietu-  à  celui  que  l'on  obtient  pour 
le  dérivé  monoéthylé. 


7l6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Remarque.  —  A.  Valeur  (')  a  dĂ©montrĂ©  que  si  l'on  faisait  rĂ©agir  un  excĂšs 
d'élhyliodure  de  magnésium  C-IPMgl  sur  le  malonate  d'éthvle  il  y  avait  attaque  des 
fonctions  éther  sel  et  formation  d'une  combinaison  qui,  détruite  par  l'eau,  conduisait 
Ă   l'obtention  du  glycol  biterliaire 

{C2H^)'-=C(0H)  — CH^C(OH)  =  (C2H^)'' 

ou  plutÎt  de  son  produit  de  déshydratation  : 

(OH^)^  =  C  =  CH  — C:(OH)  =  (C^H^)^ 

»  11  semblerait  donc,  au  premier  abord,  que  l'élhyliodure  de  magnésium  ne  réagit 
pas  sur  le  groupement  CH^  <  ;  j'ai  repris  cette  expérience  en  faisant  tomber  une  seule 
molécule  d'élhyliodure  de  magnésium  en  solution  élhérée  sur  une  molécule  de  malo- 
nate d'éthvle;  il  se  produit  une  réaction  trÚs  vive,  il  se  dégage  de  l'élhane  à  chaque 
addition  et  il  se  forme  une  masse  solide,  pĂąteuse. 

»  La  rĂ©action  produite  par  la  premiĂšre  molĂ©cule  d'Ă©thyliodure  peut  ĂȘtre  exprimĂ©e 
par  la  relation  : 

Mgl 


XCOOC^H*         I     XCOOC^H^ 


»  En  eflTet,  si  l'on  traite  par  l'eau  le  produit  de  la  réaction,  il  y  a  régénération  inté- 
grale du  raaJonate  d'Ă©thyle  et  formation  de  Mgl  (OH). 

))  En  résumé,  l'action  des  organomagnésiens  mixtes,  décrits  par  Gri- 
gnard  (^),  sur  le  malonate  d'Ă©lhyle  porte  d'abord  sur  le  groupement  CH*  <<, 
puis  ensuite  sur  les  fonctions  éther  sel,  tandis  que  l'action  du  magnésium 
Ă   l'Ă©tat  d'amalgame  sur  le  mĂȘme  composĂ©  n'atteint  que  le  groupement 
CH=<.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  l'aldĂ©hyde  ortho-toluiqiie.  Note  de  M.  H.  Fournier, 

présentée  par  M.  Haller. 

«  On  a  obtenu  jusqu'ici  l'aldéhvde  ortho-toluique  en  faisant  agir  l'azotate 
de  plomb  sur  le  chloro-orthoxylĂšne,  ou  en  oxydant  l'orthoxylĂšne  par  le 
chlorure  de  chromyle  ou  le  bioxyde  de  manganĂšse. 

»  Mais,  comme  il  est  difficile  d'avoir  ce  carbure  à  l'état  de  pureté,  il  s'en- 
suit que  l'aldéhvde  ortho-toluique  contient  une  notable  proportion  de  ses 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  8.^3. 
(')    ThĂšse  de  dodo  m  t.   1901. 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    ipoB.  717 

isomÚres.  On  obtient,   au  contraire,   l'aldélmle  ortho-toluique  pure  par 
oxydation  de  l'alcool  correspondant. 

«  J'ai  préparé  celui-ci  par  la  méthode  de  MM.  TifFcneau  et  Delanije 
{Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  igoS.  p.  573),  puis  je  l'ai  oxydé  par  le 
bichromate  de  potassium  et  facide  sulfunque. 

»  Le  mélange  oxydant  est  versé  par  portions  dans  l'alcool  orlho-loluique,  puis  on 
termine  la  réaction  en  cliaulTant  i  heure  au  bain-marie  bouillant. 

»  L'aldéhyde  formée  est  entraßnée  par  un  courant  de  vapeur  d'eau,  dissoute  dans 
l'éther,  puis  combinée  au  bisulfite  de  sodium. 

»  La  combinaison  bisulfitique,  préalablement  dissoute  dans  l'eau,  est  décomposée  à 
froid  par  la  soude;  l'aldéhyde  mise  en  liberté  e^t  enlevée  avec  de  l'éther,  privée  de  ce 
dissolvant,  puis  distillée.  Elle  bout  à  90°  sous  la  pression  de  20"^'»,  à  197°  (  temp.  cor- 
rigée) sous  la  pression  ordinaire. 

»   Le  rendement  est  d'environ  5o  pour  100. 

»  Elle  se  combine  avec  l'hydrazine  en  donnant  une  hydrazone,  qui  aprÚs  cristal- 
lisation dans  l'alcool  fond  à  97°. 

»  Sa  semicarbazone,  cristallisée  dans  l'acétate  d'éthyle,  fond  à  209°.  Ce  point  de 
fusion  est  trÚs  proche  de  celui  de  la  semicarbazone  de  l'aldéhyde  paratoluique,  corps 
qui  ne  paraßt  pas  avoir  été  ciécrit  jusqu'ici,  et  qui  se  présente  sous  la  forme  d'aiguilles 
blanches,  fusibles  avec  décomposition  à  2i5". 

w  L'emploi  de  la  semicarbaziile  pour  caractériser  les  aldéhydes  aroma- 
tiques présente  quelques  inconvénients,  notamment  son  prix  élevé  et  les 
faibles  différences  qui  existent  entre  les  points  de  fusion  des  semicarba- 
zones. 

»  On  peut  la  remplacer  avantageusement  par  la  benzylphénylhydrazine 
asymétrique,  qui  réagit  immédiatement  à  froid  sur  les  aldéhydes  en  don- 
nant des  corps  trĂšs  facilement  purifiables.  Une  ou  deux  cristallisations 
dans  l'alcool  permettent  de  les  obtenir  sous  forme  d'aiguilles  soyeuses, 
blanches,  inaltérables  à  la  lumiÚre  et  à  l'an-. 

»   J'ai  préparé  les  combinaisons  suivantes  : 

Benzylphénylhydrazone  de  l'aldéhyde  orthotoluique,          fond  à 87° 

»                                       paratoluique,            fond  à l4o° 

,,                                       phénylacétique,        fonda 83" 

B                                     /;-Ă©llivlbenzoĂŻque,  fond  a io4" 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  coagulation  de  l'amidon. 
Noie  de  MM.  J.  Wolff  et  A.  Fernbvch,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  SchlƓsing  fils. 

«  Nous  avons  reconnu  la  présence,  dans  les  graines  de  céréales  vertes, 
d'une  substance  possédant  la  propriété  de  précipiter  l'amidon  soluble  de 
ses  solutions.  Cette  précipitation  présente  tous  les  caractÚres  d'une  coagu- 
lation diastasique.  et  nous  proposons  pour  la  diastase  nouvelle  le  nom 
Ă '  amylo-coagulasc. 

»  Cette  diastase  ne  se  rencontre  pas  seulement  dans  les  grains  verts  ; 
elle  existe,  d'une  maniÚre  générale,  associée  à  l'amylase  dans  un  grand 
nombre  de  grains  mûrs,  dans  les  graines  de  céréales  en  voie  de  germi- 
nation, dans  les  feuilles,  etc. 

»  Les  coagulations  les  plus  nettes  nous  ont  été  fournies  par  une  macération  de  los 
de  malt  moulu  dans  loo"^""'  d'eau.  5ℱ' de  cet  extrait  suffisent  pour  coaguler,  en  20 
Ă   3o  minutes,  Ă   la  tempĂ©rature  de  i5°  Ă   aS",  100ℱ'  d'une  solution  d'amidon  soluble 
renfermant  de  4  à  4,5  pour  100  d'amidon  sec.  Cette  solution  d'amidon  a  été  obtenue 
en  chauffant  pendant  2  heures  à  iSo",  dans  la  vapeur  d'eau,  de  l'empois  de  fécule  de 
pomme  de  terre. 

»  Dans  la  solution  d'amidon  additionnée  d'extrait  de  malt,  on  voit  apparaßtre  tout 
d'abord  un  trouble  qui  s'accentue  déplus  en  plus,  et  finit  par  se  résoudre  en  grumeaux 
volumineux.  Si  l'on  opÚre  avec  une  solution  d'amidon  plus  concentrée,  on  observe  une 
coagulation  plus  rapide,  avec  prise  en  masse  de  l'amidon  précipité. 

»  Si  l'on  se  place  dans  des  conditions  autres  que  celles  que  nous  venons  d'indiquer, 
en  diminuant  soit  la  concentration  de  l'amidon,  soit  la  quantité  d'extrait  de  malt,  la 
coagulation  se  trouve  considĂ©rablement  retardĂ©e,  et  peut  mĂȘme  ne  pas  se  produire. 
Le  fait  s'explique  naturellement  par  la  présence  d'amylase,  dont  l'action  saccharifiante 
prédomine,  et  s'exerce  sur  l'amidon  coagulé  comuie  sur  l'amidon  soluble.  Cette  action, 
antagoniste  de  l'amylo-coagulase,  peut  ĂȘtre  paralysĂ©e  si  l'on  opĂšre  Ă   une  tempĂ©rature 
suffisamment  basse.  On  peut  aussi  l'entraver  par  l'addition  d'une  substance  retarda- 
trice, comme  la  soude  caustique,  qui  gĂȘne  moins  l'amylo-coagulase  que  l'amylase. 

»  La  coexistence  et  l'action  simultanée  de  l'amylo-coagulase  et  de  l'amylase  font 
comprendre  facilement  pourquoi,  mĂȘme  dans  les  conditions  les  plus  favorables,  on 
n'arrive  à  coaguler  qu'une  partie  de  l'amidon  soluble  mis  en  expérience.  La  quantité 
d'amidon  que  nous  avons  pu  coaguler  dans  nos  expériences  les  plus  satisfaisantes  n'a 
jamais  dĂ©passĂ©  3o  pour  100  de  l'amidon  mis  en  Ɠuvre. 

»  Parmi  les  divers  corps  dont  nous  avons  essayé  l'inlluence  sur  l'amylo-coagulase, 
nous  n'avons  observé  jusqu'ici  d'effet  trÚs  appréciable  que  pour  les  acides  et  les  alcalis. 
La  moindre  trace  d'acide  ou  d'alcali  libre  retarde  notablement  la  coagulation,  et  des 
doses  minimes  suffisent  pour  l'empĂȘcher  (-nrĂ»rs-  d'acide  acĂ©tique  ou  de  soude).  La 
coagulase  se  comporte  donc  Ă   ce  point  de  vue  comme  l'amylase  du  malt. 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    igoS.  719 

»  L'action  de  l'ainylo-coagulase  ne  saurait  ĂȘtre  envisagĂ©e  comme  rĂ©sultant  de  la 
réversibilité  d'une  des  deux  diaslases  (liquéfiante  et  saccharifiante)  dont  on  admet 
l'existence  dans  l'amylase  du  malt.  En  effet,  un  extrait  de  malt  perd  tout  pouvoir 
coagulant  lorsqu'il  est  exposé  pendant  5  minutes  à  la  température  de  65°  ;  son  maintien 
à  60°  pendant  i5  minutes  reste  sans  effet  appréciable.  L'extrait  de  malt,  dont  le  pou- 
voir coagulant  a  été  détruit  par  la  chaleur,  conserve  encore  la  propriété  de  liquéfier 
l'empois  d'amidon  et  de  le  saccharifier,  mĂȘme  si  sa  tempĂ©rature  a  Ă©tĂ©  portĂ©e  Ă   70°. 

»  Une  autre  circonstance  qui  nous  oblige  également  à  rejeter  l'hypothÚse  de  la  ré- 
versibilité de  la  diastase  liquéfiante,  c'est  que  l'amidon  solubilisé  par  l'amylase  ne  se 
prĂȘte  pas,  comme  celui  qui  a  Ă©tĂ©  solubilisĂ©  par  chauffage  sous  pression,  Ă   des  expĂ©- 
riences de  coagulation  aussi  nettes.  Avec  l'empois  de  fécule  liquéfié  par  l'amylase,  on 
n'observe  qu'un  trouble  laiteux  plus  ou  moins  accentué,  accompagné  quelquefois  d'une 
précipitation  minime.  11  semble  que  la  majeure  partie  de  l'amidon  ait  subi  un  chan- 
gement d'Ă©tat  molĂ©culaire  assez  avancĂ©,  empĂȘchant  le  retour  eu  arr'^re,  vers  la  forme 
solide.  Cependant,  au  point  de  vue  de  la  saccharifĂźcation  par  l'amylase,  nous  n'avons 
trouvé  aucune  différence  entre  ces  deux  amidons  solubles. 

»  L'amidon  coagulé,  recueilli  et  lavé  à  l'eau  froide  aussitÎt  aprÚs  sa  coagulation, 
présente  encore,  comme  l'amidon  soluble  primitif,  la  propriété  de  se  dissoudre  facile- 
ment dans  l'eau  chaude.  Observé  au  microscope,  l'amidon  en  llocons  gélatineux, 
précipité  par  une  coagulation  rapide,  se  présente  en  masses  trÚs  peu  réfringentes,  dans 
lesquelles  la  coloration  |jar  l'iode  fait  voir  une  agglomération  de  granules  punctiformes. 
Si,  au  contraire,  la  coagulation  s'est  produite  trĂšs  lentement,  l'amidon  apparaĂźt  comme 
un  précipité  blanc  pulvérulent,  composé  de  petits  granules  rappelant  l'aspect  des  gra- 
nules les  plus  petits  des  amidons  naturels. 

»  La  plupart  des  faits  signalés  ci-dessus  ont  été  établis  en  faisant  agir  de  l'extrait 
de  malt  vert  séché  sur  de  la  fécule  de  pomme  de  terre  solubilisée.  Mais  nous  avons 
Ă©galement  produit  des  coagulations  du  mĂȘme  amidon  soluble  avec  de  la  coagulase 
empruntée  à  d'autres  sources,  ce  qui  semble  exclure  l'idée  que  chaque  variété 
d'amidon  exige  une  coagulase  particuliĂšre.  L'extrait  de  malt  peut  d'ailleurs  coaguler 
l'amidon  de  riz  de  mĂȘme  que  la  fĂ©cule. 

»  L'amylo-coagulase  semble  représenter  un  des  rouages  essentiels  du 
mécanisme  par  lequel  l'amidon  se  dépose  à  l'état  solide  dans  les  cellules 
végétales.  Son  étude  tormera  un  chapitre  important  dans  la  question  de 
l'antagonisme  de»  actions  diastasiques.  Cet  antagonisme,  dont  la  nouvelle 
diastase  nous  ofĂŻre  un  exemple  frappant,  peut  sans  doute  expliquer  l'arrĂȘt 
de  certaines  actions  diastasiques,  rap[)Oile  souvent  jusqu'ici,  par  analogie 
avec  la  maltase  étudiée  par  G.  Hill,  à  des  phénomÚnes  de  réversibilité.  Il 
explique  aussi  comment  une  diastase  peut  rester  ignorée,  bien  que  pré- 
sente, lorsque  les  conditions  expérimentales  dans  lesquelles  on  la  place 
donnent  le  pas  à  la  diastase  antagoniste.  « 


720  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIOLOGIE  COMPARÉE.—  Le  sens  olfactif  de  l'Escargot  (HĂ©lix  pomatia). 
Note  (le  M.  Emile  Yuxg,  jjrésentée  ])ar  M.  Yves  Delage. 

«  Il  est  généralement  admis  depuis  Moquin-Tandon  que  l'Escargot  jouit 
d'un  «  bon  odorat  »,  avant  son  siÚge  dans  le  bouton  terminal  du  grand  ten- 
tacule. De  là,  le  nom  à'organe  nasal  donné,  par  lui,  ix  ce  dernier  et  les 
expressions  de  nerl  et  de  gi\ng\ion  olfactif,  r/iinophorique,  etc.,  employées 
par  nombre  d'auteurs  contemporains  pour  désigner  le  nerf  et  le  ganglion 
qui  s'y  rencontrent. 

»  Or,  il  suffit  d'explorer  la  surface  du  corps  de  cet  Hélix  au  moven  d'un 
pinceau  imbibé  d'une  substance  odorante,  non  corrosive,  telle  que  l'essence 
de  camomdle  ou  de  serpolet,  par  exemple,  pour  se  convaincre  que  si  la 
sensibilité  olfactive  existe,  en  effet,  sur  les  grands  tentacules,  elle  ne  leur 
est  point  exclusivement  localisée.  Les  petits  tentacules,  les  lÚsres,  les  bords 
du  pied,  la  sole,  la  peau  du  dos,  en  un  mot  la  surface  entiÚre  des  tégu- 
ments non  recouverts  par  la  coquille,  répondent  à  distance,  ainsi  que  le 
fout  les  tentacules  oculés,  à  l'excitation  des  vapeurs  odorantes.  De  nom- 
breuses expériences  faites  au  moyen  de  substances  trÚs  diverses  m'ont 
permis  de  démontrer  que  l'Escargot  en  est  encore  au  stade  de  diffusion  du 
sens  olfactif;  d  sent  les  odeurs  par  toute  sa  peau,  ainsi  que  le  conjecturait 
déjà  Cuvier. 

»  Toutefois,  le  degré  de  cette  sensibilité  varie  selon  les  régions  du  corps. 
Elle  est  plus  vive  sur  les  tentacules  que  sur  le  dos  et,  Ă   cet  Ă©gard,  les  petits 
tentacules  sont  inférieurs  aux  grands  (');  mais,  contrairement  à  l'opmion 
accréditée  par  Moquin-Tandon,  un  Escargot  amputé  de  ses  quatre  tenta- 
cules ne  modifie  guĂšre  son  genre  de  vie,  il  trouve  sa  nourriture  et  fuit 
les  odeurs  désagréables  ou  délétÚres. 

»  Qu'il  s'agisse  là  d'un  sens  olfactif  proprement  dit  ou  d'un  sens  chi- 
mique, nous  n'avons  aucun  moyen  de  le  décider.  D'ailleurs,  quelle  que 
soit  la  réponse  qu'on  donne  à  cette  question,  il  n'en  est  pas  moins  néces- 
saire de  remplacer  les  expressions  rappelées  plus  haut,  et  que  plus  rien  ne 
justifie,  par  celles  de  nerf  et  de  ganglion  tenlaculaire  qui  ne  préjugent  pas 
des  fonctions  de  ces  organes. 


(')  Ce  fait  a  été  déjà  constaté  par  M.  Raphaël  Dubois  dans  sa  Note  :  Sur  la  physio- 
logie comparée  de  l'olfaction  [Comptes  rendus,  t.  CXI,  p.  1890). 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    igoS.  721 

»  L'examen  microscopique  des  éléments  péripliériques  el  ganglionnaires  des  deux 
paires  de  tentacules  ne  révÚle  aucune  différence  suffisante  pour  autoriser  FliypotliÚse 
d'une  spécificité  sensorielle  propre  aux  uns  à  l'exclusion  des  autres.  J'ajoute  qu'il 
en  est  de  mĂȘme  ailleurs.  Les  cellules  sensorielles  de  la  peau  ne  diffĂšrent  d'un  lieu  Ă  
l'autre  que  par  leur  abondance  ou  leur  taille.  Nulle  part  elles  ne  se  groupent  en  cor- 
puscules tactiles,  gustatifs,  etc.  et  nulle  part  elles  ne  sauraient  mériter  le  seul  titre  de 
cellules  olfactives.  En  réalité  ce  sont  des  cellules  sensorielles  mixtes,  impressionnables 
Ă   la  fois  par  les  chocs,  la  chaleur,  les  odeurs,  etc. 

))  Quant  à  la  distance  à  laquelle  l'Escargot  sent  les  odeurs,  je  l'ai  déter- 
minée en  plaçant  un  nombre  constant  de  ces  Mollusques  (douze),  affamés 
par  un  jetine  de  quelques  semaines,  à  la  périphérie  d'une  circonférence 
dont  je  variais  à  volonté  le  rayon  et  dont  le  centre  était  occupé  par  un  ali- 
ment :  chou,  laitue,  melon,  etc.  Il  était  à  présumer  que  si  les  Escargots 
sentaient  l'odeur  de  l'aliment,  ils  seriiient  attirés  vers  lui.  AprÚs  chaque 
expérience  je  notais  la  distance,  et  le  nombre  des  individus  attirés  pendant 
un  temps  maximum  de  2  heures. 

»  Dans  la  majorité  des  cas,  l'attraction  ne  se  manifeste  qu'à  petite  dis- 
tance n'excĂ©dant  pas  2'"ℱ  Ă   3''"".  Les  chiffres  supĂ©rieurs  Ă   ceux-lĂ   sont  tout 
à  fait  exceptionnels  et  concernent  des  aliments  en  décomposition  à  odeur 
trÚs  forte.  Le  plus  élevé  fut  constaté  alors  que  la  source  odorante  était  un 
melon  trÚs  mûr.  Je  ne  connais  aucune  substance  que  l'escargot  reconnaisse 
à  son  odeur  au  delà  de  4o'^'"-  Pratiquement,  étaat  donné  son  genre  de  vie 
et  son  aptitude  à  manger  de  tout,  un  odorat  plus  fin  lui  serait  inutile.  » 

PHYSIOLOGIE  COMPARÉE.  —  RĂ©gulation  osmotique  des  liquides  internes  chez 
les  Échinodermes.  Note  de  MM.  Victor  Henri  et  S.  Lalou,  prĂ©sentĂ©e 
par  M.  Alfred  Giard. 

«  Nous  avons  étudié  chez  les  Oursins  (Strongylocentrotus  luidus,  Sphae- 
rechinus  granularis  et  Spatangus  purpureus)  et  chez  les  Holothuries  (Huio- 
tnria  tubulosa  et  Stichopus  regalis)  comment  varient  leurs  liquides  internes 
lorsqu'on  les  |)lace  dans  des  solutions  différentes. 

))  Chez  les  Oursins  nous  avons  dosé  le  chlore  et  mesuré  l'abaissement  du 
point  de  congélation  et  la  conductibilité  électrique  du  liquide  périviscéral  ; 
les  expériences  ont  été  faites  sur  78  Oursins. 

»  Chez  les  Holothuries  (au  nombre  de  89)  nous  avons  en  plus  étudié  le 
liquide  contenu  dans  la  partie  stomacale  du  tube  digestif  et  le  liquide  de  la 
vésicule  de  Poli. 

G.  R.,  190.5,    2-  Semestre.  (T.  CXXXVII    !N°  18  )  96 


72'^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   Voici  les  principaux  résultats  obtenus  ; 

»  I"  Chez  les  Oursins  norniau\  le  liquide  péiiviscéral  contient  moins  de  chlore  que 
l'eau  de  mer;  la  conductibilité  électrique  de  ce  liquide  est  inférieure  à  celle  de  l'eau 
de  mer;  l'abaissement  cryoscopique  est  le  mĂȘme  pour  les  deux. 

»  Ainsi,  nous  trouvons  en  moyenne  o"'°',.58CI  par  litre  dans  le  liquide  périviscéral, 
et  il  y  en  a  0,61  dans  l'eau  de  mer  (à  Villefranche)  ;  la  conductibilité  spécifique  est 
égale  pour  le  liquide  périviscéral  à  700.  io~'  et  à  782.  lO"'  pour  l'eau  de  mer;  enfin, 
A  =:  2°,  22. 

»  2°  Lorsqu'on  place  des  Oursins  dans  l'eau  de  mer  diluée,  le  liquide  périviscéral  di- 
minue de  concentration  et  se  met  en  équilibre  osmotique  avec  l'eau  extérieure;  à  ce 
moment  il  contient  moins  de  chlore  que  l'eau  extérieure.  Exemples  : 

Durée  MolCI  A  du  liquide  K.io'  du  liquide 

d'immersion.  par  litre.  périviscéral.  périviscéral. 

Il  III  u 

I  3o 0,55  2,09  657 

5         o,5o  1,79  609 

6  20   0,473  1)67  576 

2/4         0,45  1,65  56o 

»  Dans  ces  expériences,  l'eau  extérieure  se  composait  de  3'  eau  de  mer  -1-1'  eau 
douce;  elle  contenait  oℱ°',47Cl  par  lilre, 

A=:i°,65,         k.  10'=  576. 

»  3°  Le  poids  des  Oursins  placés  dans  l'eau  de  mer  diluée  augmente  dans  une  pro- 
portion qui  correspond  à  la  diminution  de  concentration  du  liquide  périviscéral. 

»  4°  Lorsqu'on  place  des  Oursins  dans  de  l'eau  de  mer  diluée  additionnée  de 
saccharose  en  quantité  isotonique  à  l'eau  de  mer,  le  liquide  périviscéral  ne  change  pas 
pendant  les  premiĂšres  heures  et,  pendant  ce  temps,  on  ne  trouve  pas  de  sucre  dans 
leur  liquide  interne.  Le  poids  de  ces  Oursins  ne  change  |>as. 

»  5"  La  vitesse  de  changement  de  la  concentration  du  liquide  périviscéral  des  Oursins 
dépend  de  deux  facteurs  principaux  :  d'une  part  elle  dépend  directement  de  la  concen- 
tration du  liquide  extérieur;  d'autre  part,  elle  est  trÚs  fortement  influencée  par  la 
vitalité  de  l'animal;  la  régulation  osmoliquese  fait  bien  plus  lentement  chez  un  animal 
qui  ne  respire  pas  que  chez  un  animal  respirant  bien. 

1)  6"  Chez  les  Holothuries  normales,  le  liquide  pĂ©riviscĂ©ral  a  la  mĂȘme  teneur  en 
chlore  que  l'eau  de  mer;  le  liquide  ainbulacraire  (de  la  vésicule  de  Poli)  est  un  peu 
moins  riche  en  chlore  (environ  o'°°',  58  Cl  par  litre)  ;  le  liquide  stomacal  est  bien  moins 
riche  en  chlore,  on  en  trouve  0'"°',  5o  par  litre  chez  les  animaux  fraĂźchement  ]iĂȘchĂ©s  et 
o^'j'jSS  chez  les  animaux  gardés  depuis  2  jours  dans  l'acjuariura.  (Résultat  conforme  à 
celui  obtenu  par  Enriques.) 

i>  La  conductibilité  électrique  du  liquide  stomacal  est  inférieure  à  celle  de  l'eau  de 
mer;  l'abaissement  cryoscopique  est,  pour  ce  liquide,  Ă©gal  Ă   celui  de  l'eau  de  mer.  Il 
y  a  donc  bien  un  équilibre  osmotique  entre  ces  différents  liquides. 


SÉANCE    DU    2    NOVEMBRE    ipoS.  728 

»  7"  Lorsqu'on  place  des  Holothuries  dans  de  l'eau  de  mer  diluée,  les  trois  liquides 
étudiés  par  nous  diminuent  de  concentration;  cetle  diminution  se  produit  parallÚ- 
lement pour  les  trois  liquides,  et  pendant  toute  la  durée  de  l'expérience  la  teneur  en 
chlore  du  liquide  stomacal  est  inférieure  à  celle  du  liquide  périviscéral  ;  lorsque,  aprÚs 
4  heures  environ,  l'Ă©quilibre  est  atteint  le  liquide  stomacal  contient  moins  de  chlore 
que  le  liquide  périviscéral  et  que  l'eau  extérieure  (  résultat  contraire  aux  affirmations 
de  O.  Cohnheim). 

»  8"  Si  l'on  suspend  le  tube  digestif  isolé  dans  de  l'eau  de  mer  diluée,  le  liquide  sto- 
macal diminue  rapidement  de  concentration  et,  au  bout  de  2  heures  environ,  on  trouve 
moins  de  chlore  dans  ce  liquide  que  dans  l'eau  extérieure. 

»  9°  Lorsqu'on  place  des  Holothuries  dans  de  l'eau  de  mer  diluée  et  rendue  isoto- 
nique Ă   l'eau  de  mer  par  l'addition  de  saccharose,  de  sulfate  de  soude,  de  sulfate 
d'ammoniaque  ou  d'urée,  les  liquides  périviscéral,  stomacal  et  ambulacraire  ne  changent 
pas  pendant  les  premiĂšres  heures. 

»  10°  Le  liquide  du  tube  digestif  suspendu  dans  les  mĂȘmes  solutions  ne  change  Ă©ga- 
lement pas  pendant  les  premiĂšres  heures. 

»  II"  Dans  toutes  les  expériences  précédentes  on  s'est  assuré  que  les  Holothuries 
respirent  normalement  en  ajoutant  dans  les  expériences  de  contrÎle  du  bleu  de  méthy- 
lÚne ou  du  carmin  au  liquide  extérieur;  on  trouve  le  poumon  aqueux  coloré  jusqu'aux 
derniĂšres  ramifications;  la  matiĂšre  colorante  ne  pĂ©nĂštre  pas  dans  la  cavitĂ©  cƓlomique. 

»  Conclusions.  —  L'ensemble  de  ces  rĂ©sultais  montre  que  les  membranes 
qui  mettent  en  rapport  la  cavité  interne  des  Oursins  avec  le  liquide 
extĂ©rieur  sont  des  membranes  semipermĂ©ables.  De  mĂȘme  la  membrane  du 
poumon  aqueux,  celle  de  la  vésicule  de  Poli  et  du  tube  digestif  chez  les 
Holothuries  sont  des  membranes  semiperméables  qui  laissent  passer  rapi- 
dement l'eau  mais  ne  laissent  pas  passer  les  chlorures,  les  sulfates,  le 
sucre  et  mĂȘme  l'urĂ©e  qui  passe  si  facilement  Ă   travers  les  membranes  ani- 
males et  végétales  étudiées  jusqu'ici. 

»  Remarquons  que  l'on  ne  connaissait  encore  qu'une  seule  membrane 
animale  vraiment  semiperméable,  c'est  l'estomac  de  l'Aplysie,  étudié  par 
Bottazzi  et  Enriques.  Nos  résultats  montrent  que  ces  membranes  doivent 
ĂȘtre  plus  rĂ©pandues  chez  les  animaux  infĂ©rieurs  qu'on  ne  le  pense 
ordinairement. 

»  Les  recherches  faites  à  Wimereux,  sous  la  direction  de  M.  Giard,  par 
M.  Siedlecki  sur  les  Épinoches  {Comptes  rendus,  i4  septembre  1903)  ont 
conduit  cet  auteur  à  l'admission  de  membranes  semiperméables  chez  ces 
Poissons.  M 


724  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


HYGIÈNE.   —  Sur  les  matiĂšres  grasses  et  r aciditĂ©  des  farines. 
Note  de  M.  Ißali.ax».  (Extrait.) 

(I  Dans  une  série  de  recherches  présentées  à  l'Académie,  de  i883à  i885, 
j'apportais  quelques  faits  nouveaux  relatifs  à  l'acidité  et  aux  matiÚres 
grasses  des  farines.  J'ai  fait  un  pas  de  plus  dans  cette  voie,  avec  le  con- 
cours de  M.  Maurice  Droz.  Voici  quelques-unes  de  nos  principales  expé- 
riences. 

»  I.  Germes  de  hlé  mélangés  de  son  provenant  d'une  mouture  récente  des 
moulins  de  l' Assistance publir/ue  de  Paris. 

»  Conclusions.  —  Les  matiĂšres  grasses  solubles  dans  l'Ă©ther,  couteiuies 
dans  les  germes  de  blé  mélangés  de  son,  provenant  d'une  mouture  récente, 
renferment  trĂšs  approximativement  83,34  pour  100  d'huile  fluide  et 
iG,66  pour  100  d'acides  gras  solides,  avant  des  points  de  fusion  variables. 
En  dehors  de  ces  acides  solubles  Ă   la  fois  dans  l'Ă©ther  et  dans  l'alcool,  il 
existe,  dans  le  produit  initial,  d'autres  acides,  insolubles  dans  l'Ă©ther 
seul. 

»   II.  Farine  de  blé  tendre  pour  pain  de  munition,  de  mouture  ancienne. 

n  Conclusions.  —  Les  matiùres  grasses  de  cette  ancienne  farine  sont  con- 
stituées par  environ  18  pour  100  d'huile  trÚs  fluide  et  82  pour  100  d'acides 
gras  mélangés,  ayant  des  points  de  fusion  différents. 

»  L'acidité  de  la  farine  est  due  à  plusieurs  acides,  les  uns  solubles  dans 
l'eau,  l'alcool  et  l'Ă©ther,  les  autres  insolubles  dans  l'eau  et  dans  l'Ă©ther. 

))^III.   Farine  de  blé  dur  pour  pain  de  munition,  de  mouture  ancienne. 

))  Conclusions.  —  Les  matiùres  grasses,  dans  cette  vieille  farine,  sont 
entiÚrement  formées  d'acides  gras  libres  qui  s'opposent  à  l'hydratation  et 
Ă   l'extraction  du  gluten. 

))   IV.   Farine  du  commerce  de  mouture  récente. 

»  y .  Farine  du  commerce  de  mouture  ancienne,  conservée  en  flacon  bouché 
depuis  1890. 

»  VI.  Farine  du  commerce  étuvée,  conservée  en  flacon  bouché  depuis  1893. 

M^VII.  Farine  pour  pain  de  munition  conservée  en  flicon  bouché  depuis 
i885. 

»  VIII.  MatiÚres  grasses  extraites  des  farines  conservées  en  flacon  bouché 
depuis  1884. 

»   Conclusions  gĂ©nĂ©rales.    —    1.  Les  matiĂšres  grasses,  dans   les  farines 


SÉANCE    DU    2   NOVEMBRE    igo^,  725 

fraßches,  sont  constituées  par  une  huile  trÚs  fluide  et  des  acides  gras  solides, 
ayant  des  points  de  fusion  différents.  Avec  le  temps,  l'huile,  qui  est  en  trÚs 
fortes  proportions  au  début,  va  en  diminuant  progressivement  et  finit  par 
disparaĂźtre,  alors  que  les  acides  gras  suivent  une  marche  parallĂšle  ascen- 
dante; de  telle  sorte  que  le  rapport  entre  l'huile  et  les  acides  gras  permet 
de  s'assurer  si  une  farine  est  de  mouture  récente  ou  ancienne.  Ce  rapport 
s'Ă©tablit  facilement  en  Ă©puisant  les  matiĂšres  grasses,  extraites  par  l'Ă©ther, 
Ă   l'aide  de  l'alcool  Ă   gS",  qui  dissout  les  acides  gras  et  laisse  l'huile  inso- 
luble. 

»  2.  Les  acides  gras,  formés  aux  dépens  de  l'huile,  disparaissent  à  leur 
tour  et  l'on  finit  par  n'en  plus  trouver  dans  les  trĂšs  vieilles  farines. 

»  3.  La  transformation  des  matiÚres  grasses  en  acides  gras  ne  s'opÚre 
pas  seulement  au  sein  des  farines;  elle  se  manifeste  aussi  sur  les  produits 
isolés  par  l'éther. 

»  4.  L'acidité  des  farines  est  produite  par  divers  acides  organiques  qui 
vont  en  augmentant  avec  l'ancienneté  des  farines.  Nos  expériences,  tout 
en  confirmant  et  précisant  certains  faits  relatifs  à  l'acidité  des  farines, 
observĂ©s  par  des  pharmaciens  militaires  (Wagner,  1890  —  Roeser,  1898 
—  Manget,  1901),  montrent  que  cette  aciditĂ©  est  principalement  due  Ă   des 
acides  gras  solubles  dans  l'alcool  à  g^°  et  justifient  le  mode  de  dosage, 
devenu  classique,  que  nous  avons  proposé  en  i883. 

»  5.  L'acidité,  premier  indice  de  l'altération  des  farines,  ne  se  rattache 
pas,  comme  je  l'ai  avancé,  à  des  transformations  microbiennes  éprouvées 
par  le  gluten  ;  elle  vient  directement  des  matiĂšres  grasses.  Le  gluten  n'est 
atteint  que  lorsque  les  matiĂšres  grasses,  ou  mieux  les  acides  gras  qui  en 
résultent,  commencent  à  disparaßtre. 

»  6.  Plus  une  farine  contient  de  matiÚres  grasses,  plus  elle  est  altérable; 
c'est  ainsi,  qu'au  mĂȘme  taux  d'extraction,  les  farines  provenant  de  blĂ©s 
durs  ou  mitadins  sont  plus  altérables  que  les  farines  de  blé  tendre.  En 
dehors  des  indications  que  j'ai  données  autrefois  pour  obtenir  des  farines 
de  longue  conservation,  on  devra  donc  choisir,  de  préférence,  les  blés 
tendres  les  plus  pauvres  en  matiÚres  grasses.  » 

A  4  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  4  heures  trois  quarts» 

M.   B. 


■jab  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPHIQUE. 


OuWtAGES    REÇUS    DANS   LA   SÉANCE    DU    IQ   OCTOBRE    igoS. 

Journal  de  Chimie  physique,  Électrochimie,  Thermochimie,  Radiochimie,  MĂ©ca- 
nique chimique,  Sloechiométrie,  publié  par  M.  Philippe-A.  Guye;  l.  I,  fasc.  1-3, 
juillet-septembre  igoB.  GenĂšve,  Henri  Kundig;  Paris,  Gauthier-Villars  ;  3  fasc.  in-S". 
(Présenté  par  M.  Haller.  ) 

Bei'ue  générale  de  Botanique,  dirigée  par  M.  Gaston  Bonnier,  Membre  de 
l'Institut,  t.  XV,  n"  177,  livraison  du  i5  septembre  igoS.  Paris,  Librairie  générale  de 
l'Enseignement;  i  fasc.  in-4°. 

RÚgle  à  calculs,  instruction,  applications  numériques,  tables  et  formules,  par 
A.  Beghin,  3=  Ă©dition.  Paris,  Ch.  DĂ©ranger,   1904.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Untersuchung  iiber  die  Eigenbevegung  von  Sternen  in  der  Zone  650-70''  nord- 
licher  Declination,  von  J.-Fr.  Scuroeter.  (Publication  des  Universitnts-Obsen.Hi- 
toriums  in  Christiania.)  Christiania,  W.-C.  Fabritius  et  Sonner,  igoS;  i  vol.  in-4°. 
(Offert  par  l'Observatoire  de  Christiania.) 

Ad.  Wernickes  Lehrbuch  der  Mechanik,  inelementarer  Darstellung  mit  Anwen- 
dungen  und  Uebungen  aus  den  Gebieten  der  Physik  und  Technik,  in  zwei  Teilen  ; 
erster  Teil  :  Mechanik  /ester  KĂŽrper,  von  D''  Alex.  Wernicke;  vierte  vĂŽUig  um 
gearbeilete  Aufgabe.  Brunswick,  Friedrich  Vieweg,  igo3.  (Offert  par  l'Ă©diteur.) 

Un  nuevo  ferrocarril  original  en  la  isla  Formosa  {Japon),  por  AiNTONio  GoBos 
Liso.  (Article  du  Journal  El  Obrero  de  ferrocarrilcs  y  tranvias,  2"  année,  n"  47, 
i4  octobre  iQo3.)  Madrid;  i  feuille  in-f". 

Great  trigonomelrical survey  of  India,  vol.  XVII  :  Electro-telegraphic  longitude 
opérations  ex  ecuted  dur  in  g  the  years  i8g4-i8g6.  Dehra  Dun,  igoi;  i  vol.  in-4''. 

Boletin  mensal  do  Obscrvatorio  do  Rio  de  Janeiro;  janeiro-março,  igoS.  Rio- 
Janeiro  ;  1  fasc.  in-8°. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  27  octobre  igo3. 

Mémoires  de  l'Académie  des  Sciences  de  l'Institut  de  France.  Tome  XLVl  : 
«  Recherches  sur  une  propriété  nouvelle  de  la  matiÚre,  activité  radiante  spontanée 
ou  radioactivité  de  la  matiÚre  »,  par  M.  Henri  Becquerel.  Paris,  Firmin-Didol  et  G'"=, 
Gauthier-Villars,  igo3;  i  vol.  in-4''. 

Atlas  photographique  de  la  Lune,  publié  par  l'Observatoire  de  Paris,  exécuté 
par  MM.  M.  Loewy  et  P.  Puiseu.x;  7"  fascicule,  comprenant  :  1°  Études  sur  la  topogra- 
phie et  la  constitution  de  l'écorce  lunaire  (su\Ve)\2°  V\Anc\ie  g  :  Image  obtenue  au 
foyer  du  grand  équalorial  coudé;  3°  Planches  XXXVI  à  XLI  :  Héliogravures  d'aprÚs 


SÉANCE    DU    1    NOVEMBRE    igoS.  727 

les  agrandissements  sur  verre  de  quatre  clichés  des  années  1897,  1899  et  1901.  Paris, 
Imprimerie  nationale,    igoS;  texte,  i  fasc.  in-4°  ;  planches,  i  fasc.  in-f". 

Les  anciens  Palagons,  contribution  à  réliide  des  races  précolombiennes  de  l'Amé- 
rique du  Sud,  publiée  par  ordre  de  S.  A.  S.  le  Prince  Albert  P',  par  le  D"-  V.  \  er.nf.au. 
Imprimerie  de  Monaco,  1908  ;  i  vol.  in^».  (Présenté  par  M.  Albert  Gaudry.  Hommage 
de  l'auteur.) 

Études  sur  la  classification  et  l'Ă©volution  des  Hippurites,  par  Ar.  Tolcas; 
r":  partie,  Planches  VII-XIIl.  (  Ménioiresde  la  Société  géologique  de  France  :  Paléon- 
tologie: t.  XI,  fasc.  2.)  Paris,  1908;  i  fasc.  in-4". 

MĂ©moire  sur  la  flexion  et  la  torsion  des  solides  et  son  application  aux  construc- 
tions, par  EuG.  Ferron.  Luxembourg,  L.  Biick,  1908;  i  fasc.  in-S".  (Hommage  de 
l'auteur.  ) 

Bulletin  de  la  SociĂ©tĂ©  normande  d'Études  prĂ©historiques;  t.  I,  1898;  t.  IX,  190 1. 
Louviers,  imp.  Eug.  Izambert,  1894-1902;  9  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Albert 
Gaudry.  ) 

Jac.  Berzelius  reseanteckningar,  utgifna  af  Kungl.  Svenska  Vetenskapsakademien 
genom  II. -G.  SĂŽderbaum.  Sockholm,  P.-A.  Norstedt  et  fils,  1908;  i  vol.  in-8". 

Proceedings  of  the  United  States  Natio/ial  Muséum  ;  vol.  XXVI,  pub.  under  the 
direction  of  the  Smithsonian  Institution.  Washington,  1908;  i  vol.  in-8''. 

Water-supply  and  irrigation  papers  of  the  United  States  geological  Survey: 
n°^  65-79.  Washington,  1902-1908;  i5  fasc.  in-S". 

Arkiv  utgifvet  af  K.  Svenska  Vetenskaps-Akadeniien  :  Matematik,  Astronoini 
och  Fysik,  Bd.  I,  hĂąfte  1-2.  Kemi,  Mineralogi  och  Geologi,  Bd.  I,  hafte  1.  Botanik, 
Bd.  I,  hĂ ftel-3.  Zoologi,  Bd.  I.  hafte  1-2.  Stockholm,  1908;  4  vol.  in-8". 

Kungl.  Svenska  Vetenskaps-Akademiens  Arslok  for  ar  1908.  Stockholm,  1908; 
I  fasc.  in-8''. 

Republica  Argentina.  Anales  del  Ministerio  de  Agricultura  :  Seccion  de  Co- 
mercio,  Industriels  y  Econoniia;  t.  I,  n"  1.  Buenos-Ayres,  1908;  i  vol.  in-8°. 

Archives  des  Sciences  biologiques,  pub.  par  l'Institut  impérial  de  Médecine  expé- 
rimentale à  Saint-Pétersbourg;  t.  X,  n"  1.  Saint-Pétersbourg,  1908;  i  vol.  in-4°. 

Natuurkundige  Verhandelingen  van  de  hollandsche  niaatschappij  der  Weten- 
schappen  te  Haarlem.  Derde  Verzameling,  deel  V.  Haarlem,  1908;  i  vol.  in-4°. 

Abhandlungen  der  kaiserlichen  Leopoldinischen-Carolinische  deutschen  Aka- 
demie  der  Natutforscher  ;  Bd.  LXXX,  mit  25  Tafeln.  Halle,  1908;  i  vol.  in-4'>. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  2  novembre  1908. 

Cours  de  Mécanique  de  la  Faculté  des  Sciences.  Traité  de  Mécanique  rationnelle, 
par  Paul  Appell,  Membre  de  l'Institut,  Doyen  de  la  Faculté  des  Sciences;  2"  édition 
entiĂšrement  refondue;  t.  II  :  Dynamique  des  systĂšmes.  MĂ©canique  analytique.  Paris, 
Gauthier-Villars,  1904;  i  vol.  in-8'>.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Traité  de  Radiologie  médicale,  publié  sous  la  direction  de  Ch.  Bouchard,  Membre 
de  l'Institut,   Professeur   de   Pathologie    générale   à  la   Faculté  de    Médecine;    avec 


728  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

356  figures  et  7  planches  h.  t.  PaiĂčs,  G.  Steinheil,  1904;  i   vol.  in-4".  (Hommage   de 
M.  Bouchard.) 

RĂ©sultai  des  campagnes  scientifiques  accomplies  sur  son  yacht  par  Albert  I"', 
Prince  souverain  de  Monaco,  publié  sous  sa  direction  avec  le  concours  de  M.  Jules 
Richard;  fasc.  XXllI:  Bryozoaires  provenant  des  campagnes  de  /'Hirondelle 
(1886-1888),  par  JuLRS  Julien  et  Louis  Calvet,  avec  18  planches;  fasc.  XXIV: 
Recherches  sur  l'existence  normale  de  l'arsenic  dans  l'organisme,  par  Gabriel 
Bertrand,  avec  5  figures  dans  le  texte.  Imprimerie  de  Monaco,  1900;  i  vol.  et  i  fasc. 
in-f".  (Hommage  de  S.  A.  S.  le  Prince  Albert  de  Monaco.) 

Carte  halhymétrique  des  iles  Açores,  d'aprÚs  les  cartes  françaises  et  anglaises,  les 
sondages  du  Talisman,  du  Challenger,  de  S.  A.  S.  le  Prince  de  Monaco,  Hirondelle 
et  Princesse- Alice,  et  de  V Açor,  par  J.  Thoulet,  corrigée  d'aprÚs  les  sondages  exé- 
cutĂ©s en  1902  par  la  Princesse-Alice  et  les  travaux  les  plus  rĂ©cents.  —  Banc  de  la 
Princesse- Alice,  sondages  exécutés  les  28,  24,  20,  26  août  1902;  Carte  dressée  par 
MM.  le  Capitaine  H.-C.  Carr  et  Gh.  Sauerwein,  Enseigne  de  vaisseau,  2  sep- 
tembre rgo'i.  Paiis,  imp.  Vieillemard  fils  et  C'",  1908  ;  les  2  cartes  sur  une  seule  feuille 
double-colombier. 

{A  suivre.) 


On  souscrit  Ă   Paris,  chez  GAUTHIER-VIIXARS, 
Quai  des  Grai.  K-Aiigustins,  n"  55. 

'epuis  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  réguliÚrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-4°.  Deux 
blés,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matiÚres,  l'autre  par  ordre  alphcibétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 
part  du  i"  Janvier. 

le  prix  (le  Vabonnenierii  est  fixe  iiirisi  qu'il  suit  : 

Paris  :  30  fr.  —  DĂ©partements  :  40  Ir.  —  Union  postale  :  44  fr. 


chez  Messieurs  ; 
Ăźn     Ferran  frĂšres. 

1  Chaix. 
■«/■ '  Jourdan. 

(  Ruff. 

iens Courtin-Hecquel. 

1  Germain  etGrassin 

?e/s 

(  Gastineau. 

onne JĂ©rĂŽme 

inçon   Régnier. 

Feret. 

deaux Laurens. 

'  Muller  (G.). 
rges , Renaud. 

Derrien. 

F.  Robert. 

Oblin. 

Uzel  frĂšres. 

a Jouan. 

mbeiy Perrin. 

,  (Henry. 

ibourg ■'      . 

(  Marguene. 

j  Juliot. 

!  Bouy. 

Nourry. 


'■«■‹‹ 
‱mont-Ferr. 


m  ‱ 


Ratel. 


(Rey. 

(  Lauverjat 

!  Degez. 

...  l  Drevet. 

noble ! 

(  Gratier  et  G'v 

Rochelle Foucher. 

.,  i  Bourdignon. 

/av/e !  ^  " 

1  Dombre. 

j  Thorez. 
(  Quarré. 


Lorient. 


chez  Messieurs  : 
(  Baumal. 
I  M"'  Texier. 

Bernoux  et  Cumn 

Georg. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Imsterdani . 


Lyon ^  Effantin. 

1  Savy. 

1  Vitte. 
KarsetUe. RuĂąt. 

(  Valat. 


itontfiettier 
Myultns..    . 


>  Goulet  et  fils. 
Martial  Place. 

!  Jacques. 
Grosjean-Maupin. 
Sidot  frĂšres. 
(  Guist'hau. 
(  Veloppé. 
(  Barma. 


chez  Messieurs  : 

j  Feikema    Caarelsen 

/      et  G'v 

ithénes Beck. 

Rarceltitie Verdaguer. 

[  Asher  et  C'v 
3erliii 


Mantei 


Nice . 


""  I  Appy. 

Mines Thibaud. 

Orléans    Loddé. 

1  Blanchier. 

Poitiers ,  . 

/  LĂ©vrier. 

Hennés Plihon  et  Hervé. 

Roche/orl Girard  (  M""  ) 

1  Langloi^. 

Rouen 

(  Lestringant. 

S'-Étienne Chevalier. 

l  Ponteil-Burles. 


Toulon. 


Toulouse.. 


l  Rumébe. 
(  Gimel. 


!  PrivĂąt. 
.  Boisselier. 

Tours j  PĂ©ricat. 

f  Suppligeon. 
(  Giard. 
(  Lemaltre. 


Valenciennes. 


Berne  .... 
Bologne .    . 

liruxelles-. 
Hucliaresi . 


1  Dames. 

,  Friediander   et   fils. 
'  Mayer  et  Muller. 
Schmid  Francke. 
ZaDiclielli. 
I  Lamertin. 

Mayolezet  Audiarte. 
'  Lebégue  et  G". 
(  Sotchek  et  C°. 
'  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  Bell  et  C°. 

Christiania Cammermeyer. 

Constantiiio/ile.  .     Otto  Keil. 

Copenhague HĂŽst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

GĂšnes Beul. 

Cherbuliez. 
Georg. 
(  Stapelmohr. 

Belinfante  frĂšres. 
(  Benda. 
I  Payot  et  C". 

Barlh. 
\  Brockhaus. 

Leipzig KƓhler. 

)  Lorentz. 


GenĂšve . . 

La   Haye. 
Lausanne 


I 


LiĂšge. 


Twietmeyer. 
1  Desoer. 


(  Gnusé. 


chez  Messieurs  : 

iDulau. 
Hachette  et  C'v 
Nutt. 
Luxembourg.    ..      V.  Buck. 

!Ruiz  et  G'v 
Romo  y  Fussel 
Capdeville 
F.  FĂ©. 

Milan....  j  Bocca   frĂšres. 

■■  (  HƓpli. 
Moscou Tastevin. 

IVaples j  Marghicri  di  Giu, 

(  Pellerano. 

(  Dyrsen  et  PfeifTer. 

IVe>v-rork Stechert. 

'  Lemcktet  Buechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  G". 

PaĂŻenne Reber. 

Porto MagalhaĂšs  et  Momi 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

Bocca  frĂšres. 
Loescheret  G". 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Nordiska  Boghandel. 

1  Zinserling. 
(  Wolff. 
Bocca  frĂšres. 
Brero. 
Clausen. 
RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebethner  et  Wolfl. 

VĂ©rone Drucker. 

i  Frick. 

i  Gerold  et  G". 
Ziirich Meyer  et  Zeller. 


Rome . 


S'-PĂ©tersbourg . 


Turin. 


Vienne . 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDDS  DES  SÉANCES  DE  L  ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  1"'  Ă   31.  —  (3  AoĂ»t  i835  Ă   3i  DĂ©cembre  iSĂźo.)  'Volume  10-4°;  i853.  Prix ^ 25  fr. 

Tomes  32  Ă   61.  —  (i"  Janvier  i85i  Ă   3i  DĂ©eembie  i865.)  Volume  in-4'';  1S70.  Prix 25  fr. 

Tomes  62 Ă   91.  —  (i»''  Janvier  1866  Ă   3i  DĂ©cembre  1880.)  Volume  in-4°;  18S9.  Prix 25  fr. 

.      Tomes  92  Ă   121.  —  (  1"  Janvier  1881  Ă   3i  DĂ©cembre  1895.)  Volume  ia-4°;  1900.  Prix 25  fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACArEMIE  DES   SCIENCES  : 

me  I.  —  MĂ©moire  sur  quelques  points  de  la  Physiologie  des  Algues,  par  MM.  V.  Derbes  etA..-J.-J.  Solier.  —  MĂ©moire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'Ă©prouvent 
oiuĂštes,  par  M.  H.iNsEĂŻJ.  —  MĂ©moire  sur  le  PancrĂ©as  et  sur  le  rĂŽle  dx  suc  [jjiicrĂ©atique  dans  les  pliĂ©nomiines  digestifs,  particuliĂšrement  dans  la  digestion  des 
Úres  grasses,  par  M.   Claude  Bernard.   Volu:ne  in-4°,  avec  3j   planches;   iS35 , ,.,.,.,...,, ,       25  fr, 

)me  II.  —  MĂ©moire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  BEt^EDE^^.  —  Essai  d'une  rĂ©ponse  Ă   la  question  de  Prix  proposĂ©e  en  i85o  par  l'AcadĂ©mie  des  ScienceJ 
.■  le  concours  de  i833,  et  puis  remise  pour  celui  de  i856,  savoir:  «  Etudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  or;;anisĂ©3  fossiles  dans  les  diffĂ©rents  terrains 
dimenlaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanĂ©e.  —  Rechercher  la 
lure  des  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  rÚgne  organique  et  ses  JtaLs  antérieurs  i>,  par  .VI.  le  Professeur  B,id.v.\.  In-J",  avec  7  planches;   i86t 25  fr. 


A  kl  mĂȘme  Librairie  les  MĂ©moires  de  l'AcadĂ©mie  des  Sciences,  et  les  MĂ©moires  prĂ©sentĂ©s  par  divers  favarts  Ă   l'icsdtnĂźe  c'cs  fciercts 


W  18. 

TABLE    DES  ARTICLES.   (SĂ©ance  du  2  novembre  1903.) 


MEMOIRES    ET  COMIVIUIVIGATIOJVS 

DKS   MP-MIIIIKS   ET   DKS   TOHIiRSPONDANTS    DR   L'ACADÉMIE. 


Pases. 


M.  Yves  Delaue.  —  Sur  la  non-rĂ©gcncia- 
tion  des  sphéiidies  chez  les  Oursins 

M.  Edm.  Perrier.  —  Kemarques  ii  propos 
lie  la  Communicalion  de  M.  /iaphaél 
Dubois,  du  ly  uclobrc  i<,i>:'},  ..  Sur  lo~ 
huütres  perliùres  vraies  ‱‱ 

M.  APPEI.L.  —  Note  accompagnant  la  prĂ©- 
sentation du  Tome  [I  de  la  seconde  Ă©di- 
tion di-  son  «  Traité  de  Mécanique  ration- 


Pages, 
nelle  » 68i 

\l.  R.  Bloxplot.  —  Sur  de  nou\  elles  actions 
produites  par  les  rayons  n  :  généralisation 
des  phénomÚnes  précédemment  observés.     t)!*4 

MM.K.  Lkpjne  et  ÎJoulud.  —  Sur  le  sucre 
virtuel  du  sang 68<j 

M.  E.\iiLE  L.^L'RENT.  —  De  l'influence  de  l'ali- 
mentation minérale  sur  la  production  des 
sexes  chez  les  plantes  di<ȕ()ues 68y 


COUllESPONDANCE . 


.M.  le  SECHET-\inE  l'ERPi.TUEL  signale  divers 
Ouvrages  de  M.  Bouc/tard,  de  M.  Ch.Lalle- 
mand,  de  M.  L.  Roffy  » 

.M.  Cii.  LALLEM.iND  prie  l'Académie  de  vou- 
loir bien  le  comprendre  parmi  les  candi- 
dats Ă   la  place  vacante,  dans  la  Section 
de  GĂ©ographie  et  Navigation,  par  suite  du 
décÚs  de  M.  de  Bussy 

.\I.  \V.  DE  TANNENBERii.  —  Sur  les  courbes 
gauche  Ă   torsion  constante 

M.  Emile  Borel.  —  Sur  la  dĂ©termination 
des  classes  singuliÚres  de  séries  de  Taylor. 

M.  Ernst  LiNDELiiF.  —  Sur  quelques  points 
de  la  théorie  des  ensembles 

.M.  Paul  Ditisiieim.  —  Sur  la  relation  entre 
la  pression  et  la  marche  des  chrono- 
mĂštres  

.M.  Ch.-Ed.  GuiLLAiüME.  —  Kemarques  sur  la 
Note  de  M.  /'.  Ditisiieim,  relative  Ă   l'ac- 
tion de  la  pression  atmosphérique  sur  la 
marche  des  chronomĂštres 

M.  Tu.  AloUREAUX.  —  Sur  la  perturbation 
magnétique  du  3i  octobre  1903 

MM.   Constant  et   Henri  PĂ©labon.  —   Sur 

Bulletin  BiBLioGRAPHiQuii 


b03 

692 
C95 
t.(,7 


une  variété  de  curbone   lilamcnteu\ 

M.  H.  Caus.se.  —  Sur  la  sĂ©paration  cl  le 
dosage  du  fer  et  de  l'acide  phosphorique 
dans  les  cauN 

M.  F.  BoDRoix.  —  Sur  une  mĂ©thode  de 
synthÚse  des  dérivés  dihalogénés  symé- 
triques de  la  benzop'hénone 

.M.  P.  Freuxdler.  —  Application  de  la 
pyridine  à  la  préparation  de  quelques 
dérivés  amidés 

.\I.  Louis  Meunier.  —  Sur  l'emploi  de 
l'amalgame  de  magnésium  en  Chimie  orga 
nique 

M.  H.  FoLĂźRNiER.  —  Sur  l'aldĂ©hyde  ortho- 
tolni(|ue 

MM.  J.  Wolf  cl  A.  Fernbach.  —  Sur  la 
coagulation  de  l'amidon 

.M.  Emile  Yung.  —  Le  sens  olfactif  de  l'Es- 
cargot (  Uelix  pomaliii  ) .' . . 

.MM.  Victor  Henry  ci  S.  Lalou.  —  RĂ©gula- 
lion  osmotique  des  liquides  internes  chez 
les  Echinodei'ines 

M.  Balland.  —  Sur  les  matiùres  grasses  et 
l'acidilé  des   farines 


-o'i 


-oS 


7'') 
7''' 
71S 
720 

;-‱' 

-M 

-'(i 


PAIUS.   —   IMPKIMKKIE    G\UTlirKK-VILLARS, 
Quai  des  Gr.inds-.\uguslins,   ii. 


Le  Ccrant      Itautiiier -Villars. 


SECOND  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES     SEANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


T03IE  CXXXVII. 


W  19  (9  Novembre  1903). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMIiUK-LIBKAlRE 

DES   COMPTES  RENDUS   DES   SÉANCES   DIÏ   I.' ACADÉMIE    DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin  1862  et  24  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l' Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i".  —  Impression  des  travaux  de  l' AcadĂ©mie. 
Les  extraits  des  Mén.oires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associéétraiigerdt  l'Académiecomprennent 
au  plus  6  pages  par  niiniéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  ])lus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  j)ourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  Aq^  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pß>ges  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  3a  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  re|)roduisenl  pas  les  dis- 
cussions \erbales  qui  s'Ă©lĂš\enl  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  (ait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'autß 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance  )^ 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savants 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personr 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'Ai 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  1 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  s< 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. 
Membre  qui  (ail  la  présentation  est  toujours  nomn 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Exti 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  b 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  0 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 

Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  remi 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tard 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin  ;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   lem 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rei 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  i 
vaut  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes. rendus  ne  contiennent  ni  planches 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  serni 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  compl 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  des 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapport; 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  ap 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du 
sent  RĂšglement. 


Les  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  iaire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  priés 
déposer  am  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance,  avant  5".  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  ia  séance  suiJ 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE   DU    LUNDI  9  NOVEMBRE  1905, 

PRÉSIDENCE  DE  I\I.  ALBERT  GAUDRY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUIVICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

PHYSIQUE.    —  Sur  V emmagasinement  des  rayons  n  par  certains  corps. 
Noie  de  M.  R.  Bloxdlot. 

«  Au  cours  de  recherches  sur  les  rayons  n,  j'ai  eu  l'occasion  de  constater 
un  fait  trÚs  remarquable.  Des  rayons  n,  produits  par  un  bec  Auer  enfermé 
dans  une  lanterne,  traversaient  d'abord  l'une  des  parois,  formée  d'une 
feuille  d'aluminium,  de  celte  lanterne,  puis  étaient  concentrés  à  l'aide  d'une 
lentille  en  quartz  sur  tlu  sulfure  de  calcium  phosphorescent  (').  Le  bec 
Auer  ayant  été  éteint  et  enlevé,  l'éclat  de  la  phosphorescence  demeura,  à 
ma  grande  surprise,  presque  aussi  intense  qu'auparavant,  et,  si  l'on  inter- 
posait un  écran  de  plomb  ou  de  papier  mouillé,  ou  la  main,  entre  la  lan- 
terne et  le  sulfure,  celui-ci  s'assombrissait  :  rien  n'était  changé  par  la 
suppression  du  bec  Auer,  sauf  que  les  actions  observées  s'affaiblissaient 
progressivement.  Au  bout  de  20  minutes,  elles  existaient  encore,  mais 
Ă©taient  Ă   peine  sensibles. 

»  En  étudiant  de  prÚs  les  circonstances  du  phénomÚne,  je  ne  tardai  pas 
Ă   reconnaĂźtre  que  la  lentille  en  quartz  Ă©tait  devenue  elle-mĂȘme  une  source 
de  rayons  n;  lorsque,  en  effet,  on  enlevait  celle  lentille,  toute  action  sur 
le  sulfure  disparaissait,  tandis  que,  si  on  l'approchait,  mĂȘme  latĂ©ralement, 
le  sulfure  devenait  plus  lumineux.  Je  pris  alors  une  lame  de  quartz  Ă©paisse 
de  iS-"'",  sa  surface  formant  un  carré  de  5'='"  de  cÎté;  j'exposai  cette  lame 


(')   Ce   sulfure   était  forlement   tassé  dans   une  fente  pratiquée   dans  une   feuille   de 
carton  Ă©paisse  de  oℱℱ,  8;  la  largeur  delĂ   fente  est  de  oℱ'",.5;  sa  longueur  est  i5""".  On 
obtient  ainsi,  aprĂšs  insolation,  une  petite  source  lumineuse  trĂšs  sensible  auxravons  n. 
C    R.,   1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  19.)  96 


73o  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

aux  rayons  n  Ă©mis  par  un  bec  Aiier  Ă   travers  deux  feuilles  d"aluminium  et 
du  papier  noir.  Elle  devint  active  comme  la  lentille  :  lorsqu'on  l'approchait 
du  sulfure,  il  semblait,  suivant  l'expression  de  M.  Bichat,  que  l'on  Ă©cartĂąt 
un  voile  qui  l'assombrissait.  On  obtint  un  effet  encore  plus  marqué  en 
interposant  la  lame  de  quartz  entre  la  source  et  le  sulfure,  tout  prĂšs  de  ce 
dernier. 

»  Dans  ces  expériences,  l'émission  secondaire  par  le  quartz  s'ajoute  aux 
rayons  n  émanés  directement  de  la  source.  Cette  émission  secondaire 
a  bien  son  siĂšge  dans  toute  la  masse  du  quartz,  et  non  pas  seulement  Ă   sa 
surface,  car,  si  l'on  place  successivement  plusieurs  lames  de  quartz  l'une 
sur  l'autre,  on  voit  l'effet  augmenter  à  chaque  lame  ajoutée.  Le  spath 
d'Islande,  le  spath  fluor,  la  barytine,  le  verre,  etc.  se  comportent  comme 
le  quartz.  Le  filament  d'une  lampe  Nernst  reste  actif  pendant  plusieurs 
heures  aprÚs  que  la  lampe  a  été  éteinte. 

»  Une  piÚce  d'or,  approchée  latéralement  du  sulfure  soumis  aux  rayons  n, 
augmente  son  Ă©clat;  le  plomb,  le  platine,  l'argent,  le  zinc,  etc.  produisent  les 
mĂȘmes  effets.  Ces  actions  persistent  aprĂšs  l'extinction  des  rayons  n,  comme 
dans  le  cas  du  quartz;  toutefois,  la  propriété  d'émettre  des  rayons  secon- 
daires ne  pénÚtre  que  lentement  dans  le  sein  d'une  masse  métallique  : 
ainsi,  si  l'une  des  faces  d'une  lame  de  plomb  éjiaisse  de  2"""  a  été  exposée 
aux  rayons  n  pendant  quelques  minutes,  cette  face  seule  est  devenue 
active;  une  exposition  de  plusieurs  heures  est  nécessaire  pour  que  l'acti- 
vité atteigne  la  face  opposée. 

»  L'aluminium,  le  bois,  le  papier  sec  ou  mouillé,  la  paraffine,  ne 
jouissent  pas  de  la  propriété  d'emmagasiner  les  rayons  n.  Le  sulfure  de 
calcium  la  possÚde  :  ayant  enfermé  une  dizaine  de  grammes  de  ce  sulfure 
dans  une  enveloppe  de  lettre,  puis  ayant  exposé  cette  enveloppe  aux 
rayons  n,  je  constatai  que  son  voisinage  suffisait  pour  renforcer  la  phos- 
phorescence d'une  petite  masse  de  sulfure  préalablement  insolé.  Cette 
propriété  explique  une  |)articularité  constante  que  j'ai  signalée  antérieu- 
rement, Ă   savoir  que  l'augmentation  de  la  phosphorescence  par  l'action 
des  rayons  n  met  un  temps  appréciable  tant  pour  se  produire  que  pour 
disparaĂźtre.  GrĂące,  en  effet,  Ă   1  emmagasinement  des  rayons  n,  les  dilTĂ©- 
rentes  portions  d'une  masse  de  sulfure  renforcent  mutuellement  leur  phos- 
phorescence; mais  comme,  d'une  part,  l'emmagasinement  est  progressif, 
ainsi  que  je  l'ai  constaté  directement,  et  comme,  d'autre  part,  la  provision 
emmagasinée  ne  s'épuise  pas  instantanément,  il  en  résulte  que,  lorsque 
l'on  fait  tomber  des  rayons  n  sur  du  sulfure  phosphorescent,  leur  effet 


SÉANCE  DU  9  NOVEMBRE  igoS.  781 

doit  croĂźtre  lentement,  et  que,  lorsqu'on  les  supprime,  leur  effet  ne  peut 
s'Ă©teindre  que  progressivement  (  '  ). 

»  Des  cailloux  ramassĂ©s  vers  4''  de  l'aprĂšs-midi,  dans  une  cour  oĂč  ils 
avaient  reçu  les  radiations  solaires,  émettaient  spontanément  des  rayons /i  : 
il  suffisait  de  les  approcher  d'une  petite  masse  de  sulfure  phosphorescent 
pour  en  augmenter  l'Ă©clat.  Des  fragments  de  pierre  calcaire,  de  brique, 
ramassĂ©s  dans  la  mĂȘme  cour,  produisaient  des  actions  analogues.  L'acti- 
vité de  tous  ces  corps  persistait  encore  au  bout  de  4  jours,  sans  affaiblisse- 
ment bien  sensible.  Il  est  toutefois  nécessaire,  pour  que  ces  actions  se 
manifestent,  que  la  surface  de  ces  corps  soit  bien  sĂšche;  nous  savons,  en 
effet,  que  la  plus  mince  couche  d'eau  suffit  pour  arrĂȘter  les  rayons  n.  La 
terre  végétale  fut  trouvée  inactive,  sans  doute  à  cause  de  son  humidité; 
des  cailloux  pris  Ă   quelques  centimĂštres  au-dessous  de  la  surface  du  sol 
Ă©taient  inactifs,  mĂȘme  aprĂšs  avoir  Ă©tĂ©  sĂ©cliĂ©s. 

»  Les  phénomÚnes  d'emmagasinemeiit  des  rayons  n  qui  font  l'objet  de 
la  prĂ©sente  Note  doivent  tout  naturellement  ĂȘtre  rapprochĂ©s  de  ceux  de  la 
phosphorescence;  ils  présentent  toutefois  un  caractÚre  tout  spécial  comme 
j'ai  l'intention  de  le  faire  connaßtre  prochainement.   » 


MEMOIRES  PRESENTES. 

M.  Prosper  de  Lafitte  soumet  au  jugement  de  l'Académie  un  Mémoire 
ayant  pour  titre  :  «  Le  carré  magique  de  3.  Solution  générale  du  pro- 
blÚme. » 

(Commissaires  :  MM.  Picard,  Painlevé.) 


M.  A.-N.  P.4XOFF  adresse  un  Mémoire  «  Sur  la  propagation  de  l'attrac- 
tion. » 

(Renvoi  Ă   l'examen  de  M.  Appel!.) 


(  '  )  J'indique  de  nouveau  ici  que,  d'une  niiiiiiÚre  générale,  il  y  a  avantage,  dans  les 
expériences  sur  les  rayons  /«,  à  remplacer  le  ijec  Auer  par  une  lampe  Nernst  consom- 
mant 200  watts. 


‱ySa  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


CORRESPONDANCE. 

GÉOMÉTRIE.  —  Sur  la  dĂ©termination  des  figures  invariantes  des  transforma- 
tions cycliques.  Note  de  M.  Rabut,  présentée  pur  M.  Haton  de  la  Gon- 
pilliĂšre. 

«  J'ai  fait  connaßtre  (')  les  équations  générales  des  fignres  invariantes 
de  la  transformation  j)olaire  réciproque,  et  le  procédé  qui  m'y  a  conduit 
s'étend  aisément  à  tonte  transformation  réciproque  (ou  dont  la  répétition 
produit  l'identité)  sans  autre  restriction  que  la  possibilité  d'exprimer  cette 
transformation  par  des  équations  diflérentielles. 

)>  Je  me  propose  ici  d'élargir  bien  davantage  cette  méLhode  en  traitant 
le  cas  f'énéral  d'une  transformation  cyclique,  c'est-à-dire  qui,  opérée  n  fois 
de  suite,  aboutit  à  l'identité. 

»  Envisageons  une  telle  transformation  dans  l'espace;  elle  se  représente 
par  trois  équations  reliant  un  élément  infinitésimal  d'une  figure  (défini 

par  les  coordonnées  x,  r.  z  et  les  dérivées  x' ,  /,  x" ,  y" a?'",  j"  si  cette 

figure  est  une  ligne,  ou  p,  q,  r,  s,  t,  .  ..  s'il  s'agit  d'une  surface)  avec  l'élé- 
ment transformé.  Affectons  ces  quantités  des  indices  i,  2,  3 n  dans  la 

figure  primitive  et  ses  transformées  successives,  l'élément  n  -h  i  étant  iden- 
tique à  l'élément  i.  Convenons  d'autre  part,  pour  abréger,  d'écrire 
F(i,  2,  ...,  n  —  I,  «)  pour  une  fonction  des  quantitĂ©s  ci-dessus,  relatives 
aux  figures  successives  1,2 (n  —  \),  n,  contenant,  en  outre,  des  para- 
mĂštres auxiliaires  dont  l'emploi  va  ĂȘtre  justifiĂ©. 

M  Une  transformation  cyclique  peut  toujours  ĂȘtre  caractĂ©risĂ©e  par  un 
systĂšme  d'Ă©quations  tel  que 

F,(t,  -2,  ...,  /)  — I,  n)     =".  F.d,?. «— i,/0     =0,         ...,         Fyt.(i,  -2.  ...,/! —  1,  n)     =  o, 

F,(2,  3,  ..  .,  rt,  I)  =0,         F,(-2,  3,  ...,  /i,  1)  = '->,         ‱■.,         F/,(a,  3,  ...,«,  1)  =0, 

(i)    ''  F,(3,  4,  ‱‱‱,  ',  ■^)  =0.         F2(3,  4,  ■■.,  I.  2)  =«.         -.         F/,(3,  4,  ‱‱-,  n,  ‱^)  =  ". 


Fi(n,  !,...,«  — ■J,«  —  r)  =  o,         F.j(n,i....,n--2,n~i)  =  o,         ...,         F/,(/j,  i,  ...,  n— 2,  n  — i)  =  o, 
contenant  chacune,  outre  les  coordonnées  et  dérivées  relatives  a  l'élé- 


(')   Comptes  rendus,  17  juin  1901. 


SÉANCE   DU    9    NOVEMBRE    lC)o3.  7^3 

ment  i  et  à  ses  trasisforniés,  des  paramÚtres  auxiliaires  en  nombre/.  En 
efĂźet,  suivant  la  valeur  du  nombre  n  et  celle  de  l'ordre  m  de  ces  Ă©quations 
différentielles,  on  peut  toujours  choisir  A  et  /  de  telle  façon  que  l'élimination 
des  coordonnées  et  dérivées  d'indice  supérieur  à  2,  ainsi  que  des  oara- 
mĂštres  auxiliaires,  entre  ces  nk  Ă©quations,  en  laisse  subsister  trois  entre  les 
coordonnées  et  dérivées  d'indices  i  et  2;  ces  trois  équations  résultantes 
sont  les  équations  différentielles  de  la  transformation. 

»  D'autre  part,  une  figure  de  l'espace  (ligne  ou  surface)  admettant  cette 
transformation  peut  toujours  ĂȘtre  caractĂ©risĂ©e  en  adjoignant  Ă   ces  trois 
Ă©quations  un  systĂšme  de  ny  Ă©quations  (i)  oĂč  les  fonctions  donnĂ©es  F  sont 
remplacées  par  des  fonctions  <ß>  contenant  >,  paramÚtres  auxiliaires.  On 
peut,  en  eflet,  choisir  y  et  >.  de  façon  çjue  l'élimination  des  coordonnées  et 
dérivées  d'indices  >i,  ainsi  que  des  paramÚtres  auxiliaires  entre  ces 
ny  +  3  Ă©quations,  en  laisse  subsister  deux  ou  une  (savoir  deux  dans  le  cas 
d'une  ligne,  une  dans  le  cas  d'une  surface)  entre  les  coordonnées  et  déri- 
vées d'indice  I.  Ces  deux  équations  résultantes,  ou  cette  unique  équation 
résultante,  représentent  une  ligne  ou  une  surface  invariante  dans  la  trans- 
formation considérée;  en  choisissant  <I*  arbitrairement,  on  obtient  toute 
figure  jouissant  de  cette  propriété. 

»  Il  ne  reste  qu'à  indiquer  comment  on  détermine,  dans  chacun  des 
deux  cas,  les  nombres  /c,  l,  y,  1. 

»  Premier  cas.  —  Transformations  de  lignes.  —  Le  nombre  des  coordon- 
nĂ©es et  dĂ©rivĂ©es  d'indice  >‱  2  est  (2m  +  3)  (n  —  2).  Il  faut  donc  que 

n/c  =  ('im  +  3)  l' n  -  -  2)  +  / -1-  3, 
d'oĂźi 

,  T        j,in  +q  —  l 

K  =  2rn  -r-  :)  —  ■ 1 

n 

/ayant  la  plus  petite  valeur  qui  rende  k  entier. 

Le  nombre  des  coordonnées  et  dérivées  d'indice  ^  i  étant 

(2/n-f-  3)(n  —  i), 

la  seconde  condition  Ă   remplir  est 

ny  —  (a/n  -l-  3;  (n  —  i)  H-  )^  -I-  2, 


m34  académie  des  sciences. 

d'oĂč 


„            2  »l  -H  2  —  X 
Y  =  2»?  4-  Ă»  — ' 


A  ayant  la  plus  petite  valeur  qui  rende  ■/  entier. 

»  DeuxiÚme  CAS.  -  Transformations  rk  surf  aces.  -  Nombre  de  coordon- 
nées et  dérivées  d'ordre  >  i  : 


"  (  /?ĂŻ  -t-  I  )  { m  +  2 


^+2](/^-2); 


»   PremiÚre  condition  à  remplir  : 

d'oĂč  k  et  /; 

»  DeuxiÚme  condition  à  remplir  : 

d'oĂč  /  et  }  .  » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  l'approximation  des  fondions  par  les 
irrationnelles  quadratiques.  Note  de  M.  S.  Pi.xciierle,  présentée  par 
M.  E.  Picard. 

«  Une  Note,  publiée  par  M.  Borel  dans  l'un  des  derniers  fascicules  du 
Bulletin  de  la-  Société  mathématique  de  France,  montre  d'une  façon  aussi 
simple  qu'élégante  l'usage  qu'on  peut  faire  des  nombres  quadratiques 
a±\}b  pour  représenter  par  approximation  un  nombre  réel  quelconque. 

))  Je  me  propose  ici  d'indiquer  une  méthode  qui  permet,  d'une  façon 
analogue,  de  représenter  par  approximation  une  fonction  analytique  quel- 
conque, réguliÚre  dans  le  domaine  la|>  R,  par  une  fonction  de  la  forme 
p  ^_  y'o,  oĂč  P  et  Q  sont  des  fonctions  rationnelles  (').  Bien  entendu,  d 
s'a"it  d'approximation  algébrique  comme  dans  l'algorithme  des  fractions 


(')  Cf.,  pour  des  applications  plus  générales  dans  cel  ordre  d'idées,  mes  Mémoires 
jubliés  par  l'Académie  de  Bologne  (S.  IV,  t.  X,   1890,  p.  5i3  el  S.  V,  t.  IV,  189',)  et 


publies  par  rAcaaemie  ae  Doiogr 

dans  les  Annali  di  llatematica  (S.  II,  t.  XIX,  1891,  p.  j.j). 


SÉANCE  DU  9  \OVKMBRE  IQoS.  735 

continues  et  dans  celui  de  Ch.  Hermite,  dont  la  méthode  que  je  vais  indi- 
quer est,  au  fond,  une  application. 

»   Soit  a.(.r)  une  fonction  qui,  pour  des  valeurs  assez  grandes  de  \.v\, 
admet  un  développement 

/        \  "0       .        ''I  "  » 

aL(x)  =  -?  +  -i  +  ^  +.... 

»  Étant  donnĂ©  un  nombre  entier  n  aussi  grand  qu'on  voudra,  on  pourra 
toujours  dĂ©terminer  trois  polynĂŽmes  entiers  en  x,  P„.  Q„.  R„,  tels  que 

Ci)  a,=  P„+Q„x-|-R„a^ 

soit  une  série  de  puissances  décroissantes  de  x,  dont  le  premier  terme  est 
a;-(''-n)^  les  degrĂ©s  de  P„,  Q„,  R„  Ă©tant  Respectivement 


m  — 

I, 

m. 

m  — 

I 

SI 

n  =  27», 

m  — 

I , 

m, 

ni. 

si 

n  "  ini 

»  Le  nombre  des  coefficients  que  l'on  doit  annuler  est  '5m  dans  le  pre- 
mier cas,  et  3771  +  I  dans  le  second;  or,  les  constantes  dont  on  peut  dis- 
poser Ă©tant  en  nombre  5m  +  i  dans  le  premier  cas  et  37/?  -i-  2  dans  le 
second,  les  polynĂŽmes  P„,  Q„,  R,;  sont  en  gĂ©nĂ©ral  dĂ©terminĂ©s,  Ă   un  facteur 
constant  prĂšs. 

))   Si  l'on  substitue,  à  la  relation  (i),  l'équation  approchée 

(2)  R„x-+Q„y.  +  l'„  =  o, 

on  en  lire 


I)   La  fonction 

0:: 


/■.P„R« 

Ă©tant  du  degrĂ©  —  i  ou  —  2  suivant  que  n  =  2/72  ou  iin  -\-  i,  tend  vers 
zéro  pour  7i  =  co;  on  peut  donc  développer  la  racine  carrée  en  série  de 
puissances  de  x''  et,  puisque  x  est  nul  pour  a;  =  x,  on  doit  prendre  le 
sig-ne  —  du  radical. 

»   Si  maintenant  l'on  compare  l'expression  approchée  de  a 


736  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

avec  l'expression  exacte 


„_      Q"  K     4/,     4(i^-°'«)RJ 


on  voit  immĂ©diatement  que,  clans  cette  derniĂšre,  les  coefficients  de  a„  ne 
figurent,  dans  le  développement  en  série  de  puissances  de  x~' ,  qu'à  partir 
du  terme  de  degré  ~  (  3ot  +  i)  dans  la  parenthÚse  et,  par  suite,  dans  le 
produit,  Ă   partir  du  terme  de  degrĂ©  —  3m  pour  n  =  im,  et  —  {3m  +  i) 
pour  n  ^  %m  -{-  \ . 

»  La  fonction  a  est  donc  représentée  par  l'expression  approchée  (3) 
dĂ©veloppĂ©e  en  sĂ©rie,  jusqu'au  terme  de  degrĂ©  —  3m  -+-  i  ou  —  3m  inclusi- 
vemenl,  suivant  que  n  ;=  2m  ou  2/n  +  t  .    » 


MÉCANIQUE.  —  GĂ©nĂ©ralisation  de  la  propriĂ©tĂ©  fondamentale  du  potentiel. 
Note  de  ]\1.  À.  de  Sai\t-Germain,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  Appell. 

«   On  a  trÚs  nettement  établi  que,  lorsqu'elle  s'exerce  suivant  la  loi  de 

Newton,  l'attraction  d'une  masse  continue  S  sur  un  de  ses  points  A,  a  ses 

r    ■         .   .      1  1      ‱     ‱  ,■    u       (>^     f^^'    à\'  ,  ,       ^-    1 

composantes  imies  et  égales  aux  dérivées  partielles  j-,  -^,  -ptlu  potentiel; 

je  veux  montrer  qu'il  en  est  encore  de  mĂŽme  quand  l'attraction  varie  en 
raison  inverse  de  la  n''""*  puissance  de  la  distance,  pourvu  que  «  soit  infé- 
rieur à  4  ;  si  «  =  4?  ^  6st  infini  à  l'intérieur  de  S. 

»   Je  suppose  que  l'attraction  exercée  sur  le  |3oint  A  par  un  élément  de 

masse  dy.  situe  en  un  point  M  a  la  distance  n  du  point  A  soit  Ă©gale  a  — —, 

et  que  la  densité  en  chaque  point  de  S  soit  une  fonction  holomorphe  des 
coordonnées.  Si  au  point  A,  de  coordonnées  x,  y,  z,  la  densité  est  p,  au 
point  M,  dont  les  coordonnées  sont  a;  +  ç,  y -l- r,,  z-i-^,  elle  aura  pour 
expression 

^  ax  ay  oz  ' 

a  ayant  une  valeur  finie  qui  dépend  de  u  et  de  la  direction  AM. 

»  J'envisage  une  sphÚre  a,  de  trÚs  petit  rayon  s,  ayant  son  centre  au 
point  attiré  A,  et  je  décompose  S  en  deux  parties  :  l'une  S,  remplissant  le 
volume  G,  l'autre  So  extĂ©rieure  Ă   a.  Soient  X,  X,,  X„  les  composantes, 
suivant  l'axe  OX,  des  attractions  exercées  sur  A  pir  S,  S,,  S^;  V,  V,,  Va  les 


SÉANCE    DU    9    NOVEMBRE    igoS.  7^)7 

potentiels  de  ces  masses.  Le  point  A  ne  faisant  pas  partie  de  S^,  on  sait 
que  Xo  est  Ă©gale  Ă   --y";  on  a  donc  Ă©videmment 


X  -  —  -  X    -  ^ 
dx  '  '      ^        dx 


»    Si  nous  reconnaissons  queX,  et  '-j]-  décroissent  indéfiniment  avec  s. 

tandis  que  X  et -r-  ont  des  valeurs  déterminées,  X r-  sera  nécessaire- 

ment  nul. 

))  Considérons  d'abord  X,.  Je  décompose  S,  en  éléments  an  moyen  des 
coordonnées  polaires  u,  0,  <l),  H  étant  l'aiigle  de  AM  avec  OX,  et  j'ai 

r/jy,  =  (  p  +  a.  M  )  «*  s  i  M  0  r/w  f/0  dà , 

n  La  premiÚre  intégrale,  représentant  une  composante  de  l'attraction 
d'une  sphÚre  homogÚne  sur  son  centre,  est  nulle;  en  désignant  par  a,  un 
nombre  compris  entre  la  })lus  grande  et  la  plus  petite  des  valeurs  deoci  osO 
à  l'intérieur  de  g,  la  seconde  intégrale  a  pour  valeur 

À-/, 


■fff 


u"' 


n  étant  <^  'i.  X,  décroit  indcfuiiment  avec  s,  et  la  valeur  de  X  étant  finie  sera 
certainement  déterminée.  Si  A  était  sur  la  surface  qui  limite  S,  le  champ 
des  intégrales  (i)  serait  réduit  à  la  moitié  de  la  sphÚre  a  et  la  premiÚre 
de  ces  sommes  deviendrait  infinie,  eu  mĂȘme  temps  que  l'attraction, 
pour  n±?). 

»   Pour  calculer  -r--  je  mÚne,  parallÚlement  à  OX,   un  vectein*  A\'  de 

longueur  trĂšs  petite  A;  si,  en  A',   le  potentiel  de  S,    a  pour  valeur  V,, 

— .—  sera  Ă©gal  Ă   la  limite  de  —'—, — -  quaii  1  h  tendra  vers  zĂ©ro.  On  a  d'abord 

»  Représentons  maintenant  par  ce -^  h -h  ç,  y -i- i],  s  +  C  les  coordon- 
nées du  point  M,  par  u  la  distance  A'M;  l'expression  de  V,  sera  analogue 
Ă   celle  de  V,,  si  ce  n'est  qu'on  devra  nunplacer  'a.u  par  a//  -+-  p'h,  p'  ayant 

G.  K.,  igoĂŽ,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,   N-  19.)  97 


738  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pour  limite  -^  et  faire  varier  u  de  zéro  à  i  H-  k.,  k  s'anniilant  avec  h.  De 
cette  valeur  je  retranche  celle  de  V,,  je  divise  par  h  et,  pour  simplifier 
l'Ă©criture,  je  multiplie  tous  les  termes  par  — ; — ;  il  vient 

I      du 


(-) 


/;   u"- 


,ÂŁ  +  /. 


p'dii 


»  Quand  /;  et  k  tendront  vers  zéro,  la  premiÚre  des  intégrales  relatives 
à  zUendra  vers— ^  llmy-  Or  la  limite  de  j  est  —  cosO,  comme  on  le  voit 
géométriquement,  ou,  en  partant  de  la  relation 

£-=  (e  -f-  /.‱  )-+  h-  -+  ih(t  +  ^-)cosO; 

il  en  résulte  qu'en  passant  à  la  limite  la  premiÚre  des  intégrales  (2)  s'an- 
nule. Un  raisonnement  semblable  montre  que  la  seconde  a  pour  limite 
—  27Ăźaoe*~",  «2  avant  une  signification  analogue  Ă   celle  de  a,  :  la  limite  de 
la  troisiÚme  intégrale  s'aperçoit  aisément  et  l'on  trouve 

v; -V,      6)v,      iTit'-"  (    1     d? 


—  7,., 


Donc  -;— '  dĂ©croĂźt  indĂ©finiment  avec  ÂŁ  et  ^  a  une  valeur  finie  et  dĂ©ter- 
minée,  ce  qui  justifie  notre  proposition.  » 


THERMODYNAMIQUE.  —  Sur  les  lois  du  dĂ©placement,  de  l'Ă©quilibre  chimique. 
Note  de  M.  E.  Ar.iÈs,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Le  potentiel  total  H  d'un  systÚme  chimique  en  équilibre,  partagé 
en  o  phases,  peut  ĂȘtre  mis  sous  la  forme 

H  =  2H,         f.ç  =  (;i,a,...,(p)]. 

»  J.e  potentiel  H,  de  la  S'''"*^  phase  est  exprimé  en  fonction  de  la  pres- 
sion p,  de  la  température  T  et  des  proportions  moléculaires  x]  des  corps 
mĂ©langĂ©s  qui  constituent  la  phase,  proportions  qui  sont,  elles-mĂȘmes,  en 
vertu  des  Ă©quations  de  l'Ă©quilibre,  des  fonctions  de />  et  de  T  ('). 


(')  Voir  Comptes  rendus  du  27  juillet,  p.  253. 


SÉANCE    DU   9   NOVHMBRE    190'^.  739 

»   Le  volume  V,,  l'entropie  S^  de  la  S''"'*  phase,, le  potentiel  moléculaire 

et  individuel  Ii-  de  l'un  quelconque  des  corps  qui  la  forment  sont  donnés 

par  les  formules 

,  ,  „  _  an,  _  dH, 

(')  ^^-^'         -^■>-^' 

(2)  f'i=-d^^- 

))  L'indice  i,  s'appliquaiiL  à  l'un  des  q  constituants  indépendants  du 
systĂšme  ou  Ă   l'un  des  r  corps  qui  en  dcrivont,  peut  varier  de  i  a  q  +  r. 

M  Si,  par  suite  d'une  variation  élémentaire  de  la  pression  ou  de  la  tem- 
pérature, ou  des  deux  à  la  fois,  le  systÚme  passe  à  un  nouvel  état  d'équi- 
libre infiniment  voisin  du  premier,  on  aura,  en  différentiant  les  équa- 
tions (i), 

,,  Ft  —  (  I,  2,  .  . .,  <7  -f-  r)\. 

Ă»T  i)p    '  Ă l-  — i  (/ 1        ' 

»  Multipliant  la  premiÚre  de  ces  équations  par  dp,  la  deuxiÚme  par  dJ, 
puis  ajoutant  membre  Ă   membre,  il  vient 


(3) 


(  ./ V,  dp  -  ./S,  dT  ^  ^-  .///-■  4-  3  ^^  dp  dJ  +  ^^  dT^ 


))  Si  l'on  représente  par  rfV^  et  rfS^  les  variations  de  volume  et  d'entropie 
qui  se  seraient  produites,  si  les  modifications  élémentaires  dp  et  dT  n'avaient 
été  accompagnées  d'aucun  changement  chimique,  on  aura,  en  faisant  tous 
les  dx  nuls  dans  l'équation  précédente, 

<lKdp^-d^^.n=.''^d,r-^.^dpdV-,-'^dT. 
»   Et  l'équation  (3)  deviendra 

(dv.-dY'jdp  -  {ds,-ds:)dĂŻ-^^(^^dp  +  ^rrr)  r/^:. 

soit 

(4)  d.,dp-ds,dJ=^{^dp+§dT)da.:, 


7^0  ACADÉMIE    UliS    SCIENCES. 

d^>,  el  (hs  Ă©taiiL  les  variations  de  volume  el  d'eiilro|)ie  de  la  S"'""'  phase,  ducs 
Ă   l'action  chimique. 

>i  D'autre  part,  en  différentiant  l'équation  (2),  on  obtient,  pour  la 
variation  du  potentiel  AJ  dans  la  transformation  considérée, 

»  Multipliant  chaque  membre  par  dx]  et  ajoutant  les  (j -\- r  équations 
obtenues,  en  donnant  Ă   l'indice  i  les  valeurs  successives  i,  2,  ...,  (/-+-/', 
il  vient 

(5)  V'/>^;^-;==Z(f^^-f^T).^;../Mi., 

f/-Hj  représentant  la  différentielle  du  second  ordre  du  potentiel  H^,  quand 
<i!i  y  suppose/?  etT  constants. 

»   I^a  comparaison  des  formules  (4)  et  (5)  (!onne 

l<I/i]d.r]  =  *///)  -  ds/iV  -K  d-  if,. 

M  Reportons-nous  maintenant  au  systĂšme  tout  entier,  en  ajoutant 
membre  à  membre  les  ip  équations  semblables,  relatives  aux  différentes 
])hases;  le  premier  memljre  se  réduira  à  zéro;  c'est  en  effet  la  différence 
de  deux  quantités  nulles  d'aprÚs  les  lois  fondamentales  de  l'équilibre  chi- 
mique :  ces  quantités  sont  les  variations  du  potentiel  total  du  systÚme 
dans  les  deux  états  d'équihbre  coir  i  lérés 

1  a;  dxl- ,     et     1(  h]  -h  dh]  )  dx] , 

quand  on  suppose  la  température  et  la  pression  constantes,  et  qu'on  fait 
subir  aux  x  les  variations  compatibles  avec  les  liaisons  du  systĂšme,  varia- 
tions qui,  dans  le  cas  actuel,  ne  sont  autres  que   celles  nécessaires   au 
j)assage  du  premier  au  second  Ă©tat  d'Ă©quilibre. 
»   f^e  seconil  membre  est  donc  nul,  ce  qui  donne 

fh'dp  —  dsdT  ■+-  d-ll  =  o, 

en  désignant  par  dv  et  ds  les  variations  de  volume  et  d'entropie  du  systÚme 
tout  entier,  dues  à  V action  chimique,  et  par  d'W  la  différentielle  du  second 
ordre  de  H,  considéré  comme  une  fonction  des  x  seulement,  les  variations 
de  ces  x  étant  d'ailleurs  celles  réalisées  quand  le  systÚme  passe  du  j)remier 
au  second  Ă©tat  d'Ă©quilibre. 


SÉANCE    DU    9    i\OVEMBRE    IQoS.  74' 

»   Mais,  encore  d'aprÚs  les  lois  fonrlamenLales  de  l'équilibre  chimique, 

r/-H  est  positif;  il  ne  peut  ĂȘtre  nul  que  pour  un  Ă©tat  d'Ă©quilibre  indiffĂ©rent, 

les  dx  se  rapportant  Ă   une  transformation  Ă   tensions  fixes,  ce  qui  n'est  pas 

le  cas.  On  a  donc 

dvdp  —  dsdT  <^  o. 

»  Cette  inégalité,  suivant  que  l'on  y  fiil  dT  =  o  oadp  =  o,  exprime  les 
deux  lois  de  déplacenient  de  l'équilibre  attribuées  à  MM.  Le  Chatelier  et 
Van  t'Hoff;  elles  peuvent  s'Ă©noncer  trĂšs  simplement,  comme  il  suit: 

»  PremiĂšre  loi.  —  A  tempĂ©rature  constante,  le  changement  chimique  qui 
se  produit  sous  une  augmentation  de  pression  est  celui  qui  entraĂźne  une  con- 
densation de  la  matiĂšre. 

»  DeuxiĂšme  loi.  —  A  pression  constante,  le  changement  qui  se  produit  sous 
une  augmentation  de  la  température  est  celui  qui  absorbe  de  la  chaleur.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  CohĂ©sion  diĂ©lectrique  des  gaz  Ă   basse  tempĂ©rature. 
Note  de  M.  E.  Ißouty,  présentée  par  M.  Lippmann. 

<c  L'enceinte,  de  loo'  de  capacité  environ,  qui  contient  les  appareils, 
a  été  refroidie  à  l'aide  de  l'air  liquide.  L;i  température  était  donnée  par  un 
thermomĂštre  Ă   toluĂšne  graduĂ©  jusqu'Ă   —  ']5°,  mais  qui  permettait  de 
repĂ©rer  approximativement  les  tempĂ©ratures  jusqu'au  voisinage  de  —  loo". 

»  Les  mesures  ont  été  réalisées  à  volume  constant.  Voici,  à  titre 
d'exemple,  quelques  séries  de  nombres.  C  est  le  champ  critique  en  volts 
par  centimĂštre. 

»  Air.  —  Pression  rapporlĂče  Ă   17°  :  4"'", 076. 

t.  C. 

-Hi4,7  1930 

—38  1955 

—70  1953 

»   Pression  rapportée  à  17°:  5"^'",  089. 

t  C. 

+  12,5  ■‱2376 

—63  2887 


742  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  HydrogĂšne.  —  Pression  rapportĂ©e  Ă   17"  :  9^,667. 

t-  C. 

+  16,7  2167 

—20  3173 

-38  2i63 

-5i  2194 

-84  C)  2195 

—95  (')  2192 

»  Pour  l'acide  carbonique,  les  expériences  isolées  sont  un  peu  moins 
concordanles,  mais  les  mesures  relatives  à  des  températures  différentes  ne 
s'écartent  pas  plus  entre  elles  que  celles  qui  sont  réalisées  à  une  tempé- 
rature invariable. 

»  Rapprochant  ces  mesures  de  celles  que  j'ai  publiées  antérieurement  (  -  ), 
on  est  en  droit  d'affirmer  que  la  cohésion  diélectrique  d'un  gaz  à  volume 
constant  ne  varie  pas  de  ~  de  sa  valeur  entre  — 100°  et  ■+-  200°,  c'est- 
Ă -dire  dans  des  limites  oĂč  la  pression  varie  dans  le  rapport  2,7. 

»  On  peut  rapprocher  l'invariabilité  de  la  cohésion  diélectrique  avec  la 
température  de  celle  de  l'indice  de  réfraction  à  volume  constant,  vérifiée 
par  l'expérience  dans  des  limites  encore  plus  larges  (évaluation  des  tem- 
pératures par  le  déplacement  des  franges  d'interférence).  Si  l'on  joint  à  ces 
deux  éléments  la  constante  diélectrique,  liée  à  l'indice  par  la  relation  bien 
connue,  mais  relativement  Ă   laquelle  on  ne  possĂšde  aucune  mesure  Ă   haute 
ou  à  basse  température,  on  aura  épuisé,  je  crois,  la  liste  des  propriétés 
physiques  des  gaz  indépendantes  de  la  température,  à  volume  constant. 

»  Dans  la  théorie  des  ions,  on  admet  que  la  décharge  disruptive  se 
produit,  quand  les  ions  positifs  acquiĂšrent  dans  le  champ  une  vitesse 
suffisante  pour  ioniser  les  molécules  neutres.  A  volume  constant,  le 
chemin  moyen  des  ions  et  la  vitesse  acquise,  dans  un  trajet  Ă©gal  Ă   ce 
chemin  moyen,  sous  l'action  d'un  champ  constant,  sont  invariables.  Mes 
expériences  indiqueraient  donc  que  la  force  vive  minimum  que  doit  pos- 
séder un  ion,  pour  qu'il  puisse  ioniser  une  molécule  neutre,  est  indépen- 
dante de  la  température.    » 


(')  Températures  seulement  repérées. 

(-)   Voir  Comptes  rendus,  l.  CXXXVI,  p.  iC(6. 


SÉANCE    DU    9   NOVEMBRE    igoS.  74^ 


PHYSIQUE.     —   Sur  une  solution    pratique  du  problĂšme  de   la  photomĂ©lrie 
hétérochrome.  Note  de  M.  Charles  Fabiiy,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Malgré  de  nombreux  et  importants  travaux,  le  problÚme  de  la  photo- 
métrie  hétérochrome  ne  semble  pas  résolu  d'une  maniÚre  vraiment  pra- 
tique. Dans  la  comparaison  de  deux  sources  de  lumiĂšre  de  teintes  trĂšs 
différentes,  comme  un  arc  électrique  cL  un  étalon  à  flammes,  il  subsiste 
une  grande  part  d'incertitude  et  d'arbitraire.  Les  difficultés  ne  peuvent  que 
s'accroĂźtre  par  suite  de  l'introduction,  d;uis  la  pratique  de  l'Ă©clairage,  de 
sources  de  lumiĂšre  de  plus  en  plus  diverses. 

»  La  méthode  que  je  propose  consiste  à  utiliser,  pour  chaque  mesure  pho- 
tométrique, un  étalon  secondaire  {on  verra  plus  loin  par  quel  moyen-  trÚs 
simple  je  l'obtiens)  de  mĂȘme  teinte  que  la  lumiĂšre  Ă   mesurer.  La  compa- 
raison devient  facile,  et  les  mesures  de  lumiĂšres  analogues  deviennent 
parfaitement  comparables  entre  elles.  De  plus,  ces  divers  Ă©talons  secon- 
daires peuvent  ĂȘtre  comparĂ©s  avec  l'Ă©talon  fondamental  unique,  une 
fois  pour  toutes,  avec  tous  les  soins  possibles,  et  par  des  méthodes 
variées;  on  peut  adopter  pour  chacun  d'eux  une  valeur  fixe,  moyenne 
d'un  grand  nombre  d'observations;  en  un  mot,  résoudre  une  fois  pour 
toutes  les  difficultés  que  présentent  les  comparaisons  hétérochromes, 
au  lieu  de  les  laisser  subsister  dans  presque  toutes  les  mesures  indus- 
trielles. 

»  Pour  réaliser  ce  programme,  il  faut  évidemment  posséder  un  étalon 
secondaire  de  teinte  identique  à  chacune  des  sources  usuelles.  En  définitive, 
la  variété  des  teintes  étant  illimitée,  il  faut  disposer  d'une  infinité  d'éta- 
lons secondaires.  Il  n'est  cependant  pas  nécessaire  de  réaliser  toutes  les 
combinaisons  possibles  de  radiations  simples  en  diverses  proportions  :  deux 
lumiÚres  peuvent  avoir  des  compositions  spectrales  trÚs  différentes,  et 
produire  sur  l'Ɠil  des  sensations  colorĂ©es  identiques,  par  suite  se  prĂȘter  Ă  
des  comparaisons  photométriques  précises.  Il  suffit  de  réaliser  les  étalons 
secondaires  de  constitutions  telles  qu'ils  donnent  les  mĂȘmes  sensations  de 
couleur  que  les  diverses  sources  usuelles. 

»  L'expérience  m'a  montré  qu'on  peut  arriver  à  ce  résultat  en  interpo- 
sant devant  un  Ă©talon  Ă   flamme  (tel  qu'une  lampe  Carcel)  des  milieux 
absorbants  convenables. 


7^4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  J'ai   choisi   deux  liquides  absorbants,  de  compositions  bien  définies,  et  faciles  à 
reproduire  : 

I   Sulfate  de  cuivre  cristallisé is 

A.  '    Ammoniaque  à  22° 100''"' 


(   Eau.  Quantité  suffisante  jiour  fai 
Iode 


r.' I 


I   iode. 

B.  ‱    lodure  de  potassium 3s 

'   Eau.  Quantité  suffisante  jiour  faire i' 

»  Le  liquide  A  afiaiblil  la  partie  rouge  du  spectre,  B  la  partie  bleue.  Eu  faisant 
passer  la  lumiÚre  d'une  lampe  donnée  à  travers  des  épaisseurs  .r  ei  y  de  ces  liquides, 
on  peut  obtenir  une  infinité  de  teintes.  L'expérience  montre  que,  parmi  elles,  se 
trouvent  toutes  les  teintes  des  lumiÚres  utilisées  (y  compris  la  lumiÚre  solaire  et  celle 
de  l'arc  au  mercure  dans  le  vide)  et  probablement  de  toutes  les  lumiĂšres  utilisables 
pour  l'Ă©clairage.  Il  revient  d'ailleurs  au  mĂȘme  de  laisser  l'Ă©paisseur  constante  et  de 
faire  varier  la  dilution,  pourvu  que,  dans  le  liquide  A,  la  proportion  d'ammoniaque 
ne  s'Ă©carte  pas  trop  de  -jL. 

»  En  mĂȘme  temps  que  la  teinte,  cette  interposition  de  milieux  absorbants  modifie 
rintensilé.  On  a  détercniné,  une  fois  pour  toutes,  l'afTaililissement  produit  par  cette 
absorption,  et  ce  rappoi't,  fonction  de  a:  et  y,  peut  ĂȘtre  donnĂ©  dans  une  Talile  numĂ©- 
rique ou  par  une  formule  empirique,  que  j'indiquerai  dans  un  MĂ©moire  plus  Ă©tendu. 
Pour  la  confection  de  cette  Table,  les  comparaisons  liétérochromes  reparaissent  iné- 
vitablement, mais  elles  sont  faites  une  fois  pour  toutes.  Mes  expériences  ont  été  faites 
sur  la  lampe  Carcel,  mais  je  me  suis  assuré  que  les  nombres  sont  applicables  à  tout 
autre  étalon  à  flamme  de  teinte  peu  différente  (lampe  Ilefner,  lampe  à  essence),  et 
cela  par  des  expériences  précises  qui  ne  comportent  que  des  comparaisons  de  lumiÚres 
peu  difTĂ©rentes. 

»  Cela  posé,  pour  faire  une  comparaison  photométrique,  on  opérera  de 
la  maniĂšre  suivante  :  Soit  Ă   comparer  une  source  L  avec  un  Ă©talon  E.  On 
prendra  une  lumiĂšre  de  comparaison  H,  qui  sera  une  lampe  Carcel,  ou 
toute  autre  lumiĂšre  de  teinte  analogue,  qui  n'a  pas  besoin  d'ĂȘtre  connue 
en  valeur  absolue,  mais  devra  rester  invariable  pendant  la  mesure.  Elle  est 
placée  d'un  cÎté  du  photomÚtre,  avec  ses  cuves  absorbantes.  De  l'autre 
cÎté,  plaçons  la  source  L  à  mesurer,  mettons  dans  les  ctives  des  liquides 
tels  que  les  teintes  soient  égalisées,  puis  établissons  l'égalité  d'éclairement. 
RĂ©pĂ©tons  les  mĂȘmes  opĂ©rations  en  remplaçant  la  source  Ă   mesiuer  par 
l'Ă©talon,  les  mĂȘmes  ctives  (ou  des  cuves  identiques)  Ă©tant  remplies  de 
nouveaux  liquides  (de  l'eau  pure  si  E  est  un  Ă©talon  Ă   flamme).  Un  calcul 
trÚs  simple  donne  le  rapport  cherché. 

»    L'emploi  de  ma  méthode  ne  compliqtie  pas  notablement  les  comparai- 


SÉANCE    DU    9   NOVEMBRE    It^oS.  745 

sons  pholoinétriqiies:  la  mélhode  de  double  pesée  que  j'emploie  est  toujoms 
recommandable,  puisqu'elle  élimine  toute  erreur  provenant  des  défauts  de 
symétrie  du  photomÚtre;  l'expérience  sur  l'étalon  peut,  dans  une  série  de 
mesures,  n'ĂȘtre  faite  que  de  tem|)S  en  tenijis  pour  s'assurer  de  l'invariabi- 
lité de  la  source  de  com|iaraison.  Quant  à  la  confection  des  liquides,  elle 
est  des  plus  faciles,  et  peut  ĂȘtre  faite  une  fois  pour  toutes  pour  les  diverses 
sources  usuelles.  Enfin,  la  substitution  de  cuves  pleines  d'eau  Ă   des  cuves 
absorbantes  se  fait  instantanément  au  moyen  d'un  systÚme  de  glissiÚres 
convenables. 

»  J'espÚre  donc  que  l'emploi  de  cette  méthode  permettrait,  sans  com- 
plication notable,  d'apporter  plus  de  précision  dans  inie  question  souvent 
controversée.  Les  trÚs  grandes  difficultés  de  la  photométrie  liétérochrome 
seraient  ainsi  éliminées  de  la  pratique  courante,  et  reportées  sur  des 
mesures,  faites  une  fois  pour  toutes,  et  pour  lesquelles  il  serait  possible  de 
comparer  et  discuter  les  résultats  trouves  par  différents  observateurs  au 
moyen  de  diverses  méthodes.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  scmlillation  du.  sulfure  de  zinc  phosphorescent,  en 
présence  du  radium,  revivifiée  par  les  décharges  électriques.  Note  de 
M.  Th.  Tojimasina. 

«  M.  Henri  Becquerel,  dans  la  conclusion  de  sa  Note  du  27  octobre  : 
Sur  la  phosphorescence  scintillante  que  présentent  certaines  substances  sous 
l'action  des  rayons  du  radium,  disait  :  Ces  faits  établissent  sinon  une  démon- 
stration, du  moins  une  grande  présomption  enjaveur  de  r hypothÚse  qui  attri- 
buerait la  scintillation  à  des  clivages  provoqués  irréguliÚrement  sur  l'écran 
cristallin  par  r action  plus  ou  moins  prolongée  des  rayons  x  (').  Comme  les 
résultats  de  mes  expériences  confirment  cette  hypothÚse,  j'ai  l'honneur  de 
signaler  à  l'Académie  quelques  faits  nouveaux  qui  semblent  élucider  davan- 
tage ce  qui  doit  se  passer  dans  ce  curieux  et  trÚs  intéressant  phénomÚne. 

»  M.  Rulherford,  de  passage  à  GenÚve  au  mois  de  juin  dernier,  eut 
l'amabilité  de  préparer  sous  mes  yeux  le  spinthariscape  de  sir  William 
Crookes  et  de  me  donner  ensuite  les  deux  petits  Ă©crans  au  sulfure  de  zinc 
phosphorescent.  M.  Rutherford  appelait  ce  phénomÚne  la  scintillation  du 
zinc;  avant  son  dĂ©()art,  je  lui  ai  annoncĂ©  que  j'avais  obtenu  la  mĂȘme  scin- 

(')   Comptes  rendus,  t.  C.XXWll,  p.  631. 

C.  K.,  1903,  1'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N«  19)  98 


74tJ  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

tillatioii,  bien  que  moins  brillante,  sur  un  Ă©cran  au  p'atinocyanure  de 
baryum,  et  que  l'on  pouvait  revivifier  par  les  décharges  électriques  la  scin- 
tillation des  écrans  qui  avaient  été  placés  entre  deux  lames  minces  en 
verre. 

«  AprÚs  quelques  jours  d'observation,  les  écrans,  enveloppés  dans  le 
mĂȘme  papier,  l'un  collĂ©  sur  verre  du  cĂŽtĂ©  actii  et  l'autre  nu,  mais 
retourné  contre  le  verre  du  premier,  ont  été  renfermés  dans  une  armoire 
obscure.  Tout  récemment  on  les  a  replacés  sous  le  microscope  et  l'on  a 
constaté  que  : 

«  1.  L'éclat  de  Ja  phosphorescence  était  presque  identique  sur  les  deux  écrans  et 
senablait  n'avoir  point  diminué; 

»  2.  L'écran  collé  contre  verre  ne  présentait  plus  aucune  scintillation  et  sa  phospho- 
rescence semblait  distribuée  également  sur  toute  la  surface; 

»  3.  L'écran  nu  présentait  plusieurs  points  noirs  et  un  seul  point  brillant,  mais  sans 
scintillation. 

»  1^'on  a  entrepris  la  revivification  par  les  décharges,  simplement,  au 
moyen  d'un  bùton  de  résine  et  d'un  bùton  de  verre,  frottés,  et  l'on  a 
reconnu  que  : 

»  1.  La  revivification  avait  lieu,  soit  par  les  décharges  positives,  soit  par  les  néga- 
tives; des  décharges  successives  alternalivemenl  de  signe  contraire  semblaient  l'ac- 
célérer davantage; 

«  2.  L'écran  nu  avait  encore  les  points  noirs,  mais  avait  acquis  une  scintillation 
beaucoup  plus  intense  que  l'autre  écran,  comparable  à  celle  qu'il  possédait  au  com- 
mencement lorsqu'on  avait  écrasé  sur  le  sulfure  phosphorescent  de  minuscules  frag- 
ments de  chlorure  de  baryum  et  de  radium. 

»  Ces  faits  peuvent  ĂȘtre  attribuĂ©s  :  soit  Ă   l'action  purement  mĂ©canique 
due  aux  attractions  et  répulsions  des  corps  électrisés  qu'on  présente,  les- 
quelles, en  agissant  sur  les  fragments  plus  mobiles  des  sulfures,  les  dé- 
rangent et  mettent  Ă   jour  de  nouvelles  facettes  encore  intactes;  soit  Ă  
l'électrisation  que  les  cristaux  reçoivent  et  aux  petites  décharges  qui  en 
résultent  et  produisent  le  renouvellement  partiel  et  irrégulier  des  clivages. 

«  En  effet,  il  a  été  facile  de  reconnaßtre,  en  fixant  leurs  positions  dans 
le  champ  de  la  loupe,  et  Ă   la  lumiĂšre  du  jour,  que  les  points  noirs  corres- 
pondaient à  des  cavités  ou  interruptions  plus  ou  moins  protondes  de  la 
couche  cristalline.  En  outre,  des  observations  successivement  alternées  à  la 
lumiÚre  et  dans  l'obscurité  ont  permis  d'établir  que  la  mise  au  point 
exacte  pour  voir  toute  la  scintillation  se  trouve  ĂȘtre  celle  qui  permet  la 
vision  nette  des  arĂȘtes  plus  proĂ©minentes  des  cristaux  de  la  couche  supĂ©- 


SÉANCE    DU   9   NOVEMBRE    igo3.  74? 

rieure.  Celle  derniÚre  constatation  et  la  précédente  de  la  nature  des  points 
noirs  ou  obscurs  montre  que  dans  l'intérieur  de  la  couche,  entre  les  cris- 
taux, il  n'y  a  point  de  scintillalion  ;  l'aclion  est  donc  limitée  à  la  surface  et 
semble  indiquer  l'origine  électrostatique  du  phénomÚne  lumineux,  lequel 
consistait  en  une  production  irrĂ©guliĂšre  de  petites  dĂ©charges  lĂ   oĂč  se  pro- 
duisent les  modifications  des  clivages. 

»  Celle  explication  donnerait  la  raison  des  intermittences  qui  caracté- 
risent la  scintillation,  intermittences  trop  lentes  pour  ĂȘtre  de  l'ordre  de 
grandeur  des  actions  Ă©lectroniques  directes,  si  l'on  compare  les  dimensions 
de  ce  qu'on  voit,  avec  celles,  extrĂȘmement  petites,  que  le  calcul  attribue 
aux  Ă©lectrons.  Il  faudra  donc  admettre  que  chaque  petit  cristal  ne  devient 
suffisamment  électrisé,  pour  produire  une  décharge  disruplive  et  modifier 
sa  forme,  qu'aprÚs  avoir  reçu  un  nonTbrctrÚs  grand  de  chocs  par  les  parti- 
cules constituantes  des  rayons  a.  Probablement  ces  particules  rebondis- 
santes aprĂšs  le  choc  constituent  la  substance  mĂȘme  qui  rend  lumineuses  les 
petites  décharges.  » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Remarques  sur  le  dernier  groupe  de  taches  solaires 
et  les  perturbations  magnétiques.  Noie  de  M.  F.  Quéxisset,  présentée 
par  M.  Mascarl. 

«  Le  dernier  groupe  de  taches  solaires  qui  est  passé  au  méridien  central 
le  3i  octobie,  de  g**  à  24'',  et  qui  a  déterminé  à  la  surface  de  la  Terre  une 
perturbation  magnétique  si  intense  n'était  pas,  en  sonune,  trÚs  consi- 
dérable. 

M  Ainsi  que  le  montrent  lesj  photographies  que  nous  avons  prises  Ă  
l'observatoire  de  Naiilerre,  ce  groupe  occu|)ait  sur  le  Soleil,  le  3i  octobre, 
une  étendue  égale  seulement  au  tiers  de  celle  occupée  par  les  grandes 
taches  du  1 1  octobre  qui  n'ont  cependant  occasionné  relativement  qu'une 
faible  perturbation  ('). 

»  Peut-Îlre  dans  le  cas  de  la  derniÚre  tache  du  3i  faut-il  tenir  compte 
des  immenses  facules  qui  l'entouraienl  et  surtout  la  suivaient  sur  plus 
de  200000''"'  de  longueur.  Elles  étaient  si  intenses  qu'elles  ont  été  pholo- 
gra|)hiĂ©es  mĂȘme  le  jour  tle  leur  passage  au  mĂ©ridien  central.  On  a  rare- 
ment observé  et  photographié  des  facules  aussi  étendues. 


(1)  En  relard  sensible  sur  le  moment  du  passage  au  méridien  central. 


748  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  I>es  photographies  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie 
montrent  nettement  ces  immenses  facules  ainsi  que  la  différence  remar- 
quable d'Ă©tendue  entre  les  deux  groupes  de  taches  en  question. 

»  Il  y  a  donc  lieu  de  supposer  que  la  derniÚre  perturbation  magnétique 
a  été  occasionnée  beaucoup  plus  par  lesfacules  ou  l'état  particulier  d'agi- 
tation de  la  chromosphĂšre  que  par  la  tache  elle-mĂȘme.  Des  photographies 
spectrales  faites  par  la  belle  méthode  de  MM.  Haie  et  Deslandres  nous 
apporteraient  probablement,  dans  ce  cas,  des  indications  utiles.    » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.   —  Sur  la  transparence  de  la  mer. 
Note  de  M.  Thoulet. 

«  De  nombreux  observateurs  ont  étudié  la  transparence  de  la  mer  en 
diverses  localités,  en  mesurant  la  distance  verticale  à  laquelle  apparaßt  ou 
disparaßt  à  la  vue  un  disque  blanc  immergé.  Cette  distance  est  la  transpa- 
rence, pour  la  localitĂ©  et  le  moment  oĂč  la  mesure  est  effectuĂ©e. 

))  Je  me  suis  proposé  l'étude  synthétique  de  ce  caractÚre  particulier 
des  eaux  marines  et,  dans  ce  but,  j'ai  opéré  de  la  maniÚre  suivante  : 

»  Une  caisse  en  bois,  blanche  à  rintérieur,  noire  à  l'evlérieur,  a  sa  paroi  verticale 
percée  d'une  ouverture  ronde  de  3""  de  diamÚtre  bouchée  par  un  mince  papier  huilé. 
A  20"°  en  arriÚre,  on  installe  une  bougie  et,  successivement,  diverses  sources  lumi- 
neuses, bec  de  gaz  papillon  plus  ou  moins  ouvert,  bec  Auer,  lumiĂšre  oxjhydrique 
dont  l'intensité  lumineuse  est  chaque  fois  évaluée  en  unités  bougie  placées  à  ao"""  par 
le  procédé  ordinaire  de  la  tache  d'huile.  De  l'autre  cÎlé  de  l'ouverture,  on  installe 
une  lunette  horizontale,  composée  de  deux  cylindres  métalliques  élanches  dont 
chacun,  à  une  extrémité,  est  terminé  par  une  glace  verticale  et  susceptibles  de  rentrer 
à  volonté  l'un  dans  l'autre.  On  remplit  la  lunette  avec  de  l'eau  contenant  une  quantité 
connue  de  kaolin  fin,  préalablement  lévigé  et  soigneusement  débarrassé  de  toute 
matiÚre  étrangÚre.  Une  graduation  permet  de  mesurer  exactement,  à  chaque  expé- 
rience, la  dislance  entre  les  deux  glaces  parallĂšles  c'est-Ă -dire  l'Ă©paisseur  de  l'eau 
bourbeuse  nécessaire  pour  faire  disparaßtre  à  la  vue  la  source  lumineuse.  Le  dosage 
du  kaolin  s'eflfeclue  trÚs  aisément  par  l'évaporation  et  la  dessiccation  à  5oo°  d'un 
volume  connu  d'eau  bourbeuse. 

»  On  peut  donc  faire  varier  à  volonté  :  l'intensité  de  la  source  lumineuse,  la 
distance  de  la  lunette  Ă   cette  source,  la  proportion  d'argile  contenue  dans  le  liquide, 
enfin  l'épaisseur  d'eau  bourbeuse  de  turbidilé  connue,  nécessaire  pour  cesser  d'aper- 
cevoir l'ouverture  éclairée. 

»   Les  expériences  ont  conduit  aux  conclusions  suivantes  : 

»   La  courbe  qui   relie   l'épaisseur  y,    exprimée  en  dixiÚmes  de  milli- 


SÉANCE    DU    9   NOVEMBRE    igoS.  749 

mĂštre,  d'une  solution  rendue  plus  on  innins  opaqne  par  l'addition  (Win 
poids  .r  variable  et  ex(irimé  en  grammes  par  litre  d'argile  fine,  avec  ce 
poids  d'argile,  épaisseur  nécessaire  pour  faire  disparaßtre  à  la  vue  un  ccTcle 
blanc    marqué    sur   un    fond   noir,    est   une   hyjierbole   équilatÚre    de   la 

forme  ccy  =  e  d'oĂč  l'on  tire,  par  consĂ©quent,  J7  =  -‱ 

»  La  forme  d'byperbole  équilatÚre  persiste,  quelles  que  soient  l'intensité 
de  la  source  lumineuse  et  la  proportion  de  matiĂšre  argileuse  en  suspension. 

»  L'intensité  de  la  source  lumineuse  possÚde  une  influence  réelle,  mais 
assez  faible,  sur  la  transjjarĂšnce. 

»  Le  diamĂštre  apparent,  ou,  ce  qui  revient  au  mĂȘme,  l'Ă©loignement  de 
la  source  lumineuse,  est  sans  influence  sensible. 

»  La  valeur  de  e  change  avec  l'intensité  lumineuse,  depuis  78 
pour  0,75  bougie,  jusqu'Ă   i54  pour  1 19  iiougies.  La  valeur  la  plus  conve- 
nable Ă   choisir  pour  s,  dans  les  conditions  les  plus  ordinaires  oĂč  se  font 
ces  mesures  Ă   la  mer,  paraĂźt  ĂȘtre  e  =  4o. 

»  Ou  peut  ainsi  doser  le  poids  de  sédiments  en  suspension  par  litre 
d'eau  de  luer.  C'est  ainsi  que  l'eau  de  la  Méditerranée  orientale,  dont  la 
transparence  moyenne,  suivant  Luksch,  serait  de  33"",  contiendrait  par 
litre  0^,00012  de  matiĂšres  argileuses,  ou  leur  Ă©quivalent  en  plankton. 

»  Les  mesures  se  prennent  avec  une  boule  de  cuivre  ayant  o^.iS  de 
diamĂštre,  peinte  en  blanc,  susceptible  de  se  lester  plus  ou  moins,  qu'on 
suspend  à  une  fine  cordelelte  graduée  de  mÚtre  en  mÚtre,  et  qu'on  laisse 
descendre  verticalement  dans  la  mer.  On  observe  avec  une  lunette  d'eau  ; 
on  mesure  la  distance  Ă   laquelle  apparaĂźt  ou  disparaĂźt  la  boule,  ce  qui 
donne  la  transparence,  et  l'on  applique  la  formule  xj  =  4o.    » 

AÉRONAUTIQUE.  —  L' emploi  des  ballons  Ă   ballonnet  d' aprĂšs  la  thĂ©orie 
du  rrÚnéral  iVeusnier.  Noie  de  M.  Hexrv  de  La  Vaulx,  présentée  par 
M.  Maurice  Levy. 

«  Le  général  Meusnier  posait  en  l'aniice  1783,  au  lendemain  de  la  pre- 
miÚre ascension  d'un  aérostat  gonflé  à  l'hydrogÚne  par  Charles  et  Robert, 
la  loi  suivante  de  l'équilibre  aérostatique  : 

»   La  zone  de  navigation  normale  d'un  ballon  est  sa  zone  de  plénitude. 

»  Malheureusement  celte  zone  s'élÚve  progressivement  dans  le  cours 
d'un  voyage  aérien,  à  mesure  que  le  lest  se  dépense  et  que  le  ballon  perd 
du  gaz.  Nombreux  sont  les  inconvénients  qui  résultent  de  cette  loi. 


75o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  1  °  L'aéronaute  ne  peut  utiliser  le  courant  de  direction  et  de  vitesse  qui 
lui  paraĂźt  le  plus  favorable. 

»  2°  Si  la  zone  de  plénitude  du  ballon  se  trouve  au-dessus  des  couches 
de  nuages,  l'aéronaute  perd  la  terre  de  vue  et  ne  connaßt  plus  sa  direction 
ni  sa  vitesse,  situation  trÚs  dangereuse  lorsqu'il  n'est  pas  trÚs  éloigné  d'une 
mer  ou  d'une  frontiĂšre  ennemie. 

M  3°  Dans  les  voyages  de  longue  durée  par  suite  de  l'élévation  toujours 
croissante  de  la  zone  de  plénitude,  l'aéronaute  se  trouve  à  la  fin  du  voyage 
emportĂ©  Ă   des  altitudes  souvent  pĂ©nibles  oĂč  tout  l'organisme  Ă©prouve 
les  plus  grands  malaises.  C'est  ainsi  que,  dans  mon  ascension  de  Paris  Ă  
Korostychew,  gouvernement  de  Kiew,  Russie  (1925'""  en  35  h.  45  min.) 
je  fus  amené,  pendant  la  seconde  nuil  du  voyage,  à  des  altitudes  voisines 
de  6000"'.  , 

»  4*^  L'aéronaute  arrivé  à  de  hautes  altitudes  doit  garder  en  réserve, 
pour  régler  la  descente  finale  du  ballon,  une  quantité  de  lest  d'autant  plus 
grande  qu'il  sera  monté  plus  haut;  donc,  abréviation  du  voyage. 

»  Le  jour  mĂȘme  oĂč  le  lieutenant  Meusnier  dĂ©terminait  les  lois  de  l'Ă©qui- 
libre d'un  ballon  et  ses  conséquences,  il  en  indiquait  aussi  le  remÚde, 
c'est-à-dire  donnait  à  l'aéronaute  les  moyens  de  choisir  à  son  gré  sa  zone 
de  navigation. 

»  Pour  cela  il  lui  conseillait  de  ménager  dans  le  ballon  une  capacité  parti- 
culiÚre destinée  à  renfermer  de  Pair  atrnosp/iérique.  Autrement  dit,  il  lui  con- 
seillait d'adapter,  Ă   son  ballon,  un  ballonnet  Ă   air.  Le  rĂŽle  du  ballonnet 
revient  à  diminuer  ou  à  augmenter  le  volume  occupé  par  le  gaz  du  ballon 
en  introduisant  ou  en  rejetant  de  ce  ballonnet  une  quantité  d'air  voulue. 
L'aéronaute  arrive  ainsi  à  déterminer  à  son  gré  la  zone  de  plénitude,  c'est- 
Ă -dire  la  zone  d'Ă©quilibre  du  ballon. 

»  Jusqu'en  1903  les  remarquables  idées  de  Meusnier  sur  l'équilibre  de 
l'aérostat  à  volume  varuible,  restÚrent  sans  application,  bien  que,  dans  un 
magistral  Mémoire  publié  dansV  Aéronautique  an  1884,  M.  le  colonel  Renard 
ait  développé,  d'une  façon  trÚs  complÚte,  des  idées  tout  à  fait  analogues 
à  celles  de  Meusnier.  Des  ballons  captifs  et  des  aéronats  furent,  il  est 
vrai,  munis  de  ballonnets,  mais  le  seul  rĂŽle  de  ces  derniers  Ă©tait  de  main- 
tenir la  permanence  de  la  forme.  Je  munis  aussi  le  Méditerranéen  d'un  bal- 
lonnet, mais  comme  cet  aérostat  ne  fit  jusqu'à  présent  que  des  expériences 
à  basse  altitude,  je  ne  pus  contrÎler  les  observations  du  général  Meusnier. 

»   Celle  année,  deux,  ballons   munis  de  ballonnets   l'ureul  expérimentés  presque  en 
uiéiue  lenips  :  (Tahordle  Saint-Louis,  aérostat  de  Sooo'"''  appartenant  à  M,  Jacques  Bal- 


SÉANCE    DU    9    NOVEMBRE    ipoS.  7';i 

san,  puis  le  Djinn,  ballon  de  iGoo"'  appartenanl  à  M.  Broët.  Le  Saint-Louis  fil  à  la 
fin  (le  janvier  igoS  un  voyage  oĂč  M.  Balsan  constata  que  sa  zone  de  plĂ©nitude  Ă©tait 
considérablement  abaissée.  Le  Djinn  fit  à  son  tour  deux  voyages  au  mois  de  mars  et 
au  mois  de  juillet  oĂč  je  pus  constater  les  mĂȘmes  rĂ©sullats.  Ces  deux  ballons  avaient  un 
ballonnet,  mais   une  manche  d'appendice  ouverte;  il  Ă©tait  donc  possible,  en  introdui- 


cĂŽne  d'Ă©coulement. . 


'jpifdu  uu  cone  d  Ă©coulement 


■  ■roupape   supĂ©rieure 


‱Jolet   de  dĂ©chirure 
du      ballon 


soupape  Ăš  <3ir  du  bsllonnet 
itianeite    J    air 


corde    de  mĂąncei'vre 
du  volet  de  déchirure  du  talion _ 

torde  de  manƓuvre  delà  soupape ù  àir. 

ventilateur 


volet   de  dechiruro 
du    ballonnet 


soupape  d  Ă ir  du  ballonnet 

soupape  intĂ©rieure  ĂȘ  QĂ z 

--manche  temom  Ă   QĂąz 

.corde  de  manoeuvre  du  liĂ lionnet 

,.       corde,  de  rnenceuvre 
de  là  soupepe  inréricure  i  QàZ 

..corde  de  m^nceuvre  de  lĂ   soupape  Ă   <3ir 


egede  de  manoeuvre  de  lĂ   soapspii  iupe'rieure:^''''''''     , 

Le  Djinn,  ballon  Ă   hallonnet. 

sant  de  l'air  dans  le  ballonnet,  de  limiter  la  zone  de  plénitude  du  ballon,  mais  il  était 
impossible  de  faire  la  manƓuvre  inverse,  c'est-à-dire  de  rejeter  l'air  du  bnllonnet  et 
de  rehausser  la  zone  de  plénitude,  c'est-à-dire  la  zone  d'équilibre  du  ballon.  C'est 
alors  que  je  résolus  de  supprimer  la  manche  d'appendice  et  de  la  remplacer  par  une 
soupape  s'ouvrant  sous  une  pression  déterminée,  plus  ou  moins  forte,  selon  les  cas, 
que  les  pressions  des  soupapes  du  ballonnet  Ă   air. 

»   Le  troisiÚme  voyage  du  Djinn  ainsi  équipé  fui  exécuté  le  26  septembre  dernier. 
Le  capitaine  Voyer  et  le  comte  d'Oultremont  avaient  pris  place  à  mes  cÎtés  dans  la 


^52  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nacelle.  La  forte  rosée  de  la  nuit  nous  força  à  monter  peu  de  temps  aprÚs  le  départ  à 
une  altitude  de  1200"".  Pendant  cette  montée,  nous  pûmes  nous  rendre  compte  du 
parfait  fonctionnement  de  la  soupape  d'appendice  Ă   gaz.  Les  phares  de  la  cĂŽte  nor- 
mande approchaient  et  nous  décidions  de  tenter  la  traversée  de  la  Manche;  il  était 
préférable,  pour  cette  traversée,  de  nous  maintenir  à  ba'-se  altitude.  Profitant  d'un 
mouvement  de  descente  du  ballon,  nous  envoyons  de  l'air  dans  le  ballonnet  et  nous 
nous  équilibrons  à  une  hauteur  maxima  de  3oo".  La  Manche  est  traversée;  nous 
passons  l'estuaire  de  la  Tamise  et  le  jour  se  lĂšve.  Le  ciel  est  complĂštement  couvert; 
notre  direction  est  tangente  Ă   la  mer  du  Nord.  Un  ballon  sans  ballonnet  s'emballerait 
en  hauteur  sous  l'influence  de  la  radiation  solaire,  traverserait  la  couche  de  nuages, 
exposant  les  aéronautes  à  une  situation  d'autant  plus  critique  que  le  vent  des  régions 
supérieures  porte  vers  le  nord,  un  peu  est,  c'est-à-dire  vers  la  mer.  Grùce  au  ballonnet 
que  nous  remplissons  d'air  au  moyen  de  notre  ventilateur,  le  Djinn  s'Ă©quilibre  entre 
Sco""  et  400",  puis  il  monte  trĂšs  doucement,  se  maintenant  toujours  au-dessous  des 
nuages  et  nous  permettant  ainsi  une  descente  rapide  en  cas  de  danger.  Nous  sommes 
à  1000'"  environ  ;  un  immense  golfe  se  présente  devant  nous,  c'est  le  Wash.  Nous 
lançons  un  papier  vers  la  terre  et  nous  remarquons  que,  dans  les  couches  qui  se  rap- 
prochent du  sol,  notre  papier  prend  une  direction  nord-ouest  qui  lui  fait  Ă©viter  le 
golfe.  Nous  nous  laissons  descendre  et,  grĂące  Ă   l'air  que  nous  envoyons  Ă   noiuveau 
dans  le  ballonnet,  nous  nous  rééquilibrons  dans  ces  courants  inférieurs  et  pouvons 
ainsi  Ă   notre  tour  Ă©viter  la  mer.  Enfin,  nous  traversons  l'estuaire  de  la  riviĂšre  IJunber; 
la  cĂŽte,  vers  ce  point,  fuit  fortement  vers  l'ouest  laissant  devant  nous  la  mer  libre.  Il 
serait  téméraire  de  continuer  notre  voyage  et  nous  descendons  à  Carlham  Ilill.  comté 
d'York. 

»  Le  voyage  a  duré  16  heures  4o  minutes  et  nous  avons  encore  216''?  de  lest  à  bord. 
GrĂące  au  ballonnet  nous  avons  donc  pu  constamment  choisir  notre  altitude  et  nous 
Ă©quilibrer  dans  les  courants  qui  nous  Ă©taient  le  plus  favorables;  en  outre  nous  avons, 
grùce  à  ce  systÚme,  économisé  notre  lest  et  malgré  un  voyage  de  16  heures,  sans  la 
présence  de  la  mer  du  Nord,  le  Djinn  aurait  pu  encore  fournir  une  course  trÚs  longue. 
Enfin,  le  3o  octobre  dernier,  \e  Djinn,  gonflé  en  partie  à  l'hydiogÚne  et  emportant, 
outre  M.  de  Castillon  et  moi,  prÚs  de  iooo''8  de  lest,  s'élançait  à  5''20'"  du  soir  dans 
l'atmosphÚre.  En  plus  des  perfectionnements  apportés  à  la  derniÚre  ascension,  leDjinn 
était  muni,  à  sa  partie  supérieure,  d'aprÚs  les  données  d'Henri  Hervé,  d'un  cÎne 
d'Ă©coulement  destinĂ©  Ă   empĂȘcher  l'eau  de  pluie  de  s'accumuler  sur  le  haut  du  ballon 
et  de  le  surcharger.  Comme  pour  rendre  l'expérience  plus  probante,  le  départ  eut 
lieu  par  une  pluie  torrentielle  qui  se  prolongea  pendant  les  deux  premiĂšres  heures 
du  voyage.  GrĂące  au  cĂŽne  d'Ă©coulement,  le  ballon  se  maintenait  en  bon  Ă©quilibre, 
ne  perdant  pas  plus  de  lest  qu'un  ballon  de  mĂȘme  cube  par  beau  temps.  Vers  S*" 
du  soir,  alors  que  nous  étions  équilibrés  à  1200"  ou  i3oo"  de  hauteur,  la  neige  se 
mit  à  tomber  fortement  et  à  surcharger  énormément  le  ballon.  Il  fallut  jeter  du 
lest  en  grande  quantité,  car  jusqu'ici,  aucun  cÎne  d'écoulement  n'est  efficace  contre 
la  neige  qui  s'accumule  sur  des  parois  presque  verticales.  Pendant  toute  la  nuit  ces 
avalanches  de  neige  se  continuÚrent;  et  nous  dûmes  dépenser  la  quantité  phénomé- 
nale de  65o''s  de  lest  afin  de  n'ĂȘtre  pas  rejetĂ©s  sur  le  sol;  puis  cette  neige  fondit  pro- 
gressivement délestant  d'une   façon  dangereuse  un   ballon  comme  le  Djinn  gonflé  à 


SÉANCE    DU    9    XOVKMIüRE    I0o3.  753 

l'hydrogÚne  pur.  Un  aéroslat  sans  ballonnet  aurait  été  de  ce  fait  aspiré  dans  des  régions 
voisines  de  5ooo"»  ;  les  aéronaules  auraient  sotifi'ert  du  froid  excessif  de  ces  hautes 
altitudes  et  auraient  sans  doute  été  forcés  d'interrompre  leur  ascension.  Grùce  au 
ballonnet  que  nous  remplissions  d'air,  nous  ne  dĂ©passions  pas  l'altitude  de  2200ℱ,  et, 
sans  la  proximité  des  glaciers  au  milieu  desquels  il  aurait  été  téméraiie  de  se  lancer 
par  ce  temps  de  perturbations  atmosphériques  et  de  brouillard  intense,  nous  pouvions 
continuer  sans  danger  notre  voyage.  Nous  atterrissions  Ă   8^  du  matin  dans  le  Doubs 
aprĂšs  i5  heures  de  voyage  et  avec  35o''s  de  lest  encore  disponible. 

»  Je  pense  donc  que  rulililé  du  ballonnet  est  pratiquement  démontrée; 
grùce  à  lui  l'aéronaute  se  rend  maßtre  de  l;i  zone  de  navigation.  Il  l'abaisse 
en  inlrodni.sant  de  l'air  dans  le  ballonnet  ou  l'Ă©lĂšve  en  Ă©vacuant  une  |ior- 
tion  de  cet  air  ;  il  peut  donc  choisir  Ă   tout  moment  le  courant  qui  lui  convient 
le  mieux.  Dans  les  ascensions  de  longue  durée,  il  évitera  les  altitudes  trop 
élevées  et  le  séjour  dans  l'almosphÚre  sera  moins  fatigant  et  |ilus  agréable. 
Que  l'on  joigne  au  ballon  Ă   ballonnet  un  cĂŽne  d'Ă©coulement  pour  la  pluie 
et  l'on  aura  un  aérostat  susceptible  de  multiples  applications  pratiques.  » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  Conditions  de  sĂ©paration  de  l'iode  sous  forme  d'iodure 
cuivreux,  dans  un  mélange  de  chlorures,  bromures  et  iodures  alcalins.  Note 
de  MM.  H.  lÎAUBiGNY  et  P.   Rivals,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  Troost. 

»  La  sĂ©paration  de  l'iode  par  distillation  en  chauffant  le  mĂ©lange  oĂč  il  a 
pris  naissance  par  l'action  d'un  oxydant  et  d'un  acide  faible,  sans  ĂȘtre  tou- 
jours im|iralicable,  est  du  moins  délicate  parce  qu'elle  est  souvent  impar- 
faite à  cause  de  l'oxvdabililé  de  ce  corps.  L'iode  peut,  en  effet,  sous  des 
influences  nombreuses,  Ă   chaud  surtout,  se  Iranslormcr  partiellement  en 
acide  iodique  fixe.  Nous  l'avons  vu  lors  de  l'emploi  de  l'acide  borique 
avec  un  excĂšs  de  bioxyde  de  manganĂšse.  C'est  le  cas  Ă©galement  dans 
d'autres  méthodes. 

»  Nous  avons  donc  cherché  à  éviter  cette  distillation  de  l'iode,  sans 
verser  toutefois  dans  l'usage  des  solvants,  CHCl'  ou  CS^,  comme  mode  de 
séparation.  Car,  outre  les  causes  d'erreur  que  ce  mode  opératoire  com- 
porte, les  lavages  et  décantations  répétés  qu'il  exige,  aussi  bien  des  eaux 
mĂšres  avec  le  solvant  extracteur,  que  de  ce  dernier  avec  l'eau  pure  ensuite, 
le  rendent  long  et  fastidieux. 

»  L'emploi  des  sels  de  cuivre  qui  nous  ont  servi  à  séparer  le  chlore  et  le 
brome  dans  une  dissolution  de  chlorures  et  tic  bromures,  nous  a  amenés 
naturellement  à  revoir  le   procédé  de  dosage  de  l'iode,  en  l'isolant  tout 

G.   R.,   iqoi,  2-  Semestre.  (T.  CXWVII.  N"  19.)  '.(V* 


■75/1  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

d'abord  sous  forme  d'iodure  cuivreux  insoluble.  Nous  n'avons  pu  que  con- 
firmer nos  devanciers.  En  Irailant  un  iodureparun  sel  cuivrique,  pris  tous 
deux  à  l'élat  dissous,  la  séparation  de  l'io  le,  moitié  comme  Cu-I\  moitié 
comme  iode  libre,  n'est  jamais  complÚte,  parce  que  la  réaction  est  réver- 
sible, et  l'erreur  par  défaut  est  d'autant  plus  sensible  que  le  volume  de 
la  solution  est  plus  fort. 

»  Ainsi  nous  avons  observé  qu'en  laissant  tomber  dans  20"°°'  d'eau  ren- 
fermant du  CuSO\  i""' d'une  solution  de  IR  Ă   2^  au  litre  (soit  0^,002  RI), 
le  liquide  reste  parfaitement  limpide.  Il  est  vrai  que  par  l'addition  de  2  Ă  
3  gouttes  d'une  liqueur  d'un  sel  ferreux,  qui  agit  comme  réducteur,  un 
trouble  se  forme  en  quelques  secondes,  et  il  se  sépare  de  l'iodure  cuivreux  : 

2RI  +  2CuSO^+  2FeS0^  =  Cu=P  +  K-S0^  +  re2(S0')». 

»  Mais  ce  procédé,  applicable  à  des  traces  d'iodure  en  solution  diluée, 
ne  peut  ĂȘtre  gĂ©nĂ©ralisĂ©,  car  Cu-p  est  soluble  dans  les  sels  ferriques; 
de  sorte  que,  si  l'on  devait  opérer  avec  une  certaine  quantité  d'iodure, 
comme  il  faudrait  une  quantité  proportionnelle  de  sel  ferreux,  partie  de 
cet  iodure  resterait  en  solution  avec  le  sel  ferrique  formé. 

»  D'ailleurs,  lors  de  l'emploi  d'un  excÚs  de  sel  ferreux,  en  |irésence  de 
quantités  relativement  fortes  de  chlorures  et  bromures,  il  peut  se  former 
aussi  du  Cu^'Br-  et  parfois  du  Cu^Cl^  Ă©galement  insolubles. 

»  C'est  encore  ce  qui  peut  se  produire  avec  le  gaz  sulfuieux  et  le  chlo- 
rure stanneux,  prĂ©conisĂ©s  de  mĂȘme  comme  rĂ©ducteurs;  ainsi  3°"°  d'une 
dissolution  de  SO^  à  '  pour  100  ajoutés  à  i5""'  d'eau  contenant  3^  de 
CuSO*,5H"0  et  08,5  de  RBr  déterminent  la  formaLion  de  Cu-Br-  en 
quelques  instants.  De  plus  Cu-p  n'est  pas  insoluble  dans  l'acide  libre  que 
renferme  toujours  SnCl',  ni  dans  un  excÚs  de  SO^,  et  si,  paraddition  d'acé- 
tate alcalin,  on  voulait  faciliter  la  précipitation  de  ce  composé  peu  soluble 
dans  l'acide  acétique,  on  favoriserait  aussi  la  séparation  de  Cu^Br-. 

»  Le  zinc  nous  a  bien  permis  de  précipiter  tout  l'iode  sous  forme  de  sel 
cuivreux,  en  ajoutant  à  la  solution  d'iodure  d'abord  du  zinc  granulé,  puis 
un  excĂšs  de  CuSO'  (ce  qui  Ă©quivaut  Ă   ajouter  du  cuivre  en  poudre  au  sul- 
fate de  mĂȘme  mĂ©tal),  et  en  agitant  quelques  instants.  Mais  ce  moyen  ne 
peut  ĂȘtre  utilisĂ©  comme  mode  de  sĂ©paration  d'avec  les  chorures  et  surtout 
les  bromures,  car  ces  sels,  mĂȘme  Ă   la  tempĂ©rature  ordinaire  dans  les 
mĂȘmes  conditions,  donnent  aussi  du  chlorure  et  du  bromure  cuivreux. 

»  En  résumé,  de  tous  ces  procédés,  le  plus  simple,  celui  qui  consiste  à 
précipiter  l'iode  par  simple  addition  de  GuSO',  semble  encore  le  moins 
mauvais,  si  l'on  doit  opérer  en  présence  de  chlorures  et  bromures.   Mais 


SÉANCE    DU    9   NOVEMBRE    igo3.  755 

jamais,  mĂȘme  en  nous  basant  sur  lesconditions  de  rĂ©versibilitĂ©  prĂ©cĂ©dem- 
ment indiquées,  cela  par  évaporation  dans  le  vide  de  la  liqueur  et  de  l'iode 
libre  en  vue  de  parfaire  la  réaction,  nous  n'avons  pu  obtenir  un  résultat 
exact.  A  priori,  il  avait  semblé  d'aprÚs  le  dosage  brut  de  l'iode  resté  dans 
le  produit  sec  que  le  but  Ă©tait  atteint;  mais  l'exactitude  n'est  que  fictive, 
car,  Ă   la  reprise  par  l'eau  qui  laisse  Cu'P  insoluble,  on  retrouve  toujours 
un  peu  d'iode  dans  la  solution  et  sous  forme  de  sel  cuivreux  un  poids  infé- 
rieur au  poids  qu'on  devrait  obtenir;  soit  en  l'exprimant  en  sel  d'argent  : 
oS, 068  Agi  au  lieu  de  o», 069,  et  08,2741  Agi  au  lieu  de  o^,  276. 

»  Mais  si,  au  mélange  d'iodure  cuivreux  et  d'iode  libre  contenant  un  excÚs  de  CuSO', 
on  ajoute  successivement  un  arsénite  alcalin,  puis  un  sel  ferreux,  le  dosage  de  l'iode 
devient  possible,  car  il  est  séparé  en  totalité  à  rélat  de  CuM-.  En  effet,  en  présence  de 
l'excÚs  de  CuSO*,  l'arsénile  de  cuivre  formé  agit  sur  l'iode  libre  : 

2As0'CuH  +  P+2H^0-H2CuS0*=2As(>CuH  4- CuM2+ 2S0'*H\ 

pour  résumer  les  phases  successives  de  la  réaction.  Et,  comme  l'arsénile  ne  réagit  que 
sur  l'iode  libre,  c'est  alors  que  par  un  peu  de  sullale  ferreux  on  réduit  la  petite  quan- 
tité d'iodure  cuivrique  restant  en  solulion.  A  cause  de  l'action  lente  du  sel  ferreux,  on 
doit,  avant  de  filtrer  le  précipité,  abandonner  le  tout  quelques  heures,  sans  qu'il  soit 
nécessaire  d'excéder  dix  à  douze  heures.  Dans  le  liquide  filtré,  on  peut  doser  le  chlore 
et  le  brome  par  les  moyens  connus.  Par  deux  méthodes  différentes  nous  avons  vérifié 
qu'il  n'y  reste  qu'une  trace  d'iode  de  l'ordre  dw  |V  de  milligramme.  Il  faut  toutefois 
qu'on  n'ait  pas  en  présence  des  quantités  notables  de  bromures  et  chlorures  alcalins, 
et  surtout  ammoniacaux  dans  lesquels  Cu-P  est  plus  ou  moins  soluble. 

»  La  réaction  se  fait  à  froid.  Le  bromure  et  le  chlorure  de  cuivre  n'éprouvent  alors 
aucune  rĂ©duction,  mĂȘme  aprĂšs  24  heures.  A  chaud,  avec  les  bromures  surtout,  ce 
serait  différent.  L'expérience  montre  qu'un  poids  d'arsénite  de  k  triple  de  celui  de  IK 
et  par  suite  du  mélange  salin  est  suffisant.  Quant  au  sel  de  peroxyde  de  fer,  insolu- 
bilisé en  présence  des  acides  de  l'arsenic,  il  n'a  aucune  action  sur  la  solubilité 
de  Cu^I-,  Il  est  bon  d'ailleurs  de  ne  pas  forcer  l'erniiloi  du  sel  ferreux.  Enfin,  tous  les 
prĂ©cipitĂ©s  ont  Ă©tĂ©  lavĂ©s  avec  une  solution  de  Iv-SO*  Ă   2  pour  100  pour  empĂȘcher 
que  Cu^P  ne  traverse  les  filtres. 

»  Pour  doser  l'iode,  le  mieux  est  de  dissoudre  le  précipité  dans  l'ammoniaque  et 
de  le  ramener  Ă   l'Ă©tat  de  sel  cuiviif|ne  par  l'action  de  l'air  ou  de  H-C  pure  avant 
d'ajouter  le  nitrate  d'argent  qu'il  réduirait  en  j)artie.  On  termine  en  acidifiant 
parAzO'H,  et  l'on  porte  Ă   l'Ă©bullilion  avant  de  filtrer. 

Valeur  en  sel  de  Ag.  \sO-'K^H  Durée 

-^ —  ~        CuSOSSH-O  à  FeSO',  7ll'0     Volume         de  Agi  AgBr         AgCl 

Kl.  KBr.         NaCI.  employé.         20  p.  100.         employé.        liiiuide.      repos.       trouvé.        trouvé.       trouvé. 


cm" 


0,27 


_  coi^  Il  y 

:62       »  »  5°  6  0,070  i5o  6       0,2759       » 

os,632        »  5  6  0,080  i3o        24  »  08,63  11 


0,1 38         »  06,879  3  4  0,060  120  6       0,1 382        »  os,88o 

o,2i4i     os,2i62      »  6  5  0,075  180  6       o,ai36     08,2164       » 


^56  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  l'oiir  éviter  les  ))ertes  d'iode,  on  peiil  mélanger  d'aijord  la  solution  saline  avec 
l'arsénite  et  y  verser  ensuite  TexcÚs  de  CiiSO';  l'iode  est  ainsi  transformé  directement 
en  Cil- P.    » 


CHIMIE   ORGANIQUE.  —    Action  fies  dĂ©rivĂ©s  organomagnĂ©siens  sur   VacĂ©lol 
et  ses  éthers-sels.  Note  de  M.  André  Kli.\g,  présentée  par  M.  Troost. 

«  Ayant  montré  précédemtnenl  que  l'acétol,  en  solution,  pouvait,  au 
moins  partiellement,  exister  sous  la  forme  d'un  Ă©ther  oxyde  de  formule 

CH3C(0H)-CH=i  ('), 
\  / 

j'ai  i)ensĂ©  qu'il  serait  intĂ©ressant  de  rechercher  quelle  pouvait  ĂȘtre,  Ă   l'Ă©tat 
anhvdre,  la  constitution  de  cet  alcool  et  de  ses  éthers,  et  j'ai  cherché 
à  l'établir  à  l'aide  de  la  réaction  des  dérivés  organomagnésiens. 

»  Il  m'a  fallu  d'abord  vérifier  la  façon  dont  les  organomagnésiens  agis- 
saient sur  les  Ă©thers-oxydes  internes  Ă   fonctions  multiples. 

»  J'ai  opéré  sur  répichlorhydrine  et  je  suis  arrivé  à  des  résultats  diffé- 
rents de  ceux  publiĂ©s  par  Jositch  (-)  au  moment  mĂȘme  oĂč  je  terminais  ce 
travail  préliminaire.  Cette  différence  de  résultats  tient  à  ce  que,  dans  les 
expériences  de  Jositch  et  dans  les  miennes,  les  comlitions  expérimentales 
ont  été  un  peu  différeiiles.  En  faisant  réagir  le  composé  RMgl  sur  l'épi- 
chlorhvdrine  et  en  terminant  la  réaction  au  bain-marie,  l'auteur  russe 
obtient  un  alcool  tertiaire  monohalogéné 

CH^Cl  — CHOH-CH'R,     ou     CH-CI  ~  CH  —  CH'-OH. 

1 
C 

En  opérant  à  froid  et  décomposant  immédiatement  |)ar  l'eau  le  produit 
de  la  réaction  j'ai  obtenu,  avec  d'excellents  rendemenls,  la  chloroiodhy- 
drine  de  la  glvcérine  CH'-Cl  -  CHOH  -  CH^I. 

»  Cette  différence  apporte  une  preuve  de  plus  à  l'explication  que  donne 
Grignard  (')  de  la  réaction  anormale  constatée  par  Biaise  ilans  l'action  des 
organomagnésiens  sur  roxy<le  d'élhylÚne. 

»  De  ces  diverses  exjjériences  il  laut  retenir,  qu'ainsi  que  l'a  montré 
Grignard  Ă    propos  de   l'oxyde  d'Ă©thylĂšne,  les  elhers-oxydes  internes,  Ă  


(')  KuNG,  Comptes  rendus,  l.  CXXXV,  p.  970. 

(/=)  JosiTcu,  Société  chimique  russe,  1902,  t.  XXIV,  p.  96. 

(■')  GuiuxAKl),  liull.  Soc.  chtm.,  S'-'  sĂ©rie,  t.  XXIX,  p.  944. 


SÉANCE    DU   9    NOVEMBRE    l^oS.  757 

basse  lemperalure,  ré;igissent  sur  les  oroanomagnésiens  R,  MyXl  X=  Br  |, 

suivant  la  relation 

(0  R.CH  — CH*     ->     K.CHOH  — GH^X; 

on  aboutit  en  somme  Ă   la  fixation  pure  et  simple  de  HX  sur  l'oxyde.  Au 
contraire,  à  température  plus  élevée  et  au  bout  d'un  certain  temps,  la  réac- 
tion se  fait  d'aprĂšs  le  type 


(2)  R.CH  — CH= 


R.CHOH  — CH^-R, 


\^/  H      CH-CH^OH 


O 


I 
R. 


»   Avec  les  cétones  on  a  seulement  la  réaction 

R  R 

R  -  GO  —  R     —  )G( 

on  voit  que  la  réaction  suivant  le  type  (i)  fait  des  organomagnésiens,  em- 
ployés à  basse  température,  des  réactifs  susceptibles  de  renseigner  sur 
l'existence  dans  un  composé  d'une  fonction  éther-oxyde  interne  et  de  la 
différencier  d'une  fonction  cétonique.  C'est  cette  raison  qui  m'a  engagé  à 
faire  réagir  ces  réactifs  sur  l'acétol  anhydre  et  sur  ses  éthers-sels  également 
anhydres  en  vue  de  rechercher  si  ces  composés  renferment  l'un  ou  l'autre 
des  groupements  —  CO  —    ou    ^  C  —  C  ^  . 


O 

M  J'ai  opéré  comme  on  le  fait  à  l'ordinaire,  m'iraposant  seulement  celte 
condition  supplémentaire  d'opérei'  à  basse  température  (mélange  de  glace 
et  de  sel  marin)  et  de  décomposer  le  produit  de  la  réaction  quelques  heures 
seulement  aprÚs  que  le  mélange  des  deux  réagissants  avait  été  terminé. 

»   Voici  trÚs  succinctement  les  résuhats  auxquels  je  suis  arrivé  : 
»  Action  de  G-H^Mgl  sur  l'acĂ©tate.  —  La  couche  Ă©lhĂ©rĂ©e  sĂ©parĂ©e  de  la  solution 
aqueuse  a  fourni  aprĂšs  dessiccation  quelques  gouttes  d'un  liquide  bouillant  Ă   iSBo-iSg". 
»   La  solution  aqueuse  a  donnĂ©  par  entraĂźjienient  Ă   la  vapeur  d'eau  une  solution  d'oĂč 
avec  le  K^GO^  et  l'alcool,  on  a  extrait  un  lii|uide  bouillant  Ă   i86'>-i89",  aprĂšs  dessic- 
cation   sur  K-CO^,  et  identique  à  celui   extrait   de  l'élher.   Il  a  été  identifié  avec  le 

r'|43\ 
Ă«ljcol^^^^^G-GH'OH. 

o'h 


758  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

j)  Rendement  pratique  de  5o  pour  loo  environ,  mais  le  rendement  réel  est  certai- 
nement supérieur,  car  des  quantités  notables  du  glycol  sont  retenues  dans  le  résidu  de 
l'entraĂźnement  par  la  vapeur  ainsi  ([ue  dans  les  eaux  d'oĂč  le  glycol  a  Ă©tĂ©  extrait  par 
K--CO'  et  l'alcool. 

»  On  n'a  pas  trouvé  trace  de  composé  organique  iodé.  La  réaction  du  type  (i)  ne 
s'est  donc  pas  produite. 

»  ÂCTio.x  DES  ORGANOJiAGisÉsiEXS  SIR  LES  ÉTUERS  DE  l'.acĂštol  :  1.  AcĂ©tate  d'acĂ©toL  — 
En  faisant  rĂ©agir  iℱ°'  de  G-fPMcBr  sur  i°>°'  d'acĂ©tate  d'acĂ©lol  on  a  obtenu  : 


»    1°  De  l'alcool  mélhyldiéthylcarbinol  :  p. |.5/C\^ti     ;  point  d'ébuUition 


121°- 


1 23"  ;  H  =  760. 

»  9."  Un  produit  à  odeur  éthérée  passant  vers  i45''-i47"  à  la  pression  10""",  de  com- 
position centésimale  voisine  de  celle  de  la  monoacétine  de  l'amjlghcol,  mais  qui  ne 
peut  ĂȘtre  purifiĂ©  par  distillation  dans  le  vide,  car  il  se  dĂ©compose  Ă   chaque  fraction- 
nement. En  le  saponifiant  Ă   l'Ă©bullition  par  H'^0  -H  Na- GO''  on  le  transforme  en  glycol 

CH'  \„/CH  =  OH         .       ,,,,     ....         „„       ^        „         „ 
amyhque  p,tT5/G\ni-i  '  poml  d  ebullUion  iSo^-iSg";  11  =  700. 

»   En  substituant  dans  cette  opération  le  CH'Mgl  au  C'^H^MgBr  on  a  pu   extraire 

CH'\ 
du   produit  de  la  rĂ©action  la    monoacĂ©tine  du   glycol  butylique   _         -C     — CH^OII 

OH 
incomplÚtement  déshydratée  et  bouillant  vers  f22°-t25°. 

»  Il  s'est  fait  en  outre  des  traces  d'alcool  isopropylique  de  provenance  difficile 
Ă   expliquer. 

»   II.  Benzoate  d'acĂ©tol.  —  Essai  ayant  pour  but  de  reciiercher   si    une  partie   de 

CH'\    /R 
l'alcool       _  y^\  nu  obtenu  avec  l'acétate  ne  proviendrait  pas  du  radical  acétolique. 

»   J'ai  obtenu  : 

»    1°  De  l'alcool  phĂ©nyldiĂ©lhylcarbinol  p2tt5/C\  ^„    ;  point  d'Ă©buUition  1250-127", 

H=:io"'",  provenant  du  radical  de  l'acide  benzoĂŻque; 
»   2°  Du  benzoate  de  magnésie; 

»  3°Duglycolamyli([ue„^    ^^C    — CH*OH;  poinld'Ă©bullilion  188°- 189";  H  =  760. 

OH 

■  j>  I      1  CH^  \„/G'H' 
Il  u  a  pas  ete  trouve  d  alcool  porT5/'-'\(-vo     " 

»  Dans  aucun  de  ces  essais  sur  les  éthers  de  l'acétal  on  n'a  obtenu  de  composés 
organiques  halogÚnes.  La  réaction  du  type  (i)  ne  s'est  donc  pas  produite. 

»  Conclusion.  —  Si  l'on  juge  par  comparai.son  avec  ce  t|iii  se  pa.sse  dans 
la  réaclion  des  organouiagiiésiens  sur  l'épichlorhydrine  ou  siu'  l'oxyde 
d'éthvlÚne,  il  résulte  des  faits  énoncés  ci-dessus  que  l'acétol  anhydre  ou 
ses  éthers-sels  anhydres  se  comportent  comme  des  composés  cétoniques  et 
non  comme  des  composés  élhers-oxydes  internes.    » 


SÉANCE    DU    9    NOVEMBRE    igo3.  ^Sg 


ZOOLOGIE.  —   Évoliilion  des  DiplosomidĂ©s  (Ascidies  composĂ©es).  Noto 
de  M.  AxToixE  Pizox,  présentée  par  M.  Yves  Delage. 

«  Il  m'a  élé  possible  d'établir,  pour  la  premiÚre  fois,  l'évolution  des 
Diplosomidés  aprÚs  leur  naissance,  en  étudiant  jour  par  jour  les  transfor- 
mations de  jeunes  colonies  provenant  de  larves  que  j'avais  réussi  à  faire 
fixer  sur  des  lames  de  verre  (').  On  sait  que  ces  Tuniciers  possĂšdent,  au 
sortir  de  l'Ɠuf,  deux  individus  dont  les  processus  du  dĂ©veloppement  sont 
connus,  surtout  depuis  les  travaux  de  Salensky  (-)  :  l'un,  l'oozoide  O', 
provient  de  la  segmentation  de  l'Ɠuf;  l'autre  B',  est  dĂ»  Ă   un  bourgeonne- 
ment trÚs  précoce  du  premier. 

»  Nos  observations  se  rapportent  à  l'évolution  ultérieure  de  ces  deux 
ascidiozoĂŻdes  O'  et  B'  durant  les  trois  premiĂšres  semaines  qui  suivent  l'Ă©clo- 
sion. 

»  1.  Évolution  de  l'oozoĂŻde  O'.  —  i°  AprĂšs  l'Ă©closion,  O'  bourgeonne  une  seconde 
fois;  il  engendre,  par  les  procédés  généraux  qu'ont  décrits  Ganin  (^),  DellaValle  (')  et 
Caulleiy  ('  ),  un  nouveau  thorax  (  branchie,  Ɠsophage  et  rectum  )  qui  soude  ultĂ©rieu- 
rement son  Ɠsophage  Ă   celui  de  O',  tandis  que  son  rectum  reste  de  son  cĂŽtĂ©  en  com- 
munication avec  celui  de  O',  dont  il  est  un  diverticule.  Ces  parties  fonctionnent 
simultanément  à  un  moment  donné,  constituant  une  sorte  à\ic\àiozo\àe  bithoracique, 
qui  vit  aussi  de  12  a  il\  heures. 

»  Au  bout  de  ce  temps,  le  Ihorax  de  O'  (branchie,  Ɠsophage  et  rectum)  entre  en 
régression  et  disparaßt  totalement  en  2  ou  3  jours,  tandis  que  son  abdomen  V 
(estomac,  duodĂ©num  et  cƓur)  persiste  en  conservant  ses  connexions  antĂ©rieures  avec 
le  thorax  0^  et  forme  avec  ce  dernier  un  ascidiozoïde  simple  0°. 

»  2°  Ce  nouvel  individu  O-  bourgeonne  à  son  tour  deux  fois  de  suite  tout  comme 
son  ascendant  0'  :  la  premiĂšre  fois  il  engendre  un  nouveau  thora.r  O'  et  une  nou- 
velle masse  abdominale  V-.  La  nouvelle  branchie  O^  ne  tarde  pas  Ă   s'ouvrir,  alors  que 
celle  de  O'-  fonctionne  encore,  et  Ton  a  alors  une  nouvelle  individualité  physiologique 
beaucoup  plus  complexe  que  la  précédente  et  comprenant  deux  branchies  indépen- 


(')  Ces  recherches  ont  Ă©tĂ©  faites  au  laboratoire  de  Roscoflf,  oĂč  M.  le  Professeur 
Y.  Delage  avait  bien  voulu  me  donner  l'hospitalité. 

(-)  Salenskv,  Entwickel.  der  Synascidien  (Mitth.  su  Neapel,  1894  et  iSgS). 

('■')  Ganin,  JVeue  Thatsachen  aus  der  Ent^vic/i.  der  Ascidien  {Zeitsch.  Wiss. 
ZooL,  1870). 

(*)  Dkli-a  Valu:,  Bourgeonnement  des  Didemnidés  {Archives  italiennes  de  Bio- 
logie, 1883). 

(5)  Caullery,  Contributions  à  l'étude  des  Ascidies  composées  {ThÚse,  1896  ). 


760  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

dantes,  deux  Ɠsophages  embrancliĂ©s  l'un  sur  l'autre,  deux  estomacs  communiquant 
tous  les  deux  avec  chacun  des  deux  Ɠsophages,  deux  cƓurs  dont  les  contractions  sont 
d'ailleurs  rarement  .-yuchroniques  et  enfin  deux  rectums  également  embranchés  l'un 
sur  l'autre. 

»  Ces  ascidiozoĂŻdes  bilhoraciques  et  hĂč-eiUriques  vivent  environ  24  heures;  au 
bout  de  ce  temps,  O-  et  O^  se  séparent  complÚtement,  avec  cette  particularité  surpre- 
nante que  la  nouvelle  branchie  O'  prend  la  niasse  abdominale  \'  de  son  ascen- 
dant O^,  tandis  que  le  thorax  de  ce  dernier  garde  pour  lui  la  masse  abdominale  \  ^ 
qu'il  avait  engendrée  quelques  Jours  auparavant. 

»  3"  O',  aprĂšs  s'ĂȘtre  ainsi  dĂ©doublĂ©  et  avoir  pris  un  nouvel  abdomen,  bourgeonne 
de  nouveau,  mais  n'engendre  celte  fois  qu'un  nouveau  thorax  O',  avec  lequel  il 
reste  associé  pendant  24  heures  environ  sous  \a  (orme  d'' un  ascidiozoide  bithoracique. 

»  Puis  son  thorax  entre  en  régression,  tandis  que  son  abdomen  V-  reste  en  con- 
nexion avec  le  nouveau  thorax  O*  et  forme  avec  ce  dernier  un  ascidiozoĂŻde  simple  O*, 
sur  lequel  il  ne  tarde  pas  à  apparaßtre  une  nouvelle  masse  thoracique  0°. 

»  4°  L'ascidiozoïde  O*  issu  précédemment  de  O^  bourgeonne  de  son  coté  deux  fois 
de  suite  comme  ce  dernier  :  la  premiÚre  fois,  il  se  dédouble  et  change  de  masse  abdo- 
minale; la  seconde  fois,  il  remplace  sa  masse  thoracique.  Au  total,  pendant  les  trois 
premiĂšres  semaines,  huit  nouveaux  thorax  et  quatre  abdomens  (j  compris  B')  sont 
dérivés  de  O'. 

»  II.  Evolution  du  premier  ascidiozoĂŻde  B'  engendrĂ©  par  ioozoĂŻde  O'.  —  B'  est 
lui-mĂȘme  la  souche  d'une  autre  lignĂ©e  qui  se  dĂ©veloppe  exactement  comme  celle  qui  a 
son  point  de  départ  dans  U-. 

»  Cependant,  la  loi  du  bourgeonnement  qui  découle  des  faits  précédents  n'est  pas 
absolument  générale  :  chez  deux  colonies,  j'ai  assisté  à  la  formation  de  quatre  bran- 
chies successives  sans  dédoublement  des  masses  viscérales;  ce  dédoublement  iloit 
cependant  se  produire  de  temp>  Ă   autre  pour  augmenter  le  nombre  des  ascidiozoĂŻdes. 

»  Tel  est  l'enchaßnement  de  ces  trois  sortes  d'ascidiozoïdes,  simples, 
bilhoraciques,  bilhoraciques  et  bivenlriques,  dont  Délia  Valle  avait  déjà 
signalé  l'existence  dans  une  fatnille  voisine  (Diiiemnidés)  sans  en  avoir 
loiitefois  suivi  l'évolution  générale.  Trois  phénomÚnes  remarquables  se 
dégagent  des  faits  que  je  viens  d'exposer  :  la  régression  réguliÚre  du  vieux 
thorax  chez  les  individus  bilhoraciques;  !a  persistance  des  abdomens  qui  su 
transmettent  d'un  ascidiozoĂŻde  Ă   l'aulre;  la  Lonslilution  d'ascidiozoĂŻdes 
bilhoraciques  et  bi^'eninques  et  leur  dédoubleinent  ultérieur  en  deux  asci- 
diozoïdes simples  avei;  interversion  des  masses  viscérales.  Il  est  possible 
que  U'  change  lui-mĂȘme  l'abdomen  dans  l'Ɠuf  quand  il  bourgeonne  B'; 
Caullety   (')   a  montré  qu'il  faudrait  supposer,  une  interversion  du  tube 


(')  Caullkrv,   L'interprétation   morphologique  de  la  larve  double  des  Diploso- 
midés  {Comptes  rendus.  2*  sem.  iSgS). 


SÉANCE    DU   9    NOVEMBRE    igoS.  7G1 

digestif  i\e  B'  et  de  O'  pour  homologuer  ce  dernier  Ă   la  larve  simple  des 
Leploclinum. 

»  J'ajoute,  enfin,  que  la  conslilution  d'un  nouvel  ascidiozoïde  n'est 
jamais  résultée  de  Vassociaiion  unique  de  parties  nouvellement  bourgeon- 
nées,  contrairement  à  ce  qui  a  été  admis  jusqu'à  présent  :  tout  ascidiozoïde 
nouveau  s'est  formé  par  l'association  A' une  masse  thoracique  fille  3iwç:c  la 
masse  abdominale  maternelle,  ou  bien  par  l'association  de  la  masse  thora- 
cicjue  materntUe  avec  une  masse  viscérale Jdle  (' ).  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  rĂ©gĂ©nĂ©ration  chez  les  Amphibiens  des  membres  postĂ©rieurs 
et  de  la  queue,  en  l'absence  du  5)  stéme  nerveux.  Note  de  M.  P.  Wintrebert, 
))résentée  par  M.  Edm.  Perrier. 

«  Le  problÚme  de  la  dépendance  de  la  régénération  vis-à-vis  du  systÚme 
nerveux  n'est  pas  encore,  d'aprĂšs  Driesch  (-),  en  Ă©tat  d'ĂȘtre  complĂštement 
résolu.  Cependant  il  ressort,  avec  une  suffisante  précision,  de  la  plupart 
des  expériences  jusqu'ici  publiées,  que  le  systÚme  nerveux  joue  dans  la 
régénération  un  rÎle  prépondérant.  Rubin  (^),  dans  un  travail  récent, 
admet  que  l'interruption  nerveuse  n'empĂȘche  pas  le  dĂ©but  rĂ©gulier  de  la 
régénération  ;  mais  il  pense  que,  au  boDt  des  8  ou'io  premiers  jours,  elle  en 
cause  le  ralentissement  et  bientĂŽt  l'arrĂȘt  complet;  il  considĂšre,  avec 
WolffC),  le  retour  du  processus  régénératif  comme  la  manifestation  du 
rétablissement  des  fonctions  nerveuses.  Dans  une  Note  précédente  (') 
j'indiquais  l'influence  négative  dn  systÚme  nerveux  dans  l'ontogenÚse  des 
membres;  j'ai  cherché  depuis  s'il  en  était  ainsi  dans  la  régénération,  et  je 
me  suis  attaché  à  obtenir  des  résultats  morphologiques  non  contestables. 

»  MĂ©thode  opĂ©ratoire.  —  Par  le  procĂ©dĂ©  des  seclions  nerveuses  rĂ©pĂ©tĂ©es,  dont  je 
m'étais   servi  pour  l'étude  de  la  génération,  j'avais  pu,  du   i3  au  3i  juillet  dernier, 


(')  Communication  faite  à  la  séance  du  2  novenjbre  igoS. 

(2)  H.  Dkiesch,  Die  orgaiiischen  Regulaliocnn.  Leipzig,  190t. 

(^)  R.  PiUBiN,  Versuche  uber  die  Deziehung  des  Nervensyslents  zur  Régénération 
bei  Ainpliibien  {Arch.  f.  Eatwickelungs  inecli.,  Bd.  XVI,  igoS,  p.  21-76). 

(*)  G.  WoLFF,  Die  pliysiologische  Gruiidiage  iler  Lelire  von  den  Degeneralions- 
zeiclien   (  Vircfiow's  Arc/uv,  Bd.  CLXIX,  1902,  |).  3o8-33i). 

C")   Comptes  rendus,,  i3juillel  igo3. 

C.   R.,   1903.  2»  Semestre.  (T.  CX.WVIl,  iN"  19  )  lOO 


^Ga  ACADEMIE   DES    SCIENCES. 

obtealr,  s.ir  un  loi  de  5o  lÚlards  {liana,  Icmporaiia),  deux  cas  de  séparation  du  cÎne 
régénéré  en  trois  digitations;  celle  méthode  présentait  l'inconvénient  d'affailßlir  par 
une  saignée  périodique  les  larves  soumises  à  l'expérimentation;  j'opérai  dans  la  suite 
en  réséffiianl  largemcnl  la  moelle  dorso-lombaire  el  sacrée. 

»  Celte  résection  permet  de  soustraire  à  l'aclion  nerveuse  les  membres  des  Amphi- 
biens  et  la  queue  des  larves  d'Anoures,  sans  blesser  un  seul  vaisseau  capable  de  con- 
tribuer à  la  nutrition  de  ces  organes;  il  laisse  aux  animaux  la  vigueur  nécessaire  pour 
s'alimenter,  et  permet  une  observation  prolongée  sans  crainte  d'incertitude  dans  les 
résuUats. 

»  RĂ©sultats.  —  A.  Anoures.  Alytes  obstetrica^s  :  i"  JMembres  postĂ©rieurs.  — 
^'ingl-trois  tĂȘtards  d'Alytes,  choisis  au  stade  de  la  formation  du  genou,  en  vue  de 
l'exploration  facile  des  membres,  furent  opérés  les  4  et  6  août  igoS;  tous  jßrésenlérent 
un  cÎne  de  régénération  ;  trois  seulement  manifestÚrent  une  régénération  macrosco- 
pique indubitable  par  la  division  du  nouveau  moignon  en  trois  digilations,  aux  dates 
des  5  septembre,  8  septembre  et  17  octobre;  ce  résultat  minime  est  intéressant  si  l'on 
songe  qu'il  est  assez  rare  d'obtenir  une  rĂ©gĂ©nĂ©ration  plus  Ă©tendue  sur  des  tĂȘtards  nor- 
maux de  mĂȘme  Ăąge,  les  Anoures  n'Ă©tant  susceptibles  de  rĂ©gĂ©nĂ©ration  que  pendant  la 
période  larvaire. 

»  2°  Queue.  —  Le  procĂ©dĂ©  opĂ©ratoire  employĂ©  m'a  fait  constater,  par  la  diparition 
totale  de  la  molilité  et  de  la  sensibilité  de  la  queue,  que  celle-ci  ne  contient  pas  ses 
centres  nerveux  propres,  comme  celle  des  UrodÚles,  mais  qu'ils  sont  placés  plus  avant, 
vers  le  sixiÚme  métamÚre. 

»  De  ce  fait  analomique  il  résulte  que,  aprÚs  la  résection  médullaire  dorso-lombaire, 
la  queue  des  larves  d'Anoures  est  assimilable  Ă   un  membre  dont  les  relations  nerveuses 
sont  interrompues.  Dans  ces  conditions,  la  régénération  est  rapide  et  réguliÚre;  ses 
divers  modes,  suivant  l'obliquitĂ©  de  l'arapulalion,  sont  les  mĂȘmes  que  sans  Ă©nervalion 
préalable.  On  l'obtient  encore  vive  et  continue  quand  la  section  est  pratiquée  aprÚs 
43  jours  d'inertie  fonctionnelle  consécutive  à  l'ablation  nerveuse. 

»  B.  UrodĂšles.  Siredon  pisciformis  :  Membres  postĂ©rieurs.  —  a.  Le  ig  aoĂ»t, 
quatre  larves  de  8'^"  de  longueur  subirent  en  mĂȘme  temps  la  rĂ©section  mĂ©dullaire  et, 
d'un  seul  cÎté,  l'amputation  de  la  cuisse  ou  du  tarse;  le  11  septembre  elles  présen- 
taient une  palette  de  régénération  pluridigitée. 

»  b.  Le  7  septembre,  quatre  nouvelles  larves  de  10'^'"  de  longueur,  amputées  du 
tarse  droit  3  jours  auparavant  et  déjà  cicatrisées,  subirent  l'extirpation  de  la  moelle. 
Elles  furent  suivies  jusqu'Ă   ce  jour,  et  j'ai  l'honneur  de  les  soumettre  Ă   l'examen  de 
l'Académie.  Elles  manifestÚrent  une  régénération  continue  et  réguliÚre.  Comparée  à 
celle  d'une  larve  tĂ©moin  de  mĂȘmes  dimensions,  amputĂ©e  au  mĂȘme  endroit,  et  placĂ©e 
dans  les  mĂȘmes  conditions  rigoureuses  de  milieu  et  d'alimentation,  elle  prĂ©senta  une 
Ă©volution  analogue  :  chez  les  quatre  Axolotls  amĂ©dullisĂ©s,  oĂč  la  marche  du  processus 
fut  uniforme,  l'apparition  sur  In  palette  des  digitations  survint  plus  précoce  que  sur  le 
témoin;  leur  séparation  s'efl'ectua  plus  nette  et  plus  rapide;  les  doigts,  plus  libres, 
prirent  bientÎt  un  allongement  plus  considérable,  non  seulement  en  apparence,  mais 
Ă   la  mensuration  directe;  par  contre,  la  largeur  et  l'Ă©paisseur  Ă©taient  moindres  que 
sur  le  moignon  ferme  et  compact  du  témoin;  le  pied  ressemblait  à  un  feuillet,  légé- 


SÉANCE    DU   9   NOVEMBRE    igoS.  ']()'i 

remeiit  courbé  sur  les  bords,  et  sans  consislanoe.  Dans  i«s  deux,  cas,  néanmoins, 
l'ordre  d'apparition  des  doigts  fut  le  mĂȘme,  et  leurs  rapports  de  longueur  demeurĂšrent 
identiques  dans  la  croissance. 

»  Le  i4  octobre,  le  pied  des  quatre  opérés,  avec  ses  cinq  doigts  longs  et  bien  des- 
sinés, montrait  une  forme  presque  achevée,  tandis  que  celui  du  témoin,  toujouis  de 
longueur  moindre,  se  présentait  sous  l'aspect  d'une  large  palette  échancrée  sur  les  bords. 

»  Aujourd'hui,  ce  dernier,  de  longueur  égale,  de  largeur  et  d'épaisseur  beaucoup 
plus  grandes,  continue  réguliÚrement  sa  progression,  tandis  que  chez  les  Axalolls 
privés  du  fonctionnement  du  jjied  le  processus  rcgi'mérateur  semble  terminé. 

))  Soustraits  à  l'influence  nerveuse,  les  membres  postérieurs  des  Uro- 
dÚles  présentent  donc  une  régénération  qui  rappelle  exactement  ce  que 
nous  avons  obtenu  dans  les  mĂȘmes  conditions  pour  la  gĂ©nĂ©ration  ;  la  forme 
générale  est  conservée  ;  la  longueur  dés  différents  segments  est  parfaitement 
proportionnée;  leur  ordre  d'apparition,  la  tnarche  réguliÚre  de  leur  déve- 
loppement sont  les  mĂȘmes  qu'en  prĂ©sence  du  systĂšme  nerveux,  et,  dans 
ces  expĂ©riences,  la  rĂ©gĂ©nĂ©ration  suit  la  mĂȘme  voie  que  l'ontogenĂšse;  le 
pied  est  simplement  petit,  maigre,  atrophié,  tel  qu'il  serait  sur  un  membre 
privé  de  nerfs,  en  période  de  croissance,  sans  que  la  régénération  fiit  en 
cause. 

»  L'expérimentation  faite  sur  la  queue  des  larves  d'Anoures  confirme 
ces  données.   » 


ZOOLOGIE.  —  Élude  des  ferme  ni  s  digestifs  chez  quelques  InvertĂ©brĂ©s. 
Note  de  iM.  Victor  Henri,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  J'ai  étudié  les  ferments  amylolytiques  et  protéolytiques  chez  Octopus 
vulgaris,  Sepia  officinalis,  Spatangus  purpureus  et  Salpa  af ricana.  Poiu- 
déterminer  l'activité  de  Tamylase  je  prenais  une  solution  d'amidon 
soluble  à  2  pour  loo  que  j'additionnais  d'un  volume  déterminé  de  macé- 
ration d'organe  ou  de  suc  digestif;  la  température  d'action  était  de  40". 
Pour  les  ferments  protéolytiques  j'ai  employé  la  méthode  de  mesure  de  la 
conductibilité  électrique  de  la  gélatine  à  5  pour  100  addilionnée  du  liquide 
à  étudier;  cette  méthode  permet  de  suivre  la  marche  de  la  réaction  et 
d'apprécier  (juantitalivement  l'activité  du  ferment.  De  plus,  je  faisais  agir 
les  liquides  Ă©galement  sur  la  fdjrine  et  l'albumine  d'Ɠuf  cuit.  Voici  les 
résultats  obtenus  : 


7^4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Oclopus  viili;aris.  —  Les  principales  expĂ©riences  ontĂ©lĂŽ  faites  avec  le  suc  hĂ©pa- 
tique pur  obtenu  par  une  fistule  sur  l'animal  vivant.  Le  suc  hépatique  sort  du  foie  par 
deux  canaux  qui  se  rĂ©unissent  prĂšs  du  cƓcum  spirale  et  ce  canal  unique  dĂ©bouche 
dans  l'extrĂ©mitĂ©  de  ce  cƓcurn. 

))  Nous  avons  placé,  M.  Lalou  et  moi,  de  petites  canules  en  verre  dans  ce  canal;  à 
ces  canules  est  adapté  un  tube  de  caoutchouc  avec  une  ampoule  dans  laquelle  s'accu- 
mule le  suc  hépatique  pur.  La  plaie  est  suturée  et  l'animal  laissé  librement  dans 
l'aquarium;  il  peut  ainsi  supporter  l'opération  pendant  plusieurs  heures. 

»  Le  suc  ainsi  recueilli  est  rouge  brun,  transparent,  à  réaction  acide,  donnant  un 
précipité  par  l'alcool  et  par  l'ébullition,  donnant  la  réaction  du  biuret  ;  il  absorbe  la 
partie  droite  du  spectre  Ă   partir  du  jaune  vert.  Si  on  le  verse  au-dessus  de  l'acide  azo- 
tique on  voit  au  contact  de  l'acide  une  couche  vert  olive,  au-dessus  un  anneau  rose 
orangé  et  puis  le  rouge  brun;  à  mesure  que  l'acide  diffuse  la  couche  vert  olive  aug- 
mente d'épaisseur.  Ce  suc  décompose  l'eau  ox3'génée.  L'étude  des  ferments  montre 
qu'il  est  trÚs  riche  en  amylase  et  en  ferment  proléolylique.  Ainsi  pour  l'action  sur 
l'amidon  ce  suc  est  environ  cinq  fois  moins  actif  que  le  suc  pancréatique  de  chien. 
Dans  une  expérience,  par  exemple,  i5'^°''  d'amidon  à  2  pour  100  sont  additionnés 
de  o''ℱ',  I  du  suc  hĂ©patique;  aprĂšs  3  heures,  on  trouve  oB',0/45  de  sucre  rĂ©ducteur  cal- 
culé en  glucose,  la  saccharificalion  complÚte  donne  00'",  26. 

»  Le  suc  hĂ©patique  digĂšre  l'albumine  d"Ɠuf  cuit,  la  fibrine  et  agit  nettement  sur  la 
gélatine.  Pour  celle  derniÚre  nous  trouvons  les  variations  suivantes  de  conductibilité 
Ă©lectrique. 

AprĂšs      10  minutes i4 

))  3o  )'  27 

.    »  45  »  28 

11       i5o         »        35 

»  Il  V  avait,  dans  cette  expérience,  10'""'  de  gélatine  additionnés  de  o"^"',  5  de  suc  hépa- 
tique. L'expĂ©rience,  faite  dans  les  mĂȘmes  conditions  avec  le  suc  pancrĂ©atique  de  chien, 
donne  comme  variation  de  conductibilité  électrique  : 

AprĂšs    10   minutes 19 

i>        21  >■         34 

»      3o        "        42 

»       4°         "        ^9 

»  Le  suc  hépatique  sécrété  jiar  le  foie  de  i'Octopiis  est  donc  actif;  je  me  suis 
demandé  si  cette  activité  protéolytique  n'était  pas  modifiée  par  la  macération  de  la 
muqueuse  du  cƓcum  spirale.  Le  rĂ©sultat  a  Ă©tĂ©  nĂ©gatif.  La  macĂ©ration  du  cƓcum  spi- 
rale  ne  contient  pas  de  ferment  protéolytique;    elle  contient  un  peu  d'amylase. 

»  L'araylase  a  été  également  trouvée  dans  les  glandes  salivaires  inférieures,  mais  en 
quantité  laible.  Le  rÎle  de  ces  glandes  n'est  probablement  pas  surtout  digestif;  en 
elTet,  leur  extrait,  injecté  en  quantité  trÚs  faible  à  des  Langoustes  ou  à  des  Crabes, 
paralvse  complĂštement  ces  animaux. 


SÉANCE    DU   q   NOVEMBRE    iqo^.  7^1') 

»  On  troiivft  aussi  une  faible  quantité  d'amylase  dans  le  sang  de  VOctoptis;  par 
contre,  dans  les  reins,  on  en  trouve  une  quantité  assez  forte. 

»  Sepia  officinalis.  —  Les  rĂ©sultats  obtenu?  pour  les  ferments  sont  les  mĂȘmes  pour 
la  Sepia  que  pour  VOctopus.  On  peut,  chez  cet  animal,  séparer  le  foie  du  pancréas; 
chacune  de  ces  deux  glandes  contient  un  ferment  protéolj'tique  actif;  l'addition  des 
macérations  de  ces  deux  glandes  n'agit  pas  plus  que  chacune  isolément;  la  macération 
du  cƓcum  spirale  ne  contient  pas  de  ferment  protĂ©olytique;  cette  macĂ©ration  accĂ©lĂšre 
un  peu  l'activité  protéolytique  de  la  macération  de  pancréas,  il  semble  donc  ici  y  avoir 
une  lĂ©gĂšre  action  kinasique.  Relativement  Ă   l'amylase,  on  obtient  les  mĂȘmes  rĂ©sultats 
que  pour  VOctopus. 

»  Spatangus  purpureus.  —  L'intestin  du  Spniangiis  est  absolument  bourrĂ©  de 
sable  et  de  petits  coquillages;  au  contraire,  dans  le  cƓcum  qui  se  trouve  attachĂ©  Ă   cet 
intestin,  on  ne  trouve  pas  un  grain  de  sable;  ce  cascum  Ă   parois  glandulaires  con- 
tient 4ℱ'  à  S"^""  d'un  liquide  jaune  brunñtre,  trùs  faiblement  acide;  ce  liquide  contient 
une  quantitĂ©  notable  d'amylase,  il  digĂšre  l'albumine  d'Ɠuf  cuit,  la  fibrine  et  la  gĂ©la- 
tine. 

I)  Le  liquide  périviscéral  du  Spatangus  contient  un  peu  d'amylase,  mais  il  n'y  a  pas 
de  ferment  protéolytique. 

»  Salpa-af ricana.  —  La  fonction  de  la  glande  pylorique  de  la  Salpe  a  Ă©tĂ©  discutĂ©e 
par  dilférents  auteurs,  mais  on  n'a  pas  étudié  jusqu'ici  les  ferments  digestifs  de  ces 
animaux.  En  faisant  des  macérations  de  cette  glande  pylorique,  on  obtient  un  liquide 
riche  en  amvlase,  il  ne  digÚre  ni  l'albumine,  ni  la  fibrine;  cette  macération  agit  au 
contraire  faiblement  sur  la  gélatine.  Cette  glande  contient  donc  bien  des  ferments 
digestifs.  Les  macérations  des  autres  parties  du.  corps  de  la  Salpe  donnent  des  résultats 
négatifs.   » 


BOTANIQUE.   —  Un  nouvel  hybride  de  greffe.  Note  de  M.  Lucien  Daniel, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Il  y  a  deux  ans,  dans  le  jardin  de  l'inslitation  Saint-Vincent  à  Rennes, 
de  vieux  poiriers  greffés  sur  Coignassier  dépérissaient  en  grand  nombre  à 
la  suite  d'attaques  répétées  du  kermÚs.  Tous  manifestaient  à  des  degrés 
divers  le  phénomÚne  bien  connu  des  forestiers  sous  le  nom  de  couronne- 
ment, c'est-à-dire  que  les  sommités,  privées  de  sÚve,  se  desséchaient  pro- 
gressivement. Pour  prolonger  leur  existence  m.enacée  et  leur  redonner  de 
la  viijueur,  le  frĂšre  Henri,  professeur  d'arboriculture  de  l'Ă©tablissement, 
eut  recours  au  procédé  classique  du  ravalement.  H  rabattit  ses  pomers  à 
2"  environ  du  .sol,  aprÚs  les  avoir  élagués  complÚtement. 

»  Je  suivis  avec  intĂ©rĂȘt  cette  expĂ©rience  pour  deux  raisons  :  1°  parce 
que,  en  produisant  artiHciellement  une  différence  marquée  entre  les  capa- 


■^66  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

cités  fonctionnelles  d'absorption  et  de  vaporisation,  on  devait  observer  des 
phénomÚnes  tératologiqiies,  comme  je  l'ai  fait  voir  depuis  longtemps; 
2°  parce  que  j'espérais  trouver  dans  les  pousses  adventives  des  sujets  des 
variations  asexuelles,  autrement  dit  des  hybrides  de  greffe.  Mon  attente 
n'a  pas  été  déçue. 

»  Les  grefTons  ont  tous  fourni  des  pousses  de  remplacement  dont  la  vigueur  a  été 
proportionnelle  à  la  différence  des  capacités  fonctionnelles  artificiellement  produite 
entre  l'appareil  absorbant  intact  et  l'appareil  vaporisateur  trÚs  réduit.  Ces  pousses 
n'ont  pas  complĂštement  pris  la  direction  verticale,  mais  sont  pour  la  plupart  devenues 
retombantes  à  des  degrés  divers,  montrant  ainsi  combien  la  proportion  des  sÚves  se 
rendant  à  un  rameau  a  d'influence  sur  son  géotropisme.  Des  bourgeons  à  fruits  per- 
cĂšrent l'Ă©corce  Ă©paisse,  fleurirent  et  fruclifiĂšrent  dans  TannĂ©e  mĂȘme  en  donnant  des 
productions  monstrueuses  dont  j'ai  étudié  la  forme  et  la  structure  Tannée  derniÚre  ('). 
Une  de  ces  poires  était  située  sur  une  partie  complÚtement  dénudée  de  l'arbre,  à  2.5''"' 
au  moins  de  la  premiÚre  brandie  feuillée,  située  au-dessous  d'elle.  Malgré  sa  situation 
dans  une  région  morte  en  a|iparence,  elle  n'en  a  pas  moins  achevé  son  développement. 

»  Jusqu'ici  un  seul  des  sujets  a  donné  des  pousses  de  remplacement  :  c'est  un  Coi- 
"nassier  servant  de  support  à  un  poirier  William.  Mais  ces  pousses  présentent  un  in- 
tĂ©rĂȘt tout  particulier.  Deux  d'entre  elles  sont  situĂ©es  bien  au-dessous  du  bourrelet  et 
ont  conservé  tous  les  caractÚres  de  la  plante  normale.  Elles  ont  une  forme  légÚrement 
sinueuse  et  un  aspect  grĂȘle;  TĂ©piderrae /iO(m</e  est  «o/«e/i<ef<ci;  sur  la  plus  grande 
partie  de  leur  longueur;  il  présente /?ei<  o«/ /yo/«<  c/e /e/i</ce/te  suivant  les  niveaux 
considérés.  Les  feuilles  sont  entiÚres,  briÚvement  pétiolées,  de  forme  o('«/e  légÚrement 
cordiforme,  et  leur  face  infĂ©rieure  est  revĂȘtue  de  poils  abondants  qui  lui  donnent  une 
teinte  caractéristique. 

»  Au  niveau  du  bourrelet,  sur  une  sorte  de  protubérance  entiÚrement  recouverte 
par  l'écorce  du  coignassier  sujet,  se  sont  développées  trois  autres  pousses  dont  l'aspect 
particulier  attire  immédiatement  l'attention  de  l'observateur.  Au  lieu  d'avoir  l'aspect 
grĂȘle  et  sinueux  des  rameaux  de  coignassier,  elles  ont  l'aspect  plus  massif  el  la  direc- 
tion plus  rectiligne  des  ranaeaux  de  poirier.  Leur  épidémie  esl  moins  velu,  plus  clair 
et  se  rapprochant  comme  teinte  du  poirier;  Ă   la  base  du  rameau  on  voit  des  lenticelles 
assez  nombreuses.  Les  feuilles,  disposées  comme  dans  les  rameaux  du  greffon,  restent 
briÚvement  pétiolées  et  de  forme  ovale,  mais  l'aspect  cordiforme  fait  place  à  la  forme 
un  peu  lancéolée,  intermédiaire  entre  la  forme  normale  du  coignassier  et  du  poirier. 
Toutes  sont  plus  ou  moins  velues  à  la  face  inférieure,  mais  leur  villosité  est  moindre 
qu'à  l'ordinaire,  de  sorte  que  leur  teinte  est  aussi  intermédiaire  entre  celle  du  sujet  et 
celle  du  greffon.  Un  autre  caractÚre  transmis  par  le  greffon  consiste  dans  la  présence  de 
dents  trÚs  marquées  dans  certains  cas,  irréguliÚremeut  disposées  sur  le  pourtour  de  la 
feuille  et  dont  le  nombre  et  la  disposition  sont  trĂšs  variables  suivant  l'organe  foliaire 


(')  L.  Dakibi,,  La  Théorie  des  capacités  fonctionnelles.  Rennes,  igoa. 


SÉANCE  DU  9  novi:mbre  1903.  767 

considéré.  Ces  dents  ont  une  forme  quelque  peu  différente  des  dents  de  la  feuille  du 
poirier  et,  dans  quelques  cas,  elles  donnent  Ă   l'organe  un  aspect  qui  offre  de  l'analogie 
avec  certaines  feuilles  primordiales  des  poiriers  de  semis. 

»  La  description  que  je  viens  de  faire  de  ces  pousses  transformées  montre 
bien  qu'elles  réalisent  une  sorte  à' intermédiaire  entre  le  sujet  et  le  greffon. 
Elles  représentent  ainsi  une  hybride  de  greffe,  dans  le  sens  que  j'attribue 
Ă   cette  expression,  nu  mĂȘme  titre  que  l(>s  hybrides  et  mĂ©tis  de  greffe  que 
j'ai  obtenus  dans  les  plantes  herbacées  ou  ceux  qui  ont  été  signalés  depuis 
dans  les  plantes  ligneuses  (néflier  de  Bronvaux,  vigne,  etc.).  Il  est  à 
remarquer  que  celte  variation  a  été  obtenue,  comme  beaucoup  d'autres, 
par  la  greffe  mixte  (').  Elle  justifie  en  outre  ce  que  j'avançais  au  CongrÚs 
de  Lyon  (-)  quand  j'attribuais  Ă   la  suppression  constante  des  pousses  sur 
le  sujet  l'absence  d'observations  sur  les  hybrides  de  greffe  dans  les  Rosa- 
cées, bien  que  ces  plantes  aient  été  greffées  de  tout  temps  en  grand  nombre. 
Je  me  propose  de  multiplier  le  nouvel  hybride  afin  d'Ă©tudier  son  appareil 
reproducteur  qui  ne  peut  manquer  de  prĂ©senter  de  l'intĂ©rĂȘt  aux  points  de 
vue  théorique  et  pratique.  » 

BOTANIQUE.  —  Sur  les  nectaires  extrafloiaax  des  Hevea.  Note  de  MM.  Aug. 
Daguillon  et  H.  Coupin,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  On  connaßt  les  petites  glandes  (^nectaires  extrajloraux  des  auteurs)  qui 
s'observent,  chez  diverses  espÚces  du  genre  Hevea,  au  sommet  du  pétiole, 
sur  sa  face  supérieure,  prÚs  de  la  naissance  des  trois  grandes  folioles  qu'il 
supporte. 

»  Si  les  botanistes  descripteurs  se  sont  occupés  de  la  distribution  de  ces 
petits  organes,  pour  la  faire  entrer  dans  la  diagnose  des  espĂšces,  il  ne 
heinble  pas  que  les  analomistes  aient  eu  l'occasion  d'Ă©tudier  leur  structure. 
Bien  que  celle-ci  offre  des  ressemblances  avec  celle  qui  a  élé  relevée  dans 
des  organes  de  mĂȘme  nature  chez  quelques  autres  genres  d'EuphorbiacĂ©es 
(Ricinus,  Crozophora,  Croton,  ExcƓcaria,  etc.),  elle  se  signale  cependant  par 
quelques  traits  intéressants,  que  nous  avons  pu  étudier  sur  des  matériaux 


(')  L.  Daniel,  La  greffe  mixte  {Comptes  rendus,  2  novembre  1897). 
(-)  L.  Damel,  Les  variations  spécifiques  dans  la  greffe  ou  hybridation  asexuelle 
{CongrĂšs  de  Lyon,  i5-i7  novembre  1901). 


;768  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

frais,  soit  directement,  soit  aprĂšs  fixation  dans  le  liquide  de  Flemming. 
»  Chez  Bevea  brasiliensis,  les  glandes  en  question  ne  sont  pas  en  nombre 
constant  :  on  en  observe  parfois  deux,  souvent  trois,  quelquefois  quatre, 
ou  mĂŽme  cinq.  Chaque  glande  est  ordinairement  plus  ou  moins  saillante 
au-dessus  de  la  surface  lisse  du  pétiole  :  elle  forme  comme  une  petite  ver- 
rue, dont  le  centre  est  occupé  par  une  dépression  plus  ou  moins  réguliÚ- 
rement circulaire,  que  circonscrit  une  sorte  de  bourrelet. 

»  A.  Au  niveau  de  la  dépression,  l'épiderme  est  assez  profondément  modifié.  Ses 
cellules  deviennent  plus  Ă©lioiles,.  mais  en  mĂȘme  temps  beaucoup  plus  hautes;  forle- 
ment  serrées  les  unes  contre  les  autres,  elles  prennent  l'aspect  d'une  assise  en  palissade, 
dont  la  limite  interne  atteint  un  niveau  sensiblement  plus  profond  que  celle  de  l'Ă©pi- 
démie normal.  Il  peut  y  avoir,  au  moins  par  places,  dédoublement  de  l'épiderme  ainsi 
modifié  en  deux  assises  superposées.  Le  protoplasme  des  cellules  est  abondant;  le 
noyau,  généralement  situé  vers  le  milieu  de  leur  hauteur,  est  assez  volumineux  pour 
en  occuper  presque  toute  la  largeur  et  prendre  une  forme  allongée.  La  cuticule,  soule- 
vée sans  doute  par  les  produits  de  sécrétion,  se  détache  facilement. 

1)  B.  L'assise  immédiatement  sous-épidermique  est  constituée  dans  cette  région  par 
des  cellules  de  forme  Ă   peu  prĂšs  cubique,  plus  larges  mais  beaucoup  moins  hautes 
que  les  cellules  Ă©pidermiques  ;  elles  ont  un  protoplasme  assez  dense  et  un  gros  noyau 
central. 

»  C.  Plus  profondément  encore,  on  observe  de  petites  cellules  ayant  à  peu  prÚs  la 
mĂȘme  struclureque  cellesde  l'assise  sous-Ă©pidermique.  Elles  dilTĂšrent  trĂšs  sensiblement 
des  cellules  ordinaires  du  parenchyme  pétiolaire,  qui  sont  plus  grandes,  à  large  vacuole 
centrale  et  à  protoplasme  pariétal,  emprisonnant  le  noyau,  peu  volumineux,  etleschlo- 
roleucites.  Bien  que  moins  réguliérementordonnées  que  les  cellules  sous-épidermiques, 
ces  petites  cellules  sont  assez  serrées  les  unes  contre  les  autres,  sans  intercalation  de 
méats,  et  forment  un  tissu  assez  compact  qui  vient  s'épanouir  sous  la  dépression  glan- 
dulaire. 

«  D.  Au  niveau  du  bourrelet  périphéri(|ue,  à  (piehjue  jirofondeur  au-dessous  de 
l'épiderme,  on  voit  les  cellules  du  parenchyme  pétiolaire  piendre  des  caractÚres  spé- 
ciaux :  elles  gardent  leur  forme  générale  et  leurs  dimensions;  mais  leurs  membranes, 
tout  en  demeurant  minces,  sont  lignifiées  et  ofifrent  de  petites  ponctuations  simples. 
Le  massif  de  cellules  ainsi  difl'érenciées  oflVe  à  peu  prÚs  la  figure  d'un  tore;  il  est  plus 
ou  moins  développé  suivant  les  échantillons;  parfois  ses  limites  sont  un  peu  indécises, 
les  cellules  les  plus  extérieures  du  massif  olirant  une  lignification  assez  imparfaite  et 
dilTĂ©rant  faiblement  des  cellules  voisines. 

»  E.  Les  cellules  contenant  des  macles  d'oxalate  de  calcium,  dites  cristaux  en 
oursins,  sont  répandues  dans  tous  les  organes  végétatifs  de  la  plante  :  elles  sont  par- 
liculiĂšiement  abondantes  dans  le  voisinage  du  bourrelet. 

»  F.  Dans  la  région  qui  nous  occupe,  et  qui  est  presque  entiÚrement  parenchy- 
mateuse,|les  faisceaux  libéro-ligneux  du  pétiole  se  dissocient,  et  les  rameaux  prove- 
nant de  cette  dissociation  suivent  un   trajet  assez   contourné    :    un  ramuscule,    dont  la 


SÉANCE    DU    ()    XOVEMRRE     r9o3.  nCiq 

partie  ligneuse  se  réduit  à  quelques  vaisseaux  spirales,  vient  se  terminer,  au-dessous 
du  centre  de  la  dépression  glandulaire,  par  un  petit  massif  de  cellules  vasculaires,  à 
membranes  fortement  lignifiées,  avec  ornementation  ravée  ou  réticulée;  ce  petit 
massif  est  comme  le  centre  autour  duquel  rayonne  le  tissu  compact  défini  plus 
haut(C). 

»  G.  Les  fascicules  Iigneu>L  provenant,  comme  il  vient  d'ĂȘtre  dit,  de  la  dissociation 
des  faisceaux  péliolaires,  sont  accompagnés  de  cellules  allongées  à  protoplasme  dense, 
à  gros  noyau,  et  alignées  dans  le  sens  de  leur  allongement;  elles  semblent  continuer 
le  liber  des  faisceaux  pétiolaires  et  viennent  aboutir,  d'autre  part,  au  tissu  com- 
pact (G). 

»  H.  On  sait  que  la  ti-e  et  la  feuille  des  Ilevea  renferment  des  laticifÚres  articulés 
dont  le  contenu  fournit  du  caoutchouc.  A  l'intérieur  du  pétiole  ils  sont  surtout  loca- 
lisĂ©s dans  le  liber  des  faisceaux.  Dans  la  rĂ©gion  glandulaire,  en  mĂȘme  temps  que  se 
dissocient  ces  faisceaux,  quelques-uns  des  laticifĂšres  se  portent,  en  suivant  un  trajet 
capricieux,  vers  la  surface  sécrétrice  :  ils  se  ramifient  à  l'intérieur  du  tissu  compact  (C), 
et  leurs  extrĂ©mitĂ©s  viennent  se  terminer  en  doigt  de  gant,  soit  dans  ce  tissu,  soit  mĂȘme 
entre  les  cellules  de  l'épiderme  sécréteur;  certaines  terminaisons  atteignent  la  face 
profonde  de  la  cuticule  et  revĂȘtent  dĂšs  lors,  Ă   l'intĂ©rieur  de  l'Ă©piderme,  une  forme 
assez  analogue  Ă   celle  des  cellules  Ă©pidermiques  elles-mĂȘmes. 

»  Dans  la  structure  de  ces  glandes,  les  deux  points  sur  lesquels  nous 
désirons  attirer  plus  particuliÚrement  l'attention  sont  :  i°  la  présence 
d'une  sorte  d'anneau  de  parenchyme  scléreux  à  l'intérieur  du  bourrelet 
qui  circonscrit  la  surface  glandulaire;  2°  la  distribution  et  la  terminaison 
des  laticifÚres  dans  le  parenchyme  imniéilialement  adjacent  à  cette  surface 
et  jusque  entre  les  cellules  de  l'épiderme  sécréteur.    » 

BOTANIQUE.  —  Recherches  cylologiques  sur  le  Galactinia  succosa.  Note   de 
M.  R.  Maire,  présentée  par  M.  Guignard. 

«  Dans  le  but  de  rechercher  quelle  parenté  pouvait  avoir  l'évolution 
nucléaire  des  AscomycÚtes  avec  celle  des  BasidiomycÚtes,  nous  avons 
étudié  une  Pézize  supérieure,  le  Galaclinra  succosa. 

»  Cette  espÚce  possÚde  des  laticifÚres  :  die  était  donc  doublement  inté- 
ressante Ă   Ă©tudier,  les  laticifĂšres  Ă©tant  encore  peu  connus  chez  les  Asco- 
mycĂštes. 

»  Les  hyphes  du  carpopliore  présentent  dans  chacun  de  leurs  articles  un  assez  «^rand 
nombre  de  noyaux,  irréguliÚrement  dispersés  et  se  divisant  isolément. 

»  Certaines  hyphes  ou  portions  d'hyphes,  à  peine  dilférenciées,  se  gorgent  d'un 
liquide  séreux  devenant  jaune  laiteux  à  l'air. 

C.  R.,  1903,  2'    Semestre.  (T.  CXXXVU,  N"  19.)  lOI 


rjno  ACADEMIE   DES    SCIENCES. 

»  Ce  li(iuicle  se  coagule  par  la  chaleur,  l'alcool  el  les  fi\alcuis,  ne  donne  aucune 
léaclion  avec  l'iode,  le  Soudan  III,  l'acide  osmique,  se  colore  forlement  par  la  safja- 
nine  aprÚs  mordançage  au  KMnO';  il  ne  conlient  donc  ni  corps  gras,  ni  glycogÚne; 
sa  consliUUion  est  encore  inconnue. 

»  Les  laticifÚres  contiennent  de  nombreux  noyaux  semblables  à  ceux  des  hyphes 
ordinaires,  mais  entrant  en  dégénérescence  dans  les  parties  les  plus  gorgées  de  matiÚres 
élaborées. 

»  Ils  sont  répartis  assez  également  dans  l'hypotliécium  et  dans  le  lissu  lùche  sous- 
jacent,  oĂč  ils  prĂ©sentent  souvent  des  dilatations  ampullaires. 

»  La  formation  des  asques  présente  une  particularité  remar(|ual)le. 

»  La  cellule-mÚre  de  Vasque  est,  en  effet,  dans  cette  espÚce  la  cellule  terminale 
d'une  file  de  deux  ou  trois  cellules  pourvues  chacune  d'un  synkaryon;  on  ne 
retrouve  pas  les  crochets  décrits  chez  les  autres  AscomycÚtes. 

»  La  formation  de  l'asque  est  donc  ici  semblable  à  celle  d'une  baside. 

»  Les  deux  éléments  du  synkaryon  se  fusionnent  en  un  gros  noyau,  qui  présente 
plus  tard  un  stade  synopsis,  semblable  à  celui  que  nous  avons  décrit  chez  les  Basi- 
diomycĂšles. 

»  L'asque  est  pendant  tout  son  développement  une  véritable  cellule  sécrétrice;  dÚs 
la  fusion  nucléaire  apparaissent  au  contact  du  noyau  des  granulations  basophiles  qui 
augmentent  de  nombre  et  se  répartissent  dans  le  cytojjlasma  au  fur  et  à  mesure  que 
le  noyau  devient  acidophile;  le  nucléole  reste  toutefois  presque  toujours  basophile.  Le 
noyau  de  l'asque  et  le  cytoplasma  qui  l'entoure  sont  bientÎt  séparés  du  sommet  de 
l'asque  et  de  sa  base  par  une  abondante  substance  coagulable,  dont  la  constitution 
paraĂźt  analogue  Ă   celle  du  contenu  des  laticifĂšres.  Il  n'y  a  pas  de  glycogĂšne;  les  corps 
gras  abondent  en  revanche  dans  tout  le  cytoplasma  qui  entoure  le  ou  les  noyaux,  puis 
dans  les  spoi-es.  On  trouve  quelquefois  dans  le  jeune  asque  et  au  milieu  de  l'abondant 
deuloplasma  de  l'asque  plus  ùgé  des  corpuscules  métachromatiques  de  formes  trÚs 
irréguliÚres,  mais  leur  présence  n'est  pas  constante. 

»  Les  phénomÚnes  de  la  division  du  noyau  sont  assez  semblables  à  ceux  décrits  par 
llarper  chez  d'autres  AscomycĂštes.  Il  faut  toutefois  noter  les  faits  suivants  : 

))  1°  L'origine  et  la  formation  des  centrosomes  et  du  fuseau  sont  entiÚrement 
intranucléaires,  au  moins  pour  la  premiÚre  division. 

»   1"  La  formation  des  chromosomes  est  trÚs  irrÚguliÚre   :   il  y  a  généralement  des 
protochromosomes  k  la  deuxiĂšme  et  Ă   la  troisiĂšme  division  comme  Ă   la  premiĂšre. 
»  3°  Le  nombre  des  chromosomes  est  de  [\. 

»  4°  La  division  des  chromosomes  se  fait  comme  chez  les  Ilygrophores,  par 
division  longitudinale  suivie  d'Ă©tirement. 

«  5"  Les  axes  des  deux  premiÚres  mitoses  sont  longitudinaux,  celui  de  la  troisiÚme 
est  transversal,  ce  qui  explique  la  disposition  distique  des  spores. 

»  6°  Le  kinoplasma  joue  un  rùle  prépondérant  dans  la  formation  des  spores. 
comme  l'a  décrit  Harper  chez  d'autres  AscomycÚtes. 

»  Nous  ajouterons,  pour  terminer  cette  brÚve  notice  sur  le  Galaclinia 
succosa,   que  celte  espÚce  présente  une  parenté  réelle  avec  les  Basidio- 


SÉANCE    DU   9   NOVEMBRE    igo3.  771 

mycÚles  ;ui  poinl  de  vue  de  son  évolution  nucléaire  ;  la  présence  d'une 
lignée  de  synkaryons  avant  la  formation  de  l'asque  la  met  au-dessus  des 
autres  AscomycÚtes  :  nous  trouvons  ici  la  premiÚre  ébauche  de  ce  tronçon 
de  l'individu,  le  synkaryophyte,  qui  doit  prendre  tant  de  développement 
chez  les  BasidiomycÚtes.  » 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  l oxydation  de  la  glucose  dans  le  sang. 
Note  de  M.  L.  Jolly,  présentée  par  M.  H.   Moissan.  (Extrait.) 

«  Nous  savons  que  les  farineux  alimentaires,  pour  entrer  dans  le 
torrent  circulatoire,  sont  solubilisés  'par  la  ptyaline  salivaire  et  l'amy- 
lopsine  pancréatique,  c'est-à-dire  transformés  en  glucose. 

»  Une  grande  quantité  de  celte  glucose,  aprÚs  chaque  repas,  est  emma- 
gasinée dans  le  foie  à  l'état  de  glycogÚne,  pour  passer  ultérieurement,  à 
mesure  des  besoins,  dans  la  circulation  hématique.  Une  autre  partie  est 
emmagasinĂ©e  dans  les  tissus  musculaires,  pour  ĂȘtre  utilisĂ©e  Ă©galement  Ă  
mesure  des  besoins... 

M  II  nous  a  paru  intéressant  de  rechercher  si  l'alcool,  dont  la  présence 
a  été  signalée  dans  le  tissu  musculaire,  est,  dans  le  sang,  un  produit  de 
dédoublement  de  la  glucose,  afin  de  faciliter  son  oxydation. 

»  Nous  nous  sommes  procuré  i^'i  de  sang  de  bn'uf  trÚs  frais.  Il  a  été  divisé  en  deux, 
parties  égales.  Chaque  partie  a  été  intimeraenl  mélangée  à  i''s  de  solution  saturée  de 
sulfate  de  soude,  additionnée  de  5s  de  glucose;  cela  afin  que  les  deux,  mélanges  soient 
identiques. 

»  L'une  a  été  mise  à  l'étuve  et  chauffée  à  Se"  pendant  12  heures. 

»  L'autre  a  été  soumise  immédiatement  à  une  distillation  trÚs  lente,  au  bain-marie. 
Nous  avons  retirĂ©  5oℱ°  de  liquide.  Puis,  sans  arrĂȘter  la  distillation,  nous  avons  ajoutĂ© 
105 d'acide  sulfurlque  dilué  et  mélangé  le  tout  avec  un  agitateur.  Nous  voulions  savoir 
s'il  passerait  à  la  distillation  un  peu  d'acide  acétique.  Nous  avons  recueilli  S'""  de 
liquide-;  il  n'avait  aucune  réaction  acide. 

1)  Le  mĂ©lange  sanguin  passĂ©  Ă   l'Ă©tuve  a  Ă©tĂ©  distillĂ©  de  la  mĂȘme  maniĂšre.  Nous  avons 
également  recueilli  5o'^^'"'  de  liquide.  AprÚs  addition  d'acide  dilué  \fous  avons  encore 
recueilli  5""'  de  liquide.  Il  avait  une  réaction  franchement  acide  ^  r?  goutte  de  per- 
chlorure  de  fer,  par  la  coloration  rouge  produite  dans  le  liquide  sal;  Ă©,  nous  a  fourni 
la  preuve  que  c'était  bien  de  l'acide  acétique. 

»  Pour  constater  la  présence  de  l'alcool  dans  les  liquides  des  deux  distillations  et 
en  déterminer  approximativement  la  quantité,  nous  nous  sommes  servi,  en  premier 
lieu,  de  la  réaction  colorimétrique  par  l'acide  chromique,  qui   permet  de  déceler  la 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

prĂ©sence  de  l'alcool  jusqu'Ă   la  proporĂčon  de  ^W- Au  moyen  d'essais  comparatifs  avec 
de.  solutions  alcooliques  de  plus  en  plus  diluées,  nous  avons  constate  que  la  solut.on 
alcoolique  Ă   ^  donnait  une  coloration  jaune  verdĂ tre,  identique  a  celle  du  hqu.de 
de  la  premiĂšre  distillation. 

„  Le  produit  de  la  seconde  distillation,  traitĂ©  de  la  mĂȘme  manuM-e,  nous  a  donne 
une  coloration  bleue,  bien  marquée,  identique  à  celle  que  donne  l'alcool  au  -^.  La 
quantité  d'alcool  produit  aprÚs  chauffage  à  l'étuve  est  donc  6  fois  plus  élevée. 

>,  Mais  comme  un  certain  nombre  d'autres  composés  donnent  des  colorations  avec 
l'acide  chromique,  nous  avons  soumis  ces  liquides  à  deux  autres  réact.ons  de  contrÎle  : 
l'une  a  consisté  à  produire  de  l'iodoforme;  une  goutte  évaporée  nous  a  révÚle  au  mi- 
croscope la  présence  d'iodoforme  en  masses  jaunùtres  de  formes  diverses,  contrariées 
par  de  nombreux  cristaux  blancs  d'iodure  de  potassium.  Une  parcelle  d'iodoforme 
Lsoute  dans  l'alcool  et  Ă©vaporĂ©e  nous  a  donnĂ©  les  mĂȘmes  formes,  mais  plus  parfaites 

„  Enfin,  nous  nous  sommes  assurĂ©  de  l'existence  de  l'alcool  par  la  formation  d  un 
peu  de  butyrate  d'élhyle  qui  nous  a  donné  l'odeur  de  l'ananas. 

„  Not.s  pouvotis  donc  coticlure  :  qu'il  existe  naUtrellement  de  l'aicol. 
en  trĂšs  minime  proportioti,  dans  le  sang; 

>,  Que  les  «lobules  du  sang  ont  dédoublé  une  certaine  quanl.le  de  glu- 
cose en  alcool  et  qu'ils  ont  transtor.Tié  une  partie  de  cet  alcool  en  actde 
acétique  par  oxydation.  » 

A  4  heures  et  detiiie  l'Acadéinie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie. 

G.   D. 


On  souscrit  Ă   Paris,  choz  GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grand  -i.iigustins,  n°  55. 


eouis  1835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  réguliÚrement  le  Din,anche.  Ils  forment  à  la  fin  de  l'année,  deut  volumes  in-4°.  Doux 
les    l'une  par  ordre  alphabétique  de  matiÚres,  l'autre  par  ordre  alphaleu,ue  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L  abonnement  est  annuel 

art  du  I  "  Janvier .  ^^  ^^.^  ^^^  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  30  fr.  —  DĂ©partements  .  40  fr.  —  Union  postale  ;  44  fr. 


ĂŻ 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


n        

chei  Messieurs  : 
Ferran  frĂšres. 

I  Chaix. 

Jourdan. 
1  Rufif. 
Courtin-Hecquet. 

chei   Messieurs  : 
j  Bauinal. 

Lyon 

■  i  M"'  lexier. 

Bernoux  et  Cumin 
^Georg. 
(  EfĂźantin. 
1  Savy. 
'  Ville 

ens      

Germain  et  Grassin. 
Gaslineau. 
JĂ©rĂŽme. 
.     RĂ©gnier. 

Marseille 

Montpellier .    . 

'onne 

%nçon   

Ruai 

J  Valat. 

\  Coulel  el  fils. 

deaux  

nges 

Ferel. 
.  !  Laurens. 
'  Muller  (G.). 
Renaud. 

Moulins 

Martial  Place. 
(  Jacques. 
'  Grosjean-Maupin 

1  Sidol  frĂšres. 

‱M    

sn 

ambeiy 

erbourg 

1  Derrien. 
\  E.  Robert. 

Oblin. 
'  Uzel  frĂšres 
.     Jouan. 

Perrin. 

Henry. 

Margueric. 

Vantes 

Nice 

1  Guist'liau. 
1  Veloppé. 
1  Barma. 
'  Appy. 
.  .      Thibaut). 

Orléans 
Poitiers 

Loildé. 
,  Blanchier. 
1  I^Ă©vner. 

'.rmont-Ferr 

ion 

(  Juliot. 
'  i  Bouy. 

Nourry. 
.     Ratel. 

Plihon  et  Hervé 

Rochefort.    . 
Rouen 

Girard  (M"") 
\  Langlois. 
(  Leslringant. 

'  Hey. 

S'-É tienne  . 

Chevalier. 

um 

\  Lauverjal 
■  1  Degez. 

Toulon 

J  Ponleil-Burles 
i  Runiébe. 

■enoble 

1  Drevet. 
■  ■  1  Gralier  el  C". 

Toulouse.  ■ 

y  Gimet. 
■    ■  i  Privai. 

Boclielle — 

..     Foucher. 

Boisselier. 

Havre 

)  Bourdignon. 
\  Dombre. 

Tours 

.  .  .     PĂ©rical. 
'  Suppligeon. 

lie 

Thorez. 

t  alenciennes 

)  Giard. 
1  LemaĂźtre. 

Quarré. 

On  souscrit,  Ă   l'Etranger, 


Amsterdam. 


chez  Messieurs  : 

1  Feikeina    Caarelsen 

/      et  C'V 

.AthĂšnes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

,  Asher  et  C'v 


Herlin. 


Dames. 

Friedlaoder   et   fils. 
Mayer  et  Muller. 
Schmid  Francke. 


Berne  

Hologne Zanichelli 

(  Lamerlin. 
Bruxelles 


chez  Messieurs  : 

(  Dulau. 
Londres ;  Hachette  el  C". 

'nuII. 
Luxembourg . ...     V.  Biick. 

/  Ruiz  et  C". 
Madrid ^■Romo  y  Fu.sel 

I  Capdeville 

'  F.  FĂ©. 

(  Bocca  frĂšres. 

\  HƓpli. 

Moscou Tastevin. 


Milan . 


Bucharest. 


I  MayolezetAudiarte. 

!  LebĂšgue  et  G". 

(  Sotchek  et  C°. 

\  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighton,  BellelG". 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Ollo  Keil. 

Copenhague Hftst  et  fils. 

Florence '       Seeber. 

Gand Hoste. 

GĂȘnes: Beuf. 

Cherbuliez.. 
.     Georg. 
I  Slapelniohr. 

Belinfanle   frĂšres. 
y  Benda. 
■  I  Payot  et  C'V 
Barlh. 
\  Brockhaus. 

Leipzig KƓhler. 

i  [jorenlz. 
Twielnieyer. 

,  Desoer. 
>'«^« (  Gnusé. 


Genùve..    ■ 

La   Haye. 
Lausanne. 


.,       ,  (  Marghieri  di  Giu» 

Naples !       ,,* 

(  Pellerano. 

i  Dyrsen  et  PfeiiĂŻer. 

[\letv-  fork Slechert. 

'  Lemcktel  Buechier 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  el  C" 

Palerme Reber. 

\  Porto MagalhaĂšs  el  Miiim 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

i  i  Bocca  frĂšres. 

j^"""*--    ; JLoescheretC-. 

I  Rotterdam Kramers  et  fiU 

j  Stockholm Nordisk»  Boghandel 

^  Zinserling. 
)  WollĂź. 


I  S'-PĂ©tersbourg . 


Turin . 


Bocca  frĂšres 

)  Brero. 

j  Clausen. 

(  RosenbergeiSellier 

Varsovie Gebelhner  el  Wolfl. 

VĂ©rone Orucker. 


Frick. 


Vienne (  Gerold  et  G'-. 

Zurich MeyeretZellcr. 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES.  ^^  ^^ 

Tomes  1"  Ă   31.  -  (3  AoĂ»t  .835  Ă   3 1  DĂ©cembre  .S5o.)  Volume  in-r  ;  '«^^/‱('■'■^■,>riV '■'■'■''■'■  25  fr. 

Tomes  32  Ă   61-  -  ( ."  Janvier  .85_i  Ă   3,  ûécembro  ,^b..   Vol  a  me       4^  ,    870      |  x-  ■  ‱  ■  ‱  ■ ^5  fr. 

Tomes  62  i  91.  -  '  i-  Janvier  .866  a  3.  Daoembn    ibbo.)  ^^^^  "^,^.''90^0.  l'.-i... 25   fr. 

Tomes  92  Ă   121.  -  (  1"  Janvier  1881  Ă   3i  Dseembre  .895.)  Volume  111  4  ,  ^'Ăš^^- 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  ^ES  SÉANCES  DE  L'ACADEMIE  DES   SCIENCES  ■‱  ,j^,^^,^,,,,  ,,,,,  Calcul  des  Perturbations  qu'Ă©prouvent 

ro.,  I.  -  MĂ©,n  .,r.  su..  ,u.iqu..  poi.u  de  la  P^y-^'^S-^- ^If-^P^^Ï  ^'.l^.^li^^^r^if  ,^.^ Ăź^;  ^U  ‱iri'nT^^^dĂźgĂš'tC p..tici.liĂšra,aeat  dans   la   digestion   des 

.liĂšr-^  "Ăź-'k^pi    Dir  U     Ci,auoe  Biii^iutĂ».   VjUi  ne  ia-+%  avec  Ji   pUncae^,   '    J    ■■‱         ■‱ ,'‱"  '  i..  p,:v  nronnsĂ©e  en   i85o  par  l'AcadĂ©mie  des  Sciences 

Xir  n:-;;;::,re  sur  ics  vers  intestinaux,  par  ^^  J;3^/-  ^1^....   -  E.a, -IW  re^o,.^a  ^  ^^Î^SJ^^^^t 

'^!;=e^^;^^^.-^--ĂŻ^^"^ĂȘ^^^^^^^  - .....lunee. 


niancbes;   i^ 


DLrte;"lVq;esirou  d.  learTppTriïioTou  de  leur  disparilion  luecessive  ou  simultanée.    -^Reckercher^la 
‱areae  leur  supeipu=,..u,;.  -  Discute,  la  que=uou  a.  vy  Professeur  BaoNN.  [n--i°.  avec  7  pi 

nature  des  rapports  qui  evislenl  entre  l'Ă©tat  actuel  du  rĂšgne  organique  et  ,e,  -A  =  ..nlu^eu^  ,  pa 


A  la  mĂȘme  Libiairie  les  MĂ©naoires  de  l'AcadĂ©mie 


des  Sciences,  et  U.  Mémoires  présentés  par  divers  Savants  à  l'Académie  des  Sciences. 


N°  19. 

TABLE   DES  ARTICLES.   (SĂ©ance,  du  9  novembre  1903.) 


MÉMOIHES    ET  COMMUN ICATIOIXS 

DES   MKMBKKS    ET   DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 


M.  R.  Blondlot.  —   .Sur  l'emmagasinemenl  des  rayons  n  par  certains  corps. 


729 


MEMOIRES  PRESENTES. 


Pages. 
M.  Prosper  de  Lafitte  adresse  un  MĂ©moire 
ayant  pour  litre  :  "  Le  carré  magique  de  3. 
Solution   générale  du   problÚme  >' -^i 


Pages 
M.  A.-N.  Panoff  adresse  un  Mémoire  «  Sur 
la  propagation  de  l'attraction  » -i 


CORRESPONDANCE. 


M.  Rabut.  —  Sur  la  dĂ©termination  des 
figures  invariantes  des  transformations 
cycliques 7^^ 

M.  S.  PiNCHERLE.  —  Sur  l'approximation 
des  fonctions  par  les  irrationnelles  qua- 
dratiques  ' ‱ 'fi'ji 

jM.  a.  de  Saint-Germain.  —  GĂ©nĂ©ralisation 
de  la  propriété  fondamentale  du  poten-     . 
tiel 73'i 

M.  E.  AriĂšs.  —  Sur  les  lois  du  dĂ©placement 
de  l'Ă©quilibre  chimique 738 

M.  E.  BouTY.  —  CohĂ©sion  diĂ©lectrique  des 
gaz  à  basse  température 74i 

M.  Charles  Fabry.  —  Sur  une  solution 
pratique  du  problÚme  de  la  photométrie 
hélérochrome 74^ 

M.  Th.  Tommasina.  —  Sur  la  scintillation  du 
sulfure  de  zinc  phosphorescent,  en  pré- 
sence du  radium,  revivifiée  par  les  dé- 
charges  Ă©lectriques 745 

M.  F.  QuÉNissET.  —  Remarques  sur  le  der- 
nier groupe  de  taches  solaires  et  les  per- 
turbations magnétiques 747 

RI.  Thoulet.  —  Sur  la  lransparence.de  la 
mer 7  4^ 

AL  Henry   de  La  Vaulx.  —  L'emploi    des 


ballons  à  ballonnet  d'aprÚs  la  théorie  du 
général  Aleusnier 74<) 

MM.  H.  Baubigny  et  P.  Rivals.  —  Condi- 
tions de  séparation  de  l'iode  sous  forme 
d'iodure  cuivreux,  dans  un  mélange  de 
chlorures,  bromures  et  iodures  alcalins..     733 

M.  Andue  Kling.  —  Action  des  dĂ©rivĂ©s 
organoniagnésiens  sur  l'acétol  et  ses  éthers- 
sels 75'> 

M.  Antoine  Pizon.  —  Evolution  des  Diplo- 
somidĂ©s  (Ascidies  composĂ©es) 7Ï9 

M.  P.  WiNTREBERT.  —  Sur  la  rĂ©gĂ©nĂ©ration 
chez  les  Amphibiens  des  membres  posté- 
rieurs et  de  la  queue,  en  l'absence  du 
systĂšme  nerveux ' 7')i 

M.  Victor  Henry.  —  Étude  des  ferments 
digestifs  chez  quelques  Invertébrés 763 

M-.  Lucien  Daniel.  —  Un  nouvel  hybride 
de  grelTe 7^5 

MM.  AuQ.  Daguillon  et  H.  Coupin.  — -  Sur 
les  nectaires  extra-floraux  des  Hevea....     -fil 

M.  R.  Maire.  —  Recherches  cytologiques 
sur  le  Galaclina  succosa 7t>9 

M.  L.  JoLLY.  —  Sur  l'oxydation  de  la  glu- 
,     cose  dans  le   sang. . , 771 


PARIS.    —   IVIPKIMIÎK.IE     G  A  UT  II  I  li  K  -  V  I  L  L  A  R  S, 
Quai  des  Grands-Auguslins,  35. 


Le  GĂ©rant  .    Gauthier -Villars. 


SECOND  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES     SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVH. 


N^  20(16  Novembre  1903). 


PARIS, 

GAUTHl ER-VILLARS ,  IMPR I MEU R-LIRR AIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES   SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Auguslius,  55. 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  aS  juin   1862  et  24  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  ex  Ira  ils  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1"^.  —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  ])ar  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  6e  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

T^es  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  Sa  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  liait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'aul  r 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
hlique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savant 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  personi< 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  Y  h 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un  it 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  a 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis  L 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nom  < 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Exia 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  i 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  I 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  rem  i 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  tare 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin  ;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   len  ) 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  re  5 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu  \ 
vaut  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  sera 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comp 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  der  ' 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rappor 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrativ 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  . 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  di 
sent  RĂšglement. 


Lei  Savants  étrangers  i.  l'Académie  qui  désireit  faire  présenter 
déposer  aa  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance 


leurs  mémoires  par  UM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  prié! 
avant  S**.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  si 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU    LUNDI   16  NOVEMBRE  1905, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBEKT  GAUDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIOIVS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Président  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Les  élÚves,  les  amis,  les  aclniirateurs  de  M.  Chauveau  se  sont  associés 
pour  faire  graver  une  belle  médaille  à  son  effigie.  Noire  ConfrÚre  a  voulu 
que  la  médaille  lui  fût  remise  dans  la  plus  stricte  intimité.  Mais  des 
adresses,  des  lettres,  des  télégrammes  lui  ont  été  envoyés  de  toute  part. 

»  La  lettre  de  voire  Président  renfermait  ces  mots,  qui  lui  ont  semblé 
l'expression  des  sentiments  de  l'Académie  : 

1)  Vous  avez  éteiichi  votre  action  bienfaisante  à  ces  créatures,  bonnes  et  souvent 
charmantes,  qui  sont  pour  l'humanilé  d'un  tel  secours  que  nous  avons  peine  à  conce- 
voir comment,  sans  elles,  il  lui  serait  possible  de  se  maintenir  et  de  progresser.  Merci 
pour  toutes  les  choses  grandes  et  utiles  que  vous  avez  faites. 

»  On  a  réuni  les  félicitations  envoyées  à  M.  Chauveau  dans  un  Opuscule 
oßi  se  trouve  le  fac-similé  de  la  médaille,  représentant  d'un  cÎté  sa  tÚte 
expressive  et  de  l'autre  cÎté  sa  fameuse  expérience  de  cardiographie,  à 
l'École  vĂ©tĂ©rinaire  de  Lyon. 

»  Nous  conserverons  précieusement  ce  souvenir  des  hommages  rendus 
à  un  ConfrÚre  que  chacun  de  nous  aime  et  honore.    » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Nouvelle  prĂ©paration  de  V argon. 
Note  de  MM.  H.  Moissax  et  A.  Rigaut. 

«   Dans  leurs  belles  recherches  sur  la  découverte  de  l'argon,  lord  Ray- 
leigh  et  sir  William  Ramsayont  utilisé,  tout  d'abord,  l'action  de  l'étincelle 

G.  R.,   igoS,   ï'  Semestre    (T.  CXXXVII,  N»  20.)  I02 


-7^4  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

électrique  sur  le  mélange  d'oxygÚne  et  d'azote  pour  séparer  l'argon  de 
l'air  atmosphérique.  Par  la  suite,  ils  ont  employé  le  magnésium  qui  retient 
l'azote  sous  forme  d'azoture;  enfin,  dans  des  expériences  pins  récentes, 
sirWilliamRamsayC)  s'est  servi  du  procédé  indiqué  par  M.  Maquenne  (^)  : 
action  d'un  mélange  de  chaux  et  de  magnésium  sur  l'azote  atmosphé- 
rique. 

»  L'étude  de  la  préparation  de  l'argon  par  l'action  des  étincelles  d'in- 
duction sur  un  mélange  d'oxygÚne  et  d'azote  atmosphérique  a  été  reprise 
derniĂšrement  par  M.  Auguste  Becker  (^). 

»  L'un  de  nous  a  démontré  précédemment  que  le  métal  calcium  se 
combinait  avec  facilité  à  l'azote  au  rouge  sombre,  en  fournissant  un  azo- 
ture  cristallisé  de  formule  Ca^  Az-  (  '  ). 

»  Comme  ce  calcium  métallique  possÚde  aussi  la  propriété  de  fixer 
l'hydrogĂšne  Ă   la  mĂȘme  tempĂ©rature,  en  donnant  un  hydrure  cristallisĂ©  de 
formule  CaH-  et  que  cet  hydrure  n'est  pas  dissociable  à  5oo°,  nous  avons 
pensé  à  appliquer  ces  différentes  propriétés  à  l'extraction  de  l'argon  de  l'air 
atmosphérique. 

w   Cette  préparation  de  l'argon  comprend  quatre  opérations  : 

))   A.  Préparation  de  loo'  d'azote. 

1)   B.  Enrichissement  de  l'azote  en  argon. 

»   C.  PremiÚre  purification. 

))   D.  Seconde  purification  par  circulation  sur  le  calcium. 

»  A.  PrĂ©paration  de  loo'  d'azote  atmosphĂ©rique.  —  Cette  opĂ©ration  se 
fait  au  moyen  de  deux  tubes  d'acier  de  iℱ,  20  de  longueur  et  de  o",o3o  de 
diamÚtre,  remplis  de  tournure  de  cuivre  tassée,  préalablement  oxydée  à 
l'air,  puis  réduite  dans  l'hydrogÚne.  Le  gaz  est  introduit  par  aspiration  dans 
un  gazomĂštre  Ă   eau. 

»  ^.Enrichissement  de  l'azote  en  arf^on.  —  Le  gaz,  obtenu  prĂ©cĂ©demment, 
traverse  d'abord  un  tube  de  Fer  de  1"  rempli  de  tournure  de  cuivre,  puis 


(')  Hamsat,  Proceedings  of  the  Royal  Society .  t.  VIIT,  1898,  p.  i83,  et  W.  Travfrs, 
Study  of  gases. 

C)  Maquenne,  Sur  la  fixation  de  Vazolc  par  les  métaux  alcalino-terreux 
{Comptes  rendus,  t.  CXXI,  iSgS,  p.  ii/Jy). 

(')  Auguste  Becker,  Veher  die  Darstellung  von  Argon  iniltels  eleklrisclter  Funkcn 
{Zeitschrift  fur  Eleklrocheniie,  28  juli  igoS,  n"  30,  p.  600). 

(*)  H.  MoissAN,  Recherches  sur  le  calcium  et  ses  composes  {Annales  de  Chimie  et 
de  Physique,  7"  série,  t.  XVIII,  1899,  p.  2S9). 


SÉANCE    DU    l6    NOVEMBRE     igoS.  775 

un  sécheur  formé  d'un  flacon  à  acide  sulfurique  et  six  tubes  horizontaux 
de  o^.So,  remplis  de  fragments  de  potasse  refondue  au  creuset  d'argent. 
Le  gaz  passe  ensuite  dans  deux  tubes  de  fer  de  o'",8o  de  longueur  conte- 
nant un  mélange  de  cinq  parties  de  chaux  vive  en  poudre  fine  et  de  trois 
parties  de  poudre  de  magnésium  bien  exempte  d'huile  et  d'aluminium. 

»   Chaque  tube  renferme  une  charge  de  120^  du  mélange. 

»  On  porte  au  rouge  le  tube  qui  contient  la  tournure  de  cuivre,  puis  on 
chauife  les  deux  tubes  à  mélange  de  chaux  et  de  magnésium  en  ayant  soin 
de  laisser  ouvert  le  robinet  qui  se  trouve  à  l'extrémité  du  dernier  tube. 
Dans  ces  conditions,  il  se  dégage  une  petite  quantité  de  gaz  hydrogÚne  pro- 
venant de  l'absorption  de  l'humidité  par  les  poudres  au  moment  de  leur 
mélange.  La  présence  constante  de  cet  hydrogÚne  dans  les  manipulations 
est  une  des  difficultés  de  la  pré|jaration.  Lorsqu'on  s'est  assuré,  grùce  à  un 
laveur  à  acide  sulfurique  placé  aprÚs  le  robinet  dont  nous  parlions  plus 
haut,  que  tout  dégagement  d'hydrogÚne  est  terminé,  on  adapte,  à  l'ex- 
trémité de  l'appareil,  un  sac  vide  en  caoutchouc  de  i5'.  On  ferme  le  robinet 
de  verre  et,  grĂące  Ă   la  pression  du  gazomĂštre,  on  fait  passer  dans  rap[)a- 
reil  les  100'  d'azote  qui,  en  2  heures,  diminuent  de  volume  et  sont  rame- 
nés à  10'  de  gaz  enfermés  dans  le  sac  de  caoutchouc.  Ce  gaz  contient 
10  pour  100  d'argon  ('  ). 

M  La  chaux  qui  sert  dans  nos  expériences  a  été  obtenue  de  la  façon 
suivante  :  du  marbre  blanc  exempt  de  silice  est  calciné  au  four  Perrot 
pendant  3  heures.  AprĂšs  refroidissement,  la  chaux  vive  ainsi  obtenue  est 
passée  au  tamis  de  soie,  puis  hydratée  |)ar  une  petite  quantité  d'eau  dis- 
tillée. AprÚs  qu'elle  s'est  délitée  complÚtement,  cette  poudre  est  calcinée 
pendant  3  heures  à  une  température  mesurée  de  1000°. 

»  Le  magnésium  employé  est  en  poudre  trÚs  fine.  On  s'assure,  au  préa- 
lable, qu'il  est  bien  exempt  d'aluminium.  Il  est  lavé  ensuite  à  l'éther  sec 
par  digestion  d'abord,  puis  sur  un  entonnoir  de  Buchner,  enfin  essoré  à 
la  trompe  et  séché  à  i  fo°. 

»  Les  tubes  de  verre,  séchés  avec  soin,  sont  remplis  du  mélange  pré- 
paré dans  un  mortier  chaud,  avec  le  métal  sortant  de  l'étuve  et  l'oxyde  pris 
dans  le  creuset  encore  tiĂšde. 

))  C.  Premiùre  purificalion.  —  Le  sac  de  caoutchouc  contenant  l'azote  à 


(')  Dans  des  expériences  préliminaires,  nous  nous  servions,  pour  recueillir  le  gaz 
ainsi  enrichi  d'argon,  d'un  gazomÚtre  à  eau  et,  à  cause  de  la  solubilité  de  l'argon  dans 
ce  liquide,  nous  avions  un  rendement  beiuic(>u|i  plus  faible. 


n-6  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

lonoiir  loo  d'argon  est  relié  à  un  petit  sécheor  à  potasse  qui  commu- 
nique au  moyen  d'un  robinet  tenant  le  vide  avec  un  gros  tube  en  porce- 
laine de  Berlin,  de  35""^  de  diamĂštre  et  de  o"',8j  de  longueur.  Ce  tube  est 
chauffé  dans  un  four  Mermet,  et  il  peut  recevoir  une  gargousse  de  tÎle 
perforée  contenant  80"  du  mélange  chaux  et  magnésium.  Un  second  tube 
en  verre  d'Iéna  se  trouve  à  la  suite  du  premier;  il  contient  yo»  du  mÎme 
mélange.  Il  est  mis  en  communication  avec  un  troisiÚme  tnije  ])]us  petit  et 
rempli  d'oxyde  de  cuivre.  AprĂšs  ce  dernier  Inbe,  se  trouve  un  petit  bar- 
bolenr  à  acide  sulfurique,  pour  retenir  l'eau  formée,  et  enfin  un  dessicca- 
teur  Ă   potasse  caustique.  Cet  appareil  est  mis  en  communication  par  un 
robinet  Ă   trois  voies  avec  une  pompe  Ă   mercure  qui  permet  de  recueillir  le 
gaz  et  de  l'envoyer,  par  un  tube  abducteur,  dans  une  grande  Ă©prouvette 
de  oℱ,85  de  hauteur  et  d'une  ca|)acttĂ©  de  nooℱ'.  Tous  les  tubes  Ă©tant 
chauffés,  on  fait  passer  lentement  le  gaz  dans  la  pompe  à  mercure,  ])uis 
on  l'envoie  ensuite  dans  la  grande  éprouvette.  Cette  opération,  recom- 
mencée une  dizaine  de  fois,  permet  de  vider  complÚtement  le  sac  de  caout- 
chouc en  2  heures.  AprĂšs  cette  premiĂšre  purification,  le  gaz  que  l'on 
obtient  est  de  l'argon  ne  contenant  plus  que  5  Ă   10  pour  100  d'azote. 

»  D.  Seconde  purification  par  circulation  sur  le  calcium.  —  La  grande 
éprouvette  dont  nous  avons  parlé  précédemmeni  porte,  à  sa  partie  supé- 
rieure, un  robinet  de  verre.  Elle  est  mise  en  communication  avec  un  premier 
tube  en  verre  d'IĂ©na  renfermant  4^^  <‱"  mĂ©lange  chaux- magnĂ©sium  ; 
puis,  avec  un  deuxiĂšme  tube  de  mĂȘme  substance,  renfermant  quatre 
nacelles  de  nickel,  dans  lesquelles  se  trouvent  3^  à  li^  de  calcium  métal- 
lique en  petits  cristaux.  Deux  trompes  Ă   mercure  sont  mises  en  com- 
munication avec  cet  appareil  au  moyen  d'un  robinet  Ă   trois  voies  :  la 
premiÚre  sert  à  faire  le  ville  dans  l'appareil  au  début  de  l'expérience, 
et  la  deuxiÚme  est  utilisée  pour  obtenir  la  circulation  du  gaz  dans  les 
deux  tubes  portés  au  rouge  sombre.  Dans  ces  conditions,  la  petite  quan- 
tité d'azote  que  renfermait  encore  l'argon,  ainsi  que  l'hydrogÚne,  produit 
dans  le  tube  à  mélange  de  chaux  et  de  magnésium,  sont  complÚtement 
retenus  par  le  calcium  métallique.  3  heures  plus  tard,  on  recueille  le 
gaz  dans  des  flacons  de  aSo""',  lavés  préalablement  avec  du  gaz  argon. 

»  Les  appareils,  qui  servent  aux  deux  puriOcalions,  sont  entiÚrement 
formés  de  tubes  de  verre  réunis  par  des  tubes  de  plomb  au  moyen  de 
mastic  Ă   la  gomme  laque.  Pour  donner  aux  tubes  de  plomb  une  certaine 
élasticité,  on  les  contourne  en  spirales.  L'appareil  est  assez  long  à  disposer; 


SÉANCli    DU    16   A'OVHMBItE    1903.  777 

aussi,  étant  donné  le  grand  nombre  de  joints  à  la  «omme  laque,  faut-il 
s'assurer  an  préalable  qu'il  tient  bien  le  ville. 

»  Deux  personnes  peuvent  poursuivre  simultanément  les  différentes 
phases  de  cette  préparation;  et,  ioi'sqne  l'appareil  est  monté,  elles  peuvent 
produire,  d'une  façon  continue,  i'  de  gaz  argon  en  12  heures. 

»  Pour  reconnaßtre  si  cet  argon  est  pur  nous  avons  tout  d'abord  étudié 
le  spectre  qu'il  fournit  au  moyen  de  l'Ă©tincelle  d'induction.  Ce  spectre  ne 
présente  j)lus  les  cannelures  de  l'azote  et  nous  donne  les  lignes  caracté- 
ristiques de  l'argon.  Enfin,  nous  avons  additionné  ce  gaz  d'une  petite 
quantité  d'oxygÚne  pur,  et  nous  avons  reconnu  que,  soumis  à  l'étincelle 
d'induction  pendant  plusieurs  heures,  il  ne  donnait  plus  de  vapeurs  ruti- 
lantes et  que  son  volume  ne  diminuait  pas  lorsque  l'expérience  était  faite 
en  présence  d'une  solution  alcaline.',  Dans  l'un  de  nos  essais,  nous  avions 
pris  9''"',  2  d'argon.  A|)rĂšs  passage  d'Ă©lincelles  d'induction  pendant 
4  heures,  puis  absorption  de  l'oxygĂšne,  nous  avons  retrouvĂ©  le  mĂȘme 
volume  de  9"°'",  2. 

»  Celte  nouvelle  méthode  de  préparation  permet  donc  d'obtenir  l'ar- 
gon avec  assez  de  facilité.  » 

M.  Lavißkax,  en  présentant  un  Ouvrage  qu'il  a  publié  sur  la  «  Prophy- 
laxie du  paludisme  »,  s'exprime  ainsi  : 

«  J'ai  l'honneur  de  faire  hommage  à  l'Académie  d'un  |)elit  "Volume  que 
je  viens  de  ])ublier  dans  V Encyclopédie  des  Aide-Mémoire  dont  notre  émi- 
nent  ConfrÚre,  M.  Léauté,  est  le  direclcur.  Ce  Volume  a  pour  titre  : 
Prophylaxie  du  paludisme. 

»  On  connaßt  aujourd'hui  l'agent  pathogÚne  des  fiÚvres  palustres,  on 
sait  comment  il  se  propage,  on  peut  donc  formuler  les  rĂšgles  de  la  prophy- 
laxie rationnelle  de  celte  redoutable  endémie;  c'est  ce  que  j'ai  essayé  de 
faire. 

»  L'Ouvrage  est  divisé  en  deux  Parties  :  dans  la  premiÚre  Partie  j'ai 
étudié  le  rÎle  des  moustiques  dans  la  propagation  du  paludisme;  la 
deuxiÚme  Partie  est  consacrée  à  la  prophylaxie  proprement  dite. 

))  J'espÚre  que  ce  j)etit  livre  servira  à  répandre  les  notions  scientifiques 
nouvelles  qui  doivent  rendre  plus  efficace  la  lutte  contre  le  paludisme.  » 


IT 


ACADEMIE    DES   SCIENCES. 


NOMINATIONS. 


L'Académie  procÚtle,  par  la  voie  du  scrulin,  à  l 'élection  d'ua  Corres- 
pondant dans  la  Section  d'Astronomie,  en  remplacement  de  M.  Schiapa- 
relli,  élu  Associé  étranger. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  volants  Ă©tant  5o, 

M.  George-William  Hili  oblienl 18   suffrages 

M.  G. -II.  Darwin  »        .    .    .    .  2 

M.  G.-W.  lïii.i.,  avant  obtenu  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est 
élu  Correspondant  de  l'Académie. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  piÚces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i"  Un  Ouvrage  ayant  pour  titre  :  «  Recueil  de  travaux  dédiés  à  la  mé- 
moire d'Alexis  Millardet  (iSSS-igoa),  i)ar  les  professeurs  de  la  Faculté  de 
Bordeaux  » . 

2°  Un  Ouvrage  de  lord  Avehury  a\ant  pour  titre  :  «  The  scenery  of 
England  and  the  causes  to  wich  it  isdue  ».  (Présenté  par  M.  de  Lapparent.) 

3°  Un  Ouvrage  de  M.  Sven  Hedin  intitulé  :  «  L'Asie  inconnue.  Dans  les 
sables  de  l'Asie  »,  traduit  du  suédois  parlNL  Ch.  Rabot.  (Présenté  par  M.  de 
Lapparent.) 

4"  Un  Ouvrage  de  M.  Jean  ißera/ intitulé  :  «  Poussée  des  terres,  stabilité 
des  murs  de  soutÚnement  ».  (Présenté  par  M.  Maurice  Levy.) 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  naliirc  analytique  des  solutions  de 
certaines  équations  aux  dérivées  partielles  du  second  ordre.  Note  de  M.  S. 
Bernstein,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  Ém.  Picard. 

«  ThĂ©orĂšme.  —  Si  z  est  une  fonction  des  variables  rĂ©elles  x  et  y  admettant 
dans  une  région  S  des  dérivées  finies  des  quatre  premiers  ordres  et  satisfaisant 


SÉANCE    DU    l6    NOVEMBRE    IQoS.  779 

aux  deux  conditions  : 

,  \  p/  dz     dz     d-z      d- z      d'^z\ 

oĂč  F  est  analytique,  et 

(2)  4f;,,.f;,^.-/f',,_.  y>o, 


Ăąjn-        r)y-  \      i).ri)y, 

elle  est  analytique. 

»  Ce  théorÚme  remarquable  a  été  démontré  d'abord  par  M.  Picard  (') 
dans  le  cas  oĂč  F  est  linĂ©aire  (l'ordre  de  dcrivabilitĂ©  connu  pouvait  d'ail- 
leurs s'abaisser  à  deux).  Par  une  intuition  profonde,  M.  Hilbert  a  prévu 
qu'il  suffisait  de  supposer  F  analytique.  Sous  son  influence,  M.  Lulke- 
meyer,  dans  sa  ThĂšse  soutenue  en  1902,  et  M.  Holmgren  {Math.  Annalen, 
1903)  reprirent  la   méthode  de  M.  Picard  et  établirent  le  théorÚme  en 

question   pour  F  =  ^  +  ^  -/(‱^.  J.  z.  ^^,  ^)  =  o  (/  Ă©tant  analy- 


dy""       ‱'  V   '^  '  "^^'  àx    dy , 
tique).  En  complétant  convenablement  la  mÎme  méthode,  je  suis  parvenu 
à  une  démonstration  générale. 


»  Soit  F(a:T)  =  ^  ^  A^,^x^(R  —  .r)'.  Si  ce  dĂ©veloppement  converge 
absolument  et  uniformément  pour  o<.r<R,  nous  dirons  qu'il  est  normal. 
La  sĂ©rie  f{x)  =  ^  ^  ap^x^iy^  —  xy  sera  une  sĂ©rie  maximale  de  F(a:), 
si  a^y  J I  kj,^\.  On  peut  Ă©crire  aussi 

F(^)  =  2  P/R  -  xy  et         fix)  =  2  ;,^(R  _  ^)7. 

oĂč  F  et  ^  sont  des  sĂ©ries  de  Taylor  ordonnĂ©es  par  rapport  Ă   l'origine.  Soit 
My>yo^(R  —  xy  lorsque  o^x^R.  Nous  dirons  que 

M  =  M„  +  M.^  +  ...-^M,(^)V... 
est  une  valeur  maximale  de  F{x)  à  l'intérieur  du  contour  For,,  formé  par 


(')  Journal  de  l'École  Polytechnique,  1890,  et  Acta  matheniatica.  t.  XXV.  Le 
mĂȘme  thĂ©orĂšme  a  Ă©tĂ©  dĂ©montrĂ©  par  M.  Picard  pour  certaines  Ă©quations  linaires  d'ordre 
supérieur  au  second  {Coinples  rendus,  t.  CXXI,  iSgS). 


780  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  partie  gauche  de  la  circonférence  C  de  ravon  rayant  le  centre  en  O  el 
les  deux  tangentes  menées  du  point  \\  an  centre  C.  L'ensemble  des  valeurs 
maximales  correspondant  à  tous  les  développements  normaux  sur  OR 
de  F(x)  a  une  limite  inférieure  que  nous  appellerons  valeur  minimaxi- 
male de  F(x)  à  l'intérieur  de  Ton,,  et  que  nous  désignerons  par  [F(ï)Ji.,  . 

»  SoitF(j:-/)  =  F(rcosO,  r<,inl)')—  "y  A„cos«0  +  B„sinn').  Nousdirons 
que  ce  dĂ©veloppement  est  normal,  si  A„  = /"  V  V  (;,"^/-/'('R'-  — /■-)'/, 
B„=  r"  ^  y  D  "'/■-/'(  R'  —  /'^y  sont  normaux  sur  OR  et  si  «„  et  b„  dĂ©si- 
gnant  des  sĂ©ries  maximales  de  A„  et  B„  la  somme  Va„-l-  b„  converge  uni- 


formément sur  OR. 

»  On  posera,  en  outre,  |  i■'(xy)]J^,.  =  1(A„\.,^  (Pj„\,-  qu'on  appellera 
valeur  minimaximale  de  F(xy)  à  l'intérieur  du  contour  r,,,.,,. 

1)  Lemme  1.  —  Une  fonciioa  analytique  de  deux  variables  rĂ©elles  x  et  y 
réguliÚre  à  l'intérieur  d'un  cercle  C  de  rayon  R  est  développable  en  série 
normale. 

»  Lemme  2.  —  Sait  „[o,(xy),  o,(xy),  . .  .,oJxy)\  une  fonction  ana- 
lytique de  m  variables  dont  chacune  est  une  fonction  de  x,  y  susceptible  d'un 
développement  normal  sur  OR.  F  sera  aussi  normal  sur  OR  et,  en  désignant 
par  fia  série  des  modules  de  F,  on  aura 

\V[o,(xy)  '^^{xy). .  .][^,.<f[o,(  xy)l,.\o,i  xy)\,,,..  . .',. 

»  Lemme  3.  —  Si  une  fonction  F(xy)  adnuH  une  valeur  maximale  finie 
à  l'intérieur  de  r^RR.,  elle  est  analytique  pourb  réel  el  r  situé  à  l'intérieur 
de  ToRH'.  e'  ^^  valeur  sur  Torr  est  donnée  par  le  développement  normal  corres- 
pondant. 

1)   Ceci  posĂ©,  en  vertu  de  l'hypothĂšse  4F,,,.  F^^,.  —  f^' ,y.-    \">  o,  il  est 

ĂŽ.v-       (ly  \    Ox  OyJ 

possible  d'effectuer  un  changement  de  variables  linéaire  et  homogÚne  à 
coefficients  réels  qui  ramÚne  l'équation  générale  à  la  suivante 

Ă©"-z     ,     ĂŽ-z  J  ,     Oz.      dz      Ă '-z        Ăč-z        d-z\ 

(i  bis)  ^  -+-  d^.  =/(^.J'.  2'  ^'  Ty'  Ă ^-'  TuFdJ''  dfO' 

/Ă©tant  analytique  et  telle   qu'Ă   l'origine,    c'est-Ă -dire   pour  x=y  =  u. 


SÉANCE    DU    iG    .\OV]:.\IBKE    I(jo3.  78 1 


Oz 

dz 

d'z 

d'z 

d'-z 

d^=P'^' 

Ă   y 

=  ^„. 

dx^  ~  ^"^ 

ĂąxĂ r"^"' 

ày-  ^   ° 

on  ait 

dx-  dx  dy  Oy- 

»  Cherchons,  parla  méthode  des  approximations  successives,  une  solu- 
tion de  l'équation  (i  bis)  a  qui  se  confonde  avec  -  sur  une  circonférence  C 
de  rayon  R  assez  petit.  Eu  vertu  des  considérations  précédentes,  u  se  pré- 
sentera sous  forme  normale  et  admettra  une  valeur  maximale  finie  Ă   l'in- 
térieur de  r,jn.(R'<^  R).  Donc  u  est  analytique.  De  plus  il  est  aisé  de  mon- 
trer que,  pourvu  que  R  soit  suffisamment  petit,  z  et  u  se  confondent 
identiquement.  Ainsi  se  trouve  démontré  le  théorÚme  annoncé.  » 


HYDROGRAPHIE.   —  Sur  V emploi  du  tachĂ©ographe  Schrader  pour  les  travaux 
d'hydrographie.  Note  de  MM.  F.  Schrader  et  C».  Sauerwei.v. 

«  L'application  du  tachéographe  Schrader  (')  à  l'hydrographie  a  été 
inaugurée  à  Monaco  en  février  igo3,  pour  construire  la  carte  lilhologique 
de  la  zone  cÎtiÚre  de  la  Principauté. 

»  Nous  renvoyons,  pour  le  principe  et  l'usage  général  de  l'instrument, 
à  la  Communication  de  M.  Schrader.  Les  perfectionnements  apportés 
depuis  cette  époque  au  tachéographe  n'en  ont  pas  changé  le  principe,  et 
ont  eu  pour  seul  but  d'en  rendre  le  maniement  plus  aisé  et  la  précision 
plus  grande. 

»  Deux  méthodes  se  présentent  pour  un  levé  hydrographique,  suivant 
que  le  pays  est  plat,  ou  qu'il  possĂšde  prĂšs  de  la  mer  des  hauteurs  assez 
in)portantes. 

»  1"  Pays  plat.  —  Dans  ce  cas,  il  faut  opĂ©rer  pour  le  levĂ©  de  la  cĂŽte  comme  dans 
un  levé  lopographique,  en  faisant  placer  aux  différents  points  des  escouades  portant 
des  mires  de  longueur  appropriée  à  l'échelle  de  la  carte.  Pour  les  sondages,  on  munira 
l'embarcation  d'une  mire  fixée  au  mal,  et  l'on  opérera  comme  sur  le  terrain. 

»  Dans  ce  cas,  il  faudra  noter,  pour  chaque  point  marqué  sur  le  disque  de  zinc, 
l'altitude  indiquée  par  le  vernier  de  l'échelle  verticale  du  tachéographe;  et  la  réduc- 

(')  Comptes  rendus,  i""' juillet  1895. 

C.   R.,   1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N«  20.)  Io3 


jH-j  ACADEMIE   DES    SCIENCES. 

lion  des  sondes  nu  niveau  des  plus  basses  mers  se  fera  trÚs  aisétnenl,  au  mo3'en  de 
riieure  notée  à  bord,  par  comparaison  avec  l'écliclle  de  marées  qui  aura  été  primiti- 
vemenl  installée. 

>)  2°  Pars  accidenté,  possédant  des  hnuteuis  importantes  dans  le  voisinage  immé- 
diat de  la  mer. 

))  Dans  ce  cas,  la  premiÚre  opération  consiste  à  j)lanler  une  Úclielle  de  marées  trÚs 
visible  et  une  mire  auprÚs  d'elle,  à  la  limite  de  la  mer.  L'opérateur,  rendu  sur  le  ter- 
rain de  travail  (un  point  aussi  élevé  que  possible,  a3%Tnl  un  grand  champ  de  visée), 
pointera  la  lunette  sur  la  mire,  bisseclanl  les  voyants  avec  les  deux  fds  du  réticule;  et 
cette  visée  lui  donnera  immédiatement  la  dislance  et  la  différence  d'altitude  des  deux 
points  considérés,  c'est-à-dire  la  hauteur  de  l'instrument  au-dessus  du  niveau  actuel 
de  la  mer. 

»   Ceci  fait,  le  principe  .sur  lequel  est  basée  la  méthofle  est  le  suivant  : 

»  Soient  A  l'observateur,  BC  la  surface  de  la  mer  etC  un  point  quelconque  de  celte 
snrface;  dans  le  triangle  rectangle  ABC,  connaissant  .\B,  il  suffit  de  connaĂźtre  l'angle 
BAC  pour  construire  le  triangle. 


))  Si  donc  on  opérait  avec  un  lln'odolite,  une  lecture  d'azimut  el  une  leclure  sur  le 
cercle  verlical  donneraient  la  grandeur  et  l'orientation  du  triangle  ABC,  par  un 
calcul  de  trigonométrie  recliligne. 

»  Le  tachéographe  Schrader  permet  une  simplification  trÚs  grande  de 
cette  méthode. 

»  Si,  en  effet,  on  fixe  le  vernier  de  l'échelle  verticale  sur  la  division  qui 
représente,  au-dessous  du  zéro,  la  hauteur  du  point  d'observation  rap- 
portée à  l'échelle  à  laquelle  on  opÚre,  lorsipte  l'axe  optique  de  la  lunette 
sera  dirigé  sur  le  point  à  viser,  l'instriuTient  construira  automatiquement  le 
triangle  défini  plus  haut,  et  le  stylet  marquera  sur  le  disque  la  position 
exacte,  rapportée  à  l'échelle  choisie,  du  point  visé. 

»  De  ce  que  nous  venons  de  dire,  on  peut  conclure  que  le  levé  de  la 
cĂŽte  se  fera  Ă©galement  en  suivant  simplement,  avec  l'axe  optique  de  la 
lunette,  la  ligne  d'intersection  de  la  cĂŽle  avec  la  surface  de  la  mer,  aprĂšs 
avoir  immobilisé  le  stylet  au  contact  du  disque  horizontal,  de  maniÚre  qu'il 
trace  le  contour  de  la  cĂŽte  suivant  un  trait  continu. 

»   S'il  s'agit  de  points  de  sonde,  l'embarcation  chargée  de  ce  service  doit 


SÉANCE    DU    l(J    A'OVKMBRE    igo'i.  788 

hisser  un  pavillon  tontes  les  fois  qu'elle  opÚre,  et  une  simple  visée  donne 
sa  position  rapportée  à  l'échelle  adoptée. 

»  Dans  le  cas  de  lignes  de  sonde  trÚs  étendues,  V échelle  provisoire  peut 
changer  suivant  la  distance  de  l'embarcation.  L'opérateur  marque  alors 
sur  son  carnet,  pour  chaque  numéro  de  station,  l'échelle  employée.  Lors 
de  la  confection  de  la  carte  de  Monaco,  les  échelles  ont  varié  de  777^ 
Ă       ' 

(60000* 

))  Si  la  mer  dans  laquelle  on  opÚre  a  des  marées  1res  fortes,  il  faudra 
tenir  compte  des  changements  de  niveau;  pour  cela,  une  simple  lecture  de 
la  graduation  de  l'échelle  des  marées  donnera  la  hauteur  actuelle  de 
l'appareil,  et  la  correction  sera  faite  en  conséquence  sur  l'échelle  verticale 
de  l'appareil.  On  pourra,  par  exemple;  faire  cette  correction  toutes  les  fois 
que  le  niveau  aura  variĂ©  de  5oℱ. 

»  DÚs  lors,  les  sondes  se  trouveront  exactement  rapportées  à  la  verti- 
cale de  leur  projection  sur  le  plan  niVeau  des  plus  basses  mers,  et  il  suffira 
de  faire  la  correction  nécessaire  pour  l'heure  de  la  marée. 

»  La  construction  de  la  carte  ainsi  obtenue  est  des  plus  simples.  Il 
suffit  de  fixer  sur  le  papier  les  disques  de  levés  suivant  leur  orientation 
obtenue  par  des  observations  magnétiques  ou  par  des  visées  de  points  déjà 
déterminés,  et  de  construire  chaque  point  de  la  surface  de  la  mer  (sondes 
ou  détails  de  la  cÎte),  en  prolongeant  la  ligne  qui  joint  le  centre  du  diseiue 
à  chaque  point  marqué,  et  en  portant  sur  cette  ligne  autant  de  fois  la 
distance  du  centre  Ă   ce  point  que  l'indique  le  Tableau  donnant  l'Ă©chelle 
provisoire  à  laquelle  chaque  point  de  station  a  été  construit.   » 

PHYSIQUE.  —  Sur  l'extraction  de  l'oxygĂšne  par  la  liquĂ©faction  partielle  de 
l'air  avec  retour  en  arriÚre.  Note  de  M.  Georges  Claude,  présentée  par 
M.  d'Arsoavai. 

«  J'ai  pu  montrer,  dans  ma  précédente  Note,  que,  contrairement  à  ce 
qui  a  été  affirmé  jusqu'ici  par  les  spécialistes  en  la  matiÚre,  l'air  atmosphé- 
rique appelé  à  se  liquéfier  progressivement  abandonne  en  premier  lieu  des 
portions  liquides  trĂšs  riches  en  oxygĂšne. 

»  Ce  résultat  est  entiÚrement  conforme  aux  savantes  théories  des  Gibbs, 
des  Van  der  Vaals  et  des  Duhem  sur  la  coexistence  des  phases  liquides  et 
gazeuses  dans  les  mélanges  fluides,  et  ces  théories,  vérifiées  jusqu'ici  dans 
le  cas  de  gaz  aisément  condeusables,  trouvent  ainsi  dans  le  cas  de  l'air  une 
nouvelle  confirmation. 


7^4  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  Je  voudrais  montrer  comment,  grùce  à  un  artifice  fort  simple,  il  est 
aisé  (le  mettre  à  profil  cette  propriété  pour,  en  ne  liquéfiant  qu'une  portion 
relativement  faible  de  l'air  traité,  obtenir  dircctrmenl,  sans  évaporalion 
préalable,  un  liquide  trÚs  oxygéné  détenant  la  presque  lotalité  de  l'oxygÚne 
mis  en  circulation. 

»  L'artifice  en  question  consiste  essentiellement  à  faire  en  sorte  qu'à 
mesure  de  leur  liquéfaction  progressive,  les  portions  liquéfiées  de  l'air 
traité  soient  astreintes  à  circuler  en  sens  inverse  et  au  contact  du  courant 
gazeux  aux  dépens  duquel  elles  se  forment.  Dans  ce  retour  en  arriÚre  du 
liquide,  deux  effets  se  superposent  pour  tendre  au  mĂȘme  but,  c'est-Ă -dire 
à  la  (lésoxygénation  rapide  et  complÚte  du  résidu  gazeux.  D'une  part,  la 
phase  liquide  produite  en  chaque  point  de  l'appareil  de  condensation  Ă©tant 
soustraite,  par  son  retour  en  arriÚre,  au  contact  du  résidu  gazeux  qui  l'a 
formée,  celui-ci  peut  donner  naissance  l'instant  d'aprÚs^  une  phase  liquide 
moins  oxygénée,  et  ainsi  de  suite  à  mesure  de  la  progression  de  ce  résidu. 
D'autre  part,  la  phase  liquide  produite  en  chaque  point  rencontre,  dans 
son  retour  en  arriÚre,  des  phases  gazeuses  moins  épuisées  que  celle  qui  lui 
a  donné  naissance,  et  qui,  par  conséquent,  ne  sont  pas  en  équilibre  de  com- 
position avec  elle  :  d'oĂč  un  Ă©change  |Ăźartiel  d'une  partie  de  l'azote,  plus 
volatil,  du  liquide  contre  une  partie  de  l'oxygĂšne,  plus  condensable,  du 
résidu  gazeux. 

»  Il  résulte  de  la  superposition  de  ces  deux  effets  un  épuisement  trÚs 
rapide  du  résidu  gazeux,  qui  arrive  aisément,  moyennant  une  liquéfaction 
infĂ©rieure  Ă   la  moitiĂ©  du  volume,  Ă   n'ĂȘtre  plus  constituĂ©  que  par  de  l'azote 
presque  pur,  tandis  que  le  liquide  présente  à  la  sortie  une  composition 
trĂšs  voisine  de  celle  correspondant  Ă   la  phase  gazeuse  21  pour  100  (teneur 
de  l'air  normal).  D'aprÚs  les  courbes  que  je  reproduisais  dans  ma  précé- 
dente Note,  cette  teneur  finale  du  liquide  aprĂšs  le  retour  en  arriĂšre 
devrait  atteindre  5o  pour  100  environ;  en  pratique,  comme  le  montreront 
les  chiffres  ci-dessous,  le  résultat  est  encore  meilleur,  sans  doute  pour  des 
raisons  assez  intéressantes  que  je  développerai  en  une  autre  circonstance. 

»  Pour  montrer  avec  quelle  facilité  s'opÚre  la  séparation  de  l'oxygÚne 
et  de  l'azote  suivant  ces  nouvelles  bases  et  faire  apprécier  dans  quelles 
conditions  inespĂ©rĂ©es  ce  niodus  operandi  se  prĂȘte  Ă   l'extraction  industrielle 
de  l'oxygÚne  de  l'air,  j'indiquerai  ci-aprÚs  les  résultats  de  quelques  essais 
de  laboratoire. 

»  L'appareil  employé  se  compose  simplement  d'un  faisceau  vertical  de  sept  tubes  de 
cuivre  de  2""  de  long  et  i3ℱ"'  de  diamĂštre  intĂ©rieur,  placĂ©  dans  une  enveloppe  mĂ©tal- 


SÉANCE    DU    l6   NOVEMBRE    igo3.  7 85 

lique  étanclie  isolée  calorifiqiiement  et  remplie  d'air  liquide,  de  maniÚre  à  baigner  sur 
les  I  de  leur  liauteur  les  tubes  du  faisceau.  Iliuit  et  bas,  les  tubes  aboutissent  Ă   des 
collecteurs  en  forme  de  cloche. 

»  On  fait  arriver  dans  le  faisceau,  par  le  collecteur  du  bas,  l'air  à  séparer,  puisé 
à  un  réservoir  d'air  comprimé  sous  2  atmosphÚres  effectives,  et  préalablement  refroidi 
Ă   —  160°  par  son  passage  dans  un  serpentin  immergĂ©  dans  l'air  liquide.  L'air  monte 
dans  le  faisceau  en  se  liquéfiant  partiellement  et  vaporisant  une  quantité  du  liquide 
extérieur  sensiblement  égale  au  liquide  formé  intérieuremeut  :  celui-ci  retourne  vers 
le  bas  de  l'appareil  en  coulant  le  long  des  tubes  et  exerçant  l'action  rectifßcatrice 
signalĂ©e  plus  haut  :  il  est  reçu  dans  le  collecteur  infĂ©rieur,  oĂč  il  peut  ĂȘtre  repris  et 
analysé.  Le  résidu  gazeux  s'échappe  par  un  robinet  fixé  dans  le  collecteur  supérieui' 
du  faisceau,  robinet  dont  l'obturation  plus  ou  moins  grande  permet  de  faire  varier 
entre  o'""'  et  2"'"'  la  pression  intérieure,  indiquée  par  un  manomÚtre.  Pour  des  raisons 
de  simplicité  d'expérience,  il  n'y  a  pas  d'écliangeurs  de  températures,  c'est-à-diie 
qu'on  ne  récupÚre  pas  le  froid  emporté,  tant  par  le  résidu  gazeux  que  par  le  liquide 
vaporisé. 

»  Plus  faible  est  la  pression  de  liquéfaction,  moins  grande  est  la  rapidité 
de  la  condensation;  mais  le  liquide  fourni  est  naturellement  d'autant  plus 
riche,  parce  qu'une  fraction  moindre  du  gaz  est  liquéfiée;  d'autre  part,  la 
lenteur  du  débit  est  favorable  à  la  perfection  de  l'épuisement  du  résidu  ga- 
zeux, de  sorte  que  cet  Ă©puisement  est  excellent  avec  la  plus  faible  pression 
compatible  avec  une  liquéfaction  suffisante.  Une  faible  pression  est  donc 
désirable,  d'autant  plus  que  le  coût  de  la  compression  de  l'air  à  traiter  et 
la  dégradation  d'air  liquide  au  cours  des  manipulations,  dépenses  essen- 
tielles de  la  méthode,  sont  fonction  de  celte  pression.  Or,  lorsque  le  liquide 
baignant  le  faisceau  titre  70  pour  100  d'oxygÚne,  la  liquéfaction  est  encore 
assez  abondante  (un  tiers  de  litre  par  minute  dans  mon  petit  appareil)  sous 
sept  dixiÚmes  d'alinosphÚre  :  dans  ces  conditions,  le  liquide  formé  atteint 
une  teneur  de  5^  pour  100  d'oxygÚne,  tandis  que  le  résidu  gazeux  arrive  à 
97  pour  100  d'azote  et  mĂȘme  Ă   98  pour  100  dans  quelques-uns  de  mes 
essais. 

»  Ainsi,  la  compression  à  o*'",  7  seulement  (')  suffit  pour  obtenir  la  sé- 
paration intégrale  de  tout  l'oxygÚne  de  l'air  traité,  moyennant  une  liqué- 
faction d'w/i  tiers  environ.  Ce  résultat  remarquable  entraßne  des  consé- 
quences Ă©conomiques  d'une  trĂšs  grande  importance  et  sur  lesquelles  on  me 
permettra  de  revenir.  Mais,  sans  plus  larder,  je  voudrais  indiquer  que,  grĂące 
à  l'appui  de  la  Société  ï Air  liquide,  j'ai  pu  réaliser  un  appareil  basé  sur  les 


(')   A  laquelle  il  y  aurait  lieu    d'ajouter  en  pratique  la   contrepression  assez  faible 
des  Ă©changeurs. 


^86  ACADÉMIK    DES    SCIENCES. 

principes  ci-dessus  et  fournissant  réguliÚrement  dÚs  maintenant  So""  a  40 
à  l'heure  d'oxygÚne  à  92  pour  100  ou  100°'  à  120"'  d'air  suroxygéné  à  55 
ou  5 7  pour  100.  » 


PHYSIQUE.    -  Mesure  des  trĂšs  petits  angles  de  rotation. 
Note  de  M.  Marcel  Brillouin,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  J'avais  imaginé  et  réalisé,  à  Dijon,  il  y  a  plus  de  20  ans,  un  procédé 
de  mesure  des  trÚs  petits  angles  de  rotation  que  j'ai  appliqué  depuis 
quelques  années  dans  deux  appareils,  l'un  qui  est  une  modification  de 
l'appart-il  d'E^Lvos  pour  la  mesure  de  l'ellipticité  locale  du  géoïde,  l'autre 
qui  est  un  peson  Ă   lame  de  quartz  flexible  pour  la  mesure  de  la  pesanteur. 

»  En  voici  le  principe. 

»   Entre  deux  niçois  à  l'extinction  sont  placées  : 

»    1»  Une  lame  épaisse  de  spath  à  faces  parallÚles,  taillée  à  environ  45° 

de  l'axe; 

))   2"  Une  lame  demi-onde  à  45°  des  sections  principales  du  spalh; 

»   3°  Une  deuxiÚme  lame  de  spath  identique  et  parallÚle  à  la  premiÚre. 

«  Grùce  à  la  lame  demi-onde,  ce  systÚme  équivaut  à  une  lame  à  faces 
parallĂšles  d'Ă©paisseur  nulle  ou  trĂšs  faible,  suivant  que  les  deux  lames  de 
spath  sont  parfaitement  parallÚles  ou  un  peu  inclinées  l'une  sur  l'autre. 
Examiné  en  lumiÚre  parallÚle,  ce  systÚme  donne  une  teinte  plate  dont  la 
coloration  varie  avec  l'inclinaison  relative  des  deux  spaths. 

»  Si  les  lames  de  spath  ont  chacune  2'^^'"  d'épaisseur,  une  rotation  de  54" 
environ  de  l'une  des  lames  autour  d'un  axe  perpendiculaire  Ă   la  section 
principale  correspond  Ă   une  longueur  d'onde.  Si  on  lit  le  centiĂšme  de 
frange,  ce  qui  est  facile,  on  mesure  la  demi-seconde  d'arc. 

»  L'an"le  a,  de  l'axe  du  spath  avec  la  normale  aux  faces,  qui  donne  le 
maximum  de  sensibilité  sous  l'incidence  normale,  est  de  4i"3o'.  L'angle 
qui  rend  la  sensibilité  indépendante  de  l'incidence  et  de  la  déviation  dans 
la  plus  grande  étendue,  est  de  53°6';  la  sensibilité  est  diminuée  de  5.  Le 
spath  de  2<^'"  donne,  dans  le  premier  cas,  une  frange  pour  52";  dans  le 
second,  une  frange  pour  58".  Les  spaths,  taillés  à  45°,  tels  que  me  les  avait 
fournis  Laurent  en  188a,  suffisent  trĂšs  bien. 

«  Les  deux  mĂȘmes  lames  de  spath,  croi-sĂ©es  sans  interposition  de  lame 
demi-onde,  donneraient  le  mĂȘme  rĂ©sultat;  mais  les  franges  en  lumiĂšre 
convergente  auraient  le  mĂȘme  Ă©cart,  infĂ©rieur  Ă   1',  et,  pour  obtenir  une 


SÉANCE    DU    l6   NOVEMBRE    igoS.  7 87 

teinte  ])iire  en  lumiĂšre  parallĂšle,  on  devrait  viser  avec  une  puissante 
lunette  et  diaphragmer  au  foyer  avec  nne  fente  qui  sous-lende  le  mĂȘme 
trĂšs  petit  angle  o",  5  que  l'on  veut  pointer.  Il  n'y  aurait  aucun  gain  d'en- 
combrement sur  l'emploi  du  miroir  de  Gaiiss-Poggendorff. 

»  Mais,  grĂące  Ă   la  lame  demi-onde,  pour  un  mĂȘme  angle  d'une  lame  par 
rapport  Ă   l'autre,  un  changement  considĂ©rable  d'incidence,  3°  et  mĂȘme 
davantage,  est  nécessaire  pour  augmenter  la  différence  de  marche  d'une 
longueur  d'onde;  tel  est  l'Ă©cart  des  franges  en  lumiĂšre  convergente. 

»  Le  diaphragme  au  foyer  principal  de  l'objectif,  nécessaire  pour  fixer 
l'incidence  Ă   un  centiĂšme  de  frange  prĂšs,  peut  alors  sous-tendre  un  angle 
de  2',  bien  que  ce  centiĂšme  de  frange  corresponde  Ă   une  rotation  de  l'un 
des  spaths  de  o",5,  c'est-Ă -dire  230  fois.moindre. 

»  De  celte  différence  résulte  l'avantage  considérable  de  ce  dispositif  sur 
ceux  qui  dérivent  de  l'optique  géométrique.  Un  objectif  dont  l'ouverture 
utilisée  ne  dépasse  pas  un  quart  de  centimÚtre  carré,  et  dont  la  distance 
focale  est  de  7'"'"  suffit  Ă   fixer  l'incidence.  Une  source  de  lumiĂšre  telle 
qu'une  veilleuse  à  essence  minérale  éclaire  suffisamment, 

»  Enfin,  une  seule  piĂšce,  le  spath  fixe,  doit  ĂȘtre  trĂšs  rigidement  liĂ©  au 
support  de  la  piĂšce  mobile.  La  lunette,  les  piĂšces  accessoires  dont  il  reste 
à  parler,  j)euvent  subir  des  rotations  de  plusieurs  secondes  sans  inconvé- 
nient pour  l'exactitude  de  la  mesure,  ce  qui  permet  de  les  isoler  par  des 
cales  de  feutre,  pour  éviter  toute  transmission  de  trépidations  pendant  la 
mesure. 

»  Mesure  par  compensation.  —  Le  procĂ©dĂ©  de  mesure  que  j'ai  trouvĂ©  le 
plus  sûr  consiste  à  compenser  la  différence  de  marche  au  moyen  d'un 
compensateur  Ă   teintes  plates  en  quartz,  auquel  on  peut  donner  diverses 
formes,  et  Ă   constater  la  compensation  par  le  retour  entre  ses  repĂšres  de 
la  frange  achromatique  d'un  compensateur  Babinet. 

))  BĂ©sultats.  —  La  mesure  des  petites  rotations  Ă   ^  seconde  prĂšs  n'exige 
qu'un  appareil  optique  de  moins  de  30"="  de  longueur  totale,  de  la  source  Ă  
l'Ɠil,  sur  3"^°  ou  4""°  de  diamùtre  maximum.  Le  spath  mobile  et  sa  boüte 
d'aluminium  pĂšsent  environ  4^.  On  peut  mĂȘme  rĂ©duire  la  piĂšce  mobile  Ă  
ĂȘtre  un  simple  miroir,  en  remplaçant  la  lame  demi-onde  par  une  lame 
quart  d'onde  et  en  employant  un  arrangement  autocollimaleur. 

»  Les  détails  de  montage,  qui  d'ailleins  ne  peuvent  embarrasser  un 
physicien  expérimenté,  seront  décrits  ailleurs.   » 


788  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


OPTIQUE.  —  Sur  la  dĂ©termination  des  maxima  et  minima  de  transparence. 
Note  de  M.  C.  Camichel,  présentée  par  M.  J.  Violle. 

«  Dans  nos  recherches  sur  les  iiiclophénols,  M.  Bavrac  et  moi,  nous 
avons  montré  l'uliUté  de  la  détermination  des  maxima  et  minima  de  trans- 
parence, pour  caractériser  les  corps  rpii  présentent  dans  leurs  spectres 
d'absorption  des  bandes  brillantes  ou  obscures  aussi  larges  souvent  que 
le  spectre  lumineux;  tout  entier. 

»  Cette  détermination  peut  se  faire  directement  avec  n'importe  quel 
spectrophotomÚtre,  pourvu  que  l'égalité  des  deux  spectres  comparés  ait 
lieu  en  mĂȘme  temps  pour  toutes  les  radiations,  ce  qui  exige  que  le  rapport 
suivant  lequel  la  lumiÚre  de  l'un  des  faisceaux  est  afïaiblie  soit  indépen- 
dante de  la  longueur  d'onde. 

»  Soient  I  et  2  les  deux  spectres  que  Ton  compare,  l'intensitĂ©  du  spectre  i  peut  ĂȘtre 
atténuée  dans  un  rapport  connu.  On  vérifie  d'abord  que  les  deux  spectres  présentent 
dans  toute  leur  Ă©tendue  la  mĂȘme  intensitĂ©.  On  interpose,  ensuite,  la  matiĂšre  absor- 
bante sur  le  trajet  du  faisceau  donnant  le  spectre  2.  On  détermine  les  longueurs  d'onde  )., 
et  X'j  des  radiations  qui  ont  mĂȘme  intensitĂ©  dans  le  spectre  d'absorption  2  et  dans  le 
spectre  de  comparaison  i  ;  on  note  le  rapport  A,,  dans  Ie(]uel  est  aiTaiblie  la  lumiĂšre 
qui  forme  le  spectre  i.  On  ^recommence  les  mĂȘmes  dĂ©terminations,  en  prenant  un 
rapport  k«  <;/i"i,  si  l'on  cherche  un  minimum  de  transparence.  Les  longueurs  d'onde 
des  radiations  qui  ont  mĂȘme  intensitĂ©  dans  les  deux  spectres  sont,  alors,  X,  et  'k'„  .... 
On  construit  la  courbe  (X,  k)  des  coefficients  de  transmission  en  fonction  des  longueurs 

d'onde,  et  la  courlje  I ,  k  j,  diamÚtre  conjugué  des  cordes  parallÚles  à  l'axedes  X. 


Ces   deux  courbes   se  coupent   trĂšs  nettement;  leur  intersection    donne   la    longueur 
d'onde  correspondant  au  mininuimde  transparence, 

»  L'appareil  employé  n'est  autre  que  le  spectrophotomÚtre  Gouy  dans 
lequel  les  deux  niçois  sont  remplacés  par  un  disque  tournant  présentant 
des  secteurs  pleins  et  des  secteurs  vides.  Ce  procédé  a  déjà  été  employé 
par  divers  expérimentateurs  (Napoli,  Guthrie,  Hammerl).  Des  expériences 
nombreuses  faites  sur  diverses  personnes  m'ont  montré,  qu'en  donnant 
au  disque  une  vitesse  suffisante  pour  que  l'impression  produite  sur  l'Ɠil  de 
l'observateur  soit  continue,  on  atténue  l'intensité  de  la  lumiÚre  dans  un  rap- 
port indépendant  de  la  vitesse  du  disque  et  égal  à  la  surface  des  secteurs  viles 
divisée  par  la  surface  totale  du  disque. 


SÉANCE    DU    l(>   NOVEMBRE    IQoS.  789 

»    Voici  quelques  nombres  : 

Rapport 
enlre  la  surface 
des  secteurs  vides 
el  celle  du  disque.  Observalion.  "  Différence. 

0,25o 0,256  — 0,006 

0,333 0,827  ^o,oo3 

o,5oo 0,493  -t- 0,007 

0,667 0,667  0,000 

»  Les  différences  sont  toujours  inférieures  aux  erreurs  expérimentales; 
elles  sont  d'ailleurs  tantÎt  positives,  tantÎt  négatives. 

»  On  transforme  facilement  un  spectroscope  ]ordinaire  à  deux  ou  trois  prismes  en 
spectrophotomÚlre  en  lui  ajoutant  un  deuxiÚme  collimateur,  une  glace  argentée  sur 
la  moitié  de  l'une  de  ses  faces  et  en  remplaçant  l'oculaire  par  un  trou  percé  dans  une 
plaque  mince  située  dans  le  plan  focal  de  la  lunette  d'observation. 

»  Les  disques  se  font  en  carton  mince  :  ils  deviennent  plans  en  tournant. 

»  On  peut  donner  aux  plages  monochromatiques  la  forme  que  l'on  veut, 
en  enlevant  convenablement  l'argenture  de  la  glace,  et  produire,  par 
exemple,  l' apparence  de  franges  qui  disparaissent  quand  l'égalité  est 
obtenue. 

»  Il  est  inutile  dans  ce  spectrophotomÚtre  de  faire  varier,  pendant  la 
rotation,  la  surface  des  secteurs  vides;  il  suffit  de  chercher  dans  le  spectre 
la  radiation  pour  laquelle  l'égalité  est  réalisée. 

»  Un  autre  procédé  d'atténuation  de  la  lumiÚre,  bien  inférieur  à  celui 
des  disques  tournants,  consiste  Ă   employer  des  paquets  de  lames  de  verre 
blanc  contenant  i,  2,  2,  5,  10,  etc.  lames;  on  manie  ces  paquets  comme 
les  poids  d'une  boßte.    » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Quelques  remarques  sur  la  perturbation  magnĂ©- 
tique du  3i  octobre  igoS.  Note  de  M.  Em.  Marchand,  présentée  par 
M.  Mascarl. 

«  I.  Cette  perturbation  a  été  enregistrée,  au  Pic  du  Midi  et  à  BagnÚres- 
de-Bigorre,  par  les  appareils  photographiques  du  systĂšme  de  M.  Mascart 
qui  fonctionnent  réguliÚrement  dans  ces  deux  stations. 

»  Les  oscillations  des  barreaux  ont  commencé  le  3o,  vers  21''  (temps 
civil);   mais  c'est  surtout  le  3i,  de   7''  à  ai*",  qu'elles  ont  été  fortes  et 

C.  R.,  i9u3    ■'  Semestre.  (T.  CXXXVII    N-  20.)  Io4 


nqo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ranidés  :  assez  fortes  pour  que  les  courbes  (surtout  celle  de  la  composante 
horizontale)  soient  sorties  parfois  du  champ  de  l'enregistre-ment,  assez 
rapides  pour  ne  pas  toujours  laisser  une  trace  sur  le  papier  sensible  des 
appareils.  A  celte  période  d'agitation  exceptionnelle  a  succédé  une  phase 
de  mouvements  plus  lents  et  moins  étendus  qui  a  duré  jusqu'à  7''  du 
I*''  novembre. 

»  II.  En  comparant  les  valeurs  de  la  déclinaison  enregistrée,  aux  moments 
des  plus  grands  écarts  (i5''35"'  à  I7''i5°'  du  3i  octobre)  aux  normales 
correspondantes,  on  trou\c  : 

l>ii:  fin  Midi.  BagnĂšres. 

h      m  ,  . 

i5.35. 4-  47-0  -t-  39-0 

17.  i5 —39.3  —34.4 

Variation  totale 86.3  73.4 

»  Et,  comme  la  variation  diurne  normale  entre  i5''35"'  et  i7''i.5'°  est 
sensiblement  de  —  i',6,  jjendant  les  jours  voisins, la  diffĂ©rence  rĂ©elle  entre 
les  valeurs  extrĂȘmes  de  la  dĂ©clinaison  a  Ă©tĂ©  de  i°27',9  pour  le  Pic  du  Midi, 
et  de  i^iS'.o  i)Our  BagnĂšres. 

))  On  remarquera  que  l'Ă©cart  positif  maximum  est  jjIus  grand  que  l'Ă©cart 
négatif  dans  l'une  et  l'autre  stations,  tandis  que,  dans  l'ensemble  de  la 
perturbation,  la  déclinaison  tend  à  diminuer  plutÎt  qu'à  augmenter. 

»  III.  Les  nombres  précédents  montrent  une  différence  sensible  dans 
l'amplitude  des  écarts  enregistrés  simultanément;  cette  amplitude  aug- 
mente quand  on  passe  de  la  station  basse  Ă   la  station  Ă©levĂ©e.  Ea  mĂȘme 
auomeutation  s'observe  à  divers  degrés  dans  les  oscillations  correspon- 
dantes (et  synchroniques),  pendant  toute  la  durée  de  la  perturbation. 

»  D'autre  part,  les  courbes  de  Perpignan,  qui  m'ont  été  obligeamment 
communiquées  par  M.  Fines,  indiquent,  pour  la  variation  totale  de  décli- 
naison, un  nombre  trÚs  légÚrement  inlcrieur  à  celui  de  BagnÚres  :  1"  i4'  2. 

»  On  ne  peut  donc  rattacher  l'augmentation  d'amplitude  constatée 
entre  BagnĂšres  et  le  Pic  du  Midi  qu'a  celle  de  {'altitude,  qui  est  pour  la 
premiĂšre  station  deSSo"",  et  de  2860-"  pour  la  deuxiĂšme. 

»  Les  mĂȘmes  faits  se  sont  d'ailleurs  produits  dans  toutes  les  perturba- 
tions de  la  déclinaison,  enregistrées  simultanément  à  BagnÚres  et  au  Pic  du 
Midi,  depuis  le  mois  d'octobre  1893. 

»  IV.  Si  l'on  admet  cette  interprétation,  on  devra  en  conclure  que,  pen- 
dant les  orages  magnétiques,  les  courants  perturbateurs  du  champ  terrestre  sont 
situés,  au  moins  partiellement,  dans  les  hautes  régions  de  l'atmosphÚre. 


SÉANCE    DU    l6   NOVEMBRE    igOJ.  79 l 

»  Ce  résultat  avait  déjà  été  donné,  en  i884,  par  Blavier,  qui  l'avait 
déduit  de  l'étude  comparée  des  courants  telluriques,  dans  les  lignes  télé- 
graphiques, et  des  variations  du  magnétisme  terrestre. 

»  V.  Cesco«ra«Zy/e//wny«eisesont  produits,  le  3i  octobre,  dans  la  ligne 
télégraphique  qui  relie  nos  deux  stations  et  qui  est,  dans  son  ensemble, 
dirigée  du  sud  au  nord.  Ils  ont  été  assez  intenses  pour  actionner  les  son- 
neries et  pour  ĂȘtre  mesurĂ©s,  avec  les  galvanomĂštres  ordinaires,  par  mes 
collaborateurs  de  Bagnéres  et  du  Pic  du  Midi. 

»  VI.  La  variation  d'amplitude  des  oscillations  correspondantes  entre 
Bagnéres  et  le  Pic  du  Midi  permet  de  se  rendre  compte  approximativement 
de  l'altitude  des  courants  perturbateurs,  si  l'on  admet  qu'ils  agissent  seuls 
sur  les  déclinomÚtres,  ou  du  moins  que- leur  action  est  trÚs  prédominante. 
Cette  action  est  inversement  proportionnelle  Ă   la  simple  distance,  et  pro- 
portionnelle, d'autre  part,  aux  faibles  déviations  angulaires  observées.  On 
déduit  de  là  que,  le  3i  octobre,  les  courants  perturbateurs  étaient  dirigés 
du  sud  an  nord  par  i4'"°  environ  d'altitude,  à  i5''35"';  et  dirigés  du  nord 
au  sud,  par  19'""  environ  d'altitude,  Ă   tj^i^'^. 

»  VII.  Les  observations  du  Soleil,  faites  réguliÚrement  au  Pic  du  Midi 
par  mon  collaborateur,  M.  Latreille,  montrent  (conformément  à  la  re- 
marque déjà  faite  i)ar  d'autres  observateurs)  que  l'orage  magnétique  du 
3i  octobre  a  coïncidé  avec  le  passage  d'un  groupe  important  de  taches  au 
méridien  central. 

»  A  ce  sujet,  on  me  permettra  de  rappeler  que  j'ai  énoncé,  dans  une  Communica- 
tion faite  à  l'Académie  le  8  janvier  1887,  la  loi  générale  suivante  : 

»  Les  perturbations  magnétiques  se  produisent  lorsqu'une  région  d'activité  du 
Soleil  passe  au  méridien  central. 

»  Dans  cet  énoncé,  le  mot  région  d'activité  désigne  une  portion  de  la  surface  solaire 
dans  laquelle  on  observe  (généralement  pendant  plusieurs  rotations  consécutives)  des 
facules  seules  ou  des  facules  avec  des  taches;  les  facules  constituant,  d'aprĂšs  moi,  le 
phénomÚne  fondamental  de  l'activité  solaire,  tandis  que  les  taches  n'en  sont  que  des 
manifestations  secondaires. 

))  Revenant  sur  cette  question,  dans  un  Mémoire  inséré  aux.  Comptes  rendus  du  Con- 
grÚs international  de  Météorologie  de  1900,  j'ai  indiqué  que  les  régions  d'activité 
persistent  parfois  plusieurs  années  à  la  surface  du  Soleil,  et  que  ces  régions  actives 
trÚs  persistantes  déterminent  souvent  les  grandes  perturbations  magnétiques. 

»  L'orage  magnétique  du  3i  octobre  vérifie  cette  derniÚre  remarque  :  la  région  so- 
laire à  laquelle  il  se  rattache  existe  depuis  longtemps  et  a  donné,  à  chacun  de  ses  re- 
tours au  méridien  central,  une  perturbation  le  plus  souvent  trÚs  faible,  mais  parfois 
assez  forte  ou   forte   (Exemples   :    5  octobre,  9  septembre,   i3  août,  3i   mars  1908; 


79^  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

2  1  septembre,  2/I  noût,  8  mai,   10  avril  1902;  celte  derniÚre,  une  des  plus  fortes  de 
1902). 

j>  Cette  région  a  été  souvent  dépourvue  de  taches,  et  j'insiste  sur  ce  fait  :  la  pré- 
sence des  taches  n'csl  pas  nécessaire  pour  qu'une  forte  perturbation  se  produise,  et, 
quand  elles  existent,  leur  dimension  n'est  pas  généralement  proportionnelle  à  l'inten- 
sité des  troubles  magnétiques  correspondants.  C'est  ainsi  que  le  groupe  de  taches  qui 
passait  au  méridien  central  le  11  octobre,  plus  étendu  que  celui  du  3i.  n'a  déterminé 
qu'une  perturbation  assez  faible  (variation  de  8'  11  9'  en  déclinaison).   » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  une  sĂ©paration  rigoureuse  dans  la  sĂ©rie  des  terres 
rares.  Note  de  MM.  G.  Urbai.v  et  H.  Lacombe,  présentée  par  M.  H. 
Moissan. 

«  La  cristallisation  fractionnée  de  deux  sels  non  isomorphes  ne  permet 
d'obtenir  à  l'état  de  pureté  que  le  moins  soluble  ou  le  plus  abondant  dé 
ces  sels.  A  partir  d'une  certaine  composition  de  la  solution,  les  deux  sels 
cristallisent  simultanément  formant  un  mélange  eutectique  et  jamais,  en 
rĂ©pĂ©tant  les  cristallisations,  le  sel  le  plus  soluble  ne  pourra  ĂȘtre  dĂ©bar- 
rassé complÚtement  du  précédent. 

»  Dans  le  cas  de  sels  isouiorphes,  les  phénomÚnes  que  l'on  observe  sont 
tout  différents.  Par  une  série  de  cristallisations  fractionnées  habilement 
conduites,  un  mĂ©lange  de  sels  isomorphes  peut  ĂȘtre  sĂ©parĂ©  en  ses  consti- 
tuants dans  l'ordre  de  leurs  solubilités.  A[)rÚs  un  nombre  suffisant  de 
fractionnements,  chacun  d'eux  pourra  ĂȘtre  obtenu  Ă   l'Ă©tat  de  puretĂ©.  On 
observe,  en  effet,  que,  dans  un  mélange  de  sels  isomorphes,  un  terme 
plus  soluble  diminue  la  solubilité  d'im  terme  moins  soluble.  Les  solubilités 
propres  de  chaque  sél  considéré  à  l'état  pur  sont  ainsi  profondément  mo- 
difiées par  la  présence,  dans  leur  dissolution,  d'un  sel  homologue  de  la 
série,  de  telle  sorte  que,  dans  des  séparations  par  cristallisations  fraction- 
nées, la  solubilité  individuelle  de  chaque  sel  |)araßt  moins  intervenir  que 
la  tendance  que  ces  sels  ont  à  se  substituer  les  uns  aux  autres  dans  le  ré- 
seau cristallin. 

»  Cette  tendance  à  la  substitution  dans  le  réseau  cristallin  est  la  cause 
qui  permet  de  séparer,  dans  quelques  cas,  à  l'état  pur,  les  sels  les  moins 
solubles  de  ceux  qui  s'accumulent  dans  les  eaux  mĂšres  sans  qu'on  puisse 
dĂ©celer  dans  ces  derniĂšres,  mĂȘme  par  les  procĂ©dĂ©s  les  plus  dĂ©licats,  la  j)rĂ©- 
sence  des  sels  qui  ont  cristallisé  en  premier. 


SÉANCE    DU    l6    NOVEMBRE    lQo3.  798 

M  Pour  séparer  des  éléments  dont  les  propriétés  varient  aussi  peu  d'un 
terme  à  l'autre  que  dans  la  série  des  terres  rares,  on  met  généralement  à 
profit  cette  remarquable  propriélé  des  sels  isomorphes.  C'est  par  des  cris- 
tallisations de  sels  relativement  trĂšs  soinbles  que  l'on  obtient  dans  cette 
série  les  meilleurs  résultats.  Les  sf'ls  doubles,  dont  les  différences  de 
solubilité  d'un  terme  à  l'autre  sont,  en  général,  plus  grandes  que  celles 
des  sels  simples,  conviennent  particuliÚrement  à  ce  genre  de  séparations. 
La  méthode  des  fractionnements  est  actuellement  et  restera  d'ici  long- 
temps la  seule  qui  permette  de  séparer  les  terres  rares  entre  elles,  abstrac- 
tion faite  du  cérium  qui  seul,  dans  la  série,  présente  des  oxydes  supérieurs 
stables  qui  ont  toujours  été  utilisés  pour  sa  séparation. 

»  Toutefois,  le  vice  inhérent  à  la  méthode  des  fractionnements  pour  la 
séparation  des  terres  rares  est  la  présence  des  portions  intermédiaires  qui 
souvent  peuvent  ĂȘtre  considĂ©rablement  rĂ©duites,  mais  qui,  a  priori,  ne 
peuvent  jamais  ĂȘtre  annulĂ©es. 

»  Il  existe,  cependant,  un  cas  oĂźi  un  pareil  rĂ©sultat  peut  ĂȘtre  atteint  : 
c'est  celui  oĂč  un  Ă©lĂ©ment  usuel  pouvant  se  sĂ©parer  aisĂ©ment  des  terres 
rares  présente  avec  elles  un  cas  d'isomor|)liisme.  Et  encore,  faut-il  que  la 
solubilité  du  sel  de  l'élément  usuel  soit  intermédiaire  entre  celles  de  deux 
termes  de  la  série. 

»  Nous  avons  pu  réaliser  ce  cas  en  meltant  à  profit  l'isomorphisme  du  nitrate  double 
de  magnésium  et  de  bismuth  avec  les  nitrates  douilles  de  magnésium  et  de  terres  rares 
(G.  Urbain  et  H.  Lacombe,  Comptes  rendus,  l.  CXXXVII,  igoS,  p.  568).  Un  premier 
examen  nous  ayant  fait  rapproclier  ce  composé  de  bismuth  des  sels  correspondants  du 
groupe  samarium-gadolinium,  nous  avions  pensé,  dÚs  le  début  de  ces  recherches,  que 
si  aux  nitrates  magnésiens  de  ces  terres,  dont  le  fractionnement  a  donné  à  Demarçay 
{Comptes  rendus,  t.  CXXX,  1896,  p.  1019;  t.  CXXXU,  1901,  p.  1484;  t.  CXXXIII, 
1901,  p.  1469)  de  si  brillants  résultats,  nous  ajoutions  une  certaine  proportion  de 
nitrate  magnésien  de  bismuth,  cet  élément  usuel  viendrait  peu  à  peu  s'intercaler 
entre  deux  éléments  de  la  série  rare,  jouant  ainsi  le  rÎle  d'élément  séparateur.  Une 
sirnple  précipitation  par  l'hydrogÚne  sulfuré  permettant  déliminer  ensuite  le  bismuth, 
nous  devions  obtenir  ainsi  une  séparation  rigoureuse  pour  la  premiÚre  fois  dans  la 
série  des  terres  rares. 

»  L'expérience  a  confirmé  pleinement  nos  prévisions  et  les  résultats 
obtenus  ont  dépassé  notre  attente. 

»  Nous  avons  fractionné  à  l'état  de  nitrates  magnésiens  :  1°  des  terres  riches  en 
samarium;  1°  des  terres  riches  en  gadoliniuni.  Dans  les  deux  cas  nous  avons  ajouté 
aux  nitrates  magnésiens  des  terres  rares  une  qunntlté  notable  de  nitrate  magnésien  de 
bismuth. 


^g/j  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  AprÚs  35  séries  de  fraclionnement  portant  sur  i6  fractions  nous  avons  fait  les 
observations  suivantes  : 

»  Le  néodyme  se  concentre  dans  la  fraction  de  tÚte  et  y  demeure  exclusivement  tant 
qu'il  se  trouve  en  présence  de  bismuth. 

»  Le  samarium  vient  ensuite.  L'oxyde  extrait  de  la  fraction  2  présente  la  faible 
coloration  jaune  caractéristique  du  samarium.  Celte  coloration  diminue  dans  les  frac- 
tions suivantes. 

11  De  mĂȘme  la  coloration  jaune  et  le  spectre  d'absorption  des  dissolutions  dĂ©croissent 
d'un  terme  au  suivant.  La  proportion  de  terres  rares  dĂ©croĂźt  en  mĂȘme  temps  que 
s'accroĂźt  la  proportion  de  bismuth. 

»  Dans  la  premiÚre  expérience  (terres  riches  en  samarium)  les  fractions  11  et  12  ne 
contenaient  plus  qu'une  trace  de  terres  rares. 

»  Dans  la  seconde  (terres  pauvres  en  samarium)  les  fractions  4,  5  et  6  ne  renfer- 
maient que  du  bismuth. 

»  Dans  les  fractions  suivantes  les  terres  rares  apparaissent  de  nou\eau  et  leur  pro- 
portion va  en  croissant  jusqu'à  l'extrémité  du  fractionnement,  tandis  que  la  proportion 
du  bismuth  va  en  diminuant. 

»  Les  dissolutions  ne  prĂ©sentent  aucun  spectre  d'absorption,  sauf  la  derniĂšre,  oĂč  l'on 
distingue  faiblement  les  bandes  du  dysprosium.  La  coloration  des  oxydes  s'accentue 
Ă   partir  de  la  gadoline  blanche  jusqu'Ă   la  derniĂšre  fraction  dont  la  terre  est  rouge  de 
brique. 

))  L'ensemble  de  ces  observations  montre  que  le  bismuth  s'intercale  in- 
contestablement entre  le  samarium  et  le  gadolinium. 

»  Nous  serons. moins  al'firmatifs  en  ce  qui  concerne  l'europium  de  De- 
marçay.  Dans  le  but  d'élucider  ce  dernier  point,  nous  traitons  actuellement 
prÚs  de  i"*^  de  terres  intermédiaires  entre  le  samarium  et  le  holmium.    » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  le  kermùs .  Note  de  M.  J.  Bougault, 
présentée  par  M.  Haller.  (Extrait.) 

«  Conclusions.  —  1°  Toutes  les  preuves  qu'on  a  donnĂ©es  jusqu'ici  de  la 
présence  de  Sb*0'  dans  le  kermÚs  sont  insuffisantes;  il  est  probable  qne  le 
kermĂšs  n'en  contient  pas. 

»  1°  Le  pyroantimoniate  de  sodium  forme  une  partie  importante  du 
kermĂšs. 

»  3°  En  s'appuyant  sur  ce  que  l'acide  tartrique  enlÚve  de  l'oxyde  antimo- 
nieux  à  un  mélange  de  Sb"  S' et  de  pyroantimoniate,  il  est  naturel  de  penser 
que  le  kermÚs  doit  ses  propriétés  thérapeutiques  à  Sb-Q'  formé  au  contact 
de  l'acidité  stotnacale.  » 


SÉANCE    DU    l6   NOVEMBRE    ïÇ)o3.  'jg5 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  acĂ©tones  acĂ©tylĂ©niques.  Nouvelle  mĂ©thode 
de  synthĂšse  des  isoxazols.  Note  de  MM.  Ch.  Moureu  et  M.  Brachix, 
présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Nos  recherches  antérieures  (')  ont  établi  que  les  acétones  à  fonction 
acĂ©tvlĂ©nique  R  — C^C— CO  — R'  donnaient,  en  rĂ©agissant  sur  les  hy- 
drazines,  par  transposition  moléculaire  avec  fermeture  de  chaßne  des 
hydrazones  d'abord  formées,  des  pyrazols  identiques  à  ceux  que  four- 
nissent les  dicétones-^  qui  en  dérivent  j)ar  hydratation.  La  présente  Note 
a  pour  objet  l'Ă©tude  parallĂšle  du  mode  d'aclion  de  l'hydroxylamine  sur  les 
mĂȘmes  composĂ©s. 

))  Nous  avons  étudié  cinq  acétones  :  l'acétylphénylacétylÚtie,  le  propio- 
nylphénylacétylÚne,  le  butyrylphénylacétvlcne,  le  benzoyiphénylacélylÚne 
et  l'anisoylphénylacétylÚne.  En  faisant  réagir  l'hydroxylamine  sur  ces 
corps,  nous  avons  constamment  obtenu  les  isoxazols  correspondants. 

»   La  réaction  se  passe  nécessairement  en  deux  phases  : 

»  i"  Il  y  a  d'abord  formation  d'une  oxime  à  fonction  acétylénique  ; 
exemple  : 

C6H5— G  =  C  — CO  — CH'-hH'.AzOH  =  I1-0  +  G«H*— C  =  C  — C  — CH'; 

AcétylphénjlacétylÚne. 


— 

CH' 

-H  H'.  Az 

Hydroxy 

0H  = 

aminu. 

Il' 

0 

+ 

G«H* 

-C 

=  C- 

/ 

HO 

-C- 

II 

ne 

Az 

Oxime  acétyl 

Ă©nique 

M    1°  Dans  la  seconde  phase,  l'oxime  produite  s'isomérise  en  fermant  la 
chaĂźne  pour  donner  1  isoxazol  : 

C«H=-C  =  C  — C-CH'  <",H 

H 

Az  _ 


HO  C  H        O^ 


G  —  CH  ' 


Az 


Oxime  acétylénique. 


O 


3-niéthyl  5-phénylisoxazol. 

))  Les  composés  ci-dessous  décrits  ont  été  ainsi  obtenus.  On  les  prépare 

(')   Comptes  tendus ,  2.5  mai  1908. 


796  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tous  en  chauffant  à  retlux  une  solution  hydroalcoolique  mixte  d'acétont' 
acétylénique  et  d'hydroxylamine  (chlorhydrate  d'hydroxylamine  +  acé- 
tate de  soude).  Ils  ne  sont  pas  dédoublables  par  l'acide  chlorhydrique, 
ce  qui  Ă©tablit  leur  structure  cyclique. 

»  Z-mĂ©tliyl  ^-phĂ©nylisoxazol  0.  Az  C'H  (CH^)  (G«H').  —  Ce  corps,  obtenu  en 
partant  de  l'acĂ©tylphĂ©nylacĂ©tylĂšne  C«H=— C  =  C  —  CO  —  CH',  se  prĂ©sente,  aprĂšs 
oristallisalion  dans  l'élher  de  pétrole,  en  feuillets  blancs,  légers,  fusibles  à  68°.  Il 
distille  à  i5i°-i52°  sous  ig"""",  et  est  facilement  entraßnable  par  la  vapeur  d'eau. 
L'acide  chlorhydrique  concentré  le  dissout  à  froid;  l'addition  d'un  excÚs  d'eau  à  la 
solution  le  prĂ©cipite  ininiĂ©dialement  sous  la  forme  de  gros  flocons  blancs.  —  En  trai- 
tant par  la  lessive  de  soude  l'oxime  du  dichlorure  de  benzylidÚne-acétone 

C«  H5—  CH  Cl  —  CH  Cl  —  CO  —  CH», 

Goldschmidl  (')  a  obtenu  un  composé  cristallisant  en  grosses  tables  qui  fondaient 
à  65°,  soluble  dans  l'acide  chlorhydrique  concentré,  et  se  transformant  en  3-niéthyl 
5-phénylpyrazol  sous  l'action  de  l'ammoniaque  à  25o".  Ce  produit  est  certainement 
identique  au  nĂŽtre. 

»  Z-Ă©thyl  b-phĂ©nylisoxazol0.kzÇ?]\(C-\{^){OW).  —  L'acĂ©tone  gĂ©nĂ©ratrice  est  ici 
le  propionylphĂ©nylacĂ©tylĂšne  C^ti^  — C  =  C  —  CO  —  C'^H'.  L'isoxazol  bouta  i57''-l58° 
sous  18ℱℱ,  et  fond  au  voisinage  de  —  2°;  D'„'  z=  i  ,0766.  Soluble  dans  l'acide  chlorhy- 
drique concentré,  il  est  reprécipitable  de  cette  solution  par  un  excÚs  d'eau. 

»  Le  propionylphénylacétylÚne  n'avait  pas  encore  été  préparé.  Nous  l'avons  obtenu 
en  faisant  réagir  le  chlorure  de  propionyle  sur  le  phénylacétylÚne  sodé.  Il  distille  it 
i37°-i38°  sous  16"""",  et  fond  Ă   +  8° -h  10°;  DY  =  i  ,oĂč43. 

»  'i-propylS-phĂ©nylisoxasol0.^.zOV{{C^W)(il'-\\').  —  Ce  corps,  qui  s'obtient 
en  partant  du  butvrylphĂ©nylacĂ©tylĂšne  C'H^— C  =  C  —  CO  —  C^H',  distille  Ă   i68°- 
169°  sous  18'"ℱ,  et  fond  entre  -\-  5°  et  -l-io°;  D',|'  =  J  ,o536.  Soluble  dans  l'acide  chlor- 
hvdrique  concentré,  il  est,  comme  les  précédents,  précipité  immédiatement  de  cette 
solution  pai-  un  excĂšs  d'eau. 

»  Le  butyrylphénylacétylÚne  avait  déjà  été  obtenu  par  l'un  de  nous,  en  commun 
avec  M.  Delange,  en  condensant  le  butyrate  d'amyle  avec  le  phénylacétylÚne  (-). 
Nous  l'avons  préparé  bien  pur  et  avec  de  meilleurs  rendements  en  traitant  le  phényl- 
acétylÚne sodé  par  le  chlorure  de  butyryle.  Il  distille  à  i48°-i5o°  sous  18"""; 
D?»  =  o,9859. 

»  Z-h-diphĂ©nyllsoxazol  0. AzC'H(C'H=)'.  —  Obtenu  en  partant  du  benzoylphĂ©- 
nylacĂ©tylĂšne  C'H^ —  C  ee=  C  —  CO  —  C^HS  le  produit  cristallise  dans  l'alcool  en  beaux 
feuillets  blancs,  brillants,  légers,  trÚs  réguliers,  peu  solubles  dans  léther.  Chauffé 
dans  un  tube  capillaire  au  bain  d'acide  sulfurique,  il  fond  en  partie  à  i42°;  à  partir 
de  170°,  il  fournit  un  dégagement  de  gaz,  et  la  fusion  n'est  complÚte  que  vers  190°; 
par  refroidissement,   le  produit  se  solidifie,   et,  en  le  chaulfant  de  nouveau,   il   fond 


(')  Berichle  der  deulscli.  chem.  Ges.,  t.  XXVIII,  p.  i532. 
(*)  Bull.  Soc.  chim.,  3'  série,  t.  XXVII,  p.  374. 


SÉANCE    DU    t6   novembre    fgo^.  797 

complÚtement  entre  i4o°  et  i46°.  Il  est  insoluble  dans  l'acide  chlorhvdrique  concentre. 
En  traitant  le  diclilorure  de  benzylidÚne-acétophénone 

C«H^-  CHCI  —  CHCI  —  CO  -  C«H' 

par  le  chlorhydrate  d'hydroxylamine  et  la  lessive  de  soude,  on  obtient,  d'aprĂšs  Gold- 
schmidt  ('),  un  corps  fusible  à  i4i°.  Etant  donné  le  mode  de  formation  du  composé 
de  Goldschmidt  et  les  divers  caractÚres  qu'il  en  donne,  ce  composé  est  sans  aucun 
doute  le  mĂȘme  que  le  nĂŽtre.  Mais  la  fusion  Ă   i4i°,  contrairement  au  dire  de  l'auteur, 
n'est  que  partielle,  et  doit  ĂȘtre  envisagĂ©e  comme  un  commencement  de  dĂ©composition. 
«  Z-anisyl  5-p/tĂ©nylisoxazol  O.AzC^H(C'H'-~OCH^)(C'H').  —  Ce  composĂ© 
dĂ©rive  de  l'anisoylphĂ©nylacĂ©tylĂšne  C«  H^  — C  eeĂŻ  C  ^  CO  —  C«H'(OChP).  Il  cristallise 
dans  l'alcool  méthylique  en  fines  aiguilles  blanches,  fondante  i28°-i29°.  Il  est  insoluble 
dans  l'acide  chlorhydrique  concentré. 

»   En  résumé,   les  acétones  acétyléniqiies,  en  réagissant  sur  l'hydroxy- 
lamine,  fournissent  des  isoxazols.  Les  rendements  sont  quantitatifs.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  rĂ©trogradĂąt  ion  de  l'empois  d'amidon. 
Note  de  M.  L.  Maquexne,  présentée  par  M.  Rotix. 

«  Dans  une  précédente  Communicalion  j'ai  fait  voir  que,  en  dehors  de 
toute  action  biochimique,  l'empois  d'amidon  rétrograde  avec  le  temps, 
c'est-Ă -dire  devient  en  partie  insoluble  dans  l'extrait  de  malt,  Ă   froid  (-). 

»  Cette  transformation  est  subordonnée  à  un  grand  nombre  de  variables 
indépendantes,  telles  que  la  température  de  la  conservation,  la  nature  du 
milieu,  la  concentration  des  liqueurs,  etc. 

»  J'examinerai  aujourd'hui  l'itifluence  de  la  température  qui  semble 
prépondérante  et  celle  des  acides  minéraux,  employés  à  dose  insuffisante 
pour  produire  mĂȘme  un  commencement  de  saccharificalion. 

i>  Toutes  les  expĂ©riences  qui  suivent  ont  portĂ©  sur  4oℱ°  d'empois  Ă   5  pour  loo  de 
fécule,  préparé  à  100°,  puis  maintenu  i5  minutes  en  autoclave  à  120°.  On  arrive  du 
reste  Ă   des  rĂ©sultats  du  mĂȘme  ordre  avec  des  empois  chauffĂ©s  pendant  une  demi- 
heure  à  i3o°,  en  tubes  scellés  ou  simplement  obturés  par  un  tampon  d'ouate. 

»  Les  fioles  dans  lesquelles  on  devait  ajouter  un  réactif  quelcorKiue  aprÚs  la  stérili- 
sation recevaient  en  outre  5  gouttes  de  toluĂšne. 

»  La  saccharification  a  été  faite  sous  volume  constant,  à  la  température  ordinaire 
(22°  pour  l'expĂ©rience  I  ),  avec  la  mĂȘme  quantitĂ©  de  malt  etĂ   Ă©galitĂ©  de  minĂ©ralisation. 

(')  Berichte  der  deutsch.  cliem.  Ges.,  t.  XXVllI,  p.  2.54o. 
(2)  Comptes  rendus,  t.  CXXXVH,  p.  88. 

G.  K.,   1903,  2"  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  20.)  Io5 


rjç^S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Pour  assurer  celle-ci  on  a  eu  soin,  avant  d'introduire  la  solution  d'aniylase  aux  fioles 
des  expériences  II  et  III,  de  neutraliser  exactement  leur  contenu  et  d'ajouter  à  chacune 
d'elles  un  poids  de  sulfate  (ou  chlorure)  de  potassium  calculé  de  maniÚre  qu'elles  en 
contiennent  toutes  la  mĂȘme  quantitĂ©. 

»  Dans  les  sĂ©ries  II  et  III,  oĂč  l'on  ne  s'est  pas  servi  de  thermostat,  les  essais  ont  Ă©tĂ© 
commencés  et  poursuivis  simultanément,  pour  compenser  l'influence  des  fluctuations 
inévitiibies  de  la  température  ambiante. 

»  Les  Tableaux  qui  suivent  donnent,  en  centiÚmes,  la  valeur  de  la 
rétrogradation  déduite  par  le  calcul,  soit  du  poids  de  matiÚre  soluble  con- 
tenue dans  le  mélange  saccharifié  (II  et  111),  soit  de  la  quantité  de  sucre 
prĂ©sente  dans  le  mĂȘme  mĂ©lange  (I). 

ExpĂ©rience  I.  —  Influence  de  la  tempĂ©rature. 

ConservĂ©s  Ă  36°.  22".  i'-\"-  <>‱■ 

i  3  jours 6,2  7,8  i3,3  22,1 

AprĂšs 6jours 7,4  8,'  '6,7  26,8 

(  9Jours 6,8  8,8  18,0  28,3 

ExpĂ©rience  II.  —  Influence  de  l'acide  sulfurique. 

Conservés  pendant Sjours.  bjours.  9  jours.  lßjours. 

O  6,9  9,0  10,6  10,4 

0,0122 7,5  11,5  12,0  i3,7 

SO'-H''             ]  0,0612 9,6  12,6  14,2  i4,o 

dans  100ℱ'         i  0,1225 8,7  12,2  i3,8  i5,2 

0,6135 8,4  11,5  i3,3  i5,9 

i,325o 8.0  11,2  12,7  i5,5 

ExpĂ©rience  III.  —  Influence  de  l'acide  chlorhydrujue. 
Conservés  pendant 3joiirs.  6jours.  iijours.  iQJours. 

O           6,5  8,0  To,i  10,2 

0,0091 10,1  10,9  12,0  12,0 

HCl               1  o,o456 12,3  11,9  12,3  i3,8 

dans  100''"''         10,0912 10, o  10,2  i3,i  12,9 

0,4562 7,2  9,2  10,5  12.9 

0,9135 8,3  9,9  11,9  12,7 

»   De  ces  chiffres  on  tire  immédiatement  les  conclusions  suivantes  : 
»    1°  La  rétrogradation  est  d'autant  plus  rapide  et  plus  profonde  que  la 
température  est  plus  basse  ; 


SÉANCE    DU    l6    NOVEMBRE    igoS.  799 

»  2"  Ce  phénomÚne  est  favorisé  par  la  présence  des  acides  minéraux, 
mĂȘme  Ă   la  dose  de  ^^^  seulement  ; 

»  3°  Il  tend  vers  une  limite  qui,  en  milieu  neutre  et  Ă   0°,  paraĂźt  ĂȘtre 
voisine  de  3o  pour  100. 

»  Ces  derniers  résultats  concordent  avec  ceux  que  donne,  plus  rapide- 
ment, V amylo-coagulase  de  MM.  Wolff  et  Fernbach  ('  )  ;  celle-ci  n'agit  donc 
que  pour  faciliter  une  transformation  qui  est  susceptible  de  s'accomplir 
sous  d'autres  influences,  d'ordre  exclusivement  physique  ou  chimique. 

»  Je  ferai  connaßtre  ultérieurement  la  suite  de  ces  recherches;  qu'il  me 
soit  permis,  en  terminant,  de  remercier  ici  mon  Ă©lĂšve,  M.  Goodwin,  pour 
l'aide  qu'il  a  bien  voulu  me  fournir  dans  la  derniÚre  partie  de  ce  travail.    » 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Influence  de  la  nature  du  milieu  extĂ©rieur  sur  la 
composition  organique  de  la  plante.  Note  de  MM.  Alex.  HĂ©bert  et  E. 
CuARABOT,  présentée  par  M.  Ha  lier. 

«  Les  recherches  que  nous  avons  effectuées  dans  le  but  indiqué  précé- 
demment {Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  160,  1009  et  1678)  nous  ont 
fourni  l'occasion  d'étudier  l'action  des  sels  minéraux  contenus  dans  le  sol 
sur  la  composition  organique  de  la  plante,  et  de  compléter  ainsi  l'étude 
qui,  jusqu'alors,  avait  été  limitée  à  la  matiÚre  minérale  (-). 

»  Les  divers  échantillons  de  menthe  poivrée  prélevés  dans  les  conditions 
décrites  antérieurement  {loc.  cit.)  ont  été  soumis  à  l'analyse;  nous  y  avons 
dosé  le  carbone,  l'hydrogÚne  et  l'azote;  l'oxygÚne  a  été  calculé  par  diffé- 
rence entre  la  matiÚre  organique  et  la  somme  des  nombres  représentant 
les  proportions  des  trois  autres  éléments  cités. 

»  Nous  n'indiquerons  pas  en  détail  les  nombreux  résultats  que  nous 
avons  obtenus,  ceux-ci  seront  exposés  dans  un  autre  Recueil  et  nous  ne 
retiendrons  ici  que  les  conclusions  qui  peuvent  s'en  dégager. 

»  En  premier  lieu,  nous  avons  pu  vérifier  un  certain  nombre  de  faits  déjà  signalés 
à  plusieurs  reprises;  c'est  ainsi  que  la  composition  centésimale  des  plantes  fraßches, 
puis  sÚches,  accuse  une  quantité  d'eau,  de  cendres,  de  matiÚres  azotées  bien  plus 
considérable  chez  les  sujets  jeunes  que  chez  les  sujets  arrivés  à  maturité;  nous  n'in- 
sisterons pas  sur  ces  résultats  qui  ont  été  observés  par  divers  savants  :  MM.  Berthelot 


(')  Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  p.  718. 

(»)   Hébert  et  Trufkaut,  Comptes  rendus,  t.  C\XII,  p.  1312;  t.  CXXVl,  p.  i8d 


8o()  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

el  yVndré,  Dehérain,  etc.  Toutefois,  nous  ferons  remarquer  que  chez  les  végétaux 
arrivés  à  maturité,  et  le  fait  est  surtout  manifeste  quand  on  examine  la  composition 
centésimale  des  plantes  sÚches,  les  proportions  de  cendres,  de  matiÚre  organique  et 
des  éléments  qui  composent  celle-ci  :  carbone,  liydrogÚne,  azote,  oxygrne,  sont 
trÚs  voisines  les  unes  des  autres,  quel  que  soit  le  sel  ajouté  au  sol.  Ces  proportions, 
en  edet,  varient  seulement  entre  les  extrĂȘmes  : 

Organes  aériens.  Kacines. 

Cendre- 8,60 — ii.o  6,70 — iü.70 

Matiùre  or^ani([ue 89,00 — 91,^0  88, 3o  — 98,80 

Carbone 44,64—46,48  4"  ,22 — 43,75 

Hydrogùne 5,67—  5,83  5,5o—  6,o3 

Azote 1,16 —   1,68  0,70 —   1,07 

Oxygùne 86,14—89,78  4o,32— 45,i2 

))  Enfin,  la  composition  centésimale  de  la  matiÚre  organique  montre  encore  bien 
mieux  cette  constance  des  proportions  des  quatre  éléments  organiques,  malgré  la 
diversité  des  sels  ajoutés.  C'est  ainsi  que  l'on  peut  constater  que  ces  proportions  va- 
rient seulement  entre  les  limites  : 

Organes  aériens.  Racines. 

Carbone 48,94 — 5i,66  44,45 — 47, 60 

Hydrogùne 6,12 —  6,45                    5,99 —  6,55 

Azote 1,28 —    1,79                  0,70 —   ',17 

Oxygùne 4o,4o — 43, 60  45, 06 — 48,60 

»  Ces  conclusions  s'appliquent  également  à  une  prise  d'essai  faite  au  début  de  la 
végétation:  les  teneurs  en  Ciirbone,  hydrogÚne  el  oxvgÚne  v  sont  comprises  entre  les 
limites  que  nous  venons  d'indiquer.  Exception  est  faite  pour  l'azote  qui  se  montre  en 
proportion  plus  forte  ciiez  les  jeunes  plantes,  ainsi  que  l'ont  fait  remarquer  antérieu- 
rement plusieurs  chimistes. 

»  La  formule  de  la  matiÚre  organique  (rapportée  à  un  poids  moléculaire  égal  à  100) 
est  assez  uniforme:  le  nombre  des  atomes  de  chacun  des  éléments  varie  seulement 
entre  les  limites 

C*.'H«.iAz''.'"0».^     à     C''''H''''=Az».''sO', 

pour  les  organes  aériens,  et 

C'''H''.»Az»>''«0^>»    à    C'''"ll"''''Az°."S0% 
pour  les  racines. 

))  Par  contre,  s'il  y  a  pour  ainsi  dire  identité  de  oomposiliou  élémentaire  chez  les 
vĂ©gĂ©taux  cultivĂ©s  diffĂ©remment,  mĂȘme  avec  addition  au  sol  de  substances  diverses, 
de  trÚs  grandes  variations  se  manifestent  dans  les  quantités  absolues  de  matiÚre 
végétale  et  de  ses  éléments. 

M  D'une  façon  générale,  l'atldilion  de.s  sels  au  sol  a  été  favorable  et  ces 
sels  ont,  presque  dans  tous  les  cas,  joué  le  rÎle  d'engrais;  quelques  irré- 


SÉANCE    DU    16    NOVEMBRE    1903.  801 

gularités  cependant  se  manifestent  clans  ces  résultats.  C'est  ainsi  que  le 
nitrate  d'ammonium,  qui  produit  habituellement  des  effels  favorables,  a 
diminuĂ©  fortement  la  production:  peut-ĂȘtre  la  dose  distribuĂ©e  Ă©tait-elle 
trop  forte  et  a-t-elle  été  nocive  pour  les  plantes.  » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  le  rapport  entre  l'iniensitĂ©  lumineuse 
et  l'Ă©nergie  assimilatrice  chez  des  plantes  appartenant  Ă   des  types 
biologiques  différents.  Note  de  M.  Fr.  Weis,  présentée  par 
M.  Gaston  Bonnier. 

«  Dans  une  série  d'expériences  instituées  l'été  passé  au  laboratoire  de 
Biologie  végétale  de  Fontainebleau,  je  me  proposai  de  résoudre  les  ques- 
tions suivantes  : 

»  1°  De  trouver  une  expression  numérique  de  l'énergie  assimilatrice 
spĂ©cifique  dans  les  mĂȘmes  conditions  d'expĂ©rience  chez  des  plantes  qui, 
eu  Ă©gard  Ă   leurs  besoins  de  lumiĂšre,  appartiennent  Ă   des  types  biologiques 
différents  ; 

»  2°  De  dĂ©terminer  l'Ă©nergie  assimilatrice  chez  la  mĂȘme  plante  exposĂ©e 
à  des  intensités  lumineuses  différentes. 

»  J'ai  installé  ces  premiÚres  expériences  avec  les  plantes  suivantes,  qui  sont  à 
un  degré  plus  ou  moins  élevé,  plantes  d'ombre  ou  plantes  de  lumiÚre  :  Marclianlia 
polymorpha,  Polypodium  vulgare  et  OEnolliera  biennis.  Pour  la  premiĂšre  j'ai 
pris  des  thalles  jeunes,  vigoureux,  non  friicliliés;  pour  les  deux  autres  de  jeunes 
feuilles  entiÚres,  mais  n'ayant  pas  achevé  complÚlement  leur  développement,  riches  en 
chlorophylle  et  dans  une  période  d'assimilation  intense.  Thalle  ou  feuilles  étaient  placés 
aussitÎt  aprÚs  la  récolte  dans  des  tubes  de  verre  plats  à  parois  planes,  dans  lesquels  se 
trouvait  une  atmosphĂšre  particuliĂšrement  riche  en  gaz  carbonique  (8  Ă   10  pour  100) 
et  fermés  par  du  mercure  recouvert  d'une  mince  couche  d'eau.  L'analyse  de  l'air  des 
tubes  se  faisait  au  moyen  de  l'appareil  à  analyses  de  MM.  Bonnier  et  Mangin,  immé- 
diatement avant  et  aprĂšs  l'exjjĂšrience. 

»  Afin  de  pouvoir  comparer,  on  calculait  l'acide  carbonique  absorbé  et  l'oxygÚne 
dégagé  par  centimÚtre  carré  de  surface  assimilatrice,  sans  tenir  compte  de  l'épaisseur 
des  organes,  du  nombre  des  couches  de  cellules  chlorophylliennes  ni  de  la  quantité 
absolue  de  chlorophylle.  Cependant  on  déterminait  toujours  le  poids  et  le  volume  du 
thalle  et  des  feuilles  immédiatement  aprÚs  chaque  expérience.  Celles-ci  furent  laites  à 
environ  la  mĂȘme  tempĂ©rature  (respectivement  dans  les  trois  sĂ©ries  d'essais  Ă   25°, 
25°,  .5  et  23'^ C.)  mesurée  dans  des  tubes  placés  aux  cÎtés  des  tubes  d'essais. 

»  Une  série  d'expériences  était  établie  à  la  lumiÚre  solaire  directe,  les 
tubes  étant  placés  de  maniÚre  que  les  rayons  solaires  tombent  à  peu  prÚs 


8o2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

perpendiculairement  aux  surfaces  assimilatrices  ;  deux  autres  Ă   la  lumiĂšre 
diffuse,  respectivement  soixante  et  quatre-vingt-dix  fois  plus  faible  que  la 
lumiĂšre  solaire  directe.  L'Ă©nergie  lumineuse  se  mesurait  par  le  temps  que 
mettait  du  papier  photographique  à  prendre  une  teinte  déterminée,  com- 
parée à  une  échelle  de  couleurs  choisie  et  préparée  dans  ce  but. 

»  Dans  les  expériences  à  la  lumiÚre  directe,  les  tubes  d'essais  étaient 
placés  sous  des  cloches  de  verre,  entre  les  doubles  parois  desquelles  pas- 
sait un  courant  continu  d'eau  froide  destinée  à  absorber  les  rayons  calori- 
fiques de  la  lumiĂšre  solaire. 

»   Tous  les  essais  durÚrent  i  heure.  Les  résultats  furent  les  suivants  : 

»  PremiĂšre  sĂ©rie.  —  LumiĂšre  solaire  directe,  2.5"  G.  Composition  du  mĂ©lange 
gazeux  avant  les  essais  :  lo,  i3  pour  looCO'-;  t8,  to pour  looO  571 ,']']  pour  100  Az. 

Marcliantia.         Polypodium.        OEnolhera. 

Surface  assimilatrice  en  centimÚtres  carrés.  .  10,92  9,67  10, 64 

Poids  du  thalle  (des  feuilles)  en  grammes..  .        0,7.5/4  o,2a5  0,270 

Volume  du  thalle  (des  feuilles)  en  centi- 
mĂštres cubes 0,9  o,D  0,3 

Volume  de  l'air  en  centimĂštres  cubes 27,0  25, o  28,7 

OxygÚne  dégagé  par  centimÚtre  carré  de  sur- 
face en  centimĂštres  cubes 0,0460  o,o64o  0,1680 

Gaz  carbonique  absorbé  par  centimÚtre  carré 

de  surface  en  centimĂštres  cubes o,o48o  o,o65o  Ă»,i66o 

Coefficient  d'assimilation  (rĂ©sultante)  i^- ‱       0,96  0,98  1,01 

»  DeuxiĂšme  sĂ©rie.—  LumiĂšre  diffuse  ^,  25",  5  C.  Composition  du  mĂ©lange  gazeux 
avant  les  essais  :  S,oo  pour  100  CO";  18,62 /?o«/-  100  0*;  73,33  pour  100  Az'. 

Marcliantia.         Polypodium.        ƒnolliera. 

Surface  assimilatrice  en  centimÚtres  carrés.  .  8,53  11,71  "  j  24 

Poids  du  thalle  (des  feuilles)  en  grammes. .  .  0,565  o,322  o,3o7 

Volume  du  thalle  (des  feuilles)  en  centi- 
mĂštres cubes ^1"  o>^  Oj-' 

Volume  de  l'air  en  centimĂštres  cubes 25,5  26,7  23,6 

OxygÚne  dégagé  par  centimÚtre  carré  de  sur- 
face en  centimĂštres  cubes 0,0227  0,0690  o,o5i7 

Gaz  carbonique  absorbé  par  centimÚtre  carré 

de  surface  en  centimĂštres  cubes "  0,0705  -0,0517 

0  „ 

Coefficient  d'assimilation  (résultante)  ^i"         »  0,98  i.oo 


SÉANCE  DU  l6  NOVEMBRE  igoS.  8o3 

1)  TroisiĂšme  SĂ©rie.  —  LumiĂšre  diffuse  ^,  23°  C.  Composition  du  mĂ©lange  avant 
les  essais  :  10.62  pour  100  C0-;  18,  '17  pour  100O-;  70,91  pour  100  Az-. 

Marc/iantia.        Pohpodium.  CEnothera. 

Surface  assimilatrice  en  centimÚtres  carrés.  .  7,38                  11, 5i  7'70 

Poids  du  thalle  (des  feuilles)  en  grammes.  .  .  o,335                  0,352  0,217 

Volume  du  thalle  (des  feuilles)  en  centimĂštres 

cubes 0,7                     0,5  0,4 

Volume  de  l'air  en  centimĂštres  cubes 22,0                   24,0  24,0 

OxygÚne  dégagé  par  centimÚtre  carré  de  sur- 
face en  centimĂštres  cubes 0,0120                0,0270  0,0160 

Gaz  carbonique  absorbé  par  centimÚtre  carré 

de  surface  en  centimÚtres  cubes »                   0,0420  0,0270 

Coefficient  d'assimilation  (rĂ©sultante)  pY=r7- ■  »  o,65  0,60 

»  Les  chiffres  indiquant  le  gaz  carbonique  absorbé  et  l'oxygÚne  dégagé  représentent 
donc  la  mesure  directe  de  l'énergie  assimilatrice  <lans  les  conditions  données  d'expé- 
rience, lorsqu'on  ne  tient  pas  compte  de  la  respiration  qui  a  lieu  simultanément  et  en 
sens  inverse.  Gomme  on  sait,  la  lumiĂšre  active  beaucoup  l'assimilation  et  a,  d'autre 
part,  une  influence  retardatrice  sur  la  respiration  et,  quand  la  température  ne  dépasse 
pas  environ  28°  C,  celle-ci  est,  relativement  à  l'assimilation,  en  bon  éclairage,  trÚs 
faible,  ce  que  montre  aussi  la  faible  différence  trouvée  pour  les  coefficients  d'assimi- 
lation observée  dans  les  deux  premiÚres  séries  d'expériences  ci-dessus  indiquées.  Mais, 
lorsque  l'intensité  lumineuse  tombe  au-dessous  d'une  certaine  limite  et  que  l'assimi- 
lation devient  trĂšs  faible,  cette  perturbation  peut  avoir  une  influence.  Elle  se  traduit, 
entre  autres,  par  une  variation  du  coefficient  qui  exprime  la  résultante  de  l'assimilation 
et  de  la  respiration. 

»  De  ces  expériences,  on  peut,  pensons-nous,  tirer  les  conclusions 
suivantes  :  iJQEnolhera  biennis  est  une  plante  de  soleil  bien  marquée  qui, 
à  la  lumiÚre  solaire  directe  et  à  une  température  favorable  à  l'assimilation, 
assimile  environ  trois  fois  autant  de  gaz  carbonique  qu'Ă   la  lumiĂšre 
diffuse.  A  cette  derniĂšre  lumiĂšre,  le  Polypodium  vulgare  assimile,  au 
contraire,  un  peu  plus  Ă©nergiquement  qu'Ă   la  lumiĂšre  directe,  et  notable- 
ment plus  que  VOEnolhera.  Le  Marchantia  polyporpha  tient  une  place 
intermédiaire  entre  les  plantes  précédentes. 

M  II  y  aurait  un  notable  intĂ©rĂȘt,  Ă   la  fois  thĂ©orique  et  pratique,  Ă   avoir 
des  données  numériques  analogues,  notamment  pour  les  plantes  qui 
luttent  pour  la  lumiĂšre  dans  nos  champs  cl  nos  bois.  Mais,  afin  de  tenir 
compte  aussi  bien  des  différents  facteurs  extérieurs  que  des  particularités 
morphologiques,  anatomiques  et  physiologiques  des  plantes  en  question, 
ces  expĂ©riences  devraient  ĂȘtre  instituĂ©es  en  grand  et  varier  de  toute 
maniÚre,  afin  que  l'on  ait  le  droit  d'établir  un  classement  définitif  des 


8n4  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

planles  d'aprĂšs  leurs  besoins  en  lumiĂšre.   Les  essais  ci-dessus  ne  doivent 
ĂȘtre  qu'une  indication  Ă   cet  Ă©gard.    » 


BOTANIQUE.  —  Sur  la  structure  des  colvlĂ©rlons  et  la  disposition  de  certaines 
racines  advenlives  dans  les  planlules  de  Labiées.  Note  de  M.  Re.vé  Viguiek, 
présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Dans  le  cours  des  recherches  que  nous  avons  entreprises  sur  les 
racines  adventives,  leur  structure  et  leur  raccord  avec  la  tige,  nous  avons 
eu  l'occasion  de  faire  quelques  remarques  sur  la  structure  des  cotylédons 
et  la  disposition  de  certaines  racines  adventives  dans  les  plantules  de 
Labiées. 

»  Un  jeune  plant,  provenant  de  germination  de  Lamiiim  album,  par  exemple, 
présente  dans  tous  ses  membres  un  cylindre  central  à  structure  binaire  avec  disposi- 
tion alterne  des  éléments  ligneux  et  libériens,  le  plan  de  symétrie  des  cotylédons 
passant  par  le  milieu  des  faisceaux  libériens  de  l'axe  hypocotylé.  L'examen  de  plan- 
tules, rendues  transparentes  par  un  séjour  prolongé  dans  une  solution  concentrée 
d'hydrate  de  chloral,  additionnée  de  ([uelques  gouttes  de  bleu  d'aniline  pour  la  colo- 
ration des  vaisseaux,  permet  d'observer  macroscopiquement  la  course  des  faisceaux; 
on  constate  ainsi  la  continuité  parfaite  du  systÚme  vasculaire  de  la  racine  principale, 
de  l'axe  hypocotylé  et  des  cotylédons;  on  voit,  par  transparence,  les  faisceaux  s'in- 
curver au  sommet  de  l'axe  hypocotylé  et  pénétrer  dans  les  cotylédons,  de  sorte  que 
la  tigelle  peut  ĂȘtre  considĂ©rĂ©e  comme  formĂ©e  par  la  coalescence  des  pĂ©tioles  cotylĂ©- 
donnaires. 

»  Une  série  de  coupes  transversales  montre  que  la  tigelle  présente,  sur  toute  sa  lon- 
gueur, une  disposition  alterne  des  éléments  vasculaires;  les  seules  modifications  qu'on 
observe  dans  la  partie  supérieure  de  cet  organe  sont  dues  à  la  bifurcation  des  fais- 
ceaux libériens  avant  leur  pénétration  dans  le  cotylédon  corres|)ondanl,  ainsi  qu'ai" 
partage  de  chaque  faisceau  ligneux  en  deux  masses  qui  se  rendent  dans  l'un  et  l'autre 
cotylédon. 

»  Comme  cela  a  déjà  été  observé  chez  quelques  autres  plantes,  la  structure  racine 
persiste  ici  dans  le  cotylédon;  une  section  transversale  du  pétiole  cotylédonnaire  est 
réniforme,  le  hile  étant  occupé  par  les  vaisseaux.  Les  pointes  primaires  occupent  le 
plan  de  symétrie;  les  vaisseaux  du  bois  sont  disposés  suivant  deux  arcs  symétriques 
et  les  derniers  formés  occupent  la  face  interne  des  libers.  Il  n'y  a  aucunement  ten- 
dance à  la  disposition  radiale;  celte  disposition  est  au  contraire  dépassée,  en  quelque 
sorte,  puisque  les  pointes  |)iimaires  viennent,  dans  les  pétioles  cotylédonaires,  se 
placer  dans  un  plan  perpendiculaire  au  plan  qu'elles  occupaient  dans  la  tigelle. 

»  La  jeune  tige  est,  au  début,  sans  relation  vasculaire  avec  les  faisceaux  de  la 
plantule;  on  voit  bientÎt  apparaßtre  dans  le  méristÚme  vasculaire  quatre  petits  vais- 
seaux spirales  dessinant  les  quatre  angles  du  cylindre  central  et  allant  rejoindre  l'en- 
semble des  faisceaux  cotylédonaires.  Ces  quatre  petits  vaisseaux  indiquent  les  pÎles 


SÉANCE    DU    l6   NOVEMBRE    190I  So") 

ligneux,  de  pellls  fascicules  élémeulaires  ;  plusieurs  petits  fascicules  élémentaires 
apparaissent  snccessiveineiit  (!;ins  chaque  angle,  leui'  ensemble  constituant  un  faisceau 
composé. 

»  Il  se  développe  clans  le  Lainii/in  albtini,  au  niveau  delà  bifurcation  des  faisceaux 
libériens,  de  fortes  racines  adveutives;  ces  racines  sont  opposées  et  naissent  dans  le 
plan  qui  coupe  sytnétriquement  les  cotylédons  ainsi  que  les  libers  de  la  tigelle. 

»    En  résumé,  clans  une  Labiée  telle  que  le  Lamiiun  album  : 

»  1.  La  structure  tige  s'établit  indépendamment  de  la  tigelle  et  il  n'y  a 
pas  Ă   proprement  parler  de  passage  de  la  racine  Ă   la  tige. 

»  2.  Les  cotylédons  dans  le  Lamium  ol/ni/n  (ainsi  que  dans  plusieurs 
antres  Labiées  :  Leonurus  Cardiaca,  l'hlumis  agraria,  Nepeta  Cataria,  Cala- 
minlha  Clinopodium,  Hyssopus  officinalis,  etc.)  présentent  nne  disposition 
alterne  trÚs  nelte  des  éléments  libériens  et  ligneux. 

»  3.  Les  racines  advenlives  qui  naissent  au-dessous  des  cotylédons  sont 
au  noudjre  de  deux,  dans  un  plan  perpendiculaire  au  plan  des  faisceaux 
ligneux  |)rimaires  de  l'axe  hypocotylé.    » 


MINÉRALOGIE.  ~  Sur  le  polymorphisme  des  nitrates. 
Note  de  M.  Fréd.  Walleuant,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  On  sait  quel  intĂ©rĂȘt  prĂ©sente,  au  point  de  vue  dti  polymorphisme, 
l'étiule  des  nitrates  alcalins;  quand  on  l'ail  varier  la  température  de  cris- 
tallisation, on  les  voit  changer  de  systĂšme  cristallin  avec  la  plus  grande 
facilité;  je  me  suis  proposé  de  compléter  les  résultats  connus  en  opérant 
la  cr'istallisalion  aux  basses  tempéralines.  Depuis  les  recherches  de  Fran- 
kenheim,  Lehmann  et  Wyrouboff,  on  sait  que  le  nitrate  d'ammoniaque, 
quand  la  température  baisse,  cristallise  successivement  dans  les  systÚmes 
cubique,  ([uadratiquc,  orthorhombique,  monoclinique  quasi-ternaire.  Or, 
si  l'on  refroidit  des  cristaux  de  cette  tlerniÚre  forme  à  une  température 
un  peu  supérieure  à  celle  de  la  neige-acide  carbonique,  on  voit  se  produire 
de  nombreuses  lamelles  liémitropes,  qui  disparaissent  bientÎt  pour  donner 
naissance  à  des  cristaux  homogÚnes  uniaxes,  dont  la  biréfringence  est 
inférieure  à  celle  des  premiers  ciistaux.  Le  phénomÚne  est  réversible;  on 
passe,  autant  de  fois  que  l'on  veut,  d'une  forme  Ă   l'autre  en  faisant  varier 
la  température.  C'est  en  outre  un  cas  de  pol\mor|ihisme  direct,  suivant 
l'expression  de  Wyrouboff,  c'esl-Ă -dire  que  l'orientation  de  l'une  des 
formes  est  déterminée  par  celle  de  l'autre;   en   passant  d'une   forme  a 

G.  K.,  1903,  <.-  Semestre.  (T.  CXXWII,  ^"  20  )  loG 


8o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'autre  et  en  revenant  à  la  premiÚre,  on  constate  que  celle-ci  présente  la 
mĂȘme  teinte  de  polarisation.  En  outre,  il  y  a  contraction  notable,  proba- 
blement dégagement  de  chaleur,  lors  du  passage  de  la  forme  biaxe  a  la 
forme  uniaxe.  Il  est  facile  de  montrer  que  cette  derniÚre  est  rhomboé- 
drique;  on  constate,  en  effet,  que  les  lamelles  hémitropes,  que  produit  le 
refroidissement  dans  les  cristaux  monocliniques,  sont  réparties  en  deux 
systĂšmes,  et  que  les  sections  de  ces  cristaux,  oĂč  les  lamelles  font  entre 
elles  un  angle  voisin  de  i  ao°,  donnent  naissance  par  transformation  a  des 
plages  sensiblement  perpendiculaires  Ă   l'axe  optique  delĂ   nouvelle  forme. 
Or  j'ai  montré  que  des  lamelles  hémitropes  ne  pouvaient  se  produire,  par 
actions  mécaniques,  que  si  le  plan  de  macle  était  un  plan  diamétral  du 
cristal.  Si  donc  deux  lamelles  symétriques  par  rapport  à  ce  plan  de  macle 
se  fondent  par  la  transformation  en  une  seule  plage,  autrement  dit  si  elles 
deviennent  parallÚles,  c'est  que  le  plan  diamétral  se  transforme  eu  un 
plan  de  symétrie.  Par  conséquent  la  forme  uniaxe  possÚde  deux  pians  et, 
par  suite,  trois  plans  de  symétrie  à  120°,  passant  par  l'axe  optique  :  le 
cristal  est  donc  rhomboédrique. 

»  On  voit  comme  conclusion  que  le  nitrate  d'ammoniaque  est  susceptible 
de  cristalliser  dans  cinq  systĂšmes,  sur  six  que  l'on  distingue  en  tout.  Il  n'est 
d'ailleurs  pas  possible  de  prévoir  les  transformations  qui  se  produiraTent 
si  on  le  soumettait  à  une  température  inférieure  à  celle  de  l'air  liquide. 

»  Le  nitrate  de  césium  présente  d'autres  particularités  intéressantes  : 
cubique  au-dessous  de  son  point  de  fusion,  il  devient  en  refroidissant 
rhomboédrique.  Or,  si  l'on  amÚne  progressivement  un  cristal  rhom- 
boédrique il  la  température  de  l'air  liquide,  on  voit  la  biréfringence  dimi- 
nuer jusqu'Ă   devenir  nulle  :  le  cristal  est  de  nouveau  isotrope.  Mais  il  y  a 
une  différence  notable  entre  les  deux  passages  de  la  forme  rhomboédrique 
à  l'isotropie  :  quand  le  passage  est  déterminé  par  l'élévation  de  tempéra- 
ture, la  transformation  est  brusque,  et  donne  naissance  à  un  véritable 
corps  cubique.  Au  contraire,  dans  le  cas  du  refroidissement,  la  transfor- 
mation est  progressive,  de  telle  sorte  que,  si  la  biréfrigence  est  pratique- 
ment nulle,  théoriquement  le  corps  est  toujours  un  uniaxe  ayant  pour  axe 
principal  un  axe  teiiiaire.  Les  faits  observés  sur  le  nitrate  de  césium 
viennent  donc  nettement  à  l'appui  de  l'idée  émise  par  M.  Wyrouboft',  que 
certains  corps  cubiques  doivent  ĂȘlre  eu  rĂ©alitĂ©  considĂ©rĂ©s  comme  uniaxes, 
les  uns  ayant  pour  axe  principal  un  axe  ternaire,  les  autres  un  axe  quater- 
naire. Cette  constatation  n'est  pas  sans  importance,  car  il  est  Ă©vident  que 
ctĂźs  diffĂ©rentes  variĂ©tĂ©s  de  corps  isotropes  ne  sauraient  ĂȘtre  considĂ©rĂ©es 


SÉANCE    DU    iG   NOVEMBRE    KJoS.  807 

comme  isomorphes;  elle  permet  donc  d'expliquer  pourquoi  certains  corps 
cubiques  ne  peuvent,  contre  toute  attente,  donner  naissance  à  des  mé- 


langes cristallisés. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  quelques  analogies  defaciĂšs  gĂ©ologiques  entre  la  zone  cen- 
trale des  Alpes  orientales  et  la  zone  interne  des  Alpes  occidentales.  Note  de 
M.  PiEURE  Termier,  présentée  par  M.  Marcel  Bertrand. 

M  En  suivant  les  excursions  du  neuvicnie  CongrÚs  géologique  interna- 
tional au  Zillertal  et  au  Semmering,  j'ai  été  vivement  frappé  de  la  simili- 
tude, allant  jusqu'à  l'identité,  de  certains  des  faciÚs  géologiques  de  la  zone 
centrale  des  Alpes  autrichiennes  et  des  faciÚs  que  présentent,  dans  les  Alpes 
franco-italiennes,  les  terrains  de  mĂȘme  Ăąge. 

I)  Semmering.  —  J'ai  observĂ©,  au  Semmering,  sous  la  conduite  de  M.  Toula,  une  sĂ©rie 
de  couches,  parfailement  concordantes,  dirigées  est-ouest,  et  plongeant,  au  nord, 
sous  les  couches  de  Werfen  et  les  calcaires  du  Trias  (nĂŽrdliche  Kalkzone). 

»  Cette  série  comprend  :  des  schistes  houillers,  avec  flore  de  Schatzlar  (M.  Toula); 
des  phyllades  plus  ou  moins  métamorpliiques,  passant  fréquemment  à  des  micascliistes 
et  contenant  de  nombreuses  intercalations  de  schistes  verts  pyroxéniques,  et  quelques 
intercalations,  plus  rares,  d'une  roche  feldspathique  à  riébeckite  (Forellenstein)  ;  des 
quartzites,  fréquemment  phylliteux,  auxquels  s'associent  des  calcschistes  ;  enfin,  des 
calcaires,  oĂč  M.  Toula  a  dĂ©couvert  des  Diplopures,  et  qui  sont,  au  moins  dans  leur 
grande  masse,  d'Ăąge  Iriasique.  J'insiste  sur  ce  fait  qu'il  n'y  a  pas  une  seule  discordance 
réelle.  Les  discordances  que  l'on  a  signalées  sont,  toutes,  purement  locales  et  d'ordre 
mécanique.  Je  ne  crois  pas  non  plus  qu'il  y  ait  de  failles.  Mais  la  série  est  fortement 
piissée,  avec  des  étirements  intenses. 

»  L'analogie  avec  la  série  sédimeiUaire  de  la  Vanoise  (Alpes  de  Savoie)  est  saisis- 
sante. MĂȘmes  calcaires  du  Trias,  et,  sousces  calcaires,  mĂȘmes  quartzites,  blancs,  verts 
ou  rosĂ©s,  frĂ©quemment  phylliteux;  et  mĂȘmes  calcschistes.  Entre  un  Ilouiller  dĂ©jĂ  
touché  par  le  métamorphisme,  mais  cependant  encore  fossilifÚre,  et  un  Trias  déjà  fort 
cristallin,  mĂȘme  intercalalion  d'une  puissante  sĂ©rie  de  phyllades,  de  poudingues  sĂ©rl- 
ciliques,  et  de  micaschistes.  La  seule  différence  est  dans  le  remplacement  des  glauco- 
phanites  par  des  roches  à  riébeckite,  et  dans  la  fréquence  des  schistes  à  p^roxÚne. 

»  La  série  cristallophyllienne  ou  semi-cristallophyllienne  du  Semmering  est  pétro- 
graphiquement  identique  au  Permien  métamorphique  de  la  Vanoise,  et  ses  relations 
avec  le  Trias  et  le  Ilouiller  sont  les  mĂȘmes.  De  plus,  le  Trias  est  ici  le  mĂȘme  que  dans 
la  Vanoise;  et,  comme  dans  la  Vanoise,  le  niéiamorphisme  régional  a  déjà  touché  le 
Trias  et  le  Houiller,  sans  les  transformer  intégralement. 

»  ZiLLF.KTAL.  —  Lcs  Alpcs  du  Zillertal,  que  j'ai  visitĂ©es  sous  la  conduite  de  M.  Becke, 
correspondent  Ă   la  terminaison  occidentale  des  Hohe  Tauern.  On  y  voit  une  puissante 
série  gneissique  et  granitique  (Zentralgneis)  s'enfoucer  au  nord,  à  l'ouest  et    au    sud, 


>So8  ACADÉMIE    DES    SCIE^XES. 

sous  une  série  scliisteuse  mÚ\.amorp]nque,  parfailenifiit  concordante,  que  l'on  appelle 
la  Sc/iie/erhiille. 

»  La  Scliieferhulle  comprend  des  mai'hres  (llochslegenkalk),  des  conglomérats 
inélamorpliiques  (Konglomeratgneis),  des  quarlziles,  des  micaschistes  et  des  amphi- 
bolites  variées;  elle  comprend  aussi  un  puissant  étage  de  calcschistes  (Kalkplnllite  ou 
Kalkglimmerschiefer  ). 

»  Siiv  la  Se /licfe  r  h  a  lie  il  y  a  des  lambeaux  de  calcaires  Iriasiques,  réputés  trans- 
gressifs,  mais  qui  m'ont  paru  ĂȘtre,  en  rĂ©alitĂ©,  toujours  et  absolument  concordants. 

»  Ce  Trias,  qui  surmonte  ain^i  \aSchieferliiille,  a  les  caractÚres  du  Trias  de  la  Haute- 
Maiirienne  :  quartzites,  fréquemment  sériciteux  et  albitiques,  marbres  phvlliteux, 
calcaires  souvent  albitiques.  A  Mauls,  oĂč  l'on  a  trouvĂ©  des  Daclylopores,  il  y  a  le 
double  faciĂšs  des  calcaires  delĂ   Vanoise  (marljres  pliyllileux  et  calcaires  francs). 

)>  Je  suis  arrivé  à  la  conviction  que  les  marbres  et  quartzites  de  la  Schieferlnille 
sont  eux-mĂȘmes  d'Ăąge  triasique.  La  coupe  du  Wolfendorn  Ă   la  Weissespitze,  par  le 
Scliliisseljocli,  est,  à  cet  égard,  tout  à  fait  démonstrative. 

»  Quant  aux  calcscliistes  de  la  Schieferhiille.  il  n'y  a  pas  de  doute  possible  :  ce  sont  nos 
Schistes  lustrĂ©s.  AMairhofen,  ils  sont,  de  par  l'Ă©tireuient,  rĂ©duits  Ă   une  bande  de  3ooℱ 
Ă   /400ℱ  de  largeur;  mais  celte  bande,  absolument  continue,  va  s'Ă©iargissant  rapidement 
vers  l'ouest.  Elle  contourne  le  massif  par  le  Brenner,  Slerzing  et  le  l-Tuschtal.  Sa  lar- 
geur peut  alors  atteindre  lo*^"";  et  l'on  suit  cette  mĂȘme  bande,  toujours  continue,  jus- 
qu'au delà  du  Gross-Glockner,  soit  sur  plus  de  100''"'  de  longueur.  Ces  Schistes  lustrés 
sont  identiques  à  nos  Schistes  lustrés  delà  Maurienne,  de  la  Tarentaise,  du  Piémont, 
de  l'Ubaye;  ils  renferment  les  mĂȘmes  intercalations  de  roches  vertes;  et  ils  ont,  avec 
le  Trias,  les  mĂȘmes  rapports  que  dans  nos  Alpe^;,  le  Trias  sĂ©parant  les  Schistes  lustres 
des  gneiss,  et  formant,  d'ailleurs,  avec  les  uns  et  les  autres,  une  série  concordante. 

»  Ces  analogies  sont  telles  que  je  n'hésite  pas  à  conclure  que  les  Kalkphyllite  (ou 
Kalkglimmerschiefer)  de  la  Schieferhiille  sont,  comme  nos  Schistes  lustrés,  une  série 
crisLallophyllienne  mésozoïque  (postérieure  aux  calcaires  à  JJijilopores)  (').  Je  suis 
Ă©galement  trĂšs  convaincu  qu'une  bonne  partie  des  autres  termes  de  la  Schieferhiille 
est  d'Ăąge  triasique.  Et  quant  aux  micaschistes  et  aux  gneiss  du  Zillertal,  y  compris  le 
Zentraigneis,  j'y  vois  l'équivalent  delà  série  cristallophyilienne  du  Grand-I'aradis  et 
du  Mont-Rose,  c'est-à-dire  de  la  série  cristallophyilienne  permo-liouillÚre  des  Alpes 
d'Occident.    » 


(')  M.  Ed.  Suess  a  exprimé,  il  y  a  treize  ans,  une  opinion  analogue;  mais  tous  les 
autres  géologues  autrichiens  regardent  les  Kalkphyllite  en  question  comme  anté- 
rieures au  Trias,  et  beaucoup  y  voient  un  étage  paléozoïque  trÚs  ancien.  Il  paraßt  que 
Charles  Lory,  au  cours  d'un  voyage  qu'il  fit,  il  y  a  quelque  trente  ans,  au  Zillertal, 
en  compagnie  de  M.  Tschermak,  insista  sur  Yideritité  de  ces  calcschistes  et  des  Schistes 
lustrĂ©s  de  la  ^L^lH■ienne. 


SÉA^'CE    DU    l6   NOVEMBRE    IQoS.  809 


GÉOLOGIE.  —  Sur  les  puits  artĂ©siens. 
Note  de  M.  D.  Paxtaxf.lli,  présentée  par  M.  Albert  Gaudry. 

«  Tous  les  mineurs  savent  que.  dans  beaucoup  de  cas,  la  pression  des 
roches  dans  lesquelles  sont  ouvertes  les  galeries  est  Ă©norme.  Ces  pressions 
doivent  aider  au  jaillissement  des  puits  artésiens  et  ajouter  leur  influence 
à  celle  qui  dérive  de  la  pression  hydrosLalique.  Le  problÚme  ne  pouvait 
pas  ĂȘlrc  rĂ©solu  thĂ©oriquement;  l'observalion  seule,  dans  des  conditions 
particuliÚres  et  bien  définies,  peut  le  trancher. 

»  Ces  conditions  ont  Ă©tĂ©  trouvĂ©es  dans  le  sous-sol  deModĂšneoĂč,  depuis 
bien  des  siÚcles,  on  pratique  des  forages  pour  atteindre  les  différentes 
nappes  aquifĂšres  comprises  dans  la  puissante  formation  argileuse  qui 
comble  la  vallée  du  PÎ,  au-dessus  des  terrains  néogÚnes.  Les  nappes  aqui- 
fĂšres sont  au  nombre  de  trois;  elles  ont  leur  point  d'affleurement  lĂ   oĂč  les 
fleuves  qui  descendent  des  Apennins  débouchent  dans  la  plaine  et  elles 
dérivent  des  différents  dépÎts  abandonnés  pendant  les  divagations  de  ces 
fleuves.  Les  cailloux  et  les  graviers  diminuent  de  grosseur,  Ă   mesure  que 
Ton  s'Ă©loigne  des  derniĂšres  collines  et  se  fondent  complĂštement  dans  la 
formation  argileuse,  Ă   peu  prĂšs  au  droit  de  la  zone  oĂč  les  fleuves  actuels 
cessent  de  charrier  les  graviers,  pour  ne  déposer  que  du  sable  et  du  limon. 

»  Les  trois  nappes  aquifÚres,  en  deliors  de  la  nappe  fréatique,  sont  à  la  profondeur 
de  21ℱ,  45"°  et  82"",  qui  correspond  à  i3ℱ,  1 1"'  et  48""  par  rapport  au  niveau  de  la  mer. 
Ces  nappes,  avant  la  mĂȘme  origine  Ă   iioℱ  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  sont  entre 
elles  absolument  indépendantes. 

»  Au  moven  d'appareils  enregistreurs  automatiques,  j'ai  observé  pendant  plus 
de  cinq  années  les  variations  journaliÚres  du  niveau  des  eaux  fréatiques  superficielles 
et  les  variations  du  niveau  piĂ©zomĂ©trique  des  eaux  de  la  premiĂšre  nappe  de  21ℱ  dans 
laquelle  s'ouvre  plus  d'un  millier  de  puits. 

»  Les  variations  diurnes  des  eaux  fréatiques  ont  un  maximum  de  i^jOo;  celles  des 
eaux  profondes  de  iS"^'";  la  correspondance  horaire  des  diagrammes  enregistrés  a 
montrĂ©  invariablement  que  le  sens  des  variations  est  toujours  de  mĂȘme  nature,  c'est- 
à-dire  que  l'exhaussement  du  niveau  piézométrique  des  eaux  profondes  contenues 
dans  une  couche  de  gravier  entre  deux  couches  d'argile  Ă©tanclies,  monte  ou  descend 
avec  la  pluie  locale,  tandis  qu'il  ne  se  ressent  pas  des  crues  des  fleuves  qui  alimentent 
la  nappe  aquifÚre,  quand  ces  crues  sont  dues  à  des  pluies  limitées  au  massif  mon- 
tagneux. 

»  Ne  pouvant  pas  attribuer  ces  variations  à  la  possibilité  d'une  communication 
entre  les  deux  nappes,  car  le  niveau   piézométrique  des  eaux  profondes  est  toujours 


HlO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

trÚs  supérieur  au  niveau  des  eaux  fréaliqiics,  il  ne  reste  pour  les  expliquer  qu'à 
recourir  à  l'accroissement  de  pression  dépendant  de  rini])ibition  des  couclies  superfi- 
cielles. La  déduction  est  théoriquement  possible,  M.  Volterra  ayant  démontré  qu'une 
couche  de  neige  de  oℱ,  5o  sur  une  aire  circulaire  de  loo''ℱ  doit  dĂ©terminer  une  pression 
de  6""";  il  est  cependant  nécessaire  d'en  démontrer  la  possibilité  par  une  autre  voie. 

»  M.  DLi|Hiit  a  élabli  en  18G1  des  formules  pour  déteriiiiner  le  débit  des 
[luits  artésiens;  soumises  aux  discussions  les  plus  variées,  elles  n'ont  reçu 
aucune  modification  substantielle.  Comme  il  a  tenu  compte  seulement  du 
massif  filtrant  autour  du  forage,  ses  formules  sont  indépendantes  de  l'ori- 
gine de  l'eau.  Cette  particularité  les  rend  inapplicables  à  la  résolution  de 
mon  problĂšme,  mais  elles  m'ont  permis  de  calculer  le  coefficient  moyen 
d'éduction  de  diverses  nappes,  c'est-à-dire  le  débit  moyen  pour  un  rayon 
d'orifice  dĂ©terminĂ©,  Ă   1ℱ  de  hauteur  au-dessous  du  niveau  piczomĂ©trique. 
Au  moyen  de  ce  nombre,  j'ai  pu  calculer  la  vélocité  dans  le  milieu  filtrant 
au  fond  du  puits  et  la  chute  de  pression  correspondante;  connaissant  la 
hauteur  d'affleurement  des  nappes  aquifÚres,  la  perte  de  chute  représente 
les  résistances  dues  à  la  fillrution.  L'observation  constante  a  toujours  con- 
duit à  des  valeurs  plus  petites  que  celles  qui  étaient  nécessaires  pour  élever 
l'eau  à  son  niveau  piézomélrique.  Une  nouvelle  charge  devait  se  joindre  à 
celle  que  i'eau  possédait  originairement  et  cette  charge  ne  pouvait 
dépendre  que  de  la  pression  exercée  par  les  couches  superposées.  Le  calcul 
m'a  démontré  que  ces  hypothÚses  sont  fondées. 

»  De  mĂȘme,  le  fait  bien  connu  des  puits  artĂ©siens  au  bord  de  la  mer, 
dont  le  débit  croßt  et  décroßt  avec  la  marée,  dépendrait  de  l'accroissement 
de  pression  dans  la  région  environnante, 

»  Je  réserve  à  une  publication  plus  étendue  tous  les  tableaux  des 
nombres  observés  et  la  complÚte  discussion  de  mes  observations.   » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  un  niveau  fossilifcre  nouveau  du  Keuper  franc-comlois. 
Note  de  MM.  M.  Pjuoutet  et  Arm.  Laurent,  présentée  par  M.  Michel 
LĂ©vy. 

«  Nous  avons  observé  ilans  le  Reuper  franc-comtois  un  niveau  remar- 
quable à  la  fois  par  le  mode  spécial  de  fossilisation  des  organismes  qu'il 
renferme  et  |)ar  la  conlinuité  avec  laquelle  il  se  retrouve  à  une  grande 
distance.  Nous  l'avons  trouvé  en  deux  |)oints  éloignés  de  plus  de  100'"'"  :  à 


SÉANCE    DU    l6    NOYEMRRE    r9o3.  8ll 

Salins  (Jura)  au  lieu  dit  1rs  Laffencts  ('  )  cl  Ă   Bongey  (Haute-SaĂŽne),  aux 
lieux  (lits  le  Troude-Tienne  et  DerriĂšre-les-Vignes  ('). 

))  I"  Posi/ion  straligraiihiqiie .  —  a.  K  Salins,  on  trouve,  entre  le  premier  et  le 
deuxiĂšme  banc  de  Dolomie,  la  succession  suivante,  de  bas  en  haut  : 

»  1.  PremiÚre  Dolomie.  2.  Gypse  rouge  et  G.  noirùtre  (niveau  du  G.  hématoïde). 
3.   Marnes,  GrÚs  et  Houille,  k.  Marnes  bariolées.  .ï.  DeuxiÚme  Dolomie. 

»  C'est  à  la  base  du  groupe  4-,  dans  une  couche  liariolée  de  couleurs  trÚs  vives,  que 
se  rencontre  le  niveau  en  question. 

11  b.  A  Bougey,  bien  que  la  coupe  soit  mal  dénudée,  on  voit  cependant  trÚs  nette- 
ment que  ce  niveau  est  situé  dans  les  Marnes  bariolées  qui  surmontent  le  GrÚs  moyen 
du   Iveuper,  Ă   une  faible  distance  de  ce  dernier  et  en  relation  avec  une  Marne  rutilante. 

»  2°  Nature  du  gisement.  —  Au  niveau  ainsi  dĂ©fini  se  prĂ©sentent,  dans  les  deux 
localités,  des  rognons  irréguliers  formés  d'une  roche  quartzeuse  noirùtre,  quelquefois 
rougeùtre,  comparable  à  une  Phtanite.  D'une  dureté  voisine  de  7,  elle  se  casse  irré- 
guliĂšrement en  faisant  feu  sous  le  marteau.  Ces  rognons  sont  souvent  caverneux. 

»  A  Salins,  les  cavités  sont  souvent  remplies  d'une  matiÚre  siliceuse  pulvérulente 
d'un  jaune  roux;  de  plus,  les  Phtanites  sont  accompagnées  d'Hématite  rouge  à  laquelle 
elles  sont  intimement  liées,  car  les  rognons  olTrent  tous  les  intermédiaires  entre  la 
roche  entiĂšrement  siliceuse  et  celle  entiĂšrement  ferrugineuse. 

»  A  Bougey,  nous  n'avons  pas  trouvé  l'Hématite.  [Toutefois,  dans  une  localité  peu 
éloignée,  à  Saponcourt,  un  sondage  a  rencontré,  d'aprÚs  Thirria  {loc.  cit.,  p.  3oi),  du 
Fer  oxydé  rouge  à  ces  niveaux  et  avec  une  allure  analogue.] 

»  En  revanche,  on  y  rencontre  de  nombreuses  concrétions  quartzeuses,  souvent 
zonées  de  rouge  à  l'intérieur  et  présentant  parfois  de  beaux  cristaux  pyramides  de 
diverses  variétés  de  Quartz  (hyalin,  enfumé,  jaune). 

))  3°  Fossiles.  —  Ces  rognons  ne  sont  autre  chose  que  des  dĂ©bris  de  VĂ©gĂ©taux 
silicifiés  et  empùtés  dans  la  silice.  Les  échantillons  recueillis  appartiennent,  pour  la 
plupart,  au  genre  Equisetum;  on  trouve  aussi  l'empreinte  de  diverses  feuilles  parallé- 
linerves  et  des  fragments  de  troncs  silicifiés. 

»  A  Bougey,  la  conservation  est  remarquable  et  beaucoup  de  détails  morpholo- 
giques sont  gardés  avec  une  grande  netteté.  A  Salins,  la  conservation  est  moins  bonne  ; 
toutefois,  il  est  possible  d'identifier  spécifiquenienl  les  fossiles  recueillis  avec  ceux  de 
Bougey. 

))  Ces  considérations  montrent  que  ce  niveau  peut  rendre  des  services 
Ă   la  fois  au  point  de  vue  slraligraphiquc .  en  donnant  un  nouveau  point  de 
repĂšre  certain  pour  Ă©tablir  l'homologie  dans  les  parties  de  l'Ă©tage  en  deux 


(')  La  coupe  des  Laffenets  a  été  donnée  par  Marcou  {Recherches  géologiques  sur 
le  Jura  sali/iois);  mais  elle  est  erronée  pour  les  niveaux  qui  nous  occupent.  Pidancet 
(GĂ©ologie  du  Jura,  i863)  reproduit  les  mĂȘmes  erreurs. 

(2)  Voir  TiiinniA,  Statistique  niiiiÚralogique  et  géologique  de  la  /Jautc-Sa<!/ie, 
i833,  p.  3oi . 


8 12  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

points  assez  éloignés  et,  au  point  de  vue  paléontologique,  à  cause  de  la 
rareté  des  fossiles  bien  conservés  dans  le  K.euper  de  noire  région.   » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Comparaison  des  diverses  Ictlres  au  point,  de  vue  de 
la  vitesse  de  la  lecture.  Formation  d'un  alphabet  rationnel.  Note  de 
MM.  AxDKÉ  Broca  etD.  Sulzer,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  d'Arsouval. 

«  Dans  des  Notes  précédentes,  nous  avons  étudié  l'énergie  nécessaire 
pour  permettre  Ă   l'appareil  visuel  de  reconnaĂźtre  une  forme  dans  le  cas 
thĂ©orique  oĂč,  la  rĂ©tine  Ă©tant  d'abord  obscurĂ©e,  une  petite  plage  portant 
soit  des  traits,  soit  une  lettre,  apparaßt  subitement.  Nous  avons  tiré  de  là 
des  conclusions  théoriques,  mais  il  n'y  avait  |)as  lieu  d'en  tirer  des  conclu- 
sions pratiques,  car  ce  n'est  pas  flans  ces  conditions  que  t>e  produit  l'acte 
de  la  lecture.  Dans  celui-ci,  la  rétine  est  constamment  impressionnée  par 
du  papier  blanc,  et,  quand  on  fixe  une  lettre  noire,  le  processus  rétinien 
par  lequel  elle  est  perçue  est  tout  à  fait  différent  de  celui  qui  est  mis  en 
jeu  dans  nos  expériences  précédentes.  Dans  celles-ci,  en  effet,  le  phéno- 
mĂšne lumineux,  origine  de  la  notion  de  forme,  est  celui  de  l'Ă©tablisse- 
ment de  la  sensation  sur  une  zone  rétinienne  obscurée  préalablement,  et 
l'on  ne  peut  certainement  pas  reconnaĂźtre  une  lettre  tant  que  la  sensation 
n'est  pas  devenue  assez  forte  pour  permettre  de  distinguer,  au  point  de  vue 
lumineux  brut,  l'éclat  de  la  lettre  de  celui  du  fond.  L'étude  du  phénomÚne 
nous  a  d'ailleurs  montré  que  les  choses  étaient  bien  plus  complexes,  et  que 
la  perception  des  formes  pouvait  n'avoir  pas  lieu  pour  des  tem|)s  d'admis- 
sion de  la  lumiĂšre,  trĂšs  courts  il  est  vrai,  mais  qui  donnent,  par  cela  mĂȘme, 
des  sensations  quatre  et  cinq  fois  plus  fortes  que  la  mĂȘme  lumiĂšre  en  rĂ©gime 
permanent;  il  y  a  donc  autre  chose  à  considérer  que  l'établissement  de  la 
sensation,  mais  il  est  Ă©vident  que  la  premiĂšre  condition,  insuffisante,  mais 
nécessaire,  est  que  la  différence  d"im|)ression  entre  le  caractÚre  à  distin- 
guer et  le  fond  ait  pris  une  valeur  notable. 

»  Dans  le  cas  de  la  lecture  ordinaire,  le  phénomÚne  lumineux,  origine  de  la  percep- 
tion d'une  forme,  n'est  pas  l'établissement  d'une  sensation  sur  une  rétine  obscurée, 
mais  le  phénomÚne  inverse  :  obscuralioji  d'une  région  rétinienne  sur  laquelle  cesse 
l'action  de  la  lumiÚre.  Le  phénomÚne  primordial  est  donc  celui  de  la  persistance  des 
impression's  lumineuses.  Nous  ne  pouvons  certainement  pas  distinguer  une  lettre  noire 
apparaissant  subitement  sur  fond  blanc,  tant  que  la  courbe  de  la  j)ersistance  en  fonc- 
tion du  temps  n'aura  pas  baissé  assez  au  moins  pour  nous  permettre  de  differentier 
deux  plages  voisines.  El  comme  ce  temps,  pour  les  lumiĂšres  fortes,    est  au  moins 


SÉANCl-  UU  l6  NOVEMBRE  Iyo3.  «iS 

de  o%02  et  que,  pour  les  lumiĂšres  faibles,  il  s'allonge  beaucoup,  nous  devons  nous 
attendre  à  ne  rien  pouvoir  distinguer  en  un  temps  inférieur  à  o%02. 

>>  Nous  avons  constamment  vérifié  le  fait.  Alors  que,  dans  les  expériences  sur  fond 
noir,  on  obtient  des  temps  minimums  trÚs  courts  pour  la  lecture,  dans  les  expériences 
sur  fond  blanc  nous  n'avons  jamais  pu  descendre  au-dessous  de  0^02,  temps  minimum 
de  la  persistance. 

»  La  technique  expérimentale  est  simple.  Un  dis(|ue  rotatif  percé  d'un  trou  réglable 
découvre  pendant  un  temps  mesurable  une  image  aérienne  d'une  lettre;  ce  disque  est 
blanc  du  cÎté  de  l'observateur,  et  son  éclat  est  réglé  égal  à  celui  du  fond  sur  lequel  se 
détache  la  lettre. 

»  Dans  ces  conditions,  on  observe  peu  de  différences  entre  les  diverses  lettres  pour 
les  grands  diamĂštres  apparents  (acuitĂ©  visuelle  demandĂ©e  Ă   l'Ɠil,  l);  les  diffĂ©rences 
sont  masquées,  car  la  durée  de  la  persistance  est  grande  par  rapport  au  temps  néces- 
saire pour  la  mise  en  jeu  du  sens  des  formes  qui,  dans  ces  conditions,  peut  descendre 
au-dessous  de  o%oo5.  Mais,  pour  les  diamÚtres  a|))i,uents  plus  petits  (acuité  visuelle,  1), 
on  voit  que  le  temps  nécessaire  pour  reconnaßtre  un  T  est  toujours  d'environ  |  plus 
court  (jue  celui  qui  est  nécessaire  pour  reconnaßtre  un  E.  Cette  différence  est  beaucoup 
moindre  que  celle  qui  ressort  entre  les  mĂȘmes  lettres  de  l'Ă©tude  de  la  rĂ©tine  obscurĂ©e; 
cela  tient  à  la  causé,  ci-dessus  indiquée,  de  la  persistance. 

»   Nous  pouvons  tirer  de  là  deux  coticltisions  : 

»  1°  Noire  alphabet  actuel  est  mal  conçu  au  point  de  vue  physiologique; 
il  devrait  ĂȘtre  composĂ©  de  caractĂšres  d'un  dessin  trĂšs  simple  comme  T  on  L  ; 
la  vitesse  de  reconnaissance  des  lettres  serait  augmentée  d'un  tiers,  et  peut- 
ĂȘtre  la  fatigue  cĂ©rĂ©brale  diminuĂ©e  dans  une  proportion  plus  grande  encore. 

Pig.    i. 

0<]<CTL/ 

0  vyVuH  -I  I 


V 


Q 


Nous  avons  cherché  les  formes  les  plus  propices,  et  nous  les  donnons  ici 
(  fig-  1)  pour  les  grands  caractĂšres.  Pour  ceux-ci,  il  n'y  a  que  ces  vingt-neuf 

C.  R.,  1903,  j"  Semestre.  (T.  CVXXVII    N"  20.)  1  07 


8l4  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

formes  qui  soient  rĂ©ellement  bonnes.  Pour  les  petits  caractĂšres,  oĂč  l'on 
admet  deux  tailles  de  lettres  et  deux  positions  de  grandes  tailles  par  rap- 
port Ă   la  ligne,  o-n  a  bien  plus  de  choix;  nous  donnons  quelques  exemples 

(/^‱2)(0; 

Fig.  2. 


\/\/\  /Lirj 


p 

[]nu 


»  2°  Il  y  aurait  tout  inLĂ©rĂȘt  Ă   imprimer  blanc  sur  noir  au  lieu  de  noir  sur 
blanc,  au  point  de  vue  physiologique.  Les  temps  nécessaires  à  la  reconnais- 
sance d'une  lettre  pour  les  acuités  visuelles  voisines  de  j,  qui  sont  les  plus 
courantes,  sont  en  effet  dix  fois  plus  courts  que  dans  le  cas  de  l'impression 
en  noir  sur  blanc,  pour  les  Ă©clairements  usuels. 

»  Cette  étude  porte  sur  l'acte  élémentaire  de  la  lecture;  il  reste  à  voir 
comment  on  lit  les  groupes  de  lettres  et  les  mots  complets.  Dans  ce  dernier 
acte,  il  est  bien  probable  qu'on  n'analyse  pas  toutes  les  lettres.  Nous  nous 
proposons  de  poursuivre  cette  étude.  » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.    -  La  résistance  électrique  du  corps  humain. 
Note  de  M.  Stéphane  Leduc,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  On  admet  jusqu'ici  que  la  résistance  électrique  du  corps  humain  est 
surtout  celle  de  la  peau,  et  que  la  résistance  de  la  peau  dépend  de  sa  vas- 
cularisation  et  de  son  degré  d'imprégnation  liquide.  L'expérience  infirme 
complĂštement  cette  opinion. 

»  Si  l'on  ferme  un  circuit  électrique  ayant  une  force  clectroraotrice  bien  constante 


(')  Ces  figures  sont  extraites  du  Journal  de  Physiologie  et  de  Patholngie  S(éné- 
rale;  nous  les  y  avons  publiées  en  juillet,  mais  sans  discuter  leur  choix  dansle  cas  de 
la  lecture  pratique,  comme  nous  venons  de  le  faiio.  On  trouvera  dans  notre  MĂ©moire 
les  courbes  complÚtes  du  phénomÚne. 


SÉANCE  DU  l6  NOVEMBRE  igoS.  8l5 

en  plongeant  successivement  une  main,  Ă   la  mĂȘme  profondeur,  dans  des  solutions  de 
NaCl  au  -j-j^,  à  0°  et  à  5o",  en  ayant  soin  que  le  courant  traverse  toujours  les  deux 
cuves  en  série,  on  ne  constate  aucune  variation  de  l'intensité  du  courant,  par  consé- 
quent aucune  variation  de  la  résistance  du  circuit. 

»  En  introduisant  éleclrolytiquement  de  l'adrénaline  dans  la  peau,  on  produit  une 
anémie  intense  et,  malgré  cette  vaso-constrlction,  la  résistance  diminue  beaucoup  ; 
dans  nos  expériences  elle  est  passée  de  6000  ohms  à  xooo  ohms  (1066). 

»  Si,  avec  une  faible  force  électromotricc  (2  volts),  on  ferme  le  circuit  de  5  en 
5  minutes,  pendant  le  temps  nécessaire  à  la  lecture  de  l'intensité,  malgré  l'imprégna- 
tion liquide  résultant  du  contact  de  plus  en  plus  prolongé  des  électrodes,  on  ne  con- 
state aucun  changement  de  l'intensité. 

»  La  résistance  électrique  de  la  peau  ne  dépend  donc  ni  de  sa  vascula- 
risation  ni  de  son  de£;ré  d'imprégnation  lif|iiide.  Elle  dépend  de  sa  com- 
position chimique,  de  la  nature  et  du  nombre  des  ions  qu'elle  contient. 

»  Avec  une  force  électromotrice  bien  constante  (6  volts),  une  résistance  du  reste 
du  circuit  négligeable  par  rapport  à  la  résistance  du  corps,  notant,  à  partir  de  ßa  fer- 
meture du  circuit,  les  intensités  de  i5  en  i5  secondes,  ces  intensités  croissent  d'abord, 
puis  deviennent  constantes. 

»  Ayant  une  des  électrodes  trÚs  petite  par  rapport  à  l'autre,  rinlluence  de  la  résis- 
tance sous  cette  électrode  prédomine  sur  l'intensité.  Au  moment  du  renversement  du 
courant,  un  ion  différent  pénÚtre  dans  la  peau  sous  la  petite  électrode,  et  l'intensité 
monte  ou  baisse,  suivant  que  la  résistance  devient  plus  faible  ou  plus  forte,  puis  elle 
atteint  une  valeur  constante. 

j)  On  trace  une  courbe  en  portant  les  temps  en  abscisses,  les  intensités  en  ordonnées  : 
c'est  à  la  fois  la  conrbe  des  intensités  et  des  conductibilités,  pour  le  voltage  et  pour  les 
ions  considérés.  Ces  courbes  montrent  que  la  résistance  varie  beaucoup  avec  la  nature 
des  ions.  Dans  nos  expériences,  toutes  les  autres  conditions  restant  semblables,  la 
résistance  passe  de  8000  ohms  à  1000  ohms,  par  rintroductioji  de  l'ion  calcium  au 
lieu  de  celle  de  l'ion  chlore  dans  la  peau. 

»  Pour  l'introduction  d'un  mĂȘme  ion,  on  Ă©lĂšve  le  voltage,  de  2  en  3  volts, 
attendant,  avant  chaque  élévation,  que  l'intensité  soit  devenue  bien  constante; 
on  trace  une  courbe  en  portant  les  volts  en  abscisses,  en  ordonnées  les  résistances 
calculées  à  l'aide  de  la  loi  d'Ohm.  On  constate  que  la  résistance  diminue  rapidement 
d'abord,  puis  de  moins  en  moins  aprÚs  chaque  élévation  de  la  tension.  Cette  influence 
est  telle  que,  avec  l'ion  phosphorique  par  exemple,  lorsque  le  voltage  passait  de  2  Ă  
12  volts,  la  résistance  tombait  de  loooo  à  1200  ohms. 

»  fwre^wne,  la  résistance  électrique  du  corps  humain  est  surtout  la  résis- 
tance de  la  peau,  et  celle-ci,  comme  celle  de  tout  électrolyte,  dépend  de  la 
nature  et  de  la  concentration  des  ions  qu'elle  contient. 

»  Dans  les  mĂȘmes  conditions  des  lieux  d'application,  de  grandeur  des 
électrodes,  de  nature  des  ions  et  de  voltage,  on  obtient  toujours  des  résultats 


<Sl6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

identiques  Ă   eux-mĂȘmes,  f. es  mesures  de  la  rĂ©sistance  Ă©lectrique  du  corps 
humain,  faites  dans  ces  conditions,  sont  donc  comparables  et  utilisables 
pour  le  diagnostic. 

»  Les  courbes  dont  nous  avons  indiqué  le  tracé,  j)rises  sur  différents 
sujets,  offrent  un  grand  nombre  de  particularités  dont  l'interprétation 
constitue  une  véritable  méthode  d'analyse  élecfrochimique  des  tissus  sur 
l'homme  vivant.  » 


MÉDECINE.  —  Contribution  au  traitement  du  cancei  par  les  rayons  X. 
Note  de  M.  Biuaiid,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  AprÚs  les  statistiques  impressionnantes  apportées  par  les  Américains 
Piisev,  Skinner,  Cleaves,  Smith  sur  la  radiothérapie  du  cancer,  les  observa- 
lions  isolées  des  Européens  Schiff  de  Vienne,  Mikulicz  de  Breslau, 
Vigouroux  de  Paris,  Mondain  d'Angers,  Doumer  et  Lemoine  de  Lille,  je  ne 
veux  aujourd'hui,  Ă   l'occasion  d'un  cas  heureux  de  traitement  d'un  cancer 
inopérable  du  sein  par  les  rayons  X,  que  préciser  les  détails  de  la  technique 
que  j'ai  employée. 

»  La  malade,  M""  M.,  54  ans,  consulta  en  janvier  1900  le  D''  Polailion  pour  une 
tumeur  du  sein  gauche  avec  douleur  irradiée  dans  l'aisselle  et  le  bras;  le  diagnostic 
de  tumeur  maligne  fut  aussitÎt  porté,  puis  confirmé  par  le  D"'  Piécamier,  chirurgien 
des  hÎpitaux,  qui  pratiqua  le  24  janvier  1900  l'extirpation  du  sein  contenant  un  néo- 
plasme non  adhérent  au  pectoral;  il  disséqua  l'aponévrose  du  grand  pectoral,  puis  les 
aponévroses  de  l'aisselle  et  enleva  la  graisse  et  les  ganglions  du  creux  axillaire;  la  réu- 
nion fut  ensuite  immédiate  et  il  n'y  eut  aucun  Incident  sérieux;  sauf  des  douleurs  du 
cÎté  du  plexus  brachial. 

«  Le  mamelon  était  rétracté,  m'écrivait  le  D''  Récamier,  et,  à  l'examen  anatomo- 
»   pathologique  de  la  tumeur,  je  n'ai  eu  aucun  doute  sur  sa  nature. 

))  J'ai  coupé  les  ganglions  et  j'en  ai  trouvé  |)lusieiirs  envahis.  Quant  au  néoplasme 
»  lui-mĂȘme,  je  dĂ©clare  que  si  ce  n'Ă©tait  pas  lĂ   un  Ă©pilhĂ©lioma  typique,  je  n'en  ai 
»  jamais  vu  de  ma  vie  >i. 

»  Récidii-e  au  commencement  de  igoS.  La  malade  accuse  une  douleur  en  se  couchant 
sur  le  cÎté  gauche;  son  sein  grossit  et  redevient  sensible;  le  chirurgien  revoit  sa 
malade,  trouve  plusieurs  noyaux  de  récidive  cutanés  et  un  ganglion  sus-claviculaire 
adhérent  qui  lui  paraßt  conlre-indiquer  tout  acte  opératoire  et  conseille  la  radiothé- 
rapie que  je  pratiquai  dans  les  conditions  suivantes  : 

»  Je  lùchai  de  faire  en  sorte  que  tous  les  facteurs  de  l'expérimentation 
fussent  aussi  constants  que  possible  pendant  toute  la  durée  du  traitement  : 
le  voltage,  l'ampérage,  le  nombre  des  interruptions  du  courant  inducteur. 


SÉANCE    DU    ifi   NOVEMBRE    1903.  817 

le  vide  de  l'ampoule  radiogĂšne  et,  par  sulle,  le  radiochroĂŻsme  des  ravons 
employés,  ne  réservant  qu'une  seule  variable,  la  quantité  des  ravons 
absorbés  réglée  par  le  nombre  et  la  durée  des  séances  d'exposition. 

»  J'y  arrivai  pratiqueinenl  en  me  servant  comme  source  de  courant  d'une  batterie 
d'accumulateurs  Ă   voltage  constant  (70  volts),  d'un  interrupteur  Contremoulins-GaifTe 
dont  la  constance  peut  ĂȘtre  facilement  maintenue  avec  le  rhĂ©ostat  du  moteur,  d'une 
bobine  de  GaifTe  de  o'",/40  d'Ă©tincelle  et  enfin  d'une  ampoule  grand  modĂšle,  marque 
V'oltohm  de  Francfort.  Cette  ampoule  jouit  de  la  propriété,  quand  on  en  a  fait  le 
réglage  en  s'aidantde  l'écran  radioscopique  et  du  radiochromomÚtre  de  L.  Benoist,  de 
fournir  avec  une  grande  constance  des  ravons  d'un  degré  déterminé  de  l'échelle  durant 
toute  la  séance. 

n  N'ayant  pas  affaire  à  un  néoplasme  purement  superficiel,  mais  pouvant  présenter 
des  racines  profondes,  j'employai,  de  propos  délibéré,  des  rayons  moyens  marquant  6 
au  radiochromomĂštre. 

»  Invariablement,  la  cathode  Ă©tait  distante  de  oℱ,ii  de  la  peau;  incidence  sur  la 
cicatrice.  Voltage  :  70  volts  avec  3  ampĂšres  au  primaire.  Soit  210  walts. 

»  Le  Tableau  suivant  indique  le  nombre,  la  durée  et  l'espacement  des  séances 
(23  séances) : 

m        s  ni 

3o                         12  aoĂčl 7 

I                             17     »    8 

1 .  3o                        21     »    8 

2 .                            25     »    8 

2 .  3o                        3 1     »    S 

3 .                                5  septembre 6 

3.3o                          18           »           8 

[^.                             28          »           8 

3  août 4.3o                           9  octobre 5 

5     »    5                             23        >.       8 

7     »    5 .  3o                           f\  novembre 8 

10     )>    6 

1)  Chmqucment,  je  note  à  la  quatriÚme  séaticela  disparition  des  douleurs  ; 
Ă   la  sixiĂšme,  une  diminution  de  la  tumeur  d'un  tiers  environ.  Etat  statiou- 
naire  ensuite  jusque  vers  la  quinziĂšme,  moment  oĂč  la  rĂ©gression  s'accentue 
et  oĂč  les  ganglions  disparaissent  au-dessus  de  la  clavicule  et  du  cĂŽtĂ©  de 
l'aisselle.  Actuellement,  la  tuméfaction  est  réduite  des  trois  quarts;  la 
malade  ne  souffre  aucunement  et  les  ganglions  ont  tout  Ă   fait  disparu. 

»  La  réaction  radiodermitique  a  été  trÚs  légÚre  et  l'élat  général,  bon 
dÚs  le  début,  n'a  fait  que  s'améliorer  depuis.   » 


i4j 

uillet 

16 

» 

21 

)) 

23 

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25 

>t 

27 

» 

29 

» 

3i 

)) 

8t8  académie  des  sciences. 


MÉDECINE.  —  Contrihulion  Ă   l'Ă©tude  de  la  dyscrasie  acide  (^acide  chlorhy- 
drique).  Note  de  MM.  A.  Desgrkz  el  J.  Adlek,  présentée  par  M.  Bou- 
chard. 

«  L'influence  de  la  dyscrasie  acide  sur  les  échanges  nutritifs  a  été 
depuis  longtemps  mise  en  lumiĂšre  par  les  travaux  du  Professeur  Bouchard. 
Les  recherches  plus  récentes  de  Charrin  et  Guillemonat  ont  de  nouveau 
a|)pelé  l'attention  sur  celte  cause  perturbatrice  du  métahoh'sme  animal. 
Dans  nos  recherches  actuelles,  nous  avons  eu  pour  but  de  |)cnétrer  plus 
avant  le  mécanisme  de  ces  phénomÚnes  en  déterminant  l'influence  des 
acides  minéraux  sur  certains  processus  particuliers  de  l'économie.  Le 
mieux  étudié  actuellement,  parmi  les  phénomÚnes  synthéticpies  dont  nos 
cellules  sont  le  siĂšge,  consiste  dans  la  production  de  l'acide  hippurique; 
nous  connaissons,  en  effet,  et  l'origine  diaslasiquc  de  ce  corps  et  son  mode 
de  synthÚse,  par  déshydratation,  aux  dépens  de  l'acide  benzoïque  et  du  gly- 
cocolle.  La  mesure  de  la  puissance  synthétique  de  la  cellule  vivante  peut 
donc  se  faire  en  dosant  la  quantité  d'acide  hippurique  à  laquelle  elle  donne 
naissance. 

»  Nos  expĂ©riences  odI  portĂ©  sur  des  cobayes  de  mĂšine  Ăąge  et  de  mĂȘme  sexe.  AprĂšs 
avoir  fixé,  par  tùtonnements,  la  dose  d'acide  chlorbydrique  que  ces  animaux  peuvent 
supporter  en  injection  sous-cutanée,  nous  avons  administré  à  chacun  d'eux  3'='"'  d'une 
solution  renfermant  o5,oo8  d'acide  par  i'^"'',  soit  os,o23  par  animal.  Ces  cobayes 
Ă©taient  rĂ©unis  en  un  lot  de  six  et  comparĂ©s  Ă   des  animaux  de  mĂȘme  poids  rĂ©unis  en 
nombre  identique.  L'alimentation  Ă©tait  la  mĂȘme  pour  chaque  sĂ©rie.  Les  dosages  ont 
été  effectués  sur  les  urines  de  48  heures,  par  la  méllmde  de  Bunge-Schmiedeberg. 

»  La  moyenne  effectuée  des  résultats  obtenus  pendant  28  jours  consécutifs 
donne  une  Ă©limination  de  1^,67  d'acide  hippurique  par  kilogramme  des  ani- 
maux témoins  et  de  0^,7.3  seulement  par  kilogramme  des  animaux  qui  ont 
reçu  l'acide  chlorbydrique.  L'influence  de  ce  dernier  sur  la  puissance  syn- 
thétique de  la  cellule  vivante  se  manifeste  ainsi  par  une  réduction  de  cette 
propriété  atteignant  ^7  pour  100  de  sa  valeur  normale. 

))  Ce  premier  résultat  acquis,  il  restait  h  déterminer  si  cette  influence  de 
la  dyscrasie  acide  s'exercerait  encore  aprĂšs  suppression  de  sa  cause  directe. 

»  Pour  fixer  ce  nouveau  point,  on  a  renouvelé  les  dosages  d'acide  hippurique  chez 
les  mĂȘmes  animaux  deux  mois  aprĂšs  la  derniĂšre  injection  acide.  La  moyenne  des 
dosages  effectués  ainsi,  pendant  \!\  jours  consécutifs,  correspond  à  oS,42  d'acide  hip- 


SÉANCE    DU    l6    NOVEMBRE    1903.  H 19 

purique  par  kilogramme  des  témoins  et  à  o?,  17  par  kilogramme  des  animaux  injectés  : 
c'est  encore,  pour  ces  derniers,  une  réduction  de  (5o  pour  100  de  la  puissance  synthé- 
tique de  la  cellule  vivante. 

»  La  cellule  vivante  a  donc  conservé,  à  deux  mois  de  distance,  la  viciation 
premiÚre  imprimée  par  la  dyscrasie  acide  à  la  production  et  à  l'activité  de 
ses  diastases  déshydratantes.  Nous  montrerons,  dans  une  prochaine  Note, 
que  celte  conclusion  est  indépendnnte  de  la  qualité  de  la  sécrétion  rénale 
et  de  l'élaboration  de  la  matiÚre  azotée.    » 


M.  Fii.  Faccix  adresse  une  Note  ayant  pour  titre  :  «  Anomalies  diurnes 
et  séculaires  dans  le  mouvement  de  rotation  de  la  Terre  ». 

A  4  heures  un  quart,  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 


COMITE  SECRET. 

La  Section  de  GĂ©ographie  et  Navig:itiou,  par  l'organe  de  son  doyen, 
présente  la  liste  suivante  de  candidats,  pour  la  place  laissée  vacante  par  le 
décÚs  tie  M.  de  Bussy  : 

En  premiĂšre  ligne M.  Berti.v. 

En  seconde  ligne,  ex  Ɠquo  et  par  ordre  i   M.  Caspari. 

alphabélique (M.  Charles  Lallemasd. 

Les  titres  de  ces  candidats  sont  discutes. 

L'élection  aura  lieu  dans  la  prochaine  séance. 

Ij»  séance  est  levée  à  ">  heures  un  quart. 

M.  B. 


S20  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


E/i/tA  TA. 


(SĂ©ance  du    12  octobre  iQoS.) 

Note  (le  MM.  G.  Urbain  et  //.  Lacombe.  Sur  une  série  de  composés  du 
bismuth  : 

Piige  069,  ligne  i  i,  rni  lieu  de 

3M"(Az03)».2Bi(AzO'f  .ai  IPO, 
lisez 

3M"(Az03)^2Bi(Az03)^24II-0. 

MĂȘme  page,  ligne   26,  au   lieu  de  des  sels  assez  fondants  de,  lisez  des  sels  corres- 
pondants de. 


On  souscrit  Ă   Paris,  chez  GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n°  55. 

Depuis  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  réguliÚremenl  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-4°.  Deux 
blés,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matiÚres,  l'autre  par  ordre  alphabétique  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 
part  du  i"  Janvier. 

Le  prix  (le  Vabnnnemeni  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  30  fr.  —  DĂ©partements  ;  40  fr.  —  Union  postale  :  44  fr. 


!St 


cher  Messieurs  : 
e« Ferran  frÚres. 

1  Chaix. 
fer (  JourdaD. 

I  Ruff. 

liens Courtin-Hecquei. 

(  Germain  etGrassin 

tgers '  . 

"  /  Gastineau. 

yonne JirĂŽme. 

ançon  Régnier. 

Ferel. 

‱deaitx 1  Laurens. 

'  IMuller  (G.). 

irges Renaud. 

,  Derrien. 

F.  Robert. 

ObliD. 

!  Uzel  frĂšres. 

3/1 Jouau. 

xmbery Perrin. 

,  1  Henry. 

srbourff .. 

(  Marguene. 

,  „  1  Juliot. 

■rniont-Ferr...     _ 

'  Bouy. 

Nourry. 

on Ratel. 

'Rey. 

(  Lauverjal 

(  Degez. 

Drevel. 

Gralier  el  G". 
Rochelle Foucher. 

Bourdignoo. 

Dombre. 

Thorez. 


tnoble . 


Havre. 


le 


S 

(Q 


uarre. 


Lorienc. 


chez  Messieurs  ; 
I  Baumal. 
'  Mℱ*  Texier. 

Bernoux  et  Cumm 
\  Georg. 

Lyon (  Elfantin. 

i  Savy. 
'  Vitte 

Marseille RuĂąt. 

\,  Valat. 

'  Goulet  el  (ils. 
Martial  Place. 

/  Jacques. 
Nancy Grosjean-Maupm. 

'  Sidot  frĂšres. 

I  Guist'bau. 

/  Veloppé. 

^  Barnia. 

'  Appy. 

Mmes Thibaud. 

Orléans    Loddé. 

L  Blancbier. 

/  LĂ©vrier. 

Rennes Plihon  el  Hervé. 

Rochefort Girard  (  M""  ) 

)  Langlois. 

\  Leslnnganl. 
S'-Élienne Chevalier. 

I  Ponleil-Burles. 

I  KuniĂšbe. 

I  Gimel. 

I  PrivĂąt. 

,  Boisselier. 
Tours PĂ©rrcat. 

'  Suppligeon. 

I  Giard. 

'  Leiuallre. 


Montpellier 
Moulins . .    . 


Kantes 

Nice 

Ntme 
Orléa 

Poitiers. 

Rennes 
Roche/ 

Rouen. 

S'-Élie 
Toulon. . . 

Toulouse.. 

Tours 

Valenciennes . 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam . 


Berlin. 


Bucharesc . 


chez  Messieurs  : 

I  Feikema    Caarelsen 

'      et  C". 

AthĂšnes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

I  Asher  et  C". 

I  Dames. 

,  Friediander   et   fils. 

I  Mayer  et  Millier. 

Berne Schmid  Francke. 

Bologne Zaaichelli. 

I  Lamertin. 
Bruxelles..    [  Mayolezet Audiarte. 

'  LebĂšgue  el  C'*. 

\  Sotchek  el  C°. 

'  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighlon,  Bell  et  G". 

Christiania Caramermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague HĂŽsl  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hosle. 

GĂšnes Beuf. 

,  Cherbuliez. 

Georg. 
I  Stapeimohr. 

Bel  in  fa  nie   frĂšres. 
(  Benda. 
'  Payot  el  G". 

Barth. 
\  Brockhaus. 

Leipzig KƓhler. 

/  Lorenlz. 

Twietmeyer. 

,  Desoer. 
^'^** (Gnusé. 


GenĂšve . . 

La    Hat e . 
Lausanne 


chez  Messieurs  ; 

1  Dulau. 
^°"<*'-" Hachette  et  C'.. 

'  Nutt. 
Luxembourg .    . .     V.  Biick. 

I  Ruiz  et  C'v 
Madrid '  Romo  y  Fusse! 

1  Capdeville. 

'  F.  FĂ©. 

Milan jBocca  frĂšres. 

■■  (  HƓpli. 
lUoscou Tastevin. 

Naples l  Marghieri  di  Giu3 

(  Pellerano. 

1  Dyrsen  et  Pfeiffer. 

Ne,x>-rork Slechert. 

'  LemckbelBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C" 

Palerme Reber. 

Porto Magalhaés  et  Mouii. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

_  i  Bocca  frĂšres. 

Rome !  , 

(  Loescheret  G"". 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm MordUka  Boghandal. 

I  Zinserling. 


S'-PĂ©tersbourg. . 


Turin . 


(  WolJf. 

I  Bocca  frÚre». 
Brero. 


\  Clausen. 
[  Rosenberi 


bergetSetlier. 

Varsovie Gebethner  el  WolS. 

VĂ©rone. Drucker. 

Frick. 

Gerold  et  G'v 
Ziirich Meyer  et  Zeller. 


Vienne . 


TABLES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  i"  Ă   31.  —  (3  AoĂ»t  i8>5  Ă   3i  DĂ©cembre  i85o.)  Volume  in-^";  i8J3.  Prix 25  fr. 

Tomes  32  Ă   61.  —  (  i"  Janvier  i85i  Ă   3i  DĂ©cembre  i865.)  Volume  111-4°;  1870.  Prix 25  fr. 

Tomes  62  Ă   91.  —  i  i"'^  Janvier  1866  Ă   3i  UĂ©ce  nbie  1880.)  Volume  \a-\'\  1889.  Pri.ĂŻ 25  fr. 

Tomes  92  Ă   121.  —  (  t"  Janvier  1S81  Ă   3i  DĂ©cembre   1895.)  Volume  iii-4°;  1900.  Prix 25   fr. 

SUPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L  ACAEEMIE  DES  SCIENCES.: 

Dai3  L  —  MĂ©moire  sur  quelques  points  de  la  Pliysiologie  dos  algues,  pir  Mil.  \.  Derbes  et.\.-J.-J.  Solier.  —  MĂ©moire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'Ă©prouvent 
jTiaĂštes,  pur  .M.  H\^I3EN.  —  MĂ©iujire  sur  le  l^aaorĂ©a-i  et  sur  le  rAle  d  i  ,1;  v  iiiirĂ©alique  dans  les  pUĂ©nomcnes  digestifs,  particuliĂšrement  dans   la    digestion   des 

iĂšres  grasscĂź,  par  M.   Claude  BuRV-ino.    Volu  ne  in-i",  avec  ii   ptanclies:   ci55 25  fr. 

orne  n.  —  MĂ©moire  sur  les  vers  inlestniaux,  par  M  P.-J.  Vam  Bbmbden.  —  fS^^ai  d'une  rĂ©ponse  Ă   la  question  de  Prix  proposĂ©e  en  i85o  par  l'AcadĂ©mie  des  Sciences 
r  le  concours  de  iS33,  et  puis  remise  pour  celui  de  iSß^,  savoir:  «  lßlulier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains 
idimenlaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  Je  leur  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  siraulianĂ©e.  —  Rechercher  la 
ature  des  rapports  qui  existent  entre  l'étal  actuel  du  rÚgne  organique  el  ses  tjlats  antérieurs  »,  par  M.  le  Professeur  Bron.v.  ln-4'',  avec  7  planches;  1861 25  fr. 


A  la  mĂȘme  Librairie  les  MĂ©moires  de  l'AcadĂ©mie  des  Sciences,  et  les  HĂ©moires  prĂ©sentĂ©s  par  divers  Savants  Ă   l'AcadĂ©niie  des  Sciences. 


W  20. 

TABLE   DES  ARTICLES.   (SĂ©ance  du  16  novembre  1903.) 


MEMOIKES    ET  COMMUNICATIOIVS 

DES   MEMBHHS    KT   DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 

Pages. 


]\1.   le   PrĂ©sident.  —  Allocution   relative  Ă  

la  MĂ©daille  remise  Ă   M.  Chauvcau 7^3 

i\IM.  H.  MoissAN  et  A.  Rigaut.  —  Nouvelle 


Pages. 

préparation  de  l'argon 778 

M.  Laveran.  —  PrĂ©sentation  de  son  Ouvrage 
sur  la  «  Prophylaxie  du  paludisme» 777 


NOMINATIONS. 


M.  G.-\V.  HiLL  est  Ă©lu  Correspondant  dans  la 
Section  d'Astronomie,  en  remplacement  de 


M.  Schiaparelli,  élu  Associé  étranger.. 


778 


CORRESPONDANCE. 


i\l.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  :  un 
0  Recueil  de  travaux  dédiés  à  la  mémoire 
d'Alexis  Millardet  »  ;  divers  Ouvrages  de 
lord  Avebury,  de  M.  Sven  Hedin  et  de 
M.  Jean   Bcsal 77^ 

iM.  S.  Bernstein.  —  Sur  la  nature  ana- 
lytique des  solutions  de  certaines  Ă©qua- 
lions  aux  dérivées  partielles  du  second 
ordre 77^ 

.MM.  F.  ScHRADERetCH.  Sauerwein.  —  Sur 
l'emploi  du  lacliéographe  Schrader  pour 
les  travaux  d'Hydrographie 781 

M.  Georges  Claude.  —  Sur  l'extraction  de 
l'oxygÚne  par  la  liquéfaction  partielle  de 
l'air  avec  retour  en   arriĂšre 783 

M.  Marcel  Brillouin.  —  Mesure  des  trùs 
petits  angles  de  rotation 7^6 

M.  C.  Camiciiel.  —  Sur  la  dĂ©termination 
des  maxima  et  minima  de  transparence..     78S 

M.  Em.  Marchand.  —  Quelques  remarques 
sur  la  perturbation  magnétique  du  3i  oc- 
tobre 1903 789 

MM.  G.  Urbain  et  H.  Lacombe.  —  Sur  une 
séparation  rigoureuse  dans  la  série  des 
terres  rares ■ 792 

M.  J.   BoUGAULT.  —  Sur  le  kermùs 794 

MM.  Cii.  MouREU  et  M.  Brachin.  —  Sur 
les  acétones  acétyléniques.  Nouvelle  mé- 
thode de  synthĂšse  des   isoxazols 796 

M.  L.  Maquenne.  —  Sur  la  rĂ©trogradation 
de  l'empois  d'amidon 797 

M.M.  Alex.  HĂ©bert  et  K.  Charabot.  —  In- 
fluence de  la  nature  du  milieu  extérieur 
sur  la  composition  organique  de  la  plante.     799 


M.  Fr.  Weis.  —  Sur  le  rapport  entre  l'in- 
tensité lumineuse  et  l'énergie  assimila- 
trice  chez  des  plantes  appartenant  Ă   des 
types  biologiques  dilTĂ©renls 801 

M.  RenĂ©  Viguier.  —  Sur  la  structure  des 
cotylédons  et  la  disposition  de  certaines 
racines  adventives  dans  les  plantules  de 
Labiées So4 

M.  FrĂ©d.  Wallekant.  —  Sur  le  polymor- 
phisme des  nitrates 8o5 

M.  Pierre  Termier.  —  Sur  quelques  ana- 
logies de  faciÚs  géologiques  entre  la  zone 
centrale  des  Alpes  orientales  et  la  zone 
interne  des  Alpes  occidentales S07 

M.  D.  Pantanelli.  —  Sur  les  puits  artĂ©- 
siens       809 

MM.  M.  PiRouTLT  et  Arm.  Laurent.  —  Sur 
DU  niveau  fossilifĂšre  nouveau  du  KeupĂšr 
franc-comtois 810 

MM.  AndrĂ©  Broca  et  D.  Sulzer.  —  Com- 
paraison des  diverses  lettres  au  point  de 
vue  de  la  vitesse  de  lecture.  Formation 
d'un  alphabet  rationnel 812 

M.  StĂ©phane  Leduc  —  La  rĂ©sistance  Ă©lec- 
trique du  corps  humain >^i4 

M.  BiRAUD.  —  Contribution  au  traitement  du 
cancer  par  les  rayons  .V S16 

MM.  A.  riESGREZ  et  J.  .\DLEn.  —  Contribu- 
tion il  l'Ă©tude  de  la  dyscrasie  acide  (acide 
cliloi  hydrique) 818 

M.  Fr.  Faccin  adresse  une  Note  intitulée  ; 
0  Anomalies  diurnes  et  séculaires  dans 
,1e  mouvement  de  rotation  de  la  Terre  »..     S19 


C03I1TÉ  SECRET. 


Liste  de  candidats  présentés  pour  la  place 
laissée  vacante,  par  le  décÚs  de  M.  de 
/iussy,  dans  la  Section  de  GĂ©ographie  et 

Erhvta  


Navigation  :  1°  M.  Berlin,  2»  M.  Caspari, 

M.  Cliarles  Lallemand 819 


820 


PAKIS.   —   IMPKIMKKIE     G  A  UT  H  1  li  K  -  V  I  L  L  A  H  S, 
Quai  des  Grands-Augusiins,  5i. 


Lt  GĂ©rant  :   Ijautuibr-Villars. 


1903 

DEC    16   1308 

SECOND  SEMESTRE. 

COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIÏIES 

DES     SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVII. 


r  21  (23  Novembre  1903) 


"PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DBS  COMPTES  RENDUS   DES   SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE   DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

AdŸpté  dans  les  séances  des.  a3  juin   1862  et  24  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  coni|)o.seril  des  exliails  des  (ravaiix  de 
ses  Membres  el  de  l'analyse  des  MĂ©njoires  on  Noies 
présenlés  par  des  savants  étrangers  à  l'Acadcmie. 

(Ihacine  cahier  on  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  G  fenilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  Y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  l".  —  Impression  des  travaux  de  l' AcadĂ©mie. 

Les  exlrafls  ♩üesMĂ©moirespr'Ă©heiilĂ©spar  un  Membre 
ou  par  un  assoc-iÚÚtrùrigerde  rAcadémiecomprerinenl 
an  })ius  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  j)lus  de  5o  pages  par  année. 

Tf  u!e  1S( le  n  anuscrile  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  (l'une  ])ersonne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  à&  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  niéme  de  la  séance. 

Les  Rap[)orls  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris daris  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  el  Iiistruclions  demanilés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  eu  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pi'ges  |)ar  numéro. 

Un  (Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
pbis  de  3u  pages  par  année. 

Les  Comptes  tendus  ne  re|)roduisent  pas  les  dis- 
cussions >  erbales  qui  s'Ă©lĂš^ enl  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
pari  désirent  qu'il  en  soit  lail  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Acadéuue  avant  de  les  re- 
metlre  au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  dés  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


purls  relatiis  aux  prix  décernés  ne  le  sont  (|u'aiil- 
que  l'Acadéniie  l'aura  décidé. 

Les,  N.olice&ou-Çi^cours  prononcĂ©s  en  sĂ©ance 
biique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savann 
étrangers  à  l' Académie . 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  person 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  l'A 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'un 
suiné  qui  ne  dé[Kisse  pas  3  pagres. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires  S' 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis. 
Membre  qui  lail  la  présenlation  est  toujours  nomn 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  Exti 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le  ( 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance  ( 
cieile  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  remi 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  lard 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin;  laute  d'ĂȘtre  remis  Ă   tem 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  rrr 
actuel,  el  l'exlran  est  renvoyé  au  Compte  rendu 
vanl  el  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planches, 
figiues. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  serai 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  compl 
|)our  l'étendue  léglemenlaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  des  i 
leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapports 
les  Instructions  demandés  par  le  (jou vernemeut. 

Article  5. 
Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative  |i 
.  un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  api 
l'impression  d.e  chaque  ivolume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  p) 
sent  RĂšglement. 


Les  Savants  Ă©trangers  Ăč  l'AcadĂ©mie  qui  dĂ©sirent  laire  prĂ©senter 
déposer  an  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance; 


leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sout  priés  de 
avant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suivai 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU    LUNDI  25  NOVEMBRE   1905, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  -  Relation  entre  es  taches  solaires  et  le  magnétisme 
terrestre.  Utilité  de  l'enregistrement  continu  des  éléments  variables  du  Soleil. 
Note  de  M.  H.  Deslandres. 

«  La  perturbation  magnétique  exceptionnelle  et  l'aurore  boréale  du 
3i  octobre  ont  ramené  l'attention  vers  la  question  toujours  pendante  d'une 
action  directe  des  taches  solaires  sur  le  magnétisme  terrestre. 

»  La  connexion  des  deux  phénomÚnes  solaire  et  terrestre,  considérés 
dans  leur  ensemble,  est  actuellement  bien  établie.  Les  variations  géné- 
rales de  l'aiguille  aimantée  (oscillation  diurne  de  la  déclinaison  et  de  la 
force  horizontale,  nombre  et  intensité  des  orages  magnétiques)  sont  en 
effet  parallÚles  aux  variations  générales  de  la  surface  et  de  l'atmosphÚre 
solaire  avec  la  mĂȘme  pĂ©riode  de  1 1  annĂ©es. 

»  Mais  l'incertitude  et  la  confusion  apparaissent  pour  chaque  orage 
magnétique  isolé,  lorsqu'on  recherche  le  phénomÚne  solaire,  concomitant 
ou  non,  qui  lui  a  donnĂ©  naissance,  ou  est  dĂ»  Ă   la  mĂȘme  cause,  peut-ĂȘtre 
extérieure  au  Soleil. 

»  Recherches  antĂ©rieures.  —  La  sĂ©rie  des  idĂ©es  et  des  recherches  sur  la 
question  est  curieuse  et  peut  ĂȘtre  ainsi  rĂ©sumĂ©e  : 

»  Lors  du  grand  orage  magnétique  de  iSSg,  du  28  août  au  4  septembre, 
Carnngton  et  Hogson,  avec  la  simple  lunette,  ont  vu  une  lueur  extrĂȘme- 
ment intense  et  de  courte  durée  prÚs  d'une  tache.  En  1872,  du  3  au 
5  septembre,  Young,  qui  observait  au  spectroscope,  a  noté  dans  une  tache 
au  bord  des  déplacements  extraordinaires  des  raies  noires  solaires,  qui  ont 
coïncidé  avec  les  écarts  de  l'aiguille  aimantée  terrestre.  Aussi  a-t-on  pensé 
que  l'orage  magnétique  était  dû  à  des  perturbations  exceptionnelles  du 

C.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  21.)  Io8 


822  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Soleil,  dont  le  contre-coup  se  fiiisait  sentir  jusqu'Ă   la  Terre;  l'action  pou- 
vant se  transmettre  Ă   travers  l'espace  avec  une  vitesse  voisine  de  celle  de 
la  lumiĂšre.  Mais  les  observations  analogues,  ou  qui  ont  paru  analogues, 
faites  postérieurement,  n'ont  pas  été  accompagnées  d'orages  magnétiques, 
peut-ĂȘtre  parce  que  la  perturbation  solaire  a  Ă©tĂ©  moins  intense;  car,  Ă   ces 
observations  faites  dans  des  conditions  trÚs  diflférentes,  il  a  manqué  une 
commune  mesure. 

»  En  1887,  Marchand  a  posé  la  loi  simple  suivante,  qui  fixe  sur  le 
Soleil  la  position  du  phénomÚne  actif:  La  pertubation  magnétique  coïncide 
sensiblement  avec  le  passage  d'un  groupe  de  taches  ou  faculesau  méridien 
central.  Ces  perturbations  se  succĂšdent  souvent  Ă   des  intervalles  qui  sont 
des  multiples  delà  durée  de  rotation  (  '). 

M  Au  mĂȘme  moment  Veeder  invoquait,  au  contraire,  l'influence  des 
taches  et  facules  du  nord-est.  Mais  les  deux  auteurs  reconnaissent  que  la 
grandeur  des  taches  et  facules  n'est  pas  toujours  en  rapport  avec  l'intensité 
de  la  variation  terrestre;  ce  qui  diminue  la  valeur  de  la  relation  annoncée; 
et,  à  ce  sujet,  Haie  a  objecté  que,  à  l'époque  tlu  maximum,  le  bord  est  et 
le  méridien  central  présentent  toujours  quelques  facules  plus  ou  moins 
fortes. 

»  Cependant,  la  plupart  des  auteurs  sont  plutÎt  favorables  à  la  thÚse 
de  Marchand,  qui  contient  probablement  au  moins  une  partie  de  la  vérité. 
Maunder,  en  particulier,  remarque  que  les  grands  orages  magnétiques 
du  17  novembre  1882  et  du  1 3  février  1892  ont  correspondu  au  passage 
de  grandes  taches  au  méridien  central  et  au  plus  grand  développement 
de  ces  taches. 

»  En  1900,  le  P.  Sidgreaves,  directeur  de  l'observatoire  de  Stonyhurst, 
compare,  dans  un  travail  d'ensemble,  les  observations  solaires  et  magné- 
tiques de  Greenwich  et  de  Stonyhurst,  assurément  complÚtes,  de  1880 
à  1898.  Il  conclut  à  la  non-vérification  des  lois  de  Marchand  et  de  Veeder, 
tout  en  reconnaissant  la  connexion  générale  des  deux  phénomÚnes.  L'action 
directe  de  la  tache  ne  résulte  pas  de  l'examen  des  faits,  à  moins  que  les 
taches  se  divisent  en  taches  actives  et  inactives,  mais  les  données  de 
l'observation  solaire  ne  permettent  pas  de  faire  la  distinction. 

»   Le  P.   Cortie,   de  Stonyhurst,   arrive   au    mĂȘme    rĂ©sultat  pour    les 

(')  Cette  succession  des  orages  magnétiques,  réglée  par  la  rotation  du  Soleil,  est  un 
t'ait  important  qui  conduit  Ă   placer  dans  le  Soleil  lui-mĂȘme  une  des  causes  principales 
du  phénomÚne.  La  périodicité  des  orages  magnétiques  a  été  indiquée  aussi  par  Terby. 


SÉANCE   DU  2  3  xoVf.mbre    igoS.  823 

années  suivantes,  de  1898  à  1902,  particuliÚrement  favorables  au  rappro- 
chement des  deux  phénomÚnes  à  cause  du  petit  nombre  de  taches  et  facules 
Ă   une  Ă©poque  de  minimum.  Ainsi,  dans  les  premiers  mois  de  1902,  la  seule 
tache  de  quelque  importance,  qui  est  visible  du  5  au  i3  mars,  n'est  pas 
accompagnée  d'une  variation  des  aimants  terrestres,  et  le  10  mai,  alors 
que  le  Soleil,  depuis  7  semaines,  n'offre  aucune  tache,  les  facules  Ă©tant 
extrĂȘmement  faibles  en  intensitĂ©  et  largeur,  on  observe  un  orase  maenĂ©- 
tique  assez  intense  (écart  de  la  déclinaison,  38'  d'arc),  aussi  intense  que 
celui  du  12  octobre  dernier,  dont  il  sera  question  plus  loin. 

»  Enfin,  tout  récemment,  Lockyer  a  invoqué  l'influence  des  variations 
de  la  chromosphÚre  solaire.  Les  grandes  perturbations  magnétiques  (avec 
Ă©cart  de  la  dĂ©clinaison  supĂ©rieure  Ă   1°)  se  produisent  en  mĂȘme  temps 
que  le  maximum  de  fréquence  des  protubérances  polaires  (à  3o»du  pÎle), 
c'est-à-dire  un  peu  avant  le  maximum.  Aussi  admet-il  la  possibilité  d'une 
action  directe  de  ces  protubérances  sur  les  aimants  terrestres. 

»  Les  divergences  et  les  obscurités  sont  donc  toujours  grandes  dans  la 
question  qui  nous  occupe,  et  l'on  est  conduit  Ă   rechercher  si  les  observa- 
tions solaires,  telles  qu'on  les  fait  Ă   l'heure  actuelle,  sont  suffisantes. 

»  Observations  solaires  des  mois  d'octobre  et  novembre.  —  Le  3 1  octobre, 
lors  de  l'agitation  exceptionnelle  des  aiguilles  aimantées,  le  Soleil  offrait 
trois  groupes  principaux  de  taches  et  facules,  Ă   savoir  :  i"  un  beau  groupe 
au  mĂ©ridien  central  (A,  lat.  —  25°),  dĂ©jĂ   bien  dĂ©veloppĂ©  Ă   la  rotation  prĂ©- 
cĂ©dente; 2"  au  bord  est,  un  groupe  de  deux  belles  taches  (B,  lat.  +■  18"), 
dĂ©jĂ   dĂ©tachĂ©  du  bord;  3" au  bord  est  Ă©galement,  un  groupe  (C,  lat.  —  22") 
en  partie  caché  derriÚre  le  bord.  De  ces  trois  groupes,  le  plus  important 
de  beaucoup  par  l'Ă©tendue  des  taches  et  facules  est  le  groupe  (G),  comme 
le  montrent  nettement  les  Ă©preuves  faites  Ă   Meudon  les  10  octobre  et 
5  novembre,  qui  présentent  les  trois  groupes  bien  visibles  sur  le  disque, 
Ă   une  distance  notable  des  bords.  A  noter  que  le  i2-i3  octobre,  3o  heures 
aprÚs  le  jiassage  du  milieu  de  (C)  au  méridien  central,  l'aiguille  terrestre, 
d'aprĂšs  Moureaux,  a  subi  une  perturbation  (de  32')  notable,  mais  quatre 
fois  plus  faible  que  celle  du  3i  octobre.  Au  bord  est,  Ă   ce  moment,  il  v 
avait  une  seule  petite  tache. 

»  La  rÚgle  de  Marchand  est  vérifiée,  comme  aussi,  il  est  vrai,  dans  une 
certaine  mesure,  celle  de  Veeder.  Mais  si  l'on  considÚre  seulement  le  mé- 
ridien central,  ainsi  que  la  plupart  des  observateurs,  comment  exi)liquer 
que  le  groupe  de  beaucoup  le  plus  fort  (C)  corresponde  Ă   l'orage  le  plus 
petit  (Ă©cart   32' j?    Comment    aussi    concilier  ces  faits  avec    l'orale  du 


824  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

10  mai  1902  (Ă©cart  38'),  survenu  Ă   un  moment  oĂč  le  Soleil  Ă©tait  sans 
taches,  avec  des  facules  Ă   peine  perceptibles?  Évidemment  l'Ă©tendue  des 
taches  et  facules  n'est  pas  en  rapport  avec  l'intensité  de  la  perturbation 
magnétique. 

»  Faut-il  invoquer  l'éclat  plus  grand  des  facules  de  (A),  le  3i  octobre, 
annoncé  dans  la  derniÚre  séance  par  un  fervent  observateur  du  Soleil, 
M.  QuĂ©nisset,  qui  assure  mĂȘme  les  avoir  photographiĂ©es  sur  le  centre  du 
disque.  Mais  l'Ă©preuve  de  la  surface  solaire  faite  le  mĂȘme  jour  Ă   Meudon 
avec  l'appareil  puissant  de  M.  Janssen,  ne  montre  pas  ces  facules,  et  les 
positifs  sur  verre  des  épreuves  de  M.  Quénisset,  que  ce  dernier  a  eu  l'ama- 
bilité de  m'envoyer,  à  mon  avis,  ne  les  montrent  pas  non  plus.  Ces  facules 
apparaissent,  il  est  vrai,  plus  vives  que  les  autres,  le  5  novembre;  mais 
cela  peut  tenir  seulement  Ă   ce  qu'elles  sont  les  plus  voisines  du  bord. 

»  D'autre  part,  les  épreuves  de  la  chromospliÚre  entiÚre  et  des  protu- 
bérances du  bord,  faites  à  Meudon  les  3i  octobre,  2,  5,  6  et  7  novembre, 
ne  conduisent  pas  à  d'au  trÚs  résultats  (').  Les  groupes  (A)  et  (C)  détachent 
dans  la  chromosphére  d'énormes  masses  de  vapeurs  lumineuses;  mais  les 
vapeurs  de  (A)  sont  moins  Ă©tendues  que  celles  de  (C)  et  n'ont  pas  un 
éclat  supérieur  au  moins  dans  les  quelques  épreuves  qui  ont  été  faites.  Si, 
mĂȘme,  une  supĂ©rioritĂ©  d'Ă©clat  est  Ă   noter,  c'est  en  certains  petits  points  du 
groupe  (C)  et  le  6  novembre.  Les  protubérances  du  bord  et,  en  parti- 
culier, les  j)olaires  n'ont  rien  montré  qui  ait  paru  anormal. 

»  Cependant  les  mouvements  de  la  matiÚre  photosphérique  et  chromo- 
sphérique  sont  aussi  à  considérer.  Or  les  épreuves  faites  à  Meudon  en 
octobre  et  novembre  montrent  les  groupes  (A)  et  (C)  en  variation  conti- 
nuelle; leurs  taches  changent  de  forme  et  se  divisent;  de  mĂȘme  les 
vapeurs  de  la  chromosphére  au-dessus  de  ces  groupes  subissent  des 
changements  notables.  Mais,  le  3i  octobre,  cette  agitation,  qui  d'ailleurs 
est  fréquente  dans  les  taches  et  autour  d'elles,  n'a  pas  été  exceptionnelle, 
au  moins  sur  les  images  que  j'ai  eues  sous  les  yeux. 

»  La  remarque  précédente  ne  s'applique  qu'aux  mouvements  perpendi- 
culaires au  rayon  visuel;  or  les  mouvements  dans  le  sens  du  rayon  visuel 
ou  radiaux  peuvent  dans  le  cas  présent  avoir  une  influence  toute  spéciale. 


C)  Les  épreuves  qui  représentent  la  chroniospliére  moyenne  ont  été  faites  avec 
Taide  de  M.  d'Azanibuja.  On  a  fait  aussi  des  Ă©preuves  de  la  clironiospliĂšre  basse. 
D'autre  part,  les  images  de  la  photosphÚre,  dont  il  a  été  question  plus  haut,  obtenues 
avec  l'appareil  de  M.  Janssen,  sont  dues  Ă   MM.  Pasteur  et  Coroyer. 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    igo^.  SaS 

Mais  leur  étude  est  en  général  négligée  et  l'on  peut  dire  que,  sur  loo 
observations  du  Soleil,  99  an  moins  se  rapportent  aux  formes  et  non  aux 
mouvements.  A  Meudon,  il  est  vrai,  j'ai  organisé,  mais  pour  essais  seule- 
ment, des  enregistreurs  spéciaux  de  la  vitesse  radiale  de  la  chromosphÚre. 
Ces  appareils,  qui  d'ailleurs  sont  incomplets,  ne  sont  pas  employés  tous 
les  jours;  et  le  3i  on  n'en  a  pas  fait  us;ige,  l'orage  magnétique  n'ayant 
été  connu  à  l'observatoire  que  le  soir.  A  ma  connaissance  la  seule  obser- 
vation intéressante  dans  cet  ordre  de  recßherches  est  due  à  Fowler,  qui  le3i, 
vers  II'',  à  Londres,  a  noté  dans  la  tache  (A)  un  fort  déjjlacement  de  la 
raie  noire  C  de  l'hydrogÚne,  mais  cette  observation  a  été  faite  3  heures 
aprĂšs  le  commencement  de  l'orage  et  a  Ă©tĂ©  aussitĂŽt  arrĂȘtĂ©e  par  les  nuages('). 
»  Insuffisance  des  observations  actuelles  du  Soleil.  —  Telles  sont,  Ă   l'heure 
actuelle,  les  principales  indications  recueillies  sur  l'Ă©tat  du  Soleil  le  3i  oc- 
tobre; elles  ne  permettent  aucune  conclusion.  La  difficulté  principale 
subsiste  :  il  reste  à  trouver  le  phénomÚne  solaire  dont  l'intensité  soit  en 
rapport  avec  l'intensité  du  phénomÚne  terrestre.  Faut-il  admettre,  comme 
plusieurs  le  proposent,  d'autres  causes  extérieures  au  Soleil  (-),  agissant 
isolément  ou  en  accord  avec  la  pertnrhaLion  solaire?  Avant  de  s'engager 
dans  cette  voie,  il  convient,  Ă   mon  sens,  d'Ă©tudier  d'abord  Ă   fond  l'hypo- 
thĂšse plus  simple  qui  ramĂšne  le  tout  au  Soleil  seul.  Mais  alors  on  constate 
que  les  observations  solaires  actuelles  sont  en  réalité  insuffisantes  et 
incomplÚtes,  et  que  notre  ignorance  peut  tenir  simplement  à  ce  défaut. 

»  Les  phénomÚnes  solaires,  en  effet,  ne  sont  pas  relevés  d'une  maniÚre 
continue,  comme  les  variations  magnétiques  desquelles  on  les  rapproche; 
de  plus,  notre  attention  ne  s'est  pas  encore  portée  sur  les  éléments 
variables  du  Soleil  qui  ont  peut-ĂȘtre  l'importance  la  plus  grande.  Si  la 
cause  principale  est  une  perturliation  solaire,  analogue  Ă   une  explosion  et 
trĂšs  courte,  elle  peut  Ă©chapper  facilement  Ă   des  observations  discontinues. 
A  Meudon,  on  fait  seulement  par  jour  lUie  ou  deux  Ă©preuves  de  la  photo- 
sphÚre, une  ou  deux  épreuves  de  la  chromosphÚre  entiÚre  et  des  protubé- 
rances, parfois  une  Ă©preuve  des  vitesses  radiales;  les  ressources  en 
personnel  et  matériel  ne  permettent  pas  de  faire  plus. 

»  D'autre  part,  si  l'on  se  reporte  aux  Mémoires  sur  ces  questions,  on 
constate  que  l'astronome,  au  moment  de  l'observation  du  Soleil,  ignore  le 


(')  Nalui't:  anglaise,  p.  igoS,  novembre. 

(2)   I^armi  les  causes  extérieures  au  Soleil,  je  ne  compte  pas  les  dilTérences  d'incli- 
naison de  l'Ă©quateur  terrestre  par  rapport  Ă   la  lisne  Terre-Soleil. 


826  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

plus  souvent  s'il  y  a  ou  non  une  perturbation  de  l'aiguille  aimantĂ©e.  D'oĂč 
la  nécessité  d'organiser  des  avertisseurs  spéciaux  d'orages  magnétiques, 
lesquels  seront  utiles  mĂȘme  aux  Ă©tablissements  munis  d'enregistreurs  ma- 
gnétiques; car  les  feuilles  de  ces  enregislreurs  sont  changées  une  fois  seu- 
lement en  24  heures.  Les  établissements  intéressés  pourraient  aussi  s'en- 
tendre de  maniÚre  à  se  prévenir  réciproquement.  Alors  l'étude  du  Soleil 
serait  faite  le  mieux  possible  et  au  moment  le  plus  favorable. 

»  Déjà  en  1893  {Comptes  rendus,  t.  CXVII,  p.  716),  j'ai  réclamé  l'obser- 
vation continue  des  éléments  variables  du  Soleil.  J'ai  demandé  l'enregistre- 
ment  continu  :  1°  de  la  surface  ou  photosphÚre  par  la  photographie 
ordinaire;  2"  de  la  chromosphÚre  entiÚre,  basse,  movenne  et  supérieure  ('), 
avec  les  spectrographes  enregistreurs  dits  des  formes -/S"  des  vitesses  radiales 
de  la  chromosphĂšre  avec  les  spectrographes  enregistreurs  dits  des  vitesses. 
Les  appareils  nécessaires  au  Soleil  sont  plus  compliqués  que  les  enregis- 
treurs magnĂ©tiques;  mais  ils  ont  Ă©tĂ©  dĂ©jĂ   Ă©tudiĂ©s,  et  mĂȘme  en  partie  con- 
struits, àMeudou  en  particulier;  leur  succÚs  est  assuré,  la  dépense  annuelle 
étant  estimée  à  20  ooo"'  au  plus. 

»  L'enregistrement  devra  porter  surtout  sur  les  éléments  jusqu'alors 
négligés  qui  sont  les  vitesses  radiales  et  la  chromosphÚre  entiÚre  supérieure 
non  encore  obtenue.  Il  sera  possible  alors  de  vérifier  les  deux  théories  les 
plus  récentes  sur  l'action  directe  du  Soleil,  lesquelles  font  intervenir,  l'une, 
les  rayons  cathodiques  émis  par  la  chromosphÚre  supérieure  (Deslandres), 
et  l'autre  les  ions  rejetés  par  une  éruption  et  repoussés  ensuite  par  le 
rayonnement  solaire  (Arrhenius)  (^). 


(')  Ainsi  que  je  l'ai  indiqué,  en  1898  et  1S94,  on  obtient  Ja  chromosphÚre  basse  en 
isolant,  avec  le  spectrographe  enregistreur,  une  raie  noire  du  spectre  solaire;  pour  la 
chromosphĂšre  moyenne,  on  isole  la  raie  brillante  K  du  calcium;  pour  avoir  la  chro- 
mosphÚre supérieure,  il  faut  isoler  la  raie  noire  qui,  avec  une  forte  dispersion,  appa- 
raßt au  milieu  de  la  raie  brillante  précédente.  Maie  et  moi  nous  avons  obtenu  rima"^e 
de  la  chromosphÚre  moyenne;  jusqu'à  présent,  j'ai  obtenu  seul,  en  1894,  des  images 
de  la  chromosphÚre  basse.  Mais  la  chromosphÚre  supérieure  n'a  pas  été  encore 
abordée;  elle  exige  des  appareils  plus  compliqués.  Probablement,  dans  la  question 
qui  nous  occupe,  elle  a  une  importance  toute  spéciale. 

(')  Les  deuv  théories  se  confondent  dans  une  certaine  mesure;  elles  admettent  des 
jets  de  particules  éleclrisées,  à  peu  prÚs  normaux  à  la  surface  solaire.  Les  particula- 
rités du  phénomÚne  (relard  par  rapport  au  passage  dans  le  méridien  central  intensités 
variables  des  orages  magnétiques)  sont  attribuables  aux  écarts  des  jets  i«r  rapport  à 
la  normale  au  Soleil  et  aux  vitesses  variables  des  particules. 


SÉANCE  DU  23  NOVEMBRE  igoS.  827 

»  Ces  enregistreurs  devront  ĂȘtre  Ă©tablis  sur  plusieurs  points  Ă©loignĂ©s 
du  globe,  pour  que  l'Ă©luile  du  S  .leil  soit  absolument  continue.  De  plus,  les 
enregistreurs  devront  ĂȘtre  construits  sur  le  mĂȘme  type.  Dans  cet  ordre 
d'idées,  la  Société  astronomique  de  France  a  déjà,  sur  ma  demande, 
rĂ©clamĂ©  Ă   tous  les  observateurs  des  images  solaires  de  mĂȘmes  dimensions, 
aussi  comparables  que  possible.  Celte  question  est  d'ailleurs  de  celles  qui 
seraient  utilement  soumises  à  un  CongrÚs  international.  » 


GÉOLOGIE.   —  Sur  la  signification  gĂ©ologique  des  anomalies  de  la  gravitĂ©. 

Note  de  M.  de  Lapp.vkent. 

«  Je  crois  opportun  d'appeler  l'attention  de  l'Académie  sur  certaines 
conséquences  tbéoriques  particuliÚrement  intéressantes,  auxquelles  con- 
duit la  discussion  des  derniĂšres  observations  relatives  aux  variations  de  la 
pesanteur  Ă   la  surface  du  globe. 

»  De|niis  que  les  perfectionnements  apportés  au  maniement  du  pendule 
ont  permis  d'imprimer  une  grande  précision  aux  mesures  et  de  les  rendre 
tout  à  fait  comparables,  on  a  pu  en  déikiire  certains  résultats  généraux 
qui,  jusqu'alors,  ne  pouvaient  ĂȘtre  prĂ©sentĂ©s  qu'avec  grande  rĂ©serve.  Le 
plus  saillant,  tel  qu'il  a  été  formulé  lors  du  dernier  CongrÚs  géodésique 
international,  serait  le  suivant  :  La  pesanteur  parait  ĂȘtre  en  excĂšs  sensible  sur 
les  mers,  tandis  qu'elle  est  en  déficit  sur  les  continents. 

»  De  cette  loi,  acceptée  comme  un  fait  d'expérience,  on  a  tiré  diverses 
conséquences  relativement  à  la  constitution  de  l'écorce  terrestre.  Je  rap- 
pellerai seulement  l'hypothĂšse  de  M.  Faye,  que  j'ai  combattue  en  son 
temps,  sur  l'excÚs  de  densité  qu'aurait  communiqué,  à  la  partie  sous-marine 
de  l'écorce,  le  contact  prolongé  des  eaux  froides  qui  occupent  générale- 
ment le  fond  des  mers. 

»  Récemment,  M.  Ricco,  directeur  de  l'observatoire  de  Catane,  a  publié 
une  Note  importante  ('  )  sur  le  résultai  des  études  auxquelles  il  s'était  livré 
relativement  aux  anomalies  de  la  gravité  dans  le  sud  de  l'Italie  et  la  Sicile. 

»  Il  résulte  de  ces  recherches  que  l'anomalie  de  la  pesanteur,  nulle  ou 
presque  nulle,  soit  au  sommet  de  l'Etna,  soit  sur  la  chaĂźne  des  Apennins  au 
nord  de  Naples,  augmente  constamment  quand  on  descend  vers  le  rivage, 

('  )  Riassunto  duUadeterminazioiĂčdi  ^'ravita,  etc.  {BendicuiilideLbi H.  Accadeinia 
dei  Lincei,  t.  XII,  p.  4S3,  21  juin  igoS). 


^28  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

mais  pas  d'une  maniĂšre  uniforme.  Les  plus  fortes  valeurs  de  cette  ano- 
malie sont,  en  unités  décimales  du  cinquiÚme  ordre  (la  valeur  de  l'accé- 
lération étant  donnée  en  mÚtres),  182  au  Stromboli,  i5i  à  Lipari  ainsi 
qu'Ă   l'izzo  (Calabre),  174  Ă   Augusta  (entre  Syracuse  et  Catane),  i  i4  Ă  
Castellamare  di  Slabbin,  devant  Naples. 

)-  En  traçant,  à  l'aide  des  observations  faites  en  43  stations,  les  courbes 
isanomales,  jNI.  Ricco  a  reconnu  qu'elles  se  conformaient  exactement,  d'un 
cÎté,  au  contour  de  la  merTyrrliénienne,  de  l'autre  à  celui  de  la  mer  Ionienne, 
et  que,  de  plus,  les  régions  sur  lesquelles  les  courbes  étaient  le  plus  serrétes 
coĂŻncidaient  justement  avec  celles  que  la  statistique  des  observations 
sismiques  désigne  comme  étant  les  plus  sujettes  aux  tremblements  de 
terre;  par  exemple,  le  pays  compris  entre  le  sommet  de  l'Etna  et  Catane. 
D'autre  part,  si  de  l'Etna  on  se  dirige  au  sud-ouest,  versPantelleria,  il  faut, 
pour  passer  de  o  Ă   i4o,  faire  10  fois  plus  de  chemin  que  dans  la  direction 
du  sud-est. 

»  La  signification  de  ces  résultats  se  précise,  lorsqu'on  les  rapproche  de 
ce  que  nous  enseignent  les  cartes  hydrographiques.  En  effet,  on  constate 
que,  sur  tout  son  pourtour,  la  profondeur  de  la  mer  Tyrrhénienne  passe 
trùs  vite  de  o'"  à  3oooℱ,  pour  atteindre  SySiℱ  dans  le  fond  de  la  fosse  dont 
l'Italie,  la  Sicile  et  la  Sardaigne  définissent  le  périmÚtre.  Non  moins  rapide 
est  la  descente  de  la  cĂŽte  sicilienne  Ă   la  fosse  ionienne,  dont  le  fond 
atteint  agĂŽS"". 

»  On  sait  d'ailleurs  que  l'eau  qui  garnit  ces  fosses  se  maintient  à  une 
température  constante  de  i3°,  d'oii  il  suit  qu'aucune  cause  de  refroidis- 
sement superficiel  n'a  pu  y  augmenter  la  densité  de  l'écorce. 

»  Ce  n'est  donc  pas  parce  qu'on  passe  du  domaine  terrestre  au  domaine 
maritime  que  l'anomalie  s'accroĂźt.  C'est  parce  qu'on  se  trouve  sur  une 
région  parliculiÚre  de  dislocation,  au  contact  de  deux  compartiments,  dont 
l'un  s'affaisse  et,  par  conséquent,  doit  se  comprimer  en  s' écrasant,  tandis 
que  l'autre,  ou  bien  demeure  stable,  ou  s'Ă©lĂšve;  auquel  cas  il  y  a  des 
chances  pour  qu'il  s'y  produise  des  vides,  susceptibles  de  se  traduire  par 
une  anomalie  négative. 

»  DÚs  lors  il  devient  probable  que  le  fait  général  d'un  excÚs  de  pesan- 
teur sur  les  mers  doit  tenir  Ă   quelque  cause  de  ce  genre.  En  effet,  les 
observations  qui  ont  surtout  servi  a  l'Ă©tablir  sont  celles  qu'on  a  faites  sur 
les  Ăźles  du  Pacifique  occidental,  en  particulier  sur  la  fameuse  Ăźle  Bonin, 
située  à  grande  distance  de  la  cÎte  A'^iatique,  sur  la  traßnée  d'ßlots  qui  réunit 
le  Japon  aux  Ăźles  Mariannes,  et  oĂč  l'anomalie  positive  dĂ©passe  267  unitĂ©s  de 


SÉANCE  DU  23  NOVEMBRE  ipoS.  82q 

cinquiÚme  ordre.  Or,  cette  Iraßnéeest  justement  bordée  par  deux  grandes 
fosses  sous-marines,  dont  celle  de  l'est  offre  rapidement  des  fonds  supé- 
rieurs Ă   Goooℱ.  Il  est  donc  lĂ©gitime  de  penser  que.  dans  ce  cas,  ce  n'est 
pas  le  voisinage  de  la  mer,  en  tant  que  mer,  mais  celui  de  la  fosse  excep- 
tionnelle, qui  se  traduit  par  l'augmentation  de  la  constante  de  la  gravité- 

»  L'hypothÚse  que  nous  formulons  ici  reçoit,  ce  nous  semble,  une 
grande  force  des  constatations  récemment  faites  sur  l'océan  Atlantique. 
Sur  l'initiative  de  M.  Helmert,  et  moyennant  un  subside  de  l'Association 
géodésique  internationale,  M.  Hecker  (')  a  poursuivi,  durant  un  voyage 
entre  Hambourg  et  Rio-Janeiro,  une  série  de  déterminations  de  la  pesan- 
teur à  l'aide  de  la  méthode  proposée  par  M.  Guillaume,  et  rendue  pratique 
parM.  Mohn,  méthode  qui  consiste  à  combiner  les  indications  du  baro- 
mÚtre avec  celles  de  l'hypsomÚtre,  ou  appareil  pour  mesurer  la  tempéra- 
ture d'ébullition  de  l'eau.  Favorisé  par  un  temps  calme,  M.  Hecker  a  pu 
effectuer,  à  bord  du  navire,  des  mesures  trÚs  précises,  et,  à  la  grande 
surprise  de  ceux  qui  s'attendaient  Ă   rencontrer  un  excĂšs  de  pesanteur  sur 
la  mer,  il  a  constaté  que,  sur  toute  l'étendue  comprise  entre  Lisbonne  et  Bahia. 
par  des  profondeurs  allant  Ă   3{3oo"',  par/ois  ci  45ooℱ,  la  valeur  de  la  gravitĂ© 
est  absolument  normale  et  telle  quelle  devrait  cire,  Ă   latitude  Ă©gale,  pour 
la  terre  ferme  au  niveau  de  la  mer. 

»  On  ne  saurait  souhaiter  une  vérification  plus  complÚte  de  notre  prévi- 
sion. En  effet,  Ă   l'inverse  du  Pacifique  occidental,  le  fond  de  l'Atlantique, 
entre  Lisbonne  et  Bahia,  aflÚcte  une  allure  trÚs  réguliÚre.  Les  profondeurs 
y  varient  graduellement.  Nulle  part,  sur  ce  parcours,  on  ne  rencontre 
ni  ne  cĂŽtoie  de  fosses  indiquant  de  grands  effondrements. 

»  MĂȘme  la  vĂ©rification  est  encore  plus  complĂšte  qu'on  ne  se  le  figure- 
rait d'aprÚs  le  résultat  général  énoncé  par  M.  Hecker.  Eu  effet,  si  l'on 
consulte,  dans  le  Mémoire  de  ce  savant,  le  Tableau  résumé  des  anomalies 
moyennes  par  sections  de  la  traversée,  on  reconnaßt  que,  au  milieu  de 
chiffres  en  général  minimes,  dont  beaucoup  n'atteignent  pas  lo  unités  du 
cinquiĂšme  ordre,  il  se  manifeste  trois  maxima  principaux,  Ă©gaux  respecti- 
vement à  -+-  i/jG,  +  58  et  +  1 14  unités  de  cet  ordre.  Or  le  premier  maxi- 
mum coĂŻncide  avec  le  passage  brusque  du  banc  de  Gettysburg  aux  grandes 
profondeurs  qui  précÚdent  les  ßles  Canaries;  le  deuxiÚme  marque  la  chute 


(')  Heljiert,  Sitziingsbcriclile  der  k.  pretiss.  Akademie  der  Wissenschaflen  zii 

Berlin,  t. Wlll,  1902,  p.  126.    —   Hecker,    Verîffcnllichung  des  k.  preiiss.  geoddt. 
InslLltiles,  igoS. 

C.   R.,  .yo3,  a-  Semestre.  (T.   CXXXVII,  N"  21.)  IO9 


83o  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

rapide  qui  a  lieu  entre  l'ilot  de  Saint-Paul  et  l'Ă©quateur.  Enfin,  le  troi- 
siÚme répond  au  brusque  relÚvement  du  fond  aux  approches  du  cap  bré- 
silien de  Saint-Roch. 

»  Il  y  a  mieux  :  de  Hambourg  jusqu'au  large  de  la  Bretagne,  de  la  mer 
du  Nord  et  la  Manche,  l'Ă©cart  de  la  gravitĂ©  n'avait  Ă©tĂ©  que  de  —  i3  unitĂ©s; 
en  passant  sur  le  talus  sous-marin  trÚs  raide  qui  précÚde  la  fosse  de  Bis- 
caye, l'anomalie,  toujours  nĂ©gative,  s'est  Ă©levĂ©e  Ă   — 177.  Redevenue 
presque  nulle  le  long  du  Portugal,  elle  a  passé  brusquement  à  +i52 
devant  l'embouchure  du  Tage,  c'est-à-dire  à  proximité  d'une  fosse  atlan- 
tique de  5oooℱ. 

»  En  définitive,  la  campagne  atlantique  de  M.  Hecker  me  semble  apporter 
une  brillante  confirmation  des  rapprochements  Ă©tablis  par  M.  Ricco,  et 
cette  confirmation  a  d'autant  plus  de  prix  qu'elle  est  spontanée,  M.  Hecker 
ne  paraissant  pas  avoir  soupçonné  la  raison  des  écarts  qu'il  enregistrait. 

»  Ajoutons  que,  lors  de  la  mémorable  campagne  du  Fram,  Nansen  a 
exécuté,  sur  la  mer  gelée  et  en  repos,  des  mesures  pendulaires,  desquelles 
il  résultait  que,  dans  les  parages  arctiques,  la  gravité  n'offrait  aucune  ano- 
malie. Enfin  je  rappellerai  que,  lors  du  CongrÚs  géodésique  international, 
il  a  été  établi  que,  la  valeur  de  la  gravité  paraissant  normale  sur  les  cÎtes 
de  la  mer  du  Nord,  celles  de  la  Méditerranée  présentaient  en  moyenne  une 
anomalie  positive  sensible,  égale  à  29  unités  du  cinquiÚme  ordre.  Or  la 
mer  du  Nord,  dont  la  profondeur  est  trĂšs  faible,  ne  porte  aucune  trace  de 
dislocations,  tandis  que  la  Méditerranée  est  partagée,  comme  on  sait,  en 
une  série  de  cuvettes  indépendantes,  qui  sont  de  véritables  abßmes  :  fosse 
ionienne,  fosse  tyrrhénienne,  fosse  des  Baléares,  f  )sse  adriatique,  fosse  de 
Malle,  etc.  La  premiĂšre  mer  est  un  bassin  d'Ă©rosion;  la  seconde  un  bassin 
de  dislocations. 

»  Il  convient  aussi  d'insister  sur  ce  fait  que  le  plus  grand  déficit  de 
pesanteur  qui  ait  été  enregistré,  et  qui  se  traduit,  sur  l'accélération  due  à 
la  gravité,  par  une  diminution  de  cinq  millimÚtres,  se  produit  sur  l'Hima- 
laya, c'est-Ă -dire  le  plus  saillant  de  tous  les  bourrelets  de  dislocation  de 
notre  globe. 

))  Je  crois  donc  qu'il  est  permis,  jusqu'à  nouvel  ordre,  de  prétendre  que, 
la  mer  d'un  cÎté,  les  continents  de  l'autre,  n'interviennent  dans  les  varia- 
tions de  la  pesanteur  que  lĂ   oĂč  une  dislocation  met  en  contact  un  compar- 
timent qui  s'Ă©crase  et  un  autre  qui  reste  fixe  ou  se  relĂšve.  A  ce  point  de 
vue,  il  me  parait  qu'il  y  aurait  grand  profit  à  tirer  d'une  étude  systéma- 
tique, entreprise  avec  des  pendules  perfectionnés,  tels  que  celui  du  colo- 


SÉANCE    DU    2'i    XOVEMBEE    I9o3.  83 1 

nel  DelForges,  et  portant  de  préférence  sur  les  régions  de  la  Terre  affectées 
de  brusques  dislocations.  Par  exemple,  il  est  vraisemblable  qu'on  trou- 
verait un  gradient  trÚs  accentué,  c'est-à-dire  un  rapprochement  marqué 
des  courbes  isanomales,  en  mĂȘme  temps  qu'une  grande  marge  de  varia- 
tions, en  expérimentant  sur  tout  le  versant  méridional  des  monts  Célestes 
de  l'Asie,  oĂč  des  cimes  de  Gooo'"  d'altitiule  font  directement  face  Ă   des 
dépressions  qui  vont,  comme  celle  de  Liouklchoun,  jusqu'à  descendre  au- 
dessous  tlu  niveau  de  la  mer;  ou  encore  sur  la  pente  méridionale  des 
Alpes,  en  descendant  vers  le  PiĂ©mont.  De  la  mĂȘme  façon,  la  comparaison 
des  chiffres  trouvés  sur  les  ßles  du  Pacifique,  selon  qu'elles  seraient  plus 
ou  moins  voisines  des  fosses  rapidement  approfondies,  soumettrait  l'hypo- 
thÚse à  un  contrÎle  décisif. 

»  On  peut  ajouter  que,  mĂȘme  dans  les  contrĂ©es  oĂč  la  surface  ne  laisse 
rien  voir,  la  constatation  des  anomalies  de  la  gravité,  s'il  s'en  produisait, 
deviendrait  un  moven  de  diagnostiquer  des  dislocations  cachées  en  profon- 
deur. Enfin  la  relation  des  régions  sismiques  avec  les  rapides  variations 
de  l'anomalie  montre  qu'un  tel  genre  d'Ă©tuiles  serait  Ă©minemment  propre 
à  faire  connaßtre  celles  des  contrées  de  notre  globe  qui  peuvent  avoir  le 
plus  Ă   compter  avec  le  danger  des  tremblements  de  terre. 

»  Pour  toutes  ces  raisons,  nous  nous  permettons  de  recommander  la 
poursuite  de  ces  études  systématiques  à  tous  les  géodésiens,  non  plus  seu- 
lement Ă   cause  de  leur  importance  au  regard  de  la  physique  du  globe,  mais 
en  raison  du  grand  secours  qu'elles  peuvent  apporter  Ă   la  connaissance 
des  parties  invisibles  de  l'écorce  terrestre.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  Le  renforcement  (fuĂ©pruityc  l'action  exercĂ©e  sur  l' Ɠil  par  un 
faisceau  de  lumiÚre,  lorsque  ce  faisceau  est  accompagné  de  rayons  n.  Note 
de  M.  R.  Blo.vdlot. 

«  En  étudiant  l'emmagasinement  des  rayons  n  par  diiïérents  corps,  j'ai 
eu  l'occasion  d'observer  un  phénomÚne  inattendu.  J'avais  les  yeux  fixés 
sur  une  petite  bande  de  papier  faiblement  éclairée,  éloignée  de  moi  d'en- 
viron i"";  une  brique,  dont  l'une  des  faces  avait  été  insolée,  ayant  été  ap- 
prochée latéralement  du  faisceau  lumini'iix,  la  face  insolée  tournée  vers 
moi  et  Ă   quelques  diamĂštres  de  mes  yeux,  je  vis  la  bande  de  papier  prendre 
un  plus  grand  Ă©clat;  lorsque  j'Ă©loignais  la  brique,  ou  lorsque  je  tournais 
vers  moi  la  face  non  insolée,  le  papier  s'assombrissait.  Afin  d'écarter  toute 


832  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

possibilité  d'illusion,  je  disposai  à  demeure  une  boßte  fermée  par  un  cou- 
vercle et  revĂȘtue  de  papier  noir  :  c'est  dans  cette  IjoĂźte  complĂštement  close 
que  l'on  plaçait  la  brique,  et,  de  cette  façon,  le  fond  obscur  sur  lequel  la 
bande  de  papier  se  détachait  demeurait  rigoureusement  invariable;  l'effet 
observĂ©  resta  le  mĂȘme.  I/ex|)Ă©rience  peut  ĂȘtre  variĂ©e  de  diffĂ©rentes  ma- 
niĂšres :  par  exemple,  les  volets  du  laboratoire  Ă©tant  jjresque  clos  et  le 
cadran  de  l'horloge  fixée  au  mur  assez  faiblement  éclairé  pour  que,  à  la 
distance  de  4"j  on  l'entrevoie  tout  juste  sous  la  forme  d'une  tache  grise  sans 
contours  arrĂȘtĂ©s,  si  l'observateur,  sans  changer  de  place,  vient  Ă   diriger 
vers  ses  yeux  les  rayons  n  émis  par  une  brique  ou  un  caillou  préalablement 
insolés,  il  voit  le  cadran  blanchir,  distingue  nettement  son  contour  circu- 
laire, et  peut  mĂȘme  parvenir  Ă   voir  les  aiguilles;  lorsque  l'on  supprime 
les  rayons  n,  le  cadran  s'assombrit  de  nouveau.  Ni  la  production  ni  la  ces- 
sation de  ce  phénomÚne  ne  sont  instantanées. 

»  Comme,  dans  ces  expériences,  l'objet  lumineux  est  placé  trÚs  loin  de 
la  source  de  rayons  n,  et  comme  d'ailleurs,  pour  que  l'expérience  réus- 
sisse, il  faut  que  ces  rayons  soient  dirigés,  non  vers  cet  objet,  mais  vers 
l'Ɠil,  il  s'ensuit  qu'il  ne  s'agit  pas  ici  d'une  augmentation  de  l'Ă©mission 
d'un  corps  lumineux  sous  l'influence  des  rayons  «,  mais  bien  du  renforce- 
ment de  l'action  reçue  par  l'Ɠil,  renforcement  du  aux  rayons  n  qui  se 
joignent  aux  rayons  Ăźle  lumiĂšre. 

»  Ce  fait  m'étonna  d'autant  plus  que,  comme  la  moindre  couche  d'eau 
arrĂȘte  les  rayons  n,  il  semblait  invraisemblable  qu'ils  pussent  pĂ©nĂ©trer 
dans  l'oeil,  dont  les  humeurs  renferment  plus  de  98,6  pour  100  d'eau 
(Lohmeyer)  :  il  fallait  que  la  petite  quantité  de  sels  contenue  dans  ces 
humeurs  les  rendĂźt  transparentes  pour  les  rayons  n.  Mais  alors  de  l'eau 
salĂ©e  devait,  selon  toute  probabilitĂ©,  ĂȘtre  elle-mĂȘme  transparente  ;  l'ex- 
périence prouve  (ju'elle  l'est  en  effet  :  tandis  qu'une  feuille  de  pajßier 
mouillĂ©  arrĂȘte  totalement  les  rayons  «,  l'interposition  d'un  vase  en  verre 
de  BohĂȘme  de  4*^ℱ  de  diamĂštre,  rempli  d'eau  salĂ©e,  les  laisse  passer  sans 
affaiblissement  sensible.  Une  trÚs  faible  quantité  de  chlorure  de  sodium 
suffit  pour  rendre  l'eau  transparente. 

»  Il  y  a  plus  :  l'eau  salée  emmagasine  les  rayons  n,  et,  dans  les  expé- 
riences décrites  plus  haut,  on  peut  remplacer  la  brique  par  un  vase  en 
verre  mince,  rempli  d'eau  salée,  et  préalablement  insolé  :  l'effet  est  trÚs 
marqué.  Il  est  bien  dû  à  l'eau  salée,  car  le  vase  \  iile  n'en  produit  aucune. 
C'est  là  un  exemjjle  unique  d'un  phénomÚne  de  phosphorescence  dans  un 
corps  liquide  ;   il  est  vrai  que  les  longueurs  d'onde  des  rayons  n  sont  trĂšs 


SÉANCE  DU  23  NOVEMBRE  I9o3.  833 

difTérentes  fie  celles  des  rayons  lumineux,  ainsi  qu'il  résulte  de  mesures 
que  je  compte  décrire  incessamment. 

»  Un  Ɠil  d'un  bƓuf  tuĂ©  de  la  veille,  dĂ©barrassĂ©  de  ses  muscles  et  des 
tissus  adhérents  à  la  sclérotique,  se  montra  transparent  pour  les  rayons  n 
dans  toutes  les  directions,  et  devenait  bii-uiĂȘme  actif  par  l'insolation;  c'est 
Femmagasinement  des  rayons  n  par  les  milieux  de  l'Ɠil  qui  est  la  cause 
des  retards  observés  tant  à  l'établissement  qu'à  la  cessation  des  phéno- 
mÚnes qui  font  l'objet  de  la  présente  Note. 

M  L'eau  de  la  mer  et  les  pierres  exposées  au  rayonnement  solaire  emma- 
gasinent des  rayons  n  qu'elles  restituent  ensuite.  Il  est  possible  que  ces 
actions  jouent  dans  certains  phénomÚnes  terrestres  un  rÎle  resté  jusqu'ici 
inaperçu.  Peut-ĂȘtre  aussi  les  rayons  n  ne  sont-ils  pas  sans  influence  sui-  cer- 
tains phénomÚnes  de  la  vie  animale  ou  végétale. 

»  Voici  encore  quelques  observations  relatives  au  renforcement  des 
rayons  lumineux  par  les  rayons  n. 

»  Il  suffit,  jjour  que  ce  phénomÚne  se  produise,  que  les  rayons  n  at- 
teignent l'Ɠil  n'importe  comment,  mĂȘme  latĂ©ralement;  ceci  semble  indi- 
quer que  l'Ɠil  de  l'observateur  se  comporte  comme  un  accumulateur  de 
rayons  n,  et  que  ce  sont  les  rayons  accumulĂ©s  dans  les  milieux  de  l'Ɠil 
qui  viennent  agir  sur  la  rétine  conjointement  avec  les  rayons  lumineux. 

»  Il  importe  peu  dans  ces  expériences  que  les  rayons  n  soient  émis  par 
un  corps  préalablement  insolé,  ou  que  ce  soient  des  rayons  primaires,  pro- 
duits j)ar  exemple  par  une  lampe  Nernst. 

»  L'hyposulfite  de  soude,  soit  à  l'état  solide,  soit  dissous  dans  l'eau, 
constitue  un  puissant  accumulateur  de  rayons  n.  » 

M.  Alfred  Picard  fait  hommage  à  l'Académie  des  Tomes  VI  et  VII  de 
son  Rapport  général  administratif  et  technique  sur  l'Exposition  universelle 
internationale  de  1900.  Ils  sont  spécialement  consacrés  aux  congrÚs,  aux 
concours  d'exercices  physiques,  aux  cĂ©rĂ©monies  et  fĂȘtes,  au  mouvement 
et  au  transport  des  visiteurs,  Ă   divers  services,  aux  concessions,  Ă   la  liqui- 
dation et  au  bilan  de  l'Exposition. 

«  Trois  Cha|)itres  mĂ©ritent  d'ĂȘtre  signalĂ©s  Ă   la  bienveillante  attention  Ăźle 
l'Académie  :  celui  des  CongrÚs,  celui  des  Concours  d'exercices  physiques 
et  celui  de  la  Plate-forme  mobile  Ă©lectrique  Ă©tablie  pour  le  transport  des 
visiteurs  dans  l'enceinte  urbaine. 

»  Les   CongrÚs,    au    nombre   de   127,   avaient   réuni  70000  adhérents. 


834  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

parmi  lesquels  beaucoup  plus  d'étrangers  que  par  le  passé.  Ils  ont  eu  un 
trÚs  vit  succÚs,  dont  une  large  part  revient  aux  membres  de  l'Académie 
des  Sciences,  appelés  à  en  diriger,  soit  la  préparation,  soit  les  débats.  De 
ces  CongrĂšs  sont  sortis  un  Ă©change  d'idĂ©es  sans  prĂ©cĂ©dent,  une  enquĂȘte 
précieuse  sur  les  diverses  branches  de  l'activité  humaine,  un  véritable 
inventaire  des  connaissances  au  sujet  d'une  multitude  de  questions,  une 
énorme  accumulation  de  matériaux  et  de  documents,  des  accords  de  la 
plus  haute  utilité  au  sujet  de  certaines  recherches  et  de  certaines  études. 
Dix  d'entre  eux  ont  abouti  Ă   des  unions  internationales.  Le  souvenir  de 
ces  belles  manifestations  est  fixé,  non  seulement  par  des  comptes  rendus 
sommaires  et  détaillés,  mais  aussi  par  des  Ouvrages  de  grande  valeur 
publiés  à  leur  occasion  et  concernant  la  Physique,  la  Médecine,  l'flygiÚne 
parisienne. 

»  Dans  l'organisation  des  Concours  d'exercices  physiques,  l'Administration 
devait  nécessairement  penser  aux  enseignements  scientifiques  qu'ils  étaient 
susceptibles  de  fournir.  M.  Marey,  avec  son  obligeance  inlassable  et  son 
absolu  dévoiiment  à  la  chose  publique,  a  bien  voulu  accepter  la  présidence 
d'une  commission  d'hygiÚne  et  de  physiologie  appelée  à  les  suiATe;  ses 
remarquables  études  chronophotographiques  ont  éclairé  d'un  jour  nou- 
veau l'action  musculaire,  les  mouvements  qui  en  dérivent,  le  mécanisme 
et  la  vitesse  de  ces  mouvements. 

»  La  Plate-forme  mobile  électrique  pour  le  transport  des  voyageurs  dans 
l'enceinte  urbaine  a  été  l'une  des  curiosités  de  l'Exposition  et  justifie,  par 
suite,  quelques  indications.  On  sait  que,  généralement,  les  engins  de 
transport  fonctionnent  par  intermittence.  Cependant,  l'idée  d'engins  con- 
tinus et  ses  applications  aux  marchandises  remontent  Ă   une  Ă©poque  fort 
lointaine,  du  moins  pour  les  parcours  de  faible  Ă©tendue  :  il  suffit  de  citer 
les  courroies  sans  fin,  les  chaĂźnes  Ă   godets,  les  norias.  En  ce  qui  concerne 
les  voyageurs,  la  conception,  si  sĂ©duisante  fĂčt-elle,  n'a  pris  corps  qu'assez 
récemment  et  s'est  traduite  sous  deux  formes  :  les  plans  inclinés  mobiles 
remplaçant  les  escaliers  et  les  planchers  roulants  horizontaux  ou  à  incli- 
naison peu  accentuée.  Plans  inclinés  mobiles  et  planchers  roulants  ont  un 
trait  commun,  la  continuité  dans  le  temps,  qui  permet  aux  passagers  de  les 
utilisera  un  mstant  quelconque  sans  délai  d'attente.  A  la  continuité  dans 
le  temps,  les  planchers  roulants  peuvent  ajouter  la  continuité  dans  l'espace, 
c  est-à-dire  la  faculté  d'embarquement  et  de  débarquement  en  un  point 
quelconque  du  parcours,  s'ils  se  développent  au  niveau  du  sol,  ou,  tout 
au  moins,  la  multiplicité  des  points  de  montée  et  de  descente  s'ils  passent 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    igoS.  835 

au-dessus  ou  au-dessous  du  terrain  nalurel.  Ils  présentent  une  merveilleuse 
capacité  de  trafic. 

»  C'est  de  1880  que  date  le  premier  brevet.  Deux  applications  ont  eu 
lieu  Ă   Chicago,  en  1893  et  Ă   Berlin,  en  1896.  Mais  elles  Ă©taient  d'impor- 
tance tout  Ă   fait  secondaire  relativement  Ă   celle  de  1900. 

»  Telle  qu'elle  a  été  exécutée  à  Paris,  la  plate-forme  mobile  électrique 
comprenait  un  trottoir  fixe  et  deux  trottoirs  mobiles  contigus  qui  se  dépla- 
çaient parallÚlement  au  premier  avec  des  vitesses  respectives  de  i""  et 
2ℱ  environ  par  seconde.  Les  voyageurs  accĂ©daient  du  trottoir  fixe  au  trot- 
toir Ă   faible  vitesse,  puis  au  trottoir  Ă   grande  vitesse,  ou  inversement. 

»  Chacun  des  trottoirs  mobiles  se  composait  d'une  chaßne  de  trucks, 
les  uns  convexes,  les  autres  concaves,  qui  alternaient  un  par  un,  s'emboĂź- 
taient réciproquement,  étaient  réunis  par  des  chevilles  ouvriÚres  et  for- 
maient un  ensemble  assez  souple  pour  passer  dans  des  courbes  de  faible 
rayon. 

»  Sous  les  chùssis  et  suivant  leur  axe  longitudinal  était  fixée  une  poutre 
en  forme  de  rail  renversé,  faite  de  tronçons  articulés.  Cette  poutre  reposait 
sur  des  galets  Ă   axe  fixe,  moteurs  ou  porteurs.  Les  galets  moteurs  rece- 
vaient le  mouvement  de  172  treuils  Ă©lectriques  d'une  force  de  5''^'^.  Des 
roues  adaptées  aux  trucks  convexes  roulaient  sur  des  rails-guides. 

))  La  rotation  des  galets  moteurs  entraßnait  par  adhérence  la  poutre 
axiale  et  les  trucks.  C'était  le  principe  des  chemins  de  fer,  mais  inversé. 
»  Au  totHl,  la  plate- forme  dĂ©veloppait  3370ℱ;  le  rayon  minimum  des 
courbes  était  de  oo""  et  la  déclivité  maximum  de  0,00875.  La  charge  morte 
atteignait  1800  tonnes;  la  surcharge  pouvait  s'Ă©lever  approximativement 
au  mĂȘme  chiffre. 

»  L'alimentation  se  faisait  par  du  courant  triphasé  à  5ooo  volts  et 
25  périodes  par  seconde,  transformé  en  courant  continu  à  5oo  volts. 

))  Au  début,  le  démarrage  a  exigé  2600  ampÚres  et  la  marche  800  am- 
pÚres. Cette  derniÚre  dépense  s'est  progressivement  abaissée  à  3io  ampÚres. 
»  Pendant  les  212  jours  de  fonctionnement,  il  n'y  a  eu  pour  ainsi  dire 
ni  accident  ni  incident  sérieux.  Des  statistiques  précises  ont  donné  :  pour 
le  parcours  du  trottoir  Ă   grande  vitesse.  19000'"";  pour  le  nombre  total 
des  passagers,  6654 000;  pour  le  maximum  journalier  de  la  circulation, 
120000  vovaeeurs.    « 


836  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


ASTRONOMIE.  —  PrĂ©sentation  du  Tome  X des  «  Annales  de  l'observatoire 
de  Bordeaux  ».  Note  de  M.  LƓwy. 

«  Le  Tome  X  des  Annales  de  r observatoire  de  Bordeaux,  que  j'ai  l'honneur 
de  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie,  renferme  :  un  Mémoire  de  M.  A.  Fé- 
raud  sur  la  convergence  des  coefficients  du  développement  de  la  fonction 
perturbatrice;  la  suite  des  recherches  de  M.  G.  Rayet  sur  le  climat  de  Bor- 
deaux pendant  les  dix  années  1891  à  1900;  la  série  des  observations  méri- 
diennes, équatoriales,  météorologiques  et  magnétiques  des  années  1894 
et  189K 

»  Le  travail  de  M.  A.  Féraud  est  la  continuation  de  ceux  qu'il  a  publiés 
dans  le  Tome  VIII  des  Annales  de  Bordeaux.  Dans  le  MĂ©moire  actuel  il 
recherche  la  limite  de  convergence  des  coefficients  de  la  fonction  pertur- 
batrice dans  les  deux  cas  suivants  :  1°  L'une  des  orbites  est  circulant, 
l'autre  elliptique  et  le  grand  axe  de  l'orbite  elliptique  est  confondu  avec  la 
ligne  des  nƓuds;  trente-quatre  petites  planùtes  remplissent  sensiblement 
ces  conditions;  2°  L'une  des  orbites  est  circulaire  et  l'autre  elliptique  et  le 
grand  axe  de  l'orbite  elliptique  est  perpendiculaire  à  la  ligne  des  nƓuds; 
le  nombre  des  planĂštes  pour  lesquelles  ces  conditions  sont  appi'oxi- 
mativement  réalisées   n'est   i)as  moindre  de  soixante  et  une.   Pour  trois 

des  planÚtes  de  ce  dernier  groupe  les  développements  en  sin-  ^  et  cos=-< 

déjà  emplovés  par  Tisserand  pourPallas,  sont  d'ailleurs  les  seuls  possibles: 
c'est  une  recherche  d'une  importante  actualité. 

M  Le  MĂ©moire  de  M.  G.  Rayet  est  la  suite  de  ses  travaux  sur  le  climat 
de  Bordeaux;  il  y  compare  le  climat  de  1891  à  1900  avec  les  données 
relatives  aux  années  antérieures.  Cette  comparaison  démontre  qu'il  y  a, 
dans  le  climat  de  Bonleaux,  une  stabilité  relative  tenant  à  ce  que  le  golfe 
de  Gascogne  n'est  pas  directement  intĂ©ressĂ©  par  les  grandes  tempĂȘtes 
d'équinoxe  qui  sévissent  surtout  sur  la  Manche  et  la  mer  du  Nord. 

»  I.es  observations  astronomiques  sont  publiées  sous  la  forme  ordinaire. 
Le  Volume  actuel  renferme  notamment  5354  observations  méridiennes 
effectuées  dans  les  années  1894  et  1895,  et  qui  ont  eu  pour  principal 
objet  la  revision  des  positions  des  Ă©toiles  du  Catalogue  d' Argelander- 
OEltzen,  comprises  entre  i5°  et  20°  de  déclinaison  australe. 

))    L'ensemble   des  matiĂšres  contenues  dans  le  Tome  X  des  Annales  de 


SÉANCE    DU    23    NOVi;.\IBRE    IpoS.  Siy 

l'observatoire  de  Bordeaux  fait  preuve  de  l'activité  féconde  et  variée  de  cet 
établissement  scientifique.    » 


M.  Adolphe  Carxot  f;iit  hommage  à  l'Académie  du  Tome  II  de  son 
Traité  d'analyse  des  substances  minérales.  Il  ajoute  : 

«  Le  premier  Volume  de  cet  Ouvrage  a  été  consacré  à  l'exposition  des 
différentes  méthodes  appliquées  à  l'examen  qualitatif  et  à  l'analyse  quanti- 
tative des  substances  minérales. 

))  Le  Tome  II  comprend  l'étude  analytique  des  éléments  appelés  métal- 
loïdes, par  opposition  aux  métaux  qui  seront  étudiés  dans  la  suite. 

»  J'ai  cru  devoir  élargir  un  peu  la  catégorie  assez  élastique  des  métal- 
loïdes, pour  y  faire  entrer,  à  cÎté  des  éléments  qui  sont  ainsi  désignés 
depuis  longtemps  et  de  ceux  de  découverte  récente  qui  leur  sont  entiÚre- 
ment semblables,  plusieurs  éléments  rares,  que  leurs  propriétés  et  celles 
de  leurs  principaux  composés  rapprochent  incontestablement  des  métal- 
loĂŻdes classiques.  Tels  le  germanium,  le  titane,  le  tantale,  le  niobium,  le 
tungstĂšne,  le  molybdĂšne,  le  vanadium. 

»  L'introduction  de  faibles  quantités  de  ces  éléments  dans  les  métaux, 
notamment  dans  le  fer,  en  modifie  proff)ndément  les  qualités,  aussi  bien 
que  l'introduction  du  carbone,  du  silicium,  du  soufre,  du  phosphore.  Il 
Ă©tait  donc  intĂ©ressant  de  faire  passer  leur  Ă©tude  avant  celle  des  aciers,  oĂč 
l'on  peut  avoir  Ă   les  reconnaĂźtre  et  Ă   les  doser. 

»  L'Ă©tude  de  chaque  Ă©lĂ©ment  forme  un  Chapitre  distinct,  oĂč  sont 
exposés  :  son  état  naturel,  ses  propriétés  et  celles  de  ses  principaux  com- 
posés, leurs  caractÚres  distinctifs,  les  procédés  de  recherche  qualitative  et 
les  méthodes  de  dosage,  ainsi  que  les  méthodes  de  séparation  entre  l'élé- 
ment en  question  et  les  éléments  précédemment  étudiés.    » 


NOMINATIONS. 

L'Académie  procÚde,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un 
Membre,  dans  la  Section  de  GĂ©ographie  et  Navigation,  pour  remplir  la 
place  laissée  vacante  par  le  décÚs  de  iM.  de  Bussy. 

C.  R.,  1903,  1'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  21.)  l  lO 


838  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  Ă©tant  53, 

M.  Emile  Bertin      obtient ^9  sufFrages 

M.  Ch.  Lallemand        »        3        » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  Emile  Berti.v,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suH'rugcs,  est 
proclamé  élu.  Sa  nomination  sera  soumise  à  l'approbation  du  Président 
de  la  RĂ©publique. 

L'Académie  procÚde,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'une  Com- 
mission qui  sera  chargée  de  présenter  une  liste  de  candidats  pour  la  chaire 
d'Histoire  générale  des  Sciences,  actuellement  vacante  au  CollÚge  de 
France. 

Cette  Commission  doit  comprendre  trois  Membres  choisis  dans  les  Sec- 
lions  de  Sciences  mathématiques,  trois  Membres  des  Sections  de  Sciences 
physiques  et  le  Président  en  exercice. 

Les  Membres  qui  ont  obtenu  le  plus  de  voix  sont  : 

Pour  les  Sections  de  Sciences  mathématiques  :  MM.  Jordan,  Mascart, 
Darrol'x; 

Pour  les  Sections  de  Sciences  physiques  :  MM.  SĂźioktiiki.ot,  de  Lappauext, 
Pekrier. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  piÚces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Ouvrage  ayant  pour  tilre  :  «  Résultats  des  campagnes  scienti- 
fiques accomplies  sur  son  yacht  par  Albert  F''.  Prince  souverain  de  Monaco, 
publiés  sous  sa  direction  avec  le  concours  de  M.  Jules  Richard.  Fascicule 
XXIII  :  Bryozoaires  provenant  des  campagnes  de  ['Hirondelle  (i  886-1888), 
par  Jules  Jullien  el  Louis  Calçet;  Fascicule  XXIV  :  Recherches  sur  l'existence 
normale  de  l'arsenic  dans  l'organisme,  par  Gabriel  Bertrand.  » 

2.°  La  deuxiĂšme  Ă©dition  des  «■  Nouveaux  Ă©lĂ©ments  de  GĂ©omĂ©trie  »  de 
M.  Charles  MĂȘrav. 

3"   Un  Ouvrage  iulilulé  :  k  La  Mécanique,  exposé  historirpie  et  critique 


SÉANCE    DU    2'^    NOVEMBRE    ipoS.  83ç) 

de  son  développement  »,  par  M.  Ernst  Mach;  traduction  française  par 
M.  É.  Bertrand.  (PrĂ©sentĂ©  par  M.  Emile  Picard,  j 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  -  Sur  les  Ă©quations  fonctionnelles  et  la  thĂ©orie 
des  sĂ©ries  divergentes.  Note  de  JM.  L.  Fe.!Ek,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  Ém. 
Picard. 

«  La  thĂ©orie  des  sĂ©ries  divergentes  peut  ĂȘtre  utile  dans  la  rĂ©solution  de 
quelques  Ă©quations  fonctionnelles  classiques;  c'est  ce  que  nous  nous  propo- 
sons de  montrer, 

■»    1.   Prenons  l'Ă©quation 

(i)  A,/ a;  +  1) +  '}/,(■'')  =  '^*- 

Il  est  bien  naturel  de  partir  de  la  série 

.2*—  Cr  -+-  !)'■  +  (.(■  +  2)*  — .  .  . 

qui  satisfait  formellement  Ă   (t).  Elle  est  divergente  pour  toutes  valeurs 
de  X,  mais  sommable  dans  le  sens  de  M.  Borel,  et  la  somme  Çun  polynîme  de 
degré k)  satisfait  à  l'équation  (i).  En  effet,  l'intégrale 

"  1    n  =  (l  J  ~"  L"="  J 

a  un  sens  quel  que  soit  x.  Pour  le  montrer,  remarquons  que 

oĂč  les  fonctions  ^..^(j)  (v  =  o,  i ,  2,  . . .  j  se  dĂ©terminent  par  la  relation  rĂ©cur- 
rente 

(2)  lo(r)  =  e--,  XX=-)  =  z'!^^^^  (v  =  .,2,3 ^.), 

et,  par  suite, 

\{z)  =  e-^l>..{z), 

/>^(s)  désignant  un  polynÎme  de  degré  v.  La  convergence  est  donc  prouvée. 
Si  l'on  pose 

(3)  C.,=  f    e-'l.,(  =  )dz         (v  =  o,i,2,3,...\ 


8'|0  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

on  obtient 

(4)  j'A-(^-)=;v(f)-c,x'*-^ 

))  On  voit  aussi  facilement,  a  priori  [c'est-Ă -dire  sans  employer  la 
forme  (4)].  q"^  "hi^ix^  est  vraiment  nne  solution  cle_(r).  Les  nombres 
rationnels  C^,  analogues  aux  nombres  de  BernouUi,  se  déterminent  aussi 
d'une  autre  façon. 

))  Cherchons  d'abord  la  fonction  génératrice  $(;-.  /)  des  fonctions  ).v(-); 
<i>  satisfait,  \y.\v  suite  de  (2),  Ă   l'Ă©quation 

ei*  _  ^^'j- 
^dz  "  Ă i 

avec  la  condition  intiale  $(3,  0)=  e'.  On  trouve  par  intégration 

4)(:,/)==e-'''. 
Donc 

Les  premiers  C^  ont  pour  valeur 

r  '      ('       '       {‱  —      '      r  —  '"      r  —      ^'      r    —  ^9' 


C„  =  -'         Cj,  =  o        (v  =  1 ,  2,  3 ). 

Comme  il  n'existe  qu'un  seul  polynĂŽme  satisfaisant  Ă   (i),  les 

‱hki^)  (^  =  o,  T,  2,  ..  .) 

coĂŻncident  nĂ©cessairement  avec  les  polynĂŽmes  deiinis  parla  fonction  gĂȘnĂ©- 
ratrice -, ■}  dont  certaines  propriĂ©tĂ©s  et  applications  intĂ©ressantes  ont  Ă©tĂ© 

données  par  Hermite  (^Journal  de  Crelle.  t.  1 16). 

»  2.   Cherchons  la  solution  de  l'équation  fonctionnelle 

(6)  ./l-^  +  ')-/(-^)=7:b- 

En  désignant  par  '  «(ßp)  (n=  0,1,  ?,  ...)  les  polynÎmes  de  Bernoulli,  la  série 

(7)  ?u(^-)— ?<(-^)+?:i(^)~--- 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    ipoS.  84 I 

satisfait  formellement  Ă   (6).  Elle  est  divergente  pour  toute  valeur  de  a? 
(excepté  x  =  o).  Mais  l'intégrale  de  M.  Le  Roy  (^Annales  de  Toulouse, 
I  goo)  (/ui  correspond  à  la  série  (  t  ) 

G(.r,  /)=  fe-^Çl^J:.  (;<)</<  i) 

est  une  fonclioii  entiĂšre  de  ,r,  et  la  limite  limG(a:,  l)  existe  pour  toute  valeur 

1  =  1 

de  X,  exceptĂ©  les  valeurs  rĂ©el/es  nĂ©gatives  plus  petites  que  —  t  . 

»   On   voit  facilement    a  priori  que  celte  limite  f{x)  satisfait  à   (6). 

-,    .     T'iƓ  +  i)                      .                   ,      .           ,          -  X      T^             r,      \         r'(.r+i)     ,    . 
Mais  —7^ r  est  aussi  une  solution   de  (b).  Donc  /(x) — doit 

r  (  X  -H  1  )  ''  ./  \    /       1  (  j-  -i- 1  ) 

ĂȘtre  une  fonction  ayant  pour  pĂ©riode  un.  Mais  elle  est  prĂ©cisĂ©ment  con- 
stante. On  a  donc,  au  jioint  de  vue  des  séries  divergentes, 

c  =  lim      /       -, lo"j 

»    Remarquons  que  l'on  peut  rĂ©soudre  de  la  mĂȘme  maniĂšre  l'Ă©quation 

/(a--i)-/(.r)  =  2;a„^", 

dans  certains  cas  intéressants,  considérés  par  M.  Le  Roy  dans  le  Mémoire 
citĂ©,  par  exemple  si  a„  a  la  forme 

o„=   /    o(x)  x" dx. 

On  pourra  aussi  comparera  la  belle  solution  de  M.  Hiirwilz  (Acia  mathc- 
matica,  t.  XX).    » 

AXAI.YSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  un  systùme  de  trois  fonctions  de  variables 
réelles.  Note  de  M.  D.  Pompeiu. 

«   Considérons  une  fonction  analytique 
et  dĂ©veloppons,  autour   d'un  point  rĂ©i,nilier  s„^a;„+jj„,  chacune  des 


8/(2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

fonctions  p  et  y  «in  série  de  Taylor 

(i)  /K-^'.r)  =  21^"-      'i(^^y)-^-^['-n^ 

les  A„  et  [j.„  Ă©tant  des  polynĂŽmes  homogĂšnes. 
»   On  sait  que 

les  M„  ne  dĂ©pendant  que  (kl  point  (a;o,j'„),  d'oĂč  l'on  conclut  que  l'ensemble 
des  deux  développements  (i)  converge  dans  un  cercle  ayant  le  point 
(a;„,  r„)  pour  centre  :  c'est  le  cercle  de  convergence  de  /(^)  au  point  z^y. 

»  On  peut  se  demander  si  cette  propriété  des  fonctions  analytiques  pour- 
rait ĂȘtre  gĂ©nĂ©ralisĂ©e.  D'une  façon  prĂ©cise,  la  question  peut  ĂȘtre  posĂ©e  de 
la  maniĂšre  suivante  : 

»  Trouver  un  systÚme  de  trois  fonctions  u,  r,  w  des  variables  réelles  x, 
y,  z  tel  qu'en  développant  chacune  de  ces  fonctions,  autour  d'un  point 
rĂ©gulier  {x^,,  y„,  z^),  en  sĂ©rie  de  Taylor 

(2)  M  =  Vo^,^,         ''  =  ^'^"'-         «"="^7."" 

on  ait 

(3)      ?;,-^^:,  +  z:,=  nM(^-^")'  +  0'-J.)=-^(^-=o)1^ 

les  II),,,,  <L„,,  /m  Ă©tant  des  polynĂŽmes  homogĂšnes  de  degrĂ©  m  et  les  H,„  ne 
dĂ©pendant  que  du  point  (a:,,, /„,  s^).  Il  s'ensuivrait  que  le  systĂšme  (2) 
converge  dans  une  sphĂšre  qui  serait,  dans  l'espace,  l'analogue  du  cercle 
de  convergence  des  fonctions  analytiques. 

»  La  recherche  des  fonctions  u,  v,  w  peut  ĂȘtre  faite  d'une  façon  rĂ©guliĂšre. 

»  En  prenant  dans  les  développements  (2)  les  termes  de  premier  degré, 
et  tenant  compte  de  la  condition  (3),  on  obtient  le  systĂšme  d'Ă©quations 
que  voici  : 

(£)'-(0-(£)'=(l)'-($^)'-ff /=(")"-‱■=";■ 

du  du        dv  di'        (hr  d^v  

da:  dj       dx  dy        dx  dr 

du  du        dv  df         dtv  (h^  

dJ'  d^  '^  dJ- d~z   ^  dr   dz  —  "' 

du  du         dv  <h^        (hr  (h^  

dz  dr         Ă z  dx         dz  dx 


SÉANCE    DU    2.3    NOVEMBRE    IpoS.  843 

»  Or.  il  résulte  d'une  Note  de  Liouville,  à  la  Géométrie  de  Mongc,  que  la 
solution  la  plus  générale  du  systÚme  précédent  est  donnée  par  les  trois 
fonctions  suivantes  : 

;        ,  .  _  Kjjo  —  a)  +  \^{  y  ~  lA  ^  C(:  —  c) 

]^U{X,y,z.)^      (.r-r/)-^+(j-6)^-|-(.^-c)'     ' 

.,\  I       ,  V         A'(.r-«)  +  B'(,'-6)H-C'(5-c) 

(^‱)  \  '  (^'  y^  -^)  =      (^-.)M-r^-^r+(.-cr      - 

1       .  .         k"{x-a)-\-W{  y-  b)  +  G'{z.-c) 

I   n-»-'  7-  =;  ^         (^.  -  «)^+  Lv"-  /'r+  (=  -  cf       ' 

dans  lesquelles  les  A,  B,  C,  A',  . . .,  C"  sont,  Ă   un  facteur  constant  prĂšs,  les 
neuf  coefficients  d'une  substitution  orthogonale. 

»  Les  fonctions  «,  r,  w  étant  ainsi  définies,  j'ai  démontré  que  la  condi- 
tion (3)  est  vérifiée  pour  toute  valeur  de  l'indice /n. 

»  Il  résulte  qu'en  développant  en  séiie  de  Taylor,  autour  d'un  point 
régulier,  chacune  des  fonctions  a,  v,  ßv,  le  systÚme  de  ces  trois  développe- 
ments admet  comme  domaine  de  convergence  une  sphĂšre. 

M   Le  systÚme  (4)  est  le  plus  général  qui  réponde  à  la  question.    » 


AVIATION.  —  Sur  Iri  possibilitĂ©  de  soutenir  en  l  air  un  appareil  volant  du  genre 
hélicoptÚre  en  employant  les  moteurs  à  evplosion  dans  leur  état  actuel  de 
légÚreté.  Note  de  M.  Charles  Rexaud,  présentée  par  M.  Maurice  Levv. 

«  La  sustentation  permanente  d'un  appareil  plus  lourd  que  l'air  au  moyen 
des  hélices  et  des  moteurs  thermiques,  pratiquement  impossible  avec  des 
moteurs  pesant  lo'^»  par  cheval,  commence  Ă   ĂȘtre  rĂ©alisable  avec  les  moteurs 
actuels  dont  le  poids  est  descendu  Ă   5'"*''  par  cheval,  et  mĂȘme  Ă   un  chiffre 
inférieur.  Elle  deviendra  trÚs  facile  avec  des  moteurs  pesant  2''*^.  5oopar 
cheval,  réalisables  aujourd'hui. 

»  Mais  il  faut  poiu-  cela  employer  des  hélices  d'un  poids  trÚs  réduit. 
Nous  avons  exécuté,  à  l'établissement  de  Chalais,  au  moyen  d'une  machine 
spéciale,  de  nombreuses  expériences  sur  les  hélices  sustentatrices  et  nous 
avons  trouvé  un  type  d'iiélice  qui  permettra,  quand  on  le  voudra,  d'enlever 
un  appareil  de  5"^^''"  avec  un  excédent  de  force  ascensionnelle  de  8''«  à  io''«. 

»  Les  propriétés  de  ces  hélices  sont  résumées  dans  les  formules  sui- 
vantes : 

»   SoiciU  j-  le  diamÚtre  de  l'iiélice  en  mÚtres,   /;  la  vitesse  angulaire  en   tours  par 


HY\  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

seconde,  A  la  poussée  verticale  en  kilogrammes,  T  la  puissance  dépensée  sur  l'hélice 
en  kilogrammĂštres. 
»  On  a 

(i)  K--=o,o2&  n°-.r'', 

(a)  T=::  0,Ol52  I  /i'.z'. 

n  Le  poids  d'une  hélice  de  i"'  de  diamÚtre  de  ce  type  est  de  o''»',  5oo  et  Ton  est  con- 
duit pour  des  raisons  d'ordre  pratique  (rigidité,  etc.)  à  les  faire  toutes  géométrique- 
ment semblables,  de  sorte  que  si  p  est  le  poids  dune  hélice  de  diamÚtre  :r,  on  a 

(3)  /»=ro,5x'     (en  kilogrammes). 

»  Enfin  TeHort  qu'elles  peuvent  exercer  sans  danger  de  rupture  est  de  io''S  pour 
l'hélice  de  i"'  et  il  varie  comme  le  carré  du  diamÚtre,  de  sorte  que  cet  eliorl  limite  est 
donné  par  la  relation 

(4)  B^>o.r^ 

>.  Des  formules  (i)  et  (2)  on  déduit  facilement,  en  élimiiiaiil  /;,  l'équation  suivante 
qui  donne  la  poussĂ©e  H  d'un  systĂšme  Ă   deux  kĂ©lices  en  fonction  du  diamĂštre  ./■  de  ces 
hélices  et  de  la  puissance  dépensée  en  chevaux  r  : 

(5)  M  — 8,8r).TÏr-' 

(on  a  supposé  dans  cette   formule  que  le  reiulemenl  du   mécanisme  de   transmission 
Ă©tait  Ă©gal  Ă   0,9). 

»  Pour  que  l"ap|);ireil  s'élÚve,  il  faut  que  la  poussée  H  soit  plus  grande 
(pie  les  poids  réunis  du  moteur  et  des  deux  hélices. 

)-  Soient  Toi  le  poids  spécifique  du  moteur  (poids  par  cheval),  to,  le  poids  spécifique 
des  hélices  (poids  de  l'hélice  de  i'"  de  diamÚtre)  et  Z  le  jniids  utile  que  VappareH 
pourra  soutenir  en  /'air. 

»   On  a  évidemment 

2     -1 

(6)  Zzr:  8,85.r*j''—  ara-j.r^  — ra,j. 

))  11  est  facile  de  démontrer  avec  cette  formule  (pi'on  peut  enlever  actuellement  un 
hélicoptÚre  de  O''''"  par  exemple,  avec  un  poids  utile  de  8''6,4,  suffisant  jjour  le  bùti, 
les  transmissions  et  l'approvisionnenienl  de  combustible  pour  1  heure. 

»  On  peut  donc,  dÚs  à  |)résent,  réaliser  avec  nos  hélices  et  les  moteurs 
ordinaires  d'automobiles  l'intéressante  expérience  du  soulÚvement  prolongé 
d'un  hélicoptÚre.  Cette  expérience  fondanientale  aura  une  grande  impor- 
tance, maison  ne  pourra  l'Ă©tendre  au  delĂ   des  j)oi(ls  utiles  de  8'"^  ;i  \o^^ 
qu'au  prix  d'un  nouvel  et  important  allégement  des  moteurs. 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    IQoS.  845 

»  La  fonction  Z  (poids  utile)  peut  en  effet  s'Ă©crire,  dans  le  cas  gĂ©nĂ©ral  oĂč  on  laisse 
aux  poids  spécifiques  ro,  et  ra,  du  moteur  et  de  l'hélice  leur  généralité, 

(7)  Z=:«j;^_/'  —  2ra,.r' — '^i>'. 

»  Si  a,  ra,  et  ra,  sont  considérés  comme  des  données  expérimentales,  Z  apparaßt  ici 
comme  une  fonction  des  deux  variables  x  et  y  (diamÚtre  des  hélices  et  puissance  du 
moteur).  Une  analyse  facile  démontre  que,  pour  les  valeurs  positives  de  .r  et  de/,  le 
poids  utile  Z  a  un  maximum  unique  /oii/oiirs  jKisitif  donné  par  l'équation 

(8)  Z„,= —-^=0,000,  2043  ^e^- 

»  Le  maximum  du  poids  utile  soulevé  est  donc  proportioimel  à  la  neu- 
viÚme puissance  du  coefficient  a  qui  ne  dépend  que  de  la  perfection  du  type 
d'hélice  et  sur  lequel  on  ne  peut  guÚieespprer  d'amélioration;  il  est  inver- 
sement proportionnel  au  carré  du  poids  spécifique  des  hélices  et  à  la 
sixiÚme  puissance  du  poids  spécifique  du  moteur. 

n  On  ne  peut  pas  beaucoup  gagner  sur  le  jioids  des  hélices,  mais  il  n'est  pas  de 
limite  qu'on  puisse  assigner  à  TallÚgemenl  des  moteurs  et  de  ce  cÎté  on  peut  espérer 
une  rapide  augmentation  du  poids  utile  maximum  Z,„  des  hĂ©licoptĂšres. 

»  L'Ă©quation  (8)  donne,  pour  le  cas  oĂč  nous  nous  sommes  placĂ©  plus  haut,  c'est- 
à-dire  pour  a  ^=  8,85,  m,  =  5,  cr»^  o,5, 

Z,„=  10'^',  3. 

»  Si  l'on  donne  au  poids  spécifique  (  poids  par  cheval)  du  moteur  des  valeurs  variant 
de  10  Ă   I ,  on  obtient  pour  Z  les  coefficients  suivants  : 

Valeurs  de  a,  (poiils  par 

cheval) loH-  ^'■s  S'--"  7'---  li"»  a^s  4'.b  Ăź'^b      '     3k»  ,'8 

Valeurs  de    Z^   (maxi- 
mum du  poids  utile  ).       o'-s.  160     o''s,3o2     o''e,fii2     i't-,3n     3'-?,  44     io''s,3     Sçi^f,  2     22o''e     25of>''»     itioooo''i! 

))  Ce  Tableau  fait  bien  ressortir  l'énorme  influence  du  poids  spécifique 
du  moteur.  Avec  des  moteurs  de  l'-s  par  cheval,  on  pourrait  soulever 
160  ooo'^^.  Ce  poids  utile  tombera  à  220''»  pour  des  moteurs  de  3^^  par 
cheval,  à  lo'-s  pour  les  moteurs  de  5^^  et  enfin  à  i6o«  pour  des  moteurs 
de  10 ''8. 

»  L'importance  de  ces  données  numériques  en  ce  qui  concerne  l'avenir 
de  l'aviation  nous  paraĂźt  trĂšs  grande  et  c'est  pourquoi  nous  avons  cru  devoir 
les  faire  connaßtre  immédiatement. 

»  Les  aéroplanes  (qui  donnent  une  sustentation  trÚs  économique)  sont 
certainement  les  appareils  volants  de  l'avenir  et  nous  tenons  Ă   dire  ici  que 

C.  K.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N-  21-)  '  I  ' 


Sl^6  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

nous  ne  nous  séparons  pas  des  savants  qui  ont  découvert  ou  appliqué 
les  remarquables  propriétés  des  ailes  attaquant  l'air  obliquement.  Nous 
ne  pensons  pas  Ă   ce  sujet  autrement  que  sir  G.  Cayley,  Penaud,  H.  Phi- 
lipps,  Liiienthal,  Marey,  Tatin,  Richet,  Maxim,  Hargrave,  Langley,  Chanute, 
Drzewiecki.  Ferber,  etc.;  mais  nous  croyons  que  les  aéroplanes  ont  besoin, 
pour  ĂȘtre  complets,  de  disposer  de  moyens  pratiques  de  dĂ©part  et  d'atter- 
rissage que  les  hélices  à  axe  vertical,  bien  employées,  paraissent  seules 
pouvoir  leur  procurer.  » 

ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  la  mesure  de  l'effet  des  ondes  Ă©lectriques  Ă   dis- 
tance au  moyen  du  bolomÚtre.  Note  de  M.  C.  Tissot,  présentée  par 
M.  Lippmann. 

CI  Nous  avons  signalé  dans  u'ne  Note  précédente  (')  l'emploi  du  bolo- 
mÚlre  comme  détecteur  d'ondes  électriques  capable.de  fournir  la  mesure 
de  l'énergie  reçue  par  l'antenne.  Le  dispositif  que  nous  avons  décrit  nous 
a  permis  d'obtenir  quelques  résultats  intéressants. 

))  Lorsqu'on  donne  au  galvanomÚtre  une  sensibilité  de  5.io'  à 
6.io'  mégohms,  l'appareil  permet  de  déceler,  d'une  maniÚre  certaine, 
les  ondes  émises  par  l'un  de  nos  postes  de  télégrapbie  sans  fil,  à  ^o^^  de 
dislance. 

»  Pour  opérer  des  mesures,  nous  utilisons  un  posle  Iransmelleur  de  puissance  no- 
tablement moindre,  situé  à  une  distance  de  2'""  seulement.  La  sensibilité  du  galvano- 
mÚtre étant  réduite  à  25oo  mégohms,  on  obtient  alors,  dans  des  conditions  de  stabilité 
complÚte  du  spot,  des  déviations  qui  vont  jusqu'à  25o  divisions  de  l'échelle. 

»  Nous  avons  comparé  entre  elles  les  déviations  obtenues  en  produisant  des  émis- 
sions, soit  par  systĂšme  direct,  c'est-Ă -dire  avec  l'antenne  et  la  terre  directement 
reliées  aux  boules  de  l'excitateur,  soit  ^dit  systÚme  indirect,  c'est-à-dire  à  l'aide  d'un 
dispositif  Blondlol  (ou  Tesla). 

»  Le  circuit  de  décharge  comprend  un  seul  tour  de  conducteur  primaire  enroulé 
sur  un  cadre  carré  (de  35"="»,  50'^'"  ou  70'"  de  cÎté)  et  une  capacité  constituée  par  un 
nombre  variable  de  bouteilles  de  Leyde  identiques. 

»  Le  secondaire  est  relié  à  l'antenne  et  à  la  terre,  et  comprend  un  certain  nombre 
détours  de  conducteur  engainé  dans  un  tube  épais  de  caoutchouc  (deux  en  général). 

»  Pour  chaque  montage  on  se  servait  d'antennes  d'émission  et  de  réception  verti- 
cales de  longueurs  variables. 

»  La  pĂ©riode  des  oscillations  Ă©mises  Ă©tait  mesurĂ©e  en  photograplĂčant  l'Ă©tincelle  dis- 
sociée  par  un  miroir  tournant,   à  l'aide  du  dispositif  expérimental   que   nous  avons 

(')    Comptes  rendus,  9  féviier  1908. 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    igoS.  8/j7 

déjà  décrit   (').    Le   procédé   fournil   en    mÚiiic    lemps   une   évaluation   de   l'aniortis- 
sement. 

»  Les  Ă©missions  reçues  et  mesurĂ©es  au  holoinĂ©tre  Ă   faible  distance  pouvaient  ĂȘtre 
enregistrées  simultanément  par  d'autres  détecteurs,  des  cohéreursen  particulier,  dis- 
posés dans  des  stations  plus  éloignées  (postes  de  télégraphie  sans  fil  situés  à  22  et 
3o  milles). 

»  1°  On  observe  d'abord  que  les  émissions  faites  par  le  systÚme  direct 
sont  plus  aisément  reçues  au  cohéreur  que  celles  qui  sont  produites  par 
n'importe  quel  montage  indirect.  Le  fait  ressort  de  la  comparaison  des 
wattages  du  courant  d'excitation  avec  lesquels  il  faut  opérer  pour  obtenir 
des  communications  également  nettes  sur  cohéreur  avec  les  montages 
directs  et  indirects. 

))  [1  est  encore  plus  apparent  si  l'on  fait  porter  la  comparaison  sur  les 
quantités  respectives  d'énergie  mises  en  jeu  dans  la  décharge. 

»  D'ailleurs,  quand  on  emploie  un  wattage  suffisant  pour  obtenir  des 
communications  nettes  à  l'aide  d'un  montage  indirect,  la  facilité  des  récep- 
tions sur  cohéreur  paraßt  trÚs  sensiblement  indépendante  de  la  période  du 
systÚme.  C'est  ainsi  que  l'on  peut  faire  varier  la  capacité  de  1  à  12,  sans 
cesser  de  recevoir  au  cohéreur. 

')   Il  en  est  tout  autrement  avec  le  bolomĂštre. 

»  En  général,  l'effet  obtenu  sur  le  bolomÚtre  est  beaucoup  plus  marqué 
avec  l'Ă©mission  par  montage  indirect  qu'avec  l'Ă©mission  par  montage 
direct.  Par  exemple,  en  opérant  à  wattage  égal  du  courant  d'excitation  et 
avec  des  antennes  identiques  constituées  par  un  conducteur  unique  de  40"" 
de  longueur  à  l'émission  et  à  la  réception,  on  a  : 

Émission  par  systĂšme  direct dĂ©viation  3i 

Émission  avec  cadre  de  35'^'"  et  2  jarres dĂ©viation  64 

))  2"  Les  phénomÚnes  de  résonance  sont  mis  en  évidence  de  la  maniÚre 
la  plus  nette  dans  la  réception  sur  bolomÚtre,  surtout  si  l'on  opÚre  avec 
des  Ă©missions  indirectes,  c'est-Ă -dire  faiblement  amorties. 

)>  Ainsi,  on  fait  des  Ă©missions  avec  cadre  de  SS'^'",  Ă   wattage  d'excitation 
constant,  antennes  d'émission  et  de  réception  identiques  (conducteur 
unique  de  4oℱ  de  longueur).  En  faisant  varier  la  capacitĂ©  du  circuit  de 
décharge,  on  obtient  : 

Capacité 1  i,ß       '>8       2,2       a,  6       3 

DĂ©viation 10         17         i^         72         5i  26 


(')   Comptes  rendus,  25  mars  1901. 


848  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  maximum,  trÚs  marqué,  correspond  ;i  la  valeur  2,2  de  la  capacité. 
Or  la  mesure  de  la  période,  par  photographie  des  étincelles,  donne  pour 
le  montage  avec  cette  mĂȘme  capacitĂ©  la  valeur  T  =  o,52.io~"  seconde, 

c'est-Ă -dire  j  —  Sgℱ.  La.  pĂ©riode  favorable  correspond  donc  nettement  Ă  

une  longueur  d'onde  voisine  de  quaire  fois  la  longueur  de  l'antenne. 

»  Quand  on  opÚre  avec  des  antennes  multiples,  la  position  du  maximum 
et  sa  valeur  changent,  et  le  maximum  est  encore  plus  accentué. 

»  Ainsi,  avec  des  antennes  multiples  identiques  à  quatre  branches  paral- 
lĂšles de  40"",  ou  a  : 

CapacitĂ© i         ■?.  3         4         ^         G 

DĂ©viation 16       ^6       i85       69       3o       20 

»  3"  Si  l'on  opÚre  avec  des  antennes  différentes,  avec  des  antennes  de 
longueurs  inégales,  par  exemple,  à  l'émission  et  à  la  réception,  il  y  a  un 
maximum  marqué  lorsque  la  période  des  ondes  émises  est  voisine  de  celle 
qui  correspond  aux  vibrations  libres  de  l'antenne  de  réception.  Ainsi  pour 
clés  émissions  avec  cadre  de  70"=",  antenne  d'émission  simple  de  4o"'> 
antenne  de  réception  simple  de  60",  on  obtient  : 

Capacité 1  2  3  4 

DĂ©viation 10  49  38  11 

»  Or,  la  période  mesurée  du  cadre  de  70"",  avec  la  capacité  2,  est  : 
T  =  0,72. 10"  seconde  et  correspond  Ă   7  =  54'". 

»  Mais  la  résonance  est  moins  marquée  que  lorsque  les  antennes  sont 
identiques  et  le  maximum  devient  d'autant  moins  apparent  que  la  période 
propre  des  antennes  diffĂšre  davantage. 

)>  Bien  que  les  oscillations  soient  fortement  amorties  dans  le  systĂšme 
direct,  on  peut  encore  mettre  en  évidence  la  résonance  à  l'aide  du  bolo- 
raÚtre  et  observer  un  maximum  net  pour  l'égalité  des  antennes. 

»  Ces  résultats,  qui  mettent  en  lumiÚre  la  grande  sensibilité  du  bolo- 
mÚtre  comme  détecteur  d'ondes  électriques,  indiquent  nettement  que  la 
principale  des  conditions  à  remplir  pour  la  réalisation  d'un  accord  élec- 
trique propre  Ă   conduire  Ă   la  solution  de  la  syntonie  consiste  dans  le  choix 
d'un  détecteur  convenable. 

»  Ils  montrent  que  le  cohéreur,  qui  paraßt  surtout  sensible  au  choc  du 
front  de  l'onde,  ne  saurait  convenir  à  cet  objet.  » 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    JQoS.  H'jf) 


PHYSICO-CHIMIE.  —  Sur  la  couleur  des  solutions  aqueuses  de  mĂ©lhylorange  et 
le  changement  qu'y  déterminent  les  acides.  Note  de  M.  P.  Vaillant, 
présentée  par  M.  J.  Violle. 

«  On  sait  que  les  solutions  aqueuses  de  méthylorange  qui  sont  jaunes 
virent  brusquement  au  rouge  au  contact  des  acides. 

»  OsUvald  {Grandi,  der  anal.  Ch.,  cli.  VI,  t.  II,  1897)  attribue  ce  changement  à 
ce  que  le  méthylorange  est  rouge,  alors  que  son  anion  est  jaune. 

»  Ktister  {Zeitschr.  filr  anal.  Ch.,  t.  XIII,  1897,  p.  127),  s'appuyant  sur  des  consi- 
dérations d'ordre  chimique,  propose  une  autre  explication  qui  est  la  suivante  : 

»  Le  méthylorange  est  un  acide  fort  complÚtement  dissocié  en  dissolution  étendue. 
Mais  par  suite  des  propriétés  basiques  du  radical  Az(CH')^,  la  majeure  partie  des 
ions  II  mis  en  liberté  se  portent  sur  celui-ci  pour  former  le  groupement  trÚs  parti- 
culier : 

H  —  Az  (CH^)^—  CM'  —  Az-  —  CMI»  —  SÔ'. 

Ce  groupement,  qui  est  également  chargé  en  électricité  positive  et  en  électricité  néga- 
tive et  ne  peut  par  suite  coopérer  au  passage  du  courant,  est  ce  que  Kiister  appelle 
un  ion  nul  (nichtion).  Cet  ion  nul  est  relativement  peu  coloré  en  rouge  alors  que 
Fanion 

Az{CH^)2—  G«H'—  Az--  C«H'-  SÔ' 

a  une  couleur  jaune  intense.  En  solution  aqueuse  par  suite  et  bien  qu'il  intervienne 
en  quantité  relativement  faible,  ce  dernier  détermine  la  coloration;  mais  si,  par 
l'addition  d'un  acide,  on  augmente  la  quantité  d'ions  H,  l'anion  est  coir>plÚtement 
transformé  en  ion  nul  et  la  solution  prend  la  couleur  de  celui-ci. 

»   En  réalité,  aucune  de  ces  interpi'étations  n'est  d'accord  avec  les  faits. 

»  Dans  l'hypothÚse  d'Ostwald,  les  solutions  de  méthylorange  devraient  virer  pro- 
gressivement au  jaune,  Ă   mesure  que  croĂźt  la  dissociation  et  par  suite  la  dilution. 

»  Dans  celle  de  Kiister  au  contraire,  l'augmentation  de  dissociation  entraßnant  une 
augmentation  dans  la  proportion  des  ions  nuls,  les  solutions  devraient  lirei  d'autant 
plus  vers  le  rouge  qu'elles  sont  plus  Ă©tendues. 

»  Or,  l'absorption  moléculaire  des  solutions  aqueuses  de  méthylorange 
est  indépendante  de  la  concentration,  ainsi  qu'en  témoignent  les  chiffres 
suivants,  obtenus  au  spectrophotomĂštre  Gouy  : 

Nombre  de  Conductibilité  Coefficients  d'al)Sorptioii. 

litres  molĂ©culaire — — _— i»^ — — — 

par  éq.  gr.  dissous.  à  23°.  A|  =  j5o:'^'.  \=  b!\i}'f-v-.  \-^=  b'^i/i'. 

5oo 0,202       63o -f-  9    84o-(-i5    II 36 — 18 

1000 0,282       63o  +  .5    84o —  9    ii36-i-i2 

2000 o ,  260       600  —  1 4    84o  —  37    1 1 36  —  28 


85o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Nombres  de  Conduclibilitc  Coiffirienls  d'absorption. 

litres  molĂ©culaire  — ^ ~ _—‱=—— 

par  Ă©f].  gr.  dissous.  Ă   25°.  X,  r^ĂŽ.Ăźo;'^.  X,  =  546f.^.  Ă ,  =  542ℱ-. 

4000 0,2^4       63o  +  2    840  +  32    II 36  H- 23 

8000 o,3oi       63o  H-  6    840+1 3    ii36  +  2- 

16000 o,3i4       63o—  9    S.I0—  i4    11.36—1.5 

»  On  voit,  au  surplus,  que  les  conduclibilités  moléculaires  des  solutions 
étudiées  sont  relativement  considérables  (plus  de  la  moitié  de  celles 
de  HCl,  quatre  fois  celles  de  C-H''0-),  ce  qui  rend  invraisemblable 
l'existence  dans  ces  solutions  d'un  ion  non  conducteur  tel  que  l'imagine 
KĂčster. 

))  On  doit  donc  admettre  que  les  solutions  aqueuses  do  mélhylorange  ne 
renferment  que  les  deux  éléments  ordinaires  de  toute  solution  électroly- 
lique  :  molécule  complÚte  et  molécule  dissociée,  et  que  ces  deux  éléments 
ont  une  mĂȘme  couleur  jaune,  en  sorte  qu'aucun  d'eux  ne  peut  intervenir 
dans  le  changement  de  coloration  que  déterminent  les  acides. 

»  Ce  changement,  qui  est  progressif,  tend,  lorsque  la  quantité  d'acide 
augmente,  vers  une  limite  indépendante  de  la  nature  de  cet  acide,  mais 
d'autant  plus  rapidement  atteinte  que  celui-ci  est  plus  Ă©nergique.  Dans  une 

solution  Ă  -,  de  mĂ©thvloranÂŁ;e,  la  limite  est  atteinte  avec  —  Ă©q.  gr. 

2  X  10"*"*  200      *     ^ 

de  SO''H-  et  ne  l'est  pas  encore  pour  -  Ă©cp  gr.  de  C^H''0-.  Les  acides 

faibles  rĂ©putĂ©s  neutres  au  mcthylorange  ne  semblent  l'ĂȘtre  que  par  insuf- 
fisance de  solubilité.  Ainsi  B(OH)'  dont  la  solution  saturée  à  froid  (i  éq.  gr. 
environ)  est  sans  action,  détermine  le  virage  au  rouge  lorsqu'on  opÚre 
sur  une  solution  saturée  à  la  température  d'ébuUition  (lo  éq.  gr.  par  litre). 
»   Voici,  au  sur[>lus,  quelques-uns  des  résultats  numériques  obtenus  : 

ConceiitraLiun  en  méthylovange  :  5  x  10-^. 
.Nombre  de  litre.s  Coefficients  d'absorption 

d'acide  Ă©lransĂźer.  '>i-    _  ''y  '‱:,■ 

i     2   X   10' ':f)O0  7200  «^470 

SO'ir-       2x10' ‱.;<,)7o  i25oo  10270 

(  2  X  10""' 17 Jo  12270  i.'iooo 

!■!  X  10' 4570  5470  683o 

2x10- 7630  joo3o  12700 

2XIO-' 98^0  13770  1,5070 

AzO^H       2  X  10-' 'ooSo  12200  15370 

8000  I oS3o  1 3200 


C^IPO- 


.  '  3^ 


2  X  io~* io33o  i''.-oo  i<}^6o 


SÉANCE    DU    23    XOVEMBRE     ipoS.  85 I 

»  On  voit,  d'aprÚs  ce  Tnbleau,  que  l'absorption  des  solutions  acides  est 
beaucoup  plus  grande  que  celle  des  solutions  aqueuses  pures,  ce  qui  est 
en  désaccord  complet  avec  l'hypothÚse  de  Kûster. 

»  Les  résultats  qui  précédent  ne  peuvent  guÚre  s'interpréter  que  par 
une  transformation  moléculaire  du  méthylorange  sous  l'action  des  acides, 
transformation  progressive,  d'autant  plus  rapide  que  l'acide  est  plus  Ă©ner- 
gique. 

»  Cette  transformation  se  produit  également  en  solution  alcoolique.  En 
traitant  une  solution  concentrée  de  méthylorange  dans  l'alcool  (àj^éq.gr. 
environ)  par  une  petite  quantité  de  HCl,  on  obtient  une  liqueur  rouge  qui, 
abandonnée  à  l'évaporation,  laisse  déposer  de  petits  cristaux  rouges,  consti- 
tuant vraisemblablement  le  méthylorange  transformé.    » 


PHYSICO-CHIMIE.  —  Les  modes  de  dĂ©formation  et  de  rupture  des  fers  et  des 
aciers  doux.  Note  de  MM.  F.  Osmoxd,  Gh.  Frémo.nt  et  G.  Cartaud, 
présentée  par  M.  Moissan. 

«  Les  auteurs  se  sont  proposé  de  déterminer  et  de  classifier  les  modes 
de  déformation  du  fer  dans  les  fers  et  les  aciers  doux,  d'établir,  pour  ainsi 
parler,  l'alphabet  de  ses  déformations  élémentaires. 
.  »  Les  principaux  travaux  antérieurs,  que  nous  essayerons  de  relier  entre 
eux  et  de  compléter,  sont  ceux  de  Martens  ('),  Slead  (-),  Mugge  ('), 
Ewing  et  Rosenhain  (  '),  Heyn  ('),  Ewing  et  llumfrey  ("  ). 

1)  On  sait  que  le  fer,  fondu  ou  ^oudé,  est  un  agn'gat  de  grains  polyédriques  ordinai- 
rement équiaxes  et  que  l'on  peut  assimiler  au\  cellules  des  corps  organisés.  Chaque 
cellule  est  remplie  par  un  individu  cristallin  de  fer  a,  cristallisé  dans  le  systÚme 
cubique  et  dont  l'orientation,  constante  dans  l'intérieur  d'une  cellule,  varie  d'une 
-cellule  Ă   l'autre.  Enfin,  Ă   certains  Ă©gards,  le  fer  peut  aussi  ĂȘtre  regardĂ©  comme  amorphe 
si  l'on  considÚre  des  déformations  de  tel  ordre  que  les  éléments  structuraux  soient 
négligeables  par  rapport  à  ces  déformations. 

»  Il  faut  donc  admettre  que  le  fer   possÚde  simultanément  les  trois   structures, 


(')  Stahi  iind  Eiseii,  t.  VII,  février  1887,  p.  82, 

(-)  Joiirn.  Iron  and  Slcel  Insl.,  i-8g8,  part  I,  p.  i45  et  part  II,  p.  iSy. 

(^)  Nettes  Jalirb.  f.  Miner.,  i8gg,  2''  partie,  p.  JĂą. 

(*)  Trans.  Roy.  Soc.  London,  t.  CXCIV,  p.  363. 

(^)  Zeits.  Ver.  deiitsch.  Ingen.,  t.  XLIV,  1900. 

(')  Metallograpliist,  t.  VI,  avril  1908,  p.  96. 


852  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

amorplie,  cellulaire  et  crislalline,  possibles  dans  les  corps  inorganiques.  Chacune  de 
ces  structures  entraßne  des  déformations  qui  lui  sont  propres. 

»  Dans  les  corps  amorphes,  on  sait  que  les  déformations  suivent  des  lois  géoraé- 
Iriques.  Nous  appellerons  ces  déformations  banales,  parce  qu'elles  sont  communes  à 
tous  les  corps.  Dans  les  corps  ayant  une  structure  spécifique,  les  déformations  banales 
s'adaptent  Ă   la  structure,  cellulaire  ou  cristalline,  ou  les  deux  Ă   la  fois,  engendrant 
des  déformations  également  spécifiques. 

»  Dans  le  fer,  nous  distinguons  sept  sortes  de  déformations  élémen- 
taires, en  partie  déjà  connues,  en  partie  nouvelles  : 

»  A.  Déformations  banales  adaptées  à  la  slructiirc  cellulaire  : 

»  1°  Plissements  microscopiques  perpendiculaires  ou  parallÚles  à  la  direction  de 
l'eflbrl  (déjà  connus  à  Télat  macroscopique).  Ces  plissements,  quand  la  déformation  a 
été  poussée  assez  loin,  donnent  lieu,  à  l'intérieur  de  la  masse,  à  des  franges,  signalées 
par  Heyn,  qui  paraissent  alternativement  sombres  ou  brillantes  aprĂšs  attaque,  sous 
une  mĂȘme  incidence  de  la  lumiĂšre. 

»  2°  Plissements  obliques  connus  à  l'état  macroscopique  sous  le  nom  de  lignes  de 
Luders,  nouveaux  sous  la  forme  microscopique  et  de  mĂȘme  nature  que  les  franges; 

»   B.  Déformations  cellulaires  pures  : 

«  3°  Joints  des  cellules,  déjà  connus; 

»  4°  Bordures  écroules,  plus  ou  moins  déchiquetées,  le  long  des  joints  (non  encore 
décrites). 

»   C.   Déformations  cristallines  pures  : 

»  5°  £'/>///ei- écroules,  courtes,  en  position  de  clivages  yy  (non  encore  décrites),  se 
rattachant  ordinairement  aux  joints; 

»  6"  C/tca^ei/i,  connus  depuis  longtemps; 

»  7°  Lamelles  de  lyeumann,  connues  depuis  1848  dans  les  fers  météoriques,  obser- 
vées sur  certains  fers  terrestres,  mais  non  utilisées  pour  l'élude  de  ces  derniers  (' ). 

»  Tl  résulte  de  nos  observations  et  de  nos  expériences  que  : 
))  Pour  un  mĂȘme  acier,  toutes  choses  Ă©gales  d'ailleurs,  l'application 
d'efforts  statiques  favorise  les  lignes  de  déformation  banales  ou  cellulaires, 
prodromes  d'une  cassure  banale  aprÚs  grande  déformation  ;  la  température 
du  bleu,  les  chocs,  les  efforts  rapiilement  alternés  favorisent  les  lignes  de 
déformation  cristalline,  prodromes  de  la  rupture  intercristalline,  immédiate 
ou  ultérieure,  brusque  et  sans  déformation  notable. 

»   Pour  des  aciers  différents,  les  déformations  cristallines  prennent  d'au- 


(  '  )  Quand  nous  parlons  de  déformations  cellulaires  ou  amorphes,  nous  avons  en  vue 
la  position  et  la  forme  de  ces  déformations,  nous  ne  voulons  pas  dire  qu'elles  n'en- 
traßnent pas  aussi,  en  se  produisant  dans  un  corps  cristallisé,  certaines  modifications 
intimes  de  nature  cristallograpliique,  mais  celles-ci  sont  alors  de  second  ordre. 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    igoS.  853 

tanl  plus  le  pas  sur  les  déformations  banales  on  cellulaires  el  conduisent 
d'autant  plus  facilement  à  la  ruplnre  intcrcristalline,  sans  déformations 
antécédentes  notables,  que  la  structure  cristalline  est  mieux  développée. 

»  D'autres  métaux  ont  une  structin-e  aussi  compliquée  que  celle  du  fer; 
mais,  d'iiabilude,  les  prcTprictés  mécani(|ucs  respectivement  afférentes  à 
chacun  de  leurs  modes  superposĂ©s  de  structure  sont  de  la  mĂȘme  famille. 
Dans  le  fer  7.,  qui  constitue  essentiellement  tous  les  fers  et  aciers  doux 
industriels  refroidis  spontanément  à  partir  du  rouge,  les  propriétés  mé- 
caniques alTcrentes  à  chacune  des  structures  sont  trÚs  différentes,  voire 
mĂȘme  opposĂ©es. 

»  Le  fer,  corps  cellulaire,  est  trÚs  plastique;  le  fer,  corps  cristallisé,  est 
fragile.  El  comme  les  deux  structures  se  trouvent,  non  séparées  dans  des 
Ă©chantillons  diffĂ©rents,  mais  superposĂ©es  dans  le  mĂȘme  Ă©chantillon,  elles 
donnent  lieu  Ă   Ăźles  faits  en  apparence  contradictoires. 

))  Suivant  que  les  procédés  de  fabrication  auront  fait  prédominer  l'une 
ou  l'autre  des  structures,  selon  que  l'une  ou  l'autre  sera  plus  directement 
visĂ©e  par  les  efforts  ou  empĂȘchĂ©e  de  rĂ©agir  par  les  conditions  dans  lesquelles 
ces  efforts  sont  appliqués,  la  rupture  sera  consécutive  à  de  grandes  défor- 
mations banales  et  cellulaires  ou  bien  cristalline,  brusque,  sans  déforma- 
tions préabdiles. 

»  C'est  cette  dualité  qui  donne  au  fer  sa  position  particuliÚre  parmi  les 
matériaux  de  construction  et  explique  les  ruptures  imprévues  qui  sur- 
viennent quelquefois  en  service  dans  les  piÚces  fabriquées  avec  ce  métal.  » 


CHIMIE  ANAI.YTIQUE.  —  Influence  des  gaz  sur  la  sĂ©paration  des  mĂ©taux  par 
Ă©lertrolyse  :  SĂ©paration  du  nickel  et  du  zinc.  Note  de  MM.  Uollard  et 
Bertiaux,  présentée  par  m.  Arm.  Gautier. 

«  Les  métaux  dont  les  tensions  de  polarisation  sont  supérieures  à  celle 
de  l'hydrogĂšne  (Zn,  Cd,  Fe,  Co,  Ni,  Su,  Vh)  ne  peuvent  ĂȘtre  pratiquement 
séparés  successivement  par  accroissement  graduel  de  la  tension  électrique 
aux  électrodes,  bien  que  la  théorie  indique  que  chaque  métal  doive  se  dé- 
poser Ă   partir  d'une  tension  Ă©lectricjue,  dite  tension  de  polarisation,  qui  lui 
est  propre. 

»  Cette  contradiction  entre  la  théorie  et  la  pratique  n'est  qu'apparente. 
Elle  tient  à  ce  que  le  bain  est  trÚs  résistant  et  que,  par  suite,  le  courant  qui 
le  traverse,  pour  la  tension  électrique  employée,  est  trÚs  faible.  Ce  courant 

G.  R.,  19.3,   2'  Semestre.  (T.  CWXVU,   N°  21.)  I  12 


85^1  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

qui  précipile  l'un  ries  métaux  à  la  cathode  y  précipite  aussi  l'hydrogÚne  du 
bain;  ce  qui  fait  qu'une  fraction  seulement  du  covu-ant  est  utilisée  pour 
le  dépÎt  (lu  métal,  fraction  beaucoup  trop  faible  pour  déterminer  la  sépa- 
ration complĂšte,  surtout  vers  la  fin  de  l'Ă©lectrolyse  oĂč  la  concentration  de 
ce  métal  dans  le  bain  devient  trÚs  petite  (loi  <le  Nernst). 

»  Le  bain  doit  sa  grande  résistance  surtout  aux  dégagements  d'hydrogÚne 
Ă   la  cathode  et  d'oxygĂšne  Ă   l'anode. 

»  En  supprimant  l'un  et  l'autre  de  ces  gaz,  nous  avons  obtenu,  pour  la  mĂȘme  ten- 
sion Ă©lectrique,  un  courant  beaucoup  plus  intense  et  nous  avons  pu  rĂ©aliser  du  mĂȘme 
coup  les  séparations  de  métaux. 

»  La  suppression  de  rhjdrogÚne  à  la  cathode  nous  a  permis  ('),  par  l'emiiloi  d'une 
cathode  en  élain  ou  en  cadmium,  de  séparer  des  métaux  comme  le  zinc  et  le  cadmium. 

»  La  suppression  de  l'oxygÚne  à  l'anode,  par  l'emploi  d'une  anode  soluhle,  nous  a 
permis  (-)  de  séparer  des  métaux  comme  le  nickel  et  le  zinc.  Dans  cet  exemple 
l'anode,  en  zinc  amalgamé,  plongeait  dans  une  solution  de  sulfate  de  magnésie  séparée 
par  un  diaphragme  de  la  solution  de  nickel  et  de  z.inc  oĂč  plongeait  la  cathode  en 
platine. 

»  Malheureusement  avec  cette  derniÚre  méthode,  une  fois  le  nickel 
retiré,  on  ne  peut  pas  ckiser  le  zinc  qui  reste  dans  le  bain  confondu  qu'il 
est  avec  le  sulfate  de  zinc  provenant  de  la  dissolution  de  l'anode. 

»   La  méthode  décrite  dans  la  présente  Note  n'a  pas  cet  inconvénient  : 

»  Nous  n'employons  plus  d'anode  soluble,  mais  une  anode  ainsi  qu'une  cathode  en 
platine  {").  Ici  le  dĂ©gagement  d'oxygĂšne  est  empĂȘchĂ©  par  l'introduction  dans  le  bain 
d'acide  sulfureux  qui  s'oxyde  aux  dépens  de  cet  oxygÚne.  11  y  a  longtemps  que  nous 
avons  eu  l'idée  de  nous  ser\ir  de  ce  réducteur  sans  cependant  pouvoir  réaliser  de 
séparation;  parce  que  l'emploi  de  SO- exige  des  précautions  spéciales,  que  nous  allons 
indiquer  : 

»  Le  nickel  et  le  zinc,  à  1  état  de  sulfates,  sont  additionnés  de  sulfate  d'ammoniaque 
(iqS),  de  sulfate  de  magnésie  (.^b),  de  5"'"' d'une  solution  saturée  de  SO-,  enfin  d'ammo- 
niaque (densité  :  0,924)  en  excÚs  de  25^'"'.  On  étend  à  Soo""'  et  Ton  électrolyse  à  la 
température  de  90°  environ  (*)  avec  un  courant  de  o""p,i.  Au  bout  de  4  heures  au 
maximum,  pour  des  quantités  de  nickel  qui  ne  dépassent  pas  08,20,  une  prise  de  la 
liqueur  du  bain  de  i'"'^  Ă   2'-'"'  ne  doit  plus  se  colorer  en  noir  par  le  sulfhydrate  d'am- 
moniaque, ce  qui  indiquerait  la  présence  de  nickel.  On  laisse  encore  1  heure  à  l'élec- 
trolyse, puis  on  relire  la  cathode. 

(')  Voir  lIoLLAno,  Bal.  soc.  chiin.,  t.  XXI.V,  1908,  p.  217. 
(2)  Voir  IIoLUviiD,  But.  soc.  chim.,  t.  XXIX,  1908,  p.  i  16. 
(^)  C'est  notre  appareil  Ă   cathode  en  toile  de  platine. 

(')  il  importe  de  ne  jamais  laisser  hi  le mpératuie  tomber  au-dessous  de  cette 
valeur. 


SÉANCE    UU    l'j   NOVEMBRE    I9o3.  ^55 

RésultaLs  expérimi-iilaujc- 


Q' 

jaiitilcs  pesées. 

Ni  déposé. 

QuaiUilés  pesées. 

Ni  déposé. 

\  Ni  . 

O,25oo 

o,25o8                1 

Ni. 

s    _ 

0,2.300 

o,25oi 

i   Zn  . 

o,o5 

Zn  . 

I 

1  Ni. 

O, 25oo 

0,2494 

Ni  . 

0 , 1 000 

0,0969 

i   Zn  . 

o,i 

Zn  . 

0,1 

j  Ni  . 

0,2500 

0,2517                 ( 

Ni  . 

0 , I 000 

0,0963 

\  Zm  . 

o,25 

i 

Zn  . 

0,5 

)  Ni  . 

o,25oo 

o,25o3               1 

|Ni. 

0, 1000 

0,0973 

1   Zn 

o,5 

1 

1   Zn 

I 

CHIMIE  ORGANIQUE.   --  Sur  l'acide  oxalacétique.  Note  de  M.  L.-J.  Si.mon, 

présentée  par  M.  A.  Halier. 

«  [.  L'acide  oxalacĂ©tique  CO-H  -  CM-- CO  —  CO-H,  dont  l'clher 
est  connu  depuis  les  recherches  de  Wisliceniis  (iSgS)  n'a  pu  ĂȘtre  oblenu 
que  récemment  et  indirectement  : 

).  1°  A  partir  de  l'acide  acéljlÚne-dicarbonlque  et  de  l'éllier  dibroraosuccinique 
symétrique  (A.  Michaël  et  J.  Biiciier); 

»   2°  Par  oxydation  de  Tacide  malique  au   yen  d'eau  oxygénée  en  présence  d'un 

sel  de  fer  (Fenlon  et  Jones); 

»  3°  Par  déshydratation  de  l'anhydride  diiicélyllarUique  au  moyen  de  pyiidinc 
(A.  Wohl  et  C.  Ôesterlin). 

»   On   ne   peut  réussir   à  l'obtenir  par  saponification   alcaline  de  son 

Ă©ther : 

»  Cet  éther  est  en  effet  dédoublé  quantitativement  par  les  alcalis  con- 
centrés en  acides  oxalique  et  acétique  dans  le  sens  de  l'équation  (i)  : 

COni  -  Cll^--  CO  -  COMl  4-  H^O  =  COMl  -  CIP  4-  CO-H  -  CO-  !!. 

»  L'acide  lui-mĂȘme  est  dĂ©composĂ©  par  l'eau  acidulĂ©e  ou  mĂȘme  par  l'oau 
seule  en  acide  pyruvique  et  anhydride  carbonique  : 

CO^H  -  CH=  -  CO  -  CO-H  =  CO'^  -h  CH^  -  CO  -  COMl. 

«  Enfin  les  alcalis  trÚs  étendus  et  froids  et  les  sels  alcalins  d'acides 
faibles  saponifient  l'Ă©ther  incomplĂštement  Ă   l'Ă©tat  d'Ă©ther  acide 

CO^ C^  H'  -  CH-^  -  CO  -  C0=  H 

pendant  que  la  plus  grande  partie  subit  la  décomposition  précédente. 


85G  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  On  peut  cependanl  obtenir  l'acide  par  saponification  de  son  élher  au 
moyen  d'acide  chlorlivdriqne  concentré  : 

»  L'étiier  (i  partie),  enfermé  dans  un  tube  bouché,  avec  l'acide  chlorhvdrique  pur 
du  commerce  (4  parties),  ne  tarde  pas,  par  agitation,  Ă   s'y  dissoudre.  Au  bout  de  peu 
de  temps  l'acide  oxalacétique,  insoluble  dans  l'acide  chlor hydrique  concentré,  com- 
mence à  se  déposer  et,  au  bout  de  quarante-huit  heures,  la  réaction  est  terminée.  On 
filtre  sur  coton  de  verre  et  l'on  sÚche  sur  une  plaque  poreuse.  L'acide  est  ensuite  lavé 
avec  un  peu  d'éther,  puis  dissous  dans  Tacélone  ou  l'élher  acétique  et  précipité  par 
le  benzĂšne  ou  la  ligroĂŻne. 

»  Si  l'éther  oxalacétique  n'est  pas  récemment  distillé,  il  peut  arriver  que  l'acide 
ne  se  dĂ©pose  pas,  mĂȘme  en  amorçant  au  moyen  d'un  germe.  On  rĂ©cupĂšre  alors  une 
partie  du  produit  recherché  en  extrayant  la  liqueur  acide  à  l'élher  et  évaporant  celui-ci 
sous  une  cloche  en  présence  de  chaux  vive. 

»  On  peut  remplacer  l'éther  par  sa  combinaison  ciqirlque  qui  présente  sur  l'éther 
l'avantage  de  se  conserver  sans  altération. 

»  Cette  méthode  de  saponification  n'est  pas  exclusive  à  l'acide  oxalacé- 
tique et  se  recommande  pour  tous  les  cas  analogues  dans  lesquels  l'acide 
cherché  est  décomposé  |)ar  les  alcalis  ou  par  l'eau.  J'ai  vérifié  qu'elle 
s'appliquait  Ă   l'acide  malonique  :  celui-ci,  soluble  dans  l'acide  chlorhy- 
drique  concentrĂ©,  ne  se  dĂ©pose  pas  mais  peut  ĂȘtre  extrait  Ă   l'Ă©ther. 

»  II.  L'acide  oxalacétique  ne  fond  pas  mais  se  décompose  lorsqu'on  le 
chauffe:  la  température  de  décomposition  varie  avec  la  durée  de  chauffe. 

))  Dans  l'appareil  habituel  il  se  décom[)ose  à  i4H°-i5o°;  mais  on  peut 
déjà  le  décomposer  complÚtement  à  loo"  au  bain-marie  en  l'y  maintenant 
pendant  24  heures. 

»  Il  est  1res  soluble  dans  l'acétone,  l'alcool,  l'éther  acétique,  un  peu  soluble  dans 
l'Ă©lher  et  insoluble  dans  les  autres  solvants  organiques  (benzĂšne,  ligro'ine,  sulfure  de 
carbone,  chloroforme)  qui  le  précipitent  de  ses  solutions. 

»  Il  est  peu  soluble  dans  l'acide  acéli(|iie  froid  (1  pour  100);  on  peut 
cependant  faire  au  sein  de  ce  solvant  une  détermination  cryoscopique  à  con- 
dition d'effectuer  la  solution  à  chaud  et  d'opérer  sur  la  solution  sursaturée  : 
dans  ces  conditions  l'acide  oxalacétique  reste  inaltéré  et  se  dépose 
aprÚs  l'opération.  Par  évaporalion  de  ses  solvants,  il  ciistallise  en  petits 
cristaux  groupés  régidiÚrement  autour  d'un  centre.  Examinés  au  micro- 
scope polarisant  en  lumiÚre  parallÚle  ces  cristaux  présentent  Yapparence 
trÚs  cai'actéris tique  (l'une  croix  noire  dont  l'onenlalion  ne  dépend  pas  de  la 
position  des  cristaux  mais  de  celle  de  l'analyseur. 

»   Action  de  l'eau.  —  L'acide  est  soluble  dans  l'eau  froide:  les  mesures 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    rf)o3.  S5j 

cryoscopiques  ont  donné  pour  sa  grandeur  moléculaire  des  nombres  accu- 
sant une  ionisation  partielle  (i  i5,  1 16,  1 19  au  lieu  de  i32). 

»  L'acide  peut  ĂȘtre  titrĂ©  dans  l'eau  froide  en  prĂ©sence  de  plitalĂ©ine;  il  se 
comporte  à  cet  égard  comme  l'acide  oxalique.  Porté  à  l'ébullition  il  se  dé- 
compose suivant  la  réaction  (II)  et  la  mesure  alcalimctrique  en  fait  foi 
(Fenton). 

»  Mais  cette  dĂ©composition  se  produit  mĂȘme  Ă   la  tempĂ©rature  ordinaire; 
on  peut  suivre  ses  progrÚs  au  moyen  de  mesures  alcalimétriques.  La  fraction 

,,  ,  .  .  .  .  ,  ,  4(M'-M) 
décomposée  est  exprimée  approxnnativement  par  le  rapport  x  = ^p 

dans  lequel  M'  est  le  poids  moléculaire  observé  et  M  le  poids  moléculaire 
exact  i32.  On  a  constaté  par  exemple  qu'a[)rÚs  4  heures  3o  minutes  oc  =  j,  et 
aprĂšs  I  7  heures  a  =  ^. 

»  Cette  décomposition  par  l'eau  froide  est  donc  assez  rapide  et  permet 
de  rendre  compte  des  résultats  auxquels  conduit  la  saponification  de  l'éther 
oxalacétique  en  solution  aqueuse  diluée,  acide  ou  alcaline.  Au  surplus  elle 
mĂ©riterait  d'ĂȘtre  choisie  Ă   cause  de  sa  simplicitĂ©  comme  sujet  d'une  Ă©tude 
de  dynamique  chimique. 

))  III.  L'acide  oxalacétique  présente  un  certain  nombre  de  réactions  qui 
le  distinguent  en  particulier  des  acides  ox:dique  et  acétique. 

1)  RĂ©actions  colorĂ©es.  —  Chlonirc  J'cnlcjuc  .-  toloralion  rouge  inleuse  en  solulion 
aqueuse  ou  alcoolique. 

»  Nitropriissiate de  soude  el  potasse  :  coloration  louge  intense  que  l'acide  acétique 
fait  disparaßtre  aprÚs  avoir  provoqué  tout  d'abord  un  virage  violet. 

»  Nitroprussiale  de  soude  et  ammoniaque  :  coloration  bleue  identique  par  tous  ses 
caractĂšres  avec  celle  que  j'ai  reconnue  pour  l'acide  pyruvique  et  qui  doit  probablement 
son  origine  à  la  production  de  ce  corps  par  décomposition. 

»  RĂ©actions  sali.nes.  —  Les  rĂ©actions  de  son  sel  de  potassium  avec  les  sels  mĂ©tal- 
liques (Ca,  Sr,  Ba,  Fe,  Zn,  Co,  Ni,  Ag),  dont  le  détail  ne  saurait  trouver  place  ici, 
distinguent  trÚs  nettement  l'acide  oxalacétique  des  acides  ox.alique  et  acétique;  on 
peut  en  dire  autant  de  son  action  sur  le  permanganate  de  potassium  neutre. 

»  En  rĂ©sumĂ©  :  l'acide  oxalacĂ©tique  peut  ĂȘtre  obtenu  par  saponification 
de  son  éther  au  moyen  d'acide  chiorhydrique  concentré;  il  ne  diffÚre  pas 
par  ses  propriétés  essentielles  de  celui  que  Featon,  d'une  part,  et  WohI, 
d'autre  part,  ont  obtenu  par  des  procédés  différents.  » 


858  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Copulation  des  sels  de  dinaplilopyryle  avec  les phĂ©ttols. 
Noie  (le  M.  U.  Fosse,  présentée  par  iM.  A.  Haller. 

/C"'H''\ 
«  Le  radical   dinaplUopyryle  CHv  ^O   peut  se  substituer  à  un 

atome  d'hydrogÚne  du  noyau  des  phénols,  pour  donner  des'corps  répon- 
dant à  la  formule  générale  suivante  : 

»  Nous  obtenons  ces  dérivés  du  pvrane,  à  fonction  phénol,  par  l'action 
des  sels  de  dinaphlopyryle  (chlorure,  bromure,  sulfale)  sur  les  phénols 
généralement  sodés,  d'aprÚs  l'équation  : 

Ch(§!^^0  .X  -H  C'H"-'  ONa  =  NaX  +  HO.C"H^-=.Ch(^'.;JJ;,)o. 

»  L'atome  de  carbone  du  noyau  phénolique,  soudé  au  carbone  pyra- 
nique  est  situé  en  position  para,  vis-à-vis  de  l'hydroxyle.  Le  corps  obtenu 
possĂšde  la  constitution 

/ \       /C'»H'^\ 

"^\ /^"XC'HV^- 

»  Si  l'atome  de  carbone  du  noyau  phénolique  est  déjà  substitué  en  para, 
l'union  du  radical  pyryle  se  fait  avec  le  carbone  phénolique  en  position 
orlho.  C'est  ce  qui  arrive  dans  le  cas  du  naphtol  |3- 

»  Ces  propriétés  établissent  l'analogie  de  réaction  des  sels  de  diazoïque 
et  des  sels  de  dinaphtopyryle. 

»  Pourtant,  les  phénols  que  nous  obtenons  par  copulation  diflÚrent 
légÚrement  des  azoïques.  Si  le  parallélisme  de  ces  deux  classes  de  corps 
Ă©tait  parfait,  les  premiers  devraient  avoir  la  formule  suivante  : 


/C"'H" 


CH(  ,-.77^)0 ‱C"H\  OH, 


calquée  sur  celle  des  seconds, 

R.N-.CH^.OH. 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    KJoS.  859 

»  L'oxygĂšne  du  noyau  pvraiii(]iie  devrail  ĂȘtre  uni  au  carbone  du  nnyau 
phénolique.  Nous  pensons  que  de  tels  corps  instables  se  forment  d'abord, 
puis  se  transforment  en  ceux  que  nous  isolons,  par  suite  de  la  migration 
du  radical  phénolique,  de  l'oxygÚne,  sur  le  noyau  pyranique  : 

CH  CH-CMI'.OII 


C.OJJO 


/ 


cnv  ->      G'^n'C  ;c'"H" 


.  / 


‱  o-cri'.OH  o 


»  Ces  phénols  possÚdent  une  propriété  trÚs  curieuse,  ils  sont  complÚte- 
ment insolubles,  Ă   chaud  et  Ă   froid,  dans  les  alcalis  Ă   solution  aqueuse, 
mais  se  dissolvent  dans  les  alcalis  alcooliques,  d'oĂč  l'addition  d'eau  les 
précipite. 

)i  Nous  avons  déjà  signalé  que  cette  propriété  appartenait  à  un  phénol 
Ă   novau  pyranique  :  le  naphtyloldinaphtopyrane.  Elle  est  peut-ĂȘtre  com- 
mune à  tous  les  phénols  de  constitution  semblable.  Pour  expliquer  cette 
insolubilité  dans  les  lessives  alcalines,  nous  n'admettrons  pas,  comme  on 
le  fait  généralement  pour  les  orthoxyazoïques,  une  formule  quinonique, 
qui,  dans  ce  cas,  serait  la  suivante  : 

»  Nous  crovons  que  la  cause  de  cette  insolubilité  est  imputable  à  la 
présence  de  l'oxygÚne  pyranique  dont  la  basicité  neutralise  l'acitlité  de 
l'hydroxyle  et  lui  enlÚve  la  faculté  de  se  dissoudre  dans  les  alcalis  aqueux. 

»   Les  deux  formules  suivantes  traduisent  cette  maniÚre  de  voir  : 

G»  H' O     H         CI"  II  ■'  O  -  H. 

»  Action  du  chlorure  ck-di/iajj/itojiyijlc  s/ir  //■  p/iĂ©no/  sof/c.  Plu-nylol-dinriplilopy- 
rane   :    \{0(  yCH<'  „,„  „|.yO.  —  Ce  corps  est  engendrĂ©  d'aprĂšs  l'Ă©ciuation  sui- 

vante : 

^"\c4f)*-*-^'' ^ ^^^  ^" "'  =  ""'' '^'  ""  "^‱^'' "' '^^"\C-MI«/*^- 

Il  cristallise  avec  1'"°'  d'alcool.  Desséché,  il  fond  à  207". 

»  L'analyse  lui  assigne  la  formule  brute  C"H"0',  et  la  sjnllié-^e  la  formule  de 
constitution  donnée  plus  liaul. 


8Go  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  SynthĂšse  du  phĂ©nylol-dinaphlopyrane.  —  i""'  d'aldĂ©hyde  jo-oxybenzoĂŻqiie  et 
2'""'  de  naphtol  ^  en  solution  acétique  en  présence  de  IICI,  ont  donné  un  corps  identique 
au  précédent,  formé  d'aprÚs  l'égalité  : 

H0(^         ^CH.O  +  2H.C'»ll«0H  =  2ll-^O-r-H0<^         /^"XC'»"»/^' 

Obtenu  par  les  deux  méthodes,  ce  phénol  est  insoluble  dans  les  lessives  alcalines,  so- 
luble  dans  la  potasse  alcoolique. 

»   Action  du  bromure  de  dinajjhlojjyry/e  sur  le  gayacol sodé.  Gayacol  dinaphtopy- 

rane    :    H0\  )CH('  pioue  /^'  —  ^¼  corps  fond  à  ■310",  il  est  insoluble  dans  la 

OCH^ 
soude   aqueuse,    soluble  dans   la   potasse   alcoolique.    L'analyse    lui    assigne    la  for- 
mule G-'H-'O'-.  Sa  constitution  découle  de  son  identité  avec  le  corps  synthétique  pré- 
paré par  M.  Rogow  en  condensant  le  naphtol  p  avec  la  vanilline  d'aprÚs 

HO^  ;GH.0+2H.C"'H»0H  =  2H^0  4-H0c(         "^CH^^^I^Jj'^O. 

I         '  I 

O  GH'  O  GH' 

)>  Action  du  chlorure  de  dinuphtopyrylc  sur  le  napIUol  3.   /S'aphlilol-di/ia/di/o- 


\  / 

pyrane  :  (  /^^\  cioUf^/^'  ~  ^^  corps  donné  par  cette  copulation  fond   à 

OH 

273°;  il  est  soluble  dans  la  potasse  alcoolique,  insoluble  dans  les  eaux  alcalines.  Il  est 
identique  au  corps  synthétique  déjà  obtenu  par  nous  en  condensant  l'aldéhyde  oxy- 
naphtoĂŻque  avec  le  naphtol  |3  : 


/ \  /  \ 

\ /  X / 

<^ ^GH.O  4-3H.C"'H«0H='.H^0+  (^ ))Gh/^,"JJ'^))0.  ., 


\ 


\ 


OH  OH 

CHIMIE  ORGANIQUE.   —  Synthùse  de  la  nicotine. 
Noie  de  M.  A.>iÉ  Pictet,  [)rĂ©sentĂ©e  |)ar  M.  A,  Haller. 

«   J'ai  réalisé  une  synthÚse  de  la  nicotine  en  partant  de  l'acide  iiicoti- 
nique  (fi-pyridine  carbonique)  et  en  utilisant  les  réactions  suivantes  : 

»  L'acide  nicotinique  a  été  étliérifié,  puis  transformé  par  l'ammoniaque  en  amide, 

et  celle-ci  traitée  par  l'hypobromite  de  sodium,  ce  qui  a  fourni   la   ^p-inninojiyridine. 

»   J'ai  préparé  le  niucate  de  cette  base  et  je  l'ai   soumis  à  la  distillation  sÚche;  j'ai 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    \go3.  86l 

obtenu  de  cette  maniĂšre  le  Ai-pyric/ylpjirol  (formule  I)  sous  la  foime  d'un  liquide 
jaune  pĂąle,  bouillant  Ă   aSi". 


.CH=CH 

-Az(  1 

\cii  =  cn 


CH 

II 
-c 


Az 


Âz 


11 


CH 

II 
CH 

/ 


Az 
/\CH 


CH  — CH 

H         II 
-C         CH 

\     / 
Az 

I 
CH' 


m. 


).  J'ai  fait  passer  les  vapeurs  de  ce  corps  Ă   travers  un  tube  de  verre  chaufTĂ©  au  rouge 
sombre;  il  y  a  alors  migration  du  radical  pyridyle,  qui  quitte  l'azote  pour  se  fixer  au 
carbone  a  du  noyau  pyrrolique.  L'a-z^/r/f////))//-*)/ (formule  H),  qui  prend  ainsi  nais- 
sance, est  un  corps  solide,  fusible  à  72°  et  possédant  des  propriétés  faiblement  acides. 
Traité  par  le  potassium,  il  donne  un  sel  par  substitution  du  métal  à  l'hydrogÚne  du 
groupe  Az  H. 

»  Ce  sel  réagit  à  l'ébullition  avec  l'iodure  de  méthyle,  il  y  a  remplacement  du  po- 
tassium par  CH',  mais  en  mĂȘme  temps  addition  d'une  molĂ©cule  d'iodure  de  mĂ©thyle  Ă  
l'azote  du  noyau  pyridique,  et  l'on  obtient  un  iodométhylatc  (formule  III),  fusible 
à  207°. 

»  Lorsqu'on  distille  ce  composé  avec  de  la  chaux,  il  perd  CHU  et  fournit  une  base 
monoacide  de  formule  C"'H"'Az'^,  bouillant  à  376°.  Cette  base  est  identique  à  Visodi- 
pyridiiie  que  Cahours  et  Étard  ont  obtenue  en  1880,  en  oxydant  la  nicotine  par  le 
ferricyanure  de  potassium,  et  qui  a  été  étudiée  plus  tard  par  M.  Blau  sous  le  nom  de 
nicotyrine.  Ce  nouveau  mode  de  formation  montre  que  sa  constitution  doit  ĂȘtre 
exprimée  par  la  formule  IV. 

»  Pour  convertir  l'isodipyridine  en  nicotine,  il  s'agissait  de  fixer  4"'  d'hydrogÚne  à 
son  noyau  pyrrolique,  sans  réduire  en  mÚine  temps  le  noyau  pyridique.  J'y  suis  arrivé 
par  l'intermédiaire  des  dérivés  halogÚnes.  Lorsqu'on  traite  l'isodipyridine  par  l'iode 
en  solution  alcaline,  il  se  forme  un  dérivé  iiionoiodé  (point  de  fusion,  110°)  dans 
lequel  l'atome  d'iode  occupe  probablement  l'une  des  positions  p  du  noyau  pyrrolique. 
Chaull'é  avec  l'étain  et  l'acide  chlorhydrique,  ce  dérivé  abandonne  son  iode  à  l'état 
de  HI  et  se  réduit  partiellement  en  donnant  naissance  à  une  dihydronicoLyriiic 
£;ioHi2Az-,  base  diacide  et  bitertiaire,  bouillant  à  248°  et  constituant  un  isomÚre  de 
la  nicotéiiic  dont  M.  Hotschy  et  moi  (')  avons  constaté  l'existence  dans  le  tabac.  Je 
lui  attribue  la  formule  V. 


/\ 


Az 


CH  —  CH 

Il  11 

-C         CH 

\     / 
Az 


CH  -  CH^ 

/\_C         CH^ 

\     / 
Az 


CH' 


Az 


CH^-CH= 

/  \  — CH       CH^ 

\     / 
Az 


CH' 


Az 


CH' 


IV. 


VI. 


C)  Comptes  rendus,  t.  C.XXXII,  p.  971. 

C.  R.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXWU.  N'  21.) 


I  K 


862  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

0  La  dillydronicotjrine  donne,  aved  le  brome  eii  solution  acétique,  un  lélrabro- 
mure  C'H' Az.C'H'Br Az.HBr.Br'  qui,  traité  à  son  tour  par  l'étain  et  l'acide  chlor- 
lijdrique,  perd  tout  son  brome  et  fixe  deux  nouveaux  atomes  d'iiydrogĂšne. 

M  Le  |)roduit  de  celte  réaction  est  identique  à  la  nicotine  inactive  (for- 
mule YI)  que  M.  Rotschy  et  moi  (')  avons  préparée  d'autre  part  en  chauf- 
fant en  tubes  scellés  à  2oo°-2io°  les  solutions  aqueuses  du  sulfate  de 
nicotine  naturelle. 

»  Pour  dédoubler  la  nicotine  inactive  en  ses  deux  modifications  optiques, 
j'ai  fait  usage  de  l'acide  tartrique  droit.  Un  essai  préalable,  fait  avec  la 
nicotine  naturelle,  m'avait  montré  que,  en  saturant  la  base  par  une  solu- 
tion alcoolique  concentrée  et  bouillante  d'acide  tartrique,  on  obtient  un 
sel  bien  cristallisé,  de  formule  C»  H"  Az-.  aC'H'O».  afPO,  fondant  à 
88"-89°  et  possédant,  en  solution  aqueuse,  un  pouvoir  rotatoire  [a.],,  de 
+  24«,68. 

»  En  opĂ©rant  de  mĂȘme  avec  la  nicotine  inactive,  j'ai  obtenu  le  mĂȘme 
sel  que  j'ai  purifié  par  cristallisation  dans  l'alcool  bouillant  jusqu'à  ce  que 
son  point  de  fusion  soit  monté  à  88"  et  que  sou  pouvoir  rotatoire  ait 
atteint  +25",  i .  Je  l'ai  alofs  décomposé  par  la  soude  et  ai  recueilli  S*^"'  d'une 
base  qui  s'est  montrée  en  tous  points  identique  à  la  nicotine  naturelle  : 

Nicotine  ĂźNicotine 

(lu  tabac.  de  sj'nlhĂšse. 

n    ‱    .    iM     11-.-  X  (    246",  I  —  246°,  2  246°,  I 

Point  d  ebulhlion  (corr.)..  .  \      ^     '  "*     '  -+     ' 


(        sous  700"""  sous  ^SS"""* 

20°  22° 

4  4 

i6i°,55à2o°  —161°,  19  à  20°,  5 


20°  22° 

DensUĂ© -^  :  i  ,000  -; —  :  i  ,008 

4"         '      -^  4" 


Pouvoir  rotatoire  [a lu '   ,  ,,        .     , 

'‱    -'  j  (d  aprùs  Landolt) 

»  Les  eaux  mÚres  alcooliques  du  tartrate  de  nicotine  gauche  laissent 
par  Ă©vaporation  un  sel  sirupeux  dont  j'espĂšre  retirer  la  nicotine  droite. 

»  La  premiÚre  partie  de  ce  travail  (synthÚse  de  l'isodipvridine)  a  été 
faite  avec  la  collaboration  de  M.  P.  Crépieux,  et  la  troisiÚme  (dédoublement 
de  la  nicotine  inactive)  avec  celle  de  M.  A.  Rotschy.  » 


(')  Bcrkhtc  dcr  d.  clwiii.  Gesellschaft .  t    W.VllI,  p.  2353. 


SÉANCE   DU   2  3    NOVEMBRE    I9o3.  863 


ZOOLOGIE.  —  Sur  l'action  morphogcnc  de  l'eau  en  mouvement  sur  les 
Bydraircs.  Note  de  M'"^  S.  >ßot7.-Kossowska,  présentée  par  M.  Y. 
Delage. 

«  En  étudiant  les  Hyilraires  méditerranéens  au  laboratoire  Arago,  à 
Banyuls-sur-Mer,  j'avais  été  frappée  de  voir  que  des  représentants  d'une 
mĂȘme  espĂšce  provenant  de  stations  balhymĂ©triques  diffĂ©rentes  prĂ©sen- 
taient des  différences  parfois  trÚs  accentuées  et  trÚs  constantes,  soit  dans  la 
forme  de  leurs  hydrothÚques,  soit  dans  le  port  des  colonies.  J'avais  été 
amenée  à  soupçonner  une  relation  directe  entre  les  modifications  observées 
chez  ces  formes  et  leurs  conditions  d'habitat,  et  cette  idée  s'est  imposée 
plus  fortement  Ă   mon  esprit  Ă   la  lecture  d'un  travail  de  Birula  ('),  qui 
déjà  en  1898  avait  signalé  des  faits  analogues  chez  Campanularia  intégra  et 
Sertularella  tricuspidata.  L'observation  d'un  grand  nombre  de  colonies,  aussi 
bien  dans  leur  milieu  naturel  qu'aprÚs  maintien  prolongé  en  expérience 
dans  les  bacs  de  l'aquarium,  m'a  fourni  les  résultats  suivants  : 

B  I.  Modifications  de  l'htdrocaule  et  des  hydrothùques.  —  1°  Plumularia  obliqua 
Saunders.  —  Celte  espĂšce,  que  l'on  ne  trouve  d'ailleurs  que  dans  les  endroits  oĂč 
l'eau  est  trÚs  agitée,  est  représentée  dans  la  région  de  Banyuls  par  deux  formes  ditTé- 
rentes  vivant  cĂŽte  Ă   cĂŽte,  mais  tandis  que  l'une  (forme  a)  vit  sur  des  Eponges  encroĂ»- 
tantes ou  sur  des  Floridées  lamelleuses  et  se  trouve  ainsi  directement  exposée  au  choc 
des  vagues,  l'autre  (forme  P)  habite  exclusivement  les  feuilles  de  Posidonia  caulini 
et  de  préférence  les  feuilles  intérieures,  la  feuille  extérieure  étant  généralement  recou- 
verte d'algues  parasites.  Le  pĂ©risarque  de  la  l'orme  a  est  evtrĂȘmement  mince  et  lui 
assure  une  trÚs  grande  flexibilité;  dans  la  forme  [3,  au  contraire,  les  faces  latérales  de 
l'hvdrocauĂźe,  des  In'droclades  et  des  hydrothĂšques  sont  fortement  Ă©paissies  et  forment 
ainsi  un  cadre  rigide  qui  protĂšge  la  colonie  contre  l'Ă©crasement  par  les  feuilles  recou- 
vrantes. 

)>  Cultivées  dans  un  bac,  directement  sous  le  jet  du  robinet,  des  colonies  3  ont  donné, 
par  régénération,  des  hydrothÚques  dépourvus  des  épaississements  latéraux  si  carac- 
téristiques pour  cette  forme. 

»  2°  Aglaophenia  myriophylliim  L.  —  Cette  espĂšce,  trĂšs  commune  en  eau  profonde 
et  calme,  a  les  hydrothÚques  munis  d'une  série  d'épaississements  dorsaux  trÚs  marqués, 
alignés  de  haut  en  bas.  Mais,  si  l'on  réussit  à  la  cultiver  en  eau  trÚs  agitée,  le  péri- 
sarque devient  uniformément  mince;  déplus,  les  hydrothÚques  deviennent  plus  étroits 
tout  en  gardant  la  mĂȘme  longueur,  le  diamĂštre  des  hydroclades  diminue  presque  de 
moitiĂ©  et  les  nĂ©matolhĂšques  sont  plus  grĂȘles  et  plus  courts. 

(')  Ann.  Mus.  Zool.  Acad.  Imp.   Se.  Saint-PĂ©lersboiir-g,  p.  2o3-2i4  (en  russe). 


864  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Ces  deux  faits,  choisis  parmi  un  grand  nombre  de  cas  pareils,  prouvent 
que  la  présence  ou  l'absence  des  épaississements  du  périsarqne  sont  des 
caractÚres  variables  entre  tous  et  liés  étroitement  aux  conditions  dans  les- 
quelles vivent  les  formes  considérées.  Il  m'a  paru  utile  de  les  signaler,  car 
ils  sont  de  nature  Ă   porter  la  lumiĂšre  sur  l'origine  de  certaines  espĂšces. 
C'est  ainsi  que  certaines  Plumulaires  du  groupe  de  PL  corrugala  Ă©tabli  par 
Nulting  ne  se  distinguent  de  PL  setacea  que  par  des  Ă©paississements  liydro- 
cladiaux  plus  marquĂ©s;  il  en  est  de  mĂȘme  de  nombreuses  Plumulaires 
exotiques  du  groupe  PL  obliqua  décrites  par  Baie,  Kirchenpauer  et  Nut- 
ting,  etc.  Seulement,  en  l'absence  de  données  précises  sur  leur  habitat,  il 
est  impossible  de  décider  si  l'on  doit  voir  dans  ces  formes  des  variétés 
locales  ou  bien  des  espÚces  bien  fixées,  devenues  telles  à  la  suite  de  chan- 
gements survenus  dans  leurs  conditions  bionomiques. 

»  II.  Modifications  dans  le  port  des  colonies.  —  1°  Ei/dciidrii/m  ramosinn  L. —  En 
eau  profonde  les  colonies  présentent  un  hjdrocaule  fascicule  dans  une  grande  partie 
de  sa  longueur  et  trÚs  ramifié,  les  rameaux  principaux,  également  fascicules  au  moins 
Ă   la  base,  naissant  Ă   angle  presque  droit.  A  une  profondeur  plus  faible  Fhydrocaule, 
extrĂȘmement  flexible,  n'est  plus  fascicule  que  tout  Ă   fait  Ă   la  base,  exceptĂ©  quand  la 
colonie  se  dĂ©veloppe  dans  les  anfractuositĂ©s  de  certains  Bryozoaires  {Eschara),  oĂč 
elle  est  abritée  contre  les  mouvements  de  l'eau;  de  plus,  les  rameaux,  moins  nom- 
breux, forment  avec  la  tige  des  angles  trĂšs  aigus,  ce  qui  assure  Ă   la  colonie  la  flexi- 
bilitĂ© nĂ©cessaire  pour  obĂ©ir  au  courant.  Enfin,  au  niveau  mĂȘme  de  la  mer,  dans  les 
endroits  trÚs  battus,  les  colonies  sont  toujours  chétives,  monosiphonées  et  à  peine  ra- 
mifiées. 

»  Or,  ces  trois  formes,  entre  lesquelles  j'ai  trouvé  tous  les  intermédiaires,  ont  été 
décrites  par  certains  auteurs  comme  trois  espÚces  ditTérentes. 

»  2°  Aglaophenia  Kirchcnpaueri  Heller.  —  C'est  une  petite  espĂšce  de  4'"  Ă   5'''" 
au  plus  qui  forme  au  niveau  de  l'eau  de  véritables  tapis  à  la  surface  des  Balanes  {B. 
perforatus).  Son  hydrocaule,  non  ramifié,  se  distingue  par  une  grande  rigidité,  encore 
accentuĂ©e  par  le  raccourcissement  des  entre-nƓuds.  Or,  en  eau  profonde,  cette  espĂšce 
peut  atteindre  plus  de  iS"",  les  entre-nƓuds  sont  plus  longs  et  les  exemplaires 
ramifiés  ne  sont  pas  rares. 

»  En  résumé,  il  résulte  de  mes  observations  que  le  mouvement  de  l'eau 
détermine,  avec  une  réduction  constante  dans  la  taille  et  la  ramification 
des  colonies,  un  changement  d'aspect  se  traduisant  tantĂŽt  par  l'augmen- 
tation de  la  flexibilité  (colonies  espacées,  exposées  directement  au  cou- 
rant), tantÎt  par  l'exagération  de  la  rigidité  (colonies  vivant  sur  les  Algues 
ramifiées  et  les  Zostéracées  ou  bien  formant  des  touffes  sériées  et  obligées, 
par  conséquent,  de  lutter  contre  l'écrasement).  Cette  derniÚre  adaptation 
y)eut  s'expliquer  par  l'action  mécanique  de  contact  a\'ec  des  corps  solides. 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    \go3.  865 

En  effet,  l'Ă©tude  des  colonies  en  stolonisation  (la  stolonisation  libre  Ă©tant 
liée  à  l'agitation  de  l'eau,  comme  l'a  démoniré  M.  Giard)  m'a  révélé  deux 
faits  importants  : 

»  1°  Que  le  périsarque  du  stolon  libre  est  bien  plus  mince  que  celui  de 
l'hydrorhize  fßrée  ; 

»  2°  Que  l'accroissement  du  stolon  est  infiniment  plus  rapide  que  celui 
de  l'hydrorhize.  Il  en  résulte  que  le  contact  amÚne  une  production  phis 
active  du  périsarque  et  exerce  une  action  retardatrice  sur  la  croissance 
(fait  bien  connu  chez  les  végétaux).  On  sait,  d'autre  part  (comparaison  tles 
plantes  cultivées  à  la  lumiÚre  et  à  l'obscurité),  qu'un  facteur  qui  retarde 
l'accroissement  augmente  la  différenciation,  et  inversement.  On  peut 
ainsi  s'expliquer  la  formation  des  épaississements  du  périsarque  et  le  rac- 
courcissement des  entre-nƓuds  chez  des  Hydraires  qui,  vivant  dans  une 
eau  trÚs  agitée,  sont  mis  presque  constamment  en  contact,  soit  avec  les 
vĂ©gĂ©taux  qui  les  entourent,  soit  avec  d'autres  colonies  de  la  mĂȘme  espĂšce. 
Cette  interprétation  est  encore  corroborée  par  ce  fait  qu'ayant  réussi  à 
cultiver  isolément  quelques  Sertularella  fusiformis,  espÚce  qui  vit  habituel- 
lement en  touffes  trĂšs  denses,  j'ai  vu  les  entre-nƓuds  s'allonger  et  le  pĂ©ri- 
sarque s'amincir. 

»  Il  ressort  également  des  faits  que  je  viens  d'exposer,  qu'on  doit  faire 
intervenir  dans  les  descriptions  les  conditions  spéciales  d'habitat  des  types' 
observés,  sous  peine  de  multiplier  abusivement  les  espÚces  nouvelles.  )> 


ZOOLOGIE.  —  Sur  le  rĂąle  de  certains  Ă©lĂ©ments  figurĂ©s  chez  Sipunculus  nudus  L. 
Note  de  M.  F.  Ladreyt,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Leucocytes.  —  Chez  Sipunculus  nudus,  les  leucocytes  revĂȘtent  deux 
formes  essentielles  :  i°  Plastides  de  i^^  à  ao"^  émettant  de  fins  pseudopodes 
à  mouvements  trÚs  actifs;  noyau  central  ou  légÚrement  excentrique  (ami- 
bocytes,  phagocytes);  2°  volumineux  éléments  de  "i^y-  à  4^^^^  composés 
d'une  multitude  de  sphérules  transparentes,  pas  de  pseudopodes,  noyau 
latéral  (leucocytes  vésiculaires,  glycoleucytes). 

»  Les  premiers  jouent  un  rÎle  important  dans  l'excrétion  et  la  phago- 
cytose; les  seconds  sont  surtout  destinés  à  la  mise  en  réserve  et  à  la  nutri- 
tion de  l'organisme. 

»  ExcrĂ©tion.  —  Les  tissus  de  Sipunculus  nudus  renferment  des  graĂŻuilations  jau- 
nùtres que   nous   considérons   comme   des   excréta  dus  a  l'activité  de  corps  chlorago- 


866  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

gÚnes  qui  les  déversent  dans  la  cavité  générale.  Or  ces  amas  pigmentaires  se  ren- 
contrent dans  presque  tous  les  tissus  et  tous  les  organes  (Ă©piderme,  derme,  lacunes 
conjonctives  de  l'intestin,  cerveau,  néphridies).  Quel  est  le  mécanisme  de  ce  tran- 
sport? Si  l'on  injecte  dans  le  cƓlome  de  Sipiinciili/s  nudiis  une  solution  de  carmin,  de 
vésuvine,  d'encre  de  Chine,  on  voit,  quelques  jours  aprÚs  l'opération,  que  les  parti- 
cules colorées,  en  suspension  dans  le  liquide  injecté,  sont  accumulées  dans  l'épiderme 
et  le  tissu  conjonclif  ;  elles  sont  enfermées  dans  des  éléments  plus  ou  moins  arrondis 
que  nous  croyons  ĂȘtre  des  amibocyles  devenus  cellules  fixes.  Les  nĂ©phridies  dĂ©bou- 
chant directement  au  dehors,  il  est  Ă©vident  que  ce  transport  n'a  pu  s'efTectuer  par  ces 
organes;  de  plus,  il  nous  est  arrivé  maintes  fois  de  voir  des  amibocytes  traversant  les 
parois  du  corps  pour  aboutir  aux  couches  tégumentaires  superficielles.  C'est  là  une 
premiÚre  voie  d'excrétion. 

»  L'intestin  et  les  nĂ©phridies  sont  aussi  des  points  oĂč  convergent  les  amibocytes.  I| 
est  fréquent  d'observer  la  migration  de  ces  éléments  à  travers  les  parois  de  ces  or- 
ganes; on  peut  également  constater  dans  leurs  parois  les  éléments  arrondis  que  nous 
avons  signalés  plus  haut;  ces  cellules,  qu'on  les  rencontre  dans  les  cellules  tégumen- 
taires ou  dans  l'épaisseur  des  parois  intestinales  et  néphridiennes,  présentent  la  parti- 
cularité de  se  colorer  en  rouge  par  l'éosine. 

»  AprÚs  avoir  tiaversé  les  parois  intestinales,  les  amibocytes  abandonnent  leurs  gra- 
nulations dans  les  lacunes  pĂ©ri-intestinales  ou  mĂȘme  dans  le  canal  intestinal.  Le  pro- 
cessus est  un  peu  plus  compliqué  en  ce  qui  concerne  les  néphridies  :  les  granules 
d'excrĂ©tion,  les  amybocytes  eux-mĂȘmes  s'incorporent  en  quelque  sorte  au  protoplasme 
de  la  cellule  néphridienne  qui  devient  ainsi  une  sorte  de  rein  d'accumulation  (signalé 
par  CuĂ©not  chez  Allolobophora  lerrestiis  et  les  OligochĂčtes  en  gĂ©nĂ©ral).  Quand  la 
‱cellule  nĂ©phridienne  contient  une  certaine  quantitĂ©  de  ces  excrĂ©ta,  elle  s'Ă©tire, 
s'étrangle  vers  son  tiers  inférieur  ettoule  la  partie  sous-jacenle  à  l'étranglement  (boule 
d'excrétion),  se  séparant  du  reste  de  la  cellule,  tombe  dans  la  cavité  de  la  néphridie 
d'oĂč  elle  est  expulsĂ©e  grĂące  au  mouvement  ciliaire  trĂšs  actif  dans  cette  rĂ©gion. 

»  Nousavons  remarquĂ©  que,  lorsqu'un  Siponcle  injectĂ©  par  le  cƓlome  Ă©liminait  par 
l'anus  et  les  orifices  néphridiens,  ces  orifices  émettaient  un  mucus  d'autant  plus 
abondant  que  l'injection  avait  été  pliis  forte.  Ce  rnucus  contient  souvent  de  grandes 
formes  d'amibocytes.  Ne  serait-il  pas  dû  à  une  sorte  de  liquéfaction  de  certains  ami- 
bocytes [éléocytes,  mucocytes  de  quelques  Lumbricjdes  (Cuenot,  Rosa,  etc.)],  à  une 
fonte  cellulaire  analogue  àcelle  qui  se  produit  pour  les  glandes  sébacées  par  exemple'? 

»  Phagocytose.  —  Si,  dans  le  cƓlome  de  Sip.  nudus,  on  injecte  un  liquide  tenant 
en  suspension  certains  éléments  nuisibles  à  l'organisme  (parcelles  ligneuses.  Bactéries, 
Nématodes),  on  constate  que  les  amibocytes  entourent  ces  éléments,  formant  autour 
d'eux  une  sorte  de  gaine  anhyste.  Ces  kystes  se  lencontrent  quelquefois  dans  la  cavité 
des  Néphridies  et  il  est  probable  qu'ils  sont  éliminés  par  cette  voie. 

»  Mise  er}  rĂ©serve.  —  Certains  amibocytes  accurnulent  dans  leur  protoplasme  des 
sphérules  dont  la  genÚse  est  assez  semblable  à  celle  des  globules  graisseux  des  cellules 
adipeuses.  Ces  sphérules  sont  formées  par  du  glycogÚne  ou  une  matiÚre  trÚs  voisine 
(réaction  rouge  par  l'iodure  de  potassium)  ;  leur  accumulation  donne  naissance  aux 
corpuscules  mĂčriformes  [PlasmatKanderzellen,  Wanderzellen  des  Holothuries 
(llaman,  Lud«  ig)]. 


SÉANCE    DU    23    jS'OVKMBRE    1903.  867 

»  HĂ©maties.  —  4  jours  aprĂšs  injection  de  carmin  dans  le  cƓlome,  cer- 
taines hémalies  contiennent  une  inclusion  toujours  liquide  de  la  matiÚre 
injectée  (signalée  par  CantacuzÚne  chez  Glycera  convolula,  par  Eisig  chez 
les  Capiteliiens).  Cette  absorption  ne  s'effectue  que  par  les  hématies 
adultes  (2oi'-32!');  les  jeunes  (i  0^^-12'^)  ne  présentent  jamais  ces  inclusions. 

»  VĂ©sicules  Ă©nigmatiqles.  —  Ont-elles  chez  Sip.  rtudus  la  propriĂ©tĂ© 
agglutinante  qu'elles  possĂšdent  chez  PliascoLosoma,  oĂč  M.  HĂ©rubel  l'a 
signalée?  Il  nous  a  semblé  que  la  pénétration  des  grains  de  carmin  s'effec- 
tuait, dans  ces  formations,  lorsqu'on  déterminait  un  état  morbide  des  élé- 
ments cƓioiniques  et  que  la  tension  du  protoplasme  de  la  vĂ©sicule  Ă©tait  trĂšs 
faible. 

)>  Conclusions.  —  Les  amibocytes  de  Sip.  nuclus  :  A.  DĂ©barrassent  l'orga- 
nisme de  ses  excréta;  ils  les  transportent  dans  tous  les  endroits  favorables  à 
la  diapédÚse  {Plalten  d'Eisig).  Ces  excréta  sont  rejetés  au  dehors  :  1°  par 
exfoliation  de  Tépiderme;  2"  avec  les  fÚces;  3°  par  les  canaux  néphridiens. 
B.  ProtÚgent  l'organisme  eh  formant  autour  des  éléments  étrangers  qui 
y  sont  introduits  (Bactéries,  Nématodes)  une  gaine  anhyste.  C.  Accu- 
mulent du  glycogĂšne  dans  leur  protoplasme. 

»  Les  HĂ©maties  adultes  absorbent  le  carmin  injectĂ©  dans  le  cƓlome.  » 


ZOOLOGIE.  —   Sur  la  MĂ©duse  du  Victoria  Nyanza.  Note  de  M.  Cli.  GnAvitu, 
présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Le  lac  Tanganyika,  situé  à  environ  looo'^'"  de  la  cÎte  la  plus  rappro- 
chée, celle  de  l'océan  Indien,  et  à  800'"  d'altitude,  possÚde,  à  cÎté  d'une 
faune  normale  d'eau  douce,  tout  un  ensemble  d'animaux  dont  la  plupart 
sont  étroitement  apparentés  à  des  espÚces  marines  devenues  fossiles.  L'une 
des  formes  les  plus  typiques  de  ce  groupe  est  incontestablement  une 
Méduse  qui,  découverte  en  i883(D''BÎhm),  ne  fût  étudiée  qu'en  iBQS-iSg'j 
(R.-T.  Cunther)  et  dont  les  affinités  restent  encore  douteuses. 

»  Les  Anglais,  vivement  intéressés  par  le  Tanganyika  Problem  et  son 
halolimnic  group,  organisÚrent  successivement  deux  expéditions  scienti- 
fiques :  la  premiĂšre,  en  1896,  avec  le  patronage  de  la  Royal  Society,  pour 
explorer  spécialement  le  Tanganyika;  la  seconde,  en  1899,  sous  les 
auspices  tle  la  Royal  geographical  Society,  [)Our  l'étude  zoologique,  géogra- 
phique et  géologique  du  Tanganyika  et  d'un  certain  nombre  d'autres  grands 
lacs  africains  :  Shirva,  Nyassa,  I^ela,  IViwu,  Albùrt-Édociard  Nyanza,  Albert 


868  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Nyanza,  Victoria  Nyanza  el  Nivasha.  Tl  fut  reconnu  que  dans  le  Tanganyika 
seul  il  existait,  outre  la  faune  d'eau  douce  dont  la  [jhysionomie  générale 
reste  la  mĂȘme  dans  toutes  nappes  intĂ©rieures,  un  certain  nombre  d'orga- 
nismes Ă   caractĂšres  marins  et  en  mĂȘme  temps  archaĂŻques. 

»  Or,  M.  Ch.  Alluaud  a  trouvé  le  i6  septembre  dernier  dans  le  Victoria 
Nvanza  (baie  de  Ravirondo),  situé  à  1200"'  d'altitude  et  sans  communica- 
tion avec  le  Tanganyika,  une  MĂ©duse  qui  doit  ĂȘtre  identifiĂ©e  avec  la 
L im II ocn ida  TanganyicƓ . 

»  Sur  les  neuf  individus  adressés  par  ce  voyageur  naturaliste  au  Muséum,  et  qui 
sont  tous  à  l'état  de  maturité  sexuelle,  il  y  a  deux  femelles  et  sept  mùles;  aucun  d'eux 
ne  porte  de  bourgeons  mĂ©dusoĂŻdes  sur  le  manuhrium.  L'Ă©volution  de  ce  CƓlentĂ©rĂ© 
semble  ĂȘtre  la  mĂȘme  dans  les  deux  lacs.  On  sait,  d'aprĂšs  les  observations  de  J.-E.-S. 
Moore  (igoS),  qu'au  Tanganyika,  les  MĂ©duses  se  multiplient  par  bourgeonnement 
depuis  la  fin  de  mars,  terme  de  la  saison  humide,  jusqu'en  juin  et  juillet;  alors  se 
développent  les  éléments  sexuels  qui  parviennent  à  l'étal  de  maturité  en  septembre  et 
octobre  et  le  bourgeonnement  disparaĂźt  graduellement  pendant  cette  mĂȘme  pĂ©riode; 
puis  revient  la  saison  liumide  et  les  MĂ©duses  se  font  de  plus  en  plus  rares  Ă   la  surface. 
Il  est  fort  probable  que  ces  animaux  se  retirent  Ă   une  certaine  profondeur  pendant  la 
période  des  pluies,  à  la  maniÚre  de  tant  d'animaux  marins  qui  ne  montent  dans  les 
couches  superficielles  qu'au  moment  de  la  reproduction  et  que  Hàckel  a  désignés  sous 
le  nom  de  spanipélagiques. 

»  Je  n'ai  observé  sur  les  exemplaires  du  Mctoria  Nyanza  que  des  différences  secon- 
daires concernant  le  nombre  et  la  distribution  des  organes  des  sens  marginaux,  le 
nombre  et  la  structure  des  tentacules,  par  rapport  aux  données  fournies  par  R.-T. 
Gunther  pour  la  Limnocnida  du  Tanganyika;  il  n'y  a  pas  à  douter  de  l'identité  des 
deux  formes. 

»  Il  est  à  croire  que  la  Limnocnida  n'est  pas,  au  Vicloria  Nyanza,  le  seul  représen- 
tant de  la  faune  halolimnique  dont  l'origine  paĂŻaĂźt  ĂȘtre  sĂ»rement  marine,  quoi  qu'en 
aient  dit  Gregory  et  Tausch. 

»  La  trouvaille  de  M.  Ch.  Alluaud  est  intéressante  à  tous  égards.  Au 
point  de  vue  zoologique  et  géographique,  elle  fait  disparaßtre  l'anomalie 
apparente  qui  donnait  au  Tanganyika  une  place  tout  Ă   fait  Ă   part  parmi  les 
grands  lacs  africains.  Cette  grande  nappe  ne  serait  pas  le  seul  témoin  de 
la  vaste  mer  (jurassique  suivant  J.-E.-S.  Moore)  qui  couvrait  autrefois  le 
centre  de  l'Afrique,  sur  l'emplacement  actuel  de  la  région  des  grands  lacs 
et  d'une  partie  du  bassin  du  Congo. 

»  Le  cas  présenté  par  les  lacs  africains,  dont  certains  animaux  de  carac- 
tĂšres marins  aftirment  leur  ancienne  connexion  avec  la  mer,  se  retrouve  en 
divers  points  du  Globe,  notanunent  au  BaĂŻkal,Ă   la  mer  Caspienne,  Ă   la  Tri- 
nitĂ©, oĂč  J.Rennel(i89o)  a  fait  connaĂźtre  une  autre  MĂ©duse  d'eau  douce,  etc. 


SÉANCE  DU  23  XOYF.MBRK  igoS.  869 

L'adaptation  progressive  de  la  vie  marine  Ă   l'existence  dans  l'eau  douce, 
si  intéressante  an  point  de  vue  de  la  biologie  générale  et  des  théories  de 
rĂ©volution,  peut  ĂȘtre  saisie  sur  le  fait,  de  nos  jours  mĂȘme,  dans  certains 
fleuves  cÎtiers  des  Antilles  et  de  l'Amérique  du  Sud,  comme  j'ai  eu  l'occa- 
sion de  le  signaler  récemment  (^Comptes  rendus,  \"  décembre  1902).  » 


BOTANIQUE.    —   Sur  une  double  fusion  des  membranes  dans  la  zygospore 
des  Mucon'ne'es.  Note  de  M.  Paui,  Yiillemix. 

«  Pour  former  une  zygospore,  les  fdaments  des  Mucorinées  émettent 
deux  branches  copulatrices  dont  les  extrémités  se  soudent,  puis  s'isolent 
de  leur  support  par  une  cloison. 

M  Les  deux  membranes  qui  constituent  la  cloison  mitoyenne  se 
fusionnent  entre  elles  à  la  périphérie  et  disparaissent  au  centre,  permet- 
tant ainsi  l'abouchement  des  protoplasmes. 

»  La  fusion  des  membranes,  dont  on  n'a  pu  jusqu'ici  préciser  le  méca- 
nisme, s'effectue  en  deux  temps,  à  des  périodes  et  clans  des  conditions 
sensiblement  différentes. 

»  Les  branches  copulatrices  de  5/^ororf//??«,  arrivées  au  contact,  s'apla- 
tissent par  compression  réciproque  et  forment  un  tuseau  dont  le  plan  trans- 
versal le  plus  large  (équateur)  est  occupé  par  une  cloison  mitoyenne. 

»  Cette  cloison  est  d'abord  formée  de  deux  disques  minces  comme  les 
membranes  des  fdaments  auxquels  ils  appartiennent',  comme  elles  se 
colorant  en  bleu  par  le  chloroiodure  de  zinc.  Nous  l'appellerons  cloison 
mitoyenne  primitive. 

»  Elle  est  bientÎt  doublée  de  chaque  cÎté  par  une  nouvelle  assise  un  peu 
plus  épaisse,  plus  réfringente,  se  teintant  de  jaune  par  le  chloroiodure, 
puis  de  violet  quand  l'action  du  réactif  se  prolonge.  La  nouvelle  couche 
ne  tapisse  pus  seulement  la  cloison  mitoyenne  primitive;  elle  se  continue 
sur  les  parois  latĂ©rales  des  branches  copulatrices  jusque  vers  le  niveau,  oĂč 
apparaĂźtront  plus  tard  les  cloisons  isolant  les  gamĂštes. 

»  Donc,  avant  la  sĂ©paration  des  gamĂštes,  la  membrane  qui  revĂȘt  l'extrĂ©- 
mité de  chaque  branche  copulatrice  se  compose  de  deux  assises  distinctes, 
indépendamment  de  la  portion  périphérique  du  protoplasme  qui  lui  sert 
de  matrice.  Chacune  de  ces  assises  se  fusionne  séparément  avec  sa  congé- 
nĂšre. 

G.  K.,  1903,    j"  Semestre.  (T.  CWXVU    N°  21  )  I  l4 


870  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  PremiĂšre  fusion.  —  Les  deux  disques  qui  constituenl  la  cloison  mitoyenne  pri- 
mitive ne  restent  pas  longtemps  distincts;  ils  se  fusionnent  bientĂŽt  en  un  seul.  .Mais, 
tandis  que  le  cadre  périphérique  reste  rigide,  le  cercle  qu'il  entoure  se  ramollit  et 
prend  un  aspect  spongieux,  sans  augmenter  de  volume. 

»  Ce  phénomÚne  serait  difficile  à  reconnaßtre,  s'il  n'était  rendu  manifeste  par  la 
rĂ©traction  concomitante  des  plasmas  avec  leur  nouveau  revĂȘtement.  Les  extrĂ©mitĂ©s 
des  branches  copulatrices  se  renflent  en  massue,  s'arrondissent  de  nouveau  et  se 
décollent  à  la  périphérie.  Mais  le  cadre  circonscrivant  la  cloison  mitoyenne  primitive 
demeure  en  place  et  maintient  tendues  les  parois  latérales  primitives  des  branches 
copulatrices.  Entre  le  manchon  délicat  formé  par  ces  parois  et  les  assises  nouvelles 
revĂȘtant  le  protoplasme  rĂšgne  donc  un  espace  annulaire  Ă   coupe  triangulaire.  Cet 
espace  contient  au  début  une  masse  spongieuse  se  colorant  vivement  en  bleu  par  le 
chloroiodure;  cette  bouillie  n'est  autre  chose  que  la  substance  du  disque,  digérée  par 
les  liquides  transsudés  à  travers  la  nouvelle  assise  prolectrice.  Plus  tard,  l'espace 
annulaire  est  vide;  les  débris  de  la  membrane  mitovenne  primitive  se  sont  déposés  à 
la  face  interne  du  manchon  oĂč  ils  forment  une  sĂ©rie  d'Ă©paississements  mĂ©dians. 

»  A  ce  moment  les  nouvelles  assises  qui  revĂȘtent  les  sommets  des  branches  copula- 
trices sont  arrivées  à  se  toucher  au  centre,  puisque  le  disque  primitif  est  détruit  ou 
refoulé  à  la  périphérie.  Une  cloison  mitoyenne  secondaire  est  constituée. 

»  DeuxiĂšme  fusion.  —  Lorsque  les  gamĂštes  se  sont  isolĂ©s  des  branches  copulatrices, 
la  cloison  mitoyenne  secondaire  se  gonfle,  puis  disparaĂźt  Ă   partir  du  centre;  elle  est 
digérée  par  les  protoplasmes  qui,  désormais,  communiquent  largement  entre  eux. 

»  A  la  périphérie,  les  membranes  ne  sont  pas  résorbées,  mais  se  soudent  et  éta- 
blissent la  continuitĂ©  entre  les  revĂȘtements  fournis  par  chaque  gamĂšte. 

»  A  ce  moment,  l'espace  annulaire  est  encore  visible;  il  sera  bientÎt  comblé  par  le 
gonflement  de  la  zygospore. 

)>  DestinĂ©e  des  deux  assises  fusionnĂ©es.  —  DĂšs  que  la  cloison  mitoyenne  primitive 
est  résorbée  au  centre,  affermie  à  la  périphérie,  la  couche  superficielle  de  la  membrane 
est  individualisée  et  affranchie  de  tout  lien  avec  le  protoplasme  nourricier.  Ses  modi- 
fications ultérieures  seront  entiÚrement  passives;  nous  nous  proposons  d"y  revenir. 
Cette  passivitĂ©,  de  mĂȘme  que  sa  situation,  lui  donne  l'appaience  dune  cuticule.  Pour 
rappeler  celte  apparence  et,  en  mĂȘme  temps,  pour  la  distinguer  des  vraies  cuticules 
auxquelles  l'opposent  son  origine  et  sa  constitulion  chimique,  nous  proposons  de  la 
nommer  cuticelle  externe. 

»  La  seconde  assise  n'est  autre  chose  que  la  courbe  charbonneuse.  ÎVous  venons  de 
voir  son  apparition  précoce.  La  seconde  fusion  de  membranes,  qui  l'intéresse  directe- 
ment, ne  marque  pas  le  terme  de  son  évolution.  Ses  ornements  caractéristiques  n'ap- 
paraissent, en  général,  chez  le  Sporodinia,  qu'aprÚs  la  résorption  de  la  membrane 
mitoyenne.  Chez  le  Spinellus,  la  remarquable  slrialion  delà  surface  est  déjà  ébauchée 
Ă   ce  moment,  mais  elle  s'achĂšve  aprĂšs  cet  acte  important. 

»  La  seconde  fusion  de  membranes,  pas  plus  que  la  premiÚre,  ne  marque 
donc  pas  un  calaclvsme  dans  l'Ă©volulion  des  enveloppes  protectrices  de  la 
zygospore.  La  distinction  établie,  d'aprÚs  des  vues  ibéoriques,  entre  la 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    iyo3.  87 I 

membrane  des  branches  copulatrices  et  la  membrane  propre  de  la  zygo- 
spore  n'est  pas  confirmée  par  l'observation.   » 

PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  lu  jaunisse  de  la  betterave, 
maladie  bactérienne.  Note  de  M.  G.  Delacroix,  présentée  par  M.  Prillieux. 

«  Dans  une  séance  antérieure  ('),  nous  avons  publié,  M.  Prillieux  et 
moi-mĂȘme,  nne  premiĂšre  Note  sur  la  jaunisse  bactĂ©rienne  de  la  betterave. 

»  AprÚs  des  expériences  répétées  qui  ont  duré  plusieurs  années,  je 
viens  fournir  aujourd'hui  quelques  données  nouvelles  sur  cette  maladie 
et  en  formuler  le  traitement. 

»  La  jaunisse  attaque  aussi  bien  les  betteraves  sucriÚres  que  les  fourra- 
gÚres. Localisée  au  début  dans  le  nord  de  la  Fi-ance,  on  l'a  vue  depuis  se 
répandre  dans  d'autres  départements  et  vers  le  centre. 

11  La  jaunisse  de  la  betlei-ave  est  caractérisée  facilement  par  des  taches  irréguliÚres 
souvent  conduentes  qu'on  observe  sur  les  feuilles  de  betteraves  et  dans  lesquelles  le 
parenchyme  prend  une  teinte  verdàtre  plus  pùle.  Les  cellules,  dans  ces  régions  en 
partie  décolorées,  présentent  des  leucites  à  chlorophylle  à  contours  moins  nets,  à  colo- 
ration affaiblie;  on  y  voit  de  nombreuses  bactéries  mobiles. 

»  Les  racines  et  les  pĂ©tioles  portent  dans  leurs  Ă©lĂ©ments  ces  mĂȘmes  bactĂ©ries,  et  les 
betteraves  porle-graines  sont  également  atteintes.  On  trouve  aussi  des  bactéries  dans 
les  bractées  et  les  calices  qui  formeront  au  fruit  élémentaire,  à  TakÚne,  une  seconde 
enveloppe  en  devenant  concrescents  entre  eu\. 

»  Le  semis  des  graines  atteintes,  bien  que  la  bactérie  ne  se  montre  pas  dans  la  graine 
elle-mĂȘme,  peut  produire,  dans  l'annĂ©e  qui  suit  la  rĂ©colle  de  la  graine,  des  pieds  de 
betteraves  atteints  de  la  maladie.  A  partir  de  la  quatriÚme  annnée,  aprÚs  la  récolte,  ces 
graines  prélevées  sur  pieds  malades  ne  m'ont  jamais  montré  par  leur  développement 
un  seul  pied  présentant  la  jaunisse. 

i>  Le  semis  de  graines  de  premiÚre  année  conlaininées  ne  m'a  jamais  donné  un  chiffre 
atteignant  20  pour  100  sur  la  totalité  des  pieds  obtenus  avec  les  graines  mises  en  expé- 
rience. Par  conséquent,  en  culture,  la  proportion  devenant  malade  par  ce  procédé  ne 
doit  guÚre  dépasser  i  à  2  pour  100,  car  l'opération  du  démariage  supprime  de  nom- 
breuses plantes.  Cette  proportion  augmente  bientĂŽt,  car  la  maladie,  sans  qu'il  soit 
possible  de  préciser  comment  elle  se  répand  exactement,  gagne  certainement  de  proche 
en  proche.  C'est  un  fait  indéniable.  Je  n'ai  pu  déterminer  le  mode  de  pénétration  de  la 
bactérie  dans  le  mésophylle  de  la  feuille. 

»  Mais  le  procédé  le  plus  actif  d'extension  n'est  pas  celui-là.  La  maladie  se  répand 
toujours  plus  gravement  et  plus  vite  lorsque  des  porte-graines  attaqués  se  trouvent 
dans  le  voisinage  de  champs  de  betteraves  de  premiÚre  année. 


(  ')  Séance  du  8  août  li 


y-,2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

«  La  maladie  gagne  dans  la  direction  des  vents  dominants,  les  pieds  atteints  deve- 
nant eux-mĂȘmes  une  source  active  d'infection,  car  la  maladie  progresse  continuelle- 
ment, mĂȘme  aprĂšs  l'arracliage  des  porte-graines  et  jusqu'Ă   l'Ă©poque  oĂč  les  racines 
sont  récoltées.  Cette  action  des  porte-graines  est  une  notion  courante  chez  les  culti- 
vateurs. J'en  ai  constaté  maintes  fois  l'exactitude.  Des  expériences  précises  et  répétées 
faites  dans  le  jardin  de  la  Station  ont  corroboré  le  fait. 

»  La  bactérie  se  cultive  dans  diPTérents  milieux,  bouillon  de  veau,  jus  de  betterave 
peptonisé.  On  ensemence  sans  difticulté  en  se  servant  du  pétiole.  La  bactérie  est 
aérobie  avec  un  voile  faible, [presque  transparent  à  la  surface.  En  vieillissant,  le  voile 
tombe  au  fond  du  vase,  donnant  un  dépÎt  blanc  sale  trÚs  visqueux.  Sur  gélose,  les 
cultures  se  disposent  en  plaques  minces  formées  de  colonies  également  à  peu  prÚs 
transparentes,  mates,  à  surface  finement  chagrinée,  devenant  rapidement  confluentes. 
La  bactérie  se  refuse  à  pousser  sur  milieux  gélatines.  C'est  là  un  caractÚre  qui  me  fait 
penser  que  cette  bactérie  n'est  pas  décrite.  Je  propose  de  l'appeler  Bacitlus  tabificans 
G.  Delacroix.  Elle  se  colore  par  les  moyens  ordinaires  et  ne  prend  pas  le  Gram.  Elle 
est  courtement  ovale,  comme  forme,  avec  une  dimension  moyenne  de  \'^- ,b  X  i^'.  Je 
n'ai  observé  ni  cils  vibraliles,  ni  production  de  spores. 

)>  J'ai  déjà  rapporté  des  expériences  d'infection  en  jtartant  soit  de  cultures  bacté- 
riennes, soit  de  feuilles  malades.  La  culture  à  la  deuxiÚme  génération  perd  tout  pou- 
voir virulent. 

»  Les  essais  préventifs  tentés  sur  les  graines  avant  semis  et  sur  les  feuilles  de 
plantes  en  végétation  n'ont  donné  aucun  résultat  positif.  Les  graines  avaient  été  immer- 
gées dans  des  solutions  à  dillérenls  titres  de  sulfates  de  zinc,  de  fer,  de  cuivre,  d'acide 
phénique,  de  naphtol,  de  sublimé  corrosif.  Les  feuilles  avaient  été  traitées  avec  difle- 
renles  bouillies  cupriques,  additionnées  ou  non  de  doses  variables  de  sublimé  corrosif. 

»  Le  dé^àt  consiste  à  la  fois  dans  la  diminution  en  poids  des  racines  récoltées  et  dans 
l'airaiblissementde  leur  teneur  en  sucre.  C'est  une  conséquence  directe  d'une  assimi- 
lation réduite  des  matiÚres  de  réserve  dont  les  organes  atteints  sont  le  siÚge. 

»  Le  traitement,  purement  préventif,  se  cléduit  naturellement  des  don- 
nées précédentes.  L'expérience  a  démontré  ipi'il  était  suffisant  et  actif. 

»   Il  comporte  les  indications  suivantes  : 

«    i"  Employer  un  assolement  au  moins  triennal; 

»  2°  Éviter  de  porter  aux  fumiers  les  feuilles  malades  et  les  enfouir 
directement; 

»   3°  Ne  semer  que  des  graines  ùgées  de  4  ans; 

»  4°  Exclure  absolument  les  porte-graines  du  voisinage  des  champs  oĂč 
l'on  cultive  la  betterave.    " 


SÉANCE    DU   23    NOVEMBRE    igoS.  878 


GÉOLOGIE.  —  Sur  les  formalions  de  la  zone  des  qaarlziles  cl  conglomĂ©rais 
inférieurs  au  Dévonien  dans  l'Oural  du  Nord.  Noie  de  MM.  L.  Dupakc 
cl  F.  Pearce,  présentée  par  M.  Fouqué. 

«  La  carie  géologique  de  l'Oural  (feuille  Solikamsk  par  Rrolow)  ligure, 
sous  le  nom  de  zone  des  quarizites  et  conglomérais  crislallins,  une  large 
bande  de  roches  détritiques  qui  vient  à  l'est  des  formations  du  Dévonien 
inférieur  de  la  Rosva,  et  se  termine  en  pointe  vers  le  nord,  en  se  rétrécis- 
sant graduellement.  Cette  zone  est  séparée  de  celle  beaucoup  plus  puis- 
sante des  schistes  chloriteux,  séricitiqiies,  etc.,  qui  vient  plus  à  l'est,  par 
une  bande  relativement  mince  de  Dévonien  moyen  et  inférieur.  Sur  la 
feuille  Perm,  |)ar  contre,  les  qnartzites  et  conglomérats  cristallins  sont 
réunis  aux  schistes  chloriteux,  mais  restent  cependant  toujours  nettement 
séparés  du  Dévonien  inférieur. 

))  Les  observations  que  nous  avons  faites  au  point  de  vue  tectonique 
confirment  bien  l'individualité  de  cette  zone  des  quarizites  et  conglomé- 
rats, mais  tendent  par  contre  Ă   Ă©tablir  qu'd  n'y  a  pas,  en  dehors  du  faciĂšs 
jtélrographique,  de  raisons  |)lausibles  pour  séparer  ces  formalions  de  celles 
du  Dévonien  inférieur. 

»  Celle  zone  esl  formĂ©e  par  une  sĂ©rie  de  voĂčles  anticlinales  el  de  cuvettes  syncli- 
nales  constituées,  les  premiÚres,  par  des  quarizites  compacts  ou  des  conglomérats  à 
petits  éléments  qui  représentent  le  terme  inférieur  de  la  série;  les  secondes,  par  des 
roches  détritiques  diverses  appartenant  aux.  horizons  supérieurs.  Les  quarizites  com- 
pactes sont  blanches,  plus  ou  moins  micacées  en  bancs  lités  d'une  certaine  épaisseur, 
elles  alternent  souvent  avec  des  conglomérats  quarlzeux  de  couleur  grise,  blanchùtre 
ou  violacée,  à  galets  de  quartz  généralement  petits;  ces  conglomérats  sont  probable- 
ment régionaux,  car  ils  sont  trÚs  abondants  dans  les  parties  septentrionales  de  la 
zone  (Ostry,  Tscherdinsky-Kammen),  tandis  qu'ils  ne  se  retrouvent  pas  dans  les  anti- 
clinaux qui  viennent  plus  au  sud  (Aslianka,  Adinoky,  etc.).  Nulle  part  nous  n'avons 
trouvé  de  terme  inférieur  aux  quarizites  el  aux  conglomérats  ;  les  voûtes  ne  sont  d'ail- 
leurs jamais  entamées  trÚs  profondément.  Quant  aux  formalions  schisteuses  supé- 
rieures, on  ne  les  voit  aflleurer  que  trĂšs  rarement,  par  le  fait  qu'elles  sont  presque 
toujours  couvertes  d'Ă©paisses  forĂȘts  ou  de  marĂ©cages;  nĂ©anmoins,  nous  avons  pu  en 
établir  une  bonne  coupe  le  long  delà  cluse  de  la  Kosva,  au  défilé  du  Touloum,  le  syn- 
clinal étant  trÚs  abaissé  à  cet  endroit  et  compris  entre  les  anticlinaux  du  Dikar  à 
l'ouest  et  du  Sloudky  Ă   l'est.  Lorsque  l'on  descend  la  Kosva  entre  les  deux  lignes  de 
rapides,  on  observe  d'abord  dans  le  lit  de  la  riviĂšre  el  sur  la  rive  gauche  des  quari- 
zites el  conglomérats  du  ilanc  occidental  de  l'unliclinal  du  Sloudky  qui  plongent  vers 


874  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

l'ouesl;  plus  bas  en  aval  on  voit  apparaßtre  des  roches  qiiartzileuses  et  séricitiques 
trÚs  froissées,  de  couleur  gris  verdàtre,  suivies  par  des  types  plus  schisteux  passant 
parfois  à  de  véritables  schistes  séricitiques  qui  semblent  d'apparence  cristalline,  qui 
sont  tantÎt  lilés  en  couches  trÚs  minces  ou,  au  contraire,  en  bancs  plus  épais.  Ces 
roches  renferment  des  petits  lits  de  quartz  et,  détail  typique,  des  lentilles  de  la  gros- 
seur d'un  pois  à  celle  de  la  lÚte,  formées  par  une  association  intime  de  (piartz  et  de 
sidérose;  cette  derniÚre  en  s'oxydant  donne  des  taches  ocreuses  qui  communiquent  à 
ces  roches  un  aspect  trĂšs  particulier.  Ces  formations  deviennent  de  plus  en  plus 
schisteuses  vers  le  haut  et  passent  à  des  quarlzites  schisteuses  gaufrées,  de  couleur 
verdàtre,  qui  ressemblent  absolument  à  certaines  variétés  de  quarlzites  schisteuses 
du  Dévonien  inférieur.  Sur  ces  foimations  viennent  alors  des  schistes  argileux  noirs 
trĂšs  redressĂ©s  qui  forment  le  cƓur  du  synclinal  ;  ces  formations  ne  se  distinguent  pas 
des  schistes  argileux  noirs  du  Dévonien  inférieur.  En  continuante  descendre  la  Kosva 
on  retrouve,  symétriquement  disposées,  toutes  les  formations  indiquées,  plongeant 
celte  fois  vers  l'est,  et  formant  le  deuxiĂšme  liane  du  synclinal.  On  peut  donc  Ă©tablir 
ici  la  succession  suivante  de  bas  en  haut  : 

»   t.  A  la  base,  quarlzites  compactes  et  conglomérats  qnartzeux  à  petits  éléments; 

»  2.  Schistes  quarlziteux  trÚs  compacts,  plus  ou  moins  séricitiques,  trÚs  froissés; 

»  3.  Quarlzites  schisteuses  toujours  séricitiques,  avec  lit  quartzeux  et  lentilles  ou 
galets  de  quarlzites  imprégnés  de  sidérose.  Cette  formation  passe  à  une  espÚce  de 
conglomérat  à  cailloux  de  quartzite  réunis  par  un  ciment  schisteux  et  séricitique. 

»  4.  Quarlzites  schisteuses  gris  verdàtre,  à  surface  gaufrée,  renfermant  toujours 
plus  ou  moins  d'éléments  micacés  ou  séricitiques;  ces  roches  sont  analogues  à  cer- 
taines formations  mises  Ă   la  base  du  DĂ©vonien. 

»  5.   Schistes  noirs  argileux,  analogues  à  ceux  du  Dévonien  supérieur. 

»  On  voit  donc  qu'il  semble  y  avoir  une  analogie  complÚte  entre  les 
termes  supérieurs  de  la  série  des  roches  qui  forment  la  zone  des  quartzites 
et  conglomérats  cristallins  et  les  termes  inférieurs  des  roches  qui  sont  à  la 
base  du  DĂ©vonien  de  la  Kosva.  Comme  il  n'y  a  pas  de  discordance  entre  les 
formations  supérieures  et  inférieures  de  la  zone  des  quartzites  et  que,  mal- 
gré des  recherches  attentives,  nous  n'avons  plus  trouvé  de  dislocation 
entre  le  Dévonien  et  la  zone  des  quartzites  et  conglomérats,  on  peut  en 
conclure  qu'il  n'y  a  pas  de  raisons  apparentes  pour  séparer  les  formations 
des  quarlzites  et  conglomérats  de  celles  attribuées  au  Dévonien  inférieur. 

»  Nous  ajouterons  que  plusieurs  batteries  de  puits  faites  dans  la  région 
des  quarlzites  et  conglomérats,  en  des  points  fort  différents,  ont  montré  la 
réapparition  fréquenle  de  roches  analogues  trouvées  au  Toulouin;  les 
schistes  noirs  et  les  variétés  de  quartzites  schisteuses  à  nodules  de  sidérose 
ont  été  rencontrées  beaucoup  plus  au  sud,  dans  les  synclinaux  qui  viennent 
à  l'est  de  la  grande  chaßne  de  l'Aslianka.    » 


SÉANCE    DU    23    XOVEMBRE    igoS.  S-j5 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la   slructure  des  fiohe  Tauern  (Alpes  du  Tyroi). 
Note  de  M.  Pierkf.  Termier,  présentée  par  M.  Marcel  Bertrand. 

«  Le  massif  granitique  et  gneissique  des  Hohe  Tauern,  entre  la  Granat- 
spitze  et  le  Wolfendorn,  est  une  longue  et  large  voûte  entourée,  de  tous 
cÎtés,  par  une  couverture  schisteuse  métamorphique,  la  Schieferhûlle.  Tout 
autour  du  massif,  les  gneiss  s'enfoncent  sous  celte  couverture,  et,  entre 
celle-ci  et  ceux-là,  la  concordance  est  parfaite.  A  l'ouest  de  la  vallée  de  la 
Floite,  la  voĂčle  granito-gneissique  se  divise  en  deux  voĂ»tes  secondaires,  le 
Tuxer  Kamm  et  le  Zillertaler  Kamm,  séparées  par  une  avancée,  ou  un 
golfe,  de  la  Schieferhûlle  :  ces  deux  digitations  anticlinales  s'ennoienl  rapi- 
dement vers  le  sud-ouest,  le  Tuxei"  Rarani  un  peu  moins  vite  que  le  Ziller- 
taler Kamm.  Tout  cela  est  connu  depuis  longtemps  ('). 

»  J'ai  dit,  il  y  a  huit  jours,  qu'au  lieu  d'ĂȘtre,  comme  le  croient  la  plupart 
des  géologues  autrichiens  et  allemands,  une  série  sédimenlaire  réguliÚre, 
la  SchieferhĂ»lle  m'a  paru  ĂȘtre  une  sĂ©rie  complexe.  Elle  supporte,  comme 
chacun  sait,  des  lambeaux  de  calcaires  triasiques;  mais  elle  renferme  aussi, 
dans  son  Ă©paisseur,  des  lames  de  calcaires  et  de  quartzites  triasiques,  et  les 
calcschistes  (Ralkphyllile  ou  Kalkglimmerschiefer)  qui  forment  l'Ă©tage 
supérieur  de  la  série,  et  qui  sont  ainsi  compris  entre  Trias  et  Trias,  sont 
identiques  à  nos  Schistes  lustrés,  et  sont,  au  moins  pour  leur  plus  grande 
partie,  plus  jeunes  que  le  Trias. 

»  Cette  complexité  de  la  Schieferhûlle  saute  aux  veux,  quand  on  relÚve  la  coupe 
des  terrains  entre  le  Wolfendorn  et  la  Weissespitze,  à  l'extrémité  ouest  du  Tuxer 
Kamrn.  Entre  les  gneiss  de  la  Landsliuter  Hutte  et  les  calcaires  triasiques  (d'Ăąge  incon- 
testé) delà  Weissespitze,  on  traverse  successivement  : 

»   1.   Marbres  phjllileux,  quartzites  et  calcaires  du  Wolfendorn; 

»  2.   Micaschistes  de  la  Flalschspitze  ; 

>i  3.   Quartzites  et  marbres  phylliteux  du  Scldiissel  Joch  ; 

»  k.   Schistes  lustrés  de  l'Amthorspitze. 

»  Les  calcaires  triasiques  de  la  Weissespitze  sont  des  marbres  phylliteux,  identiques 
au  terme  3.  Us  reposent  en  concordance  sur  le  terme  k.  Mais  les  mĂȘmes  marbres  phyl- 

(')  Consulter  le  Livret-guide  du  IX'  CongrÚs  géologique  international  (Vienne, 
igoS),  et  spécialement  les  fascicules  relatifs  aux  excursions  VIII  el  I\,  par  MM.  F. 
Becke  et  F.  Lowl.  Toutes  les  observations  que  j'ai  pu  faire  sur  le  terrain  confirment, 
sauf  quelques  détails,  celles  qu'a  publiées  AL  Becke  :  et  c'est  seulement  dans  l'interpré- 
tation des  phénomÚnes  que  je  me  sépare  du  savant  professeur  de  Vienne. 


876  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

liteux,  accompagnĂ©s  des  mĂȘmes  quartzites,  reparaissent  dans  le  terme  1  ;  et  ce  terme  1 
est  lui-mĂȘme  une  sĂ©rie  plojĂ©e  et  Ă©crasĂ©e,  oĂč  les  quartzites,  les  marbres  pliylliteux  et 
les  calcaires  se  répÚtent  et  prennent  une  allure  leniinilnire.  De  sorte  qu'il  n'est  pas 
douteux  que  ce  terme  1  ne  soit  aussi  du  Trias,  d'ailleurs  repliĂ©  sur  lui-mĂȘme. 

»  Or  ce  terme  1  (calcaires  du  Wolfendorn)  se  relie,  sans  aucune  discontinuité,  à 
l'Hochslegenkalk  du  Gninberg.  J.a  coupe  de  la  Schieferhillle  Ă   Mairliofen  ne  dilTĂšre 
de  la  coupe  ci-dessus  que  par  la  moindre  Ă©paisseur  des  Sc/iislcx  liistn-s. 

»  Entre  le  Pfitscher  .loch  et  le  Hochfeiler,  c'est  encore  la  mĂȘme  coupe,  mais  avec 
un  plus  grand  développement  des  termes  2  et  'i-.  Les  micaschistes  et  amphibolites  de  la 
Greiner  Scholle  correspondent  aux  micaschistes  de  la  Flatschspitze,  et  les  calcaires 
de  la  Griesscharte  aux  marbres  du  Schliissel  .loch.  Les  Schistes  lustrés  de  l'IIochfcrner 
prolongent  ceux  de  l'Amthorspitze. 

»  Quel  que  soit  le  point  oĂč  l'on  aborde  la  Se hiefer huile ,  en  venant  du 
massif  granito-gneissique,  on  la  voit  se  présenter  comme  un  paquet 
(Y écailles  ou  de  plis  couchés.  Dans  ce  jiaquet,  on  observe,  de  bas  en  haut  : 
une  lame,  parfois  doublée,  de  Trias;  une  lame,  parfois  trÚs  épaisse,  de 
gneiss  et  de  micaschistes,  probablement  permiens;  une  deuxiĂšme  lame  de 
Trias;  une  sĂ©rie,  parfois  trĂšs  rĂ©dtiite,  parfois  puissante  de  plus  de  i  000ℱ, 
de  Schistes  lustrĂ©s  (mĂ©sozoĂŻques,  et  peut-ĂȘtre,  partiellement,  nĂ©ozoĂŻques)  ; 
enfin,  une  troisiĂšme  lame  de  Trias. 

))  Et  comme  la  SchieferhĂ lle,  avec  cette  mĂȘme  complexitĂ©,  fait  tout  le 
tour  des  Hohe  Tauern,  par  le  Gross-Glockner,  le  Hoher-Tenn,  et  Rrimml, 
je  crois  pouvoir,  dÚs  à  présent,  formuler  cette  conclusion,  qui  est  de 
nature  à  changer  profondément  les  idées  généralement  admises  sur  la 
structure  de  la  zone  centrale  des  Alpes  orientales  : 

»  Le  massif  cristallin,  long  de  85'^'°  et  large  de  i5'^"'  à  18'^"',  qui  com- 
prend le  Gross-Venediger  et  les  hauts  sommets  de  Zillertal,  n'affleure  au 
jour  que  grĂące  Ă   une  dĂ©chirure,  ou  Ă   une  fenĂȘtre,  ouverte  dans  un  systĂšme 
àe  nappes  de  recouvrement;  ce  massif  cristallin,  qui  est  formé  de  gneiss  et 
granitĂ©s  probablement  permo- carbonifĂšres  (Zentralgneis),  semble  ĂȘtre, 
lui-mĂȘme,  la  carapace  d'une  nappe  infĂ©rieure,  totalement  enterrĂ©e.  » 


PÉTROGRAPHIE.    —    Contribution  il  l'Ă©tude  des  roches  sadiques  de  l' Est-Afri- 
cain. Note  de  M.  H.  Arsaivd.41!x,  présentée  par  M.  Fouqué. 

»  M.  A.  Lacroix  a  montré,  il  y  a  quelques  années  (  '),  que  la  caractéris- 
tique  de    la   région  volcanique   traversée   par    les  cinquantes    premiers 

(')   Comptes  rendus,  v)  niai°iS99. 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    igoS.  877 

kilomĂštres  du  chemin  de  fer  de  Djibouli  Ă   Harrar  consiste  dans  le  large 
développement  de  rhyolites  alcalines  apparentées  avec  les  pantellérites  et 
présentant  fréquemment  des  pvroxÚnes  et  des  amphiboles  sodiques. 

»  Au  cours  d'une  mission  en  Ethiopie,  j'ai  parcouru  cette  région  et  pu 
constater  que  des  roches  analogues  s'observent  sur  de  vastes  espaces  dans 
tout  le  désert  Somali-Dankali,  le  Choa,  et  se  prolongent  jusqu'au  nord  des 
plateaux  Gai  las. 

»  Au  point  d'eau  ilélabala,  dans  le  déseil  Somali,  j'ai  rencontré  de  hautes  falaises 
d'une  roche  rubanée,  à  lits  alternant  brun  violacé  et  brun  clair  oITrant  les  caractÚres 
généraux,  des  rliyolltes  du  voisinage  de  Djibouti,  mais  dépourvues  de  métasilicates 
délerminables. 

»  Pendant  plus  de  200''",  dans  la  direction  du  Clioa,  j'ai  parcouru  de  grandes  cou- 
lées de  roches  différant  un  peu  des  précédentes.  Elles  sont  verdàtres,  grossiÚrement 
fissiles,  tantĂŽt  lithoĂŻdes,  tantĂŽt  vitreuses;  dans  le  premier  cas,  elles  renferment  de 
nombreuses  lithophvses  blanchĂątres  et  contiennent  des  enclaves  basaltiques  ;  dans  le 
second  cas,  elles  constituent  de  véritables  obsidiennes,  les  unes  sont  vertes  et  parfois 
translucides,  les  autres  sont  brunes  et  renferment  fréquemment,  en  trÚs  grande  quan- 
tité, des  sphérolites  dont  les  éléments  feldspalhiques  sont  à  allongement  positif  facile- 
ment isolable,  atteignant  la  grosseur  d'un  pois. 

»  Les  types  lithoïdes  sont  à  peu  prÚs  les  seuls  à  renfermer  du  quartz  bipyramidé, 
dont  les  cristaux  sont  découpés  d'anfractuosités  arrondies.  Les  phénocristaux  de  feld- 
spath sont  vitreux  et  exclusivement  alcalins  :  sanidine,  sanidine  sodique  et  anorthose 
dépourvue  de  macles  de  l'albile,  caractérisées  par  les  extinctions  et  l'écartement  des 
axes.  Ils  sont  accompagnés  de  divers  métasilicates,  de  pyroxÚnes  (diopside  verdàtre, 
Ɠgyrine-augite  et  Ɠgyrine)  et  d'amphiboles;  celles-ci  sont  au  nombre  de  deux;  lacos- 
syrite  brune,  presque  noire,  et  une  amphibole  monoclinique  vraisemblablement  alca- 
line qui  ne  répond  à  aucun  type  connu;  elle  possÚde,  en  effet,  un  allongement  positif 
avec  une  extinction  maxima  de  7°  dans  la  zone  d'allongement.  La  bissectrice  aiguë 
est  nĂ©gative  avec  un  trĂšs  faible  Ă©carteuient  des  axes  optiques;  le  plĂ©ĂčchroĂŻsme  est 
intense  dans  les  teintes  vertes  et  jaunes,  avec  «,„>  ng>  Hp. 

»  Ces  métasilicates  sont  trÚs  variables  tant  par  leur  proportion  globale  que  par  leurs 
proportions  respectives;  seule  la  cossyrite  est  constante. 

»  Quant  aux  éléments  du  second  temps  de  cristallisation,  en  général  de  peu  d'im- 
portance, ils  sont  constitués  par  des  microlites  et  parfois  des  sphérolites  feldspa- 
thiques  ainsi  que  par  des  microlites  allongés  de  pyroxÚnes  et  d'amphiboles 
sodiques. 

»  Ces  roches  se  distinguent  essentiellement  de  celles  de  la  région  de  Djibouti,  par 
ce  fait  que  les  éléments  colorés  y  existent  surtout  sous  forme  de  phénocristaux,  alors 
que,  dans  les  prĂ©cĂ©dentes,  l'Ɠgyrine  et  la  riebeckite  ne  se  trouvent  que  dans  la  pĂąle 
de  la  roche  et  avec  une  structure  pƓcilitique. 

»   Le  Tableau  suivant  donne  les  résultais  des  analyses  que  j'ai  effectuées  des  types 

G    K.,   Ujo3,  i'  Semestre.  (T.  CXXX.VII,  N'  21.)  Il5 


8^8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

les  plus  caractéristiques  des  rhyolites  des  environs  de  Djibouti  et  de  celles  provenant 
de  divers  points  de  la  région  que  j'ai  parcourue. 


C.                 J).  K.  !‱‱.  G. 

1,4              o.o  0,2  0,4  ■‱'-,3 

71,4  69,1  68,5  72,9  71,7 

11,8  10,5  13,1  l a , 4  14)2 

5,6            3,6  6,2  3,0  1,6 

1,4            6,4  2,2  2,4  1,6 

0,2             0,4  0,6  0,1  » 

0,6            0,1  0,1  0,5  0,4 

4,3           4,3  4,5  4.3  4,6 

4,2            6,2  6,1  4,4  3,8 


100,9         100,6  100,5         100,4  100,1  ic 

Densité...  2,60  2,69  2,49  2,5i  2,47  2,46  2,42 

»  A,  rliyolite  du  Hol-Hol,  environs  de  Djibouti.  15,  rlijolite  de  Helabala.  C,  D,  E, 
F,  G,  pantellérites.  C,  environs  de  MouUou.  D,  Fantalé  (obsidienne  verte).  E,  Tadel- 
chamnlka.  F,  TchefTedonza.  G,  Baldji  (obsidienne  brune).  IJ,  microsvénite  de 
Karsa. 

»  Les  caractÚres  minéralogiques,  aussi  bien  que  les  caractÚres  chimiques,  conduisent 
à  rapprocher  ces  roches  du  groupe  de  la  pantellérite,  caractérisé  au  point  de  vue  mi- 
néralogique  par  la  présence  de  feldspaths  exclusivement  alcalins,  de  pj'ro.xÚnes  et 
d'amphiboles  sodiques  (la  cossyrite  en  particulier),  au  point  de  vue  chimique  par 
l'abondance  des  alcalis,  la  faiblesse  de  l'alumine,  l'absence  presque  complĂšte  de  chaux, 
et  de  magnésie  et  la  proportion  variable,  mais  toujours  élevée,  de  fer  (avec  prédomi- 
nance de  Fe'-O'  sur  FeO).  Les  analyses  D  et  E  montrent  la  prédominance  de  la  soude 
sur  la  potasse,  caractéristique  des  véritables  pantellérites,  tandis  que  dans  les  autres 
il  y  a  à  peu  prÚs  égalité  en  poids  entre  les  deux  alcalis. 

»  J'ai  recueilli  à  Karsa,  sur  le  bord  du  plateau  llarari,  une  roche  dilTérente  des 
précédentes  à  aspect  microsyénitique;  elle  est  liolocristalline  et  constituée  par  des 
feldspaths  alcalins  enchevĂȘtrĂ©s,  entouraal  des  phĂ©nocrislaux  d'orthose  plus  ou  raoĂźus 
orientĂ©s  et  pĂ©nĂ©trĂ©s  d'albite  secondaire.  Les  inicrolites  sont  associĂ©s  pƓcililiquement 
avec  de  l'aegyrine  et  de  la  riebeckiie  distribuées  irréguliÚrement  dans  la  roche  et 
donnant  à  celle-ci  un  aspect  moucheté.  Les  intervalles  intersertaux  des  feldspallis  sont 
remplis  par  du  quartz. 

»  Cette  roche  oflVe  une  grande  analogie  avec  la  païsanile.  J'ai  donné  plus  haut  sa 
composition  chimique;  elle  diflFÚre  de  celle  des  autres  roches  de  notre  série  par  l'abon- 
dance de  l'alumine  et  une  proportion  moins  grande  de  silice.  Je  n'ai  pu  déterminer 
exactement  les  couditions  de  gisement  de  cette  roche  ;  elle  est,  dans  tous  les  cas,  anté- 
rieure aux  pantellérites  analysées,  lesquelles  renferment  parfois  des  enclaves  holocri- 
stallines  qui  peuvent  lui  ĂȘtre  comparĂ©es. 

»    rndĂ©pendammetit  de  l'intĂ©rĂȘt  intrinsĂšque  que  prĂ©sentent  les  lyp»-s 
décrits  dans  cette  Note,  il  y  a  lieu  de  faire  remarquer  combien  toutes  les 


SÉANCE    DU    23    NOVEMBRE    ipo'^.  879 

recherches  qui  sont  poursuivies  depuis  quelques  années  dans  cette  partie 
du  continent  africain  tendent  Ă   montrer  qu'elle  constitue  une  vaste  pro- 
vince pétrographique  dans  laquelle  abondent  les  types  riches  en  alcalis.   » 


PÉTROGRAPHIE.    —    Les   roches  Ă©riiptwes  de  l'Ăźle   d'EubĂ©e. 
Note  de  M.  Df.prat,  présentée  par  M.  Fouqué. 

«  Au  cours  de  mes  études  géologiques  dans  l'ßle  d'Eubée,  j'ai  pu  observer 
une  série  importante  de  roches  éruptives  intéressantes  par  leurs  variétés  et 
par  les  époques  géologiques  de  leur  mise  en  place. 

»  I.  PĂ©riode  palĂ©ozoique.  —  Les  temps  palĂ©ozoĂŻques  ont  vu  la  produc- 
tion de  roches  assez  peu  abondantes  comme  types. 

»  Je  distinguerai  : 

»  Granuliles,  micrograniilites,  porphyrites  (aiulésites  et  labradoriles  anteterliaires), 
gabbros  diabasiques  et  mélaphjres  (basaltes  anleierliaires). 

»  Les  Granulites  sont  bien  développées  dans  le  massif  d'Ibagios  (région  septen- 
trionale) au  nord  d'OEdipsos-bains,  sous  la  forme  de  dĂŽmes  puissants  recouverts  par  les 
arkoses  et  scliistes  des  monts  Gaitzades.  Elles  montrent  toutes  les  variétés  possibles, 
depuis  les  formes  pegmatitiques  jusqu'aux  formes  apiitiques. 

1)  J'ai  recueilli  dans  la  série  dévonienne  de  Séta,  prÚs  de  Mamula,  des  blocs  d'une 
MicrogranulUe  que  je  n'ai  pu  retrouver  en  place.  Cette  roche  avait  déjà  été  signalée 
par  Teller,  comme  étant  en  place  dans  cette  région  et,  d'aprÚs  la  description  qu'il 
en  a  donnée,  je  la  considÚre  comme  identique  à  celle  que  j'ai  observée.  C'est  une  roche 
grise,  à  grands  cristaux  de  feldspath  altérés  tranchant  sur  la  couleur  générale  parleur 
teinte  claire,  avec  des  cristaux  abondants  de  quartz  bipyramidé. 

»  Les  séries  dévonienne  et  carbonifÚre  sont  également  percées  par  des  Porphyriles 
(andésites  et  labradoriles  anciennes),  en  dykes  puissants  qui  ont  fréquemment  méta- 
morphosé les  terrains  encaissants.  PrÚs  de  Bodino  et  de  Gymna,  les  schistes  sont  trans- 
formés en  cornéennes  au  pourtour  des  filons.  Ces  roches  sont  abondantes  dans  les 
pégions  de  Séta,  de  Sleni,  d'Ibagios  dans  le  nord  de  l'ßle  et  dans  le  sud  (région  du 
mont  Ocha  ). 

))  Des  dykes  nombreux  de  Gabbros  diabasiques  percent  les  couches  paléozoïques 
des  monts  Gaitzades,  de  SĂ©ta  et  de  l'Ocha.  Ces  roches  sont  ordinairement  extrĂȘme- 
ment altérées  parle  dynamométaniorphisme,  souvent  rendues  schistoïdes  par  laminage 
et  montient  des  structures  d'Ă©crasement  remaĂŻquables.  De  plus,  la  transformation  en 
tout  ou  partie  du  pyroxÚne  en  amphibole  est  générale.  Parfois  une  partie  de  l'amphi- 
bole y  paraßt  primaire  (/^/'o/f'/oZ/rt.çe.v).  Ces  roches  présentent  fréquemment  la  structure 
ophilique.  J'ai  recueilli  Ă©galement  des  Ă©chantillons  de  MĂ©laphyrcs  dans  les  monts 
Gaitzades. 

»   II.   PÉRIODE  SECONDAIRE.   —    La  pĂ©riode  secondaire  a  Ă©tĂ©  le  thĂ©Ăątre 


88o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(l'iiire  grande  activité  éruptive;  les  roches  basiques  principalement  sont 
puissamment  développées. 

»   Jai  observé  la  >érie  suivante  (le  trias  étant  mis  à  part)  : 

1)  Diorites,  diorites  quartzifĂšres,  diabases  ophiliques,  labradorites  (porphyritcs 
lubradoriques),  gabbros,  gabbros-norites,  Iherzolites,  harzburgiles,  duriiles,  Avehr- 
litcs,  picrites,  bronzitites,  diallagites,  hornblenilites. 

,  »  Je  ferai  reniaïqiiei'  qu'un  grand  nombre  de  ces  roches  ont  été  observées  en  CrÚte 
par  M.  Cayeux  (')  et  qu'il  a  été  amené  également  à  les  rattacher  à  la  période  secon- 
daire. 

»  Les  diorites  sont  dĂ©veloppĂ©es  au  Xeronoros,  Ă   Vencliia,  oĂč  elles  se  trouvent  en 
filons  coupant  les  amas  de  péridotites. 

»  Les  diabases  des  monts  Sukaron  et  PvKaria  percent  nettement  en  filons  puissants 
les  calcaires  cénomaniens  qu'elles  métamorphisenl  au  pourtour.  Elles  passent  souvent 
prÚs  d'Hagia  Sophia  à  de  véritables  labradorites;  ces  roches  sont  fréquemment  alté- 
rées, montrent  souvent  le  phénomÚne  d'ouralitisation  du  pyroxÚne.  Je  signalerai  en 
passant  leur  richesse  en  fer  titane  associé  au  sphÚne  (  /ciico.rÚne). 

))  Les  Gabbros,  que  je  ne  distingue  des  diabases  que  par  leur  structure,  se  divisent 
en  deux  grands  groupes  :  les  gabbros  qui  percent  le  Crétacé  en  dÎmes  ou  filons  indé- 
pendants et  ceux  qui  se  trouvent  réguliÚrement  associés  aux  massifs  de  péridotites 
qu'ils  traversent.  L'apparition  d'bypersthĂšne  les  conduit  parfois  au  gabbro-norites. 
Ces  roches,  par  apparition  ou  disparition  d'un  ou  plusieurs  éléments,  passent  souvent 
aux  péridotites  par  des  transitions  intéressantes. 

1)  Les  PĂ©ridotites  forment  d'immenses  massifs  inlrusifs  dans  les  terrains  secondaires. 
Leur  mise  en  place  témoigne  d'un  long  effort.  La  consolidation  du  magma  dans  l'écorce 
a  dĂ»  ĂȘtre  achevĂ©e  vers  la  fin  de  la  pĂ©riode  infracrĂ©tacĂ©e,  car  Ă   partir  de  ce  moment  les 
contacts  métamorphiques  cessent  complÚtement.  Mais  la  roche  a  pour  ainsi  dire  con- 
tinué à  faire  ascension  à  l'état  solide,  et,  grùce  aux  mouvements  précurseurs  des 
grands  plissements  pyrénéens,  les  dÎmes  ont  été  souvent  introduits  violemment  dans 
les  couches  crétacées  qui  présentent  à  leur  pourtour  des  phénomÚnes  de  dislocation 
typiques.  Pendant  le  dépÎt  du  flysch,  les  marnes  profondes  du  magma  ont  été  remises 
en  communication  avec  l'extérieur  et  les  grÚs  et  schistes  de  ce  faciÚs  sont  remplis  et 
métamorphisés  par  de  nombreux  petits  dÎmes  de  péridotites. 

»  Les  dÎmes  de  péridotites  sont  constitués  par  des  roches  passant  indifféremment, 
et  sur  des  espaces  fort  restreints,  des  Iherzolites  aux  harzburgiles,  aux  dunites,  aux 
picrites  (ces  derniÚres  étant  plus  fréquemment  filoniennes),  aux  wehriites  et  par  ces 
derniĂšres  aux  gabbros  Ă   olivine. 

1)  De  nombreux  filons  de  bronzitites,  diallagites,  hornblendites  traversent  ces  roches. 
Le  fer  chromé  y  forme  des  amas  importants.  Les  produits  d'altération  serpentineuse 
sont  trÚs  développés  (^). 


(')   Les  Ert/p/ions  d'ùge  secondaire  dans  Vile  de  CrÚte  {Comptes  rendus,  aS  fé- 
vrier 1908). 

(^)  Dans  un  vovage  que  j'ai  effectué  dans  le  Pinde,  j'ai  revu,  noiammcni  prÚs  de 


SÉANCE  DU  23  NOVEMBRE  1903.  88 1 

»  Toutes  ces  roches  présentent  dintéressanls  phénomÚnes  de  ilynamomélamor- 
pliisme. 

I)  III.  PĂ©riode  TERTIAIRE.  —  Une  |)Ă©riofle  de  calme  dans  l'aclivilĂ©  Ă©ruii- 
tive  semble  s'ĂȘtre  Ă©tablie  jusqu'au  PliocĂšne.  Alors  les  grandes  fractures  ont 
rejoué  et  sur  le  parcours  de  la  caverne  Vathya-Oxvlithos  s'est  établi  un 
conire  ériiptit  qui  paraßt  avoir  évolué  exactement  comme  un  ciimido-volcan ; 
c'est  le  massif  volcanique  d'Oxylithos. 

»  J'ai  reconnu  dans  ce  massif  une  série  acide  importante  constituée  ainsi  : 
»   Dacites  augitiques  à  liypersthÚne,  hornblende,  mica  noir;  andésites  à  hornblende; 
rhjolites;  la  série  se  termine  par  une  labradorite  augitique. 

)>  IV.  PÉRIODE  QUATERNAIRE  ET  ACTUELLE.  - —  L'activitĂ©  Ă©ruptivc  ne  se 
manifeste  plus  que  par  des  émissions  thermales  représentées  par  les  sources 
d'OEdipsos  qui  ont  édifié  des  tufs  importants.  » 


PHYSIOLOGIE.  —  De  i'aclioTi  morphogĂ©nique  des  muscles  crotap/iYtes  sur  le 
crĂąne  et  le  cerveau  des  Carnassiers  et  des  Primates.  Note  de  M.  R.  Axniow, 
présentée  par  i\I.  Perrier. 

(<  Chez  l'homme,  les  crotaphytes  sont  minces,  peu  Ă©tendus  (ils  restent 
distants  chez  l'adulte  Ă   peu  prĂšs  de  toute  la  largeur  de  la  boĂźte  crĂąnienne) 
et  ils  sont  par  conséquent  peu  puissants.  Au  contraire,  chez  les  Carnassiers, 
beaucoup  de  Singes,  de  LĂ©muriens  et  quelques  Marsupiaux,  ils  sont,  au 
moment  de  l'Ăąge  adulte,  trĂšs  Ă©pais,  trĂšs  Ă©tendus  (se  rejoignant  trĂšs  souvent 
sur  la  ligne  médiane  sagittale)  et  ils  sont  par  conséquent  trÚs  puissants; 
à  l'état  jeune  ces  animaux  présentent  la  disposition  humaine. 

»  Chez  l'homme  les  circonvolutions  du  cerveau,  quoique  bien  marquées 
et  trÚs  profondes,  ne  s'impriment  pas  sur  l'endocràne  de  la  voûte.  Chez  le 
chien  et  tous  les  autres  animaux  Ă   crotaphytes  puissants,  leurs  empreintes 
y  sont  trĂšs  vigoureuses,  et,  chez  certains  Carnassiers  Ă   crotaphytes  parti- 
culiĂšrements  puissants,  non  seulement  l'endocrĂ ne,  mais  l'exocrĂąne  lui- 
mĂȘme  suit  fidĂšlement  leurs  sinuositĂ©s  (MustĂ©lidĂ©s  et  plus  particuliĂšrement 


Metzovo,  de  Janina,  de  Dervinon,  les  terrains  secondaires  percés  par  des  roches  iden- 
tiques et  dans  les  mĂȘmes  conditions  que  celles  que  je  viens  d'exposer.  De  mĂȘme  dans 
le  nord  de  la  Thessalie. 


882  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Loutre,  Hermine,  Furet,  etc.).  De  plus,  la  paroi  crĂąnienne  de  l'homme 
est  Ă©paisse,  celle  des  animaux  Ă   crotaphytes  puissants  souvent  j)lus  mince, 
parfois  mĂȘme  transparente  clans  le  cas  de  certains  MustĂ©lidĂ©s,  par  exemple. 

))  En  présence  de  ces  faits,  j'ai  été  amené  naturellement  à  supposer  que 
le  muscle  crotaphyte  des  Carnassiers  et  des  animaux  similaires  devait  avoir 
exercé  au  cours  de  l'évolution  de  l'espÚce,  et  devait  exercer  encore  au 
cours  du  développement  ontogénique  de  l'individu  une  compression  véri- 
table sur  le  crĂąne,  qu'il  enveloppe  comme  dans  une  sangle.  Or,  le  craĂŻie 
reçoit,  on  le  sait,  de  la  part  du  cerveau  augmentant  de  volume,  une  autre 
poussée  trÚs  énergique  de  dehors  en  dedans.  Il  s'ensuit  que  la  paroi  crù- 
nienne est,  chez  les  animaux  du  type  carnassier,  comprise  entre  deux  pres- 
sions, et  l'on  conçoit  alors  sans  peine  comment  il  se  fait  qu'elle  s'amincit  et 
se  moule  sur  les  circonvolutions  du  cerveau.  Chez  l'homme,  la  paroi  crĂą- 
nienne est  soumise  à  la  poussée  du  cerveau  seule,  la  compression  par  les 
crotaphytes  n'existant  pas;  c'est  ce  qui  exj)lique  son  Ă©paisseur  et  l'absence 
des  empreintes  endocraniennes. 

»  J'ai  voulu  donner  à  celte  maniÚre  de  voir  l'appui  des  arguments 
expérimentaux  : 

»  a.  Dans  deux  premiĂšres  expĂ©riences,  j'ai  enlevĂč  Ă   deux  jeunes  cliiens,  peu  de 
temps  aprÚs  leur  naissance,  leur  muscle  crolapliyte.  L'examen  anatoniique  pratiqué 
plusieurs  mois  plus  lard  me  permit  de  constater  que  la  région  lemporo-pariétale  cor- 
respondant au  muscle  enlevé  était  sensiblement  plus  bombée  que  l'autre  et  les 
empreintes  endocraniennes  moins  profondes.  L'hĂ©misphĂšre  cĂ©rĂ©bral  lui-mĂȘme  Ă©tait 
légÚrement  plus  développé. 

»  p.  Ayant  amené  chez  un  jeune  chien  peu  de  temps  aprÚs  sa  naissance,  par  une 
vive  irritation  de  l'exocrĂąne,  un  arrĂȘt  de  dĂ©veloppement  de  la  boĂźte  crĂąnienne,  j'ai 
constaté  8  mois  plus  lard  que  le  cerveau,  enserré  pendant  son  développement  dans 
une  loge  trop  étroite,  avait  laissé  sur  l'eudocrùne  des  empreintes  d'une  vigueur  inac- 
coutumée. 

»  ‱(.  Chez  un  quatriĂšme  ciiien  enfin,  ayant  enlevĂ©  dans  les  mĂȘmes  conditions  que 
précédemment  une  large  portion  de  la  boßte  crùnienne,  j'ai  constaté  que,  1 1  mois  aprÚs 
la  mutilation,  la  paroi  osseuse  qui  s'était  reconstituée  présentait  des  empreintes  endo- 
craniennes aussi  nettes  que  celles  d'une  paroi  crĂąnienne  normale. 

))  En  rĂ©sumĂ©  :  i"  le  crĂąne  des  Carnassiers  semble  ĂȘtre  au  cours  du  dĂ©ve- 
loppement, pendant  les  premiers  mois  de  la  vie,  comprimé  de  dehors  en 
dedans  parles  muscles  crotaphytes,  et  de  dedans  en  dehors  par  le  cerveau 
augmentant  de  volume.  Il  en  résulte  que  l'endocrùne  de  la  voûte  se  moule 
en  creux  sur  la  surface  du  cerveau. 


SÉANCE   DU    23    NOVEMBRE    ipoS.  883 

»  2°  Le  crùne  de  l'homme,  subissant  seulement  la  poussée  cérébrale  de 
dedans  en  dehors,  se  dilate  de  plus  en  plus  et  son  endocràne  ne  présente 
pas  d'empreintes  de  circonvolutions. 

»  3°  On  peut,  par  conséquent,  concevoir  que  la  pression  due  aux  muscles 
crotaphytes  est  et  a  été  une  sorte  d'obstacle  au  développement  cérébral. 
On  sait,  en  effet,  que  les  animaux  à  appareil  masticateur  bien  développé 
et  qui  ont,  par  conséquent,  tels  les  Carnassiers,  des  muscles  crotaphytes 
considérables,  ont  un  cerveau  relativement  réduit  par  rapport  à  ceux  qui 
ont  comme  l'homme  un  appareil  masticateur  peu  développé  et  des  muscles 
crotaphytes  peu  puissants. 

»  Il  n'est  donc  pas  absurde  de  supposer  que  lorsqu'au  cours  de  la  phy- 
logénie,  par  suite  de  conditions  d'existence  nouvelles,  l'animal  à  crota- 
phytes puissants,  voisin  des  Primates  inférieurs  actuels  et  qui  devait  devenir 
rhonnne,  a  fait  un  moindre  usage  de  ses  mĂąchoires  (organes  lui  servant 
primitivement  non  seulement  à  déchirer  sa  proie,  mais  à  se  défendre  et  à 
attaquer),  ses  muscles  crotaphytesont  diminué  de  volume  et  de  j)uissanceet 
que  cette  diminution  de  volume  a  permis  au  cerveau,  désormais  libre  de 
toute  compression,  de  prendre  le  développement  qu'on  lui  connaßt. 

»  4"  Les  résultats  de  cet  ensemble  de  causes  morphogénétiques  (  pression 
exercée  par  le  muscle,  poussée  du  cerveau)  se  seraient  accumulés  au 
cours  de  la  phylogénie  et  héréditairement  fixés.  Toutefois  ces  causes 
agissent  encore  aujourd'hui,  puisqu'en  supprimant  les  muscles  crotaphytes 
chez  un  animal  donné,  on  modifie  sa  surface  endocranienne  et  l'on 
augmente  le  volume  du  cerveau. 

))  Mon  maĂźtre,  M.  Edm.  Perrier,  et  moi-mĂȘme  avions  dĂ©jĂ   envisagĂ©  Ă  
maintes  re|)rises  la  possibdité  de  ce  processus  morphogénélique  (voir  §  3° 
des  conclusions),  mes  expériences  actuelles  viennent  fournir  des  arguments 
sérieux  à  cette  façon  de  comprendre  la  marche  de  l'évolution  du  crùne  de 
l'homme.   » 


PHYSIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Comparaison  entre  les  effets  nerveux  des  rayons 
de  llccquerel  et  ceux  des  rayons  lumineux.  Note  de  M.  Georges  SĂźoii.v, 
présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«   L  Les  rayons  lumineux  ont  divers  effets  tropiques  {Société  de  Biologie, 
21  novembre  iQoS).  Les  rayons  de  Becquerel  n'ont  aucun  de  ces  effets. 


884  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  Des  \orticelles  vieniienl  se  fixer  sur  un  tube  de  riuliuni,  comme  s'il  étail  vide. 
Des  Planaires,  des  Aselles  viennent  se  caclier  sous  ce  tube,  comme  sous  un  caillou. 
Les  Dajjlinies,  au  phototropisme  positif,  viennent  se  grouper  autour  du  tube  illuminé 
pai-  la  lumiĂšre  solaire.  Le  radium  ne  gĂȘne  pas  la  sortie  d'un  AnnĂ©lide  tubicole.  Aucun 
des  nombreux  animaux  observés  n'a  fui  la  source  radiante  ou  n'a  été  attiré  par  elle. 
Aucun  d'eux  n'a  présenté  de  reculs  à  la  limite  d'une  ombre  obtenue  au  moyen  d'un 
Ă©cran  de  plomb. 

»  Les  effets  sur  les  Con^'olula  sont  curieux  à  considérer.  Gamble  et  Keeble  attri- 
buent les  mouvements  oscillatoires  Ă   un  elTet  tonique  de  la  lumiĂšre.  Je  pense,  au 
contraire,  que  ces  mouvements  ne  sont  qu'un  souvenir  de  l'excitation  rythmique  du 
choc  des  vagues.  Le  dillerend  est  important  au  point  de  vue  des  théories  de  l'hérédité 
{liulletin  du  Muséum,  24  novembre  1908).  La  lumiÚre  a  sur  ces  vers  deux  effets  tro- 
piques :  recul  Ă   la  sortie  du  sable,  vis-Ă -vis  de  la  lumiĂšre;  orientation  suivant  les  lignes  de 
plus  grande  pente  sous  rinlluence  d'une  augmentation  de  l'Ă©clairement,  d'oĂč  descente; 
la  liimiére  a  aussi  un  effet  tonique  :  aprÚs  une  période  d'insolation,  ces  organismes 
passent  Ă   la  condition  de  light-rigor.  Le  radium  ne  produit  pas  les  premiers  effets, 
mais  détermine  assez  rapidement  un  étal  léthargique  analogue.  Seul,  le  radium  peut 
arrĂȘter  les  curieux  mouvements  spontanĂ©s  des  Coin'olula;  la  lumiĂšre  contrarie  Ă©gale- 
ment ces  mou^^Jnents  (recul  pendant  l'ascension,  arrĂȘt  par  paralysie  pendant  la 
descente);  donc  il  est  imjjossible  d'admettre  que  la  lumiĂšre,  agent  paralysant,  soit  la 
cause  de  ces  mouvements. 

»  IL  Ainsi  les  rayons  de  Becquerel  ont,  comme  les  rayons  lumineux, 
des  effets  toniques,  conduisan  t  rapidement  à  un  état  léthargique,  analogue 
Ă   celui  de  Ughl-rigor;  ces  effets  sont  plus  ou  moins  intenses  suivant  les 
espÚces  et  les  régions  du  corps. 

»  Pour  un  Annélide  qui  nage  et  erre  parmi  les  rochers  supra-litloiaux,  Kefer- 
slcinia,  par  exemple,  l'état  léthargique  est  obtenu  raj)idenient  (20'",  i'');  il  n'en  est 
pas  de  mĂȘme  pour  un  petit  Scoloplos  vivant  dans  le  sable  (12'').  Le  radium  a  Ă©tĂ© 
placé  à  l'entrée  du  tube  de  la  Laiiice  conchylega  :  au  bout  de  quelques  instants,  les 
tentacules  de  la  ïérebelle  étaient  rétractés  et  axaient  ])erdu  le  sens  tactile,  tandis  que 
les  branchies  ne  subissaient  aucune  altĂ©ration.  De  mĂȘme  les  branchies  de  l'ArĂ©nicole 
ne  s'altéraient  pas  au  conlact  prolongé  de  la  source  radiante.  Seuls,  les  tentacules 
tactiles,  aussi  sensibles  que  les  téguments  des  Annélides  supra-littorales,  et  comme 
eux  trÚs  innervés,  passent  lapidement  à  l'état  de  radiuni-rigor. 

»  Il  y  a  la  un  curieux,  contraste  qui  rappelle  celui  constaté  par  Danysz 
chez  les  Vertébrés  supérieurs:  le  radium  agit  fortement  sur  la  peau,  faible- 
ment sur  le  péritoine. 

»  AprÚs  une  applicaliou  sur  la  peau  (observations  personnelles),  presque  immédia- 
tement apparaĂźt  une  rougeui-  qui  peisiste  un  certain  temps  et  (jui  csl  due  Ă   un  tioublc 
vaso-moteur,  à   une   sorte  de   radiuin-riyur  des   \  aisseaux  de  la  ])eau  ;   la  sensibilité 


SÉANCE  DU  2,3  NOVF.Mr.RE  rpoS.  885 

tactile  semble  diminuée.  Mais  siv  semaines  aprts  (fin  mai)  des  troubles  beaucoup 
plus  profonds  se  produisent:  boursouflure  de  TĂ©piderme,  exfolialion  ;  fin  juillet, 
mĂȘmes  phĂ©nomĂšnes;  fin  octobre,  de  mĂȘme,  mais  cette  fois  il  se  forme  une  plaie  qui 
simide  une  brûlure.  D'autres  applications  déterminent  seulement  des  poussées  pigmen- 
taires;  sur  un  nƓvus  le  pigment  a  Ă©tĂ©  dĂ©truit. 

»  En  résumé,  sur  les  téguments  (Vers,  Amphibiens,  Homme)  l'action  des 
rayons  du  r.idium  est  multiple  :  i°  ils  ;ii,'isspat  sur  les  filaments  nerveux 
périphériques,  ils  produisent  ime  sorte  d'anesthésie  qui  peut  entraßner 
chez  les  ĂȘtres  et  les  organes  aux  fonctions  extĂ©riorisĂ©es  nn  Ă©tat  de 
fatigue,  de  paralvsie,  souvent  suivi  de  mort;  chez  les  Vertébrés  l'action 
porte  surtout  sur  les  vaisseaux  et  les  troubles  vaso-moteurs  (auxquels  on 
doit  attribuer  les  paralysies  centrales)  sont  au  premier  plan;  2°  ils  modi- 
fient d'ime  façon  durable  les  cellules  épithéliales  et  par  suite  la  croissance 
des  épithéliums,  qui  se  fait  par  poussées  successives:  à  chaque  poussée  on 
observe  des  troubles  qui  entraĂźnent  parfois  des  plaies  ressemblant  Ă   des 
brûlures;  3"  ils  agissent,  enfin,  sur  la  pigmentation.  J'attribue  une  grande 
importance  Ă   cette  derniĂšre  action  :  le  pigment  semble  lui-mĂȘme  radio- 
actif (Griffiths)  ;  le  rayonnement  d'un  pigment  paraĂźt  agir  sur  un  autre 
pigment,  et  je  suis  arrivé  à  la  conviction  que  c'est  l'étude  de  la  radio-acti- 
vité qui  donnera  une  explication  vraiment  scientifique  des  cas  si  extraor- 
dinaires de  mimétisme:  ressemblance  d'ime  KalUma  et  d'une  feuille.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  l'existence,  dans  V organisme  animal,  d'une 
diasiase  à  la  fois  oxydante  et  réductrice.  Note  de  MM.  J.-E.  Abelou.s 
et  J.  Aloy,  présentée  par  M.  Arm.  Gautier. 

«  Dans  une  Note  antérieure  (Co/np/e.?  rendus,  22  juin  ipoB)  nous  avons 
exposé  les  résultats  de  nos  recherches  sur  quelques  conditions  de  l'oxy- 
dation de  l'aldéhyde  salicylique  par  les  organes  et  extraits  d'organes 
animaux.  Entre  autres  résultats,  nos  expériences  nous  avaient  amenés  à 
conclure  que  l'oxydation  de  l'aldéhyde  salicylique  se  fait  mieux  dans  le 
vide  qu'en  présence  de  l'air  et  que  la  présence  d'une  atmosphÚre  d'oxv- 
gĂšne  |)ur  rliminue  considĂ©rablement,  et  peut  mĂȘme  empĂȘcher,  cette  oxyda- 
tion. Il  faut  donc  admettre  que  l'oxygÚne  nécessaire  est  emprunté  à  des 
combinaisons  oxygénées  que  dissocie  le  ferment  oxydant. 

»  Or,  l'un'  de  nous  a  établi,  avec  M.  E.  Gérard  (^Comptes  rendus, 
t.  CXXIX,   1899,  2^  semestre,  p.  56  et  1 04)  l'existence,  dans  l'organisme 

C.  R.,  1903,  2<  Semestre.  (T.  CXXWII,  N«  21.)  I16 


886  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

animal,  d'un  ferment  soliible  réducteur  pouvant  transformer  les  nitrates 
alcalins  en  nitrites.  Il  était  permis  de  penser  que  l'oxygÚne  ainsi  enlevé 
aux  nitrates  devait  servir  Ă   des  oxydations  concomitantes. 

»  Nous  avons  été  conduits  à  examiner  si  ces  deux  diastases,  oxydante 
et  rĂ©ductrice,  n'Ă©taient  pas  en  rĂ©alitĂ©  un  seul  et  mĂȘme  ferment  Ă   la  fois 
oxydant  et  réducteur. 

»  Les  expériences  que  nous  avons  faites,  et  dont  nous  présentons 
aujourd'hui  les  résultats  généraux  ('  ),  nous  portent,  comme  on  va  le  voir, 
Ă   adopter  cette  conclusion. 

»  Nous  avons  étudié  parallÚlement  l'influence  de  certaines  conditions 
sur  la  réduction  des  nitrates  alcalins  et  l'oxydation  de  l'aldéhyde  salicy- 
lique  par  de  l'extrait  aqueux  de  foie  de  cheval. 

»  1°  Injluence  de  l'air  et  de  l'oxygĂšne.  —  La  prĂ©sence  de  l'air,  et  mieux  encore 
d'une  atmosphÚre  d'oxvgÚne  pur,  entrave  également  l'oxydation  de  l'aldéliyde  salicv- 
lique  et  la  réduction  du  nitiate. 

«  1°  Influence  de  la  tempĂ©rature.  —  L'activitĂ©  de  l'oxydation  et  de  la  rĂ©duction 
augmente  avec  la  température.  L'optimum  est  entre  So"  et  55°.  A  6o°,  on  constate  un 
afTaiblissement  notable  des  deux  actions.  Toutes  deux  sont  supprimées  à  So". 

»  3°  Substances  empĂȘchantes.  —  Il  est  certaines  substances  qui  entravent,  ou 
empĂȘchent  mĂȘme  complĂštement,  la  rĂ©duction  du  nitrate.  Ces  substances  agissent  de 
mĂȘme  sur  l'oxydation  de  l'aldĂ©hyde  salicylique. 

»  Ainsi,  a  :  Le  sulfhydrate  d'ammoniaque  (sol.  saturée),  dans  la  proportion  de  a''""' 
Ă   5'='"'  pour  looR  Ă   i5o5  d'extrait  de  foie,  supprime  complĂštement  le  pouvoir  oxydant 
et  le  pouvoir  réducteur  de  cet  extrait. 

1)  b.  Le  sulfocyanate  d'ammonium,  Ă   la  dose  de  aS,  et  mĂȘme  de  lo  pour  loo, 
empĂȘche  complĂštement  l'oxydation  et  la  rĂ©duction. 

»  c.  La  nicotine,  ajoutée  dans  la  proportion  de  2''"''  pour  loo  à  de  l'extrait  de  foie, 
diminue  à  la  fois  son  pouvoir  oxydant  et  son  pouvoir  réducteur. 

»  4°  HiĂ©rarchie  des  organes.  —  Enfin,  il  est  Ă   noter  que  les  organes  qui  fournis- 
sent les  extraits  les  plus  oxydants  fournissent  également  les  extraits  les  plus  réduc- 
teurs. Le  foie,  qui  est  l'organe  le  plus  oxydant,  est  aussi  le  plus  réducteur.  Puis 
viennent  le  rein,  le  poumon,  la  rate,  l'intestin  grĂȘle,  le  muscle,  le  cerveau.  Le  muscle 
et  le  cerveau,  qui  donnent  un  extrait  absolument  inactif  sur  l'aldéhyde  salicylique, 
ne  réduisent  le  nitrate  que  d'une  façon  inappréciable. 

»  En  rapprochant  tous  ces  faits,  on  voit  que  toutes  les  conditions  qui 
favorisent  ou  empĂȘchent  l'oxydation,  favorisent  ou  empĂȘchent  Ă©galement 
la  rĂ©duction  dans  des  proportions  sensiblement  les  mĂȘmes. 


(')  L'exposé  détaillé  de  ces  expériences  paraßtra  dans  le  Journal  de  Physiologie  et 
de  J'athologie  générale. 


SÉANCE    DU    :l3    NOVEMBRE    igoS.  887 

'I  11  paraßt  donc  légitime  de  conclure  à  l'identité  de  la  diastase  oxydante 
et  (le  la  diastase  réductrice.  En  réalité,  il  existerait  dans  l'organisme 
animal  un  ferment  oxydo-réducteur.  Nous  savons  que  les  éléments  anato- 
miques  n'ont  à  leur  disposition  cpie  de  l'oxygÚne  combiné  :  ils  vivent 
anaérobiquement  (Armand  Gautier). 

I'  Le  ferment  en  question,  dissociant  les  combinaisons  oxygénées,  agit 
comme  réducteur,  et,  portant  l'oxygÚne  libéré  sur  des  substances  oxy- 
dables, il  agit  comme  oxydant.  Ce  double  rĂŽle  nous  le  fait  apparaĂźtre  comme 
l'agent  des  échanges  respiratoires  élémentaires.  » 


CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  la  ferme  ni  al  ion  formĂ©  nique  et  le  ferment 
qui  la  produit.  Note  de  M.  Mazé,  présentée  par  M.  Roux. 

«  En  décembre  1900,  M.  le  D''  Roux  nie  remit  un  flacon  rempli  d'eau  et 
de  feuilles  mortes  en  pleine  fermentation  forménique,  en  me  demandant 
de  suivre  la  marche  de  celte  fermentation. 

»  L'examen  microscopique  du  liquide  du  llacon  ou  du  conlenu  des  cellules  des 
feuilles  laissait  voir  un  grand  nombre  de  formes  microbiennes,  mais  il  Ă©tait  bien  diffi- 
cile d'attribuer  à  l'une  quelconque  d'entre  elles,  en  raison  de  sa  prédominance,  la  pro- 
duction du  gaz  des  marais. 

»  Une  semence  empruntée  à  cette  culture,  avec  une  autre  tirée  d'une  parcelle  de 
fumier  bien  décomposé,  ont  constitué  le  point  de  départ  d'une  série  de  cultures  qui  ont 
abouti  à  la  découverte  d'un  micro-organisme  particulier  auquel  il  faut  attribuer  le 
dégagement  de  formÚne. 

»  Ce  microbe  se  présente  isolé,  et  alors  il  est  sphérique,  ou  sous  forme  d'agrégats 
plus  ou  moins  volumineux,  d'un  aspect  mĂčrifornie;  rappelant  une  grosse  sarcine,  en 
raison  de  cette  analogie  je  le  désignerai  provisoirement  par  le  terme  Ae  pseudo-scacine, 
car  il  ne  semble  pas  que  ses  bipartitions  se  fassent  suivant  deux  plans  perpendiculaires. 

»  11  a  été  rencontré  dans  des  cultures  anaéroliies  réalisées  en  pipettes  Roux,  avec 
un  milieu  obtenu  en  filtrant  le  mélange  suivant  aprÚs  un  chauffage  préalable  à  120" 
pendant  un  quart  d'heure. 

Milwii  l. 

B 

Feuilles  mortes  (marronnier)  puUérisées 5o 

Phosphate  d'ammonium 0,5 

Carbonate  de  potassium o,5 

Eau  ordinaire Ă oo 

Carbonate  de  calcium 2   Ă   3 


»  La  présence  de  cet  organisme  coïncide  toujours  avec  la  pro  hiction  de 
formĂšne. 


88H  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

M  Si,  au  lieu  du  licjuiile  obtenu  avec  le  milieu  1,  on  inlroduit  le  mélange 
entier  à  raison  de  200""'  |)ar  ballon  de  250"°',  ou  obtient  des  cultures  qui, 
au  bout  de  i5-20  jours  à  3o°,  fournissent,  en  24  heures,  iSo'^'"'  à  200'''"°  de 
gaz;  la  proportion  de  formÚne  dans  le  mélange  est  alors  égale  à  65-66 
pour  100;  le  dégagement  se  ralentit  ensuite  assez  brusquement,  pour  con- 
tinuer lentement  pendant  des  mois  et  mĂȘme  des  annĂ©es.  C'est  dans  ces 
cultures  qu'on  observe  les  plus  belles  poussées  i\e  pseudo-sarcine. 

»  Si  l'on  cbauflfe  les  cultures  de  i5-2o  jours,  on  constate  que  la  pseudo- 
saicine  est  tuée  par  un  séjour  de  8  minutes  à  60";  dans  les  cultures  de  2  ans 
et  demi  elle  résiste  à  cette  épreuve;  mais  elle  est  le  plus  souvent  tuée  éga- 
lement il  70°. 

»  Les  ferments  qui  l'accompagnent  résistent,  bien  entendu;  ceux-ci  font 
feririenler  le  milieu  précédent  en  dégageant  seulement  de  l'acide  carbo- 
nique et  de  i'hydiogÚne,  taudis  que,  dans  les  cultures  qui  dégagent  du  for- 
mĂšne, l'hydrogĂšne  est  toujours  absent. 

»  Si  l'on  analyse  les  cultures  obtenues  avec  des  semences  chauffées,  ou 
trouve  comme  principaux  produits  des  acides  biiiyi"iq»e  et  acétique.  Apres 
1  mois  de  fermentation,  on  obtient  les  chiffres  suivants  : 

Acide  acétique.  Aciiie  butyrique. 

Semences  chauflees  Ă   60" 4.63i   pour  1000         0,705  pour   1000 

»  «  90" AjyG"^         »  y,  483  » 

»  Ces  corps  sont  absents  dans  les  cultures  qui  ont  donné  du  formÚne; 
ils  ont  donc  disparu,  car  ils  y  ont  pris  naissance,  puisque  les  ferments  buty- 
riques y  étaient  présents. 

»  Il  en  résulte  que  la  fermentation  forménique  se  greffe  sur  les  fermen- 
tations butyriques  et  s'alimente  aux  dépens  des  produits  fournis  par  ces 
derniĂšres,  y  compris  probablement  l'hydrogĂšne. 

»  Si  ces  dĂ©ductions  sont  exactes,  la  production  de  formĂšne  doit  ĂȘlre 
observée  dans  des  milieux  privés  de  substances  hytirocarbonées.  Le  milieu 
suivant  donne  en  effet  un  dégagement  de  CH*. 

Milic'i/  11. 

Bouillon   Marlin 5oo 

lĂźau  ordinaire '^00 

Acéiale  de  potassium ' 

Bulvrale  de  sodium -^ 

l-'liospliale  d'ammonium ' 

Ca]'!jonale  de  calcium -^ 


SÉANCE    DU    l')   NOVEMBRE    ItjoS.  88() 

»  La  richesse  du  mélange  gazeux  en  formelle  alleint  8i  pour  loo; 
le  reste  est  du  C0-;  quelques  cultures  ont  donné  jusqu'à  90  pour  100 
de  CH*  ;  la  pseudo-sarcine  y  est  trĂšs  abondante  mais  plus  petite  que  dans  les 
cultures  faites  avec  le  mĂ©lange  I.  L'origine  du  CH^  ne  peut  donc  pas  ĂȘtre 
attribuée  aux  substances  hydrocarbonées. 

»  Les  essais  d'isolement  pratiqués  avec  le  milieu  II  solidifié  avec  de  la 
gélose  ont  donné  des  résultats  positifs;  mais  jusqu'ici  il  n'a  pas  été  possible 
d'obtenir  de  fermentations  avec  unesemence  pure  Ă e  psrudu-sarcine  mĂȘme 
en  employant  des  milieux  préparés  par  une  fermentation  préalable  du 
mélange  T  avec  une  semence  chauffée  à  70°.  J'ai  pourtant  obtenu  des  cul- 
tures trĂšs  actives  en  l'associant  Ă   deux  bacilles  sporogĂšnes  incapables  de 
fournir,  soit  isolément,  soit  réunis,  du  CM'.  La  richesse  en  formÚne  du 
mélange  gazeux  fourni  pai-  cette  association  a  atteint  80  pour  100.  C'est 
donc  \ii pseudo-sarcine  qui  est  l'agent  de  la  fermentation  forménique. 

»  M.  Omeliansky  a  déjà  étudié  un  autre  ferment  forménique;  c'est  une 
bactérie  à  spore  terminale  [baguette  de  tambour  ('  )]  ;  il  semble  donc  que 
l'on  puisse  prévoir  qu'il  existe  différentes  formes  microbiennes  capables  de 
jiroduire  du  formÚne.  » 


PATHOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  — SurleslubercuUnes.  Note  de  M.  BĂ©ravecsĂź, 

présentée  par  M.  Roux. 

«  Les  toxines  tuberculeuses  sont  multiples.  Les  unes,  diffiisibles,  pro 
duisentchez  les  animaux  infectés  leur  effet  nocif  à  distance,  principalement 
sur  le  systÚme  nerveux  ;  les  autres,  plutÎt  adhérentes  aux  corps  bacillaires, 
exei'cent  luie  action  de  contact  sur  les  tissus  ambiants  et  provoquent  de  la 
part  de  l'organisme  cette  réaction  de  déiense  qui  aboutit  aux  cellules 
géantes  et  aux  tubercules. 

»  En  étudiant  chez  le  cobaye  la  marche  de  l'infection  tuberculeuse,  on 
constate  d'une  part  que  les  toxines  causent  avec  une  certaine  lenteur  la 
déchéance  physiologique  de  l'orgmisme,  d'autre  part  que  les  bacilles  de 
Koch  exercent  sur  les  phagocytes  une  chimiotaxie  positive.  Ces  phagocytes 
englobent  les  bacilles,  mais  en  général  sont  impuissants  à  les  digérer.  Pour 
enrayer  l'Ă©volution  de  la  tuberculose,  le  problĂšme  consiste  donc  moins  Ă  
neutraliser  par  des  antitoxines   les   toxines  sécrétées  qu'à  augmenter    la 

(')   Ai'chi\x's  des  Sciences  biologiques,  l.  Vil,  p.  4i9- 


890  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

résistance  des  phagocytes  et  à  renforcer  leur  fonction  bactériolytiqiie.  Je 
cherche  Ă   obtenir  une  vaccination  directe  de  l'organisme  pendant  l'Ă©vohi- 
tion  mĂȘme  de  la  maladie.  Cette  vaccination  exige  un  certain  temps  pour  se 
réaliser,  aussi  s'obtiendra-t-elle  plus  facilement  chez  les  espÚces  à  tubercu- 
lose lente  que  chez  celles  Ă   tuberculose  rapide. 

»  Existe-t-il  dans  les  milieux  de  culture  ou  bien  dans  les  bacilles  des 
substances  vaccinantes?  L'expérience  physiologique  seule  nous  permet  de 
différencier  les  toxines  élaborées  par  le  ijacitle  de  Roch  et  d'en  déterminer 
les  propriétés  pathologiques.  Dans  une  étude  de  ce  genre,  il  importe  de  se 
rappeler  que  les  toxines  contenues  dans  nos  milieux  de  culture  peuvent 
représenter  aussi  bien  des  modiBcations  chimiques  des  sidistances  constitu- 
tives de  ces  milieux  que  des  produits  de  sécrétion  des  bacilles  qui  y  sont  cul- 
tivés. A  des  variations  dans  les  conditions  chimiques  du  milieu  correspondent 
des  variations  dans  les  produits  élaborés.  Les  transformations  qui  s'accom- 
plissent dans  les  bouillons  tuberculeux  sont  trĂšs  complexes;  mais  il  est  un 
caractĂšre  qui  nous  renseigne  sur  la  nature  de  certains  Ă©changes  intervenus 
entre  le  bacdle  et  son  bouillon  ,de  culture,  c'est  la  réaction  chimique  que 
ce  bouilloiß  présente  une  fois  la  croissance  de  la  culture  achevée.  En  ense- 
mençant des  bouillons  trÚs  légÚrement  alcalins  au  début,  on  constate  aprÚs 
culture  que  la  réaction  du  milieu  est  variable.  TantÎt  cette  réaction  est 
encore  alcaline  ou  neutre,  tantĂŽt  elle  est  devenue  franchement  acide. 

»  J'ai  cherché  les  conditions  qui  favorisent  la  piorluclion  de  celle  acidité.  Ensemen- 
çons deux  bouillons  provenant  de  la  mĂȘme  viande  de  veau.  Un  de  ces  bouillons  n'esl  pas 
neutralisé  et  garde  par  conséquent  son  acidité  premiÚre;  l'autre  est  alcaliuisé  jusqu'à 
ce  qu'il  soit  alcalin  à  la  phénolphtaléine.  AprÚs  2  mois  et  demi  de  culture,  ces  bouillons 
sont  filtrés  et  leur  acidité  titrée  à  la  phénolphtaléine.  Dans  le  premier  bouillon,  la 
production  d'acidité  a  élé  nulle.  Dans  le  second,  fortement  alcalinisé  au  début,  l'acidité 
produite  rĂ©pondait  Ă   20ℱ'  de  soude  normale  par  litre.  Cette  expĂ©rience  ne  rĂ©ussit  pas 
toujours.  En  se  servant  comme  indicateur  de  la  phénolphtaléine,  le  milieu  est  Irop 
alcalin  et  le  bacille  tuberculeux  ne  s'y  habitue  qu'avec  peine.  Il  est  préférable  de  se 
servir  de  bouillons  auxquels  on  ajoute  aprĂšs  neutralisation  au  tournesol  de  5'""'  Ă  
7<^°'°  de  soude  normale  par  litre.  On  peut  ainsi  acclimater  le  bacille  de  Koch  à  des 
milieux  passablement  alcalins  cl,  en  réponse  à  cet  acclimatement,  ce  bacille  élabore 
des  produits  spéciaux.  J'ai  cherché  ensuite  si  ces  faits  se  vérifiaient  avec  d'autres 
bases  que  la  soude.  L'hydrate  de  chaux  m'ayant  donné  des  résultats  plus  constants, 
j'opÚre  comme  suit.  Je  prépare  un  litre  de  bouillon  de  veau.  Je  prélÚve  Goo"^^""'  de  ce 
bouillon  et,  avant  d'y  incorporer  la  glycérine  et  la  peplone,  j'ajoute  400'°'°  d'hydrat« 
de  chaux  fraßchement  préparée.  AprÚs  filtration,  stérilisation,  ensemencement,  ces 
bouillons  sont  mis  à  l'éluve  à  37"-38°  pendant  2  mois  à  2  mois  et  demi.  Us  sont  alors 
filtrés  sur  papier,  neutralisés  par  de  l'hydrate  de  chaux,  fillrés  sur  bougie  Chamber- 


SÉANCE    DU    53    NOVEMBRE    iQoS.  891 

land,  puis  évaporés  dans  le  vicie  à  froid  jusqu'à  consistance  sirupeuse.  Je  désigne  les 
toxines  ainsi  obtenues  sous  le  nom  de  basitoxines  (TB). 

»  Les  basiloxines  ne  suffisent  pas  à  produire  la  vaccination  cherchée,  il  faut  les 
compléter  par  des  substances  tirées  directement  des  corps  bacillaires.  AprÚs  de  nom- 
breux essais,  je  me  suis  arrĂȘtĂ©  au  procĂ©dĂ©  suivant  :  les  bacilles  tuberculeux  lavĂ©s  Ă  
fond  et  séchés  dans  le  vide  sont  traités  au  bain-raarie  pendant  2  heures  à  70°  environ 
par  de  l'acide  orthophosphorique  Ă   i  pour  100  (Boo"^"''  pour  7s  de  bacilles  secs).  On 
agite  fréquemment  le  ballon  pendant  i'evtraction.  AprÚs  refroidissement  on  filtre 
plusieurs  fois  sur  papier.  A  chaque  centimÚtre  cube  du  filtrat  répondent  environ 
a""?  de  substances  extraites  des  corps  bacillaires.  J'appelle  les  alburainoloxines  ainsi 
obtenues  acidoLoxines  (AT). 

»  Potir  les  usages  thérapeutiques,  je  me  sers  d'un  mélange  à  parties 
égales  de  AT  et  de  TB  préalablement  diluées.  L'action  curative  de  ces 
toxines  sera  étudiée  ailleurs.  Ma  tuberculine  a  été  expérimentée  sur  le 
cobaye  et  sur  l'homme.  Jusqu'à  présent,  chez  le  cobave,  je  n'ai  jamais 
obtenu  de  guérison,  mais  seulement  une  survie  des  animaux  traités  allant 
de  I  à  5  mois.  Depuis  plus  de  2  ans  ces  tuberculines  sont  essayées  chez 
l'hommr.  Sur  90  malades,  tant  fébriles  qu'afébriles,  on  a  noté  dans 
60  pour  100  des  cas  traités  une  amélioration  portant  sur  l'ensemble  des 
signes  pathologiques,  malgré  que  les  |  de  ces  malades  fussent  déjà  arrivés 
au  second  et  au  troisiÚme  degré.  » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Ampoule  de  Crookes pour  radiothĂ©rapie. 
Note  de  M.  Oudin,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  La  situation  des  cancers  de  la  langue,  de  l'utérus  ou  du  rectum  rend 
leur  traitement  par  les  rayons  X  Ă   peu  prĂšs  complĂštement  impossible. 
Profondément  situés,  protégés  par  des  tissus  superficiels  sains,  ou  par  des 
barriÚres  osseuses  aussi  difficilement  pcnétrables  que  le  bassin,  on  ne 
peut  songer  Ă   les  atteindre  efficacement  sans  risquer  des  radioclermites 
graves. 

»  C'est  pour  obvier  à  ces  inconvénients  qu'a  été  créée  l'ampoule  de 
Crookes  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  aujourd'hui  à  l'Académie. 

)>  Elle  est  du  Ijpe  connu  Chabaud-Vllhinl,  mais  porte  en  face  de  l'anticatlioilc  un 
prolongement  en  doigt  de  gant  dont' la  longueur  peut  ĂȘtre  de  5'^'"  Ă   10'''";  son  diamĂštre 
peut  varier  entre  iSℱ"^  à  35"^"-,  diamùtres  et  longueurs  en  rapport  avec  la  situation  des 
parties  à  traiter.  Toute  l'ampoule  est  soufflée  dans  du  verre  trÚs  riche  en  silicate  de 
plomb  et  trÚs  épais,  par  conséquent  trÚs  peu  traversé  par  les  rayons  X.  Au  contraire, 


89?.  ACADÉMIE    DES    SCIEXCFS. 

rextrÎniité  du  doi^t  de  gant  est  en  verre  ordinaire.  On  peut  estimer,  d'api-Ús  des 
radiographies,  «in'il  passe  par  ce  point  environ  cinquante  fois  plus  de  rayons  de 
Rontgen  que  par  une  surface  Ă©quivalente  de  l'ampoule. 

»  Nous  pouvons  ainsi  porter  ce  prolongement  au  fond  des  cavités  naturelles, 
bouche,  rectum,  vagin,  et  amener  le  foyer  des  rayons  X  jusqu'au  contact  des  tissus 
malades  sans  risquer  de  léser  les  orifices,  en  faisant  des  expositions  trÚs  courtes,  de 
3o  à  60  secondes  seulement,  puisque  nous  réduisons  énormément  les  dislances. 

»  Tel  que  nous  venons  de  le  décrire,  ce  tube  serait  pourtant  incapable  de  fonc- 
tionner en  raison  des  Ă©tincelles  qui,  jaillissant  entre  ses  parois  et  le  patient,  le 
mettraient  de  suite  hors  d'usage.  Ces  étincelles  sont  complÚtement  supprimées  par 
une  gaine  prolectrice  qui  enveloppe  le  prolongeuienl  et  <[ul  est  formée  par  un  tube 
débonite  ou  de  celluloïd  rempli  de  vaseline,  de  ])étrole,  d'essence  de  térébentine  ou 
de  tout  autre  liquide  isolant.  Cette  gaine  du  piolongenienl  lui  est  fixée  par  un  jias  de 
vis  en  éljonite  luté  sur  le  tube. 

))  Une  couche  de  2"""  Ă   3ℱℱ  du  liquide  diĂ©lectrique  suffit  jiour  permettre  de  plonger 
le  tube  dans  une  cavitĂ©  naturelle  sans  qu'il  se  ])roduise  la  moindre  Ă©tincelle,  mĂȘme  si 
l'ampoule  est  résistante. 

»  La  partie  terminale  active  du  tube  se  trouvant  ainsi  à  une  distance  constante  des 
tissus  malades,  l'ampoule  étant  avec  son  osmorégulalrMi-  maintenue  à  une  résistance 
déterminée  par  une  étincelle  dérivée,  on  n'a  plus  à  s'occuper  que  des  temps  d'expo- 
sition. 

»  Pour  que  ce  tube  soit  plus  maniable  il  n'est  pas  fixé  sur  un  support, 
mais  porte  à  une  de  ses  extrémités  un  manche  en  ébonile  qui  permet  de 
le  tenir  comme  tout  autre  instrument,  le  médecin  le  guidant  avec  la  main 
pendant  la  durée  de  l'application.  » 


A  5  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  tiemie. 

G.   D. 


On  souscrit  Ă   Paris,  chez.  GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grarids-Augustins,  n°  55. 

)U!S  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  réguliÚrement  le  Dimanche.  \\i  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-4''.  Deux 
s,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  nialiéres.  l'autre  par  ordre  al|  ial^clif^ue  de  noms  d'Aulcur^,  terminent  chaque  volume.  L'abonnemenl  est  annuel 
rt  du  \"  Janvier. 

PLe  prix  de  Vabonneineiu  est  fixe  ainsi  qu'il  suit  : 
Paris  :  30  fr.  —  DĂ©partements  :  40  fr.  —  Union  postale  :  44  fr. 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


chez  Messieurs  : 
Ferran  frĂšres. 

i  Ctiaix. 
Jourdan. 

i  Ruff. 
j Courtia-Hecquei.. 

(  Germain  et  Grassin 

'  Gastineau. 

ne JĂ©rĂŽme. 

on   RĂ©gnier. 

,   Ferel. 
rux     ....        Laurens. 

'  IMuller  (G.). 
'■S    Renaud. 

,    Derrien. 

'  K.  Robert. 
j  Oblin. 

:   Uzel  frĂšres. 

Jouan. 

eiy Perrin. 

i  Henry. 

urg ..       -' 

(  Margueric. 

,  —  1  Juliot. 

(  Bouy. 

,  Nourry.  . 

Rate). 

iRey. 

(  Lauverjai. 

I  Degez. 
.  \  Drevet. 

I  Gratier  et  C". 
helle Foucher. 

\  Bourdlgnon. 

(  Dombre. 

)  Thorez. 

(  Quarré. 


chez  Messieurs  : 

,  (  Baumal. 

Lorient 

(  M°"  lexier. 

Bernoux  et  Cumin 

Georg. 

Lyon (  EfĂźantin. 

i  Savj. 

'  Vilte 

Marseille RuĂąt. 

I  Valat. 

Montpellier „      ,  _, 

'  (  Coulei  ei  fils. 

Moulins Martial  Place. 

j  Jacques. 

Nancy Grosjean-Maupin 

(  Sidot  frĂšres. 

1  Guisl'liau. 

Mantes ,,  , 

(  Veloppe. 

I  Barma. 

Nice ,  ■ 

)  Appy. 

nimes Thibaud. 

Orléans    LodJé. 

„   .  .  i  Blanchier. 

Poitiers T  . 

(  LĂ©vrier. 

Bennes Plihon  et  Hervé. 

Roche/ort Girard  (  M""  ). 

i  Langlois. 

Rouen .      , 

!  Lestrmgant. 

S'-Élienne Chevalier. 

I  Ponleil-Burles 

Toulon I  «^        ., 

(  Rumebe. 

„      ,  I  Gimet. 

Toulouse r. 

(  PrivĂąt. 

.  Boisselier. 

Tours PĂ©ricat. 

'  Suppligeon. 

Valenciennes , 

(  Lemaltre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


A  msterdam . 


Berlin. 


Bucharesl. 


chez  Messieurs  : 

(  Feikenia    Caarelsen 

I      et  C". 

A  thénes Beck . 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  C'". 

Dames. 

Friedlander  el   fils 

Mayer  et  Millier. 

Berne Schmid  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

Lamertin. 
Bruxelles..    .....  (  MayolezetAudiarte. 

(  Lebégue  et  C*. 
ß  Sotchek  et  C°. 
I  .\lcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge. Deighton,  BelletC". 

Christiania. .....     Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague HĂŽst  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

GĂšnes: Beuf. 

iCherbuliez. 
Georg. 
Stapelmohr. 

La  Haye Belinfante  frĂšres. 

j  Benda. 
!  Payot  et  C". 
Barth. 
Brockhaus. 

Leipzig {  KƓhler. 

Lorentz. 
Twietmeyer. 

J  Desoer. 
(  Gnusé. 


Lausanne.. 


LiĂšge. 


I  chez  Messieurs  ; 

I  Dulau. 
''""'^" Hachette  et  G'-. 

'Nutt. 
Luxembourg.    ..-   V.  Buck. 

/  Ruiz  et  C. 
Madrid  )  Romo  y  Fusse! 

)  Capdeville 

\  F.  FĂ©. 

Milan....  (  ^o<=«a  f""'- 

■■  I  HƓpli. 
'Moscou Tastevin. 

Naples j  Marghieri  di  Gius 

I  Pellerano. 

(  Dyrsen  el  PfeilTer. 

/Ven--  rork Stecherl. 

'  LemckeetBuecbr  er 

Odessa Rousseau. 

Oxford.: Parker  et  C" 

Palerme Reber. 

Porto Magalhaés  ei  M. .m» 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

«„_.,  (  Bocca  frĂšres 

Home ] 

{  Loescheret  C". 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Nordiska  Bogbandel 

„,  ,,  ..       .  1  Zinserline. 

S'-Fetersbourg. .     „,   ,„       * 
*       (  Wolff. 

/  Bocca  frĂšres. 

Brero. 

Turin   ( 

1  Clausen. 

[  RosenbergelSellier. 

Varsovie Gebethner  et  WolB. 

VĂ©rone Drucker. 

(  Frick. 

Vienne _      ,  , 

(  Gerold  el  €'‱. 

Ziirich Meyer  el  Zeller. 


LES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDES  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  l''  Ă   31.  —  (3  AoĂ»t  i835  Ă   3i  DĂ©cembre  i85o.)  Volume  in-4°;  i853.  Pri.f 25  fr. 

Tomes  32  Ă   61.  —  (  r"  Janvier  [85(  Ă   3i  DĂ©cembre  iSiJĂŻ.)  Volume  in^";  1870.  Prix 25  fr. 

Tomes  62  ii  91.  —  t  i"'  Janvier  i865  à  3i  U.jcemlira  iSSi>.)  Volume  in-4°;  18S9.  Prix 25  fr. 

Tomoi  92  a  121.  —  (  i'^'  Janvier  iSSi  Ă   3i  DĂ©cembre  iS^jS.)  Volume  in-4";  1900-  Prix 25  Ir. 

IPPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADEMIE  DES  SCIENCES  ; 

I.—  .\IĂ©in  jiresur  quelque*  points  de  la  Physialogicdas  Algues ,  pir  iVI\I.  .\.  t),.iiBSS  et  .V.-J.-J.  Solibr.  —  .VtĂ©moire  sur  le  Calcul  des  Perlurbalioiis  qu'Ă©prouvent 
les,  par  >I.  H  wse.v.  —  AĂ©n  )ire  sur  le  l'dii.;rĂ©iis  et  sur  le  rĂčle  Ji  Siic  p  m   i  ■  Uiq.ii;  dans  les  pliiii  jrnjiei  digestifs,  pjrticuliĂ©remenl  dans   la    digestion   des 

2;r.isses,  pir  .M.   Cnuoi-:  B.;a-(\ni>.   Volu  ne  in-'i",  avec  3;    planches;   iS  )  ; 25  fr. 

H.  —  MĂ©moire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M,  P.-J.  Van  BkxĂ«dev.  —  Kss^ii  d'une  rĂ©ponse  Ă   la  question  de  Prix  proposĂ©e  en  i.S5o  par  l'AcadĂ©mie  des  Sciences 
concours  de  i8)5,  et  puis  remise  pour  celui  de  i8V),  savoir:  «  Etudier  le.,  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains 
mtaires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Diseuler  la  question  de  I;"'   app.irilion  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanĂ©e.    —  Rechercher  la 

des  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  régne  org.iniqiie  el  ses  (il. Il-;   intérieurs  i>,  p.ir  .\I.  le  Professeur  BioNX.  In-'|°,  avec  7  planches  ;   1S61....      25  fr. 

la  mĂȘme  Librairie  les  MĂ©moires  de  l'AcadĂ©mie  des  Sciences,  ri  !'  -  Mcmcires  prĂ©sentĂ©s  par  divers  Savsits  Ă   l'Acedmie  des  Sciences. 


W  21. 

TABLE   DES  ARTICLES,   (SĂ©ance  du  23  novembre  1903.) 


MEMOIRES    ET  COMMUNIGATIOIVS 

DES   MRMBKKS   ET  DES  CORRESPONDANTS   DE  L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.  H.  Deslandres.  —  Relation  entre  les 
taches  solaires  et  le  magnétisme  terrestre. 
Utilité  de  l'enregistrement  continu  des 
éléments    variables  du  Soleil 821 

M.  DE  Lappabent.  —  Sur  la  signification 
géologique  des  anomalies  de  la  gravité..     827 

M.  R.  Blondlot.  —  Sur  le  renforcement 
qu'Ă©prouve  l'action  exercĂ©e  sur  l'Ɠil  par 
un  faisceau  de  lumiĂšre,  lorsque  ce  fais- 
ceau est  accompagné  de  rayons  »,...-.,     Sßi 


Pages. 

M.  Alfred  Picaru  fait  hommage  Ă   l'Aca- 
démie des  Tomes  VI  et  VU  de  son  «  Rap- 
port général  administratif  et  technique 
de  l'Exposition  universelle  internationale 
de  1900  » 833 

M.  LƓwy.  —  PrĂ©sentation  du  Tome  X  des 
Cl  Annales  de  l'observatoire  de  Bordeaux  ».     836 

M.  ."Vdolphe  Carnot  fait  hommage  Ă   l'Aca- 
démie du  Tome  II  de  son  «  Traité  d'ana- 
lyse des  substances  minérales  > 837 


NOMEVATIOIVS. 


M.  Bertin  est  Ă©lu  Membre  de  la  Section  de 
GĂ©ographie  et  Navigation,  en  remplace- 
ment de  M.  de  Biissy.  décédé 837 

MM.  Jordan,  Mascart,  Darboux,  Berthe- 
J.OT,  DE  l^AprAPENT,  PERRiERsoni  pommés 


membres  d'une  Commission  chargée  de 
présenter  une  liste  de  candidats  pour  la 
chaire  d'Histoire  générale  des  Sciences, 
>acante  au  CollĂšge  de  France 838 


CORRESPONDANCE . 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  divers 
Ouvrages  de  S.  A.  S.  Albert  I",  Prince 
d'e  Monaco;  de  M.  Charles  MĂ©ray,  de 
M.  É.   Bertrand ' 838 

M.  L.  Fejer. —  Sur  les  Ă©quations  fonction- 
nelles et  la  théorie  des  séries  divergentes.     SSg 

M.  D.  PoMPKiu.  —  Sur  un  systùme  de  trois 
(onctions  de  variables  réelles 84' 

M.  Charles  Renard.  —  Sur  la  possibilitĂ© 
de  soutenir  en  l'air  un  appareil  volant  du 
genre  hélicoptÚre  en  employant  les  mo- 
teurs Ă   explosion  dans  leur  Ă©tat  actuel 
de   légÚreté 84? 

M.  G.  TissOT.  —  Sur  la  mesure  de  l'eUel 
des  ondes  Ă©lectriques  Ă   dislance  au  moyen 
du  bolomĂštre 846 

M.  P.  Vaillant.  —  Sur  la  couleur  des  solu- 
tions aqueuses  de  méthylorange  et  le  chan- 
gement qu'y  déterminent   les  acides 849 

MM.  F.  OsMOND,  Ch.  Fbémont  et  G.  Cab- 
taud.  —  Les  modes  de  dĂ©formations  et 
de  rupture  des  fers  et  des  aciers  doux...     85i 

MM.  HoLLARD  et  Bertiaux.  —  Influence  des 
gaz  sur  la  séparation  des  métaux  par 
électrolyse  :  séparation  du  nickel  et  du 
zi  ne 85^ 

M.  L.-.I.  Simon.  —  Sur  l'acide  oxalacĂ©lique.     855 

M.  R.  Fosse.  —  Copulation  des  sels  de  di- 
naphtopyryle  avec  les  phénols 858 

M    A.MÉ  PicTET.  —  Synthùse  de  la  nicotine.     860 

M""  Motz-Kossowska.  —  Sur  l'action  mor- 
phogéne  de  l'eau  en  mouvement  sur  les 
Hydraires 863 

M.  F.  Ladreyt.  —  Sur  le  rîle  de   certains 


éléments  figurés  chez  Sijiiinculus  nudusL.     865 

M.  Ch.  Gravier.  —  Sur  la  MĂ©duse  du  Vic- 
toria Nyanza 8C7 

M.  Paul  Vuillemin.  —  Sur  une  double  fu- 
sion des  membranes  dans  la  zygospore  des 
Mucorinées 869 

M.  G.  Delacroix.  —  Sur  la  jaunisse  de  la 
betterave  ;  maladie  bactérienne 87 1 

MM.  L.  DuPARc  et  F.  Pearce.  —  Sur  les 
formationsdela  zone  des  quartziiesel  con- 
glomérats inférieurs  au  Dévonien  dans 
l'Oural  du   Nord 873 

M.  Pierre  Termieb.  —  Sur  la  structure  des 
Hohe  Tauern  (Alpes  du  Tyrol  ) 876 

M.  H.  ArsandauX.  —  Contribution  Ă   l'Ă©tude 
des  roches  sodiques  de  l'Est-.\fricain 876 

M.  Deprat.  —  Les  roches  Ă©ruptives4e  l'ile 
d'Eubée 879 

M.  R.  Anthony.  —  De  l'action  morphogĂ©- 
nique  des  muscles  crolaphytes  sur  le  crĂąne 
et  le  cerveau  des  Carnassiers  et  des  Pri- 
mates      881 

M.  Georges  Bohn.  —  Comparaison  entre 
les  effets  nerveux  des  rayons  de  Becquerel 
et  ceux  des  rayons  lumineux 883 

MM.  J.-E.  Abelous  et  J.  Aloy;  —  Sur  l'exis- 
tence, dans  l'organisme  animal,  d'une  dia- 
stase  à  la  fois  oxydante  et  réductrice 885 

M.  MazĂ©.  —  Sur  la  fermentation  formĂ©nique 
et  le  ferment  qui  la   produit 887 

M.  BÉRANECK.  —  Sur  les  luberculines 889 

M.  OuDiN.  —  Ampoule  de  Crookes  pour 
radiothérapie 891 


PARIS.  -  IMPRIMERIE    G  AUTHI  E  R -V  ILLARS. 

Quai  des  Grands-Augustins,  5.S. 


/.#  GĂ©rant  ;   (tauthieh-Villars. 


IS03  I9Q3 

'        SECOND  SEMESTUE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES    SEANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES: 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS., 


TOME  CXXXVII. 


N°  22  (30  Novembre  1903). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBKAIRE 

DES   COMPTES.RENDUS    DES   SÉANCES   DE  L'ACADÉMIE   DES   SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55.  i 

1903  ; 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin   1862  et  ik  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  el  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Noies 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie, 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  ‱ Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 

Les  extraits  desMémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  parun  associéélrangerderAcadémiecomprennenl 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  ISote  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  àe  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  3a  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  iait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
Ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Ra|)- 


porls  relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'au 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séance 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savan. 

étrangers  à  l'Académie. 
Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  persoi 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  1' 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'ur 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requis 
Membre  qui  tait  la  présentation  est  toujours  non  3 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cetEi 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  le: 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondance 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  re 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  ta 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   tt 
le  litre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Com/^/eii 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendi\ 
vant  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  el  tirage  à  part. 
Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planch 

figiues. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  sei 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  com 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  d( 
leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rappo 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernemen 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrĂąt!' 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  di 
sent  RĂšglement. 


Les  savants  étranger,  à  l'Académie  qni  désirent  faire  présenter  leurs  Mén^cires  par  MM.  les  Secrétaires  ll^^^l'l^l^^^J^';^^ 
déposer  an  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance,  avant  5^  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES 

SÉANCE  DU    LUNDI  50  NOVEMBRE  1903, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY, 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

M.  le  Ministre  de  l'Instructiox  pcblique  et  des  Beaux-Arts  adresse 
une  ampliation  du  Décret  par  lequel  le  Président  de  la  République  approuve 
l'Ă©lection  de  M.  Berlin,  dans  la  Section  de  GĂ©ographie  et  Navigation,  en 
remplacement  de  M.  de  Bussy,  décédé. 

Il  est  donné  lecture  de  ce  Décret. 

Sur  l'invitation  de  M.  le  Président,  M.  Bertin  prend  place  parmi  ses 
ConfrĂšres. 


ANATOMIE  COMPARÉE.  —  Sur  les  mains  scapulaires  el pelviennes  des  Poissons. 
Note  de  M.  Armaxd  Sabatier. 

«  Dans  une  série  de  Notes  insérées  dans  les  Comptes  rendus  de  ces  der- 
niÚres années,  je  me  suis  attaché  à  établir  la  morphologie  des  membres 
pairs  des  Poissons,  membres  qui  ont  servi  de  base  au  développement  des 
membres  chez  les  autres  Vertébrés.  Cette  étude  m'a  conduit  à  démontrer 
que,  chez  les  Poissons  osseux,  les  membres  postérieurs  étaient  constitués 
par  une  masse  osseuse  basilairedans  laquelle  le  membre  ne  s'est  pas  diffé- 
rencié de  la  ceinture  pelvienne.  Cette  masse  est  formée  de  deux  parties 
paires  plus  ou  moins  unies  sur  la  ligne  médiane  ventrale,  et  composées  cha- 
cune de  l'association  ou  de  la  fusion  plus  ou  moins  prononcée  des  moitiés 
latérales  de  deux  interépineux  successifs  dédoublés  suivant  un  plan  ver- 
tical et  médian.  Cette  piÚce  osseuse  porte  les  rayons  qui  ne  sont  pas  des 
parties  intégrantes  des  membres,  et  ne  représentent  que  des  parties  d'ori- 

C.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  22.)  H^ 


894  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

gine  dermique  analogues  aux  griffes,  aux  ongles  et  aux  plumes  des  autres 
Vertébrés. 

»  Dans  le  membre  antérieur  au  contraire  la  différenciation  s'est  établie 
entre  la  ceinture  et  le  membre  de  la  façon  suivante  :  le  demi-interépineux, 
devenu  antéro-supérieur  par  un  mouvement  de  bascule  dû  à  l'élargissement 
de  la  cavité  pharyngienne,  représente  en  fait  la  ceinture  scapulo-coracoï- 
dienne  et  un  trÚs  court  humérus  lamellaire  bifide  qui  lui  reste  soudé,  tandis 
que  le  demi-interépineux  devenu  postéro-inférieur  se  fragmente  par  suite 
d'ossifications  distinctes  pour  former  : 

»  1"  Un  os  radio-cubital  percé  d'un  trou  ou  espace  interosseux  qui  sépare 
les  deux  os  de  l'avant-bras  dans  leurs  portions  moyennes,  tout  en  les  lais- 
sant unis  par  leurs  extrémités.  C'est  d'ailleurs  la  conformation  constante  du 
cartilage  embrvonnaire  et  fondamental  de  l'avant-bras  de  tous  les  Vertébrés; 

»  2°  Un  os  pisiforme  lamelleux,  plus  ou  moins  distinct  du  cubitus; 

»  3°  Cinq  métacarpiens  dont  le  radial  reste  soudé  au  radius,  tandis  que 
les  quatre  autres  sont  indépendants  et  reposent  sur  le  bord  du  radius, 
mais  surtout  du  cubitus  et  parfois  aussi  du  pisiforme.  Les  métacarpiens, 
qui  représentent  à  eux  seuls  les  doigts,  re|)osent  donc  sur  le  bord  postérieur 
ou  talon  du  deuxiÚme  iuterépineux.  L'ensemble  des  deux  demi-interépi- 
neux latéraux  forme  donc  proprement,  le  premier  la  ceinture  et  l'humérus, 
et  le  second  l'avant-bras,  le  pisiforme  et  la  main,  d'oĂč  ce  rĂ©sultat  aussi 
remarquable  qu'inattendu,  que  la  ceinture  et  l'humérus  réunis  sont  homo- 
dynames  de  l'avant-bras,  du  pisiforme  et  de  la  main. 

»  Les  preuves  anatomiques  (c'est-à-dire  les  connexions)  de  ces  homo- 
logies  surprenantes  ne  me  paraissent  laisser  subsister  aucun  doute  sur  leur 
réalité.  Néanmoins  il  convient  de  rechercher  les  faiis  qui  peuvent  apporter 
à  ces  vues  de  nouveaux  éléments  de  démoustration.  Je  considÚre  qu'on 
doit  en  trouver  un  important  dans  un  lait  qui  me  paraĂźt  Ă©tablir  que  la 
ceinture,  c'est-à-dire  le  demi-épineux  antéro-supérieur,  ne  diffÚre  pas  du 
membre,  c'est-à-dire  du  demi-interépineux  postero-inférieur,  par  l'absence 
de  ces  appendices  qui  représentent  les  doigts,  et  qu'il  y  a  sur  la  ceinture 
scapulo-coracoĂŻdienne,  comme  sur  l'avant-bras,  et  dans  une  situation  exacte^ 
ment  comparable,  une  main  représentée  par  un  doigt  exactement  conformé 
comme  les  doigts  de  la  main  radio-cubitale,  et  par  conséquent  une  main 
THonodactylc  scapulaire.  La  présence  de  doigts  sur  les  deux  éléments  consti- 
tuants de  la  nageoire  antérieiu-e,  la  ceinture  et  le  membre,  est  de  nature  à 
confirmer  hautement  une  assimilation  dans  la  signification  de  ces  deux 
éléments,  et  par  conséquent  à  établir  clairement  leur  homodynamie. 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    I9o3.  SyS 

n  Or  il  existe  sur  la  ceintilre  pectorale  delĂ   plupart  des  Poissons  osseux 
un  appendice  plus  ou  moins  ossifié,  qui  ne  peut  avoir  d'autre  signification 
que  celle  d'un  doigt.  Il  s'agit  d'un  appendice  composé  de  une  ou  deux 
piÚces  qui  a  si  bien  embarrassé  jusqu'à  présent  les  anatomistes  qu'on  lui  a 
donnĂ©  des  noms  trĂšs  diffĂ©rents,  et  qu'oĂč  n'est  pas  parvenu  Ă   l'assimilera 
aucun  des  os  connus  chez  les  autres  Vertébrés.  C'est  Vos  coracoidien  des 
Poissons  de  Cuvier,  le  coracoĂŻde  de  Geoffroy  Saint-Hilaire  et  d'Agassiz, 
la  clavicule  d'Owen,  la  piĂšce  accessoire  de  Gegenbaur,  Vos  de  la  ceinture 
scapulaire  secondaire  de  Claus  et  de  Wieilersheim,  la  baguette slyliforme  de 
Vogt,  le  post-claviculaire  d'autres  anatomistes,  etc.  Ces  diverses  dénomi- 
nations, ou  bien  sont  insignifiantes,  ou  bleu  ne  résistent  pas  à  un  examen 
sérieux  des  connexions,  sur  lesquelles  doit  se  baser  la  détermination  vrai- 
ment anatomique  d'un  os. 

»  Voici  d'ailleurs  les  caractÚres  de  forme  et  de  connexions  qui  appar- 
tiennent à  cet  appendice  digitiforme.  C'est  un  appendice  allongé,  composé 
parfois  d'un  seul  os,  le  plus  souvent  de  deux  os  successifs.  Il  est  attaché 
au  bord  postérieur  ou  talon  de  l'os  de  la  ceinture.  Le  premier  article  est 
tanlÎt  court,  trapu,  tantÎt  allongé;  il  est  aplati  comme  le  sont  tous  les  os 
de  la  main  des  Poissons  osseux.  Il  peut  ĂȘtre  trĂšs  court,  rĂ©duit  Ă   une  saillie 
soudée  à  la  portion  scapulaire  de  la  ceinture.  Il  ressemble  alors  au  premier 
métacarpien,  ou  métacar[)ien  radial  de  la  main  radiocubilale.  Le  second 
article  ou  terminal,  est  jjIiis  allongĂ©,  plus  grĂȘle,  d'une  ossification  plus  ou 
moins  incomplÚte,  et  se  termine  en  pointe  effilée.  Il  est  parfois  soudé  au 
premier,  le  plus  souvent  libre  et  articulé.  Cette  articulation  est  parfois 
de  forme  identique  à  celle  qui  rattache  les  rayons  de  la  nageoire  aux  méta- 
carpiens, chez  Scarpena  notamment.  L'ensemble  des  deux  articles  forme 
une  tige  articulée,  légÚrement  anguleuse  et  dirigée  de  haut  en  bas  et 
d'avant  en  arriĂšre.  Cette  tige  est  sous-dermique,  par  son  premier  article, 
tandis  que  le  second  est  pour  ainsi  dire  noyé  dans  l'épaisseur  du  derme; 
elle  adliÚre  trÚs  inégalement  aux  muscles  latéraux  du  tronCj  mais  ces 
relations  sont  tout  Ă   fait  accidentelles  et  contingentes,  et  sans  caractĂšres 
anatomo-physiologiques.  Elles  n'ont  aucun  rapport  réel  avec  les  cloisons 
myomériques  ni  avec  la  direction  des  fibres  musculaires. 

»  Cet  appendice  présente  donc  des  analogies  remarquables  avec  les 
doigts  radio-cubitaux  de  la  nageoire.  L'article  basilaire  est  un  vrai  méta- 
carpien, et  l'article  terminal  un  rayon  porté  par  ce  dernier.  Les  modifi- 
cations de  forme  et  de  situation  générale  s'expliquent  facilement  parce  fait 


8q6  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

que  ce  doigt  scapulaire  entraßné  en  haut  par  le  mouvement  de  bascule  de 
la  ceinture,  débordé  et  recouvert  par  la  masse,  plus  importante,  de  la  main 
radio-cubitale,  est  resté  moins  achevé  et  inactif,  et  a  été  enseveli  sous  la 
peau,  comme  l'est  la  partie  humérale  de  l'aile  de  VApterix,  et  comme 
l'était  trÚs  probablement  l'humérus  de  VHesperornis,  de  la  période  cré- 
tacée. En  outre  ce  doigt  scapulaire  a,  avec  l'interépineux  de  la  ceinture, 
des  connexions  parfaitement  comparables  avec  celle  des  doigts  de  la 
nageoire  avec  l'interépineux  radio-cubital.  Ils  sont,  les  uns  et  les  autres, 
portés  par  le'  bord  postérieur  ou  talon,  ou  base,  de  l'interépineux  corres- 
pondant. Ils  présentent  des  variations  de  forme,  de  volume  et  de  struc- 
ture le  plus  souvent  simultanées. 

M  Ainsi  donc,  la  conception  du  membre  thoracique  comme  formé  de 
l'association  et  de  la  différenciation  de  deux  demi-interépineux  successifs, 
conduit  à  une  détermination  rationnelle  de  l'appendice  que  je  viens  de 
décrire,  et  dont  la  signification  est  restée  entiÚrement  ignorée.  C'est  un 
doigt  scapulaire  noyé  dans  le  derme;  et,  d'un  autre  cÎté,  l'existence  de 
cette  main  scapulaire  monodactyle  achĂšve  de  confirmer  la  valeur  de  la 
ceinture  comme  homodyname  du  membre  radio-cubitopalmaire.  Ces  deux 
dĂ©terminations  se  prĂȘtent  un  appui  rĂ©ciproque  pour  Ă©tablir  la  conception 
que  j'ai  formulée  de  la  morphologie  des  ceintures  et  des  membres  chez 
les  poissons  osseux. 

»  Il  faut  remarquer  d'ailleurs  qu'au  membre  postérieur  ou  nageoire 
abdominale,  les  deux  demi-interépineux  composants  ne  se  sont  pas  diffé- 
renciĂ©s et  ont  conservĂ©  la  mĂȘme  valeur,  contribuant  l'un  et  l'autre  Ă  
former  la  surface  articulaire  destinée  à  porter  les  rayons  de  la  nageoire. 

»  Il  V  a  donc  là  virtuellement  une  main  pelvienne  associée  à  une  main 
tibio-péronéale.  Mais  ces  deux  mains  forment  une  série  continue  qui  se 
scindera  à  la  nageoire  pectorale.  Ici,  en  effet,  par  suite  de  l'inégalité  de 
développement  et  de  la  différenciation  des  deux  demi-interépineux,  il  se 
produit  un  Ă©cartement  entre  les  talons  de  ces  derniers,  et,  par  suite,  une 
échancrure  entre  les  deux  mains.  Quand  l'inégalité  reste  faible,  l'échan- 
crure  resle  élroke  (Mi/gil  cephalus);  quand  l'inégalité  s'accentue,  la  cein- 
ture devenant  trÚs  prédominante,  l'échancrure  s'élargit  fortement  (Esox 
lucius). 

»  Une  prochaine  Note  sera  consacrée  à  l'examen  de  ces  dispositions 
chez  les  Chondroptérygiens.   » 


SÉANCE    DU    3o    NOVEMBRE    [go3.  897 


CORRESPONDANCE. 

M.  le  Secrétaire  perpétcel  signale,  parmi  les  piÚces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

i"  Un  Ouvrage  de  M.  Icilio  Guareschi,  intitulé  :  «  Storia  délia  Chemica, 
III  :  Lavoisier,  sua  vita  e  sue  opÚre.  » 

2°  Un  Ouvrage  ayant  pour  titre  :  «  Poisons  et  sortilÚges  »  ;  2*  série, 
«  Les  Médicis,  les  Bourbons,  la  Science  au  xx«  siÚcle  »,  par  MM.  Cabanes 
et  L.  Nass. 


ASTRONOMIE.  —  Observations  faites  Ă   l'Ile  de  la  RĂ©union  sur  l'Ă©clipsĂ©  de  Lune 
du  6  octobre  igoS.  Note  de  MM.  Edmo.vd  Bordage  et  A.  Garsault. 

«   Nous  avons  l'honneur  de  faire  parvenir  à  l'Académie  quelques  notes 
prises  lors  de  l'éclipsé  partielle  de  Lune  du  6  octobre  dernier. 

»  A  l'heure  qui  coriespond  au  lever  de  la  lune  (5''58'",  temps  civil  de  la  Réunion), 

l'éclipsé  est   commencée   depuis   l'^So"";    mais  l'astre  n'est  pas   visible  à   cause  des 

nuages.  A  6''iS",  une  courte  apparition  ;  cependant,  la  nuit  n'Ă©tant  pas  complĂštement 

venue  (et  ce  qui  reste  du  disque  répandant  une  lueur  jaunùlre),  les  essais  de  photo- 

/  graphie  sont  alors  infructueux. 

»  Jusqu'à  6'' 58",  l'astre  est  complÚtement  voilé  par  un  rideau  de  nuages.  A  ce 
moment,  une  trouée  se  produit  ilans  ces  derniers,  de  sorte  qu'entre  6''59"'  et  7'', 
la  phase  maxinia  du  phĂ©nomĂšne  peut  ĂȘtre  photographiĂ©e  (pour  la  RĂ©union,  le  maximum 
s'est  produit  Ă   6''59'"32').  Il  ne  reste  plus  alors  qu'un  trĂšs  mince  croissant  correspon- 
dant Ă   I  dixiĂšme  \  du  diamĂštre  {yHĂŽ)-  Dans  la  partie  du  disque  que  l'ombre  recouvre, 
un  point  brillant  rougeàtre  est  encore  visible  et  semble  représenter  le  cratÚre  rayon- 
nant d'Aristarque. 

»  Vers  7''io°',  les  nuages  cachent  de  nouveau  l'astre,  qui  n'est  guÚre  visible  ensuite 
que  vers  7''35"'.  Il  est  alors  facile  de  constater  que  le  phénomÚne  est  en  voie  de  décrois- 
sance rapide.  Une  rĂ©verbĂ©ration  prononcĂ©e  empĂȘche  de  distinguer  la  topographie  du 
croissant  trĂšs  brillant.  Puis,  les  nuages  dissimulent  encore  l'astre  tandis  que  Jupiter, 
peu  éloigné,  demeure  presque  constamment  découvert.  A  7'' 55",  grùce  à  une  éclaircie, 
une  quatriĂšme  photogiapliie  peut  ĂȘtre  prise.  Cette  vue  est  curieuse  parce  qu'elle 
reproduit  la  partie  sombre  du  disque.  A  ce  moment,  la  topographie  lunaire  se  dis- 
lingue nettement  avec  une  longue-vue  ou  une  simple  jumelle,  et  cependant  la  photo- 
graphie ne  la  reproduit  pas  encore.  Le  premier  détail  apparent  est  le  bord  orientai  de 
la  mer  des  Humeurs;  le  cirque  de  Grimaldi  est  visible  aussi,  avec  un  peu  d'attention. 
Le  contour  oriental  de  l'ocĂ©an  des  TempĂȘtes  se  dessine  ensuite  nettement. 


8^8  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  Puis,  l'astre  est  encore  voilé  par  un  rideau  de  nuages.  Ce  n'est  qu'à  8''2i"  qu'il 
se  montre  de  nouveau.  Les  contours  des  dilTĂ©renles  mers  ont  successivement  fait  leur 
réapparition.  Peu  à  peu  les  cratÚres  rayonnants  d'Aristarque,  de  Kepler,  de  Kopernic, 
se  découvrent  et  scintillent.  L'astre  va  demeurer  visible  jusqu'à  la  fin  du  phénomÚne 
et  deux  photographies  sont  prises  à  8''33°'  et  à  8''35'",  cette  derniÚre  peu  avant  la 
sortie  de  l'ombre  (8''36'"29%  temps  civil  local).  A.  ce  moment,  on  voit  se  reconstituer 
complÚtement  le  contour  de  la  mer  des  Crises,  et  c'est  en  cette  région  du  bord  du 
disque  que  l'échancrement  disparaßtra  définitivement.  Mais  ce  ne  sera  guÚre  que  vers 
S*"  5oℱ,  voire  9^,  que  le  bord  du  disque  sera  bien  net.  Jusque-lĂ ,  la  rĂ©gion  qui  s'Ă©tend 
entre  la  mer  des  Crises  et  la  partie  la  plus  rapprochée  du  bord  occidental  du  disque, 
est  demeurée  indécise  et  comme  recouverte  d'une  sorte  de  buée  à  aspect  légÚrement 
fuligineux. 

»  Depuis  g""  jusqu'à  g'^So"  (sortie  de  la  pénombre),  la  Lune  brille  d'un  admirable 
Ă©clat,  car  les  nuages  ont  disparu  comme  par  enchantement.  A  l'aide  d'une  longue-vue 
on  découvre  facilement  les  cratÚres  d'.\ichimÚde,  de  Platon,  de  Cassini,  d'Aristote, 
de  Posidonius,  de  Pline,  ainsi  que  Manilius  et  la  traßnée  blanchùtre  qui  relie  les 
monts  Hémus  au  cratÚre  de  Bessel.  L'auréole  lumineuse  de  Tycho  est  réellement 
Ă©blouissante. 


ASTRONOMIE  PHYSIQUE.  —  Le  dernier  minimum  des  taches  du  Soleil  el 
remarques  au  sujet  de  la  loi  des  zones.  Note  de  M.  J.  Guillau.me,  pré- 
sentée par  M.  Mascart. 

«  L'examen  des  nombres  annuels  obtenus  pour  les  groupes  de  taches, 
leur  surlace  totale  et  les  jours  sans  taches  indique  que  le  dernier  minimum 
des  taches  a  eu  lieu  en  1901,  et  la  comparaison  des  mĂȘmes  rĂ©sultats  par 
trimestres  montre  qu'il  a  dĂ»  se  produire  dans  le  courant  du  troisiĂšme  tri- 
mestre. Mais  on  constate  en  outre  deux  autres  mininia  qui,  dans  l'ordre  de 
leur  importance,  se  rapportent  au  deuxiĂšme  trimestre  de  1902,  puis  au 
premier  trimestre  de  1901  ;  d'autre  part,  les  deux  périodes  les  plus  longues 
de  jours  consécutifs  sans  taches  ont  été  successivement  de  89  jours  dans 
le  premier  trimestre  de  1901  (12  mars-19  avril)  et  de  47  jours  dans  le  pre- 
mier trimestre  de  1902  (17  mars-2niai);  ces  particularités  indiquent  qu'il 
y  a  eu  ime  période  de  minmium  assez  étendue. 

»  Pour  trouver  l'époque  de  ce  minimum,  on  a  pris  les  surfaces  totales 
mensuelles  enregistrées  à  l'observatoiie  de  Lyon  de  janvier  1 901  à  juin  1908 
inclusivement,  et  l'on  a  cherché  à  représenter  ces  nombres  graphique- 
ment; mais  les  taches  présentent  des  variations  successives  tellement 
grandes  qu'il  est  difficile  de  tracer  une  courbe  moyenne  sans  beaucoup 
d'arbitraire.  Afin  d'atténuer  ces  grandes  irrégularités  et  faire  disparaßtre 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    igoS.  899 

celles  d'ordre  secondaire,  on  a  fait  les  moyennes  des  nombres  mensuels 
pris  deux  Ă   deux,  puis  les  moyennes  des  moyennes  obtenues  ainsi  succes- 
sivement, toujours  par  deux,  jusqu'Ă   un  adoucissement  convenable  de  la 
courbe;  finalement,  il  en  est  résulté  que  le  jjointleplus  bas  de  cette  courbe 
est  en  septembre  1901. 

»  La  recherche,  dans  le  journal  quotidien  d'observations,  d'une  époque 
plus  précise,  ne  permet  [las  de  fixer  une  d^ile;  on  peut  dire  seulement  que 
le  moment  probable  du  minimum  paraĂźt  ĂȘtre  vers  le  commencement  du 
mois  indiqué.  Et  enfin,  en  tenant  compte  des  deux  grandes  périodes  sans 
taches  signalées  plus  haut,  dont  l'époque  moyenne  est  le  4  octobre,  on 
peut  conclure  que  l'Ă©poque  moyenne  du  dernier  minimum  des  taches  est 
bien  en  septembre  et  adopter 

1901,7. 

»  L'allure  des  taches  aux  environs  de  ce  minimum  m'a  amené  à  étudier 
par  nos  observations  la  loi  des  zones,  de  SpÎrer,  dont  l'énoncé  est  le  sui- 
vant (')  : 

«  Un  peu  avant  le  minimum,  il  n'y  a  de  tnclies  que  prÚs  de  l'équateur  solaire, 
»  entre  -(-5°  et  —5°  A  partir  du  minimum,  les  taches,  qui  avaient  depuis  longtemps 
))  déserté  les  hautes  latitudes,  s'y  montrent  brusquement  vers  ±  3o°.  Puis  elles  se 
»  multiplient,  un  peu  partout,  à  peu  prÚs  entre  ces  limites,  jusqu'au  maximum,  mais 
u  leur  latitude  moyenne  diminue  constamment  jusqu'Ă   l'Ă©poque  du  nouveau  mini- 
»  mum  », 

»  Pour  cette  étude,  les  observations  des  trois  derniÚres  années  ont  été 
divisées  en  périodes  limitées  par  la  présence  de  taches  soit  prÚs  de  l'équa- 
teur,  soit  dans  les  hautes  latitudes,  ou  bien  dans  les  deux  zones  Ă   la  fois. 
Ces  périodes  sont  au  nombre  de  sept  : 

Aux    liititiiilfs  basses.  Aux  latitudes  hautes. 


Nombre 

Nombre 

Suiliice 

Distance 

Nombre 

Surface 

Distance 

PĂ©riodes 

de  jours. 

de  groupes. 

totale. 

Ă   l'Ă©quateur. 

de  groupes. 

totale. 

Ă   l'Ă©quateur. 

1" 

.  —  '900  janv.     I, 

août 

38.. 

.       240 

37 

2  32  1 

0 

7,6 

<j 

0 

1' 

—            aoĂ»t  99, 

sept. 

24. 

‱         27 

4 

67 

6,8 

3 

33 

32,0 

3= 

—            sept,  25, 

mai 

23. 

243 

t8 

H73 

5,6 

0 

0 

/je 

—  1901  mai     26, 

févr. 

i3. 

.       264 

7 

354 

6>9 

9 

206 

38,1 

S" 

—  1902  fĂ©vr.    14, 

OCt. 

3. 

.        232 

0 

0 

20 

862 

24,0 

&' 

—                OCt.        4) 

déc. 

2. . 

Go 

2 

i5i 

6,5 

6 

5l2 

22,0 

r 

—            dĂ©c.      3, 

déc. 

3i. 

‱     29 

0 

0 

3 

36 

19,0 

(')  Comptes  rendus,  t.  CVIII,  p.  486. 


goo  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»   Les  indications  du  Tableau  ci-dessus  se  résument  ainsi  : 

»    1.   Jusqu'au  28  août  1900,  il  n'y  a  eu  des  taches  que  prés  de  l'équateur. 

»  2.  Les  premiers  signes  d'activitĂ©  dans  les  hantes  latitudes  paraissent  s'ĂȘtre  mani- 
festĂ©s dĂšs  le  29  aoĂ»t  de  la  mĂȘme  annĂ©e,  par  l'apparition  Ă   —  22»  de  latitude  d'un  groupe 
que  nous  avons  observé  jusqu'au  3  septembre.  Ensuite  on  note,  le  11  septembre,  l'ap- 
parition de  taches  voilĂ©es  Ă   —  3o°.  Le  i5,  une  tache  s'est  montrĂ©e  Ă   -1-  48°,  suivie  le24 
d'une  autre  plus  important?  Ă   —  26°.  Dans  cette  pĂ©riode,  sur  7  groupes,  il  y  en  a  4  au 
voisinage  de  l'Ă©quateur. 

»  3.  Durant  la  période  suivante,  les  taches  étaient  toutes  dans  les  basses  latitudes. 

))  k.  AprÚs  cette  accalmie  des  hautes  régions,  qui  s'est  prolongée  8  mois,  une  petite 
tache  s'est  montrĂ©e  le  26  mai  1901  Ă   —  52°,  suivie,  le  3  juin,  d'une  un  peu  plus  grosse 
à  -H  28°.  Au  total,  jusqu'au  i3  février  1902,  sur  16  groupes  enregistrés,  il  3-  en  a  7 
prÚs  de  l'équateur  et  9  dans  les  latitudes  élevées. 

»  5.  Dans  la  cinquiÚme  période,  on  note  20  groupes  qui  sont  tous  éloignés  de 
l'Ă©quateur. 

»  6.  L'état  de  calme  des  latitudes  basses  a  été  troublé  par  l'apparition  d'un  groupe 
Ă   +  9°,  5,  le  4  octobre  1902,  et  l'activitĂ©  dans  celte  zone  paraĂźt  s'ĂȘtre  Ă©teinte  dĂ©finiti- 
vement avec  la  trĂšs  petite  tache  qui  a  paru  Ă   —  3°,  5  de  latitude,  le  2  dĂ©cembre. 

»   7.   Les  3  groupes,  notés  ensuite  jusqu'à  la  fin  de  1902,  sont  loin  de  l'équateur. 

»   Il  résulte  de  l'étude  de  ces  diverses  périodes  : 

»  1°  Que  les  taches  ont  commencé  à  paraßtre  dans  les  hautes  latitudes 
pendant  le  deuxiĂšme  semestre  de  1900,  soit  environ  i  an  avant  l'Ă©poque 
du  minimum  ; 

»  2°  Que  les  taches  n'ont  disparu  dans  les  latitudes  basses  que  vers  la 
fin  de  l'année  1902,  c'est-à-dire  environ  i  an  aprÚs  l'époque  du  minimum. 

»  En  conclusion,  la  réapparition  des  taches  dans  les  hautes  latitudes  ne 
s'est  pas  produite  «  à  partir  du  minimum  »  comme  l'indique  la  loi  de 
SpÎrer,  mais  vers  le  minimum,  et  elle  en  a  précédé  l'époque.    » 


GÉOMÉTRIE  INFINITÉSIMALE.  —  Du  problùme  de  Cauchy  relatif  à  une  classe 
particuliĂšre  de  surfaces.  Note  de  M.  W.  de  Tannesberg. 

«  Considérons  une  surface  W,  pour  laquelle  les  rayons  de  courbure  R 
et  R,  en  un  point  quelconque  sont  fonctions  l'un  de  l'autre  et  introduisons, 
suivant  l'usage,  les  variables  P  et  Q  définies  par  les  relations 

/,\  <^R  dP  rfR,     _dq  R  _  PO 

»   Désignons  maintenant  par  (a^,  a.,,  a,,  l>,,  b.^,  />,)  les  cosinus  directeurs 


SÉANCE    DU    3o    NOVEMBRE    IpoS.  901 

des  tangentes  aux  deux  lignes  de  courbure,  qui  se  croisent  en  un  point 
quelconque,  et  parc,,  r.,,  c^  ceux  de  la  normale  en  ce  point.  Enfin,  posons 

(2)  A,=  Pa„,     B„=qb,„     C„=-PQc„         («  =  i,  2.  3). 

»  Dans  ces  condilions,  les  équations  des  deux  nappes  de  la  développée 
de  la  surface  W  peuvent  ĂȘtre  mises  sous  la  forme  (  '  ) 

d\  =B.,dA,-b:,dA.,, 
(S)  I  dY  =B,dA,  ~ïi,dA„ 

dZ    =B,  rfA,-B,<fA,, 

rfX,  =  A^rfBj  — AjC^B,, 
(S.)  j  r/Y.  =  A,rfB, -A,  rfB„ 

f  rfZ,  =  A.^Bo- A,<^B,, 

et,  en  outre, 

C<  =  X,  -  X  =  A.Bj  -  A3B,, 

C2  =  Y, -Y  =  A3B,-A,B3. 

C3=Z,  -  Z  =  A,B,  -  A,B,. 

»   Ceci  posé,  considérons  en  particulier  les  surfaces  W  pour  lesquelles 

(3)  P^+m'Q-^P. 

»  La  famille  de  ces  surfaces  comprend  entre  autres  les  surfaces  pour 
lesquelles  les  deux  nappes  de  la  développée  sont  applicables  sur  le  para- 
boloïde  de  révolution 

2z  =  ji'-  -h  Y',         pour  m  =  i 

ou  bien  sur  le  paraboloide  imaginaire 

21  z  =  X-  -\-y'',  pour  /n  =  I. 

»   Elle  comprend  aussi  les  surfaces  minima  pour 

m  =  Ăź,         k  =  o. 

»  Je  me  propose  de  montrer  comment  les  formules  précédentes  four- 
nissent trĂšs  simplement  la  solution  analytique  du  problĂšme  de  Cauchy, 
relatif  aux  surfaces  W  définies  par  la  relation  (3). 

(')   Voir  Ă   ce  sujet  ma  Communication  du  12  mars  dernier. 

G.  K,,  1903,  2-  Semestre.  (T.  G.VXWd,  >°  22.)  1  iH 


Q02  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Prenons,  pour  lignes  coordonnées  sur  S  et  S',  les  lignes  asymptotiques; 
dans  ces  conililions  : 

(4)  A„+wB„=/„(«).  K„-mV.„--=gn{v)         (a^  =  1,2,3). 

et  l'on  peut  supposer  les  variables  u  et  f  choisies  de  maniĂšre  que 

df]+dfl+flfl^du-,  dg\^dgl  +  dg\=dv\ 

Supposons  maintenant  qu'il  s'agisse  de  déterminer  la  surface  W  passant 
par  une  courbe  donnée  C  et  admettant  en  cliaque  point  M  de  cette  courbe 
une  normale  donnée. 

»  Remarquons  d'abord  qu'au  point  M,  on  peut  déterminer,  en  général, 
les  valeurs  de  R  et  R,  et,  par  suite,  les  points  de  contact  m  et  m,  de  la  nor- 
male avec  les  deux  nappes  de  la  développée.  Il  suffit  pour  cela  d'utiliser 
la  relation  donnée  entre  R  et  R,  et  une  relation  de  la  forme 

aRR, -+- /^(R  4- R,)  + e  =  o, 

obtenue  en  exprimant  que  les  plans  tangents  en  m  et  w,,  Ă   la  surface 
réglée  des  normales,  sont  rectangulaires.  Ces  deux  plans  tangents  et  le 
plan  tangent  à  la  surface  W  au  point  M  déterminent  complÚtement  le 
triÚdre  lié  au  point  M  de  la  surface  W.  On  peut  donc,  en  chaque  point  M 
de  la  courbe  C,  calculer  (fl„,  b„,  c„)  en  fonction  de  la  variable  t,  qui  fixe  la 
position  du  point  M.  Il  résulte  de  là  qu'on  pourra  aussi  calculer  A,,  Ao,  A^, 
R,,  B,,  B3  en  fonction  de  t,  Ă   l'aide  des  formules  (2),  qui  sont  fondamen- 
tales dans  la  tliéorie  actuelle. 

M  Les  formules  (5)  font  alors  connaĂźtre  par  quadratures  les  expressions 
de  u  et  V  en  fonction  de  t, 

et,  par  suite,  aussi  les  expressions  de/,,  /,,./;  en  fonction  de  u  et  celles  de 
g'.,  gi'  S^  en  fonction  de  c.  Le  problĂšme  proposĂ©  peut  donc  ĂȘtre  consi- 
déré comme  résolu. 

»    L'indĂ©termination  du  problĂšme  correspond  au  cas  oĂč  les  expressions 
de/,,/,,/;,  ou  de  g^,  g.,,  g^  en  fonction  de  t  se  réduisent  à  des  constantes. 


C)  Les  expressions  dx,  dx^,  ...  en  fonclion  de  /"„,  g„,  sont  connues  et  ont  Ă©tĂ©  don- 
nées par  M.  Darboux  {Théorie  générale  des  .<ti/r/nrf'.<;.  t.  IV). 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    igoS.  go'i 

Les  lieux  des  points  m,  m,  sur  les  surfaces  S  et  S,  sont  des  lignes  asympto- 

tiques  :  ceci  est  bien  d'accord  avec  la  théorie  générale  de  la  déformation. 

»  Dans   une   étude  développée,    j'examinerai  le  cas  particuliÚrement 


intĂ©ressant  oĂč  m  est  Ă©gal  Ă   i. 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  la  reprĂ©sentation  effective  de  certaines 
fonctions  discontinues,  comme  limites  de  fonctions  continues.  Note  de 
M.  Emile  Borel,  présentée  par  M.  Appell. 

«  On  doit  à  M.  Baire  un  résultat  de  la  plus  haute  importance,  qui  peut 
s'énoncer  ainsi  :  la  condition  nécessaire  et  suffisante  pour  qu'une  fonction 
discontinue  soit  la  limite  de  fonctions  continues  est  quelle  soit  ponctuellement 
discontinue  sur  tout  ensemble  parfait  ('). 

»  En  nn  certain  sens,  cette  proposition  épuise  complÚtement  la  question 
de  la  représentation  des  fonctions  discontinues  comme  limites  de  fonctions 
continues.  Cependant,  si  l'on  observe  que,  non  seulement  les  démonstra- 
tions de  M.  Baire,  mais  encore  l'obtention  effective  de  la  représentation 
nécessitent  l'introduction  des  nombres  transfinis,  on  peut  penser  qu'à 
cÎté  de  la  proposition  générale  de  M.  Baire,  qui  dominera  toujours  la 
question,  il  y  aurait  intĂ©rĂȘt  Ă   connaĂźtre  d'autres  propositions  plus  particu- 
liÚres, mais  plus  aisées  à  démontrer  dans  l'enseignement  et  à  appliquer 
effectivement.  Je  me  propose  ici  d'obtenir,  sans  utiliser  les  nombres  trans- 
finis,  la  représentation  comme  limite  de  fonctions  continues  d'une  fonction 
discontinue  telle  que  l'ensemble  P  de  ses  points  de  discontinuité  soit 
réductible  (c'est-à-dire  tel  que  son  dérivé  P'  soit  dénombrable).  Quand  on 
emploie  le  langage  créé  par  M.  G.  Cantor,  on  doit  dire  que,  étant  donné  un 
ensemble  réductible  P,  il  existe  un  nombre  oc  de  la  premiÚre  ou  de  la  se- 
conde classe  tel  que  l'on  ait  P<*'=o;  d'ailleurs  Ă   tout  nombre  a  corres- 
pondent une  infinité  d'ensembles  réductibles  P  tels  que  P<P'  ne  soit  pas  nul, 
lorsque  p  est  inférieur  à  a.  Lorsque  l'on  se  place  à  ce  point  de  vue,  on  est 
amené  à  considérer  l'introduction  des  nombres  transfinis  comme  nécessitée 
par  la  nature  mĂȘme  de  la  question  et  Ă   faire  dĂ©pendre  de  la  valeur  du 
nombre  a  la  marche  suivie  pour  la  résoudre.  Je  me  propose  de  montrer, 

(')  Voir  Haihe,  Ttiése  :  Sur  les  fonctions  de  variables  réelles  {Annali  di  Mate- 
matica,  1899)  et  Nouvelle  démonstration  d'un  théorÚme  sur  les  fonctions  discon- 
tinues {Bulletin  de  la  Société  mathématique  de  France,  1900). 


9o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

au  contraire,  que  la  solution  peut  ĂȘtre  basĂ©e  simplement  sur  la  notion  d  en- 
semble dĂ©nombrahle,  et,  par  suite,  ĂȘtre  complĂštement  indĂ©pendante  de  la 
valeur  de  a,  qui  n'intervient  ni  directement,  ni  indirectement.  Pour 
abréger,  je  raisonnerai  sur  les  fonctions  d'une  seule  variable;  il  n  y  a 
presque  rien  Ă   changer  pour  traiter  le  cas  de  n  variables. 

»  Considérons  une  fonction /(a:),  définie  dans  un  intervalle  fini  a,  b; 
soit  P  l'ensemble  de  ses  points  de  discontinuité;  on  suppose  que  P'  est 
dénombrabie;  il  en  résulte  que  P  +  P'  est  aussi  dénombrable;  désignons 

les  points  de  P  +  P'  par  a, ,  a„ a„,  ....  DĂ©signons,  d'autre  part  par  A„ 

l'ensemble  des  points  de  l'intervalle  a,  b  définis  par  la  condition  suivante  : 
le  point  X  appartient  à  A„,  si,  quel  que  soit  p,  le  segment  xOpA  une  lon- 
gueur supĂ©rieure  Ă   -‱  Il  rĂ©sulte  du  fait  que  P'  est  tm  ensemble  fermĂ©  que 

tout  point  déterminé  x  de  ab,  distinct  de  a,,  «j,  ...,  Up,  ...,  appartient  a 
A„  dĂšs  que  n  dĂ©passe  une  certaine  valeur.  Ceci  posĂ©,  il  est  trĂšs  aisĂ©  de 
former  une  fonction  continue  f„  prenant  les  mĂȘmes  valeurs  que  /  aux  « 
points  a,,  «,‱  ‱‱‱'  '^n-  ainsi  qu'en  tous  les  points  de  A„;  il  suffit  de  remar- 
quer que  A„  se  compose  d'un  nombre  limitĂ©  d'intervalles  dans  chacun  des- 
quels/est continue  et  que  les  points  a,,  a^,  ...,  fl„,  en  nombre  limitĂ©,  sont 
extérieurs  à  ces  intervalles.  Il  est  clair  que  lorsque  n  augmente  indéfini- 
ment la  fonction/,,  a  pour  limite/,  quel  que  soit  x  à  l'intérieur  de  ab;  le 
problÚme  proposé  est  donc  résolu. 

»  On  peut  rapprocher  ce  résultat  de  celui  qu'a  obtenu  récemment 
M.  Ernst  LindelÎf  {Comptes  rendus,  2  novembre  igoS).  Dans  cette  inté- 
ressante Note,  M.  LindelÎf  démontre,  sans  V intervention  des  nombres  trans- 
finis, le  théorÚme  dit  de  Cantor-Bendixson  (').  Ces  exemples  permettent 
d'espĂ©rer  qu'il  pourra  ĂȘtre  possible  d'arriver  Ă   Ă©viter  l'introduction  de  ces 
nombres  dans  bien  des  questions  oĂč  cette  introduction  a  jusqu'ici  paru 
nécessaire;  il  semble,  en  effet,  qu'à  s'en  passer  on  gagne  toujours  en  sim- 
plicitĂ© et  en  clartĂ©.  Cette  remarque  ne  diminue  d'ailleurs  en  rien  l'intĂ©rĂȘt 


(')  Dans  ses  Leçons  sur  l'intégration  et  la  recherche  des  fonctions  primitives, 
qui  paraßtront  prochainement,  M.  Lebesgue  donne  de  ce  théorÚme  une  démonstration 
qui  est  au  fond  trĂšs  analogue  Ă   celle  de  M.  LindelĂŽf.  Mais  M.  Lebesgue  emploie  le 
langage  des  nombres  transfinis,  de  sorte  que  l'on  aperçoit  moins  nettement  que  la 
théorie  de  ces  nombres  n'intervient  pas.  M.  LindelÎf  et  M.  Lebesgue  sont  arrivés  à 
leurs  démonstrations  indépendamment  l'un  de  l'autre;  chacun  d'eux  m'a  communiqué 
la  sienne  avant  d'avoir  connaissance  de  l'autre. 


SÉANCE  DU  3o  NOVEMBRE  1903.  go5 

philosophique  ni  l'importance  réelle  des  profondes  conceptions  de 
M.  George  Cantor,  dont  l'influence  sur  l'évolution  des  matliémaliques 
dans  le  dernier  quart  du  xix*  siÚcle  a  été,  comme  l'on  sait,  des  plus  consi- 
dérables; cette  influence  subsistera  tant  qu'il  y  aura  des  analystes,  mÎme  si 
certaines  formes  particuliÚres  données  par  M.  George  Cantor  à  sa  pensée 
ne  conservaient  un  jour  qu'un  intĂ©rĂȘt  historique.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  une  classe  d' Ă©quations  fonctionnelles . 
Note  de  M.  S.  Lattes,  présentée  par  M.  Painlevé. 

«    1.   La  substitution 

(i)  X=:/(.r,j,/),  Y=<p(.r.v./)         (/=g 

fait  correspondre  Ă   toute  fonction  y  =  '\i(x)  une  fonction  Y  de  X,  qui  sera 
dite  la  conséquente  de  'hCv).  Réciproquement,  à  une  courbe  Y=i]/(X) 
passant  par  un  point  P  correspond  une  antĂ©cĂ©dente  passant  par  le  mĂȘme 
point  :  c'est  l'intégrale  de  l'équation  différentielle 

qui  passe  par  P. 

»  Si  les  antécédentes  successives  <\it(.v),  '^^{x),  ...,  4'«(*')  d'une  fonc- 
tion «j'oC^)  ont  une  limite  'J'(a;)  pourn  infini,  si  cette  limite  a  une  dérivée  '^'  {oc) 
et  si  <!^n{x),  'l'l(^)  tendent  uniformément  vers  leurs  limites  dans  un  certain 
domaine,  cette  limite  vérifie  l'équation  fonctionnelle 

»  La  limite  des  consĂ©quentes,  lorsqu'elle  existe,  vĂ©rifie  la  mĂȘme  Ă©qua- 
tion; mais  à  une  courbe  définie  dans  un  certain  domaine  correspond  une 
conséquente  située  dans  un  domaine  distinct  du  premier;  nous  nous  limi- 
terons Ă   l'Ă©tude  des  antĂ©cĂ©dentes,  qui  peuvent,  au  contraire,  ĂȘtre  dĂ©finies 
dans  un  domaine  commun. 

»  2.  Soit  x^,  Va,  yl  un  élément  double  de  la  substitution,  c'est-à-dire  un 
élément  vérifiant  les  équations 

■^0  =  /(■‱r„, 7„. 7I),         .v„  =  ? (x„y„,  X). 

»  On  peut   toujours  supposer  a;o=.Ko=J'Î  =  <>  et  ramener  la   substi- 


gOÔ  ACADÉMIE    DES   SCIENCES, 

tution  (i)  Ă   la  forme 

X  =  ax-h  by-\-  c /  +  F (,-r,  y, y'). 


(3)  , 

(Y  =  Acc  +  By-+-Cy'-h^(a;,y,y), 

F  et  $  étant  des  fonctions  qui  auront  des  dérivées  partielles  du  premier 
ordre  continues  dans  le  domaine  de  l'origine  et  tendant  vers  o  avec  x,y,y'. 

»  Les  antécédentes  successives  sont  définies  dans  le  voisinage  de  l'ori- 
gine et  tangentes  Ă   Oa;  en  O.  Il  faut  chercher  Ă   quelles  conditions  \l  existe 
un  intervalle  de  convergence  commun  à  toutes  les  antécédentes  et  à  quelles 
conditions  '\i„(^^)  et  '\>'„  (x)  tendent  uniformĂ©ment  vers  des  limites  dans  cet 
intervalle. 

»   A  ce  sujet,  j'ai  établi  la  proposition  suivante  : 

»  Sous  les  conditions  C^o  et  " — ~^     I  <  ' ,  '^  existe  un  domaine  —  h, 

-+-  h  dans  lequel  toutes  les  antécédentes  sont  définies,  et  dans  ce  domaine  <\i^(x), 
'^'„{oe)  tendent  uniformĂ©ment  vers  des  limites.  La  fonction  initiale  '\i{x)  est 
une  fonction  nulle  pour  a;  =  o,  ainsi  que  sa  dérivée  et  vérifiant  dans  le  domaine 

—  h,  -\-  h  l'inĂ©galitĂ©  ‱]!'  (  x)  -h  t^  x  <^d\  x\,  d  Ă©tant  un  certain  nombre  posi- 
tif fixe  qui  ne  dépend  que  de  la  substitution.  La  limite  est  indépendante  de  la 
fonction  initiale. 

»  Pour  démontrer  ce  théorÚme,  je  résous  la  deuxiÚme  équation  (2)  par 
rapport  Ă   y'  : 

y  =  7^  (a?,  y,  Y)  =  —  ç-r  —  çj  V  +  g  Y  -+- 

»  L'antécédente  de  ^{x)  est  définie  par  l'équation  différentielle 

y'  =  'k\cc,y,ii{f{x,y,y')\\. 

»  Intégrons  cette  équation  par  approximations  successives  en  rempla- 
çant le  second  membre  j  par  une  fonction  j,,  vérifiant  l'inégalité 


,        A 

y.  +  c^ 


<d\x\ 


Le  premier  membre  donne  J2  par  quadratures.  On  démontre  quejo,  y^,  ... 
vĂ©rifient  la  mĂȘme  inĂ©galitĂ©  dans  un  domaine  suffisamment  restreint,  que 
les  approximations  convergent  et  que  la  limite  de  y,„  c'est-Ă -dire  l'antĂ©cĂ©- 
dente de  '\i,  vĂ©rifie  encore  la  mĂȘme  inĂ©galitĂ©. 


SÉANCE   DU    3o    NOVEMBRE    IpoS.  907 

»   C'est  dans  cette  démonstration  qu'intervient  l'hypothÚse 

«C  —  cA 


C 


<i. 


Le  domaine  ~  h,  -\-  h  dans  lequel  l'antécédente  remplit  ces  conditions  ne 
dépend  que  des  données,  c'est-à-dire  de  la  substitution  (i).  On  se  retrouve 
alors  dans  les  mĂȘmes  conditions  qu'an  dĂ©but  pour  passer  de  la  premiĂšre 
antécédente  à  la  deuxiÚme  et  l'existence  d'un  domaine  de  convergence 
commun  à  toutes  les  antécédentes  est  établie. 

»  Pour  démontrer  que  la  suite  des  antécédentes  a  une  limite,  je  dé- 
montre que  si  l'on  a  |  '^,  —  J^^  I  <C  '^'  ori  6"  dĂ©duit 

I  <]/,  -  ^,  |<  KrJl, 

K  étant  une  constante  positive  ne  dépendant  que  de  h  et  des  données.  On 
déduit  de  là 

l'!'.-<!'.^.|<(K/0'''- 

»  En  se  servant  de  la  forme  explicite  de  K,  on  constate  que  KA  est  infé- 
rieur à  I  si  A  est  suffisamment  petit,  ce  (pii  démontre  la  convergence  uni- 
forme de  la  sĂ©rie  i;(4'n  —  4'n+i  )‱  ^"  dĂ©montre  de  mĂȘme  que  la  sĂ©rie 

2(+;.-f„.,) 


est  uniformément  convergente. 

»   3.    En   un   Ă©lĂ©ment   double   x„,    y„,   v,,,    la    valeur   de   p est 


[?/]o 


cela  résulte  du  chansiement  de  variables. 


»  Dans  le  cas  d'une  transformation  de  contact,  on  a 

aC  —  cA  I 


La  condition 


<^  r  est  donc  vérifiée  par  tous  les  éléments 


G 

doubles,  éléments  dont  les  points  constituent,  en  général,  une  courbe  C, 
Par  tout  point  P  de  la  courbe  C  passe  donc  une  solution  C  de  (2)  qui  peut 
s'obtenir  comme  limite  d'antécédents;  mais  on  constate  que  cette  courbe  C 
a  pour  conséquente  le  point  P  (et  les  éléments  de  droite  passant  par  P);  ce 
point  P  Ă©tant  sur  la  courbe  C,  celle-ci  est  bien  une  solution  de  l'Ă©qua- 
tion (2),  bien  que  ce  ne  soit  pas,  Ă   proprement  parler,  une  courbe  inva- 
riante par  la  substitution  (i).  On   voit  aisément  que  la  courbe  C  peut 


Qo8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

s'obtenir   par  des   calculs  algébriques   :  il    suffit  d'éliminer  /  entre  les 

équations /(j?,  y,  j')  =  a^o .  ?(^.J.y)  =  yo-  » 

MÉCANIQUE   APPLIQUÉE.  —  Sur  les  articulations  à  lame  flexible. 
Noie  de  M.  A.  Mesnager,  présentée  par  M.  Maurice  Levy. 

«  Les  articulations,  dans  les  mĂ©canismes  de  l'industrie  et  mĂȘme  dans 
certains  ouvrages  d'art  rigides,  surtout  aux  États-Unis,  sont  gĂ©nĂ©ralement 
réalisées  au   moyen  d'un  cylindre  métallique  tournant  autour  d'un  axe 

fixe. 

M  Dans  ce  dernier  cas  oĂźi  les  mouvements  possibles  sont  de  l'ordre  des 
déformations  élastiques,  et  plus  généralement  toutes  les  fois  qu'il  s'agit  de 
mouvements  de  rotation  de  trĂšs  petite  amplitude  (quelques  milliĂšmes  seule- 
ment), il  y  a  un  grand  avantagea  utiliser  les  jonctions  par  lames.  On  Ă©vite 
ainsi  le  jeu  inévitable  des  articulations  à  axe,  jeu  qui  peut  avoir  des  incon- 
vénients divers,  soit  : 

»    1°  En  permettant  un  déplacement  de  l'axe  de  rotation, 

»   2"  Dans  certains  cas,  en  exposant  cet  axe  à  un  martelage. 

»  En  particulier,  l'articulation  formée  au  moyen  de  lames  plates  situées 
dans  deux  plans  perpendiculaires  permet  fréquemment  de  réaliser  une 
excellente  jonction.  Quand  l'angle  est  infiniment  petit  :  on  voit  immédia- 
tement que  la  rotation  de  l'une  des  piĂšces  par  rapport  Ă   l'autre  se  produira 
autour  de  la  droite  intersection  des  plans  des  lames. 

»   Quand  l'angle  atteint  une  valeur  finie,  l'axe  de  rotation  se  déplace, 

mais  son  déplacement  reste  trÚs  petit  et  inférieur  à  /^  ainsi  qu'il  résulte 

d'un  calcul  que  nous  développons  dans  un  article  qui  va  paraßtre  aux 
Annales  des  Ponts  et  Chaussées,  l  étant  la  longueur  des  lames,  a  l'angle 

décrit. 

»   Ces  articulations  sont  utilisables,  notamment,  dans  des  appareils  de 

précision  en  vue  de  multiplier  des  déplacements  trÚs  petits  par  des  leviers. 

Nous  avons  pu  réaliser  ainsi  un  enregistreur  multipliant  les  déplacements 

par  2000.  Il  donne  un    retour  au  zéro  absolument  rigoureux   lorsqu'on 

su|iprime  le  frottement  de  la  plume,  et  une  erreur  trÚs  faible,  déterminée 

d'avance  par  le  calcul,  lorsqu'on  effectue  l'enregistrement.  Cette  erreur 

peut  ĂȘtre  rĂ©duite  Ă   3  pour  loo  du  dĂ©placement  moyen  Ă   enregistrer. 

»   Lorsque  les  efforts  auxquels  l'articulation  est  soumise  sont  dans  une 

direction  Ă   peu  prĂšs  constante,  on  peut  placer  les  lames  parallĂšlement  Ă  


SÉANCE    DU    3o    NOVEMBRE    igoS.  909 

cette  direction  et  supprimer  celles  qui  seraient  clans  un  plan  perpendi- 
culaire. C'est  ce  cpie  nous  avons  fait  pour  les  assemblages  d'un  certain 
nombre  de  ponts  mĂ©lalliques,  oĂč  l'introduction  de  lames  flexibles  nous  a 
permis  d'éliminer  d'une  façon  à  peu  prÚs  complÚte  les  efforts  dits  secon- 
daires sans  les  inconvénients  de  l'articuhilion  américaine  qui  d'ailleurs  est 
souvent  illusoire. 

»  Trois  ponts  sont  actuellement  construits  dans  ce  systÚme  sur  projets 
dressés  par  nous  :  l'un  sur  le  Beuvron  (ligne  de  Saint-Aignan  à  Blois),  un 
second  sur  un  canal  la^téral  à  la  Dordogne,  et  enfin  le  troisiÚme  devant  la 
gare  de  Saint-Denis,  sur  le  canal. 

»  D'aprÚs  les  essais  officiels  faits  contradictoirement  entre  le  ContrÎle 
et  la  Compagnie,  les  efforts  réels  ne  se  sont  jamais  écartés  dans  le  premier 
de  ces  ponts  de  plus  de  2  5  pour  100  des  efforts  calculés,  tandis  que  dans  la 
plupart  des  ouvrages  actuels  ils  atteignent  5o  pour  100  des  efforts  calculés. 
Il  en  résulte  qu'un  pont  muni  des  articulations  dont  nous  avons  parlé  sup- 
porte au  plus  des  efforts  égaux  à  i,25  des  efforts  calculés,  tandis  que  dans 
les  ouvrages  courants  il  supporte  des  efforts  égaux  à  2,5  des  efforts  calculés, 
soit  le  double. 

))  Ces  articulations  s'appliquent  d'ailleurs  avec  la  plus  grande  facilité 
aux  ouvrages  en  béton  armé  qui,  dans  un  certain  nombre  de  cas,  paraissent 
devoir  aujourd'hui  prendre  la  place  des  ouvrages  métalliques.   » 


THERMOMÉTRIE.  —  Sur  la  tempĂ©rature  des  flammes.  Note  de  M.  Cii.  FĂ©hy, 

présentée  par  M.  A.  Potier. 

«  I.  L'évaluation  de  la  température  de  la  flamme  par  le  calcul  comporte 
des  incertitudes  dues  à  notre  ignorance  des  valeurs  numériques  des  cons- 
tantes physiques  des  gaz  (chaleur  spécifique,  pouvoir  émissif)  aux  tempé- 
ratures élevées. 

»  La  méthode  expérimentale  généralement  employée  consiste  à  plonger 
dans  la  flamme  un  corps  solide  de  petites  dimensions;  on  admet  alors  que 
ce  corps  prend  la  température  des  gaz  qui  l'environnent.  Si,  en  |)articulier, 
le  corps  solide  choisi  est  la  soudure  d'un  couple  thermo-Ă©lectrique,  il  enre- 
gistre lui-mĂȘme  sa  propre  tempĂ©rature. 

»  En  fait,  les  résultats  obtenus  par  ce  procédé  ont  été  trÚs  discordants,  malgré  les 
corrections  relatives  aux  pertes  par  conductibilité  des  fils  du  couple  employé. 

C.  R.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  22.)  1  I9 


giO  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  Une  autre  cause  d'erreurs  réside  dans  les  perles  par  rayonnement  dont  la  correc- 
tion est  incertaine,  le  pouvoir  éraissif  des  métaux  étant  mal  connu  à  haute  tempéra- 
ture; ce  pouvoir  émissif  dépend  aussi  de  la  nature  des  gaz  de  la  flamme  qui  modifient 
physiquement  la  surface.  On  sait  que  les  flammes  carljonées  altÚrent  la  pureté  du 
métal  thermomélrique  (qui  est  toujours  le  platine)  et  changent  ainsi  le  pouvoir  thermo- 
électrique de  l'élément. 

»  A  ces  diverses  causes  qui  influent  sur  la  température  du  couple,  ou  qui  altÚrent 
ses  indications,  je  me  permettrai  d'en  ajouter  une  autre  provenant  de  la  vitesse  du 
courant  gazeux. 

»  Les  gaz  prĂ©sentent  une  certaine  viscositĂ©,  et  la  prĂ©sence  d'un  corps  solide,  mĂȘme 
de  petites  dimensions,  diminue  la  vitesse  des  tranches  gazeuses  qui  l'entourent. 

»  Si  l'on  considÚre  que  la  chaleur  spécifique  des  gaz  est  trÚs  faible  par  rapport  à 
celle  des  solides,  et  que  d'autre  part  les  gaz  sont  trĂšs  mauvais  conducteurs  par  rapport 
aux  métaux,  on  s'explique  aisément  un  certain  noml)re  de  faits,  difficiles  à  saisir  sans 
la  remarque  prĂ©cĂ©dente.  On  sait,  par  exemple,  qu'un  fil  de  platine  de  oℱ">,  oa  fond  faci- 
lement dans  la  flamme  du  bec  Bunsen  ordinaire,  mais  que  la  petite  perle  résultant  de 
cette  fusion  se  solidifie  aussitĂŽt,  bien  que  son  support  soit  sensiblement  Ă   la  mĂȘme 
température  qu'elle,  ce  qui  élimine  les  pertes  par  conductibilité. 

»  II  se  produit  dans  cette  expérience  un  ralentissement  des  gaz  incandescents  autour 
de  la  perle,  et  la  fusion  s'arrĂȘte  quand  l'apport  de  chaleur  par  les  gaz  ne  peut  plus 
contrebalancer  à  1780°  les  perles  par  rayonnement. 

»  Cette  simple  expérience  doit  faire  rejeter  tous  les  résultats  indiquant  moins 
de  1780"  pour  la  flamme  en  question,  el  montrent  que  la  température  du  Bunsen  ne 
saurait  ĂȘtre  dĂ©terminĂ©e  par  un  couple  au  platine. 

»  II.  La  méthode  qui  m'a  fourni  les  quelques  résultats  que  je  donne 
plus  loin  n'introduit  dans  la  flamme  aucun  corps  solide;  elle  consiste  en 
principe  à  produire  le  renversement  d'une  raie  mélallique  au  moyen  des 
rayons  émis  par  un  corps  solide  porté  à  une  température  convenable.  Au 
moment  oĂźi  la  raie,  en  passant  du  clair  au  noir,  disparait,  on  admet  que  la 
température  du  solide  est  égale  à  celle  de  la  flamme. 

»  Le  corps  solide  choisi  a  été  un  filament  de  lampe  à  incandescence,  les 
rayons  émis  par  cette  lampe  traversaient  la  flamme  étudiée  contenant  de  la 
vapeur  de  sodium.  Une  lentille  permettait  d'obtenir  sur  la  fente  d'un  spec- 
troscope  l'image  du  filament,  de  telle  sorte  que  le  spectre  continu  donné 
par  le  charbon  était  traversé  par  la  raie  D  qu'il  a  été  possible  de  renverser 
et  par  conséquent  de  faire  disparaßtre,  avec  toutes  les  flammes  étudiées,  La 
fente  du  spectroscope  doit  ĂȘtre  trĂšs  fine  pour  rendre  plus  sensible  le 
moment  du  renversement,  et  la  lentille  de  concentration  donnant  l'image 
du  filament  doit  avoir  une  ouverture  assez  grande  pour  que  toute  la  surface 
de  la  lentille  du  collimateur  soit  couverte. 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    igoS.  9I I 

»  Voici  quelques  résultats  fournis  par  le  bec  Bunsen  (pleine  admission 
d'air)  : 


,,e 

expérience 

2° 

)) 

3« 

)) 

4» 

» 

5^ 

)) 

6= 

» 

r 

» 

1870 

i885 
1870 
1870 
1895 
i855 
1870 
i855 


Moyenne 1871" 


»  La  concordance  de  ces  mesures  est  assez  bonne  et  la  moyenne  obtenue 
ne  doit  guÚre  s'écarter  de  plus  de  10°  de  la  température  vraie  du  gaz. 
»  Voici  quelques  autres  rĂ©sultats  obtenus  de  la  mĂȘme  maniĂšre  : 

o 

!  Pleine  admission  d'air 1871 

Demi-admission  d'air 1812 

,  Sans  air 1712 

Brûleur  à  acétylÚne 2.548 

Alcool  salé  flamme  libre 1706 

Vapeur  d'alcool  brûlant  dans  un  Bunsen  (lampe  Denay- 

rouse  sans  manchon  ) 1 862 

MĂȘme  lampe  (alcool  carburĂ©  5o  pour  100  de  benzine).  2o53 

HydrogÚne  brûlant  librement  à  l'air '900 

Chalumeau  (gaz  d'Ă©clairage  et  oxygĂšne) 2200 

»  (H^         et         O) 2420 

»  La  mesure  de  la  température  du  fil  de  la  lampe  s'effectuait  au  moyen 
du  pyromÚtre  à  absorption  qui  m'a  déjà  servi  à  la  mesure  de  la  température 
du  cratĂšre  de  l'arc  Ă©lectrique  (  '  );  les  mesures  se  conduisent  avec  une  grande 
facilité. 

»  Remarquons  en  terminant  que  cette  méthode  entraßne  l'adoption  des 
deux  hypothÚses  suivantes  :  1°  Que  les  flammes  ne  sont  pas  luminescentes, 
car  s'il  en  était  autrement  les  valeurs  ainsi  obtenues  seraient  trop  élevées; 
1°  Que  le  pouvoir  émissif  des  flammes  pour  la  longueur  d'onde  des  raies 
métalliques  émises  est  égal  à  l'unité;  la  température  mesurée  serait  trop 
faible  s'il  en  Ă©tait  autrement. 

M  J'ai  pu  produire  Ă©galement  le  renversement  pour  d'autres  raies  et  en 
particulier  pour  le  lithium;  ce  renversement  se  produit  Ă   la  mĂȘme  tempĂ©- 

(')  Comptes  rendus,  26  mai  1902. 


912  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

rature  que  pour  le  sodium.  Il  est  bien  difficile,  dans  l'Ă©lal  actuel  de  nos 
connaissances,  de  vérifier  la  premiÚre  hypothÚse,  mais  il  n'en  est  pas  de 
mĂȘme  de  la  seconde  :  L'expĂ©rience  montre  que  l'Ă©clat  de  la  raie  du  sodium, 
produite  dans  un  speclropholomÚtre,  n'est  pas  augmenté  si  l'on  fait  passer 
obliquement  au  travers  de  la  flamme  sodée  un  faisceau  de  lumiÚre  élec- 
trique. Le  pouvoir  diffusant  est  donc  nid,  ce  qui  indique  un  pouvoir  absor- 
bant égal  à  l'unité  ( ').  1) 


ÉLECTRICITÉ.    —   Sur  des  phĂ©nomĂšnes  particuliers  prĂ©sentĂ©s  par   les   arcs 
au  mercure.  Note  de  M.  de  Valbueuze,  présentée  par  M.  A.  Potier. 

«  I.  L'arc  entre  électrodes  de  mercure  a  étéT étudié  dans  des  tubes  en  U 
reliés  à  une  trompe  de  Sprengel;  le  mode  d'amorçage  est  celui  d'Hewitt. 
Lorsque  la  pression  dans  le  tube  froid  est  comprise  entre  4*"""  6t  2""ℱ  de 
mercure,  on  constate  le  phénomÚne  suivant  : 

»  Au  début  du  fonclionnemeiU,  l'anode  présente  une  j^lage  plus  ou  moins  grande 
uniformĂ©ment  lumineuse.  Puis  elle  se  couvre  de  petites  Ă©toiles  extrĂȘmement  bril- 
lantes formant  des  figures  géométriques  réguliÚres;  souvent  ces  étoiles  sont  au  nombre 
de  six  ou  sept,  occupant  les  sommets  et  le  centre  d'un  pentagone  ou  d'un  hexagone 
parfaitement  régulier;  d'autres  fois  elles  sont  en  grand  nombre,  trÚs  petites  et  trÚs 
mobiles,  disposées  réguliÚrement  sur  des  circonférences  concentriques.  Généralement, 
les  dilTérents  aspects  alternent,  apparaissant  et  disparaissant  avec  une  grande  rapidité. 

»  A  mesure  que  l'électrode  s'échaufl'e,  les  étoiles  augmentent  de  grosseur  et 
prennent  la  forme  de  perles  sphériques  lumineuses  posées  sur  le  mercure;  ensuite 
elles  se  groupent  et  se  soudent,  formant  un  disque  lumineux  central  et  un  ou  plusieurs 
anneaux  lumineux  concentriques  séparés  par  des  anneaux  obscurs.  Enfin  les  anneaux 
obscurs  disparaissent  et  l'anode  présente  son  aspect  habituel,  c'est-à-dire  une  plage 
uniformément  lumineuse. 


(')  En  réalité  le  pouvoir  absorbant  de  la  flamme  dépend  de  son  épaisseur.  Ce  qu'il 
faut  entendre  ici,  c'est  qu'une  flamme  de  grande  Ă©paisseur  a  un  pouvoir  absorbant  qui 
tend  vers  i.  Il  n'est  jjas  d'usage  pour  les  solides  défaire  celte  remarque,  elle  ne  devien- 
drait utile  que  pour  des  lames  infiniment  minces.  Cependant  il  se  pourrait  que  pour  les 
flammes  donnant  des  raies  mĂ©talliques  et  mĂȘme  sous  une  Ă©paisseur  infinie  le  pouvoir 
absorbant  ou  émissif  soit  différent  de  i;  nous  voulons  dire  ici  que  le  pouvoir  émissif 
de  chaque  molĂ©cule  de  sodium  dans  la  flamme  est  le  inĂȘme  que  celui  du  charbon. 

Pour  que  notre  méthode  soit  correcte,  il  faut  simplement  que  \t  poin'oir  émissif  du 
solide  pris  comme  terme  de  comparaison  soit  Ă©gal  Ă   celui  de  la  flamme  Ă©paisse  qu'il 
s'agit  de  mesurer. 


SÉANCE  DU  3o  NOVEMBRE  igoS.  giS 

»  L'explication  de  ce  phĂ©nomĂšne  doit  probablement  ĂȘtre  cherchĂ©e  dans 
l'existence,  Ă   la  surface  du  mercure,  d'une  sorte  de  membrane  superfi- 
cielle plus  ou  moins  perméable  au  counuil,  dont  l'état  vibratoire  déter- 
minerait la  forme  réguliÚre  des  figures  observées. 

»  II.  Amorçage.  —  Il  est  gĂ©nĂ©ralement  admis  que  les  tubes  Ă   vide  Ă   une 
ou  deux  électrodes  de  mercure  exigent,  pour  leur  amorçage,  une  différence 
de  potentiel  de  quelques  milliers  de  volts,  aprĂšs  quoi  le  passage  normal  du 
courant  s'effectue  avec  une  chute  de  potentiel  d'une  quinzaine  de  volts 
seulement. 

»  Or,  en  soumettant  ces  tubes  à  une  différence  de  potentiel  de  55o  volts, 
on  constate  des  phénomÚnes  d'amorçage  spontané  dans  les  conditions 
suivantes  : 

»  1°  Tubes  Ă   anode  enfer  et  cathode  en  mercure.  —  Lorsque  la  pression  intĂ©- 
rieure est  comprise  entre  o^^jî  et  oℱ",  i5  do  mercure,  il  se  produit  au-dessus  de  la 
cathode  une  belle  lueur  veloutée  violette  qui  occupe  toute  la  section  du  tube.  Une 
faible  lueur  verdĂ tre  borde  l'anode;  le  reste  est  sombre.  Le  courant  qui  passe  est 
de  o,oi  Ă   0,02  ampĂšre.  Presque  toujours,  au  bout  de  quelques  minutes,  l'arc  normal 
jaillit  spontanément. 

»  Lorsque  la  pression  est  infĂ©rieure  Ă   oℱℱ,  i5  et  descend  jusqu'Ă   ©""""jOûÎ,  le  phĂ©- 
nomĂšne prĂ©liminaire  est  toujours  le  mĂȘme,  mais  ne  se  produit  que  si  le  tube  est  un 
peu  chaud  :  la  lueur  cathodique  diminue  d'intensité  et  blanchit  :  l'arc  s'établit  rare- 
ment d'une  façon  spontanée,  mais  jaillit  dÚs  qu'on  imprime  au  tube  une  légÚre 
secousse. 

»  2°  Tubes  Ă   anode  et  cathode  en  mercure.  —  Les  phĂ©nomĂšnes  d'amorçage  spon- 
tané sont  beaucoup  plus  rares  dans  ces  tubes  que  dans  les  précédents.  Il  ne  se  pro- 
duisent que  si  les  électrodes  ont  été  auparavant  cliaulTées  par  le  passage  du  courant 
et  lorsque  la  pression  est  comprise  entre  oℱ'",6  cl  oℱ",i5,  c'est-à-dire  au  maximum 
de  conductibilité  des  tubes  à  vide. 

»  Le  phénomÚne  se  manifeste  par  l'appariliou  d'une  plage  violette  à  la  cathode  et 
d'une  plage  verdĂ tre  Ă   l'anode.  Souvent  la  lueur  remplit  une  partie  du  tube  en  for- 
mant des  stratifications  violacées  d'un  cÎté  et  verdàtres  de  l'autre,  avec  un  espace 
obscur  entre  les  deux,  ll'est  rare  que  l'arc  s'établisse  spontanément,  mais  une  secousse 
suffit  pour  le  faire  jaillir. 

»  Il  est  à  remarquer  que,  toutes  les  fois  qu'un  tube  offre  une  difficulté 
d'amorçage,  on  peut,  en  agitant  la  surface  du  mercure,  diminuer  considé- 
rablement celle  difficulté  :  probablement  l'influence  de  ces  secousses  est 
également  explicable  parla  présence  d'une  membrane  superficielle  s'op[)0- 
sant,  surtout  à  froid,  au  passage  du  courant.  » 


9i4 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


ÉLECTRICITÉ.  -  Sur  la  suppression  de  V hystĂ©rĂ©sis  magnĂ©tique  par  l'action 
d'un  champ  magnétique  oscillant.  Note  de  M.  Ch.  Mauuain,  présentée 
par  M.  Mascart. 

«  De  récentes  expériences  de  M.  Marconi  et  de  M.  Tissot  sur  un  nou- 
veau récepteur  utilisable  dans  la  télégraphie  sans  fd  ont  attiré  l'attention 
sur  l'action  d'un  champ  magnétique  rapidement  variable  sur  l'aimantation 
produite  dans  les  conditions  ordinaires.  Tandis  que  M.  Marconi  attribue 
cette  action  Ă   la  suppression  du  retard  par  rapport  au  temps,  M.  Tissot 
pense  que  c'est  l'hyslérésis  ordinaire  par  rapport  au  champ  qui  est  modifiée. 

M  J'ai  effectué  à  ce  sujet  des  expériences  quantitatives  précises  dont 
voici  les  conclusions.  C'est  bien  l'hystérésis  par  rapport  au  champ  qui  est 
affectĂ©e;  elle  est  mĂȘme  supprimĂ©e  complĂštement:  un  noyau  de  fer  ou 
d'acier  Ă©tant  soumis  Ă   un  cycle  de  champ  magnĂ©tique  en  mĂȘme  temps  qu'Ă  
l'action  continue  d'un  champ  oscillant  de  mĂȘme  direction,  on  obtient,  au 
lieu  de  la  courbe  d'aimantation  Ă   deux  branches  bien  connue,  une  courbe 
unique,  sur  laquelle  se  placent  tous  les  points  obtenus  Ă   champ  croissant 
ou  à  champ  décroissant;  il  suffit  pour  cela  que  le  noyau  soit  assez  mince 
pour  que  le  champ  oscillant  pénÚtre,  avec  une  intensité  suffisante,  jusque 
dans  la  partie  centrale. 

»  Le  noyau  étudié  (ressorts  pour  chronomÚtres,  non  trempés  ou  trempés,  de  o°"",i 
Ă   o">'",i5  d'Ă©paisseur  et  de  o'"",2  Ă   i"""  de  largeur,  tiges  cylindriques  de  fer  ou  d'acier, 
fer  jjorphyrisé  agglutiné  par  de  la  paraffine  dans  un  tube  de  verre)  est  entouré  par 
deux  bobines  trĂšs  longues;  la  bobine  extĂ©rieure  est  la  bobine  magnĂ©tisante,  oĂč  l'on 
envoie  un  courant  continu  d'intensité  variable;  la  bobine  intérieure,  d'une  seule  couche 
de  fil  et  bien  isolée,  est  parcourue  par  les  oscillations  électriques  produites  de  la  ma- 
niÚre suivante:  les  armatures  d'une  bouteille  de  Leyde  sont  reliées  d'une  part  aux 
pÎles  d'une  bobine  de  Ruhmkorff,  d'autre  part  aux  extrémités  de  la  bobine  intérieure, 
un  micromÚtre  à  étincelles  étant  intercalé  dans  ce  deuxiÚme  circuit. 

»  L'intensité  d'aimantation  est  mesurée  au  moyen  d'un  magnétomÚtre  à  deux  équi- 
pages magnétiques  formant  systÚme  asiatique;  le  champ  directeur  est  produit  par 
deux  aimants  agissant  sur  un  des  équipages;  j'ai  pu  ainsi  opérer  dans  des  conditions 
de  sensibilité  que  l'action  perturbatrice  causée  par  des  lignes  de  tramways  électriques 
voisines  n'aurait  pas  permis  d'obtenir  avec  un  magnétomÚtre  à  un  seul  équipage. 

»  Pour  chaque  échantillon  étudié  on  construit  la  courbe  cyclicpie  d'aimantation 
ordinaire,  puis  on  recommence  les  expĂ©riences  dans  les  mĂȘmes  conditions,  mais  en 
mettant  en  jeu  les  oscillations'  Ă©lectriques,  entretenues  par  un  courant  allernalif 
passant  dans  le  primaire  de  la  bobine  de  Ruhmkorll. 


SÉANCE  DU  3o  NOVEMBRE  igo3.  9l5 

»  On  constate  ainsi  les  faits  suivants  :  pour  les  échantillons  non  trempés 
les  plus  minces,  il  y  a  suppression  complÚte  de  l'hystérésis,  les  branches 
montante  et  descendante  de  la  courbe  d'aimantation  Ă©tant  tout  Ă   fait  confon- 
dues ;  pour  des  Ă©chantillons  pius  Ă©pais,  et  toutes  choses  Ă©gales  d'ailleurs, 
les  deux  branches  restent  séparées,  mais  moins  que  celles  de  la  courbe 
ordinaire,  et  d'autant  plus  séparées  que  l'cchantilion  est  plus  épais.  Pour 
les  Ă©chantillons  trempĂ©s  les  phĂ©nomĂšnes  sont  les  mĂȘmes,  mais,  Ă   Ă©paisseur 
Ă©gale,  les  oscillations  doivent  ĂȘtre  plus  intenses  (les  boules  du  micromĂštre 
à  étincelles  plus  éloignées)  pour  que  la  suppression  de  l'hystérésis  soit 
complĂšte.  Pour  un  mĂȘme  Ă©chantillon,  on  peut  obtenir  la  suppression  par- 
tielle ou  complÚte  de  l'hystérésis  en  faisant  varier  l'intensité  des  oscilla- 
tions. Dans  le  cas  du  fer  porphyrisé  la  suppression  de  l'hystérésis  est  com- 
plĂšte. Les  valeurs  de  l'aimantation  obtenues  pendant  l'action  des 
oscillations  sont  plus  élevées  que  dans  les  conditions  ordinaires. 

»  Les  résultats  qui  précÚdent  sont  obtenus  lorsqu'on  alimente  le  pri- 
maire de  la  bobine  de  Ruhmkorff  par  un  courant  alternatif,  c'est-Ă -dire 
lorsque  les  effets  d'induction  sont  symétriques;  quand  le  primaire  est  ali- 
menté par  un  courant  continu  interromj)u,  c'est-à-dire  quand  les  effets 
d'induction  sont  dissymétriques,  les  résultats  sont  différents:  les  oscilla- 
tions, qui  sont  alors  toujours  de  mĂȘme  sens  au  dĂ©but  de  chaque  dĂ©charge 
oscillatoire,  provoquent,  quand  elles  agissent  seules,  une  forte  aimantation 
d'un  sens  dĂ©terminĂ©  (aimantation  qui  persiste  quand  on  les  arrĂȘte),  tandis 
que  les  oscillations  provoquées  par  un  cor.rant  alternatif  ne  produisent 
par  elles-mĂȘmes  aucune  aimantation  fixe;  il  en  rĂ©sulte,  lorsqu'on  effectue 
un  cycle  de  champ  magnétique  pendant  qu'agissent  des  oscillations  pro- 
venant d'effets  d'induction  non  symétriques,  une  courbe  d'aimantation 
qui  passe,  pour  la  valeur  nulle  du  champ,  |)ar  le  point  représentatif  de 
l'aimantation  due  aux  oscillations,  au  lieu  do  passer  par  l'origine;  de  plus 
cette  courbe  n'est  réversible,  pour  une  intensité  convenable  des  oscilla- 
tions, que  dans  la  partie  oi!i  le  sens  du  champ  magnétisant  et  celui  de 
l'aimantation  due  aux  oscillations  coĂŻncident;  dans  l'autre  partie,  les  deux 
branches  sont  un  peu  séparées. 

»  L'action  continue  d'oscillations  permet  donc  d'obtenir,  pour  des 
échantillons  assez  minces,  des  courbes  d'aimantation  réversibles,  bien 
déterminées,  montant  rapidement  à  partir  de  l'origine  sans  présenter  de 
point  d'inflexion.  Il  sera  intĂ©ressant  de  coin[)arer,  sur  les  mĂȘmes  Ă©chan- 
tillons, ces  courbes  aux  courbes  analogues  qu'on  peut  obtenir  par  d'autres 
procédés  (vibrations,  courant  alternatif  parcourant  le  noyau,  production 


(}\6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(l'un  dépÎt  éleclrolyLiqiie  de  fer  d:ins  un  champ  miignéliqiif,  etc.),  et 
d'essayer  de  définir  d'une  maniÚre  précise  la  courbr  d'aimantation  normale  ; 
c'est  ce  que  je  fais  actuellement. 

»  On  peut  remarquer  que  ces  expériences  donnent  un  procédé 
commode  pour  l'étude  de  la  pénétration  du  champ  oscillant,  en  fonction  de 
la  fréquence,  dans  les  noyaux  magnétiques  ou  dans  un  métal  quelconque 
les  recouvrant.    » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  Sur  la  loi  de  distribution  rĂ©guliĂšre  de  la  force  totale 
du  magnétisme  terrestre  en  France  au  \"'  Janvier  1896.  Note  de  M.  E. 
Mathias,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Pour  le  plus  grand  nombre  des  stations  qui  figurent  dans  le  Réseau 
magnétique  de  la  France  de  M.  Moureaux  ('),  la  différence  AT  entre  la 
force  totale  de  la  station  X  au  i*"' janvier  1896  et  celle  de  l'observatoire 
de  Toulouse,  Ă   la  mĂȘme  Ă©poque,  peut  ĂȘtre  reprĂ©sentĂ©e  par  une  fonction 
du  second  degré  des  différences  de  longitude  et  de  latitude  géographiques 
(A  longitude)  et  (A  latitude),  de  cet  endroit  et  de  la  station  de  référence 
adoptée. 

»  J'ai  procédé  dans  cette  recherche  comme  pour  les  éléments  étudiés 
antérieurement. 

»  Des  tùtonnements  réguliers  m'ont  permis  de  passer  de  la  formule  linéaire 

(1)  AT  (calculĂ©)  —  1 ,3  (A  longitude)  4-  Ô  (A  latitude), 

valable  dans  une  aire  trĂšs  Ă©tendue  autour  de  Toulouse,  Ă   la  formule 

AT  (calculé)  r=  I  ,3  (A  longitude)  -f-  5  (A  latitude)  +  0,0008  (A  longitude)- 


(2)     , 

■  0,0010  (Alongitude)  (A  latitude)  —  0,0008  (A  latitude)^, 

applicable  dans  toute  la  l'rance,  la  Corse  y  comprise.  AT  est  supposé  exprimé  en  unités 
du  cinquiÚme  ordre  décimal,  (Alongitude)  et  (A  latitude)  en  minutes  d'arc.  On  a 
admis  pour  force  totale,  Ă   Toulouse,  au  i''' janvier  i8g6,  la  moyenne  o,45o5o  des  deux 
nombres  donnés  par  M.  Moureaux,  ou  mieux  /15o5o. 

»  La  force  totale  T  étant  calculée  au  moyen  de  la  composante  horizontale  II  et  de 
Tinclinaison  1  par  la  formule 

cos  l 


(')  Annales  du  Bureau  central  méléorologique;  année  1S98. 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    igoS.  917 

on  reconnaßt  aisément  que  l'erreur  dT  provenant  d'une  erreur  clll  sur  la  composante 
horizontale  et  d'une  erreur  de  /i  minutes  sur  l'inclinaison  I  est  sensiblement  donnée 
par  la  formule 


dT  =  dtt 


1211. 


»  Une  erreur  de  3o  unités  du  cinquiÚme  ordre  sur  H  s'ajoutant  à  une  erreur  de 
3  minutes  sur  I  donne  une  erreur  totale  de  G6  unités  du  cinquiÚme  ordre  sur  T.  On 
peut  dire  que,  tant  que  la  dilTérence  entre  les  nombres  calculé  et  observé  ne  dépasse 
pas  70  unités  du  cinquiÚme  ordre,  on  peut  considérer  la  diiïérence  comme  inférieure 
aux  erreurs  possibles  d'observation  et,  par  suite,  la  station  considérée  comme  réffu- 
HĂšre  qii uni  Ă   la  force  totale;  si  la  diffĂ©rence  AT  (observĂ©)  —  AT(calculĂ©)  est  supĂ©- 
rieure en  valeur  absolue  à  70  unités,  il  y  a  anomalie. 

»  La  formule  (2)  a  permis  de  choisir,  dans  les  617  localités  visitées  par  M.  Mou- 
reaux,  507  stations  donnant  une  diffĂ©rence  (obs.)  —  (cale.)  infĂ©rieure  en  gĂ©nĂ©ral 
en  valeur  absolue  à  100  unités  du  cinquiÚme  ordre  et,  par  suite,  composées  de  stations 
réguliÚres  et  d'anomalies  faibles;  on  a  pu  alors  écrire  607  équations  à  6  inconnues  de 
la  forme 


(3) 

»  Si  l'on  pose 


AT  (observé)  =  j-  -|-y(  A  longitude)  -t- ^(  A  latitude)  +  <(  A  longitude  )- 
-h  «(A  longitude)  (A  latitude)  -t-  t»  (A  latitude)-. 


j  =  i,3+/',  .1—5-4-;',  <  =  0,0008 -f- i', 

«=  —  0,0010 +«',  r  =  —  o,  0008 -t- c' 


et  si  l'on  retranche  membre  Ă   membre  (2)  de  (3),  il  vient 

i  x-l-/(Along.)  +  ;'(Alat.)-i-^'(Along.)-H-M'(Along.    (  A  lat.  ) -H  i''(A  lat.  )2 
K^i   )      


AT(obs.)  — AT(calc.). 


»  Les  5o7  équations  du  type  (4)  à  six  inconnues  x,  y',  z' ,  l' ,  u' ,  v'  ont  été  résolues, 
au  mojen  de  la  méthode  des  moindres  carrés,  par  le  service  des  calculateurs  de  l'ob- 
servatoire de  Toulouse,  M.  B.  Baillaud  a  bien  voulu  prendre  la  direction  de  ces  pé- 
nibles calculs. 

»   Les  équations  (4)  ont  fourni  la  solution  suivante  : 

^  =  -l-i6,5,  y' := — 0,028,  3'  =  H- 0,0457, 

t' ^^ — 0,000088,  «'=:  0,000081,  f'  =  — 0,000118. 

»  La  loi  de  distribution  réguliÚre  de  la  force  totale,  pour  la  France 
entiÚre  y  compris  la  Corse,  est  donnée  pour  la  date  du  i^'' janvier  1896  par 
la  formule 

,^,    i  AT==:  +  iG,5  -(-i,272(Along.)-|-.T,u4j7(Alat.)H-o,ooo7i2(Along.)^ 
(  —  o,ooio8i  (Along.)(Alat.)  —  o,ooo9i8(A  lat.)-, 

qui  concorde  remarquablement  avec  la  formule  primitive  (2). 

G.  R.,  1903,   -‱  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  22.)  I  20 


9l8  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

»  Comme  on  ne  peut  répondre  de  i6  unités  du  cinquiÚme  ordre  daiis 
l'Ă©valuation  de  la  force  totale,  le  terme  constant  de  la  formule  (5)  signifie 
simplement  que  la  force  totale  45o5o  admise  pour  Toulouse  est  trop  faible 
de  i6  unités. 

»  La  parfaite  régularité  de  la  force  totale,  provenant  d'une  parfaite  régu- 
larité de  la  composante  horizontale  et  de  l'inclinaison,  peut  coexister  avec 
une  anomalie  de  la  dĂ©clinaison  atteignant  ou  mĂȘme  dĂ©passant  20';  il  en  est 
ainsi  notamment  à  Chàteauneuf-sur-Loire  (--  20',  i),  à  Montargis  (+‱  23',  4), 
Ă   Chevreuse  (-i-  26',^),  Ă   Forges-sur-BriĂšs  (+  23', 6)  et  Ă   Limay  (+  21',  i). 

»  En  des  stations  beaucoup  plus  nombreuses,  la  régularité  de  la  force 
totale  provient  d'une  compensation  des  anomalies  de  I  et  de  H,  coexistant 
le  plus  souvent  avec  une  anomalie  de  la  déclinaison.  » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE.  —  L'anomalie  magnĂ©tique  du  bassin  de  Pans. 
Note  de  M.  Tiï.  Mourealx,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  La  discussion  de  nos  observations  magnétiques  en  France,  dont  le 
réseau  comprend  617  stations,  a  mis  en  évidence  de  nombreuses  irrégula- 
rités dans  la  distribution  normale  des  différents  éléments.  Indépendam 
ment  de  l'anomalie  bien  connue  du  massif  central,  due  Ă   l'influence  directe 
des  roches  volcaniques,  nous  en  avons  constatĂ©  quelques  autres,  mĂȘme  au 
milieu  de  terrains  considérés  comme  soustraits  à  toute  action  sur  l'aiguille 
aimantée;  la  plus  importante  et  la  plus  imprévue  est  celle  du  bassin  géolo- 
gique de  Paris.  L'étude  de  cette  anomalie  est  basée  sur  les  résultats  obtenus 
en  i3o  stations,  disséminées  sur  douze  déparlements,  depuis  la  Seine-Infé- 
rieure jusqu'au  Cher  et  à  la  NiÚvre.  Dans  toute  cette  région,  les  lignes  iso- 
magnétiques subissent  des  déformations  accentuées  et  trÚs  nettes,  mon- 
trant que  les  différents  éléments  observés  n'y  sont  pas  exclusivement 
soumis  Ă   la  seule  action  du  champ  terrestre. 

»  La  comparaison  des  valeurs  observées,  avec  les  valeurs  calculées  par 
la  méthode  de  Cauchy,  a  permis  de  dresser  les  Cartes  des  écarts  observation- 
calcul  pour  tous  les  éléments. 

»  La  Carte  relative  à  la  déclinaison  D,  par  exemple,  montre  que  les  écarts  sont  tous 
positifs  à  l'est  et  négatifs  à  l'ouest  d'une  ligne  qui,  partant  de  Fécamp,  se  dirigerait 
au  sud-est  vers  Moulins,  par  ou  prĂšs  Rouen,  Rambouillet,  Gien,  sous  un  angle  de  So" 
environ  avec  le  mĂ©ridien  gĂ©ographique.  Sur  cette  ligne  mĂȘme,  les  Ă©carts  sont  nuls  et 
l'observation  concorde  avec  le  calcul.  La  déclinaison  est  occidentale  en  France  et  ci-oßt 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    igoS.  919 

de  Test  Ă   l'oiiftsl  ;  d'aprĂšs  le  sens  des  Ă©carts  O  — C,  on  voit  que  le  pĂŽle  nord  de  Taimanl 
est  attiré  de  part  et  d'autre  vers  la  ligne  considérée  :  la  force  perturbatrice  s'exerce 
donc  sur  celte  ligne  d'attraction,  en  un  ou  plusieurs  points  à  déterminer. 

»  Si  nous  considérons  maintenant  la  Carte  des  écarts  de  la  composante  horizon- 
tale H,  nous  remarquons  que  ces  Ă©carts  se  groupent  Ă©galement,  selon  leur  sens,  par 
zones  bien  délimitées.  Les  écarts  positifs  forment  trois  zones,  séparées  l'une  de  l'autre 
par  des  zones  à  écarts  négatifs.  La  premiÚre  s'étend  sur  la  basse  Seine,  en  aval  du 
confluent  de  l'Eure;  la  seconde  comprend  une  région  limitée  au  nord  à  Mantes,  et  au 
sud  à  Toury(Loiret)  ;  enfin,  la  troisiÚme  couvre  une  partie  des  déparlements  du  Cher 
et  de  la  NiĂšvre,  de  part  et  d'autre  de  la  Loire.  Toutes  trois  peuvent  ĂȘtre  limitĂ©es  par 
des  courbes  fermĂ©es  sur  lesquelles  les  Ă©cartsO  —  C  sont  nuls  pourH, et  coupentcliacune 
en  deux  points  la  ligne  d'attraction  déterminée  par  la  déclinaison. 

»  Il  y  a  lieu  d'établir  une  distinction  essentielle  entre  ces  deux  points.  Les  portions 
de  courbe  auxquelles  ils  se  rattachent  sont  dirigées  à  peu  prÚs  perpendiculairement 
au  méridien  magnétique  ;  mais  l'une,  celle  qui  limite  les  écarts  positifs  de  H  au  sud 
de  la  zone,  est  une  ligne  de  répulsion  pour  le  pÎle  nord  de  l'aimant,  puisque,  contrai- 
rement à  la  loi  de  décroissance  de  H  du  sud  au  nord, cet  élément  a  une  valeur  relative 
plus  grande  au  nord  qu'au  sud.  L'autre,  au  contraire,  limitant  les  Ă©carts_^  positifs 
au  nord,  et  oĂč  la  variation  de  II  avec  la  latitude  est  accentuĂ©e  d'une  façon  anormale, 
est  une  ligne  d'attraction  sur  laquelle  doit  se  rencontrer  le  centre  de  l'anomalie. 
Comme  ce  centre  est  commun  également  à  la  ligne  d'attraction  de  la  déclinaison,  il 
correspond  nécessairement  au  point  d'intersection  des  deux  lignes  ;  les  trois  points 
d'intersection  correspondant  Ă   la  limite  nord  des  trois  zones  Ă   Ă©carts  positifs  de  H,  sont 
donc  autant  de  centres  d'anomalie.  Le  premier  se  trouverait  au  voisinage  de  Rouen  ; 
le  deuxiÚme  dans  le  triangle  formé  par  nos  trois  stations  de  Bueil,  Mantes  etHoudan, 
vers  la  limite  commune  des  départements  de  l'iMire  et  de  Seine-et-Oise  ;  enfin,  le 
troisiĂšme,  entre  Sancerre  et  Aubigny  (Cher). 

»  La  Carte  des  écarts  O  ^  C  de  la  composante  verticale  Z  offre  une  vérification  de 
cette  hypothÚse.  En  effet,  la  force  attractive  étant  supposée  dans  l'intérieur  de  la  Terre 
au-dessous  de  chacun  des  trois  points  considérés,  c'est  en  ces  points  particuliers  que 
doivent  ĂȘtre  observĂ©s  les  plus  grands  Ă©carts  positifs  de  Z;  ces  Ă©carts  se  groupent 
effectivement  en  trois  zones  comprenant  chacune  un  des  trois  centres  d'attraction. 

»  Aucune  de  nos  stations  ne  correspond,  par  sa  situation  géographique,  à  l'un  quel- 
conque de  ces  centres,  qu'il  serait  facile  de  préci-er  en  procédant  à  des  mesures  com- 
plémentaires dans  un  faible  rayon  autour  de  chacun  d'eux.  Dans  la  région  de  Rouen, 
le  centre  d'attraction,  déterminé  par  le  point  d'intersection  des  deux  lignes  dont  nous 
avons  parlé,  se  trouve  trÚs  rapproché  du  point  central  de  la  zone  d'anomalie  de  Z; 
mais  celte  condition  ne  se  trouve  pas  aussi  ])ien  réalisée  pour  les  deux  autres.  Nous 
avons  admis  jusqu'ici,  pour  simplifier,  que  l'allraclion,  pour  chaque  zone,  Ă©tait  con- 
centrée en  un  point,  alors  qu'en  réalité  elle  ])eut  correspondre  à  une  ligne  plus  ou 
moins  rĂ©guliĂšre,  et  mĂȘme  Ă   une  zone  de  quelque  Ă©tendue,  dont  la  dĂ©termination  rigou- 
reuse exigerait  un  réseau  plus  serré  de  stations.  Il  n'est  pas  douteux,  par  exemple, 
que  le  centre  d'attraction  situé  à  l'ouest  de  Paris,  vers  Houdan,  ne  s'étende  dans  la 
direction  du  sud-esl  jusqu'Ă   Rambouillet  oĂč  l'anomalie,  sensiblement  nulle  pour  D 
et  II,  atteint  0,0026/  (C.G.S.)  pour  Z.  De  mĂȘme,  le  point  central  de  la  zone  du  sud, 


qoo  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

dans  le  bassin  de  la  Loire,  est  assez  éloigné,  vers  le  nord,  du  point  d'inlerseclion  des 
lio^nes  de  D  el  de  H;  indépendamment  de  l'excÚs  4-0,0024  constaté  à  Sancerre,  on 
trouve  en  efTet  un  second  centre  oĂč  les  Ă©carts  sont  de  mĂȘme  sens  et  de  mĂȘme  ordre, 
vers  Sullj -sur-Loire  et  Gien. 

»  Les  conclusions  que  l'on  peut  tirer  de  la  comparaison  des  trois  élé- 
ments D,  H  et  Z,  relaliA'ement  Ă   la  position  des  centres  d'attraction,  sont 
confirmées  par  la  discussion  des  observations  de  la  force  totale,  dont  les 
Ă©carts  se  distribuent  sensiblement  comme  ceux  delĂ   composante  verticale. 

»  Si  l'on  admet  que  l'anomalie  du  bassin  de  Paris  puisse  ĂȘtre  attribuĂ©e 
à  l'aclion  de  roches  magnétiques,  la  limite  supérieure  de  la  masse  pertui  - 
batrice  se  présenterait  comme  le  relief  d'une  montagne  recouverte  par  les 
terrains  |)lus  rĂ©cents,  avec  des  pics  ou  des  arĂȘtes  aux  points  ou  aux  zones 
désignes  comme  les  centres  d'attraction  par  la  considération  des  anomalies 
des  éléments  magnétiques.    » 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Siir  la /lisibilitĂ©  des  mĂ©langes  de  protosulfure  de  bismulh 
et  de  sulfure  d'argent,  de  protosulfure  de  bismuth  et  de  sulfure  d' antimoine. 
Note  de  M.  H.  Pélabox,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Le  sulfure  d'argent  et  le  protosulfure  de  bismuth  fondas  ensemble 
donnent  des  liquides  homogÚnes  dont  il  est  facile  de  déterminer  avec  exac- 
titude le  point  de  solidification  coffßmenfrt«Z6.  La  courbe  de  fusibilité  de  ces 
mĂ©langes  peut  ĂȘtre  construite  entiĂšrement  en  portant  en  ordonnĂ©es  les 
températures  de  solidification  et  en  abscisses,  les  valeurs  correspondantes 
du  rapport  de  la  masse  de  sulfure  d'argent  à  la  masse  totale  du  mélange. 
Nous  désignerons  par  R  ce  rapport  exprimé  en  centiÚmes. 

»  La  courbe  de  fusibibté  se  compose  de  cinq  portions  de  droites.  Une  premiÚre 
lio-ne  droite  k]i  joint  le  point  de  solidification  du  protosulfure  de  bismuth,  soit  685°, 
au  point  de  fusion  du  mélange  pour  lequel  R  a  pour  valeur  6,,');  la  température  cor- 
respondante, 648°,  représente  un  premier  minimum  du  point  de  solidification  des  mé- 
langes étudiés.  Si,  en  effet,  on  fait  croßtre  la  proportion  du  sulfure  d'argent  jusqu'à 
ce  que  R  prenne  la  valeur  20,49,1a  température  de  solidification  s'élÚve  réguliÚrement 


.fir>0 


jusqu  a  700" 

»   Les  coordonnées  des  extrémités  de  la  seconde  portion   de   droite   RC  sont   donc 

respectivement  : 

*  R=    6,5o,         T  =  648°, 

R=  20,49,         T  =  75o°. 
»   Si  le  rapport  R  continue  à  croßtre,  la  température  de  solidification  baisse  d'abord 


SÉANCE   DU   3o  XOVKMIünTÎ    igoS.  921 

lentement  jusqu'à  732°,  pour  R  =  34,02,  et  l'on  a  la  portion  de  droite  CD,  puis  cette 
température  baisse  plus  rapidement  et  atteint  585°  pour  R  =  72.  On  a  donc  une  partie 
droite  DE  plus  inclinée  que  la  précédente  sur  l'axe  des  abscisses. 


»  Enfin,  quand  le  rapport  R  continue  à  croßtre  pour  atteindre  finalement  la 
valeur  100,  le  point  de  solidification  des  mélani;es  correspondants  s'élÚve  trÚs  rapide- 
ment et  trÚs  réguliÚrement  jusqu'à  845°,  tem[)érature  de  fusion  de  sulfure  d'argent 
pur.  La  courbe  de  fusibilité  présente  donc  une  seconde  ordonnée  minima  et  se  ter- 
mine par  une  partie  rectiligne  EF  trÚs  inclinée  sur  l'axe  des  abscisses. 

»  En  /‹ésiiiiic,  la  courbe  de  fusibilitĂ©  des  mĂ©langes  Ă©tudiĂ©s  est  une  ligne  polygonale 
présentant  deux  ordonnées  minima  et  une  ordonnée  maximum. 

»  Les  deux  ordonnées  minima  sont  les  tempéiatures  de  solidification  de  deux 
mélanges  eutectiques  définis  par  les  valeurs 


R  =  6,5, 


R: 


72. 


»  L'ordonnée  maximum  correspond  au  composé  défini  répondant  à  la  formule 
Ag"-S.4BiS. 

»  Le  point  D,  intersection  des  deux  droites  CD  et  DE,  correspond  au  mélange  dans 
lequel  les  deux  sulfures  sont  dans  les  proportions  indiquées  par  la  formule  Ag'S.  2  BiS. 

»  Nous  avons  éLudié  également,  au  poiiiL  de  vue  de  la  fusibilité,  les 
mélanges  de  protosulfure  de  bismuth  et  de  sulfure  d'antimoine. 

»  La  courbe  de  fusiliillté  de  ces  mélanges  est  beaucoup  plus  sijnple  que  celle  du 
mĂ©lange  prĂ©cĂ©demment  Ă©tudiĂ©;  elle  peut  Ă©galement  ĂȘtre  construite  complĂštement. 
Elle  comprend  trois  portions  de  droites  formant  la  ligne  polygonale  AHIK;  la  pre- 
miĂšre portion  de  droite  aboutit  au  point  de  fusion  du  protosulfure  de  bismuth,  soit 
685°;  la  derniĂšre  s'arrĂȘte  au  point  de  fusion  du  sulfure  d'antimoine,  soit  555°, 


922  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  Si  l'on  désigne  par  R  le  rapport,  exprimé  en  centiÚmes,  du  poids  de  sulfure  d'an- 
timoine au  poids  total  du  mélange,  les  coordonnées  des  extrémités  de  la  droite  intoPT 
médiaire  sont  respectivement  : 

R  =  3i,66,  T  =  63s«, 

R=:  8/1,85,  T  =  59i". 

»  La  température  de  la  solitlification  commençante  diminue  donc  constamment  au 
fur  et  à  mesure  que  la  proportion  de  sulfure  d'antimoine  augmente  dans  le  mélange. 

»  Les  mélanges  qui  correspondent  aux  points  II  et  1  de  la  courbe  de  fusibilité  ont 
une  composition  simple.  Celui  qui  correspond  au  point  H  répond  à  la  formule 
3BiS.Sb=S^;  l'autre  Ă   la  formule  BiS.4Sb=S'.  L'un  d'eux,  au  moins,  doit  ĂȘtre  un 
composé  défini.  » 


CHIMIE.  —  Influences  activñmes  ou  paralysantes  agissant  sur  le  manganùse 
envisagé  comme  ferment  métallique.  Note  de  M.  A.  Tuillat,  présentée 
par  M.  Arm.  Gautier. 

«  Les  métaux  envisagés  comme  porteurs  d'oxygÚne  demandent,  pour 
rĂ©aliser  leur  effet  maximum  dans  un  milieu  donnĂ©,  Ă   ĂȘtre  placĂ©s  dans  des 
conditions  spéciales  sans  lesquelles  ils  restent  inactifs.  C'est  l'étude  de 
quelques-unes  de  ces  conditions  que  je  vais  exposer. 

»  J'ai  choisi  comme  exemple  le  manganÚse  si  abondamment  répandu 
dans  le  rÚgne  végétal  et  dont  le  rÎle  physiologique  a  été  étudié  par 
MM.  Gabriel  Bertrand  et  Bourquelol.  Comme  niilieu  d'oxydation  je  me  suis 
adressé  à  ime  solution  d'acide  gallique  dont  la  fonction  phénolique  répond 
bien  au  but.  Pour  mieux  interpréter  les  résultats,  j'ai  opéré  sur  des  solu- 
tions trÚs  étendues  se  rapprochant  par  conséquent  sous  ce  rapport  des 
mih'eux  physiologiques. 

«  La  méthode  a  consisté  à  mesurer  directement  les  volumes  d'oxygÚne 
absorbés  en  fonction  du  temps  au  moyen  d'un  appareil  composé  de  plu- 
sieurs ballons  de  verre  vert  (')  de  lySℱ'  de  capacitĂ©,  disposĂ©s  en  sĂ©rie  et 
plongés  dans  un  récipient  plein  d'eau.  Au  moyen  de  tubes  coudés,  de 
faibles  diamÚtres,  exactement  calibrés  et  gradués,  ils  étaient  reliés  à  des 
récipients  contenant  de  l'eau  ou  du  mercure  et  dont  l'ascension  permettait 
d'évaluer  le  volnuie  d'oxvgÚne  absorbé  en  un  temps  donné,  toutes  correc- 


(')  Le  choix  du  verre  a  une  importance  capitale.  Il  en  est  de  mĂȘme  du   cIioIk  des 
réactifs  et  de  l'eau  qui  doivent  présenter  un  grand  degré  de  pureté. 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    igoS.  928 

lions  faites.  L'appareil  Ă©tait  construit  de  telle  sorte  que  les  perturbations 
apportées  par  la  température,  la  dilatalion  du  verre,  etc.,  étaient  iden- 
tiques pour  chaque  série  d'essais.  Au  moyen  de  cet  appareil,  j'ai  expéri- 
menté :  1°  Taction  des  sels  de  manganÚse;  2°  l'action  des  sels  de  manga- 
nÚse en  présence  d'une  trace  d'alcali  ;  3'^  les  influences  exercées  sur  la 
marche  de  l'oxydation  par  la  présence  de  certaines  substances. 


00 


a 


»  1.  Sels  de  manganĂšse.  —  On  mettait  So"""'  d'une  solution  d'acide  gallique  au  Yifi 
dans  les  ballons,  on  ajoutait  le  sel  de  manganĂšse  dissous  et,  aprĂšs  agitation,  on  aban- 
donnait l'appareil  dans  un  local  dont  la  tcmpcrulurc  ne  variait  pas.  En  opérant  sur  des 
solutions  d'acide  gallique  de  j^  Ă   -^^^  avec  des  doses  de  manganĂšse  Ă©galement 
variables,  les  volumes  d'oxygÚne  absorbés  aprÚs  2^  heures  ne  dépassaient  pas  -nr  à  jV 
de  centimÚtre  cube.  La  présence  d'une  petite  quantité  d'acide  libre  (acides  sulfurique, 
ciilorhydrique,  oxalique  et  acétique)  n'a  pas  favorisé  l'absorption  de  l'oxygÚne. 

»  2.  Influence  d'un  alcali.  —  On  sait  que  les  sels  de  manganĂšse  en  prĂ©sence  d'un 
Icali  se  transforment  Ă   l'air  en  bioxyde.  Cette  transformation  a  lieu  Ă   des  doses  Infi- 
nitĂ©simales des  deux  rĂ©actifs,  comme  l'indique  le  tableau  suivant.  L'alcali  lui-mĂȘme 
agissant  séparément  comme  agent  d'oxydation  sur  la  solution  d'acide  gallique,  il  a 
fallu  évidemment  tenir  compte  de  cette  action  séparée.  Dans  ces  essais,  on  mettait 
d'abord  dans  les  ballons  l'acide  gallique  en  solulion,  puis  le  sel  de  manganĂšse,  enfin 
l'alcali.  {Doses  employées  :  acide  gallique  5o<^'"'  au  yoïïÎ>  MnCl^o,©!;  NaOH  0,01.) 

Volumes  d'o.vygÚne  exprimes  en  dixiÚmes  de  centimÚtre  cube,  absorbés  par  une 
solution  d'acide  gallique  en  présence  de  la  soude  seule  ou  de  la  soude  et  du 
manganĂšse. 

Observations  faites  aprĂšs  :  NaOlI-  NaOH  +  MnCP.        MnCF. 

3o  minutes i5  35  o 

I  heure 25  ^i  3 

a  heures 22  tfi  3 

4      »       33  5o  4 

6      »       35  5o  4 

12      »       , 4o  5o  4 

»  En  faisant  varier  la  nature  de  l'alcali  (soude,  potasse),  celle  du  sel  de  manganÚse 
(chlorure,  sulfate,  acétate)  ;  celle  du  corps  à  oxyder  (hydroquinone,  jsyrogallol,  tanin), 
on  a  trouvé  :  i"  que  l'accélération  de  l'oxydation  est  proportionnelle  aux  doses  d'alcali  ; 
2"  que,  pour  une  mĂȘme  dose  d'alcali,  l'augmentation  du  poids  du  manganĂšse  devient 
nettement  paralysante  à  partir  d'une  certaine  limite,  aprÚs  avoir  été  activante;  3°  que 
des  doses  infinitésimales  de  sels  de  manganÚse  deviennent  actives  en  présence  de 
traces  d'alcali. 

»  3.  Influences  agissant  sur  la  marche  de  l'oxydation.  —  L'introducĂčon  dans  les 
ballons  de  substances  inertes,  telles  que  le  verre  pilé,  la  porcelaine,  le  quartz,  les 
métauv  en  poudre  ou  à  l'étal  colloïdal,  apportent  une  perturbation  considérable  dans  la 
marche  de  l'oxydation  en  présence  du  manganÚse,  lorsqu'on  la  compare  avec  des  essais 


924  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

témoins.  Cette  constatation  n'est  pas  sans  importance  car  elle  démontre  que  ces 
substances  inertes  peuvent  jouer  un  rÎle  comme  acti\  ant  ou  retanlant  clans  les  phéno- 
mÚnes cFoxydation,  d'une  maniÚre  analogue,  dans  un  autre  d'idées,  à  ce  qui  se  passe  pour 
le  dégagement  de  l'acide  carbonique  de  ses  solutions  aqueuses  saturées.  Les  substances 
chimiques  agissant  sur  l'un  des  réactifs  eu  présence,  sur  la  soude  par  exemple,  se 
comporient  comme  paralysants;  c'est  une  simple  saturation  et  le  ralentissement  de 
l'oxydation  ne  prĂ©sente  aucun  intĂ©rĂȘt.  Mais  l'expĂ©rience  Ă©tablit  que  ce  ralentissement 
peut  avoir  lieu  Ă   des  doses  si  faibles  que  l'on  ne  peut  plus,  pour  l'expliquer,  invoquer 
seulement  la  saturation  partielle  de  l'un  des  réactifs.  Tel  est  le  cas  pour  l'acide  arsé- 
ni(|ue.  En  voici  la  démonstration  : 

Tableau  ind'ujuant  l' injluence  paralysante  de  l'acide  arsciiirjtie. 
(Doses:  ac.  gallique  So"^""  aUyJj-iy;  MnCl-  0,02;  NaOH  0,02.) 

Aciile  arséniquo. 

Temps.                                      TĂ©moins.                  0,01.                  0,001.  0,0001. 

3o  minutes Ho                       7                     aS  28 

1  heure !\7.                          7                        25  3o 

2  »      45  1 5  3o  00 

4       »      45  20  3o  32 

6      »      48  20  3o  35 

»   L'acide  arsénique  dilué  au  yj^VÎÎ  ^  donc  eu  une  action  retardante. 

»  Le  bichlorure  de  mercure,  l'acide  cyanhydrique,  l'hydrogÚne  sulfuré  et  d'autres 
substances  agissant  comme  poisons  de  l'organisme,  ont  une  action  analogue  sur  la 
marche  de  l'oxydation,  aprÚs  avoir  souvent  provoqué  au  début  une  excitation  trÚs 
nette. 

»  Ces  phénomÚnes  de  ralentissement  dans  l'oxydation  des  substances  expérimentées 
peuvent  ĂȘtre  expliquĂ©s  par  des  changements  dans  l'Ă©tat  de  neutralisation  du  milieu 
et  aussi,  comme  sembleraient  l'indiquer  des  essais  en  cours,  par  l'entraßnement  méca- 
nique des  substances  sous  l'influence  de  la  précipitation. 

»  Il  se  dégage  de  ces  expériences  que  le  manganÚse,  envisagé  camme 
ferment  métallique,  demande,  pour  devenir  actif,  en  se  plaçant  dans  les 
condilions  dans  lesquelles  j'ai  opéré,  que  le  milieu  à  oxyder  contienne  un 
alcali  ou  un  sel  alcalino-terreux.  Pour  la  mĂȘme  quantitĂ©  d'alcali,  les  doses 
croissantes  de  nianganĂšse  agissent  comme  j)aralysants  ;  comme  dans  le 
cas  des  phĂ©nomĂšnes  diastasiques,  la  marche  de  la  rĂ©action  peut  ĂȘtre 
entravée  par  la  présence  de  traces  de  certaines  substances.  On  voit  donc 
que  le  manganĂšse,  pour  produire  son  maximum  d'effet  dans  un  milieu  en 
un  temps  donné,  doit  réunir  tout  un  ensemble  de  conditions.  » 


SÉANCE  DU  3o  NOVEMBRE  1903.  gaS 


CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Alcoylatiori  systĂ©matique  de  l'arsenic. 
Note  de  M'.  V.  Auger,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  On  ne  connaßt  jusqu'ici  aucun  procédé  permettant  d'introduire,  à 
volonté,  I,  2  ou  3  groupes  alcoylés  sur  la  molécule  de  l'arsenic.  D'une  part, 
la  méthode  de  Cahours  ('),  qui  consiste  à  chauiifer  le  métalloïde  avec  un 
iodure  alcoolique,  fournit  imméiliatemeiit  un  mélange  de  tiérivés  tri-  et 
tétrasubstitués,  et,  d'autre  part,  la  réaction  deMeyer  (^)  semblait  jusqu'ici 
ne  pouvoir  fournir  qu'un  seul  produit  :  le  méthylarsinale  de  sodium.  C'est 
cependant  en  généralisant  celte  derniÚre  réaction  que  l'on  peut  arriver  à 
introduire  systématiquement  des  groupes  alcooliques  dans  l'arsenic. 

»  Voici  le  principe  de  la  méthode  :  Considérons  d'abord  la  réaction  de 
Meyer;  elle  consiste  à  mettre  en  contact,  en  présence  d'alcool,  l'arsénite 
tri-sotlique  AsO'Na^  avec  l'iodure  de  métliyle  :  la  réaction  a  lieu  suivant 
AsO'Na''  +  ICH'=  CH\  AsO'Na' +  Nal.  I.'arsénite  est  donc  passé,  pen- 
dant la  réaction,  à  l'étal  de  méthylarsinale,  et,  de  trivalent,  est  devenu  pen- 
tavalent.  Il  est  extrĂȘmement  vraisemblable  que  le  processus  est  le  suivant  : 

/ONa  ^O 

l'arsĂ©nite  normal  As  — ONa  prend  la  forme  tautomĂšre  Na— As  — ONa,el 

\ONa  \ONa 

échange  alors  son  atome  de  sodium  relié  à   l'arsenic,  contre  le  groupe 

mĂ©thyle,en  donnant  le  mĂ©thylarsinale  CH'  — As— ONa.  Si  nous  appliquons 

\ONa 
cette  réaction   à  la  molécule  déjà  monométhylée,  nous  devons  d'abord 
réduire  l'acide  méthylarsénique  pour  rendre  l'arsenic  trivalent  : 

CH'.As=:0. 

L'oxyde  de  méthylarsine  possÚde  deux  fonctions  trÚs  faiblement  basiques 

/ONa 
et  fournit,  avec  deux  molĂ©cules  de  soude,  le  sel  :  CH'.As^   „,^    dont  la 

\ONa 

forme  tautomĂšre  est  :  CH'.As  — ONa.  Il  rĂ©agit  alors  facilement  sur  une 

\Na 


(')  Cauouks,  An.  chcin.  l'hariii.  Lieb.,  l.  CXXII,  p.  iga. 
(')  G.  Meyer,  Ber.  client.  GcsclL,  l.  XVi,  \>.  i!\t\0. 

C.  R.,  1903,  2»  Stmest/e.  (T.  GXXXVII,  N"  22  )  121 


Q26  ACADÉMIE   DES    SCIENCES, 

molécule  d'iodure  de  méthyle  d'aprÚs  : 

CH' AsO^Na^  4-  ICH'  =  (CH')=  =  As^^^^ 


Nal. 


).  L'acide  cacodyliqueou  diméthylarsinique,  ainsi  obtenu,  est  susceptible 
de  subir  une  troisiĂšme  mĂ©thylation  en  employant  la  mĂȘme  sĂ©rie  de  rĂ©actions; 
il  suffit  de  le  réduire  pour  le  faire  passer  à  l'état  d'oxyde  de  cacodyle 
(CH')-  =  As  —  O  —  As  =  (CH»)=  et  de  traiter  ce  dernier,  en  solution 
alcoolique,  par  la  soude  et  l'iodure  de   méthyle,    pour  obtenir,   d'aprÚs 

(CH')^=As-ONa    ou    (CH')^  =  As^^_^+ ICH^=  (CH')'  =  As  =  O, 

l'oxyde  de  triméthylarsine.  J'ai  constaté  que,  dans  toutes  ces  réactions,  il 
est  possible  de  remplacer  l'iodure  de  méthyle  par  l'iodure  d'éthyle;  d  y> 
lieu  de  penser  qu'il  en  sera  de  mĂȘme  pour  d'autres  iodures  homologues. 
»    Voici  quelques  détails  succincts  des  manipulations. 

»  RĂ©duction  du  mĂ©thylarsinate  de  sodium.  —  Le  sel  disodique  est  dissous  dans  la 
quanlilé  minimum  d'eau,  à  liÚde;  OQ  y  introduit,  à  froid,  un  excÚs  de  gaz  sulfureux, 
puis  on  porte  le  liquide  à  rébullilion  au  réfrigérant  ascendant,  pour  terminer  la  réaction. 
Celle-ci  a  lieu  quantitativement  suivant  CH'AsO^  Na' +  50^=  CH' ÂsO -H  SO'Na^ 
Le  liquide  obtenu  est  alors  additionné  d'une  petite  (jiianlilé  de  carbonate  de  sodium, 
afin  de  neutraliser  les  derniÚres  traces  d'acide  sulfureux,  puis  évaporé  à  sec,  dans  le 
vide,  au  bain-marie.  La  masse  obtenue  est  épuisée  à  plusieurs  reprises  par  le  benzÚne 
bouillant  qui  dissout  l'oxyde  de  méthylarsine.  AprÚs évaporalion  du  solvant,  on  obtient 
celui-ci  en  gros  cristaux  incolores  fusibles  Ă   gS". 

»  L'acide  mélhylarsinique  pur  n'est  pas  réduit,  dans  ces  conditions,  par  le  gaz  sulfu- 
reux. Par  contre,  la  réduction  a  lieu  aussitÎt  qu'on  ajoute  à  celui-ci  une  trace  d'un  lodure. 
En  employant  le  méthylarsinate  de  calcium  en  suspension  dans  l'eau,  on  obtient,  par 
traitement  au  gaz  sulfureux,  immédiatement  une  solution  aqueuse,  presque  pure, 
d'oxyde,  le  sulfate  de  calcium  formé  restant  insoluble. 

»  MĂ©thylation  de  l'oxyde  de  mĂ©thylarsine.  —  i'""'de  l'oxyde  est  mise  en  dissolu- 
lion  dans  l'alcool  médiyliqiie  et  additionnée  de  2"""  de  soude,  puis,  à  froid,  de  i"""' 
d'iodure  de  méthyle.  11  se  produit  un  échaulTemenl  notable  de  la  solution;  on  termine 
au  bain-marie,  au  réfrigérant  ascendant,  jusqu'à  réaction  neutre  de  la  liqueur.  Pour 
isoler  le  produit  formé,  il  est  nécessaire  d'enlever  l'iode;  pour  cela,  on  chasse  l'alcool 
au  bain-marie,  et  l'on  additionne  la  solution  aqueuse  du  résidu  d'acide  sulfurique  dilué, 
puis  d'azolite  de  sodium.  L'iode  se  précipite;  on  filtre,  on  évapore  à  sec,  aprÚs  avoir 
saturé  par  le  carbonate  de  sodium,  et  l'on  reprend  par  l'alcool  absolu.  Le  cacodylate  de  ' 
sodium  se  dissout  seul,  et  on  l'isole  pur  par  cristallisation.  L'acide  cacodylique  extrait 
de  ce  sel  a  montré  tous  les  caractÚres  de  celui  qu'on  obtient  par  oxydation  de  l'oxyde 
de  cacodyle.  11  fondait  à  200°  et  formait  avec  le  nitrate  d'argent  le  sel  double  cristal- 


SÉANCE    DU    3o    NOVEMBRE    igoS.  927 

lise  :  (CH3)=AsO-Ag,  AgAzO^  pour  l'identifier  encore  mieux,  il  a  été  transformé  en 
sulfure  de  cacodyle  fondant  à  5o°. 

»  Cette  méthylation  s'effectue  avec  une  grande  rapidité  et  semble  plus  facile  que 
celle  qui  donne  naissance  au  méthylarsinate  de  sodium. 

»  MĂ©thylation  de  l'oxyde  de  cacodyle.  —  Cette  opĂ©ration  a  Ă©tĂ©  effectuĂ©e  exacte- 
ment dans  les  mĂȘmes  conditions  que  la  prĂ©cĂ©dente.  L'oxyde  de  mĂ©thylarsine  formĂ©  a 
été  isolé  à  l'état  d'iodure   (CH')'=As:P. 

»  Introduction  du  groupe  Ă©thyle.  —  La  rĂ©aclion  de  Meyer  effectuĂ©e  avec  de  l'io- 
dure  d'éthyle  se  poursuit  d'une  façon  bien  moins  nette  qu'avec  l'iodure  de  méthyle.  Il 
se  forme  une  assez  forte  quantité  d'éther  provenant  de  la  saponification  de  l'iodure,  et 
il  est  fort  difficile  de  se  débarrasser  del'oxiiodure  d'arsenic  qui  accompagne  le  produit 
de  la  réaction.  Cependant,  aprÚs  avoir  enlevé  l'iode  avec  le  nitrate  de  sodium,  on  peut, 
aprĂšs  Ă©vaporalion  du  liquide  au  bain-marie  et  reprise  par  l'alcool,  isoler  l'acide  Ă©lhyl- 
arsinique,  déjà  obtenu  par  La  Coste,  par  oxydation  du  chlorure  d'éthylarsine. 

»  Je  compte  préparer,  avec  cet  acide,  l'acide  mÚiliyléthylarsinique,  ainsi  que  d'autres 
acides  mixtes  alcoylés.   » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.  —  SĂ©paration  de  l' iode  dans  les  sels  halogĂšnes  alcalins 
d'avec  le  chlore  et  le  brome,  par  sa  transformation  en  acide  iodiqiie,  et  mode 
de  préparation  de  l'iode  pur.  Noie  de  MM.  H.  Baubig.vv  et  P.  Rivals, 
présentée  par  M.  Troost. 

«  Si  la  méthode  de  précipitation  de  l'iode  à  l'état  de  sel  cuivreux  en  pré- 
sence des  chlorures  et  bromures  est  susceptible  d'exactitude,  comme  nous 
l'avons  montré  (Note  du  9  novembre  igoS),  elle  présente  du  moins  un 
petit  ennui  pour  la  séparation  idtérieure  du  Cl  et  du  Br;  c'est  le  volume 
d'eau  fourni  par  les  lavages  et  qu'il  faut  ensuite  réduire  par  évaporation. 
Nous  avons  donc  cherché  s'il  ne  serait  pas  préférable,  en  profatant  de  l'oxy- 
dabilité  de  l'iode,  de  le  transformer  tout  d'abord  en  acide  iodique,  corps 
stable  et  non  volatil,  puis  de  séparer  successivement  le  brome  et  le  chlore 
par  distillation  aprĂšs  leur  mise  en  libertĂ©,  opĂ©ration  Ă   laquelle  ils  se  prĂȘtent 
tous  deux  aisément.  Cette  méthode  nous  a  donné  d'excellents  résultais; 
elle  est  de  plus  d'une  pratique  simple,  puisque  le  permanganate,  qui, 
d'aprÚs  les  indications  de  Péan  de  Saint-Gilles  (i  858)  oxyde  instantanément 
les  iodures  en  iodates,  est  précisément  le  réactif  qui  nous  sert  à  séparer  le 
brome  d'avec  l«  chlore  dans  un  mélange  de  chlorures  et  bromures  addi- 
tionné de  CuSO%  ot  à  en  retirer  ensuite  le  chlore  si  l'on  ajoute  de  l'acide 
sulfurique. 


928  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  On  commence  par  alcaliniser  la  solution  saline  (')  avec  o?,  5  à  is  de  CO'Na' +  roH'0 
et  l'on  ajoute  ensuite  le  MnO'K  petit  à  petit,  en  solution  saturée  et  chaude,  jusqu'à 
ce  que  la  liqueur  reste  colorée  en  rose.  A  ce  moment  on  n'a  plus  que  de  l'acide  iodique 
avec  un  dépÎt  de  aMnO^  H^'O.  On  met  alors  les  quantités  d'eau  et  de  MnO*K  néces- 
saires pour  ramener  Ă   la  concentration  voulue  (').  Le  permanganate  dissous,  on  ajoute 
Ă   froid  le  sel  de  cuivre,  on  ferme,  on  adapte  le  condensateur  garni  d'alcali  et  de  sulfite 
et  l'on  aide  Ă   la  dissoluiion  du  CuSC  en  agitant  doucement  par  le  courant  d'air.  On 
cliaufle  finalement  au  l)ain-marie  et  l'on  distille  le  brome.  Cette  opération  terminée, 
on  cliangele  condensateur  en  ayant  soin  de  rincer  le  tube  abducteur  et  l'on  distille  le 
chlore  en  réchauffant  aprÚs  addition  d'acide  SO*H^  étendu  de  son  volume  d'eau  et 
froid.  L'acide  HCI  mis  en  liberté  réagit  sur  l'acide  permanganique  et  le  Cl  se  dégage. 

»  L'iode  resté  en  totalité  comme  acide  iodique  dans  les  eaux  mÚres  y  est  dosé  sous 
forme  de  Agi,  en  réduisant  aprÚs  addition  de  AzO^Ag  par  le  gaz  sulfureux.  On  ter- 
mine en  portant  à  l'ébullition  le  liquide  acidulé  par  l'acide  nitrique.  S'il  n'y  avait 
qu'un  seul  élément,  Cl  ou  Br,  avec  l'iode,  on  pourrait  le  séparer  en  traitant  de  suite  la 
solution  iodique  par  le  mélange  de  MnO'K  et  de  SO'H-Ag.  Nous  donnons  ici  nos 
résultats. 


Valet 

ir  en  sel  d'Ag  de 

Durée 

CO'Na'.icll- 

'0      MnOMi 

CuSO'.bH'O 

SO'H'+H=0. 

Vol. 

de 

Agi 

AgBr 

AgCI 

Kl. 

KBr. 

N'a  Cl. 

employé. 

total. 

employé. 

vol       vot 

liquide. 

distillation. 

IroUTĂ©. 

trouTc. 

trouvé. 

Ig 

e     , 

s" 

S 

B 

cnt^ 

h      m 

e 

e 

0,0848 

0,2l4S 

" 

o,,5 

0,70 

i5 

" 

9" 

i.i5 

0,0849 

0,2147 

Il 

o,2i38 

0,0837 

0,5 

o,G5 

12 

"eut' 

75 

I .  i5 

0,2137 

o,oS32 

o,5865 

o,2i38 

// 

o,ĂŽ8()0 

0,5 

1 ,00 

/' 

20 

IIO 

1 .00 

0,21.34 

II 

0,4276 

// 

o,o385 

1,0 

■/|0 

// 

20 

90 

1 .00 

0,4274 

II 

o,o382 

0,0427 

0,2l48 

o,o385 

1,0 

n,S„ 

16 

20 

100 

ll>20"+l'' 

0.0428 

0,2l5l 

0,0390 

o,2i38 

0,0837 

0,2946 

1,0 

(os,3-!-ofc', 

^7) 

16 

l5 

io5 

[h_|_,h2Qm 

0,2l4l 

0,0843 

0,2950 

»  Nous  ferons  remarquer  que,  en  liqueur  jcide  et  chaude,  une  notable  proportion 
de  bioxyde  de  manganÚse  accélÚre  la  décomposition  de  MnO'H,  comme  l'ont  signalé 
déjà  quelques  auteurs.  Quand  cette  circonstance  se. présente  à  la  suite  de  l'oxydation 
d'une  forte  quantité  d'iode,  il  n'y  a  qu'à  augmenter  la  proportion  de  SO'H-  et  de 
MnO'K  pour  la  séparation  du  chlore. 

»  Si  l'on  ne  voulait  que  doser  l'iode  ou  déterminer  la  somme  des  impu- 
retés Cl  et  Br  qui  existent  dans  un  iodure,  dans  ce  cas  encore,  aussitÎt 
aprĂšs  la  transformation  en  acide  iodique,  on  enlĂšve  ensemble  le  Cl  et  le  Br 
Ă   l'aide  du  courant  d'air  Ă   chaud  aprĂšs  addition  d'acide  sulfurique  et  d'un 
excĂšs  de  MnCR,  en  ne  les  recueillant  que  si  l'on  veut  les  titrer  comme 
impuretés. 

(')  Cette  addition  est  indispensable,  sinon  on  constate  toujours  un  léger  déficit  dans 
le  dosage  de  l'iode,  par  suite  peut-ĂȘtre  de  la  mise  en  libertĂ©  d'un  peu  d'iode  au  dĂ©but 
et  qui  Ă©chappe  Ă   l'oxydation. 

(-)  Comptes  rendus,  t.  CXXV,  1897,  p.  527  et  609. 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    igo3.  929 

»  PrĂ©paration  de  l'iode  pur.  —  Ce  mode  analytique  nous  a  permis,  en 
le  combinant  à  une  propriété  remarquable  des  iodates,  d'établir  un  pro- 
cédé de  préparation  de  l'iode  pur. 

»  En  liqueur  neutre,  les  iodates,  comme  nou-;  l'avons  constaté,  sont  réduits  à  la 
température  ordinaire  et  plus  rapidement  encoie  à  chaud  par  les  sulfites  alcalins.  On 
peut  donc,  aprÚs  avoir  chassé  le  chlore  et  le  brome  d'une  solution  d'acide  iodique,  y 
ramener  l'iode  Ă   l'Ă©tat  d'iodure.  Il  suffit  de  neiilraliser  le  liquide  par  un  alcali,  soude 
ou  potasse,  puis  de  chaufTer  à  roo°  pendant  quelques  heures  avec  un  excÚs  dp  sulfite 
de  soude  neutre,  qui  dĂ©compose  en  mĂȘme  tem|)^  ce  qui  reste  de  permauf^anate.  La 
réduction  terminée,  on  traite  par  le  nitrate  de  Ijarvuni  qui  précipite  la  totalité  des 
acides  sulfurique  et  sulfureux,  comme  le  prou\e  un  essai  fait  avec  une  solution  de 
sulfite  neutre.  AprÚs  avoir  filtré  la  liqueur,  on  la  retraite  par  un  peu  d'acide  sulfurique 
étendu  pour  en  séparer  l'excÚs  de  baryte,  et  l'on  filtre  une  seconde  fois. 

»  L'iodure  ainsi  obtenu  ne  renferme  que  du  sulfate  alcalin  et  est  exempt  de  chlore, 
si  l'on  a  eu  soin  de  contrÎler  la  pureté  des  divers  réactifs  employés. 

»  Or,  si,  au  lieu  de  réduire  la  totalité  de  l'acide  iodique,  on  réserve  le  sixiÚme  de  la 
liqueur,  et  qu'aprÚs  y  avoir  détruit  le  MnO'K  par  une  addition  ménagée  d'alcool  ou 
d'éther  pur,  dont  le  surplus  est  chassé  ensuite  par  une  ébuUition  prolongée,  on  mé- 
lange à  froid  et  aprÚs  filtration  cette  solution  d'acide  iodique  avec  la  partie  qui  a  été 
réduite,  tout  l'iode  se  sépare  selon  l'observation  de  Gay-Lussac  (i8i4),  par  l'action  de 
l'acide  SO'H'^  en  présence  : 

IO'H  +  5HI  =  3H20h-3P. 

»  Qu'on  filtre,  lave,  sÚche  et  sublime  comme  d'usage,  on  a  de  l'iode  parfaitement 
pur  et  rigoureusement  exempt  de  chlore,  brome  et  iodure  de  cyanogĂšne. 

»  Dans  la  réduction  de  l'iodate  par  le  sulfite,  on  doit  opérer  en  liqueur  neutre;  car, 
mĂȘme  Ă   100°,  un  excĂšs  d'alcali  ralentit  la  rĂ©duction  et  d'autant  plus  Ă©nergiquemenl 
que  la  liqueur  est  plus  alcaline.  En  outre,  il  est  bon  de  chaufTer  dans  une  atmosphĂšre 
limitée,  comme  celle  d'un  ballon  mal  bouché,  parce  qu'en  solution  et  à  l'air  les 
sulfites  s'oxydent  assez  vite. 

»  Les  bromates  se  comportent  identiquement  comme  les  iodates  vis-à-vis 
des  sidfiles  alcalins,  tandis  que  les  chlorates  en  solution  neutre  ou  alcaline 
mĂȘme  Ă   100°  sont  entiĂšrement  irrĂ©ductibles.  C'est  une  propriĂ©tĂ©  que  nous 
avons  utilisée  pour  le  dosage  des  chlorates  en  présence  des  bromaß.es  et 
des  iodates.    » 


93o 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


MÉTALLURGIE.  —  Étude  microscnpĂčiue  de  bronzes  prĂ©historiques  de  la 
Charente.  Noie  de  M.  G.  Chesneau,  présentée  par  M.  Adolphe  Carnot. 

n  J'ai  montré  précédemment  (')  que  la  détermination  précise  des  élé- 
ments contenus  Ă   l'Ă©tat  de  traces  dans  les  bronzes  anciens  peut  fournir  des 
données  sur  la  similitude  ou  la  différence  d'origine  des  métaux  qui  les 
composent.  Il  m'a  paru  intéressant  de  compléter  ces  résultats  par  l'étude 
microscopique  de  ces  alliages,  qui,  en  permettant  de  reconstituer  jusqu'Ă  
un  certain  point  les  procĂ©dĂ©s  de  fabrication  employĂ©s,  peut  ĂȘtre  non  moms 
féconde  que  l'analyse  chimique"  en  indications  sur  la  provenance  ou 
l'Ă©poque  relative  des  bronzes  anciens. 

»  Mon  examen  a  porté  sur  la  hache  à  douille  de  la  cachette  de  Venat, 
dont  j'ai  déjà  donné  l'analyse,  et  sur  une  grande  hache  à  talon,  que  je  dois 
Ă©galement  Ă   l'extrĂȘme  obligeance  de  M.  Chauvet  et  qui  provient  de  la  ca- 
chette de  Biarge  (commune  de  Chassiecq,  arrondissement  de  Confolens) 
découverte  en  1896  {-).  On  admet  que  dans  la  période  de  l'ùge  de  bronze 
les  haches  à  douille  sont  les  plus  récentes,  et  les  haches  à  talon  les  plus 
anciennes  :  c'est  donc  sur  deux  types  d'Ă©poques  aussi  distantes  que  pos- 
sible qu'ont  porté  les  études  résumées  ci-aprÚs  montrant  que  leur  mode  de 
fabrication  a  été  tout  à  fait  différent. 

»  On  sait  depuis  les  travaux  de  M.  H,  Le  Chatelier  et  de  M,  G.  Charpy 
{Bull,  de  la  Société  d'Encouragement,  1896  à  1898)  que  les  bronzes  nor- 
maux contenant  de  8  à  20  pour  100  d'étain,  polis  à  l'alumine  et  légÚre- 
ment attaqués  (au  chlorure  d'ammonium,  par  exemple),  présentent  un 
réseau  de  cristallites  de  cuivre,  ou  iralliage  riche  en  cuivre,  souvent  vi- 
sibles à  la  loupe,  se  détachant  en  brun  foncé  sur  un  fond  clair  constitué 
par  Teutectique,  plus  riche  en  Ă©tain  que  les  cristallites.  L'eutectique  est 
formĂ©  lui-mĂȘme  de  grains  accolĂ©s,  de  grosseur  variable,  atteignant  parfois 
plusieurs  millimÚtres,   dont  la  structure  cristalline  est  révélée  par  une 


(1)  G.  CuESNEAU,  Sur  La  composition  de  Ijronzes  préhistoriques  de  la  Charente 
{Comptes  rendus,  27  octobre  igoS,  p.  653). 

{'-)  Pour  100  parties,  elle  contient,  d'aprĂšs  l'analyse  que  j'en  ai  faite  :  cuivre,  84,87  ; 
Ă©tain,  13,57;  plomb,  0,42;  fer,  o,o5;  nickel,  o,46;  soufre,  0,27;  arsenic,  0,28; 
phosphore,  o,oo5. 


SÉANCE    DU    3o    NOVEMBRE    igoS.  981 

attaque  énergique  (acide  azotique,  ammoniaque  concentrée)  qui  fait  appa- 
raĂźtre des  stries  parallĂšles  dans  chaque  grain  donnant  l'aspect  connu  du 
moiré  métallique. 

»  Hache  de  Venat.  —  Les  coupes  faites  dans  cette  huche  (Ă   10,74 
pour  100  d'étain)  ont  toutes  donné  une  structure  trÚs  différente  des 
bronzes  normaux.  Simplement  polies,  elles  présentent  de  nombreuses 
soufflures  bleu  noirĂątre,  abondantes  surtout  au  centre  du  lingot,  et  de 
petites  inclusions  d'un  alliage  bleu  pĂąle,  dues  sans  doute  les  unes  et  les 
autres  au  plomb  liquaté  dans  l'euteclique.  Par  attaque  au  chlorure  d'am- 
monium, la  surface  se  teinte  irréguliÚrement  en  brun  sans  a|)parence  de 
cristallites,  comme  le  montre  la  figure  i  ci-dessous  (obtenue  avec  le 
microscope  Le  Chatelier,  grossissement  90  diamĂštres),  oii  plusieurs  souf- 
flures se  détachent  en  noir.  Par  attaque  à  l'acide  azotique  la  surface  prend 
un  aspect  cristallin  confus,  sans  moiré  métallique. 


l'ig. 


Fie.  2. 


Hache  de  Venat. 


Hache  de  Biarge. 


»  La  surface  de  la  hache  montrant  des  traces  trÚs  nettes  de  martelage, 
j'ai  pensé  que  l'aspect  spécial  de  ces  coupes  tenait  à  un  recuit  prolongé  ou 
fréquemment  répété  destiné  à  permettre  ce  martelage.  Des  éprouvettes  de 
bronze  de  mĂȘme  composition,  soumises  Ă   des  recuits  de  plus  en  plus  longs, 
à  725°,  m'ont  montré  en  effet  que  les  cristallites  s'empùtent  fortement 
aprĂšs  un  recuit  de  i5  minutes,  puis  envahissent  peu  Ă   peu  l'eutectique  et 
ne  sont  plus  discernables  au  bout  de  i  heure  :  l'aspect  est  alors  identique 
Ă   la  hache  de  Venat,  y  compris  les  soufflures  au  centre  du  lingot  ayant 
pour  origine  les  inclusions  plumbeuses.  Ce  résultat  est  dû  au  dédou- 
blement progressif  de  l'eutectique  en  deux  alliages,  l'un  riche  en  cuivre. 


qSa  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'autre  en  étain,  comme  l'ont  établi  les  études  récentes  sur  les  bronzes 
de  MM.  Hevcock  et  Neville.  Le  mĂ©tal  mĂȘme  de  la  hache  refondu  m'a 
donné  d'ailleurs  un  bronze  normal  à  cristallites,qui,  recuit  pendant  i  heure, 
a  reproduit  exactement  l'aspect  de  la  hache  primitive. 

»  Il  est  donc  hors  de  doute  que  la  hache  de  Venat  a  été  soumise  à  un 
recuit  trÚs  prolongé  à  haute  température,  combiné  avec  le  martelage  ('). 
Ce  traitement  avait  pour  but  de  durcir  le  métal  :  en  effet,  sa  dureté  appré- 
ciée par  la  méthode  Brinell  (enfoncement  par  pression  de  iooo''e  d'une 
petite  bille  en  acier  de  lo'""  dans  le  métal)  a  été  trouvée  nettement  supé- 
rieure Ă   celle  du  mĂȘme  bronze  refondu  sans  recuit  (dans  le  rapport  de 
1,3  Ă   i). 

»  Hache  de  Biarge.  —  Toutes  les  coupes  ont  donnĂ©  l'aspect  d'un  bronze 
normal  à  cristallites  trÚs  marquées,  comme  le  montre  la  figure  2  ci-dessus, 
les  cristallites  restant  rectilignes  jusqu'au  tranchant.  L'attaque  Ă   l'acide 
azotique  a  nettement  donné  un  moiré  métallique  à  petits  grains.  L'arme, 
dont  le  tranchant  ébréché  dénote  un  long  service,  n'a  donc  subi  ni  recuit, 
ni  martelage  :  malgré  cela  sa  dureté  atteint  celle  de  la  hache  de  Venat  par 
suite  probablement  de  sa  plus  forte  teneur  en  Ă©tain. 

»  Il  semble  donc  ressortir  de  l'étude  microscopique  de  ces  deux  bronzes 
d'époques  trÚs  différentes  que,  tout  au  moins  dans  la  région  de  la  Charente, 
les  haches  venues  de  fonte  étaient  utilisées  telles  quelles  au  début  de 
l'ùge  de  bronze,  tandis  que  plus  tard,  les  procédés  de  fabrication  s'étant 
perfectionnés,  les  métallurgistes  soumettaient  les  piÚces  aprÚs  démoulage 
à  de  forts  recuits  combinés  avec  le  martelage,  en  vue  sans  doute  d'ac- 
croßtre la  dureté  du  métal.  » 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  ponte  du  Bombyx  Mori.  Note  de  M.  Jules  Gal. 

«  Fécondées  ou  nou,  les  femelles  àe Bombyx  iJ/ort  procÚdent  à  la  ponte; 
leurs  Ɠufs  sont  bons  quand  elles  ont  Ă©tĂ©  fĂ©condĂ©es,  Us  ne  se  dĂ©veloppent 
pas  dans  le  cas  contraire.  Si,  au  lieu  de  laisser  se  produire  l'accouplement 
complet,  on  en  limite  plus  ou  moins  la  durée,  on  voit  diminuer  réguliÚre- 
ment de  loo  à  o  le  pourcentage  des  graines  fécondes  obtenues.  Ces  faits 


(')  Ce  recuit  a  dû  Úlre  beaucoup  plus  énergique  que  dans  l'épée  de  bronze  étudiée 
par  M.  Osniond  {Comptes  rendus,  29  dĂ©cembre  1902,  p.  13.12),  oĂč  le  rĂ©seau  crislalli- 
lique  primitif  Ă©tait  encore  neUement  visible. 


SÉANCE  DU  ;io  a-ovi:mbre   igo^.  933 

sont  connus  depuis  longtemps,  mais  on  sait  moins  bien  comment,  dans  ces 
divers  cas,  varie  le  processus  de  la  ponte. 

»  D'aprÚs  Cornalia  (^?///.  slat.  séricicole  de  Montpellier,  iSyS),  «  lorsque 
))  l'accouplement  a  eu  son  plein  effet,  la  ponte  s'accélÚre  et  se  fait  com- 
»  munément  le  premier  ou  le  deuxiÚme  jour  w  ;  aprÚs  un  accouplement 
de  i5  minutes,  insuffisant  pour  une  fécondation  complÚte,  «  le  papillon  ne 
))  pond  pas  dans  les  premiers  jours;  le  nombre  des  Ɠufs  augmente  du 
))  deuxiĂšme  au  cinquiĂšme  jour,  celui-ci  Ă©tant  le  jour  oĂźi  la  ponte  se  ter- 
»  mine  ».  Cornalia  ne  rapportant  que  des  observations  relatives  à  des 
accouplements  de  i5  minutes,  3o  minutes  et  i  heure,  j'ai  voulu  compléter 
ses  résultats  en  étudiant  l'effet  d'accouplements  de  plus  faible  durée  et 
surtout  en  Ă©tudiant  la  ponte  des  femelles  vierges. 

»  I.  Femelles  fĂ©condĂ©es.  —  Neuf  femelles  ont  Ă©tĂ©  accouplĂ©es  pendant  2  heures  au 
moins,  assez  longtemps  pour  que  leurs  graines  fussent  toutes  fécondées.  J'ai  compté, 
jour  par  jour,  les  nombres  des  graines  émises.  Ces  nombres  étant  portés  en  ordonnées 
et  les  jours  en  abscisses,  on  obtient  des  courbes,  une  pour  chaque  ponte,  qui  ont  toutes 
la  mĂȘme  allure.  En  Ă©tablissant  la  moyenne  de  ces  courbes  on  trouve  que  les  nombres 
moyens  de  graines  émises  ont  été  pour  les  périodes  de  24  heures  successives  : 

392,     981      29,     24,      8,      I,     G, 

ce  qui  donne  une  courbe  commençant  trÚs  haut  et  descendant  trÚs  vite,  tout  à  fait  con- 
forme aux  conclusions  de  Cornalia. 

»  II.  Femelles  insuffisamment  accouplĂ©es.  —  D'autres  femelles  ont  Ă©tĂ©  accouplĂ©es 
pendant  des  temps  variant  de  3o  secondes  Ă   4-5  minutes  et  plus.  On  sait  depuis  long- 
temps qu'un  accouplement  minimum  de  45  minutes  est  nécessaire  poui'  que  les 
graines  soient  toutes  bonnes;  or,  il  faut  prĂ©cisĂ©ment  le  mĂȘme  temps  pour  que  la 
courbe  des  vitesses  de  ponte  prenne  la  forme  descendante  de  la  premiÚre  série.  Pour 
un  accouplement  de  durée  moindre,  les  résultats  sont  différents.  Voici  comme  exemple 
la  ponte  d'une  femelle  accouplée  10  minutes  : 

90,      i4o,      182,      i7(),     62,     0. 

»  La  courbe  s'élÚve  conformément  aux  indications  de  Cornalia;  mais,  aprÚs  avoir 
passé  par  un  maximum,  le  troisiÚme  jour,  elle  redescend  ensuite. 

»  III.  Femelles  vierges.  —  Enfin,  j'ai  Ă©tudiĂ©  comme  les  prĂ©cĂ©dentes  22  femelles 
vierges,  toutes  sorties  de  cocons  isolés,  et  logées  séparément  dans  des  boßtes  closes.  Les 
courbes  construites  pour  chaque  femelle  ont  mĂȘme  allure,  ce  qui  autorise  Ă   en  prendre 
la  moyenne;  on  obtient  ainsi  les  nombres  moyens  des  graines  comptées  jour  par  jour 
depuis  le  commencement  de  la  ponte  jusqu'Ă   la  fin  : 

n,     45,     57,     97,     91,     ii5,     43,     42,     46,     20,     I,     o 

»  Ces  nombres  correspondent  à  une  courbe  qui  croßt  d'abord,  passe  par  un  maxi 
mum,  le  6°  jour,  et  décroßt  ensuite. 

C.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  GXXXVII,  N«  32.)  122 


9^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M  C'est  lĂ   un  rĂ©sultat  nouveau.  Il  est  intĂ©ressant  de  tracer  sur  une  mĂȘme  feuille 
la  courbe  de  la  3"  série  (femelles  vierges),  celle  de  la  i"  série  (femelles  fécondées) 
et  les  diverses  courbes  qui  coriespondent  à  des  accouplements  plus  ou  moins  limités. 
Celles-ci,  intermĂ©diaires  entre  les  deux  courbes  extrĂȘmes,  se  dĂ©forment  rĂ©guliĂšre- 
ment et  passent  de  l'une  Ă   l'autre  par  une  avance  du  maximum  de  la  vitesse  de  ponte, 
correspondant  à  une  plus  grande  durée  de  l'acte  qui  assure  la  fécondité. 

w  En  somme,  tout  concourt  Ă   faciliter  pour  le  mieux  la  conservation  de 
l'espÚce.  Les  graines  fécondées  sont  émises  trÚs  vite,  mais  les  graines  non 
fécondées  sont  retenues  plus  longtemps  dans  l'attente  d'un  accouplement 
possible  qui  les  rendrait  bonnes.  On  a  vu  que  l'accouplement,  pour  pro- 
duire tout  son  effet,  doit  durer  un  certain  temps,  45  minutes  environ  ;  or 
c'est  là  précisément  le  temps  nécessaire  pour  que  la  femelle  cesse  de  rete- 
nir ses  graines  et  les  ponde  sans  retard. 

»  Les  observations  suivantes  viennent  à  l'appui  de  celles  qui  précÚdent. 
La  femelle  fĂ©condĂ©e  pond  ses  Ɠufs  trĂšs  vite.  Son  rĂŽle  Ă©tant  achevĂ©,  elle 
n'a  plus  qu'Ă   disparaĂźtre,  de  sorte  que  son  existence  est  plus  courte  que 
celle  de  la  femelle  non  fécondée,  qui  semble  vivre  dans  l'attente  d'un 
accouplement.  Dans  naes  expériences,  la. durée  moyenne  de  la  vie,  aprÚs 
la  sortie  du  cocon,  a  été  : 

Jours. 

1'=  série  (accouplement  prolongé) 9,3 

2"      )i      (accouplement  réduit) 10,1 

3'=      »      (femelles  vierges) 1 1 , 3 


ZOOLOGIE.  —  Sur  la  ponte,  la  fĂ©conditĂ©  et  la  sexualitĂ© 
chez  des  poules  carnivores.  Note  de  M.   FnÉDÉnic  Houssay. 

«  Pour  toutes  les  poules  qui  vont  ĂȘtre  comparĂ©es  entre  elles,  il  sera 
question  de  la  ponte  pendant  leur  premiÚre  année  seulement.  Le  Tableau 
suivant  résume  les  résultats  moyens  pour  un  animal  en  observation  ; 

Nombre  Poids  moyen 

GĂ©nĂ©rations.  des   Ɠufs.  Poids.  de  l'Ɠuf. 

ks  g 

Granivore 97  5 ,  36o  55 

I"  Carnivore i48  8,6-4  58 

2"          »         ‱. . .  167  10,270  61 

3=          »          i45  8,426  58 

»  DoncJ'accroissement  qui  se  manifeste  par  le  changement  de  régime  tant  pour  le 
nombre  que  pour  le  poids  des  Ɠufs  ne  se  poursuit  pas  indĂ©finiment.  Je  pense  mĂȘme 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    igoS.  9-35 

que,  si  l'expérience  peut  continuer,  on  veira  progresser  la  baisse  qui  s'annonce.  Pour 
toucher  en  passant  auv.  applications  pratiques,  on  auÂŁ;nienteraitle  rendement  des  poules 
en  ajoutant  à  leur  alimentation  une  forte  proportion  de  déchets  de  viande  fraßche, 
puisque  j'ai  pu  les  nourrir  exclusivement  ainsi;  mais  il  y  aurait  intĂ©rĂȘt  Ă   prendre 
chaque  annĂ©e  de  nouveaux  sujets  et  Ă   ne  pas  mettre  en  incubation  les  Ɠufs  des  ani- 
maux ainsi  suralimentés. 

»  Voici  les  résultats  des  incubations  que,  pour  obtenir  une  quatriÚme  génération,  j'ai 
préparées  l'été  dernier  dans  des  conditions  normales,  c'est-à-dire  avec  des  poules  cou- 
veuses. 

DĂ©but  de  Nombre 

l'incubation.  des  Ɠufs.     DĂ©veloppements.  Éclosions. 

4  mai 12  4  Abandonnés. 

23     »     i3  4  3 

2  juin 12  3  3 

1 7       »      12  2  I 

i""' juillet i6  I  o 

21  »      i5  o  o 

8o  i4  7 

»  Le  rapport  des  insuccÚs  aux  succÚs  est  à  peu  prÚs  l'inverse  de  ce  qu'il  est  habi- 
tuellement. De  plus,  sur  les  7  poussins,  il  y  avait  6  mĂąles  et  i  seule  femelle. 
2  mĂąles  moururent  tout  jeunes,  Ă   7  jours  et  n  jours;  les  5  survivants  provenaient 
tous  de  la  mĂȘme  poule  qui,  fait  notable,  excrĂ©tait  avec  son  coq  beaucoup  plus  d'urĂ©e 
que  les  autres.  Une  Ă©limination  plus  copieuse  assurait  Ă   son  organisme  une  moindre 
intoxication  et  retardait  l'infécondité.  Inutile  d'ajouter  que  la  fécondation  physio- 
logique avait  lieu  et  que  les  coqs  étaient  morplioiogiquement  féconds,  ainsi  que  les 
poules,  puisqu'elles  pondaient  beaucoup. 

»  Ces  expériences  suggÚrent  d'importantes  conclusions  et,  sans  vouloir 
les  généraliser  plus  qu'il  ne  convient,  faisons  cependant  remarquer  : 
i"  l'hérédité  des  intoxications  alimentaires  et  l'incontestable  action  sur  le 
germe  des  modifications  acquises  par  l'organisme  en  raison  du  régime, 
l'influence  du  soma  stir  le  germen,  2"  la  liaison  de  l'auto-intoxication  chez 
les  procrĂ©ateurs  avec  l'infĂ©conditĂ©  totale,  les  arrĂȘts  de  dĂ©veloppement  et 
la  mort  précoce'des  produits,  3°  l'accentuation  des  résultats  de  semaine 
en  semaine,  c'est-à-dire  à  mesure  que  l'intoxication  fait  son  Ɠuvre  sur  les 
organismes  procréateurs  adultes,  4°  enfin,  l'excessive  proportion  des  mùles. 
■  »  Parmi  les  faits  quelque  peu  nets  relatifs  au  dĂ©terminisme  du  sexe 
mùle,  on  relÚve  les  conditions  précaires  de  l'alimentation  et  l'on  entend 
ainsi  l'inanition  plus  ou  moins  marquée;  il  faut  y  ajouter  l'intoxication. 
Ces  deux  facteurs,  qui  influent  de  la  mĂȘme  façon  sur  les  courbes  de  crois- 
sance, jouent  aussi  le  mĂȘme  rĂŽle  dans  le  dclerminisme  de  la  sexualitĂ©. 


936  ACABÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Il  est  à  remarquer,  de  plus,  que  les  l\  coqs  de  ma  quatriÚme  géné- 
ration Carnivore  vivent  depuis  5  mois  avec  i  seule  poule  en  parfaite 
intelligence  et  dans  nn  calme  absolu.  Dans  les  conditions  ordinaires,  ils  se 
seraient,  depuis  plus  de  3  mois,  livré  des  combats  mortels  et  il  n'y 
aurait  qu'un  survivant.  Le  dimorphisme  sexuel  organique  que  j'ai  signalé 
dans  les  poules  granivores  et  dans  les  deux  premiÚres  générations  carni- 
vores est  presque  supprimé  à  la  troisiÚme,  et  l'incombativité  sexuelle  qui 
se  révÚle  à  la  quatriÚme  accentue  la  réduction.  Ce  fait  apporte  une  infor- 
mation supplémentaire  pour  l'important  problÚme  du  passage  de  la  poly- 
gamie à  la  polyandrie,  passage  dont  les  diveis  degrés  sont  la  monogamie 
avec  égalité  numérique  des  mùles  et  des  femelles,  l'hermaphroditisme  qui  est 
la  sujipression  du  dimorphisme  sexuel,  le  pigméisme  des  mùles  plus  nom- 
breux que  les  femelles  avec  renversement  du  dimorphisme  sexuel  :  les 
deux  derniÚres  conditions  survenant  chez  les  animaux  fixés  et  chez  les 
parasites. 

»  Il  se  peut  que  l'intoxication  gĂ©nĂ©rale  des  germes  dans  ces  ĂȘtres  immo- 
biles et  surnourris  soit  un  important  facteur  de  la  pluralité  des  mùles  et 
de  l'arrĂȘt  ordinaire  de  leur  dĂ©veloppement.  Dans  ces  complexes  Ă©vĂ©ne- 
ments, il  est,  au  reste,  probable  qu'il  n'y  a  pas  une  seule  cause  en  jeu.   » 

ZOOLOGIE  PATHOLOGIQUE.  —  Sur  l' exophtalmie  infectieuse  de  certains  poissons 
d'eau  douce.  Note  de  M.  J.  Audigé,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Une  infection  microbienne,  d'une  nature  particuliÚre,  et  qui  n'a  pas 
encore  été  décrite,  du  moins  à  ma  connaissance,  s'est  déclarée  pendant  le 
courant  du  mois  d'août,  à  la  Station  de  pisciculture  de  l'Université  de  Tou- 
louse. Elle  se  caractérise  essentiellement,  en  tant  que  caractÚres  exté- 
rieurs, |jar  une  exophtalmie  parvenant  à  des  proportions  considérables. 

»  Les  animaux  atteints  parla  maladie  offrent  un  aspect  curieux.  L'un 
des  yeux,  car  il  n'a  été  constaté  que  des  cas  d'exophtalmie  unilatérale 
frappant  aussi  bien  le  cÎté  droit  que  le  cÎté  gauche,  atteint  des  dimensions 
de  quatre  à  six  fois  supérieures  à  la  normale.  Dans  ces  conditions,  l'orbite 
devient  insuffisant  pour  contenir  l'organe  de  la  vision.  Celui-ci  fait  forte- 
ment saillie  à  l'extérieur,  donnant  à  la  tÚte  du  poisson  une  allure  asymé- 
trique des  plus  nettes.  Les  sujets  se  tiennent  à  demi  couchés  sur  le  flanc, 
l'oeil  exophtalmie  tourné  vers  le  haut.  Ils  semblent  rechercher  les  lieux 
obscurs;  ils  restent  immobiles,  ne  prennent  |)lus  de  nourriture.  La  colora- 
tion des  téguments  devient  plus  foncée. 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    igoS.  9^7 

11  L'affection  s'est  développée  de  préférence  chez  les  saumons  de  Cali- 
fornie (Oncorhynchus  Quinnat  GĂčnth),  mais  a  frappĂ©  aussi  quelques  autres 
espĂšces  {Idiis  orfus  Cuv.  et  Val,  Squalius  ccphalus  L.)-  L'Ăąge  des  poissons 
semble  peu  influer  sur  la  propagation  de  la  maladie.  Les  plus  jeunes,  ainsi 
que  les  plus  gros,  subissent  ses  atteintes. 

»  La  contagiosité  de  l'affection  paraßt  évidente.  L'agent  pathogÚne 
semble  pouvoir  ĂȘtre  vĂ©hiculĂ©  par  divers  milieux  extĂ©rieurs.  Des  animaux 
sains  ont  été  contaminés  pour  avoir  été  placés  dans  des  bacs  ayant  contenu 
antérieurement  des  animaux  malades  ;  de  la  viande,  réduite  en  purée  au 
moven  d'un  appareil  souillé  par  de  l'eau  suspecte,  a  disséminé  la  maladie 
dans  des  bassins  jusque-lĂ   indemnes, 

»  Des  sections,  pratiquées  dans  des  yeux  prélevés  sur  des  animaux  malades,  mon- 
trent que  l'humeur  vitrée  a  considérablement  augmenté  de  volume.  Elle  distend  les 
enveloppes  de  l'Ɠil,  et  c'est  à  son  accroissement  qu'il  faut  attribuer  la  forte  saillie 
exorbitaire.  La  chambre  antĂ©rieure  de  l'Ɠil  renferme  le  plus  souvent  un  liquide  san- 
guinolent ;   elle  subit  de  ce  fait  une  légÚre  amplification. 

»  L'examen  microscopique,  pratiqué  suivant  les  méthodes  habituelles  de  la  bacté- 
riologie, permet  de  constater,  dans  l'humeur  vitrée,  la  présence  de  microorganismes 
adectant  la  forme,  soit  de  bĂątonnets,  soit  de  grains  arrondis.  Tous  ont  une  teinte 
brune  accentuée.  Les  bùtonnets  mesurent  2H-,5  à  il'-  de  long,  sur  ol^,  3o  à  ol^,  35  de 
large.  Us  prennent  peu  facilement  les  couleurs  nucléaires  et  se  décolorent  par  la 
méthode  de  Gram.  Les  éléments  ronds  mesurent  de  ol^,8o  à  01^,90  de  diamÚtre. 
Ils  prennent  plus  fortement  que  les  précédents  les  couleurs  nucléaires.  Ces  éléments 
ne  se  retrouvent  pas  dans  l'humeur  vitrée  d'yeux  sains. 

»  L'évolution  de  la  maladie  est  généralement  assez  rapide.  Le  plus 
sottvent  les  poissons  succombent  dans  l'espace  de  8  Ă   lojours.  Cependant, 
un  petit  nombre  Ă©chappe  Ă   la  mort.  On  peut  constater  que,  chez  ces 
derniers,  au  bout  d'une  dizaine  de  jours,  l'Ɠil  atteint  devient  opaque, 
la  cornée  et  le  cristallin  prennent  une  teinte  laiteuse. 

»  Il  est  à  remarquer  que,  si  l'on  maintient  dans  l'obscurité  des  sujets 
atteints  d'exophtalmie,  ceux-ci  ne  meurent  pas,  mais  l'Ɠil  atteint  devient 
opaque,  comme  chez  ceux  dont  la  guérison  est  spontanée. 

»  La  maladie  est  parvenue  à  son  maximum  pendant  les  mois  les  plus 
chauds;  depuis  le  début  de  l'automne,  ses  progrÚs  vont  en  diminuant. 
Actuellement,  le  nombre  des  individus  attaqués  est  fort  restreint.  Sans 
doute,  la  contagiosité  de  celte  affection  est-elle  facilitée  par  la  chaleur  et 
enrayée  par  le  froid. 

»  Je  n'ai  point  constaté  de  lésions  autres  que  celles  des  yeux  et  ne  puis 


938  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

expliquer  encore  la  cause  réelle  du  dépérissement  des  sujets  atteints.  Des 
recherches  complémentaires  expérimentales  seront  poursuivies  ultérieu- 
rement. » 


BOTANIQUE.   —   Contrihution  Ă   l'Ă©lude  cylologique  des  AscomycĂȘtes. 
Note  de  M.  Guilliermond,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Nous  avons  continuĂ©  nos  recherches  sur  l'Ă©piplasme  des  AscomycĂȘtes 
sur  un  grand  nombre  d'espÚces  et  les  résultats  obtenus  confirment  ceux 
que  nous  avions  signalés  dans  de  précédentes  Notes. 

»  Les  corpuscules  mélachroraatiques  sont  1res  répandus  dans  l'épiplasme  et  se  com- 
portent décidément  comme  des  matiÚres  de  réserve.  Ils  naissent  souvent  au  voisinage 
du  noyau  dans  les  cellules  mĂšres  des  astjues  et  il  ne  serait  pas  impossible  que  ce 
dernier  ait  un  rÎle  indirect  dans  leur  sécrétion,  mais  rien  ne  permet  de  l'affirmer, 
car  le  noyau,  qui  ne  subit  aucune  variation  de  structure  pendant  tout  le  déve- 
loppement, ne  donne  pas  d'indication  de  son  intervention  dans  ce  phénomÚne. 
Quelques  espÚces  ne  renferment  pas  de  corpuscules  métachromatiques,  mais,  par 
contre,  elles  donnent  lieu  à  d'abondantes  productions  de  globules  d'huile  de  réserve 
(Leotia  lubrica,  Otidea  onotica,  Seboria  equinoplidus).  Ce  sont  surtout  les  espĂšces 
dépourvues  de  corpuscules  métachromatiques  qui  sont  les  plus  riches  en  huile;  néan- 
moins, les  deux  productions  peuvent  coexister  abondamment  :  c'est  le  cas  des  Ilelvelles 
{H.  sulcata,  H.  elaslica),  dans  lesquels  on  observe  Ă   la  fois,  outre  le  glycogĂšne,  une 
grande  quantité  de  corpuscules  métachromatiques  et  de  globules  d'huile.  Ces  derniÚres 
naissent  dans  les  mĂȘmes  conditions  que  les  corpuscules  mĂ©tachromatiques  et  souvent 
au  voisinage  du  noyau.  Le  glycogĂšne  se  rencontre  dans  la  plupart  des  espĂšces,  mais  il 
n'est  pas  non  plus  constant.  En  dehors  de  ces  différents  produits,  on  remarque  dans 
Pezßza  vesiculosa,  dans  P.  venosa  et  dans  les  Aleuriées,  à  la  partie  supérieure  de 
chaque  asque,  un  anneau  d'amyloïde  qui  est  considéré  ordinairement  comme  une 
réserve.  Nos  observations  établissent,  à  l'encontre  de  cette  opinion,  que  cet  anneau 
résulte  d'une  transformation  de  la  membrane,  nécessaire  à  l'ouverture  de  l'opercule, 
car,  c'est  suivant  la  ligne  médiane  de  cet  anneau  que  s'effectue  la  déhiscence,  et 
il  persiste  aprĂšs  l'Ă©limination  des  spores. 

»  Cette  étude  nous  a  donné  l'occasion  d'étudier  la  formation  des  cellules 
mĂšres  des  asques. 

»  Elle  s'accomplit  dans  toutes  les  espÚces  observées  (Aleuriées,  Helvellinées,  Asco- 
bo/i/s  marginatiis,  Ot.  onotica)  suivant  le  mode  décrit  par  M.  Dangeard  dans /*.  vesi- 
culosa, sauf  dans  une  Pezize  ressemblant"  extérieurement  à  V Al.  cerea,  dont  nous 
n'avions  malheureusement  que  des  échantillons  trop  jeunes  pour  permettre  sa  déter- 
mination, oĂč  les  cellules  mĂšres  naissent  d'un  filament  Ă   quatre  noyaux  accolĂ©s  par 


SÉANCE    DU   3o    NOVEMBRE    igo'i.  g3q 

paires  :  une  cloison  sépare  bientÎt  ce  filament  en  deux  cellules  binucléées  dont  la  supé- 
rieure fusionne  ses  noyaux  et  devient  la  cellule  mÚre  d'un  asque.  Ce  procédé  est 
analogue  Ă   celui  que  vient  de  signaler  M.  Maire  dans  Galactinia  succosa  et  rappelle 
le  développement  des  basides. 

«  Nous  avons,  en  outre,  suivi  les  divisions  nucléaires  qui  s'accom- 
plissent dans  les  cellules  mĂšres  avant  la  formation  des  spores,  dans 
Al.  cerea,  Ol.  onoiica,  P.  Cortinus  et  P.  rutilons. 

»  Dans  les  trois  premiÚres  espÚces,  elle  s'effectue  par  une  karyokinÚse  analogue  à 
'  celles  décrites  par  Harper.  La  membrane  persiste  jusqu'à  la  fin  de  l'anaphase.  Il  se 
forme,  Ă   la  prophase,  un  fuseau  achromatique  traversant  le  noyau;  il  renferme  les 
chromosomes  à  son  équateur  et  est  relié  à  chaque  pÎle  à  un  centrosome  entouré  d'un 
aster  plus  ou  moins  difficile  Ă   difl'Ă©rencier.  Les  centrosomes  semblent  avoir  une  origine 
intranucléaire.  Au  début  de  l'anaphase,  les  chroraosoiues  se  disposent  aux  deux  pÎles 
du  fuseau  et  l'on  peut,  Ă   ce  moment,  essayer  de  compter  leur  nombre  qui,  dans 
Al.  cerea,  paraĂźt  ĂȘtre  de  8  et  qui,  en  tout  cas,  e-,t  trĂšs  voisin  de  ce  nombre.  Dans 
P.  Cortinus,  il  est  supérieur  à  8  et  plus  rapproché  de  12.  Ensuite,  les  chromosomes 
se  soudent  en  une  masse  unique  Ă   chaque  pĂŽle,  puis  le  faisceau  s'allonge  en  mĂȘme 
temps  que  la  membrane  se  résorbe.  Le  nucléole  subsiste  pendant  tout  le  phénomÚne. 
Dans  ^^.  cerea,  la  premiĂšre  division  se  fait  suivant  l'axe  longitudinal  de  la  cellule;  dans 
les  deux  autres,  elle  se  produit  obliquement  par  rapport  Ă   cet  axe.  Les  divisions  sui- 
vantes s'accomplissent  dans  des  directions  variables.  Les  spores  se  délimitent,  comme 
l'a  indiqué  Harper,  par  recourbement  des  asters  autour  du  noyau. 

»  Dans  Peziza  /MiiYa/M,  on  observe  une  karyokinÚse  assez  différente  des  précédentes 
et  qui  oflVe  des  figures  beaucoup  plus  volumineuses.  Cette  espĂšce  renferme  un  gros 
noyau  rempli  de  chromatine.  Dans  le  début  de  la  prophase,  certaines  figures  pour- 
raient faire  penser  Ă   l'existence  de  protochromosomes.  Le  fuseau  achromatique  se 
forme  aux  dépens  du  noyau  :  il  laisse  distinguer  assez  nettement  sa  striation.  DÚs  la 
fin  de  la  prophase,  la  membrane  disparaßt.  Les  chromosomes  sont  rangés  au  milieu  du 
fuseau;  ils  sont  trĂšs  gros.  A  l'anaphase,  ils  se  disposent  aux  deux  pĂŽles  et  leur  nombre 
paraĂźt  ĂȘtre  de  12;  ensuite,  ils  se  rapprochent  les  uns  des  autres  et  se  recourbent  en  U, 
donnant  des  figures  assez  nettes  du  stade  diastroĂŻde;  en  mĂȘme  temps,  le  fuseau  s'al- 
longe beaucoup.  On  voit  alors  apparaĂźtre,  autour  des  deux  masses  chromatiques,  une 
membrane  qui  délimite  les  deux  nouveaux  noyaux.  Le  nucléole  persiste  pendant  tout 
le  phénomÚne.  Nous  n'avons  pu  mettre  en  évidence  ni  centrosomes,  ni  asters.  » 


GÉOLOGIE.    —  Sur  la  synthĂšse  gĂ©ologique  des  Alpes  orientales. 
Note  de   M.  Pierre  Ter.mier,  présentée  par  M.  Marcel  Bertrand. 

«  Aucune  synthÚse  satisfaisante  n'a  encore  été  proposée  pour  la  struc- 
ture géologique  des  Alpes  orientales.  Les  travaux  de  détail  sont  trÚs  nom- 


gl\0  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

breux,  et  quelques-uns  trÚs  parfaits  (');  mais,  malgré  de  récents  essais  de 
coordination  (MM.  Diener,  Frech,  Rothpletz),  les  relations  mutuelles  de 
la  zone  calcaire  septentrionale  etde  la  zone  cristalline  centrale  sont  restées 
inexpliquĂ©es.  Dans  le  dernier  Livre  de  M.  Diener  (-),  oĂč  l'Ă©tat  actuel  de 
nos  connaissances  est  si  clairement  présenté,  il  est  visible  que  la  structure 
de  la  zone  centrale  demeure  imprécise,  sinon  chaotique.  Dans  ce  dédale 
de  massifs  et  de  vallées,  le  fil  conducteur  manque. 

»  J'ai  résumé  dans  deux  Notes  précédentes  les  observations  (')  qui 
m'ont  convaincu  de  la  complexité  de  la  Schieferhulle  des  Hohe  Tauern 
(complexité  soupçonnée,  il  y  a  treize  ans,  par  M.  E.  Suess);  et  j'ai  dit  que 
cette  Schieferhulle  n'est  qu'un  paquet  d'écaillés,  ou  de  nappes,  dans  les  dé- 
chirures duquel  apparaissent  les  massifs  granito-gneissiques  d'Ăąge  permo- 
houiller.  Si  l'on  admet  cette  premiÚre  conclusion,  qui  me  paraßt  nécessaire 
et  Ă©vidente,  la  lumiĂšre  se  fait  partout,  la  Zentralzone  sort  du  chaos,  la  liai- 
son des  Alpes  orientales  et  des  Alpes  suisses  devient  claire.  C'est  comme 
si,  sur  la  chaĂźne  entiĂšre  des  Alpes,  le  brouillard  se  dissipait  tout  Ă   coup. 

»  Ce  que  j'ai  dit  des  Tauern  occidentales  est  vrai  aussi  des  Tauern  orientales,  jus- 
qu'au Hochalmmassiv  inclusivement.  Sur  une  longueur  totale  de  iSo""",  une  Ă©caille 
profonde,  formée  de  gneiss  et  de  granités  permo-liouillers,  apparaßt,  dans  cinq  massifs 
isolĂ©s,  Ă   travers  cin(\  fenĂȘtres  de  la  Schieferhulle. 

»  Les  nappes  de  la  Schieferhulle  s'enfoncent:  à  l'est,  sous  les  vieux  gneiss  de  la 
Bundschuhmasse  ;  au  nord-est,  au  nord  et  au  nord-ouest,  sous  une  sĂ©rie  d'Ă©caillĂ©s  oĂč 
apparaissent,  avec  du  Trias  et  du  Lias,  du  Verrucano,  et  mĂȘme  du  Houiller  peu  mĂ©ta- 
morphique (Brenner);  Ă   l'ouest,  enfin,  sous  les  vieux  gneiss  de  l'OEtztal.  Ces  nappes 
de  la  Schieferhulle  s'enracinent  immédiatement  au  sud  des  Hohe  Tauern. 

»  Les  nappes  qui  sont  posées  sur  la  Schieferhulle  comprennent  les  écailles  des 
RadstĂ dter  Tauern  et  des  Tribulaun,  les  vieux  gneiss  de  la  Bundschuhmasse  et  de 
rOEtzlal,  les  phyliites  du  Pinzgau,  et  les  grauwackes  de  Ivilzbuhl  et  de  Dienten. 
Elles  s'enracinent,  ou  s'enracinaient,  dans  la  zone  de  vieux  gneiss  qui  court  au  nord 
du  Pustertal  et  du  Gailtal  (Kreuzeck,  Deferegger,  montagnes  qui  dominent  l'Eisack 
entre  Sterzing  et  Mauls).  La  continuation,  au  sud-ouest,  de  cette  zone  de  racines, 
passe  au  sud  de  l'Ortler. 

»  La  zone  calcaire  septentrionale  tout  entiÚre,  du  Rhùtikon  à  Wiener  Neustadtj 
n'est  qu'une  nappe   supĂ©rieure,  peut-ĂȘtre   complexe  elle-mĂȘme.    Sur   une   longueur 


(')  En   particulier,   les  travaux  récents  de  MM.  Becke,  Berwerth,  Grubenmann  et 
LĂŽwl. 

(2)  C.  Diener,  Bau  undBildder  Oslaloen  unddes  Karstgebietes.  Vienne,  igoS. 
(')  Faites  cet  été  en  compagnie  de  M.  le  professeur  F.  Becke. 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    igoS.  94l 

de  450""" >  cette  nappe  est  aujourd'hui  séparée  de  ses  racines;  et  la  largeur  de  ce 
hiatus,  de  cette  fenĂȘtre,  atteint  100''ℱ.  Les  racines  de  celle  nappe  supĂ©rieure  sont 
dans  la  zone  du  Gailtal  et  dans  les  plis  verticaux  qui  continuent  cette  zone  Ă   l'ouest, 
par  Sillian,  Bruneck  et  le  Penser  Joch.  DĂšs  1896,  M.  Haug  proposait  de  rattacher  la 
zone  du  Gailtal  aux  Alpes  calcaires  du  nord,  en  raison  des  analogies  de  faciĂšs:  ce  lalta- 
chement,  peu  compréhensible  alors,  s'explique  maintenant. 

»  Les  grauwackes  de  Kitzbiihl  et  de  Dienten,  les  phyllites  du  Pinzgau,  les  massifs 
de  vieux  gneiss  de  l'OEtztal  et  de  la  Silvrella,  sont  des  lamljeaux  de  nappes,  isolés  de 
leurs  racines:  et  ces  lambeaux  immenses  ont  été,  par  le  laminage,  façonnés  en  len- 
tilles. Ils  reposent  indifteremment  sur  les  nappes  de  Radstadt  et  des  Tribulaun,  ou  sur 
la  nappe  des  Schistes  lustrés.  (^)uant  aux  Alpes  cristallines  à  l'est  de  la  Bundschuhmasse 
et  de  la  Schladmingermasse,  elles  correspondent  Ă   une  carapace  de  vieux  gneiss,  sur 
laquelle  traßnent  des  lambeaux  de  terrains  paléozoïques  et  mésozoïques,  et  sous 
laquelle  se  prolongent,  plus  ou  moins  loin,  les  nappes  profondes  {Schistes  lustrés  et 
gneiss  permo-carbonifÚres).  En  Styrie,  les  vieux  gneiss  plongent  sous  une  série 
d'écaillés  (Trias,  Mouiller,  Permien,  autres  terrains  paléozoïques),  équivalentes  à  celles 
d'Innsbruck,  de  Kitzbuhl  et  de  Radstadt.  Les  racines  de  ces  Ă©cailles  d'Eisenerz  et  du 
Semmering  doivent  ĂȘtre  cherchĂ©es  en  Carinthie. 

»  Enfin,  la  nappe  triasique  de  l'Ortler,  qui  semble  reposer  partout  sur  les  gneiss 
permo-carbonifĂšres,  est  probablement  l'Ă©quivalente  de  la  Schieferhulle. 

»  Or,  on  sait  que  la  nappe  du  Rhàtikon  est  la  nappe  supérieure  des 
Alpes  suisses,  dans  la  théorie  de  M.  Lugeon.  Le  raccordement  des  Alpes 
suisses  et  des  Alpes  orientales  se  fait  donc  désormais  sans  aucune  diffi- 
culté ;  et  c'est  là  une  confirmation  éclatante  des  déductions  et  des  prévi- 
sions de  l'Ă©minent  professeur  de  Lausanne.  Mais  les  racines  de  la  nappe  du 
RhĂ tikon  doivent  ĂȘtre  cherchĂ©es  plus  au  sud-est  que  ne  le  pensait 
M.  Lugeon,  Ă   120'''"  environ  du  RhĂ tikon,  vers  la  Tonale  Linie  de 
M.  Salomon. 

»  C'est  la  Tonale  Lmie,  et  non  pas,  comme  on  le  dit  souvent,  la  ligne 
giudic arienne ,  qui,  au  sud-ouest  de  Meran,  sépare  les  Alpes  du  sud  des 
Alpes  du  nord.  Cette  ligne  du  Tonale  est  l'axe  d'un  Ă©ventail  alpin,  bien 
autrement  important  que  notre  éventail  briançonnais.  Son  prolongement 
vers  l'est  passe  le  long  du  Gailtal;  son  prolongement  vers  l'ouest  coupe  le 
lac  Majeur  et  vient,  prÚs  d'Ivrée,  se  cacher  sous  les  plaines.  De  cette  zone 
axiale  sont  parties,  vers  le  nord  ou  l'ouest,  toutes  les  nappes  supérieures, 
celles  d'Autriche,  de  BaviĂšre,  de  Suisse  ou  de  France. 

»  Les  Alpes  orientales  ne  diffÚrent  des  Alpes  occidentales  que  parce 
qu'elles  sont  plus  complÚtes.  Elles  ont  conservé,  non  seulement  une 
grande  partie  de  leurs  nappes,  mais  aussi  leur  zone  Ă &racines  internes,  et 
mĂȘme  une  certaine  Ă©tendue  de  la  rĂ©gion  situĂ©e  au  sud  de  XĂ©venlail.  » 


C.  K.,  1903,  i'  Semestre.  (T.  CX.XXV1I,  N°  22.) 


123 


942  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


GÉOLOGIE   EXPÉRIMENTALE.  —    Sur  un  cas  remarquable   de  cristallisation 
spontanée  du  gypse.  Note  de  M.  Stanislas  Meunier. 

«  Voir  des  boules  de  plùtre,  abaadonnées  à  la  dessiccation  aprÚs  une 
courte  immersion  dans  l'eau  salée,  se  transformer  intégralement  en 
agrégats  de  cristaux  de  gypse  dont  chacun  atteint  o'"",^  de  longueur, 
c'est  certainement  un  spectacle  imprévu.  C'est  celui  auquel  je  viens 
d'assister  inopinément  dans  mou  1  iboratoire  du  Muséum  et,  je  crois,  dans 
des  circonstances  dignes  de  mention. 

»  Bien  que  ces  boules  aient  été  produites  dans  des  conditions  en  appa- 
rence identiques,  et  mĂȘme  quand  elles  provenaient  d'une  mĂȘme  expĂ©- 
rience, elles  étaient  loin  de  présenter  un  degré  identique  de  cristallinité. 
Comme  le  montrent  les  échantillons  conservés,  il  y  en  a  plusieurs  qui  ne 
sont  cristallins  qu'Ă   la  loupe  et  oĂč  l'on  voit  encore  les  bulles  qui  existaient 
dans  le  plùtre,  gùché  rapidement.  Dans  d'autres,  les  cristaux  sont  trÚs 
visibles  Ă   l'Ɠil  nu;  ils  peuvent  avoir  jusqu'Ă   5°""  ou  6""  et  dĂ©passer,  par 
conséquent,  la  plupart  des  grains  constitutifs  du  gypse  saccharoïde. 

»  Plusieurs  échnntillons  montrent  un  arrangement  rayonné  tout  à  fait 
remarquable  et  qu'on  ne  voit  pas  dans  les  pierres  Ă   plĂątre  naturelles.  Ils 
sont  alors  composés  de  sphérules  juxtaposées,  à  la  surface  hérissée  de 
pointements,  et  pouvant  avoir  8°""  ou  9°""  de  diamÚtre. 

»  L'Ă©tat  cristallin  varie  avec  la  distance  Ă   la  surface  dans  une  mĂȘme 
boule.  Il  n'est  guĂšre  perceptible  tant  que  la  boule  est  entiĂšre,  sa  surface 
extérieure  ayant  conservé  à  peu  prÚs  l'aspect  de  la  boule  de  plùtre.  On  y 
observe  seulement  des  croûtes  de  sel  marin  ressorti  lentement  de  la 
masse. 

»  AprÚs  fracture  suivant  un  grand  cercle,  la  boule  se  montre  bien  plus 
cristalline  dans  sa  profondeur  que  vers  sa  rĂ©gion  pĂ©riphĂ©rique  oĂč  il  y  a 
fréquemment  comme  une  écorce  mal  délimitée,  de  3°""  ou  4"""  et  de  com- 
pacité presque  complÚte.  A  partir  de  cette  écorce,  la  masse  prend  jusqu'au 
centre  les  caractĂšres  d'un  enchevĂȘtrement  de  cristaux  plus  ou  moins 
cohérents  entre  eux  et  qui,  parfois,  s'égrÚnent  au  moindre  choc. 

M  -Plus  d'une  fois,  il  s'est  ouvert  spontanément,  dans  les  boules,  des 
fissures  diversement  orientées  et  dont  les  parois  sont  plus  ou  moins  géo- 
diques,  et  c'est  d'ailleurs  un  fait  trĂšs  facile  Ă   expliquer,  car  il  est  Ă©vident 
que  la  cristallisation  s'est  accompagnée  d'une  diminution  notable  du  vo- 


SÉANCE    DU    3o   NOVEMBRE    igo3.  y43 

lume,  contraction  d'autant  plus  remarquable  que  la  prise  du  plĂątre  se 
fait,  comme  on  sait,  avec  gonflement  de  la  matiĂšre.  C'est  ainsi  qu'on  voit, 
entre  les  cristaux,  des  interstices  trÚs  fréquents  et  que  les  sphéroïdes 
radiĂ©s  sont  loin  d'ĂȘtre  pleins. 

»  Enfin,  il  n'est  pas  rare  de  retrouver,  dans  la  région  tout  à  fait  cen- 
trale des  boules,  des  points  qui  sont  restés  blancs  et  terreux,  de  façon  à 
rappeler  le  plùtre  ordinaire;  mais  cette  particularité  ne  se  présente  jamais 
que  sur  une  dimension  extrĂȘmement  rĂ©diiile,  et  elle  paraĂźt  due  Ă   l'exis- 
tence, dans  le  plùtre,  d'une  petite  quantité  de  carbonate  de  chaux. 

»  D'aprÚs  mes  essais,  les  boules  cristallisées  renferment  environ 
7,21  pour  100  de  carbonate  de  chaux,  en  partie  sous  la  forme  cristalline 
ou  de  calcite,  en  partie  à  l'état  de  |)oussiÚre  interposée  dans  les  joints  et 
les  interstices  des  grains  de  gypse.  On  peut  purifier  ceux-ci  d'abord  par 
un  lavage  Ă   l'eau  bouillante  qui  dissout  le  chlorure  de  sodium,  puis  en  les 
mettant  en  suspension  dans  l'eau  oĂč  circule  un  rapide  courant  d'acide 
carbonique  qui  dissout  le  calcaire.  Mais  alors  les  cristaux  sont  un  peu 
émoussés,  arrondis  sur  les  angles  et  ne  peuvent  plus  servir  aux  observa- 
tions cristallographiques. 

»  En  cherchant  la  cause  de  ces  singuliers  résultats,  on  arrive  tout  natu- 
rellement à  attribuer  au  sel  marin  une  sorte  de  facullé  cristatlogénique, 
analogue,  dans  le  domaine  de  la  voie  humide,  Ă   celle  qui  se  manifeste  si 
évidemment  dans  les  réactions  oii  intervient  la  chaleur.  S'il  en  était  ainsi, 
un  pas  serait  fait  dans  l'explication  des  causes  qui  ont  amené,  dans  les 
couches  du  sol,  le  gypse  à  la  forme  cristallisée.  En  particulier,  du  jour 
serait  projeté  sur  l'acquisition  de  son  état  saccharoïde,  si  fréquent  dans  la 
rĂ©gion  parisienne,  oĂč  la  pierre  Ă   plĂątre  constitue,  Ă   plusieurs  niveaux,  des 
assises  parfaitement  stratifiées  et  renfermant  des  fossiles,  les  uns  lacustres 
ou  terrestres  et  les  autres  marins,  au  sein  d'ensembles  sédimentaires  oßi  il 
est  légitime  de  croire  que  le  sel  gemme  est  toujours  intervenu. 

»  H  suffit  d'une  étude  approfondie  pour  acquérir  la  conviction  que  le 
gypse  ne  s'est  pas  originairement  déposé  avec  la  structure  entiÚrement 
oristalline  qu'il  présente  aujourd'hui,  et  pour  y  voir  un  exemple  particuliÚ- 
rement net  des  mouvements  intimes  qui  sont  réalisés  sans  répit  dans  la 
substance  des  roches  de  toutes  les  catégories. 

»  Seulement,  il  paraßt  assez  compliqué  de  reconstituer  les  conditions 
grùce  auxquelles  l'état  saccharoïde  a  été  acquis  par  un  dépÎt  qui,  tout 
d'abord,  devait  ĂȘtre  pulvĂ©rulent  et  assez  homogĂšne.  En  d'autres  termes, 


9^4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'Ă©tat  saccharoĂŻde  paraĂźt  ĂȘtre  le  rĂ©sultai  du  travail  molĂ©culaire  d'un  prĂ©ci- 
pité, tout  d'abord  amorphe,  ou  dans  tous  les  cas  trÚs  fin,  de  sulfate  de 
chaux.  Pourtant  on  sait  que,  dans  les  laboratoires,  les  |)récipités  de  sulfate 
de  chaux,  quoique  pouvant  devenir  s[)ontanénient  cristallins,  ne  prennent 
cependant  pas  la  structure  que  nous  avons  en  vue  et  se  présentent  plutÎt 
sous  la  forme  aciculaire.  C'est  ce  qui  a  lieu  par  le  refroidissement  des  dis- 
solutions chlorhydriques  et  c'est  ce  qui  a  lieu  par  l'abandon,  Ă   la  dessicca- 
tion, de  fragments  calcaires  imprégnés  d'une  solution  aqueuse  de  gypse. 
Aussi  me  suis-je  demandé  si  l'effet  observé  ne  tiendrait  pas  à  l'intervention 
d'une  substance  minéralisatrice.  A  ce  point  de  vue,  l'attention  doit  d'au- 
tant plus  s'arrĂȘter  sur  le  chlorure  de  sodium,  que  le  sel  gemme,  bien  que 
soustrait  depuis  longtemps  par  les  eaux  Ă   la  niasse  des  terrains  de  Paris,  a 
cependant  laissé  dans  leur  épaisseur  des  vestiges  irrécusables  de  sa  pré- 
sence antérieure.  C'est  ainsi  qu'à  des  niveaux  trÚs  variés  les  marnes  gyp- 
seuses  ont  conservĂ©  le  moulage  de  trĂ©mies  oĂč  l'on  voit,  sans  doute  possible, 
la  trace  de  cristallisations  de  sel  marin,  maintenant  dissoutes. 

))  On  sait  d'ailleurs  avec  quelle  facilité  le  gypse  cristallise  de  nos  jours, 
dans  les  argiles  qui  constituent  le  fond  des  marais  salants. 

»  Evidemment,  la  question  ne  sera  résolue  que  par  la  répétition  des 
expériences  dont  je  viens  de  donner  un  trÚs  rapide  résumé;  mais  comme 
les  essais,  que  j'ai  d'ailleurs  mis  en  train,  ne  paraissent  pouvoir  donner  de 
résultats  qu'à  la  faveur  d'un  délai  fort  long,  j'ai  cru  pouvoir  signaler  tout 
de  suite  les  faits  dÚs  maintenant  observés.  » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Sensation  lumineuse  en  fonction  du  temps  pour 
les  lumiÚres  colorées.  Technique  et  résultats.  Note  de  MM.  André  Broca  et 
D.  SuLZER,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  Dans  une  Note  précédente,  nous  avons  étudié  la  sensation  lumineuse 
en  fonction  du  temps  pour  la  lumiĂšre  blanche.  Nous  avons  repris  la  mĂȘme 
question  pour  les  lumiÚres  colorées.  Ce  problÚme  était  notablement  plus 
difficile  à  résoudre  que  le  premier  à  cause  de  la  difficulté  d'obtenir  des 
lumiÚres  colorées  d'un  éclat  suffisant.  Nous  ne  pouvions  donc  employer 
l'appareil  à  diffuseur  par  réflexion  déjà  décrit;  la  [lerte  de  lumiÚre  étant 
trop  grande,  nous  n'aurions  pu  atteindre  des  Ă©clats  comparables  Ă   ceux  que 
nous  avons  eus  en  lumiĂšre  blanche.  AprĂšs  de  nombreux  essais  infructueux, 
nous  nous  sommes  arrĂȘtĂ©s  au  dispositif  suivant  : 


SÉANCE  DU  3o  NOVEMBRE  1903.  945 

»  En  L  est  un  étalon  lumineux  constitué  par  un  bec  à  acétylÚne.  De  part  et  d'autre, 
respectivement,  se  trouvent  deux  systÚmes  optiques  identiques,  composés  chacun  de 
deux  miroirs  M,,  Mj,  d'un  objectif  O  et  d'un  prisme  à  réflexion  totale,  abC.  Dans  le 
systÚme  de  gauche,  l'objectif  O  donne  une  image  réelle  l  de  la  source  L,  el  cette  image 
sert  Ă   Ă©clairer  la  face  ab  du  prisme  voisin,  qui  est  doucie.  Les  mĂȘmes  phĂ©nomĂšnes  se 
passant  de  l'autre  cĂŽtĂ©,  les  deux  plages  voisines  ba,  ba'  peuvent  ĂȘtre  comparĂ©es  par 
l'Ɠil  observateur.  La  distance  des  images  rĂ©elles  l  aux  plans  de  verre  douci  et  le  degrĂ© 


de  dépoli  de  ceux-ci  sont  choisis  de  telle  sorte  que  l'éclat  des  plages  voisines  puisse 
ĂȘtre  rĂ©glĂ©  par  l'intermĂ©diaire  des  oeils  de  chat  O  et  O',  tout  en  conservant  une  grandeur 
suffisante  malgré  la  présence  d'une  solution  ou  d'un  verre  coloré  en  cd.  L'exactitude 
de  ce  rĂ©glage  a  Ă©tĂ©  contrĂŽlĂ©e  par  des  mesures  directes.  La  position  de  l'Ɠil  est  fixĂ©e 
par  un  tube  T,  pour  éviter  les  erreurs  dues  à  la  diffusion  irréguliÚre  du  verre  douci. 

»  Un  Ă©cran  SS'  protĂšge  l'Ɠil  contre  la  lumiĂšre  directe.  Dans  le  plan  de  l'image 
réelle  /  est  un  disque  en  laiton  à  fente  variable,  qui  permet  d'admettre  la  lumiÚre  pen- 
dant un  temps  mesurable  à  chaque  instant.  L'expérience  se  fait  alors  de  la  façon 
suivante  : 

»  On  place  en  avant  des  plages  ab,  ba'  le  milieu  absorbant  coloré  que  l'on  va  mettre 
en  expérience  et  l'on  donne  au  diaphragme  0  une  dimension  déterminée;  la  plage  Úa 
prend  un  éclat  également  déterminé.  On  mesure  cet  éclat  par  comparaison  avec  celui 
que  prend  une  plage  blanche  mise  en  avant  du  milieu  coloré,  portant  ombre  sur  la 
face  ba,  cachant  ba'  et  éclairée  au  moyen  d'un  étalon  lumineux. 

'■  »  Ces  comparaisons  entre  lumiĂšre  blanche  el  lumiĂšre  colorĂ©e  ne  comportent  pas 
une  précision  supérieure  à  10  pour  100,  mais  cela  suffit  largement  pour  notre  but 
actuel,  qui  est  la  comparaison  des  lumiĂšres  de  couleurs  diffĂ©rentes  et  de  mĂȘme  Ă©clat, 


94^  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

au  point  de  vue  de  la  fonction  d'Ă©tablissement  de  la  sensation.  Une  variation  de 
lo  pour  ICO  dans  l'Ă©clat  lumineux  n'amĂšne  pas  de  modification  sensible  dans  les  pro- 
priétés de  nos  courbes  qui  sont  dans  ce  cas  pratiquement  identiques  à  l'échelle  prÚs. 
»  Cette  premiĂšre  mesure  exĂ©cutĂ©e,  on  enlĂšve  le  papier  blanc,  et  l'on  rĂšgle  l'Ɠil  de 
chato'  de  maniĂšre  Ă   ce  que  les  deux  plages  ba,  ba'  aient  mĂȘme  Ă©clat;  elles  ont  d'ail- 
leurs mĂȘme  couleur.  On  met  alors  le  disque  en  mouvement  aprĂšs  avoir  rĂ©glĂ©  sa  fente. 
La  plage  ba  est  éclairée  par  une  lumiÚre  intermittente  de  durée  connue  et  la  plage  ba' 
par  une  lumiĂšre  fixe.  Avec  l'Ɠil  de  chat  O'  on  rĂ©tablit  l'Ă©galitĂ©  d'Ă©clat  apparent  des 
deux  plages.  La  seule  difficultĂ©  rĂ©side  dans  la  fixation  de  l'Ɠil,  qui  doit  ĂȘtre  assez 
exacte  pour  que  la  plage  ba  vienne  former  son  image  sur  une  zone  rétinienne  adaptée 
à  l'obscurité,  tandis  que  la  zone  correspondant  à  ba'  est  vraiment  en  régime  perma- 
nent. 

»  Les  résultats  de  ces  comparaisons  ont  permis  de  tracer  des  courbes 
donnant  l'éclat  acquis  par  une  lumiÚre  donnée  au  bout  d'un  temps  donné, 
courbes  que  nous  ne  donnons  pas  aujourd'hui  faute  de  place,  mais  qui 
sont  analogues,  comme  forme  générale,  à  celles  que  donne  la  lumiÚre 
blanche  (ces  derniĂšres  courbes  se  trouvent  dans  notre  Note  de 
février  1902).  Il  y  a  cependant  des  différences  importantes  entre  les  cou- 
leurs. 

»  Quand  on  compare  les  courbes  correspondant  Ă   un  mĂȘme  Ă©clat  pour 
les  diverses  couleurs,  on  voit  que  les  radiations  moyennes  du  spectre  se 
distinguent  nettement  des  extrĂȘmes.  Les  courbes  de  notre  Note  dĂ©jĂ   citĂ©e 
montrent  qu'en  lumiĂšre  blanche  la  sensation  passe  par  un  maximum  nota- 
blement plus  élevé  que  la  valeur  qu'elle  prend  en  régime  permanent.  Il  en 
est  de  mĂȘme  en  lumiĂšre  colorĂ©e.  Mais  alors  que,  Ă   Ă©galitĂ©  d'Ă©clat,  en 
régime  permanent,  le  bleu  donne  un  maximum  notablement  plus  élevé 
que  le  blanc,  le  vert  ne  donne  qu'un  maximum  peu  élevé,  le  rouge  a  des 
propriétés  intermédiaires.  Nous  reviendrons  ultérieurement  sur  les  résul- 
tats de  cette  Ă©tude.  Disons  seulement  que  ces  faits  sont  conformes  aux 
idées  évolutives,  la  rétine  s'étant  adaptée  le  mieux  possible  pour  les 
radiations  les  plus  intenses  du  spectre  solaire.  » 


HYDROLOGIE.  —  Sur  la  prĂ©vision  des  dĂ©bits  des  sources  de  la  Vanne. 
Note  de  M.  Edmond  Maillet. 

«   Considérons  les  deux  sources  de  Cérilly  et  ArmentiÚres  (Vanne)  ('). 
Nous  possédons,  d'aprÚs  les  ingénieurs  de  la  Ville  de  Paris,  le  débit  moyen 

(')   On  trouvera  des  renseignements  au  sujet  de  ces  sources  dans  notre Communica- 


SÉANCE    DU    3o    NOVEMBRE    IQoS.  g^'J 

mensuel  en  litres  par  seconde  de  ces  sources,  et  nous  pouvons  essayer  de 
prendre  ces  débits  pour  les  débits  Q  et  Qo  des  formules  (i)  à  (6)  de  notre 
Communication  du  27  octobre. 

»  D'aprÚs  la  loi  de  Daiisse  applicable  à  ces  sources  et  d'aprÚs  leur  régime,  nous 
savons  que  le  rĂ©gime  propre  ou  non  influencĂ©  ne  pourra  guĂšre  ĂȘtre  rĂ©alisĂ©  que  dans  la 
saison  chaude  (i"  mai-i"' novembre),  et  que  lorsque  le  débit  décroßtra.  Nous  pren- 
drons chaque  année  dans  le  Tableau  des  débits  soit  le  débit  en  mai,  soit  le  plus  fort 
débit  de  la  saison  chaude,  généralement  réalisé  en  mai,  juin,  juillet.  Ce  débit  sera  Q,, 
et  l'Ă©poque  correspondante  sera  le  temps  t„  dans  la  formule  (i) 

(')  .  '-'„=?(Qa)~-'f(Q). 

»  Nous  porterons  en  abscisses  les  valeurs  Qo,  en  ordonnées  les  valeurs  Q  au  bout 
de  1,  2,  3.  .  .  mois,  et  nous  chercherons  à  réunir  à  peu  prÚs  les  points  correspondant 
Ă   une  mĂȘme  valeur  de  t  —  <„  par  une  courbe  rĂ©guliĂšre.  On  est  conduit  alors  au  gra- 
phique suivant  pour  CĂ©rilly. 

3oo 


2J0 


a, 
0 


Oi 


2    V 

1  ^ 
■/ 

'.yf. 

A3 

p' 

'v 

‱4-; 

r 

,'  3-  /, 

y      J 

^ 

y^'^ 
/'j'  - 

^-% 

.--' 

So  100  iSo  200  zSo 

-DĂ©hits    initiaii.:i-    Qo 


Jon 


3So 


Graphique  de  décroissance  des  débits  de  Cérilly  (Vanne). 

»  On  voit  de  suite  que,  pour  Cérilly,  les  courbes  (i)  sont,  à  peu  prÚs,  des  droites 
passant  par  l'origine.  Donc  Q  =  A-e^"'  (a  =:  o,  1066  provisoirement,  Q  en  litres  par 
secondes,  t  en  mois). 


tion  du  12  mai  1902  {Comptes  rendus,  1902,  premier  semestre,  p.  iio3).  Les  résultats 
qui  suivent  sont  extraits  de  notre  Mémoire  manuscrit  cité  dans  notre  Communication 
du  27  octobre  dernier. 


948  ACADÉMIE    UES    SCIENCES. 

»   Pour  ArmentiÚres,  la  forme  des  courbes  est  assez  voisine  de  celle  des  courbes 

I  I 

—p=L ;^=.  =  const. 

\/Q     v/Qo 

[analogues  aux  courbes  (4)]- 

»  Si  l'on  applique  les  mĂȘmes  procĂ©dĂ©s  Ă   la  Dhuis  ('),  dont  les  dĂ©bits  sont  moins 
variables,  le  graphique  est  moins  net;  mais  il  semble  qu'on  puisse  encore,  avec  une 
approximation  suffisante,  le  considérer  comme  formé  de  droites  passant  par  l'origine. 

>i  Par  conséquent  :  dÚs  le  commencement  de  juin,  une  prévision  numérique  sur  la 
marche  du  débit  des  sources  de  Cérillv  et  ArmentiÚres  CV^anne)  est  possible.  Si  le 
débit  de  juin  est  sensiblement  plus  fort  que  ue  l'indique  le  graphique,  on  corrigera  la 
prévision  en  prenant  ce  débit  pour  débit  initial,  etc. 

»  La  date  des  pluies  préparatoires  des  crues  et  les  premiÚres  montées  sur  les  cours 
d'eau  (octobre  Ă   dĂ©cembre  en  gĂ©nĂ©ral)  marquent  Ă   peu  prĂšs  le  moment  oĂč  le  dĂ©bit 
des  deux  sources  doit  croĂźtre  et  oĂč  les  prĂ©visions  cessent  de  s'appliquer. 

»  Les  graphiques  précédents  ne  s'appuient  guÚre  que  sur  des  considérations  méca- 
niques; celui  que  nous  avons  fait  connaßtre  antérieurement  (12  mai  1902)  s'appujait, 
au  contraire,  surtout  sur  des  considérations  météorologiques. 

»  Nous  avons  ainsi  résolu  expérimentalement,  mais,  il  faut  bien  le  dire, 
grùce  à  des  considérations  théoriques  qui  nous  ont  conduit  à  nos  gra- 
phiques, le  problÚme  suivant  :  Trouver  pour  les  deux  sources  précitées  les 
variables  dont  dĂ©pend  le  dĂ©bit  dans  la  pĂ©riode  oĂč  les  pluies  ne  profitent 
plus  guÚre  à  la  nappe,  et  construire  expérimentalement  la  relation  qui  lie 
les  variables  et  le  débit. 

»  La  théorie  mathématique  des  mouvements  des  nappes  dans  la  période 
analogue,  ébauchée  par  nous  dans  le  Mémoire  manuscrit  précité,  grùce  à 
des  considérations  critiquables  en  partie,  a  été  attaquée  magistralement  par 
M.  Boussinesq  (-),  qui  a  donné  des  solutions  dans  des  cas  étendus  (').  » 


M.  G.  .IIaréchai,  adresse  une  Note  sur  la  chaleur  spécifique  de  la  vapeur 
d'eau  (Extrait)  : 

L'auteur  propose  d'adopter  provisoirement,  pour  valeur  de  la  chaleur 
spĂ©cifique  C  de  la  vapeur  surchauffĂ©e,  aux  pressions  oĂč  celle-ci  est  utilisĂ©e 
couramment  dans  les  machines  Ă   vapeur,  l'expression 

C  =  0,48  +  o,  000.5 /; 


(')  D'aprÚs  le  Tableau  des  débits  que  nous  devons  à  l'obligeance  de  M.  Bechmann. 
C)  Communications  précitées  de  juin-juillet  igoS. 

(')  Le  développement  de  la  présente  Communication  et  de  celle  du  27  octobre  sera 
donné  dans  un  Mémoire  ultérieur. 


SÉANCE    DU    3o    NOVEMBRE    igo3.  9I9 

t  Ă©tant  la  tempĂ©rature  de  surchauffe,  c'est-Ă -dire  T' —  T;  en  dĂ©signant  par 
T'  la  température  de  la  vapeur  surchauffée  et  par  T  la  température  de  la 
vapeur  saturée  correspondant  à  la  pression. 

M.  S.  Leduc,  Ă   l'occasion  de  la  Communication  de  M.  Tommasina  : 
«  Sur  la  scintillation  du  sulfure  de  zinc  phosphorescent,  en  présence  du 
radium,  revivifiée  par  les  décharges  électriques  »,  signale  à  rAcadémi<- 
un  travail  qu'il  a  publiĂ©,  en  mars  1901,  dans  les  Annales  d' Électrobiologie, 
dans  lequel  est  décrite  et  étudée  la  phosphorescence  scintillante  des 
écrans  de  platinocyanure  de  baryum  sous  l'influence  de  l'électricité. 
M.  Leduc  ajoute  que  ces  expériences  lui  paraissent  pouvoir  servir  à  l'inter- 
prétation des  phénomÚnes  présentés  par  le  spinthariscope. 

M.  Henri  Feuille  adresse  une  Note  ayant  pour  titre  :  «  Appareil  pour 
utiliser  la  force  dynamique  de  la  mer  ». 

A  4  heures  un  quart  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

M.   B. 


BULLETIN     BIBLIOGRAPHIQUE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  2  novembre  1908. 
(Suite.) 

Nivellement  général  ne  la  hrance.  Répertoire  définissant  les  emplacements  et 
altitudes  des  repÚres,  réseau  de  deuxiÚme  ordre,  lignes  comprises  dans  tes  poly- 
gones J,  J',  Y,  et  dans  les  zones  E,  B,  M,  S.  Paris,  MinistĂšre  des  Travaux  publics, 
1899-1901  ;  7  fasc.  in-8°.  (Adressés  par  M.  Cli.  Lallemand.) 

OEui-res  scientifiques  de  Gustave  Robin,  réunies  et.  publiées,  sous  les  auspices  du 
MinistÚre  de  l'Instruction  publique,  par  Louis  T!affy.  Physique  mathématique. 
Théorie  nouvelle  des  fonctions,  exclusivement  fondée  sur  l'idée  de  nombre.  Paris 
Gauthier-Villars,  1899,  1908;  2  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Appell.  ) 

C.  K.,  1903,  2"  Semestre.  (T.   CXXXVII,  N"  22.)  I  2  \ 


g5o  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Géométrie  descriptive  et  Géométrie  cotée,  conforme  aux  programmes  du  3i  mai  1902 
pour  l'Enseignement  secondaire,  par  Ernest  Lebon,  lauréat  de  l'InstiUit.  Paris,  Delalain 
frÚres,  igoS;  i  vol.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.) 

Sur  quelques  microorganismes  intéressants,  par  M.  B.  Renault.  (Extr.  des  ProcÚs- 
verbaux  de  la  Société  d'Histoire  naturelle  d'Autun.  année  igoS.)  Autan,  imp. 
Dejussieu  ;  i  fasc.  in-8°.  (Hommage  de  l'auteur.  ) 

Des.  deux  vapeurs  d'eau  au  point  de  vue  climatologique  et  hygiénique,  par  le 
D'  Onimus.  Grenoble,  imp.  Allier  frÚres,  igo3;  r  fasc.  in-8°. 

Traité  de  Sylviculture,  -kit .  Exploitation  et  aménagement  des  bois  :  futaies, 
taillis,  trufficulture,  abatage  et  procédés  de  vidange,  par  P.  Mouillefert,  avec 
10  pi.  et  g7  fĂźg.  dans  le  texte.  Paris,  FĂ©lix  Alcan,  igo4;  i  vol.  in-ia. 

Le  OpĂšre  di  Galileo  Galilei,  edizione  nazionale  solto  gli  auspicii  di  Sua  Maesla  il 
Re  d'Italia;  vol.  XHI.  Florence,  typ.  Barbera,  igo3;  i  vol.  in-4°. 

BeitrĂ ge  zur  Lebensgeschiclite  von  Ehrenfried  Wallher  von  Tschirnhaus,  von 
Prof.  D''Curt  Reinhardt.  (Wissenschaftliche  Beilage  zum  Jahresberichl  der  FĂčrsten- 
Landesschule  St.  Afra  in  Meissen,  igoS.)  i  fas.  in-S".  (Hommage  de  l'auteur.) 

Motion.  The  fundamental principles  of  mechanics,  or  the  mechanics  of  the  uni- 
verse,  by  Herman-T.-G.  Khaus.  New-York,  igoS;  i  fasc.  in-S". 

Solution  mathématiquemenL  exacte  du  problÚme  historique  de  la  division  d' un 
angle  pris  à  volonté  en  un  nombre  pris  à  volonté  de  paris  égales,  par  J.  Laou- 
CHEWITCH.  Station  Pelropavlov^k  du  cliemin  de  fer  de  Sibérie,  igoS;  i  fasc.  in-S°. 

The  mean  right  ascensions  and  proper  motions  of  254  stars,  by  H.-B.  Evans. 
(A  Thesis  presented  to  the  Facully  of  Philosophy  of  ihe  Universily  of  Pennsylvania.  ) 
I  fasc.  in-4°. 

Atlas  des  Erdmagnetismus  fiir  die  Epochcn  1600,  1700,  1780,  1842  und  igi),  von 
D"'  H.  Fritscme.  Riga,  igoS;  i  fasc.  in-f". 

Observalorio  Belloch.  Hojas  meteorologicas,  ano  1902,  julio-diciembre,  Barcelone  ; 
I  fasc.  in-f"  oblong. 

Bericht  der  Senckenbergischen  Nalurforschenden  Gesellschaft  in  Frankfurt 
am  Mein,  igoS.  Francfort-sur-le-Mein,  Knauer  frĂšres;  i  vol.  in-8". 

Leopoldina .  Amtliclies  Organ  der  kaiserlichen  Leopoldino-Carolinischen  deut- 
schen  Akademie  der  Naturforscher;  Jahrg.  1901,  1902,  Hefte  XXXVII  u.  XXXVHI. 
Halle,  igoi-igoa;  2  fasc.  in-4". 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  9  novembre  igoS. 

Ports  maritimes  de  la  France.  Notice  sur  le  port  de  La  Pallice,  par  M.  "Viennot, 
mise  à  jour  par  M.  EugÚne  jMayer.  Paris,  Imprimerie  nationale,  1902;  i  fasc.  in-4°. 
(  Envoi  de  M.  le  Ministre  des  Travaux  publics.  ) 

Laboratoire  d'essais  du  Conservatoire  des  Arts  et  MĂ©tiers:  Section  des  MĂ©taux, 
par  Pierre  Breuil;  avec  2  pi.  h.  t.  Paris,  publications  du  journal  Z,e  GĂ©nie  cĂ 'jĂŻ,  igoS; 

I  fasc.  in-8''. 

La  houille  dans  lesArdennos,  historique  des  recherches,  théorie  géologique, 
avec  2  cartes  de  la  zone  houilleuse  ardennaise  et  une  coupe  hypothétique  des  terrains 


SÉANCE    DU   3o   NOVEMBRE     IpoS.  qS I 

d'Etion,  par  L.  Duquénois.  Charleville,  G.  Didier,   igoS;   i   vol.  in-i6.  (Hommage  de 
l'auteur.  ) 

Portugalia,  materlaes para  o  estudo  do  povo  porluguez.  Direclor  :  Ricardo  Severo. 
T.  I.  fasc.  k,  1 899-1903.  Porto;  i  vol.  in-zj». 

Discurso  leido  en  la  Universidad  central  en  la  solemne  inauguracion  del  Curso 
academico  de  1903-1904,  por  el  D--  D.  Amalio  Gimexo  y  Cabanas.  Madrid,  ioo3;  i  fasc. 

in-4°. 

Elenco  délie  Accademie,  Socielà,  Instituli  scicnlijici,  Direzioni  diPcriodici,  ecc. 
che  ricevono  le  pubblicazioni  délia  R.  Accadcmiadei  Lincei;  coiV indicazione  délie 
pubblicazioni  periodich  e  che  niando  in  canibio,  3r  gennaio  igoS.  Rome,  1900;  i  vol. 
in-i8. 

Reports  to  the  Malaria  Commltlee,  eightli  séries  looctober  igoS.  Londres  ;  i  fasc. 

in-8». 

Statisliek  van  den  Handel,  de  scheepvaart  en  de  in-  en  uitmerrechten  in  Neder- 
landsch-Indië,  over  het  jaar  1902.  Batavia,  igoS,-  i  vol.  in-^". 

Videnskabelige  Meddelelser  fra  den  naturhistoriske  Forening  i  Kjobenhavnfor 
aaret  igo3.  Copenhague,  igo3;  i  vol.  in-8°. 

Die  erdmagnelischcn  Elemente  von  Wurtemberg  und  Hohenzollern.  Gemessen 
und  berechnet  fur  Januar  1901  im  A.uftrage  und  unter  Milwirkung  der  K.  Wûrttem- 
bergischen  meteorologischen  Centralstation,  von  Karl  Haussmann.  Stuttgard,  igoS; 
I  vol.  \n-[\°. 

Extracts  Jrom  narrative  Reports  of  the  Survey  ofindiafor  the  season  igoo-igoi , 
prepared  under  the  direction  of  colonel  St. -G. -G.  GoRE.  Calcutta,  igoS  ;  i  fasc.  in-i". 


Outrages  reçus  dans  la  séance  du  16  novembre  igoS. 

Hommage  Ă   M.  le  Professeur  Chauveau,  Membre  de  l'Institut,  Professeur  au 
MusĂ©um,  Inspecteur  gĂ©nĂ©ral  des  Écoles  vĂ©tĂ©rinaires,  Professeur  honoraire  de  l'Uni- 
versité de  Lyon.  s.  1.  n.  d.;  i  fasc.  in-S».  (Présenté  par  M.  le  Président.) 

Recueil  de  travaux  dédiés  à  la  mémoire  d' A  lexis  [Millardet  (  1838-1902  ),  par  les 
Professeurs  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Bordeaux.  Bordeaux,  G.  Gounouilhou,  igo3  ; 
I  vol.  in-4''.  (Envoyé  en  hommage  par  M.  le  Doyen  de  la  Faculté  des  Sciences  de 
Bordeaux.) 

Prophylaxie  du  paludisme,  par  A.  Layeran,  Membre  de  l'Institut.  Paris,  Masson 
el  O',  Gauthier-Villars;  i  vol.  in-12.  (Hommage  de  l'auteur.) 

L'Asie  inconnue.  Dans  les  sables  de  l'Asie,  par  le  D--  Sven  Hedin,  traduit  du 
suédois  par  Charles  Rabot;  Ouvrage  accompagné  de  3  cartes  et  de  reproductions  de 
photographies  de  l'auteur.  Paris,  Félix  Juven,  igo3;  i  vol.  in-zi».  (Présenté  par  M.  de 
Lapparent.  Hommage  de  l'auteur.) 

Thescenery  of  England  and  the  causes  lo  ivhichit  is  due,  by  tlie  right  bon.  Lord 
Avebury.  Londres,  Macmillan  elG'^Igo2;  i  vol.  in-S".  (  Présenté  par  M.  de  Lapparent. 
Hommage  de  l'auteur.) 


9^2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Cause  des  Ă©nergies  attractives  :  MagnĂ©tisme,  ÉlectricitĂ©,  Gravitation,  par 
A.  Despaux.  Paris,  Féli\  Alcan,  igo2;  i  vol.  in-8".  (Présenté  par  M.  Mascart.) 

Cours  de  l'Ecole  des  Ponls  et  Chaussées.  Poussée  des  terres,  stabilité  des  murs 
de  soutÚnement,  ^?ir  i^^.J^  Resal.  Paris,  Ch.  Béranger,  igoS;  i  vol.  in-S".  (Présenté 
par  M.  Maurice  Levy.) 

Les  travaux  mathématiques  au  CongrÚs  des  Sciences  historiques,  à  Rome,  en  i  goS  ; 
par  M.  Ernest  Lebon.  (Extrait  de  ['Enseignement  mathématique,  5"  année,  n°  5.) 
(Présenté  par  M.  Appel!.) 

L'Infralias  et  le  Sinémurien  du  Portugal.  Découverte  du  Terebratula  Renierii 
en  Portugal;  par  Paul  Choffat.  Lisbonne,  Imprimerie  de  l'Académie  royale  des 
Sciences,  igoS;  i  fase.  in-S". 

Lagrandine.  Cagione probabile  délia  grandine;  mezzi  di  prevenirla;  razzia 
elica  per  lancio  di  bombe;  aste  paragrandine,  Giusepff,  Cona.  Florence,  igoS;  i  fasc. 
\n-[^°. 

M.  le  Prof.  Francesco  Faccim  fait  hommage  de  deux  brochures  intitulées: 

L'eliocronometro  Faccin.Pavie,  igoS;  i  fasc.  in-8°. 

Il periodo  di  Algol.  Schio,  igo3;  i  fasc.  in-S". 


ERRATA. 


(SĂ©ance  du  iT>  novembre  igoS.) 

Note  de  M.  Blondlot,  Sur  le  renforcement  qu'éprouve  l'action  exercée 
sur  l'Ɠil  par  un  faisceau  de  lumiĂšre,  lorsque  ce  faisceau  est  accompagnĂ© 
de  ravons  n  : 

Page  83i,  ligne  3  en  remontant,  au  lieu  de  diamÚtres,  lisez  décimÚtres. 


On  souscrit  Ă   Paris,  chcx  GAUTHIER-VII.LAR.S, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n"  55. 

mis  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  réguliÚrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-4°.  Deux 
i,  l'une  par  ordre  alphabétique  de  matiÚres,  l'autre  par  ordre  alphaliéii(]ue  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 
t  du  i"  Janvier. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 
Paris  :  30  fr.  —  DĂ©partements  ;  40  fr.  —  Union  postale  :  44  fr. 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


ohei  Messieurs  : 
Ferrau  frĂšres. 

iChaix. 
JourdaD. 
Ruff. 

t Coartin-Hecquet. 

1  Germain  elGrasiin. 
(  Gastineau. 

le JĂ©rĂŽme. 

jn   RĂ©gnier. 

,  Feret. 

ux Laurens. 

'  Muller  (G.), 
i Renaud. 

iDerrien. 
F.  Robert. 
Oblin. 
Uzel  frÚre». 

Jouan. 

zry Perrin. 

(  Henry. 

■irg !    ,       ■' 

(  Marguerie. 

,  „  i  Juliot. 

nt-Ferr. . .     „ 
^  1  Bouj. 

S  ,  Nourry. 

K. Ratel. 

I"  (  Rey. 

I  Lauverjat. 

(  Degez. 
[,  j  Drevet. 

(  Gratier  et  C'V 

Vielle Foucher. 

[  1  Bourdignon. 

I  Dombre. 

1  Thorez. 
'. (  Quarré. 


chez  Messieurs  : 

,  (  Baumal. 

Lorient 

/  M"*  leiier. 

/  Bernoux  et  Cumin 

\  Georg. 
Lyon (  Effantin. 

i  Savy. 

I  Vilte. 

Marseille RuĂąt. 

1  Valat. 

Uontpellier 

[  Goulet  et  fils. 

Moulins Martial  Place. 

(  Jacques. 
Nancy Grosiean-Maupio. 

(  Sidot  frĂšres. 

i  Guist'hau. 

Nantes ,,  , 

(  Veloppe. 

I  Barma. 

Nice . 

I  Appy. 

NĂźmes Thibaud. 

Orléans    Loddé. 

.  .  1  Blanchier. 

Poitiers , 

(  LĂ©vrier. 

Rennes Plihon  et  Hervé. 

Rochefort Girard  (M"") 

i  Langiois. 

Rouen ,      .  . 

(  Lestnngant. 

S'-Étienne Ctievalier. 

_      .  1  PonLeil-Burles. 

Toulon „        ,, 

{  Kumebe. 

\  Giniet. 

Toulouse „  . 

(  PrivĂąt. 

.  ,  Boisselier. 

Tours j  PĂ©ricat. 

(  Suppligeon. 

i  Giard. 

Valenciennes , 

(  Lemattre. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chez  Messieurs  : 

...  1  Feikema    CaareUen 

Amsterdam 

/      et  G". 

AthĂšnes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

I  Asher  et  G'*. 

„     ,.  '  Dames. 

Berlin 

,  Friediander   et   fils. 

f  Mayer  et  Millier. 

Berne .     Schmid  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

ILamertin. 
Mayolezet\udiarte. 
LebĂšgue  et  G'*. 

„      ,  ,  Sotchek  et  C°. 

Bucharest .  ,     , 

I  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighlon,  BellelC". 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Host  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

GĂšnes Beut. 

.  Cherbuliez. 
GenĂšve Georg. 

(  Stapelmohr. 

[,a   Haye .     Belinfante  frĂšres. 

(  Benda. 

Lausanne „  _ 

(  Payot  et  C'V 

Barth. 
Brockhaus. 

Leipzig (  Koehler. 

Lorentz. 
Twietmeyer. 

Desoer. 
^‱^SO icnusĂ©. 


chez  Messieurs  : 

I  Dulau. 
^"'"''^e' Hachette  et  C'V 

'Nutt. 
Luxembourg....     V.  BUck. 

/  Ruiz  et  C'V 
Madrid '  Bomo  y  Fussel'. 

I  Capdeville. 

'  F.  FĂ©. 

Milan j  Bocca  frÚre». 

■■  \  HƓpli. 
I^oscou Tastevin. 

Naples i  Marghieri  di  Gius. 

'    "'  (  Pellerano. 

,  Dyrsen  et  Pfeitfer. 
New- York Stecherl. 

'  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C" 

Palerme Reber. 

Porto MagalhaĂšs  el  Mouii. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

„  (  Bocca  frùres. 

Rome , 

(  Loescheret  C". 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Nordislia  Bogbandal. 

„,  ,.  ..       ,  (  Zinserling. 

S'-Petersbourg..\^^^^ 

1  Bocca  frÚre». 
Brero. 
1  Clausen. 
(  RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebelhner  et  Wolfl. 

VĂ©rone Drucker. 

(  Frick. 

Vienne „       ,  ,        „, 

I  Gerold  el  G'*. 

ZUrich Meyer  et  Zeller. 


ILES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

I  Tomes  1"  Ă   31.  —  (3  AoĂ»t  i835  Ă   3i  DĂ©cembre  i85o.)  Volume  in-4°;  iSJS.  Prix 25  fr. 

r  Tomes  32  Ă   61.  —  (i"'  Janvier  i85i  Ă   3i  DĂ©cembro  i«65.)  Volume  in-4'';  1870.  Prix 25  fr. 

Tomes  62  Ă   91.  —  (  i"'  Janvier  1866  Ă   ii  DĂ©cembre  iS«o.)  Volume  in-4°;  18.S9.  Prix 25  fr. 

Tomes  92  Ă   121.  -:-  (  i'"'  Janvier  1881  Ă   3i  DĂ©cembre  iSa5.)  Volume  m-i";  igoo.  Prix 25  fr. 

I  PPLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADEMIE  DES  SCIENCES  : 

.—  MeiiiMi-esur  ijuclque-i  points  de  la  Physiologie  djs  \.lgii.;s,  par  VHI.  V.  D.inuas  et  A..-J.-J.  Soliku.  —  MĂ©moire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'Ă©prouvent 
i-Ăź,  p.ir  M.  HvysEM.  —  MĂ©^mn-e  lui-  le  PaacrĂ©as  et  sai-  le  rile  dx  sac  p  i  i   i-itiqai  dans  les  pli.i[i  ):ni.ies  digestifs,  p.irticiilicreinent  dans   la    digestion   des 

russe 5,  par  \I.   Gciuoi;  Biioirto.    Volii  ne  in- |°,  avec  i  i    planches;   i^i'i  ) 25  fr. 

II.  —  Mcmoire  sur  les  vers  inlestinanx,  par  M,  P.-J.  Van  BiĂźmkde.v.  —  Ess:ii  il'une  rĂ©ponse  Ă   la  quesLion  de  Prix  proposĂ©e  en  i85o  par  l'AcadĂ©mie  des  Sciences 
oncours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  de  iSd6,  savoir:  «  Etudier  les  l.iis  de  l.i  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  différents  terrains 
maires,  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  Icm-  apparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanĂ©e.  —  Rechercher  la 
des  rapports  qui  cvistent  entre  l'état  actuel  du  régne  organniue  et  ses  éi.iis  mt  u'ieurs  »,  par  M.  le  Professeur  BiiONS.  In- 5°,  avec  7  planches;   1861....      25  fr. 

la  mĂȘme  Librairie  les  MĂ©moires  de  l'AcadĂ©mie  des  Sciences,  et  les  MĂ©moires  prĂ©sentĂ©s  psi  diveis  Eavarits  Ă   l'AcadĂ©mie  des  Sciences. 


N'^  22. 

TABLE    DES  ARTICLES.   (SĂ©ance  du  50  novembre  1903.) 


MEMOIKES    ET  COIMMUNIGATIOIVS 

DES   MKMBRKS    ET    DES   CORRESPONDANTS   DR   L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.  le  Ministre  de  l'Instruction  riiBLiQVi: 

adresse  amplialion  du    DĂ©cret  par  lequel 

le   Président  de  la   République   approuve 

l'Ă©lection  de  M.  Berlin  dans  la  Section  de 


Pages. 
GĂ©ographie  et   Navigation,  en   remplace- 
ment de  iM.  de  Biissy,  décédé 898 

M.  Armand  Sabatier.  —  Sur  les  mairis  sca- 
pulaires  et  pelviennes  des  Poissons S93 


CORRESPOWUANCE. 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  divers 
Ouvrages  de  M.  Icilio  Guareschi  et  de 
MM.  Cabanes  et   L.  Nass.. 897 

MM.  Edmond  Bordage  et  A.  Garsault.  — 
Observalions  faites  Ă   l'ile  de  la  RĂ©union 
sur  l'éclipsé  de  Lune  du  6  octobre  igoS. .     897 

M.  J.  Guillaume.  —  Le  dernier  minimum 
des  taches  du  Soleil  et  remarques  au 
sujet  de  la  loi  des  zones 898 

M.  \V.  de  Tanneneerg.  —  Du  problùme  de 
Cauchy  relatif  Ă   une  classe  particuliĂšre 
de  surfaces 900 

AL  Emile  Borel.  —  Sur  la  reprĂ©sentation 
efl'ective  de  certaines  fonctions  disconti- 
nues   , goĂ» 

M.  S.  Lattes.  —  Sur  une  classe  d'Ă©qua- 
tions fonctionnelles 900 

M.  A.  Mesnager.  —  Sur  les  articulations 
Ă   lame  flexible 908 

I\L  Ch.  Fehy.  —  Sur  la  tempĂ©rature  des 
flammes 909 

M.  DE  Valbreuze.  —  Sur  les  phĂ©nomĂšnes 
particuliers  présentés  par  les  arcs  au 
mercure 913 

M.  Ch.  Maurain.  —  Sur  la  suppression  de 
l'hystérésis  magnétique  par  l'action  'd'un 
champ  magnétique  oscillant gi4 

M.  E.  Mathias.  —  Sur  la  loi  de  distribu- 
tion réguliÚre  de  la  force  totale  du  ma- 
gnétisme terrestre  en  France  au  1=' jan- 
vier 1896 916 

M.  Th.  Mouheaux.  —  L'anomalie  magnĂ©- 
tique du  bassin  de  Paris 918 

M.  H.  PÉLABON.  —  Sur  la  fusibilitĂ©  des 
mélanges  de  protosulfure  de  bismuth  et 
de  sulfure  d'argent,  de  protosulfure  de 
bismuth  et  de  sulfure  d'antimoine 920 

M.  A.  Trillat.  —  Influences  activantes  ou 
paralysantes   agissant    sur   le    manganĂšse 


envisagé  comme  ferment  métallique 922 

M.  V.  Auger.  —  .‱Vlcoylation  systĂ©matique 
de  l'arsenic 925 

MM.  H.  Baubigny  et  P.  Rivals.  —  SĂ©para- 
tion de  l'iode  dans  les  sels  halogĂšnes  alca- 
lins d'avec  le  chlore  et  le  brome,  par  sa 
transformation  en  acide  iodique,  et  mode 
de  préparation  de  l'iode  pur 927 

M.  G.  Chesneau.  —  Étude  microscopique 
de  bronzes  préhistoriques  de  la  Charente.     gSo 

M.  Jules  Gal.  —  Sur  la  ponte  Ou  Bombyx 
Mari 902 

M.  FrĂ©dĂ©ric  Houssay.  —  Sur  la  ponte,  la 
fécondité  et  la  sexualité  chez  des  poules 
carnivores g.34 

M.  J.  AUDIGÈ.  —  Sur  l'exophtalu  "  infec- 
tieuse de  certains  Poissons  d'eau    -ouce..     g36 

M.  GuiLLiERMOND.  — Coniribulion  , 'Ă©tude 
cytologique  des  AscomycĂštes 988 

M.  Pierre  Termier.  —  Sur  la  synthĂšse  gĂ©o- 
logique des  Alpes  orientales gSg 

M.  Stanislas  Meunier.  —  Sur  un  cas  remar- 
quable de  cristallisation  spontanée  du 
gypse 942 

MM.  AndrĂ©  Broca  et  D.  Sulzer.  —  Sensa- 
tion lumineuse  en  fonction  du  temps 
pour  les  lumiÚres  colorées.  Technique  et 
résultats 944 

M.  Edmond  iMaillet.  —  Sur  la  prĂ©vision 
des  débits  des  sources  de  la  Vanne g46 

M.  G.  Maréchal  adresse  une  Notr.  ir  la 
chaleur  spĂ©cifique  de  la  vapeur  d't-   ■    . .  .      )'|8 

M.  S.  Leduc  —  Remarques  au  sujei  ie  la 
Communication  précédente  de  M.  J'om- 
masina  «  Sur  la  scintillation  du  sulfure 
de   zinc  phosphorescent  » g4g 

M.  Henri  Feuille  adresse  une  Note  inti- 
tulée :  «  Appareil  pour  utiliser  la  for~e 
dynamique  de  la  mer  » 949 


Bulletin  BiBLiotiBAPiiiQUK 949 

Errata 932 


PAHIS.  —   IMPRIMERIE    (J  A  UTH  I  E  K  -  V  I  L  L  A  H  S , 
Quai  des  Grands-Augustins,  .^d. 

Ls  GĂ©rant  :   Gauthier -Villars. 


1903 

'JAN     20  19C1  SECOND  SEMES'rilE. 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIRES 


DES     SÉANCES 

ï    DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

S' 

i  PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 

I 

Ăź 

I  — 


TOME  CXXXVII. 


W  25  (7  DĂ©cembre  1903). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  2.3  juin  1862  et  24  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus^ 
48  pa^es  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 
Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  de  Ja  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  32  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  ^iris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
f)réjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'ai 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séanci 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Savati 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  persai 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  de  K 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'u 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoires 51 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  requ  . 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nom 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  E  ( 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils  b  ( 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondancij 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  re 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  ta 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   te 
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compte  1 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rendu, \ 
vaut  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part.      l 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planche 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  ser; 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  comj 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  deĂź 
leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rappor 
les  Instructions  demandés  |)ar  le  Gouvernement. 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrative 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  a] 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du  | 
sent  RĂšglement. 


déïr,erTs\\Srau\lus'L'rrß%''"*  ^''*'*"'  ''"*  "'''''''''  '*""  "'""""^^  P"  ^'«-  ">'  ««"flaires  perpétuels  sont  priés  d 
P  secrétariat  au  plus  tard  le  Samed,  qu,  précÚde  la  séance,  avant  5^  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  suiv 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES 

SÉANCE  DU  LUNDI  7  DÉCEMBRE  1905, 

présidence' DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUMCATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  PHYSIOLOGIQUE.  —  Quelques  observations  relatives  à  l'action  des 
vapeurs  des  composés  hydrocarhonés  sur  les  microbes  animaux  et  sur  les 
insectes,  et  au  rĂŽle  antiseptique  des  agents  oxydants-oxydables  ;  par 
M.  Beuthelot. 

«  Au  cours  de  mes  recherches  expérimeatales  sur  la  Chimie  agricole 
j'ai  eu  occasion  de  faire  un  certain  nombre  d'observations  sur  la  destruction 
des  microbes  et  des  insectes  nuisibles,  et  de  comparer  en  particulier  leur 
sensibilité  à  Faction  des  vapeurs  de  différents  composés  organiques,  notam- 
ment des  carbures  d'hydrogÚne  et  de  leurs  dérivés  oxygénés,  alcools, 
éthers  et  aldéhydes.  Il  me  semble  opportun  de  rappeler  quelques  faits 
intéressants  à  cet  égard,  ainsi  que  leur  interprétation. 

»  On  sait  que  les  vapeurs  des  aldéhydes  formique,  éthylique,  benzylique, 
campholiques  (camphre  ordinaire  et  aldéhydes  primaires  et  secondaires 
analogues)  sont  particuliĂšrement  efficaces  Ă   cet  Ă©gard.  Il  en  est  de  mĂȘme 
des  carbures  benzéniques,  toluÚne  et  homologues,  ainsi  que  de  l'essence 
de  térébenthine,  de  ses  isomÚres  naturels,  et  des  essences  de  serpolet, 
de  lavande,  de  thym,  etc. 

»  Les  observations  physiologiques  sont  confirmées  par  l'emploi  courant 
de  ces  carbures,  aldéhydes  et  essences  pour  la  conservation  des  fourrures, 
lainages  et  Ă©toffes. 

)>  Cependant  j'ai  constatĂ©,  non  sans  quelque  surprise,  que  la  mĂȘme 
efficacité  n'appartient  pas  à  tous  les  carbures  pyrogénés,  tels  que  ceux 
de  l'ordre  de  la  naphtaline. 

»  En  particulier,  celle-ci,  employée  à  l'état  pur  et  pulvérulent,  au  con- 
tact de  matiĂšres  solides,  n'exerce  qu'une  action  microbicide  et  insecticide 

C.  R.,  1903,  2'  Semestre    (T.  CXXXVII.^N"  23.;  ' -J 


cp/{  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nulle  ou  presque  nulle  :  ce  qui  est  en  opi)osition  avec  les  préjuges  rÚgURul 
à  cet  égard  et  avec  l'emploi  assez  général  de  cette  substance  dans  l'économie 
domestique.  Entre  beaucoup  de  faits  observés,  je  me  bornerai  à  citer  les 
suivants. 

n  Une  chambre  haute  de  la  station  de  Chimie  végétale  de  Meudon,  en 
raison  de  sa  situation  isolée  au  sein  de  l'atmosphÚre,  est  devenue  un  lieu  de 
prédilection,  envahi  chaque  année,  à  l'automne,  par  des  centaines  de  dip- 
tÚres et  autres  insectes  de  différentes  espÚces,  qui  ont  pris  l'habitude  d  y 
dĂ©poser  leurs  Ɠufs,  destinĂ©s  Ă   Ă©clore  au  printemps  suivant.  Aucune  accu- 
mulation de  semences  végétales,  ou  de  matiÚres  spéciales  susceptibles  de 
leur  servir  d'aliment,  n'est  conservée  d'ailleurs  en  cet  endroit.  Pour  obvier 
à  ces  inconvénients,  j'avais  placé  d'avance,  au  moment  voulu,  plusieurs 
centaines  de  grammes  de  naphtaline  pure  et  pulvérulente  sur  toutes  les 
surfaces  disponibles  de  la  piÚce.  Mais  je  n'ai  réussi  à  obtenir  aucun  résultat, 
ni  Ă   empĂȘcher  l'invasion  de  cette  piĂšce  par  les  insectes,  qui  pĂ©nĂ©traient 
par  toutes  les  fissures;  ni  à  détruire  ces  insectes,  qui  n'y  périssaient  pas 
Ă   mesure;  ni  Ă   prĂ©venir  le  dĂ©pĂŽt  de  leurs  Ɠufs,  ou  leur  Ă©closion  et  le 
dĂ©veloppement  ultĂ©rieur  des  larves.  Ce  dernier  n'a  pu  ĂȘtre  empĂȘchĂ©,  aprĂšs 
plusieurs  insuccÚs  annuels,  que  par  l'apposition  méthodique  de  couches 
de  peinture. 

»  La  naphtaline  est  demeurée  d'ailleurs  impuissante  dans  des  essais  faits 
en  d'autres  lieux  et  circonstances  pour  faire  périr  les  vers  et  larves  vis'antes. 

))  Tout  au  plus  pourrail-on  supposer  que  dans  quelques  cas  l'odeur  de 
la  naphtaline,  et  surtout  celle  de  la  naphtaline  impure,  aurait  écarté 
certains  insectes;  ce  qui  n'a  pas  eu  lieu  lors  des  essais  précédents. 

»  Pour  nous  rendre  compte  de  la  différence  des  effets  ainsi  observés  dans 
l'action  destructrice  exercĂ©e  sur  les  ĂȘtres  vivants  par  diffĂ©rents  composĂ©s 
organiques,  il  paraßt  nécessaire  de  faire  d'abord  quelques  distinctions, 
intéressantes  au  point  de  vue  des  mécanismes  susceptibles  d'intervenir 
en  Chimie  physiologique. 

»  Les  agents  destructeurs  des  insectes  et  des  microbes  animaux  appar- 
tiennent à  plusieurs  catégories  différentes,  telles  que  : 

>)  Les  poisons  minéraux,  sels  de  mercure,  d'argent,  de  plomb,  composés 
arsenicaux  et  antimoniaux,  etc.,  lesquels  semblent  agir  en  formant  des 
combinaisons  spéciales,  impropres  à  l'entretien  de  la  vie;  les  gaz  et  vapeurs 
asphyxiantes  :  sulfure  de  carbone,  hydrogÚne  sulfuré,  acide  cyanhy- 
drique,  etc.,  lesquels  paraissent  agir  en  vertu  de  mécanismes  analogues; 
les  phénols,  dont  les  effets  participent  à  la  fois  de  ceux  des  corps  qui  pré- 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igo'^  955 

cÚdent  el  de  ceux  que  je  vais  citer;  enfin  les  agents  oxydants  ou  réducteurs. 

»  Dans  ce  dernier  ordre,  ceux-là  surtout  agissent  et  agissent  souvent  à 
des  doses  trÚs  petites,  qui  se  régénÚrent  au  fur  et  à  mesure  de  leur  réaction 
mĂȘme  :  en  raison  de  cette  rĂ©gĂ©nĂ©ration  incessante,  ils  semblent  Ă   l'obser- 
vateur superficiel  opérer  en  vertu  de  leur  simple  présence;  phénomÚnes 
que  Berzélius  a  désignés  sous  le  nom  de  catalytiques,  dénomination  res- 
suscitée  en  ces  derniers  temps. 

»  En  réalité  ils  ont  pour  pivot  la  formation  de  composés  secondaires 
instables,  et  souvent  difficiles  à  isoler,  engendrés  en  vertu  d'un  équilibre 
mobile,  qui  préside  à  la  transformation  continue  des  composés  principaux, 
Ă   la  ficon  des  ferments.  Tel  est  le  cas  d'un  sel  manganeux,  servant  de 
pivota  l'oxydation  des  composés  organiques  par  le  permanganate  de  po- 
tasse dans  un  milieu  acide  (  '  )  ;  ou  bien  encore  à  la  décomposition  de  l'acide 
chlorliydrique  concentré,  avec  mise  en  liberté  de  chlore  sous  l'influence 
de  l'oxygÚne  de  l'air  (-).  Telle  aussi  la  décomposition  continue  de  l'eau 
oxygénée  par  une  trace  d'oxyde  d'argent  (  ');  la  transformation  continue 
du  cuivre  métallique  en  protoxyde,  aux  dépens  des  objets  contenus  dans 
les  laboratoires  ou  dans  les  musées,  lorsque  ces  objets  renferment  des 
chlorures  alcalins  dissous  ('),  etc. 

»  Telle  encore  l'oxydation  bien  connue  des  principes  immédiats  de  l'or- 
ganisme humain  sous  l'influence  de  l'hémoglobine;  telle  l'oxydation  de 
l'indigo  sous  l'influence  de  l'essence  de  térébenthine  (^),  oxydation  indé- 
pendante de  l'action  spécifique  de  la  lumiÚre.  La  plupart  de  ces  catalyses 
ne  sont  nullement  des  actions  de  pure  présence;  elles  résultent,  je  le  répÚte, 
de  l'intervention  de  certains  intermédiaires  instables,  qui  empruntent 
l'oxygÚne  à  l'air  ou  à  des  corps  suroxydés,  pour  le  céder  ensuite  à  d'autres 
corps  suroxydables.  J'ai  développé  à  différentes  reprises  cette  théorie  et 
ses  applications  (°). 

(1)  Voir  mes  expĂ©riences  {Ânn.  de  Chim.  cl  de  Phys.,  5=  sĂ©rie,  t.  V,  1875,  p.  807- 
3o8;  7^  série,  t.  IV,  iSgS,  p.  43i). 

{'-)  MĂȘme  lAecueil,  6"  sĂ©rie,  t.  XIX,  1890,  p.  517. 

(")  MĂȘme  Recueil,  3-=  sĂ©rie,  t.  XXI,  1880,  p.  lĂŽ-'i,  170;  7"  sĂ©rie,  t.  XI,  1897,  p.  217 
et  t.  XXIII,  1901,  p.  02,  60. 

{')  MĂȘme  Recueil,  7=  sĂ©rie,  t.  IV,  iSgS,  p.  55i,  ■'iS^. 

(')  MĂȘme  Recueil,  5°  sĂ©rie,  l.  LVIU,  1860,  p.  /126;  et  Chimie  vĂ©gclale  el  agricole, 
t.  III,  p.  476  et  497. 

C')  Voir  nolamnient  Chimie  végétale  el  agricole,  t.  111,  p.  4*"J  i'  '178  et  p.  5o5 
Ă   5io. 


g56  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

»  Elle  me  parait  s'appliquer  également  aux  actions  destructrices  des 
insectes  et  des  microbes  animaux,  exercées  par  les  aldéhydes  et  par  les 
carbures  benzéniques.  Ces  derniers  en  particulier  possÚdent,  comme  l'es- 
sence de  térébenthine,  l'aptitude  à  déterminer  l'oxydation  de  l'indigo  (^vi- 
sible presque  immédiatement  par  agitation  en  solutions  trÚs  étendues)  par 
l'oxygĂšne  de  l'air  (  ').  Au  contraire,  la  naphtaline  pure  et  les  carbures  peu 
actifs  analogues  ne  manifestent  pas  cette  propriété.  Ces  actions  rentrent 
donc  dans  les  interprétations  générales  signalées  plus  haut.  » 


PHYSIQUE.    —  Sur  les  forces  Ă©lectromolrices  rĂ©sultant  du  rontacl 
et  de  l'action  réciproque  des  licjuidcs;  par  M.  Berthei.ot. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  le  numéro  de  décembre  des 
Annales  de  Pliysique  et  de  Chimie,  renfermant  l'ensemble  et  le  détail  des 
recherches  que  j'ai  exécutées  cette  année  sur  les  piles  résultant  de  l'action 
réciproque  des  liquides,  tels  que  les  acides  étendus  opposés  aux  bases 
étendues,  les  composés  oxydants  dissous  opposés  aux  corps  oxydables 
éo^alement  dissous,  etc.  Ces  recherches  sont  exposées  dans  dix  Mémoires 
et  comprennent  plus  de  deux  mille  déterminations  expérimentales.  Sans 
revenir  sur  les  résumés  de  ces  recherches,  sommairement  exposées  dans 
les  Comptes  rendus,  il  semble  opportun  de  rappeler  que  les  mesures,  effec- 
tuées dans  les  conditions  définies  au  cours  de  ces  Mémoires,  conduisent  à 
des  valeurs  bien  définies,  comme  chiffre  et  comme  signification,  contrÎlées 
et  vérifiées  par  des  rÚgles  aussi  assurées  que  celles  qui  résultent  de  l'em- 
ploi d'électrodes  impolarisables.  J'ai  démontré  que  les  forces  électromo- 
trices, ainsi  réalisées  par  l'action  réciproque  des  liquides,  sont  susceptibles 
de  développer  des  courants  continus,  doués  d'intensités  capables  de  pro- 
duire un  travail  extérieur  d'électrolyse,  également  continu.  Ce  travail  est 
alimenté  par  les  énergies  des  réactions  chimiques,  accomplies  indépen- 
damment et  en  dehors  des  électrodes  métalliques,  par  le  contact  direct  des 
liquides  mis  en  Ɠuvre.  Entre  les  valeurs  des  forces  ainsi  dĂ©veloppĂ©es,  il 
existe  une  série  de  relations  générales  qui  n'avaient  point  été  énoncées 

jusqu'ici. 

»   Cet  ordre  de  phénomÚnes  mérite  une  attention  particuliÚre,  au  double 


(')  MĂȘme  Ouvrage,   p.  498;  Annales  de  Cliiin.  et  de  Pliys.,  4'=  s.,  l.  XII,    1S69, 
.  154. 


‱      SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE     (go'i.  937 

point  (le  vue  des  théories  électrochimiques  et  de  leurs  applications  scien- 
lifiques  ou  industrielles.  Théories  et  applications  n'ont  guÚre  tenu  compte 
jusqu'ici  que  des  effets  et  des  forces  électriques  développés  au  contact  des 
liquides  avec  les  électrodes,  spécialement  avec  les  électrodes  métalliques. 
Cependant  il  conviendrait  d'envisager  tie  |)lus  prĂšs  les  effets  et  les  forces 
électriques  développés  lors  du  contact  réciproque  des  liquides.  Dans  les 
piles  ordinaires,  on  s'est  attaché  surtout  aux  métaux  servant  d'électrodes, 
et  qui  par  leur  oxydation  ou  leur  substitution  deviennent  des  générateuis 
d'énergie  chimique,  transformable  en  électricité.  Il  conviendrait  maint'  - 
nant  de  chercher  Ă   utiliser  Ă©lectriquement  les  Ă©nergies  chimiques  engen- 
drées par  les  réactions  de  neutralisation  et  d'oxydation,  non  plus  entre 
métaux  et  liquides,  mais  entre  liquides  seuls,  réactions  qui  s'accomplissent 
continuellement  dans  les  préparations  du  laboratoire  et  de  l'industrie.  » 


MÉDECINE.  —  Su7-  un  Protozoaire  noaceaii  (Piroplasma  Donovani  Lai',  et 
Mesn.),  parasite  d'une  fiĂšvre  de  F  Inde.  Note  de  MM.  A.  Lavkran 
et  F.  Mesnil. 

<(  La  découverte  d'une  fiÚvre  humaine  à  ïrypanosomes  (maladie  de 
Dutlon  )  (')  a  eu,  entre  autres  conséquences,  celle  d'attirer  l'attention 
des  chercheurs  sur  l'Ă©tiologie  de  certaines  fiĂšvres  des  pays  tropicaux,  que 
l'on  attribuait  trop  facilement  au  paludisme,  bien  que  la  recherche  de  l'hé- 
matozoaire spécifique  fût  toujours  négative  et  que  ces  fiÚvres  ne  fussent 
pas  influencées  par  la  quinine. 

»  A  la  suite  des  publications  sur  les  liÚvres  à  Trypanosomes  d'Afrique. 
Leishman  fit  remarquer  que,  en  novembre  1900,  ii  l'autopsie  d'un  malade 
mort  d'une  fiÚvre  rémittente  contractée  à  Dum-dum,  prÚs  de  Calcutta, 
autopsie  faite  38  heures  aprĂšs  la  mort,  il  avait  vu,  sur  des  frottis  de  rate, 
de  nombreux  éléments  arrondis  ou  oval.iires  de  2'^  à  3^-  de  diamÚtre,  qui 
montraient,  aprÚs  coloration  par  le  procédé  de  Romanowsky,  un  gros  et  un 
petit  amas  de  chromatine.  Plus  tard,  Ă©tudiant  les  frottis  de  rate  d'animaux 
ayant  succombé  au  Nagana,  il  y  vit  des  corps  analogues  dont  la  nature 
trypanosomienne  n'était  pas  douteuse.  Cette  ressemblance  l'amenait  à  l'idée 
que  les  parasites  de  la  fiĂšvre  de  Dum-dum  Ă©taient  peut-ĂȘtre  aussi  des  Try- 
panosomes (-). 

(')  Voir  sur  i'Ă©lal  acluel  de  la  question  :  Laveran  et  Mesnil,  Ja/ii/s,  i5  juillet  iqoS. 
(')  Leisbman,  Brilislt  mt-c/ic.  Joiir/i.,  3o  mai  1908,  p.  laSa. 


g58  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  A  la  lecture  de  la  Note  de  Leishman,  Donovan,  médecin  militaire  à 
l'hÎpital  de  Madras,  communiqua  qu'il  avait,  de  son  cÎté,  observé  à  trois 
reprises  les  mĂȘmes  corps  que  Leishman  dans  des  frottis  de  rate  faits  post 
morlem  et  qu'il  venait  de  les  retrouver  clans  le  sang  d' une  ponction  de  la  rate 
faite  durant  la  vie  chez  un  enfant  de  12  ans  souffrant  de  fiÚvre  irréguliÚre, 
sans  que  l'hĂ©matozoaire  du  paludisme  ait  jamais  pu  ĂȘtre  trouvĂ©.  Donovan 
chercha  vainement  des  Trypanosomes  dans  le  sang  du  jeune  malade  et  il 
fit  remarquer  fort  justement  que  les  corps  de  Leishman  ne  paraissaient  pas 
pouvoir  ĂȘtre  attribuĂ©s  Ă   des  transformations  de  Trypanosomes,  aprĂšs  la 
mort  du  patient  (  '  ). 

‱  »  La  vraie  nature  de  ces  corps  restait  donc  Ă   dĂ©terminer  et  Donovan,  qui 
Ă©tait  convaincu  de  leur  nature  parasitaire,  voulut  bien  nous  demander 
notre  opinion  à  ce  sujet.  Nous  avons  communiqué  cette  opinion  à  l'Aca- 
dĂ©mie de  MĂ©decine  le  3  novembre  dernier,  en  mĂȘme  temps  que  nous  prĂ©- 
sentions les  préparations  et  les  aquarelles  qui  nous  avaient  été  envoyées 
par  Donovan;  nous  avons  donné  une  brÚve  description  du  parasite  sous  le 
nom  de  Piroplasma  Donovani  (^). 

»  Ce  parasite  a  été  depuis  l'objet  de  deux  Notes  de  Ronald  Ross  (  '  ),  qui 
a  eu  comme  nous  à  sa  disposition  des  préparations  de  Donovan,  et  d'une 
nouvelle  Note  de  Leishman  (^)qui  reconnaßt  l'identité  des  corps  qu'il  a 
découverts  avec  ceux  trouvés  par  Donovan.  Leishman  n'abandonne  pas 
encore  complÚtement  l'idée  de  Trypanosomes  en  voie  de  dégénérescence  : 
cette  dégénérescence  ne  serait  pas  due  à  la  mort  de  l'hÎte,  mais  à  la  des- 
truction intrasplénique  du  parasite  durant  la  vie  du  malade. 

»  Quant  à  Ross,  il  voit,  dans  les  corps  en  question,  un  Sporozoaire  nou- 
veau pour  lequel  il  croit  devoir  créer  le  genre  Leishmania. 

))  Du  17  juin  au  5  novembre  iQoS,  Donovan  a  trouvé  les  corps  en  ques- 
tion, à  la  ponction  de  la  rate,  chez  16  malades  présentant  les  symptÎmes 
suivants  :  rate  et  foie  hypertrophiĂ©s,  fiĂšvre  irrĂ©guliĂšre,  ƓdĂšme  paroxys- 
tique des  pieds,  congestion  des  poumons;  occasionnellement,  hémorragies 
sous-cutanées  et  ulcérations  de  la  bouche.  Les  médicaments,  quinme, 
arsenic,  salicylate  de  sodium,  sont  sans  effet  (/). 


(')  Donovan,  Britisli  inedic.  Joitrn.,  11  juillet  igoS,  p.  79. 

(=)  Bull.  Acad.  Médecine,  séance  du  3  novembre  igoS,  p.  238. 

(')  R.  Ross,  British  medic  Joiirn.,  i4  novembre   igoS,  p.  1161  et  28  novembre, 

p.  i^oi. 

(■‱)  Leishman,  BrUisli  medic.  Juurn.,  21  novembre  igoS,  p.  1876. 
(-)  Donovan,  Britisli  medic.  Journ.,  28  novembre  igoS,  p.  i4o3. 


SÉANCE  DU  7  DÉCEMBRE  rgoS.  gSg 

))  Les  préparations  qui  nous  ont  été  envoyées,  avec  une  grande  libéra- 
lité, par  le  D'  Donovan,  se  rapportent  à  plusieurs  de  ces  cas.  En  plus  des 
frottis  de  rate,  elles  comprennent  un  frottis  de  foie  renfermant  Ă©galement 
des  parasites.  Un  certain  nombre  de  ces  préparations  ont  été  trÚs  bien 
colorées  par  le  D'  Donovan  (méthode  de  Romanowsky);  nous  avons 
coloré  les  autres  par  la  méthode  bleu  Borrel-éosine,  tanin. 

»  Dans  ces  préparations,  le  parasite  se  présente  sous  l'aspect  de  petits 
éléments  piriformes,  ovalaires  ou  sphériques,  libres  {/ig.  (3-g)  ou  inclus 
dans  les  hématies  {fig.  i-j).  Les  éléments  piriformes,  que  Ross  ne  signale 
pas,  sont  en  majorité  dans  certaines  de  nos  préparations  ;    leur  forme 


I<'ig.  I  el  2.  —  HĂ©iiialies  d'aspcit  normal  contenant  rhacimu  un  petit  Piioiilasma. 
Fig.  3,  4,  5.  —  HĂ©maties  altĂ©rĂ©es  contenant  de  2  Ă   7  parasites. 
Fig.  6,  7,  8.  —  Parasites  libres  sphĂ©riques,  ovalaires  ou  piriformes. 
Fig.  9.  —   Parasite  pirifornie  en  voie  de  division. 

Fig.  10.  —  Deux  parasites  piriformes  accolĂ©s  provenant  probablement  d'une  division  par  bipartition. 
Fig.  II.  —  ÉlĂ©ment  parasitaire  sphĂ©rique,  grand. 

Fig.  12,  i3,  14. —  Formes  de  multiplication  par  division  rĂ©pĂ©tĂ©e  du  noyau. 

Fig.  i3,  17.  —  Grands  leucocytes  mononuclĂ©aires  avec  parasites  inclus  dans  le  protoplasme  et  mĂȘme 
dans  le  noyau  {fig-  i5). 

Fig.  16.  —  PolynuclĂ©aire  avec  un  parasite  inclus  dans  le  protoplasme  (Gross.,  1000  D  environ). 


rappelle  tout  à  fait  celle  des  éléments  les  plus  typiques  du  Piroplasina  bige- 
miniim  de  la  fiÚvre  du  Texas  (ils  représentent  sans  doute  aussi  la  forme 
typique  du  parasite  humain  que  nous  décrivons).  Ils  mesurent  2"^,  5  à  4''  de 
long  sur  i"^,  5  de  large  (./%.  7-9)- 

»  Dans  ces  éléments,  comme  dans  les  formes  rondes  ou  ovalaires,  on 
distingue  une  sphĂšre  chromatique  (sans  doute  karyosome)  assez  volumi- 
neuse qui,  dans  les  éléments  i)iriformes,  est  située  d'ordinaire  du  cÎté  de 
la  grosse  extrémité.  Sur  un  mÎme  diamÚtre  transversal  que  cette  masse 
s'en  trouve  généralement  une  autre  plus  petite,  ronde  ou  bacillaire,  parfois 


q6o  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

reliée  à  la  premiÚre  par  un  mince  pédicule.  Le  reste  du  contenu  dos  païa- 

sites  est  finement  granuleux  et  assez  clair. 

»  Les  hématies  parasitées  s'altÚrent  rapidement;  elles  pùlissetU,  ne 
prennent  plus,  dans  les  prĂ©parations  colorĂ©es,  la  mĂȘme  teinte  que  les 
hĂ©maties  normales  et  deviennent  granuleuses.  La  mĂȘme  hĂ©matie  contient 
un  nombre  de  parasites  qui  varie  de  i  (cas  trÚs  fréquent)  à  7  ou  8 
{Jig.  1-5)  sans  que  l'hématie  soit  nettement  hypertrophiée;  nous  avons  vu 
une  hématie  avec  i4  parasites  :  elle  avait  triplé  de  volume  environ. 

»  Ross  ne  croit  pas  à  l'existence  de  formes  endoglobulaires.  Il  nous  pa- 
raßt bien  difficile  d'interpréter  autrement  les  nombreuses  figures  que  nous 
avons  observées  (sur  lesquelles  Donovan  avait  attiré  notre  attention)  et 
que  Ross  a  vues  de  son  cÎté.  Remarquons  simplement  que  :  i"  quelques 
globules  parasités  avaient  encore  gardé  leurs  réactions  colorantes  nor- 
males, soit  en  entier,  soit  à  la  périphérie  seulement;  2°  la  quantité  de 
matiĂšre  en  dehors  des  parasites  est  d'autant  plus  grande  qu'il  y  a  moins  de 
parasites,  ce  qui  s'explique  trĂšs  facilement  dans  notre  hypothĂšse,  trĂšs 
difficilement  au  contraire  avec  la  conception  de  Ross  de  «  matrices  oĂč  se 
produisent  des  spores  ».  Leishman  croit  comme  nous  à  l'existence  de 
véritables  formes  endoglobulaires  {loc.  cit.,  p.  1377).  Notons  enfin  que  les 
hématies  parasitées,  qui  ont  disparu  dans  les  frottis  faits  à  l'autopsie,  sont 
d'autant  plus  abondantes,  dans  les  frottis  faits  pendant  la  vie,  que  la  pré- 
paration a  été  mieux  réussie.  Malgré  tout,  le  nombre  des  formes  libres 
dépasse  toujours  celui  des  formes  endoglobulaires. 

»  Cette  existence  de  formes  endoglobulaires  suggÚre  l'idée  que  les 
parasites  doivent,  à  un  moment  donné,  se  trouver  dans  la  circulation  péri- 
phérique. Donovan  nous  a  dit  ne  pas  les  y  avoir  encore  rencontrés;  ils 
faisaient  défaut  dans  une  préparation  de  sang  qu'il  nous  a  envoyée. 

))   Nous  avons  vu  assez  souvent  des  parasites,   toujours  en  parfait  Ă©tat, 
inclus  dans  les  leucocytes  mononucléaires  ou  polynucléaires  {/ig.  i5-i7) 
en  plus  ou  moins  grand  nombre.   Certains   nous  ont  semblĂ©   ĂȘtre  inclus 
dans  les  noyaux  leucocytaires  (/i;-.  iJ  );  mais,  dans  ces  cas,  les  noyaux 
étaient  toujours  altérés. 

»  La  reproduction  des  parasites  parait  se  faire  par  bipartition  (c'est  le 
cas  le  plus  fréquent)  et  par  multipartition.  Dans  le  premier  cas,  la  grosse 
masse  chromatique  se  divise  'en  deux  et  l'élément  piriforme,  dont  le  vo- 
lume n'est  guÚre  augmenté,  se  fend  longitudinaleinent  (  flv;.  9-10).  Dans  le 
second  cas,  le  parasite  s'accroĂźt  progressivement  en  prenant  une  forme 
sphérique  (fig.  11);  bientÎt,  son  noyau  se  divise;   on  trouve  ainsi  des  élé- 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igoS.  961 

ments  dont  le  diamÚtre  peut  atteindre  celui  d'une  hématie,  avec  2,  3,  /(. 
5,  G,  au  maximum  8  grosses  masses  chromatiques  (Ji^\  12-i/i);  les  petites 
masses  manquent  souvent,  ou  sont  en  nombre  inférieur  à  celui  des 
i^randes.  Les  éléments  avec  4  à  8  noyaux  ressemblent  incontestablement 
aux  hématies  avec  autant  de  parasites,  et  il  faut  parfois  quelque  attention 
pour  faire  la  distinction;  Ross  a  dû  confondre  ces  deux  catégories  d'élé- 
ments parasitaires.  Au  terme  final  de  cette  Ă©volution,  il  y  a  vraisemblable- 
ment division  radiaire  du  parasite  en  éléments  mononucléés  ;  certaines 
figures  en  rosace,  que  nous  avons  observées,  nous  paraissent  bien  avoir 
cette  origine. 

))  A  aucun  moment  de  leur  Ă©volution,  les  parasites  ne  contiennent  de 
pigment. 

1)  Quelle  place  donnera  l'organisme  nouveau?  L'existence  Ă   peu  prĂšs 
constante  de  la  petite  masse  chromatique,  si  semblable  au  centrosome  des 
Trypanosomes,  devait  naturellement  faire  penser  Ă   un  Trypanosome,  ou, 
d'une  façon  générale,  à  un  Flagellé.  Pas  plus  que  Donovan  et  Ross  nous 
n'avons  pu  colorer  de  flagelle. 

»   Aussi,  nous  pensons  pouvoir  éliminer  cette  hypothÚse. 

))  Les  faits  que  nous  avons  constatés  montrent  qu'il  n'y  a  pas  de  diffé- 
rence essentielle  entre  le  parasite  de  Leishman-Donovan  et  les  Piroplasmes 
actuellement  connus,  en  particulier  le  Piroplasme-type,  P.  higeminum  :  la 
forme  en  poire,  la  division  longitudinale  en  deux  sont  la  rĂšgle,  comme  chez 
le  P.  hloeminum;  la  multipartition  en  quatre  et  mĂȘme  plus  s'observe  parfois 
chez  les  Piroplasmes.  Enfin,  l'existence  de  formes  endoglobulaires  lĂšve 
toute  objection  Ă   cette  maniĂšre  de  voir. 

»  Nous  ne  pouvons  donc  que  maintenir  le  nom  Piroplasma  Donovani  que 
nous  avons,  dans  notre  premiÚre  Note,  donné  au  parasite. 

M  L'existence  reconnue  de  cette  piroplasmose  humaine  dans  deux 
régions  de  l'Inde  aussi  éloignées  que  Madras  et  Calcutta  laisse  supposer 
que  la  distribution  géographique  de  cette  maladie  est  étendue;  il  y  aura 
lieu  de  faire  la  recherche  systématique  du  parasite  de  Donovan  dans  les 
fiÚvres  rémittentes  non  palustres  des  régions  sud-asiatiques  et,  en  parti- 
culier, de  notre  Indo-Chine. 

»  Les  Piroplasmes  occupaient  déjà  une  place  importante  en  pathologie 
vétérinaire.  C'est  la  premiÚre  fois  qu'on  signale  une  maladie  humaine  pro- 
duite par  un  Piroplasme  bien  caractérisé  (').   » 

(')   l.'allenlion  a  élé  altirée,  depuis  un  an  environ,  sur  une  malarlio  particuliÚre  des 
C.  R.,  1903,  2«  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N'  23.)  f '-iU 


q62  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIQUE.  —  Sur  la  propriĂ©tĂ©  d'Ă©mettre  ries  rayons  n,  que  la  compression 
confÚre  à  certains  corps,  et  sur  l'émission  spontanée  et  indéfinie  de  rayons  n 
par  l'acier  trempé,  le  verre  trempé,  et  d'autres  corps  en  état  d'équilibre 
moléculaire  contraint.  Note  de  M.  R.  Ißi,o>di.ot. 

«  M.  le  Professeur  A.  Charpentier  ayant  bien  voulu  me  tenir  au  courant 
(le  recherches  d'ordre  physiologique  qu'il  poursuit  actuellement  concer- 
nant les  rayons  n,  recherches  inédites  qui  promettent  des  résultats  d'un 
haut  intĂ©rĂȘt,  ces  expĂ©riences  firent  naĂźtre  en  moi  l'idĂ©e  d'examiner  si  cer- 
tains corps  n'acquerraient  pas  par  la  compression  la  propriété  d'émettre 
des  rayons  n.  A  cet  effet,  je  comprimai,  au  moyen  d'une  presse  de  menui- 
sier, des  morceaux  de  bois,  de  verre,  de  caoutchouc,  etc.,  et  je  constatai 
immédiatement  que  ces  corps  étaient  en  effet  devenus  pendant  la  cowz/jr^^- 
«o«  des  sources  de  rayons  n  :  approchés  d'une  petite  masse  de  sulfiu-e  de 
calcium  phosphorescent  ils  en  augmentent  l'Ă©clat,  et  ils  peuvent  aussi 
servir  à  répéter  les  expériences  qui  montrent  le  renforcement  qu'éprouve 
l'action  exercée  sur  la  rétine  par  la  lumiÚre  lorsque  des  rayons  n  viennent 
agir  en  mĂȘme  temps  sur  l'Ɠil. 

))  Ces  derniÚres  expériences  peuvent  se  faire  trÚs  simplement  :  les  volets 
d'une  chambre  ayant  été  fermés  de  façon  à  laisser  juste  assez  de  lumiÚre 
pour  qu'une  surface  blanche  se  détachant  sur  un  fond  sombre,  par  exemple 
le  cadran  d'une  horloge,  apparaisse  à  l'observateur  situé  à  4"  ou  5"'  comme 
une  tache  grise  sans  contours  arrĂȘtĂ©s,  si,  une  canne  Ă©tant  placĂ©e  en  avant 
des  yeux,  on  vient  Ă   la  plier,  on  voit  la  surface  grise  blanchir;  si  on  laisse 
la  canne  se  redresser,  la  surface  redevient  sombre.  Au  lieu  de  la  canne, 
on  peut  employer  une  lame  de  verre,  que  l'on  fléchit,  soit  à  l'aide  de  la 
presse  dont  on  se  sert  pour  montrer  dans  les  cours  que  le  verre  devient 
biréfringent  par  la  flexion,  soit  simplement  avec  les  mains.  Avec  un  degré 
d'Ă©clairement  convenable,   que  l'on  obtient  par  quelques  tĂątonnements. 


Monlagnes  Rocheuses,  uommée  Spotled  Jever.  Wilson  et  Chowning,  puis  Anderson, 
ont  décrit  comme  agents  pathogÚnes  de  cette  fiÚvre  des  liématozoaires  endoglobu- 
laires,  qu'ils  rangent  dans  le  genre  Piroplosma  (P.  /lominis  .Manson).  D'aprĂšs  les 
faits  publiés  jusqu'à  ce  jour,  la  nature  piroplasmique  des  inclusions  des  hématies  nous 
parait  encore  douteuse.  En  tout  cas  ‱*  Spotted J'eicr  n'a  rien  à  voir  avec  la  fiùvre  de 
l'Inde  dont  nous  parlons. 


SÉANCE  DU  7  DÉCEMBRE  igoS.  9^3 

ces  phénomÚnes  sont  aisément  visibles.  Us  ne  sont  pas  instantanés,  j'en  ai 
donné  précédemment  la  raison;  il  importe  absolument  de  tenir  compte  de 
ce  retard  quand  on  veut  étudier  ces  phénomÚnes  ;  c'est  lui  sans  doute  qui 
est  cause  qu'ils  n'ont  pas  été  aperçus  depuis  longtemps. 

»  Je  fus  alors  conduit  Ă   me  demander  si  les  corps  qui  sont  d'eux-mĂȘmes 
dans  un  Ă©tat  d'Ă©quilibre  interne  contraint  n'Ă©mettraient  pas  de  rayons  /(. 
C'est  ce  que  l'expérience  démontre  en  effet  :  les  lames  bataviques,  l'acier 
trempé,  le  laiton  écroui  par  le  martelage,  du  soufre  fondu  à  structure  cris- 
talline, etc.  sont  des  sources  spontanées  cl  permanentes  de  rayons  n.  On 
peut  par  exemple  répéter  les  expériences  du  cadran  d'horloge  en  employant, 
au  lieu  du  corps  comprimé,  un  outil  d'acier  trempé,  tel  qu'un  burin  ou 
une  lime,  ou  mĂȘme  un  couteau  de  poche,  sans  les  comprimer  ni  les  plier 
aucunement;  de  mĂȘme,  il  suffit  d'approcher  d'une  petite  masse  de  sulfure 
de  calcium  phosphorescent  une  lame  de  couteau  ou  un  morceau  de  verre 
trempé  pour  en  augmenter  la  phosphorescence.  L'acier  non  trempé  est 
sans  action  :  un  burin  que  l'on  trempe  et  détrempe  successivement  est 
actif  quand  il  est  trempé  et  inactif  quand  il  est  détrempé.  Ces  actions  tra- 
versent sans  affaiblissement  notable  une  plaque  d'aluminium  Ă©paisse  de 
i'°',5,  un  madrier  de  chĂȘne  Ă©pais  de  3"'",  du  papier  noir,  etc. 

»  L'émission  des  rayons  n  par  l'acier  trempé  paraßt  avoir  une  durée 
indéfinie  .  des  outils  de  tour  et  une  marque  à  cuirs  datant  du  xyiii"  siÚcle, 
conservés  dans  ma  fiunille  et  n'ayant  certainement  pas  été  trempés  de 
nouveau  depuis  l'Ă©poque  de  leur  fabrication,  Ă©mettent  des  rayons  n 
comme  l'acier  récemment  trempé.  Un  couteau  provenant  d'une  sépulture 
gallo-romaine  située  sur  le  territoire  de  Craincourt  ([lorraine)  et  datant 
de  l'époque  mérovingienne,  ainsi  que  l'allestent  les  objets  que  l'on  y  a 
trouvés  (vases  de  verre  et  de  terre,  fibules,  boucle  de  ceinturon,  glaive 
dit  scramasax,  etc.  )  Ă©met  des  rayons  n  tout  autant  qu'un  couteau  moderne. 
Ces  rayons  proviennent  exclusivement  de  la  lame;  l'essai  à  la  lime  a  montré 
qu  en  effet  la  lame  seule  est  trempĂ©e  et  que  la  soie  qui  Ă©tait  destinĂ©e  Ă   ĂȘtre 
fixée  dans  un  manche  ne  l'est  pas  (').  I^'émission  des  rayons  n  par  celte 
lame  d'acier  trempé  persiste  ainsi  depuis  plus  de  douze  siÚcles  et  ne  paraßt 
pas  s'ĂȘtre  affaiblie. 

»  La  spontanéité  et  la  durée  indéfinie  de  l'émission  de  l'acier  évoquent 


(')  Les  Gaulois  primitifs  semblent  ne  pas  avoir  connu  l'acier,  car,  au  rapport  de 
Poljbe,  leurs  épées  de  fer  ne  piquaient  pas  et  se  pliaient  dans  les  combats  dÚs  les 
premiers  coups.  Le  couteau  dont  il  s'agit  ici  est  d'origine  Gallo-Roraaine,  et  lesGallo- 
Roniains  avaient  sans  doute  appris  des  Romain-;  Ă   fabriquer  l'acier  et  Ă   le  tremper. 


964  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

l'idée  d'un  r;ij)|)rochemenl  avec  les  propriétés  radiantes  de  l'iiraniiiui, 
découvertes  par  M.  H.  Becquerel,  et  que  les  corps  découverts  depuis  par 
M.  et  M""'  Curie  :  radium,  polonium,  etc.,  présentent  avec  tant  d'inten- 
sité. Toutefois,  les  rayons  n  sont  certainement  des  radiations  spectrales  : 
ils  sont  Ă©mis  par  les  mĂȘmes  sources  que  ces  radiations,  se  rĂ©flĂ©chissent,  se 
réfractent,  se  polarisent,  possÚdent  des  longueurs  d'onde  bien  déter- 
minées, que  j'ai  mesurées.  L'énergie  que  représente  leur  émission  est  vrai- 
semblablement empruntée  à  l'énergie  potentielle  qui  correspond  à  l'état 
contraint  de  l'acier  trempĂ©  :  cette  dĂ©pense  est  sans  doute  extrĂȘmement 
faible,  puisque  les  effets  des  rayons  n  le  sont  eux-mĂȘmes,  et  cela  explique 
la  durée  en  apparence  illimitée  de  l'émission. 

»  Une  lame  de  fer,  que  l'on  plie  de  façon  à  lui  imprimer  une  déforma- 
lion  permanente,  Ă©met  des  rayons  n,  mais  l'Ă©mission  cesse  au  bout  de 
quelques  minutes.  Un  bloc  d'aluminium  que  l'on  vient  de  marteler  se 
comporte  d'une  maniÚre  analogue,  mais  la  durée  de  l'émission  est  beau- 
coup plus  courte  encore.  Dans  ces  deux  cas,  l'état  de  contrainte  molécu- 
laire est  passager,  et  l'Ă©mission  des  rayons  n  l'est  aussi. 

»   La  torsion  produit  des  effets  analogues  à  ceux  de  la  compression.    » 


NOMIIV  AXIONS. 

L'Académie  procÚde,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  formation  d'une  liste 
de  deux  candidats  qui  doit  ĂȘtre  prĂ©sentĂ©e  Ă   M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique  pour  la  chaire  d'Histoire  des  Sciences,  actuellement  vacante  au 
CollĂšge  de  France. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  destiné  au  choix  du  premier  candidat,  le 
nombre  des  votants  Ă©tant  47  : 

M.  Tannery       obtient 4^  suffrages 

M.  Wyrouboff      »       5         » 

Il  y  a  2  bulletins  blancs. 

Au  second  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  second  canilidal, 
le  nombre  des  votants  Ă©tant  44  ‱ 

M.  Wyrouboff  obtient 39  suffrages 

M.  Lalande  »      1         » 

Il  v  a  4  bulletins  blancs. 


SÉANCE  DU  7  DÉCEMBRE  igoS.  qÔ/) 

En  conséquence,  la  liste  présentée  par  l'Académie  à   M.    le  Ministre 
comprendra  : 

En  premiĂšre  ligne M.  Tanneky 

En  seconde  ligne M.  Wyuouboff 

L'Académie  procÚde,  parla  voie  du  scrutin,  à  la  formation  d'une  lislejr 
de  deux  candidats  qui  doit  ĂȘtre  prĂ©sentĂ©e  Ă   M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique,  pour  une  place  d'Astronome  titulaire  actuellement  vacante  Ă  
l'Observatoire  de  Paris. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  premier  candi- 
dat, le  nombre  des  votants  Ă©tant  48, 

M.  Puiseux  obtient ^6  suffrages 

M.  Hamv  »      2         » 

Au  second  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  second  candidal, 
le  nombre  des  votants  Ă©tant  39, 

M.  Hamy    obtient 36  suffrages 

M.  Boquet        »        3         » 

En  conséquence,  la   liste  présentée  par  l'Académie  à  M.  le    Ministre 
comprendra  : 

En  premiĂšre  ligne M.  Puiseux 

En  seconde  ligne M.  Hajiv 


CORRESPONDAIV  CE . 

ASTRONOMIE.  —  Observations  des  LĂ©onides  et  des  BiĂ©lides,  faites  Ă   AthĂšnes, 
en  KjoS.  Note  de  M.  D.  Égimtis,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  LƓwy. 

(c  L'observation  des  Léonides  a  été  faite  à  AthÚnes,  cette  année,  pendant 
trois  soirées,  par  un  temps  trÚs  beau;  la  Lune,  ùgée  de  20-27  jou''s,  n'a 
point  gĂȘnĂ©  les  observations. 

).   Le  i4   novembre,  de  11'' jo'"   à  iS''  (t.  m.  d' AlliÚnes),  on  a  vu  12   météores,  dont 

les  radiants  sont  : 

a=     i53"  156" 

5  =-t-  25  -+-  20 


966  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Le  i5  novembre,  de  xj^'ho'"  à  17'' oo"",  on  a  observé  187  étoiles  filantes,  dont  les  ra- 
diants sont  les  suivants  : 

a=      i5o°  i53°  i52" 

8=^-h    22  -1-21  -i-     24 

Le  16  novembre,  on  a   aperçu  33  météores,   qui  ont  émané,   en  grande  partie,   du 
radiant  suivant  : 

ar^iSo"  Ă»=-|-17''. 

L'essaim  a  atteint  son  maxiiniiia  de  iS*"  à  16''  le  i5  novembre;  la  couleur  des  mé- 
téores était  rouge;  la  vitesse  modérée,  et  Véctal  de  4°  grandeur  en  moyenne.  Il  y  en 
a  eu  un  trÚs  brillant,  qui  a  laissé  une  trace  d"une  durée  de  7.5  secondes  avec  diverses 
couleurs,  surtout  bleuùtres.  La  chute  des  météores,  principalement  le  i5  novembre, 
a  été  réguliÚrement  croissante  et  décroissante  avant  et  aprÚs  le  moment  du  ma-vimum. 
Pendant  les  trois  soirées  on  a  vu  tomber  un  assez  grand  nombre  d'étoiles  filantes  des 
constellations  de  l'Hydre,  du  Grand  Chien  et  i|uelques-unes  prĂšs  de  RĂ©gulus. 

»   Les  Biélides  ont  été  observées  du  22  au  i\  novembre  : 

»  Le  22  novembre,  de  7''  à  l'i^,  on  n'a  vu  aucune  étoile  filante;  le  ciel  était  trÚs 
nébuleux. 

»  Le  23  novembre,  l'observation  fut  favorisée,  à  partir  de  io''3o"',  par  un  temps 
beau,  auparavant  le  ciel  était  nébuleux;  on  distinguait  les  étoiles  de  6=  grandeur.  De 
7''46'"  à  16''  on  a  vu  \f\  météores  qui  émanaient,  en  grande  partie,  du  radiant  : 

a  =  23°  0  =+  43° 

>>  Le  24,  par  un  temps  trĂšs  beau,  on  a  vu  1 1  Ă©toiles  filantes,  dont  les  radiants  sont  : 

a  =  26°  26° 

5  =  46  43 

Les  météores  de  cet  essaim  étaient,  en  général,  de  5'=  grandeur  et  possédaient  une 
trĂšs  grande  vitesse,  avec  des  trajectoires  courtes,  et  une  couleur  rouge.  Un  grand 
nombre  de  ces  astres  ont  sillonné  l'espace  d'une  maniÚre  tellement  rapide  qu'ils  étaient 
à  peine  visibles,  ressemblant  à  des  grains  de  poussiÚre.  » 


ANALYSE    MATHÉMATIQUE.   —    Un  ihcorùme  sur  les  ensembles  mesurables. 
Noie  de  M.  É.>iilk  Borel,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  Appell. 

«  Je  voudrais  signaler  un  théorÚme  fort  général,  que  je  crois  nouveau, 
et  qui  me  paraĂźt  de  nature  Ă   pouvoir  rendre  de  trĂšs  grands  services  dans 
de  nombreuses  applications  à  la  théorie  des  fonctions. 

»   Étant  donnĂ©s,  dans  un  domaine  limitĂ©,  une  infinitĂ©  d' ensembles  mesu- 


SÉANCE  DU  7  DÉCEMBRE  igoS.  967 

rables,  tels  que  la  mesure  de  chacun  d'eux  ne  soit  pas  inférieure  à  r,,  les  points 
communs  à  une  infinité  d'entre  eux  forment  un  ensemble  dont  la  mesure  n'est 
pas  inférieure  à  <7. 

»  On  peut  déduire,  en  pnrticiilier,  de  ce  théorÚme  que  la  propriété  pour 
une  fonction  d'ĂȘtre  continue  en  excluant  des  ensembles  dĂ©mesure  aussi  petite 
que  l'on  veut  se  conserve  Ă   la  limite,  c'est-Ă -dire  appartient  Ă   la  fonction 
limite  (supposée  existante)  d'une  suite  quelconque  de  fonctions  qui  la  pos- 
sÚdent. Cette  propriété  appartient,  par  suite,  à  toutes  les  fonctions  définies 
jusqu'ici.  Sous  cette  forme,  cette  remarque  est  Ă©quivalente  Ă   la  proposition 
suivante,  encore  inédite,  qne  me  communique  M.  Lebesgue  :  Toute  fonc- 
tion mesurable  est  continue  en  chacun  de  ses  points,  sauf  pour  un  ensemble 
de  points  de  mesure  nulle,  aux  ensembles  de  mesure  nulle  prés. 

»  En  terminant,  je  dois  signaler  que  la  représentation  simple,  comme 
limite  de  fonctions  continues,  d'une  fonction  discontinue  telle  que  l'en- 
semble P  de  ses  points  de  discontinuité  est  dénombrable  a  été  obtenue  par 
M.  Lebesgue  (').  Dans  ma  Note  du  3o  novembre,  j'ai  traite  seulement  le 
cas  oĂč  P  est  rĂ©ductible;  j'avais  d'ailleurs  surtout  en  vue  de  montrer  com- 
ment l'introduction  des  nombres  transfinis  pouvait  ĂȘtre  Ă©vitĂ©e  dans  une 
question  oĂč,  Ă   un  certain  point  de  vue,  elle  aurait  pu  paraĂźtre  nĂ©cessaire. 
M.  Lebesgue  m'informe  qu'il  possÚde  une  démonstration  sans  nombres 
transfinis  du  théorÚme  général  de  M.  Baire;  c'est  là  un  résultat  dont  l'im- 
portance n'échappera  à  aucun  géomÚtre;  j'espÚre  que  celte  démonstration 
sera  bientÎt  publiée.  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.    —    GĂ©nĂ©ralisation   d'un  thĂ©orĂšme  de    Lanuerre. 
Note  de  M.  A.  Auuic,  présentée  par  M.  Jordan. 

«  Laguerre  (t.  [,  p.  109)  a  démontre  d'une  maniÚre  tout  à  fait  élémen- 
taire une  importante  proposition,  déjà  indiquée  avant  lui  par  Hermite  et 
Biehler. 


(')  .S'(//-  l'approxiination  des  fonctions  {Bulletin  des  Sciences  inattiéniatiqties, 
novembre  1898).  D'aprĂšs  une  lettre  que  m'Ă©crit  M.  Lebesgue,  iiy  a  lieu,  dans  la  partie 
de  cette  Note  oĂč  il  est  question  de  points  de  discontinuitĂ©,  de  dĂ©signer  par  x^,  j-,, 
T»,  0-3,  .  .  .,  non  seulement  les  points  de  discontinuité,  mais  les  extrémités  des  inter- 
valles de  continuité  (forcément  dénombrabies  en  tout  cas). 


q68  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»   Celte  proposition  est  la  suivante  ; 

»  Si  une  équation 

F(s)  -^i^V(z)  =  o 

a  toutes  ses  racines  situĂ©es  d'un  mĂȘme  cĂŽtĂ©  de  Vaxe  des  abscisses,  /'Ă©quation 

pV(z.)  +  q^(:-)^o, 

dans  laquelle  p  et  q  sont  des  nombres  réels  arbitraires,   a  toutes  ses  racines 

réelles. 

»   Je  me  propose  de  généraliser  cette  proposition  et  de  démontrer  que  : 
1)  I^orsqu'une  équation  de  degré  /? 

F(;)  +  i<l>(s)  =  o 

a  toutes  ses  racines  imaginaires,  dont  /.(kin  -  k)  situĂ©es  d'un  mĂȘme  cĂŽtĂ© 
de  l'axe  des  abscisses,  l'Ă©quation 

pY{z)  +  q^\'{z)  =  0 

a  au  moins  n  —  y.k  racines  rĂ©elles. 

»  Et,  rĂ©ciproquement,  si  cette  derniĂšre  Ă©quation  a  n  —  ik  racines 
réelles,  l'équalion  proposée  dont,  par  hypothÚse,  toutes  les  racines  sont 
imaoinaires,  en  a  au  moins  k  d\m  mĂȘme  cĂčlc  de  l'axe  des  abscisses. 

»   I.a  démonstration  est  trÚs  simple. 

»   Posons 

F(r)  +  .a>(=)  =  Aj|f^,  +  ?,/-^). 

1 

»  Parmi  les  [i,.  Ions  ^  o  par  hypothÚse,  k  ont  un  signe  dclcrminé,  et 
n  —  ^  le  signe  contraire. 

).  Faisons  parcourir  à  la  variable  :■  l'axe  des  abscisses,  depuis  —te 
jusqu'il  +CC,  et  Ă©tudions  l'argument  du  produit 

n 

»   Cet  aro-ument  varie  d'une  maniÚre  continue. 

.)   Pour  -  =  —  =c,  chacun  des'«  facteurs  a,  Ă   la  limite,  un  argument  Ă©gal 

à  zéro,  de  sorte  que  l'argument  des  produits  est  également  nul  à  la  limite. 

»   Lorsque  s  varie  de  —  ^d  Ă   +  ^,  l'argument  de  chaque  facteur  aug- 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igoS.  969 

nieiiLe  ou  diminue  d'une  maniÚre  conliniiedc  o  à  ±11,  selon  que  l'ufilxede 
la  racine  considérée  est  au-dessus  ou  au-dessous  de  l'axe  des  x. 

»  Pour  s  =  +  ce,  l'argument  de  chaque  facteur  est  égal  à  ±  II,  de  sorte 
que  l'argument  du  produit  est  Ă©gal  k  ±(n  —  2k)Tl. 

»  Il  est  donc  évident  que  le  vecteur  représentant  ce  produit  a  décrit,  à 
partir  de  l'axe  positif  des  abscisses,  soit  dans  le  sens  direct,  soit  dans  le  sens 
rĂ©trograde,  un  angle  Ă©gal  Ă   (n  —  2k)Jl. 

»  On  ne  considÚre  ici  que  l'arc  décrit  au  total;  mais  il  est  clair  que  le 
vecteur  a  pu,  en  revenant  sur  ses  pas,  parcourir  certains  arcs  dans  les  deux 
sens  opposés,  sans  que  ce  parcours  influe  sur  l'arc  total  décrit. 

»   Si  donc  l'on  pose 

P  s'annulera  toutes  les  fois  que  le  vecteur  se  confondra  avec  l'axe  vertical 
des  coordonnĂ©es,  c'est-Ă -dire  au  moins  (n  —  ik)  fois,  plus  un  nombre  pair 
de  fois  si  le  vecteur  a  recommencé,  en  les  doublant,  certains  arcs  compre- 
nant cet  axe  vertical. 

»  De  mĂȘme,  Q  s'annulera  toutes  les  fois  que  le  vecteur  se  confondra 
avec  l'axe  des  abscisses,  c'est-à-dire  au  moins  (ra —  Q.k  —  i)  fois,  carie 
dĂ©part  et  l'arrivĂ©e  pour  s  =  ±  ao  ne  doivent  pas  ĂȘtre  comptĂ©s. 

»  D'une  maniÚre  générale,  si  l'on  considÚre  l'angle  a  dont  la  tangente 

IrigonomĂ©trique  est  Ă©gale  Ă   —  -( p  elq  rĂ©els),  l'expression 

/jP  +  r/Q 

s'annulera  toutes  les  fois  que  le  vecteur  se  confondra  avec  la  droite  qui 
correspond  avec  l'angle  a,  c'est-Ă -dire  au  moins  («  —  2k)  fois. 

»  Cette  proposition  ainsi  généralisée  semble  avoir  une  grande  impor- 
tance dans  la  théorie  des  équations. 

»   On  sait,  en  effet,  que,  par  une  transformation  de  la  forme 


on  peut  faire  correspondre  à  l'axe  des  abscisses  une  circonférence  décrite 
sur  py  et  capable  d'un  angle  donné.  On  saura  alors,  par  la  simple  applica- 
tion du  théorÚme  deStnrm,  qu'il  y  a,  à  l'intérieur  de  cette  circonférence, 
au  moins  k  racines;  c'est  là  un  résultat  qui  paraßt  avoir  longuement  préoc- 
cupé Laguerre  dans  ses  recherches  sur  la  théorie  des  équations,  n 
C.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  23.)  127 


970 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


AVIATION.  —  Sur  la  qualitĂ©  des  AĂ©lices  susle/Ualrices.  Note  de  M.  Cuarlks 
IIenard,  présentée  par  M.  Maurice  Levy. 

«  Nous  avons  établi  (aj  novembre  i9o3)  la  formule  qui  donne  le  poids 
utile  maximum  qui  peut  ĂȘtre  soutenu  par  un  hĂ©licoptĂšre  Ă   deux  hĂ©lices, 

(l)  Ak  = 


8/  ^l'^i 


nous  avons  étudié  l'influence  du  poids  spécifique  n,  du  moteur;  nous  nous 
occuperons  aujourd'hui  de  celle  du  coefficient  K  qui  dépend  de  la  perfec- 
tion de  l'hélice  employée.  Cette  perfection  de  Xhélice  ou  plutÎt  d'une 
famille  d'hĂ©lices  gĂ©omĂ©triquement  semblables  peut  ĂȘlre  mesurĂ©e  par  un 
chiffre  unique  auquel  nous  nous  proposons  de  donner  le  nom  de  qualité  de 
l'hélice  sustentùt rice.  La  notion  de  cette  qualité  résulte  des  considérations 
suivantes  que  nous  donnons  sous  forme  de  théorÚmes  : 

»   ThĂ©orĂšme  I.  —  Dans  un  appareU  susteutateur  quelconque  utilisant  la 

résistance  de  l'air,  le  rapport  ^t  du  cube  du  poids  soutenu  {poussée)  au  carre 

du  travail  dépensé  par  seconde  est  un  nombre  constant. 


»  Cela  résulte  immédiatemeiU  de  la  proporlionnalilé  des  résistances  au  carré  des 

X2 


A' 

vitesses.  Le  rapport  7=^  r=  oj  est  la  puissance  du  sustentateur 


X  ThĂ©orĂšme  II.  —  Dans  un  sustentateur  orthogonal  simple  constituĂ©  par 
un  plan  mince  de  surface  S'  s' abaissant  verticalement,  la  puissance  oj  est  Ă©gale 
au  produit  coS'  du  coefficient  de  la  résistance  de  l'air  par  la  surface. 

»  loi  les  équations  de  la  poussée  A  et  du  travail  T  sont 

A  =  !fS'V-,        T==^S'V» 

d'oĂč,  en  Ă©liniiuanl  la  vitesse  verticale  V  : 

A^ 

—  -co^cpb'.  c.  Q.F.U. 

»  ThĂ©orĂšme  111.  —  Un  sustentateur  quelconque  est  Ă©quivalent  {au  point  de 
vue  de  la  relation  qui  existe  entre  la  poussée  et  le  travail  par  seconde)  à  un 
sustentateur  plan  orthogonal  d'une  certaine  surface. 

»  C'est  une  conséquence  irainédiale  des  tliéorcuies  I  et  II.  Si  S'  est  cette  surface  du 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igoS.  97 I 

plan  orthogonal  Ă©quivalent,  sa  puissance  sera  'iS'  tandis  que  celle  du  sustentateur 
est  ct;  on  aura  donc,  pour  qu'il  y  ail  Ă©quivalence, 

oS'i=ni  d'oĂč  S' = — 

‱a 

donc  : 

»  ThĂ©orĂšme  IV.  —  Un  sustentateur  quelconque  est  Ă©quivalent  Ă   un  plan 
orthogonal  d'une  surface  S'  Ă©gale  au  quotient  rie  sa  puissance  parle  coefficient 
de  la  résistance  de  l'air. 

»  La  surface  S'  est  la  surface  équi\alenlc  du  sustentateur  considéré. 

»  ThĂ©orĂšme  V.  —  Dans  une  famille  d'hĂ©lices  semblables  la  puissance  est 
proportionnelle  au  carré  du  diamÚtre. 

»  Cela  rĂ©sulte  de  l'examen  des  formules  A  =  '■Hoii-x''  et  T  =  Yo"'-^'''  qu'  donnent  la 
poussĂ©e  et  le  travail  par  seconde;  les  coefficients  '/„  et  ‱{„  Ă©tant  les  mĂȘmes  pour  toutes 
les  hélices  semblables, 

»  CoROLL.^iRE.  —  Dans  une  famille  d'hĂ©lices  semblables  la  puissance  est 
proportionnelle  à  la  surface  du  cercle  décrit  par  l'extrémité  des  ailes  ou  surface 
d'appui  S  de  l'hélice,  donc  : 

»  ThĂ©orĂšme  VI.  —  Dans  une  famille  d'hĂ©lices  semblables,  la  surface  Ă©qui- 
valente S'  est  proportionnelle  Ă   la  surface  d'appui  S. 

S' 
»   En  d'autres  termes,  le  rapport  ^  de  la  .surface  équivalente  à  la  surface 

S' 
d'appui  est  un  nombre  constant.  C'est  ce  nombre  constant  ^  =  Q  que 

nous  proposons  d'appeler  la  qualité  de  l'hélice  susteniatrice. 

»  La  signification  de  Q  est  trÚs  claire  :  une  hélice  de  qiialité  ;>,  par  exemple,  est 
Ă©quivalente  au   plan    mince   orthogonal   d'une   surfnce   double   de  sa  surface  d'ap- 

pvi  — — ‱  La  fjualilc  est  indĂ©pendante  de  la  grandeur  de  l'hĂ©lice,  elle  ne  dĂ©pend  que 

de  sa  forme.  Elle  est  indépendante  de  la  densité  de  l'air.  Au  point  de  vue  de  la  forme, 
le  nombre  d'ailes,  la  fraction  de  pas  totale  et  le  tracé  du  contour  des  ailes  ont  bien  une 
certaine  inihience  sur  la  qualité,  mais  celle-ci  dépend  surtout  du  rajjport  /  du  pas  G 
au  diamĂštre  x  {j  est  le  pas  relatif). 

»  En  prenant  !f=:o,o85,  le  Tableau  suivant  cl  le  diagramme  qui  l'accompagne 
donnent  les  valeurs  de  Q  mesurées  à  Chalais  pour  une  série  de  6  hélices  de  i"'  de  dia- 
mÚtre ne  différant  entre  elles  que  par  le  pas  relatif. 

N»  des  hĂ©lires.  1.  2.  3.  'l.  ‱').  C. 

m  m  '"  in  '"  <"! 

Pas  des  hélices o,25  o,5o  0,75  i,oo  i,a.'5  i,5o 

Qualité  Q ,...     G, 48  i,oi  d,14  0,76  o.Sa  o,38 


972 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


»  Le  maximum  de  Q  correspondu  riiolice  n"  3  dont  le  pas  est  les  trois  (|iiarls  di 
diamĂštre,  Q  descend  trĂšs  rapidement  de  part  et  d'autre  de  ce  sommet. 

J,i4  pour  /=o,'S. 


o,2S  o,5o  o,yĂŽ        ,  j,oo    ,       1,20 

'■  -   Fa/efinF  du    pa^  rvlatifj.    ' 


fi  Nouvelle  forme  de  VĂ©quallon  eiiTL,,,.  —  L'Ă©quation  (i)  en  Z,„  devient  facilement, 
en  y  introduisant  Q  (lequel  est  proportionnel  Ă   Ăą^). 


(2) 


_  27  looQ'' 

'-‱m  —  ;; — ;; —  ‱ 


»  Le  poids  utile  maximum  augmente  donc  comme  le  cube  de  la  qualilĂ©.  —  Il  y  a 
donc  le  plus  grand  intĂ©rĂȘt  Ă   amĂ©liorer  la  qualilĂ©,  mais  on  ne  peut  le  faire  indĂ©finiment. 
On  peut  démontrer,  en  efifet,  que  Q  est  proportionnel  au  carré  du  rendement  p  de 
l'hélice  considérée  comme  un  ventilateur,  et  que  le  coefficient  de  projjortionnalité  est 
trĂšs  voisin  de  6. 

»  On  a  donc  Q=6p-,  et,  comme  p  ne  peut  jias  ĂȘtre  supĂ©rieur  Ă   l'unitĂ©,  Q  a  une 
limite  supérieure  égale  à  6.  En  passant  de  notre  qualité  optima  i,i4  à  cette  limite 
supérieure  de  6,  on  multiplierait  le  poids  utile  maximum  par  200  environ  et  l'on  pas- 
serait de  10'''  Ă   2'  pour  les  moteurs  de  5''s  par  cheval.  Sans  aller  si  loin,  on  voit  qu'il 
reste  beaucoup  Ă   gagner  sur  la  valeur  de  Q;  nous  croyons  qu'on  peut  attendre  beau- 
coup de  l'emploi,  pour  les  ailes,  de  profils  courbes  analogues  Ă   ceux  dont  les  avantages 
ont  été  mis  en  évidence  par  nombre  d'aviateurs  pour  les  aéroplanes  et  notamment  par 
le  regretté  Lilienthal. 

»  Nous  serions  heureux  que  cette  Note  ait  pour  résultat  de  susciter  de 
nouvelles  expériences  sur  les  hélices  sustentatrices  qui  sont  loin  d'avoir 
dit  leur  dernier  mot.  » 


SÉANCE  DU  7  DÉCEMBRE  igoS.  973 


PHYSIQUE.  —  Sur  l'inlensitĂ©  de  l'cclairement  produit  par  le  Soleil. 
Note  de  M.  Charles  Fabry,  ijrcsciitce  par  ]M.  Mascart. 

«  Nos  connaissances  actuelles  sur  l'éclairement  produit  par  le  Soleil, 
exprimé  en  fonctions  de  nos  unités  photométriques,  sont  fort  peu  précises. 
Les  grandes  divergences  entre  les  résultats  trouvés  par  les  différents  obser- 
vateurs s'expliquentd'ailleurs,soitpar  l'imperfection  des  méthodes,  soit  par 
l'incertitude  sur  la  valeur  des  unités  photométriques  employées,  soit  par 
les  conditions  atmosphériques  diverses  dans  lesquelles  les  observations  ont 
été  faites. 

»  J'ai  employé  une  méthode  due  à  Bouguer  pour  aflfaiblir  dans  un  rapport  connu 
l'éclairement  solaire.  Le  faisceau  solaire,  aprÚs  avoir  traversé  une  lentille  de  distance 
focale  faible  et  connue,  tombe  sur  l'une  des  faces  de  l'Ă©cran  d'un  photomĂštre  de 
Lumnier  et  Brodhun.  L'autre  face  reçoit  un  Ă©clairenient  constant,  de  mĂȘme  teinte  que 
la  lumiÚre  solaire  :  une  petite  lampe  électrique  à  incandescence  est  placée  au  foyer 
d'une  lentille,  et  Ă©claire  l'Ă©cran  Ă   travers  une  cuve  Ă   faces  parallĂšles  contenant  une  solu- 
tion de  sulfate  de  cuivre  ammoniacal  de  composition  convenable  (').  On  a  mesuré  une 
fois  pour  toutes  le  rapport  de  l'intensité  transmise  à  travers  la  cuve  pleine  d'eau  à 
celle  que  l'on  obtient  à  travers  le  liquide  bleu,  et  trouvé  6,0  comme  moyenne  d'un 
grand  nombre  de  mesures.  La  détermination  de  ce  rapport  est  la  seule  comparaison 
hétérochrome  exigée  par  ces  mesures  (-)  ;  ce  nombre  n'intervient  pas  dans  les  rapports 
des  résultats  entre  eux,  et  toutes  les  mesures  faites  par  ma  méthode  seront  compa- 
rables avec  les  miennes,  pourvu  qu'on  adopte  pour  ce  rapport  la  mĂȘme  valeur.  La  lampe 
électrique  donne  une  intensité  lumineuse  parfailement  constante,  grùce  à  un  mode  de 
réglage  pour  maintenir  constante  la  puissance  électrique  dépensée. 

»  Une  observation  consiste  à  égaliser  les  éclairements  des  deu\  plages  du  photo- 
mÚtre par  déplacement  de  la  lentille  interposée  sur  le  faisceau  solaire.  I^a  connaissance 
d'une  constante  instrumentale,  déterminée  une  fois  pour  toutes,  permet  alors  de  cal- 
culer l'Ă©clairement  solaire. 

»  J'exprimerai  les  résultats  en  prenant  comme  unité  d'intensité  lumineuse  la  bougie 
déciiiialo ;  m'étant  servi  comme  étalon  fondamental  de  la  lampe  Ilefner,  j'ai  considéré 


(')  Voir  Comptes  rendus^  g  novembre  igo?».  En  employant  la  notation  indiquée 
dans  ce  travail,  ma  cuve  correspond  Ă   .r  =:  5.'i,  1 . 

(^)  La  détermination  de  la  constante  de  rn|i|iareil  nécessite  la  comparaison  de  la 
lampe  électrique  avec  l'étalon  photométrique  (lampe  Hefner).  Ces  deux  sources  de 
lumiĂšre  sont  de  teintes  assez  voisines  pour  que  leur  comparaison  puisse  ĂȘtre  faite  direc- 
tement sans  donner  lieu  Ă   aucune  incertitude. 


9^4  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

la  bougie  décimale  comme  représentée  par  rintensilé  de  la  lampe  Hefner,    mullipliée 
par  1,1 3. 

»  RĂ©sidlats.  —  Les  mesures  ont  Ă©tĂ©  faites  Ă   la  FacultĂ©  des  Sciences  de 
Marseille,  sensiblement  au  niveau  de  la  mer,  le  Soleil  n'Ă©tant  jamais  Ă  
plus  de  23"  du  zénith.  Les  nombres  ont  été  corrigés  pour  les  ramener  à  la 
moyenne  distance  de  la  Terre  au  Soleil  et  au  zénith  (cette  derniÚre  correc- 
tion est  presque  négligeable). 

»  Les  nombres  trouvés  varient  naturellement  avec  l'état  de  l'atmo- 
sphĂšre; mais,  si  l'on  ne  fait  entrer  en  ligne  de  compte  que  les  observations 
faites  avec  ciel  parfaitement  beau  (c'est-à-dire  lorsque  aucune  nébulosité 
n'est  visible  dans  la  direction  du  Soleil),  les  nombres  ne  varient  que  de 
quelques  centiĂšmes. 

»  On  peut  admettre  que  l'éclairement  produit  par  le  Soleil  au  zénith,  à 
sa  moyenne  distance,  est,  au  niveau  de  la  mer,  looooo  fois  celui  que  donne 
une  bougie  dĂ©cimale  Ă   iℱ. 

»  Si  l'on  admet  que  l'éclat  apparent  du  disque  solaire  est  uniforme,  on 
en  déduit  que  i°""'  du  disque  solaire  émet  normalement  une  intensité 
lumineuse  qui  est,  aprÚs  absorption  atmosphérique,  de  i8oo  bougies.  En 
réalité,  le  bord  paraßt  moins  brillant  que  le  centre,  de  sorte  que  ce  nombre 
est  un  minimum.  Rappelons  que,  pour  le  caractĂšre  positif  de  l'arc  Ă©lec- 
trique, on  trouve  des  intensités  de  i5o  à  200  bougies  par  millimÚtre  carré. 

»  Il  est  intéressant  de  comparer  le  rayonnement  lumineux  du  Soleil  avec 
son  rayonnement  calorifique  total. 

»  AdmeUons  que,  dans  les  conditions  Je  mes  mesures,  la  quantité  de  chaleur  reçue 
ait  été  de  i  ,5  petite  calorie  par  minute  et  par  centimÚtre  carré.  Un  calcul  facile  per- 
met d'en  conclure  que,  dans  ce  rayonnement  tel  que  nous  le  recevons,  la  puissance 
totale  est  de  o,i3  watt  par  bougie.  L'absorption  atmosphérique  est  plus  forte  sur  les 
rayons  invisibles  que  sur  les  lumineux;  dans  le  rayonneiueiil  solaire,  sans  absorption 
atmosphĂ©rique,  la  puissance  par  bougie  doit  ĂȘtre  un  peu  plus  forte,  probablement 
comprise  entre  o,  i5  et  0,20  watt. 

»  Des  observations  analogues,  faites  en  divers  lieux  et  à  diverses 
Ă©poques,  ne  seraient  peut-ĂȘtre  pas  sans  intĂ©rĂȘt.  Elles  fourniraient  des  ren- 
seignements précis  sur  les  variations  de  la  transparence  de  l'atmosphÚre. 
Faites  dans  les  meilleures  conditions  possibles  (dans  des  stations  élevées), 
elles  pourraient  conduire  Ă   des  renseignements  sur  les  variations  d'Ă©clat 
du  Soleil  :  l'erreur  accidentelle  sur  une  mesure  ne  dépasse  guÚre  i  pour  100, 


SÉANCE  DU  7  DÉCEMBRE  igoS.  976 

grùce  à  la  similitude  des  teintes  des  deux  plages,  et  les  erreurs  systéma- 
tiques seraient  Ă©liminĂ©es  par  l'emploi  constatU  du  mĂȘme  appareil.  Ces 
mesures  sont  plus  faciles  et  moins  affectées  par  l'absorption  atmosphé- 
rique que  ne  le  sont  les  mesures  calorimétriques  destinées  à  déterminer  la 
constante  solaire.   » 


PHYSIQUE  DU  GLOBE,  —  Sur  M  direclion  de  l'aunantalton  perinanenle  dans 
diverses  roches  volcaniques.  Note  de  M!M.  IĂźek.vakd  Bkc.viies  et  Pieriie 
David,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Dans  une  précédente  Communication  (  '  ),  nous  avons  signalé  à  l'Aca- 
démie les  propriétés  magnétiques  de  la  brique  naturelle,  qu'ont  produite,  en 
divers  points  de  la  rĂ©gion  du  Puy-de-DĂčme,  des  coulĂ©es  de  lave  en  venant 
s'Ă©pandre  sur  des  couches  d'argUe  pliocĂšne  ou  quaternaire.  Sur  une  Ă©pais- 
seur variable,  qui  peut  atteindre  2'"  on  3'"  au-dessous  de  la  coulée,  l'argile 
a  été  cuite;  plus  bas,  elle  a  conservé  la  couleur  et  l'état  d'argile  non 
cuite  :  à  cet  état,  elle  possÚde  une  susceptibilité  magnétique,  variable  avec 
sa  composition,  mais  elle  n'a  pas  d'aimanlatiou  permanente.  La  brique 
est,  au  contraire,  aimantée.  Nous  avons  indiqué  une  méthode  propre  à 
fixer  la  direclion  de  l'aimantation  de  cette  brique  naturelle. 

»  Quelque  intĂ©rĂȘt  que  put  prĂ©senter  cette  Ă©tude,  elle  Ă©tait  restreinte  Ă  
une  espĂšce  de  roche  qui  est  trĂšs  particuliĂšre  et  ne  se  rencontre  que  dans 
des  circonstances  assez  rares.  Des  mesures  poursuivies  depuis  deux  ans 
nous  ont  conduits  à  penser  que  toutes  lus  roches  volcaniques  présentent, 
Ă   des  degrĂ©s  divers,  la  mĂȘme  propriĂ©tĂ©,  Ă   savoir  de  possĂ©der  une  aimanta- 
tion rémanente  stable,  dont  la  direclion,  bien  définie  dans  une  carriÚre 
donnée,  diffÚre  en  général  de  la  direction  du  champ  terrestre  actuel  et 
nous  donne  probablement  la  direction  du  champ  magnétique  terrestre  à 
l'Ă©poque  oĂč  la  roche  s'est  solidifiĂ©e. 

»  La  démonstration  de  cette  propriété,  de  conserver  la  direction  d'aiman- 
tation du  champ  magnĂ©tique  oĂč  elle  a  Ă©tĂ©  cuite,  rĂ©salte  pour  la  brique  des 
expériences  directes  de  Folgheraiter,  qui  eu  a  déduit  une  méthode  d'étude 
de  l'inclinaison  magnétique  aux  époques  historiques  d'aprÚs  l'examen  des 


(')   Cuniples  rendus,  i5  juillet  lyoĂŻ. 


ij-jO  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

poteries.  Pour  il'aulres  roches,  elle  nous  paraßt  résulter  de  comparaisons 
avec  la  brique. 

»  Dans  une  carriÚre  d'argile  cuite,  de  Royal,  signalée  dans  notre  pré- 
cédente Communication,  nous  avons  indiqué  que  la  déclinaison,  déduite  de 
l'examen  de  cubes  de  brique,  dépassait  d'environ  60"  la  déclinaison  actuelle 
et  que  l'inclinaison  était  voisine  de  75°.  Nous  avons  examiné  avec  soin  de 
nouveaux  Ă©chantillons  de  brique  naturelle  de  celle  carriĂšre  et  nous  les  avons 
comparés  avec  des  échanlil/ons  cubiques  de  lave  découpés,  suivant  noire  mé- 
thode, dans  la  coulée  qui  est  au-dessus  de  la  brique. 

Argile  cuite  11°  1.  ..  .     A=:52.3o(4-  déclinaison  acLuiille) 
0=  ^o.3o 

Argile  cuite  n°  i2.  ..  .     A  ^54. 10 
0  =  72.00 

Argile  cuite  11°  3.  .. .     A  =  56.4-3 

8  z=  72. i5 

Lave  n°  1 A  =z  52 .  3o 

8  ^  69.20 
La ve  n°  2 A  rr  4o.  20 

5  =  68 

Lave  11°  3 A  =  5o 

8  =  68.30 

Lave  n°  4 A  =  42 .  20 

8  =  68. 5o 

M   Ces  nombres  appellent  quelques  remarques  : 

»  1.  Les  divers  échantillons  de  lave  sont  d'aspect,  de  texture  et,  sans  doute,  de 
composition,  diflerenles.  La  coulée  a  formé  une  pùte  qui  a  englobé,  en  les  fondant,  des 
matiĂšres  trĂšs  diverses  et  elle  ne  devient  homogĂšne  qu'Ă   une  hauteur  de  quelques  mĂštres 
au-dessus  de  la  brique.  Les  divers  Ă©chantillons  sont  pris  en  des  points  dont  les  plus 
éloignés  sont  à  une  vingtaine  de  mÚtres  l'un  de  I  autre. 

»  2.  Ces  échantillons  ont  des  intensités  d'aimantation  variant  de  i  à  i5.  Les  plus 
aimantés  ont  une  aimantation  qui  est  d'environ  quatre  fois  celle  des  briques  les  plus 
aimantées. 

»  3.  Les  divers  échantillons  de  lave  présentent  entre  eus.  des  diU'érences  dans  les 
directions  d'aimantation  plus  grandes  que  n'en  présentent  les  briques.  La  slabilUé  de 
leur  aimantation  doit  ĂȘtre  moindre.  NĂ©anmoins,  quand  on  tient  conqite  des  causes 
d'erreur  inĂ©vitables  en  ce  genre  de  dĂ©terminations,  on  ne  peut  s'empĂȘcher  de  penser 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igoB.  977 

(jne  la  lava  (jui.  en  conlaiil,  a  cuit  l'aigile.  n.  il, ma  l'ensemble.  In  iiirnie  direction 
d'aimantation  que  celle  argile  cuite.  La  lave,  elle  aussi,  aurait  donc  conservé  la 
direction  d'aimantation  du  champ  terrestre  à  l'époque  de  la  coulée. 

»  Nous  avons  ici,  en  tous  les  cas,  une  contre-épreuve  caractéristique.  Dans  une  cave 
trÚs  voisine  de  la  carriÚre  de  briques,  on  atteint  la  partie  inférieure  de  la  couche 
d'argile,  et  l'on  reconnaĂźt  qu'elle  repose  elle-mĂȘme  sur  une  coulĂ©e  de  basalte.  Cette 
coulée  est  évidemment  antérieure  à  l'autre;  entre  les  deux  s'est  écoulée  la  période 
nécessaire  pour  le  dépÎt  de  la  couche  d'argile.  Or,  un  échantillon  cubique  découpé 
dans  ce  basalte  nous  a  donné  une  direction  d'aiijiantation  trÚs  difTérente  des  échan- 
tillons de  la  lave  supérieure,  une  déclinaison  de  1°  à  l'ouest  de  la  déclinaison  actuelle 
et  une  inclinaison  de  59''4o'-  H  nous  semble  que  ce  fait  seul  suffirait  pour  afiirmer  que 
cette  premiÚre  coulée  n'est  pas  contemporaine  de  l'autre,  et  que  celte  autre  est  con- 
temporaine de  la  cuisson  de  l'argile.  » 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  RĂŽli'  du  temps  dans  la  comparaison  des  Ă©clats 
lumineux  en  lumiÚre  colorée.  NoLe  de  MM.  Axdbé  Broca  et  D.  Si'i.zeiß, 
présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  On  sait  combien  est  délicate  la  comparaison  pholométrique  de  detiK 
plages  de  couleurs  différentes.  Cela  tient  à  ce  que  les  sensations  colorées 
suivent  des  lois  distinctes.  Tout  le  monde  connaßt  le  phénomÚne  de  Pur- 
kinje  : 

»  Si  l'on  donne  mĂȘme  Ă©clat  apparent  Ă   deux  plages  respectivement  rouge  et  bleue, 
pour  une  certaine  intensité  lumineuse,  la  plage  bleue  semblera  notablement  plus 
claire  que  l'autre  quand  on  diminuera  dans  le  mĂȘme  rapport  l'Ă©clairenient  des  deux 
plages;  elle  semblera  au  contraire  moins  claire  que  l'autre,  quand  on  augmentera  dans 
le  mĂȘme  rapport  l'Ă©clairenient  des  deux  plages.  Ilelmholtz  a  montrĂ©  que  ce  phĂ©no- 
mĂšne s'expliquait  si  l'on  admettait  que  les  courbes  qui  relient  la  sensation  permanente 
à  l'intensité  étaient  différenles  pour  les  deux  couleurs.  I-es  expériences  directes  ont 
nionlré  qu'il  en  était  bien  ainsi  (Charpentier,  Macé  de  Lépinaj  et  \icati,  puisKoniget 
Dieterici).  Le  phénomÚne  ne  se  produit  que  pour  des  éclats  assez  bas. 

»  Nous  avons  constatĂ©  un  phĂ©nomĂšne  du  mĂȘme  genre  quand  le  temps 
intervient,  mais  ce  phénomÚne  se  produit  pour  tous  les  éclats  usuels,  et 
d'autant  plus  que  l'Ă©clat  est  plus  grand.  Il  est  d'ailleurs  infiniment  plus 
prononcé  que  le  phénomÚne  Purkinje.  Nous  l'avons  constaté  en  suivant 
une  voie  inverse  de  celle  qui  a  amené  à  la  connaissance  du  phénomÚne  de 
Purkinje.  Nous  avons  conclu  son  existence  de  l'Ă©tude  des  courbes  de  la 
sensation  en  fonction  du  temps  pour  les  diverses  lumiÚres  colorées,  et 
l'expérience  directe  a  vérifié  nos  conclusions. 

G.  R.,  1903,   2-  Semestre.  (T.  CXXXVII    N"  23  )  I  28 


9^8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Nous  reproduisons  dans  la  figure  ci-jointe  les  courbes  que  nous  avons 
tracées  d'aprÚs  nos  mesures,  en  suivant  la  technique  indiquée  dans  notre 
précédente  Note.  Nous  en  avons  indiqué  les  i)rincipaux  résultats.  Aujour- 


EJKojijcu,  (jrr. 


MilliĂšmes   de   seconde 


d'hui  nous  allons  en  indiquer  un  autre,  nous  réservant  de  discuter  ulté- 
rieurement l'ensemble  de  la  question. 

»  On  voit  immédiatement  d'aprÚs  ces  courbes  que  si  une  lumiÚre  bleue  et  une  autre 
quelconque  ont  le  mĂȘme  Ă©clat  en  rĂ©gime  permanent,  il  n'en  sera  plus  de  mĂȘme  quand 
la  lumiùre  n'agira  sur  l'Ɠil  que  pendant  un  temps  assez  court.  Dans  ces  conditions,  le 
bleu  montant,  à  égalité  d'éclat,  beaucoup  plus  vite  et  plus  haut  que  les  autres  cou- 
leurs, aura  toujours  un  éclat  prépondérant  pour  les  temps  courts. 

»  De  mĂȘme,  si  Ton  Ă©galise  en  rĂ©gime  permanent  les  Ă©clats  de  deux  plages  respec- 
tivement rouge  et  verte,  la  plage  rouge  deviendra  plus  Ă©clatante  pour  les  Ă©clairements 
de  courte  durée.  Le  phénomÚne  sera  trÚs  net  mais  beaucoup  moins  prononcé  que  pour 
le  bleu  et  le  vert.  Dans  ce  dernier  cas,  on  peut  arriver  Ă   Ă©galiser,  pour  un  temps  d'Ă©clai- 
rement  assez  court,  aux  environs  de  o"'',!,  les  Ă©clats  de  deux  plages  dont  l'une,  verte, 
a  le  mĂȘme  Ă©clat  qu'un  papier  blanc  Ă©clairĂ©  par  90  lux,  et  l'autre,  bleue,  le  mĂȘme  Ă©clat 
qu'un  papier  blanc  éclairé  par  33  lux. 

»  L'expĂ©rience  directe  a  vĂ©rifiĂ©  les  prĂ©visions  de  la  thĂ©orie.  Éclairons 
par  deux  lumiÚres  différentes,  bleue  et  verte  par  exemple,  les  deux  plages 
d'un  photomĂštre  et  donnons-leur  le  mĂȘme  Ă©clat  apparent.  Puis  mettons  en 
mouvement,  en  avant  de  ces  plages  et  aussi  prĂšs  d'elles  que  possible,  un 
disque  rotatif  muni  d'une  fente  convenable,  nous  verrons  la  plage  bleue 
prendre  une  prépondérance  considérable.  Remplaçons  la  plage  bleue  par 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE      igoS.  979 

une  rouge  :  celle-ci  prendra  une  prépondérance  encore  trÚs  nette  quoique 
moins  grande. 

)i  Mais,  à  cÎté  de  la  vérification  cherchée,  cette  nouvelle  expérience  nous 
a  montré  un  fait  nouveau.  Quand  on  compare  comme  nous  venons  de 
le  faire  une  plage  verte  et  une  bleue,  cette  derniĂšre  prend  pour  les 
premiers  Ă©clairs  un  Ă©clat  vraiment  Ă©norme.  Si  les  Ă©clairs  se  renouvellent 
toutes  les  secondes,  on  voit  trĂšs  nettement  Ă   chaque  fois  l'Ă©clat  du  bleu 
baisser,  pour  se  fixer  à  une  valeur  à  peu  prÚs  constante,  toujours  supérieure 
Ă   celle  du  vert,  au  bout  de  10  ou  i5  Ă©clairs.  Si  les  Ă©clairs  ne  se  renou- 
vellent que  toutes  les  deux  secondes,  l'abaissement  que  nous  venons  de 
décrire  devient  beaucoup  moins  net.  En  comparant  le  rouge  et  le  vert,  le 
phénomÚne  se  montre  encore  pour  le  rouge,  mais  dans  une  mesure  bien 
plus  faible. 

)i  Ceci  nous  montre  que  la  fatigue  rétinienne  due  au  bien  s'accumule 
dans  la  rétine,  et  met  un  temps  relativement  trÚs  long  à  se  dissiper,  alors 
mĂȘme  que  l'action  de  la  lumiĂšre  a  Ă©tĂ©  trĂšs  courte.  Ces  phĂ©nomĂšnes  existent 
pour  le  rouge,  mais  à  un  degré  infiniment  moindre.   » 


THERMOCHIMIE.  —  Sur  une  nouvelle  mĂ©thode  pour  le  calcul  des  chaleurs 
de  combustion  et  sur  quelques-unes  de  ses  conséquences.  Noie  de 
M.  P.    Le-moult. 

«  Nous  avons  montré  qu'on  peut  calculer  la  chaleur  de  combustion  des 
carbures  et  de  leurs  dérivés  oxygénés  en  faisant  la  somme  des  appoints 
dus  aux  groupes  Ă©lĂ©mentaires  |(c'^c^);  —  (c-=c-);  ...  (c  —  H)J  et  de 
ceux  des  groupes  fonctionnels  (^Comptes  rendus,  t.  CXXXVl,  p.  89J 
et  t.  CXXXVII,  p.  5i5  et  656). 

»  Celte  méthode  nous  a  conduit  à  deux  séries  de  formules 

(i)  C,  =  ib-jn  +  A,, 

(2)  C.  =  463w  +  A.e:^- Il  "ï,75«  +  A'^, 

la  premiÚre  pour  les  composés  acycliques,  la  seconde  pour  les  composés 
cycliques  (n  étant  le  nombre  d'atomes  de  C  ;  m  étant  le  numéro  d'ordre  du 
carbure  cyclique  générateur). 

5)  Ces  formules  se  ramĂšnent  Ă   un  seul  type,  quand  on  met  en  Ă©vidence 
les  nombres  x  et  j  d'atomes  de  C  et  d'il  du  carbure  C  H'.  On  a,  en  effet, 


q8o  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

pour  les  carbures aoycliques  saturĂ©s,  C"  W"^-,  A,  =  55,  «  =  je,y  —  2n-h2.; 

C,  =  157/H-  55s^io2/i  +(2«  +  2)^ssio2j:+  ^  j; 

pour  les  carbures  cycliques  x  =  4^n  +  2,  7  =  27h  -H  4  et  A.  =  3  1  ]  ;  or 

C,=:=463/n  +  3i4^io2(^4m-r-2)-t-  ±i(2m  +  4)  =  i02j;-f-  ^J- 

»  Donc,  la  chaleur  de  combustion  :  d'un  carbure  quelconque  (exempt 
(le  liaison  mulliple)  C  H''  est  donnée  par 

cette  formule  comprend  les  carbures  cycliques  à  chaßnes  latérales  saturées 
qui  n'étaient  représentés  ni  par  (1),  ni  par  (2)  et  les  carbures  hydro- 
cycliques. Le  trimélhylÚne  fait  exception. 

Avec  une  léi;Úrc  modification,  la  relation  (x)  s'étend  aux  carbures  mono- 
Ă©lhylĂ©niques;  pour  eux  A,  —  28*^'"';  or  .v  =«,  j  =  2«, 

C,  =  i57/i  -f-  28^^  io2n+  ^-  2/z-h28:zsio2.i-  +  —  y -^  28^'''; 

leur  chaleur  de  combustion  z  —/(CW)  comprend  non  seulenenl  l'ap- 
point normal  1020.- -H  ^  }',  mais  encore  un  surcroĂźt  d'Ă©nergie  K   dont  la 

valeur  atteint  28^^"'  ;  pour  les  carbures  monoacélyléniques,  il  en  est  de 
mĂŽme,  mais  on  doit  prendre  K  =  57'^"';  de  mĂŽme  aussi  pour  4es  carbures 
Ă   plusieurs  liaisons  multiples 

(fj)  s  =  I02X -H  —  J'+ I^' 


la  valeur  de  K  étant  facile  à  calculer  pour  chaque  série.  Exemple  :  le  téré- 
benlhÚne(monoéthylénique)  C'"!!'",  cale,  i49o<^^';  mes.,  1488^'''. 

»  Dans  le  cas  des  composés  oxygénés,  on  peut  donner  également  une 
relation  analogue  Ă   a  ou  P;  un  de  ces  corps  C'H^O''  peut  en  effet  ĂȘtre 
considéré  comme  un  carbure  C-^H^  qui  a  subi  un  commencement  de  com- 
bustion ;  son  pouvoir  calorifique  a  donc  diminué  d'une  quantité  qui  doit 
varier  avec  le  nombre  et  la  nature  de  ceux  de  ses  éléments  que  la  combus- 
tion a  affectés,  c'est-à-dire  doit  varier  suivant  la  fonction  qui  est  apparue 
avec  la  présence  de  l'oxygÚne  dans  la  molécule;  il  faut  donc  retrancher  de 

l'appoint  normal  102a;  4-  ^y  une  quantité  ç  variable  avec  chaque  fonc- 
tion ;  les  ç  sont  d'ailleurs  en  relation  simple  avec  les  apports  des  groupes 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igoS.  98 1 

fonctionnels  ;  ainsi,  par  exemple,  pour  les  alcools  primaires, 

»  En  outre,  nous  avons  vu  qu'il  faut  modifier  le  calcul  quand  la  molé- 
cule contient  une  liaison  multiple  (en  général  retrancher  12*^="');  en  tenant 
compte  de  toutes  ces  considérations,  la  formule  générale,  qui  donne  z  pour 
un  composé  C-^H^O'',  est 

»  Voici  le  Tableau  des  principales  valeurs  de  K  et  de  0  : 

Composé 


saUivé.  étiiyléniquc. 

/j  =  o  (carlnires).      K,  =z  o       Ka^  28'^^' 

K,=  o       K,=  (28  — i2)c.'i 


élliyléno- 
acétylénique. 
=  45'^ 
» 


acétyléniqiie. 

PP=0 K,=  0  1\,=  (2<5  —  I2J-"  K3=;(57  —  12)<^ 

Si  p^  O,  il  faut  faire  exception  pour  les  alcools  tertiaires,  oĂč  K^  =  20^"',  et 
pour  les  anhydrides  d'acides,  oĂč  K2=  4^''- 

o^  =  45'-''  alcools  primaires  et  secondaires.  106 

tp',  ^=  Si*-''  alcools  tertiaires,  phénols,  etc. 
02  =:  SS*^^'  éthers  oxydes  et  acélals. 
<j)3  =  Sg'^"'  aldéhydes  ; 

io6''»'      .,  __90' 


:  45''"'  cétones. 


acides. 


acides 
2 

4,  Cal 


anhydrides  d'acides. 


,Cal 


Ă©thers  sels. 


tp-  r=  38*-"'  quinones. 

ip',  =  0  anthraquinone.  Etc. 

»  Par  exemple,  acĂ©tylacĂ©tate  de  mĂ©thyle,  CH'— CO  —  CH^— CO^—  CIP  :  cale, 
5. 102 -t- 4- 55  —  45 — 90  ^  Sgo"-"' ;  mes.,  .594'"''. 

»  La  formule  y  qui  remplace  l'ancienne  méthode  de  calcul,  en  donnant 
les  mĂȘmes  rĂ©sultats  qu'elle,  comporte  quelques  conclusions  : 
»    1°  Tous  les  =  sont  des  cotes  de  points  placés  dans  un  plan  P, 

55 

z  =  10237  -1-  —y, 

distribués  sur  des  lignes  droites  de  ce  plan  et  réguliÚrement  espacés  ;    le 
plan  origine  des  cotes  est  tantît  z  —  o,  tantît  un  plan  parallùle; 

55 
»   2°  La  persistance  des  facteurs   102   et  -^  est  l'expression   dos   lois 

de  l'homologie  et  de  l'isomérie  ; 

))   3"  z  dépend  de  x  et  de  y  et  non  du  nombre  de  liaisons  simples  que 
les  C  Ă©changent  entre  eux,  ni  de  celles  qui  existent  entre  les  C  et  les  H  ;  or 


982  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

ces  deux  nombres  varient  d'ua  composé  à  l'autre;  donc  l'appoint  calori- 
fique de  chacune  de  ces  liaisons  c,  et  u  est  nul  :  les  atomes  de  C  et  les 
atomes  de  H  des  composés  organiques  saturés  sont  les  uns  à  l'égard  des 
autres  dans  une  indépendance  thermique  absolue;  une  liaison  élhylcnique 
correspond  à  un  emmagasinement  de  28^"' (c.  =  —  28^"'),  une  liaison 
acĂ©tylĂ©nique  Ă   un  autre  de  +  57^^'  (c^  =  —  57^"').  Il  en  est  mĂȘme  pour  le 
IriméthvlÚne  qui  possÚde  une  surcharge  d'environ  So*-"'  et  ces  faits  sont 
d'accord  avec  la  tendance  que  présentent  ces  corps  ou  leurs  dérivés  à 
retourner  au  type  normal. 

»  4°  On  a  vu  que  r,  =  o,  i'.,  =  —  28^^',  i',  =  —  .')7^'''  :  par  une  extrapola- 
tion simple,  on  trouve  ç,.,  = —  3^''.  28  environ  ;  donc,  quand  2"'  de  C  Ă©chan- 
gent entre  eux  4  valences  pour  donner  par  consĂ©quent  1ℱ°'  de  carbone- 
vapeur,  ils  emmagasinent  84^^"'  environ,  ce  qui  porte  la  chaleur  de 
combustion  de  l'ensemble  C"  =  24  Ă   2.102  -l-  84  =  288"^"' environ  ;  d'oĂč  il 
résulte  que  la  chaleur  de  vaporisation  de  24^  de  carbone-diamant  atteint 
288  —  2. 9^)^"', 3  =  100^^'  environ  (chaleur  de  dĂ©polymĂ©risation).  M.  Ber- 
thelot  a  donné  comme  minimum  de  celte  quantité  88^"'  (Ann.  dcCh.  cl  de 
Phys.,  4''  série,  t.  IX,  p.  '475).  De  là  résulte  également  que  la  chaleur  de 
formation  de  la  molécule  de  carbone-vapeur  à  partir  de  ses  2^'  pris  sous 
la  forme  qu'ils  ont  dans  les  composĂ©s  organiques  serait  de  —  84^*'  environ 
(Ă   savoir  :  —  288  -h  2,102).  De  mĂȘme  la  chaleur  de  formation  de  la  molĂ©- 
cule d'hydrogĂšne  Ă   partir  de  ses  2"'  serait  de  —  14^"'-  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Recherches  sur  les  azoïqacs.  Nom'caa  mode  de  forma- 
tion des  dérivés  indazyliques.  Note  de  M.  P.  Fkeixdi.er,  présentée  par 
M.  H.  Moissan. 

«  L'étude  des  azoïques  possédant  une  fonction  alcool  ou  éther-oxyde 
ortho-substituée  a  mis  en  évidence  la  facilité  avec  laquelle  le  noyau 
indazylique  prend  naissance  ('). 

))  Les  acétals  o-azobenzoïque  et  o-hydrazobenzoïque  fournissent  à  cet 
Ă©gard  un  exemple  encore  plus  frappant.  En  effet,  la  transformation  de  ces 
composés  en  indazols  s'effectue  à  une  température  assez  basse  et  sous 
l'influence  d'agents  peu  Ă©nergiques;  de  plus,  elle  implique  une  modifica- 
tion préalable  des  groupements  fonctionnels,  qui  ne  s'effectuerait  pas 
habituellement  dans  les  conditions  dans  lesquelles  j'ai  opéré. 

C)  Combles  rendus,  l.  GXXXVI,  p.  i  '36;  l.  CXXXVII,,  p.  52i, 


SÉANCE  DU  7  DÉCEMBRE  ipoS.  gSS 

))  1°  h'acétal  o-hydrazobenzoïque,  dont  je  décrirai  prochainement  la 
prĂ©paration,  peut  ĂȘtre  recristallisĂ©  sans  allĂ©ration  dans  de  l'alcool  bouillant 
contenant  un  peu  de  soude.  Mais  si  l'on  effectue  la  purification  en  l'absence 
d'alcali  ('),  on  constate  qu'au  bout  de  cpielques  minutes  de  chauffage, 
l'hydrazoïque  a  disparu  :  il  s'est  transformé  intégralement  en  acétal  o-inda- 
zylbenzoique  : 

/^    /GH(0CH^)2         , 

=  2CH'0H 
AzH-AzIl       (.jj^QciFr-  ^^    ^'  CH(OCH^)^ 

»   Si  l'on  prolonge  la  durée  de  l'opération,  on  obtient  une  certaine  quantité  de  l'al- 

déhj'de  correspondante;  néanmoins,  la  vitesse  d'hydrolyse  du  second  groupement  acétal 

paraĂźt  ĂȘtre  beaucoup  moindre  que  la  vitesse  de  formation  de  la  chaĂźne  indazylique. 

/CIK 
»  Vcildchyde  indazyl-o-benzo'iqiie,   C*^H*\   i      ^  Az.CH'.CHO,  cristallise  dans 

l'éther  en  longues  aiguilles  blanches,  fusibles  à  94",5-g5°.ElIe  se  dissout  dans  les  acides, 
et  notamment  dans  l'acide  nitrique  pur,  bouillant,  sans  s'oxyder;  par  refroidissement, 
le  nitrate  se  dépose  sous  la  forme  de  fines  aiguilles  dissociables  par  l'eau.  \Jhydrazone 
cristallise  en  petits  prismes  jaunùtres  qui  fondent  en  se  décomposant  vers  191°.  Celte 
aldéhyde  se  transforme  quantitativement  dans  l'acide  indazyl-o-benzoïque  fusible 
à  204°  {loc.  cit.),  lorsqu'on  la  chauffe  au  bain-marie  avec  de  l'azotate  d'argent  ammo- 
niacal. Cette  derniÚre  réaction  suffit  pour  établir  sa  constitution. 

»  1°  L'aldéhyde/3-azobenzoïque  s'obtient  facilement  en  chauffant  l'acétal 
correspondant  avec  de  l'acide  sulfurique  dilué  (10  pour  100).  Si  l'on 
applique  cette  rĂ©action  Ă   VisomĂȘie  orlho,  on  observe  une  dĂ©coloration 
presque  immédiate  de  la  masse,  et  l'on  obtient  un  mélange  de  deux  sub- 
tances qui  sont  V acide  indazyl-o-benzoïque  (en  quantité  prépondérante)  et 
un  produit  basique  dont  l'Ă©tude  n'a  pu  ĂȘtre  encore  faite,  faute  de  matiĂšre. 
Ici  encore,  la  transformation  est  intĂ©grale  et  extrĂȘmement  rapide. 
»  L'acide  indazylbenzoïque  a  pris  naissance  de  la  façon  suivante  : 
»  L'acétal  étant  saponifié,  le  groupement  azoïque  a  été  réduit  en  grou- 
pement hydrazoïque  par  l'une  des  fonctions  aldéhydiques  qui  a  été  trans- 


(')  M.  WohI  a  déjà  signalé  le  fait  que  les  acétals  sont  saponifiés  en  milieu  neutre  et 
qu'une  petite  quantitĂ©  d'alcali  empĂȘche  complĂštement  l'hydrolyse  {D.  c/i.  G.,  t.  XXXIII, 
p.  2760). 


984  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

formĂ©e  elle-mĂȘme  en  carboxyle 

,CHO  ..  .,     ,CHO 


OHC 


HO'^C 


/\ 


AzH— AzII 

»  Le  second  groupement  aldéhydique  qui  n'a  pas  été  modifié  s'unit 
ensuile  avec  la  chaĂźne  hydrazoĂŻqne  pour  donner  naissance  ;i  l'acide  inda- 
zylbenzoĂŻque  : 

-     .CHO  ,.  ,.    /CIL  9^'" 

)Az- 


HO^^C 


ILO 


^AzH-AzH 


/\/ 


Az 


/ 


/ 


"V 


"\ 


»  Ce  second  exemple  est  encore  plus  typique  que  le  premier;  il  n'est, 
d'ailleurs,  pas  unique  en  son  genre,  et  j'aurai  prochainement  l'occasion 
d'en  mentionner  de  tout  Ă   fait  semblables. 

»  L'acide  indazyl-o-benzoïque  obtenu  dans  cette  réaction  a  été  identifié  avec  le  pro- 
duit préparé  à  partir  de  l'alcool  o-nitrobenzylique.  Sa  constitution  est,  d'ailleurs, 
démontrée  par  les  faits  suivants  :  soumis  à  l'action  de  la  chaleur,  il  fournil  du  pbé- 
nylindazol;  oxydé  par  l'acide  chromique  en  solution  acétique,  il  se  transforme  en 
acide  o-azobenzoïque.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  F  acide  cyanhydrique  sur  l'aldĂ©hydate 
d'ammoniaque  et  les  combinaisons  analogues.  Note  de  M.  3Ăźarcei, 
Dei.Ă©pixe. 


«  On  sait  que  l'action  de  l'acide  cyanhydrique  sur  les  aldéhydates 
d'ammoniaque,  suivie  de  celle  de  l'acide  chlorhydrique  concentré,  con- 
stitue un  des  modes  de  synthÚse  des  x-amino-acides,  découvert  il  y  a 
plus  d'un  demi-siĂšcle  par  Slrecker.  Erlenmeyer  et  ses  Ă©lĂšves  ont,  par  la 
suite,  établi  quela  réaction  donnaitun  a-amino-nitrile  (accompagné  d'imino- 
dinitrile)  que  l'acide  chlorhydrique  changeait  en  a-amino-acide.  Généra- 
lement, on  traduit  ces  transformiilions  par  les  schémas  : 

/CO-H 
\AzH-  ■ 


R.CHO  +  AzH'->R.CH^?  ,,,-hCAzH 

\AzIi- 


r.ch: 


CAz 
.Azli= 


R.CH 


»   Liubavin  a  donné  une  interjirétation  diiïérentc  :  l'acide  cyanhydrique 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igoS.  985 

arracherait  l'ammoniaque  pour  faire  du  cyanhydrale  et  l'aldéhyde  mis  en 
liberté  agirait  sur  ce  cyanhydrate  pour  former  l'amino-nitrile 

B.      RCh(^^"^,  +  CAzH  =  R.CH  :  O  +  CAzH,  AzH'=  R.CH<^^^^,  +  H^O. 

»  Comme  preuve,  il  a  effectué  des  synlhÚses  d'amino-acides,  à  partir 
des  aldéhydes  et  du  cyanure  d'ammonium. 

»  Or  ces  deux  façons  d'écrire  les  réactions  sont  en  défaut  si  l'on 
s'adresse  à  des  dérivés  azotés,  sans  oxygÚne,  comme  l'élhylidÚne-imine 
(CH'  —  CH  =  AzUy,  la  mĂ©lhylĂšne-mĂ©thylimine  (CH-  =  Az  —  CH')',  etc. 
A  moins  d'admettre  que  des  traces  d'eau  jouent  un  rĂŽle  incessant  par  suite 
de  fixations  et  de  mises  en  liberté  alternatives,  il  faut  modifier  les  for- 
mules A  etB.  Tout  d'abord,  la  conséquence  que  Liubavin  a  tirée  de  ses 
expériences  peut  se  renverser  :  l'aldéhyde  prendrait  l'ammoniaque  du 
cyanure  pour  former  un  aldéhydale  sur  lequel  réagirait  l'acide  cyanhydriquc 
suivant  les  Ă©quations  A.  Tout  se  ramĂšne  au  premier  cas. 

»  Voici  maintenant  les  résultats  auxquels  on  arrive  i/ulifféremnienl  avec  l'aldélij- 
date  d'ammoniaque  ou  l'étliytidÚne-imine  opposés  à  l'acide  cyanhydrique  en  présence 
ou  non  de  solvants  (eau,  alcool  absolu,  éther  anhydre,  chloroforme).  La  réaction  est 
sensiblement 

C.     4(CH'CH:AzH)  +  5CÂzH=CAz.AzH'+2AzH=CH(CH')CAz  +  AzH[CH(CH')CAzp. 

Aminopropionitrile.  Iminopropionitrile. 

»  Il  ne  se  fait  que  la  moitié  de  l'aminopropioiiitrile  qu'on  devrait  avoir  d'aprÚs 
l'équation  A.  Je  considÚre  ce   résultat  comme   une   conséquence  de  l'existence  des 

groupes  AzH^P„^„„3         dans  la  molĂ©cule  d'aldĂ©hydate  d'ammoniaque  ou  de  son 

dérivé  anhydre.  On  aurait,  par  exemple  : 

^    ^        .    „/CH(CH^)-Azn\  3  ^^,,3Pj,/Az  =  CH.CH3 

,..,,  ^i,/A^2  =  CH.CH^  ...    ,.       ,-,,,3  „„/AzH.CII(CIP)CAz 

(.)  <-^'l^-C"\Az  =  CH.CH'  +  ^^^^"  =  ^''-^"\AzH.CH(CIP)CAz, 

rmr.i/^='"-^"(CrF)CAz  AzH^CH(CH^)  CAz 

(i)  (.n  ^"\AzH.CH(CH')CAz'^  +CAz(CH')CH.AzH.CH(CH^)CAz. 

»   La  formation  inslanlanée  de  cyanure  d'aninionium  justifie  l'équation  (i  );  l'équa- 
tion (2)  est  semblable  Ă   celle  qui  exprime  faction  de  CAzH  sur  les  hydramides  aro- 
matiques;   mais   tandis  que  l'action   s'arrĂȘte    lĂ     avec  ces    derniers,    l'Ă©lhylidĂšne-bis- 
aminopropionitritrile   réagit    encore    une    fois    suivant    (3)    comme   je   l'ai    constaté 
C.  R.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  23.)  129 


986  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

directement.  Cette  substance,  ainsi  que  l'Ă©thylidĂšne-aminopropionitriie 

C='H*=Az.CH(GH')CA7., 

s'obtient  en  distillant  dans  le  vide  les  produits  de  la  réaction  C;  j'ai  constaté  aussi  que 
le  dernier  corps  fixe  iiulantanénieut  C  AzH  sur  sa  double  liaison  en  donnant  l'imino- 
propionitrile. 

»  La  proportion  d'amino-  et  d'iminopropionitrile  exprimée  en  C  difTÚre  de  celle  qui 
se  déduirait  des  équations  (i),  (2),  (3);  cela  tient  à  ce  qu'une  fraction  de  rélhjlidÚne- 
imine  réagit  sous  la  forme  dépolymérisée  à  laquelle  elle  retourne  si  facilement.  Cette 
modalité  devient  dominante  si  l'on  part  de  la  méthylÚne-méthylimine  qui  donne 
88  pour  100  de  l'aminonitrile  sarcosique  CAz.CH^. AzII.CH'  prévu  par  une  réaction 
de  l'imine  dépolymérisée;  mais  il  se  fait  aussi  un  peu  de  cyanhydrate  de  mélhyl- 
amine  et  de  métliylimino-diacétonitrile,  d'aprÚs  un  processus  sans  doute  analogue  à 
celui  qui  est  invoqué  par  l'éthylidÚne-imine. 

»  Dans  ces  réactions,  ainsi  que  dans  celles  effectuées  avec  réthylidÚne-éthylimine 
CH^CHr^Az.C^ir  el  l'Ă©thylidĂšne-isoamylimine  CH3.CH  =  AzC^H"  (iso),  il  est 
facile  d'isoler  les  sulfates  d'aminonitrile  Ă   l'Ă©tat  pur  et  de  passer  de  lĂ   aux  amino- 
acides;  ce  sont  là  des  détails  qu'on  trouvera  ailleurs. 

»  Ce  qui  est  démontré,  c'est  que  les  équations  classiques  qui  font  inter- 
venir les  éléments  de  l'eau  et  expriment  un  rendement  théorique  en  amino- 
nitrile  doivent  ĂȘtre  modifiĂ©es.  Le  plus  simple,  c'est  d'abord  d'exprimer 
que  l'acide  cyanhydrique  se  fixe  sur  les  doubles  liaisons  des  imines, 
comme  il  le  fait  avec  les  aldéhydes,  les  hydrazones  et  les  oximes  : 

CH\CH=AzH     ->CH».CH(CAz)AzH-, 
CH^CH=AzR     ->CH\CH(CAz)AzHR, 
CH'.CH  =  0         ->CH'.CH(CAz)OH, 
CH^  CH  =  AzOH ->  CH\  CH (CÂz)  AzH .  OH. 

»  Le  parallĂ©lisme  est  complet.  Dans  les  cas  particuliers  oĂč  les  produits 
azotés  initiaux  sont  polymérisés,  il  faut  s'attendre  à  des  réactions  plus 
complexes  dont  le  mécanisme  a  été  interprété  plus  haut  pour  un  cas  donné, 
et  il  faudrait  encore  modifier  les  équations  pour  les  aldéhydates  homo- 
logues qui  contiennent  l'aldéhyde  et  l'ammoniaque  en  proportions  diffé- 
rentes. » 


CHIMIE  ANALYTIQUE.   —  Nouvelle  rĂ©action  de  l'hydroxy lamine. 
Note  de  M.  L.-J.  Simon,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

»  Cette  réaction  est  la  suivante  :  lorsqu'on  ajoute  à  une  solution  diluée 
d'un  sel  d'hydroxvlamine  quelques  gouttes  d'une  solution  trĂšs  Ă©tendue  de 


SÉANCE  DU  7  UKCKMBKE  igoS.  9S7 

nitroprussiate  de  sodium  et  un  lĂ©ger  excĂšs  d'alcali  —  soude  ou  potasse  — 
puis,  qu'on  porte  peu  Ă   peu  Ă   l'Ă©bullition,  la  liqueur,  d'abord  jaune,  change 
de  teinte  en  se  fonçant.  La  coloration  passe  au  rouge  orangé  et  se  fixe 
finalement  Ă   une  trĂšs  belle  teinte  rouge  cerise  que  la  dilution  amĂšne  au  rose 
franc.   Pendant  la  chauffe,  il  se  dégage  des  gaz  azote  et  oxyde  azoteux. 

»  Celle  réaction  esl  trÚs  sensible  ;  avec  une  solution  au  milliÚme  de  chlorhydrale 
d'hydroxylannine,  la  coloration  obtenue  est  assez  intense  pour  supporter,  sans  cesser 
d'ĂȘtre  visible,  une  nouvelle  dilution  au  milliĂšme.  La  sensibilitĂ©  n'atteint  pas  cepen- 
dant le  millioniÚme,  car  j'ai  constaté  que  pour  les  solutions  trÚs  étendues  la  propor- 
tion des  substances  à  employer  pour  observer  la  réaction  a  une  influence  assez  impor- 
tante pour  en  atténuer  la  sûreté. 

»  Comme  pour  la  plupart  des  réactions  colorées  de  ce  genre,  la  teinte  est  fugace  et 
disparaßt  ]ilus  ou  moins  rapidement,  suivant  son  intensité.  L'addition  d'alcali  et 
d'ammoniaque  est  sans  inconvĂ©nient,  mais  il  n'en  est  pas  de  mĂȘme  des  acides. 

»  La  réaction  se  produit  avec  tous  les  sels  d'hydroxylaminesur  lesquels 
je  l'ai  essayée  (chlorhydrate,  sulfate,  oxalate,  phosphate)  et  avec  l'hydroxy- 
lamine  libre. 

»  Par  contre,  les  oximes  ne  fournissent  rien  de  semblable,  ainsi  que  je 
l'ai  vérifié  sur  un  certain  nombre  de  types  différents. 

»  Les  oximes,  aldéhydiques  et  cétoniqucs,  grasses  ou  aromatiques,  dont 
les  échantillons  m'ont  été  gracieusement  offerts  par  MM.  Bouveault  et 
Wahl,  ne  donnent  qu'un  résultat  négatif  :  aldoximes  isobutylacétique, 
benzoïque,  /)-méthoxyphénylacétique,  propanonoxime,  octanonoxime  2, 
nitrosomalonate  d'éthyle,  nitrosoacétylacétate  d'éthyle. 

»  Il  en  est  de  mĂȘme  des  oximes  des  glucoses  (dextrose,  mannose,  galac- 
tose et  arabinose),  que  j'ai  pu  essayer  grùce  à  l'amabilité  de  MM.  Ma- 
quenne  et  Roux. 

»  Cette  réaction  nouvelle  de  l'iiydroxy  aminé,  qui  ne  peut  prétendre 
à  remplacer  la  réaction  habituelle  sur  l'hydrate  cuivrique,  pourra  cepen- 
dant, je  l'espĂšre,  ĂȘtre  utilisĂ©e  dans  certaines  circonstances.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Nouvelle  mĂ©thode  de  prĂ©paration  des  aldĂ©hydes. 
Note  de  M.  L.  Bouveault,  présentée  par  M.  A.  Halier. 

«  Il  y  a  peu  de  temps  {Comptes  rendus,  t.  CXXXII,  p.  38),  M.  Biaise 
a  trouvé  que  les  nitriles  se  combinent  avec  les  dérivés  organo-halogéno- 
magnésiens  de  M.  Grignard,  ])our  donner  des  produits  d'addition  que  les 


988  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

acides  élendiis  décomposent  avec  formation  de  cclones 


R  -  C  ;l_:  Az  +  Ms(  „  =  R  _  C  =  Az  -  Mg  -  X, 

I 
R' 


'^\x  -  "  ~  "■  ~  "'^      "'^ 


H  —  C  =  Az  -  Mg  -  X  +  n- O  =  R  -  CO  +  Mg( 
I  I 

R'  R' 


OH 
^X 


»  Cette  découverte,  trÚs  intéressante  au  point  de  vue  scientifique,  l'était 
moins  au  point  de  vue  pratique,  parce  qu'il  est  en  général  plus  aisé  de 
prĂ©parer  les  acĂ©tones  que  les  nitriles.  Il  n'en  aurait  pas  Ă©tĂ©  de  mĂȘme  si  la 
rĂ©action  avait  pu  ĂȘtre  Ă©tendue  au  plus  simple  des  nitriles,  Ă   l'acide  cyanhy- 
drique;  car  ce  composé,  qui  est  d'une  préparation  trÚs  aisée,  aurait  fourni 
toutes  les  aldéhydes.  Malheureusement  le  formionitrile  ne  se  comporte  pas 
comme  ses  congénÚres,  son  atome  d'hydrogÚne  est  doué  de  propriétés 
trop  négatives;  il  se  comporte  comme  le  ferait  un  acide  halogÚne  : 

HCAz  +  Mg(^  =  RII  +  M8(;^^^. 

»  Tout  récemment,  M.  Constantin  Béis  (^Co/njJles  rendus,  t.  CXXXVH, 
p.  573)  a  montré  que  l'on  iioiivait  étendre  aux  amides  la  propriété  de  se 
combiner  aux  dérivés  organo-magnésiens. 

»  Cette  publication  m'a  engagé  à  mettre  au  jour  un  travail  au  sujet 
duquel  j'ai  déposé  un  pli  cacheté  dans  les  archives  de  la  Société  chimique 
le  !*'■  juin  190?). 

»  M.  Béis  a  conslalé  <]ue  ces  amides  fournisseiil  la  réacliou 

AzII^ 

/R' 
H  -  GO  —  Az  H-  +‱  Mg(^^  =  R  -  C  -  O  —  Mg  -  X, 

R' 

mais  que  celle  coudciisalioii  esl  gĂȘnĂ©e  par  une  rĂ©acliou  secondaire  duc  Ă   la  nĂ©galivilĂ© 
des  atomes  d'hydrogÚne  du  groupemenl  AzH^,  celle  réaclion  secondaire  devient  pré- 
pondéranle  pour  l'acétamide,  lolale  pour  la  foriuiamide  qui  ne  fournit  pas  d'aldé- 
hydes. J'élais,  de  mon  cÎté,  si  persuadé  de  l'influence  néfaste  de  l'acidité  du  groupe 
amide  que  je  n'ai  pas  voulu  essayer  la  condensation  avant  d'avoir  réussi  à  conjurer  cet 
inconvénient.  Aussi  me  suis-je  adressé  aux  amides  disubstiluées  el,  en  particulier, 
aux  formiamides  disubstiluées  qui,  ne  possédant  plus  d'atome  d'hydrogÚne  négatif, 
doivent  subir  lotalenienl  la  condensation 

II  -  CO  -  A<;j,  +Mg<5=  11  ^-  C<"'^\S'  . 

\R'^     6\X  |\o  — Mg  — X 

K" 


SÉANCE  DU  7  DÉCEMBRE  igoS.  989 

»  J'ai,  en  efl'et,  constaté  cette  condensation  avec  la  diméthylformiamide,  la  pipérl- 
d_ylformiamide,  la  méthjl  et  l'élhjlformianilide. 

»  Les  combinaisons  organo-métalliques  complexes  traitées  par  l'eau,  puis  par 
l'acide  sulfurique  étendu,  sont  décomposées  suivant  l'équation 

II  — ce       ^^  /R  /OH 

1  \0  —  Mg  —  X  +  IPO  =  R"-  CHO  +  AzH<^j^,  +  MS\^    ‱ 

»  Le  manuel  opératoire  est  des  plus  simples  et  les  rendements  sont  assez  bons;  de 
plus,  la  rĂ©action  semble  d'une  extrĂȘme  gĂ©nĂ©ralitĂ©.  Étant  donnĂ©  un  Ă©tiier  halogĂšne  RX 
d'alcool  ou  de  phĂ©nol,  on  obtiendra  par  ce  procĂ©dĂ©  l'aldĂ©hyde  H  —  CHO.  J'ai  Ă   des- 
sein appliqué  la  méthode  dans  des  séries  trÚs  dlllérentes. 

»  La  formylpipéridine  avec  le  chlorure  d'isobutyl-magnésium  m'a  donné  de  l'aldé- 
hyde isovalérique. 

»  La  diméthylformiamide  m'a  permis  de  transformer  le  chlorure   d'isoamyle    en 

QJJ3\ 

aldĂ©hyde  isobutylacĂ©tique  yCH  —  CH^— CH^  — CHO  identique  au  produit  que 

j'ai  déjà  obtenu  en  collaboration  avec  M.  Walil. 

»  Enfin  on  peut,  avec  réthylformianilide,  transformer  le  bromobenzÚne  en  aldéhyde 
benzoĂŻque. 

»  Les  mĂȘmes  rĂ©actifs  m'ont  permis  de  prĂ©parer  l'aldĂ©hjde  hevahydrobenzoĂŻque 
à  partir  du  ohlorocyclohexane  et  l'aldéhyde  a-toluique  à  partir  du  chlorure  de 
benzyle. 

))  Je  conliiiue  ces  recherches;  je  compte  préparer  un  certain  nombre 
de  termes  de  cette  fonction  aldéhyde  dont  on  connaßt  si  peu  d'échantillons 
dans  la  série  grasse.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  migration phĂ©nf  ligue. 
Note  de  M.   Marc  Tiffeneau,  présentée  par  M.  Haller. 

«  J'ai  montré  antérieurement  (Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  847, 
i5o6)  qu'en  soumettant  l'iodhydrine  du  mélhoéthénylphÚne  à  l'action  de 
l'azotate  d'argent  ou  mĂȘme  simplement  de  HgO  on  obtient  aprĂšs  forma- 
tion intermédiaire  probable  de  l'oxyde  d'éthyléne  correspondant,  puis 
migration  du  phényle,  la  phénylacétone  d'aprÚs  l'équation 

/CH-I  /CH-\ 

C»H''  -  C  -  OH   _^Cf'H'  -  G O^C»H'  -  CH-  —  GO  -  GH'. 

\CH'  \CH' 

»  Je  suis  parvenu  Ă   rĂ©aliser  la  mĂȘme  transformation  en  utilisant  le  dĂ©- 


ggo  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

rivé  magnésien  obtenu  par  action  du  bromure  de  phénylmagnésium  sur  la 
monochloracctone  et  en  le  soumettant  à  l'action  de  la  chaleur  [en  pré- 
sence (')  ou  non  de  bromure  de  phénylmagnésium]  de  façon  à  évaporer 
la  majeure  partie  de  l'Ă©lher. 

»  La  réaction  principale  est  la  suivante  (rendement  en  phénylacétone  : 
5o  pour  loo)  : 


'CH=C1                                               /CH-^ 
-  OMgBr-vMgBrCl  -f-  C"H'  -  C 

\CH'  \CH= 


CRS-  C  -  OMgBr-vMgBrCl  -f-  C"H  -  C 0->C"H'  -  CH^  — CO  -  CM». 


»  J'ai  effectuĂ©  Ă©galement  la  mĂȘme  rĂ©action  avec  des  composĂ©s  ne  con- 
tenant plus  le  groupe  C'W  ou  dans  lesquels  ce  C^^H"'  est  éloigné  de  la 
fonction  chlorhydrine,  et  j'ai  trouvé  que  dans  ces  cas  il  n'y  a  pas  migration 
mais  formation  des  aldéhydes  correspondantes  d'aprÚs  les  équations  sui- 
vantes s'appliquant  chacune  aux  cas  que  j'ai  étudiés  : 


(0 

/CH^Cl 
CH'-CH"  — C  — OMgBr->CH»-CH--C(  V"  - 
\CH3                                     ^H^O 

-CH'-CH^-CH-  CHO, 
.       CH'' 

(-) 

^|J^)CH  -  CH=  _  CH=  -  C  -  OMgCl-^^^^^)CH 

\Ljrl 

-  CH^  -  CH^  -  CH  —  CHO, 
CH^ 

(3) 

/CH^Cl 
C"H-'  -  CH*  -  C  -  OMgCl  ->  C'  H  '  -  CH-  - 
\CH'  ' 

- CH  -  CHO. 
CH^ 

»  Ces  faits  suffisent  à  démontrer  que,  lorsque  les  groupes  voisins  de  la 
fonction  haloïdrine  sont  autres  que  des  phényles,  il  n'y  a  pas  migration,  de 
sorte  que  la  migration  moléculaire  que  j'ai  observée  semble  bien  particu- 
liĂšre au  cas  oĂč  le  groupe  C^^H'  est  voisin  de  la  fonction  haloĂŻdrine. 

»  n  reste  dÚs  lors  à  établir  une  distinction  fondamentale  entre  les  migra- 
tions moléculaires  phényliques  que  j'ai  étudiées,  et  le  cas  général  et  clas- 
sique de  la  transformation  des  oxydes  d'élhylÚnes  en  aldéhydes  ou  célones 
par  migration  d'un  hydrogĂšne. 


C)  En  présence  d'un  excÚs  de  CH'MgBi'  il  se  fail  en  outre,  par  suite  d'une  réaction 
secondaire  complexe,  du  niéthylslilbÚne  l'usible  à  82"  déjà  décrit  par  klages  (Zyt'/7t7i/c, 
l.  \XXV,  p.  2648). 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igo3.  99 1 

»   Ce  cas  classique  peut  ĂȘtre  reprĂ©sentĂ©  par  la  formule  suivante  : 

CIP— G-C  — II 

/\/\        =G1I^— CH«— CO  — GIP 
II      O      GII' 

et  la  transformation  pinacolique  n'en  est  qu'un  cas  particulier,  comme  le  montre  le 
schéma  ci-dessous  : 


13  V 


GII 

Î:ÎJ'^C-C^J5"3=  GIP-C-CO-CH'. 
GH  /    s^y  \Ul         ^jj3/ 

O 

»  On  peut  donc  conclure  que  dans  le  passage  de  la  forme  oxyde  d'éthylÚne 
peu  stable  à  la  forme  stable  correspondante  :  aldéhyde  ou  cétone,  \e  phé- 
nyle  est  plus  mobile  que  VhydrogĂȘne,  et  celui-ci  Ă   son  tour  plus  mobile 
que  les  radicaux  alkylés  (éthyle,  amyle,  benzyle);  de  sorte  que  dans  les 
divers  systĂšmes  : 

C«H»-C  — CH=,         C«H=-CH-CH-R,         etc. 

/\/  \     / 

R        O  O 

c'est  toujours  le  phényle  qui  migre,  tandis  que  dans  les  systÚmes  corres- 
pondants oĂč  C^H'  est  remplacĂ©  par  un  radical  alcoolique,  c'est  toujours 
l'hydrogĂšne  et  non  pas  l'alkyle  qui  migre. 
»  Enfin,  dans  les  systÚmes  tels  que 

R/^^^'\R 
O 

ne  présentant  plus  d'atome  d'hydrogÚne  libre,  c'est  le  phényle  qui  migre 
de  préférence  (  '  ).    » 


(')    En  effet,   tandis  que  la  pinacone  yGOII  —  G0H('  se   transforme  en 

pinacoline  (GIP)^  — G  —  GO  —  GH%  l'acĂ©lophĂ©none  pinacone  se  transforme  en 
(G''H5)2(GH3)G— GO  — GH'  par  migration  de  l'un  des  phĂ©nyles  et  non  pas  en 
G«H=(GH^)«-G  — GO  — G'H'  (Thorner  et  Z-incke,  Berichle,  t.  XI,  p.  1989;  t.  XIII, 
p.  64i). 


qq2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  ks  Ă©lhers  de  l'acide  isopyromucique . 
Note  de  M.  G.  Ciiavanne,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

((  Dans  une  Communication  antérieure  {Comptes  rendus,  t.  CXXXIII, 
p.  167),  j'ai  établi  que  l'acide  isopyromucique  ne  s'éthérifie  pas  par  les  pro- 
cédés habituels  (alcools  et  H  Cl  ou  SO'H').  D'autre  part,  ses  sels  alcalins 
rĂ©ai^issent  difficilement,  mĂȘme  en  tubes  scellĂ©s,  sur  les  iodures  alcooliques  ; 
il  ne  se  produit  pas  d'éther  en  quantité  appréciable. 

«  Cette  difficulté  dans  l'éthérification  confirme  ma  conclusion  anté- 
rieure, d'aprĂšs  laquelle  l'acide  isopyromucique  n'est  pas  un  acide  propre- 
ment dit,  mais  un  composé  à  caractÚre  phénolique. 

»  J'ai  pu  cependant  obtenir  les  élhers  mélhylique  et  éthylique  en 
employant  comme  moyen  d'alcoyiation  les  sulfates  dimélhylique  et  diéthy- 
lique.  Cette  méthode,  récemment  proposée  et  appliquée  en  Allemagne, 
donne  d'excellents  rĂ©sultats  et  mĂ©rite  d'ĂȘtre  recommandĂ©e  Ă   l'attention 
des  chimistes  pour  des  cas  analogues. 

»  Dans  cette  réaction,  un  seul  des  radicaux  alcooliques  du  sulfate  est 
remplacé  par  un  atome  de  sodium,  et  l'on  obtient,  à  cÎté  de  l'éther,  l'éthyl- 
sulfate  de  sodium  correspondant,  d'aprĂšs  l'Ă©quation 

SO=^Q^  +  C=H'0=ONa  =  SO=(^Q^,^+C=IPO=OR. 

»  On  prépare  l'isop^romucate  de  sodium  en  suspension  dans  l'alcool  mélhylique 
en  ajoutant  à  Tacide  (1"°'),  dissous  dans  l'alcool  mélhylique  absolu,  i"'"'  de  mé- 
ihylale  de  sodium,  puis  on  introduit  en  une  seule  fois  iℱ"'de  sulfate  dimĂ©lhylique. 
Le  mélange  s'échauffe  elle  sel  alcalin  se  dissout;  on  termine  la  réaction  au  bain-marie, 
puis  on  distille  la  plus  grande  partie  de  l'alcool  et  l'on  précipite  le  méthylsulfale  de 
sodium  par  un  excĂšs  d'Ă©ther;  on  essore  et  l'on  chasse  le  dissolvant  par  distillation.  Le 
résidu  qui  se  concrÚte  par  refroidissement  est  purifié  par  distillation  sous  pression 
réduite,  ou  mieux  par  dissolution  et  cristallisation  fractionnées  dans  l'éther  absolu. 

»  V isopyromucate  de  mÚthy le  C^E^O-  .OCR^  cristallise  dans  l'éther  en 
longues  aiguilles  incolores  fondant  à  60°;  il  distille  à  i3o''-i35''  sous  20""'". 

»  V  isopyromucate  d'éthyle  O  W  O^ .  0C=  H'  fond  à  52°  et  peut  également 
ĂȘtre  distillĂ©  sous  pression  rĂ©duite. 

»  V isopyromucate  de  benzyle  C'H'O' .OCH-CH*  forme  des  prismes 
trÚs  réfringents  fondant  à  7  1°.  Il  a  été  préparé,  avec  un  rendement  d'ailleurs 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igoS.  QqS 

peu  satisfaisant,  par  l'action  directe  du  chlorure  de  benzyle  sur  l'isopyro- 
mucate  de  sodium. 

)i  Les  deux  premiers  Ă©thers  sont  trĂšs  solubles  dans  l'eau  et  l'alcool, 
moins  facilement  dans  l'éther  qui  les  enlÚve  péniblement  à  leur  solution 
aqueuse,  difficilement  dans  l'éther  de  pétrole;  l'éther  benzylique  est  inso- 
luble dans  l'eau,  mais  soluble  dans  les  solvants  organiques.  Ils  jaunissent 
rapidement  Ă   la  lumiĂšre. 

»  Dans  ces  composés  le  groupement  alcoolique  est  fixé  sur  l'oxhydrile 
phénolique  :  ils  ne  donnent  plus  avec  le  chlorure  ferrique  la  coloration 
verte  caractéristique  de  l'acide  et  ils  ne  réagissent  plus  sur  le  chlorure  de 
benzoyle  mĂȘme  Ă   l'Ă©buUition. 

»  Ils  onl  conservé  les  propriétés  de  l'acide  qui  no  sont  pas  liées  à  la  présence  du 
groupe  phénolique.  Ce  sont  encore  des  réducteurs  énergiques;  ils  réduisent  instanta- 
nément le  permanganate  de  potassium  en  liqueur  acide,  neutre  ou  alcaline  et  l'azotate 
d'argent  ammoniacal,  lentement  l'azotate  d'argent  acide.  Les  alcalis  caustiques,  mĂȘme 
en  solution  étendue  {^,  normale),  les  décomposent  sans  régénérer  l'acide  qui  est  égale- 
ment détruit  dans  ces  conditions;  quand  on  emploie  l'eau  de  baryte  à  chaud,  il  y  a 
formation  de  carbonate  de  baryum,  ce  qui  accuse  l'enlĂšvement  d'anhydride  carbonique. 

»  Au  contraire,  ils  sont  stables  en  milieu  neutre  ou  acide.  L'eau  n'altÚre  pas  l'éther 
méthylique  en  tubes  scellés  à  190°,  tandis  qu'elle  agit  au  contraire  sur  l'acide  isopyro- 
mucique  dÚs  140»  en  donnant  de  l'anhydride  carbonique  et  un  composé  cristallisé  en 
fines  aiguilles  jaunes  groupées  en  houppes  fondant  mal  à  iSSo-iGo".  Le  dosage  des 
éléments  et  la  cryoscopie  dans  l'acide  acétique  lui  assignent  la  formule  C'tPO';  il 
paraßt  donc  dû  à  la  condensation  de  2'»°'  d'acide  (C'H^O^)  avec  élimination  de  1"°'  CO- 
et  i""''  H^O. 

«  L'acide  sulfurique  de  concentration  moyenne  (2.5  pour  100)  au  bain-raarie,  et  l'acide 
chlorhydrique  concentré  et  froid,  n'allÚrent  pas  les  élhers  méthylique  et  éthylique. 

M  En  résume  ;  les  éthers  méthylique  et  éthylique  de  l'acide  isopyromu- 
cique  ne  peuvent  s'obtenir  par  aucune  des  méthodes  habituelles  ;  je  les  ai 
isolés  par  l'emploi  des  sulfates  diméthylique  et  diéthylique. 

»  Leur  stabilité  vis-à-vis  de  l'eau  et  des  acides  dilués  les  rapproche  plutÎt 
des  éthers  de  phénols  que  des  éthers-sels.  « 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —   Sur  les  hydrates  d* alcool  Ă©thylique. 
Note  de  MM.  E.  Yarexxe  et  L.  Godf.fuoy,  présentée  par  M.  Troost. 

«    On  connaßt  depuis  longtemps  l'hydrale  d'alcool  à  S'""'  d'eau 

C-H',  OH  4-  311-0^ 

C.  R.,  igoS,  ■‱'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N-  23.)  l3rt 


99'!  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

lequel  correspond  Ă   Saℱ', 3  d'alcool  mĂ©langĂ©  Ă   /|7ℱ',7  d'eau,  le  tout  Ă   i5", 
donnant  le  maximum  de  contraction. 

»  Pour  étudier  les  mélanges  et  combinaisons  d'alcool  et  d'eau,  nous 
avons  utilisé  un  appareil  imaginé  par  l'un  de  nous  (E.  Varenne)  en  mars 
1902,  et  que  nous  avons  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie  sous  le  nom 
de  chrono-sliliscope.  C'est,  en  somme,  un  capillo-viscosimĂštre  Ă   pression 
constante,  de  construction  trÚs  simple,  de  fonctionnement  trÚs  précis, 
mais  sur  lequel  nous  n'insisterons  pas  dans  cette  Note. 

»  Pour  opérer  avec  cet  appareil,  il  suffit  de  le  remplir  du  liquide  à  étu- 
dier et  de  noter  exactement  le  temps  de  passage  T  du  trait  supérieur  au 
trait  inférieur.  La  valeur  T  représente  le  temps  d'écoulement  du  volume 
de  liquide  compris  enLi-e  les  deux  traits  de  l'appareil. 

»   Or,  la  loi  de  Poiseuille  est  représentée  par  la  formule 

dans  laquelle  Q  est  le  nombre  de  millimÚtres  cubes  de  liquide  écoulé  pen- 
dant une  seconde,  H  la  hauteur  de  chute,  D  le  diamÚtre  intérieur  du  tube 
capillaire  et  /  sa  longueur. 

»  Si  l'on  représente  par  V  le  volume  total  de  liquide  écoiilÎ  pendant  le 
temps  T,  on  a 

V  =  QT;         d'oĂč         lvĂź^*  =  ^. 

HD* 
»   Dans  le  cas  du  chrono-sliliscope,  les  valeurs  —j—  et  V  Ă©lant  constantes, 

on  peut  Ă©crire 

K  =  f 

»  Donc  le  coefficient  de  dépense  R  de  chaque  liquide  est  fonction  in- 
verse du  tem|)s  d'écoulement  T  observé;  à  condition  bien  entendu  que  la 
tempĂ©rature  soit  la  mĂȘme.  Les  variations  de  K  sont  donc  liĂ©es  Ă   celles 
de  T. 

»  Pour  appliquer  ce  principe  au  cas  qui  nous  occupe  ici,  nous  avons  d'abord  déter- 
miné isolément  les  temps  d'écoulement  de  l'alcool  absolu  et  de  l'eau  distillée;  puis 
nous  avons,  avec  ces  deux  mĂȘmes  produits,  prĂ©parĂ©  une  sĂ©rie  de  mĂ©langes  contenant  : 
5'°' d'alcool -(- g5*"' d'eau,  10'°'  d'alcool  4- 90^°' d'eau,  etc.,  et,  pour  chacun  d'eux, 
nous  avons  noté  le  temps  d'écoulement.  Pour  éviter  les  corrections  de  température. 


SÉANCE  DU  7  DÉCEMBRE  ipoS. 


995 


Temps 

Volume 

di-coulement 

d'eau. 

en  secondes. 

0 

228" 

5 

284 

10 

828 

i5 

848 

20 

883 

25 

4. G 

3o 

442 

35 

473 

40 

484 

45 

502 

5o 

483 

0  Tableau 

suivant  : 

Temps 

N'uluiMO 

Volume 

découlemcnt 

d'alcool. 

d'eau. 

en  secondes. 

45 

55 

465' 

40 

60 

460 

35 

65 

447 

3o 

70 

4o8 

25 

7-> 

366 

20 

80 

3i5 

i5 

85 

264 

lO- 

90 

236 

5 

95 

200 

0 

100 

168 

nous  avons  opéré  dans  une  salle  à  température  constante.  Plusieurs  opérations  ont  été 
faites  sur  le  mĂȘme  mĂ©lanye,  et  nous  avons  pris  la  moyenne  de  toutes  celles   dont  la 
concordance  Ă©tait  suffisamment  rigoureuse. 
»  Les  résultats  obtenus  sont  consignés  dans 


Volume 
d'alcool. 

100 

95 
90 
85 

80 

75 
70 
65 
60 
55 
5o 

»  En  prenant  pour  ordonnées  les  temps  écoulés  et  pour  abscisses  les 
richesses  en  alcool,  nous  avons  construit  une  courbe  qui  représente  les 
variations  de  T,  et,  par  conséquent,  celles  de  K. 

»  Cette  courbe,  dont  l'ensemble  est  ellipsoïde,  présente  plusieurs 
sommets,  correspondant  chacun  Ă   une  valeur  limite  de  K  et,  par  con- 
séquent, à  un  hydrate  défini. 

»  Le  plus  important  se  trouve  entre  l'abscisse  55  et  l'abscisse  00;  c'est  l'hydrate  déjà 
signalé  G-II'+  3H-0,  dont  l'existence  se  trouverait  ainsi  confirmée. 

»  Le  second  est  situé  exactement  à  l'abscisse  35  et  correspond  à  la  formule 

C^H'-+-6H=0. 

»  Un  troisiÚme,  également  bien  défini,  se  trouve  au  voisinage  de  l'abscisse  65  et 
répond  sensiblement  à  la  formule 

C2H5.0H  +  2II-0. 

»  Indépendamment  de  ces  trois  hydrates  nettement  caractérisés,  il  semble  exister 
deux  autres  hydrates  que  nous  signalons  pour  le  moment  et  dont  nous  continuons 
l'Ă©tude.  L'un,  entre  les  abscisses  83-90,  dont  la  composition  serait 

3(C^H\0H)  +  2ir-0; 
l'autre  entre  les  abscisses  i5-io  qui  renfermerait  environ  22""'  d'eau. 


QQÔ  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   On  aurait  donc  les  hydrates  suivants  : 

1°  C-IP.OH   +    2H-O, 

2°  C-H^OH   +    3H=0, 

3°  C^IP.OH    +    6IP0, 

4°  3(C-H^0H)+    2H=0(sesquihvdrale), 

5°  C-H^OH  4-22IPO. 

»  Nous  poursuivons  ces  recherches  en  les  détaillant  et  les  appliquant  à 
d'autres  alcools  que  l'alcool  Ă©lhylique. 

M  II  convient  d'ajouter  que  notre  méthode  de  chrono-stiliscope  est  géné- 
rale et  peut  s' appliquer  à  d'autres  cas  intéressants  (vitesses  de  dissociation, 
d'éthérification,  poids  moléculaires,  etc.).  Nous  nous  réservons  de  pour- 
suivre ce  genre  d'Ă©tudes.  Et  mĂȘme  dĂ©jĂ ,  Ă   litre  documentaire,  nous  avons 
constatĂ©  que  le  coefficient  K,„  des  mĂ©langes  d'alcool  et  d'essence  de  tĂ©rĂ©- 
benthine est  sensiblement  la  moyenne  arithmétique  des  coefficients  Ka,^, 
etRjss  de  l'alcool  et  de  l'essence.  Dans  ce  cas,  il  y  a  donc  simple  dissolu- 
tion et  pas  de  combinaison.  Il  v  a  là  une  intéressante  méthode  de  vérifi- 
cation et  de  recherches.    « 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Production  et  distribution  de  quelques  substances  orga- 
niques chez  le  Mandarinier.  Note  de  MM.  Eue.  Charabot  et  G.  Laloue, 
présentée  par  M.  Haller. 

«  Dans  une  précédente  Note  (^Comptes  rendus,  t.  CXXXVl,  p.  1467)» 
nous  avons  signalĂ©  l'intĂ©rĂȘt  que  prĂ©sente  l'Ă©tude  de  la  distribution  des 
substances  organiques  chez  les  plantes  à  divers  stades  du  développement 
de  celles-ci.  Nous  avons  fait  connaĂźtre  en  mĂȘme  temps  les  premiers  rĂ©sul- 
tats que  nous  avons  obtenus  dans  cette  voie  en  opérant  sur  le  Géranium. 
Depuis,  nous  avons  examiné  un  ensemble  de  cas  susceptibles  de  conduire 
à  des  conclusions  offrant  un  certain  caractÚre  de  généralité.  Et  c'est  pré- 
cisément l'un  de  ces  cas  que  nous  allons  envisager  en  étudiant  la  distri- 
bution et  la  circulation  de  quelques  substances  organiques  dans  le  Man- 
darinier {Citrus  madurensis). 

»  L'un  de  nous  (Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  58o)  a  observé  que 
l'essence  extraite  des  rameaux  de  Mandarinier  renferme  des  proportions 


SÉANCE  DU  7  DÉCEMBRE  igoS.  997 

,    ,  /COOCH'  (i)     ^, 

notables  de  méthylanthranilate  de  mélhyle,  C^H'^^.    jj  ^^j^a  /^\-  ^°"^ 

étudierons,  dans  ce  qui  va  suivre,  la  répartition  de  cette  substance  et  de 
quelques  autres  entre  les  feuilles  et  les  tiges  de  Mandarinier.  Les  résultats 
de  nos  expériences,  trop  nombreux  pour  pouvoir  trouver  place  dans  cette 
Note,  seront  publiés  dans  un  autre  Recueil;  nous  nous  bornerons  donc  à 
faire  ici  l'exposé  des  conclusions  auxquelles  nous  avons  été  conduits. 

»  DĂ©<,eloppemenl  des  feuilles  et  des  liges.  Eau  et  matiĂšre  sĂšche.  —  Le  dosage  de 
l'eau  et  de  la  matiÚre  sÚche  a  été  effectué  :  d'une  part,  sur  les  jeunes  pousses  recueillies 
en  juin  1908,  trois  mois  aprĂšs  la  coupe  des  rameaux  vieux;  d'autre  part,  surdes  rameaux 
vieux  qui  avaient  été  prélevés  en  mars  igo3.  Ces  dosages  ont  permis  de  constater  les 
faits  que  voici  : 

»  Au  premier  stade  de  la  végétation,  les  tiges  sont  moins  riches  en  eau  que  les 
feuilles.  lien  est  encore  ainsi  au  second  stade,  et  l'on  peut  mĂȘme  ajouter  que  la 
différence  ne  fait  que  s'accentuer.  La  tige  subit  un  accroissement  plus  sensible 
que  la  feuille. 

»  AciditĂ©  volatile.  —  L'Ă©tude  de  l'aciditĂ©  volatile  prĂ©sente,  en  dehors  de  l'intĂ©rĂȘt 
relatif  aux  phénomÚnes  d'éthérification  in  vivo,  celui  de  fournir  des  indications  pré- 
cieuses relativement  à  la  genÚse  des  acides  dans  les  végétaux.  Dans  cet  ordre  d'idées, 
les  résultats  que  nous  avons  recueillis  jusqu'ici  nous  paraissent  concorder,  ainsi  que 
nous  aurons  l'occasion  de  le  montrer  plus  tard,  avec  l'opinion  de  MM.  Berthelot  et 
André  :  ces  savants  pensent  que  les  acides  sont,  chez  la  plante,  des  produits  de  réduc- 
tion incomplĂšte  de  l'acide  carbonique. 

»  L'acidité  volatile  va  en  diminuant  sensiblement  depuis  la  lige  jusqu'au  bois. 
Dans  un  mĂȘme  organe  elle  est  plus  notable  lorsque  celui-ci  est  jeune  que  lorsque  son 
développement  est  plus  avancé.  Mais,  en  valeur  absolue,  la  quantité  d'acide  volatil 
est  plus  élevée  chez  une  feuille  vieille  que  cliez  une  feuille  jeune.  Il  découle  de 
cette  derniÚre  observation  (jue,  au  fur  et  à  mesure  de  la  végétation,  il  se  forme  une 
quantité  d'acide  volatil  supérieure  à  celle  qui  disparaßt. 

«  MĂ©thylanthranilate  de  mĂ©tityle,  composĂ©s  lerpĂ©niques.  —  I^our  Ă©tudier  la  dis- 
tribution de  l'huile  essentielle  et,  en  particulier,  du  méthylanthranilate  de  méthyle, 
nous  avons  opéré  plusieurs  coupes  de  jeunes  pousses  et  de  rameaux  vieux.  Les  feuilles 
et  les  liges  ont  été  distillées  à  part  et,  au  cours  de  quelques  opérations,  nous  avons 
non  seulement  recueilli  l'essence  qui  se  sépare  de  l'eau  aprÚs  distillation,  mais  encore 
extrait  celle  que  les  eaux  tiennent  en  dissolution.  Ainsi,  les  richesses  en  essence  des 
tiges  et  des  feuilles  ont  été  déterminées.à  deux  stades  différents  de  la  végétation  elles 
diverses  huiles  essentielles  obtenues  ont  été  soumises  à  l'analyse.  Des  résultats  fournis 
par  nos  expériences  nous  avons  pu  dégager  les  conclusions  que  nous  allons  formuler  : 

»  C'est  lorsque  la  feuille  est  jeune  que  les  composés  odorants  se  forment  le  plus 
activement.  Ils  sont  plus  abondants  dans  la  feuille  que  dans  la  lige,  surtout  lorsque 
les  organes  sont  jeunes.  l'ius  tard,  une  nouvelle  quantité  de  méthylanthranilate  de 
mélhyle  apparaßt  dans  la  feuille,  tandis  que  le  poids  de  ce  corps  contenu  dans  la 


998  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

tls;e  s'accroĂźt  aussi,  mais  dans  ries  iinijutitinns  moindres.  Le  poids  de  leijtĂšnes 
diminue  dans  la  feuille;  toutefois,  la  perle  que  subit  cet  organe  est  inférieure  au 
i^ain  que  réalise  la  tige,  ce  qui  montre  qu'il  n'y  a  pas  eu  consommation  de  ces  corps, 
mais  que,  au  contraire,  il  s'en  est  formé  une  quantité  assez  importante  dans  l'inter- 
valle considéré. 

»  Nous  avons  constaté  que  l'essence  extraite  des  feuilles  vieilles  est  sensiblement 
plus  riche  en  mĂ©tliylanthranilate  de  mĂ©thyle  que  celle  retirĂ©e  des  tiges.  De  mĂȘme,  les 
huiles  essentielles  extraites  des  eaux  de  distillation  renferment  une  proportion  de  cette 
substance  plus  notable  que  les  essences  qui  se  séparent  spontanément.  En  d'autres 
termes,  le  méthylanlhranilate  de  méthyle  est  plus  soluble  dans  l'eau  que  les  composés 
terpénlques.  Il  semble  donc  que  l'essence  de  feuilles  .t'enrichisse pendant  la  végéta- 
tion en  produits  soliibles,  Ă   l'inverse  de  ce  qui  a  lieu  dans  l'essence  de  tiges.  On 
observe,  en  ePTel,  que  la  premiÚre  renferme  une  proportion  croissante  de  méthylan- 
lhranilate de  méthyle,  tandis  que  la  seconde,  au  contraire,  s'enrichit  sensiblement 
en  composés  terpéniques. 

»  Celle  constatation,  relative  à  l'accumulation  des  produits  les  moins  solubles  dans 
l'essence  de  la  tige,  cependant  que  l'huile  essentielle  de  la  feuille  réunit  les  produits 
les  plus  solubles,  nous  permettra,  en  essa3ant  de  la  j^énéraliser,  de  jeter  quelque 
lumiÚre  sur  les  phénomÚnes  de  circulation  des  matiÚres  odorantes  chez  les  plantes.  » 


CHIMIE  AGRICOLE.  —  Sur  les  caractùres  chimiques  des  vins  provenant  de 
vignes  atteintes  par  le  mildew .  Note  de  M.  Emile  Maxceau,  présentée  par 
M.  Troost. 

(c  Le  Peronospora  viUcoia  ou  mildew  se  développe  en  parasite,  comme 
on  sait,  sur  divers  organes  de  la  vigne  et  tout  particuliĂšrement  sur  les 
feuilles.  Les  conditions  de  la  vĂ©gĂ©tation  sont  anormales,  et  le  raisin,  mĂȘme 
indemne  de  toute  attaque  cryptogamique,  qui  provient  de  ces  vignes, 
donne  un  vin  défectueux  et  sujet  à  des  altérations  multiples. 

»  Pour  préciser  la  différence  de  composition  chimique  existant  entre 
de  tels  vins  et  des  vins  normaux,  il  importe,  tout  d'abord,  d'obtenir  des 
vins  comparables,  provenant  de  deux  vignes  identiques  dont  l'une  serait 
atteinte  du  mildew  et  dont  l'autre  serait  indemne. 

»  Mais  cette  immunité  exige  l'emploi  des  pulvérisations  cupriques  et 
l'on  peut  se  demander  si  les  sels  de  cuivre,  dont  l'action  est  manifeste  sur 
la  coloration  des  feuilles,  n'ont  pas  une  influence  plus  profonde. 

»  Pour  mettre  en  évidence  l'influence  du  mildew,  aussi  bien  que  l'in- 
fluence problématique  des  sels  de  cuivre,  nous  avons  séparé  une  vigne  en 
trois  parties,  au  début  de  la  végétation.  L'une  des  parcelles  ne  reçut  aucun 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igoS.  999 

traitement  cuprique.  Une  seconde  parcelle  reçut  trois  sulfatages,  comme 
en  reçoivent  ordinairement  les  vignes  de  la  mĂȘme  rĂ©gion.  Enfin,  sur  la 
troisiÚme  parcelle,  nous  avons  multiplié  le  nombre  des  pulvérisations, 
dans  le  but  d'exagérer  l'influence  des  sels  de  cuivre.  Celte  parcelle  a  été 
sulfatée  quatorze  fois. 

»  L'expérience  a  débuté  le  u  juin  igoS,  sur  une  vigne  de  végétation  homogÚnej 
plantée  en  pinot  noir  depuis  25  ans.  La  surface,  d'environ  3o  ares,  aflecte  la  forme 
d'un  rectangle  qui  fut  partagé  en   trois  rectangles  contigus  égaux. 

»  La  partie  non  sulfatée  fut  bientÎt  envahie  par  le  mildew.  Les  deux  autres  parcelles 
furent  préservées  et  conservÚrent  leurs  feuilles  vertes. 

»  La  récolte  eut  lieu  le  i'"'  octobre  igo3.  L'apparence  des  grappes  était  identique 
sur  les  trois  parcelles;  le  mildew  ne  s'était  pas  développé  sur  les  grappes. 

11  Sur  la  récoke  de  chaque  parcelle,  on  préleva  Soi^sde  raisins  dont  on  retira,  suivant 
la  mĂ©thode  champenoise,  25'  de  moĂčl  de  cuvĂ©e.  Ces  moĂ»ts  subirent  les  mĂȘmes  mani- 
pulations, fermentĂšrent  dans  le  mĂȘme  cellier. 

»   L'analyse  des  iiioĂčts  donne  comme  principaux  rĂ©sultais  : 

»  Le  nioĂčt  de  la  vigne  atteinte  de  mildew  est  un  peu  moins  sucrĂ©  et  plus  acide  que 
les  moĂ»ts  de  vigne  sulfatĂ©es;  ces  deux,  derniers  possĂšdent  la  mĂȘme  densitĂ©,  mais  on 
trouve  plus  de  sucre  et  moins  dacidité  pour  la  vigne  sulfatée  avec  excÚs.  Les  matiÚres 
minérales  sont  moins  abondantes  dans  le  premier  moût,  sans  que  cette  diminution 
atteigne  l'acide  phosphorique  et  la  potasse,  dont  les  poids  sont  peu  différents  pour  les 
trois  moûts. 

»  Mais  il  eviste  une  disposition  trÚs  remarquaiile  entre  les  poids  de  matiÚres  orga- 
niques azotées.  Aous  avons  obtenu  les  chiffres  sui\anls,  par  litre  de  moût  : 

\zotc   toul.  Azote   animoniacat. 

.                    .  B  s 

Parcelle  atteinte  de  mildew ij^jo  0,172 

))         sulfatée  3  fois 0,940  o,  164 

»  sulfatée   i4  fois 0,800  o,  i5o 

»  Nous  entendons  par  azote  ainiiioiiiacal  l'azutc  dosé  par  distillation  du  moût  avec 
la  magnésie. 

»  L'analyse  des  vins  donne  des  résultats  correspondants.  La  fermentation  a  été  aussi 
complÚte  que  possible  dans  les  trois  vins,  qui  ont  conservé  moins  de  18  de  matiÚres 
réductrices  par  litre. 

»  Le  vin  de  la  vigne  atteinte  de  mildew  est  moins  riche  en  alcool  et  plus  acide,  mais 
il  se  distingue  surtout  des  deux  autres  par  un  poids  trÚs  élevé  de  matiÚres  azotées. 

»   Nous  avons  trouvé,  par  litre  de  \  in  ; 

.\zolc   total.  Azote  ammoniacal. 

B  S 

Parcelle  atteinte  de  mildew 0,860  0,024 

»         sulfatée  3  fois o,456  0,01 1 

»         sulfatée   i4  fois o,36o  0,010 


1000  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  L'influence  du  mildew  est  trĂšs  nelte.  Il  n'en  est  pas  de  mĂȘme  pour 
l'influence  des  sulfatages  qui  reste  douteuse. 

)>  Nous  avons  étudié,  depuis  lo  ans,  les  varialions  des  poids  d'azote 
total  dans  les  moûts  et  dans  les  Ains  de  la  région  champenoise.  Les 
influences  des  saisons,  du  cépage,  du  mode  de  culture,  du  sol  sont  trÚs 
caractérisées,  mais  les  maxima  relatifs  d'azote  correspondent  à  des  vignes 
atteintes  de  mildew.  L'expérience  actuelle  confirme  et  précise  ces  obser- 
vations antérieures. 

»  Si  l'on  cherche  à  isoler  par  la  chaleur,  parla  concentration,  par  divers 
réactifs,  les  matiÚres  albuminoïdes  contenues  dans  un  vin  de  Champagne 
normal,  on  obtient  des  précipités  complexes,  dissociables,  soumis  à  des 
modifications  incessantes.  Ces  précipités  contiennent  toujours  des  tannins, 
et  la  présence  de  ces  tannins,  nicme  en  j)roporlion  trÚs  faible,  explique 
cette  instabilité  que  nous  avons  étudiée  dans  les  gallotannates  en  1896. 

«  En  traitant  comparativement,  pour  en  précipiter  des  tannùtes  albu- 
minoĂŻdes, des  vins  de  vignes  atteintes  de  mildew  et  des  vins  normaux,  on 
peut  obtenir  des  précipités  bien  plus  abondants  dans  les  premiers  vins. 

))  Ces  albumines,  combinées  à  des  poids  variables  de  tannin  et  à  d'autres 
substances,  jouent  un  rÎle  trÚs  important  dans  la  préparation  des  vins 
mousseux  et  tout  particuliĂšrement  des  grands  vins  de  Champagne.  Elles 
constituent  l'un  des  aliments  de  la  levure  pendant  la  seconde  fermentation 
ou  prise  de  mousse;  une  partie  de  ces  albumines  se  précipite  et  modifie  la 
nature  du  dépÎt  dans  la  bouteille.  AprÚs  la  prise  de  mousse,  dans  le  vin 
dégorgéeX  limpide,  des  changements  d'équilibre  chimique,  dont  les  causes 
sont  multiples,  peuvent  provoquer  des  précipités  qui  s'agglomÚrent  sous 
la  forme  d'une  barre  longitudinale  ou,  parfois,  d'une  lentille.  Cette  préci- 
pitation s'accompagne  souvent  d'un  développement  microbien  que  favorise 
l'excÚs  de  matiÚres  azotées. 

»  Ces  accidents  sont  trÚs  fréquents  dans  les  vins  mousseux  provenant  de 
vignes  atteintes  du  mildew. 

»  En  résumé,,  ces  vins  se  distinguent  d'un  vin  normal  qui  leur  soit  com- 
parable par  un  ensemble  de  caractĂšres  chimiques  dont  le  plus  mportant, 
de  beaucoup,  est  la  proportion  exagérée  de  matiÚres  albuminoïdes.   » 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igo3.  lOOI 


MINÉRALOGIE.  —  Sur  la  dĂ©lermination  de  la  forme  primilive  des  crislatix. 
Note  de  M.  Fred.  Wallerant,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  Bien  des  difficultés,  rencontrées  en  Cristallographie,  proviennent  de 
ce  que,  en  général,  nous  ne  savons  pas  déterminer  la  forme  primitive, 
et  de  ce  que  nous  sommes  obligés  d'adopter  un  parallélépipÚde,  n'ayant 
que  des  rapports  lointains  avec  cette  forme  primitive.  J'ai  déjà  donné  une 
solution  du  problÚme,  basée  sur  la  considération  des  groupements  natu- 
rels; je  voudrais  montrer  aujourd'hui  que  les  macles  artificielles  (macles 
secondaires  des  cristallographes  allemands)  fournissent  des  renseignements 
plus  complets  :  chaque  macle  naturelle  nous  donne  soit  une  face,  soit  une 
arĂȘte  de  la  forme  primitive,  tandis  qu'une  macle  artificielle  nous  fournit  ;i 
la  fois  une  face  et  une  arĂȘte  de  cette  mĂȘme  forme. 

))  On  sait  que,  dans  la  déformation  par  translation  proportionnelle,  défor- 
mation qui  préside  à  la  production  des  macles  artificielles,  une  droite  et 
une  seule,  la  rangée  principale,  vient  occuper  une  position  symétrique 
relativement  au  plan  de  glissement.  Or  j'ai  démontré  que,  dans  une  trans- 
lation proportionnelle,  un  polyÚdre  ne  pouvait  se  transformer  en  son  symé- 
trique relativement  au  plan  de  glissement,  que  si  ce  dernier  Ă©tait  un  plan 
diamétral  ayant  pour  direction  conjuguée  la  rangée  principale.  Pour  appli- 
quer ce  théorÚme  aux  systÚmes  réticulaires,  il  faut  chercher  les  plans  diamé- 
traux d'un  tel  systĂšme;  ceux-ci  doivent  Ă©videmment  se  retrouver  dans  le 
noyau;  or  les  plans  diamétraux  d'un  parallélépipÚde  sont,  d'une  part  les 
plans  parallĂšles  aux  faces,  passant  par  le  centre,  et  ayant  pour  directions 
conjuguĂ©es  les  arĂȘtes  du  parallĂ©lĂ©pipĂšde,  d'autre  part  les  plans  diagonaux 
ayant  pour  directions  conjuguées  les  droites  qui  joignent  les  milieux  de 
deux  arĂȘtes  opposĂ©es. 

»  Par  conséquent,  en  déterminant  le  plan  de  glissement  et  la  rangée 
principale  d'une  macle  artificielle,  on  obtient  soit  une  face  et  une  arĂȘte 
de  la  forme  primitive,  soit  un  plan  diagonal  et  une  diagonale  de  celte 
mĂȘme  forme.  On  dĂ©termine  donc  ainsi  deux  Ă©lĂ©ments  de  la  forme  primitive, 
qui  se  trouvera  complÚtement  définie  par  l'étude  d'une  seconde  macle 
artificielle.  » 


C.  K.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N'  23.)  I -^  I 


I002  ACADEMIE   DES   SCIENCES. 


ZOOLOGIE.  —  Rei'ision  des  NĂ©matodes  libres,  marins,  de  la  rĂ©gion  de  Celle. 
Note  de  M.  Etiense  de  Rouville,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Ayant,  depuis  bientÎt  deux  ans,  entrepris  la  revision  des  Nématodes 
libres,  marins,  de  la  région  de  Cette,  je  publie  aujourd'hui  mes  prem  iers 
résultats. 

»  Les  dix-sept  genres  et  les  vingt  espÚces  que  j'ai  examinés  ont  été 
recueillis  dans  le  seul  Canal  des  Bourdi gués  ;  trois  espÚces  et  un  genre  sont 
nouveaux  pour  la  Science.  En  voici  la  liste  par  ordre  alphabétique  : 

»  1°  Genre  Acanlopharynx  M.;  l'espÚce  de  Cette  est  1'^.  oculata  M.  (Enoplus 
gracilis  Eb.). 

»  2°  Genre  Anticoma  B.  EspÚce  nouvelle  :  A.  Calveti.  CaractÚres  :  queue  plas  grande 
que  celle  des  quatre  espĂšces  de  Baslian.  Contrairement  Ă   A.  acuminala  Eb.  et  Ă  
A,  acuminala  trouvée  en  1901  par  von  Daday  dans  l'Adriatique,  mon  espÚce  ne  pos- 
sĂšde aucune  dent.  Contrairement  Ă   A.  tyrrhenica  de  M.  (Naples),  mon  espĂšce 
présente  de  petites  soies  sur  tout  le  corps.  Enfin,  contrairement  à  A.  leptura  (Sleno- 
laimus  lepturus  M.),  elle  ne  possÚde  pas,  dans  la  région  céphalique,  les  papilles  trÚs 
saillantes  de  l'espÚce  de  Marseille.  Je  dédie  cette  espÚce  nouvelle  à  mon  collÚgue  et 
ami,  M.  Calvet. 

»  3°  Genre  Chro/nadora  B.  Je  considÚre,  pour  le  moment,  cette  espÚce  comme 
la  C.  natans  B. 

»  4"  Genre  Comesoma  B.  L'espÚce  de  Celte  est  la  C.  vulgaris  B.  (Comesonia 
vulgare  de  M.  ). 

»  5°  Genre  Cyatholaimus  B.  Distincte  des  deux  espÚces  de  Naples,  mon  espÚce 
rappelle  beaucoup  le  C.  cƓcus  B. 

»  6"  Genre  Desmodora  de  M.  L'espÚce  de  Cette  est  le  D.  augusticollis  \.  Daday 
(Adriatique),  bien  distinct  des  deux  espÚces  étudiées  par  de  Man.  Une  seconde  espÚce 
est  encore  douteuse  pour  moi. 

»  7°  Genre  Enoplus  Duj.  et  Bast.  Mon  ver  est  !'£'.  tridentalus  trouvé  en  i845  par 
Dujardin  Ă   Cette. 

«  8°  Genre  Eurystoma  M.  L'espÚce  de  Cette  est  YEu.  ornatum  Eb.  {Enoplus 
ornatus  Eb.  Eurysloma  tenue  M.). 

»  9°  Genre  Leptosoniatum  B.  Mon  Nématode  est  le  L.  hacillatum  Eb.,  retrouvé  en 
1876  par  de  Man  Ă   Naples. 

»  10°  Genre  Monohystera  B.  J'ai  trouvé  h  Cette,  à  cÎté  de  M.  filiformis  B.  et  de 
M.  gracilis  de  M.,  une  espÚce  nouvelle  :  M.  de  Mani.  Sa  cavité  buccale  est  trÚs  com- 
pliquée et  sera  figurée  dans  mon  Mémoire.  Corps  brusquement  rétréci  dans  la  région 
de  la  queue.  Je  dédie  cette  espÚce  à  M.  le  D"'  de  Man. 

»  II"  Genre  Oncholaimus  Duj.  et  Bast.  Genre  représenté  à  Cette  par  O.  albidus 
de  M.  et  O.  Dujardinii  de  M.,  qui  vivent  en  compagnie  avec  Notomastus  Benedeni, 
Polydora  flava  et  P.  ciliata. 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igoS.  I0o3 

»  12°  Genre  Phanodenna  B.  Ce  ver  se  distingue  des  trois  espÚces  déjà  décrites 
dans  la  Méditerranée  par  son  armature  buccale  qui  présente  deux  sortes  de  mandi- 
bules. EspĂšce  douteuse. 

1)  iS"  Genre  Sahatwria  nov.  gen.  Ce  ver  rappelle  tout  d'abord  un  des  genres  : 
Comesoma,  Spira  ou  Aracolaimus,  mais  se  dislingue  facilement  de  ces  NĂ©matodes  : 
a.  Spicules  beaucoup  plus  courts,  et  piÚce  accessoire  dirigée  en  arriÚre;  /'.  Queue 
beaucoup  moins  large  que  celle  à^Ar.  elegans.  Cavité  buccale  passant  directement, 
sans  se  rĂ©trĂ©cir,  dans  l'Ɠsophage.  Bulbe  Ɠsophagien  lĂ©gĂšrement  renflĂ©.  Organes  latĂ©- 
raux spiroĂŻdes.  Je  dĂ©die  ce  genre  nouveau  Ă   mon  maĂźtre,  M.  le  Professeur  Â.  Sabatier. 

»  i4°  Genre  Spilophora  B.  Ce  ver  rappelle  par  sa  queue  la  Sp.  gracilicaudata 
de  M.  et  le  Cyath.  longicaudatiis  de  M.  11  existe  cependant  entre  ces  vers  certaines 
différences  essentielles  :  les  organes  latéraux  de  ma  Spilophora  Giardi  ont  de  nom- 
breux tours  de  spire.  Mon  espÚce  n'a  pas  les  deux  dents  «  de  requin  »  de  la  Sp.  gra- 
cilicaudata, mais  possĂšde  dans  la  bouche  six  petites  Ă©minences  coniques  (dents?);  sa 
queue  est  encore  plus  effilée;  elle  n'a  pas,  d'autre  part,  la  bouche  caractéristique  des 
Cyalholaimiis,  et  elle  possÚde  des  organes  latéraux.  Cuticule  présentant  des  séries 
transversales  de  points  trÚs  fins.  Pas  d'yeux.  En  arriÚre  des  organes  latéraux,  deux 
séries  de  trois  soies  chacune  et  opposées  latéralement.  Je  dédie  cette  espÚce  nouvelle 
Ă   M.  le  Professeur  A.  Giard. 

»  i5°  Genre  Spira  B.  C'est  la  Spira  parasiLi fera  B.  Les  algues  filiformes,  ectopa- 
rasites  sur  ce  ver,  ne  se  trouvaient  que  sur  la  queue. 

»  i6°  Genre  Syrnplocosloma  ^.  {Anip/iisteiuis  M.  Enoplus  Eb.  p.).  L'espÚce  de 
Cette  est  le  S.  lennicolis  de  M.  {Enoplits  leiinicolis  Eb.,  Amphislenas  agilis  M.). 
Elle  est  particuliÚrement  allongée,  trÚs  mince  et  trÚs  élégante. 

»  17°  Genre  Terschellingia  de  M.  Mon  ver  est  la  T.  communis  de  M.  Une  seconde 
espÚce  de  ce  genre,  dont  je  n'ai  observé  que  des  femelles,  se  distingue  de  la  précé- 
dente par  les  caractÚres  tirés  de  la  couleur,  de  la  forme  de  la  queue,  des  soies  cépha- 
liques  et  de  l'Ɠsophage. 

»  Tels  sont  les  Nématodes  libres  récoltés  dans  le  canal  des  Bourdigties. 
Vu  l'espace  limitĂ©  dans  lequel  j'ai  effectuĂ©  mes  pĂȘches,  j'espĂšre  pouvoir 
bientÎt  enrichir  cette  collection  de  vers,  déjà  considérable.  Ces  premiers 
résultats  donnent  bien,  me  semble-t-il,  raison  à  Marion  qui,  en  1870, 
écrivait  :  «  Celte  grande  famille  des  Nématodes  libres  atteindra  un  jour 
l'importance  du  grand  groupe  des  Annélides.  » 

ZOOLOGIE.  —  Sporozoait e parasite  des  Moules  et  autres  Lamellibranches 
comestibles.  Note  de  M.  Louis  Léger,  présentée  par  M.  Alfred 
Giard. 

«  Le  Sporozoaire  qui  fait  l'objet  de  la  prĂ©sente  Communication  est  extrĂȘ- 
mement fréquent  dans  les  Moules  (Mytilus  edulis  L.)  du  golfe  dU|Calvados. 


ino/j  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

Aux  environs  du  laboratoire  de  Luc-sur-Mer  oĂč  j'ai  fait  ces  recherches, 
presque  toutes  les  Moules  de  taille  moyenne  sont  infestées.  L'aire  de 
répartition  du  parasite  est  d'ailleurs  bien  plus  grande,  car,  d'aprÚs  les 
observations  que  J.  Guérin,  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Rennes,  a  bien 
voulu  faire  sur  ma  demande,  les  Moules  de  la  baie  de  Bourgneuf,  dans  la 
Loire-Inférieure,  sont  également  envahies. 

»  Le  parasite  s'observe  en  outre  dans  les  Mactres  (^M.  solida  L.),  les 
Donax  (D.  ri/fa/us  da  Costa),  les  Tapes  (T.  pitlias/ra  Mont.),  les  Tellines 
(y.  hatthica  L.),  jusque  sur  les  cÎtes  du  Boulonnais,  mais  moins  fréquem- 
ment que  dans  les  Moules,  l'ar  contre,  les  HuĂźtres  (0.  ediilis  L.)  m'ont 
toujours  paru  indemnes,  ainsi  que  les  Moules  (.17.  gallo-provincialis  Lam.) 
de  la  Méditerranée. 

»  Le  plus  souvent,  on  rencontre  le  parasite  uniquement  sous  forme  de  sporocjstes 
isolés,  géminés  ou  en  amas  irréguliers  de  nombre  variable,  situés  dans  les  vaisseaux 
des  filaments  branchiaux.  Parfois  on  en  trouve  aussi  quelques  amas  moins  importants 
dans  le  tissu  conjonctif  des  palpes  labiaux  et  autour  de  l'intestin,  du  foie  et  du  rein. 
L'épithélium  intestinal  m'a  toujours  paru  indemne. 

»  Les  sporocystes  mûrs,  longs  de  l'iV-,  sont  ovoïdes,  acuminés  aux  pÎles  et  ren- 
ferment un  sporozoïte  unique  trÚs  long  {n^V-  à  281^),  car  il  est  replié  deux  fois  à  leur 
intérieur. 

))  Le  sporozoïte  a  la  forme  d'un  vermicule  qui  va  en  s'effßlant  vers  l'extrémité  posté- 
rieure. L'avanL  se  termine  par  un  rostre  court  au-dessous  duquel  se  voit  souvent  un 
])elit  espace  clair  comme  une  vacuole  dans  laquelle  l'hématoxyline  ferrique  colore  un 
corpuscule  effilé.  Le  no^au  est  situé  vers  le  tiers  antérieur  et  montre  un  gros  karvo- 
some  et  quelques  petits  grains  chromatiques.  Le  reste  du  cytoplasme  du  sporozoĂŻte  est 
jaunĂątre  et  finement  granuleux. 

»  La  paroi  du  sporocyste  est  épaisse,  à  double  contour  et  trÚs  résistante.  Elle  est 
entourée  d'une  large  zone  piriforiue,  homogÚne,  d'aspect  gélatineux. 

M  Sous  cette  forme  de  sporocyste  mûr,  le  parasite  rappelle  beaucoup  un 
organisme  que  Aimé  Schneider  (')  a  signalé  dans  les  cellules  du  tissu  con- 
jonctif du  manteau  des  Solen.  Comme  il  n'a  pas  vu  d'autres  stades  de  déve- 
loppement, il  le  regarde  avec  quelque  doute  comme  un  Sporozoaire  du 
groupe  des  Coccidies  et  lui  donne  le  nom  générique  de  Nematopsis. 

»  Sans  pouvoir  affirmer  que  le  parasite  des  Moules  soit  spécifiquement 
identique  à  celui  des  Sokn  que  je  n'ai  pas  réussi  à  retrouver  dans  les  quel- 


(')  A.  ScHKKiDKR,  Si^iiafemeiU  d'un  nom-eau  Sporozoaire  {Tablettes  zoologiques. 

Poitiers,  1892). 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igo^.  10o5 

qiies  individus  que  j'ai  examinés,  je  suis  convaincu  qu'il  s'agit  tout  au 
moins  d'un  organisme  trĂšs  voisin,  et  je  nommerai  Nemalopsis  Schneiden 
l'espÚce  que  j'ai  trouvée  dans  les  Mollusques  précités. 

»  Dans  la  Moule,  les  sporocysles  mûrs  s'acciinuileiU  dans  les  capillaires  branchiaux 
formant,  par  places,  des  amas  ou  des  traßnées  qui  s'accroissent  peu  à  peu  en  rétré- 
cissant le  canal  sanguin.  Chaque  traßnée  peut  renfermer  jusqu'à  70  sporocystes,  mais 
il  n'est  pas  rare  de  trouver  des  sporocystes  Isolés  ou  des  groupes  trÚs  peu  nombreux. 
Ces  amas  parasitaires  sont  disséminés  assez  irréguliÚrement  dans  les  branchies;  toute- 
fois, on  n'en  voit  pas  sur  leur  bord  libre.  En  général,  plus  la  Moule  est  grosse,  plus 
les  sporocysles  sont  nombreux,  et.  dans  un  exemplaire  de  taille  moyenne,  c'est  par 
milliers  qu'on  les  compte  sur  chaque  lame  branchiale. 

))  Cette  extrĂȘme  frĂ©quence  des  sporocystes  s'explique  facilement  par  leur  persistance 
dans  l'hÎte  aprÚs  chaque  infection  nouvelle.  An  contraire,  les  stades  végétatifs  se 
\oient  trÚs  rarement,  car  on  ne  peut  les  observer  que  durant  la  période  aiguë  d'une 
infection.  Aussi  ai-je  dû  examiner  un  nombre  considérable  de  Moules  avant  de  trouver 
les  formes  que  je  considĂšre  comme  appartenant  au  cycle  endogĂšne  du  parasite.  Ce 
sont  des  corps  en  croissant,  de  forme  plus  ou  moins  renflée  selon  leur  taille,  qui  se 
développent  dans  l'épilhélium  rénal  et  se  voient  tantÎt  fixés  par  une  de  leurs  pointes 
entre  les  cellules,  tantÎt  appliqués  à  leur  surface  par  leur  cÎté  concave,  tantÎt  libres 
dans  la  cavité  du  rein.  Les  plus  gros  atteignent  une  longueur  de  Sot'  ;  ils  montrent  un 
novau  central  avec  un  gros  karyosome  et  de  fines  granulations  chromatiques  sur  un 
rĂ©seau.  Leiu's  mouvements  extrĂȘmement  lents  sont  Ă   peine  perceptibles. 

»  Sur  le  vivant,  on  remarque  que  ces  croissants  sont  de  deux  sortes  :  les  uns  forte- 
ment réfringents  renfermant  des  grains  de  pigment;  les  autres,  tout  à  fait  hyalins  et 
si  pùles  qu'on  a  peine  à  les  distinguer,  bien  que  leur  cytoplasme  soit  chargé  de  petits 
grains  sphériques.  Je  ne  puis  encore  dire  s'il  s'agit  ici  d'une  différence  sexuelle,  mais 
j'ai  vu  plusieurs  fois  des  croissants  étroitement  accolés  deux  à  deux  par  leur  cÎté  pri- 
mitivement concave. 

»  J'ai  observé  une  fois  un  de  ces  couples  dans  le  tissu  conjonclif  périrénal,  ce  qui 
me  porte  Ă   penser  que,  comme  chez  certaines  Coccidles,  les  copulas  Ă©migrent  dans  les 
zones  conjonctives  sous-Ă©pitliĂ©liales  d'oĂč  les  sporocystes  se  rĂ©pandent  dans  le  sang 
pour  s'accumuler  peu  Ă   peu  dans  les  vaisseaux.  Comme  ces  sporocystes  ne  peuvent 
ĂȘtre  mis  en  libertĂ©  qu'Ă   la  mort  de  l'animal,  il  est  possible  que  l'Ă©volution  du  Nema- 
lopsis comporte,  comme  celle  des  HĂ©mococcidies,  un  changement  d'hĂŽte. 

»  Il  est  à  noter  que  presque  toutes  les  Moules  infestées  hébergent  des  PinnolhÚres 
eux-mĂȘmes  parasitĂ©s  par  une  GiĂ©garine  gymnosporĂ©e,  VAggrei^ala  cƓlomica  LĂ©ger. 

»  Mes  observations  sont  encore  trop  incomplÚtes  pour  en  déduire  le 
cycle  Ă©volutif  du  parasite;  toutefois,  elles  montrent  que  le  Nemalopsis  est 
incontestablement  un  Sporozoaire  du  groupe  Coccidies-Grégarines .  C'est, 
selon  toute  probabilité,  une  Coccidie  monozoïque,  mais  son  évolution 
diffĂšre   certainement  de  celle  des   Coccidies  monozoĂŻques  typiques  (^Bar- 


IOo6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

rouxia,  Echinospora,  etc.)  en  raison  de  la  localisation  différente  des  stades 
végétatifs  et  des  sporocystes. 

»  Les  Moules  infestées  par  les  Nematopsis  ne  montrent  pas  d'altérations 
palholoojiques  générales  caractéristiques;  leur  coquille  est  souvent,  il  est 
vrai,  irréguliÚrement  épaissie,  mais  ceci  indique  un  vice  de  nutrition  qui 
peut  s'observer  indépendamment  de  l'invasion  parasitaire. 

»  Au  point  de  vue  de  l'hygiÚne  alimentaire,  ces  moules  parasitées  ne 
paraissent  pas  devoir  ĂȘtre  considĂ©rĂ©es  comme  nuisibles  d'aprĂšs  les  expĂ©- 
riences que  j'ai  faites  sur  moi-mĂȘme.  J'ai  absorbĂ©,  en  effet,  Ă   trois  reprises 
différentes,  douze  Moules  vivantes  dont  les  branchies  étaient  criblées  de 
Nematopsis  sans  en  ressentir  aucun  malaise.  » 


PATHOLOGIE   VÉGÉTALE.    —   De  la  filositĂ©  des  pommes  de  terre.  Note   de 
M.  G.  Delacuoix,  présentée  par  M.  Prillieux. 

n  Le  terme  de  filosité  désigne  pour  le  tubercule  de  la  pomme  de  terre 
une  tendance  à  développer  des  bourgeons  qui  s'allongent  considérablement 
et  restent  grĂȘles. 

»  Plantés  dans  le  sol,  les  tubercules  filants  ne  donnent  généralement  que  des  pousses 
mal  venues,  ne  produisant  parfois  aucune  tige  aérienne  ou  n'en  émettant  que  de 
malingres  qui  ne  tardent  pas  à  se  dessécher.  Quelquefois,  la  végétation,  tout  en  res- 
tant faible,  arrive  à  se  poursuivre,  et,  sur  certaines  variétés,  on  constate  les  sjmp- 
tÎmes  de  la  frisolée,  afl'ection  bien  connue  par  ses  symptÎmes,  qui  ont  déjà  été 
observés  et  décrits  au  xvni"=  siÚcle,  mais  dont  la  cause  reste  encore  obscure;  les  feuilles 
sont  alors  d'un  vert  pùle,  gaufrées,  appliquées  contre  la  tige.  Dans  un  sol  riche,  favo- 
rable à  la  pomme  de  terre,  les  tubercules  peuvent  prendre  naissance;  mais,  replantés, 
ils  présentent  inévitablement  les  caractÚres  de  la  maladie. 

»  A  l'arrachage,  les  tubercules,  voués  à  la  filosité,  ne  montrent  pas  de  caractÚre 
qui  permette  de  les  reconnaĂźtre  avec  certitude.  Ce  n'est  que  vers  la  fin  de  l'hiver  que 
la  présence  des  germes  filants  commence  à  se  rencontrer. 

»  A  ce  moment,  ces  tubercules  sont  souvent  ou  plus  mous  ou  plus  durs  qu'à  l'état 
normal,  et,  à  l'examen  microscopique,  on  y  trouve,  mais  pas  nécessairement,  divers 
organismes  :  Baiittus  solanincola  G.  Del.,  B.  caulii'orus  Prill.  et  Del.,  plus  rare  que 
le  premier,  et  aussi  Fusarium  Solani  (de  Marlius)  Sacc,  espĂšce  saprophyte,  qui 
peut  pénétrer  les  tubercules,  grùce  à  l'état  de  demi-asphyxie  dans  lequel  ils  sont  sou- 
vent placés  pendant  la  période  de  repos  hivernal.  Les  deux  bactéries  ramollissent  les 
tubercules;  le  Fusarium  Solani,  au  contraire,  les  durcit. 

»  Ces  organismes  pouvant  ĂȘtre  absents,  on  ne  peut  leur  attribuer  la  cause  de  la 
Jilosité,    non  plus  qu'à  la  sécheresse  possible  du  sol,  qui  n'est  ici  qu'une  circonstance 


SÉANCE    DU    7    DÉCEMBRE    igoS.  IOO7 

accessoire.  La  cause  rĂ©elle  doit  ĂȘtre  cherchĂ©e  plus  haut;  et  la  prĂ©sence  de  certains 
organismes  dans  le  tubercule  d'une  part,  de  l'autre  la  production  de  la  filosité  sont 
deux  manifestations  d'apparence  trÚs  dillérente  d'une  cause  unique. 

n  Cette  cause  réside  dans  l'état  de  déchéance  et  d'infériorité  vitale  dont 
peuvent  ĂȘtre  atteintes  nombre  de  variĂ©tĂ©s  de  pommes  de  terre  ;  la 
déchéance  est  amenée  par  le  procédé  exclusivement  employé  dans  la  cul- 
ture pour  la  multiplication  de  la  pomme  de  terre. 

»  Ce  procédé  n'est  qu'un  bouturage  perfectionné,  et  la  reproduction  sexuée  étant 
absente,  la  variation  est  réduite  à  son  minimum  et  ne  peut  provenir  que  du  milieu 
extĂ©rieur,  le  terrain  ou  les  agents  atraosphĂ©ri([iies.  Or,  ces  conditions  peuvent  ĂȘtre 
défavorables,  et,  de  ce  fait  le  milieu  interne,  c'est-à-dire  la  cellule,  membrane  et  con- 
tenu, se  modifie  chimiquement.  L'action  de  la  cause  Ă©tant  incessante,  ces  caractĂšres 
acquis  deviennent  héréditaires  dans  la  série  des  générations  suivantes,  et  la  pénétration 
d'organismes  qui,  Ă   l'Ă©tat  normal,  sont  sans  doute  sans  action  sur  la  plante  est  rendue 
ainsi  possible  et  fréquente.  On  sait  d'ailleurs  qu'Emile  Laurent  a  pu,  en  affaiblissant 
des  tubercules  de  pommes  de  terre,  les  faire  parasiter  par  des  races  de  bactéries 
banales,  qu'il  parvenait  ainsi  Ă   douer  d'une  puissante  virulence.  Dans  le  cas  actuel, 
l'effet  aggrave  encore  la  cause,  de  sorte  que  le  tubercule,  mal  muni  de  réserves  par 
suite  de  la  vĂ©gĂ©tation  dĂ©fectueuse  de  la  plante-mĂšre,  incapable  peut-ĂȘtre  d'Ă©laborer 
les  diastases  destinées  à  une  convenable  utilisation  de  ces  réserves,  ce  tubercule 
végÚte  d'une  façon  misérable  et  devient  incapable  de  perpétuer  l'espÚce. 

»  La  germination  anticipée  des  tubercules  à  la  lumiÚre,  qui  permet  d'éliminer  les 
tubercules  filants,  suivie  d'une  culture  rationnelle,  peut  ĂȘtre  un  palliatif;  mais  il  est 
insuffisant,  car  la  filosité  reparaßt  au  bout  de  quelques  générations. 

»  Le  semis  des  graines  est  un  moyen  certain,  mais  le  résultat  exige  plusieurs  années 
de  recherches  et  d'observations  multiples.  Ce  procédé  est  d'un  usage  courant  en  horti- 
culture et  en  agriculture,  et  l'on  doit  reconnaßtre  que  la  reproduction  sexuée,  quand 
elle  est  suivie  d'une  sélection  bien  conduite  des  produits  du  semis,  permet  seule  de 
modifier  dans  une  large  mesure  et  d'améliorer  au  profit  de  l'homme  les  qualités  natu- 
relles que  présentent  certains  végétaux. 

»  Parmentier,  qui  avait  déjà  observé  la  dégénérescence  des  pommes  de 
terre,  conseillait  le  semis  comme  le  seul  moyen  d'y  remédier;  et,  depuis 
le  XVI 11*=  siÚcle,  cette  méthode  appliquée  à  la  pomme  de  terre  a  donné  les 
meilleurs  résultats. 

')  Mais  le  problÚme  étant  ainsi  posé,  sa  solution  n'est  plus  du  domaine 
de  la  pathologie  végétale  et  devient  un  sujet  d'agronomie  pure.  » 


IOo8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  le  sYStĂȘme  pemiien  dans  les  PyrĂ©nĂ©es  françaises  et  espa  finales. 
Note  de  M.  J.  Caralp,  présentée  par  M.  de  Lapparent. 

«  Longtemps  le  systÚme  permien  n'a  été  connu  qu'aux  deux  extrémités 
des  Pyrénées  et  seulement  sous  la  forme  des  grÚs  rouges. 

»  Des  recherches  poursuivies  pendant  plusieurs  années  m'ont  permis  de 
constater  non  seulement  que  ce  systÚme  était  largement  représenté  dans 
toute  la  chaĂźne,  y  compris  le  versant  espagnol,  oĂč  sa  prĂ©sence  n'avait 
jamais  été  soupçonnée,  mais  qu'en  dehors  des  grÚs  rouges,  équivalents  du 
Rothliegendes  d'Allemagne,  c'est-Ă -dire  de  l'Ă©tage  moyen  ou  saxonien,  on  y 
pouvait  reconnaßtre  :  d'abord  l'étage  supérieur,  formé  de  dolomies  métal- 
lifÚres et  de  brÚches  calcédonieuses  (AriÚge),  ou  d'argilites  rouges  avec 
conglomérats  trÚs  puissants  (vallée  de  la  SÚgre  en  Catalogne);  ensuite 
l'étage  inférieur,  autrefois  complÚtement  ignoré. 

»  Ce  dernier  est  susceptible  de  deux  faciÚs;  l'un  continental,  analogue  à 
l'Autunien  de  l'Avevron  et  de  l'HĂ©rault;  l'autre,  marin,  et  inconnu  jus- 
qu'ici dans  l'Europe  occidentale. 

»  J'ai  eu  la  bonne  fortune  de  découvrir  ce  faciÚs  marin,  il  y  a  dix  ans, 
dans  les  environs  de  Saint-Girons.  Depuis  lors,  je  l'ai  retrouvé  dans 
d'autres  localités  de  l'AriÚge,  ainsi  qu'à  Lez  (Haute-Garonne)  et  dans  la 
vallée  de  l'Aude. 

»  La  faune  que  j'ai  recueillie  est  relativement  riche  et  variée.  Elle  renferme  des 
CrinoĂŻdes,  des  Bryozoaires,  des  Brachiopodes,  des  Lamellibranches,  des  Gastropodes, 
des  AmmonĂ©es  et  quelques  Trilobites.  Son  principal  intĂ©rĂȘt  rĂ©side  dans  les  AmmonĂ©es, 
dont  plusieurs,  comme  Ta  reconnu  M.  Haiig,  se  rapprochent  des  types  découverts  par 
M.  Gemmellaro  aux  environs  de  Palerme.  Elles  se  rapportent  aux  genres  Daraeliles, 
Paraceltites,  Gasirioceras,  etc.;  d'autres,  telles  que  Pronorites,  sont  apparentées 
aux  formes  d'Artinsk  (Oural);  quelques-unes  enfin  sont  spéciales  aux  Pyrénées. 

»  Par  ses  Pronorites  et  Gastrioceras,  le  Permien  de  l'AriÚge  a  des  affinités  avec  le 
Carboniférien  ;  mais  l'abondance  des  Paraceltites  et  la  présence  de  Daraeliles  lui 
impriment  un  cachet  plus  récent. 

»  Les  couches  fossilifÚres  de  Saint-Girons,  presque  exclusivement  com- 
posées de  schistes  verdàtres  ou  brunùtres,  appartiennent  donc  à  \ Artinslden, 
se  plaçant  à  la  hauteur  des  couches  d'Artinsk  (Oural),  du  val  de  Sosio 
(Sicile)  et  du   Salt-Range   (Inde).    Elles  attestent  que,   dans  la    région 


SÉANCE  DU  7  DÉCEMBRE  igoS.  1009 

pyrénéenne,  la  mer  a  persisté  jusqu'à  l'époque  saxonienne.  Pendant  le 
Carboniférien,  cette  mer  formait  snr  l'emplacement  de  la  chaßne  une  napi^e 
trÚs  étendue.  Pendant  le  Permien  inféricin-,  il  n'y  a  plus  sur  la  partie  nord 
qu'un  golfe,  une  sorte  de  fjord,  largement  ouvert  sur  la  Méditerranée  et 
remontant  jusqu'aux  hautes  Pyrénées,  mais  probablement  sans  dépasser 
le  plateau  de  Lannemezan  ;  car,  dans  la  vallée  d'Aure,  le Houiller  présente 
déjà  des  alternances  marines  et  continentales  et,  plus  à  l'ouest,  le  Permien 
et  le  Houiller  sont  exclusivement  continentaux. 

»  Mais  cette  histoire  ne  s'applique  qu'au  versant  nord  de  la  chaßne,  et 
la  rĂ©gion  oĂč  les  formations  sont  demeurĂ©es  continentales  indique  une 
autre  succession  de  phénomÚnes. 

»  En  effet,  j'ai  constaté  que  le  Permien  inférieur,  en  concordance  à  peu 
prÚs  parfaite  avec  le  Carboniférien  supérieur,  était  recouvert  en  discor- 
dance par  les  argiliteset  les  grĂšs  rouges  du  Permien  moyen,  lesquels,  Ă   leur 
tour,  supportaient  en  discordance  et  mĂȘme  en  transgressivitĂ©  les  couches 
du  Trias. 

»  Comme,  d'autre  part,  le  Houiller  d'eau  douce  ou  Stéphanien  est  en 
discordance  sur  le  Carboniférien  inférieur  marin  ou  Dinantien,  on  peut  en 
inférer  que,  dans  les  Pyrénées,  le  Permien,  absolument  distinct  du  Trias,  se 
divise  en  deux  groupes,  l'un  composé  de  l'étage  supérieur  et  de  l'étage 
moyen,  l'autre  faisant  corps  avec  l'ensemble  du  Carboniférien  :  analogies 
que  confirme  la  composition  minéralogique  des  assises. 

»  La  premiÚre  émersion  des  Pyrénées,  sous  forme  de  dÎmes,  date  de  la 
fin  des  temps  dinantiens.  Dans  les  synclinaux  et  les  dépressions  intermé- 
diaires s'accumulÚrent  alors,  au  sein  de  lacs  d'eau  douce,  les  sédiments  du 
Houiller,  puis  ceux  du  Permien  inférieur.  Un  mouvement  du  sol,  produi- 
sant la  discordance  saxonienne,  inaugura  le  dépÎt  des  étages  moyen  et  supé- 
rieur; aprĂšs  quoi  la  discordance  triasique  accuse  une  invasion  progressive 
de  la  mer,  atteignant  son  apogée  avec  les  temps  jurassiques.  » 


GÉOLOGIE.  —  Observations  relatives  Ă   la  icclonique  de  la  haute  vallĂ©e  de  la 
Jalomita  {^Roumanie).  INote  de  M.  J.  Bei!<;ero\,  présentée  par  M.  Michel 
LĂ©vy. 

«    La   haute  vallée  de  la  Jalomita   (Roumanie)   traverse,   suivant  une 
direction  nord-sud,  l'extrémité  nord-est  des  Carpathes  méridionales.  Sur 

C.  R.,  1903,  -■-'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  23.)  I  32 


lOlO  ACADEMIE  DES  SCIENCES. 

le  flanc  sud  de  ce  massif,  formé  par  des  schistes  à  séricite,  reposent,  en 
discordance  de  str  atification,  des  assises  secondaires.  GrĂące  Ă   des  galeries 
ouvertes  dans  ces  derniÚres  pour  la  recherche  du  charbon,  j'ai  pu,  assisté 
de  M.  Mrazec,  professeur  à  l'Université  de  Bucarest,  reconnaßtre  l'allure 
des  couches. 

«  Celles  du  Jurassique  inférieur  sont  toujours  laminées,  étirées;  parfois  le  charbon 
du  Lias  forme  des  amas  inéguliers,  contournés,  comme  à  Brandus.  Les  calcaires  blancs 
du  Jurassique  supérieur  et  du  Néocomien,  constituent  de  grands  ßlots  ou  klippes. 
entourés  par  le  Cénomanien  comme  à  Zanoaga,  ou  encore  situés  au  contact  du  Céno- 
manien  et  du  BarrĂšmien  comme  prĂšs  de  SinaĂŻa.  Des  traces  de  plissements,  de  lami- 
nages, s'y  reconnaissent.  Par  suite  de  l'Ă©tirement  du  Lias  et  du  Dogger,  ces  calcaires 
reposent  parfois  directement  sur  les  schistes  à  séricite. 

»  Le  Cénomanien  recouvre  rarement  le  Néocomien;  mais  souvent  il  repose  sur  le 
Lias  et  le  Dogger,  ou  encore  sur  les  schistes  à  séricite.  Il  est  souvent  plissé  à  sa  partie 
inférieure;  les  miroirs  de  glissement  et  les  contacts  anormaux  entre  ses  différentes 
assises  j  sont  fréquents. 

»  En  rĂ©suinĂ©,  tous  les  terrains  secondaires  dont  il  vient  d'ĂȘtre  parlĂ© 
présentent,  dans  la  haute  vallée  de  la  Jalomita,  des  indices  certains  de 
charriage.  M.  Mrazec  avait  déjà  reconnu  de  pareils  accidents  dans  le 
Permien  et  dans  le  Jurassique  de  la  région  située  au  sud-ouest  de  celle 
qui  nous  occupe.  Ce  ne  sont  pas  de  simples  glissements  sur  le  versant 
méridional  des  Carpathes;  l'allure  des  couches  indique  bien  qu'il  y  a  eu 
refoulement. 

»  La  maniÚre  dont  se  présente  le  BarrÚmien  vient  encore  à  l'appui  de  celte  hypo- 
thÚse, il  forme  bordure  extérieure  au  Cénomanien;  l'ensemble  des  lits  calcaires  et  des 
lits  marneux  est  contournĂ©  avec  plis  enchevĂȘtrĂ©s  les  uns  dans  les  autres.  On  y  ren- 
contre, comme  sur  la  route  de  Moroeni  Ă   SinaĂŻa,  des  blocs  Ă©normes  de  calcaire  blanc 
du  Jurassique  supérieur,  roulés,  arrondis  par  le  frottement. 

»  Les  accidents  observés  à  la  base  des  klippes  jurassiques  de  la  haute 
vallée  de  la  Jalomita  établissent  que  celles-ci  ne  sont  pas  les  restes  de 
massifs  jurassiques  en  place,  en  partie  détruits  par  les  érosions  tl'àge  pos- 
térieur; mais,  ainsi  que  l'admet  M.  Lugeon,  elles  appartiennent  à  la  partie 
inférieure  d'une  nappe  de  charriage;  ce  ne  sont  plus  que  des  lambeaux 
qui  apparaissent  par  suite  de  déchirures  dans  le  manteau  que  forment  les 
terrains  plus  récents. 

»  11  est  difficile  de  préciser  la  région  d'oii  est  venue  la  nappe  en  ques- 
tion. L'allure  des  couches  montre  que,  d'une  maniÚre  générale,  il  y  a  eu 


SÉANCE  DU  7  DÉCEMBRE  igoS,  lOlï 

ch  arriage  vers  l'est  et  vers  le  sud  ;  donc  la  nappe  s'est  avancée  sous  l'aclion 
d'une  force  venant  sensiblement  du  nord-ouest. 

»  Le  temps  m'a  manqué  pour  établir  avec  certitude  l'ùge  de  ce  ciiarriage,  mais 
il  est  Ă   remarquer  que,  dans  le  SĂ©nonien,  apparaissent  des  klippes  jurassiques  ou 
formées  de  fragments  de  calcaires  jurassiques.  D'autre  part  les  coupes  publiées  par 
MM.  Mrazec  et  Tesseyre  montrent  que  les  assises  tertiaires  ont  subi  de  trĂšs  nom- 
breuses dislocations,  et  mĂȘme  leurs  principales  dislocations,  avant  le  Sarmatique  su- 
pĂ©rieur. Peut-ĂȘtre  le  ciiarriage  que  je  viens  de  signaler  date-t-il  de  cette  Ă©poque. 

»  Si  l'on  rapproche  ces  faits  de  ceux  signalés  par  M.  Uhlig  dans  la  Tatia 
et  interprétés  par  M.  Lugeon  comme  résultant  de  charriages  qui  se  seraient 
produits  du  sud  vers  le  nord,  on  est  amené  à  considérer  les  nappes  de 
charriage  de  la  région  carpathique  comme  provenant  de  la  dépression 
occupée  par  le  bassin  tertiaire  de  Hongrie,  c'est-à-dire  d'une  région  en 
forme  de  cuvette.  C'est  d'ailleurs  un  fait  général  comme  j'aurai  l'occasion 
de  le  prouver  en  dĂ©crivant  d'autres  rĂ©gions  oĂč  j'ai  eu  occasion  d'Ă©tudier 
des  nappes  de  recouvrement.  » 

A  4  heures  et  demie  l'Acadéinie  se  forme  en  Comité  secret. 

La  séance  est  levée  à  5  heures. 

G.   D. 


BULLETIN    BIBI.Ior.nAPHIQUE. 


OUVIIAGRS    REÇUS   DANS    LA    SÉANCE    OU    li    NOVEMBRE    IQOS. 

Exposition  universelle  inlernalionale  de  1900.  Rapport  général  administratif  et 
technique,  par  Alfred  Picaud,  Membre  de  llnslitul.  T.  VI.  7°  Partie:  CongrÚs, 
concours  d'exercices  physiques  et  de  sports,  cĂ©rĂ©monies  et  fĂȘtes,  auditions  musicales, 
matinées  littéraires  et  dramatiques.  8=  Partie  :  Visiteurs  de  l'Exposition.  T.  VII. 
9=  Partie:  Services  divers  de  l'Exposition.  iC  Partie:  Concessions  d'expositions 
payantes,  d'Ă©tablissements  de  spectacle  ou  de  consommation  et  d'Ă©tablissements 
divers.  11"  et  derniĂšre  Partie:  Liquidation  et  bilan  de  l'Exposition.  Paris,  Impri- 
merie nationale,  igoS;  2  vol.  in-4°.  (Présentés  en  hommage  par  l'auteur.) 

Traité  d'analyse  des  substances  minérales,   par  Adolphe    Carnot,    Membre   de 


IOI2  A.CADEMIE    DES    SCIENCES. 

de  l'Inslilut.  Tome  II.  MĂ©talloĂŻdes.  Paris,  V"di.  Diinod,  190/1;  i  vol.  in-8".  (Hommage 
de  l'auleur.  ) 

RĂ©sultat  des  campagnes  scientifiques  accomplies  sur  son  yacht  par  Albert  l"' , 
Prince  souverain  de  Monaco,  publié  sous  sa  direction  avec  le  coucours  de  M.  Jii.Ks 
Richard;  fasc.  XXIII  :  Bryozoaires  provenant  des  campagnes  de  niirondelle 
(1886-1888),  par  .liM,ES  JiLiEX  et  Loiis  Calvet,  avec  18  planches;  fasc.  XXIV: 
Recherches  sur  l'existence  normale  de  l'arsenic  dans  l'organisme,  par  Gabriel 
Beiitrand,  avec  5  figures  dans  le  te\te.  Imprimerie  de  Monaco,  1908;  i  vol.  et  1  fasc. 
in-f".  (Présenté  en  hommage  par  S.  A.  S.  le  Prince  Albert  de  Monaco.) 

Nouveaux  élcnu-uts  de  Géouiélricj  ' par  Ch.  Méiiay,  Correspondant  de  l'Institut; 
nouvelle  édition  refondue  et  augmentée.  Dijon,  P.  Jobard,  igoS;   1  vol.  in-S". 

La  Mécanique,  exposé  /listorique  et  critique  de  sou  développement,  par  Ernst 
Mach.  Ouvrage  traduit  sur  la  4°  édition  allemande  ]>ar  JiMii.E  Bertrand,  avec  une  Intro- 
duction de  M.  Kmii,e  Picard,  Membre  de  l'Institut.  Paris,  A.  Ilermann,  1904;  i  vol. 
in-S".  (Présenté  par  M.  Emile  Picard.) 

La  Vie,  par  Edoiard  Peyrusson.  Discours  prononcé  à  la  séance  solennelle  de  rentrée 
de  rÉcole  de  MĂ©decine  de  Limoges,  le  12  novembre  1908.  Limoges,  Ducourtieu\  et 
Goût,  igoS;  i  fasc.  in-8°. 

Annales  de  l' Observatoire  de  Bordeaux,  publiées  par  G.  Raykt,  Directeur  de 
l'Observatoire;  t.  X.  Paris,  Gauthier-Villars;  Bordeaux,  Ferel  et  fils,  190a;  1  vol. 
in-8°.  (PrĂ©sentĂ©  par  M.  LƓwy.) 


Su  lie  cariche  elettriclie  générale  dai  raggi  X  sui  metalli  nel  vuolo:  Memoria  del 
prof.  AuGUSTO  R1GHI.  Bologne,  1908;  i  fasc.  in-4". 

Ueber  die  lonisierung  der  Lu/'l  durcit  eine  clcLlrisirrle  Spitze.  von  A.  Ri(;iii. 
(E\tr.  de  Physil.alische  Zeilscltrifl,  4°  année,  p.  G*;  1-045.  )  Leipzig,  S.  Hirzel,  1908; 
I  fasc.  in-4°. 


On  sousc  it  Ă   Paris,  chez  GAUTHIER-VIT.LARS, 
Qiai  des  Grands-Aiigustins,  n°  55. 


i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  réguliÚremeni  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  in-4''.  Deux 

'Une  par  ordre  alphabétique  de  matiÚres,  l'autre  par  ordre  alphaliéiitine  de  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  volume.  L'abonnement  est  annuel 

a  i"  Janvier. 

Le  prix  de  l'abonnement  est  fixé  ainsi  qu'il  suit  : 

Paris  :  30  fr.  —  DĂ©partements  ;  40  fr.  —  Union  postale  :  44  fr. 


chez  Messieurs  : 
Ferran  frĂšres. 

iChaix. 
Jourdac. 
RuflF. 

CourtiD-Hecquet. 

(  Germain  elGratiin. 
I  Gaslineau. 

JĂ©rĂŽme. 

RĂ©gnier. 

I  Feret. 

Laurens. 

!  MuUer  (G.). 
Renaud. 

iDerrien. 
F.  Robert. 
Oblio. 
Uzel  frĂšres. 

Jouau. 

' Perrin. 

(  Henry. 

' (  Marguerie. 

Juliot. 
Bouy. 

iNourry. 
Ratel. 
Rey. 
\  Lauverjat. 
(  Degez. 
1  Drevet. 

I  Gratier  et  C'v 

lie Foucher. 

If  Bourdignon. 
(  Dombre. 
j  Thorez. 
(  Quarré. 


■Ferr.. 


Lorient. 


chez  Messieurs  : 
(  Baumal. 

'  ‱  '  ‱  \  Mm.  Texier. 

/  Bernoux  et  Cumin. 

^  Georg. 
Lyon (  EfĂźantln. 

i  Savy. 

'  Ville. 
Marseille Ruai. 


Montpellier. 
Moulins..    .. 


I  Valat. 

!  Goulet  et  fils. 


Mantes 


Nice. 


Martial  Place. 

i  Jacques. 
Grosjean-Maupin. 
Sidot  frĂšres. 
Guist'iiau. 
Veloppé. 
BarmaT 

Appy. 

Mmes Thibaud. 

Orléans    Loddé. 

1  Blanchier. 

Poitiers ,  . 

(  LĂ©vrier. 

Rennes Plilion  et  Hervé. 

Rochefort Girard  (M""). 

)  Langlois. 

\  Leslringant. 

S'-Étienne Chevalier. 

,  Ponteil-Burles. 
Toulon. 


Rouen. 


Rumébe. 

Gimet. 

Privai. 
i  Boisselier. 

Tours — « j  PĂ©ricat. 

(  Suppligeon. 
^  Giard. 
(  Lemaltre. 


Toulouse.. 


Valenciennes. 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


Amsterdam. 


Berlin. 


Bucharest. 


chez  Messieurs  : 
Feikema    Caarelsen 
et  C". 

.AthĂšnes Beck. 

Barcelone Verdaguer. 

Asher  et  G". 
Dames. 

Friedlander  et   fils. 
I  Mayer  et  Millier. 

Berne Schmid  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

iLamertin. 
MayolezctAudiarte. 
LebĂšgue  el  C*. 
(  Sotchek  et  C°. 
(  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge Deighlon,  Bell  et  C". 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Host  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

GĂšnes Seul. 

,  Cherbuliez. 

GenĂšve Georg. 

(  Stapelmohr. 

La  Haye Belinfante  frĂšres. 

(  Benda. 
\  Payot  et  C". 
Barth. 
Brockbaus. 

Leipzig \  KƓhler. 

J  Lorentz. 

l  Twietmeyer. 

^  Desoer. 
\  Gnusé. 


Lausanne.. 


LiĂšge. 


chez  Messieurs  : 

iDulau. 
Hachette  et  G». 
Nutt. 
Luxembourg . ...     V.  BQck. 

iRuiz  et  G'*. 
Romo  y  Fussel. 
Capdeville. 
F.  FĂ©. 

Milan: [^occi  frÚre». 

■  (  HƓpli. 
Moscou Tastevin. 

Maples (Marglneri  di  Giu,. 

(  Pellerano. 

iDyrsen  et  Pfeiffer. 
Stechert. 
Lemckeet  Buechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C" 

Palerme Reber. 

Porto MagalhaĂšs  el  Monia. 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

Bocca  frĂšres. 

Loescherel  C'*. 

Rotterdam Kramers  et  fils. 

Stockholm Nordjslia  Bo^bandel. 

Zinserling. 

Wolff. 


Rome . 


S'-PĂ©tersbourg. . 


Bocca  frĂšres. 

Brero. 

Clausen. 
[  RosenbergetSellier. 

Varsovie Gebethner  et  Wolfl. 

VĂ©rone Drucker. 

Frick. 

Gerold  et  C'v 
ZUrich Meyer  et  Zeller. 


Turin. 


Vienne . 


3S  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  l'"^  Ă   31.  —  (3  AoĂ»t  i835  Ă   ii  DĂ©cembre  i85o.)  Volume  10-4»;  i853.Prix 25  fr. 

Tomes  32  Ă   61.  —  (i"  Janvier  i8ji  Ă   3i  DĂ©cembre  i86i.)  Volume  in-4'';  1870-  Prix 25  fr. 

Tomes  62  Ă   91.  —  (  i»'' Janvier  1866  Ă   3i  Ujcembre  lSSo.)  Volume  in-4";  1889.  Prix 25  fr. 

Tomes  92  Ă   121.  —  (i'^' Janvier  1881  Ă   3i  DĂ©eembie  [Syj.)  Volume  in-4'';  igoo.  Pris 25  fr. 

PLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCESiDE  L'ACADEMIE  DES  SCIENCES  : 

-  Alemou-e  sur  quelques  points  de  la  Pliysiologie  des  .iVIgiiei ,  p  ir  M  VI.  .\.  Derbes  et  A.-J.-J.  SoLiEn.  —  MĂ©moire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'Ă©prouvent 
3,  par  M.  HvMSE.v.  —  .VlĂ©moire  sur  le  l»dii(;rĂ©,H  et  su;-  le  r.jlc  di  sac  pniorĂ©iliqui  dans  les  phĂ©noinjiici  digestifs,  p.irticulierement  dans   la    digestion   des 

rasies,  par  M.   GL.iUBE  liauVARO.   Vol u  ne  in-}»,  avec  3i   planches;   iSJii i25  fr. 

.  —  MĂ©moire  sur  les  vers  intestinaux,  par  M.  P.-J.  Van  Benbden.  —  Essai  d'une  rĂ©ponse  Ă   la  question  de  Prix  proposĂ©e  en  i85o  par  l'AcadĂ©mie  des  Sciences 
ncours  de  i853,  et  puis  remise  pour  celui  de  i8>6,  savoir;  «  Etudier  les  lois  de  la  distribution  des  corps  organisés  fossiles  dans  les  dillerenls  terrains 
iaires  suivant  l'ordre  de  leur  superposition.  —  Discuter  la  question  de  leur  .ipparition  ou  de  leur  disparition  successive  ou  simultanĂ©e.  —  RecUcrcUer  la 
es  rapports  qui  existent  entre  l'état  actuel  du  rÚgne  organique  et  ses  cL.ils  aiUuneiirs»,  par  M.  le  l'rofesseiir  1ß;(0NN.  In-,»,  avec  7  planches;   iSGi....      25  fr. 


a  mĂȘme  Librairie  les  MĂ©moires  de  l'AcadĂ©mie  des  Sciences,  et  les  MĂ©moires  prĂ©sentĂ©s  psr  divers  Eavaits  Ă   l'/.cadfuie  c'es  fciences. 


N°  23. 

TABLE   DES  ARTICLES.   (SĂ©ance  du  7 


..-^re  1903.) 


MEMOIRES    ET  COMMUNICATIOIVS 

DES   MEMBUKS   ET   DES   CORKESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 

M.  Bertmelot.  —  Quelques  observations 
relatives  Ă   l'action  des  vapeurs  des  com- 
posés hydrocarbonés  sur  les  microbes  ani- 
maux et  sur  les  insectes,  et  au  r>jle  anti- 
septique des  agents  oxydants-oxydables.     gSS 

M.  Berthelot.  —  Sur  les  forces  Ă©leclromo- 
trices  résultant  du  contact  et  de  l'action 
réciproque  des   liquides ijÎG 

MM.  A.  Laveiüa.v   et  F.  .Mesnil.  —   Sur  un 


Pages. 

Protozoaire  nouveau  {Piroplasma  Bcino- 
vani  Lav.  et  Mesn.),  parasite  d'une  liĂšvre 

de  l'Inde yĂŽy 

M.  H.  Blondlot.  —  Sur  la  propriĂ©tĂ©  d'Ă©mettre 
des  rayons  n  que  la  compression  confĂšre 
Ă   certains  corps,  et  sur  l'Ă©mission  spon- 
tanée et  indÚlinie  de  rayons  n  par  l'acier 
trempé,  le  verre  trempé,  et  d'autres  corps 
en  état  d'équilibre  moléculaire  contraint.     9G2 


NOMINATIONS. 


Liste  de  candidats  présentée  à  M.  le  Ministre 
de  l'Instruction  publique  pour  la  chaire 
d'Histoire  des  Sciences,  vacante  au  CollĂšge 
de  France  :  1°  M.  Tannery,  2°  M.  Wyrou- 
bo,//' 9C4 


Liste  de  candidats  présentée  à  M.  le  .Ministre 
de  l'Instruction  pui>li<.|ue  pour  une  place 
d'Astronome  titulaire,  vacante  Ă   l'Observa- 
toire de  Paris  :  1°  M.  Puiseux,  2°  M.  Hamy.     gOÎ 


CORRESPONDANCE. 


M.   D.    EĂ»iNiTis.    —    Observations  des  LĂ©o- 
nides   et   des  Biélides,  faites   à    AthÚnes,     , 
en  igo3 gfjo 

M.  Emile  Borel.  —  Un  thĂ©orĂšme  sur  les 
ensembles  mesurables 9'iG 

jM.  a.  Alric.  —  GĂ©nĂ©ralisation  d'un  thĂ©o- 
rĂšme de  Laiiuerre 967 

M.  Charles  Henard.  —  Sur  la  qualitĂ©  des 
‱hĂ©lices  sustentatrices 971P 

M.  Charles  Fabry.  —  Sur  l'intensitĂ©  de 
l'Ă©clairement  produit  par  le  Soleil 973 

MM.  Bernard  Brunhes  et  Pierre  David.  — 
Sur  la  direction  de  l'aimantation  perma- 
nente dans  diverses  roches  volcaniques...     970 

MM.  AndrĂ©  Broca  et  D.  Sulzer.  —  RĂŽle 
du  temps  dans  la  comparaison  des  Ă©clats 
lumineux  en  lumiÚre  colorée 977 

M.  P.  Lemoult.  —  Sur  une  nouvelle  mĂ©- 
thode pour  le  calcul  des  chaleurs  de  com- 
bustion et  sur  quelques-unes  de  ses  con- 
séquences       979 

M.  P.  Freundler.  —  Recherches  sur  les 
azo'iques.  JNouveau  mode  de  formation  des 
dérivés  indazyliques 98a 

M.  Marcel  IiELEriNE.  —  Action  de  l'acide 
cyanhydrique  sur  l'aldéhydale  d'ammo- 
niaque et  les  combinaisons  analogues....     gS'j 

M.  L.-J.  Simon.  —  Nouvelle  rĂ©action  de 
l'hydroxylamine 986 

M.  L.  BouVEAULT.  —  Nouvelle  mĂ©thode  de 


préparalion  des  aldéhydes 987 

M.  Marc  Tifeeneau.  —  Sur  la  migration 
phénylique (,89 

M.  G.  Chavanne.  —  Sur  les  Ă©thers  de  l'acide 
isopyromuci<jue 993 

MM.  E.  Vahenne  et  L.  Godefroy.  —  Sur 
les  hydrales  d'alcool  Ă©thylique ggS 

MM.  Euu.  Chaharot  et  G.  Laloue.  —  Pro- 
duction et  distribution  de  quelques  sub- 
stances organiques  chez  le  Mandarinier. .     996 

M.  Emile  Manceau.  —  Sur  les  caractùres 
chimiques  des  vins  provenant  de  vignes 
atteintes  par  le  mildew gg.S 

M.  Fred.  Wallerant.  —  Sur  la  dĂ©termina- 
lion  de  la  forme  primitive  des  cristaux...   looi 

M.  Etienne  de  Rol'ville.  —  Revision  des 
Nématodes  libres,  marins,  de  la  région 
de  Cette , 1002 

M.  Louis  LĂ©ger.  —  Sporozoaire  parasite 
des  Moules  et  autres  Lamellibranches  co- 
mestibles      1000 

M.  G.  Delacroix.  —  De  la  filositĂ©  des 
pommes  de  terre ■ moli 

M.  J.  Caralp.  —  Sur  le  systùme  permien 
dans  les  Pyrénées  françaises  et  espa- 
gnoles    I  ooS 

M.  J.  Bergeron.  —  Observations  relatives 
à  la  tectoni(|ue  de  la  haute  vallée  de  la 
Jalomita  (l'iuumanie) 1009 


Bulletin  oibliograpiiiquic ion 


PAIUS.  —   IMPRIMERIE    G  AUTH  I  E  R  -  V  IL  L  A  RS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

Lt  CĂšrant  :  Gauthier -Villahs. 


ĂŻ 


1903 

^Ăč  SECOND  SEMESTRE. 


COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES     SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVII. 


I 


W  24(14  DĂ©cembre  4903). 


I 


PARIS, 

GAUTHIER- VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

Adopté  dans  les  séances  des  23  juin   1862  et  24  mai  1875 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  i".  —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 
Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  ée  la  semaine  que  si  elle  a  étéremiise 
le  iour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pß»ges  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  3a  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  fait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicie  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qi 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séai 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  Sa\ 
étrangers  à  l'Académie. 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  pe 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  d 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoir 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  re( 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  r 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cel 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  il; 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondai 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre 
l'imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin  ;  faute  d'ĂȘtre  remis  ; 
le  litre  seul  duMémoire  est  inséré  dans  le  Com/ 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  réi\ 
vaut  et  mis  Ă   lĂ   fin  du  cahier. 

‱     Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part 
Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  plan 

figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures 

autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  o 

pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais 

leurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rap 

les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernerai 

Article  5. 
Tous  les  six  nĂźois,  la  Commission  administrĂź 
,  un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendi 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  1 
sent  RĂšglement. 


Lei  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter  leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  pi 
déposer  av.  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance,  avant  S"".  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU   LUNDI  14  DÉCEMBRE   1905, 

PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GAUDRY. 


MEMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'AGADÉMJE. 

SPECTROSCOPIE.  —  Caractùres  principaux  des  spectres  de  lignes  et  de  bandes. 
Considérations  sur  les  origines  de  ces  deux  spectres.  Note  de  M.  H. 
Deslandres. 

«  Les  gaz  illuminés  ont  deux  modes  vibratoires  essentiellement  distincts, 
qui  ont  été  décelés  par  l'analyse  spectrale  et  correspondent  aux  spectres 
de  lignes  et  de  bandes.  La  présente  Note  expose  les  caractÚres  principaux 
des  deux  classes  de  spectres,  et  quelques  remarques  critiques  ou  nouvelles 
sur  leur  origine  probable.  La  question  est  particuliÚrement  intéressante 
avec  les  corps  simples  qui,  comme  l'azote,  ont  Ă   la  fois  un  spectre  de  lignes 
et  un  spectre  de  bandes. 

»  La  distinction  entre  les  deux  classes  de  spectres  a  été  faite  au  début 
de  l'analyse  spectrale,  avec  de  faibles  appareils  et  par  de  simples  diffé- 
rences d'aspect.  Plus  tard,  elle  a  paru  superficielle,  lorsque  l'emploi 
d'appareils  puissants  a  montré  que  les  bandes  se  résolvent  aussi  en  lignes 
ou  raies  fines.  Mais  ensuite  l'Ă©tude  complĂšte  des  spectres  de  bandes  a 
révélé  des  difl'érences  profondes  avec  les  spectres  de  lignes,  et  actuellement 
la  distinction  apparaßt  bien  tranchée  et  appuyée  sur  des  faits  précis. 

»  J'ai  contribué  à  ce  dernier  résultat  par  les  recherches  poursuivies  sur 
les  spectres  de  bandes  de  1884  Ă   1890  et,  dans  une  Note  des  Comptes  rendus 
(t,  ex,  1890,  p.  740'  i'^^  résumé  les  points  communs  et  les  différences 
caractéristiques  des  deux  spectres  ;  mais,  depuis,  le  fossé  qui  les  sépare 
s'est  encore  agrandi. 

))  Les  deux  spectres  ont  une  propriété  commune  importante  :  ils  sont 
formés  l'un   et  l'autre   par  la   répétition  de  groupements   de  raies  sem- 

C.   K.,   Kjoj^   2=  Semestre.  {ï.   CX.XXVU,  N»  21)  l33 


lOl'i  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

blablcs,  tels  que  doublels,  IripleLs,  qiiadriiplcts,  etc.  (Mascart,  Liveing 
etDcwar,  Cornu,  Deslandres);  mais  leurs  différences  sont  fortes  et  nom- 
breuses.  Ainsi  :  i°  dans   les   spectres  de  lignes,    la  répétition   des  grou- 

15 
pements    est    rĂ©glĂ©e    par  une   fonction   de   la   forme    N  =  A  —  r^^;— ^^ 

(Halmer,  Rydberg,  Rayser  et  Runge),  et  dans  une  bande  parla  fonction 
N  =  A +  B(w -f-/)-  (Deslandres),  N  Ă©tant  le  nombre  de  vibrations; 
A,  B,  A- des  constantes  et  7?2  un  nombre  entier;  2°  le  spectre  de  bandes  a  plu- 
sieurs bandes  et  l'ensemble  des  raies  est  donné  par  une  fonction  de  la  forme 
IS  z=  f(n-p-)  X  m-  +  V>n-  +  ?(/'')  à  trois  paramÚtres  indépendants  m,  n,  p 
qui  prennent  les  valeurs  des  nombres  entiers  (Deslandres).  Le  spectre 
de  bandes  est  assimilable  à  une  Table  à  trois  entrées,  le  spectre  de  lignes 
à  une  Table  d'une  seule  entrée;  3°  lorsque  la  pression  des  gaz  augmente, 
les  raies  du  spectre  de  lignes  sont  déplacées  vers  le  rouge,  mais  non  les 
raies  des  bandes  (Humphreys  etMohler);  4"  dans  un  champ  magnétique 
intense,  les  raies  du  spectre  de  lignes  sont  divisées  en  composantes  mul- 
tiples (Lorenlz  et  Zeeman);  dans  les  mĂȘmes  conditions,  les  raies  des 
bandes  ne  sont  pas  modifiées  (Becquerel  et  Deslandres,  Runge). 

»  La  cause  de  ces  différences  caractéristiques  est  difficile  à  discerner, 
car  elle  est  liée  à  la  nature  intime  de  la  matiÚre  qui  nous  est  inconnue. 

»  Les  recherches  antérieures  sur  la  question  sont  nombreuses,  et  l'on 
peut  citer  les  noms  de  Mitscherlich,  Diacon,  Plucker,  Hittorf,  Wullner, 
Angslrom,  Thalen,  Gouy,  Lockyer.  Elles  ont  conduit  Ă   l'opinion  suivante, 
généralement  admise  :  les  spectres  de  lignes  sont  dus  aux  corps  simples, 
aux  atomes  proprement  dits,  et  les  spectres  de  bandes,  aux  corps  com- 
posés, à  de  véritables  molécules.  Ces  derniers,  en  effet,  se  montrent  aux 
températures  basses  avec  une  excitation  électrique  ou  chimique  faible.  Si 
l'on  augmente  la  température  ou  l'excitation  électrique,  il  y  a  dissociation, 
et  le  spectre  de  lignes  peut  seul  subsister.  Dans  le  cas  des  corps  simples 
qui  donnent  à  la  fois  les  deux  spectres,  les  bandes  sont  attribuées  à  une 
modification  allotropique  du  corps,  comparable  Ă   l'ozone. 

»  Eu  188G,  j'ai  porté  la  recherche  sur  un  terrain  tout  nouveau  en  signa- 
lant et  interprétant  les  différences  exposées  plus  haut  dans  la  structure 
générale  des  deux  spectres.  Le  spectre  de  bandes,  qui  est  représentable 
par  une  fonction  de  trois  paramÚtres  indépendants,  est  analogue  à  l'en- 
semble des  sons  émis  par  un  corps  solide  qui  vibre  de  la  façon  la  plus 
générale,  suivant  les  trois  dimensions  de  l'espace.  Ce  problÚme  du  corps 
sonore,  et  tous  les  problÚmes  similaires  de  variations  périodiques,  con- 


SÉAISCE    DU    I^'i    DÉCEMBRE    igoS.  IOl5 

duisent  aussi  Ă   une  fonction  de  trois  paramĂštres,  lesquels  correspondent 
aux  trois  dimensions  de  l'espace.  Aussi  ai-je  ajouté  :  Dans  le  spectre  de 
bandes,  tout  se  passe  comme  si  l'atome  Ă©tait  un  petit  corps  solide  vibrant 
dans  tous  les  sens  de  la  façon  la  plus  générale;  de  plus,  le  nombre  et  la 
disposition  des  atomes  dans  la  molécule  doivent  correspondre  au  nombre 
et  Ă   la  disposition  des  raies  qui  forment  le  groupement  (^doublets,  triplets 
dont  la  répétition  forme  les  spectres.  D'autre  part,  le  spectre  de  lignes  est 
comparable  aux  sons  d'une  corde  ou  d'un  corps  qui  vibre  dans  une  seule 
direction. 

»  Ces  différences  s'accordent  mal  avec  l'opinion  qui  rapporte  les 
spectres  de  bandes  aux  molécules  et  les  spectres  de  lignes  aux  atomes;  car 
on  ne  voit  pas  pourquoi  la  molécule  aurait  une  vibration  plus  générale 
que  l'atome.  Aussi,  dans  le  cas  de  l'azote,  qui  donne  plusieurs  spectres  de 
bandes  distincts,  et  en  plus  un  spectre  de  lignes,  ai-je  attribué  les  spectres 
de  bandes  aussi  bien  à  l'atome  qu'à  la  molécule.  Le  spectre  de  bandes  du 
pÎle  négatif,  formé  par  la  répétition  de  raies  simples,  serait  dû  à  l'atome, 
et  les  spectres  de  bandes  du  pÎle  positif,  formés  par  des  groupements  plus 
complexes,  ont  été  rapportés  à  des  molécules  {Comptes  rendus,  t.  CIII, 
p.  375;  t.  CIV,  p.  972;  t.  ex,  p.  748  et  mĂȘme  Tome,  p.  457). 

»  Le  spectre  de  ligues,  d'autre  part,  est  évidemment  un  mode  vibra- 
toire différent  et  moins  général.  Il  se  substitue  au  précédent,  avec  l'azote 
en  particulier,  d'une  maniÚre  progressive.  J'ai  étudié  le  phénomÚne  avec 
une  bobine  de  Riihmkorff  et  un  tube  Ă   vide  muni  d'Ă©lectrodes  d'aluminium. 
On  a  les  bandes,  lorsque  les  pÎles  de  la  bobine  sont  reliés  au  tube  spec- 
tral sans  addition  d'un  condensateur.  L'Ă©tincelle  se  divise  alors  en  deux 
parties  de  couleur  différente,  qui  sont  la  gaine  autour  de  la  cathode  et  la 
partie  positive.  Chacune  Ă©met  toutes  les  bandes,  les  bandes  dites  positives 
étant  les  plus  fortes  du  cÎté  positif,  les  bandes  dites  négatives  étant  plus 
intenses  autour  de  la  cathode.  De  plus,  la  gaine  négative  émet  aussi  les 
spectres  de  lignes  de  l'azote  et  de  l'aluminium,  mais  faibles  et  dans  le 
voisinage  immédiat  de  la  cathode.  Je  ne  sais  si  le  fait  a  été  déjà  signalé, 
mais  il  est  net  ('). 

»  Si,   ensuite,  on   ajoute  un  condensateur  de  capacité  croissante,  le 


(')  La  bobine  de  Ruhmkorfl',  employée  pour  produire  l'étincelle,  est  un  appareil 
complexe;  il  serait  bon  de  vérifier  si  la  machine  électrique,  plus  simple,  donne  le 
mĂȘme  rĂ©sultat.  J'aurais  fait  l'expĂ©rience,  si  l'Observatoire  de  Meudon  possĂ©dait  une 
machine  Ă©lectrique. 


roi  6  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

spectre  de  lignes  se  montre  dans  la  partie  positive  et  croĂźt  peu  Ă   peu  aux 
dĂ©pens   des  bandes  qui,  finalement,   disparaissent;   en  mĂȘme  temps,   la 

eaine  négative  s'évanouit  ou  diminue  beaucoup. 

no  * 

»  En  rĂ©sumĂ©,  les  deux  spectres  peuvent  apparaĂźtre  en  mĂȘme  temps, 
mais  le  spectre  de  lignes  correspond  à  une  intensité  plus  grande  du  courant 
qui  produit  l'Ă©tincelle;  il  subsiste  seul  lorsque  ce  courant  atteint  une 
certaine  valeur.  Quant  aux  modifications  intimes  qui  accompagnent  la 
variation  spectrale,  elles  restent  toujours  trĂšs  obscures. 

»  Or,  récemment,  la  nature  des  spectres  de  lignes  a  été  éclairée  d'une 
vive  lumiÚre  par  la  théorie  des  électrons  de  Lorentz  et  les  expériences  de 
Zeeman.  En  admettant  simplement  une  charge  électrique  constante  portée 
par  les  derniÚres  particules  de  la  matiÚre,  appelées  électrons,  Lorentz 
explique  la  plupart  des  phénomÚnes  optiques  et  électriques.  La  vibration 
lumineuse  est  due  au  mouvement  de  l'Ă©lectron  autour  d'un  centre  qui 
l'attire  proportionnellement  à  la  distance.  Si  un  champ  magnétique  inter- 
vient, d'aprÚs  la  théorie,  une  vibration  simple  se  divise  en  trois  vibrations 
distinctes.  Or,  ce  résultat  a  été  vérifié  par  Zeeman  et  s'applique  exac- 
tement Ă   la  plupart  des  raies  des  spectres  de  lignes.  Ue  plus,  les  mesures 
sur  l'effet  Zeeman  et  plusieurs  autres  sur  les  rayons  cathodiques  et  les 
rayons  Becquerel  s'accordent  sur  le  point  suivant  :  l'Ă©lectron  a  une  charge 
(négative)  égale  à  celle  de  l'atome  d'hydrogÚne  dans  l'électrolyse,  mais 
a  une  masse  environ  mille  fois  plus  faible. 

»  On  est  alors  conduit  à  considérer  les  atomes  chimiques  comme  formés 
par  l'agglomération  d'électrons  positifs  et  négatifs,  ces  derniers  étant  les 
plus  mobiles.  Si  l'on  ajoute  ou  retranche  un  électron  négatif,  on  a  les  ions 
positifs  ou  négatifs,  si  souvent  invoqués  dans  ces  derniÚres  années.  Ces 
théories,  qui  expliquent  un  grand  nombre  de  faits  jusqu'alors  non  reliés 
entre  eux,  sont  trĂšs  dignes  d'attention. 

»  Dans  cet  ordre  d'idées,  le  spectre  de  lignes  a  été  attribué  assez  fogi- 
quement  au  mouvement  de  l'électron  négatif  autour  de  l'ion  positif;  car, 
bien  que  la  théorie  n'explique  pas  tous  les  effets  du  champ  magnétique, 
l'action  d'une  charge  négative  paraßt  indiscutable,  et  il  est  naturel  de 
choisir  comme  centre  d'attraction  l'ion  positif,  bien  qu'alors  la  loi  d'attrac- 
tion de  Lorentz  (attraction  proportionnelle  Ă   la  distance)  apparaisse  a  priori 

singuliĂšre. 

»  D'autre  part,  comment  explique-t-on  le  spectre  de  bandes?  Dans  le 
Traité  de  i^pectroscopie  de  Kaiser,  qui  e^t  le  plus  récent  et  le  plus  complet 
sur  ia  matiĂšre,  Rnngc,  tiui  a  fait  un  Chapitre  entier  du  Livre,  attribue  le 


SÉANCE  DU  I 1  DÉCEMBRE  ipoS.  1017 

spectre  de  bandes  aux  mouvements  de  l'ion  positif  (T.  II,  p.  66  >  ),  car  la 
masse  relativement  beaucoup  plus  grande  de  l'ion  positif  explique  bien 
l'insensibilité  du  spectre  au  champ  magnétique.  Cette  opinion  a  été  adoptée 
i)ar  la  plupart  des  auteurs;  or,  Ă   mon  avis,  elle  est  inadmissible,  car  l'ion 
positif  et  l'électron  négatif  qui  tournent  ensemble  ont  nécessairement  le 
mĂȘme  spectre  :  c'est  ainsi  que  les  deux  composantes  d'une  Ă©toile  double 
ont  la  mĂȘme  durĂ©e  de  rĂ©volution, 

»  L'ion  positif,  supposé  nécessaire  au  spectre  de  lignes,  peut  intervenir 
simplement  pour  donner  dans  le  champ  magnétique  deux  nouvelles  raies 
composantes,  environ  mille  fois  plus  rap[)rochées  que  les  composantes 
ordinaires  de  l'effet  Zeeman.  I^a  recherche  de  ces  nouvelles  composantes 
est  mĂȘme  proposĂ©e  aux  observateurs  qui,  plus  favorisĂ©s  que  moi,  ont  Ă  
leur  disposition  un  fort  Ă©lectro-aimant  et  des  spectroscopes  extrĂȘmement 
puissants,  tels  que  l'appareil  à  échelons  de  Michelson  ou  l'int^rféromctrc 
de  PĂ©rot  et  Fabry,  Si  l'on  choisit  une  raie  intense,  qui  donne  la  division 
ordinaire,  mais  trĂšs  forte,  il  semble  possible  d'obtenir  les  nouvelles  raies 
et  de  vérifier  leur  liaison  avec  une  charge  positive. 

»  Dans  l'état  actuel  de  nos  connaissances,  d  n'est  pas  nécessaire  défaire 
intervenir  des  charges  Ă©lectriques  pour  la  genĂšse  du  spectre  de  bandes  (  '  ). 
Il  est  plus  sage  de  conserver  la  concej)tion  premiÚre  tirée  de  la  loi  de  suc- 
cession des  raies.  L'analogie  avec  l'ensemble  des  sons  d'un  petit  corps 
solide  qui  vibre  de  la  façon  la  plus  générale  conduit  à  attribuer  les  bandes 
non  aux  mouvements  du  centre  de  l'atome,  comme  le  demande  Runge, 
mais  aux  mouvements  intérieurs  decet  atome,  ou  à  d'autres  variations  pé- 
riodiques, mais  intérieures.  On  peut  d'ailleurs  concevoir  un  atome  formé 
d'électrons  positifs  et  négatifs  qui  sont  associés  deux  à  deux  de  maniÚre  à 
se  neutraliser,  et  cependant  sont  capables  de  donner  naissance  Ă   des 
ondes  lumineuses. 

»  Le  courant  électrique,  qui,  d'ai^rÚs  la  théorie  de  Lorenlz,  est  formé 
par  des  Ă©lectrons  en  mouvement,  doit  produire  dans  le  gaz  trois  effets 
principaux,  que  je  range  dans  l'ordre  des  intensités  croissantes  :  i"  l'élec- 
tron négatif,  par  ses   chocs  contre  la  molécule,  provoque  la  vibration  la 


(')  1^'iusensibililé  au  ciuiiui)  magnéti([iie  a  élé  reconnue  traburJ  [jour  les  bandes 
de  l'azole  el  du  cyanogĂšne  par  Becquerel  et  moi,  ensuite  pour  les  bandes  du  mercure 
par  Hunge.  mais  avec  de  simples  spectroscopes  à  réseau.  On  n'a  pas.  à  ma  connais- 
sance, employé  les  appareils  interférentiels,  plus  puissants;  il  serait  hou  de  le  faire; 
el,  dans  ce  cas,  re\tincteur  d'ilamy  serait  utile. 


loi8  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

plus  générale,  qui  est  un  spectre  de  bandes;  2°  la  molécule  est  décom- 
posĂ©e en  molĂ©cules  plus  simples  et  mĂȘme  en  alomes  qui  donnent  alors  le 
spectre  de  bandes  le  plus  simple  ('),  celui  du  pĂŽle  nĂ©gatif  {voir  mĂȘme 
Tome,  p.  437);  ^°  l'électron  négatif  s'unit  à  l'atome  |Jour  l'émission  d'un 
systĂšme  d'ondes  nouveau  et  plus  restreint  qui  est  le  spectre  de  lignes.  Ces 
distinctions  s'accordent  assez  bien  avec  les  expériences  précédentes  sur 
l'ajjpnrilion  des  deux  spectres. 

»  L'atome  chimique  interviendrait  ainsi  tout  entier  ou  privé  au  plus  d'un 
Ă©lectron,  pour  la  production  des  deux  spectres.  Mais  peut-on  se  figurer 
(les  systÚmes  capables  d'avoir  à  la  fois  deux  motles  vibratoires  aussi  diffé- 
rents? Le  monde  astronomifjue  offre  des  exemples  de  systĂšmes  semblables 
qui  peuvent  ĂȘtre  un  guide  utile  dans  les  recherches  relatives  Ă   l'atome.  On 
peut  citer,  en  particulier,  un  amas  d'Ă©toiles  soumises  Ă   la  seule  loi  de  la 
gravitation.  Dans  le  cas  simple  d'un  amas  sphérique  et  homogÚne,  l'attrac- 
tion à  l'intérieur  est  proportionnelle  à  la  distance  au  centre,  et  toutes  les 
Ă©toiles  ont  la  mĂȘme  pĂ©riode,  qui  correspond  au  spectre  de  lignes  (^). 
D'autre  part,  si  l'on  Ă©carte  de  leurs  positions  une  ou  plusieurs  Ă©toiles, 
l'amas  entier  revient  Ă   son  Ă©quilibre  normal  par  des  oscillations  qui 
peuvent  se  produire  dans  tous  les  sens  et  ĂȘtre  rapprochĂ©es  du  spectre  de 
bandes. 

»  L'étude  théorique  d'amas  plus  complexes,  et  l'étude  expérimentale 
des  spectres  eux-mĂȘmes  poursuivie  avec  des  appareils  plus  puissants, 
pourraient  conduire  à  une  explication  générale  des  phénomÚnes  ou,  tout 
au  moins,  à  une  théorie  utile,  capable  de  prévoir  des  faits  nouveaux.  » 


('  )  D'aprÚs  ces  idées  et  les  résullals  d'une  Note  précédente,  le  rajonnemenl  catho- 
dique pourrait  servir  Ă   dĂ©composer  les  gaz  en  leurs  Ă©lĂ©ments,  et  mĂȘme  il  conviendrait 
d'esï^ayer  raclion  sur  les  gaz  réputés  corps  simples.  Ce  rayonnement,  par  des  dispositifs 
faciles  Ă   imaginer,  serait  rendu  beaucoup  plus  intense  que  dans  les  tubes  Ă   vide  em- 
ployés d'ordinaire. 

(^)  L'électron  négatif  arrivant  dans  un  atome  constitué  comme  l'amas  d'étoiles, 
participe  au  mouvement  général  des  petites  étoiles,  étant  attiré,  comme  suppose 
Lorentz,  par  une  force  proportionnelle  Ă   la  distance;  mais  ses  oscillations,  probable- 
ment Ă   cause  des  chocs,  sont  amorties  rapidement.  L'Ă©lectron,  pendant  un  temps  trĂšs 
court,  aurait  le  don  d'extérioriser  l'énergie  interne  et  la  période  propre  de  l'atome. 


SÉANCE  DU  l\   DÉCEMiniE  IQoS.  I019 


SPECTROSCOPli;.    -  Éludes  speclroscopiqiics  du  sang  faUes  au  inonL  Blanc 
par  M.  le  D'  Henocque.  Noie  de  M.  J.  Jaxssex. 

«  L'année  derniÚre,  j'avais  signalé  au  D'  Henocque,  que  la  Science  a  si 
malheureusement  perdu,  l'intĂ©rĂȘt  d'Ă©tudes  de  spectroscopie  du  sang  Ă  
diverses  altitudes  sur  les  (Itncs  du  mont  Blanc. 

»  Le  D''  Henocque  avait  un  amour  si  grand  de  la  Science  et,  en  outre, 
il  se  sentait  si  bien  préparé  pour  ces  études  qu'il  accepta  de  suite  ma  pro- 
position et  pendant  l'automne  de  1902  il  fit  de  remarquables  observations 
dans  le  massif  du  mont  Blanr,  observations  dont  je  demande  Ă   rendre 
compte  à  l'Académie. 

»  Ces  observations  portent  sur  le  temps  de  réduction  de  l'oxyhémoglo- 
bine  du  sang  en  rapport  avec  la  fatigue  du  sujet  et  l'élévation  de  la  station, 
c'est-à-dire  avec  la  rareté  plus  ou  moins  grande  de  l'air. 

»  Quanta  l'appréciation  du  degré  de  cette  réduction,  elle  est  donnée 
par  l'apparition  et  le  degré  d'intensité  de  bandes  spéciales  d'absorption 
dans  le  spectre  donné  par  le  sang  du  sujet,  suivant  la  méthode  créée  par 
le  D''  Henocque,  et  qui  lui  a  servi  dans  ses  belles  investigations  hémalo- 
spectroscopiques.  Car  il  n'est  que  juste  de  rappeler  que  c'est  au  D''  He- 
nocque que  la  Biologie  doit  la  méthode  d'étude  spectroscopique  du  sang 
pratiquée  journellement  aujourd'hui. 

))  Je  viens  de  dire  que  la  méthode  due  au  D''  Henocque  est  basée  sur 
l'examen  spectroscopique  du  sang.  Or,  au  début  de  ces  études,  pres- 
sentant tout  le  service  que  la  Spectroscopie  pouvait  rendre  ici,  le  D''  He- 
nocque me  demanda  un  instrument  d'analyse  spectrale  d'une  application 
facile.  Je  lui  signalai  le  spectroscope  à  vision  directe  que  j'avdis  imaginé, 
fait  construire  et  présenté  à  l'Académie,  instrument  trÚs  maniable  et  qui 
permet,  en  effet,  un  examen  aussi  facile  que  rapide.  Le  D''  Henocque 
l'adopta  immédiatement  et  en  fit  la  base  de  la  méthode  si  simple,  si  efficace 
que  la  Science  lui  doit,  et  dont  on  ne  saurait  trop  lui  faire  honneur. 

»  Quant  aux  observations  du  mont  Blanc,  je  dirai  qu'elles  ont  pleine- 
ment confirmé  ses  prévisions  et  je  déplore  ici  que  la  mort  nous  ait  enlevé 
un  savant  aussi  éminent  que  modeste  et  dévoué  à  la  Science. 

»  Je  rappelle  encore  que  le  D''  Henocque  a  écrit  un  Livre  d'un  haut 
intĂ©rĂȘt  sur  la  Spectroscopie  du  sang.  Livre  qui  est  aujourd'hui  entre  les 
mains  de  tous  les  physiologistes  et  les  médecins.  » 


I020  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


BOTANIQUE  FOSSILE.  —  DĂ©couverte  de  slrobilcs  de  SĂ©quoia  el  de  Pin  dans  le 
Porllandien  des  environs  de  Boulogne-sur-Mcr.  Note  de  MM.  R.  Zeillek 
et  P.  Fmche. 

K  M.  le  D"^  Sauvage,  Conservateur  des  Musées  de  Boulogne-sur-Mer, 
Ă   qui  nous  adressons  ici  nos  vifs  remercĂźments,  a  bien  voulu  nous  commu- 
niquer quelques  fossiles  végétaux  du  Portlandien  moyen,  faisant  partie 
des  collections  qui  lui  sont  confiées.  Ces  fossiles  ont  été  recueillis  aux  envi- 
rons de  Boulogne-sur-Mer.  Ce  qui  est  déterminable  comprend  un  Cyca- 
deoidea,  de  trĂšs  petite  taille,  qui  nous  semble  nouveau,  et  des  strobiles  ou 
cĂŽnes  de  ConifĂšres:  ceux-ci  surtout  sont  dignes  de  fixer  l'attention. 

»  L'un  d'eux  appartient  certainement  aux  Cupressinées,  entendues  dans 
leur  sens  le  plus  large;  une  écaille,  en  effet,  placée  dans  la  région  basilaire 
du  strobile,  a  été  complÚtement  découverte  par  suite  de  la  destruction  de 
celles  qui  la  recouvraient;  elle  est  manifestement  amincie  en  coin,  du 
sommet  trĂšs  Ă©largi  Ă   la  base  d'insertion.  Le  strobile  est  elliptique,  aplati 
par  compression,  de  taille  faible,  '24'"'"  de  longueur  sur  iS""""  de  largeur; 
les  écussons  sont  de  forme  rhomboïdale,  allongée  transversalement,  avec 
une  dĂ©pression  centrale  trĂšs  marquĂ©e;  ils  prĂ©sentent  une  arĂȘte  transver- 
sale, trÚs  nette  vers  les  extrémités  surtout.  Tous  ces  caractÚres  sont  ceux 
des  SĂ©quoia;  on  voit  aussi  des  rides  transversales,  allant  des  bords  de  l'Ă©cus- 
son  à  la  dépression  centrale,  un  peu  moins  marquées  cependant  que  cbez 
les  espÚces  vivantes,  qui  présentent  d'ailleurs,  le  5.  gigantea  tout  au  moins, 
d'assez  fortes  différences  sous  ce  rapport;  il  nous  semble  que,  si  cette  atté- 
nuation des  rides  est  un  caractÚre  spécifique,  elle  a  été  un  peu  exagérée 
par  les  incidents  de  la  fossilisation. 

»  La  prĂ©sence  du  s,Qnve  SĂ©quoia  dans  le  Portlandien  prĂ©sente  un  intĂ©rĂȘt 
particulier;  car,  s'il  a  déjà  été  trouvé  souvent  à  l'état  fossile,  il  n'avait  pas 
été  rencontré,  jusqu'à  présent,  d'une  façon  certaine,  au-dessous  de  l'In- 
fracrétacé;  il  avait  bien  été  quelquefois  présumé  dans  le  Wealdien,  mais 
sur  des  données  qui  étaient  loin  de  commander  la  conviction.  Celte  ori- 
gine relativement  assez  récente  d'un  type  important,  si  manifestement 
Ă©tranger  et  eu  voie  d'extinction  dans  la  nature  actuelle,  ne  laissait  pas 
d'ĂȘtre  un  peu  surprenante.  La  prĂ©sence  d'une  espĂšce  dans  le  Portlandien 
recule  déjà  sensiblement  l'existence  bien  constatée  du  genre,  et  tendrait  à 
justifier  l'attribution  qu'on  lui  a  faite  quelquefois  des  rameaux  feuilles 
décrits  sous  le  nom  de  Sphenolepidium. 


SÉANCE    DU    I.'i    DÉCEMBRE    1903.  I02I 

»  Deux  autres  cÎnes  nous  paraissent  appartenir  d'une  façon  certaine  à 
des  Abiétinées.  L'un  d'eux  était  trÚs  allongé;  ce  qui  en  reste  mesure  86'"'" 
de  longueur;  il  est  aplati  par  suite  de  compression,  et  sa  plus  grande 
largeur  est  de  23'"'";  Ă   l'Ă©tat  de  vie,  il  Ă©tait  certainement  Ă   section  circu- 
laire; comme  nous  venons  de  le  dire,  il  nous  semble  Ă©galement  certain, 
d'aprÚs  la  forme  et  la  disposition  des  écailles,  qu'il  s'agit  d'une  Abiétinée. 
Les  écailles  étant  toutes  plus  ou  moins  usées  vers  leur  extrémité,  la  déter- 
mination du  genre  est  plus  indécise;  cependant  la  dyssymétrie  de  la  base 
du  strobile,  sa  courbure  en  arc  Ă   grand  rayon,  nous  font  penser  qu'il  s'agit 
d'un  Pinus,  ce  nom  Ă©tant  entendu  dans  son  sens  le  plus  strict;  l'Ă©cusson 
ayant  dû  avoir  fort  peu  de  saillie,  à  en  juger  par  la  façon  dont  il  s'est  usé, 
mĂȘme  sur  les  Ă©cailles  les  mieux  conservĂ©es,  il  est  trĂšs  probable  que  celui-ci 
appartient  à  la  section  des  Strobus.  Malgré  l'imperfection  de  son  état  de 
conservation,  ce  fossile  prĂ©sente  dĂ©jĂ   de  l'ialĂ©rĂȘt,  Ă©tant  donnĂ©  le  peu  que 
nous  savons  jusqu'à  présent  sur  les  Abiétinées  en  général  et  sur  le  genre 
Pinus  en  particulier,  antérieurement  à  l'Infracrétacé. 

»  Le  troisiÚme  strobile  de  Boulogne  est  encore  bien  plus  intéressant, 
parce  que  si,  Ă   raison  mĂȘme  de  son  trĂšs  bon  Ă©tat  de  conservation  extĂ©- 
rieure, on  ne  voit  pas  d'écaillé  découverte  dans  son  ensemble,  l'écusson, 
trÚs  bien  conservé,  présente  une  telle  ressemblance  avec  ceux  des  Pins 
actuels  que  l'attribution  Ă   ce  genre  semble  absolument  certaine. 

»  Ce  strobile  est  de  petite  taille  pour  un  Pin,  puisqu'il  a  35'"'"  de  longueur 
sur  25"="  de  largeur  dans  son  Ă©tat  d'aplatissement  actuel,  dĂ»  Ă   la  compres- 
sion, comme  pour  le  précédent;  il  est  de  contour  sensiblement  elliptique, 
un  peu  atténué  cependant  vers  son  sommet;  il  est  nettement  un  peu  dyssy- 
mĂ©trique;  les  Ă©cussons,  de  forme  rhomboĂčlale  Ă   grand  axe  transversal, 
sont  trĂšs  sensiblement  renflĂ©s  et  prĂ©sentent  une  arĂȘte  transversale  chez  un 
grand  nombre  d'écaillés  trÚs  bien  conservées  ;  au  centre,  parfois  légÚre- 
rement  déprimé,  est  un  ombilic  avec  un  mucron  bien  accusé,  mais  de 
petites  dimensions.  On  voit  que  ce  sont  tous  les  caractĂšres  des  Pins  Ă   deux 
et  Ă   trois  feuilles;  l'impression  d'ensemble  n'est  pas  sans  rappeler,  parmi 
les  espÚces  européennes,  un  petit  cÎne  de  Pin  laricio.  L'espÚce  est  nou- 
velle, comme  on  pouvait  s'y  attendre;  nous  lui  donnons  le  nom  de  M.  le 
D'  Sauvage. 

»   Cette  présence  d'un  strobile  de  Pin  bien  conservé  dans  le  Portlandien 

moyen  prĂ©sente  un  grand  intĂ©rĂȘt,  car,  jusqu'Ă   prĂ©sent,  l'existence  du  genre 

Pinus  dans  le  Jurassique  n'avait  en  sa  faveur  que  des  feuilles  quinées  du 

Spitzberg  déterminées   par  Heer,  et  un  fragment  de   strobile  décrit  par 

C.  R.,  190,3,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVU,  N°  24.)  ^^\ 


I022  XADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Saporla  sous  le  nom  de  Pinus  CƓmansi,  tloiileux  comme  origine  et  dont 
l'atlribiition  au  genre  n'Ă©tait  pas  sans  donner  aussi  quelque  prise  au 
doute  (  '  ).  Il  était  él  onnant  dÚs  lors  de  le  voir  déjà  assez  largement  repré- 
sentĂ© dans  le  BarrĂȘmien  de  la  Haule-Marne.  Au  point  de  vue  de  l'histoire 
du  genre,  le  strobile  de  Boulogne  donne  lieu  à  une  remarque  intéressante  : 
il  n'appartient  pas  aux  espĂšces  qui,  par  la  forme  de  leur  Ă©cusson,  se  rap- 
prochent des  autres  Abiélinées,  celles  à  écailles  non  épaissies  au  sommet, 
dont  le  genre  Abies  fournil  le  type;  il  n'appartient  en  effet  ni  Ă   la  section 
des  Strobiis.  ni  à  un  type  archaïque  rencontré  jusqu'à  présent,  pour  la  pre- 
miĂšre fois,  dans  le  BarrĂȘmien  et  se  terminant  dans  l'Albien  oĂč  il  prĂ©sente 
son  maximum  de  développement  avec  le  P.  mammilifer  Sap.;  c'est  chez  les 
groupes  les  plus  Ă©voluĂ©s  du  genre  dans  la  nature  actuelle,  les  TƓda  et  les 
Piiiastrr,  qu'il  faut  chercher  ses  analogues,  et  il  est  remarquable  de  con- 
stater la  présence  de  ce  type  de  strobiles  aussi  nettement  caractérisé  à  un 
niveau  relativement  aussi  ancien.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  la  suppression  de  l' hystĂ©rĂ©sis  magnĂ©tique  par  uii  champ 
magnétique  oscillant.  Note  de  M.  P.  Duhem. 

«  Sous  ce  titre,  M.  Maurain  a  présenté  récemment  à  l'Académie  une 
Note  (^)  fort  intéressante,  dans  laquelle  il  vérifie  et  développe  certaines 
vues  de  M.  Tissol;  il  indique,  en  terminant  cette  Note,  quelles  sont  les 
recherches  auxquelles  elle  le  conduit.  Je  voudrais,  Ă   ce  propos,  soumettre 
à  l'Académie  quelques  indications  au  sujet  des  problÚmes  abordés  par 
M.  Ch.  Maurain;  ces  indications  se  tirent  d'une  théorie  des  phénomÚnes 
d'hystérésis  que  j'ai  développée  en  de  nombreuses  publications  ( '). 

M  En  cette  théorie,  un  rÎle  essentiel  est  joué  par  une  ligne  que  j'ai 
nommĂ©e  ligne  des  Ă©tats  naturels;  tracĂ©e  dans  le  plan  oĂč  l'on  prend  pour 


(')  Nous  ne  parlons  pas  ici  des  quelques  autres  fossiles,  cĂŽnes  ou  simples  graines, 
du  Jurassique  ou  mĂȘme  du  RhĂ©tien,  qui  ont  Ă©tĂ©  dĂ©crits  sous  ce  mĂȘme  nom  gĂ©nĂ©rique 
de  Pinus,  mais  entendu  dans  le  sens  liiinĂ©en,  et  qui  ne  sauraient  ĂȘtre  rapportĂ©s  avec 
quelque  probabilité  au  genre  Pinus  proprement  dit. 

(5)   Comptes  rendus,  séance  du  3o  novembre  igoS,  t.  CXXXVII,  p.  9i4- 
(')   Voir  notamment  :  Mémoires  in-lt"  de  l'Académie  de  Belgique,  jSgS,   t.   LIV  ; 
1897,  t.  LVI;  1901,  t.  \^y^Vi.  —  Zeitschrift  fiir physikalische  Chcmie,  iSgyjBd.XXH; 
1897,  Bd.  XXllI;  1S99,   Bd.  XXVIII;  1899,  Bd.  XXXIII;  1900,  Ed.  XXXIV  ;  1901. 
Bd.  XXXVII.  —  Journal  of  physical  Chcmistry,  1900,  Vol.  {\ . 


SÉANCE  DU  l4  DÉCEMBRE  igoS.  I023 

abscisses  les  valeurs  Je  du  champ  magnétique  et  pour  ordonnées  les  va- 
leurs de  l'intensité  Olb  de  l'aimantation,  elle  passe  par  l'origine  des  coor- 
données et  est  symétrique  par  rapport  à  ce  point. 

))  I.  Lorsque  le  champ  magnĂ©tique  3e,  au  lieu  d'ĂȘtre  maintenu  rigoureu- 
sement invariable,  subit  des  variations  petites  et  nombreuses  autour  d'une 
valeur  invariable  3C„,  l'intensitĂ©  d'aimantation  tend  vers  une  valeur  ail-„; 
ûKg  est  l'ordonnée  du  point  qui,  sur  la  /ifi-/ie  des  états  naturels,  a  pour 
abscisse  .Te,,.  Cette  valeur  une  fois  atteinte,  ies  petites  variations  du  champ 
magnĂ©tique  autour  de  la  valeur  3e„  n'imposent  pins  Ă   l'intensitĂ©  d'aiman- 
tation que  de  petites  oscillations  autour  de  la  valeur  3Ko. 

»  II.  Si  l'on  maintient  invariable  le  champ  magnĂ©tique  .fe„,  mais  si  la 
température  éprouve  des  oscillations  petites  et  fréquentes  autour  d'une 
valeur  invariable;  ou  bien  encore,  si  l'aimant  est  soumis  Ă   des  secousses 
mécaniques  petites  et  nombreuses,  l'aimantation  tend,  comme  dans  le  cas 
prĂ©cĂ©dent,  vers  la  valeur  on.„  qui,  une  fois  atteinte,  demeure  stable. 

»  La  premiÚre  de  ces  deux  propositions  suppose  que  le  champ  magné- 
tique ne  varie  qu'avec  une  trĂšs  petite  vitesse;  c'est,  en  effet,  une  propo- 
sition Ae,  Statique  ;  l'étude  des  oscillations  magnétiques  rapides  exigeait  que 
l'on  posùt  les  principes  d'une  Dynamique  des  systÚmes  affectés  d'hystérésis. 
))  Nous  avons  posé  ces  principes  en  un  Mémoire  (')  présenté  à  la  classe 
des  Sciences  de  l'Académie  de  Belgique,  le  7  mai  1901,  et  nous  les  avons 
tout  particuliÚrement  appliqués  à  l'aimantation  déterminée  par  un  champ 
magnétique  de  direction  constante,  mais  dont  l'intensité  varie  avec  une 
vitesse  notable;  ils  nous  semblent  donnei-  une  représentation  trÚs  com- 
plÚte et  trÚs  simple  des  phénomÚnes  constatés  par  divers  expérimentateurs, 
notamment  par  M.  Ch.  Maurain,  au  cours  de  sa  thĂšse  de  doctorat,  et  par 
M.  Max  Wien. 

»  Parmi  les  questions  que  nous  avons  examinées  se  trouve  celle-ci  (-)  : 
»  Un  champ  magnétique  subissant  une  oscillation  double  et  symélrique 
entre  deux  valeurs  finies  —  -o  et  H-r,,  on  demande  qnelle  est  la  forme  limite 
de  l'elTet  qu'il  produit  lorsque  la  durée  d'oscillation  tend  vers  o.  On  trouve 
que  ce  cycle  magnétique,  décrit  trÚs  rapidement  entre  deux  valeurs  finies, 
équivaut  à  un  cycle  magnétique  décrit  lentement  entre  deux  valeurs  inH- 
nimenl  petites,  c'esL-Ă -dire  qu'il  n'aimante  pas  le  fer.  C'est,  en  effet,   une 


(')  Sur  tes  défonnalions  perinaneiiles  et  l' liyslérésis;  septiÚme  Mémoire  :  Hysté- 
résis et  viscosité  (Mémoires  in-/)"  de  l'Académie  de  Belgique,  t.  LXII). 
(^)  Loc.  cit.,  Cliap.  III,  §  8. 


1024  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

loi  trÚs  généralement  admise  qu'une  action  magnétique  oscillant  trÚs  rapi- 
dement autour  de  la  valeur  o,  telle  que  celle  qui  agit  en  un  champ  hertzien, 
ne  peut  aimanter  mĂȘme  le  fer  doux. 

»  Au  lieu  de  faire  osciller  le  champ  magnétique  entre  deux  valeurs 
Ă©gales  et  de  signes  contraires,  —  n  et  +  r,,  on  peut  le  faire  osciller  entre 
deux  valeurs  quelconques,  3C„  —  rj  et  J€„ -h  r,  ;  les  raisonnements  que  nous 
avons  dĂ©veloppĂ©s  n'ont  besoin,  pour  ĂȘtre  appliquĂ©s  Ă   ce  cas  plus  gĂ©nĂ©ral, 
que  de  modifications  insignifiantes.  Si  l'on  fait  tendre  vers  o  la  durée  de 
l'oscillation,  on  constate  que  l'oscillation  produite  trĂšs  rapidement  entre  les 
valeurs  OCo  —  y,  et  aCo  +  r,,  qui  diffĂšrent  de  3C„  de  quantitĂ©s  finies,  Ă©quivaut 
à  une  oscillation  produite  trÚs  lentement  entre  deux  valeurs  différant  infi- 
niment peu  de  se,,. 

»  DÚs  lors,  si  un  morceau  de  fer  est  soumis  simultanément  à  deux 
champs  finis,  de  mĂȘme  direction,  l'un  d'intensitĂ©  constante  3e„»  l'autre 
oscillant  avec  une  extrĂȘme  rapiditĂ©  entre  deux  valeurs  Ă©gales  et  de  signes 
contraires  —  -/)  et  4-r,,  les  choses  se  passeront  comme  s'il  Ă©tait  soumis  Ă  
l'action  d'un  champ  Ă©prouvant  autour  de  la  valeur  3Co  des  oscillations  trĂšs 
lentes,  trĂšs  petites  et  lies  nombreuses;  en  vertu  de  notre  proposition  I, 
l'aimantation  tendra  vers  la  valeur  3ll„,  ordonnĂ©e,  sur  la  ligne  des  Ă©tats 
naturels,  du  point  d'abscisse  3C„. 

»  M.  Ch.  Maurain  écrit  à  la  fin  de  sa  Note  :  «  L'action  continue  d'oscilla- 
))  lions  permet  donc  d'obtenir...  des  courbes  d'aimantation  réversibles, 
»  bien  déterminées,  montant  rapidement  à  partir  de  l'origine  sans  présen- 
»  ter  de  point  d'inflexion.  Il  sera  intĂ©ressant  de  comparer,  sur  les  mĂȘmes 
»  échantillons,  ces  courbes  aux  courbes  analogues  que  l'on  peut  obtenir 
.  »  par  d'autres  procédés  (vibrations,  . .  .)  et  d'essayer  de  définir  d'une 
»   maniÚre  précise  la  courbe  d'aimantation  normale.  « 

»  Si  les  vues  théoriques  que  je  viens  d'esquisser  sont  exactes,  l'emploi 
de  vibrations  mĂ©caniques  C)  fournira  Ă   M.  Maurain  la  mĂȘme  courbe  que 
l'emploi  Ă ' oscillations  Ă©lectriques;  celle  courbe  d'aimantation  normale  sera 
identique  à  celle  que  j'ai  nommée  ligne  des  étals  naturels;  l'accord  de  mes 
propositions  théoriques  avec  les  résultats  obtenus  jusqu'ici  par  les  expéri- 
mentateurs, notamment  avec  les  observations  si  démonstratives  de 
M.  Ewing  et  de  lord  Rayleigh,  me  permettent  d'espérer  cette  nouvelle 
confirmation  de  mes  hypothĂšses. 


(')  Je  ne  me  prononce  pas  ici  sur  les  autres  procédés  mentionnés  par  M.  Maurain, 
car  je  n'en  ai  pas  fait  l'élude  tliéoriqiie. 


SÉANCE    DU    l4   DÉCEMBRE    1903.  loaj 

).  En  terminant,  je  signalerai  une  derniĂšre  remarque  :  M.  Marconi  avait 
attribué  les  effets  produits  en  son  récepteur  à  la  suppression  de  la  viscosité 
magnétique  et  M.  Tissot  à  la  suppression  de  V/iystérésis;  la  théorie  que  j'ai 
proposée  et  qui  est,  si  je  ne  me  trompe,  un  peu  antérieure  aux  opinions 
que  je  viens  de  rappeler,  fait  intervenir  simultanément  la  viscosité  et  l'hys- 
térésis, et  c'est  précisément  l'intervention  de  la  viscosité  qui  détermine  la 
suppression  de  l'hystérésis  par  les  oscillations  électriques  rapides.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  PrĂ©paration  directe  du  cyclohexanol  et  de  la  cyclu- 
hexanone  à  partir  du  phénol.  Note  de  MM.  Paul  Sabatiek  et  J.-B. 
Senderens. 

«  Nous  avons  montré  antérieurement  (Co/wp/e^reni^Mi,  t.  CXXXII,  1901, 
p.  210  et  566)  que  notre  méthode  générale  d'hydrogénation  par  le  nickel 
réduit  permet  de  fixer  6"'  d'hydrogÚne  sur  le  benzÚne  et  ses  homologues, 
et  d'obtenir  ainsi  facilement  les  carbures  cyclohexaniques.  Les  analogies 
permettaient  de  prévoir  que  l'hydrogénation  directe  du  noyau  aromatique 
pourrait  ĂȘtre  rĂ©alisĂ©e  de  la  mĂȘme  façon  dans  d'autres  cas.  En  effet,  en 
appliquant  notre  méthode,  M.  Van  der  Laan  à  Groningue  est  parvenu  à 
hvdrogéner  le  phénol  :  en  opérant  avec  du  nickel  réduit,  maintenu  entre 
i4o°  et  160°,  il  a  préparé  un  liquide  dont  une  portion,  isolée  par  rectifi- 
cation, puis  traitée  par  la  soude  diluée,  ensuite  par  l'éther,  lui  a  donné 
une  certaine  quantité  de  cyclohexanol  Cil"  OH,  qui  peut  ensuite,  par 
oxydation  Ă   l'acide  chromique,  ĂȘtre  transformĂ©  en  cyclohexanone  {Aca- 
démie des  Sciences  d' Amstçrdam,  27  octobre  igoS). 

»   De  notre  cÎté,  sans  avoir  connaissance  de  ce  résultat,  nous  sommes 

arrivés  à  préparer  directement  à  partir  du  phénol,  soit  le  cyclohexanol, 

soit  la  cvclohexanone  : 

CH-  -  CH-  -  CO 

CH='-CH--CH- 

»  Sur  du  nickel  réduit,  maintenu  à  2i5"-23o",  on  dirige  le  mélange  de 
vapeurs  de  phénol  et  d'hydrogÚne  en  excÚs.  A  cette  température,  l'hydro- 
génation du  noyau  se  fait  rapidement  et  tend  à  donner  le  cyclohexanol  ; 
mais,  ainsi  que  nous  l'avons  montré,  il  y  a  quelques  mois,  pour  les  divers 
alcools  secondaires  (Comptes  rendus,  t.  CXX.XVI,  1908,  p.  983),  le  cyclo- 
hexanol est,  par  l'action  du  nickel,  dissocié  en  majeure  partie  et  fournit  la 


1626  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

cétone  correspondanle.  Par  suite,  le  liquide  condensé  est  constitué  par  un 
mĂ©lange  oĂč  domine  la  cyclohexanone,  Ă   cĂŽtĂ©  d'une  certaine  dose  de  cyclo- 
hexanol  et  d'un  peu  de  phénol  qui  a  échappé  à  la  transformalion.  Mais  ce 
dernier,  qui  peut  ĂȘtre  Ă©liminĂ©  facilement  par  distillation  du  mĂ©lange,  n'v 
existe  qu'en  proportion  faible,  qui  n*a  guÚre  dépassé  5  pour  100  de  la 
quantité  tolale  employée. 

»  Le  mélange,  ainsi  obtenu  trÚsaisémenl,  de  cyclohexanone  et  de  cyclo- 
hexanol,  est  un  liquide  d'odeur  agréable  un  peu  camphrée,  qui  passe  à  la 
distillation  de  iSS"  Ă   lĂŽS",  et  oĂč  la  sĂ©paration  par  rectification  de  l'alcool 
et  de  sa  cétone  serait  une  opération  délicate,  à  cause  du  faible  écart  de 
leurs  points  d'ébullition.  Mais  en  suivant  les  méthodes  catalytiques  que 
nous  avons  instituées  antérieurement  (^Comptes  rendus,  t.  CXXXVl,  p.  983 
et  t.  CXXXVII,  1903,  p.  3oi),  on  peut  facilement  transformer  le  mélange 
soit  en  cyclohexanone  pure,  soit  en  cyclohexanol  pur. 

»  PrĂ©paration  de  la  cyclohexanone.  —  On  fait  passer  la  vapeur  du  mĂ©lange  (sans 
hydrogÚne)  sur  du  cuivre  réduit,  maintenu  vers  SSo"  :  la  cétone  n'est  pas  modifiée; 
l'alcool  est  transformé  en  cétone,  avec  mise  en  liberté  d'hydrogÚne. 

»  La  liqueur  obtenue  est  constituée  par  la  cyclohexanone  sensiblement  pure,  qu'une 
seule  rectification  suffit  Ă   extraire  :  c'est  un  liquide  incolore,  d'odeur  de  propanone 
légÚrement  camphrée,  bouillant  à  155°, 5  (corr.),  identique  à  la  cyclohexanone  que 
BƓyer  a  prĂ©parĂ©e  Ă   partir  de  l'acide  pimĂ©lique  {Ann.  der  Chem.  und  Phann., 
t.  CCLXXVIII,  1894,  P-  100)  et  que  MarkownikofT  a  formée  à  partir  du  dérivé  nitro 
de  l'hexanaphtĂšne  du  Caucase  {Ann.  der  Cheni.  und  Phann.,  t.  GCCII,  1898,  p.  ig). 

»  Pour  celte  préparation,  il  importe  de  ne  pas  trop  élever  la  température  du  cuivre. 
Déjà  à  380°  l'alcool  subit  une  destruction  partielle  :  une  petite  portion  se  scinde  en 
eau  et  cyclohexÚne  bouillant  à  81°;  une  partie  plus  importante  régénÚre  le  phénol 
qui  se  dĂ©compose  lui-mĂȘme  un  peu  en  donnant  des  traces  de  produits  pvrogĂ©nĂ©s 
supérieurs. 

n  PrĂ©paration  du  cyclohexanol.  —  Les  vapeurs  du  mĂ©lange,  entraĂźnĂ©es  par  un 
excÚs  d'hydrogÚne,  sont  dirigées  sur  du  nickel  réduit,  maintenu  à  i4o"-i5o°  :  dans 
ces  conditions,  il  y  a  hydrogénation  réguliÚre  de  la  cétone  qui  se  transforme  en  alcool, 
sans  produits  accessoires.  Le  liquide  obtenu  est  du  cyclohexanol  presque  pur,  qui  se 
solidifie  dans  l'eau  froide  et  peut  ĂȘtre  aisĂ©ment  purifiĂ©  par  cristallisation.  Il  bout  Ă  
i6i°  (corr.),  comme  celui  qu'avaient  dĂ©jĂ   prĂ©parĂ©  BƓyer  et  Markovs^nikofT. 

»  On  voit  que  l'application  de  nos  méthodes  générales,  hydrogénation  par  le  nickel, 
catalyse  par  le  cuivre,  permet  de  produire  facilement  soit  le  cyclohexanol,  soit  la 
cyclohexanone,  composĂ©s  qui  jusqu'Ă   prĂ©sent  n'avaient  pu  ĂȘtre  atteints  que  par  des 
méthodes  laborieuses  et  compliquées. 

»  Le  procédé  est  général,  et  nous  avons  déjà  pu  l'appliquer  avec  succÚs 
aux  crésols,  ainsi  que  nous  aurons  l'honneur  de  l'indiquer  dans  une  pro- 
chaine Communication.  » 


SÉANCE    DU    l4   DÉCEMBRE    IQoS.  IO27 

M.  Janssen  présente,  à  l'Académie,  «  l'Annuaire  du  Bureau  des  Longi- 
tudes pour  l'annĂ©e  1904  »‹ 

NOMIIVATIOIVS. 

M.  le  Ministre  de  l'Instrictiox  puBLKn'E  invite  l'Académie  à  désigner 
l'un  de  ses  Membres  pour  faire  partie  de  la  Commission  du  contrĂŽle  de  la 
Circulation  monétaire,  au  MinistÚre  des  Fiaances. 

L'Académie  procÚde  à  un  vote  et  M.  Moissan  est  réélu. 

L'Académie  procÚde,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  formation  d'une  liste 
de  deux  candidats  qui  devra  ĂȘtre  prĂ©sentĂ©e  Ă   M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique,  pour  une  place  d'Astronome  titulaire  vacante  Ă   l'Observatoire. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  premier  candi- 
dat, le  nombre  des  votants  Ă©tant  49. 

M.  Bossert  obtient 35  suffrages 

M.  Renan  »        11        » 

M.  Boquet        »        2        » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

Au  second  tour  de  scrutin,  destiné  à  la  désignation  du  second  candidat, 
le  nombre  des  votants  Ă©tant  40, 

M.  Renan  obtient 35  suffrages 

M.  Boquet        »         5         » 

En  conséquence,  la  liste  présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique  comprendra  : 

En  premiĂšre  ligne M .  Bossert 

En  seconde  ligne M.  Rexan 


CORRESPONDAINCE. 

M.  G.-W.  HiLL,  nommé  Correspondant  pour  la  Section  d'Astronomie, 
adresse  ses  remercßmeJits  à  l'Académie. 


I028  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale,  parmi  les  piÚces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Ouvrage  de  M.  A.  Berge/,  ayant  pour  litre  :  «  Physique  du  globe 
et  Météorologie  ».  (Présenté  par  M.  de  Lappareiil.) 

2"  Un  Ouvrage  de  M.  J.-W.  Gihhs,  traduit  par  M.  G.  Roy,  intitulé  : 
«  Diagrammes  et  surfaces  thermodynamiques  » .  (Présenté  par  M.  Poincaré.) 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  Ăšqualions  aux  dĂ©rivĂ©es  partielles  linĂ©aires 
du  second  ordre .  Note  de  M.  Hadamard,  présentée  par  M.  Poincaré  ('). 

«  La  fonction  qui  joue  un  rÎle  essentiel  dans  l'intégration  de  l'équation 
de  Laplace  à  n  variables  est,  pour  /ß  ^  2,  une  puissance  négative  de  la 
quantitĂ©  C:=i(a",  — a;")-.  C'est  donc  Ă   de  telles  singularitĂ©s  qu'il  convient  de 
s'adresser  si  l'on  veut  généraliser  au  cas  de  n  ]>  2  les  solutions  logarith- 
miques introduites  par  M.  Picard  pour  les  Ă©quations  Ă   deux  variables. 

«   Les  résultats  auxquels  on  parvient  ainsi  mettent  en  évidence  un  fait 

qui  s'était  déjà  présenté  à  propos  de  l'équation  AU  =  -j  -vtï-  et  du  principe 

d'Huygens  :  ils  sont  de  forme  profondément  différente,  suivant  le  nombre 
des  variables. 

M  I.  Proposons-nous  de  trouver,  pour  une  équation  linéaire  du  second 
ordre  donnée,  que  nous  supposerons  analytique,  une  solution  de  la  forme 

(i)  u=F.c^ 

p  Ă©tant  un  exposant  quelconque  et  F  une  fonction,  non  identiquement 
nulle,  réguliÚre  dans  le  voisinage  de  la  surface  C  ;=  o. 

»  Supposons  d'abord  celle-ci  elle-mĂȘme  rĂ©guliĂšre,  au  moins  dans  le 
domaine  considéré,  et  laissons  de  cÎté  le  cas  connu  àe  p  entier  positif.  On 
sait  que  la  surface  C  ^  o  doit  ĂȘtre  caractĂ©ristique. 

»    1°  Pour^  entier  négatif,  le  problÚme  est,  en  général,  impossible  ; 

»  2°  Au  contraire,  pouryo  non  entier,  il  est  possible  et  mĂȘme  indĂ©ter- 
miné. Il  est  remarquable  que  le  mode  d'indétermination  de  F  est  exacte- 
ment le  mĂȘme  que  dans  le  cas  de  p  entier  et  ]>  i . 

»  IL  Mais  le  cas  ainsi  traité  n'est  pas  celui  du  problÚme  que  nous  avons 
à  aborder.  Dans  celui-ci,  en  effet,  C  =  o  n'est  pas  une  surface  réguliÚre  : 

(')  Celte  Noie  a  élé  préseiiléc  à  la  séance  du  7  décembre. 


SÉANCE  DU  t/|  DĂ©cembre  i<;<)3.  io-'ç) 

c'est  le  conoïde  caractéristique  ayant  pour  sonimtc  un  point  quelconque  O; 
elle  a  ce  [joint  comme  point  conique.  Alors  p  ne  peut  plus  ĂȘtre  quelconque  : 
on  doit  avoir 


/j,  Ă©tant  un  entier  positif.  La  solution  L  (  i\I,  O)  correspondant  Ă   /?,=  o  est, 
d'ailleurs,  seule  intéressante,  les  autres  s'en  déduisant  d'une  maniÚre  évi- 
dente par  différenliation. 

«  Dés  lors,  pour  n  pair,  il  résulte  immédiatement  de  ce  qui  précÚde 
qu'il  n  existe,  en  général,  aucune  solution  de  la  forme  (i).  On  devra  donc, 
pour  atteindre  le  but,  faire  appel  aux  logarithmes  (comme  dans  le  cas  du 
plan),  ou  à  des  singularités  jjlus  compliquées. 

»  Au  contraire,  pour  n  iinpair,  la  solution  existe  avec  toutes  les  pro- 
priétés requises. 

»  m.  Ce  qui  précÚde  n'est,  en  somme,  (|ue  la  généralisation  ßle  résul- 
tais connus.  Il  V  a  lieu  d'insister  un  peu  plus  sur  l'application  de  la  fonc- 
tion U  pour  le  tvpe  hyperbolique. 

»  Les  auteurs  qui,  à  la  suite  de  Kirchhoff,  ont  traité  des  cas  plus  on 
moins  Ă©tendus  d'Ă©quations  de  ce  type,  tels  que  MM.  Volterra,  Teilone, 
Conlon,  d'Adhémar,  ne  sont  point  partis  de  la  fonction  U,  mais  d'intégrales 
de  forme  sensiblement  ddierente.  Ces  derniĂšres  ne  sont  pas  seulement 
singuliĂšres  en  un  jjoint  de  l'espace  Ă   n  dimensions,  mais  le  long  de  toute 
une  ligne,  Ă   savoir  une  certaine  parallĂšle  Ă   l'axe  des  t.  Or  une  telle  ligne, 
quoique  jouant  un  rĂŽle  particulier  dans  les  applications  physiques,  est 
dépourvue  de  toute  liaison  analytique  avec  l'équation. 

»  L'introduction  de  la  solution  correspondante  est  donc  certainement 
artificielle.  Il  n'v  a  qu'une  intégrale  dont  la  considération  doit  a  priori  s' im- 
poser  :  c'est  (pour  n  iinpair)  l'iiitcgrale  U(M,  O)  définie  tout  à  l'heure. 

.)  Nous  allons  voir  qu'il  en  est  bien  ainsi  dans  le  cas  de  trois  variables. 
L'intégrale  U  étant  définie  pour  une  équation  analytique  quelconque,  la 
métiiode  que  nous  allons  exposer  fournira  la  solution  du  problÚme  de 
Cauchy  pour  toute  Ă©quation  de  cette  es[)Ăšce. 

»  Pour  déduire  de  l'intégrale  U(M,  O)  des  formules  toutes  semblables 
Ă   celles  de  M.  Volterra,  il  suffit  de  s'en  servir  pour  former  la  nouvelle 
intégrale 


o(M)=  r'u(M,O)cp(0^^ 


C.  K.,   i<jc3,   y  Semestre.  (T.  CWWU,  iN"  24  )  ^^-^ 


ir)'^<^  IIE    DES    SCIENCES. 

OÙ  la  quadrature  est  Ă©lt  .m  arc  d'une  ligne  L  dĂ©crite  par  le  point  O, 

les  coordonnées  de  ce  p.;!;.  _...nt  fonctions  de  /. 

»  La  quantités  est  imaginaire  au  moins  pour  certaines  positions  du 
point  M.  Il  est  aisé  de  voir,  comme  pour  l'inlégrale  de  l'équation  d'Euler, 
ou  celles  proposées  par  M.  Levi-Civita  |)our  l'équation  des  ondes  cylin- 
driques, que  la  i)arlie  réelle  t),  de  v,  obtenue  en  limitant  l'arc  d'intégra- 
tion au  point  oĂč  le  conoĂŻde  caractĂ©ristique  de  sommet  M  perce  la  ligne  L, 
satisfait  encore  à  l'équation  différentielle. 

»  Pour  l'équation  des  ondes  cylindriques,  en  prenant  pour  L  une  paral- 
lÚle à  l'axe  des  t,  avec  ç(/)  =  i,  on  retrouve  l'intégrale  de  M.  Volterra. 
Mais  on  peut  dans  tous  les  cas  répéter  son  raisonnement  sans  moflification 
en  partant  de  la  fonction  w,.  On  obtient  ainsi  une  formule  oĂč  n'intervient 
plus  que  U.  Cette  formule  est,  il  est  vrai,  d'une  nature  assez  exception- 
nelle :  elle  contient  deux  intégrales,  l'une  double  étendue  à  une  certaine 
aire,  l'autre  curviligne  Ă©tendue  au  contour  de  cette  aire  et  dont  chacune, 
prise  Ă   part,  est  dĂ©pourvue  de  sens,  leur  somme  seule  pouvant  ĂȘtre  dĂ©finie. 
On  peut  d'ailleurs  toujours  la  transformer  en  une  somme  d'intégrales  de 
forme  usuelle,  en  admettant  que  les  données  aux  limites  soient  dérivables 
et  faisant  intervenir  leurs  dérivées. 

»  Ici,  encore,  l'influence  du  nombre  des  variables  apparaßt  comme  consi- 
dérable. On  sait,  en  effet,  que  l'équation  des  ondes  sphériques  possÚde  la 
propriété  d'Huygens,  c'est-^à^dire  que  son  intégrale  résiduelle  est  nulle, 
mais  qu'il  n'en  est  pas  de  mĂȘme  pour  l'Ă©quation  des  ondes  cylindriques. 
Or  les  formules  obtenues  montrent  que,  Ă   ce  |)oint  de  vue,  toutes  les  Ă©qua- 
tions Ă   trois  variables  se  comportent  comme  r Ă©quation  des  ondes  cylindriques. 

»  Il  en  serait  d'ailleurs  de  mĂȘme  pour  toute  valeur  de  n  pour  laquelle 
on  pourrait  appliquer  une  méthode  analogue  à  la  précédente.  Il  faut  donc 
s'attendre  Ă   voir  subir  Ă   celle-ci  des  modifications  assez  profondes  pour  le 
cas  de  n  pair,  puisque  alors  le  principe  d'Huvgens  peut  ĂȘtre  vrai.  » 

ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  --  Sur  Une  gĂ©nĂ©ralisation  de  la  thĂ©orie  des  frac- 
tions continues  algébriques.  Note  de  iM.  E.  (^ouhsat,  présentée  par 
M.  Emile  Picard. 

«  On  sait  que  M.  Hermite,  généralisant  la  théorie  des  fonctions  algé- 
briques, a  posé  le  problÚme  suivant  : 

))  Etant  donnĂ©es  n  sĂ©ries  S,,  S,,  .  . .,  S„  procĂ©dant  suivant  les  puissances 
croissantes  de  r,  dĂ©terminer  les  polynoinesX^,  X,.  .    .,  X„  de  degrĂ©  u-k,  ['■■> 


SÉANCE    DU    I '(    DÉCEMBRE    T9o3.  Io3ü 

'j.„.  de  façon  que  la  somme  S,  X,  -+  .  .-|-  S„X„  commence  par  un  terme  de 
degrĂ©  u.,  +  [/...-h. .  .-h  [J.,,  -i-  ri  —  i . 

»  Il  en  a  donnĂ©  une-  solution  trĂšs  simple  dans  le  cas  oĂč  les  S,-  sont  des 
exponentielles  e"'',  mais  il  ne  semble  pas  que  l'on  ait  résolu  depuis  le  pro- 
blÚme pour  d'autres  catégories  de  fonctions. 

»  Je  me  propose  d'indiquer  une  solution  trĂšs  simple  du  mĂȘme  problĂšme, 
lorsque  toutes  les  fonctions  S,  sont  de  la  forme  (i  —  .v)";  pour  fixer  les 
idées,  je  supposerai  le  nombre  des  S,  égal  à  trois,  et  je  prendrai 

»  Rappelons  d'abord  quelques  résultats  (')  empruntés  à  la  théorie  des 
fonctions  hvpergéomélriqiies  du  troisiÚme  ordre.  On  appelle  série  hyper- 
géométrique  du  troisiÚme  ordre  la  série 

^^^  \b^,  b.„    .r  )  ~~  ^  {i.m)(b^.m}(b,.m)  '      ' 

oĂč  (\.m)  reprĂ©sente  le  produit  X(a+ i).  ..(>.  + to  —  i).  Celte  sĂ©rie  se 
réduit  à  un  polynÎme  si  l'un  des  nombres  a,,  a^.  «3  Pst  un  entier  négatif, 
sans  qu'aucun  des  nombres  b,,  b^  soit  un  entier  négatif.  Nous  désignerons 
ce  polynĂŽme  par 

'«,.    17,,   r7.j'> 


»   T.a  fonction  F  satisfait  à  une  équation  différentielle  linéaire  du  troi- 
siĂšme ordre  de  la  forme 

A,  B,  C,  D,  E  Ă©tant  des  constantes  dont  il  serait  facile  d'avoir  l'expression. 
Si  aucun  des  nombres  b,,  b.,.  b,  -  h.,  n'est  entier,  l'intégrale  générale  de 
l'équation  (2)  est  représentée,  dans  le  domaine  de  l'origine,  par  la  formule 


X 


I  -f-i,,a;     -ty    2-/',,      b,  +  \-b,,         X         j 

C,  C,,  c,  Ă©tant  des  constantes  arbitraires. 


(')  Annales  de  l'École  Normale  supĂ©rieure,  t.  XII,  1'  sĂ©rie,  p.  278. 


Io3i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

)'    Supposons  maintenant  que  l'on  prenne 

a,  =  —  'X,       a.,  =  ~  m  —  jj..        rt':i  =  —  «  —  v, 
h^  =  j  — m,  h.,  =  I  —  /;, 

>.,  [j.,  V.  Ă©tant   trois  entiers  positifs  et  aucun  des  nombres  m,  n,  m—  n, 
n'Ă©tant  un  nombre  entier. 
»  La  formule  (3)  devient 

G),  Op.,  Gv  étant  trois  polynÎmes  d'un  degré  marqué  par  leur  indice. 
La  nouvelle  formule  (4)  représente  l'intégrale  générale  de  l'équation 
linéaire  (2)  correspondante  dans  tout  le  plan  de  la  variable  complexe  a;. 
On'voit  que  celle  intégrale  n'admet  qu'im  seul  point  singulier  véritable,  le 
point  a:  ^  o.  iVIais  le  point  a;  :=  i  est  pour  cette  Ă©quation  un  point  Ă   appa- 
rence singuliÚre,  et  les  racines  de  l'équation  déterminante  fondameniale 
relative  à  ce  point  sont  0,1  et  ù,  4-  ^2  —  {a^  -^  a.,  +  a^)  on  1  -+-  [7.  +  v  +  2. 
On  peut  donc  choisir  les  constantes  G,  G,,  C^,  de  telle  façon  que  le  déve- 
loppement de  l'intĂ©grale  J'  suivant  les  puissances  de  i  —  a;  commence  par 
un  terme  de  degrĂ©  1  +  tj.  -i-  v  +  2.  En  changeant  x  en  i  —  x  dans  celle 
intégrale,  on  voit  que  le  développement  de 

/_  >,.  _  ,„  _  ,,,  _  „  -  v\        ^  r  ,n  -l,-  ,.,  „,  -  „ 


m,  1  —  />,  1    -    .r       I  ^  ^  \ni  +  i ,  m  —  /«  +  i ,  i  —  a 

\'n  -\-  i ,  m  —  n  +  \ ,  i  —  x 

suivant  les  puissances  de  x  commencera  par  un  terme  en  x'-*^"'''*'- .  Les  po- 
lynĂŽmes G;,  G,;^,  G^  donnent  donc  une  solution  du  problĂšme  d'Hermite. 

»  Il  est  clair  que  la  mĂ©lhode°peiit  ĂȘtre  Ă©tendue  Ă   un  nombre  quelconque 
d'expressions  (r — a?)"'',  (^i  —  x)"'--,  .  .  .,  (1  —  .r)"V,  pourvu  qu'aucun  des 
nombres  w,,  7/2,  —  m^  ne  soit  entier.  Dans  le  cas  oiip  ^  i,  la  solution  que 
l'on  obtient  paraßl,  au  premier  abord,  (iiiférente  de  la  solution  que  l'on 
doit  à  M.  Padé  pour  ce  cas  particulier  (^Comptes rendus,  l.  (^XXXH,  |).  754), 
mais  il  est  facile  de  vérifier  l'identité  des  deux  formules. 


SÉANCE   DU    l/j    DKCEMBRE    lC)o3.  to33 

))   La  solution  du  problÚme  pour  la  fonction  exponentielle  peut  se  dé- 
duire de  la  précédente,  en  la  considérant  comme  un  cas  limite.   » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  VĂ©qualion  diffĂ©rentielle  de  Riccati  du 
second  ordre.  Note  de  M.  Georck  Wallexberg,  présentée  par 
M.  E.  Picard. 

«  Par  l'équation  de  Riccati  du  second  ordre  je  comprends  l'équation 
différentielle,  déjà  traitée  par  M.  Vessiot  {Ann.  Fac.  de  Toulouse,  t.  IX)  et 
par  moi  (Journ.  de  Crclle,  t.  121,  p.  210-217),  f''^"'-  l'int'-'gi'^'e  générale  est 
de  la  forme 

oĂźi  c,  et  c.,  sont  les  constantes  arbitraires.  Cette  Ă©quation  s'Ă©crit 

(B)    (fl„  -1-.>'),v"  —  iy'-  +  (,b„-{-  b,_y)y'  -h  '/„  +  d,y  4-  r/,  y-  +  d^y''  =  o, 

oĂźi  df,  et  d,  s'expriment,  d'une  certaine  maniĂšre  rationnelle,  par  les  autres 
coefficients  (fonctions  de  la  variable  indépendante  z)  et  par  les  déri- 
vĂ©es rt'„,  fl'ĂŽ,  //„ ,  b\.  Par  la  substitution  //  =  -,  elle  peut  ĂȘtre  trans- 
formée dans  une  équation  différentielle  du  second  ordre  en  u,  dont  l'inté- 
grale générale,  à  un  facteur  prÚs  en  z,  est  la  dérivée  logarithmique  de 
l'intégrale  générale  d'une  équation  dilférentielle  homogÚue  du  troisiÚme 
ordre  (foc.  cit.,  p.  2i5). 

«  I.  a.  Si  l'on  en  connaßt  trois  intégrales  particuliÚres  y,,  y.,.  Vj,  l'in- 
tégration de  l'équation  (B)  n'exige  que  deux  quadratures.  En  effet,  l'inté- 
grale générale  peut  s'écrire 


ou 


y 

= 

Ct 

y 

i  +  c 

2 -*‱,■>-■! 

.-H1AJ3 

c,+ 

r,l- 

-+-  [J. 

4- 

‱Zi 

1 

flK 

-/',", 

,  +  '."iHri— rj 

'rf- 

6*0 

J 

l"o-*- 

.v.H''o+yi) 

"0 

-+- 

r. 

4- 

Ji 

y 
e.' 

f.Ao- 

-h,„„ 

-HSnllI.V,-^-,! 

"., 

./ 

\  "il"*' 

.v,,("o-l-.T«l 

"0 

-(- 

y^ 

))   b.   Si  l'on  en  connaßt  quatre   intégrales  j,,  y,,  y,,,    y,,,  l'intégration 
de  l'Ă©quation  (B)  peut  ĂȘtre  effectuĂ©e  sans  aucune  quadrature;  car,  dans 


Io34  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ce  cas,  1  el  y.  s'expriment  rationnellemenf,  Ă   l'aide  des  coofficients  de  (  B), 
par  y,,   ■».,.  y^,  y,   et  leurs  dĂ©rivĂ©es  premiĂšres. 

»  c.  Entre  l'intégrale  générale  et  cinq  intégrales  |)arlicnliÚres  de  l'tqiia- 
tion  (B),  il  existe  la  relation 

Ci  (y  -  .y<)   c^{y  -J2)  y  —y^ 

V.O'v-.r,)    Y.C.r,  — 7.)    r. -.V3    =«- 

7.-,    —    Jl  .1',-,    -    Jo  .V5   —    .V3      I 

oĂč  c,  et  Cj  sont  des  constantes  arbitraires,  yi  et  Y2  ^^^  constantes  numĂ©- 
riques. Cette  relation  peut  ĂȘtre  gĂ©nĂ©ralisĂ©e  Ă   des  Ă©quations  (B)  d'ordre  n\ 
elle  correspond  à  la  constance  du  rapport  anharmonique  de  quatre  inté- 
grales d'une  Ă©quation  de  Riccati. 

))   II.   Cf.   Une  intégrale  premiÚre  de  l'équation  (B)  est  de  la  forme 


3Ci    — -, '- — r  :  a,  ï^r-  ? 


(C)  c,  =:a,  ■  ,  :     ■■  ;     "■     -     ■'■  „ssa 


oĂč  c,  est  la  constante  arbitraire  et  les  a  sont  des  fonctions  de  la  variable 
indépendante  z  qui  remplissent  les  deux  conditions  suivantes  : 

»  1.  Les  équations  de  Riccati  R,  =  o  et  R;,  =  o  possÚdent  une  intégrale 
commune/ =  0,  racine  de  l'Ă©quation 

K^Ky^\y  =  -      CO:m" 

»   2.  «,  --  c/^'^'"-'.  oĂč  A,  =  ^f,  -  4^,.?>,,. 

y/Â7  ayant  le  mîme  signe  comme  la  racine  en  (  i). 

»  [En  midtipliant  l'Ă©quation  (B)  par  >.(  y  —  y,),  oĂč  a  dĂ©pend  seulement 
de  la  variable  z,  elle  prend  la  forme  («,  R,)'R,  —  a,  R.R',  =  o,  d'oĂč  l'on 
obtient  l'intégrale  premiÚre  (C).] 

>i  On  peut  aussi  dire  :  Pour  que  l'intégrale  générale  de  l'équation  de 
Riccati 

y  {cf.,  —  c,)  +  (a,a,,  —  c,  a,/)  4- (7.,  7-1,—  ^1 '^-n.V +  ('''■< '^i.  "^  ^i''-:i,).}' 


A 


soit  une  fonction  linéaire  du  paramÚtre  c, ,  les  conditions  (1)  e/  (2)  sont  néces- 
saires et  suffisantes. 

»   b.   Entre  les  1 1  coefficients  des  deux  intégrales  premiÚres  d'une  équa- 
tion (B) 

R,  H. 

(D)  ^.  =  *.R-'         c,  =  a.,^, 


SÉANCE    DU    l/j    DÉCEMBRE    ipoS.  Io35 

il  existe  les  six  relations  suivantes  :  les  trois  premiĂšres  sont  fournies  par  la 
condition  (jue  les  équations  de  Riccati  E,  =  o,  R2=  «.  Ru  =  "  doivent  pos- 
séder, deux  à  deux,  une  intégrale  commune.  En  outre,  on  a 

a.  =  re/v'^"^       a,  =  r'./^      (  a"%  =:  K. -  ^KK'  K -  -.. -  -:J 

et  enfin  la  relation  purement  algébrique 

qui  exprime,  par  exemple,  que  l'intégrale  (A)  est  une  conséquence  des 
Ă©quations  (D). 

))   On  obtient  des  cas  spéciaux  remarquables  pour  A,  =  o  et  pour 


MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  ProcĂ©dĂ©  simple  pennetlant.  d'ohlenir,  sur  la  paroi 
d'un  cylindre  qui  tourne,  de  grandes  pressions  avec  de  faibles  efforts.  Note 
de  M.  Albert  Hékissox,  présentée  par  M.  Léauté. 

«  Soient,  d'une  part,  un  cylindre  creux,  à  paroi  suffisamment  épaisse, 
tournant  autour  d'un  arbre  et,  d'autre  part,  un  patin  pouvant  s'appuyer 
dans  le  sens  du  ravon  contre  l'intérieur  de  la  paroi  sous  l'action  d'un 
organe  de  serrage;  cet  organe  peut  ĂȘtre  d'un  systĂšme  quelconque,  mais  il 
est  sup|>osé  irréversible,  comme  un  coin  à  angle  faible  ou  une  vis. 

1)  Le  cylindre  tournant  dans  un  sens  déterminé,  la  pression  p  exercée 
par  le  patin  sera  constante  |)our  un  mĂȘme  effort/  exercĂ©  sur  l'organe  de 
serrage.  Si  l'on  augmente  cet  effort,  l'organe  de  serrage  et  le  patin  par- 
courront un  certain  chemin  et  le  patin  pourra  ainsi  s'avancer  vers  l'exté- 
rieur par  suite  de  l'Ă©lasticitĂ©  de  la  matiĂšre;  p  augmentera  donc  en  mĂȘme 
temps  que  f. 

»  Supposons  que,  sur  une  partie  de  la  surface  externe  de  la  paroi  du 
cylindre,  dans  la  moitié  par  exemple  de  la  section  droite,  on  enlÚve  de  la 
matiĂšre  de  maniĂšre  Ă   amincir  cette  paroi;  tant  que  le  patin  se  trouve  en 
regard  de  la  partie  non  amincie,  pour  un  effort/,  on  obtient  une  |)ression  p. 
AussitĂŽt  que,  par  la  rotation  du  cylindre,  la  partie  amincie  arrive  devant  le 
patin,  la  résistance  de  la  paroi  étant  moindre,  celle-ci  s'ovalise  sous  l'action 
de/j  et  le  patin  peut  s'avancer  vers  l'exléricin- sans  que  l'effort/ait  changé. 
Lorsque,  par  suite  de  la  rotation,  la  paroi  Ă   Ă©paisseur  normale  revient  alors 


lo36  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

(levant  le  patin,  ce  dernier,  (|iii  ne  peut  revenir  en  arriĂšre,  puisque  l'ors^ane 
de  serrage  e^t  irréversible,  exerce  sur  la  paroi  beaucoup  moins  élastique 
une  pression  trÚs  considérable. 

»  J'ai  construit  sur  ce  principe  des  euibravages  dont  la  puissance  n'a  de 
limite  que  la  résistance  du  métal.    » 


PHYSIQUE.  —  Muleur  à  cii/nhusliu/i par  compression. 
Note  de  M.   CA.vxiiVEL,   présentée   par  M.   d'Arsonval. 

(I  Le  moteur  que  j'ai  riionneur  de  prés.enter  à  l'Académie  est  de  la  famille 
des  moteurs  à  conibusliou.  Les  tentatives  qui  ont  été  faites  jusqu'ici  n'ont 
pas  donné  de  résultats  heureux  ni  bien  encourageants,  mais  cependant  ils 
méritaient  de  n'Úlre  pas  abandonnés,  si  l'on  considÚre  les  avantages  qu'ils 
offrent  et  que  j'Ă©niimĂšre  ci-dessous  en  partie  : 

»  1°  La  suppression  totale  de  tout  organe  d'allumage,  ce  qui  simplifie 
considérablement  le  moteur; 

"  2°  ]^e  fonctionnement  sans  explosion,  |)ar  conséquent  sans  bruit,  sans 
choc  sur  les  organes  mécaniques  tel-;  que  billes,  vilebrequins,  clave- 
tage,  etc; 

»  3°  La  combustion  parfaite  de  tous  les  mĂ©langes  gazeux,  mĂȘme  ceux 
non  explosifs,  soit  trop  riches  ou  trop  pausres,  ce  qui  permet  d'obtenir  un 
meilleur  rendement  et  une  grande  élasticité  dans  la  puissance  du  moteur. 

n  4"  La  combustion  par  compression  est  forcement  complĂšte,  (l'oĂč  sup- 
pression des  mauvaises  odeurs  Ă   l'Ă©chapjĂźement. 

»  C'est  à  Beau  de  Rochas  que  semble  revenii'  l'idée  premiÚre  d'enflammer  les 
mélanges  gazeux  par  conipression  ;  en  eflel,  dans  son  brevet  d'allumage  spontané  il 
prévoit  qu'en  augnienlaiit  la  compression  on  pourrait  allumer,  mais  il  ne  le  réalise 
pas.  Depuis,  de  nombreux  essais  ont  été  vainement  tentés,  entre  autres  par  Gardie  et 
Brayton,  en  Angleterre,  puis  par  Diesel,  en  Allemagne,  qui  fiU  plus  heureux. 

»  Sans  la  moindre  intention  de  critiquer  le  moteur  Diesel,  tout  le  monde  sait  qu'il  est 
relativement  compliqué  de  pompes,  air  comprimé,  etc.,  et  le  distributeur  de  pétrole 
qui  fonctionne  au  moment  de  la  combustion  est  des  plus  délicats. 

')  Le  moteur  que  j'ai  l'honneur  de  soumettre  à  l'Académie  n'a  rien  qui 
diffÚre  du  moteur  connu  réalisant  le  cycle,  suivant  Beau  de  Rochas,  à 
quatre  temps,  les  soupapes  occupent  la  partie  supérieure  du  cylindre  afin 
d'Ă©viter  les  canaux  et  les  espaces  nuisibles. 

»   Le  fond   des  culasses  des  cviindres  est  divisé  en   trois  oiifices  qui  sont  occupés 


Fis.    '‱ 


Fig.  2. 


C.  R.,  1903,  ■■‱  Semestre.  (T.  CXXWII,  N-  24.) 


l36 


I038  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

fleiix  par  les  soupapes  el  l'autre  par  de  petits  pistons  qui  semblent  jouer  le  plus  grand 
rÎle.  Ces  petits  pistons  sont  commandés  par  des  excenlrif|ucs  et  ce  sont  eux  qui  déter- 
minent le  point  d'allumage  en  déterminant  le  volume  des  chambres  de  compression. 
Les  tiges  d'excentriques  sont  de  longueur  variable,  de  façon  à  régler  une  fois  pour 
toutes  les  chambres  de  compression  Ă   un  mĂȘme  volume. 

»  Le  carburateur  à  pulvérisation  est  soumis  à  l'action  d'un  régulateur  à  force  centri- 
fuge, lequel  ouvre  les  orifices  d'air  lorsque  le  moteur  s'emballe. 

»  Le  moteur  fonctionne  comnae  les  moteurs  à  quatre  temps;  il  est  mis  en 
route  Ă   la  main  avec  une  manivelle  en  donnant  un  peu  d'avance  Ă   l'allu- 
mage en  faisant  descendre  un  peu  les  petits  pistons. 

))  L'allumage  se  fait  par  une  forte  compression,  environ  So"""  Ă   l'arriĂšre 
du  piston  moteur. 

»  Les  petits  pistons  servent  non  seulement  à  déterminer  le  point  précis 
d'allumage  mais  encore  à  faire  de  l'avance  à  l'allumage.  » 


OPTIQUE.  —  Sur  une  nouvelle  mĂ©lhocle  de  mesure  des  Ă©paisseurs  et  des  indires. 
Note  de  MM.  J.  Macé  dk  Lépi.vat  et  H.  Ruissox. 

«  Nous  avons  étendu  la  méthode  que  nous  avous  décrite  dans  une  pré- 
cédente Communication  ('  )  à  des  lames  plus  épaisses  et  douées  de  pouvoir 
rolatoire. 

»  Celte  méthode  consiste  dans  l'observation  des  anneaux  des  lames 
parallĂšles  et  des  franges  des  lames  mixtes.  En  retranchant  de  l'ordre  d'in- 
terférence des  premiers,  pi,  le  double  de  celui  des  derniÚres,  pf,  on  a 
l'ordre  d'interfĂ©rence  p„  des  anneaux  qu'aurait  donnĂ©s  une  lame  d'air  de 
mĂȘme  Ă©paisseur 

»  La  mĂȘme  relation  subsiste,  Ă   tles  entiers  prĂšs,  entre  les  parties  frac- 
tionnaires de  ces  ordres  d'interférence,  dont  deux  sont  seules  directement 
obtenues,  et  permet  de  calculer  la  troisiùme,  celle  de  p„.  En  appliquant 
aux  anneaux  dans  l'air  la  méthode  des  excédents  fractionnaires,  ou  obtient 
sans  incertitude  l'épaisseur  de  la  lame,  si  l'on  en  a  déjà  une  valeur 
a])prochée. 

n  Nous  avons  ainsi  mesuré  à  o'',or  prÚs  des  épaisseurs  atteignant  3<^'",6. 


{')  Comptes  rendus,  t.  CXXXV,  p.  288. 


SÉANCE    DU    l4    DÉCEMBRE    1903.  loSp 

On  a,  de  la  sorte,  une  excellente  méthotle  ßle  mesure  des  ddalations,  en 
opérant  à  différentes  températures.  Elle  présente  l'avantage  de  ne  pas  faire 
intervenir  une  autre  dilatation,  celle  d'un  support  par  exemple,  comme 
dans  la  méthode  Fizeau.  La  seule  condition  est  que  la  lame  ait  des  faces 
planes  et  parallÚles  sur  une  faible  étendue,  quelques  millimÚtres  carrés. 

»  Si  la  substance  de  la  lame  est  cristallisée,  on  doit  opérer  en  lumiÚre  polarisée 
parallÚlement  à  une  des  directions  principales.  Si  elle  est  douée  de  pouvoir  rotatoire 
dans  la  direction  normale  aux  faces,  il  n'y  a  rien  de  changé  dans  l'aspect  des  anneaux, 
le  retard  sur  une  moitié  du  parcours  du  faisceau  qui  traverse  deux  fois  la  lame  étant 
exactement  compensé  par  l'avance  sur  l'autre  moitié  (on  pourrait  d'ailleurs  prendre 
de  la  lumiĂšre  naturelle).  Mais  pour  les  frani^es  mixtes,  il  n'en  est  plus  de  mĂȘme;  il  n'y  a 
pas,  en  général,  interférence  coinpicle,  les  deux  vibrations  qui  se  superposent  n'ayant 
plus  mĂȘme  direction.  Il  y  a  lieu,  alors,  de  polariser  circulairement  la  lumiĂšre  par  l'in- 
terposition d'un  mica  quart  d'onde  (il  suffit  d'ailleurs  qu'il  soit  ([uart  d'onde  pourles 
rayons  moyens).  L'interfĂ©rence  peut  alors  ĂȘtre  complĂšte  et  les  franges  deviennent 
visibles.  Pour  avoir  l'ordre  d'interférence  que  l'on  aurait  observé,  sans  l'existence  du 
pouvoir  rotatoire,  il  faut  ajouter  à  celui  que  l'on  a  mesuré,  ou  en  retrancher  selon  le 

sens  de  la  lumiĂšre  circulaire,  la  quantitĂ©  ^-—,  ,'j  Ă©tant  le  pouvoir  rotatoire  spĂ©cifique  de 

la  substance  étudiée. 

»  Indices.  —  L'Ă©paisseur  de  la  lame  une  fois  connue,  l'indice  absolu  N 
est  donné  en  fonction  de  l'ordre  d'interférence  pt  des  anneaux  dans  la 
lame  et  de  la  longueur  d'onde  dans  le  vide  A  par  la  relation 

(.)  ^~''>" 


1C 


»   Pour  avoir  la  valeur  de/.i^,  il  est  utile  de  calculer  d'abord  l'ordre  d'in- 

(N-V)6- 


terférence  des  franges 


(3)  Pf  = 


A 


qui  est  environ  six  fois  plus  petit.  On  en  déduit  ensuite />;  par  la  relation  (i), 
ca.r  p„  est  dĂ©jĂ   connu. 

M  Le  calcul  de  pf  se  présente  sous  deux  formes  différentes  :  d'une  ma- 
niÚre directe  en  introduisant  dans  (3)  des  valeurs  approchées  des  indices. 
On  a  ainsi  une  valeur  approchée  de  pf  dont  la  partie  entiÚre  est  correcte, 
dans  des  conditions  spécifiées  plus  loin.  La  partie  fractionnaire  obtenue 
par  l'observation  donne  la  valeur  exacte  i]e  pf.  On  en  déduit  pi,  puis  N. 

»  Un  autre  jjrocédé  consiste  à  appliquer  aux  nombres  pf,  relatifs  aux 
différentes  radiations  employées,   la   méthode  des  excédents  fractionaires. 


lO/jO  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

«  Uue  discussion  approfondie  Ă©tablit  que  le  premier  mode  de  calcul  doit  seul  ĂȘtre 
employé  quand  les  valeurs  approchées  des  indices  sont  alTectées  d'erreurs  dont  les 
signes  peuvent  ĂȘtre  dilTĂ©rents.  L'ordre  de  grandeur  de  ces  erreurs  fixe  la  limite  d'Ă©pais- 
seur des  lames  auxquelles  le  calcul  peut  s'appliquer  sans  que  l'on  ait  Ă   craindre  d'in- 
certitude. Par  exemple,  si  les  indices  sont  connus  avec  une  approximation  de  lo^^ 
l'épaisseur  ne  doit  pas  dépasser  i-,25.  Si,  au  contraire,  les  erreurs  sur  les  indices 
sont  toutes  de  mĂȘme  signe,  comme  c'est  le  cas  lorsque  l'on  passe  d'un  Ă©chantillon  Ă   un 
autre  de  mĂȘme  nature,  qui  peut  dinĂ©rer  un  peu  du  premier  par  la  puretĂ©  ou  la  consti- 
tution physique,  le  second  calcul  s'applique.  On  utilisera  ainsi  les  résultats  obtenus 
avec  une  premiĂšre  lame  pour  passer  Ă   des  lames  plus  Ă©paisses. 

«  La  raison  en  est  que  les  erreurs  de  signes  différents  afTectent  les  rapports  des 
ordres  d'interférence,  utilisés  dans  la  méthode  des  excédents  fractionnaires,  de  quan- 
tités qui  entraßnent  une  incertitude  plus  grande  que  dans  le  calcul  direct-  au  con- 
t.-aire,  si  les  erreurs  sont  de  mĂȘme  signe,  les  rapports  en  sont  beaucoup  moins 
allectés. 

«  Nous  avons  pu  niesui-er  les  indices  de  plusieurs  échantillons  de  quartz. 
La  précision  obtenue  atteint,  avec  des  lames  de  3^-,  6  d'épaisseur,  quelques 
unités  du  septiÚme  ordre  décimal.  Nous  avons  constaté  ce  fait  intéressant 
que  divers  quartz  n'ont  pas  rigoureusement  ie  mĂȘme  indice.  Les  diffĂ©rences 
observées  s'élÚvent  jusqu'il  six  unités  du  sixiÚme  ordre  décimal.  De  plus, 
sur  quatre  mesures  effectuĂ©es  en  des  rĂ©gions  diffĂ©rentes  d'un  mĂȘme  bloc 
de  quartz,  distantes  de  quelques  centimĂštres  les  unes  des  autres,  trois  ont 
donné  des  indices  identiques,  la  quatriÚme,  des  indices  supérieurs  aux 
autres  de  quatre  unités  du  sixiÚme  ordre.  Ainsi  se  manifestent  des  anoma- 
lies dans  un  milieu  parfaitement  homogÚne  en  apparence.  » 

ÉLECTRICITÉ.  —  Sur  l'ionisation  par  le  phosphore.  Note  de  M.  Eugù.ve  Iülocüi, 

présentée  par  M.  Mascart. 

«  Dans  un  précédent  travail  {Comptes  rendus,  décembre  1902)  j'ai 
démontré  pour  la  premiÚre  fois  d'une  façon  nette  la  présence  des  ions  dans 
l'Ă©manation  du  phosphore,  en  prouvant  l'existence  d'un  courant  de  salu- 
tation. J'ai  inonlrĂ©  en  mĂȘme  temps  que  ces  ions  Ă©taient  exceptionnels  par 
leur  trÚs  faible  mobilité  et  leur  faculté  de  condenser  la  vapeur  d'eau  sim- 
plement saturante.  Malgré  l'opinion  contraire  de  G.-C.  Schmidt  {Ann.  der 
Physik,  mars  1903),  ces  faits  paraissent  coniirmés  par  l'ensemble  des 
travaux  récents  de  Harms,  EIsLer  et  Geitel,  Gockel  {Phys.  Zeitschr.,  igoS, 
passim).  Harms,  en  particulier,  a  pu  retrouver  le  courant  de  saturatioii. 

»   La  présente  Note  a  pour  but  de   compléter  ces   confirmations  par 
quelques  faits  nouveaux. 


SÉANCE    DU    l/i    DÉCEMBRE    TtjO^.  I"^' 

T     Si    «ou.-  une  vitesse   connue  du  courant  gazeux  qui  passe  sur  le  phosphore    on 
.Il^^v^:!   ‱,ect.ou,etre  convena.e.e,U  et.onn.  M;^nt^^.^^^ 

t.icitĂ©  que  l'on  peut  extraire  du  gaz,  le  quot.ent  '^'^        f     f^;,'f  ^g,    ,„„  ,dℱ   t  pour 
1,  eha.ge  d'un  ion  donne.-a  'V-;^;-\  ;;::/;:;^,"r-:    n  tÏ^lectrostatiques)'  on 

est  Ă©gal  Ă   3300  (Townsend  et  Langevln).  Les  nou,b,es  obtenu,  sont,  du  .este, 
ivecles  mobilitĂ©s  dĂ©terminĂ©es  prĂ©cĂ©demmenl.  ,         i„,,.,n 

.   lÏ.   M.  Langevin,  dans  sa  thĂšse,  a  introduit  dans  l'Ă©tude  des  ga.   ton.se.  le   tap- 
^     ^  !_^_    _,  /,,  et  /.,  désignant  les  ...obilitcs  des  ions  des  deux  signes  :  .1  en 

rZl'dW  Lie  dĂ©cl,a,g.  d-„„  Ub.  d.  C,v,ke.  Cet,.  n,Ă©,h„d.  .epo.e  „„.  1  e,,,,..». 
de  la  formule 

(')  cr  \  '/ 

dans  lanuelle  Q„  reprĂ©sente  la  quantitĂ©  maximum  d'Ă©lectricitĂ©  que  l'on  peut  extrai.-e  du 
dan.  laquelle  Vo      I  ,7„.e„u^   O  la  quantitĂ©  totale  que  l'on  en  extrait  par  unile 

gaz  par  unité  de  surtace  des  plateaux,  y  la  ljuu  i 

de  surface  c.uand  la  densité  supei-ficielle  sur  les  plateaux  est  a. 

:  ;  e  ai  le  calcul  de  M.  Langevin  pour  un  condensateur  cylindrique  et  obte.iu 
un  Ă©quation  identique  Ă   l'Ă©quation  (i)  avec  la  seule  dilTĂ©rence  que  les  q;'--es  Q.  Q 
et  a  se  rapportent  maintenant  Ă   l'unitĂ©  de  longueur  ^^"-"Jf"-^^"^'  ';;„°  ^'^f, 
auanlité  a  à  l'unité  d'angle  solide.  D'autre  part,  si,  au  lieu  d  une  ionisation  instantanée 
d  n  oaz    .lobile,  on  produit  une  ionisation  uniforme  dans  un  gaz  ent.-au.e  avec 

dans  un  «az  'ℱnio        '     J^,,.j  ^^^   gĂ©nĂ©ratrices  du  condensateur  cylindrique, 

une   vitesse   constante  parallelemeni   aux   j,  ,„,;,i^  ,lVlpclricitĂ©  cor- 

l'armature  centrale  recueillera  en  ses  points  successifs  des  'i"^^^\^^^^^^^_ 
respondanles  Ă   celles  que  recueille  le  plateau  de  M.  Langevin  a  ''^Y^^^^^^^^^ 
Si  Sonc  cette  Ă©lectrode  centrale  est  assez  longue  pour  ne  1-^;  -'^P P^   ^'^^2' 
elle  recueillera  au  total  la  mĂȘme  quantitĂ©  f  ^^^^ri   ^     e      i^sliit  ĂŻ. iipU 
et  l'on  pourra  appliquer  encore  a  la  mesure  de  .  la  loi  mule  {i),  e 

ment  en  plus  la  vitesse  du  gaz.  ,         ...     i     i..  lu  T  ana^vln    nui 

„  En  sLme,  cette  remarque  permet  de  transfor.ner  a  mĂ©thode  de  M  ^^"^J_ 
ne  s'appliquait  qu'aux  rayons  de  RÎutgen,  en  une  méthode  de  courant  gazeux  apph 


10/(2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cable  h  des  cas  d'ionisation  Lien  diflVrents  (  phosphore,  i^nz,  de  la  /hinime.  etc.)  I  W 
phcalion  de  la  méthode  à  l'émanation  du  phosphore  m'a  fourni,  pour  le  rapport  e 
des  nombres  compris  en  moyenne  entre  0,7  et  i,  c'est-à-dire  un  peu  inférieurs  à 
l'unité  et  de  l'ordre  de  l'unité.  Comme  e  représente,  en  théorie,  d'aprÚs  M.  Langevin, 
le  rapport  du  nombre  des  recombinaisons  au  nombre  tolal  des  collisions  entre  ions  de 
signes  contraires,  les  nombres  trouvés  expérimentalement  sont  bien  d'accord  avec  ceux 
que  la  théorie  permettait  de  prévoir  eu  vertu  de  la  trÚs  faible  mobilité  des  ions  du 
phosphore. 

"  En  résumé,  les  mesures  tout  à  fait  indépeadantes  des  mobilités,  des 
coefficients  de  recombinaison,  et  du  rapport  3  =  r^^^^r^^ry  pour  les  ions 
dn  phosphore,  conduisent  ßi  un  ensemble  de  résultats  parfaitement  cohé- 
rents, et  qui  constituent  par  leur  accord  la  meilleure  démonstration  d'une 
véritable  ionisation.  » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Élude  d'une  rĂ©sistance  de  conlaci.  Note  de  M.  A.  Bl.\xc, 

présentée  par  M.  J.  Violle. 

«   La  résistance  étudiée  est  celle  d'un  cohéreur  formé  d'un  plan  d'acier 
et  d'une  bille  d'acier  dont  les  surfaces  sont  polies  avec  soin. 

»  Le  plan  d'acier  est  porté  par  une  tige  rigide,  la  bille  par  un  ressort  de  (lexion  de 
sorte  que,  dans  la  position  verticale  du  ressort,  la  bille  ne  louche  pas  le  plan  vertical 
On  établit  le  contact  en  inclinant  tout  l'appareil,  le  ressort  fléchissant  simplement  par 
le  pouls  de  la  bille;  la  pression  est  réglée  par  l'inclinaison  de  l'appareil.  Le  tout  est 
place,  autant  que  possible,  à  l'abri  des  trépidations  et  des  ondes  sonores  un  peu 
intenses.  On  obtient  ainsi  une  résistance  pouvant  dépasser  10  000  ohms 

.-  La  résistance  est  mesurée  à  l'aide  d'un  pont  de  Wheatstone;  le  courant  est  fourni 
par  un  accumulateur,  et  l'on  a  intercalé  entre  l'accumulateur  et  le  pont  une  boite  de 
résistance  à  plots,  qui  permet  de  faire  varier  rapidement  l'intensité. 

..  CohĂ©ralion.  —  Quand  on  Ă©tablit  brusquement  Ă   travers  le  cohĂ©reur  un 
courant  d'intensité  déterminée,  la  résistance  part  d'une  certaine  valeur  et 
diminue  progressivement  pendant  plusieurs  heures,  d'abord  rapidement, 
puis  plus  lentement,  en  paraissant  tendre  vers  une  limite.  C'est  Ă   cette 
chute  de  résistance  progressive  sous  l'action  du  courant  que  je  réserverai 
le  nom  de  cohéralion  par  le  courant.  Me  proposant  de  revenir  sur  ce  phé- 
nomĂšne, je  me  contenterai  pour  le  moment  d'en  indiquer  les  caractĂšres 


généraux. 


»   La  chute  de  résistance  due  à  la  cohéralion  esL/mwmWe;  elle  persiste, 


SÉANCE  DU  l4  DÉCEMBRE  I9o3.         '      Io4'3 

mĂȘme  quand  le  courant  ne  passe  plus,  pourvu  qu'on  Ă©vite  les  chocs.  Elle 
est  d'autant  plus  grande  et  plus  rapide  que  l'intensité  du  courant  est  plus 
grande.  Elle  est  facilitée  par  des  trépidations  trÚs  légÚres. 

»  Quand  la  cohération  est  à  peu  prÚs  terminée  pour  une  certaine  inten- 
sité, elle  l'est  complÚtement  pour  les  intensités  plus  faibles,  et  la  résistance 
est  alors  trÚs  stable.  Au  contraire,  si  l'on  augmente  l'intensité,  une  nou- 
velle cohĂ©ration  se  produit  et  la  valeur  limite  de  la  rĂ©sistance  est  la  mĂȘme 
que  si  l'intensité  actuelle  avait  été  établie  brusquement. 

a  Entre  les  intensités  faibles  et  les  intensi/és  relativement  grandes,  il 
e'xiste  une  rĂ©gion  oĂč  une  faible  augmentation  de  l'intensitĂ©  produit  une 
grande  augmentation  de  cohération.  Cette  région  de  sensibilité  maxima  est 
assez  étroite,  surtout  si  le  cohéreur  n'est  pas  complÚtement  à  l'abri  des 
trépidations. 

))  RĂ©sistance  avant  la  cohĂ©ration.  —  Si  l'on  donne  au  courant  une  faible 
intensité,  de  sorte  que  la  vitesse  de  cohération  soit  faible,  et  qu'on  aug- 
mente cette  intensité  graduellement,  la  résistance  diminue.  Si  l'on  revient 
ensuite  en  arriÚre,  la  résistance  augmente,  mais  en  prenant  des  valeurs  un 
peu  inférieures  aux  premiÚres. 

y  Ceci  est  dû  à  la  cohération  qui  s'est  effectuée  pendant  le  temps  néces- 
saire aux  mesures.  En  effet,  si  l'on  mesure  la  résistance  pour  une  premiÚre 
intensité,  puis  qu'on  passe  à  une  intensité  plus  grande,  mais  en  n'établis- 
sant cette  derniÚre  que  pendant  le  temps  nécessaire  pour  s'assurer,  par  le 
sens  de  la  déviation  du  galvanomÚtre,  que  la  résistance  a  diminué,  sans  la 
mesurer,  on  retrouve  ensuite  rigoureusement  la  valeur  primitive  quand 
on  revient  à  la  premiÚre  intensité. 

»  Donc,  antérieurement  à  toute  cohération,  la  résistance  du  contact  dépend 
d'une  maniÚre  réversible  de  l'intensité  du  courant  qui  le  traverse.  Elle  diminue 
quand  l'intensité  augmente. 

»  RĂ©sistance  aprĂšs  la  cohĂ©ration.  —  Quand  la  cohĂ©ration  est  sensiblement 
terminée  pour  une  intensité,  il  est  facile  de  mesurer  la  résistance  pour  des 
intensités  plus  faibles,  car  elle  ne  varie  plus  avec  le  temps.  Cette  résistance 
prĂ©sente  le  mĂȘme  caractĂšre  que  prĂ©cĂ©demment  :  elle  varie  d' une  maniĂšre  rĂ©ver- 
sible avec  l'intensité. 

»  Si  la  cohération  est  faible,  la  résistance  varie,  comme  précédemment, 
en  sens  inverse  de  l'intensité.  Si  la  cohération  est  grande,  le  sens  de  la 
variation  est  changé  :  la  résistance  diminue  quand  l'intensité  diminue. 
Entre  les  deux,  il  existe  un  degré  de  cohération  pour  lequel  la  résistance 


10|4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

est  constante,  c'est-Ă -dire  pour  lequel  accidentellement  la  loi  de  Ohm  est 
applicable. 

»  Ces  résultats  se  retrouvent  identiquement  quand  la  cohération  a  été 
produite  par  une  Ă©tincelle. 

»  Influence  du  changement  de  sens  du  roiiranl.  —  Le  changement  de  sens 
du  courant  n'a  aucun  effet  quand  il  n'y  a  pas  encore  de  cohération,  ou 
quand  la  cohération  est  terminée.  Il  a  une  action  trÚs  nette  sur  la  cohé- 
ration elle-mĂȘme. 

»  Pour  une  intensité  donnée,  alors  qu'une  rupture  du  courant  suivie  de 
son  rétablissement  n'a  pas  d'effet  appréciable,  chaque  inversion  produit  au 
début  de  la  cohération  une  chute  de  résistance,  qui  continue  ensuite  avec 
une  vitesse  plus  grande  qu'avant  l'inversion.  Fuis  à  mesure  que  la  cohé- 
ration avance,  la  chute  de  résistance  produite  par  l'inversion  diminue. 
Plus  tard,  à  l'inversion,  la  résistance  commence  par  augmenter  pendant 
un  certain  temps,  pour  diminuer  ensuite  beaucoup  plus  lentement,  aprĂšs 
un  maximum. 

»  Enfin,  quand  la  cohération  est  à  peu  prÚs  terminée,  il  n'y  a  plus  aucun 
effet. 

»  Tous  les  pliéiiomÚiies  observés  pour  l'acier  se  retrouvent  avec  le  laiton,  quoique 
beaucoup  plus  difficilement  observables. 

«  En  somme,  une  résistance  de  contact  a  une  nature  trÚs  différente  de 
celle  d'une  résistance  métallique  :  elle  est  une  fonction  réversible  de  l'in- 
tensité toutes  les  fois  qu'elle  n'est  pas  en  train  de  varier  par  l'effet  du 
passage  du  courant.  Elle  éprouve  en  outre  une  diminution  irréversible 
toutes  les  fois  qu'elle  est  traversée  par  im  courant  suffisant  pendant  un 
temps  appréciable,  et  ce  dernier  phénomÚne  dépend  du  sens  du  courant.  » 


MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Sur  ks  efforts  dĂ©veloppĂ©s  dans  le  choc  d' Ă©prouvettes 
entaillĂ©es.  INote  de  M.  A.  PĂȘkot,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  Michel  LĂ©vy. 

«  Il  m'a  paru  intéressant  de  chercher  à  mesurer  les  efforts  dévelop|:>és 
par  le  choc  d'un  mouton  sur  une  éprouvette  entaillée,  cas  dans  lequel  !a 
déformation  est  limitée  à  une  étroite  région  ;  ime  premiÚre  méthode  aurait 
consisté  à  enregistrer  le  mouvement  ou  la  vitesse  du  mouton  pendant  le 
choc,  et  à  en  déduire  par  diflérentiation  les  valeurs  de  l'accélération  et  «le 


SÉANCE    DU    l4    DÉCliMBRE    igoS.  lO^O 

la  force  Ă   chaque  instant.  Les  phĂ©nomĂšnes  se  passant  en  des  temps  extrĂȘ- 
mement courts,  (le  l'ordre  du  dix-miUiĂšme  de  seconde,  dans  certains  cas, 
les  courbes  doivent  donner  lieu  à  des  interprétations  difficiles;  aussi  m'a-t-ii 
semblé  préférable  d'inscrire  directement  les  efforts  en  abscisses  et  les  dépla- 
cements du  mouton  en  ordonnées,  de  telle  sorte  que  l'aire  de  la  courbe 
donnĂąt  directement  le  travail. 

»   Voici  comment  ce  plan  d'expériences  a  été  réalisé  (  '  )  : 

»  L'éprouvette  entaillée  est  encastrée  dans  une  sorte  d'étau  mobile  autour  d'un  axe 
horizontal  (chabotte  du  mouton  de  la  marine  légÚrement  modifiée).  Cet  étau  repose 
sur  un  ressort  puissant.  La  tĂšte  du  mouton  porte  une  plaque  photographique  qui,  pro- 
tégée au  repos  par  une  plaque  métallique,  est  démasquée  au  moment  du  choc;  un  fais- 
ceau de  rayons  parallÚles,  issus  d'un  trou  vivement  éclairé,  tombe  sur  un  miroir  porté 
par  l'axe  de  l'étau,  traverse  un  prisme  redresseur,  est  réfléchi  par  un  miroir  et  traverse 
une  lentille  qui  forme  une  image  du  trou.  Au  moment  du  choc,  celte  image  se  forme 
sur  la  jĂźlaque  photographique  portĂ©e  par  la  tĂȘte  du  mouton  et,  par  dĂ©veloppement,  on 
obtient  une  courbe  dont  les  ordonnĂ©es  sont  les  dĂ©placements  mĂȘmes  du  mouton,  et 
dont  les  abscisses  sont  proportionnelles  aux  déformations  du  ressort  et  par  suite  aux 
eff"orts. 

»   Les  figures  suivantes  donnent  un  exemple  des  courbes  obtenues  avec 
des  Ă©prouvettes  diffĂ©rentes  d'un  mĂȘme  mĂ©tal.  La  premiĂšre  est  relative  Ă  


une  entaille  aiguë,  la  deuxiÚme  et  la  troisiÚme  à  de  larges  entailles  à  fond 
plat. 

»  Ces  courbes  donnent  lieu  aux  remarques  suivantes  : 
»    i"  Les  efforts  exercés  croissant  trÚs  vite,  l'intervalle  de  temps  corres- 
pondant Ă   la  production  de  l'effort  sur  le  ressort  est  infcrieiu'  Ă   o,ooo5 
(période  de  déformation  élastique); 


(')  Avec  l'aide  de  M.  Henri  Michel -LĂ©vy,  qui  a  bien  voulu  se  charger  d'effectuer 
une  grande  partie  des  expériences. 

G.  R..  1903,  2"  Semestre.  (T.  C\XX.VU,  N°  24.)  iS^ 


Io46  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  2°  Ils  sont  limités  à  une  valeur  qui  dépend  des  qualités  du  métal,  et 
sont  analogues  pour  les  trois  courbes; 

»  3°  Les  courbes  présentent  des  oscillations  dues  au  ressort.  Ces  oscilla- 
tions dĂ©croissent  suivant  une  mĂȘme  loi  exponentielle  dans  les  diffĂ©rentes 
courbes  obtenues  ; 

»  4°  I-'6s  sensibilités  du  ressort  mesurées,  soit  par  un  tarage  direct,  soit 
par  une  mesure  du  travail,  dans  le  cas  oĂč  l'Ă©prouvetle  n'ayant  pas  cassĂ©, 
la  force  vive  du  mouton  a  été  dépensée  tout  entiÚre  sur  l'éprouvette,  sont 
les  mĂȘmes,  aux  erreurs  expĂ©rimentales  prĂšs. 

»  Je  ferai  connaßtre  ullérieiirement  les  résultats  obtenus  pour  différents 
métaux,  en  faisant  varier  les  conditions  du  choc  (hauteur,  forme  de  l'en- 
taille, etc.).    )) 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  La  sensation  Iwiiiiieuse  en  fonction  du  lernns  pour 
les  lumiĂšres  colorĂ©es.  Discussion  des  rĂ©sultats.  Note  de  MM.  AxoiiÉ  Ukoca 
et  D.  SuLZER,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  Quand  une  lumiÚre  blanche  ou  colorée,  constante,  agit  sur  la  rétine, 
la  sensation  qu'elle  produit  n'atteint  pas  immédiatement  sa  valeur  perma- 
nente. Elle  y  arrive  en  suivant  une  loi  que  nous  avons  étudiée  expérimen- 
talement. La  figure  de  notre  Note  précédente  résume  nos  expériences  en 
lumiÚre  colorée,  celle  de  notre  Note  du  i4  avril  1902  résume  nos  expé- 
riences en  lumiÚre  blanche.  Nous  pouvons  exposer  ainsi  les  résultats  de 
ces  Ă©tudes  : 

»  On  peut  distinguer  dans  la  variation  de  la  sensation  en  fonction  du 
temps  les  trots  phases  suivantes  : 

»  1°  Pour  les  temps  courts,  l'excitation  est  insuffisante  pour  donner  une 
sensation  égale  à  celle  qui  correspond  au  régime  permanent.  Dans  celte 
région,  la  courbe  se  confond  avec  une  droite  d'autant  plus  inclinée  sur 
l'axe  des  temps  que  l'intensité  employée  est  plus  forte. 

))  2"  AprÚs  avoir  atteint  cette  valeur,  la  sensation  la  dépasse,  tout  en 
continuant  Ă   varier  proportionnellement  au  temps. 

»  3"  Au  bout  d'un  temps  d'autant  plus  court  que  la  lumiÚre  est  plus 
forte,  la  courbe  s'infléchit,  passe  par  un  maximum  et  tend  ensuite  lente-- 
ment  vers  la  sensation  permanente,  qu'elle  atteint  au  bout  de  2  Ă   3  secondes. 
Ce  temps  est  trĂšs  long  par  rapport  Ă   ceux  qui  correspondent  au  premier 
passage  par  la  valeur  de  la  sensation  permanente  et  par  la  valeur  du  maxi- 


SÉANCE    DU    l4   DÉCEMBRE    igo3.  \of\'J 

mum,  car  ceux-ci  sont  de  l'ordre  du  dixiĂšme  de  seconde  pour  les  Ă©clats  les 
plus  faibles  dont  nous  nous  sommes  servis,  et  de  l'ordre  du  centiĂšme  pour 
les  plus  forts. 

»  Nos  courbes  étant  construites  pour  une  dépense  constante  d'énergie 
lumineuse,  par  unité  de  temps  et  par  unité  de  surface  rétinienne,  nous 
donnent  une  indication  précise  sur  la  sensibilité  de  la  rétine  à  chaque 
instant.  Elles  nous  donnent  donc  la  marche  du  phénomÚne  de  l'adaptation 
de  la  rétine  à  la  lumiÚre. 

))  Nous  voyons  que,  pendant  les  deux  premiÚres  périodes  ci-dessus  décrites,  la  sen- 
sation croßt  proportionnellement  au  temps,  c'est-à-dire  à  la  quantité  d'énergie  dé- 
pensée sur  la  rétine  depuis  l'origine  du  temps.  C'est  ce  qu'on  peut  appeler  la  période 
d'addition.  L'inflexion  de  la  courbe  au  bout  de  cette  période  montre  que  la  rétine 
devient  moins  sensible  ;  une  mĂȘme  dĂ©pense  d'Ă©nergie  produit  une  augmentation  de 
sensation  moindre  qu'au  début.  C'est  une  premiÚre  manifestation  de  la  fatigue  de  la 
rétine  et  des  réflexes  de  défense  qui  en  sont  la  conséquence.  La  lumiÚre  continuant  à 
agir,  les  phénomÚnes  de  fatigue  et  de  défense  deviennent  assez  grands  pour  que  non 
seulement  la  sensibilitĂ©,  mais  la  sensation  elle-mĂȘme  diminue,  malgrĂ©  la  continuation 
de  l'action  extérieure. 

»  Nous  savons  que  la  sensation  est  accompagnée  d'une  dépense  de  pourpre  visuel, 
ainsi  que  de  la  migration  du  pigment  rétinien  (|iii  diminue  la  surface  attaquable  par 


Lux 

ÎOO- 


Sensation  permanente   Rouqa  vert  et  blanc  gS 


Sensation  permaner^e    Bleu  T2 


ao 
OO 
do 


MilliĂšmes   de    seconde 


la  lumiÚre,  et  qui  limite  de  cette  maniÚre  la  dépense  possible  de  pourpre  par  unité  de 
surface  et  par  unité  de  temps;  les  deux  pliénomÚnes  font  partie  :  le  premier  des 
phénomÚnes  de  fatigue,  le  second  des  réflexes  de  défense.  L'ensemble  des  deux  doit 
évidemment  donner  à  la  courbe  un  aspect  analogue  à  celui  que  nous  avons  décrit  et 


Io48  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

conforme  en  tout  à  l'expérience,  car  ces  phénomÚnes  doivent  se  manifester  d'autant 

plus  vite  et  l'abaissement  aprĂšs  le   maximum   doit   ĂȘtre  d'autant  plus   grand   que  la 

lumiĂšre  est  plus  intense. 

»  Ces  vues  sont  encore  corroborées  par  le  rapprochement  des  résultats  de  l'examen 

des  courbes  relatives  à  la  lumiÚre  colorée  et  de  l'expérience  sur  la  fatigue  à  longue 

échéance  décrite  dans  notre  derniÚre  Note.  On  voit,  en  eflTet,  immédiatement  que  la 

couleur  pour  laquelle,  à  égalité  d'éclat,  le  maximum  est  le  plus  marqué,  est  le  bleu, 

qui  donne  aussi  la  fatigue  la  plus  longue  Ă   disparaĂźtre;  le  vert  est,  aux  deux  points 

de  vue,  la  couleur  qui  donne   les  phénomÚnes  les   moins   marqués.    Nous   avons  fait 

reproduire  ci-dessus  trois  courbes  caractéristiques  qui  font  sauter  le  phénomÚne  aux 

yeux,  en  y  joignant  la  courbe  conespondante  relative  au  blanc. 

S    —  S 
»   Nous  avons  donc  le  droit  d'appeler  ondii/a/inn  de  f<tlii;uc  le  rapjjort  — ^^^-^ en 

appelant  S  la  sensation  permanente  et  S„,  la  sensation  uiaxima.  Ce  rapport,  sans  nous 
donner  une  mesure  mathématique  de  la  fatigue  rétinienne  due  à  l'emploi  d'une 
lumiÚre  donnée,  nous  donne  cependant  une  indication  précieuse  sur  ce  phénomÚne. 

»   Nous  pouvons  donc  résumer  ainsi  nos  expériences  : 

»   Le  bleu  produit,  à  égalité  d'éclat,  une  fatigue  trÚs  supérieure  au  blanc. 

»  Le  rouge  produit  une  fatigue  à  peu  prÚs  égale  à  celle  du  blanc  de 
mĂȘme  Ă©clat. 

»  La  région  moveiine  du  spectre  (vert  de  Nagel)  produit  une  fatigue 
beaucoup  plus  faible  cpie  celle  du  blanc  de  mĂŽme  Ă©clat.  On  voit  mĂȘme 
(figure  de  la  Note  précédente),  pour  cette  derniÚre  couleur,  avec  un  éclat 
égal  à  celui  d'un  papier  blanc  éclairé  par  20  lux  (Siilzer),  l'ondulation  (ie 
fatigue  disparaĂźtre  complĂštement,  alors  que  l'acuitĂ©  visuelle  donnĂ©e  Ă   l'Ɠil 
est  déjà  trÚs  bonne. 

»  Le  blanc  qui  nous  a  servi  de  comparaison  n'est  pas  celui  de  la  lutniére 
solaire,  impossible  Ă   obtenir  assez  constante,  mais  celui  d'un  bec  Aiier. 

»  Nous  nous  réservons  d'étudier  ultérieurement  les  diverses  sources 
usuelles  au  point  de  vue  qui  nous  occupe.  Nous  nous  contenterons  de 
dire  maintenant  en  conclusion  pratique  de  notre  Ă©tude  :  les  sources 
modernes  Ă   1res  Jiaule  leinpĂšralure  comme  l'arc  Ă©lectrique  ou  les  lampes  Ă  
incandescence  trĂšs  poussĂ©es,  sont  nuisibles  Ă   l'Ɠil,  au  lieu  que  les  manchons 
Ă   incandescence,  dont  l'Ă©mission  est  surtout  dans  le  i^ert,  sont  au  contraire 
trĂšs  favorables  au  point  de  vue  de  l' hygiĂšne  oculaire.  On  devrait  toujours 
imprimer  sur  du  papier  teinté  de  rose,  ou  de  jaune. 

»  Qu'il  nous  soit  permis  maintenant  de  tirer  de  tout  cela  encore  une 
conséquence  philosoj)hique.  On  sait  depuis  Langley  que  la  radiation  qui,  à 
Ă©galitĂ©  d'Ă©nergie,  donne  Ă   l'Ɠil  la  meilleure  acuitĂ©  visuelle  est  le  jaune  vert. 
Ch.-Ed.  Guillaume  a  fait  remarquer  qu'elle  coĂŻncide  Ă   peu  prĂšs  avec  le 


SÉANCE  DU  l4  DÉCEMBRE  IQoS.  Io49 

maximum  d'Ă©nergie  du  spectre  solaire,  et  que,  par  consĂ©quent,  l'Ɠil  avait 
évolué  de  maniÚre  à  utiliser  le  mieux  possible  la  radiation  solaire.  Mais  le 
sens  lumineux  semblait  ne  pas  se  conformer  Ă   la  loi  de  l'Ă©volution  :  le  bleu 
produit  une  mĂȘme  notion  d'Ă©clat  avec  une  Ă©nergie  beaucoup  plus  faible 
que  le  vert  ou  le  rouge.  Les  faits  actuels  nous  montrent  au  contraire  que  le 
bleu  se  conforme  à  la  loi  générale.  Ce  que  révolution  doit  réaliser,  en  effet, 
c'est  le  fonctionnement  le  plus  Ă©conomique  des  organes,  et  la  grandeur  de 
l'énergie  extérieure  qui  le  produit  importe  peu;  ce  qui  importe,  c'est  l'éco- 
nomie en  Ă©nergie  plivsiologique,  et  celle-ci  est  certainement  d'autant  plus 
grande  que  la  fatigue  est  moindre.  Nous  pouvons  donc  dire  : 

u  Les  radiations  moyennes  du  spectre,  pour  lesquelles  il  présente  son  maxi- 
mum d'Ă©nergie,  sont  celles  vour  lesquelles  l'Ɠil  humain  fonctionne  le  plus  Ă©co- 
nomiquement. X 


PHYSIQUE  BIOLOGIQUE.  —  Émission  de  rayons  n  (rayons  de  Blondlol)  par 
l'organisme  liumain.  spécialement  parles  muscles  et  parles  nerfs.  Note  de 
M.  Al'g.  Charpentier,  présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  En  répétant  à  mon  laboratoire,  et  dans  des  conditions  diverses,  quel- 
ques-unes des  expériences  qu'a  instituées  M.  Blondlot  sur  la  |)roduction  et 
les  effets  des  rayons  n,  et  dont  il  a  bien  voulu  me  rendre  témoin,  j'ai  eu 
l'occasion  d'observer  une  série  de  faits  nouveaux  qui  me  [tarait  avoir  une 
certaine  importance  au  point  de  vue  physiologique. 

»  On  sait  qu'une  maniÚre  commode  d'observer  les  rayons  de  Blondlot 
est  de  les  recevoir  dans  l'obscurité  sur  ime  substance  phosphorescente 
assez  peu  lumineuse  dont  ds  augmentent  l'Ă©clat.  Il  faut  ensuite  naturelle- 
ment les  diffĂ©rencier  d'autres  agents  physiques  produisant  le  mĂȘme  effet. 
On  peut  aussi  prendre  connne  objets  d'Ă©preuve  des  substances  fluores- 
centes; ainsi  je  me  suis  servi  souvent  avec  avantage  de  platino- cyanure  de 
baryum  dont  je  réglais  l'intensité  lumineuse  à  l'aide  d'un  sel  de  radium 
recouvert  de  papier  noir  et  placé  k  une  distance  variable. 

»  Or  j'ai  reconnu  d'abord  que  le  petit  objet  phosphorescent  ou  fluores- 
cent augmentait  d'intensité  lumineuse  quand  on  l'approchait  du  corps.  En 
outre  cette  augmentation  est  plus  considérable  au  voisinage  d'un  muscle,  et 
d'autant  plus  giande  que  le  muscle  est  contracté  plus  fortement.  Il  en  est 
de  mĂȘme  au  voisinage  d'un  nerf  ou  d'un  centre  nerveux,  oh  l'effet  augmente 
avec  le  degré  ßle  fonctionnement  du  nerf  ou  du  centre.  On  peut  par  ce 


lo5o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

moyen,  et  quoique  l'observation  soit  assez  délicate,  reconnaßtre  la  présence 
d'un  nerf  superficiel  et  le  suivre  (nerf  médian,  nerf  cubital,  filets  divers 
voisins  de  la  peau). 

»  Cesefiéts  ne  s'observent  pas  seulement  au  contact  de  la  peau,  ils  sont 
perçus  à  dislance,  à  l'intensité  prÚs.  Ils  sont  transmis  à  travers  les  sub- 
stances transparentes  pour  les  rayons  n  (aluminium,  papier,  verre,  etc.), 
et  arrĂȘtĂ©s  par  l'interposition  de  substances  o|)aques  pour  les  mĂȘmes  ravons, 
plomb  (incomplÚtement),  papier  mouillé.  Ils  ne  sont  ]>as  dus  à  une  au2[- 
mentation  de  température  au  voisinage  de  la  peau,  car  ils  persistent  quand 
on  interpose  plusieurs  lames  d'aluminium  ou  de  carton  séparées  par  des 
coucbes  d  air  et  formant  Ă©cran  calorifique. 

»  Ces  rayons  se  réfléchissent  et  se  réfractent  comme  les  rayons  n.  J'ai 
produit  des  foyers  réels,  manifestés  par  des  maxima  d'éclairement,  à  l'aide 
de  lentilles  de  verre  convergentes.  La  position  de  ces  foyers,  ou  maxim  a 
quoique  difficile  à  bien  délimiter,  m'a  permis  de  reconnaßtre  que  l'indice 
de  réfraction  des  rayons  émis  par  le  corps  était  tout  au  moins  de  l'ordre 
de  grandeur  de  celui  déterminé  par  M.  Blondiot  pour  les  rayons  n. 

»  J'ai  rĂ©pĂ©tĂ©  les  mĂȘmes  expĂ©riences  avec  succĂšs  sur  une  lentille  plan- 
convexe  formée  par  de  l'eau  salée  à  8  pour  looo  contenue  dans  une  cupule 
d'alummium. 

M  On  pourrait  se  demander  si  le  corps  humain  émet  réellement  ces 
rayons,  ou  s'il  ne  fait  que  les  emmagasiner  pendant  le  jour  ou  Ă   la  lumiĂšre, 
à  la  façon  des  corps  insolés  qu'étudie  M.  Blondiot.  Or  aprÚs  un  séjour  noc- 
turne de  9  heures  dans  une  complÚte  obscurité,  les  phénomÚnes  se 
montrent  les  mĂȘmes,  et  plus  faciles  Ă   observer  encore  Ă   cause  de  l'adapta- 
tion plus  parfaite  de  l'Ɠil. 

»  Il  me  semble  donc  démontré  dÚs  maintenant  que  le  corps  humain 
Ă©met  des  rayons  n,  et  que  dans  l'organisme  ce  sont  les  tissus  dont  le  fonc- 
tionnement est  le  plus  intense  qui  les  émettent  en  plus  grande  quantité.  Il 
y  a  là  en  particulier  une  nouvelle  méthode  d'étude  pour  l'activité  muscu- 
laire et  nerveuse,  et  l'importance  de  ces  nouveaux  faits  est  capitale  en  ce 
qui  concerne  cette  derniÚre,  les  réactions  extérieures  du  systÚme  nerveux 
étant  nulles  jusqu'à  présent,  puisqu'on  n'apprécie  ses  effets  que  secondai- 
rement par  la  contraction  musculaire  ou  par  la  sensation. 

»  Il  y  a  là  en  outre  la  base  de  nouvelles  méthodes  d'explorations  cliniques. 
On  peut  par  exemple,  avec  quelque  attention,  dĂ©limiter  Taire  du  cƓur, 
organe  en  activité  musculaire  presque  continuelle,  et  im  petit  objet  lumi- 
nescent promené  dans   la  région  cardiaque    au   voisinage    de  la  surface 


SÉANCE    DU    l4    DÉCEMBRE    l9o3.  I o5 l 

cutanée  manifeste  par  ses  changements  d'éclat  la  limite  et  la  surface  de 
projection  de  cet  organe.  Nous  reviendrons  prochainement  sur  la  délimi- 
tation extérieure  des  centres  nerveux,  et  d'autres  organes  encore  à  l'étude. 
»  Le  champ  de  cette  nouvelle  méthode  est  donc  trÚs  vaste,  et  ces  con- 
séquences de  la  belle  découverte  de  M.  Blondlot  pourront  permettre  de 
nombreuses  études  dans  l'ordre  physiologique  et  médical.    » 

CHIMIE  MINÉRALE.    —   Action  du  mĂ©lange  oxygĂšne  et  acide  chlorhydnque 
sur  quelques  métaux.  Note  de  M.  Camille  Matigno.v. 

«  Dans  une  Note  précédente  (')  j'ai  démontré  que  le  mélange  oxygÚne 
et  acide  chiorhydrique  attaquait  l'or,  le  plaline,  le  tellure  à  des  tempéra- 
tures bien  inférieures  à  la  température  d'oxydation  du  gaz  chiorhydrique 
par  l'oxygÚne.  Des  expériences  nouvelles  m'ont  permis  de  généraliser  cette 
réaction;  tous  les  métaux  de  la  mine  du  platine  sont  chlorurés  par  ce 
mélange. 

»  Palladium.  —  Le  palladium  qui  se  rapproche  deTai-gent  est  attaquĂ©  Ă   froid.  Une 
petite  lame  de  palladium  pesant  28,6,  abandonnée  au  contact  d'une  solution  chiorhy- 
drique concentrée  dans  un  flacon  plein  d'oxygÚne,  a  diminué  de  poids  réguliÚrement 
en  mĂȘme  temps  que  la  solution  prenait  une  teinte  brune  de  plus  en  plus  foncĂ©e;  aprĂšs 
quelques  semaines,  08,28  de  palladium  étaient  passés  en  solution.  La  solution,  qui  pré- 
sente tous  les  caractĂšres  du  palladium,  a  permis  disoler  le  chlorure  palladeux.  PdCl-. 

»  Ruthcniiim.  —  Le  rulhĂ©niiun  a  Ă©tĂ©  employĂ©  seulement  sous  forme  de  mousse.  A 
la  tempĂ©rature  ordinaire,  il  se  produit  une  attaque  manifeste,  mais  e\trĂȘraementlente; 
on  peut  la  reconnaßtre  grùce  à  la  teinte  foncée  de  la  solution  chiorhydrique  de  chlo- 
rure qui  s'accentue  avec  le  temps.  AprÚs  plusieurs  mois  de  contact,  on  |5eut  caractériser 
le  ruthénium  et  un  mélange  d'iiyposulfite  de  soude  et  d'ammoniaque  qui  fournit  une 
coloration  pourpre. 

»  En  tube  scellé  à  lao",  la  chloruration  est  complÚte  aprÚs  quelques  heures,  l'oxy- 
gÚne contenu  dans  le  tube  est  absorbé  en  totalité  et  la  solution  concentrée  abandonne 
des  cristaux  d'un  chlorhydrate  de  chlorure. 

»  Iridium.  —  L'iridium  fondu,  abandonnĂ©  Ă   l'air  au  contact  de  la  solution  chior- 
hydrique, ne  colore  pas  cette  solution  Ă   moins  (|u'ii  ne  contienne  du  fer;  il  n'y  a 
donc  pas  d'attaque  Ă   froid.  Le  mĂȘme  iridium  maintenu  en  prĂ©sence  des  mĂȘmes  rĂ©ac- 
tifs dans  un  tube  scellé  pendant  6  à  8  heures  à  la  température  de  iSo"  est  attaqué 
nettement,  la  liqueur  brunit;  une  dose  notable  d'oxygÚne  est  absorbée,  comme  on 
le  constate  à  l'ouverture.  Les  chlorures  d'ammonium,  de  potassium,  de  césium  préci- 


(')  Matigno.n,  Comptes  rendus,  t.  GXXXIV,  p-  i497' 


I032  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

pilent  la  liqueur  en  donnant  les  chloroiridates  correspondanls  doni  la  forme  et  sui- 
loiil  la  couleur  caractérisent  la  présence  de  l'iridium. 

»   L'iridium  mousse  s'attaque  plus  facilement  que  le  précédent. 

»  Rliodium.  —  Les  essais  ont  Ă©tĂ©  faits  avec  du  rhodium  en  grenailles.  Il  n'est  pas 
attaqué  à  froid,  mais  à  iSo",  la  chloruration,  quoique  lente,  devient  trÚs  nette,  la 
solution  prend  alors  la  belle  teinte  rose  des  sels  de  rhodium  ;  Ă   200"  la  dissolution  est 
plus  rapide  et  dans  le  mĂȘme  temps  la  teinte  rose  se  fonce  davantage. 

»  Le  rhodium,  isolé  de  la  solution  puis  réduit  par  l'hydrogÚne,  est  dissous  dans  le 
bisulfate  de  potassium.  Le  produit  d'attaque  repris  par  l'eau  donne  une  solution  jaune 
que  l'acide  clilorhydrique  fait  virer  au  rouge. 

»  Dans  une  exjjérience  un  jieu  prolongée  il  fut  possible  de  dissoudre  plus  de  i''s  de 
rhodium. 

»  Th.Wilm  (')  avait  reconnu  que  le  rhodium  actif  précipité  de  ses  solutions  parle 
fer,  le  zinc,  se  dissolvait  facilement  dans  l'acide  clilorhydrique  au  contact  de  l'air. 

»  Osmium.  —  A  l'Ă©tat  de  mousse,  il  passe  lentement  en  solution  Ă   la  tempĂ©rature 
de  i5o°,  la  liqueur  prend  alors  une  teinte  jaune  vert  tout  ii  fait  caractéristique  de  la 
présence  de  l'osmium. 

M  Le  mélange  oxygÚne  eL  acide  chloi'hydriqiie  constitue  donc  un  agent 
chloruranL  d'une  grande  généralité,  comme  le  l'aidaient  prévoir  des  consi- 
dérations théoriques  (-).  Il  forme  en  outre  un  excellent  réactif  pour 
déceler  la  présence  du  fer  dans  l'or,  l'iridium  et  le  rhodium  fondus.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  constitution  et  les  propriĂ©tĂ©s  des  aciers  au  silicium. 
Note  de  M.  Léon  Guillet,  présentée  par  M.  Ditte. 

«  De  nombreuses  recherches  ont  déjà  été  faites  sur  la  constitution  des 
ferrosiliciums  et  sur  l'influence  que  pouvait  avoir  le  silicium  sur  les 
propriétés  du  fer. 

»  Poursuivant  les  recherches  que  nous  avons  entreprises  sur  des  aciers 
spéciaux,  nous  avons  étudié  deux  séries  d'aciers  au  silicium,  tant  au  point 
de  vue  microgra[)hique  qu'au  point  de  vue  mécanique. 

»  Micrographie.  —  Quel  que  soit  le  pourcentage  en  carbone  des  aciers, 
les  vues  micrograj)hiques  sont  semblables  pour  une  mĂȘme  dose  de  silicium. 

»  Elles  ne  diffÚrent  que  par  la  plus  ou  moins  grande  quantité  de  perliie  ou  de 
graphite  : 

»  De  0  il  5  pour  100  de  silicium,  les  aciers  ont  mĂȘme  structure  que  les  aciers  au 
carbone  ;  le  silicium  s'y  trouve  Ă   l'Ă©tal  de  dissolution  dans  le  fer  ; 


(')  Bericlite,  t.  XIV,  p.  629. 

C)  Comptes  rendus,  t.  CXXXI'V,  p.  i497- 


SÉANCE    DU    l\   DÉCEMBRE    1903.  io53 

»  De  5  à  7  pour  loo,  on  voit  de  la  perlile  et  du  graphite;  le  graphite  est  entouré 
de  plages  blanches  plus  ou  moins  importantes,  dont  nous  n'avons  pu  définir  la  nature; 

»  De  7  à  18  pour  100,  on  ne  voit  que  des  plages  blanclies,  souvent  bordées  de 
graphite  ;  parfois  on  distingue  autour  de  ce  graphite  quelques  éléments  brillants  ; 

»  De  1 1  à  Sopour  100,  on  trouve  descristau\  (|ui  se  développent  au  fur  et  à  mesure 
que  le  pourcentage  en  silicium  est  plus  élevé,  et  qui  sont  entourés  d'un  eutectique. 

»  En  résumé,  nous  distinguons  dans  les  aciers  au  siliciinn  3  groupes 
principaux  : 

»  Premier  groupe.  —  Aciers  dont  tout  le  carbone  est  combinĂ©  de 
o  Ă   5  pour  100  de  silicium  ; 

»  DeuxiĂšme  groupe.  —  Aciers  dont  le  carbone  est  en  partie  Ă   l'Ă©tat 
combiné,  en  partie  à  l'état  de  graphite,  de  5  à  7  pour  100  de  silicium  ; 

»  TroisiĂšme  groupe.  —  Aciers  dont  tout  le  carbone  est  Ă   l'Ă©tat  de  graphite. 
Ce  sont  ceux  renfermant  plus  de  7  pour  100  de  silicium. 

»  Mais  ce  dernier  groupe  doit  ĂȘtre  subdivisĂ©  : 

»  1°  Aciers  formés  par  une  solution  fer-silicium  et  contenant  des  quantités  trÚs 
faibles  qui  se  présentent  sous  forme  de  grains  brillants,  lesquels  correspondent 
nettement  à  la  formule  Fe^Si;  ils  ont  pu  élre  isolés  par  le  chlorure  de  cuivre 
ammoniacal. 

)i   Ce  composé  est  toujours  en  petites  quantités,  o,  i  pour  100  au  maximum. 

»  2°  Aciers  renfermant  des  cristaux,  trĂšs  nets  qui  ont  pu  ĂȘtre  isolĂ©s  par  la  mĂ©thode 
indiquée  par  MM.  Carnot  et  Goûtai  et  qui  correspondent  bien  à  la  formule  FeSi. 

»  Essais  mĂ©caniques.  —  Les  aciers  Ă   0,200  de  carbone  et  renfermant 
moins  de  7  pour  100  de  silicium  sont  seuls  susceptibles  d'ĂȘtre  laminĂ©s; 
il  en  est  de  mĂȘme  des  aciers  Ă   0,900  de  carbone  et  qui  contiennent  moins 
de  5  pour  100  de  silicium. 

»   Ces  aciers  seuls  ont  été  étudiés  au  point  de  vue  mécanique. 

»  Les  rĂ©sultais  de  ces  recherches  peuvent  ĂȘtre  rĂ©sumĂ©s  comme  il  suit  : 

»  La  charge  de  rupture  et  la  limite  élastique  sont  plus  élevées  dans 
les  aciers  au  silicium  que  dans  les  aciers  ordinaires  Ă   mĂȘme  teneur  en 
carbone;  mais  elle  ne  croĂźt  pas  sensiblement  avec  la  teneur  en  silicium. 
Leur  résistance  au  choc  (méthode  Frémonl)  est  peu  élevée,  leur  dureté  est 
plus  grande  que  dans  les  aciers  au  carbone  ordinaires. 


Carbone. 

Silicium. 

K. 

0,208 

0,409 

60,2 

0,117 

1 ,600 

56,5 

0,277 

5, 120 

6. ,7 

C.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVU,  N°  24) 


ChifVre 

.\ 

RĂ©sistance 

de 

E. 

pour  100. 

v_ 

au 

choc. 

Brinell. 

45,3 

17 

07,2 

6 

l53 

45,2 

16 

59.2 

8 

109 

52,6 

0 

0 

0 

248 

X.VII,  N° 

24. 

) 

i3» 

id5^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Les  résultats  obtenus  avec  le  dernier  de  ces  aciers  s'expliquent  par 
la  présence  du  graphite. 

ChifTre 
A  RĂ©sistance        de 

Carbone.  Silicium.  R.  E.  pour  loo.  Z.  au  choc.      Brinell. 

0,878  0,433  ii5,2  62,5  5,5  10,4  2  3o2 

o,835  i,i56  io3,9  62,5  4,5  10, 4  4  293 

0,968  2,090  io5,4  76,8  3  o  3  277 

»  Influence  des  traitements.  Recuit.  —  Un  recuit  Ă   900",  peu  prolongĂ©,  adoucit 
les  aciers  au  silicium;  quand  le  temps  est  suffisamment  long,  il  y  a  précipitation 
du  carbone  Ă   l'Ă©tat  de  graphite;  l'acier  devient  trĂšs  fragile  et  ne  possĂšde  aucun 
allongement. 

»  Trempe.  —  La  trempe  durcit  singuliĂšrement  les  aciers  au  silicium  ;  l'acier  Ă   0^208  C 
et  à  0,409  Si,  nous  a  donné,  aprÚs  trempe  à  SSo"  dans  l'eau  à  -!-  i5°, 

R  ^  83,8  —  E  ^  5o,9,       A  pour  100  =  9,       -:=28,5,       RĂ©sistance  au  choc  :=  6''§". 

»  D'une  façon  générale,  la  résistance  au  choc  est  plus  élevée  aprÚs  trempe  qu'avant. 

)i  Dans  les  aciers  à  haute  teneur  en  carbone,  elle  atteint  7''5",  ce  qui  est  trÚs  élevé 
pour  des  aciers  possédant  une  charge  de  rupture  de  i4o''^. 

»  Ceci  explique  pourquoi  les  aciers  au  silicium  sont  particuliÚrement  utilisés  jDour 
la  confection  des  ressorts. 

»  En  résumé  :  L'étude  que  j'ai  faite  de  la  constitution  et  des  propriétés 
mécaniques  des  aciers  au  silicium  montre  que  : 

»  1°  Seuls  les  aciers  contenant  moins  de  5  pour  100  de  silicium  peuvent 
ĂȘtre  utilisĂ©s; 

»  2°  Ces  aciers  offrent  une  plus  grande  résistance  au  choc  aprÚs  trempe 
qu'avant;  cette  résistance  est  relativement  élevée  pour  les  aciers  à  haute 
teneur  en  carbone; 

»  3°  Certaines  anomalies  existent  entre  la  constitution  déjà  établie,  et 
que  nous  avons  retrouvée,  des  ferrosiliciums  industriels  et  des  aciers  au 
silicium,  notamment  eu  ce  qui  est  de  l'existence  du  composé  Fe^Si  ; 

»  4°  Nos  recherches,  comme  celles  de  M.  Osntond,  semblent  prouver 
l'existence  de  deux  solutions  du  silicium  dans  le  fer;  l'une  serait  proba- 
blement la  solution  Fe  —  Si;  l'autre,  la  solution  Fe  —  Fe-Si.   » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Nouvelle  mĂ©lhude  de  dĂ©termination  des  points  critiques 
des  fers  et  aciers.  Note  de  M.  O.  Boidouaud,  présentée  par  M.  Troost. 

«   Au  cours  d'un  tra^‱ail  prĂ©sentĂ©  Ă   Vlron  aiid Steel  Jnstitute  de  Londres, 
relatif  à  la  détermination  des  points  de  transformations  allotropiques  du 


SÉANCE    DU    l4   DÉCEMBRE    igoS.  Io55 

fer  et  de  ses  alliages  par  la  mesure  des  variations  de  la  résistance  électrique 
en  fonction  de  la  température  (  '),  j'ai  signalé  l'importance  des  phénomÚnes 
de  thermoélectricilé  qui  se  produisaient  dans  les  échantillons  des  métaux 
étudiés;  ces  phénomÚnes  étaient  dus  à  une  inégale  répartition  de  la  cha- 
leur dans  les  barreaux,  cette  inĂ©galitĂ©  provenant  elle-mĂȘme  du  mode  de 
chauffage  employé  et  des  phénomÚnes  thermiques  qui  se  produisent  dans 
les  barreaux  aux  points  critiques.  J'ai  également  montré  que  les  courbes 
construites  en  prenant  comme  abscisses  les  températures  du  métal  et 
comme  ordonnées  les  pouvoirs  thermoélectriques  accusaient  trÚs  netter 
ment  les  points  de  transformations  allotropiques  de  chaque  métal. 

»  M.  Saladin  a  décrit  récemment  (-)  une  méthode  d'enregistrement 
photographique  des  points  critiques  des  aciers  dérivant  du  procédé 
Roberts-Austen  et  utilisant  les  phénomÚnes  calorifiques  qui  accompagnent 
les  transformations  moléculaires  des  métaux,  phénomÚnes  mis  en  évidence 
par  M.  Osmond.  Le  grand  avantage  du  dispositif  de  M.  Saladin  consiste  en 
ce  qu'il  opÚre  sur  une  plaque  sensible  fixe  :  on  obtient  des  clichés  exempts 
de  toute  erreur  personnelle  de  l'observateur  ;  de  plus,  si  l'on  emploie  un 
four  à  résistance  électrique  bien  connu,  une  longue  observation  qui  peut 
exiger  une  durée  de  8  heures  et  plus  ne  dérange  l'opérateur  que  trois  fois, 
et  quelques  minutes  chaque  fois  :  pour  donner  le  courant,  pour  le  couper 
au  bout  d'un  temps  déterminé  une  fois  pour  toutes,  enfin  pour  retirer  la 
plaque  sensible  et  la  développer  au  bout  d'un  autre  temps  déterminé.  La 
méthode  instituée  par  M.  Saladin  permettant  d'étudier  et  d'enregistrer  tous 
les  phĂ©nomĂšnes  susceptibles  d'ĂȘtre  reprĂ©sentĂ©s  par  une  fonction  Ă   deux 
variables,  sous  la  condition  que  chacune  des  deux  variables  puisse  ĂȘtre 
représentée  par  la  rotation  proportionnelle  d'un  miroir,  j'ai  pensé  l'utiliser 
pour  l'enregistrement  photographique  des  courbes  de  thermoélectricité. 
Dans  ce  cas  particulier,  j'ai  pu  encore  simplifier  le  dispositif  expérimental 
décrit  dans  le  Mémoire  de  M.  Saladin. 

»  Description  de  l'appareil.  —  La  mĂ©lliode  de  M.  Saladin  nĂ©cessite  deux  couples 
therraoéieciriques,  l'un  destiné  à  donner  les  températures  du  métal  étudié,  l'autre  les 
dilTérences  de  température  de  ce  métal  et  d'un  métal  de  comparaison  ne  subissant  pas 
de  transformations  aux.  températures  auxquelles  on  fait  les  essais  (platine,  acier  à 


{^)  Journal  of  the  Iran  and  Steel  Institute,  igoS  (I);  Bulletin  de  la  Société 
d'encouragement  pour  l' Industrie  nationale,  octobre  igoS. 

(-)  Réunion  des  membres  français' et  belges  de  l'Association  internationale  des 
méthodes  d'essais,  séance  du  28  février  igoS. 


Io56       ■  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

25  pour  100  de  nickel).  Dans  la  mienne,  un  seul  couple,  celui  des  lenapératures, 
suffit;  de  plus  il  est  inutile  d'employer  un  métal  de  comparaison.  Un  galvanomÚtre 
sensible  enregistre  la  dilTérence  de  potentiel  d'origine  thernioélectrique  existant  entre 
les  deux  extrémités  de  l'échantillon  du  métal  chauflFé. 

»  Chaque  barreau  de  métal  employé  mesure  lo""  de  longueur  et  a  un  diamÚtre  de 
r";  il  est  percĂ©  en  son  milieu  d'un  trou  de  5ℱℱ  de  diamĂštre  destinĂ©  Ă   loger  le  couple 
thermoélectrique  devant  donner  la  température  du  barreau.  A  chacune  des  extrémités 
du  barreau,  on  fait  un  trait  de  scie  dans  lequel  on  mate  un  fil  de  platine  Ă   l'aide  d'un 
morceau  de  fil  de  fer;  les  deux  fils  de  platine  convenablement  isolés  sont  mis  en  com- 
munication avec  le  galvanomĂštre  sensible.  Le  tout  est  introduit  dans  un  tube  de  por- 
celaine analogue  à  celui  m'ayant  servi  pour  mes  recherches  sur  les  lésistances 
électriques  et  cliaufle  au  moyen  d'un  four  à  résistance  électrique  qui  permet  d'atteindre 
la  température  de  1200°  au  bout  d'une  heure  et  demie. 

»  Le  montage  de  l'appareil,  tel  qu'il  est  installé  au  Laboratoire  de  M.  le  professeur 
Le  Chateiier,  au  CollĂšge  de  France,  comprend,  en  suivant  la  marche  des  rayons  lumi- 
neux, les  parties  suivantes  :  1°  source  lumineuse  projetant  directement  un  rayon 
lumineux  sur  le  miroir  du  galvanomÚtre  sensible  ;  2°  galvanomÚtre  sensible  avec  miroir 
renvoj'ant  le  rayon  sous  un  angle  quelconque  dans  un  plan  horizontal;  3°  prisme  à 
réflexion  totale  convenablement  disposé,  qui  rend  verticales  les  oscillations  horizon- 
tales du  rayon  ;  4"  galvanomÚtre  des  tempéiatures  avec  miroir  renvoyant  le  rayon  sous 
un  angle  quelcon(|Me  dans  le  plan  horizontal;  5°  lentille  biconvexe  permettant  la  mise 
au  point;  6°  Ă©cran  en  verre  dĂ©poli  jjour  suivre  Ă   l'Ɠil  le  phĂ©nomĂšne,  ou  plaque  photo- 
graphique pour  l'enregistrer. 

»  Comme  source  lumineuse,  j'utilise  un  trou  trĂšs  petit  percĂ©  dans  une  fenĂȘtre  de 
clinquant  et  éclairé  par  un  bec  Auer.  Le  galvanomÚtre  sensible  est  du  type  Desprez- 
d'Arsonval  avec  aimants  horizontaux;  le  galvanomÚtre  des  températures  est  un  galva- 
nomĂštre Le  Chateiier  qui  donne  une  dĂ©viation  de  14ℱ°"  Ă   14°"°,  5  par  100°  entre  445° 
et  1085°.  Les  miroirs  sont  plans  et  platinés.  La  chambre  noire  nécessaire  au  fonction- 
nement de  tout  l'appareil  mesure  environ  i'",5o  de  longueur  sur  o",5o  de  largeur; 
elle  est  installée  sur  une  paillasse  de  laboratoire  surmontée  d'une  hotte,  à  l'abri  des 
trépidations  du  sol. 

»  Dans  chaque  expérience,  la  durée  du  chanfl'age  est  de  i  heure  i5  minutes,  et  celle 
du  refroidissement  est  au  moins  de  6  heures.  Chaque  fois,  on  a  soin  de  tracer  au  préa- 
lable les  axes  des  coordonnées  sur  la  plaque  sensible,  en  faisant  osciller  d'une  petite 
quantité  chacun  des  deux  galvanomÚtres;  cela  se  fait  aisément  en  y  lançant  successi- 
vement le  courant  développé  dans  la  soudure  d'un  couple  thermoélectrique  auxiliaire 
plongé  dans  la  vapeur  d'eau  bouillante.  L'échelle  des  températures  est  facilement  dé- 
terminée; pour  le  point  de  fusion  de  l'or,  on  emploie  l'artifice  indiqué  par  M.  Saladin. 

»   Dans  une  prochaine  Note,  je  donnerai  les  résultats  auxquels  je  suis 
arrivé  en  étudiant  les  aciers  au  nickel.   » 


SÉANCE    DU    14    DÉCEMBRE    igoS.  Io57 


CHIMIE   MINÉRALE.    —    Sur  les  fers  mĂ©tĂ©oriques. 
Note  de  MM.  F.  Osmosd  et  G.  Cartalu,  présentée  par  M.  Moissan. 

«  Tl  nous  a  paru  intéressant  d'appliquer  aux  fers  météoriques  les  pro- 
cédés d'investigation  actuellement  usités  pour  l'analyse  micrographique 
des  fers  et  des  aciers  terrestres. 

»  Nous  avons  eu  à  notre  disposition  deux  échantillons  de  fers  octaé- 
driques.  M.  Stanislas  Meunier  a  bien  voulu  nous  prĂȘter  une  |)laquette  du 
fer  de  Caille  etM.  Paul  Regnard  une  rognure  provenant  du  découpage  à  la 
scie,  fait  dans  ses  ateliers,  d'une  météorite  rapportée  par  M.  Ward  de  la 
région  de  Tombouctou. 

»  On  sait  que  les  fers  oclaédriques  se  composent  de  trois  constituants 
structuraux  :  la  kamacite,  la  plessite  et  la  tienite. 

»  La  kamacite  de  Caille  se  résout  en  grains  diversement  orientés,  ce  qui  peut  faire 
soupçonner  un  recuit  antérieur  de  la  plaquette.  La  kamacite  de  Tombouctou,  vierge 
de  traitement  thermique,  est  du  type  classique,  avec  nombreuses  lignes  de  Neumann. 
La  distribution  de  ces  lignes  sur  une  face  taillée  perpendiculairement  à  un  axe  qua- 
ternaire semble  justifier  les  conclusions  de  Linclv  et  montrer  que  les  fers  octaédriques 
sont  bien  des  assemblages  polysynthéliques  de  cinq  cubes  maclés  suivant  la  loi  de  la 
fluorine  (').  Mais  nous  ne  pouvons  rien  affirmer,  l'échantillon  ayant  subi  une  défor- 
mation notable. 

»  La  plessite  est  dans  tous  les  cas  un  mélange  de  kamacite  et  de  tainite,  ce 
qui  confirme  d'autres  observations  antérieures  (-).  Il  en  est  de  deux  types,  d'ailleurs 
connus  :  l'un  reproduit,  à  petite  échelle,  la  disposition  générale  de  la  météorite;  l'autre 
montre  une  division  en  grains  de  la  kamacite,  la  tienite  se  rassemblant  dans  les  joints 
des  grains.  Cette  seconde  disposition  se  produit  quand  un  ilÎt  de  plessite  est  bordé 
de  bandes  de  kamacite  appartenant  à  des  individus  cristallins  différents;  les  grains  de 
kamacite  à  l'intérieur  de  la  plessite  dépendent  tantÎt  de  l'un,  tantÎt  de  l'autre  de  ces 
individus  adjacents. 

»  La  lƓnite  n'est  homogĂšne  que  sur  les  plus  minces  lamelles.  DĂšs  qu'elle  acquiert 
quelque  épaisseur,  l'intérieur  des  lamelles  passe  progressivement  à  la  kamacite,  comme 
Tschermack  l'avait  observé  sur  Ilimaë  (^).  Le  fait  est  donc  usuel  :  il  se  lattache  vrai- 
semblablement Ă   l'existence  de  ces  bandes  de  passage,  que  l'attaque  par  les  sels  cui- 
vriques  ou  mercuriques  a  révélées  à  Daubrée  et  à  M.  Stanislas  Meunier  (*)  et,  en  tous 

(')  ^/7«rf  Cohen,  Meteoritenkunde,  p.  80. 
(^)  IbicL,  p.  io4-io8. 
(^)  IbicL,  p.  toi. 

(*)  Stan.  Meunier,-  Comptes  rendus,  t.  LXIV,  p.  685  et  Météorites  {Encyclopédie 
Frémy,  t.  II,  Appendice,  2=  Cahier). 


tp58  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

cas,  il  explique  les  divergences  considérables  (de  i3  à  34  pour  loo  de  nickel)  relevées 
entre  les  difTérenles  analyses  de  taenites  (' ).  Ces  divergences  étaient  inévitables 
puisque  les  analyses,  souvent  au  moins,  ont  été  faites  sur  des  mélariges. 

»  Prenons  {/ig.  i)  les  courbes  de  transformation  magnétique  des  alliages  de  fer  et 
de  nickel  pendant  le  refroidissement.  Les  ordonnées  sont  les  températures  et  les 
abscisses  les  compositions  centésimales.  On  a  supposé,  pour  plus  de  simplicité,  que 
les  deux  transformations  du  fer  coĂŻncidaient  dans  tous  les  cas,  ce  qui  n'est  pas  exact 
pour  les  alliages  au-dessous  de  lo  pour  loo  environ.  Les  lignes  pleines  ABCD  repré- 


Fig. 


Fig.    2. 


800 
700. 
600 


V3oo 


k! 


.A 

\  \ 

\  \ 

c 

\\ 

y 

*‱''‱' 

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\ 

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1 
\ 

\ 

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1 
/ 
/ 

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\ 
1 

\ 

\ 

/ 

/ 
/ 

i 

\ 

/ 

/ 

/ 
\ 

\ 

\ 

\ 

( 

B 

1 
F'! 

3o      ^o      So       60       ro       80      ^o     IÔ6 
JfichoL  p.  cent . 


y" 

Sno 

Hnn 

600. 

1       > 

1 

1 

\ 

C 

.fnn 

1 
\ 

\ 

S 

\^ 

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‱ 

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Itoo 

\ 
1 
1 

\ 

\ 

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/ 

\ 
\ 

\ 

\ 

11 

S 

^ 

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D 

3oo 

B 

200 

( 

1 

wo 

1 

1 

i 

0 

1 

1 

1 
1 
1 

300 

V 

1 

10       20     3o      ^o     So     60 

J^icAel  p.  cent 


80 


go      100 


sentent  le  début  des  transfornaations  et  sont  connues  assez  exactement  par  les  expé- 
riences de  Hopkinson,  de  MM.  Le  Chatelier,  Guillaume,  Dumont,  Dumas,  Guillet  et 
de  l'un  de  nous.  Les  lignes  poinliliées  AE,  FC,  CD  représentent  la  fin  des  transfor- 
Tuations  :  les  expériences  citées  fournissent  des  renseignements  qui  permettent  de  les 
tracer  dans  leur  allure  générale.  Les  lignes  EF,  EE',  FF'  sont  hypothétiques. 

»  Tel  quel,  ce  diagiamme  nous  avait  été  dessiné,  dÚs  le  mois  d'octobre  1900,  par 
Bakhuis  Roozeboom,  dans  une  communication  privée,  comme  la  conséquence  la  plus 
probable  des  faits  alors  connus,  cela  sous  toutes  réserves.  Et  tout  ce  que  l'on  a  trouvé 
depuis  n'a  fait  que  confirmer  ces  sagaces  prévisions. 

»  D'aprÚs  ce  diagramme,  les  alliages  dont  la  teneur  en  nickel  est  infé- 
rieure à  OE  pour  100  sont  une  solution  solide  non  saturée  de  nickel  dans 
le  fer,  solution  homogĂšne  du  type  cristallin  du  fer  a,  :  elle  correspond  aux 
fers  météoriques  dits  cubiques,  formés  de  kamacile  pauvre  en  nickel. 


(')  Apud  Coam^  Meteorilenkunde,  p.  101. 


SÉANCE  DU  l4  DÉCEMBRE  igoS.  loSg 

M  Les  alliages  dont  la  teneur  en  nickel  est  supérieure  à  OF  pour  loo 
sont  une  solution  homogÚne  non  saturée  de  fer  dans  le  nickel,  du  type 
cristallin  du  nickel  a.  Les  météorites  de  celte  composition  sont  trÚs  rares 
et  leur  origine  est  mise  en  doute. 

»  Les  alliages  dont  la  teneur  en  nickel  est  comprise  entre  OE  el  OF  sont 
des  mélanges  de  deux  solutions  solides  saturées  contenant  respectivement 
OE  et  OF  pour  loo  de  nickel. 

»  La  solution  à  OE  pour  loo  est  la  kamacite,  la  solution  à  OF  pour  loo 
est  la  tßenite.  Cette  classe  comprend  tous  les  fers  météoriques  octaédriques. 

»  En  d'autres  termes,  les  fers  météoriques,  soit  qu'ils  aient  passé  par 
l'état  liquide,  soit  qu'ils  aient  été  formés,  comme  le  pense  M.  Stanislas 
Meunier,  par  réduction  de  chlorures  (les  deux  origines  sont  d'ailleurs 
également  vraisemblables),  ont  été,  au-dessus  des  lignes  ABCD,  des  solu- 
tions solides  homogĂšnes  de  fer  y  et  de  nickel  p.  Au  refroidissement,  cette 
solution  a  laissé  déposer,  selon  sa  teneur,  de  la  kamacite  suivant  AB,  ou 
de  la  ttenite  suivant  BCD,  de  la  kamacite  et  de  la  tƓnite  simultanĂ©ment 
suivant  EF.  La  plessite  est  l'euteclique  kamacite-tƓnite. 

»  Maintenant,  la  figure  i  est  tracée  d'aprÚs  les  alliages  terrestres.  Les 
transformations  y  subissent  des  retards  considérables  dans  la  série  dite 
irrĂ©versible,  l'our  un  refroidissement  infiniment  lent,  comme  a  dĂ»  l'ĂȘtre 
celui  de  planĂštes,  le  diagramme  de  refroidissement  doit  plutĂŽt  coĂŻncider 
avec  celui  que  nous  obtenons  au  chauffage  {fig-  2).  La  théorie  reste  d'ail- 
leurs la  mĂȘme,  et  l'on  explique  ainsi  que  la  liquation  ait  pu  se  faire,  Ă  
une  température  relativement  élevée,  dans  les  météorites,  alors  qu'elle  est 
impossible  dans  nos  alliages  quand  le  commencement  des  transformations 
est  abaissé  au  voisinage  de  la  température  ordinaire. 

»  Les  fers  mĂ©tĂ©oriques  reprĂ©sentent,  par  suite  de  la  lenteur  extrĂȘme  du 
refroidissement,  l'Ă©tat  d'Ă©quilibre  normal  des  alliages  de  fer  et  de  nickel. 
Tous  nos  alliages  terrestres  correspondants  sont  métastables.  » 


CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  la  prĂ©paration  du  sesquisĂ©lĂ©niiire  d'iridium.  Note 
de  MM.  C.  Chabrié  et  A.  Bouchonnet,  présentée  par  M.  IL  Moissan. 

((  Parmi  les  quatre  combinaisons  du  soufre  et  de  l'iridium  qui  ont  été 
décrites,  une  seule  paraßt  avoir  une  existence  indiscutable,  c'est  le  sesqui- 
sulfure  d'iridium.  On  sait,  en  effet,  que  Berzelius  et  BĂŽttger  n'Ă©taient  pas 
d'accord  sur  les  propriétés  du  composé  qu'ils  ont  décrit  comme  étant  le 


Io6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

protosiilfiire,  que  le  bisulfure  n'est  pas  mieux  défini,  et  que  le  trisulfure 
de  Berzelius  semble  bien  ĂȘtre  un  dĂ©rivĂ©  du  ruthĂ©nium  et  non  de  l'iridium. 

»  Il  était  donc  raisonnable,  dans  l'étude  des  combinaisons  séléniées,  de 
chercher  à  obtenir  d'abord  le  séléniure  correspondant  au  sesquisulfure. 

»  Comme  ce  sulfure  a  été  préparé  par  l'action  de  l'hydrogÚne  sulfuré 
réagissant  à  chaud  sur  une  solution  de  sesquichlorure  d'iridium,  nous  avons 
fiiit  passer  un  courant  d'hydrogÚne  sélénié  dans  une  semblable  solution  en 
chauffant  légÚrement. 

»  L'hydrogÚne  sélénié  a  été  obtenu  en  préparant  d'abord  du  séléniure  de  fer  par 
combinaison  directe  du  sélénium  et  du  fer  en  limaille,  puis  en  attaquant  ce  protosé- 
léniure  de  fer  par  l'acide  clilorhydrique  en  ayant  soin  de  laver  le  gaz  dans  de  l'eau 
avant  de  le  diriger  dans  la  solution  du  sel  d'iridium.  Nous  avons  obtenu  de  celte  ma- 
niÚre un  précipité  noir  qui  a  été  recueilli  par  filtration,  lavé  à  l'eau  chargée  d'hvdro- 
gÚne  sélénié  et  séché  dans  le  vide. 

»  La  poudre  sÚche  est  noire,  brillante,  et  ne  semble  pas  cristallisée.  On  ne  peut, 
d'ailleurs,  pas  constater  son  action  sur  la  lumiÚre  polarisée,  parce  qu'elle  est  absolu- 
ment opaque. 

»  Comme  l'acide  a/.oti([iie  ordinaire  ne  lallére  ni  à  fioid  ni  à  chaud,  on  peut  la  laver 
avec  ce  rĂ©actif  afin  d'ĂȘlie  assurĂ©  que  le  produit  ne  contient  pas  de  sĂ©lĂ©nium  libre. 

»  L'acide  azoticjue  fumant  réagit  un  peu  si  l'on  fait  l'opération  à  a5o°  en  tube  scellé; 
la  liqueur  prend  une  couleur  verdĂ tre. 

»  Le  mélange  d'azotate,  de  chlorate  et  de  carbonate  de  potassium  au  rouge  n'attaque 
qu'incomplÚtement  le  séléniure  d'iridium. 

»  C'est  l'eau  régale  qui  parxlent  le  mieux  à  le  dissoudre  à  chaud  aprÚs  un  temps 
fort  long  et  lorsque  les  acides  azotique  et  clilorlndrique  sont  en  proportions  Ă©gales. 

»  Pour  analyser  le  pioduit,  on  le  chaulTe  pendant  G  à  ~  heures  avec  un  poids  d'eau 
régale  loo  fois  supérieur  au  sien  (20S  de  réactif  poui-  os,  200  de  séléniure)  et  l'on 
renouvelle  l'eau  dissolvante  Ă   mesure  que  son  volume  diminue  jusqu'Ă   complĂšte  disso- 
lution, puis  on  ajoute  de  l'acide  chlorhydrique  en  excĂšs. 

»  On  laisse  refroidir,  on  ajoute  de  l'eau  et  un  fort  excÚs  d'acide  chloihvdrique  et  l'on 
dose  le  sélénium  par  la  réduction  de  l'acide  sélénieux  au  moyen  du  gaz  sulfureux 
(procédé  Berthier).  Il  faut  que  le  gaz  sulfureux  passe  pendant  une  journée  entiÚre 
dans  la  solution  à  la  température  du  bain-uiarie.  Ou  recueille  le  sélénium  ((ui  est  pesé 
par  la  méthode  des  filtres  tarés. 

»  Si,  à  la  liqueur  dans  laquelle  le  sélénium  s'est  précipité,  on  ajoute  du  bisulfite  de 
soude  afin  de  la  rendre  moins  acide,  et  que  l'on  continue  Ă   faire  passer  le  gaz  sulfu- 
reux, l'iridium  se  précipite  à  son  tour  en  poudre  noire.  Il  n'y  a  pas  moven  de  se 
tromper  et  de  ne  pas  saisir  le  moment  oĂč,  tout  le  sĂ©lĂ©nium  s'Ă©tanl  prĂ©cipitĂ©,  l'iridium 
n'a  pas  encore  Ă©tĂ©  mis  en  libertĂ©.  Le  sĂ©lĂ©nium,  au  moment  oĂč  il  se  prĂ©cipite,  est 
rouge  (variété  y),  puis  il  se  concrÚte  en  une  masse  noire  qui  se  rassemble  au  fond  de 
la  liqueur  claire,  tandis  que  l'iridium  se  précipite  tout  de  suite  en  une  poudre  noire. 

»  D'ailleurs,  l'iridium  ne  se  précipite  pas  tant  ([ue  la  liqueur  est  fortement  chliuhv- 
dri([ue.  Enfin,  nous  nous  sommes  assurés  (jue  le  premier  précipité  oxydé  ne  donnait 


.     .  SÉANCE    DU    l'i    DÉCEMBRE    igoS.  I061 

pas  de  résidu  fixe  à  la  calcination  et  que  le  second  ('laiL  entiÚrement  inattaquable  par 
l'acide  nitrique. 

»  Les  chillVes  des  analyses  concordent  bien  avec  la  formule  Ir^Se'  qui  corres- 
pond au  sesquiséléniure. 

»  Nous  avons  pensé  réussir  à  obtenir  ce  produit  sous  la  forme  cristallisée 
en  chauffant  ses  éléments  constituants  dans  un  tube  scellé  de  verre  de 
BohÚme  maintenu  résistant  à  la  température  du  rouge,  pendant  8  heures, 
au  moyen  d'un  garnissage  en  sable  interposé  entre  le  tube  de  verre  et  la 
gaine  de  fer  qui  le  contenait  et  qui  subissait  directement  l'action  de  la 
chaleur. 

»  C'est  la  disposition  qui  a  été  imaginée  autrefois  par  Frledel  dans  son  travail  sur 
les  thiohypophospliites  (')  et  qui  a  été  aussi  employée,  par  lui  et  par  l'un  de  nous,  pour 
obtenir  les  sélénioliypopliosphites  cristallisés  {'-). 

»  Dans  le  cas  actuel,  le  résultat  a  été  fort  médiocre.  En  mettant,  dans  une  expérience, 
les  éléments  en  proportions  théoriques,  et,  dans  une  autre,  un  excÚs  de  sélénium  qu  on 
enlevait  ensuite,  avec  de  l'acide  nitrique,  nous  avons  obtenu  une  masse  noire  confu- 
sément cristalline  qui  se  dillerenciait  surtout  du  produit  précédemment  décrit,  préparé 
par  voie  humide,  par  une  résistance  beaucoup  plus  grande  encore  aux  réactifs. 

»  Ainsi,  ni  l'eau  régale,  ni  l'eau  de  brome,  ni  le  mélange  des  nitrates  et  chlorates 
alcalins  n'ont  eu  d'action.  Nous  l'avons  fondu  à  haute  température  avec  le  fluorure  de 
plomb  sans  provoquer  de  double  décomposition. 

»  Le  sesquisĂ©lĂ©niure  d'iridium  doit  donc  ĂȘtre  prĂ©parĂ©  par  voie  humide 
comme  le  sesquisulfure,  et  il  est  amorphe  comme  lui.    » 


CillMlK,  —  Sur  les  acĂ©tates  alcalino-tcireux.  Note  de  M.  Albert  Colsox, 
présentée  par  M.  G.  Lemoine. 

«  Le  chlore,  agissant  à  froid  sur  l'acétate  de  plomb  en  solution  acétique, 
fait  apparaßtre  la  tétravalencede  ce  métal;  tandis  qu'au  contactde  l'acétate 
de  baryte,  il  ne  modifie  pas  la  bivalence  du  baryum  et  le  transforme  prin- 
cipalement en  acétochlorure  BaCl.C-H'O-  cristallisé  avec  i"""'  d'acide 
acétique  (^). 

»   A  la  suite  de  cette  constatation,  j'ai  cherchĂ©  Ă   produire  par  le  mĂȘme 


(')  Ch.  Friedel,  Comptes  rendus,  t.  CXIX,  189^,  p.  160. 

("-)  Cu.  Friedel  et  C.  Chabrié,  Bull.  Soc.  cluin.,   t.  Xlil,  1890,  p.  i63. 

(^)  Comptes  rendus,  t.  GXXXVII,  octobre  igoo.  p.  660. 

C.  R.,  iyo3,   i'  Semestre.  (T.  GXXXVII,  N°  24.)  ""-^9 


Io62  ACADÉMIE    DF.S    SCIENCES. 

procédé  les  acélochloriires  de  magnésium  et  de  calcium.  Dans  ce  but,  j'ai 
préparé  les  acétates  de  ces  métaux,  exempts  d'eau,  en  usant  de  l'artifice 
dont  je  m'Ă©tais  servi  Ă   l'endroit  du  plomb  et  de  la  baryte,  c'est-Ă -dire  en 
ajoutant  à  l'acide  acétique  une  quantité  suffisante  d'anhydride.  L'attaque  de 
la  magnésie  par  ce  mélange  fournit  l'acétate  Mg (C- H'  O")'-  + 1 , 5  C- H'  O" , 
identique  au  sel  que  l'on  obtient  en  dissolvant  le  magnésium  métallique 
dans  l'acide  acétique  glacial. 

»  L'attaque  de  la  ciiaux  en  morceaux  par  Tacidc  acétique,  additionné  d'anli\  dridc, 
est  lente  :  on  constate  Ă   Ja  longue  un  foisonnement  qui  quintuple  le  volume  initial 
de  laciiauv  et  donne  unemasse  volumineuse  amorphe  qui,  filtrée,  fortement  comprimée 
et  séchée  dans  le  vide,  répond  à  la  constitution  : 

quelle  que  soit  la  nature  de  la  chaux. 

»  Si  l'on  agit  sur  une  petite  quantité  de  chaux,  os^  j5  j)our  lOOS''  d'acide  dissolvant, 
suitout  par  Ă©buUitions  suivies  de  refroidissements,  on  obtient  des  cristau?w  durs, 
grenus,  transparents,  ayant  pour  composition,  eux  aussi,  Ca(G'-H 'O^)- 4- C^H*  0^. 

»  Cet  acétate  paraßt  donc  exister  sous  divers  états  physiques,  et  la  molécule  d'acide 
acétique  qui  s'ajoute  constamment  au  sel  normal  Ca{C-H'0'-)-  n'est  pas  nécessaire- 
ment caractéristique  de  la  cristallisation  du  composé;  c'est  le  point  sur  lequel  j'insiste. 

»  La  lenteui'  de  l'attaque  de  la  chaux  par  l'acide  acétique  pur,  et  l'inaction  complÚte 
du  mĂȘme  acide  sur  le  marbre,  m'ont  conduit  Ă   Ă©tudier  la  solubilitĂ©  de  la  chaux  cris- 
tallisée, obtenue  au  tour  éleclrique,  dans  les  liquides  acétiques. 

»  Dans  l'acide  acétique  pur  eu  grand  excÚs,  la  chaux  cristalliséeperd  assez  rapide- 
ment sa  transparence;  elle  foisonne  sans  grand  Ă©chaulTement  au  point  d'occuper,  au 
bout  d'une  demi-heure,  5  à  6  fois  le  volume  initial  :  le  sel  formé  possÚde  la  constitu- 
tion ci-dessus  indiquée,  et  semble  se  transformer  en  cristaux  par  un  contact  de  plu- 
sieurs semaines  avec  un  excÚs  d'acide  acétique. 

»  L'anhydride  acétique  me  paraissait  devoir  léagir  sur  la  chaux  cristallisée  plus 
énergiquement  que  l'acide  acétique  crislallisable  a  cause  du  dégagement  de  chaleur 
considérable  qui  résulte  de  l'union  directe  des  deux  corps. 

»  L'expérience  prouve  au  contraire  qu'il  n'y  a  aucune  action  si  l'on  opÚre  dans  des 
tubes  bien  secs  et  scellĂ©s  Ă   la  lampe  pour  Ă©viter  l'humiditĂ©  atmosphĂ©rique.  MĂȘme 
à  la  température  de  iS^"  aprÚs  lo  minutes  d'ébullilion,  la  chaux  reste  transparente  et 
ne  varie  pas  de  poids.  Toutefois,  si  l'on  ajoute  de  l'acide  acétir(ue  au  mélange  de  chaux 
et  d'anhydride,  l'attaque  se  fait  à  froid  et  avec  l'allure  de  l'attaque  par  l'acide  acétique 
pur.  Cette  sorte  de  catalyse  tient  peut-ĂȘtre  Ă   ce  que  l'acide  acĂ©tique  se  renouvelle 
constamment  dans  cette  réaction 

CaO  +  C''H«0'  -H  2(G-H»0--)  --Ca(C'-IP0^)5+  C''H«OS  H^O, 

l'hydrate  C'H«0%  li^O  formant  aussitÎt  -iCnV-OK 

n  Ajoutons  que  la  chaux  de  marbre  obtenue  à  looo"  durcit  dans  l'anhydride  acé- 
tique par  suite  d'une  transformation  superficielle  en  acétate. 


SÉANCE   DU    l/|    DÉCEMBRE    igoS.  Io63 

»  Action  du  chlore.  —  iook  d'acide  acĂ©tique  dissolvent  6^  Ă   7s  d'acĂ©tate 
calcique  vers  100°  et  deux  fois  moins  vers  10°.  I.e  mĂȘme  poids  d'acide 
dissont  environ  lo^  d'acétate  magnésien  à  1  >".  Si  l'on  sature  de  chlore  sec 
j'inie  ou  l'autre  de  ces  solutions,  il  se  dé|)ose  des  corps  solides  qui  ont 
l'aspect  et  la  composition  des  acétates  mis  en  solution.  Il  semble  donc  que 
le  chlore  n'a  pas  réagi.  Cependant,  en  évaporant  dans  le  vide  une  solution 
magnésienne  saturée  de  chlore  depuis  2  jonrs,  j'ai  constaté  que  le  résidu 
solide  renfermait  du  chlore  précipitable  par  l'azotate  d'argent,  mais  dont 
la  proportion  ramenée  à  MgCl-  correspond  à  peine  à  2  pour  100  du  ma- 
gnésium initialement  dissous. 

»  Toutefois,  si  l'on  ajoute  i  à  2  pour  100  d'eau  aux  solutions  acétiques 
de  magnésium  ou  de  calcium,  saturées  de  chlore,  elles  prennent  la  teinte 
jaune  des  composés  oxygénés  du  chlore,  et  il  sort  de  la  solution  magné- 
sienne plus  concentrée,  des  mélanges  d'acétate  et  de  chlorure  de  magné- 
sium hydratés  en  proportions  variables.  Dans  certaines  expériences,  j'ai 
mĂȘme  isolĂ©  d'assez  gros  cristaux  dĂ©liquescents  de  chlorure  de  magnĂ©sium 
hexa-hydraté  MgCl-,6H^O.  L'eau  facilite  donc  l'action  du  chlore  sur  les 
dissolutions  acĂ©tiques  de  magnĂ©sium  ;  le  mĂȘlai  est  partiellement  transforme 
en  chlorure,  mais  dans  aucun  des  cas  prĂȘches  je  n'ai  ohlenii  d' acĂ©lochlorure. 
de  calcium  ou  de  magnésium.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  des  acides  bromosuccinique  et  hihromnsucci- 
nique  sur  les  bases  pyridiques  et  cjuinoléiques.  Note  de  M.  Louis  Dibreuii., 
présentée  par  M.  Haller. 

«  Dans  une  Communication  antérieure  {Comptes  rendus,  t.  XWII, 
p.  4i8),  M.  Simon  et  moi  avons  briÚvement  indiqué  la  formation  d'acide 
f'umarique  dans  l'action  de  la  pyridine  et  la  quinoléine  sur  l'acide  mono- 
bromosuccinique  en  solution  alcoolique.  J'ai  entrepris  de  préciser  l'étude 
de  cette  réaction  et  de  la  généraliser  dans  différentes  directions.  Ce  sont  les 
premiers  résultats  obtenus  qui  font  l'objet  de  la  présente  Communication  : 
ils  portent  sur  l'action  des  acides  bromosuccinique  et  bibromosuccinique  sur 
la  pyridine,  la  quinoléine  et  la  quinaldine  successivement  en  solution 
aqueuse  et  en  solution  alcoolique. 

»  Acide  hromosuccimque .  —  Cette  action  consiste  le  plus  souvent  dans 
l'enlÚvement  d'une  molécule  d'acide  bromhydrique  : 

COMl-CHBr-CH-  — COMl     -^    CO^  H  —  CH  =  CH  —  CO^H. 


loB'i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  En  solution  alcoolique  il  y  a  pour  les  trois  bases  étudiées  formation  du 
fumarate  correspondant  :  fumaratemonopyridique,  monoquinoléique,  diqui- 
naldique,  avec  un  rendement  quantitatif. 

»  Ces  sels, .en  cristaux  aciculaires  blancs,  fondeiil  respeclivemenl  à  iqS",  i53°etio4°. 
Leur  analyse  complÚte  a  été  efTeclnée,  et  l'on  a  isolé  leur  acide  qui  a  été  caractérisé 
comme  acide  fumarique  par  l'examen  de  ses  propriétés  et  l'analjse  de  son  sel  d'argent. 

»  Les  choses  ne  se  passent  plus  de  mĂȘme  en  liqueur  aqueuse.  Dans  ces 
conditions  la  pyridine  seule  se  comporte  comme  précédemment  et  donne 
le  mĂȘme  fumarate;  la  quinolĂ©ine  transforme  l'acide  brome  en  oxyacide  et 
l'on  obtient  le  malate  monoquinoléique  :  quant  à  la  quinaldine,  elle  se 
combine  simplement  Ă   l'acide  pour  donner  le  bromosuccinate  diqui- 
naldiqiie. 

»  Tous  ces  sels,  bien  cristallisés,  ont  été  analysés  coraplÚtemenl.  Le  malate  mono- 
quinoléique fond  à  i5i°  :  l'acide  malique  qu'on  en  extrait  est  inactif;  le  bromosucci- 
nate diquinaldique,  extrĂȘmement  soluble  dans  l'eau,  est  trĂšs  altĂ©ralde  :  par  simple 
dissolution  dans  l'alcool  chaud  il  est  transformé  en  un  mélange  de  fumarate  et  de  lirom- 
hydrale  de  quinaldine.  Il  fond  à  57°. 

»  Acide  bihromosuccinique .  —  H  y  a  Ă©galement  lieu  ici  de  distinguer 
suivant  la  nature  du  solvant  employé. 

»  En  solution  alcoolique,  l'acide  n'est  pas  altéré  :  on  recueille  les  bibro- 
mosuccinates  monopyridique,  diquinoléique  et  monoquinaldique  :  la  seule 
différence  porte  donc  sur  le  nombre  des  molécules  de  base  combinées  à 
l'acide,  et  ceci  est  indépendant  des  proportions  relatives  de  la  base  et  de 
l'acide.  L'on  a  toujours  obtenu  les  mĂȘmes  sels  en  faisant  varier  la  propor- 
tion de  base  de  1"°'  à  4ℱ°'  pour  i  d'acide. 

»  Tous  ces  sels  sont  bien  cristallisés  :  on  a  f.ill  leur  analyse  complÚte  et  isolé 
leur  acide  :  ils  fondent  respectivement,  le  sel  monopyridique  Ă   1.37",  le  sel  diquino- 
léique à  108"  et  le  mouDquinaldique  à  iSS". 

))  En  solution  aqueuse,  il  y  a,  au  contraire,  enlĂšvement  d'acide  bronihv- 
drique 

(I)  CO-H  -CHBi-  CHBr-CO'H^CO-H  -CBr=  CH  -  CO'H, 

(II)  COni  -  CBr     =-CH       -CO-H-^CO'H  -  C      =C     —CO-H. 

»  Dans  le  cas  de  la  pyridine  et  de  la  quinoléine,  les  2''  de  brome  sont 
ainsi  éliminés  :  il  y  a  création  d'une  liaison  acétylénique  (II),  et  l'on  peut 
isoler  les  acétylÚnes  dicarbonates,  monopyridique  et  monoquiiioléicpie.  En 
outre,  au  moins  dans  le  cas  de  la  pyridine,  on  peut  isoler  le  terme  inter- 
médiaire (I)  de  la  débroinuration,  le  bromolumarate  monopyridique. 


SÉANCE  DU  l/|  DÉCEMBRE  igoS.  loC) 

»  Ponr  la  quinaldine,  la  débromiiralion  est  incomplÚte  (  l)  et  l'on  n'a 
pu  obtenir  que  le  brnniomaléate  monoquinaklique  sans  constater  la  for- 
mation (l'acéLvIÚno  dicarbonate. 

»  L'acétylÚne  dicarbonate  nionopyiidiqiie  se  décompose  à  210",  ainsi  que  l'acétylÚne 
dicarbonate  monoquinoléique  :  le  bromofumarate  monopyridique  se  décompose  à  200° 
et  le  biomomaléale  monoquinaldique  fond  à  i3o".  Tous  ces  sels  cristallisent  bien  :  on 
les  a  analysés  complÚtement  et  l'on  a  extrait  lenrs  acides  qui  ont  été  caractérisés  par 
leurs  propriétés. 

M  En  résumé,  l'action  des  bases  pyridiques  et  quinoléiques  sur  les 
dérivés  bromes  de  l'acide  succinique  varie  avec  la  nature  de  la  base  et  celle 
du  solvant  :  elle  conduit,  suivant  le  cas,  aux  acides  malique,  fumariqne, 
bromofnmarique,  bromomaléique  et  acétylÚne  dicarbonique.    » 


CHIMIE    ORGANIQUE.    —    Sur  un  nouveau  phĂ©nol  triiodĂ©. 
Note  de  M.  P.  IßrexVasjs,  présentée  par  M.  A.  Haller. 

«  Dans  des  Communications  antérieures  ('),  j'ai  fait  connaßtre  les 
isomĂšres  diiodĂ©s  du  phĂ©nol  OH— CH'P  1.2.4,  1-2.6,  I.3.G,  1.3.;") 
et  1.3.4  ainsi  que  les  nitrobenzÚnes  et  les  anilines  iodés  qui  leur  ont 
donné  naissance.  Je  me  propose  de  décrire  ici  les  composés  iodés  que  j'ai 
obtenus  en  partant  de  VorlJionitraniline  diiodĂ©e  Azll"  —  (^"H^I- —  AzO^ 
1.4.6.2  par  la  série  des  réactions  suivantes  :  Le  sulfate  diazoïque  de  cette 
nitraniline  a  été  décomposé  avec  l'iodure  de  potassium  et  changé  en  \\\\ 
nilrobenzĂȘne  IriiodĂ©  kzO-  —  C^W-V  1.3.5.6.  Ce  dĂ©rivĂ©  nitrĂ©  adonnĂ©  par 
rĂ©duction  une  aniline  triiodĂȘe  AzH- —  CH'-P  i.  3.  5.6.  Cette  base  a  Ă©tĂ© 
diazotée  et  le  diazo  chauffé  en  présence  d'eau  m'a  fourni  le  phénol  iriiodÚ 
OH  —  C  H^  P  1.3.5. 6.  Je  vais  indiquer  les  conditions  dans  lesquelles  ces 
transformations  ont  été  effectuées  et  exposer  les  propriétés  de  ces  corps 
nouveaux. 

»  I.  iNiTROBENZÈNE  Tniiot)É,  AzO"  —  C' H"  I''  1 .  3 . 5 . 6.  —  l^our  diazoter  l'ortlioni- 
traniline  iodĂ©e  AzH- — C"  Il-I' —  Az(J'-  1.4.6.2,  on  dissout  3os  de  ce  composĂ©  dans 
lao"^""'  d'acide  sulfurique.  La  solution  est  versée,  peu  à  peu  et  en  agitant,  dans  J25''"'' 
d'eau  glacée;  le  sulfate  de  cette  base  se  précipite  ainsi  trÚs  divisé.  Au  mélange  refroidi 


(')   Comptes  rendus,   t.  CXXXII,  p.  83 1;  t.  CXXXIV,  p.  307;   t.  CXXXV,  p.  177; 
t.  GXXXVI,  p.  336  et  1077. 


Io66  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

et  mainlenu  vers  5°,  on  ajoute  en  continuant  à  agiter  une  solution  de  55,7.5  de  iiilrite 
de  soude  dans  5o""°  d'eau,  puis  on  laisse  la  température  remonter  vers  i.>. 

»  Pour  obtenir  le  nilrobenzÚne  triiodé,  on  verse  goutte  à  goutte  dans  la  solution  de 
ce  diazo  une  dissolution  concentrée  de  i3s  d'iodure  de  potassium  ;  de  l'azote  se  dégage 
et  un  précipité  coloré  se  sépare.  On  achÚve  la  réaction  en  cliaud'ant  peu  à  peu  la  li- 
queur vers  60°;  aprÚs  refroidissement  et  dilution,  on  purifie  le  précipité  total  obtenu 
par  dissolution  dans  l'alcool  bouillant.  La  solution  maintenue  Ă   l'Ă©bullition  4  heures 
avec  du  noir  animal,  puis  liltrée,  laisse  déposer  à  froid  un  corps  formé  de  prismes 
dont  la  formule  de  composition  est  AzO'-— C^H'-P;  c"est  l'isomùre  1.3.5.6. 

»  Il  cristallise  en  gros  prismes  jaunes  fusibles  à  la.'i".  Soluble  à  chaud  dans  l'alcool 
méthylique,  l'alcool,  il  est  plus  soluble  dans  les  autres  solvants  usuels. 

»  II.  Aniline  triiudĂ©e,  AzH-—  CH-I'  1.3.5.6  —  Le  corps  prĂ©cĂ©dent  est  rĂ©duit  et 
changé  en  aiiitinc  iriiodée  i  .3.5.6  au  moyen  du  prolochlorure  d'élain.  A  cet  eflet,  on 
verse  une  dissolution  alcoolique  saturée  chaude  de  20s  de  dérivé  nitré  dans  une  solu- 
tion cidorhydrique  de  28s  du  seld'Ă©tain,  et  l'on  maintient  quelques  minutes  la  liqueur 
à  rébullition.  On  distille  une  partie  de  l'alcool  et  l'on  entraßne  le  reste  avec  la  vapeur 
d'eau.  On  additionne  le  produit  de  la  réaction  d'un  excÚs  de  lessive  alcaline  étendue  et 
refroidie;  on  recueille  la  base  ainsi  séparée,  on  la  lave  et  on  la  dissout  dans  l'alcool 
chaud.  La  solution  iiltrée  laisse  cristalliser  à  froid  l'ainine  en  aiguilles  colorées.  On 
l'obtient  à  l'étal  de  pureté  en  faisant  bouillir  quelques  heures  sa  solution  alcoolique 
avec  du  noir  animal. 

»  Cette  aniline  triiodie  est  en  aiguilles  incolores,  soyeuses,  fusibles  à  1  16".  Peu 
soluble  dans  l'Ă©ther,  la  ligroĂŻne,  elle  est  plus  soluble  dans  le  benzĂšne,  l'alcool  et  l'acide 
acétique. 

»  L'amide  ACÉTiQiE  Correspondant  AzH  —  GO  —  CIP— C'Il'-P  cristallise  en  fines 
aiguilles,  soyeuses,  volatilisables  à  partir  de  200°  et  fondant  à  227°.  Ce  corps  est  peu 
soluble  dans  les  solvants  organiques. 

»  III.  PhĂ©nol  triiodĂ©  OH  —  C^  IPH  i  .3.5.6. —  Pour  diazoter  Vnniline  IriiodĂ©e 
et  la  transformer  en  triiodophénol,  on  opÚre  ainsi  :  dans  lO'""'  d'acide  sulfurique 
refroidi  vers  0°,  on  introduit  par  petites  portions,  et  en  agitant,  05,-5  de  nitrile  de 
soude,  puis  4°7'  "ie  la  Irilodaniline.  Le  mélange,  agité  encore  3  heures  sans  refroidir, 
est  versé  avec  précaution  dans  120S  de  glace  pilée  contenue  dans  un  ballon.  On  porte 
peu  à  peu  la  liqueur  vers  60°,  puis  à  l'ébullition  à  l'aide  de  vapeur  d'eau  qu'on  fait 
arriver  dans  le  vase  relié  avec  un  réfrigérant  à  reflux.  Au  bout  de  3o  minutes,  on 
abandonne  le  tout  au  refroidissement.  Pour  purifier  le  produit  de  la  réaction,  formé 
d'une  masse  pĂąteuse,  on  le  triture  dans  un  mortier  avec  une  solution  alcaline  Ă©tendue  ; 
une  partie  entre  en  dissolution.  La  solution  filtrée  et  additionnée  d'acide  chlorhy- 
drique  donne  un  précipité  coloré  qu'on  traite  par  l'acide  acétique  étendu  bouillant. 
Une  partie  du  phénol  se  dissout  et  cristallise  à  froid  en  aiguilles  incolores,  liln  renou- 
velant plusieurs  fois  ce  traitement,  on  obtient  is,5o  de  phénol  triiodé. 

»  Par  évaporation  de  sa  solution  dans  un  mélange  de  benzÚne  et  de  ligroïne,  ce 
corps  se  sépare  en  aiguilles  prismatiques,  fusibles  à  114°,  trÚs  solubles  dans  les  sol- 
vants organiques. 

»  Son  ÉTHER  ÉTHYLIQUE  C'IP — O  —  CMPF  t .  3 . 5 . 6  cristallise  en  fines  aiguilles 
incolores,  soyeuses,  fusibles  Ă   120". 


SÉANCE  DU  l4  DÉCEMBRE  igoS.  I067 

»  L'Ă©tiier  acĂ©tique  C^H'O^  — C«Hn'i.3..J.6  est  en  fines  aiguilles  incolores, 
fusibles  à  laS",  solubles  surtout  à  chaud  dans  l'alcool  et  l'acide  acétique.   » 

CHIMIE  ORGANiQii: .  —  StĂ©rĂ©oisomĂšrie  dans  les  Ăšlhers  camphorarboniqncs  sub- 
stilués  el  l'acide  mÚlhylhomocamphorique .  Acide  élhylcamphocarbonique . 
Note  de  J.  Minguix,  présentée  par  M.  Haller. 

»  MĂ©thylcamphocarhonales  de  inĂ©lhyle  stĂ©rĂ©oisomĂšres.  —  Quand  on  mĂ©thyle  le 

.  c  /^"' 

camphocarbonate  de  méthvle,  on  obtient  le  composé  (a)  C^H'Y     I    \CO^CH%  fon- 

dant  Ă   85"  et  de  pouvoir  rotaloire  dans  l'alcool  :  ï„=i  +  17°25'  (').Ce  mĂ©thylcampho- 
carbonate  de  métliyle  est  accompagné  d'un  liquide  qui,  lavé  à  la  potasse  étendue  pour 
le  débarrasser  du  camphocarbonate  de  méthyle,  ne  donne  plus  de  réaction  colorimé- 
Irique  avec  le  perchlorure  de  fer  et  qui,  distillé,  puis  abandonné  à  une  basse  tempéra- 
ture, fournit  Ă   la  longue  des  cristaux,  ayant  des  points  de  fusion  trĂšs  variables. 

»  Cette  masse  cristalline,  essorée,  donne  finalement  un  liquide  passant  entre 
i35°-i4o°  sous  une  pression  de  i3ℱ".  Son  pouvoir  rotatoire  dans  l'alcool  est  20  =  +  75°. 
Soumis  à  l'analyse,  il  répond  à  la  composition  du  méthykamphocarbonate  de  méthyle. 

«  Saponifié  en  tubes  scellés  à  180°  par  de  la  potasse  alcoolique,  il  donne  du  camphre 
mĂ©lhylĂ©  identique  Ă   celui  que  fournit  dans  les  mĂȘmes  conditions  le  mĂ©thylcamphocar- 
bonate  de  méthyle  (a)  (2).  Il  résiste  à  l'action  de  l'acide  chlorhydri([ue,  ce  qui  montre 
que  nous  n'avons  pas  affaire  à  la  forme  énolique.  Xous  sommes  donc  autorisés  à  consi- 
dérer ce  liquide  comme  le  stéréoisomÚre  du  dérivé  a  et  nous  l'appellerons /?ße7/ß//crt/"- 
phocarbonatc  de  méthyle  p.  Ouant  à  la  masse  cristalline,  que  nous  avons  séparée  de 
ce  liquide,  c'est  un  mélange  isomorphe  des  isomÚres  a  el  p.  Eu  elTet,  par  des  fusions 
liaclionnées,  suivies  d'essorage,  on  obtient  du  composé  a  fondant  à  85°.  Les  dilTérentes 
fractions  ont  des  pouvoirs  rotatoires  variables  et  compris  entre  +17"  et  -(-^5°.  Leur 
saponification  donne  toujours  du  camphre  méthyle  et  leur  analyse  fournit  des  nombres 
correspondant  au  méthylcamphocarbonate  de  méthyle. 

»  Éthylcamphocarbonates  de  mĂ©thyle  stĂ©rĂ©oisomĂšres.  —  Quand  on  fait  rĂ©agir 
l'iodure  d'élhyle  sur  le  camphocarbonate  de  méthyle  en  présence  de  méthylate  de 
sodium,  on  obtient  un  liquide  qu'on  débarrasse  de  l'élher  camphocarbonique  par  un 
lavage  Ă   la  potasse,  et  qui,  soumis  Ă   la  distillation,  passe  Ă   iGaosous  une  pression  de  i"". 
Cette  substitution  du  radical  Ă©thyle  est  trĂšs  lente,  comme  l'a  fait  observer  M.Bruhl(2) 
à  propos  de  la  préparation  de  l'éthylcamphocarbonate  d'éthyle. 

»  AbandonnĂ©  Ă   lui-mĂȘme,  ce  liquide  laisse  dĂ©poser  des  cristaux  solubles  dans  les 


(')  MiNGUiN,  Comptes  rendus,  t.  CXII,  p.  iSGç). 
(-)  Minguix^  Comptes  rendus,  t.  CXV,  p.  120. 
(')B  RUHL,  Bericlite.  3=  série,  t.  XXXV,  p.  8619. 


Io68  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

dissolvants  ordinaires,  fondant  Ă   60",  et  de  pouvoir  rotatoire  dans  l'alcool  au  = -H  58". 

»  Saponifié  par  de  la  potasse  alcoolique  à  la  température  de  220°,  il  fournit  du 
camphre  étliylé  et  |de  petites  quantités  d'acide  éthylcannphocarbonique.  Le  liquide 
restant,  soumis  de  nouveau  Ă   la  distillation,  passe  Ă   peu  prĂšs  Ă   la  mĂȘme  tempĂ©rature 
que  le  produit  primitif.  Son  pouvoir  rotatoire  dans  l'alcool  est  a„:^-H87",8.  La  po- 
tasse alcoolique  à  220°  réagit  aussi  sur  ce  composé  en  donnant  de  l'éthylcamphre  et 
de  l'acide  Ă©tiiylcamphocarbonique. 

»  L'analvse  du  produit  solide  et  du  liquide  montre  qu'on  a  aflaire  dans  chaque  cas 

à  de  réthvlcamphocarbonate  de  niélhyle  C'H'*/   r\C02CH'.  Nous  avons  donc  deux 

\co 

éthylcamphocarbonates  de  métliylo,  comme  nous  avons  deux  méthylcamphocarbonates 
de  méthyle.  Cette  sléréoisomérie  entrevue  par  M.  Briihl  (')  a  été  mise  en  évidence 
récemment  par  M.  llaller  dans  le  dérivé  propylé  de  l'élher  camphocarbonique  (-). 

»  Acides  mĂ©lhylhomocamphoriques  stĂ©rĂ©oisomĂšres.  —  L'on  soumet  le  camphre 
cyanométhvlé  à  l'action  de  la  potasse  alcoolique  ('),  on  obtient  un  acide  méthylhomo- 

/CH;'^"' 
camphoriqne  («)  G8H''<^  \GOOH_  p^^j^j  jg  {y^^^c^  i78°-i8o°.  Pouvoir  rotatoire 

\cooii 

dans  l'alcool  «1,:^+  26<'3i.  Quand  on  saponifie  le  méthylcamphocarbonate  de  méthyle 
en  tubes  scellĂ©s  vers  200°,  il  se  forme,  en  mĂȘme  temps  que  du  mĂ©thylcamphre,  le  sel 
de  sodium  d'un  acide  ayant  pour  point  de  fusion  i43°et  pour  pouvoir  rotatoire  dans 
l'alcool  ai,  =:+  38°i2.  Il  se  dépose  sous  forme  de  houppes  cristallines  d'un  mélange 
d'alcool  et  d'eau.  Son  sel  de  calcium  est  nettement  cristallisé  en  fines  aiguilles  et  donne 
par  calcination  du  méthylcamphre. 

»  Malgré  une  petite  différence  dans  le  point  de  fusion,  nous  considérons  cet  acide 
comme  l'acide  P-méthylhomocamphorique  de  Rochussen  (*)  obtenu  en  hydratant 
l'anhydride  de  l'acide  a-méthylhomocamphorique.  Nous  devons  dire  que  M.  Bruhl, 
par  une  saponification  à  une  température  beaucoup  plus  basse,  a  obtenu  de  l'acide 
méthylcamphocarbonique  et  un  produit  visqueux  qu'il  considÚre  comme  le  sléréoiso- 
mĂšre  de  ce  dernier  (*). 

»  Acide  Ă©thylcainphocarbonifjue.  —  Dans  le  mĂȘme  ordre  d'idĂ©es,  nous  avons  voulu 
préparer  l'acide  éthylhomocamphorique-p,  en  saponifiant  à  220°réther  éthylcampho- 
carbonate  de  méthyle.  Nous  sommes  tombés  cette  fois  sur  de  l'acide  éthylcampho- 

carbonique  G* H'' :^    |\COOH,  (|ui   se   présente  d'abord    sous  forme    d'une    masse 


{')  Bruhl,  Bericktc,  3=  série,  t.  XXXV,  p.  3625, 

(-)  S..  Haller,  Comptes  rendus,  t.  CXXXVI,  p.  790. 

(')  Haller  et  Mingiun,  Comptes  rendus,  t.  GXVIII,  p.  690. 

(')  Inaugural  dissertation,  1897,  Bonn. 

(°)  Bruhl,  Bericlite,  3'  série,  t.  XXX\ ,  p.  3625. 


SÉANCE    DU    l/i    DÉCEMBRE    IQo'i.  ioi\c) 

visqueuse,  crislallisant  Ă   la  longue  en  fines  aiguilles.  Il  est  trĂšs  probable  que  dans  des 
conditions  con\enables  on  pourrait,  comme  dans  le  cas  du  déiivé  méthylé  et  allylé  ('); 
proxoquer  la  rupture  du  novau.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  lodures  de  mercarammonium  des  aminĂ©s  primaires 
et  des  aminés  tertiaires.  Note  de  M.  Maurice  François. 

»  Les  iodtires  de  mercurammoniuai  dérivés  des  aminés  sont  jusqu'ici 
peu  connus.  AprÚs  les  dérivés  de  l'ammoniaque,  j'ai  étudié  ceux  de  l'ani- 
line (-)  et,  depuis,  ceux  d'autres  aminés  primaires.  Ces  recherches  montrent 
que  les  iodures  de  mercurammonium  dérivés  des  aminés  primaires  forment 
une  série  parallÚle  de  celle  des  dérivés  de  l'ammoniaque,  dans  laquelle, 
toutefois,  rhvdrogÚne  de  l'ammonium  est  remplacé  tant  par  des  radicaux 
organiques  que  par  du  jnerctu'e. 

1)  Par  la  réaction  de  l'iodure  mercurique  sur  les  aminés  primaires  ou  leurs 
sels,  ou  peut  obtenir  : 

»  1°  Des  iodomercurates  de  formule  générale  (1-lAzH-.  HIj"  (Hgl- )";  tel  est  l'iodo- 
niercurate  d'aniline  CH' AzH'^  HI.Hgl-. 

))  1°  Des  chloroiodomercurates  de  formule  (KA/.H-.  H1)"(R  AzII-.  HCIj"  (^HgP)"; 
tel  est  le  chloroiodomercurate  d'aniline  (G°H»AzH2.Hl)=(C''H^ AzH^HCI)  (HgP). 
Ces  composés  ne  sont  pas  des  dérivés  ammoniés  proprement  dits. 

»  3°  Des  composés  de  formule  (R  AzH-)"  (Hgl- 1",  cristallisés,  solubles  dans  l'al- 
cool, l'Ă©liier  et  dans  un  excĂšs  de  base,  dissociables. 

»  4°  Parmi  ces  composés,  ceux  de  formule  (RAzH-)-HgP  se  produisent  facilement 
comme  l'iodure  de  diphénylmercurodianimoniura  ( CH^ AzIl-j-HgP.  Par  la  soude 
causti(|ue,  ils  se  transforment  en  un  nouveau  coiuposé,  amorphe,  insoluble,  résullaiil 
de  la  substitution  du  mercure  à  l'iudrogéne  dans  le  groupe  AzH-;  tel  est  l'iodure  de 
trimercurodipliényldiaramonium  cristallisé  (Cil'*  AzHg)^HgP  ou  Hg^  (  G°II°)'- Az'-l-, 

»  5°  Les  autres  composés  de  formule  (RAzH^)"(HgI^)"  donnent  également  par 
l'action  de  la  soude  caustique  des  dérivés  dans  lesquels  l'hydrogÚne  est  remplacé  par 
du  mercure.  Ainsi,  pour  l'ammoniaque,  en  partant  de  (AzH')''(HgI-)'  ou  Hg^  IP-Az'*!'', 
on  avait  obtenu  Hg'Az*!"^;  on  a  obtenu  à  l'état  cristallisé  le  composé  correspondant 
d'aniline  Hg''(C»H=)' Az'P. 

))  Par  leurs  propriétés,  les  composés  de  ces  deux  derniÚres  séries  se  rapprochent  de 
l'iodure  de  dimercurammonium  Hg-AzI. 


(')  Haller,   Comptes  rendus,    t.  CXXXVI,  p.  788.  —   Biu;hl,   BericlUe,   3=  sĂ©rie, 
t.  XXXVI,  p.  363 1. 

{-)  François,  ThÚse  de  la  Facalté  des  Scienees  de  Paris.  1901,  n"  1033. 

C.  R.,  190.Î,   ‱‱  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  24.)  '^O 


1070  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Ainsi  les  composés  des  aminés  primaires  de  la  forme  (RAzH-)"(Hgl-)" 
traités  par  une  solution  de  soude  caustique  se  transforment  en  nouveaux 
composés  azotés  insolubles  plus  riches  en  mercure.  Les  bases  tertiaires  ou 
fonctionnant  comme  telles  donnent  facilement  comme  les  primaires  des 
composés  de  la  forme  (R^Az)"(Hgl-)",  mais  la  maniÚre  dont  se  com- 
portent ces  composés  vis-à-vis  de  la  soude  est  toute  différente. 

»  Soil  l'iodiire  de  mercuropyiid^ldiaminoniuni  (C^IP Az)-ilgl-  déjà  connu.  Je  l'ai 
préparé  trÚs  pur  en  grands  cristaux  incolores,  en  cliauflanL  au  baiu-inarie  dans  une  fiole 
108  d'iodure  mercurique  avec  loo"^"''  d'alcool  à  90°  el  ajoulanl  peu  à  peu  de  la  pjri- 
dine  jusqu'Ă   ce  que  tout  l'iodure  mercurique  soil  dissous.  Par  refroidissement,  le 
composé  cristallise.  On  jette  les  cristaux  sur  un  filtre;  on  les  essore  rapidement  au 
papier  et  on  les  enferme  aussitĂŽt. 

M  Ces  cristaux  ne  sont  pas  altérés  par  un  contact  prolongé  avec  la  soude  caustique 
Ă   25  pour  100.  11  y  a  plus,  ces  cristaux  peuvent  prendre  naissance  dans  une  liqueur 
trÚs  alcaline,  par  exemple  lorsqu'on  précipite  par  la  pyiidine  un  mélange  à  parties 
égales  de  réactif  de  Nessler  et  de  soude  caustique  à  20  pour  100.  La  soude  caustique 
est  donc  sur  eux  sans  action  Ă   froid,  ce  qui  pouvait  ĂȘtre  prĂ©vu,  puisque  les  composĂ©s 
de  formule  (R'Az)"  (HgP)"  ne  contiennent  pas  d'hj-drogÚne  reraplaçable  par  du 
mercure. 

»  Si  Ion  pousse  plus  loin  l'action  de  la  soude  en  rliaufi'anl  les  cristaux  pulvérisés 
avec  de  la  soude  à  2.5  pour  100  en  présence  d'un  courant  de  vapeur  d'eau,  le  composé 
incolore  se  transforme  peu  à  |)eu  en  une  substance  brune  pulvérulente.  On  constate  à 
l'analyse  que  celte  substance  brune  ne  contient  pas  d'azote  el  qu'elle  est  consliluée  par 
del'oxyiodure  de  mercure.  Cette  réaction  est  facile  à  expliquer;  le  corps  (G^H' Az)-Ilg^- 
se  dissocie  en  iodure  mercurique  et  en  pyridine  qui  est  entraßnée  par  la  vapeur  d'eau  ; 
la  soude  agit  alors  à  la  maniÚre  ordinaire  sur  l'iodure  mercurique  formé  en  le  trans- 
formant en  oxyiodure.  Dans  les  mĂȘmes  conditions,  les  composĂ©s  des  aminĂ©s  primaires 
donnent  un  nouveau  composé  aramonié  insoluble  el  c'est  ainsi  qu'a  été  obtenu  le 
composé  d'aniline  Ilg' (C'H')- Az-P  cité  plus  haut.  » 


CHIMIE   ORGANIQUE.    —   Sur  l' Ă©lltĂ©rificulion.  de  l'acide  pliosphoriqiie  par  la 
glycérine.  Note  de  M.  P.  Carré,  présentée  par  M.  H.  iMoissan. 

«  En  raison  de  l'importance  commerciale  des  glycérophosphates, 
l'éthérification  de  l'acide  phosphorique  par  la  glycérine  a  déjà  fait  l'objet 
d'un  assez  grand  nombre  de  travaux.  Nous  retiendrons  ceux  de  M;\I.  Adrian 
et  Trillat  (')  qui.  en  dehors  de  l'acide  glycérophosphorique,  ont  isolé  un 

(')  Journal  de  Pli.  el  C/u'ni.,  6'  fasc,  p.  22(1. 


SÉANCE    DU    1 'i    DÉCEMBRE    igoS.  lOyl 

(liéther  sur  lequel  je  reviendrai  dans  une  prochaine  Note  ;  et  les  expé- 
riences de  MM.  Imbert  et  Belugou  ('  )  qui  ont  étudié  la  vitesse  et  la  limite 
d'éthérification  de  proportions  équimoléculaires  d'acide  phosphorique  et 
de  glycérine  à  diverses  températures  et  à  divers  états  d'hydratation,  sans 
mentionner  la  formation  d'un  diéther. 

M  L'Ă©tude  des  Ă©lhers  phosphoriques  du  mannide  et  de  l'Ă©rhytran  (-) 
m'ayant  montré  que  la  limite  d'éthérification  est  plus  reculée  dans  le  vide 
qu'à  l'air  libre,  j'ai  pensé  que  l'emploi  du  vide  permettrait  également 
d'augmenter  le  rendement  de  l'acide  glycérophosphorique  ;  les  résultats 
m'ont  amené  à  revoir  aussi  quelques  éthérifications  à  l'air  libre. 

))  J'ai  constaté  que  l'acide  phosphorique  peut  former  avec  la  glycérine 
trois  Ă©thers  Ă   l'air  libre  et  dans  le  vide  : 

»  1°  Un  monoéther,  l'acide  glycérophosphorique  ordinaire,  mono-acide 
à  l'hélianthine  et  diacide  à  la  phtaléine  ;  2"  un  diéther  monoacide  à  l'hé- 
lianthine et  à  la  phtaléine  ;  3"  un  triéther  neutre  aux  indicateurs  colorés. 

»  Les  quantités  relatives  de  ces  éthers  ont  été  déterminées  en  se  basant 
sur  la  façon  dont  ils  se  comportent  aux  indicateurs  colorés,  eux  et  l'acide 
phosphorique  ;  la  proportion  de  triélher  était  fournie  par  la  quantité  d'acide 
ne  se  manifestant  plus  aux  indicateurs  colorés,  aprÚs  avoir  vérifié  toute- 
fois que  cet  acide  se  retrouvait  par  un  dosage  au  pyrophosphate  de 
magnésium,  aprÚs  destruction  de  la  matiÚre  organique. 

»  La  limite  d'éthérification  est  d'autant  plus  reculée  que  la  température 
est  plus  élevée  et  surtout  que  la  pression  est  plus  basse  ;  cette  limite  peut 
devenir  trĂšs  voisine  de  100  pour  100  sous  la  pression  trĂšs  faible  obtenue 
avec  la  trompe  Ă   mercure. 

»  Le  Tableau  suivant  (^)  résume  les  diverses  expériences  faites  à  ce  sujet  sui- 
des proportions  équimoléculaires  d'acide  PO'' H'  et  de  glycérine  anhydre: 


(')  JJu/lelin  Soc.  cliiin.,  t.  XXI,  p.  gSo. 

(')  P.  Carré,  Comptes  rendus,  igoS,  p.  3o6  et  456. 

(^)  Il  n'est  pas  négligeable  de  remarquer  que  les  résultats  obtenus  ne  sont  compa- 
rables que  si  l'on  opÚre  dans  des  conditions  identiques  de  température  et  de  pression, 
et  aussi  de  masse;  en  effet,  des  expériences  faites  sur  des  quantités  de  produits 
variant  du  simple  au  triple  ne  m'ont  pas  absolument  fourni  la  mĂȘme  vitesse  ni  la  mĂȘme 
limite  d'étliérification  :  et  cette  différence  e>l  d'autant  plus  sensible  f(ue  la  pression  est 
plus  Ă©levĂ©e.  Dans  le  vide  de  la  trompe  Ă   mercure,  les  limites  sont  les  mĂȘmes  avec  as 
et  avec  jo^  de  produits,  la  vitesse  est  seulement  un  peu  plus  faible. 


1072  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Ouanlitc  pour  lon  de  : 

Temps  PO'II    loUil 

lie  entré  en 

chauffage.                                           TriéOicr.  Dit'llier.  IMonnétlicr.     eombinaison. 
lieures 

ci           ,                 O o  O  21,8  M  ,H 

■|a     l                2 »  »  /|,.Ăź  4,5 

■i  "  I         5 ,)  »  10,7  10,7 

1^/         10 »  1,2  ia,6  16.8 

^  I    j         3o „  3,8  27,3  3i.i 

g  "I  I        45 ..  5,6  35,6  4i,2 

ll\        60 .,  6,7  35,4  43,  ‱ 

(2       '         80 ...        ,.  6,6  35  4i,6 

3 o  o  5,3  5,3 

8 »  1,1  1 3 , 2  1 4 . 3 

^  . .    .         12 »  3,7  16,5  20 , 2 

I  I    j         i5 >,  5,5  22,4  27,9 


c. 


25 1)  10,3  3i  .5  42 

1  I  /        35 0,4  j5,i  48,5  64 

5o 0,8  19,3  45,3  65,4 

65 1,3  19,2  42,8  63,3 

.Al'          3 »  4  >  2  1 4  - 1  18,3 

Ij"!          8 »  12  21,2  33,2 

^g)        12 0,8  16,3  43,4  60,5 

1.1            '5 ,,7  22,.  48  7'>8 

2  2-1         i8Apparit'""ilel;i  mousse.  2,6  23  49)  ‱  74,7 
H    l         25 3,1  22,5  47  72,6 

=    .  S  .    c    1           3 ‱. »  3o,2  26,1  57,1 

SĂą^Ă«='1          <^ '^'5  47,6  25,7  76,8 

ÂŁ  "h  ~^r   (           8 4,3  46,7  23,2  74,2 

■■  %  A    ‱    ,■    I         75  Masse  se  boiirsoude  .  .  i3,i  38,8  47,6  99,5 

‱il  il'-)       '^5 "'^'^  24  21,5  99,3 

t^'l.lt\       200 91,4  7,6               »  99 

>=- -|Î  s  H  5    f       25o 98,8               »                  »  98,8 

12 8,1  47,6  27,4  83,1 

36    Masse    commence    Ă  

5  5  ÂŁ    ]                     mousser 11, 4  59,6  23,8  94,8 

" -Ăź^  5    '        00 i4,i  63,4  i3,6'  91,1 


C;    T3     co 


Les  résultats  étant  moins  bons  qu'à  la  température  de  115°,  cette 
H    I  expérience  n'a  pas  été  continuée. 

»  11  nous  montre  que,  à   la   température  de  loù"  et  à  l'air  libre,  conditions  dans 
lcs(|uclles  se  ^ont  placés  MlM.  Imbert  et  Belugou,  il  se  forme  déjà  une  petite  quantité 


SÉANCE  DU  I-'j  DÉCEMBRE  igoS.  1078 

de  diélher.  Le  tiiétlier  se  forme  déjà  à  l'air  libre,  mais  toujours  en  trÚs  faible  propor- 
tion; l'emploi  de  la  trompe  Ă   eau  ne  permet  pas  d'Ă©lever  au-dessus  de  4  Ă   5  pour  100 
la  proportion' de  ce  triétlicr;  mais  dans  le  vide  de  la  trompe  à  mercure  on  parvient 
à  transformer  la  presque  totalité  de  l'acide  phosphorique  en  triéther.  Lorsqu'on  opÚre 
dans  le  vide  le  maximum  de  la  quantité  totale  d'acide  phosphorique  entré  en  combi- 
naison est  indiqué  par  l'apparition  de  mousse  (')  qui  bien  souvent  ne  permet  pas  de 
prolonger  le  chauffage;  excepté  sous  la  pression  trÚs  faible  donnée  par  la  trompe 
à  mercure  (la  mousse  se  borne  à  décupler  le  volume  primitif). 

»  Jusqu'ici  on  ne  paraĂźt  pas  s'ĂȘtre  prĂ©occupĂ©  de  savoir  ce  que  devenait 
le  diĂ©ther,  qui  se  forme  dans  les  conditions  oĂč  se  fait  l'clhĂ©riiĂźcation 
industrielle,  lors  de  la  transformation  du  mélange  éthérifié  en  glycérophos- 
phates,  ce  qui  explique  les  résultats  assez  divergents  trouvés  par  différents 
auteurs  en  analysant  des  glycérophosphates  de  diverses  provenances. 

»  Dans  une  prochaine  Note  je  compte  revenir  sur  l'étude  de  ces  trois 
éthers,  et  sur  les  conditions  de  transformation  du  di  et  du  triéther  en  acide 
glycérophosphorique  ordinaire.  » 


ZOOLOGIE.  —  L'origine  rĂ©elle  des  perles  fines.  Note  de  M.  L<»uis  Boutas, 
présentée  par  M.  Yves  Delage. 

«  J'intitule  cette  Note  «  l'Origine  réelle  des  perles  fines  »,  parce  qu'il 
existe,  pour  ces  productions,  une  origine  apparente  qui  a  mis  en  défaut  la 
perspicacité  des  naturalistes  qui  se  sont  occupés  récemment  de  la  question. 

»  Dans  les  Mémoires  parus  durant  ces  derniÚres  années,  les  auteurs 
semblent  d'accord,  en  effel,  pour  distinguer  deux  sortes  de  perles  : 

»  1°  Les  perles  de  nacre  qui  se  forment,  comme  la  coquille,  aux  dépens 
de  la  sécrétion  de  l'épithélium  externe  du  manteau  de  certains  mollusques. 

»  2°  Les  perles  fines,  proprement  dites,  qui  naßtraient  (selon  l'opinion 
classique)  dans  l'Ă©paisseur  mĂȘme  du  manteau,  indĂ©pendamment  du  revĂȘ- 
lement externe  de  la  paroi  du  corps. 

»  Je  me  propose  de  démontrer  que,  contrairement  à  cette  opinion,  la 
perle  fine,  bien  qu'elle  semble  naßtre  dans  l'intérieur  des  tissus  de  l'Ace- 
phale,  est  cependant  une  production  de  l'épithélium  externe  du  manteau, 
au  mĂȘme  litre  que  la  coquille  et  les  perles  dites  de  nacre. 


(')  A  moins  que  l'on  opĂšre  au-dessous  de  100". 


1074  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

»  Jiivais  dt>j;i  in(li(|ué  (')  i|ue,  si  l'on  iiilrodiiil  diiiis  le  manteau  d'une  Halinlis  (sans 
lĂ©ser  rĂ©pilliĂ©lium  (|iii  revĂȘl  sa  face  externe)  des  aiguilles  de  nacre,  ces  corps  Ă©trangei's 
restent  dans  les  tissus  sans  pro\oquer  aucune  sécréliou,  tandis  que,  au  contraire,  si 
Fou  iiitiiiduil  ces  aiiçuilles  de  nacre  entre  le  manteau  et  la  C0(|uilie  (au-dessus  de  l'épi- 
thélium  externe),  ces  aiguilles  sont  prouiptement  recouvertes  par  la  sécrétion  nacrée. 

»  Le  résultat  négatif  de  la  premiÚre  partie  de  cette  expérience  n'avait  pas  paru 
suffisamment  concluant  au  point  de  vue  de  la  lormation  des  perles  fines.  Il  est  nette- 
ment établi  maintenant  c[ue  le  noyau  de  la  ])liipart  des  perles  est  constitué  par  un 
disliime.  L'action  du  parasite  sur  les  tissus  pouvait  ĂȘtre  dilfĂ©rente  de  celle  exercĂ©e  par 
une  aiguille  de  nacre. 

»  L'étude  d'un  stade  caractéristique  de  l'évolution  du  distonie  parasite  vient  heu- 
reusement compléter  les  résultats  de  ma  premiÚre  expérience. 

»  J'ai  utilisé  pour  ce  travail  les  moules  perliÚres  de  Billiers  qui  avaient 
également  servi  aux  recherches  effectuées  en  1902  par  Lyster  Jameson  C') 
et  l'avaient  conduit  à  des  conclusions  tout  à  fait  différentes  des  miennes. 

»  Les  distomes  parasites  qui  infestent  le  corps  de  ces  mollusques  cheminent  à  travers 
les  tissus  pour  gagner  l'extérieur.  Quelques-uns  s'égarent  dans  la  cavité  située  entre  le 
manteau  et  la  coquille  et  se  trouvent  emprisonnés  dans  cette  chambre  hermétiquement 
close.  Ce  sont  ces  égarés  qui  vont  servir  de  noyaux  aux  perles  fines. 

»  Ne  pouvant  quitter  leur  prison,  ils  se  logent  dans  un  repli  de  l'épithélium  externe 
du  manteau,  qu'ils  dépriment  pour  former  une  petite  logelte. 

»  On  aperçoit  alors  l'animal  entouré  par  l'épithélium  épaissi,  sous  la  forme  d'une 
petite  masse  sphérique,  au  milieu  de  laquelle  on  distingue  ses  principaux  organes. 

»  Ce  stade,  qui  avait  échappé  aux  observateurs,  est  trÚs  important,  car  il  donne 
la  clef  du  mode  de  formation  des  perles  fines.  Je  l'appellerai  le  stade  de  Yencapu- 
clionnement.  J'ai  cru  uécessaire  de  le  fixer  nettement  à  l'aide  d'une  série  de  clichés 
photographiques. 

»  En  l'étudiant  sur  des  séries  de  coupes,  on  constate  que  l'organisme  du  mollusque 
réagit  contre  l'envahissement  du  parasite,  et  que  la  sécrétion  de  l'épithélium  qui 
tapisse  la  logetle  donne  naissance  aux  premiĂšres  couches  de  la  perle. 

»   Plusieurs  cas  peuvent  se  présenter  : 

»  1°  La  dĂ©pression  de  l'Ă©pithĂ©lium  peut  ĂȘlre  peu  profonde  et  rester 
largement  béante.  Tl  se  forme  alors  une  demi-perle,  qui  se  soude 
promptement  avec  la  coquille  ; 

M    2*^  Le  capuchon  Ă©pithĂ©lial  peut  ĂȘtre  plus  protond,  tout  en  conservant 


(')  L.  BouTAN,  Procliiclioii  artificielle  des  perles  chez  les  Haliotis  (Comptes  ren- 
dus, t.  CXXVII,  1898). 

(-)  Lyster  Jameson,  On  thc  origin  of  pecirls  [Derby  teclinical  collĂšge,  /902). 


SÉANCE  DU  l/i  DÉCEMBRE  igoS.  lOyS 

un  large  orifice.  La  perle  qui  se  forme  reste  creusée  sur  la  face  qui  regarde 
la  coquille  d'un  orifice  central. 

»  3"  Le  capuchon  épithélial  ne  forme  plus  qu'un  tube  étroit  le  reliant  au 
reste  de  l'épithclinm.  La  jierle  en  forme  de  poire,  ou  presque  sphérique, 
présente  un  pédicule  de  forme  variable. 

«  4"  Enfin,  et  c'est  le  cas  le  plus  général,  les  bords  du  capuchon  se 
soudent.  La  cavité  parasitaire  se  trouve  séparée  du  reste  de  l'épilhélium 
externe  et  s'enfonce  dans  les  tissus.  La  perle  qui  se  forme  est  sphérique. 

»  Dans  tous  les  cas,  mĂȘme  dans  le  dernier,  oĂč  la  perle  est  logĂ©e  dans 
l'intérieur  du  manteau,  la  perle  a  une  origine  épithÚliale  et  représente  une 
sécrétion  de  l'épithélium  externe  du  manteau.  Il  était  iniporlant  de  cons- 
tater ce  fait.  On  avait  nié  qu'il  fût  possible  d'obtenir  de  véritables  perles 
fines  par  la  trépanation  de  la  coquille  et  l'introduction  de  corps  étrangers 
entre  la  coquille  et  le  manteau.  On  voit  que,  en  réalité,  la  trépanation  imite 
expérimentalement  le  mode  de  pénétration  du  parasite.  Le  jour  oii  cette 
imitation  sera  parfaite  le  problĂšme  de  la  production  artificielle  des  perles 
fines  sera  résolu.    » 


BIOLOGIE  GÉNÉRALE.    —  Sur  les  factnas  Ă©lĂ©mentaires  de  VhĂ©rĂ©iluĂ©. 
Note  de  M.  Georges  Coutagxe,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Lorsqu'il  y  a  croisement  fécond  entre  deux  individus  présentant,  pour 
un  mĂȘme  caractĂšre  ou  un  mĂȘme  groupe  de  caractĂšres  a,  l'un  une  moda- 
lité «,,  l'autre  une  modalité  nettement  différente  «j,  ces  modalités  a,  et  a., 
semblent  déterminées  héréditairement  dans  les  produits  issus  du  croisement 
par  des/acteurs  doués  d'une  certaine  autonomie.  En  etïet,  il  arrive  souvent, 
dans  ces  croisements  a,  X  a.,,  que  le  on  les  facteurs  élémentaires  de  la 
modalité  a,  qui  ont  été  apportés  par  l'ovule  d'une  part,  et  le  ou  les  facteurs 
élémentaires  de  la  modalité  a^  qui  ont  été  apportés  par  le  spermatozoïde 
d'autre  part,  se  disjoignent  au  cours  de  l'évolution  du  sujet  croisé,  de  telle 
sorte  que  ces  facteurs  ddférents  sont  trÚs  inégalement  répartis  dans  les 
produits  sexuels  mûrs,  ovules  et  spermatozoïdes,  el  sans  (/u  aucune  réaction 
modificatrice  qualitative  des  facteurs  de  rt,  et  de  a^  les  uns  sur  les  autres  semble 
résulter  de  leur  association,  avec  bipartitions  successives,  dans  une  longue 
sĂ©rie  de  mĂȘmes  cellules,  Ɠuf  et  blastomĂšres  jusqu'aux  cellules  germinales. 

))  Je  propose  d'appeler  7w«e/?«o/(  de  «,  et  de  a,  les  facteurs  élémentaires 


1076  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

de  r hérédité  de  «,  et  de  a.,  ;  toute  hypothÚse  complémentaire  sur  le  nombre, 
la  nature  et  le  mode  d'action  de  ces  facteurs  étant  écartée  de  cette  simple 
définition. 

))  Un  mot  nouveau  me  semble  en  effet  nécessaire  pour  la  clarté  du  langage,  car  ceii\ 
qui  ont  été  employés  jusqu'à  ce  jour  pour  désigner  les  facteurs  élémentaires  de  l'héré- 
dité, tels  que  gemmules,  jiangÚnes,  déterminants,  etc.,  sont  adaptés  à  des  théories 
particuliÚres  basées  sur  des  hypothÚses  trÚs  discutables  et  trÚs  discutées,  et  ne  sont 
guÚre  susceptibles  de  servir  sans  ambiguïté  ailleurs  (|ue  daas  l'exposé  et  la  discussion 
de  ces  théoi-ies. 

»  L'emploi  du  mot  mnenion,  défini  comme  je  viens  de  le  faire,  implique  en  lui- 
mĂȘme  une  hypothĂšse;  mais  celle-ci  est  trĂšs  large,  et  elle  Ă©chappe  en  tout  cas  aux 
critiques  qui  ont  été  adressées  aux  différentes  hypothÚses  beaucoup  plus  détaillées  qui 
font  résider  les  facteurs  de  l'hérédité  dans  des  «  particules  représentatives  ».  Celle 
hypothÚse,  qui  revient  en  somme  à  concéder  tout  simplement  à  certains  facteurs  de 
l'hĂ©rĂ©ditĂ©  une  certaine  autonomie  tout  au  moins  temporaire,  est  compatible  mĂȘme 
avec  la  tliéorie  dite  l>ioc/iimii/ue  qui  fait  déterminer  les  caractÚres  par  la  nature 
qualitative  des  substances  chimiques  qui  constituent  les  plastides  initiaux.  C'est  Ă  
l'Ă©tude  expĂ©rimentale  de  l'hĂ©rĂ©ditĂ©  que  l'on  devra  recourir  pour  ĂȘtre  renseignĂ©  sur 
le  nombre  de  mnémons  diflÚrenls  que  renferment  les  dillerentes  cellules  reproduc- 
trices, sur  le  nombre  de  cellules  ou  d'organes  dans  lesquels  chacun  d'eux  déter- 
mine un  certain  nombre  de  caractÚres,  en  un  mot  sur  toutes  les  particularités  de 
leur  nature  et  de  leur  fonctionnement. 

»  Lorsque  les  modalitĂ©s  a,  et  a,  d'un  mĂȘme  caractĂšre  a  sont  peu  dis- 
tinctes, ou  que,  Ă©tant  distinctes,  elles  peuvent  fusionner,  en  un  mot  lorsque 
le  caractÚre  considéré  a  varie  non  plus  d'une  fnçon  discontinue,  mais  d'une 
façon  continue,  on  est  amené,  par  extension,  à  appeler  aussi  mnémons  de  a, 
et  de  a.,  les  facteurs  hĂ©rĂ©ditaires  de  ces  modalitĂ©s  a,  et  a„.  Mais  l'indĂ©oen- 
dance  mutuelle  de  ces  mnémons  n'est  plus  aussi  probable  dans  ce  cas  que 
dans  le  cas  précédent,  et  l'on  ne  peut  dire  a  priori  si  les  différentes  et  trÚs 
nombreuses  modalitĂ©s  intermĂ©diaires  entre  a,  et  a„que  prĂ©sentent  les  pro- 
duits du  croisement  a,  x  a„  doivent  ĂȘtre  attribuĂ©es  Ă   des  combinaisons  en 
diffĂ©rentes  proportions  de  mnĂ©mons  a,  et  de  mnĂ©mons  a„,  ou  si  de  la  rĂ©ac- 
tion mutuelle  des  mnĂ©mons  «,  sur  les  mnĂ©mons  a„  il  peut  rĂ©sulter  des 
mnĂ©mons  a„,  Oj,  a,,  . .  .  facteurs  de  nombreuses  modalitĂ©s  a.,,  a^,  «,,,  .  . . 
intermĂ©diaires  entre  a,  et  a„. 

»  En  d'autres  termes  l'idĂ©e  de  mnĂ©mons  distincts  cohabitant  dans  l'Ɠuf 
fĂ©condĂ©  et  dans  les  blaslomĂšres  qui  dĂ©rivent  de  cet  Ɠuf  est  donnĂ©e  par 
l'étude  de  l'hérédité  des  caractÚres  polytaxiques ;  on  ne  saurait  l'étendre 
sans   de  grandes  précautions  à  l'étude  de  l'hérédité  des  caractÚres  non 


SÉANCE    DU     I i    DÉCEMBRE    ipoS.  1077 

polytaxiqties.  J'appelle  polytaxiqiƓ  tout  CMcaetùre  variant  d'une  façon  clis- 
continiie,  c'est-Ă -Hire  prĂ©sentant  plusieurs  modalilĂ©s  ueÂlemenl  disjointes, 
plusieurs  taxies. 

»  Chaque  taxie  différente  semble  déterminée  par  une  sorte  particuliÚre 
de  mnĂ©mnn.  Mais  il  n'en  est  peut-ĂȘtre  pas  de  mĂȘme  pour  les  diffĂ©rentes 
modalités  dont  sont  susceptibles  les  caractÚres  non  polytaxiques.  Toutefois, 
il  est  présumable  que  ces  modalités  sont  déterminées  par  un  mécanisme 
ayant  tout  au  moins  quelque  analogie  avec  relui  de  la  détermination  des 
taxies.  En  sorte  que  l'étude  des  croisements  entre  taxies  différentes  est 
susceptible  de  fournir  directement  ou  indirectement  des  données  inté- 
ressantes stu-  la  nature  et  le  fonctionnement  de  tous  les  facteurs  élémen- 
taires de  l'hérédité.    « 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  gĂ©ologie  et.  l'hydrologie  souterraine  du  Caucase  occi- 
(/en/a/'.*  Note  de  MM.  A.  Yermoloff  et  E.-A.  Martel,  présentée  par 
M.  Albert  Gaudry. 

«  Conformément  aux  ordres  de  Sa  Majesté  Le  Tsar,  le  MinistÚre  de 
l'Agriculture  et  des  Domaines  de  Russie  s'occupe  actuellement  de  C(jloniser 
et  de  remettre  en  valeur  le  littoral  et  les  vallées  du  Caucase  occidental, 
jadis  occupés  par  les  Tcherkesses. 

»  En  exécution  du  programme  tracé,  et  jjour  apprécier  les  ressources 
et  l'intĂ©rĂȘt  de  cette  rĂ©gion,  nous  y  avons  effectuĂ©,  d'aoĂ»t  Ă   novembre  igo3, 
un  voyage  de  recherches,  rayonnant  autour  des  stations  climatériques  récem- 
ment fondées  par  le  prince  d'Oldenbourg  et  le  MinistÚre  de  l'Agriculture 
à  Guélendjik,  Touapsé,  Sotchi,  Gagri,  Soukhoum,  etc. 

»  Celte  exploration  sera  relatée  dans  un  Ouvrage  consacré  au  Versant 
maritime  du  Caucase  occirlental,  de  Novoroshibk  Ă   l^oti. 

»  Le  premier  résultat  de  noire  élude  aura  été  de  fixer  les  idées  sur  la  géologie  de  la 
région,  qui  est  marquée  d'un  point  d'interrogation,  comme  inexplorée,  sur  la  Carte 
géologique  officielle  de  la  Russie,  publiée  en  1892. 

»  Comjilélanl  les  travaux  exécutés  depuis  cette  date  par  MM.  les  ingénieurs  Ivon- 
cliin,  SerguéiefT,  Conslantinofl'  et  le  professeur  Lagorio,  les  investigations  de  1900 
permettront  d'appliquer  au  C^aucase  occidcnlal  les  conclusions  d'ensemble  rapportées 
par  M.  Marcel  Bertrand  du  Caucase  cejitral  (CongrÚs  géologique  de  1897). 

1)  Les  coupes  des  vallées  de  la  Sotchi,  de  la  Mzimta,  de  la  Bzib  et  l'examen  micro- 
scopique   des    échaiiliUons   recueillis    échurcironl    cerlains    détails   controversés,  par 

C.  tl  ,  i(,o3,  2«   Senxesire.  (T.    CX.WVlt,   N"  24.)  l  \l 


107H  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

exemple  sur  les  curieux  conglomérats,   supposés  jurassiques  et  composés  d'éléments 
éruplifs  verts  (cliabases,  porpliyrites),  de  la  vallée  de  Krasni-Poljana. 

»  Les  remarquables  sources  sulfureuses  de  Matsesta  et  Agouri  prÚs  Sotchi,  qui 
feront  l'objet  d'une  Note  spéciale,  autorisent  à  se  demander  si  le  gypse  qui,  jusqu'ici, 
n'a  pas  été  rencontré  dans  la  contrée,  n'existe  pas  là  à  une  profondeur  relativement 
faible. 

»  IJorographie  du  Caucase  occidental  n'est  connue  que  des  topographes  chargés 
des  nouveaux  levés  militaires  au  ^yoTj  et  des  ingénieurs,  qui  ont  fait  les  tracés  des 
roules  projetées  dans  ces  parages;  car  leurs  travaux  n'ont  pas  été  livrés  à  la  publicité. 
Aussi  les  plus  récents  Ouvrages  géographiques  contiennent-ils,  à  son  sujet,  des  erreurs 
attribuant,  par  exemple,  qSyo"'  au  mont  Ochten,  ([ui  n'atteint  pas  2900",  et  35oo"'  au 
col  de  Maroukh,  qui  est  un  passage  praticable  aux  mulots,  bien  au-dessous  de  la  limite 
des  neiges. 

»  Les  premiers  glaciers  du  Caucase  commencent  au  masNif  du  Fichla-Ochlen, 
Ă   40'""  au  nord  de  Sotchi  ;  d'abord  simples  petits  glaciers  de  sommets,  comme  ceux  des 
Pyrénées  ou  des  Alpes  orientales,  ils  se  développent,  vers  l'est,  sur  les  cimes  de  l'Aba- 
gua,  Agepsta,  Loyoub,  Loyoub-Soucha  (3250ℱ  à  36oo")  autour  des  sources  de  la  Mzinta 
et  de  la  magnifique  vallée  de  Krasni-Poljana  (altitude  600"'),  appelée  à  devenir  un 
sanatorium  et  station  alpestre  de  grande  utilité. 

»  A  partir  de  la  cime  du  mont  Psych  (3780'")  les  glaces  de  la  crĂȘte  centrale  s'Ă©lĂšvent 
progressivement  vers  l'est  jusqu'au  Doungous-Oroun  (Elbrouz);  mais  elles  n'atteignent 
nulle  pari  les  altitudes  de  55ooℱ  et  de  4663"'  portĂ©es  en  1894  sur  la  carte  du  supplĂ©- 
ment n"  112  deß  Pelermriniis  Mittheilungen,  cl  que  Merzbacher  (1901}  révoquait 
judicieusement  en  doute. 

»  Kn  hydi'ologie  souterraine,  l'anticlinal  remaïquable  de  crétacique,  qui  s'épanouit 
en  hauteur  et  largeur  de  Touapsé  à  Soukhoum  Kalé,  et  qui  forme,  en  avant  de  la 
crĂȘte  centrale,  un  vĂ©ritable  prĂ©-Caucase  calcaire,  a  formellement  confirmĂ©  tous  les 
principes  déduits  des  récentes  explorations  souterraines  accomplies  en  France  et  en 
Europe;  un  petit  nombre  seulement  de  descentes  peu  profondes  (iSℱ  à  20ℱ)  dans  les 
abßmes,  et  de  pénétrations  dans  les  cavernes  peu  étendues  a  été  possible,  les  gouffres  et 
couloirs  s'étanl  trouvés  obstrués  trÚs  prÚs  de  leurs  orifices;  aux  environs  de  Gagri,  les 
riviĂšres  souterraines  de  la  BĂ©gherepsta,  de  la  Podzeurnaia,  de  la  Gagripsch,  de  la 
Mitchich,  de  Novi  Athon,  etc. ,  se  sont  montrées  toutes  impénétrables,  comme  Vaucluse  ; 
mais  leur  situation  géologique  et  lopographique,  et  surtout  leur  température,  infé- 
rieure de  4°  à  5°  à  la  normale,  c'est-à-dire  à  la  moyenne  annuelle  du  lieu  de  l'émer- 
gence,' ont  nettement  prouvé  qu'elles  sont  des  résurgences  d'eaux  englouties  sur  les 
hauts  plateaux  du  voisinage. 

»  L'exploration  détaillée  du  massif  crétacé  de  l'.Vrabik  (26()o"').  au-dessus  de  Gagri, 
a  pleinement  confirmĂ©  celte  conclusion,  en  rĂ©vĂ©lant,  entie  1800ℱ  et  23oo"  d'altitude, 
une  zone  considérable  d'absorption  des  eaux  atmosphériques,  toute  percée  de  lapiaz, 
pulls  à  neige  et  points  d'engouflVement  des  pluies,  exactement  comme  les  pré-alpes 
(de  constitution  géologique  identique)  du  Dauphiné,  de  Savoie,  de  Suisse,  etc.  (Dévo- 
luy,  Vercors,  GlĂąrnisch,  etc.). 

»  Cette  similitude  entre  les  a\anl-monts  des  deux  grandes  chaßnes,  et  aussi  avec  le 
Karst  el  les  (causses,  consacre  efficacement  les  nouvelles  notions  sur  la  circulation  des 


SÉANCE    DU    l\    DÉCEMBRE      (pO?.  IO79 

eaux,   souterraines  du   calcaire   et  sur  l'absence,  ou   chi   moins   l'extrĂȘme  raretĂ©,   de 
vraies  nappes  d'eau  dans  les  roches  de  celte  nature.  » 

CHIMIE  BIOLOGIQUE.  —  La  prĂ©rendue  fermentation  alcoolique  des  tissus  ani- 
maux. Note  de  M.  F.  Ratf.lli,  présentée  par  M.  A.  Chauveaii. 

«  Dans  une  série  de  pni)lications,  Slolclasa  avait  annoncé  que  l'on  j)eut 
extraire  des  tissus  des  animaux  supérieurs  une  enzyme  transformant  le 
glucose  en  alcool  et  anhydride  carbonique.  Les  résultats  de  Stoklasa  ont 
été  d'abord  confirmés  par  ses  élÚves  et  surtout  parSimacek,  puis  parFein- 
schmidt. 

»  D'autre  part,  M"*  Borrino,  tout  en  confirmant  les  résultats  de  Stoklasa, 
a  attribué  la  fermentation  alcoolique  obtenue  par  les  extraits  des  tissus 
animaux  aux  nucléoprotéides  qu'ils  renferment. 

»  Contrairement  aux  auteurs  précédents,  Cohnheim,  dans  un  travail 
réceni,  émet  l'hypothÚse  que  la  prétendue  fermentation  alcoolique  des  tis- 
sus doit  ĂȘtre  rapportĂ©e  Ă   la  prĂ©sence  des  microoganismes.  Stoklasa  et  Si- 
macek,  dans  deux  travaux  qui  viennent  de  pavaitre  (Centralblatt/iir  Physio- 
logie, Vol.  XVII,  n"  17),  combattent  avec  vivacité  l'opinon  de  Cohnheim 
et  confirment  les  résultats  de  leurs  précédents  travaux. 

»  J'ai  fait  dans  le  laboratoire  de  Physiologie  de  l'Université  de  GenÚve 
un  trÚs  grand  nombre  d'expériences  pour  contrÎler  les  recherches  que  je 
viens  de  citer  sur  la  fermentation  alcoolique  des  extraits  des  tissus  animaux. 
J'ai  suivi  la  méthode  donnée  jiar  Stoklasa,  consistant  à  soumettre  les  tissus 
animaux  frais  (muscles,  foie,  poumons  de  chien,  de  lapin  ou  de  bƓuf)  à  une 
forte  pression  pour  en  extraire  le  suc.  Ce  suc  est  traité  par  un  mélange 
d'alcool  et  d'étlier  et  le  précipité  obtenu  lavé  rapidement  à  l'éther  et  séché 
dans  le  vide.  Cet  extrait  sec  est  ajouté  à  une  solution  de  glucose  ou  de 
saccharose  à  différentes  concentrations;  le  tout  est  conservé  à  une  tempé- 
rature constante  de  SSo-Sg".  Je  me  suis  aussi  servi  d'un  extrait  de  sang 
préparé  en  suivant  la  méthode  de  Stoklasa. 

»   Les  résultats  de  mes  expériences  ont  été  les  suivants  : 

»  1.  Si  la  solution  de  sucre  renfermant  l'extrait  des  tissus  est  additionnée  d'une 
substance  antiseptique  en  quantité  suffisante,  la  fermentation  alcoolique  n'a  pas  lieu; 
ce  qui  avait  déjà  été  constaté  par  Siraacek.  Ainsi  les  substances  suivantes  :  le  thymol 
en  poudre  dans  la  proportion  de  1  pour  100  si  l'on  prend  soin  de  bien  agiter;  le 
toluol  Ă   2  pour  100  en  agitant  souvent;  le  chloroforme;  le  fluorure  de  sodium 
Ă   I  pour  100;  l'arsenite  de  potasse  Ă   i  pour  100;  l'acide  salicylique  Ă   i  pour  100,  em- 
pĂȘchent complĂštement  la  fermentation. 


lo8o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  2.  Si  rantiso])tiqiie  e^t  en  tro|)  faillie  quaiililé,  la  ferriientnlion  alcoolique  a  lieu 
en  léalilé  avec  les  phénomÚnes  décrits  par  Slokiasa  et  ses  élÚves,  c'est-à-dire  qu'il  y  a 
acidité,  dégagement  de  CO-,  formation  d'alcool,  quelquefois  odeur  Ijutvrique.  On 
obtient  ce  résultat  en  employant  comme  antiseptiques  :  le  loluol  à  2  pour  100  en  évi- 
tant d'agiter;  le  fluorure  de  sodium  Ă   5  pour  1000,  l'acidi!  salicylique  Ă   a  pour  1000, 
des  grains  de  lliyniol. 

»  3.  Toutes  les  fois  qu'on  obtient  la  fermenlalion  alcoolique,  on  trou\e  que  le 
liquide  renferme  des  bactéries  en  forme  de  bùtonnets  trÚs  mobiles  ou  des  cocci  eu 
cliaßne  dont  j'ai  constaté  la  présence  au  microscope.  Lorsque  la  substance  antiseptique 
n'est  pas  en  quantité  suffisante,  on  observe  généralemcnl  un  nombre  assez  considérable 
de  ces  bùtonnets  au  bout  de  quatre  heures,  quand  il  n'\  a  encore  aucun  dégagement 
appréciable  de  C0-. 

»  k.  La  fermentation  commence  généralement  un  peu  plus  tard,  lorsque  la  solution 
renferme  3o  pour  100  de  saccharose,  mais  elle  devient  bientÎt  tiés  active.  L'examen 
microscopique  du  liquide  prouve  la  présence  d'un  trÚs  giand  nombre  de  bùtonnets 
mobiles.  Cette  solution  concentrĂ©e  de  saccharose  n'est  donc  pas  suffisante  pour  empĂȘ- 
cher le  développement  des  microorganismes,  dans  ces  conditions,  comme  il  est  admis 
par  Simacek. 

»  Les  résultats  de  mes  expériences  m'itmÚnent  à  conclure  dans  le  inÚnie 
sens  que  Cohnheim,  c'est-Ă -dire  que  la  fermentation  alcoolique  du  sucre, 
obtenue  77?  vĂčro  |iar  les  extraits  d'organes  d'animaux  supĂ©rieurs,  serait  due 
à  la  présence  de  microorganismes  et  non  à  l'action  d'une  enzvme  ou  d'im 
nucléoprotéide  d'origine  animale.  » 


CHIMIE  PHYSIOLOGIQlE.  —  Contribution  Ă   l'Ă©tude  de  l'amylo-coagulase. 
Note  de  !\J.  A.  Boidi.v,  présentée  par  M.  Roux. 

«  La  Note  trÚs  intéressante  publiée  dans  les  Comptes  rendus  de  l'Aca- 
démie des  Sciences  du  2  novembre  1903,  [);ir  MM.  Woif  et  A.  Fernbacb, 
au  sujet  de  l'amylo-coagulase,  m'amÚne  à  indiquer  quchpies  expériences 
dans  lesquelles  j'ai  constaté  la  présence  de  cette  diastase.  I^es  phénomÚnes 
de  coagulation  dont  j'ai  été  témoin  étaient  provoqués  par  les  diastases  du 
mucor  [i  employé  dans  le  procédé  amylo,  pour  la  saccharification  et  la  fer- 
mentation industrielle  des  matiÚres  amylacées. 

»  Au  cours  d'essais  ayant  pour  but  de  déterminer  l'activité  diastasique 
des  moûts  de  maïs  dans  lesquels  le  mucor  se  developj)e  en  culture  abso- 
lument pure,  j'ai  été  amené,  pour  éliminer  le  mallose  et  le  glucose,  formés 
par  la  mucĂ©dinĂ©e,  Ă   traiter  les  moĂčls  fdlrĂ©s  par  5  ou  6  volumes  d'alcool,  Ă  
centriluger  le  [jrecipite  auisi  obtenu,  puis  Ă   le  reilissoudre  dans  Ăźles  solu- 
li(jus  d'amidon  soluLle  de  Lintner  Ă   4  pour  100. 


SÉANCE    DU    l4    DÉCEMBRE    irjoS.  1081 

»  On  opérait  la  saccharification  à  B^^-SS"  C,  température  optima  choi- 
sie pour  le  travail  industriel  des  mucédinées. 

»  Dans  les  échantillons  prélevés  tout  an  début  du  développement  du 
miicor,  on  remaĂŻquait  que  le  liquide  restait  opalescent,  et  ne  donnait  que 
tiÚs  peu  de  glucose,  sans  aucun  précipité. 

»  Les  échantillons  prélevés  quand  la  mncédinée  avait  fait  de  80^  à  i  lo^ 
(le  glucose  par  litre  montraient  une  activité  diastasique  beaucoup  j)lus 
grande,  et  qui  vaiiait  de  2°  à  3^  par  litre  et  par  heure  (soit  de  6ooo''s  à 
7000''^  de  glucose  produits  par  24  heures  dans  une  cuve  de  1000'''). 

»  Mais,  avec  ces  solutions,  on  observait  toujours,  au  bout  dv  i  heure, 
une  coagulation  trÚs  nette  et  un  dépÎt  d'amidon  assez  volumineux. 

»  Enfin,  les  échantillons  de  moûts  prélevés  aprÚs  l'addition  de  levure  et 
v<rs  la  fin  de  la  fernientalion  montraient  une  activité  diastasique  bien  [)lus 
faible  que  les  échantillons  précédents,  et  les  phénomÚnes  de  coagulation 
Ă©taient  bien  moins  sensibles. 

»  Ces  faits  viennent  donc  appuver  les  expériences  de  MM.  Wolf  et 
Fei'ubach,  et  confirment  que  l'on  est  en  droit  d'admettre  l'existence  d'une 
coagulation  qui  précÚde  la  transformation  tie  l'amidon  soluble  en  dextrine. 
Ils  montrent  que  la  diastase,  mise  en  Ă©vidence  par  les  travaux  de  ces  au- 
teurs, n'existe  pas  seulement  dans  lés  graines  des  céréales  en  germination, 
mais  qu'elle  existe  aussi  dans  les  cultures  de  mucédinées  saccharifiaiites .  On 
ne  saurait  se  défendre  de  voir  une  analogie  entre  ces  faits  et  ce  qui  se  passe 
dans  la  solubilisation  de  la  caséine  qui,  elle  aussi,  est  précédée  d'une  coa- 
gulation. 

»  D'autre  part,  si  nous  examinons  ce  (}ui  se  passe  dans  le  précipité 
d'amidon  produit  au  début  de  la  saccharification,  nous  constatons  qu'une 
partie  de  l'amylase  est  entraßnée  par  l'amidon  coagulé,  ainsi  que  le  dé- 
montre l'expérience  suivante,  du  21  juillet  dernier  : 

»  On  a  prĂ©levĂ©  5o''"'"  de  inoĂčl  fiilrĂ©  ase|)tiqiiL'meiit,  au  moment  oĂč  le  mucor  avait 
fabriqué  100°  de  glucose  par  lili-e,  et  on  les  a  |)récipilés  avec  250'"''  d'alcool  à  96".  On 
a  centrifugé  rapidement,  redissous  le  précipité  essoré  dans  de  l'amidon  à  ^  pour  100,  et 
ramené  la  solution  au  volume  de  ùo''"'.  On  place  le  flacon  à  l'étuve  à  36"  C,  à  ii''3o'" 
du  matin.  Ce  liquide  renfermait  Ă   ce  moment  as  de  sucre  par  litie. 

»  A  2*",  on  trouve  au  fond  d'un  liquide  parfaitement  clair  un  magnifique  précipité. 
On  trouve  à  ce  moment  7s  de  sucre,  soit  5»  de  sucre  fabriqué,  ou  2»  par  heure  et  par 
litre.  On  décante  la  moitié  du  liquide  pour  séparer  le  liquide  clair;  on  remet  à  l'étuve 
pendant  3  heures;  Ă   S*"  on  trouve  dans  le  liquide  clair  :  98,5  de  sucre  par  litre, 
soit  2S, 5  de  sucre  fabi'i<[ué  pendant  cette  derniÚre  période.  Cela  représente  os, 8  par 
heure  et  par  litre. 


loSa  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

«  On  trouve  clans  le  liquide  trouble  iip.5,  d'oĂč  /|?,5  de  sucre  produit  dans  cette 
derniÚre  période,  ou  is, ',  par  heure  et  par  litre. 

»  On  voit  donc  par  là  que  l'action  fie  l'amylo-coagulase  a  pour  efFet  de 
précipiter  une  partie  de  l'amylase  avec  l'amidon. 

»  On  voit  en  outre  : 

»  i"  Que  cette  amylase  précipitée  continue  à  manifester  une  partie  de 
son  activitĂ©,  mĂȘme  aprĂšs  sa  prĂ©cipitation  ; 

M  2°  Que  l'activité  diaslasicjue  delà  solution  diminiie  assez  rapidement 
par  suite  de  la  précipitation  de  l'amylase  par  l'amidon. 

»  C'est  encore  là  un  exemple  qui  montre  l'antagonisme  de  ces  deux 
diastases,  et  que,  comme  la  papaĂŻne  de  Wnriz,  la  diastase  peut  se  trouver 
entraßnée  dans  les  précipités  d'amidon  qu'elle  devrait  transformer. 

»  J'ai  d'ailleurs  pu  constater  qu'une  petite  portion  de  diastase  se 
précipite  et  se  fixe  sur  les  éléments  insolubles  du  moût  en  tin  de  fermen- 
tation ;  malgré  lo  ou  i5  lavages  à  l'eau  et  centrifugations  pour  éliminer 
les  diastases  dissoutes,  on  constatait  encore  une  production  de  sucre  trĂšs 
nette  en  mettant  les  matiÚres  insolubles,  lavées,  dans  de  l'amidon  soluble 
de  Lintner. 

»  Enfin ,  la  pratique  de  ces  essais  montre  que  la  précipitation  par  l'amylo- 
coagulase  est  toute  différente  de  celle  que  l'on  observe  dans  les  solutions 
d'amidon.  Cette  derniÚre  précipitation,  désignée  par  M.  Maquenne  sous 
le  nom  de  rétrogradation  des  solutions  d'amidons  (Comptes rendus,  26  juillet 
1903),  est  provoquée  par  les  sels  alcalins  que  contiennent  les  diverses 
variĂ©tĂ©s  d'amidons,  et  par  les  alcalis  enlevĂ©s  au  verre  lui-mĂȘme  des  vases 
employés  pour  les  expériences.  Je  démontrerai,  dans  une  publication 
ultérieure,  que  des  traces  d'alcalis  produisent  ce  pliénomÚne.   » 


PHYSIOLOGIE  GÉNÉRALE.  -  Corrrlatinns  fonctionnelles  entre  les  glandes  à 
venin  et  l'ovaire  chez  le  Crapaud  commun.  Note  de  M.  C.  Piiisalis,  pré- 
sentée par  ]M.  A.  Chauveau. 

«  Quand,  à  l'époque  du  frai,  on  compare  l'état  des  glandes  cutanées 
chez  le  Crapaud  mùle  et  le  Crapaud  femelle,  on  est  surpris  des  différences 
que  ces  glandes  présentent  dans  les  deux  sexes.  En  examinant  la  peau  du 
dos  par  sa  face  interne,  on  voit,  chez  le  mĂąle,  les  glandes  Ă   venin  remplies 
de  leur  |)roduit  de  sécrétion  blanc-jaunàlre,  tandis  que,  chez  la  femelle, 
c'est  à  peine  si  l'on  trouve  çà  et  là  quelques  petites  taches  blanches.  La 


SÉANCE    DU    I  1    DÉCEMBRE    lÇ)o3.  Io83 

grande  majorité  des  glandes  paraßt  vide  et  cette  vacuité  se  traduit  par  l'as- 
pect de  la  peau,  qui  est  beaucoup  moins  rugueuse  que  chez  l'animal  revenu 
à  la  vie  terrestre,  aprÚs  l'époque  du  frai.  Comment  expliquer  ce  phéno- 
mĂšne ? 

»  Les  glamles  cutanées  fourniraient-elles  des  matériaux  à  l'ovaire  pour 
l'Ă©laboration  des  Ɠufs?  Cette  hypothĂšse  paraĂźt  d'autant  plus  vraisemblable 
qu'à  l'époque  de  la  ponte,  la  glande  génitale  est  en  suractivité  fonctionnelle 
et  que  les  crapauds  à  peine  sortis  de  la  période  hibernale  restent  longtemps 
accouplés  sans  prendre  aucune  nourriture. 

»  Pour  vérifier  l'exactitude  de  cette  hypothÚse,  il  fallait  trouver  dans  les 
Ɠufs  les  mĂȘmes  principes  actifs  que  dans  les  glandes  Ă   venin  et  dĂ©montrer 
que  ces  principes  ne  préexistent  pas  dans  l'ovaire.  Or  c'est  précisément  ce 
qui  ressort  des  expériences  que  je  vais  résumer. 

1)  Au  moment  de  la  ponte,  les  Ɠufs  agglutinĂ©s  par  une  matiĂšre  albumineuse  forment 
des  cordons  gluants  qui  distendent  les  oviducles.  AprĂšs  les  avoir  extraits  de  l'abdomen, 
on  les  dessĂšche  dans  le  vide  et  on  les  plonge  dans  le  chloroforme.  Le  liquide  se  colore 
en  jaune  et  laisse,  aprÚs  distillation,  un  résidu  hnileux,  à  odeur  de  poisson,  à  réaction 
acide,  dont  l'inoculation  à  la  grenouille  détermine  des  symptÎmes  analogues  à  ceux 
que  provo((ue  le  venin  lui-mĂȘme.  L'intoxication  se  manifeste  par  un  allaiblissement 
musculaire  qui  augmente  progressivement  et  aboutit  Ă   la  paralysie;  si  la  dose  est 
faible,  le  cƓur,  quoi<[ue  ralenti,  continue  Ă   l^altre;  pour  provoquer  l'arrĂȘt  du  cƓmren 
svstole  caractĂ©ristique  de  la  Bufolaline,  il  faut  inoculer  une  quantitĂ©  double  du  mĂȘme 
extrait  chloroformique.  Cela  montre  que,  dans  les  oufs  comme  dans  le  venin,  le  poison 
du  svstĂšme  nerveux,  la  Bafotciiine,  est  plus  abondant  ou  plus  actif  que  le  poison 
cardiaque. 

»  Les  principes  actifs  du  venin  existent  donc  dans  les  Ɠufs.  Reste  Ă  
savoir  si,  dans  le  cours  du  développement,  ces  principes  se  transforment 
et  sont  utilisés  à  la  nutrition  des  cellules  ou  si,  au  contraire,  ils  restent 
intacts  pour  se  localiser  dans  l'ovaire.  Dans  ce  dernier  cas,  ils  fourniraient 
une  preuve  matérielle  de  la  continuité  du  plasma  germinatif  et  ce  serait 
une  confirination  à  la  théorie  de  Weissmann.  Il  résulte  de  mes  expériences 
que  seule  la  premiĂšre  alternative  est  exacte. 

»  Des  Ɠufs  de  crapaud,  au  nombre  de  i5oo  environ,  ont  Ă©tĂ©  dessĂ©chĂ©s  dans  le  vide 
et  plongés  dans  le  chloroforme,  ils  ont  cédé  à  ce  liquide  une  quantité  de  poison  suffi- 
sante pour  tuer  lo  grenouilles;  c'est  dire  que,  pour  extraire  une  seule  dose  mortelle,  il 
faut  Ă   peu  prĂšs  i5o  Ɠufs.  En  traitant  de  la  mĂȘme  maniĂšre  3oo .tĂȘtards  de  crapaud,  soit 
un  nombre  double  de  celui  des  Ɠufs,  on  devrait  obtenir,  si  le  poison  n'avait  pas 
disparu,  une  quantitĂ©  au  moins  Ă©gale  Ă   celle  fournie  par  les  Ɠufs.  Il  n'en  est  rien. 
L'extrait  chloroformique  de  ces  3oo  tĂȘtards,  inoculĂ©  en  entier  Ă   la  grenouille,  est 
dépourvu  de  toute  toxicité. 


Io8i|  ACADÉMIE    DES    SCIE.N'CES. 

»  11  résulte  de  celle  expérience  que  les  poisons  contenus  clans  Tanif  disparaissent 
pendant  les  premiÚres  pliases  embryonnaires.  La  réapparition  de  ces  substances 
toxiques  dans  l'organisme  est  corrélative  du  développement  des  glandes  à  venin. 
Les  poisons  fabriqués  par  ces  glandes  rentrent  dans  le  sang  par  le  mécanisme  de  la 
sĂ©crĂ©tion  interne,  et,  Ă   l'Ă©poque  oĂč  l'ovaire  entre  en  activitĂ©,  ils  se  fixent  sur  les  cellules 
germinatives  pour  contribuer  Ă   la  formation  et  au  dĂ©veloppement  de  l'Ɠuf. 

»  L'existence  de  substances  toxiques  dans  les  Ɠnfs  n'est  pas  trĂšs  rare  ; 
on  l'a  signalée  chez  certaines  espÚces  de  poissons,  et  tout  récemment 
M.  Loisel  l'a  démontrée  pour  les  Oursins.  Il  est  donc  probable  rpie  ces 
poisons  jouent  un  rÎle  important  dans  l'ovogenÚse  et  le  développement 
embryonnaire.  Peut-ĂȘtre  constituent-ils  un  substratum  matĂ©riel  de  l'hĂ©rĂ©- 
dité, et  servent-ils  à  transmettre  la  caractéristique  chimique  de  l'espÚce. 
S'il  en  est  réellement  ainsi,  et  les  récentes  expériences  de  M.  Houssay  sur 
les  poules  carnivores  concordent  avec  cette  maniÚre  de  voir,  on  conçoit 
que  les  modifications  nutritives  imprimées  aux  cellides  corporelles  puis- 
sent retentir,  par  l'intermédiaire  de  substances  solubles,  sur  l'évolution 
des  cellules  germinatives.    « 


PHYSIOLOGIE  EXPÉRIMENTALE.  —  Les  conditions  spĂ©ciales  de  la  circulai  ion 
dans  des  glandes  en  activité.  Note  de  MM.  G.  Moussu  et  .1.  Tissor,  pi  é- 
sentée  par  M.  Chauveau. 

«  Récemment,  lord  Kelvin  a  eu  l'idée  d'expliquer  la  constance  de  la 
température  du  corps  des  animaux  à  sang  chaud,  dans  les  milieux  exté- 
rieurs à  température  élevée,  par  l'intervention  de  processus  réducteurs 
endolhermiques. 

»  Dans  une  Note  récente,  M.  Chauveau  ('),  s'élevaiit  contre  cette  ma- 
niÚre de  voir,  a  montré  que  les  faits  sur  lesquels  s'appuie  lord  Kelvin  (ruti- 
lance  du  sang  chez  les  sujets  chauffés,  richesse  du  sang  veineux  en  oxy- 
gÚne) n'ont  pas  la  signification  qu'il  leur  attribue.  Il  a  montré  aussi  que  les 
conclusions  de  Cl.  Bernard,  relatives  à  la  dépense  énergétique  dans  les 
glandes  en  activité,  sont  gravement  entachées  d'inexactitude,  parce  qu'il 
a  omis,  dans  son  calcul  des  combustions  iniraorganiques,  de  tenir  compte 
d'un  facteur  essentiel,  le  débit  saniiuin. 

»   A  l'instigation  de  M.  Chauveau,  nous  avons  répété  les  expériences  de 


(')  A.  CiiAiiVEALi,  L'aninuil  lliertnoslul{Coiiii)l.es  rendus,  t.  CWXVl,  igo3,  p.  792). 


SÉANCE    DU    l4   DÉCEMBRE    igoS.  Io85 

Cl.  Bernard  en  nous  adressanf  à  la  glande  parotidienne  du  bƓuf,  glande 
douée  d'une  grande  activité  et  dont  les  vaisseaux  et  nerfs  sont  facilement 
accessibles  à  l'opérateur. 

»  Dispositif  ejcpĂ©riinental.  —  Le  canal  de  SlĂ©non,  le  nerf  parotidien  {')  et  l'artĂšre 
faciale  sont  mis  à  nu  au  niveau  du  bord  anléro-inférieur  du  masséler.  Une  canule  est 
placée  dans  le  canal  de  Stenon  et  une  autre  dans  l'artÚre.  La  veine  parotidienne  est 
mise  à  nu  dans  toute  sa  longueur  par  une  deuxiÚme  incision  sur  le  bord  postérieur  de 
la  parotide.  Toutes  les  branches  veineuses  qui  ne  proviennent  pas  de  la  parotide  sont 
liées,  puis  une  canule  trÚs  large  est  placée  au  confluent  de  la  veine  avec  la  jugulaire. 

»  On  détermine  le  débit  sanguin  et  la  valeur  de  l'écoulement  de  salive  pendant 
l'état  de  repos  et  pendant  létal  d'activité  de  la  glande.  Celte  activité  est  provoquée  par 
l'excitation  du  nerf  parotidien  Ă   l'aide  d'une  machine  Ă   courants  induits.  Le  sang  et  la 
salive  sont  recueillis  pendant  une  minute  et  pesés.  Dans  certaines  expériences,  il  était 
prélevé  1*^°''  du  sang  recueilli  afin  de  faire  la  numération  des  globules  aprÚs  une  dilu- 
tion convenable. 

»  ExpĂ©rience  \.  —  lo  juillet  igoS.  Vache  bretonne  en  parfait  Ă©tat  destinĂ©e  Ă   la 
boucherie.  Le  Tableau  ci-dessous  indique  les  valeurs  du  débit  sanguin  pendant  l'état 
de  repos  et  l'état  d'activité  (  Voir  le  Tableau  n°  1  ). 

»  Les  déterminations  l  et  2  ont  une  valeur  trop  forte  parce  que  les  modifications 
circulatoires  produites  dans  la  glande  par  le  traumatisme  expérimental  persistent 
encore.  Si  l'on  compare  la  moyenne  des  déterminations  n"  5,  6,  7,  8,  soit  lo'^,  i  5,  à  celle 
des  déterminations  n°  3  et  k,  soit  137s, 5o,  on  voit  que  le  débit  sanguin  était  environ 
7  fois  plus  fort  pendant  l'état  d'activité  que  pendant  le  repos. 

»  ExpĂ©rience  11.  —  22  novembre  igoS.  Vache  bretonne  en  bon  Ă©tat,  bien  qu'atteinte 
de  tuberculose  au  début.  Les  résultats  sont  contenus  dans  le  Tableau  n°  -2. 

»  On  remarquera  dans  cette  expérience  la  valeur  considérable  du  débit  salivaire  par 
rapport  à  celle  du  débit  sanguin  et  l'augmentation  considérable  aussi  du  nombre  de 
globules  rouges  constatée  dans  le  sang  veineuv  à  ce  moment. 


Tae 

EAU    N°    1. 

Numéros 

Poids 

d'ordre 

Etat 

de  sang 

des 

de  la 

écoulé 

déterminations. 

glande. 

par  minute. 

1 

Repos 

35,. 5o 

2 

Repos 

49.40 

3 

Activité 

i35,4o 

k 

Activité 

i3g,6o 

5 

Repos 

20,33 

6 

Repos 

16, 3g 

7 

Repos 

22,65 

8 

Repos 

22,83 

Tableau  N» 

0^ 

État 

de  la 

glande. 

Nature 
du 

sang. 

Poids 
de  sang 
veineux 

écoulé 
par  min. 

Poids 
de  la 
salive 
écoulée 
par  min. 

Nombre 
de  globules 

rouges 
du   sang. 

Repos 

Veineux 

68 

3 

7350000 

activité 

Veineux 

l32 

25,80 

8760000 

activité 

M 

Veineux 
Artériel 

io3 

93 

ggooooo 
63ooooo 

(  '  )  Moussu,  Nerf  sécréloire  de  la  glande  parotide  {Soc.  de  Biol.  1888). 
G.  R.,   1903,  2-  Semestre.  (T.  C.WWU.  N°  24.) 


l[\i 


loHfi  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   Ces  deux  expériences  font  ressortir  trois  faits  : 

»  I"»  L'augmentation  du  débit  sanguin  pendant  létat  d'activité,  et  l'importance 
énorme  de  ce  facteur  dans;Ie  calcul  de  la  dépense  de  la  glande; 

»  2"  La  valeur  considérable  que  peut  allcindre  le  débit  salivaire,  par  rapport  au 
débit  sanguin  ; 

»  3°  L'augmentation  considérable  de  larichesse  du  sang  veineux,  en  globules  rouges 
pendant  l'état  d'activité,  augmentation  d'aulant  plus  forte  que  le  débit  salivaire  a  une 
valeur  plus  considérable,  par  rapport  à  celle  du  débit  sanguin. 

)i  II  saule  immédiatement  aux  yeux  que  cette  augmentation  globulaire  peut  expli- 
quer la  richesse  en  oxygÚne  du  sang  veineux  pendant  l'état  d'activité.  Il  apparaßt 
aussi  facilement  que  la  sécrétion  de  la  salive  prive  le  sang  d'un  volume  énorme  d'eau 
par  rapport  Ă   sa  masse  et  le  concentre.  Ainsi  donc,  l'augmentation  de  la  richesse  en 
globules  rougps^du  sang  veineux  et  par  suite  sa  teneur  en  oxygĂšne  qui  s'y  lie  intime- 
ment ne  sont  que  le  résultat  d'une  concentration  du  sang  due  à  la  sécrétion  salivaire 
qui  prive  le  sang  d'une  partie  de  son  eau. 

»  Il  résulte  de  ces  faits  que  deux  facteurs  importants  doivent  entrer  en 
ligne  dans  le  calcul  de  la  dépense  de  la  glande  : 

»  1°  L'oxygĂšne  entrant  dans  la  glande  doit  ĂȘtre  calculĂ©  sur  un  volume 
de  sang  artériel  égal  au  volume  de  sang  veineux  qui  s'écoule  par  minute, 
augmentĂ©  du  volume  de  salive  sĂ©crĂ©tĂ©e  pendant  le  mĂȘme  temps. 

»  2°  L'oxvgÚne  sortant  de  la  glande  se  calcule  sur  le  volume  du  sang 
veineux  écoulé  par  minute. 

"  Nous  démontrerons  dans  une  autre  Noie  que  l'application  de  cette 
maniĂšre  de  calculer  donne  une  confirmation  Ă©clatante  aux  conclusions  de 
M.  Cliauveau.  » 


M.  A.  Grandidier  présente  à  l'Académie,  au  nom  de  l'auteur  M.  Jules 
de  Schokalsky,  le  premier  fascicule  du  premier  grand  Atlas  de  GĂ©ographie 
Darii  en  Russie  et  s'exprime  comme  il  suit  : 

«  Cet  Allas  a  été  commencé  par  f'u  le  professeur  Pétri  et  est  achevé 
par  M.  de  Schokal.>^ky,  adjoint  au  Président  de  la  Section  de  Géographie 
physique  à  la  Société  de  Géographie  russe.  Les  Cartes  des  pays  étrangers 
sont  copiées,  avec  des  correclions  et  des  additions,  de  celles  de  l'Atlas  de 
Wagner  et  Debes  à  Leipzig;,  mais  la  Carie  de  la  Rn.ssie  à  ..„„.!„„^  en  8  feuilles 
et  les  I  I  autres  Cartes  particuliÚres  consacrées  à  cet  Empire  sont  entiÚre- 
ment neuves.  Ces  Caries  sont  les  plus  complĂštes  qui  aient  encore  paru,  et 
beaucoup  de  documents  encore  manuscrits  ont  été  utilisés  pour  leur 
rédaction. 


SÉANCE  DU  l'i  DÉCEMBRE  IQoS.  1087 

))   Ce  premier  fascicule  contient  :  la  mappemonde,  la  France,  les  Élats 
danubiens  et  la  GrÚce  et  2  feuilles  de  la  Russie  d'Europe.   « 

M.  D.  Lechaplaix  adresse  une  «  Note  relative  à  la  direction  des  aéro- 
stats ». 

M.  Cardin  adresse  une  Noie  «  Sur  la   formation  des  alcoolates  cupro- 
al cùlins  ». 

(Commissaires  :  MM.  Tronst,  Moissan,  TTaller.) 

La  séance  est  levée  à  l\  heures  et  demie. 

M.   B. 


BULLETIN    BIBLIOGRAPIIIOITE. 


Ouvrages  reçus  dans  la  sĂ©anoe  du  ‱>.%  novembre  igoS. 
(Suite.) 

Grupo  notable  de  manclias  so/ares  obsen.-adax  el  5  de  ocliibre  de  igoS.  Obser- 
vador  :  Francisco  José  Zamora.  (Sociedad  astionomica  de  Mexico  :  Circulai- luim.  13.) 
Mexico,  igo3;  i  feuille  in-S". 

Tlie  eleclrnlytic  détermination  of  manganÚse  and  its  séparation  froni  zinc  and 
irnn,  bv  Georges-Philipp  Scholl.  Easton,  Pa.,   igo3;  i  fasc.  in-8°. 

The  rapid  prĂ©cipitation  of  mĂȘlais  in  llie  electrolytic  way,  by  Franz  Frederick 
ExNER.  Easton,  Pa.,  igo3;  i  fasc.  in-8°. 

The  réduction  of  nitric  acid  in  metallic  nitrates  to  ammonia  by  the  electric 
carrent  and  the  quantitative  estimation  of  nitric  acid,  by  William  Hastings  Easton. 
Philadelphie,  igoS;  1  fasc.  in-8°. 

The  protolyle  as  the  basis  of  eletnental  individiially,  by  Novn  E.  Aronstam.  (Extr. 
de  The  médical  ùge,  26  juin  igoi.)  Détroit,  Mich.;  i  fasc.  iii-8". 

The  spermatogenesis  of  Oniscus  asellus  Linn.,  ivith  especial  référence  to  the  his- 
tory  of  the  chromatin,  by  Louise  Nichols.  (  Exlr.  de  The  Proceedings  of  the  american 
philosophical  Society,  vol.  XLI,  n°  168.)  i  fasc.  in-S". 

Cold  Spring  Harbor  monographs  :  I.  Talorchestia  Longicornis,  by  Mabel 
E.  Smallwood;  II.  Collembola  of  Beach.  by  C.-B.  Davenport.  Brooklyn,  N.  Y.,  igo3; 
2  fasc.   in-S". 

On  the  discharge  of  eleclricily  from  hol  platiniuni,  by  Harold-A.  Wilson.  {Phil. 
Trans..  A,  vol.  CCII,  igoS,  p.  243-273.)  Londres;  i  fasc.  in-4°. 


Io88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

A  inelhod  for  thc'uK.'estignlinn  of  fossils  by  sériai  sections,  by  \V.-J.  Sollas. 
{Pliil.  Trans.,   B,  vol.  CXCVI,   1908,  p.  209-265.)  Londres,  i  fasc.  in-.';". 

Die  schiveizerischen  Molassehohlen  wesllich  der  Reiiss,  mit  3  Tafein,  von  D'' Ernst 
KissLiNG.  lyBeiliĂ ^e  ziir  GĂ©ologie  der  Schweiz.  Geolechnisclie  SĂ©rie,  Lief.  II.) 
Berne,  i9)3;  1  f'asc.  in-4°. 

Sverig-es  Geologiska  VndersÎkning;  série  Grt,  n"  :5;  série  G,  n"  193,  19i;  série 
Art,  n"  il6.  118,  122;  série  Ac,  n°  7.  (Textes  et  Cartes.)  Stockholm,  1902-1903;  i  fasc. 
in-4'',  6  fasc.  in-8°  et  4  feuilles  de  cartes  en  coLileur  in-f". 

L'Étal  indĂ©pendant  du  Congo.  Documents  sur  le  pays  et  les  Ituhitanis.  (Annexe 
aux  Annales  du  Musée  du  Congo.  Ethnographie  et  Anthropologie:  série  IV,  fasc.  1 
et  2.)  Bruxelles,   1908;  2  fasc.  in-f". 

Subject  list  of  Works  on  the  minerai  industries  and  allicd  sciences  in  ihe  Library 
of  the  Paient  OJJice.  (Patent  Office  Libriiry  séries:  n°  13.  Bibliographical  séries: 
n"  10.)  Londres,  1908;  1  vol.   in- 18. 

Abnanaque  nautico  para  el  ano  1906,  calculado  de  orden  de  la  superioridad  en 
et  Instituto  y  Obsenatorio  de  Marina  de  San  Fernando.  San  Fernando,  igoS;  i  vol. 
in-4°. 


ER/{A  TA. 


(SĂ©ance  du  3o  novembre  igoS.) 

Note  de  MM.  H.  Baubigny  el  P.  Rivais,  SĂ©paraLion  de  l'iode  dans  les  sels 
halogĂšnes  alcalins  d'avec  le  chlore  et  le  brome,  etc.  : 

Page  928,  ligne  16,  au  lieu  de  SO*H^Ag,  lisez  SO'H^ 

Note  de  M.  GuilUermonil,  Coiilribution  à  réliide  cytologique  des  Asco- 
mycĂšles  : 

Page  989,  lignes  7  et  16,  au  lieu  de  Peziza  Corlinus,  lisez  Peziza  Catinus. 


W  24. 

TABLE   DES  ARTICLES:  (Séance  du  14  décembre  1903.) 


MÉMOIRES    ET  COMMUNICATIONS 

DES   MEMBKES   ET   DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


Pages. 


IM  H  DESLANDRES.  -  CaractĂšres  princi- 
paux des  spectres  de  lignes  et  de  bandes. 
Considérations  sur  les  origines  de  ces  deux 


.  Études  spectroscopiques  du 
mont  Blanc,    par  M,    le 


spectres .... 
M.  J.Janssen. 

sang    faites,  au 

D'  Henocque 

iMM.  R.  Zeiller  et  P.   Fliche 

verte  de  strobiles  de   SĂ©quoia  et   de  Pin 

dans     le     Portiandien    des 


oi3 


lOKJ 


DĂ©cou- 


pages. 

BouIogne-sur-Mer 'r"".'   ^°''* 

M     p.    DUHEM.    —   Sur    la   suppression    de 
riiystérésis    magnétique    par    un    champ 

magnétique  oscillant '"^ 

MM    Paul  Sabatieii  et  J.-B.  Senderens.  — 
Préparation    directe    du    cyclohexanol    et 
de  la  cyclohexanone  à  partir  du  phénol..   loaa 
M    Janssen   présente  à  l'Académie   «  l'An- 
nuairedes  Longitudes  pour  l'annĂ©e  1904  »‹    "O^? 


environs 


de 


NOMINATIONS. 

lu  membre  de  la  Com 


M.  MoissAN  est  ree  . 

mission  de  contrĂŽle  de  la  Circulation  mo- 

ListtTc'andidàis  présentée  à  M.  le  Ministre 


io:Ăź'7 


de  l'Instruction  publique,  pour  une  place 
d'Astronomie  titulaire  vacante  Ă   l'Obser- 
vatoire :  ."  M.  Bossert,  a"  M.  Benan.... 


CORRESPONDANCE 


M    G -W   HiLL,  nommé  Correspondant  pour 
la  Section  d'Astronomie,  adresse  sesremer- 

clments  Ă   l'AcadĂ©mie ‱‱‱‱‱‱  ‱‱.‱;‱‱ 

M.  le  Secrétaire  rerpétuel  signale  divers 
Ouvrages  de  M.  A.  Bergel  et  de  M.  J.-W- 

Gibbs .' 

M.   Hadamard.  -   Sur   les   Ă©quations    aux 
"    dérivées    partielles    linéaires    du    second 

M°e' COURSAT.' -  Sur'  "une  généralisation 
'de  la  théorie  des  fractions  continues  alge-  ^ 

m!' George 'wIl'l'e'nbero:'-  Sur  l'Ă©quation 

différentielle  de  Riccati  du  second  ordre..   1 
M.   Albert   HĂ©risson.  -    ProcĂšde   simple 
permettant    d'obtenir,   sur    la    paroi   d  un 
■       cylindre  qui  tourne,  de  grandes  pressions 

avec  de  faibles  efforts ' 

M.  Caknevel.  -  Moteur  Ă   combustion   par 

compression ■ 

MM.  J.  Macé  de  Lépixav  et  H.  Buisson.  - 
Sur  une  nouvelle  méthode  de  mesure  des 

Ă©paisseurs  et  des  indices - 

M.  EugĂšne  Bloch.  -  Sur  l'ionisaiion  par 

le  phosphore ;  -, '  ' 

Etude  d'une  résistance  de 


10^8 


10^8 


—     Émission     de 


10 /if) 


les  efl'orts  développés 


M.  A.  Blaxc, 
contact.. . . 

,M.  A.  PÉROT.  —   Sur 

dans  le  choc  d'éprouvettes  entaillées..... 

MM  André  Broca  el  D.  Sulzer.  -  La 
sensation  lumineuse  en  fonction  du  tenips 
pour  les  lumiÚres  colorées.  Discussion  des 
résultats 


io35 
io36 

io38 
io4o 

1.4  ■ 


io?i6 


M     \uG.    Charpentier 

rayons  n  (rayons  de  Blondlot)  par  l'or- 
ganisme humain,  spécialement  par  les 
muscles  et  par  les  nerfs ■_‱ 

M     Camille  Matignon.  —  Action   du  mĂ©- 
lange oxygĂšne  et  acide  chlorhydrique  sur       _ 

'  1 ODI 

quelques  mĂ©taux ‱ 

M    LĂ©on  Guillet.  -  Sur  la  constitution  et       ^ 

les  propriétés  des  aciers  au  silicium  io:>:, 

M  0.  Boudouard.  —  Nouvelle  mĂ©thode  de 
"détermination    des    points    critiques    des 

fers  el  des  aciers ‱ ‱‱ 

MM.  F.  OsMOND  et  G.  Cartaud.  —  Sur  les 

fers  mĂ©tĂ©oriques ‱  ■  ‱ 

MM  C.  Charrié  et  A.  Bouchonnet.  -  Sur 
la  préparation  du  sesquiséléniurc  d'iri- 
dium   ‱ ,‱‱■■■ 

M.  Albert   Colson.    -    Sur    les    acétates 

alcalino-tcrreux ‱ -,  ‱  ‱  ‱ 

M     Louis   Dubreuil.   -  Action   des  acides 
bromosuccinique      et     bibromosucc, nique 
sur  les  bases  pyridiques  et  quinoleiqucs 
M.  P.  Brenans.  -  Sur  un  nouveau   phénol 

ti'iiodé '."',""  \" 

M.  J.  MiNGUiN.  —  StĂ©rĂ©oisomene' dans  les 
Ă©thers  camphocarboniques  substitues  et 
l'acide    méthylhomocamphorique.     Acide 

Ă©lhylcamphocarbonique 

M.  Maurice  François.  —  lodures  de  mer- 
curammonium    des    aminés   primaires    et 

des  aminĂ©s  tertiaires ; ‱  ‱ 

M.  P.  Carre.  -  Sur  l'éthérification  de 
l'acide  phosphorique  par  la    glycérine. . . . 


io54 

loSg 
lofit 

1060 
io63 

1067 
1069 


W  24. 

SUITE  DE  LA  TABLE  DES  ARTICLES. 


M.  Louis  Boutan.  —  L'origine  i-cclle  des 
perles  fines i<'73 

)\L  Georges  Coutagne.  —  Sur  les  facleius 
élémenlaires  de  l'hérédllc 10^5 

MM.  A.  Ykrmoloff  et  E.-A.  Martrl.  —  Sur 
la  géologie  et  l'hydrologie  souterraine  du 
Caucase  occidental lo-;-; 

AL  F.  Batelli.  —  La  prĂ©tendue  fermenta- 
tion alcoolique  des  tissus  animaux 1079 

M.  A.  BoiDiN.  —  Contribution  Ă   l'Ă©tude  de 
l'amylo-coagulase 1081 

M.  C.  Phisalix.  —  CorrĂ©lations  fonction- 
nelles entre  les  glandes  Ă   venin  et  l'ovaire 


chez  le  Crapauil  commun lotSj 

MM.  G.  iMoussu  et  J.  TissoT.  —  Les  condi- 
tions spéciales  de  la  circulation  dans  des 
glandes  en  activité . .   ioS4 

M.  A.  Grandidier  présente  à  l'Académie, 
au  nom  de  l'auteur  M.  Jules  de  Scho- 
kalsky,  le  premier  fascicule  d'un  Atlas 
de  GĂ©ographie 1086 

M.  D.  Lechaplain  adresse  une  «  Note  rela- 
tive à  la  direction  des  aérostats  » 10.S7 

M.  Cardin  adresse  une  Note  «  Sur  la  for- 
mation des  alcoolates  cupro-alcalins  »...    1087 


Bulletin  bibliographique. 
Errata 


i.,S7 
loSH 


PARIS.  —  IMPRIMERIE    GAUTHIE  R  -  VIL  LARS, 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

i«  Gérant  :  GAUTHiER-ViLLAns. 


p.  1903 

l^Ci^^  SECOND  SEMESTRE. 

COMPTES  RENDUS 

HEBDOMADAIRES 

DES     SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVÏI 


N°  23  (21  Décembre  1905). 


PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRIMEUR-LIBRAIHE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUE 

ADOPTÉ    DANS   LES  SÉANCES    DES    23   JUIN    1862    ET    2^    MAI    iSyS 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composent  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moj-enne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1".  —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 

ou  parun  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
e  Compte  rendu  de  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  ]our  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  j)ar  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  61  pages  par  année.  I 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas   les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie;  cependant,  si  les  Membres  qu,   y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  so.t  lait  mention,  iis  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
ils   donnent  lecture  à   l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au   Bureau.  L'impression   de  ces   Notes    ne 
préjudice  en  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
l're,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  1  objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  .les  prix  proj>osés  par  l'Académie 
sont  imprimes  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatils  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qi 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séai 
i>I.que  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 
Article  2.  -  Impression  des  travaux  des  Sa\ 

étrangers  à  l'Académie. 
Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  pei 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  d. 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoiw 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  req 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  m 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondait 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
^  Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  r 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plusl: 
jeudi  Ă   i o  heures  du  matin  ;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă   l 

le  titre  seul  duMémoireestinsérédansleCo/npte 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  rend 
vant  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 


Article  4.  -  Planches  et  tirage  Ă   part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  planch 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  ofi  des  figures  se» 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  com 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais  de 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rappoi 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouvernement 

Article  5.  .^ 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administratif 

un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus  a 

l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  du 

sent  RĂšglement. 


déß"afa"l^rSr  *',"''"''""  ""'  '''"'^'  faire  présenter 
aeposer  an  Secrétanat  au  plus  tard  le  Samedi  qui  précÚde  la  séance, 


avInt'^^T'r'  ^"  f  *'‱  '"'  SecrĂ©taires  perpĂ©tuels  sont  priĂ©s  d 
avant  5  .  Autrement  la  présentation  sera  remise  à  la  séance  sni,j 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE  PUBLIQUE  ANNUELLE  DU  LUNDI  21  DÉCEMBRE  1905, 

PRÉSIDÉE  PAU  M.  ALBERT  GAUDRY. 


M.  AlbeiĂźt  Gauurv  prononce  ralloculion  suivante  : 

«  Messieurs, 

»  Quelques-uns  de  nos  ConfrÚres,  auxquels  est  échu  l'honneur  de  pré- 
sider notre  séance  annuelle,  vous  ont  entretenus  du  rÎle  magnifique  de  la 
Science  dans  la  Société  moderne.  En  choisissant  cette  année  pour  votre 
président  un  paléontologiste,  vous  avez  dû  penser  qu'il  serait  malhabile 
pour  vous  parler  de  l'époque  présente.  Souffrez  donc  que  je  vous  transporte 
un  moment  dans  le  monde  des  fossiles. 

»  Aussi  bien,  en  exposant  l'état  actuel  de  la  Paléontologie,  m'est-il 
permis  de  croire  que  je  traite  un  sujet  digne  d'intĂ©rĂȘt  pour  notre  AcadĂ©mie. 
M.  Edmond  Perrier  a  Ă©crit  :  GrĂące  Ă   Cuner,  une  Science  nom-eUe  est 
créée,  qui,  ressuscitant  les  anim.aux  et  les  plantes  des  temps  anciens,  va 
nous  raconter  en  détails  Vhistoire  du  passé  de  notre  planÚte;. . .  les 
doctrines  de  Lamarck  et  de  Geoffroy  Saint-Hilaire  lui  ouvrent  les  plus 
vastes  horizons.  »  Oui,  cette  triade  de  savants  de  l'Académie  et  du  Jardin 
des  Plantes  a  fondé  la  Paléontologie  :  c'est  là  un  titre  d'honneur  que  nul 
ne  conteste  à  notre  pays.  En  travaillant  pour  la  Paléontologie  nous  pensons 
faire  acte  de  patriotisme. 

»  Notre  grand  Cuvier  a  connu  trop  peu  d'animaux  fossiles  pour  établir 
leurs  enchaĂźnemenls.  Celui  que  Lamarck  appelait  le  Sublime  Auteur  de 
toute  chose  lui  a  semblé  avoir  tiré  les  espÚces  les  unes  des  autres,  en  com- 
mençant par  les  plus  simples  pour  terminer  par  les  plus  parfaites.  Mais 
nulle  part  Lamarck  n'a  donné  des  exemples  de  leur  descendance.  Geoffroy 
Saint-Hilaire  a  été  plus  loin;  ayant  étudié  les  Reptiles  fossiles  de  la  Nor- 
mandie, il  prĂ©tendit  qu'ils  Ă©taient  les  ancĂȘtres  des  animaux  actuels.  Il  a  eu 
des  envolées  prophétiques.  Pourtant,  en  i83o,  lors  des  fameuses  discussions 

C.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  25.)  '43 


lOgO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

avec  Guvier,  il  sembla,  faute  de  preuves,  avoir  tort.  Le  bon  Geoffroy  est 
mort,  sans  avoir  eu  la  joie  de  voir  découvrir  les  anneaux  des  chaßnes  mer- 
veilleuses que  son  génie  avait  devinées. 

»  Encore  en  1872,  Darwin  constatait  le  manque  des  gradations  néces- 
saires pour  dĂ©montrer  les  descendances  des  ĂȘtres  :  C'est  lĂ   peut-ĂȘtre, 
ajoutait-il,  l'objection  la  plus  sérieuse  quon  puisse  opposer  à  ma  tliÚorie . 
Je  crois  que  l'explication  provient  de  l' imperfection  des  documents  que 
la  GĂ©ologie  met  Ă   notre  disposition.  Un  des  Chapitres  de  VO/-igine  des 
EspÚces  est  intitulé  :  Pam-reté  de  nos  collections  paléontologiques. 

»  Nous  ne  saurions  plus  tenir  ce  langage.  Quand  on  passe  à  Cromarty, 
dans  le  nord  de  l'Ecosse,  on  aperçoit  une  colonne  érigée  en  Tlionncur  de 
l'ouvrier  carrier  Hugh  INIiller  ;  en  cassant  des  pierres,  l'ouvrier  de  Cromarty 
admirait  qu'on  y  trouvùt  des  créatures  fossiles,  et  il  en  tirait  des  pensées  si 
hautes  qu'il  est  devenu  un  des  paléontologistes  célÚbres  de  la  Grande-Bre- 
tagne. Beaucoup  de  gens  sont  comme  Miller;  c'est  chose  Ă©tonnante  que 
l'ardeur  avec  laquelle,  dans  tous  les  pays  du  monde,  on  brise  les  roches 
pour  surprendre  les  secrets  des  temps  passés  :  bùtis  hier,  les  Musées  de 
Paléontologie  sont  aujourd'hui  trop  petits. 

»  Alcide  d'Orbigny  a  établi  une  longue  série  détages,  ayant  chacun  des 
formes  spéciales,  et  bientÎt  on  a  subdivisé  ces  étages  en  zones  dont  les 
espÚces  offrent  des  nuances  successives.  Au  lieu  d'entités  distinctes,  nous 
dĂ©couvrons  des  enchaĂźnements,  et  l'Ɠuvre  de  la  CrĂ©ation  pi'Ă©sente  Ă   nos 
esprits  charmés  le  spectacle  d'une  évolution  qui  s'avance  majestueuse  dans 
l'immensité  des  ùges. 

»  Aucun  visiteur  de  la  nouvelle  galerie  de  Paléontologie  du  Muséum  ne 
met  plus  en  doute  que  d'aliord  il  y  a  eu  le  rÚgne  des  Invertébrés,  c'est- 
Ă -dire  des  ĂȘtres  les  moins  Ă©levĂ©s,,  qu'au  rĂšgne  des  InvertĂ©brĂ©s  a  succĂ©dĂ©  celui 
de  Poissons  et  de  Reptiles,  incomplÚtement  vertébrés  à  leur  début;  qu'en- 
suite il  y  a  eu  le  rÚgne  des  puissants  Vertébrés  à  sang  froid,  plus  tard  celui 
des  MammifĂšres,  plus  tard  enfin  celui  de  l'Homme. 

»  Assurément,  en  face  du  connu  se  dresse  encore  un  vaste  inconnu.  Mais 
dĂ©jĂ   de  nombreux  stades  d'Ă©volution  apparaissent,  surtout  chez  les  ĂȘtres 
supérieurs,  dont  la  complicalion  fournit  plus  de  moyens  de  comparaison. 
Par  exemple,  nous  savons  qu'Ă   l'aurore  du  Tertiaire  il  n'y  avait  pas  ces 
élégants  QuadrupÚdes,  si  rapides  à  la  course,  que  nous  admirons  sous  le 
nom  de  Clic  vaux  et  de  Ruminants;  le  noble  Eléphant  n'existait  pas;  on  ne 
voyait  ni  Rhinocéros,  ni  Tapirs,  ni  Ours,  ni  HyÚnes,  ni  Chiens,  ni  Chats,  ni 
Singes.  Peu  Ă   peu  les  QuadrupĂšdes  sont  devenus  plus  Chevaux,  plus  Rumi- 


SÉANCE    DU    2  1    DÉCEMBRE    igo3.  1091 

nanls,  plus  ÉlĂ©phants,  plus  RliinocĂ©ros,  plus  Tapirs,  plus  Ours,  plus 
HyĂšnes,  plus  Chiens,  plus  Chais,  plus  Singes. 

»  On  n'aurait  pas  imaginé  rpic  des  travaux,  de  science  pure,  ayant  pour 
objet  l'histoire  de  l'Ă©volution,  dussent  avoir  une  application  pratique; 
cependant,  comme  chaque  phase  de  dĂ©vcloppcnrcnt  des  ĂȘtres  correspond  Ă  
une  époque  déterminée,  elle  offre  le  meilleur  moyen  pour  fixer  l'ùge  des 
terrains;  ainsi  elle  profite  Ă   toutes  les  industries  qui  se  basent  sur  les  faits 
géologiques. 

»  Cette  Paléontologie  ne  ressemble  guÚre  à  celle  du  milieu  du  siÚcle 
dernier;  celle-lĂ   ne  nous  montrait  que  des  espĂšces  fixes,  toujours  immo- 
biles :  c'Ă©tait  un  peu  triste.  Depuis  l'enfant,  qui  jette  une  pierre  dans  l'eau 
pour  y  produire  des  ondes,  jusqu'Ă   l'astronome  suivant  la  marche  des  corps 
célestes,  nous  aimons  tous  le  mouvement.  Or  maintenant  la  Paléontologie 
nous  révÚle  une  nature  en  continuel  mouvement  :  tout  remue,  tout  change. 
Un  os  s'allonge  ou  se  raccourcit,  s'Ă©paissit  ou  s'amincit,  se  complicjueou  se 
simplifie;  une  dent  a  des  tubercules  (jui  se  disposent  tantĂŽt  eu  lames,  tantĂŽt 
en  mamelons,  tantĂŽt  en  pointes,  tantĂŽt  en  croissants.  Il  y  a  une  satisfaction 
immense  dans  la  contemplation  de  cette  perpétuelle  diversité.  Le  Dieu 
qu'aujourd'hui  les  paléontologistes  adorent  est  un  Dieu  d'une  adivité 
infinie,  qui  nous  donne  l'exemple  d'un  travail  incessant. 

»  En  ce  moment,  la  science  des  fossiles  prend  un  nouvel  essor  par  les 
expéditions  lointaines.  Plusieurs  de  nos  vaillants  officiers  commencent  à 
nous  faire  connaßtre  l'intérieur  de  l'Afrique.  M.  de  Lapparcnt  vous  a  pré- 
senté en  diverses  occasions  les  piÚces  qu'ils  ont  rapportées.  Puissent-ils  nous 
ramener  un  Okapi  pour  nous  offrir  une  idée  de  l'aspect  de  nos  fossiles  dans 
l'Ă©tat  de  vie! 

»  Madagascar  est  un  centre  d'importantes  découvertes.  M.  le  profes- 
seur Boule  vous  montrera  au  Muséum,  parmi  une  quantité  d'échantil- 
lons, de  magnifiques  Ammonites,  des  os  énormes  de  Dinosauriens  expé- 
diés par  M.  Bastard  et  beaucoup  d'autres  explorateurs.  \  oulant  continuer 
l'Ɠuvre  magistrale  de  son  pùre  à  Madagascar,  M.  Guillaume  Grandidier  a 
recueilli  de  curieux  MammifĂšres  fossiles.  Le  fils  d'un  autre  de  nos  ConfrĂšres, 
M.  Paul  Lemoine,  vient  de  faire  dans  le  mĂȘme  pays  de  fructueuses 
recherches. 

»  En  présence  des  découvertes  extraordinaires  des  savants  argentins  et 
surtout  des  frÚres  Ameghino,  M.  André  Tournouër  a  eu  la  généreuse 
pensée  que  la  Science  française  devait  eu  avoir  sa  part,  et  voici  que,  pour 
la  cinquiĂšme  fois,   il  est  en  Palagonie.  Il  nous  envoie  des  monceaux  de 


1092  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

bĂȘtes  fossiles  inconnues.  Pyrothciiuin,  Asli-apolhei  ium,  Leontinia  Ă©taient 
vraiment  de  bizarres  et  gigantesques  créatures! 

»  La  Paléontologie  végétale,  fondée  dans  noire  pays  [)ar  Adoljjhe  Bron- 
gniart,  progresse  en  mĂȘme  temps  que  la  science  fondĂ©e  par  Cuvier.  GrĂące  Ă  
MM.  Zciller,  Grand'Eury,  Bernard  Renault,  Fayol,  nous  croyons  cheminer 
dans  les  forĂȘts  d'autrefois,  nous  assistons  Ă   la  genĂšse  des  vĂ©gĂ©taux  qui 
vivaient  il  y  a  plus  d'un  million  d'années;  on  nous  montre  des  grains  de 
pollen  pénétrant  dans  le  nucelle,  des  enveloj)pes  de  graines  presque  aussi 
nettes  que  chez  les  espÚces  actuelles,  des  vaisseaux  ponctués,  des  trachées 
déroulées,  etc.  Les  microbes  accumulés  dans  la  bouille  nous  apprennent  que, 
dÚs  les  anciens  jours,  les  corps  organisés  les  plus  petits  ont  été  les  plus 
importants. 

»  Si  l'étude  des  animaux  et  des  plantes  fossiles  doit  beaucoup  à  la  France, 
la  Paléontologie  humaine  ne  lui  doit  pas  moins  :  Boucher  de  Perthes, 
Lartet,  de  Mortillet  ont  été  ses  initiateurs;  M.  Piette  et  d'autres  ardents 
chercheurs  ont  entrepris  de  nous  dire  nos  origines. 

»  DerniÚrement,  le  prince  de  Monaco,  avec  M.  l'abbé  de  \illeneuve,  a 
découvert  à  Menton  des  squelettes  humains;  les  savants  français,  auxquels 
il  en  a  confié  l'étude,  sont  frappés  de  leurs  rapports  avec  ceux  des  Austra- 
liens. Ces  recherches  sont  trop  isolées  pour  que  nous  osions  présenter  leurs 
résultats  comme  certains. 

»  Mais,  pour  les  Arts  et  l'Industrie,  nous  avons  en  ce  moment  des 
révélations  surprenantes.  MM.  RiviÚre,  Capitan,  Cartailhac,  aidés  par 
M.  l'abbé  Breuil,  ont  apporté  plusieurs  fois  à  l'Académie  les  reproductions 
de  peintures  qui  ornaient  les  parois  de  diverses  cavernes;  voiis  avez  vu  de 
remarquables  représentations  d'animaux,  notamment  de  Mammouths,  et 
aussi  de  sujets  humains.  Pourquoi  ont-elles  été  faites  dans  des  galeries  abso- 
lument obscures?  Notre  confrÚre  de  l'Académie  des  Inscriptions  et  Belles- 
Lettres,  M.  Salomon  Reinach,  s'appuyant  sur  des  coutumes  de  certains 
Australiens,  vient  de  nous  dire  que  ces  représentations  étaient  des  talis- 
mans, au  moyen  desquels  les  chasseurs  s'imaginaient  attirer  le  gibier.  Une 
lampe  trouvée  par  M.  RiviÚre  renfermait  des  résidus  charbonneux,  sem- 
blables, suivant  M.  Bcrthelot,  Ă   ceux  que  laisserait  la  combustion  d'une 
substance  grasse,  telle  que  le  suif  ou  le  lard.  M.  Moissan  a  constaté  que  les 
matiĂšres  colorantes  des  peintures  Ă©taient  des  oxydes  de  fer  et  de  manganĂšse. 
On  ne  peut  sans  Ă©motion  manier  les  reliques  de  nos  premiers  aĂŻeux.  En  face 
d'Ă©normes  Pachydermes,  du  Bison,  de  l'Ours,  du  Lion  et  de  l'HyĂšne  des  ca- 
vernes, n'ayant  pour  se  défendre  que  des  instruments  de  silex,  ils  ont  osé 


SÉANCE    DU    2  1    DÉCEMBRE    igoS.  lOgS 

lutter,  et  ils  ont  vaincu  :  c'Ă©taient  des  artistes,  c'Ă©taient  des  braves;  honneur 
à  leur  mémoire! 

»  Ainsi,  des  horizons  inconnus  se  découvrent  à  nous.  Pour  les  embrasser, 
nous  sommes  insuffisants.  Messieurs,  demandez  Ă   vos  amis  qu'ils  viennent 
Ă   notre  aide.  Nous  leur  promettons  grands  plaisirs,  plaisirs  de  philosophes 
qui  tĂąchent  de  comprendre  les  mystĂšres  de  la  vie,  plaisirs  d'artistes  et  de 
poĂštes,  qui  aiment  les  spectacles  grandioses.  J'ai  vu  Ă   Canyon  City,  dans 
les  Montagnes  Rocheuses,  un  os  de  la  cuisse  d'un  AllaĂŻUosaurus,  qui  avait 
Ă   lui  seul  la  hauteur  d'un  homme.  Quand,  Ă   Nevv-Haven,  on  mesure  les 
restes  prodigieux  des  Dinosauriens  découverts  par  Marsh,  on  est  dans  la 
stupeur.  Un  jour  viendra  oĂč,  dans  quelque  musĂ©e,  on  rĂ©unira  les  restaura- 
tions des  fossiles  de  toutes  les  contrées  et  de  tous  les  ùges;  la  vision  en  sera 
si  Ă©trange  qu'on  se  demandera  si  ce  n'est  pas  un  rĂȘve. 

»  Ce  rĂȘve  semblera  trĂšs  beau;  ce  ne  sera  pas  un  cauchemar.  Il  ne  faut 
point,  parce  qu'il  y  a  eu  autrefois  des  ĂȘtres  gigantesques,  conclure  que  la 
Terre  a  été  un  théùtre  de  luttes  et  de  désordres.  On  a  exagéré  les  idées  de 
Darwin  sur  le  slrugglc  for  lifc.  Les  forts  n'ont  pas  anéanti  les  faibles. 
Lorsqu'un  type  est  arrivé  à  son  épanouissement,  il  meurt;  que  ce  soit  une 
Ammonite,  ou  un  Bronlosaurus,  ou  un  Pyrotherium,  il  meurt,  pendant  que 
des  types  moins  perfectionnés  perpétuent  la  vie.  Les  Carnivores  ont  été  rares 
sur  les  anciens  continents.  Chose  triste  pour  notre  espĂšce,  c'est  l'homme 
qui  a  poussé  les  cris  de  guerre,  c'est  lui  qui  change  les  jolies  campagnes  en 
champs  de  carnage.  Au  moment  oĂč  les  MammifĂšres  fossiles  ont  eu  leur 
apogée,  le  rçi  des  animaux  était  le  pacifique  Dinotheriiun;  figurez-vous  ce 
géant  escorté  des  Mastodontes,  de  VHelladothcrium,  de  V Aiicylotlwiium  : 
c'Ă©tait  vraiment  la  personnification  de  la  nature  puissante  et  calme  des 
anciens  jours.  Les  géologues,  qui  étudient  le  rÚgne  minéral,  découvrent 
parfois  les  traces  de  révolutions  violentes,  comme  celles  dont  la  Martinique 
vient  d'ĂȘtre  la  victime.  Nous,  palĂ©ontologistes,  nous  contemplons  les  lentes 
et  harmonieuses  évolutions  du  monde  animé. 

»  Messieurs,  je  peux  le  dire  par  ma  longue  expérience  :  l'existence  du 
paléontologiste  est  charmante;  nous  allons  en  tous  pays  comparer  les  mou- 
vements de  la  vie  dans  les  ùges  passés,  et,  de  temps  en  temps,  dans  un  coin 
de  montagne  oĂč  meurt  le  murmure  humain,  nous  nous  arrĂȘtons  pour 
creuser  les  roches  et  interroger  la  grande  nature.  Deux  fois  différentes, 
notre  Académie  a  chargé  celui  qui  vous  parle  de  faire  des  fouilles  à  Pi- 
kermi.  Plus  de  quarante  années  se  sont  écoulées;  j'ai  vu  disparaßtre  tour  à 
tour  les  hommes   qui  formaient  alors  l'Académie;  mais  l'Académie  ne 


IOC)\  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

meurt  pas,  et,  vieillard  aujourd'hui,  je  lui  dis  de  tout  cƓur  merci  pour  le 
bonheur  qu'elle  a  jeté  sur  mes  jeunes  années.  C'est  que  j'ai  passé  mes 
meilleurs  jours  au  pied  du  Pentélique.  Quand,  à  mon  retour,  on  m'a  dit  : 
«  Vous  avez  dû  avoir  des  moments  de  lassitude  dans  votre  ravin  de  Pi- 
»  kermi?  »  j'ai  répondu  :  «  C'est  vrai,  j'ai  été  (piclquefois  oppi-essé  en  me 
»  sentant  si  chélif  devant  les  restes  des  plus  imposantes  créatures.  Mais, 
»  lorsque,  avant  de  quitter  la  GrĂšce,  j'ai  gravi  l'Acropole  oĂč  tant  de  n>er- 
»  veilles  du  génie  humain  sont  réunies,  j'ai  repris  ma  force.  Appuyé  contre 
»  une  colonne  du  Parthénon,  je  me  suis  dit  :  Qu'importe  que  l'homme  ait 
»  un  corps  trÚs  petit,  puisque  Dieu  a  doté  son  ùme  du  génie;  qu'importe 
»  que  nous  soyons  nĂ©s  d'hier,  que  le  passĂ©  ait  Ă©tĂ©  pour  les  ĂȘtres  sans  raison, 
»  si  le  présent  est  à  nous  et  si  l'avenir  nous  est  réservé  ». 

»  Je  sors  du  monde  des  fossiles,  et  je  rentre  dans  l'époque  actuelle. 
Immédiatement  j'ai  une  impression  de  tristesse.  J'ai  à  vous  rappeler  la 
perte  de  notre  ConfrÚre  vénéré,  M.  de  Bussy.  Il  avait  succédé  au  gé- 
néral Perrier,  dont  M.  Darboux  va  tout  à  l'heure  vous  retracer  la  belle 
carriÚre.  Il  nous  a  été  enlevé  le  24  avril  à  i'àçe  de  81  ans.  Un  marin  digne 
de  l'apprécier,  M.  Guyou,  a  prononcé  devant  vous  son  éloge.  Il  vous  a 
assuré  que  son  nom  restera  à  cÎté  de  celui  de  Dupuy  de  LÎme  :  Busfy, 
a-tr-il  dit,  a  su  discipline/-  entre  les  mains  du  constructeur  ce  métal 
indocile  qu'Ă©tait  l'acier.  Il  l'a  rendu  facile  Ă   travailler.  Le  remplacement 
des  lourdes  plaques  de  tÎle  par  celles  d'acier  a  été  un  événement  dans  la 
marine.  M.  de  Bussy  a  construit  de  nombreux  cuirassés,  le  Redoutable, 
la  DĂ©vastation,  le  Foudroyant,  le  Dupuy-de-hĂŽme ,  son  chef-d'Ɠuvre. 
Quelle  fascination  ce  doit  ĂȘtre  de  voir  lancer  Ă   la  mer  ces  puissants  navires 
de  combat!  M.  de  Bussy  est  restĂ©  modeste  et  mĂȘme  timide. 

»  Le  25  mai,  le  professeur  de  la  Sorhonne,  M.  Munier-Chalmas,  était 
élu  dans  la  Section  de  Minéralogie.  Moins  de  3  mois  aprÚs,  il  mourait 
subitement.  Je  me  le  rappelle  presque  enfant,  déjà  séduit  par  la  grandeur 
de  la  GĂ©ologie,  ne  voulant  Ă©tudier  rien  autre  chose.  Il  n'aimait  pas  les 
livres,  mĂȘme  ceux  des  savants  les  plus  habiles,  et  il  n'en  a  jamais  fait;  le 
seul  qui  lui  plût,  c'était  celui  de  la  Nature  passée,  dont  les  feuillets,  pour 
me  servir  des  expressions  de  mes  premiers  maßtres,  sont  déchirés,  noircis 
par  le  temps.  La  Géologie,  comme  le  sphinx  de  ThÚbes,  présente  des 
Ă©nigmes;  heureusement,  ceux  qui  n'en  trouvent  pas  le  sens  ne  craignent 
plus  d'ĂȘtre  dĂ©vorĂ©s.  M.  Munier-Chalmas  avait  une  ardeur  singuliĂšre  pour 
les  deviner  et  les  faire  deviner  aux  autres.  Tl  n'est  pas  un  point  du  bassin 


SÉANCE    DU    2  1    DÉCEMBRE    ipoS.  '09^ 

de  Paris  qu'il  n'ait  fouillé,  pas  une  roche  ou  un  fossile  de  nos  Musées  qu'il 
n'ait  scruté  Sa  curiosité  d'esprit  avait  donné  au  laboratou^e  de  Géologie 
de  la  Sorbonne  une  vie  intense  ;  sa  mort  y  produit  un  grand  vide. 

,>  Un  de  nos  Associés  étrangers,  sir  Gabriel  Stokes,  s'est  éteint  dans  sa 
8A«  année  La  vieille  Université  de  Cambridge,  avec  ses  bùtiments  couverts 
de  lierre,  ses  larges  cours  aux  vertes  pelouses,  oĂč  rĂšgne  un  religieux  silence, 
inspire  les  méditations  scientificiues.  Stokes  a  été  une  de  ses  gloires.  Notre 
Associé  étranger  lord  Kelvin  et  notre  Yice-Président  M.  Mascart  ont 
exposĂ©  ses  Ɠuvres;  aprĂšs  eux,  je  ne  saurais  rien  ajouter.  _ 

■  >>  Nous  avons  perdu  plusieurs  Correspondants  nationaux.  La  derniùre 
séance  publique  de  l'Académie  avait  en  lieu  le  22  décembre^  1902;  le  en- 
demain  '>3  décembre,  mourait  k  Marseille  M.  Ueboul,  Correspondant 
de  h  Section  de  Chimie.  Il  avait  fait  de  belles  recherches  sur  les  ethers, 
notamment  sur  un  éther  nouveau  qu'il  a  appelé  le  ^-/jc.r/^. 

))  Le  i"  janvier,  M.  Sirodot,  Correspondant  de  la  Section  de  Botanique 
à  Rennes,  nous  a  été  enlevé.  Un  des  maßtres  de  la  Cryptogamie,  M.  Bor- 
net  vous  a  rappelé  ses  ingénieuses  études  sur  les  organismes  unicellulaires 
colorés  en  vert,  sur  les  Floridées  d'eau  douce,  sur  les  Vers  a  soie  et  sur  le 
gisement  du  mont  Dol,  oĂč,  dans  un  espace  de  i^ooℱ,  on  a  trouve  les  restes 
d'une  centaine  de  Mammouths. 

„  Peu  de  jours  plus  tard,  Ă©galement  Ă   Rennes,  nous  perdions  M.  Le- 
chartier,  qm  avait  été  nommé  Correspondant  de  la  Section  d  Economie 
rurale  pour  ses  recherches  de  Chimie  et  de  GĂ©ologie  agricoles. 

»  Nous  avons  eu  aussi  le  regret  d'apprendre  la  mort  de  Correspondan  s 
Ă©tranc^ers  ‱  M.  Cremona  Ă   Rome  et  M.  Lipschitz  Ă   Bonn,  tous  deux  de  la 
Sectio'n  de  Géométrie,  M.  WiUard  Gibbs  de  New-Haven,  qui  appartenait 
à  la  Section  de  Mécanique;  M.  Gibbs  a  été  l'un  des  rénovateurs  de  la  fher- 

modvnamique.  ,   ,      1        ‱  1 

»  Le  chagrin  que  toutes  ces  pertes  nous  causent  a  ete  adouci  par  plu- 

sieurs  satisfactions  :  .     ,   .      ,     m     1     r 

Tnous  avons  pu  nous  adjoindre  comme  Membre  titulaire  le  fils  de  1  un 
de  nos  ConfrĂšres  les  plus  aimĂ©s,  M.  ThĂ©ophile  SchlƓsing 

„   M.  Bertin,  le  crĂ©ateur  de  notre  nouvelle  flotte,  a  remplace  M.  de  Bussy, 
dans  la  Section  de  GĂ©ographie  et  Navigation. 

»  M.  LĂ©on  LabbĂ©,  l'Ă©minent  dĂ©fenseur  des  intĂ©rĂȘts  hygiĂ©niques  de  nos 
soldats,  a  Ă©tĂ©  Ă©lu  AcadĂ©micien  libre.  ,,    ,    ‱‱ 

„  M.  Koeh,  le  microbiologiste  bien  connu  de  Berlin,  a  ete  choisi  comme 

Associé  étranger. 


lOgÔ  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  L'AcadĂ©mie  a  nomme  Correspondants  :  MM.  de  Forcrand,  IVƓllier, 
BenoĂźt,  Lorentz,  Baccclli  cl  Ilill. 

»  Elle  a  continué  à  patronner  la  Mission  de  TEquateur,  dont  le  com- 
mandant Bourgeois  est  le  chef.  Un  Rapport  de  M.  Poincaré  a  montré  que, 
malgrĂ©  des  difficultĂ©s  extrĂȘmes,  les  officiers  de  la  Mission  de  l'Equateur 
ont  accompli  une  Ɠuvre  de  haute  valeur  :  un  Ă©loge  venant  de  M.  PoincarĂ© 
est  une  récompense. 

»  M.  Lacroix,  chef  de  la  Mission  de  la  Martinique,  a  clairement  établi 
ce  qui  s'est  passé  à  la  Montagne  Pelée  :  I^a  lave  en  fusion  a  formé  un  dÎme 
immense,  surmontĂ©  d'une  aiguille  de  plus  de  Sooℱ  :  Je  l'ai  ru  surgir 
peu  à  peu,  a  dit  M.  Lacroix,  et  donner  à  la  Montagne  Pelée  une  liauteur 

supérieure  à  celle  de  tous  les  volcans  des  Antilles Si  imposante  que 

soit  cette  manifestation,  ce  n'est  pas  elle  quia  causé  les  dévastations  ; 
ce  sont  les  nuĂ©es  ardentes  qui  ont  hi-ĂčlĂ©,  asphyxiĂ©  les  ĂȘtres  vivants,  et 
détruit  tout  ce  qu'elles  rencontraient.  Nous  avons  été  tranquillisés  en 
sachant  sains  et  saufs  les  membres  de  la  Mission  de  la  Martinique.  Il  n'est 
pas  de  soldats  qui  aient  vu  le  feu  de  plus  prÚs;  comme  l'Armée,  la  Science 
a  des  braves.  Nous  adressons  nos  félicitations  à  M.  Lacroix  et  à  ses  compa- 
gnons, MM.  Rollet  de  l'Isle  et  Giraud.  Je  crois  pouvoir  ajouter  Ă   leurs 
noms  celui  de  M'"*  Lacroix,  qui  est  restée  à  cÎté  de  son  mari  dans  ses  deux 
voyages  :  l'Académie  apprécie  tous  les  dévouements. 

»  M.  Jean  Charcot,  dont  vous  patronnez  l'evpédition,  doit  parvenir  en 
ce  moment  à  la  Terre  Alexandre.  Les  explorateurs  des  régions  antarctiques 
ne  découvriront  pas,  comme  Christophe  Colomb,  un  nouveau  Monde 
habité;  mais  lot  ou  tard,  sous  les  glaces,  ils  trouveront  sans  doute  des  ter- 
rains remplis  de  fossiles,  ainsi  que  dans  les  régions  boréales,  indiquant  une 
vie  abondante,  lĂ   oĂč  l'on  n'a  plus  que  le  spectacle  de  la  mort,  preuve  ter- 
rible de  l'instabilitĂ©  de  toute  chose.  L'AcadĂ©mie  envoie  ses  vƓux  bien  loin, 
bien  loin,  aux  explorateurs  des  régions  antarctiques. 

»  Avant  de  donner  la  parole  à  nos  éminenls  Secrétaires  perpétuels  pour 
acclamer  nos  nombreux  et  distingués  lauréats,  j'ai  plaisir  à  mentionner  que 
les  admirateurs  de  M.  Brouardel  et  de  M.  Chauvcau  leur  ont  oflert  des 
mĂ©dailles  gravĂ©es  en  souvenir  de  leurs  Ɠuvres  scientifiques.  Nous  nous 
associons  aux  hommages  rendus  Ă   des  ConfrĂšres  que  chacun  de  nous 
honore. 

»  L'Académie  est  heureuse  d'apprendre  que  l'un  des  prix  Nobel  vient 
d'ĂȘtre  donnĂ©,  moitiĂ©  Ă   M.  et  M""=  Curie,  moitiĂ©  Ă   notre  cher  ConfrĂšre, 
M.  Henri  Becquerel. 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    [goS.  IO97 

»  Je  n'ai  pas  à  \ous  rappeler  que  M.  Roux  a  remis  à  Tlnstitut  Pasteur 
les  cent  mille  francs  du  prix  Osiris  décerné  par  l'Institut  de  France,  mais  je 
tiens  à  noter  que  personne  n'en  a  été  étonné.  Nous  sommes  habitués  à  voir 
de  grands  esprits  unis  à  de  grands  cƓurs.  Cela  montre  qu'un  poùte  illustre, 
chanté  récemment  sous  cette  coupole  par  un  jeune  poÚte  plus  illustre  en- 
core, a  eu  raison  d'appeler  avec  amour  notre  pays  «  notre  douce  France  ». 


PRIX  DÉCERNÉS. 

ANNÉE   1903. 


GEOMETRIE. 


PRIX  FRANCOEUR. 

(Commissaires  :  MM.  Poincaré,  Emile  Picard,  Appell,  Jordan; 
Darboux,  rapporteur.) 

L'AcadĂ©mie  dĂ©cerne  le  prix  FrancƓur  Ă   M.  Emile  Le.moive,  pour  l'en- 
semble de  ses  li-avaux  en  Géométrie. 


PRIX  PONCELET. 

(Commissaires  :  MM.  Poincaré,  Appell,  Emile  Picard,  Jordan; 
Darboux,  rapporteur.) 

L'Académie  décerne  le  prix  Poncelet  à  M.  Hilbert,  professeur  à  l'Uni- 
versitĂ© de  GƓttingue,  pour  ses  travaux  sur  les  principes  de  la  GĂ©omĂ©trie. 


C.  K.,  1903,  1'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  25.)  «44 


1098  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 


MECANIQUE. 


PRIX  EXTRAORDLNAIRE  DE  SIX  MILLE  FRANCS. 

(Commissaires  :  MM.  Maurice  Levj-,  Bouquet  de  la  Grye,  Hatt,  Sarrau; 

Guyou,  rapporteur.) 

La  Commission  propose  d'attribuer  la  moitié  du  prix  à  M.  Mai'gas, 
ingénieur  en  chef  de  la  Marine,  pour  ses  études  relatives  à  la  stabilité  des 
navires  de  combat  et  ses  travaux  relatifs  Ă   la  navigation  sous-marine,  et  de 
répartir  l'autre  moitié,  en  parts  égales,  entre  les  lieutenants  de  vaisseaux 
Jehexxe,  Gaillard  et  (iIermaix,  le  premier  pour  ses  travaux  relatifs  Ă   l'ap- 
plication de  la  télégraphie  sans  fd  à  la  marine,  les  deux  autres  pour  les  per- 
fectionnements qu'ils  ont  apportés  aux  appareils  destinés  à  la  transmission 
des  ordres  ou  des  indications  de  tir  pendant  le  combat. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


PRIX  MONTYON. 

(^Commissaires  :  MM.  Sarrau,  Boussinesq,  Léauté,  Sebert; 
IMaurice  Levy,  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  le  prix  à  M.  Ißodix,  professeur  à  l'Ecole  cen- 
trale des  Arts  et  Manufactures,  pour  la  conception  et  l'exécution  du 
nouveau  systÚme  de  cantilever  réalisé  au  viaduc  du  Viaur. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  PLUiMEY. 

(Commissaires  :  MM.  Guyou,  Sebert,  Léauté,  Sarrau; 
Maurice  Levy,  rapporteur.) 

La  Commission  décerne   le  prix  à  M.  AIarchiss,  professeur  adjoint  à 
l'Université  de  Bordeaux,  pour  renseignement  libre  de  Mécanique  appli- 


SÉANCE    DU    2  1    DÉCEMBRE    IQoS.  I O99 

quée  qu'il  a  créé,  et  plus  particuliÚrement  pour  ses  remarquables  Leçons 
sur  les  machines  Ă   vapeur,  les  machines  thermiques  et  les  instruments  de 
mesures  industrielles. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  FAcadémie. 


PRIX  FOURNEYRON. 

(Commissaires  :  MM.  Sarrau,  Léauté,  Sebert,  Boussinesq; 
Maurice  Levy,  rapporteur.) 

Le  prix  n'est  pas  décerné.  La  Commission  maintient  le  sujet  du  prix 
pour  le  concours  de  igoS  : 

Recherches  thĂ©oriques  oĂč  expĂ©rimentales  sur  les  turbines  Ă   vapeur. 
L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


ASTRONOMIE. 


PRLX  PIERRE  r.UZMAN. 

(Commissaires  :  MM.  Janssen,  ^^'olf,  Callandreau,  Radau  ; 
LƓwy,  rapporteur.) 

Le  prix  n'est  pas  décerné. 


PRIX  LALANDE. 

(Commissaires  :  MM.  Lo'wy,  Callandreau,  Wolf,  Radau,  Janssen; 
Deslandres,  i\ipporteur.) 

La  Commission  propose,  à  l'unanimité,  de  décerner  le  prix  Lalande  à 
M.  Campbell,  de  l'obscrvaloire  Lick  (Californie). 

M.  Campbell,  attaché  depuis  i5  ans  à  cet]  observatoire,  comme  aslro- 


IIOO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

nome  ordinaire  d'abord,  et  ensuite  comme  directeur,  a  tiré  le  meilleur 
parti  possible  du  grand  instrument  et  de  la  situation  favorable  de  Tobser- 
vatoire.  La  Spectroscopie  stellaire  et  TAstronomie  physique  l'ont  attiré 
d'une  maniÚre  toute  spéciale,  el  dans  ce  nouvel  ordre  de  recherches  il  a 
fait  des  découvertes  importantes. 

11  a  abordé  et  poursuivi  les  deux  applications  principales  de  l'analyse 
spectrale  aux  astres,  c'est-Ă -dire  la  recherche  de  la  composition  chimique, 
des  variations  d'Ă©clat  pour  les  diverses  couleurs  et  la  recherche  de  la 
vitesse  radiale. 

C'est  Ă   lui  que  l'on  doit  les  Ă©tudes  les  plus  complĂštes  sur  les  nombreuses 
étoiles  temporaires  signalées  dans  les  derniÚres  années;  il  a  pu  les  suivre 
dans  la  phase  ultime  de  leur  déclin,  la  plus  difficile  pour  l'observation,  et 
reconnaßtre  leur  transformation  plus  ou  moins  complÚte  en  nébuleuses.  Les 
spectres  des  Ă©toiles  variables,  de  plusieurs  Ă©toiles  singuliĂšres  l'ont  aussi 
beaucoup  occupé;  il  a  découvert  un  grand  nombre  d'étoiles  cjui  offrent 
dans  leurs  spectres  des  raies  notables  de  mĂȘme  origine,  Ă   la  fois  brillantes 
et  obscures,  et  qui  forment  ainsi  en  quelque  sorte  un  type  nouveau. 

Dans  la  recherche  des  vitesses  radiales  son  Ɠuvre  est  importante.  Il  est 
le  premier  par  le  nombre  des  Ă©toiles  reconnues  doubles  par  lespectroscope; 
il  en  a  dĂ©couvert  environ  3o.  L'une  d'elles  mĂȘme  a  des  variations  de 
vitesses  radiales  qui  sont  liées  à  deux  périodes  et  est  donc  un  systÚme 
triple. 

Entre  temps,  il  a  dirigé  une  des  missions  américaines  envoyées  aux  Indes 
pour  observer  l'éclipsé  totale  du  Soleil  de  1898.  Les  résultats  obtenus  sur 
le  spectre  et  la  rotation  de  la  couronne  solaire  offrent  le  plus  grand 
intĂ©rĂȘt. 

Ces  travaux  multiples  assurent  Ă   M.  Campbell  une  des  premiĂšres  places 
parmi  les  astronomes  contemporains. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  VALZ. 

(Commissaires  :  MM.  LƓwy,  Wolf,  Radau,  Janssen; 
Callandreau,  rapporteur.) 

La  Commission,   à  l'unanimité,  décerne  le  prix  Valz  à  M.   Ißorreli.y, 
astronome  à  l'observatoire  de  Marseille,  pour  ses  découvertes  de  comÚtes. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igoB.  I lOI 

La  carriĂšre  d'observateur  de  M.  Borrelly  remonte  Ă   la  fondation  de 
l'observatoire  de  Marseille.  Son  activité  scientifique  ne  s'est  jamais  ralentie. 

Au  début,  en  18G9  et  18'ji,  il  fut  envoyé  comme  Cbef  de  station  à 
Valence,  Ă   Orange  et  Ă   Barcelonnette  pour  l'observation  des  Ă©toiles  filantes 
d'août  et  de  novembre. 

Il  a  découvert  des  étoiles  variables  et  des  nébuleuses,  trouvé  20  petites 
planĂštes. 

En  ce  qui  concerne  les  comÚtes,  l'activité  scientificjue  de  M.  Borrelly 
mĂ©rite  d'ĂȘtre  signalĂ©e  plus  particuliĂšrement  : 

En  1871,  il  participe  à  la  découverte  de  la  comÚte  1871  I  (Winnecke)  et 
constate  le  premier  retour  de  la  comÚte  périodique  de  Tutle  :  1871  IV. 

En  1873,  il  découvre,  aprÚs  Tempel,  la  comÚte  1783  II,  puis  la  comÚte 
1873  III  (Borrelly). 

En  1874,  il  participe  à  la  découverte  de  la  comÚte  1874  II,  puis  découvre 
les  comĂštes  1874  IV  (Borrelly)  et  1874  VI  (Borrelly). 

Le  i"' février  1870,  il  redécouvre  la  comÚte  périodique  de  ^^  innecke  : 
1875  II. 

En  1877,  il  découvre  la  comÚte  1877  1  (Borrelly)  et  la  comÚte  1877  III 
(Swifl-Borrelly-BIock). 

En  1889,  découverte  de  la  derniÚre  comÚte  de  l'année  :  1890  I  (Borrelly). 

Le  23  juillet  1900,  découverte  d'une  nouvelle  comÚte  :  1900  II  (Borrelly). 

Le  2  septembre  1902,  découverte,  aprÚs  Perrine,  de  la  comÚte  h  1902. 

Le  21  juin  1903,  découverte  de  la  comÚte  c  1903. 

La  Commission  est  heureuse  de  constater  que  l'observatoire  de  Marseille, 
comme  celui  de  Nice,  a  largement  parlicipé  aux  découvertes  récentes  de 
comĂštes. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


PRIX  G.  DE  POMÉCOULANT. 

(Commissaires  :  MM.  LƓwy,  Callandreau,  PoincarĂ©,  Wolf  ; 
Radau,  rapporteur.) 

Le  prix  qui  porte  le  nom  de  M.  de  Pontécoulant  étant  destiné  à  encou- 
rager les  recherches  de  Mécanique  céleste,  la  Commission,  à  l'unanimité, 
propose  de  l'attribuer  Ă   M.  IJ.  Axdoyer,  dont  les  beaux  travaux,  relatifs  Ă  


II02  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

la  Théorie  de  la  Lune  et  à  celle  des  petites  planÚtes,  ont  depuis  longtemps 
fixé  l'attention  dos  astronomes. 

Nous  en  trouvons  le  germe  dans  une  ThĂšse  de  doctorat  extrĂȘmement 
remarcjuahle,  Sur  la  Théorie  des  orbites  intermédiaires.  On  appelle  ainsi 
des  courhes  par  lesquelles  le  mouvement  d'un  astre  est  représenté  plus 
exactement  que  par  l'ellipse  kĂ©plĂ©rienne,  et  qui  se  prĂȘtent  mieux  aux 
approximations  successives.  M.  Andoyer  en  étahlit  la  théorie  générale,  en 
partant  des  équations  différentielles  de  Laplace,  et  il  en  fait  une  trÚs  heu- 
reuse application  au  cas  particulier  de  la  Lune.  Il  est  revenu  sur  le  mĂȘme 
sujet  dans  plusieurs  Notes,  auxquelles  se  rattachent  deux  Mémoires,  ré- 
cemment publiés,  Sur  les  cas  de  cotnmensurabilité  approchée  dans  le 
problÚme  des  trois  corps  (1902)  et  Sur  la  Théorie  des  petites  planÚtes 
dont  le  moyen  mouvement  est  sensiblement  double  de  celui  de  Jupiter 
(1903).  Il  s'agit  lĂ   d'un  problĂšme  d'une  importance  capitale,  sur  lequel, 
depuis  quelque  temps,  se  concentrent  les  efforts  d'un  grand  nombre  de 
géomÚtres,  et  le  dernier  travail  de  M.  Andoyer  en  a  éclairci  certaines 
difficultĂ©s  :  il  fait  comprendre  qu'il  est  des  cas  oĂč  la  dĂ©termination  d'une 
premiĂšre  orbite  peut  devenir  illusoire. 

Il  faut  signaler  ensuite  les  recherches  de  INI.  Andoyer  sur  les  formules 
générales  de  la  Mécanique  céleste.  On  y  trouve  surtout  une  ingénieuse 
application  de  la  méthode  des  coefficients  indéterminés,  inspirée  par  la 
méthode  que  Laplace  a  suivie  dans  sa  Théorie  de  la  Lune. 

Le  Mémoire  de  M.  Andoyer  sur  l'extension  du  théorÚme  de  Poisson, 
relatif  à  l'invai'iabililé  des  grands  axes,  contient  des  recherches  qui  s'ap- 
pliquent à  un  problÚme  beaucoup  plus  général,  et  les  résultats  ont  une 
rande  portée  théorique. 
LIne  série  de  travaux  concernant  la  Théorie  de  la  Lune,  que  M.  Andoyer 
poursuit  depuis  dix  ans,  ont  pour  origine  le  désaccord  constaté,  à  partir  du 
8«  ordre,  entre  la  série  qu'il  avait  trouvée  pour  la  variation  et  les  coeffi- 
cients deDelaunay.  M.  Andoyer  a  donc  entrepris  la  tùche,  trÚs  délicate  et 
en  mĂȘme  temps  trĂšs  laborieuse,  de  vĂ©rifier  les  calculs  de  Delaunay  par 
deux  méthodes  essentiellement  distinctes,  qui  se  contrÎlent  de  maniÚre 
qu'il  est  possible  de  répondre  des  résultats.  Il  a  constaté  ainsi  que  les  coeffi- 
cients de  Delaunay  sont  souvent  entachés  de  légÚres  erreurs,  au  moins 
lorsqu'il  s'agit  de  termes  trÚs  élevés,  de  ceux  du  iS""  ou  du  if  ordre.  Ces 
erreurs,  il  est  vrai,  se  traduisent  par  des  fractions  de  seconde;  ce  n'en 
sont  pas  moins  des  erreurs,  puisque  les  coefficients  s'expriment  ici  par 


SÉANCE    DU    2  1    DÉCEMBRE    IQoS.  Ilo3 

des  rappoiLs  de  nombres  entiers,  qui  devraient  toujours  ĂȘtre  rigoureuse- 
ment exacts. 

Les  deux  méthodes  dont  M.  Andoyer  a  fait  usage  sont  conformes  aux 
principes  exposés  dans  ses  précédents  Mémoires;  elles  se  rattachent,  par 
quelques  points,  aux  travaux  de  Hill  et  de  Newcomb.  En  les  développant, 
et  en  simplifiant  le  mécanisme  des  calculs,  ^1.  Andoyer  est  arrivé  à  consti- 
tuer une  méthode  qui  permettrait  d'établir,  dans  un  espace  de  temps  rela- 
vement court,  une  Théorie  de  la  Lune  trÚs  propre  à  servir  de  base  à  de 
nouvelles  Tables  :  on  la  trouve  exposée  dans  un  Opuscule  trÚs  intéressant 
que  M.  AxDOYEK  a  récemment  publié  sur  la  Théorie  de  la  Lune,  et  qui 
contient  aussi  une  belle  généralisation  des  théorÚmes  d'Adams. 

11  y  a  là  un  ensemble  de  recherches  qui  révÚlent  un  talent  de  premier 
ordre,  et  que  l'Académie  sera  sans  doute  heureuse  d'encourager. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


PHYSIQUE. 


PRIX  HEBERT. 

(Commissaires  :  ÏNIM.  Mascart,  Lippmann,  VioUe,  Potier; 
H.  Becquerel,  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  le  prix  à  M.  E.  Goldstei.v,  astronome-physicien 
Ă   l'Observatoire  de  Berlin. 

Parmi  les  travaux  qui  ont  attiré  l'attention  de  la  Commission,  nous  cite- 
rons principalement  un  ensemble  de  reciiercbes  dues  Ă   M.  E.  Goldstein. 
Ces  recherches,  relatives  aux  décharges  électriques  dans  les  gaz  raréfiés, 
ont  été  poursuivies  sans  interruption  depuis  plus  de  3o  années  au  cours 
desquelles  Fauteur  a  fait  des  observations  remarquables  et  a  découvert  une 
espĂšce  particuliĂšre  de  rayons. 

Antérieurement  aux  travaux  de  sir  W.  Crookes,  puis  ensuite,  parallÚ- 
lement à  ces  derniers,  M.  E.  Goldstein  a  étudié  les  diverses  particularités 


IIo4  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

des  apparences  lumineuses  qui  acconipagneiil  les  décliarges  électriques 
dans  les  tubes  à  gaz  raréfiés.  L'un  des  premiers,  il  a  signalé  Timporlance 
prédominante  des  rayons  cathodiques  découverts  peu  de  temps  auparavant 
par  Hittorf,  et  il  a  observé  diverses  particularités  de  ces  rayons  dont  l'in- 
tĂ©rĂȘt a  grandi  avec  les  dĂ©couvertes  ultĂ©rieures. 

Dans  ses  premiers  travaux,  M.  Goldslein  n'avait  pas  adopté  les  idées 
de  sir  W.  Crookes  sur  la  matiĂši-e  radiante,  et  il  rattachait  toutes  les  ap- 
parences observées  à  des  causes  purement  optiques,  c'est-à-dire  à  des  trans- 
formations d'énergie  analogues  à  celles  qu'on  observe  dans  les  phénomÚnes 
lumineux. 

On  sait  combien  les  hypothÚses  émises  par  Crookes  ont  été  fécondes  et 
comment  elles  se  sont  merveilleusement  adaptées  à  l'étude  des  nouveaux 
rayons,  mais  on  ne  saurait  méconnaßtre  que  les  expériences  délicates  de 
M.  E.  Goldstein  aient  établi  des  faits  qui  ont  exercé  une  influence  utile  sur 
l'interprétation  des  phénomÚnes. 

En  1886  ('),  M.  Goldstein  reconnut  qu'en  employant  une  cathode  per- 
forée, on  rencontrait  prÚs  de  la  cathode  des  rayons  qui  n'avaient  pas  les 
propriétés  des  rayons  cathodiques,  et  qui  ne  paraissaient  pas  déviés  par 
un  champ  magnétique.  Il  leur  donna  le  nom  de  rayons-canaux  {Kanal- 
stixihlen). 

L'expĂ©rience  a  appris  depuis  que  ces  rayons,  extrĂȘmement  absorbables, 
Ă©taient  particuliĂšrement  actifs  pour  exciter  la  phosphorescence  de  diverses 
substances  et  pour  ioniser  l'air.  Ils  sont  trÚs  faiblement  déviés  dans  un 
champ  magnétique  intense,  et  en  sens  contraire  de  la  déviation  des  rayons 
cathodiques.  Cette  propriété  permet  d'assimiler  ces  rayons  à  des  charges 
d'électricité  positive,  transportées  par  des  masses  réelles  ou  fictives,  plus 
grosses,  et  se  déplaçant  avec  des  vitesses  notablement  moindres  que  celles 
qui,  chargées  négativement,  semblent  constituer  les  rayons  cathodiques. 

La  présence  des  Kanalstrahlcn  dans  le  rayonnement  des  corps  radio- 
actifs donne  un  nouvel  intĂ©rĂȘt  Ă   la  dĂ©couverte  de  M.  Goldstein. 

Nous  mentionnerons  encore  l'observation  faite  par  le  mĂȘme  auteur  des 
colorations  que  prennent  certains  sels  sous  l'induence  des  rayons  catho- 
diques ;  le  chlorure  de  sodium  devient  brun  et  le  bromure  de  potassium  se 
colore  en  bleu  foncé,  colorations  qui  disparaissent  ensuite,  soit  lentement 
à  la  lumiÚre,  soit  en  quelques  minutes  par  une  élévation  de  température. 

(')  Bei-liiier  Sitzungsberichte,  t.  XXXIX,  p.  691. 


SÉANCE    DU    2  1    DÉCEMBRE    lC)o3.  Ilo5 

Les  résultats  que  nous  venons  de  résumer  ont  paru  assez  importants  à  la 
Commission  pour  mériter  l'attribution  du  prix  Hébert. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 

PRIX  HUGHES. 

(Commissaires  :  M\L  Mascart,  Lippmann,  Recrpierel,  Moissan; 
Potier,  rapporleur.) 

La  Commission  propose,  à  l'unanimité,  de  décerner  le  prix  Hughes  à 
M.  Pierre  Picard,  pour  les  perfectionnements  introduits  dans  la  télé^ra- 
pliie,  perfectionnements  qui  ont  eu  pour  elfet  d'augmenter  la  rapidité  des 
transmissions  sur  les  cĂąbles  sous-marins,  et  de  permettre  l'emploi  des 
appareils  imprimeurs  à  la  réception.  M.  Picard  a  modifié  dans  ce  but  à  la 
fois  le  mode  de  transmission,  l'organe  récepteur  proprement  dit  et  la  syn- 
chronisation du  Baudot.  Un  signal  quelconque,  trait  ou  point,  est  trans- 
mis au  moyen  de  deux  émissions,  trÚs  courtes,  d'égale  durée  et  de  signes 
contraires;  c'est  l'intervalle  entre  ces  émissions  qui  caractérise  le  sigmd.  Le 
cùble  est  isolé  à  la  station  transnicttrice,  en  dehors  du  temps  de  ces  émis- 
sions, et  seulement  au  moment  oĂč  le  manipulateur  vient  toucher  la  butĂ©e 
de  travail  ou  la  butée  de  repos,  le  cùble  est  mis  en  rapport  avec  le  pÎle 
d'une  pile  positive  dans  un  cas,  négative  dans  l'autre;  à  cet  elßet,  le  mani- 
pulateur n'agit  pas  directement  sur  le  cùble,  mais  par  Finlermédiaire  de 
deux  relais  spéciaux;  le  contact  de  la  clef  avec  l'une  des  butées  permet  ù 
une  pile  locale  de  charger  un  condensateur,  le  courant  de  charge  excite 
pendant  un  temps  trĂšs  court  le  relais  correspondant  et  met  pendant  ce 
temps  le  cùble  en  rapport  avec  la  pile  positive  si  la  clef  touche  la  butée  de 
travail,  négative  si  elle  est  amenée  sur  la  Ijulée  de  repos. 

A  la  station  réceptrice,  en  vertu  de  la  capacité  électrostatique  du  cùlde, 
on  observera  un  courant,  d'intensité  variable,  changeant  de  signe  chaijue 
fois  que  le  numipulateur  aura  passé  d"une  position  à  lautre;  pour  enre- 
gistrer ces  changements,  l'appareil  récepteur  proprement  dit  est  constitué 
par  la  bobine  mobile  des  appareils  de  lord  Kelvin,  reliée  d'une  part  au 
cùble,  de  l'autre  à  la  terre  par  l'intermédiaire  d'un  condensateur;  au  lieu 
du  siphon  recorder,  la  bobine  porte  lui  index  en  aluminium,  relié  ù  une 
pile,  lequel  oscille  entre  deux  butoirs  communiquant  avec  les  deux  cxlré- 
mités  d'un  relais  difl'érentiel  dont  le  milieu  esta  la  terre,  et  dont  l'armature 

C.   R.,  i^dS,  3-  Semestre.  (T.  CWWII,    N"  25.)  I^'p 


II06  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

reproduit  iidĂšlemcnl  les  mouvements  du  manipulateur  Iransmetleur  et  peut 
actionner  un  récepteur  quelconque. 

Si  l'on  veut,  au  lieu  du  Morse,  employer  pour  la  transmission  un  appa- 
reil tel  que  le  Baudot,  rien  n'est  changé  au  mécanisme  de  la  transmission 
proprement  dile,  mais  le  systĂšme  de  correction  qui  assure  le  synchronisme 
parfait  des  transmetteurs  et  rĂ©cepteurs  doit  ĂȘtre  modifiĂ©,  surtout  si  un 
mĂȘme  cĂąble  doit  servir  pour  transmettre  dans  les  deux  sens.  INI.  Picard  a 
rĂ©ussi,  par  d'ingĂ©nieux  artifices,  Ă   vaincre  les  difficultĂ©s  qui  avaient  arrĂȘtĂ© 
ses  prédécesseurs,  et  la  possibilité  d'employer  les  appareils  multiples  et 
iiupi  iineurs  sur  des  cĂąbles  sous-marins  est  aujourd'hui  un  fait  acquis. 

L'Ă©change  des  dĂ©pĂȘches  entre  Marseille  et  Alger  se  fait  depuis  3  ans  par 
ces  procédés,  et,  depuis  le  mois  d'avril  de  cette  année,  on  a  établi  une 
correspondance  directe  entre  Paris  et  Alger;  cette  communication  a  été 
inaugui'ée  lors  du  voyage  du  Président  de  la  République.  Actuellement  le 
service  fonctionne  dans  les  conditions  suivantes  :  trois  cùbles  réunissent 
Alger  et  Marseille;  des  distributeurs  doubles  Baudot  sont  installés  sur 
chaque  cùble  à  chacune  de  ses  extrémités;  d'autre  part,  une  ligne  aérienne 
unique  relie  un  distributeur  quadruple  installé  à  Paris  à  un  autre  à 
Marseille.  Des  trois  cĂąbles,  l'un  sert  Ă   une  transmission  dans  les  deux  sens, 
entre  Alger  et  Marseille,  tandis  que  les  deux  autres  ne  transmettent  que 
dans  un  seul;  de  là  diverses  combinaisons,  que  l'on  peut  réaliser  en  modi- 
fiant les  liaisons  entre  les  secteurs  du  distributeur  quadruple  de  Marseille 
avec  ceux  des  trois  distributeurs  doubles;  il  en  résulte  que,  suivant  les  va- 
riations du  trafic,  Marseille  peut  toujours  rentrer  sur  un  des  secteurs 
reliant  Paris  et  Alger. 

En  1898,  on  avait  reconnu  la  nécessité  de  poser  un  quatriÚme  cùble 
entre  Marseille  et  Alger  pour  suffire  au  trafic  et  faire  cesser  les  retards 
considérables  qui  se  produisaient  constamment.  Depuis  l'emploi  de  l'ap- 
pareil Baudot  et  des  dispositifs  Picard  les  retards  ont  disparu,  les  trois 
cùbles  existants  sont  largement  suffisants  et  le  puJjlic  reçoit  des  télégrammes 
imprimés. 

On  ne  saurait  ddiic  mettre  en  doute  l'importance  des  progrÚs  réalisés  ; 
la  ('commission  est  heureuse  d'avoir  à  proposer  à  l'Académie  pour  le  prix 
Hughes,  décerné  cette  année  pour  la  premiÚre  fois,  l'auteur  de  recherches 
sur  la  Télégraphie,  objet  des  études  de  son  généreux  créateur. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'.Vcadémie. 


SÉANCE    DU    2t    DÉCEMBRE    igoS.  I 107 


PRIX  GASTON  PLANTE. 

(Commissaires  :  MM.  Lippmanii,  Becquerel,  ^  ioUe,  Potier; 
Mascart,  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  le  prix  à  AL  Hospitalier  pour  l'ensemble  de  ses 
travaux,  en  particulier  pour  l'appareil  enregistreur,  dit  ondograpJie,  qui 
permet  de  traduire,  par  un  tracé  mécanique,  la  forme  des  courants  alterna- 
tifs et  des  tensions  qui  les  produisent,  avec  le  décalage  de  ces  deux  élé- 
ments, ainsi  que  celle  des  puissances  absorbées,  et  plus  généralement, 
d'Ă©tudier  tout  phĂ©nomĂšne  Ă©lectrique  susceptible  d'ĂȘtre  reproduit  rĂ©guliĂš- 
rement, de  maniÚre  à  le  transformer  en  syslÚme  périodique. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Ilapport. 


SÏATISTIOUE. 


PPJX  MONTYON. 

(Commissaires  :  MM.  de  Freycinet,  Brouardel,  Haton  de  la  GoupiUiĂšre, 
Laussedat;  Alfred  Picard,  rapporteur.) 

Neuf  concurrents  se  sont  présentés  en  1903  pour  le  prix  Montyon  de 
Statistique  à  décerner  par  l'Académie  des  Sciences. 

Six  d'entre  eux  ont  dĂ»  ĂȘtre  Ă©cartĂ©s,  soit  que  leurs  productions  ne  ren- 
trassent pas  dans  la  formule  du  prix,  soit  qu'elles  fussent  manifestement 
insuffisantes. 

Aucun  des  trois  autres  n'a  paru  mériter  l'attribution  du  prix.  Mais  la 
Commission  les  a  jugés  dignes  d'une  mention  trÚs  honorable.  Ce  sont 
MM.  LoxcQ,  DE  MoxTESSus  i>i:  Bai.lore  et  Razols. 

Dans  un  Mémoire  trÚs  consciencieux  et  trÚs  documenté,  M.  Loncq  expose 
le  résultat  de  ses  études  sur  la  répartition  de  la  tuberculose  pour  le  dépar- 


I  lo8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

temenl  de  l'Aisne,  inoiilrc  combien  la  population  urbaine  est  plus  éprouvée 
que  la  population  rurale,  cbilTre  rinlUience  de  la  densité  des  agglomé- 
rations, fait  voir  la  propagation  du  mal  parmi  les  membres  d'une  mĂȘme 
famille,  insiste  sur  l'importation  du  fléau  dans  les  villages  par  les  individus 
revenant  de  la  ville  ou  par  les  militaires  reformés  comme  tuberculeux, 

M.  de  Montessus  de  Ballorc,  chef  d'escadron  d'aililleric  hors  cadres, 
produit  des  recherches  statistiques  sur  les  efTets  de  la  loi  de  recrutement 
du  I  5  juillet  1H89  dans  la  subdivision  d'Abbeville.  Les  points  de  vue  aux- 
quels s'est  placé  l'auteur  et  dont  quelques-uns  n'ont,  d'ailleurs,  pas  de  rela- 
tion avec  la  loi  sont  les  suivants  :  mouvement  de  la  population  masculine 
de  20  ans,  répartition  suivant  l'habitat  et  la  jnufession,  pertes  à  l'incorpo- 
ration et  sur  l'incorporation  pendant  le  service,  tuberculose,  engagements 
et  rengagements,  exode  des  campagnes  vers  les  villes,  criminalité.  11  établit 
notamment  que  le  nombre  des  soldats  atteints  de  tuberculose  est  assez  res- 
treint, que  les  pertes  subies  par  rcfleclir  incorporé  diminuent  sensiblement 
de  la  premiÚre  année  à  la  seconde  et  de  la  seconde  à  la  troisiÚme,  que  la 
discipline  militaire  moralise  la  jeunesse.  Son  travail  atteste  beaucoup  de 
sagacité. 

Quant  à  INI.  Kazous,  licencié  es  sciences  malhémati({ues  et  es  sciences 
2)hysiques,  il  s'est  edorcé  de  poser  des  principes  rationnels  pour  fixer  l'em- 
placement des  usines  ou  autres  Ă©tablissements  industriels,  soit  en  France, 
soit  dans  les  colonies.  Son  Mémoire  débute  par  un  examen  didactique  et 
général  de  la  cjuestion,  basé  sur  les  recherches  du  prix  minimum  de  vente 
des  produits.  Une  seconde  partie  est  consacrée  à  l'indication  des  circons- 
tances auxquelles  les  principaux  centres  industriels  de  France  et  d'Angle- 
terre ont  dĂ»  leur  naissance  et  leur  essor.  Le  dernier  Chapitre  applique  les 
enseignements  des  deux  premiers  à  un  grand  nombre  d'industries  spéciales. 
Ce  travail  intéressant  prouve  l'érudition  technique  et  professionnelle, 
l'esprit  d'investigation  et  la  perspicacité  de  son  auteur. 

LĂ   tuheictdose  dans  l'Aisne;  par  M.  l^nile  Loncq, 
rapport  de  ÎNL  Unoi-AnoEL. 

M.  Emile  Loxcq,  secrétaire  du  Conseil  départemental  d'hygiÚne  de 
l'Aisne,  a  voulu  se  rendre  compte  de  la  réparti  lion  de  la  tuberculose  dans 
le  département  de  l'Aisne. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igoS.  II09 

Son  étude  statistique  aboutit  à  ce  résultat  :  le  tribut  payé  par  la  popula- 
tion urbaine  est  de  00,17  pour  10000  habitants,  celui  de  la  population 
rurale  est  de  26,57. 

La  densité  de  la  population  fait  varier  le  taux  de  la  mortalité  tubercu- 
leuse de  3i  à  19,  ce  qui  s'explicjue  facilement  par  la  multiplicité  des  contacts 
et  des  conditions  de  contagion  dans  les  espaces  resserrés. 

Parmi  les  modes  de  transmission,  M.  Loncq  Ă©tudie  plus  particuliĂšrement 
les  tuberculoses  familiales  et  cite  des  exemples  dans  lesquels  on  voit  des 
familles  tout  entiÚres  disparaßtre  en  quelques  années  lorsqu'un  de  ses 
membres  devient  tuberculeux. 

Il  insiste  Ă©galement  sur  l'importalion  de  la  tuberculose,  par  le  retour 
dans  leur  village  des  individus  qui  étaient  allés  chercher  fortune  dans  les 
villes  et  par  le  rapatriement  des  militaires  réformés  pour  tuberculose. 

Cette  élude  trÚs  consciencieuse,  trÚs  documentée,  a  paru  à  votre  Com- 
mission mériter  une  mention  trÚs  honorable. 


Rapport  sur  le  MĂ©moire  de  M.  F.  de  Montessus  de  Ballore,  Cite f  d'es- 
cadron d' Artillerie  hors  cadres,  ayant  pour  titre  :  «  Elude  statistique 
sur  les  ej/ets  de  la,  loi  de  recrutement  du  i^  juillet  1889,  dans  la  sub- 
division d'Abbeville  »,  par  M.  Laissedat. 

L'auteur,  commandant  du  Bureau  de  Recrutement  de  cette  subdivision, 
a  pensé  que  l'étude  des  effets  de  la  loi  qui  a  été  en  vigueur  pendant  i4  ans 
devait  avoir  de  l'intĂ©rĂȘt  Ă   la  veille  de  la  promulgation  de  celle  cjui  Ă©tablira 
un  service  militaire  plus  court,  supprimant  les  dispenses  et  Ă©cartant  la  con- 
sidĂ©ration de  ce  que  l'on  avait  qualifiĂ©  d'intĂ©rĂȘts  primordiaux  de  la  sociĂ©tĂ©, 
devant  le  besoin  d'égalité  absolue  de  l'époque  présente. 

Son  travail  porte  sur  les  classes  de  1889  Ă   1898,  la  classe  1899  n"Ă©lant 
pas  encore  libĂ©rĂ©e  au  moment  oĂč  il  a  Ă©tĂ©  entrepris.  Ces  dix  classes  ont 
fourni  Ă   la  subdivision  d'Abbeville  un  contingent  de  i5ooo  hommes  en 
nombres  ronds,  et  les  éléments  de  la  statistique  envisagée  par  l'auteur  sont 
extraits  des  registres  matricules  et  des  listes  de  tirage. 

Parmi  les  points  de  vue  assez  nomfjreux  auxquels  il  s'est  placé  successi- 
vement, nous  citerons  les  suivants  dont  il  convient  d'ailleurs  de  remarcfuer 
que  plusieurs  sont  indépendants  de  la  loi  de  recrutement  : 

Mouvement  de  la  population  masculine  de  20  ans.  RĂ©partition  de  la 
population  suivant  l'habitat  et  la  profession.  Incorporation.  Pertes  Ă   Tin- 


IIIO  ACADEMIE    DES    SC1E^XES. 

corporation  cl  sur  rincorporation  pcndaiil  le  service.  Tuberculose.  iMigagés 
et  rengages.  ExoJc  des  campagnes  à  la  ville.  Criminalité. 

A  propos  du  mouvement  de  la  population  masculine  de  20  ans,  en  com- 
parant les  nombres  d'inscrits  par  périodes  triennales,  on  constate  ce  phéno- 
mĂšne, rpii  mĂ©rite  d'ĂȘtre  signalĂ©,  d'une  natalitĂ©  sensiblement  plus  forte  pen- 
dant la  seconde  période,  que  l'on  peut  vraisemblablement  attribuer  à  un 
réveil  du  patriotisme  aprÚs  la  guerre  de  iS'jo-yi,  mais  qui  n'a  malheureu- 
sement pas  persisté,  la  diminution  déjà  constatée  antérieurement  ayant 
reparu  pendant  les  deux  périodes  suivantes. 

En  admettant  qu'il  faille  ,tooo  habitants  pour  constituer  une  ville,  il  y 
aurait  dans  la  sulidivision  d'Abbeville  iG  pour  100  de  citadins  contre 
84  pour  100  de  campagnards,  comprenant  d'ailleurs  un  grand  nombre 
d'ouvriers  dans  les  usines  éloignées  des  villes,  dont  le  total  serait  de 
5i  pour  100  avec  ceux  des  villes,  celui  des  agriculteurs  Ă©tant  de  43  pour  100 
et  celui  des  professions  libérales  ou  des  sans-profession  de  6  pour  100 
environ . 

Les  pertes  Ă   l'incorporation,  dues  Ă   diverses  causes,  sont  assez  sensibles, 
de  18  pour  100;  mais  celles  sur  l'incorporation  pendant  le  service  sont,  au 
contraire,  minimes,  4?  J  pour  100,  ce  qui  prouve  que  les  malingres  ont 
été  soigneusement  éliminés  par  les  Conseils  de  revision  et  surtout  par  les 
Commissions  de  réforme. 

En  ce  qui  concerne  la  tuberculose,  l'auteur,  aprÚs  avoir  étudié  l'influence 
de  l'habitat  et  celle  de  la  profession  sur  l'ensemble  du  contingent,  constate, 
en  arrivant  aux  immatriculés,  que,  grùce  au  mécanisme  du  fonctionnement 
de  la  loi  sur  le  recrutement  et  à  la  sévérité  des  Commissions  de  revision, 
le  nondjre  des  sujets  atteints  par  cette  dangereuse  maladie  Ă©tait  assez 
restreint. 

Un  fait  important  à  signaler  en  général,  à  jiropos  de  la  santé,  consiste 
dans  la  diminution  sensible  des  pertes  subies  par  l'effectif  incorporé  d'année 
en  année.  Ainsi,  pour  les  jeunes  soldats  recrutés  dans  la  subdivision  d'Ab- 
beville, ces  pertes  ont  été  successivement  de  2,8G  pour  100  la  premiÚre 
année,  de  i,i(ipour  100  la  seconde  et  enfin  de  o,  52  pour  100  seulement  la 
troisiĂšme. 

Les  engagements  volontaires  de  4  ans  et  de  ,j  ans  et  les  rengagements 
n'atteignent  en  tout  que  'h^S  pour  100  de  l'efl'ectif  incorporé,  c'est-à-dire 
un  chinVe  bien  faible,  s'il  doit  rester  le  mĂȘme  avec  une  loi  de  recrutement 
de  deux  ans  qui  suppose,  comme  l'a  fait  remarquer  l'auteur  au  début  de 
son  travail,  «  une  solide  organisation  des  cadres  inférieurs,  de  façon  à  com- 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  IQoS,  IIll 

penser  en  quelque  mesure  la  diminution  d'esprit  militaire  qui  ne  peut  man- 
quer de  résulter  d'un  plus  court  passage  à  la  caserne  ». 

Deux  questions,  l'une  démographique  et  l'autre  d'ordre  moral,  sont 
examinées  avec  soin  à  la  lin  de  ce  Mémoire. 

La  dĂ©population  des  campagnes  au  profit  des  villes  doit-elle  ĂȘtre  consi- 
dérée comme  un  cfl'ct  direct  du  métier  militaire? 

La  criminalité  étant  sûrement  plus  grande  dans  les  villes  que  dans  les 
campagnes,  l'esprit  militaire  y  contribuerait-il?  ou  les  jeunes  soldats  venus 
de  la  campagne  se  pervertiraient-ils  Ă   la  caserne? 

La  premiÚre  de  ces  deux  ([ueslions,  résolue  par  l'affirmative  par  la  plu- 
part des  publicistes,  n'est  confirmée  que  dans  une  assez  laihle  proportion 
par  les  données  de  la  statistique,  puis(pie  8,21  pour  100  des  hommes 
n'ayant  pas  fait  de  service  militaire  passent  delĂ   campagne  Ă   la  ville  contre 
11,07  poui'  10*^  d'anciens  soldats.  Le  phénoiucne  si  regrettable  de  l'exode 
des  campagnes  Ă   la  ville  est  donc  bien  [)lus  complexe,  et  il  est  pi'oduit  par 
d'autres  causes  que  celle  de  la  fréquentation  temporaire  des  villes  par  de 
jeunes  soldats  dont  les  familles  continuent  Ă   habiter  la  campagne  et  qui 
s'eiforccnt  de  les  y  rappeler. 

La  réponse  à  la  seconde  question  est  encore  plus  rassurante.  Il  est  vrai 
que  la  criminalité  est  plus  grande  dans  les  villes  que  dans  la  campagne,  et, 
en  ne  considérant  que  ce  qui  se  passe  dans  la  campagne  (toujours  dans  la 
subdivision  d'Abbeville),  on  constate  que  les  agriculteurs  sont  plus  crimi- 
nels que  les  ouvriers,  qui  le  sont  plus  que  les  personnes  ayant  une  profes- 
sion libérale  ou  sans  profession,  ce  qui  témoigne  de  rinflucnce  de  l'instruc- 
tion sur  la  moralité. 

Mais  l'auteur  établit,  d'un  autre  cÎté,  trÚs  nettement  cpie  la  discipline 
militaire  contribue  aussi  à  moraliser  trÚs  sérieusement  la  jeunesse  appelée 
sous  les  drapeaux,  puisque  le  nombre  des  condamnés  c}ui  n'ont  pas  fait  de 
service  est  deux  fois  et  un  (piart  plus  grand  que  celui  des  condamnés  ayant 
servi. 

Toute  cette  discussion  des  effets  de  la  loi  de  recrutement  du  1 5  juillet  1889 
et  des  questions  qui  s'y  rapportent  directement  ou  indirectement  est 
appuyée  de  Tableaux  numériques  dressés  avec  le  plus  grand  soin  et  parfai- 
tement ordonnés. 

Votre  rapporteur  estime  (jue  l'auteur  a  fait  preuve  Ă   la  fois  de  beaucoup 
de  sagacité  et  d'un  excellent  esprit;  il  a  riumneur  de  vous  proposer  de  lui 
attrijjuer  une  mention  trĂšs  honorable. 


iri2  ACADÉMIE    DES    SCIE^■CES. 


Élcmenls  slalistlqurs  pcrmeltattl  de  fixer  raiionnellemcttt  en  France 
et  dans  nos  colonies  remplacement  d'Ă©tablissements  industriels  Ă  
créer;  par  M.  Paul  Razoïis.  Rapport  de  M.  A.  Picard. 

]M.  Pail  Razoi's,  licencié  es  sciences  mathémaliques  et  es  sciences  phy- 
siques, membre  de  Tlnstitut  des  Actuaires  français,  ancien  inspecteur  du 
Iravail  dans  l'industrie,  soumet  au  jugement  de  l'Académie  des  Sciences, 
])our  le  concours  du  prix  Monlyon  de  Statistique  (1903),  un  MĂ©moire 
manuscrit  intitulĂ©  :  «  ÉlĂ©ments  statistiques  permettant  de  fixer  rationnelle- 
ment en  France  et  dans  nos  colonies  remplacement  d'Ă©tablissements  indus- 
triels à  créer   » . 

Ce  MĂ©moire  se  divise  en  tiois  Parties. 

Tout  d'abord,  l'auteur  présente  une  étude  didactique  et  générale  de  la 
question,  en  partant  de  ce  principe  que  la  position  d'un  Ă©tablissement 
industriel  doit  ĂȘtre  choisie  de  maniĂšre  Ă   rĂ©duire  au  minimum  le  prix  de 
vente  des  produits.  Il  passe  successivement  on  revue  les  éléments  constitu- 
tifs de  ce  prix  :  achat  et  transport  à  l'usine  de  la  matiÚre  premiÚre;  dépense 
de  combustible  minéral  ou  végétal,  de  vapeur  d'eau  pour  usages  industriels 
divers,  d'eau,  de  force  motrice;  main-d'o'uvre;  transport  des  produits 
fabriqués  jusqu'au  lieu  de  consommation;  acquisition  des  terrains  et  con- 
struction des  bùtiments  de  l'usine.  Chacun  des  éléments  ainsi  envisagés  est 
l'objet  d'un  exameu  attentif,  avec  toutes  les  subdivisions  nécessaires.  F.n  ce 
qui  concerne,  par  exemple,  le  prix  do  la  matiĂšre  premiĂšre,  M.  Razous 
distingue  suivant  que  cette  matiĂšre  est  lourde  et  encombrante  ou  au  con- 
traire peu  encombrante  et  légÚre,  suivant  qu'elle  vient  de  l'intérieur  ou  de 
l'étranger,  suivant  que  le  transport  a  lieu  au  moyen  de  véhicules  attelés, 
d'automobiles,  de  voies  ferrées.  Pour  la  force  motrice,  il  considÚre  les 
divers  cas  des  machines  à  vapeur,  des  machines  à  gaz,  à  pétrole  ou  à 
essence,  des  moteurs  hydrauliques,  des  dynamos.  En  ce  qui  touche  la  main- 
d'Ɠuvre,  il  se  place  dans  la  double  hypothùse  d'une  industrie  faisant  large- 
ment appel  à  la  main  de  riiomme  et  d'une  industrie  à  machinisme  déve- 
loppé; son  analyse  porte  sur  le  travail  industriel  dans  les  pays  agricoles, 
sur  l'emploi  des  ouvriers  Ă©trangers,  sur  le  travail  Ă   domicile,  etc.  L'auteur 
accumule  les  données  pratiques,  les  chiflVes  empiriques.  Incidemment,  il 
donne  une  formule  mathématique  pour  le  calcul  du  prix  de  transport  des 
matiÚres  premiÚres  ou  des  combustibles  végétaux,  supposés  uniformément 
répartis  autour  de  l'usine. 


SÉANCE  DU  21  DÉCl-MBRE  igoS.  Ill3 

Dans  une  deuxiĂšme  Partie,  M.  Razous  rappelle,  sous  forme  de  Tableau, 
les  circonstances  qui  ont  contribué  à  la  création  et  à  l'essor  des  principaux 
centres  industriels  de  la  France  et  de  TAngleterre. 

Enfin,  la  troisiĂšme  Partie,  trĂšs  Ă©tendue  et  essentiellement  concrĂšte, 
applique  les  principes  et  les  enseignements  des  deux  premiĂšres  Ă   un  grand 
nombre  d'industries  spéciales.  Ici  encore  les  faits  et  les  chiffres  expéri- 
mentaux abondent.  L'exploitation  des  forets  et  le  travail  du  bois  sont 
étudiés,  non  seulement  pour  la  France,  mais  pour  nos  principales  colonies. 

Le  MĂ©moire  de  M.  Razous  atteste  l'Ă©rudition  technitiue  et  profession- 
nelle, l'esprit  de  recherche  et  la  perspicacité  de  son  auteur,  qni  a  dû  certai- 
nement dépenser  beaucoup  de  temps  et  de  travail  pour  en  réunir  les  maté- 
riaux. Une  mention  trÚs  honorable  lui  est  attribuée. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ces  Rapports. 


CHIMIE. 


PRIX  JECKER. 

(Commissaires  :  MM.  Troost,  Gautier,  Moissan,  Ditte,  Lemoine; 
A.  Haller,  rapporteur.) 

La  Section  de  Chimie  a  décerné,  à  lunanimité  et  sans  discussion,  le 
prix  Jecker  à  M.  L.  Ißouveault,  maßtre  de  Conférences  de  Chimie  orga- 
nique à  la  Faculté  des  Sciences  de  Paris. 

Depuis  17  ans  qu'il  appartient  à  l'Université,  l'effort  scientifique  de 
M.  Bouveault  a  été  continu  et  s'est  exercé  sur  les  sujets  les  plus  variés  de  la 
Chimie  organique.  Il  a  tendu  principalement  à  la  création  de  nouvelles 
méthodes  pour  la  préparation  de  composés  appartenant  à  des  fonctions  en 
général  peu  compliquées.  Son  travail  de  thÚse  l'a  conduit  tout  d'abord  à 
l'obtention  de  nitriles,  d'éthers  et  de  nitriles  [ß-cétoniques,  de  cétones  et  de 
dérivés  aminés  du  pyrazol. 

Plus  tard,  avec  M.  Barbier,  la  condensation  des  aldéhydes  avec  l'acé- 
tone ordinaire  les  amena  à  la  synthÚse  de  cétones  une  ou  deux  fois  non 
saturĂ©es.  Ces  derniĂšres  ont  la  curieuse  propriĂ©tĂ©  de  pouvoir  ĂȘtre  dĂ©shydra- 

C,  K.,  igoS,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII.  N°  25.)  I^O 


Ill4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tées  en  donnanL  des  hydrocai'nircs  aromaliques.  Sa  collaboration  avec  le 
savant  maßtre  de  I^yon  a  eu  pour  résultat  un  travail  d'ensemble  sur  les 
principes  immĂ©diats  contenus  dans  les  essences  de  linaloĂ©,  ÔLCUithropogon 
scliƓnanlltus,  de  lĂ©mon  grass,  de  citronellc,  de  gĂ©ranium  et  de  roses,  tra- 
vail qui  a  ĂȘlc  couronnĂ©  par  la  synthĂšse  totale  des  corps  fondamentaux  de 
la  série  des  produits  isolés  dans  ces  essences,  la  méthylhepténone  et  Facide 
géranique. 

M.  Bouveault  s'est  également  occupé  de  la  question  si  complexe  du 
camphre  et  des  terpÚnes,  a  préparé  un  nouvel  hydrocampliÚne  liquide, 
a  donné  la  constitution,  indiscutée  aujourd'hui,  des  composés  des  séries 
isolauronique  et  j3-campholéniquc  et  a  enfin  pu  apporter  à  celle  de  la 
phorone  du  camphre  le  contrĂŽle  d'une  synthĂšse  totale. 

En  traitant  les  hydrocarbures  aromatiques  ou  les  éthers  des  phénols  par 
le  chlorure  éthyloxalique,  en  présence  du  chlorure  d'aluminium,  il  a 
obtenu  des  Ă©thers  et  des  acides  glyoxyliques  aromatiques,  qui  l'ont  conduit 
à  des  acides  et  à  des  aldéhydes  aromatiques  de  toutes  sortes. 

A  part  trois  ou  quatre,  les  alcools  primaires  sont  des  produits  dont  l'ob- 
tention est  extrĂȘmement  difficile.  On  rĂ©ussit  maintenant  Ă   les  prĂ©parer 
assez  facilement,  grùce  au  procédé  que  viennent  de  généraliser  MM.  Bou- 
veault  et  Blanc,  et  qui  consiste  à  hydrogéner  par  l'alcool  absolu  et  le 
sodium  les  Ă©thers-sels  des  acides  correspondants. 

Nous  ne  saurions  énumérer  les  multiples  contributions  que  M.  Bouveault 
a  apportĂ©es  dans  beaucoup  d'autres  questions  de  Chimie,  oĂč  il  a  su  montrer 
la  mĂȘme  prĂ©cision,  la  mĂȘme  originalitĂ©. 

Mais,  si  étendu  et  si  varié  que  soit  son  avoir  personnel  dans  le  domaine 
de  la  recherche,  M.  Boiveault  a  encore  d'autres  titres  Ă   la  haute  distinction 
dont  dispose  l'Académie.  Passionné  pour  la  Science,  il  possÚde  une  qualité 
prĂ©cieuse  entre  toutes,  et  dont  devrait  ĂȘtre  dotĂ©  tout  maĂźtre  attachĂ©  Ă   notre 
haut  enseignement  :  celle  de  communiquer,  de  faire  partager  Ă   la  jeunesse 
qui  l'entoure,  son  amour,  son  enthousiasme  pour  le  travail  si  captivant  de 
la  recherche. 

Dans  les  diverses  FacultĂ©s  oĂč  il  a  professĂ©  depuis  qu'il  a  abordĂ©  la  car- 
riÚre scientifique,  il  a  fait  école,  a  formé  des  élÚves  qu'il  a  associés  à  ses 
travaux. 

C'est  M.  Bongert  avec  lequel  il  a  étudié  les  dérivés  o  et  c  acylés  des 
éthers  acéto-acéliques.  C'est  M.  Locquin  qui  collabore  à  ses  recherches 
concernant  l'action  de  l'acide  nitreux  ou  du  chlorure  de  nitrosyle  sur  ces 
mĂȘmes  Ă©thers  acĂ©to-acĂ©tiques  ou  leurs  dĂ©iivĂ©s  alcoylĂ©s  de  substitution. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igu3.         ‱      HIJ 

Ce  sont  M.  Tctry  avec  lequel  il  a  élucidé  quelques  points  relatifs  à  la 
constitution  de  certains  dérivés  de  la  pulégonc,  et  M.  Walil,  son  prépara- 
teur, dont  l'ingéniosité,  le  savoir  et  la  grande  habileté  nous  font  présager 
un  digne  émule  du  maßtre  qui  l'a  formé. 

Tant  de  titres  sont  plus  que  suffisants  pour  justifier  le  choix  de  la  Section 
de  Chimie. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


PRIX  LA  CAZE. 

(Commissaires  :  MM.  Arm.  Gautier,  Moissan,  Ditte,  Lemoine, 
Haller,   Berlhelot,   SchlƓsing,  Duclau.v;  Troost,   rapporteur.) 

M.  GcxTz  a  débuté  dans  la  carriÚre  scientifique  par  un  ensemble  de 
recherches  lliermochimiqucs  sur  les  composés  que  le  tluor  forme  avec  les 
métalloïdes  et  avec  les  métaux. 

Ses  déterminations  calorimétriques  lui  ont  permis  de  rendre  compte  du 
grand  écart  qui  existe  entre  les  propriétés  de  l'acide  fluorhydrique  et  des 
fluorures  alcalins  ou  alcalino-terreux  d'une  part  et  celles  de  l'acide  chlorhy- 
drique  et  des  chlorures,  bromures  et  iodures  correspondants  d'autre  part. 

C'est  Ă©galement  par  une  Ă©tude  ihermochimique  des  divers  produits  de  la 
décomposition  par  l'eau  des  composés  de  l'antimoine  que  M.  Guntz 
réussit  à  éclaircir  les  nombreuses  contradictions  que  les  recherches  de  ses 
devanciers  avaient  introduites  dans  leur  histoire. 

L'existence  des  sels  de  sous-oxyde  d'argent  Ă©tait  depuis  longtemps 
discutée.  Les  expériences  antérieures  peu  concordantes  n'avaient  pas 
réussi  à  fixer  l'opinion  des  chimistes.  M.  Cuntz,  aprÚs  avoir  déterminé  les 
conditions  de  production  réguliÚre  d'un  sous-sel  d'argent  parfaitement 
défini  cl  bien  cristallisé,  le  sous-lluorure  d'argent,  a  pu  préparer  le  sous- 
oxyde  et  les  sels  de  sous-oxyde  d'argent  également  bien  définis;  il  a  pu 
fixer  leurs  propriétés  et  expliquer  par  leur  production  et  leur  décomposition 
rinfluence  de  la  lumiĂšre  sur  les  sels  halogĂšnes  d'argent. 

Il  a  ainsi  établi  définitivement  l'existence  des  sels  de  sous-oxyde  d'argent 
mise  jusqu'alors  en  doute. 

Le  lithium  était  jusque  dans  ces  derniers  Iciujis  un  métal  que  l'on  ne  pré- 
parait qu'en  petite  quantité.  Sa  préparation  par  l'électrolyse  de  son  chlo- 
rure fondu  paraissait  cependant  au  premier  abord  une  opération  facile; 


IIl6  ACADÉMIE    DKS   SCIENCES. 

mais,  lorsque  M.  Guntz  voulut  reprendre  ce  mĂȘme  procĂ©dĂ©  pour  obtenir  des 
quantités  importantes  de  ce  métal  afin  d'en  compléter  l'élude,  il  s'aperçut, 
en  faisant  des  mesures  quantitatives,  que  le  rendement  Ă©tait  trĂšs  dilTcrent 
dans  des  opérations  en  apparence  trÚs  analogues,  et  que,  de  plus,  il  était 
toujours  excessivement  faible  par  rapport  à  l'intensité  du  courant  électrique 
employé. 

En  reclierchant  les  causes  de  ces  diflérences  et  de  ce  faible  rendement, 
il  fut  amené  à  constater  que  cette  décomposition  du  chlorure  de  lithium  était 
généralement  compliquée  de  la  production  d'un  produit  accessoire,  le  sous- 
cliloi'urc  de  lilliiiiiu,  dont  la  proportion  varie  avec  les  conditions  de  l'expé- 
rience, par  la  réaction  du  chlorure  sur  le  lithium  mis  en  liberté.  Cette 
étude  trÚs  délicate  lui  a  permis  de  fixer  les  conditions  dans  lesquelles  on 
doit  se  placer  pour  une  préparation  réguliÚre  et  économique. 

Grùce  aux  ingénieuses  dispositions  qu'il  a  adoptées,  M.  Guntz  a  pu 
obtenir  de  grandes  quantités  de  lithium,  à  l'aide  desquelles  il  a  constaté 
les  affinités  énergiques  qui  le  placent  en  tÚte  des  métaux  alcalino-tcrreux. 
Ce  métal  brûlant  dans  l'azote  peut  servir  avantageusement  à  la  préparation 
de  l'argon,  et,  s'enflammant  au  rouge  dans  l'hydrogĂšne,  donne  un  hydrure 
cristallisé  trÚs  stable,  formé  avec  un  grand  dégagement  de  chaleur. 

Les  études  qu'il  a  entreprises  sur  les  amalgames  et  sur  l'activité  chimique 
des  métaux  retirés  de  leurs  amalgames  à  basse  température,  l'ont  conduit  à 
préparer  le  baryum  et  le  strontium  métalliques,  ainsi  que  leurs  hydrures, 
dans  un  état  de  pureté  qu'aucun  expérimentateur  n'avait  encore  atteint. 

M.  Guntz  a  publié  en  collaboration,  tant  avec  son  illusti'c  maßtre 
qu'avec  plusieurs  de  ses  Ă©lĂšves,  un  ensemble  d'autres  recherches  qui  ne 
le  cĂšdent  en  rien,  comme  importance  et  comme  rigueur,  Ă   celles  que  nous 
venons  d'énumérer. 

La  Commission,  appréciant  le  mérite  et  l'originalité  des  travaux  de 
M.  Gu.vTz,  lui  a  décerné  le  prix  La  Caze  (Chimie)  pour  l'année  190'i. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


SÉA^'CE    DU    2  1    DÉCEMBRE    JQo'i.  II  17 


3IIXÉR\L0GIK  ET  GEOLOGIE. 


PRIX  DELESSE. 

(Commissaires  :  MM.  Fouqué,  Berlrand,  Michel  Lévy,  Gaudry; 
de  Lapparent,  rapporlciir.) 

M.  Emmanuel  be  Makokrie  est  bien  connu  du  monde  des  géologues  et 
des  géographes,  d'abord  pour  l'étendue  de  son  savoir,  ensuite  pour  le  zÚle 
profondément  désintéressé  avec  lequel,  interrompant  des  travaux  person- 
nels oĂč  il  avait  montrĂ©  qu'il  se  placerait  parmi  les  meilleurs,  il  a  assumĂ©, 
dans  l'intĂ©rĂȘt  des  travailleurs,  des  tĂąches  laites  pour  rebuter,  par  l'Ă©nor- 
milé  du  labeur  à  accomplir,  tout  autre  courage  que  le  sien. 

AprÚs  avoir  étudié  avec  fruit  la  région  des  CorbiÚres,  M.  de  Margerie  a 
publié,  en  collaboration  avec  le  général  de  la  Noé,  un  magistral  Ouvrage, 
Les  formes  du  terrain,  le  premier  oĂč  aient  Ă©tĂ©  exposĂ©s  rationnellement 
les  principes  du  modelé  terrestre.  Ensuite,  sur  l'invitation  des  CongrÚs 
o'éologicpies  internationaux,  il  a  présidé  à  la  rédaction  d'un  Dictionnaire 
mĂ©thodique  des  bibliographies  gĂ©ologiques,  Ɠuvre  de  patience  et  de  prĂ©- 
cision, qui  a  exigé  une  grande  somme  de  travail. 

Mais  ce  qui  le  recommande  surtout  à  la  gratitude  des  géologues,  c'est 
sa  traduction  du  grand  Ouvrage  de  notre  illustre  Associé  de  Vienne, 
M.  Edouard  Suess,  c'est-Ă -dire  du  livre  magistral  qui  a  jiour  titre  La  face 
de  la  Terre.  A  cette  traduction,  enrichie  de  cartes  et  de  dessins  parfaite- 
ment choisis  pour  en  faciliter  l'usage,  M.  de  Margerie  a  joint  des  notes, 
d'une  ampleur  souvent  Ă©gale  Ă   celle  du  texte,  et  oĂč  sont  accumulĂ©s  tous 
les  renseignements  recueillis,  depuis  l'apparition  de  l'Ă©dition  originale, 
sur  les  innombrables  sujets  traités  par  M.  Suess.  On  ne  saurait  trop  insister 
sur  le  mérite  de  cette  publication,  qui  a  rendu  accessible  et  profitable  à 
tous  nos  compatriotes,  et  mĂȘme  Ă   d'autres,  une  Ɠuvre  pleine  d'aperçus 
profonds,  mais  difficiles  Ă   suivre  dans  le  texte  allemand. 

L'attrilnition  à  M.  de  Margerie  du  prix  Delesse  sera  la  juste  récompense 
d'une  activité  inspirée  par  le  seul  amour  de  la  Science,  et  dont  toutes  les 
manifestations  font  ressortir,  avec  une  grande  distinction  de  style,  l'alliance 


lilH  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

précieuse  cFune  érudilion  aussi  sûre  que  vaste  et  d'un  sens  critique  trÚs 
délié. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


GÉOGRAPHIE  PHYSIQUE. 


PRIX  GAY. 

(Commissaires  :  MM.  Bouquet  de  la  Grye,  Guyou,  Bassot,  Hatt; 

Grandidier,  rapporteur.) 

Le  R.  P.  C«>n\,  le  fondateur  et  directeur  de  l'observatoire  de  Tanana- 
rive,  a  déterminé,  depuis  i4  années  qu'il  habite  Madagascar,  avec  une  trÚs 
grande  précision,  une  série  considérable  de  positions  géographiques.  Il  a 
d'abord  fixé  les  coordonnées  de  l'observatoire  do  ïananarive  par  'j^ig  obseï^- 
vations  astronomiques. 

En  1893,  il  a  exécuté  la  triangulation  et  le  nivellement  géodésiquc  de  la 
région  qui  s'étend  de  Tananarive  au  bord  do  la  mer,  à  Andovorantc,  sur 
une  distance  de  21  i'"',  et  fixé  le  long  de  cette  roule  la  latitude  et  la  longi- 
tude de  trois  stations. 

Attaché  en  1896  au  corps  expéditionnaire  par  le  général  Voyron  en  qua- 
lité de  géodésien  du  Service  géographique  de  l'Ktat-Major,  il  a  triangulé 
dans  la  région  orientale,  avec  une  brigade  topographiquo,  un'e  superficie  de 
i2j''"''  et  déterminé  les  coordonnées  d'Ampanolomaizina.  Pendant  cette 
campagne,  il  a  été  cerne  et  attaqué  par  une  loilo  liande  de  Fahavalos,  de  re- 
belles, a  panse  au  milieu  des  balles  son  chef  de  service  qui  avait  été  griÚ- 
vement blessé,  a  relevé  sous  une  vive  fusillade  un  soldat  do  son  escorte  mor- 
tellement atteint  et  a  reçu  à  ce  sujet  les  félicitations  du  général  Gallieniqui 
l'a  proposé  pour  la  croix. 

Dans  une  seconde  mission  que  lui  a  confiée  le  général  Gallieni  en  1897, 
il  a  relié  la  triangulation  de  l'Imerina  avec  celle  du  Corps  expédilionnaire 
à  Andriba  et  formé  un  réseau  couvrant  i  j  000''"'',  (juil  a  jalonné  d'observa- 
tions astronomiques. 

Kn  1898,  il  a  accompli  une  troisiĂšme  mission  sur  la  cĂŽte  occidentale  de 
Madagascar,  oĂč  il  a  fixĂ©  les  positions  gĂ©ographiques  de  six  stations  par 
Sno  observations. 


SÉANCE    DU    2  1    DÉCEMBRE    IQoS.  I I 19 

En  1900,  dans  une  qualriÚme  mission  que  lui  a  confiée  le  général  Penne- 
quin  sur  la  cÎte  orienlale,  il  a  déterminé  les  coordonnées  astronomiques 
des  ports  importants  de  Vatomandry,  de  Marosika  et  de  Mahanoro. 

En  1901,  il  a  triangulé  une  superficie  de  8000'""'  autour  du  massif  cen- 
tral de  TAnkaratra  et  observé  les  positions  géographiques  de  Belafo  et 
cFAntsirabé. 

En  1902,  il  a  fixé  la  longitude  d'Ambatolampy  pendant  qu'il  faisait  sa 
série  crobservations  magnétiques  autour  du  massif  d'Ankara tra. 

Enfin,  cette  année,  il  fait  la  Carie  trÚs  détaillée  à  j;j^  des  environs  de 
Tananarive  sur  un  rayon  de  Se'"". 

Eu  résumé,  sans  parler  des  travaux  astronomiques,  magnétiques  et 
météorologiques  qu'a  faits  le  R.  P.  Colin  et  qui  sont  nombreux  et  trÚs  im- 
portants, nous  constatons  qu'au  point  de  vue  purement  géographique,  le 
seul  qui  nous  intéresse  pour  l'attribution  du  prix  Gay  «  qui  doit  cette  année 
ĂȘtre  dĂ©cernĂ©  Ă   l'auteur  d'un  travail  ayant  pour  but  la  dĂ©termination,  aussi 
précise  que  possible,  d'une  série  de  positions  géographiques  dans  une 
des  colonies  françaises  »,  ses  observations,  qui  dépassent  de  beaucoup  le 
nombre  de  2000,  ont  fourni  17  positions  géographiques,  7  latitudes  et 
2  longitudes  isolées,  et  que  son  réseau  géodésique  s'étend  sur  une  superficie 
de  3 1000'""'. 

Cet  ensemble  de  travaux  d'une  haute  précision  a  décidé  la  Commission 
du  prix  Gay  à  décerner  ce  prix  au  R.  P.  Coi.ix. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


BOTANIQUE. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES. 

(Commissaires  :  MM.  Rornet,  Guignard,  Prillieux,  Perrier; 
Yan  Tieghem,  rapporteur.) 

L'Académie  avait  proposé  en  1901  la  question  suivante  : 

Rechercher  et  démoulrer  les  divers  modes  de  formation  et  de  aévelop- 
peweiil  de  l'Ɠuf  chez  les  Ascowyeùles  et  les  Basidiomycùtes. 


I120  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

Deux  Mémoires  ont  été  présentés.  La  Commission  estime  que,  dans  l'un 
comme  dans  Taulre.  la  question  n'est  traitée  que  d'une  façon  incomplÚte. 
Elle  ne  décerne  donc  pas  le  prix. 

L'Académie  adopte  cette  proposition. 

PRIX  BORDIN. 

(Commissaires:  M^L  Guignard,  Bornet,  Prillieux,  Bonnier; 
Van  Tieghem,  rapporteur.) 

L'Académie  avait  proposé  la  question  suivante  : 

Drinoiilrcr,  s'il  y  a  lieu,  par  l'Ă©lude  de  types  iionibi-eux  et  varies,  la 
gënéj-alité  du  pliénoinÚne  de  la  double  fécondaliuii,  ou  digawie,  c'esl- 
Ă -dire  de  la  fornialiou  simultanĂ©e  d'un  Ɠuf  et  d'un  trophime,  chez  les 
A  ngiosperm  es . 

Aucun  Mémoire  n'ayant  été  présenté,  la  Commission  décide  de  retirer 
le  sujet  proposé. 

Cette  décision  est  approuvée  par  TAcadémie. 

PlUX  DESMAZIÈKES. 

(Commissaires  :  MINL  Bornet,  Van  Tieghem,  Bonnier,  Prillieux; 
Guignard,  rapporteur.  ) 

La  Commission  décide  qu'il  n'y  a  pas  lieu  de  donner  le  prix. 

PRIX  MONTAGNE. 

(Commissaires  :  MM.  \  an  Tiegliem,  Bornet,  Guignard,  Bonnier,  Zeiller; 

Prillieux,  rapporteur.) 

L'Ă©tude  de  la  structure  et  de  l'Ă©volution  des  noyaux  dans  les  Champi- 
gnons BasidiomycÚtes  a  été  le  sujet  de  trÚs  délicates  et  trÚs  intéressantes 
recherches  que  M.  Mairr  a  exposĂ©es  dans  un  important  MĂ©moire  oĂč  il 
traite  de  la  cytologie  non  seulement  des  BasidiomycĂštes  proprement  dits, 
mais  aussi  des  UrĂ©dinĂ©es  considĂ©rĂ©es  comme  dĂ©pendant  du  mĂȘme  groupe. 

Les  noyaux  des  Champignons  qui  sont  extrĂȘmement  petits  ont  longtemps 
échappé  à  robservalion,  ils  ne  deviennent  visibles  que  quand  on  parvient  à 


SÉANCE    DU    2  1    DÉCEMBRE    ICjO^.  I  I  :~  l 

les  colorera  l'aide crunc  technique  toute  spéciale  et  des  plus  délicates;  mais 
le  travail  de  M.  Maire  montre  combien  l'étude,  bien  dirigée,  de  ces  petits 
corps  peut  apporter  à  la  Science  de  données  importantes  et  contribuer  à 
Ă©clairer  les  questions  les  plus  hautes  et  les  plus  obscures  de  l'organisation 
des  végétaux. 

M.  Maire  a  fait,  dans  l'exposé  de  ses  recherches,  deux  paris  distinctes  : 
l'une  comprend  la  description  trÚs  détaillée  de  ses  nombreuses  observations 
sur  les  noyaux  dans  la  série  des  espÚces  des  BasidiomycÚles  dont  il  a  étudié 
des  types  variés  en  contrÎlant  les  études  cytologiques,  maintes  fois  contra- 
dictoires, qui  avaient  été  faites  avant  lui;  l'autre  est  consacrée  aux  théories 
qui  touchent  à  la  phylogénésie,  à  l'évolution  nucléaire  et  à  la  sexualité  des 
BasidiomycĂštes;  il  a  jugĂ©  avec  raison  qu'il  convient  de  ne  pas  mĂȘler  aux 
faits  prĂ©cis  des  considĂ©rations,  oĂč  la  maniĂšre  de  voir  de  chacun  joue  tou- 
jours un  rÎle  considérable. 

Les  cellules  des  BasidiomycĂštes  contiennent  tantĂŽt  un  seul  noyau,  tantĂŽt 
deux  noyaux  accouplés.  A  la  germination,  le  filament  produit  par  la  spo- 
ridie  d'une  Urédinée,  aussi  bien  que  celui  qui  naßt  de  la  basidiospore  du 
Champignon  le  plus  élevé  en  organisation,  est  composé  de  cellules  à  un 
seul  noyau,  contenant  deux  chromosomes.  Ce  n'est  que  plus  tard  que 
toutes  les  cellules  des  BasidiomycĂštes  contiennent  chacune  deux  noyaux 
accouplés  dont  les  divisions  sont  simultanées  et  parallÚles.  M.  Maire  attache 
une  importance  considérable  à  cette  paire  de  noyaux  intimement  unis  qui 
caractérise  les  cellules  du  tronçon  individuel  le  plus  important  des  Basidio- 
mycÚtes et  donne  naissance  à  des  générations  de  pareils  couples  de  noyaux 
jusqu'à  la  formation  de  la  baside.  Là,  les  deux  noyaux  accouplés  de  la  jeune 
baside  se  fusionnent  pour  former  un  gros  noyau,  dans  lequel  se  confondent 
les  quatre  chromosomes  des  deux  éléments  associés;  puis,  ce  gros  noyau 
unique,  ainsi  formé  à  l'intérieur  de  la  })aside,  se  divise  en  deux  noyaux  con- 
tenant chacun  seulement  deux  chromosomes.  Il  y  a  donc  là  réduction  du 
nombre  des  chromosomes.  La  division  se  répÚte  trÚs  peu  aprÚs  et  il  se  pro- 
duit ainsi  dans  la  baside  quatre  noyaux  qui  pénÚtrent  isolément  dans  les 
spores  qui  se  forment  à  l'extrémité  des  stérigmates. 

Peut-on  voir  dans  ces  faits  la  preuve  de  l'existence  d'une  fécondation 
dans  les  Champignons  basidiomycĂštes?  M.  Maire  ne  le  pense  pas. 

La  fĂ©condation,  dans  les  vĂ©gĂ©taux  supĂ©rieurs,  lĂ   oĂč  elle  n'est  pas  con- 
testable, est  caractérisée  par  la  fusion  de  deux  noyaux  sexuels  dont  l'union 
constitue  l'Ɠuf.  Ce  dernier  contient  un  nombre  double  de  chromosomes  et 
donne  naissance,  par  des  divisions  successives,  à  toute  une  lignée  de  pareils 

G.  K.,  tgoS,    2'  Semestre.  (T.  CXXXVU,  N»  25  )  '4? 


II22  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

noyaux  jusqu'Ă   un  stade  dĂ©fini  oĂč  se  produit  une  rĂ©duction  numĂ©rique  des 
cbroniosomcs  dans  les  noyaux  qui  sont  rorigino  d'nne  nouvelle  lignée 
aboutissant  aux  noyaux  sexuels.  Dans  les  BasidiomycĂštes,  le  noyau  produit 
dans  la  baside  par  la  fusion  des  deux  noyaux  associés  contenant  chacun  deux 
.  chromosomes  donne  naissance  aux  noyaux  des  spores  qui  ne  contiennent, 
eux  aussi,  que  deux  chromosomes.  Il  y  a  là  une  différence  que  M.  Maire 
considĂšre  comme  essentielle  et  d'oĂč  il  rĂ©sulte  que  la  fusion  des  noyaux 
accouplés  dans  la  baside  est,  selon  lui,  un  phénomÚne  de  tout  autre  nature 
que  celui  qui  caractérise  une  fécondation  véritable. 

Cet  important  travail  de  M.  Maire  a  {)aru  Ă   la  Section  de  Botanique 
digne  d'une  récompense  de  l'Académie.  Elle  vous  propose  de  lui  accorder 
le  prix  Montagne. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  do  ce  Rapport. 


PRIX  THORE. 

(Commissaires  :  MM.  Bornet,  Guignard,  Van  Tieghem,  Bonnier; 
Prillieux,  rapporteur.  ) 

La  maladie  de  la  Vigne  que  l'on  désigne  sous  le  nom  de  Roi  blanc  ou  de 
Rot  livide  a  été  signalée  comme  fort  dangereuse,  en  France,  dÚs  1886,  et  a 
été  l'objet  déjà  de  nombreuses  études.  Elle  a  pris  dans  ces  derniÚres  années, 
en  Hongrie,  un  développement  considérable  et  M.  de  Istvaxffi  évalue  à 
8  millions  de  francs  le  dommage  qu'elle  y  a  causé  en  1901. 

Directeur  de  l'Institut  ampélographique  royal  hongrois,  M.  de  Istvanffi 
a  fait  de  cette  maladie  et  du  parasite  qui  la  produit  une  Ă©tude  trĂšs  appro- 
fondie et  publié  sur  ce  sujet  tout  spécial  un  Mémoire  de  prÚs  de  3oo  pages 
accompagnées  de  plus  de  200  figures  dont  un  grand  nombre  en  couleur  et 
d'une  trÚs  belle  exécution. 

M.  de  Istvanffi  étudie  et  décrit  avec  le  plus  grand  détail  les  altérations 
des  tissus  des  divers  organes  de  la  Vigne,  jeunes  sarments,  feuilles, 
grappes  et  grains  de  raisin  dans  lesquels  pénÚtre  et  se  développe  le  mycé- 
lium du  Coniolhyriuin  Diplodielia.  Parmi  les  faits  intéressants  qu'il 
signale,  on  peut  citer  particuliĂšrement  la  formation  de  tissu  cicatriciel  Ă  
l'intérieur  des  jeunes  rameaux  altérés  par  la  pénétration  du  parasite  et  la 
production  de  bourrelets  de  forme  singuliùre  au-dessus  des  ent.renƓuds  sur 
lesquels  la  maladie  a  causé  nno  décorlicalion  annulaire. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igo3.  H^S 

En  ensemençant  le  Coniothyrium  Diplodwlla  dans  des  milieux  conve- 
nables, M.  de  Istvanffi  en  a  suivi  loiil  le  développement,  depuis  la  germi- 
nation de  la  spore  jusqu'Ă   la  formation  complĂšte  des  pycnides  qu'il  a 
observées  à  partir  de  leur  premiÚre  origine.  Des  ensemencements  de  spores 
sur  des  raisins  lui  ont  pci'mis  de  voir  la  pénclration  des  filaments  du  Cham- 
pignon à  travers  la  cuticule  et  leur  développement  à  rinlérieur  de  la  pulpe 
des  grains  dont  il  a  figuré  les  colorations  successives  qui  manifestent  à 
l'extérieur  toutes  les  phases  de  la  maladie. 

Une  deuxiÚme  partie  du  Mémoire  de  M.  Istvanffi  est  consacrée  à  l'élude 
comparative  des  remÚdes  proposés  pour  combattre  le  Rot  livide.  L  auteur 
assure  en  avoir  découvert  un  nouveau  beaucoup  plus  efficace  que  ceux  qui 
ont  été  employés  jusqu'ici,  mais  il  ne  fait  pas  connaßtre  la  substance  dont 
il  préconise  l'emploi  et  se  réserve  d'en  faire  l'objet  d'une  publication  ulté- 
rieure. 

Sans  tenir  compte  de  cette  derniĂšre  partie  du  travail  de  M.  de  Istvaxffi, 
la  Commission  a  pensé  que  l'étude  trÚs  détaillée  qu'a  faite  l'auteur  des 
tissus  de  la  Vigne  attaquée  par  le  Coniol/iyiium  DiplodicUa  et  de  toutes 
les  phases  du  développement  de  ce  Champignon  a  une  réelle  valeur  et  vous 
propose  de  lui  accorder  le  prix  Thore. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


ECONOMIE  KliUALE. 


PRIX  BIGOT  DE  M  DROGUES. 

(Commissaires  :  iNIM.  Muntz,  Schlo'sing  pĂšre,  Chauveau,  Roux; 
SchlƓsing  fils,  rapporteur.) 

L'Ouvrage  auquel  la  Commission  est  unanimement  d'avis  d'attribuer  le 
prix  Bigot  de  Morogues  est  la  Gcologic  a'j^rirole  de  M .  EugĂšne  Risi.ek. 

M.  Risler  (est-il  besoin  de  le  rappeler?)  est  l'Ă©minent  agronome  qui, 
pendant  de  longues  années,  a  dirigé  avec  une  si  haute  distinction  et  un  si 
complet  dĂ©vouement  l'Institut  national  agronomique.  1mi  mĂȘme  tenqjs,  il 


II24  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

eul  à  y  professer  l'Agriculture  comparée.  Il  reconnut  dÚs  l'abord  que  cette 
science  devait  comprendre  la  climatologie,  l'histoire  de  l'agricidluro,  la  sta- 
tistique et  la  gt'ologie  agricole  cl,  comme  sur  celte  derniÚre  l'Ouvrage  néces- 
saire manquait,  il  entreprit  de  le  composer.  Ainsi  est  né  son  magistral 
Traité. 

Le  plan  qu'il  y  a  suivi  est  Ă   la  fois  le  plus  clair,  le  plus  scientifique  et  le 
plus  pratique;  il  repose  sur  l'adoption  de  la  classification  des  Traités  de  Géo- 
logie, parmi  lesqucl  est  pris  essentiellement  comme  modÚle  le  grand  Traité 
de  M.  de  Lapparent,  et  sur  l'emploi  constant  des  cartes  géologiques.  AprÚs 
la  description  trĂšs  sobre  de  chaque  terrain,  l'auteur  parcourt  les  divers  pays 
de  France  oĂč  ce  terrain  est  en  affleurement  et  pousse  aussi,  dĂšs  cju'il  est  utile, 
ses  excursions  à  l'étranger.  11  y  relÚve  tous  les  renseignements  intéressant 
l'agriculture  :  analyses  des  sols,  résultats  d'essais  d'engrais,  indications 
variées  concernant  les  amendements  en  usage  et  leurs  gisements,  les  sys- 
tÚmes de  culture,  les  procédés  de  drainage  et  d'irrigation,  les  plantes  fores- 
tiÚres, les  races  de  bétail,  le  climat,  la  situation  économique.  Pour  mieux 
faire  comprendre  ses  leçons  .par  des  exemples,  il  décrit  des  exploitations 
rurales  et  fait  voir  le  profit  cju'elles  peuvent  tirer  d'une  judicieuse  adaptation 
de  leurs  méthodes  aux  ressources  des  terrains  sur  lesquels  elles  se  trouvent 
placées.  De  j^areilles  études  ressort  avec  évidence  la  relation,  parfois  trÚs 
étroite,  qui  existe  entre  la  formation  géologique  d'un  sol  et  le  systÚme  de 
culture  qui  lui  convient.  Et  cette  relation  conduit  Ă   des  applications  im- 
médiates. C'est  ainsi  cjue,  selon  les  vues  de  M.  iiisler,  les  propriétaires 
bretons  auraient  grand  bénéfice  à  emprunter  les  améliorations  réalisées  à 
Jersey  sur  des  terres  granitiques  ou  siluriennes  analogues  aux  leurs;  c'est 
ainsi  que  les  Champenois  devraient  apprendre  de  leurs  confrĂšres  de  l'Ar- 
tois, de  la  Flandre  on  du  sud  de  l'Angleterre  ce  (pi'il  est  possible  de  faire 
des  sols  crayeux  et  que  les  Lorrains  devraient  Ă©tablir  des  herbages  sur 
leurs  marnes  du  lias  comme  on  l'a  fait  avec  succĂšs  dans  le  Charolais  et 
le  JNivernais. 

Tant  de  documents  précieux,  réunis  et  commentés  avec  une  expérience 
consommée  des  choses  de  l'agriculture,  constituent  un  ensemble  dont  la 
portée  dépasse  de  beaucoup  le  titre  de  Géologie  agricole.  L'Ouvrage  de 
M.  llisLitii  est  presque  à  lui  seul  un  Traité  complet  d'agriculture  comparée. 
Il  olTre,  en  outre,  un  caractÚre  de  nouveauté  et  d'originalité  exceptionnel, 
parce  que  l'auteur  a  tiré  de  ses  notes  personnelles  de  voyage  ou  de  son 
propre  fonds  une  grande  partie  des  observations  et  des  conclusions  qu'il 
iorinule.  On  comprend  par  là  que  la  Géologie  agricole  n'ait  été  que  len- 


SÉANCE    DU    2  1    DÉCEiMBRE    igo3.  II 23 

lemciil  écrite;  su  publication  représente  un  travail  de  plus  de  20  années,  ou 
plutĂŽt  elle  est  le  fruit  de  toute  une  carriĂšre,  bien  digne  d'ĂȘtre  louĂ©e  et 
honorée. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


ANATOMIE  ET  ZOOLOGIE. 


PRIX  SAVIGNY. 

(Commissaires  :  MM.  Perrier,  Giard,  Dclage,  Chatin,  GrancJidier; 

Bouvier,  rapporteur.  ) 

Ce  prix  est  accordé  à  M.  R.  Fourtau,  Ingénieur  civil  au  Caire,  Membre 
de  l'Institut  Ă©gyptien. 

Depuis  longtemps  fixé  au  Caire,  M.  Fourtau  a  consacré  son  talent  d'ingé- 
nieur, de  pénii)les  explorations  et  des  reciicrches  trÚs  savantes  à  l'étude 
géologique  de  TEgypte.  Grùce  à  sa  connaissance  des  Invertébrés  fossiles  et 
Ă   ses  aptitudes  d'observateur,  il  est  parvenu  Ă   jeter  une  vive  lumiĂšre  sur 
l'histoire  des  terrains  qui  avoisinent  la  mer  Rouge,  et  l'on  peut  prévoir  le 
jour  oĂč  les  dĂ©pĂŽts  Ă©gyptiens  seront  inscrits  sur  les  cartes  avec  la  mĂȘme  prĂ©- 
cision que  ceux  de  l'autre  rive  méditerranéenne. 

M.  Fourtau  s'est  d'abord  intéressé  à  la  géographie  physique  et  à  la  struc- 
ture générale  de  la  région  érythréenne.  AprÚs  avoir  débuté  par  une  curieuse 
étude  sur  les  puits  artésiens  et  les  puits  forés  de  l'Egypte,  il  a  fait  paraßtre 
coup  sur  coup  deux  estimables  opuscules,  l'un  consacré  à  la  cÎte  ouest  du 
Sinaï,  l'autre  à  la  partie  septentrionale  du  désert  arabique.  Ces  deux 
MĂ©moires  sont  d'une  lecture  captivante  et  remplis  d'observations  originales. 
Quand  il  les  écrivit,  l'auteur  était  déjà  trÚs  documenté  sur  la  géologie  de 
l'Egypte  et  il  a  profité  de  ses  connaissances  pour  expliquer  le  faciÚs  des 
régions  précitées.  On  ne  saurait  mieux  comprendre,  ni  traiter  plus  large- 
ment, la  géographie  physique  d'une  contrée. 

M.  Fourtau  est  bon  géographe  parce  qu'il  présente  avant  tout  les  qua- 
lités d'un  excellent  géologue.  Les  douze  Notes  ou  Mémoires  qu'il  a  consa- 


1126  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

crés  jusqu'ici  à  la  stratigraphie  égyptienne  sont  remplis  d'aperçus  nouveaux 
et  suggestifs  :  il  y  montre  que  le  grÚs  nubien  sans  fossiles  s'est  formé  suc- 
cessivement Ă   des  Ă©poques  diverses;  qu'entre  ce  substratum  et  les 
couches  éocÚnes  prédominantes  en  Egypte  s'intercalent  les  dépÎts  du  céno- 
manien  et  du  crétacé  supérieur;  que  la  barre  rocheuse  d'Alexandrie, 
derriĂšre  laquelle  se  forma  le  delta  nilotique,  remonte  Ă   l'Ă©poque  quaternaire 
et  s'appuie  sur  les  calcaires  du  pliocÚne  supérieur;  enfin  que  l'Egypte 
était  submergée  ou  incomplÚtement  découverte  au  début  de  la  période 
quaternaire,  et  que  les  silex  taillés  qu'on  y  trouve  sont  bien  postérieurs  à 
l'époque  paléolithique.  On  ne  saurait  entrer  dans  le  détail  des  nombreuses 
études  que  M.  Fourtau  a  consacrées  aux  terrains  tertiaires  d'Egypte  :  elles 
sont  longues  et  approfondies,  trĂšs  concluantes  toutes  les  fois  que  l'observa- 
teur a  pu  réunir  des  matériaux  suffisants,  marquées  au  coin  d'une  sage  pru- 
dence dans  le  cas  contraire.  Si  M.  Fourtau  n'hésite  nullement  à  établir 
qu'aux  environs  des  Pyramides  les  fossiles  du  sable  pliocĂšne  proviennent 
d'une  dissémination  anormale  et  sont  issus  de  couches  fort  diverses;  s'il 
interprÚte  avec  une  grande  netteté  les  trois  niveaux  à  Poissons  qu'on  trouve 
au  mĂȘme  lieu  dans  les  strates  lutĂ©tiennes;  par  contre,  il  ne  croit  pas  qu'on 
puisse  fixer  exactement  l'ùge  des  bois  pétrifiés  du  désert  ;  bien  plus,  malgré 
sa  connaissance  profonde  du  sujet,  il  hésite  à  tenter  un  essai  de  classification 
des  terrains  Ă©ocĂšnes  du  pays  Ă©gyptien. 

Pour  donner  à  ses  recherches  stratigraphiques  toute  la  rigueur  désirable, 
M.  Fourtau  s'est  efforcé  de  connaßtre  à  fond  les  nombreux  Oursins  qui, 
avec  les  OslJ^ea,  sont  les  fossiles  les  plus  caractéristiques  de  l'Egypte.  Il 
s'est  fait,  en  quelque  sorte,  le  paléontologiste  des  Echinides  égyptiens,  et  a 
su  acquĂ©rir  une  vĂ©ritable  autoritĂ©  dans  cette  matiĂšre.  AprĂšs  s'ĂȘtre  essayĂ© 
dans  maintes  Notes  préliminaires  il  a  publié,  dans  les  Mémoires  de  l'Institut 
Ă©gyptien,  une  Revision  des  Echinides  fossiles  de  l'Egypte  qui  est  une 
oeuvre  approfondie  et  de  longue  haleine.  Ce  travail  suffirait  pour  justifier 
vos  suffrages,  tant  il  est  riche  en  faits  nouveaux  et  écrit  avec  précision  ;  pour- 
tant, il  n'a  pas  satisfait  l'auteur  et  a  été  suivi  par  deux  suppléments  non 
moins  volumineux  qui  en  font  un  ensemble  des  plus  complets. 

Pour  mettre  plus  en  lumiĂšre  la  belle  conscience  scientifique  de  M.  Four- 
tau, il  est  nécessaire  d'ajouter  que  ce  laborieux  savant  ne  recule  pas  devant 
des  recherches  zoologiques  pour  couronner  son  Ɠuvre.  PersuadĂ©  Ă   juste 
titre  que  la  faune  moderne  est  la  suite  des  faunes  Ă©teintes  et  peut  servir  Ă  
les  expliquer,  il  s'est  fait  le  continuateur  des  Savigny,  des  Audouin  et  des 
RosiĂšres,  et  a  entrepris  dans  ce  but  une  Ă©tude  complĂšte  des  Echinides 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  IQoS.  II27 

actuellement  vivants  dans  le  golfe  de  Suez.  L'important  manuscrit  qui  est 
le  résultat  de  celte  étude  a  été  déposé  pour  le  présent  concours;  comme  les 
Ɠuvres  prĂ©cĂ©dentes,  il  mĂ©rite  des  Ă©loges  et  fait  honneur  Ă   ce  bon  Français 
qui  continue  en  Egypte  les  nobles  traditions  de  la  France. 

L'Institut  s'est  rarement  trouvé  en  présence  d'un  tel  ensemble  de  travaux 
relatifs  aux  régions  de  la  mer  Rouge;  votre  Commission  estime  hautement 
cette  Ɠuvre  et  vous  propose  de  dĂ©cerner  le  prix  Savigny  Ă   M.  Fourtau. 

Lin  autre  travailleur,  M.  Krempf,  a  prĂ©sentĂ©  pour  le  mĂȘme  prix  un  cer- 
tain nombre  d'Opuscules  et  de  Notes  originales  qui  méritent  d'attirer 
l'attention. 

Pour  étudier  les  Hexactiniaires  anormaux  groupés  sous  le  nom  de  Sti- 
chodactylinés,  M.  Krempf  a  entrepris  un  voyage  dans  la  mer  Rouge;  il  a 
séjourné  plusieurs  mois  à  Djibouti,  à  OIjock,  aux  ßles  Mossoka  dans  le 
golfe  de  Tadjoura,  partout  recueillant  un  précieux  matériel  qu'il  étudie 
pour  en  faire  le  sujet  d'un  travail  Ă©tendu. 

A  en  juger  par  les  Notes  déjà  publiées  dans  nos  Comptes  rendus,  le 
voyage  de  M.  Krempf  promet  d'ĂȘtre  fructueux  pour  la  Science.  GrĂące  aux 
recherches  de  ce  jeune  zoologiste,  on  sait  aujourd'hui  que  les  Slichodacty- 
linés  constituent  un  groupe  de  convergence  établi  sur  un  caractÚre  unique, 
et  qu'il  convient  de  les  scinder  en  deux  parties,  dont  l'une  doit  rester  dans 
les  Hexactiniaires,  tandis  que  l'autre  mérite  de  former  un  groupe  à  part, 
plus  voisin  des  Hexacoralliaires,  M.  Krempf  a  Ă©galement  Ă©tabli  que  ces 
derniers  sont  trÚs  différents  des  Hexactiniaires  avec  lesquels  on  a  toujours 
tendance  à  les  confondre;  que  plusieurs  d'entre  eux  (Oculines,  Madré- 
pores, etc.)  présentent  une  énorme  hypertrophie  de  certains  tentacules  qui 
occupent  une  position  constante  et  flottent  comme  des  boyaux  dans  la  cavité 
du  corps;  que  tous  présentent  dans  leur  squelette  un  beau  substratum 
organique  et  que  tous  également  sont  associés  à  des  Zooxantlielles,  ce  cjui 
explique  l'importance  des  radiations  lumineuses  pour  la  biologie  des 
Coraux. 

Ces  recherches  sont  intĂ©ressantes  et  mĂ©ritent  d'ĂȘtre  encouragĂ©es.  Votre 
Commission  propose  M.  Kkempi'  pour  une  mention  trĂšs  honorable. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


TI28  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

PRIX  DA  GAMA  MACHA  DO. 

(Commissaires  :  MM.  Giard,  Dclage,  Bouvier,  Chatin; 
Edmond  Perricr,  rapporteur.) 

La  comtesse  Maria  vo\  Lixdex  a  déjà  soumis  au  jugement  de  rAcadémie, 
pour  ce  mĂȘme  concours,  deux  beaux  MĂ©moires  sur  le  dĂ©veloppement  des 
couleurs  dans  l'aile  des  Papillons,  qui  peuvent  se  résumer  dans  cette  pro- 
position à  la  fois  saisissante  et  concise  :  La  généalogie  des  Papillons  est 
inscrite  sur  leurs  ailes. 

Dans  ces  ^Mémoires,  la  comtesse  von  Lindcn  a  suivi  pas  à  pas  le  dévelop- 
pement du  dessin  et  des  couleurs  dans  Taile  en  voie  de  développement  sous 
l'étui  de  la  chrysalide  et  montré  comment  le  dessin  s'était  primitivement 
développé  sur  le  réseau  serré  des  nervures  d'une  aile  analogue  à  celle  des 
Névroptcres,  s'était  conservé  sous  forme  d'un  réseau  ])igmenté  lorsque  les 
petites  nervures  avaient  disparu  et  s'était  ensuite  graduellement  modifié 
sous  l'influence  de  circonstances  secondaires,  en  mĂȘme  temps  cju'apparais- 
saient  des  teintes  diverses  dans  un  ordre  dĂ©terminĂ©,  toujours  le  mĂȘme  pour 
toutes  les  espĂšces. 

Quelle  Ă©tait  la  cause  de  l'apparition  des  couleurs,  quelle  Ă©tait  la  nature 
mĂȘme  de  ces  couleurs?  M"*^  de  Linden  n'avait  pas  abordĂ©  ces  cjueslions; 
elle  nous  en  apporte  aujourd'hui  la  solution. 

Des  observations  nombreuses,  des  expériences  précises,  des  analyses 
chimiques  rigoureuses  portant  principalement  sur  la  matiĂšre  colorante  des 
ailes  des  Vanesses  qui  sont  les  Papillons  dont  les  teintes  sont  le  plus 
variées,  établissent  les  faits  suivants. 

Le  pigment  rouge  des  Vanesses  a  pour  origine  la  chlorophylle;  il  cris- 
tallise dans  le  mĂȘme  systĂšme  et  prĂ©sente  les  mĂȘmes  bandes  d'absorption 
que  le  pigment  rouge,  dans  lequel  se  transforme  la  chlorophylle  dans  cer- 
taines conditions.  La  transformation  de  la  chlorophylle  en  pigment  rouge 
se  fait  assez  souvent  dans  les  cellules  des  plantes,  notamment  dans  celles  de 
l'Ă©corce  des  fruits,  sous  l'action  du  soleil;  elle  se  produit  aussi,  mais  dans 
de  tout  autres  conditions,  dans  l'épithéliuin  de  l'intestin  des  Chenilles;  la 
chlorophylle  se  change  d'abord  en  chlorophyllane,  celle-ci  en  pigment 
rouge.  Ce  pigment  est  ensuite  transporté  dans  l'épiderme  de  la  Chenille. 
L'analyse  chimique  montre  qu'on  doit  le  considérer  comme  une  substance 
aUjuminoïde  colorée   jiar  une  matiÚre   analogue  à   la  bilirubine   dont  on 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    IQoS.  I I 29 

connaßt  les  rapports  étroits  avec  rhémoglobine.  Ce  pigment  se  retrouve 
dans  riiypoderme  de  la  chrysalide,  comme  dans  celui  du  Papillon  et  se 
conserve  jusque  dans  les  cellules  du  blastoderme.  C'est  en  quelque  sorte 
le  pigment  fondamental;  toutes  les  autres  couleurs  résultent  du  degré 
d'oxydation  ou  de  réduction  qu'il  a  subi.  La  marche  de  l'oxydation  est 
indiquée  par  les  changements  qu'éprouve  la  couleur  de  j'hypoderme  des 
chenilles  et  des  chrysalides  au  cours  de  leur  développement  ontogé- 
nétique.  Ce  pigment  appartient  par  ses  propriétés  à  la  catégorie  des 
pigments  respiratoires,  bien  qu'une  fois  déposé  dans  l'aile  il  n'intervienne 
plus  dans  les  Ă©changes  gazeux  entre  l'animal  et  l'atmosphĂšre.  Il  jette  une 
sorte  de  pont  entre  la  chlorophylle  et  l'hémoglobine,  et  semble  indiquer 
que  les  pigments  respiratoires  des  animaux  et  ceux  qui  forment  la  base  de 
leurs  couleurs  auraient  pour  origine  le  pigment  chlorophyllien. 

On  ne  saurait  exagérer  l'importance  d'une  telle  conclusion  qui  rend  vrai- 
semblable l'opinion  suivant  laquelle  les  animaux  issus  des  végétaux  par 
la  perte  de  la  faculté  de  produire  le  pigment  chlorophyllien  et,  par- 
conséquent,  de  fabriquer  les  hydrates  de  carbone  dont  la  cellulose  est  un 
des  types,  auraient  ensuite,  par  une  alimentation  végétale,  récupéré  les 
dérivés  de  ce  pigment  et  l'auraient  fixé  sur  une  trame  albuminoïde.  L'hé- 
moglobine, pigment  respiratoire  des  animaux,  aurait  ainsi  pour  origine  la 
chlorophylle,  pigment  respiratoire  des  plantes  :  ce  qui  ne  serait  pas  sans 
resserrer  l'union  de  plus  en  plus  étroite  qui  se  révÚle  entre  les  deux  rÚgnes 
si  unanimement  jadis  opposés  l'un  à  l'autre. 

Il  a  semblé  à  votre  Commission  que  des  travaux  précis  d'observation  et 
d'expérimentation,  aboutissant  à  des  conclusions  d'un  ordre  aussi  général, 
devaient  mériter  à  l'auteur  le  prix  Da  Gama  Machado,  dans  l'objet  duquel 
le  MĂ©moire  de  la  comtesse  de  Linden  rentre  si  exactement. 

((  La  couleur  des  ailes  du  Papillon,  dit  en  terminant  la  comtesse  de 
Linden,  est  donc  une  question  d'oxydation  et  non  une  question  de  sélection 
comme  le  veulent  les  darwinistes.  » 

Il  ne  paraßt  pas,  en  effet,  établi  dans  le  cas  présent  que  la  sélection  natu- 
relle soit  intervenue  en  quoi  que  ce  soit  dans  la  disposition  des  couleurs  sur 
les  ailes  des  Papillons,  et  l'auteur,  dans  ses  précédents  Mémoires,  a  parfai- 
tement mis  en  relief  l'intervention  dans  ces  dispositions  de  causes  dé- 
terminantes tout  à  fait  étrangÚres  à  la  sélection,  comme,  par  exemple,  la 
superposition  des  Ă©bauches  des  ailes  aux  incisions  du  corps  chez  la  chrysa- 
lide. Mais  l'opposition  que  signale  ici  la  comtesse  de  Linden  entre  l'oxyda- 
tion et  la  sĂ©lection  pourrait  ĂȘtre  relevĂ©e  partout.  C'est,  en  effet,  l'essence 

C.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVIl,  N*  25.)  ĂŻ4*^ 


I  I  3o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

inùme  de  l'Ɠuvre  de  Darwin  de  ne  pas  tenir  compte  des  causes  qui  ont 
déterminé  Tapparilion  des  caractÚres;  ces  causes  sont  indifférentes  à  la 
théorie,  et  c'est  là  tout  à  la  fois  ce  qui  fait  sa  faiblesse  et  sa  force.  Les 
caractÚres  une  fois  réalisés,  pour  une  cause  quelconque,  Darwin  nous 
montre  comment  ceux  qui  sont  avantageux  ont  été  conservés  et  définissent 
nos  espĂšces  actuelles,  tandis  que  les  autres  ont  disparu;  il  ne  cherche  pas 
Ă   expliquer  l'apparition  des  caractĂšres,  mais  la  conservation  de  certains 
d'entre  eux  que  nous  nommons  spécifiques;  son  livre  ne  traite  pas,  ce  que 
grùce  à  des  disciples  trop  zélés  on  est  en  train  d'oublier,  de  Vorigine  des 
formes  vwantes,  mais  de  Vorigine  des  espĂšces,  c'est-Ă -dire  de  l'origine 
de  la  discontinuité  qu'on  observe  actuellement  entre  les  formes  vivantes. 
C'est  l'objection  principale  à  la  doctrine  de  l'évolution  qu'il  prétend  ainsi 
supprimer;  mais  il  y  a  un  tout  autre  terrain,  celui  sur  lequel  se  plaçait 
Lamarck,  qu'il  s'agirait  d'explorer,  et  c'est  celui  sur  lequel  s'est  engagée 
la  comtesse  de  Linden  :  rechercher  les  causes  physiologiques  qui  ont  déter- 
miné les  formes  vivantes.  Il  est  évident,  par  exemple,  que  la  sélection 
naturelle  n'intervient  aucunement  dans  la  réalisation  des  deux  modes  de 
bourgeonnement  qui  ont  déterminé,  comme  l'auteur  de  ce  Rapport  l'a 
montré  ('),  les  deux  types  fondamentaux  de  structure  des  animaux,  le 
type  ramifié  et  le  type  segmenté,  pas  plus  que  dans  la  réalisation  dans 
ce  dernier  type  des  embranchements  des  Echinodermes,  des  Mollusques, 
des  Tuniciers,  des  VertĂ©brĂ©s  liĂ©s  Ă   des  atl!itudes  forcĂ©es  des  ancĂȘtres  des 
animaux  qui  les  composent,  ou  au  mode  normal  de  fonctionnement  de 
l'hérédité  qui  constitue  la  Tachy genÚse  (-). 

La  sélection  naturelle  ne  laisse  rien  voir  du  mécanisme  suivant  lequel  les 
choses  ont  été  faites;  elle  intervient  seulement  pour  conserver  certaines 
choses  déjà  existantes  en  dehors  d'elle  et  en  détruire  certaines  autres. 
Darwin  n'a  pas  dit  davantage;  c'est  dans  la  direction  indiquée  par  Lamarck 
que  se  trouvent  les  explications,  et  c'est  dans  cette  direction  que  le  travail 
de  la  comtesse  de  Li.\de\'  est  tout  plein  de  documents  précieux. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


(')  Edmond  PERRiEn,  Les  Colonies  animales  et  Traité  de  Zoologie. 
(-)  Edmond  Perrier  et  Charles  Gravier,  La  TachygcnĂšse  {Annales  des  Sciences 
naturelles,  8»  série,  t.  XVt,  1902,  p.  258-274  et  p.  Siy). 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igo3.  Il3l 


MEDECINE  ET  CHIRURGIE. 


PRIX  MONTYON. 

(Commissaires  :  MM.  Marey,  Guyon,  d'Arsonval,  Lannelongue,  Laveran, 
Roux,  Brouardel,  Labbé;  Bouchard,  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  un  des  prix  à  M.  Dominici. 

M.  Dominici  soumet  à  l'examen  de  l'Académie  une  série  de  Mémoires 
sur  les  organes  hémato-poïétiques  et  les  organes  lymphoïdes  à  l'état  normal 
au  cours  des  infections. 

M.  Dominici  s'est  proposé  d'établir  d'une  façon  exacte  la  structure  de 
ces  organes,  de  faire  l'histoire  des  éléments  cellulaires  qui  en  proviennent 
au  point  de  vue  morphologique  et  du  rĂŽle  qu'ils  jouent  Ă   l'Ă©tat  normal  et 
Ă   l'Ă©tat  pathologique. 

M.  Dominici  a  d'abord  imaginé  un  liquide  fixateur  nouveau  qui  lui  a 
fourni  te  moyen  d'avoir  des  rĂ©sultats,  toujours  comparables  Ă   eux-mĂȘmes, 
dans  l'étude  des  diverses  parties  du  systÚme  hémo-lymphatique. 

Les  travaux  de  M.  Ehrlich  distinguent  d'une  façon  absolue  entre  le  sys- 
tÚme myélogÚne  et  le  systÚme  lymphoide. 

Le  premier  a  pour  organe  la  moelle  des  os  qui  élabore  les  hématies,  les 
cellules  Ă   granulations  diverses  et  les  mastzellen. 

Le  second  a  pour  organes  la  rate,  les  ganglions  lymphatiques,  les  folli- 
cules de  l'intestin  et  élabore  les  hématoblastes,  les  cellules  mononucléaires 
de  divei'ses  tailles  sans  granulations  et  les  plasmazellen. 

En  Ă©tudiant  ces  systĂšmes  Ă   l'Ă©tat  normal  et  Ă   l'Ă©tat  pathologique,  surtout 
dans  certaines  infections,  M.  Dominici  montre  que,  si  la  moelle  osseuse  est 
bien  le  centre  principal  héraatopoïétique,  les  organes  lymphoïdes  peuvent 
dans  certaines  circonstances  accomplir  la  fonction  myélogÚne.  Inversement, 
le  systÚme  myélogÚne  est  capable  de  produire  des  éléments  lymphoïdes. 
Telle  est  la  conclusion  générale  de  ces  Mémoires  qui  abondent  en  détails 
nouveaux  et  intéressants. 


II 32  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

La  Commission  décerne  un  autre  prix  au  travail  de  M.  Jeax  Camus, 
intitulé  :  Les  hémoglobinuries . 

DilTérents  faits  nouveaux  ont  été  établis  par  M.  Camus. 

Dans  riiémoglobinurie  due  à  la  destruction  des  globules  du  sang,  il  faut, 
pour  que  riicmoglobine  apparaisse  dans  les  urines,  que  le  plasma  sanguin 
contienne  assez  d'hĂ©moglobine  pour  ĂȘtre  fortement  colorĂ©  en  rouge.  Pour 
un  homme  de  65'^^^  cela  correspond  à  0^,28  d'hémoglobine  dans  la  totalité 
du  plasma,  ce  qui  serait  fourni  par  la  destruction  de  la  totalité  des  globules 
de  85"""'  de  sang. 

L'hémoglobine  musculaire  introduite  dans  le  sang  donne  aussi  de  Fhémo- 
globinurie.  Mais,  à  l'inverse  de  l'hémoglobinurie  globulaire,  des  quantités 
d'hémoglobine  musculaire  trop  faibles  pour  colorer  le  plasma  sanguin  suf- 
fisent pour  produire  une  coloration  rouge  intense  des  urines.  Le  suc  des 
muscles  rouges  introduit  dans  le  sang  produit  l'hémoglobinurie.  Le  suc  des 
muscles  blancs  ne  la  produit  pas.  Elle  n'est  pas  provoquée  par  l'injection 
de  sucs  extraits  de  divers  autres  organes. 

Des  lésions  musculaires  diverses  produisent  Tliémoglobinurie.  Il  y  a 
donc  une  hémoglobinurie  musculaire  expérimentalement  établie.  L'auteur 
estime  que  certaines  hémoglobinuries  pathologiques  sont  d'origine  muscu- 
laire. Dans  l'hémoglobinurie  paroxystique  du  cheval,  il  y  a  atrophie  mus- 
culaire aiguë  (Lucet,  Cadiot). 

Dans  l'hémoglobinurie  a  fi-igore  de  l'homme,  il  y  a  des  symptÎmes 
musculaires;  le  travail  musculaire  peut  provoquer  l'accĂšs;  on  peut  se  de- 
mander si  le  froid  ne  provoque  pas  l'accĂšs  en  produisant  le  tremblement 
musculaire  du  frisson.' 

M.  J.  Camus  a  laissé  en  dehors  de  son  étude  toutes  les  autres  causes 
d'hémoglobinurie  et,  en  particulier,  les  toxiques  et  les  infectieuses.  Il  si- 
gnale cependant  l'action  globulicide  de  l'urine  humaine  sur  les  globules  du 
sang,  d'oĂč  il  rĂ©sulte  que  des  hĂ©morragies  diverses  des  voies  urinaires,  Ă  
partir  des  glomérules,  surtout  si  elles  sont  trÚs  légÚres,  peuvent  mettre  de 
l'hémoglobinurie  en  liberté  dans  l'urine  cl  provoquer  de  fausses  hémoglo- 
binuries urinaires. 

La  Commission  dĂ©cerne  un  autre  prix  Ă   1\L  Robert  LƓwy. 

Dans  la  pratique  chirurgicale  abdominale,  on  peut  se  trouver  en  pré- 
sence de  lésions  difficiles  ou  impossibles  à  traiter  par  les  procédés  ordi- 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igoS.  Il33 

naires.  C'est  ainsi  que  parfois  on  ne  parvient  pas  à  maßtriser  les  hémor- 
ragies des  organes  glandulaires  ou  Ă   arrĂȘter  les  Ă©panchements  des  liquides 
septiqucs. 

La  méthode  des  greffes  péritonéales  permet  d'échapper  à  ces  graves  in- 
convĂ©nients. Sa  mise  en  pratique  peut  ĂȘtre  effectuĂ©e  de  deux  maniĂšres  dif- 
férentes : 

Lorsqu'il  s'agit  de  déchirures  glandulaires,  on  bourre  la  plaie  à  l'aide 
d'un  fragment  d'Ă©piploon,  prĂ©levĂ©  sur  le  patient  lui-mĂȘme,  et  on  le  fixe 
ensuite  par  des  sutures.  L'hémorragie  se  trouve  ainsi,  non  seulement  ar- 
rĂȘtĂ©e sur-le-champ,  mais,  en  outre,  elle  ne  peut  survenir  secondairement. 
En  effet,  le  péritoine  greffé  se  transforme  en  tissu  conjonctif  intimement 
adhérent  à  l'organe  soumis  à  ce  traitement. 

Dans  le  second  mode  opératoire,  on  réunit  les  deux  parties  de  l'organe 
blessĂ©  par  des  sutures  habituelles,  mais  pour  empĂȘcher  tout  suintement 
ultérieur,  on  le  recouvre  d'une  large  plaque  péritonéale  fixée  par  une  suture 
en  coulisse,  plaque  semblable  Ă   ces  piĂšces  de  caoutchouc  que  l'on  applique 
sur  une  perforation  de  chambre  à  air.  L'emploi  de  ces  deux  modes  opéra- 
toires principaux  ou  de  leur  combinaison  conduit  Ă   des  applications  mul- 
tiples. Il  permet  d'assurer  l'étanchéité  des  sutures  dans  les  cas  de  plaies  de 
l'intestin,  du  foie,  de  la  vessie,  etc.  ;  de  créer  (comme  nous  l'avons  vu) 
ou  de  compléter  l'hémostase;  il  peut  servir  à  oblitérer  des  orifices  quel- 
conques, à  créer  des  cloisonnements  artificiels,  à  péritoniser  des  moignons, 
à  protéger  des  surfaces  dénudées,  etc. 

C'est  un  procĂ©dĂ©  de  sĂ©curitĂ©  dans  les  cas  ordinaires  oĂč  les  sutures  sont 
possibles,  un  procédé  de  choix  dans  les  cas  difficiles.  Cette  méthode  pré- 
sente comme  avantages  de  n'exiger  aucun  préparatif  spécial,  aucune 
technique  particuliÚre;  elle  est  pratique,  sûre,  et  constitue  un  procédé 
d'urgence.  Elle  a  été  enqaloyée  avec  succÚs  par  les  chirurgiens. 

La  Commission  accorde  les  trois  mentions  Ă   MM.  Nicolle  et  Remlixger  ; 
NoBEcoi'RT,  Merklex  et  Sevin;  Ch.  Moxou  et  J.  Vawerts. 

Traité  de  Technique  microbiologique , 
par  MM.  Nicolle  et  Remlinger. 

Le  contenu  de  ce  Livre  répond  parfaitement  à  son  titre,  il  a  été  écrit  par 
des  hommes  de  laboratoire  qui,  non  seulement,  possĂšdent  Ă   fond  la  tech- 
nique mais  qui  la  perfectionnent  sur  bien  des  points.  C'est  ce  qui  lui  donne 


IlSi  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

un  caractÚre  d'originalité  qni  manque  d'ordinaire  à  cette  sorte  d'ouvrages. 
La  clarté  du  plan,  la  sûreté  de  la  documentation  en  font  un  guide  com- 
mode, utile  aux  débutants  comme  aux  bactériologistes  exercés. 


Diastasc  de  l'organisme  agissant  sur  le  salol, 
par  MM.  Nobecourt,  Merklen  et  Sevin. 

Nencki  a  montré  que  le  suc  pancréatique  dédouble  non  seulement  les 
graisses  neutres  mais  une  série  d'éthers  organiques  et  qu'il  décompose  le 
salol  en  phénol  et  acide  salicylique.  Gley  a  fait  voir  que,  chez  les  chiens 
dépancréalisés,  le  dédoublement  du  salol  se  faisait  aussi  bien  que  chez  les 
animaux  témoins.  Partant  de  ces  faits,  MM.  Nobecourt  et  Merklen  ont 
recherché  l'action  exercée  in  vitro  par  différents  organes  et  liquides  de 
l'organisme  sur  le  salol.  Ils  ont  vu  que  tous  les  organes,  le  sérum,  la  bile, 
le  lait  dédoublent  le  salol.  Cette  action  est  de  nature  diastasique,  les  or- 
ganes chauffés  à  65°  perdent  cette  propriété. 

Une  observation  intéressante  est  que  les  laits  de  femme,  de  chienne  et 
d'ùnesse  dédoublent  le  salol,  tandis  que  ceux  de  vache  et  de  chÚvre  sont  le 
plus  souvent  inactifs  sur  ce  corps. 

MM.  Nobecourt  et  Sevin  ont  étudié  le  ferment  amylolitique  dans  le  sang 
et  le  lait.  Ils  monti-ent  que  le  ferment  apparaĂźt  rapidement  aprĂšs  la  nais- 
sance dans  le  sérum  de  l'enfant  et  ils  comparent  la  richesse  en  amylase  du 
sang  des  enfants  normaux  et  des  enfants  malades. 

De  leurs  recherches  sur  les  ferments  du  lait  ils  tirent  des  déductions 
pratiques  au  point  de  vue  de  l'allaitement. 

Traité  de  Technique  opératoire, 
par   MM.    Ch.   Monod   et  J.   Vanverts. 

Dans  cet  Ouvrage,  les  auteurs  ont  su  mettre  Ă   la  disposition  des  chirur- 
giens, sous  une  forme  nouvelle,  tous  les  renseignements  qui  leur  sont 
nécessaires  au  moment  d'entreprendre  une  opération. 

La  Commission  accorde  des  citations  Ă   M^L  Lagriffe,  Laval  et 
Malherbe,  SĂ©gal. 


Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées. 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    IQoS.  I  l35 


PRIX  BARBIER. 

(Commissaires  :  MM.  Bouchard,   Guignard,  Laveran,  Guyon; 
Lannelongue,  d'Arsonval,  rapporteurs.) 

-  La  Commission  partage  le  prix  Barbier  entre  MM.  Axtiioxy  et  Glover. 

M.  Axtiioxy  a  adressé  à  l'Académie  une  série  de  recherches  toutes  inté- 
ressantes à  des  titres  divers.  Je  n'en  retiendrai  que  deux  :  l'une  sur  la  téra- 
tologie du  sternum,  Mémoire  trÚs  bien  coordonné  et  intéressant  à  lire 
malgré  l'aridité  du  sujet,  qui  n'est  qu'apparente.  AprÚs  avoir  rappelé  les 
classifications  de  Geoffroy  Saiut-Hilaire  et  de  L.  Blanc  sur  les  monstruo- 
sités simples  "et  doubles,  selon  l'anatomie  philosophique  actuelle,  M.  An- 
thony entre  dans  le  C03ur  de  son  sujet  en  procédant  à  une  élude  complÚte 
et  détaillée  des  malformations  du  sternum  chez  tous  les  MammifÚres.  Cette 
étude  n'existait  pas;  la  lacune  est  maintenant  comblée;  elle  est  faite  avec 
le  plus  grand  soin  dans  les  trois  variétés  de  monstres  dits  lambdoïdes ,  hy- 
psiloïdes  et  hétoïdcs.  M.  Anthony  a  passé  en  revue  les  anomalies  dans  les 
divers  groupes  de  MammifĂšres  en  faisant  connaĂźtre  les  diverses  dispositions 
que  prend  le  sternum.  Il  a  montré  que  les  hémisternums  d'un  des  deux 
sujets  des  monstres  doubles  chez  les  hypsiloĂŻdes  s'unissent  non  entre  eux, 
mais  à  ceux  de  l'autre  deux  à  deux.  Il  y  a  là  toute  une  série  de  dispositions 
que  M.  Anthony  fait  connaßtre  et  qui  ont  nécessité  un  trÚs  ong  labeur  de 
la  part  de  l'auteur,  labeur  qui  n'a  pas  été  stérile,  tant  s'en  faut;  il  y  a  là  de 
nombreux  points  élucidés  et  d'autres  nouvellement  établis. 

Une  seconde  série  de  publications  de  M.  Anthony  a  trait  aux  relations  des 
muscles  avec  leurs  tendons  et  Ă   la  recherche  des  influences  qui  modifient 
leurs  rapports,  arrivant  ainsi  à  déterminer  la  raison  de  la  formation  des 
muscles  digastriques.  Son  maĂźtre,  M.  Marey,  et  les  Ă©lĂšves  de  ce  dernier, 
Roux,  Anthony,  etc.  ont  établi  que  la  longueur  réelle  de  la  fibre  musculaire 
est  proportionnelle  Ă   l'amplitude  du  mouvement  qu'elle  commande; 
M.  Anthony  a  étudié  la  position  respective  des  muscles  et  des  tendons,  et 
montré  l'influence  de  la  compression  réciproque  des  muscles  les  uns  par 
les  autres.  Il  a  découvert  cette  condition  générale  importante  que  les  effets 
de  la  compression  s'exerçaient  chaque  fois  qu'un  muscle  se  trouvait,  au 
moment    de    sa    contraction,    empĂȘchĂ©  par   un  mĂ©canisme  quelconque 


Il36  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

d'augmenter  son  volume  transversal.  Le  fait  par  un  muscle  d'ĂȘtre  placĂ© 
entre  un  plan  résistant  et  un  autre  muscle,  ou  entre  deux  muscles  le  croisant 
perpendiculairement,  constitue  la  rĂ©alisation  de  cet  empĂȘchement.  Or  le 
résultat  morphologique  de  la  compression  est  la  transformation  tendi- 
neuse. A  un  premier  degré  de  compression,  le  muscle  s'aplatit  et  prend,  sur 
sa  partie  comprimée,  un  aspect  nacré  caractéristique.  A  un  deuxiÚme 
degré  la  transformation  en  tendon  au  niveau  de  la  compression  est  com- 
plÚte. A  un  troisiÚme  degré  le  tendon  disparaßt  à  son  tour  et  le  muscle  trans- 
porte son  implantation  au  point  oĂč  la  compression  n'existe  plus. 

On  voit  par  là  que  la  compression  est  un  agent  morphogénétique  des 
plus  puissants.  M.  Anthony  a  expérimentalement  pu  modifier  chez  les  ani- 
maux, par  la  compression,  la  disposition  des  tendons  et  Ă©tahlir  une  rela- 
tioQ  de  cause  à  effet  entre  elle  et  la  présence  du  tendon.  Par  des  expé- 
riences multipliées  il  a  pu  ainsi,  par  la  compression,  modifier  la  disposition 
normale  des  tendons,  le  dĂ©veloppement  du  crĂąne  et  mĂȘme  celui  du  cer- 
veau. 

Il  y  a  lĂ   des  faits  nouveaux  importants  et  nombreux  qui  me  font  demander 
Ă   la  Commission  d'accorder  le  prix  Barbier  Ă   M.  Anthony. 

M.  Marey  a  suivi  ces  travaux  de  prÚs  et  a  constaté  le  soin  avec  lequel 
ils  ont  été  faits,  longuement  suivis  et  confirmés  par  les  dissections  du  Mu- 
séum d'Histoire  naturelle. 

Le  docteur  J.  Glover  a  soumis  au  jugement  de  la  Commission  une 
Nouvelle  méthode  thérapeutique  basée  sur  l'application  de  Vaii-  chaud 
comme  procédé  de  chauffage  des  liquides  pulvérisés  non  volatils. 

Cette  méthode  est  aujourd'hui  couramment  appliquée  au  traitement 
des  affections  des  voies  respiratoires  et  des  premiĂšres  voies  digestives 
(nez  et  sinus  nasaux,  arriÚre-nez  et  oreilles,  pharynx,  larynx,  trachée  et 
bronches,  etc.). 

L'idĂ©e  de  chauffer  un  liquide  non  volatil  et  de  le  pulvĂ©riser  en  mĂȘme 
temps,  par  un  courant  d'air  chaud,  est  heureuse. 

Il  est  possible,  en  effet,  de  chauffer  l'air  à  trÚs  haute  température  dans 
un  serpentin  métallique  rougi  de  façon  à  le  stériliser  complÚtement. 

Les  calories  emmagasinées  par  cet  air  peuvent  chauffer  ensuite  à  une 
température  voulue  un  liquide  non  volatil  et  lui  conserver  exactement  cette 
température  pendant  la  pulvérisation,  par  ce  fait  que  le  liijuide  pulvérisé 
n'est  pas  volatil. 

Il  n'en  peut  ĂȘtre  de  mĂȘme  en  employant  la  vapeur  ou  l'air  avec  un  liquide 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    I903.  Jl37 

volatil,  mĂȘme  prĂ©alablement  chauffĂ©s,  car  il  est  impossible  de  calculer 
d'avance  le  refroidissement  intense  que  subira  le  liquide  par  Ă©vaporalion 
lors  de  sa  pulvérisation. 

L'expérience  montre  qu'en  employant  le  procédé  imaginé  par  M.  Glover, 
le  liquide  pulvérisé  conserve  une  température  constante,  condition  essen- 
tielle dans  nombre  d'applications. 

La  fixité  du  liquide  employé  permet  en  outre  : 

1°  De  doser  rigoureusement  la  quantité  du  médicament  pulvérisé; 

2"  Le  traitement  local  direct; 

3°  L'aulopulvérisation  à  température  constante  dans  les  voies  natu- 
relles ; 

Et  enfin  4°  Une  rigoureuse  asepsie. 

Les  conclusions  de  ces  Rapports  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  BRÉANT. 

(Commissaires  :  MM.  Marey,  Bouchard,  Guyon,  d'Arsonval,  Lannelongue, 

Laveran;  Roux,  rapporteur.) 

La  Commission  partage  les  arrérages  du  prix  entre  M.  E.  Chambox  et 
M.  le  D'  A.  BoRREL. 

Llaslilid  de  vaccine  animale,  son  histoire  depuis  sa  fondation  en  186^; 

Par  Ernest  Chanibon. 

Le  Mémoire  manuscrit  de  M.  Chambox  est  le  résumé  de  sa  vie  consacrée 
tout  entiĂšre  Ă   l'Ă©tablissement  de  la  vaccine  animale  en  France.  Il  est  en 
mĂȘme  temps  une  histoire  du  perfectionnement  de  la  vaccination  anti-vario- 
lique  depuis  1864. 

Pendant  la  premiÚre  moitié  du  xix'  siÚcle,  la  vaccine  animale  pratiquée 
à  Naples  était  restée  pour  ainsi  dire  inconnue  dans  tous  les  autres  pays. 
C'est  M.  Chambon  et  son  collaborateur  Lannoix  qui,  en  ayant  entendu 
parler  au  CongrĂšs  de  Lyon,  l'ont  introduite  en  France  en  t864,  aprĂšs  s'ĂȘtre 
instruits  à  Naples  des  procédés  du  D''  Negri. 

L'institut  fondé  par  M.  Chambon  a  subi  bien  des  vicissitudes;  presque 
délaissé  aprÚs  1870,  il  revient  en  vogue  à  chaque  épidémie  de  variole.  Il  ne 
faut  pas  moins  que  toute  une  série  d'accidents  de  syphilis  vaccinale  sur- 

C.  R.,  1903,  i'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  ^‱  25.)  «49 


'l38  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

venus  Ă   la  suite  de  vaccinations  de  bras  Ă   bras  pour  faire  accepter  la  vaccine 
animale  par  tous  les  médecins. 

Les  luttes  soutenues  en  faveur  de  la  vaccine  animale  sont  racontées  de  la 
façon  la  plus  véridique  et  la  plus  attachante  par  M.  Chambon.  Au  lendemain 
du  vote  de  la  loi  sur  la  vaccine  obligatoire  son  MĂ©moire  est  plein  d'intĂ©rĂȘt. 

Grùce  à  une  persévérance  et  à  un  désintéressement  qui  ne  se  sont  pas 
démentis  pendant  4o  ans,  M.  Chambon  est  parvenu  à  faire  instituer  un 
service  régulier  de  vaccination  et  de  revaccination  dans  les  hÎpitaux,  dans 
les  Ă©coles,  dans  les  mairies  de  Paris. 

Presque  tous  les  instituts  de  vaccine  animale  de  l'Ă©tranger  et  de  France, 
mĂȘme  celui  de  l'AcadĂ©mie  de  MĂ©decine,  procĂšdent  de  l'institut  de  M.  Cham- 
bon qui  s'est  toujours  fait  un  devoir  d'accueillir  ceux  qui  venaient  s'inilier 
Ă   son  Ă©cole. 

Nul  n'a  plus  fait  que  M.  Chambo.v  pour  hĂąter  la  disparition  de  la  variole; 
aussi  la  Commission  du  prix  Bréant  lui  décerne-t-elle  le  titre  de  lauréat. 

Série  de  Mémoires  sur  la  théorie  parasitaire  du  cancer,  sur  les 

épithélioses  et  notamment  sur  la  clavelée ; 

Par  M.  le  D"-  Borrel. 

Depuis  1H90,  M.  Borrel  a  publié  une  série  de  Mémoires  sur  la  théorie 
parasitaire  du  cancer. 

Neisser,  Pfeiffer,  Malassez,  Durier  et  Wickham  ont  décrit  des  coccidies 
dans  les  tumeurs  épithéliales.  M.  Borrel  a  montré  que  les  figures  regardées 
comme  coccidies  n'étaient  autre  chose  que  des  cellules  enkystées  à  évolu- 
tion spéciale. 

Plus  tard,  la  théorie  coccidienne  est  remise  en  faveur  par  les  travaux  de 
Thomas,  de  Foa,  de  RulTer,  de  Soudakewilch  qui  mirent  en  Ă©vidence  dans 
les  cellules  des  tumeurs  épithéhales  des  corps  ronds  isolés  ou  multiples. 
M.  Borrel  considÚre  ces  formations  con>mc  le  résultat  d'une  dégénérescence 
muqueuse  et  son  avis  est  accepté  par  tous  les  anatomo-pathologistes. 

De  nouvelles  formes  parasitaires  sont  décrites  par  Sawlchenko,  Podwi- 
sotsky  et  Leyden  qui  les  a  caractĂ©risĂ©es  sous  le  nom  de  formes  en  Ɠil  de 
pigeon.  Grùce  à  des  méthodes  histologiques  trÚs  délicates  M.  Borrel  a 
montré,  par  la  comparaison  avec  les  cellules  spermatiques  du  cobaye,  que 
des  formes  pareilles  existaient  en  histologie  normale  et  qu'elles  sont  dues  Ă  
une  évolution  atypique  de  l'archoplasma  de  la  cellule  cancéreuse. 

La  conclusion  de  ce  premier  Mémoire  est  que  la  théorie  coccidienne  du 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igoS.  IlSy 

cancer  n'est  pas  prouvée,  qu"à  la  vérité  certaines  coccidies  bien  connues  en 
se  développant  dans  les  cellules  épithélialcs  donnent  lieu  à  de  véritables 
tumeurs,  mais  que  d'autres  organismes  tels  que  les  levures  font  aussi  proli- 
férer les  cellules  épithélialcs. 

M.  Borrel  pense  que  d'autres  microlfes  sont  capables  de  la  mĂȘme  action. 
En  effet,  un  certain  nombre  de  virus  agissent  sur  les  cellules  épithélialcs. 
Dans  la  vaccine,  la  variole,  la  fiÚvre  aphteuse,  la  clavelée,  la  peste 
bovine,  etc.,  on  observe  des  proliférations  épithélialcs.  Aussi  M.  Borrel 
réunit-il  toutes  ces  affections  sous  le  nom  (ïépilhélioses  et  il  en  fait  l'histo- 
logie pathologique  dans  un  second  Mémoire.  La  clavelée  y  est  particuliÚ- 
rement étudiée.  Le  virus  claveleux  qui  détermine  dans  le  poumon,  par 
exemple,  de  véritables  adénomes  est  certainement  un  microbe  trÚs  petit 
puisqu'il  passe  à  travers  les  filtres  qui  retiennent  la  plupart  des  bactéries.  Il 
en  est  de  mĂȘme  des  virus  de  la  fiĂšvre  aphteuse,  de  la  peste  bovine,  du 
molliiscum  conta giosiim.  Il  semble  donc  que  tous  ces  virus  des  épithélioses 
ont  le  caractĂšre  d'extrĂȘme  petitesse.  En  tous  cas  ces  microbes  traversant  les 
filtres  ne  sont  pas  ceux  qui  ont  été  décrits  comme  sporozoaires  dans  les  cel- 
lules. 

La  grande  différence  qui  existe  entre  ces  épithéhoses  et  l'épithélioma 
véritable,  c'est  que  dans  les  premiÚres  les  tumeurs  sont  constituées  par  la 
prolifĂ©ration  des  cellules  des  organes  oĂč  elles  se  dĂ©veloppent,  tandis  que 
dans  l'Ă©pithĂ©lioma  c'est  la  mĂȘme  cellule  que  celle  de  la  tumeur  primitive  qui 
pullule  dans  les  tumeurs  secondaires. 

Un  autre  Mémoire  est  ^consacré  au  cancer  de  la  souris  et  M.  Borrel 
donne  une  preuve  de  plus  de  sa  nature  infectieuse  en  signalant  des  épidé- 
mies de  cage  oĂč  la  contagion  est  indĂ©niable.  Comme  Morcau  et  Jensen,  il  a 
réussi  à  transmettre  ce  cancer  par  inoculation  (dans  un  cas  sur  dix  environ). 

Les  études  de  M.  Borrel  sur  la  clavelée  ont  abouti  à  un  résultat  pratique 
d'une  haute  importance.  Par  un  procédé  qu'il  décrit,  M.  Borrel  arrive  à 
obtenir  des  quantités  illimitées  de  virus  claveleux  pur;  elles  lui  ont  servi  à 
obtenir  avec  des  animaux  immunisés  un  sérum  anti-claveleux  qui  permet 
de  guĂ©rir  la  clavelĂ©e  s'il  est  donnĂ©  assez  tĂŽt  et  qui  employĂ©  en  mĂȘme  temps 
que  le  virus  donne  le  moyen  de  claveliser  les  animaux  sans  danger.  Des 
essais  faits  sur  plus  de  loooo  moutons  ont  donné  des  résultats  tout  à  fait 
satisfaisants. 

La  Commission  a  accordé  à  M.  Borrel  le  titre  de  lauréat. 

Les  conclusions  de  ces  Rapports  sont  adoptées  par  l'Académie. 


Il4o  ACADliMIE    DES    SCTFXCES. 


PRIX  GODARD. 


(Commissaires  :  MM.  Rouchard,  Lannelongiie,  Marcy,  Laveran; 

GuyoĂŻi,  rapporteur.) 

Le  travail  de  MM.  ĂŻĂŻallk  et  Motz  :  Contribution  Ă   V Analomir  pallio- 
logique  de  la  vessie,  nous  donne,  pour  la  premiĂšre  fois,  une  description 
syntliclique  des  lésions  de  la  vessie,  dans  la  cystite  clu-oniqiie. 

Il  a  pour  base  TĂ©lude  anatomique  et  histologique  de  loo  vessies  throni- 
quement  enflammées,  recueillies  à  la  clinique  de  Neckcr,  dans  la  derniÚre 
période  décennale  :  il  est  donc  le  fruit  d'une  longue  et  patiente  observation 
scientifique. 

Les  auteurs  étudient  d'abord  les  lésions  macroscopiques  :  capacité  et 
forme  de  la  vessie,  Ă©paisseur  des  parois,  aspect  de  la  face  interne,  de  la  sur- 
face découpe  et  de  la  face  externe,  si- profondément  modifiés  par  Tinflam- 
m  a  lion  chronique. 

Passant  à  Fétude  Itistologique,  ils  décrivent  méthodiquement  les  lésions 
inflammatoires  productives  et  régressives,  dans  toutes  les  couches  du  réser- 
voir urinaire. 

Dans  la  muqueuse,  les  lésions  épilhéliales,  desquamation,  cxulcérallon, 
prolifération;  celles  du  derme  muqucux,  hémorragies  interstitielles,  abcÚs 
microscopiques;  les  néoformations  vasculo-embryonnaires  :  granulations, 
villosités,  végétations;  les  néoformations  épithéliales,  verrucosités  papillo- 
glandulaires,  leucoplasie;  les  lésions  destructives  et  nécrotiques,  pseudo- 
membranes, ulcérations  sont  successivement  Tobjet  d'une  minutieuse  des- 
cription. 

Dans  la  couche  musculaire,  toujours  hypertrophiée,  les  auteurs  recon- 
naissent et  distinguent  les  divers  degrés  de  la  sclérose  musculaire  avec  les 
dé générescences  variées  de  la  fdDre  cellule  qui  la  compliquent  :  atrophie 
simple,  dégénérescence  granuleuse,  hyaline,  myosile  aiguë. 

Dans  la  couche  cellulo-adipeuse  externe  ils  décrivent  cctlc /ibiv-adipose 
injlammatoire  qui  est  un  processus  général  et  constant  dans  les  inflamma- 
tions chroniques  de  l'appareil  urinaire;  avec  les  lésions  vasculo- nerveuses 
qui  l'accompagnent. 

^  ingt-six  planches,  dessinées  d'aprÚs  nature,  éclairent  la  description 
histologique. 

Résumant,  dans  une  étude  d'ensemble,  les  lésions  de  la  trame  vasculo- 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igoS.  Il4l 

conjonctive,  dans  la  paroi  vésicalc  chroniquemcnt  enflammée,  MM.  Halle 
et  Motz  formulent  cette  conclusion  essentielle  : 

«  Dans  la  cystite  clironique,  la  paroi  vésicalc  est  modifiée  dans  toute  son 
épaisseur,  depuis  la  muqueuse  jusqu'à  la  couche  fibro-screuse  externe.  » 

Et  le  terme  de  cyslilc  chronique  inlerstiliclle  totale  qu'ils  proposent 
restera  comme  justement  caractéristique. 

Dans  les  cas  complexes,  frĂ©quents,  oĂč  un  obstacle  mĂ©canique,  ou  quelque 
dystrophie,  tajoute  ses  effets  Ă   ceux  de  l'inllammation  chronique,  les  auteurs 
chcrclient  à  distinguer,  des  lésions  inllainmatoires  banales,  les  lésions  tro- 
phiqucs  concomitantes  :  ils  abordent  ainsi  l'étude  si  complexe  des  dégéné- 
rescences primitives  de  la  paroi  musculaire  de  la  vessie  chez  les  prosta- 
tiques. 

En  résumé,  cette  consciencieuse  étude  marque  un  progrÚs  réel  dans  nos 
connaissances  sur  l'anatomie  pathologique  de  la  vessie  :  la  clinique  et  la 
thérapeutique  ne  peuvent  manquer  d'en  tirer  grand  profit. 

La  Commission  propose  à  l'Académie  d'attribuer  le  prix  Godard  à 
MM.  les  D'^  N.  Hai.lé  et  lß.  Motz. 

Elle  accorde  une  mention  honorable  Ă   M.  le  D'' J.-IĂź.  Hillviret,  pour 
son  Mémoire  intitulé  :  «  Le  dernier  terme  de  la  copulation  chez  les  Mammi- 
fÚres ». 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  L ALLEMAND. 

(Commissaires  :  MM.   Marey,   Laveran,    Guyon; 
d'Arsonval,  Bouchard,  rapporteurs.) 

La  Commission  partage  le  prix  entre  M"'  Joteyko  et  MM.  Garxier  et 

CoLOLIAX. 

Elle  accorde  une  mention  trĂšs  honorable  Ă   M.  le  D''  Giuseppe  Pagano, 
pour  ses  «  Études  sur  la  fonction  du  cervelet  ». 

M""  J.  JoTEYKo  a  soumis  à  l'Académie  deux  travaux  intéressants  sur  l'in- 
nervation musculaire. 

Dans  le  premier,  intitulé  Effets  physiologiques  des  ondes  induites  de 


Il42  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

fermeture  et  de  rupture  dans  la  fatigue  et  l'anesthĂȘsie  des  muscles  et 
des  nerfs,  l'auteur  élucide  par  des  expériences  l)ien  conduites  et  par  une 
analyse  minutieuse  beaucoup  de  points  restés  obscurs  ou  controversés  sur 
cette  question. 

Dans  un  second  MĂ©moire  plus  important  et  qui  a  pour  titre  Étude  sur 
la  contraction  du  muscle  strié  et  ses  excitants,  M"*  Joteyko  démontre 
expérimentalement  qu'//  existe  dans  le  muscle  deux  éléments  fonction- 
ncllement  différents  et  doués  d'une  excitabilité  inégale.  La  contraction 
rapide  serait  le  fait  de  la  substance  anisotrope  du  muscle  tandis  que  la  con- 
traction lente  serait  l'apanage  du  sarcoplasme  suivant  une  théorie  soutenue 
par  Bottazzi  (de  Florence). 

M'"  Joteyko  par  des  excitants  bien  choisis,  tantĂŽt  chimiques,  tantĂŽt 
physiques,  arrive  à  séparer  nettement  l'un  de  l'autre  ces  deux  modes  de 
contraction  du  muscle  strié  et  à  expliquer  noiiibre  de  faits  pathologiques 
tels  que  l'atonie  musculaire  ou  les  contractures  hystériques. 

Ces  patients  travaux,  dans  le  détail  desquels  nous  ne  pouvons  entrer, 
jettent  un  jour  nouveau  sur  le  mécanisme  de  la  contraction  et  de  l'innerva- 
tion des  muscles  et  ouvrent  une  voie  aux  investigations. 


■o' 


MM.  Garnier  et  CoLOLiA\  ont  soumis  au  jugement  de  l'Académie  des 
études  sur  la  thérapeutique  des  maladies  mentales.  On  y  trouve  d'intéres- 
sants renseignements  sur  les  méthodes  de  liberté  appliquées  au  traitement 
des  aliénés  et  sur  l'usage  du  séjour  au  lit.  Ces  méthodes  nouvelles,  déjà 
appliquĂ©es  en  France,  mĂ©ritaient  d'ĂȘtre  mieux  connues. 

Les  conclusions  de  ces  Rapports  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  DU  BARON  LARREY. 

(Commissaires  :  MM.  Lannelongue,  Laveran,  Guyon,  Bouchard, 
Brouardel;   Marey,  rajDporteur.) 

HYGIÈNE  MILITAIRE.  —  Recherches  expĂ©rimentales  sur  le  brĂ»lage,  pro- 
cédé de  désinfection  i-adicale,  d'asepsie  du  casernement  et  du  mobilier 
du  soldat;  par  le  D"^  Paul  Godin. 

M.  Godin  montre  que  le  brûlage  est  le  moyen  le  plus  sûr  et  le  meilleur 
de  créer  l'asepsie  dans  les  logements  militaires.  Ce  flambage   superficiel 


SÉANCE   DU    2  1    DÉCEMBRE    igoS.  I l43 

suffit  à  détruire  les  germes  infectieux,  et  celte  destruction  a  été  constatée 
par  les  moyens  les  plus  rigoureux  dont  la  Science  dispose  :  l'examen  histo- 
logique,  les  cultures  et  les  inoculations  aux  animaux. 

Votre  rapporteur  considÚre  ce  travail  comme  pouvant  mériter  un  prix. 

Le  mĂȘme  auteur  prĂ©sente  Ă©galement  au  prix  Larrey  une  brochure  dont 
voici  le  titre  :  «  Nouveaux  essais  d'application  de  l'earth  syslem  (latrines 
à  terre).  » 

Excellent  travail  qui  fait  ressortir  les  avantages  hygiéniques  de  ce  mode 
d'enlÚvement  des  matiÚres  fécales.  On  peut  conclure  avec  l'auteur  que  ce 
systÚme  s'impose  pour  toutes  les  localités  qui  n'ont  pas  le  tout  à  l'égout, 
mais  disposent  d'une  surface  de  terrain  oĂč  l'on  puisse  dĂ©poser  les  matiĂšres 
usées  en  attendant  leur  nitrification. 

Pour    ces  deux    travaux  la   Commission    décerne   le  prix    Larrey   à 

M.  GODIN. 

Elle  accorde  une  mention  Ă   M.  G. -H.  Lemoine  et  une  autre  Ă   M.  le 

D'    Jui.ES   RÉGNAULT. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  BELLION. 

(Commissaires  :  MM.  Bouchard,  Marey,  Guyon,  Lannelongue; 
Laveran,  rapporteur.) 

Le  prix  est  décerné  à  M.  le  D'"  F.  Battesti,  de  Baslia,  pour  l'ensemble 
de  ses  travaux  sur  la  prophylaxie  du  paludisme  en  Corse. 

Une  mention  trÚs  honorable  est  accordée  à  M.  le  D''  R.  Glatard,  pour 
son  travail  sur  la  diphtérie  nasale. 


L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


II 44  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


PRIX  MÈGE. 


(Commissaires  :  MM.  Bouchard,  Marey,  Lannelonguc,  Lavcran; 

Guyon,  rapporteur.) 

La   Commission    dcccrne   le    prix    MÚge   (arrérages)   à   M.    le    D''   A. 
MoxpROFir,  pour  sou  Ouvrage  «  Chirurgie  des  ovaires  et  des  trompes  ». 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  CHAUSSIER. 

(Commissaires  :  MM.  Bouchard,  Brouardel,  Lannelongue,  Laveran; 

Guyon,  rapporteur.  ) 

La  Commission  propose  à  l'Académie  d'attribuer  le  prix  Chaussicr  à 
M.  le  D''  Ai-FRED  FouRMER,  professcur  honoraire  à  la  Faculté  de  Médecine 
de  Paris,  Membre  de  l'Académie  de  Médecine.  L'importance  scientifique, 
mĂ©dicale  et  sociale  de  son  Ɠuvre,  a  dĂ©terminĂ©  la  dĂ©signation  de 
M.  Fournier  aux  suffrages  de  l'Académie. 

Personne  n'a  plus  attentivement  étudié  la  syphilis  que  M.  Fournier,  et 
n'a  fait  dans  un  champ,  souvent  exploré,  d'aussi  remarquables  décou- 
vertes; personne  n'a  mis  aussi  nettement  en  lumiĂšre  le  rĂŽle  pathologique 
de  cette  redoutable  maladie;  personne  enfin  n'a  mieux  démontré  sa  néfaste 
influence  sur  l'espÚce  humaine,  ne  s'est  attaché  avec  plus  d'ardeur  et  de 
suite  Ă   la  combattre  et  Ă   indiquer  les  mesures  qui  peuvent  mettre  obstacle 
à  son  extension.  Un  labeur  prolongé  et  ininterrompu,  un  enseignement 
public  qui,  dÚs  son  début,  devint  célÚbre,  la  tribune  académique  et,  enfin, 
la  fondation  de  la  Société  de  prophylaxie  sanitaire  et  morale,  ont  permis  à 
M.  Fournier  d'Ă©difier  une  Ɠuvre  dont  l'Ă©tendue  et  l'unitĂ©  ont  assurĂ©  l'ac- 
tion puissante  qu'elle  exerce  dans  le  présent,  et  prolongeront  son  influence 
dans  l'avenir. 

M.  Fournier  n'a  rendu  à  l'enseignement  auquel  il  s'est  consacré  d'aussi 
grands  services,  et  n'a  conduit  aussi  loin  les  recherches  qu'il  a  poursui-  , 
vies,  qu'en  raison  de  sa  haute  valeur  médicale.  11  est  de  ceux  qui  veulent 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    ipoS.  Il45 

que  rétudc  approfondie  d'une  question  spéciale  resserre,  au  lieu  de  le 
détacher,  le  lien  scientifique  qui  unit  les  vérités  les  unes  aux  autres. 

L'Ă©tude  de  lĂ   syphilfs,  aussi  largement  envisagĂ©e,  ne  pouvait  ĂȘtre  main- 
tenue seulement  sur  le  terrain  médical;  elle  pose  de  graves  questions  d'hy- 
giÚne et  de  médecine  légale.  Chacun  de  ces  points  a  été  soigneusement 
examiné  par  M.  Fournier. 

La  détermination  précise  des  rapports  étiologiques  de  la  syphiHs  avec 
l'ataxic  locomotrice  et  la  paralysie  générale  ont  été  le  point  de  départ 
d'une  Ă©tude  d'ensemble  qui  a  enrichi  la  Chnique  d'un  chapitre  important 
et  nouveau.  Nous  savons  aujourd'hui  que  la  syphilis  n'est  pas  seulement 
capable  de  produire  des  accidents  spécifiques.  Elle  fait  plus  et  fait  autre 
chose,  car  elle  est  responsable  de  manifestations  qui  n'ont  plus  rien  de 
syphilitique  comme  nature,  mais  qui  ont  certainement  une  origine  syphi- 
litique. 

Ces  résultats  éloignés  de  la  syphilis,  si  longtemps  méconnus,  établissent 
déjà  la  perpétuation  de  son  action  sur  l'individu.  Les  travaux  de  l'auteur 
sur  l'hérédité  syphilitique  ont  établi  qu'elle  lui  survit  dans  sa  descendance. 
La  mortalitĂ©  des  enfants  de  syphilitiques  peut  ĂȘtre  Ă©valuĂ©e  Ă   68  pour  loo; 
la  contamination  des  générateurs  n'est  pas  seulement  l'une  des  causes  de 
la  dépopulation,  elle  a  encore  pour  conséquence  l'infériorité  native  de  la 
constitution,  l'imperfection  ou  les  déviations  du  développement  physique 
ou  intellectuel.  Enfin,  l'hérédité  spécifique  peut  se  manifester  tardivement, 
l'adolescence,  l'Ăąge  mĂ»r,  la  vieillesse  elle-mĂȘme  ne  mettent  pas  Ă   l'abri;  il 
n'y  a  pas  de  délais  de  prescription  pour  ses  effets. 

M.  Fournier  admet  deux  sortes  d'hérédité  syphilitique  :  l'une  qui  trans- 
met la  syphilis  en  nature  ;  l'autre  qui  ne  se  manifeste  que  par  de  simples 
tares  n'ayant  plus  rien  de  syphilitique,  consistant  en  des  dystrophies 
d'ordre  commun. 

Au  point  de  vue  social,  la  syphilis  est  donc  un  des  fléaux  dont  l'humanité 
a  le  plus  à  souffrir.  Les  formes  variées  c|ue  l'observation  pénétrante  de 
M.  Fournier  a  su  démasquer  soulÚvent,  au  point  de  vue  de  la  médecine 
légale,  les  plus  délicats  problÚmes.  Là,  encore,  il  y  a  nécessité  de  tenir 
compte  des  conséquences  immédiates  et  des  effets  éloignés,  on  pourrait  dire 
lointains,  de  la  contamination  spécifique,  et  là  encore,  M.  Fournier  n'a  pas 
seulement  posé  les  questions,  il  a  fourni  les  éléments  qui  permettent  de  les 
discuter,  d'arriver  Ă   des  solutions  positives,  ou  de  se  maintenir  dans  le 
doute  que  parfois  commande  l'interprétation  des  faits  les  mieux  étudiés. 

A   mesure   que  les  recherches  de  M.    Fournier  Ă©tablissaient  l'Ă©tendue 

C.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  ^■'  £5.;  l5o 


Ïl/i6  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

insoupçonnée  des  responsabilités  de  la  syphilis,  celles  qui  lui  incombaient 
comme  médecin  et  comme  citoyen  lui  apparaissaient  plus  grandes. 

Il  s'attachait  à  tirer  du  traitement  si  puissant  de»  accidents  primitifs  et 
secondaires  tout  ce  qu'il  peut  donner  de  garanties  dans  le  présent  et  lave- 
nir.  Ses  Ă©tudes  sur  la  syphilis  et  le  mariage  ont  nettement  Ă©tabli  les  con- 
ditions qui  permettent  l'admissibilité  à  la  procréation,  pour  les  sujets 
entachĂ©s  de  syphilis.  Elles  doivent  ĂȘtre  rigoureuses;  mais  fort  heureuse- 
ment elles  peuvent  ĂȘtre  remplies.  Combien  s'abaisserait  encore  la  natalitĂ© 
s'il  en  était  autrement  !  M.  Fournier  s'est  attaché,  avec  non  moins  d'ardeur 
Ă   chercher  Ă   tarir  les  sources  de  la  syphilis. 

Il  faut  pour  cela  plus  que  de  la  science,  il  faut  en  venir  Ă   l'apostolat. 
C'est  l'Ă©volution  que  nous  avons  vu  avec  autant  d'intĂ©rĂȘt  que  de  satisfaction 
s'accomplir  chez  M.  Fournier.  Il  emploie  chaque  jour,  avec  plus  d'activité, 
la  haute  autorité  que  la  Science  lui  confÚre,  à  la  réahsation  des  mesures 
capables  d'Ă©tendre,  aussi  loin  que  possible,  la  prophylaxie  de  la  syphilis. 
Pareil  exemple  est  salutaire.  Il  est  aussi  nécessaire  pour  l'avenir  de  l'hu- 
manité, de  combattre  la  syphilis  que  la  tuberculose  et  l'alcoolisme. 

Le  prix  Chaussier  ne  comporte  pas  l'acte  de  candidature;  la  Commis- 
sion a  pensĂ©  que  l'Ɠuvre  de  M.  Four.vier  est  de  celles  qui  se  dĂ©signent 
d'elles-mĂȘmes  pour  une  rĂ©compense  exceptionnelle;  elle  vous  demande  de 
sanctionner  son  choix. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


PHYSIOLOGIE. 


PRIX  MONTYON. 

(Commissaires  :  MM.  d'Arsonval,  Marey,  Bouchard,  Chauveau,  Giard; 

Roux,  rapporteur.) 

La  Commission  partage  le  prix  entre  MM.  Artiiis  et  Victor  He.\ri. 

Les  Notes  et  Mémoires  présentés  par  M.  Arthus  ont  trait  à  la  coagula- 
tion du  sang. 

Partant  du   fait,   démontré  par  Pekclharing,' que  le  plasma   du   sang 


SÉANCE    DU    2  1    DÉCEMBRE    igoS.  1 1^7 

fluoré  à  3  pour  loo  ne  contient  pas  de  fibrin-ferment,  M.  Arthus  propose 
de  se  servir  de  ce  plasma  comme  réactif  sensible  du  fibrin-ferment.  Bien 
préparé,  ce  plasma  donne  un  caillot  lorsqu'on  lui  ajoute  du  fibrin-ferment, 
il  permet  un  dosage  assez  précis  de  la  quantité  de  fibrin-ferment  contenue 
dans  une  liqueur  organique  quelconque. 

Les  faits  principaux  découverts  par  M.  Arthus  sont  que  le  fibrin-fer- 
ment ne  se  trouve  que  dans  les  liqueurs  sanguines;  la  macération  ou  les 
extraits  des  divers  organes,  bien  débarrassés  de  sang,  ne  contiennent 
jamais  de  fibrin-ferment;  mais  les  tissus  contiennent  des  substances  qui 
provoquent  la  production  plus  précoce  du  fibrin-ferment.  M.  Arthus  a  fait 
voir  aussi  qu'à  la  suite  de  saignées  répétées  la  production  du  fibrin-ferment 
est  accélérée  dans  le  sang  des  derniÚres  prises. 

A  ces  divers  Mémoires  M.  Auruus  a  joint  un  traité  de  Physiologie  et  un 
traité  de  Chimie  piiysiologique  qui  se  distinguent  par  la  clarté  de  l'expo- 
sition. 

Sur  l'action  des  diaslases. 

Les  lois  formulées,  avant  M.  V.  Henhi,  sur  la  vitesse  d'action  de  l'inver- 
tine  sur  le  sucre  s'écartent  de  celles  trouvées  pour  l'inversion  au  moyen  des 
acides,  d'oĂč  la  conclusion  que  les  diastases  sont  des  agents  de  transforma- 
tions d'allure  toute  spéciale. 

M.  V.  Henri  cherche  Ă   faire  rentrer  les  lois  de  l'action  des  diastases  dans 
celles  de  la  Chimie  ordinaire.  Il  s'attache  à  déduire  la  loi  d'action  des 
diastases  de  quelques  hypothÚses  simples  sur  l'état  libre  ou  combiné 
auquel  le  ferment  se  trouve  dans  le  liquide,  et  de  la  loi  d'action  des  masses 
que  les  travaux  de  l'école  d'Ostwald  ont  montré  applicable  aux  vitesses 
des  transformations  chimiques  en  général.  Cette  loi,  qui  fait  intervenir 
dans  l'expression  de  la  vitesse  la  masse  de  tous  les  corps  qui  entrent  réelle- 
ment en  réaction,  a  permis  déjà,  dans  le  cas  de  corps  chimiques  définis,  de 
préciser  le  rÎle  de  certains  catalyseurs  qui  se  retrouvent  inaltérés  à  la  fin 
de  la  réaction.  \in  l'appliquant  à  l'invcrtine,  M.  Henri  cherche  à  préciser 
un  peu  la  nature  du  rÎle  joué  par  le  ferment  et  surtout  à  faire  entrer  l'action 
de  l'invertine  dans  le  groupe  général  des  actions  catalytiques. 

La  vérification  par  l'expérience  de  la  loi  établie  a  pr/on  justifie  les  hypo- 
thĂšses de  M.  V.  lÎENui.  Une  loi  analogue  rĂ©git  l'action  de  l'Ă©mulsine  sur 
Tamygdaline. 

L'action  de  l'amylase  sur  l'amidon  est  trop  complexe  pour  qu'on  puisse 
tirer  de  son  Ă©tude  une  loi  quantitative. 


ll4H  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

Une  mention  est  accordée  à  M.  Bou.vhiol  pour  ses  «  Recherches  biolo- 
giques et  expérimentales  sur  la  respiration  des  Annélides  PolychÚtes  ». 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie . 


PRIX  PHILIPEAUX. 

(Commissaires  :  MM.  d'Arsonval,  Marey,  Bouchard,  Chauveau, 
Lannelongue;  Guignard,  rapporteur.) 

Une  expérience  séculaire  semblait  avoir  montré  que  la  greffe  ne  peut 
rĂ©ussir  qu'entre  plantes  de  mĂȘme  famille  et  que  cette  rĂ©ussite  est  propor- 
tionnelle au  degré  de  parenté  des  conjoints.  Le  principal  avantage  de  cette 
opération  consiste,  comme  on  sait,  en  ce  qu'elle  permet  de  conserver  dans 
toute  leur  intégrité  les  propriétés  de  la  plante  qui  fournit  le  greffon,  ce  qui 
n'est  possible  qu'autant  qu'il  n'y  a  pas  de  réaction  réciproque  entre  le  gref- 
fon et  le  porte-greffe  ou  sujet. 

C'est  surtout  dans  le  but  d'étudier,  d'une  façon  méthodique  et  appro- 
fondie, cette  influence  réciproque  du  sujet  et  du  greffon,  si  intéressante  en 
pratique  horticole  et  en  biologie,  que  M.  Daxiei.  a  entrepris  depuis  une 
quinzaine  d'années  un  grand  nombre  d'expériences  sur  des  plantes  appar- 
tenant aux  familles  les  plus  diverses,  mais  autant  que  possible  sur  des 
espÚces  annuelles  ou  à  cycle  de  développement  assez  réduit  pour  permettre 
d'en  saisir  plus  facilement  et  plus  rapidement  les  modifications  héréditaires. 

n  a  imaginé  des  procédés  nouveaux  (greffages  sur  germinations,  gref- 
fages de  rameaux  à  fleurs,  greffages  mixtes,  etc.),  qui  lui  ont  donné  des 
rĂ©ussites  lĂ   oĂč  l'on  n'avait  eu  jusqu'alors  que  des  insuccĂšs.  Pour  les  greffes 
ordinaires,  l'un  des  résultats  les  plus  saillants  consiste  en  ce  que  la  réussite 
n'est  pas  fonction  absolue  de  l'analogie  des  organes  reproducteurs,  comme 
le  voudrait  le  principe  de  la  parenté  botanique,  mais  aussi,  et  dans  une 
large  mesure,  de  l'analogie  de  nutrition.  La  similitude  des  capacités  fonc- 
tionnelles d'absorption  et  d'assimilation  prime  la  similitude  des  caractĂšres 
sexuels,  qui  sont  les  caractĂšres  dominants  dans  la  classification  botanique  : 
de  là  des  limites  de  réussite  plus  étendues  en  général  pour  la  greflé  que 
pour  la  fécondation  croisée. 

Poussant  plus  avant  ces  recherches,  M.  Daniel  a  étudié  le  mode  de  sou- 
dure des  greffes  et  la  structure  anatomique  du  bourrelet,  afin  d'en  connaĂźtre 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    igoS.  ïl49 

les  conséquences  physiques  et  biologiques  et  d'établir  une  théorie  ration- 
nelle de  la  grelĂźe. 

Dans  les  greffes  entre  plantes  éloignées,  l'union  du  sujet  et  du  greffon 
n'a  lieu  que  par  les  parenchymes;  dans  les  grelfcs  entre  plantes  voisines,  ou 
greffes  ordinaires,  la  soudure  se  fait  toujours  en  partie  par  les  parenchymes, 
en  partie  par  des  vaisseaux  moins  nombreux  qu'Ă   l'ordinaire,  moins  larges 
et  beaucoup  plus  irréguliers  et  recourbés  en  tous  sens.  Ces  modifications  de 
structure  dans  le  bourrelet  retentissent  sur  les  sĂšves,  qui  peuvent  elles- 
mĂȘmes  ĂȘtre  modifiĂ©es  en  quantitĂ©  et  en  qualitĂ©  et,  par  suite,  dĂ©terminer 
des  variations. 

Entre  les  tissus  du  sujet  et  ceux  du  greffon,  Strasburger  a  vu  s'Ă©tablir 
des  communications  protoplasmiques  Ă   travers  les  membranes  cellulaires. 
Il  peut  donc  y  avoir  mélange  des  protoplasmes,  comme  il  peuty  avoir  péné- 
tration réciproque  des  produits  élaborés  par  ces  protoplasmes.  Pour  qui 
connaßt  les  modifications  remarquables  déterminées  par  le  parasitisme 
naturel  et  les  conséquences  de  la  fusion  des  cellules  sexuelles,  il  ne  paraßt 
pas  surprenant  de  voir  des  variations  plus  ou  moins  analogues  se  produire 
par  soudure  de  cellules  végétatives  et  parasitisme  artificiel. 

M.  Daniel  a  obtenu  de  nombreuses  modifications  de  ce  genre  dans  les 
plantes  herbacĂ©es  (Choux,  Tomates,  Navets,  ComposĂ©es  diverses,  etc.),  oĂč 
le  sujet  imprimait  au  greffon  quelques-uns  de  ses  caractĂšres  et  inversement. 
Les  plantes  ligneuses  peuvent  offrir  des  faits  analogues  et  l'on  connaĂźt 
quelques  exemples  qui  ne  peuvent  guĂšre  ĂȘtre  considĂ©rĂ©s  autrement  que 
comme  des  hybrides  de  greffe.  Tel  est,  notamment,  le  cas  du  célÚbre  néflier 
de  Bronvaux,  qui  présente  des  rameaux  hybrides  entre  le  sujet  et  le  greffon 
et  des  rameaux  types  des  espĂšces  associĂ©es,  le  tout  sur  une  mĂȘme  branche 
sortie  au  voisinage  du  bourrelet. 

M.  Daniel  ne  s'est  pas  borné  à  étudier  cette  question  conlroversée  de 
l'influence  directe  du  sujet  sur  le  greffon  et  réciproquement,  il  a  recherché 
en  mĂȘme  temps  si  cette  influence  se  transmettait  Ă   leurs  produits,  autre- 
ment dit  si  elle  retentissait  sur  la  postérité  du  greffon  et  vice  versa,  comme 
sur  la  reproduction  sexuelle.  11  est  résulté  de  ces  recherches  que  l'hérédité 
des  caractÚres  modifiés  par  la  greffe  était  variable  suivant  les  plantes  et  les 
familles  considérées.  TantÎt  elle  est  totale,  tantÎt  partielle,  tantÎt  nulle. 
Dans  certains  cas,  la  transmission  de  certains  caractĂšres  du  sujet  Ă©tait  frap- 
pante dans  les  descendants  du  grefibn  (Chou  fourrager  et  Carotte  résistant 
au  froid;  races  nouvelles  de  Haricots,  etc.).  Il  y  a  là  un  sérieux  argument 
contre  l'absolutisme  exagéré  des  théories  de  Weissmann,  pour  lequel  toute 


Il5o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

variation  ne  peut  avoir  qu'une  origine  sexuelle,  la  greffe  n'exerçant,  selon 
cet  auteur,  aucune  influence  sur  le  plasma  germinatif. 

Sans  accorder  cependant,  dÚs  aujourd'hui,  à  l'action  réciproque  du  sujet 
et  du  greffon  une  importance  plus  grande  qu'il  ne  convient  et  qui  ne  pourra 
ĂȘtre  apprĂ©ciĂ©e  Ă   sa  juste  valeur  que  par  des  observations  Ă©tendues,  on  peut 
dire  du  moins  qu'une  plante  greffée  ne  se  comporte  pas  comme  une  plante 
normale.  Ses  fonctions  sont  plus  ou  moins  modifiées,  ainsi  que  sa  durée,  sa 
résistance  aux  parasites,  etc.  Ces  faits  doivent  attirer  l'attention,  surtout  à 
l'Ă©poque  oĂč  le  greffage  de  la  Vigne,  par  exemple,  offre  un  si  grand  intĂ©rĂȘt 
Ă©conomique. 

En  résumé,  les  travaux  de  M.  Luciex  Daniel  ont  fait  faire  un  progrÚs 
considérable  à  l'étude  de  ces  difficiles  questions;  la  Commission  décerne 
Ă   leur  auteur  le  prix  Philipeaux. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  LA  GAZE. 

(Commissaires  :  MM.  Marey,  Bouchard,  Guyon,  Lannelongue,  Laveran, 
Chauveau,  Giard,  Brouardel;  d'Arsonval,  rapporteur.) 

Sur  la  proposition  de  la  Commission,  le  prix  La  Gaze  (Physiologie)  est 
décerné  par  l'Académie  à  M.  le  professeur  Charles  Ricuet,  pour  l'en- 
semble de  ses  travaux. 

Les  travaux  de  M.  le  professeur  Ch.  Richel  sont  nombreux,  variés  et 
importants. 

La  plupart  d'entre  eux  Ă©tant  aujourd'hui  classiques,  nous  nous  bornerons 
Ă   rappeler  les  principaux  : 

En  Physiologie,  on  doit  Ă   M.  Richet  une  importante  Ă©tude  du  suc  gas- 
trique  qui  sert  de  base  au  diagnostic  des  dyspepsies; 

L'analyse  de  la  contraction  des  muscles  des  invertébrés  qui  a  mis  en  lu- 
miĂšre d'importants  faits  nouveaux  tels  que  l'addition  latente,  la  contracture 
latente,  le  tétanos  i-ylhmique,  etc.  ; 

L'analyse  de  la  régulation  thermique  par  la  polypnée  et  le  frisson; 

En  chaleur  animale,  une  Ă©lude  trĂšs  complĂšte  des  rapports  existant  entre 
les  combustions  respiratoires  et  la  surface  cutanée; 

Enfin  l'Ă©tude  de  la  pĂ©riode  rcfractaire  montrant  que  cette  loi  est  gĂȘnĂ©- 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  IQoS.  Il5l 

raie  el  s'appliquo  aussi  bien  aux  centres  nerveux  qu'au  muscle  cardiaque. 

A  cÎté  de  ces  travaux  de  Physiologie  pure,  il  en  est  d'autres  dont  la 
Médecine  et  la  Thérapeutique  expérimentale  ont  plus  particuliÚrement 
bénéficié. 

M.  Richet  a  le  premier  annoncé  que  le  sang  des  animaux  vaccinés  contre 
une  infection  peut,  lorsqu'il  est  transfusé  à  un  animal  sensible,  lui  conférer 
une  immunité  plus  ou  moins  complÚte.  On  sait  quel  parti  la  Sérothérapie 
a  tiré  plus  lard  de  ce  fait. 

M.  Richet  a  introduit  en  Thérapeutique  un  médicament  nouveau,  le 
chloralose,  indiqué  les  propriétés  diurétiques  du  lactose,  établi  un  traite- 
ment particulier  de  l'épilepsie,  étudié  expérimentalement  les  différents 
traitements  de  la  tuberculose  et  établi  l'efficacité  de  la  Zomothérapie. 

Enfin  M.  Richet  a  rendu  et  rend  chaque  jour  les  plus  grands  services 
aux  médecins  et  aux  physiologistes  par  la  publication  de  deux  oeuvres 
considérables  :  «  Le  Dictionnaire  de  Physiologie  »  et  la  «  Bibliographia 
medica  ». 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  POURAT. 

(Commissaires  :  MiNL  Marey,  Bouchard,  Mascart,  Chauveau; 
d'Arsonval,  rapporteur.) 

La  question  posée  pour  le  prix  Pourat  était  la  suivante  :  Action  des  cou- 
rants de  haute  fréquence  sur  les  phénomÚnes  de  la  vie. 

Le  travail  le  plus  Ă©tendu  et  le  plus  complet  sur  la  question,  soumis  au 
jugement  de  la  Commission,  est  dĂ»  Ă   M.  le  D""  J.  DexovĂšs,  de  Montpellier. 

Dans  une  ThĂšse  faite  sous  la  direction  de  W.  le  professeur  Imbert,  et  qui 
comprend  prÚs  de  4oo  pages,  l'auteur  passe  en  revue  tous  les  travaux  exé- 
cutés sur  la  question  à  la  suite  des  premiÚres  Communications  faites  sur  cet 
agent  thérapeutique  nouveau. 

Il  Ă©numĂšre  ensuite  ses  recherches  personnelles  tant  physiologiques  que 
pathologiques.  Ces  recherches,  fort  nombreuses  et  comportant  entre  autres 
des  centaines  d'analyse  d'urine,  ont  trait  aux  appHcations  de  la  haute  fré- 
quence en  oto-laryngologie,  au  traitement  des  névrites,  à  son  action  sur  la 
sécrétion  urinaire,  à  son  action  sur  l'évolution  de  la  tuberculose  expérimen- 
tale, etc.  Sept  Mémoires  séparés  sont  joints  à  la  ThÚse  et  traitent  individuel- 


II  52  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

Icment  chacune  de  ces  questions.  Le  nombre  d'observations  et  d'expé- 
riences personnelles  faites  par  M.  DenoyĂšs,  tant  sur  l'homme  sain  que  sur 
l'homme  malade  ou  les  animaux,  est  considérable;  les  résultats  signalés, 
sans  ĂȘtre  tous  nouveaux,  sont  bien  observĂ©s.  La  partie  purement  technique 
est  parfaitement  décrite  et  les  expériences  faciles  à  refaire  et  à  contrÎler. 
En  somme,  travail  d'ensemble  de  longue  haleine,  consciencieux,  original 
et  rempli  de  données  numéricjues. 

MM.  Rkcmek  et  lĂźiĂŻuiiAT  ont  soumis  au  jugement  de  la  Commission  un 
travail  original  f]ui,  pour  porter  sur  un  point  limité,  n'en  est  pas  moins 
intéressant. 

Ces  auteurs  ont  plus  particuliÚrement  étudié  l'action  des  courants  de 
haute  fréquence  sur  certaines  diastases  ou  catalases. 

Ils  montrent  entre  autres  cjue  : 

1°  Les  courants  de  haute  fréquence  atténuent  la  vitalité  des  cellules  et 
des  ferments  qu'elles  renferment; 

2°  Qu'ils  sont  susceptibles  de  détruire  complÚtement  l'activité  vitale  et 
physiolog'icjue  des  catalases  et  de  l'oxydase  hématiques  et  de  la  eatalase  des 
levures  ; 

3°  Que  le  rÎle  de  l'élévation  de  température,  quand  elle  existe,  paraßt 
négligeable. 

Leurs  expériences  confirment,  par  d'autres  voies,  les  faits  signalés  dÚs  le 
début  par  MM.  d'Arsonval  etCiiarrin. 

En  conséquence  votre  Commission  vous  propose  : 

1°  D'attribuer  le  prix  Pourat  à  M.  Dexoyßßs; 

2°  Une  mention  honorable  à  MM.  Regxiek  et  Ißißihat. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


SÉANCE  DU  21    DÉCEMBRE  igoS.  II 53 


HISTOIRE  DES  SCIENCES. 


PRIX  BINOUX. 

(Commissaires:  MM.  Boiiquel  de  la  Grye,  Berthelot,  Grandidier,  Guyou; 

Darboux,  rapporteur.) 

L'Académie  décerne  le  prix  Binoux  à  M.  H. -G.  Zettiiex,  Correspon- 
dant de  l'Institut,  Professeur  à  l'Université  de  Copenhague,  pour  ses  ma- 
gistrales Ă©tudes  sur  l'Histoire  des  Sciences. 


PRIX  GENERAUX. 


MEDAILLE  LAVOISIER. 

L'Académie  a  décerné  la  médaille  Lavoisier  à  M.  Cari.  Graebe,  profes- 
seur de  Chimie  à  l'Université  de  GenÚve,  pour  ses  travaux  en  Chimie 
organique. 

Cette  médaille  lui  a  été  remise  à  Foccasion  de  son  jubilé  scientifique,  par 
M.  Moissan,  au  nom  de  l'Académie,  le  20  septembre  igoS. 


MEDAILLE  BERTHELOT. 

Sur  la  proposition  de  son  Bureau,  l'Académie  a  décidé  de  décerner  la 
MĂ©daille  Berthelot  Ă   : 

M.  Graebe,  professeur  à  l'Université  de  GenÚve,  pour   l'ensemble   de 
ses  travaux,  à  l'occasion  de  son  jubilé  scientiflque; 
M.  RouvEAULT  (prix  Jecker); 
M.  GuNTz  (prix  La  Caze,  de  Chimie); 
M.  Chavanne  (prix  Cahours); 

C.  R..  1903,  2-  Semestre.  (GXXXVII.  N-ZB.)  l5l 


154  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  Victor  IIe.vri  (prix  MoiU3on  de  Physiologie); 
M.  Arthus  (prix  Montyon  de  Physiologie); 
M.  Capelle  (prix  Monlyon  :  Arts  insalubres). 


PRIX  MONTYON  (ARTS  INSALUBRES). 

(Commissaires  :  MM.  Moissan,  lialler,  SchlƓsing,  Troost; 
Gautier,  rapporteur.) 

La  Commission  du  prix  Montyon  (Arts  insalubres)  ne  décerne  pas  de 
prix  et  accorde  une  mention  Ă   M.  Edouard  Capelle  pour  son  Ouvrage  Sur 
l'éclairage  et  le  chauffage  par  l'acétylÚne. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 

PRIX  WILDE. 

(Commissaires  :  MM.  Berthelot,  Maurice  Levy,  Mascart,  Moissan; 

LƓwy,  rapporteur.) 

]NL  Collet,  doyen  de  la  Faculté  des  Sciences  de  Grenoble,  a  exécuté, 
durant  une  dizaine  d'années,  une  série  d'expériences  méthodiques  d'un 
haut  intĂ©rĂȘt,  relativement  Ă   l'Ă©tude  de  l'intensitĂ©  de  la  pesanteur. 

Entourant  ses  travaux  de  toutes  les  garanties  exigées  par  la  Science 
moderne,  il  a  procédé,  en  prenant  Paris  pour  origine,  à  la  détermination 
relative  de  la  pesanteur. 

Comme  champ  d'opération,  M.  Collet  a  clioisi,  le  long  du  parallÚle 
moyen,  de  l'Océan  à  Turin,  dix  stations  appartenant  aux  régions  les  plus 
diverses  avec  de  grandes  différences  d'altitudes;  en  y  ajoutant  Marseille 
dans  le  but  de  pouvoir  disposer  d'un  contrÎle  indépendant  de  celui  que 
présente  l'analyse  intrinsÚque  de  ses  observations. 

M.  Collet  a  pu  ainsi  apporter  une  preuve  nouvelle  et  importante  du  fait 
curieux  remarqué  déjà  dans  diverses  autres  occasions,  à  savoir  :  que,  sous 
les  massifs  montagneux,  il  se  manifeste  un  déficit  croissant  de  la  pesanteur 
à  mesure  que  le  relief  du  sol  devient  plus  considérable,  tandis  que  des 
excĂ©dents  se  rĂ©vĂšlent,  au  mĂȘme  niveau,  dans  le  voisinage  de  l'OcĂ©an. 

M.  Collet  a  ainsi  réussi  à  fournir  un  ensemble  d'observations  et  de 
résultats  précieux  pour  l'étude  de  la  figure  de  la  Terre. 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMIÎRK    rgo3.  Il55 

La  Commission  est  d'avis  qu'il  convient  de  i-Ă©compenser  ces  Ă©tudes  si 
prolongées  et  si  utiles,  et  propose  de  décerner,  à  ce  savant,  le  prix  Wilde. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 

PRLX  TCHIHATCHEF. 

(Commissaires  :  MM.  Perricr,  Bouquet  de  la  Grye,  Bornet,  Van  Tieghem  ; 

Grandidier,  rapporteur.) 

Les  explorations  en  Asie  de  M.  le  D''  Svex  Hedis  sont  parmi  les  plus 
remarquables  et  les  plus  importantes  qui  aient  jamais  été  faites  dans  le 
centre  de  ce  continent,  dont  les  immenses  territoires  nous  sont  fermés, 
les  uns  par  les  éléments  qui  en  rendent  l'approche  difficile  et  dangereuse, 
les  autres  par  leurs  habitants,  qui  s'opposent  à  ce  que  des  étrangers  pénÚ- 
trent dans  leur  pays. 

Dans  un  premier  voyage  qui  a  duré  3  années,  du  28  février  1894  au 
2  mars  1897,  il  a  parcouru  les  plateaux  neigeux  du  Pamir,  franchi  les 
monts  Alaï,  gravi  jusqu'à  une  hauteur  de  G3oo'"  les  pentes  glacées  du 
Mous-tag-ata,  le  PÚre  des  Monts  de  glace,  puis,  au  péril  de  sa  vie,  il  a 
pĂ©nĂ©trĂ©  dans  le  vaste  dĂ©sert  de  Takla-Makane,  oĂč  toute  vĂ©gĂ©tation  est 
absente,  oĂč  il  n'y  a  pas  d'eau,  oĂč  des  vents  violents  soulĂšvent  sans  cesse 
des  vagues  de  sable  qui  menacent  Ă   tout  moment  d'engloutir  les  voyageurs, 
oĂč  il  n'a  Ă©chappĂ©  Ă   la  plus  terrible  des  morts,  Ă   la  mort  par  la  soif,  que 
grùce  à  son  extraordinaire  énergie.  Enfin,  aprÚs  avoir  exploré  le  sud-est 
du  Pamir  et  de  i'Indou-Kouch,  il  a  gagné  Pékin  par  la  route  qu'avait 
suivie  600  ans  auparavant  Marco  Polo. 

Malgré  les  difficultés  et  les  dangers  qu'il  a  eu  à  surmonter  dans  ce  pre- 
mier voyage,  M.  Sven  Hedin  n'a  pas  hésité  à  en  accomplir  un  second 
qui  a  duré  2  ans,  du  24  juin  1899  au  i4  mai  1901.  Il  a  commencé  par 
relever  le  cours  du  Yarkcnd-Daria  et  du  Tarim  inférieur  sur  une  longueur 
de  2000'"°;  puis,  pénétrant  dans  les  déserts  orientaux,  il  a  exploré  l'ancien 
Lop-Nor  et  le  Kara-Kochoum,  oĂč  il  a  dĂ©couvert,  Ă   moitiĂ©  ensevelies  sous 
la  poussiĂšre  et  le  sable,  les  ruines  d'une  ancienne  ville  chinoise  remontant 
au  m*  siÚcle  aprÚs  J.-C.  Abandonnant  la  région  des  lacs,  il  a  franchi  plu- 
sieurs grandes  chaĂźnes,  notamment  les  quatre  de  l'Arka-tag,  dont  l'altitude 
est  supérieure  à  celle  du  mont  Blanc,  a  atteint  un  grand  lac  salé,  a  suivi  la 
vallée  du  Tchimen-tag  et  a  reconnii  et  sondé  le  Koum-KÎU,  a  exploré  une 


Il56  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

partie  du  Gobi,  a  cfTectué  le  nivellement  du  Lop-Nor  Kara-Kochouni  et, 
escaladant  de  nouveau  l'Arka-tag,  est  parti  pour  le  Thibet  et  Lhassa.  A 
deux  reprises,  il  a  tenté,  sous  un  déguisement  mongol,  de  pénétrer  dans  la 
ville  sainte,  mais  en  vain,  et  il  lui  fallut  se  diriger  vers  le  Ladak.  AprĂšs 
une  rapide  excursion  dans  l'Inde,  il  revint  Ă   Leli,  gagna  Kargalik  et  arriva 
le  i4  mai  1901  Ă   Kachgar,  oĂč  il  a  fermĂ©  la  boucle  de  ses  itinĂ©raires. 

Ces  deux  voyages,  qui  comptent  parmi  les  plus  difficiles  et  les  plus  dan- 
gereux que  Ton  puisse  imaginer,  n'ont  pas  eu  seulement  pour  la  géographie 
de  trÚs  importants  résultats,  comme  on  peut  s'en  rendre  facilement  compte 
par  l'aperçu  trÚs  sommaire  des  routes  que  le  D''  Sven  Hedin  a  suivies 
et  dont  beaucoup  traversent  des  régions  inconnues,  sur  lesquelles  il  nous 
a  rapporté  des  notions  toutes  nouvelles  et  dont  il  a  fait  un  excellent  levé 
lopographiquc,  mais  toutes  les  branches  des  sciences  en  ont  profité.  Aussi 
la  Commission  du  prix  Tchihatchef  a-t-clle  été  unanime  à  attribuer  ce  prix 
au  D''  SvEx  Hedjn. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRLX  CUVIER. 

(Commissaires  :  MM.  Gaudry,  Pcrrier,  Giard,  Dclage; 
Bouvier,  rapporteur.  ) 

Le  prix  Cuvier  doit  ĂȘtre  attribuĂ©  Ă   l'auteur  de  l'Ouvrage  rĂ©cent  «  le  plus 
remarquable  sur  l'étude  des  ossements  fossiles,  de  l'Anatomie  comparée  ou 
de  la  Zoologie  ».  En  vous  proposant  de  le  décerner  à  M.  EugÚne  Sniox,  qui 
vient  de  faire  paraĂźtre  le  dernier  fascicule  de  son  Histoire  naturelle  des 
Araifrnées,  votre  Commission  fait  plus  que  de  se  conformer  strictement 
aux  conditions  prescrites,  elle  rend  hommage  Ă   un  zoologiste  aussi  modeste 
qu'Ă©minent  et  donne  le  premier  couronnement  Ă   une  carriĂšre  scientifique 
qu'on  pourrait  citer  comme  modĂšle. 

M.  Simon  a  consacré  la  plus  grande  partie  de  son  existence  et  de  sa 
fortune  au  développement  de  sa  science  d'élection,  la  Zoologie.  Son  pre- 
mier travail  date  de  i8G4;  c'est  l'Ɠuvre  d'un  jeune  homme  que  l'histoire 
des  animaux  passionnait  dĂšs  l'Ăąge  le  plus  tendre,  et  qui  avait  hĂąte  d'olfrir  Ă  
ses  favoris  les  prémices  de  son  intelligence.  Trop  sévÚre  pour  ses  débuts, 
l'auteur  est  le  premier  aujourd'hui  Ă   critiquer  Fin-oclavo  oĂč  il  se  rĂ©vĂ©la. 
Pourtant  cette  Histoire  naturelle  des  Araignées  n'est  pas  un  livre  banal; 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igo^.  1107 

sans  avoir  la  vaste  envergure  du  monumental  Ouvrage  qui  vient  de  la  rem- 
placer sous  le  mĂȘme  nom,  elle  dĂ©note  des  connaissances  prĂ©coces  et  un  sens 
d'observation  affiné  qui  lui  ont  valu,  pendant  prÚs  de  3o  années,  Teslime 
des  zoologistes. 

Depuis  cette  époque  jusqu'au  présent  jour,  M.  Simon  n'a  pas  cessé  un 
instant  de  se  livrer  aux  recherches.  C'est  par  centaines  qu'il  faut  compter 
ses  Notes  et  ses  MĂ©moires,  dont  plusieurs  sont  des  Ɠuvres  de  tout  premier 
ordre.  A  notre  Ă©poque  oĂč,  par  bonheur,  les  hommes  de  science  sont  si 
nombreux,  bien  peu  pourraient  se  faire  gloire  d'une  production  aussi 
Ă©tendue  et  aussi  importante. 

DĂ©sireux  de  voir  par  lui-mĂȘme  et  d'Ă©tendre  le  champ  de  ses  investi- 
gations, M.  Simon  a  exploré  de  nombreux  points  du  globe  et  en  a  magis- 
tralement fait  connaßtre  les  productions  naturelles.  D'abord  limités  à 
l'Espagne,  au  Maroc  et  à  notre  colonie  algérienne,  ses  voyages  se  sont 
progressivement  étendus  à  des  régions  plus  éloignées  :  il  a  parcouru 
l'Egypte,  le  littoral  de  la  mer  Rouge,  Ceylan,  les  Ăźles  Philippines,  l'Afrique 
australe  et  n'a  pas  consacré  moins  de  2  ans  à  ses  explorations  faunistiques 
dans  le  Venezuela.  Sans  autre  mission  que  celle  qu'il  s'était  donnée  à  lui- 
mĂȘme  pour  le  progrĂšs  de  la  Science,  il  n'a  pas  oubliĂ©  un  instant  les  intĂ©rĂȘts 
de  son  pays;  c'est  Ă   nos  collections  nationales  qu'il  songeait  en  faisant  ses 
récoltes  et  c'est  au  développement  de  la  Zoologie  qu'il  les  a  consacrées.  Car 
en  dépit  de  sa  timidité  naturelle,  ce  paisible  savant  a  toute  l'ardeur  d'un 
maĂźtre;  il  incite  au  labeur  et  favorise  les  recherches  autour  de  lui.  Chacun 
de  ses  voyages  a  Ă©tĂ©  suivi  d'une  Ă©closion  scientifique  oĂč  ont  rivalisĂ©  de  zĂšle 
les  zoologistes  de  France  et  de  l'Ă©tranger.  En  dehors  des  travaux  qui  lui 
sont  propi-es,  ses  explorations  au  Venezuela  ont  fourni  la  matiĂšre  de 
36  MĂ©moires;  celles  aux  Philippines,  Ă   Ceylan  et  dans  l'Afrique  australe 
des  publications  moins  nombreuses,  mais  également  appréciées.  Combien 
de  missions,  mĂȘme  parmi  les  plus  fructueuses,  pourraient  mettre  en  ligne 
de  semblables  résultats  ! 

GrĂące  Ă   ces  voyages  et  Ă   ses  aptitudes  d'observateur,  M.  Simon  est 
devenu  fort  instruit  dans  toutes  les  branches  des  sciences  biologiques.  Il 
aurait  pu  les  cultiver  toutes  avec  un  égal  succÚs,  mais  il  a  sagement  borné 
son  champ  d'études  à  trois  groupes  de  prédilection,  les  Oiseaux,  les  Crus- 
tacés et  les  Arachnides,  enrichissant  chacun  d'eux  de  contributions  aussi 
suggestives  que  variées. 

Dans  la  premiÚre  de  ces  classes,  il  s'est  particuliÚrement  occupé  des 
Oiseaux -Mouches;   il  en  a  réuni  une  collection  sans  égale  et  leur  a  con- 


II 58  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

sacré  un  Catalogue  qui  restera  longtemps  un  Ou^Tage  de  chevet  pour  les 
ornithologistes. 

Dans  la  classe  des  Crustacés,  il  s'est  volontairement  restreint  au  sous- 
ordrc  des  Phyllopodcs,  qui  l'attiraient  par  leur  distribution  curieuse  et  par 
les  phénomÚnes  bizarres  que  présente  leur  apparition  brusque  dans  les  eaux 
douces.  11  a  Ă©tudiĂ©  ces  animaux  de  la  mĂȘme  maniĂšre  que  les  Oiseaux-Mouches, 
c'est-Ă -dire  avec  la  prĂ©occupation  constante  de  laisser  derriĂšre  lui  une  ƓuA're 
durable.  Sa  riche  collection  de  Phyllopodcs  est  actuellement  au  Muséum  et 
sa  consciencieuse  Élude  sur  les  CrustacĂ©s  du  sous-ordre  dans  tous  les 
laboratoires. 

Mais  c'est  aux  Arachnides  non  parasitaires  :  Araignées,  Scorpions,  Pédi- 
palpes,  Solifuges,  Faucheurs  et  ChernÚtes,  que  M.  Simon  a  donné  le  meil- 
leur de  son  infatigable  activité  et  de  son  zÚle  scientifique;  c'est  par  eux 
qu'il  avait  débuté  dans  la  voie  des  recherches,  c'est  sur  eux  qu'il  a  publié 
la  plupart  de  ses  travaux.  Il  passe  justement  pour  le  premier  des  arachno- 
logues  et  jouit  à  ce  titre  d'une  réputation  universelle. 

En  se  faisant  l'historiographe  des  Arachnides,  ce  n'est  pas  une  tĂąche 
médiocre  qu'il  a  prise  en  charge  :  dans  le  seul  ordre  des  Araignées,  sa 
collection  renferme  au  minimum  20000  espĂšces  et  distance  de  trĂšs  loin  les 
plus  riches  et  les  plus  belles. 

Par  la  précision  du  détail,  l'étendue  de  l'ensemble  et  la  richesse  des 
rĂ©sultats,  l'Ɠuvre  de  M.  Simon  sur  les  Arachnides  dĂ©passe  de  beaucoup 
celle  des  "Walckenaer,  des  Koch  et  des  Thorell;  aussi  bien,  on  ne  saurait  la 
résumer  en  quelques  pages  et  le  mieux  sera  d'attirer  l'attention  sur  deux 
grands  Traités  qui  la  dominent  :  Les  Arachnides  de  France  et  Y  Histoire 
naturelle  des  Araignées. 

Le  premier  de  ces  Ouvrages  est  consacré  à  la  description  de  tous  les 
Arachnides  propres  Ă   notre  pays;  il  en  Ă©tudie  la  structure,  les  mƓurs, 
l'habitat  et  ne  comprend  pas  moins  de  8  Volumes  avec  25  planches.  C'est 
une  Ɠuvre  maĂźtresse  qu'ont  Ă©tudiĂ©e  et  Ă©tudieront  longtemps  tous  les  zoolo- 
gistes européens. 

U Histoire  naturelle  des  Araignées  a  un  caractÚre  tout  autre.  Encore 
plus  étendue  que  l'Ouvrage  précédent,  elle  offre  au  lecteur  un  tableau 
complet  de  tous  les  genres  d'Araignées  qui  habitent  la  surface  du  globe, 
signale  dans  chaque  genre  les  habitudes  des  espĂšces  les  plus  curieuses, 
rajeunit  la  classification  et,  dans  une  Ă©tude  magistrale,  expose  les  carac- 
tÚres du  groupe  tout  entier.  Des  travaux  synthétiques  d'une  pareille  enver- 
gure ne  laissent  pas  d'ĂȘtre  aussi  rares  que  prĂ©cieux;  ils  sont  le  fruil  d'une 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  IQoS.  IlSg 

laborieuse  carriÚre  et  le  résultat  de  connaissances  longuement  accumulées. 

Le  premier  fascicule  de  FOuvrage  fut  publié  en  1892  et  le  dernier  vient 
à  peine  de  paraßtre;  dans  son  ensemble,  Y  Histoire  naturelle  des  Araignées 
forme  deux  Ă©normes  Volumes  oĂč  sont  rĂ©pandues  prĂšs  de  3ooo  figures  ori- 
ginales, toutes  dessinées  d'aprÚs  nature  par  l'auteur.  C'est  un  monument  de 
valeur  inestimable  qui  place  M.  Simon  au  premier  rang  des  zoologistes  et 
le  désigne  sans  conteste  pour  le  prix  Cuvicr. 

En  vous  proposant  M.  E.  Suio.v  pour  ce  prix,  votre  Commission  a  exclu- 
sivement en  vue  VHistoire  naturelle  des  Araignées;  au  surplus,  elle  tient 
Ă   rendre  hommage  Ă   ce  savant  Ă©minenl  et  manifeste  son  estime  profonde 
pour  l'ensemble  de  l'Ɠuvre  qu'il  a  su  accomplir. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 

PRIX  PARKIN. 

(Commissaires  :  MM.  Fouqué,  Bouchard,  Mascart,  Brouardel; 
Michel  LĂ©vy,  rapporteur.) 

On  connaßt  les  beaux  travaux  de  MM.  Lacroix  et  Gir\ud  sur  les  récentes 
et  meurtriÚres  éruptions  de  la  Martinique;  ils  ont  notamment  déterminé 
avec  précision  l'étendue  de  la  zone  dévastée,  le  caractÚre  des  lésions  obser- 
vées sur  les  victimes,  enUn  l'influence  exercée  par  la  chute  des  matériaux 
solides  et  la  sortie  des  gaz,  d'une  part  sur  la  végétation,  d'autre  part  sur  la 
production  des  phénomÚnes  météorologiques  et  électriques  qui  ont  con- 
stamment accompagné  la  sortie  des  nuées  ardentes. 

La  Commission  estime  donc  qu'il  y  a  lieu  de  partager  le  prix  Parkin 
entre  MM.  Lacroix  et  Giiiaud. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 

PRIX  PETIT  D'ORMOY  (SCIENCES  MATHÉMATIQUES). 

(Commissaires  :  MM.  Poincaré,  Appell,  Jordan,  Darboux; 
É.  Picard,  rapporteur.) 

Sur  la  proposition  de  la  Commission  le  prix  est  décerné,  par  l'Acadé- 
mie, à  M.  Jacques  Haua.mauo  pour  l'ensemble  de  ses  travaux  mathé- 
matiques. 


Il6o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PRIX  PETIT  D'ORMOY  (SCIENCES  NATURELLES). 

(Commissaires  :  MM.  Bornet,  Van  Tieghem,  Perrier,  Giard; 

Albert  Gaudry,  rapporteur.) 

M.  Bernard  Rexault  est  un  des  savants  qui  ont  jeté  le  plus  de  lumiÚre 
sur  rhistoire  des  plantes  dans  les  temps  passés.  Depuis  quarante  ans,  il  n'a 
cessé  de  faire  connaßtre  à  l'Académie  les  résultats  de  ses  recherches.  Dumas 
a  mis  en  relief  la  grande  part  qu'il  a  prise  au  MĂ©moire  d'Adolphe  Bron- 
gniart  sur  les  graines  silicifiées.  Il  a  poussé  si  loin  l'Anatomie  végétale  que 
ses  nombreux  Ouvrages  sont  remplis  de  figures  oĂč  les  dĂ©tails  d'organisation 
sont  aussi  finement  rendus  qu'ils  pourraient  l'ĂȘtre  dans  des  coupes  de  plantes 
actuelles.  Ses  travaux  les  plus  originaux  sont  ceux  qu'il  a  entrepris  depuis 
une  dizaine  d'années  sur  les  Bactéries  des  terrains  primaires  (Ilouiller  et 
Permien).  Une  multitude  de  figures  rend  leur  compréhension  facile.  Il  a 
trouvé  des  Bactéries  en  profusion  dans  la  houille  et  montré  que  l'aspect  de 
la  houille,  resté  inexpliqué  jusqu'à  ce  jour  malgré  les  efforts  des  géologues, 
Ă©tait  dĂ»  Ă   l'action  des  Bacilles  et  des  Microcoques.  Avec  M.  Bertrand,  il  a 
découvert  que  les  bogheads  étaient  constitués  par  l'accumulation  des  thalles 
d'Algues  microscopiques  du  genre  Pila;\e  nombre  de  ces  thalles  est  évalué 
Ă   aSoGoopar  centimĂštre  cube  du  boghead  d'Autun.  M.  Bernard  Renault 
s'est  également  occupé  de  la  composition  des  cannels.  Pour  bien  com- 
prendre le  mode  de  formation  des  combustibles  anciens,  il  s'est  attaché  à 
l'examen  des  tourbes.  Ses  recherches  sur  les  organismes  microscopiques  ont 
embrassé  des  combustibles  de  tous  les  ùges  et  tous  les  pays  :  c'est  assurément 
une  des  Ɠuvres  les  plus  Ă©tendues  et  les  plus  surprenantes  qu'ait  produites 
la  PalĂ©ontologie;  son  intĂ©rĂȘt  s'accroĂźt  par  la  considĂ©ration  du  rĂŽle  immense 
que  les  combustibles  végétaux  jouent  dans  l'industrie  moderne.  De  tels  tra- 
vaux, qui  ont  exigé  une  application  continue  au  microscope,  attestent  non 
seulement  une  grande  puissance  d'observation,  mais  aussi  un  ardent  amour 
de  la  Science. 

Votre  Commission,  à  l'unanimité,  vous  propose  de  décerner  le  prix  Petit 
d'Ormoy  (Sciences  naturelles)  Ă   M.  Bernard  Bexault. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igoS.  I161 


PRIX  BOILEAU. 

(Commissaires  :  MM.  Maurice  Levy,  Sarrau,  Léauté,  Sebert; 
Boussinesq,  rapporteur.) 

A  l'unanimité,  la  Commission  décerne  le  prix  Boileau,  dont  le  but  est 
d'encourager  les  progrĂšs  de  l'Hydraulique,  Ă   M.  Marius-Georges  Graxd- 
jEAx,  docteur  es  sciences,  pour  son  ÎNIĂ©moire  Sur  le  rĂ©gime  permanent 
graduellement  varié  qui  se  produit  à  la  partie  amont  des  tuyaux  de 
conduite  et  sur  l'établissement  du  régime  uniforme  dans  ces  tuyaux. 
C'est  une  contribution  importante,  la  premiÚre  qui  ait  été  poussée  aussi 
loin,  à  l'étude  de  la  capitale  question  d'Hydraulique  urbaine  énoncée  dans 
le  titre  du  MĂ©moire.  L'auteur  l'aborde  au  moyen  d'une  puissante  analyse, 
qu'il  conduit  jusqu'aux  résultats  numériques,  confirmés  par  les  expériences 
de  M.  Bazin  sur  la  distribution  des  vitesses  dans  les  grandes  conduites  en 
ciment  lissé. 

L'Académie  adopte  les  conclusions  de  ce  Rapport. 


PRIX  ESTRADE-DELCROS. 

(Commissaires  :  MM.  Gaudry,  Darboux,  Berthelot,  Moissan; 
Mascart,  rapporteur.) 

Dans  une  série  de  travaux  poursuivis  au  Bureau  central  météorologique 
pendant  i4  ans,  M.  Léox  Teisserexc  de  Bout  a  montré  toute  l'importance 
que  présenterait,  pour  les  progrÚs  de  la  Science,  l'observation  directe  de 
l'état  de  l'atmosphÚre  dans  l'air  libre  à  dilTérentos  altitudes.  Il  résolut  donc 
de  se  consacrer  exclusivement  Ă   ce  genre  de  recherches. 

DÚs  l'année  i8g6,  il  fit  à  Trappes  une  installation  complÚte  pour  acquérir 
d'abord  la  pratique  des  ballons-sondes  et  des  cerfs-volants.  Il  put  ainsi 
améliorer  la  construction  de  ces  appareils  et  réalisa  tout  un  ensemble  d'en- 
registreurs d'une  légÚreté  exceptionnelle,  qui  devaient  rapporter  au  retour 
de  ces  explorations  l'histoire  complÚte  du  voyage  avec  le  tracé  des  phéno- 
mÚnes rencontrés  dans  le  trajet. 

Depuis  le  printemps  de  1 898,  on  a  lancé,  au  moins  deux  fois  par  semaine, 

C.  li.,  iiju3,  i-  Semestre.  (CXWVII,  .N'25.)  102 


Il62  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

un  total  de  plus  de  SZjo  ballons-sondes.  La  plupart  de  ces  ballons  sont  détruits 
par  le  voyage  et  la  chute,  mais  les  instruments  enregistreurs,  grĂące  Ă   unfe 
instruction  en  plusieurs  langues  et  à  une  prime,  sont  retournés  à  l'obser- 
vatoire de  départ  par  les  personnes  qui  les  retrouvent.  Il  ne  s'en  perd  pas 
plus  de  3  Ă   4  pour  loo,  quand  les  ballons  tombent  en  mer  ou  dans  des  lieux 
inhabités  ;  ils  parviennent  quelquefois  à  de  trÚs  grandes  distances,  au  hasard 
des  vents,  justpf  au  delĂ   de  Berlin. 

En  altitude,  38o  de  ces  ballons  ont  dépassé  iSooo",  234  se  sont  élevés 
à  14000"  et  89  à  iSoooℱ. 

Pour  les  cerfs-volants,  divers  perfectionnements  ont  permis  de  les  faire 
monter  Ă   4oooℱ  et  mĂȘme  5900ℱ,  plus  de  1000ℱ  au-dessus  du  mont  Blanc. 

Les  observations  recueillies  par  ces  méthodes  si  nouvelles  sont  trÚs 
imprévues.  La  température,  par  exemple,  au  lieu  de  diminuer  d'une  façon 
réguliÚre  à  mesure  qu'on  s'élÚve,  présente  dans  son  allure  des  changements 
considérables  suivant  l'état  de  l'atmosphÚre.  La  variation  annuelle,  que 
l'on  croyait  limitée  aux  couches  basses,  se  manifeste  encore  jusqu'à  io'"°, 
avec  un  retard  croissant  sur  celle  qui  s'observe  prĂšs  du  sol. 

Le  fait  le  plus  singulier  est  l'existence,  vers  lo""",  d'une  couche  dont  la 
température  cesse  de  décroßtre  et  se  maintient  à  peu  prÚs  uniforme  sur 
plusieurs  kilomĂštres  d'Ă©paisseur,  formant  ainsi  une  couche  isotherme. 

La  trajectoire  des  ballons  est  souvent  trĂšs  difTĂ©rente  de  celle  que  l'on 
pourrait  prévoir  par  les  vents  inférieurs  et  détermine  le  régime  des  mou- 
vements de  l'air  au  voisinage  de  centres  de  haute  et  basse  pression.  Nous 
ne  pouvons  donner  ici  qu'un  court  aperçu  des  conséquences  importantes 
de  ces  observations. 

Les  travaux  de  M.  Teisserenc  de  Bort  ont  attiré  l'attention  des  savants 
Ă©trangers  et  tous  ceux  qui  s'appliquent  aux  mĂȘmes  recherches,  avec  les 
ressources  que  fournissent  leurs  gouvernements,  sont  venus  Ă   l'Observatoire 
de  Trappes  pour  .s'initier  aux  mĂ©thodes  et  faire  usage  des  mĂȘmes  appareils. 

Ils  ont  contribué,  pour  une  grande  part,  au  mouvement  considéi'able  qui 
se  fait  actuellement  en  diffĂ©rents  pays  dans  la  mĂȘme  voie  et  qui  a  pi^ovoquĂ© 
la  réunion  à  Berlin,  au  mois  de  mai  dernier,  d'un  CongrÚs  d'aérostation 
scientifique. 

Pendant  ce  tcmj)s,  INI.  Teisserenc  de  Bort  organisait  en  Danemark,  avec 
le  concours  des  Instituts  météorologiques  de  Copenhague  et  de  SuÚde,  une 
station  temporaire  destinée  à  faire  des  lancers  de  cerfs-volants  et  de  ballons- 
sondes  d'une  maniÚre  continue,  pendant  prÚs  d'une  année,  dans  une  région 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igoS.  Il63 

située  sur  le  trajet  des  principales  bourrasques  qui  traversent  l'Europe, 
pour  déterminer  la  nature  des  phénomÚnes  à  diverses  altitudes. 

Les  résultats  obtenus  dans  cette  station  franco-scandinave  feront  l'objet 
d'une  importante  publication. 

Le  premier  Volume,  actuellement  imprimé,  renferme  l'ensemble  des 
données  recueillies.  Le  second  Volume  sera  consacré  à  la  discussion  des 
conséquences  qui  en  résultent  pour  le  régime  des  courants  et  des  échanges 
de  température  dans  l'atmosphÚre. 

N'ayant  obtenu  aucune  contribution  de  l'Etat  pour  ses  expériences  trÚs 
onéreuses,  M.  Teisserenc  de  Bort  a  pu,  heureusement  pour  la  Science,  y 
consacrer  des  dépenses  considérables  sur  ses  ressources  personnelles.  C'est 
là  une  initiative  et  un  genre  de  recherches  qui  méritent  tous  les  encoura- 
gements de  l'Académie  des  Sciences. 

La  Commission  attribue  le  Prix  Estrade-Dclcros  Ă   M.  LĂ©on  Teisserenc 

DE  BoRT. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  CAHOURS. 

(Commissaires  :  MM.  Troost,  Gautier,  Dittc,  Haller; 
Moissan,  rapporteur.) 

Le  prix  Cahours  est  partagé  entre  MM.  Marquis  et  Chavaxne. 


PRIX  SAINTOUR. 

(Commissaires  :  MM.  Berthelot,  Gaudiy,  Maurice  Levy, 
Haton  de  la  GoupilliĂšre;  Darboiix,  rapporteur.) 

L'vVcadémic  décerne  le' prix  à  M.  Marcel  Brillouin,  pour  ses  travaux 
de  Physique  mathématique. 


‱l64  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PRIX  TRÉMONT. 


(Commissaires  :  MM.  Darboux,  Rerlhelot,  Mascart,  Léauté; 

Maurice  Levy,  rapporteur.) 

La  Commission  décerne  le  prix  à  M.  Charles  Frémoxt  pour  ses 
recherches  expérimentales  et  sa  méthode  de  détermination  de  la  limite 
d'élasticité  des  métaux  employés  dans  l'art  des  constructions. 

Les  conclusions  de  ce  Rapport  sont  adoptées  par  l'Académie. 


PRIX  GEGNER. 

(Commissaires  :  MM.  Berthelot,  ^'an  Tiegliem,  Gaudry,  Perrier;      / 
Darboux,  rapporteur.) 

Le  prix  est  décerné  à  M.  Jean-Henri  Fabre,  Correspondant  de  l'Aca- 
démie, pour  ses  travaux  sur  les  Sciences  biologiques. 


PRLX  LANNELONGUE. 

Commissaires  :  MM.  Albert  Gaudry,  Mascart,  Berthelot,  Maurice  Levy, 
Bornet;  Darboux,  rapporteur.) 

Sur  la  proposition  de  la  Commission  administrative,  ce  nouveau  prix 
dû  à  la  libéralité  de  M.  le  Professeur  Lannelongue,  Membre  de  l'Institut, 
est  attribuĂ©  par  l'AcadĂ©mie  Ă   Mℱ^  V""^  Nepveu. 


PRIX  FONDÉ  PAR  M-"«  la  Makquise  DE  LAPLACE. 

Le  Président  remet  les  cinq  Voulûmes  de  la  Mécaniquo  céleste,  VExpo- 
silion  du  SystÚme  du  monde  et  le  Traité  des  Pfob(d>ililés  à  M.  Rémv 
(Louis-Gabriel),  entrĂ©,  en  quahtĂ©  d'ÉlĂšve  IngĂ©nieur,  Ă   TÉcoie  nationale 
des  Mines. 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    IQoS.  Tl65 


PRIX  FONDÉ  PAR  M.  FÉLIX  RIVOT. 

Conformément  aux  termes  de  la  donation,  le  prix  Félix  Rivot  est 
partagé  entre  MM.  Rémy  (Louis-Gabriel)  et  Breynaert  (François- 
Ferxaxd-Marie),  entrĂ©s  les  deux  premiers  en  qualitĂ©  d'ÉlĂšves  IngĂ©nieurs 
Ă   l'École  nationale  des  Mines;  et  MM.  Millier  (Louis -Emile- AndrĂ©)  et 
BovTELOup  (Pierre-Joseph),  entrĂ©s  les  deux  premiers  au  mĂȘme  titre  Ă  
l'École  nationale  des  Ponts  et  ChaussĂ©es. 


PRO&RAMME    DES    PRIX    PROPOSES 

POUR  LESAMES  lUi,  lOOIi,  1906  ET  1907. 


GEOMETRIE. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  MATHEMATIQUES. 

(Prix,  du  Budget  :  3ooo''^) 

L'Académie  a  mis  au  concours,  pour  igol,  la  question  suivante  : 

Perfectionner,  en  quelque  point  important,  l'Ă©tude  de  la  convergence  des 
fractions  continues  algébriques. 


Il66  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PRIX  BORDIN  (3ooof'). 

L'Académie  a  mis  de  nouveau  au  Concours,  pour  1904,  la  question 
suivante  : 

Développer  et  perfectionner  la  théorie  des  surfaces  applicables  sur  le  para- 
boloïde  de  révolution . 

PRIX  VAILLANT  (4ooo'''). 

Ce  prix  biennal  sera  décerné,  en  1904,  à  l'auteur  du  meilleur  Mémoire 
sur  la  question  suivante  : 

Déterminer  el  étudier  tous  les  déplacements  d'une  figure  invariable  dans  les- 
quels les  différents  points  de  la  figure  décrivent  des  courbes  sphériques. 


PRIX  FRANCOEUR  (1000^). 

Ce  prix  annuel  sera  décerné  à  l'auteur  de  découvertes  ou  de  travaux 
utiles  au  progrÚs  des  Sciences  mathématiques  pures  et  appliquées. 


PRIX  PONCELET  (2000'^). 

Ce  prix  annuel,  fondĂ©  par  Mℱ*  PonceleL,  est  destinĂ©  Ă   rĂ©compenser 
l'Ouvrage  le  plus  utile  aux  progrÚs  des  Sciences  mathématiques  pures  ou 
appliquées,  publié  dans  le  cours  des  dix  années  qui  auront  précédé  le 
jugement  de  l'Académie. 

Une  donation  spéciale  de  M""*  Poncelet  permet  à  l'Académie  d'ajouter 
au  prix  qu'elle  a  primitivement  fondĂ©  un  exemplaire  des  ƒuvres  complĂštes 
du  Général  Poncelet. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  IQoS.  1 167 


MECANIQUE. 


PRIX  EXTRAORDINAIRE  DE  SIX  MILLE  FRANCS, 

DESTINÉ  A  RÉCOMPENSER   TOUT   PROGRÈS   DE  NATURE   A   ACCROÎTRE   l'eFFICACITÉ 

DE    NOS    FORCES    NAVALES. 

L'Académie  décernera  ce  prix,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  prochaine  séance 
publique  annuelle. 


■     PRIX  MONTYON  (MÉCANIQUE)  (yoof^). 

Ce  prix  annuel  est  fondé  en  raveur  de  «  celui  qui,  au  jugement  de  l'Aca- 
»  demie,  s'en  sera  rendu  le  plus  digne,  en  inventant  ou  en  perfectionnant 
»  des  instruments  utiles  aux  progrÚs  de  l'Agriculture,  des  Arts  mécaniques 
»  ou  des  Sciences  -) . 


PRIX  PLUMEY  (2  5ooff)- 

Ce  prix  annuel  est  destiné  à  récompenser  «  l'auteur  du  perfectionne- 
»  ment  des  machines  à  vapeur  ou  de  toute  autre  invention  qui  aura  le 
»  plus  contribué  au  progrÚs  de  la  navigation  à  vapeur  ». 


PRIX  FOURNEYRON  (1000''). 

L'Académie  met  de  nouveau  au  concours,  pour  igoS,  la  question  sui- 
vante : 

Étude  thĂ©orique  ou  expĂ©rimentale  des  turbines  Ă   vapeur. 


Il68      ‱  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 


ASTRONOMIE. 


PRIX  PIERRE  GUZMAN  (100000^')- 

jyjme  yeuve  Guzman  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  somme  de 
cent  mille  francs  pour  la  fondation  d'un  prix  qui  portera  le  nom  de  prix 
Pierre  Guzman,  en  souvenir  de  son  fils,  et  sera  décerné  à  celui  qui  aura 
trouvé  le  moyen  de  communiquer  avec  un  astre  autre  que  la  planÚte 
Mars. 

Prévoyant  que  le  prix  de  cent  mille  francs  ne  serait  pas  décerné  tout  de 
suite,  la  fondatrice  a  voulu,  jusqu'à  ce  que  ce  prix  fût  gagné,  que  les  inté- 
rĂȘts du  capital,  cumulĂ©s  pendantcinq  annĂ©es,  formassent  un  prix,  toujours 
sous  le  nom  de  Pierre  Guzman,  qui  serait  décerné  à  un  savant  français,  ou 
Ă©tranger,  qui  aurait  fait  faire  un  progrĂšs  important  Ă   l'Astronomie. 

Le  prix  quinquennal,  reprĂ©sentĂ©  parles  intĂ©rĂȘts  du  capital,  sera  dĂ©cernĂ©, 
s'il  y  a  lieu,  pour  la  premiĂšre  fois  en  igo5. 

PRIX  LALANDE  (54o"'). 

Ce  prix  annuel  doit  ĂȘtre  attribuĂ©  Ă   la  personne  qui,  en  France  ou 
ailleurs,  aura  fait  l'observation  la  plus  intéressante,  le  Mémoire  ou  le 
travail  le  plus  utile  aux  progrĂšs  de  l'Astronomie. 

PRIX  VALZ  (460''^). 

Ce  prix  annuel  est  décerné  à  l'auteur  de  l'observation  astronomique  la 
plus  intéressante  qui  aura  été  faite  dans  le  courant  de  l'année. 

PRIX   JANSSEN. 

Ce  prix  biennal,  qui  consiste  en  une  médaille  d'or  destinée  à  récom- 
penser la  découverte  ou  le  travail  faisant  faire  un  progrÚs  important  ii 
l'Astronomie  physique,  sera  décerné  en  1904. 


SÉANCi:    DU    il    Dl'.CEMBKl-;    IQoJ.  I  1 6f) 

M.  Janssen,  dont  la  carriÚre  a  été  presque  entiÚremeiil  roiisacrtc  aux 

progrÚs  de  l'Astronomie  physique,  considérant  que  cette  science  n'a  pas 

à  l'Académie  de  prix  qui  lui  soit  spécialement  affecté,   a  voulu  combler 

cette  lacune. 

PRIX  G.  DE  PONTÉCOULANT  (700"). 

Ce  prix  biennal,  destiné  à  encourager  les  recherches  de  Mécanique 
céleste,  sera  décerné  dans  la  séance  publique  annuelle  de  igoS. 


PRIX  DAMOISEAU  (2000^'^). 

Ce  prix  est  iriennal.  L'Académie  a  mis  au  concours,  pour  1900,  la  ques- 
tion suivante  : 

Il  existe  une  dizaine  dé  comÚtes  dont  l'orbite,  pendant  la  période  de  visibi- 
lité, s  est  montrée  de  nature  hyperbolique.  Rechercher,  en  remontant  dans  le 
passé  et  tenant  compte  des  perturbations  des  planÚtes,  s'il  en  était  ainsi  avant 
l'arrivée  de  ces  comÚtes  dans  le  systÚme  solaire. 


GÉOGRAPHIE  ET  NAVIGATIOIV. 


PRIX  BINOUX  (2000"). 

Ce  prix  annuel,  attribué  alternativement  à  des  recherches  sur  la  Geogru- 
p/ae  ou  la  Navigation  et  Ă   des  recherches  sur  V Histoire  des  Sciences,  sera 
décerné,  en  1904,  àTauteur  de  travaux  sur  la  Géographie  ou  la  Navigation. 


eu.,   ujo3,  2'-  Semestre.  (CWWII.  N   25. 


I3J 


II70  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


PHYSIQUE. 


PRIX  HEBERT  (looo"). 

Ce  prix  annuel  est  destiné  à  récompenser  l'auteur  du  meilleur  Traité  ou 
de  la  plus  utile  découverte  pour  la  vulgarisation  et  l'emploi  pratique  de 
l'Electricité. 

PRIX  HUGHES  (2  5oof'-)- 

Ce  prix  annuel,  dû  à  la  libéralité  du  physicien  Hughes,  est  destiné  à 
récompenser  l'auteur  d'une  découverte  ou  de  travaux  qui  auront  le  plus 
contribué  au  progrÚs  de  la  Physique. 


PRIX    KASTNER-BOURSAULT  (2000'^). 

Ce  prix  triennal  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  en  1904,  à  l'auteur  du 
meilleur  travail  sur  les  applications  diverses  de  l'ÉlectricitĂ©  dans  les  Arts, 
l'Industrie  et  le  Commerce. 


PRIX  GASTON  PLANTÉ  (3 000''). 

Ce  prix  biennal  est  attribué  à  l'auteur  français  d'une  découverte,  d'une 
invention  ou  d'un  travail  important  dans  le  domaine  de  l'Electricité. 
L'Académie  décernera  ce  prix,  s'il  y  a  lieu,  en  igoS. 


PRIX  L.  LA  CAZE  (loooo'''). 

Ce  prix  biennal  sera  décerné,  dans  la  séance  publique  de  igoS,  à  l'au- 
teur, français  ou  étranger,  des  Ouvrages  ou  Mémoires  qui  auront  le  plus 
contribuĂ©  aux  progrĂšs  de  la  Physique.  Il  ne  pourra  pas  ĂȘtre  partagĂ©. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  IQoS.  II71 


STATISTIQUE. 


PRIX  MONTYON  (5oof'). 

L'Académie  annonce  que,  parmi  les  Ouvrages  qui  auront  pour  objet  uae 
ou  plusieurs  questions  relatives  Ă   la  Statistique  de  la  France,  celui  qui,  Ă   son 
jugement,  contiendra  les  recherches  les  plus  utiles,  sera  couronné  dans  la 
prochaine  séance  publique.  Elle  considÚre  comme  admis  à  ce  concours 
annuel  les  Mémoires  envoyés  en  manuscrit,  et  ceux  qui,  ayant  été  imprimés 
et  publiés,  arrivent  à  sa  connaissance. 


CHIMIE. 


PRIX  JECKER  (loooof). 

Ce  prix  annuel  est  destiné  à  récompenser  les  travaux  les  plus  propres 
Ă   hĂąter  les  progrĂšs  de  la  Chimie  organique. 

PRIX  L.  LA  GAZE  (loooof). 

Ce  prix  biennal  sera  décerné,  dans  la  séance  publique  de  igoS,  à  l'au- 
teur, français  ou  étranger,  des  meilleurs  travaux  sur  la  Chimie.  Il  ne  pourra 
pas  ĂȘtre  partagĂ©. 

PRIX  BORDIN  (ScoofO- 
L'Académie  met  au  concours,  pour  l'année  1903,  la  question  suivante  : 
Des  siliciures  et  de  leur  rÎle  dans  les  alliages  métalliques. 


l'7-  ACADKiMIK    DES    SCIENCES. 


MINERALOGIE  ET  GÉOLOGIE 


PRIX  DELESSE  (i4oo"). 

Ce  prix  biennal,  fondé  par  M"'  V^*  Delesse,  sera  décerné,  dans  la 
séance  publique  de  l'année  igoS,  à  l'auteur,  français  ou  étranger,  d'un 
travail  concernant  les  Sciences  géologiques,  ou,  à  défaut,  d'un  travail 
concernant  les  Sciences  minéralogiques. 


PRIX  FONTANNES  (2000"). 

Ce  prix  triennal,  attribué  à  V auteur  de  la  meilleure  publication  paléonto- 
logique,  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  séance  publique  de  1905. 


PRIX  ALHUMBERT  (1000^). 

L'Académie  a  mis  au  concours,  pour  sujet  de  ce   prix  quinquennal  à 
décerner  en  if)o5,  la  question  suivante  : 

Etude  sur  l'Ăąge  des  derniĂšres  Ă©ruptions  volcaniques  de  la  France. 


(.EOGRAPHIE  PHYSIQUE. 


PRIX  GAY  (i5oo"). 

L'Académie  a  mis  au  concours  pour  sujet  du   prix   Gav,   qu'elle  doit 
décerner  en  1904,  la  question  suivante  : 

Etudier  les  variations  actuelles  du  niveau  relatif  de  la  terre  ferme  et  de  la 


SKANCE    DU    21    DÉCEMBRE    I9o3.  II73 

mer,  à  l'aide  d' observations  précises ,  poursuivies  sur  une  portion  déterminée 
des  cÎtes  de  l'Europe  ou  de  l'Amérique  du  Nord. 

PRIX  GAY  (i5oo"). 

L'Académie  a  décidé  que  le  prix  Gay,  qu'elle  doit  décerner  dans  sa 
séance  publique  de  l'année  1900,  sera  allribué  à  un  explorateur  du  Conti- 
nent africain  qui  aura  déterminé  avec  une  grande  précision  les  coordon- 
nées géogra|)hiques  des  points  principaux  de  ses  itinéraires. 


BOTANIQUE. 


GRAND  PRIX  DES  SCIENCES  PHYSIQUES. 

(I'ii\  du  Budget  :  Sooo''.) 

L'Académie  met  de  nouveau  au  concours,  pour  l'année  1905,  la  question 
suivante  : 

Rechercher  et  démontrer  les  divers  modes  de  formation  et  de  développement 
de  l'Ɠuf  chez  les  Ascomycùtes  et  les  Basidiomycùtes. 

PRIX  DESMAZIÈRES  (i(ioo";. 

Ce  prix  «n/iMc/ est  attribué  «à  l'auteur,  français  ou  étranger,  du  meil- 
»  leur  ou  du  plus  utile  écrit,  publié  dans  le  courant  de  l'année  précédente, 
»   sur  tout  ou  partie  tle  la  Cryptogamie   ». 


II 74  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PRIX  MONTAGNE  (i5oo"). 

M.  C.  Montagne,  Membre  de  l'Institut,  a  légué  à  l'Académie  la  totalité 
de  ses  biens,  à  charge  par  elle  de  distribuer  chaque  année,  sur  les  arré- 
rages de  la  fondation,  un  prix  de  iSoo'"^  ou  deux  yjrix  :  l'un  de  looo'', 
l'autre  de  5oo'^'',  au  choix  de  la  Section  de  Botanique,  aux  auteurs,  français 
ou  naturalisés  français,  de  travaux  importants  ayant  pour  objet  l'anatomie, 
la  physiologie,  le  développement  ou  la  description  des  Cryptogames  infé- 
rieures (Thallophytes  et  Muscinées). 


PRIX  DE  LA  FONS-MÉLICOCQ  (900''). 

Ce  prix  triennal  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  séance  annuelle 
de  1904,  «  au  meilleur  Ouvrage  de  Botanique ,  manuscrit  ou  imprimé,  sur 
M  le  nord  de  la  France,  c'est-à-dire  sur  les  départements  du  Nord,  du  Pas- 
H  de-Calais,  des  Ardennes,  de  la  Somme,  de  l'Oise  et  de  l'Aisne  ». 


PRIX  THORE  (2oo'0. 

Ce  prix  annuel  est  attribué  alternativement  aux  travaux  sur  les  Crypto- 
games cellulaires  d'Europe  et  aux  recherches  sur  les  mƓurs  ou  l'ana- 
tomie d'une  espĂšce  d'Insecte  d'Europe.  (Voir  page  i  lyS.) 

Il  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  séance  annuelle  de  1900,  au 
meilleur  travail  sur  les  Cryptogames  cellulaires  d'Europe. 


ECONOMIE   RURALE. 


PRIX    BIGOT    DE    MOROGUES  (1700^'^). 

Ce  prix  décennal  sera  décerné,  dans  la  séance  annuelle  de  igiS,  à  l'Ou- 
vrage qui  aura  fait  faire  le  plus  de  progrĂšs  Ă   l'Agriculture  de  France. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  I903.  il  75 


ANATOMIE  ET  ZOOLOGIE. 


PRIX  SAVIGNY  (i3oof'). 

Ce  prix  annuel,  fondé  par  M"*  Letellier  pour  perpétuer  le  souvenir  de 
Le  Lorgne  de  Savignv,  ancien  Membre  de  l'Institut  de  France  et  de  l'Insti- 
tut d'Egypte,  sera  employé  à  aider  les  jeunes  zoologistes  voyageurs  qui  ne 
recevront  pas  de  subvention  du  Gouvernement  et  qui  s'occuperont  plus 
spécialement  des  animaux  sans  vertÚbres  de  l'Egypte  et  de  la  Syrie. 

PRIX  THORE  (200"). 
Voir  page  11 74. 

Ce  prix  alternatif  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  en  1904,  au  meilleur  travail 
sur  les  mƓurs  et  l'anatomie  d'une  espùce  d'Insectes  d'Europe. 

PRIX  DA  GAMA  MACHADO  (1200"). 

Ce  prix  triennal,  attribué  aux  meilleurs  Mémoires  sur  les  parties  colo- 
rées du  systÚme  tégumentaire  des  animaux  ou  sur  la  matiÚre  fécondante 
des  ĂȘtres  animĂ©s,  sera  dĂ©cernĂ©,  s'il  y  a  lieu,  en  1906. 


MEDECINE  ET  CHIRURGIE. 


PRIX  MONTYON. 

(Trois  prix  de  2  5oo'^'',  trois  mentions  de  i5oof'.  ) 

Conformément  au  testament  de  M.  A.  de  Montyon,  il  sera  décerné, 
tous  les  ans,  un  ou  plusieurs  prix  aux  auteurs  des  Ouvrages  ou  des  décou- 
vertes qui  seront  jugés  les  plus  utiles  à  Varl  de  guérir. 


'‱7^  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

L  Académie  juge  nécessaire  <le  faire  remarquer  que  les  prix  donl  il 
s'agit  ont  exjjressément  pom-  objet  des  découvcrles  et  inventions  propres  à 
perfectionner  la  MĂ©decine  on  la  Chirurgie. 

Les  piĂšces  admises  au  Concours  n'auront  droit  au  prix  qu'autant  qu'elles 
contiendront  une  découverte parfailement  déterminée. 

Si  la  ])iÚce  a  été  produite  par  l'auteur,  il  devra  indiquer  la  partie  de  son 
travail  oĂč  cette  dĂ©couverte  se  trouve  exprimĂ©e;  dans  tous  les  cas,  la  Com- 
mission chargée  de  l'examen  du  concours  fera  connaßtre  que  c'est  à  la  dé- 
couverte dont  il  s'agit  que  le  prix  est  donné. 


PRIX  BARBIER  (2000"). 

Ce  prix  annuel  est  attribué  à  «  l'auteur  d'une  découverte  précieuse  dans 
»  \e,?,  Sciences  chirurgicale,  médicale,  pharmaceutique,  et  dans  la  Hotanique 
»  ayant  rapport  à  l'art  de  guérir  ». 


PRIX  BREANT  (100000''). 

M.  Bréant  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  une  somme  de  cent  mille 
francs  pour  la  fondation  d'un  prix  à  décerner  «  à  celui  qui  aura  trouvé 
»  le  moyen  de  guérir  du  choléra  asiatique  ou  qui  aura  découvert  les  causes 
»   de  ce  terrible  fléau  » . 

Prévoyant  que  le  prix  de  cent  mille  Jrancs  ne  sera  pas  décerné  tout  de 
suite,  le  fondateur  a  voulu,  jusqu'Ă   ce  que  ce  prix  fĂ»t  gagnĂ©,  que  l'intĂ©rĂȘt 
du  capital  ĂŻĂčt  donnĂ©  Ă   la  personne  qui  aura  fait  avancer  la  Science  sur  la 
question  du  choléra  ou  de  toute  autre  maladie  épidémique,  ou  enfin  que  ce 
prix  pĂ»t  ĂȘtre  gagnĂ©  par  celui  qui  indiquera  le  moyen  de  guĂ©rir  radicale- 
ment les  dartres  ou  ce  qui  les  occasionne. 

Les  concurrents  devront  satisfaire  aux  conditions  suivantes  : 

i"  Pour  remporter  le  prix  décent  mille  francs,  il  faudra  :  «  Trouver  une 
»  médicalionqui  guérisse  le  choléra  asiatique  dans  r  immense  majorité  des  cas  »  ; 

Ou  :  «  Indiquer  d'une  maniÚre  incontestable  les  causes  du  choléra  asiatique,  de 
»  façon  qu'en  amenant  la  suppression  de  ces  causes  on  fasse  cesser  l'épidémie  »  ; 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE     r9f)3.  I  1 77 

Ou  enfin  :  «  Découvrir  une  prophylaxie  certaine  et  aussi  évidente  que  l'est, 
»  par  exemple,  celle  de  la  vaccine  pour  la  variole  » . 

1°  Pour  obtenir  le /7/ir  annuel,  reprĂ©sentĂ©  par  l'intĂ©rĂȘt  du  capital,  il 
faudra,  par  des  procédés  rigoureux,  avoir  démontré  dans  l'atmosphÚre 
l'existence  de  matiĂšres  pouvant  jouer  un  rĂŽle  dans  la  production  ou  la 
propagation  des  maladies  épidémiques. 

Dans  le  cas  oii  les  conditions  précédentes  n'auraient  pas  été  remplies,  le 
prix  annuel  pourra.,  aux  termes  du  testament,  ĂȘtre  accordĂ©  Ă   celui  qui  aura 
trouvé  le  moyen  de  guérir  radicalement  les  dartres,  ou  qui  aura  éclairé  leur 
Ă©tiologie. 

PRIX  GODARD  (looo"). 

Ce  prix  annuel  sera  donné  au  meilleur  Mémoire  sur  l'anatomie,  la  phy- 
siologie   et   la   pathologie  des  organes  génito-urinaires. 


PRIX  LALLEMAND  (t8oo''). 

Ce  prix  annuel  est  destiné  à  «  récompenser  ou  encourager  les  travaux 
relatifs  au  systÚme  nerveux,  dans  la  plus  large  acception  des  mots  ». 


PRIX  DU  BARON  LARREY  (750"). 

Ce  prix  annuel  sera  décerné  à  un  médecin  ou  à  un  chirurgien  des 
armées  de  terre  ou  de  mer  pour  le  meilleur  Ouvrage  présenté  à  l'Aca- 
démie et  traitant  un  sujet  de  Médecine,  de  Chirurgie  ou  d'HygiÚne  mili- 
taire. 

PRIX   BELLION  (i4oo''). 

Ce  prix  annuel,  fondé  par  M"*  Foehr,  sera  décerné  aux  savants  «  qui 
K  auront  écrit  des  Ouvrages  ou  fait  des  découvertes  surtout  profitables  à  la 
»  santé  de  l'homme  ou  à  l' amélioration  de  l'espÚce  humaine  » . 

C.  R.,  I9<j3,  .!‱■  Semestre.  (CXWVII,  N"  25.  )  lS4 


II78  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


FRIK  MEGE  (10000^'). 

Le  D""  Jean-Baptiste  MÚge  a  légué  à  l'Académie  «  dix  mille  francs  à  donner 
»  en  prix  à  V auteur  qui  aura  continué  et  complété  son  Essai  sur  les  causes  qui 
»  ont  relardé  ou  favorisé  les  progrÚs  de  la  Médecine,  depuis  la  plus  haute  anti- 
»    quité  j'usquà  nos  Jours. 

»  L'Académie  des  Sciences  pourra  disposer  en  encouragements  des  inte- 
»   rets  de  cette  somme  jusqu'à  ce  qu'elle  pense  devoir  décerner  le  prix.    « 

L'Académie  des  Sciences  décernera  le  prix  MÚge,  s'il  v  a  lieu,  dans  sa 
séance  publique  annuelle  de  1904. 

PRIX  SERRES  (7500"). 

Ce  prix  triennal  '<  sur  l'Embryologie  générale  appliquée  autant  que  possible 
n  àla  Physiologie  et  à  la  Médecine  »  sera  décerné  en  iQoS  par  l'Académie 
au  meilleur  Ouvrage  qu'elle  aura  reçu  sur  celte  importante  question. 

PRIX  DUSGATE  (sSoo"). 

Ce  prix  quinquennal  sevA  décerné,  s'il  y  a  lieu,  en  igoS,  à  l'auteur  du 
meilleur  Ouvrage  sur  les  signes  diagnostiques  de  la  mort  et  sur  les  moyens 
de  prévenir  les  inhumations  précipitées. 

PRIX  CHAUSSIER  (toooof^). 

Ce  prix  sera  décerné  tous  les  quatre  ans  au  meilleur  Livre  ou  Mémoire 
qui  aura  paru  pendant  ce  temps,  soit  sur  la  Médecine  légale,  soit  sur  la 
Médecine  pratique,  et  aura  contribué  à  leur  avancement. 

L'Académie  le  décernera  en  if)o~. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igoS.  II79 


PHYSIOLOGIE. 


PRIX  MONTYON  (yĂźof). 

r/Académie  décernera  annuellement  ce  prix  de  Physiologie  expérimen- 
tale à  l'Ouvrage,  imprime  ou  manuscrit,  qui  lui  paraßtra  répondre  le  mieux 
aux  vues  du  fondateur. 


PRIX  PHILIPEAUX  (900^^. 

Ce  prix  annuel  de  Physiologie  expérimentale  sera  décerné  dans  la  pro- 
chaine séance  publique. 


PRIX  POUR  AT  (1000"). 

L'Académie  rappelle  qu'elle  a  mis  au  concours,  pour  l'année  1904,  la 
question  suivante  : 

Les  phénomÚnes  physiques  el  chimiques  de  la  respiration  aux  grandes  alti- 
tudes, 

PRIX  MARTIN-DAMOURETTE  (i4oo'^'). 

Ce  prix  biennal,  destiné  à  récompenser  l'auteur  d'un  Ouvrage  de  Phy- 
siologie thérapeutique,  sera  décerné,  s'il  y  a  lieu,  dans  la  séance  publique 
annuelle  de  1904. 

PRIX  POURAT  (  looof'). 
(Question  proposée  pour  l'année    1900.) 

Les  origines  du  glycogĂšne  musculaire. 


II  Ho  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PRIX  L.   LA  CAZE  (loooo"). 


Ce  prix  biennal  sera  décerné,  dans  la  séance  publique  de  1907,  à  laii- 
toiir,  français  ou  étranger,  du  meilleur  travail  sur  la  Physiologie.  Il  ne 
pourra  pas  ĂȘtre  partagĂ©. 


HISTOIRE  DES  SCIENCES. 


PRIX  BINOUX  (2000"). 

Ce   prix   alternatif  sera  décerné,  en  igoS,  à    l'auteur   de  travaux  sur 
Histoire  des  Sciences. 

Voir  page  1  i6g. 


PRIX  GENERAUX. 


MEDAILLE  ARAGO. 

L'Académie,  dans  sa  séance  du  i4  novembre  1887,  a  décidé  la  fondation 
d'une  médaille  d'or  à  l'effigie  d'Araso. 

Cette  médaille  sera  décernée  par  l'Académie  chaque  fois  qu'une  décou- 
verte, un  travail  ou  un  service  rendu  Ă   la  Science  lui  paraĂźtront  dignes  de 
ce  témoignage  de  haute  estime. 


MEDAILLE  LAVOTSIER. 

L'Académie,  dans  sa  séance  du  2G  novembre  igoo.  a  décidé  la  fonda- 
tion d'une  médaille  d'or  à  l'effigie  de  I.avoisier. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igo3.  Il8l 

Cette  médaille  sera  décernée  par  l'Académie,  aux  époques  que  son 
Bureau  jugera  opportunes  et  sur  sa  proposition,  aux  savants  qui  auront 
rendu  à  la  Chimie  des  services  éminents,  sans  distinction  de  nationalité. 

Dans  le  cas  oĂč  les  arrĂ©rages  accumulĂ©s  dĂ©passeraient  le  revenu  de  deux 
annĂ©es,  le  surplus  pourrait  ĂȘtre  attribuĂ©,  par  la  Commission  administi-ative, 
Ă   des  recherches  ou  Ă   des  publications  originales  relatives  Ă   la  Chimie. 

MÉDAILLE  BERTHELOT. 

L'Académie,  dans  sa  séance  du  3  novembre  1902,  a  décidé  la  fondation 
d'une  médaille  qui  porte  pour  titre  :  «  Médaille  Berthelot  «. 

Chaque  année,  sur  la  proposition  de  son  Bureau,  l'Académie  décernera 
un  certain  nomi)re  de  «  Médailles  Berthelot  »  aux  savants  qui  auront 
obtenu,  cette  aniiée-là,  des  prix  de  Chimie  ou  de  Physique;  à  chaque 
Médaille  sera  joint  un  exemplaire  de  l'Ouvrage  intitulé  :  La  SynthÚse 
chimique. 

PRIX  MONTYON  (ARTS  INSALUBRES). 

(Prix  de   2500'''  et  mentions  de    1 5oo'''.) 

Il  sera  décerné  chaque  année  un  ou  plusieurs  prix  aux  auteurs  qui 
auront  trouvé  les  moyens  de  rendre  un  art  ou  un  métier  moins  insalubre. 

L'Académie  juge  nécessaire  de  faire  remarquer  que  les  prix  dont  il 
s'agit  ont  expressément  pour  objet  des  découvertes  et  inventions  qui  dimi- 
nueraient les  dangers  des  diverses  professions  ou  arts  mécaniques. 

Les  piĂšces  admises  au  concours  n'auront  droit  au  prix  qu'autant  qu'elles 
contiendront  une  découverte  parfaitement  déterminée. 

Si  la  piÚce  a  été  produite  par  l'auteur,  il  devra  indiquer  la  partie  de  son 
travail  oĂč  cette  dĂ©couverte  se  trouve  exprimĂ©e;  dans  tous  les  cas,  la  Com- 
mission chargée  de  l'examen  du  concours  fera  connaßtre  que  c'est  à  la  dé- 
couverte dont  il  s'agit  que  le  prix  est  donné. 

PRIX  WILDE. 

(  Un  prix  de  4 000'^''  ou  deux  prix  de  2000''.) 

M.  Henry  Wilde  a  fait  donation  à  l'Académie  d'une  somme  décent  trente- 
sept  mille  cinq  cents  Jrancs .  r>es  arrérages  de  cette  somme  sont  consacrés  à 


Il82  ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

la  fondation  à    perpétuité  d'un  prix  annuel  qui   jjorte  le   nom   de  Prix 
Wilde. 

L'Académie,  aux  termes  de  cette  donation,  a  la  faculté  de  décerner  au 
heu  d'un  seul  prix  de  quatre  mille  Jrancs,  deux  prix  de  deux  mille  francs 
chacun. 

Ce  prix  est  décerne  chaque  année  par  l'Académie  des  Sciences,  sans 
distinction  de  nationalité,  à  la  personne  dont  la  découverte  ou  l'Ouvrage 
sur  V Astronomie,  la  Physique,  la  Chimie,  la  Minéralogie,  la  Géologie  ou  la 
MÚ£anique  expérimentale  aura  été  jugé  par  l'Académie  le  plus  digne  de 
récompense,  soit  que  cette  découverte  ou  cet  Ouvrage  ait  été  fait  dans 
l'annĂ©e  mĂȘme,  soit  qu'il  remonte  Ă   une  autre  annĂ©e  antĂ©rieure  ou  postĂ©- 
rieure Ă   la  donation. 


PRIX  TCHIHATCHEF  (3  000^'). 

M.  Pierre  de  Tchihatchef  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  la  somme 
de  cent  mille  francs . 

Dans  son  testament,  M.  de  Tchihatchef  stipule  ce  qui  suit  : 

«  Les  intĂ©rĂȘts  de  cette  somme  sont  destinĂ©s  Ă   offrir  annuellement  une 
»  récompense  ou  un  encouragement  aux  naturalistes  de  toute  nationalité  qui 
»  se  seront  le  plus  distingués  dans  l'exploration  du  continent  asiatique 
»  (ou  ßles  limitrophes),  notamment  des  régions  les  moins  connues  et,  en 
»  conséquence,  à  l'exclusion  des  contrées  suivantes  :  Indes  britanniques, 
»  Sibérie  proprement  dite,  Asie  Mineure  et  Sjrie,  contrées  déjà  plus  ou 
»   moins  explorées. 

»  Les  explorations  devront  avoir  pour  objet  une  branche  quelconque 
»   des  Sciences  naturelles,  physiques  ou  mathématiques. 

»  Seront  exclus  les  travaux  ayant  rapport  aux  autres  sciences,  telles 
»   que  :  Archéologie,  Histoire,  Ethnographie,  Philologie,  etc. 

»  Il  est  bien  entendu  que  les  travaux  récompensés  ou  encouragés 
»  devront  ĂȘtre  le  fruit  d'observations  faites  sur  les  lieux  mĂȘmes  et  non  des 
»   oeuvres  de  simple  érudition.    » 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  iqo3.  Il83 


PRIX  LECONTE  (5oooof'). 

Ce  })rix  doit  ĂȘtre  donnĂ©,  en  un  seul  prix,  tous  les  trois  ans,  sans  prĂ©fĂ©rence 
de  nationalité  : 

1°  Aux  auteurs  de  découvertes  nouvelles  et  capitales  en  Mathématiques, 
Physique,  Chimie,  Histoire  naturelle,  Sciences  médicales; 

?,°  A.UX  auteurs  d'applications  nouvelles  de  C(  s  sciences,  applications  qui 
devront  donner  des  résultats  de  beaucoup  supérieurs  à  ceux  obtenus 
jusque-lĂ . 

L'Académie  décernera  le  prixEeconte,  s'il  y  a  lieu,  en  1904. 

PRIX  JEAN-JACQUES  BERGER  (i5ooo''>). 

Le  prix  Jean-Jacques  Berger  est  décerné  successivement  par  les  cinq 
Académies  à  l'OEuvre  la  plus  méritante  concernant  la  Ville  de  Paris;  \\ 
sera  décerné,  par  l'Académie  des  Sciences,  en  igo/j. 

PRIX  DELALANDE-GUÉRINEAU  (1000"). 

Ce  prix  biennal  sera  décerné  en  1904  «  au  voyageur  français  ou  au  savant 
»  qui,  l'un  ou  l'autre,  aura  rendu  le  plus  de  services  à  la  France  ou  à  la 
»  Science  » . 

PRIX  JÉRÔME  PONTI  (3  5oof'). 

Ce  prix  biennal  sera  accordé,  en  1904,  à  l'auteur  d'un  travail  scientifique 
dont  la  continuation  ou  le  développement  seront  jugés  importants  pour  la 
Science. 

PRIX  HOULLEVIGUE  (Sooof')- 

Ce  prix  est  décerné  à  tour  de  rÎle  par  l'Académie  des  Sciences  et  par 
l'Académie  des  Beaux-Arts. 

L'AcadĂ©mie  le  dĂ©cernera,  en  190'!,  dans  l'intĂ©rĂȘt  des  Sciences. 


Il  8^1  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


PRIX  CAHOURS  ('3ooo"  y 


M.  Auguste  Cahoiirs  a  légué  à  l'Académie  des  Sciences  la  somme  de 
cent  mille  francs . 

ConformĂ©ment  aux  vƓux  du  testateur,  les  intĂ©rĂȘts  de  cette  somme  se- 
ront distribués  chaque  année,  à  titre  d'encouragement,  à  des  jeunes  gens 
qui  se  seront  déjà  fait  connaßtre  par  quelques  travaux  intéressants  et  plus 
particuliĂšrement  par  des  reclierches  sur  la  Chimie. 


PRIX  SAINTOUR  (3ooof'). 
Ce  prix  annuel  est  dĂ©cernĂ©  par  l'AcadĂ©mie  dans  l'intĂ©rĂȘt  des  Sciences. 


PRIX  TREMONT  (i  loo"). 

Ce  prix  annuel  est  destiné  «  à  aider  dans  ses  travaux  tout  savant,  ingé- 
nieur, artiste  ou  mécanicien,  auquel  une  assistance  sera  nécessaire  pour 
atteindre  un  but  utile  et  glorieux  pour  la  France  ». 


PRIX  GEGNER  (38oof'). 

Ce  prix  annuel  est  destiné  «  à  soutenir  un  savant  qui  se  sera  signalé  par 
des  travaux  sérieux,  et  qui  dÚs  lors  pourra  continuer  plus  fructueusement 
ses  recherches  en  faveur  des  progrÚs  des  Sciences  positives  ». 


PRIX  LANNELONGUE  (1200"). 

Ce  prix  annuel,  fondé  par  M.  le  professeur  Lannelongue,  Membre  de 
l'Institut,  sera  donné  pour  un  but  utile,  au  choix  de  V Académie,  de  préfé- 
rence toutefois  pour  une  Ɠui're  humanitaire  d'assistance. 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    I9o3.  IlB5 


PRIX  FONDÉ  PAR  M"^  la  Marquise  DE  LAPLACE. 

Ce  prix,  qui  consiste  dans  la  collection  complĂšte  des  Ouvrages  de 
Laplace,  est  décerné,  chaque  année,  an  premier  élÚve  sortant  de  l'Ecole 
Polytechnique. 

PRIX  FÉLIX  RIVOT  (2  5oo<''). 

Ce  prix  annuel  sera  partagé  entre  les  quatre  élÚves  sortant  chaque 
annĂ©e  de  l'École  Polytechnique  avec  les  n"^'  1  et  2  dans  les  corps  des 
Mines  et  des  Ponts  et  Chaussées. 


PRIX  PETIT  D'ORMOY. 

(Deux,  prix  de  loooo''".  ) 

L'Académie  a  décidé  que,  sur  les  fonds  produits  par  le  legs  Petit  d'Or- 
moy,  elle  décernera  toa5 /e5  deux  ans  un  prix  de  dix  mille  francs  pour  les 
Sciences  mathématiques  pures  ou  appliquées,  et  un  prix  de  dix  mille,  francs 
pour  les  Sciences  naturelles.  Elle  décernera  les  prix  Petit  d'Ormoy,  s'il  y 
a  lieu,  dans  sa  séance  publique  de  irpS. 

PRIX  CUVIER  (iSoof). 

Ce  prix  triennal,  attribué  à  l'Ouvrage  le  plus  remarquable  sur  la 
Paléontologie  zoologique,  l'Anatomie  comparée  ou  la  Zoologie,  sera 
décerné  dans  la  séance  annuelle  de  rgort,  à  l'Ouvrage  qui  remplira  les 
conditions  du  concours,  et  qui  aura  paru  depuis  le  i*='  janvier  1904. 

PRIX  PARKIN  (34oof>). 

Ce  prix  triennal  e?,t  Aes\\x\é  à  récompenser  des  recherches  sur  les  sujets 
suivants  : 

«    i"  Sur  les  effets  curatifs  du  carbone  sous  ses  diverses  formes  et  plus 

C.  R.,  1903,  2"  Semestre.\(C\\\\l\,  N"25.)  1 J3 


II 86  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»   particuliÚremenl  sous  la  forme  gazeuse  ou  gaz  acide  carbonique,  dans 
M   le  choléra,  les  différentes  formes  de  fiÚvre  et  autres  maladies; 

»  2°  Sur  les  effets  de  l'action  volcanique  dans  la  production  de  maladies 
»  épidémiques  dans  le  monde  animal  et  le  monde  végétal,  et  dans  celle  des 
»  ouragans  et  des  perturbations  atmosphériques  anormales.  « 

Le  testateur  stipule  : 

«  1°  Que  les  recherches  devront  ĂȘtre  Ă©crites  en  français,  en  allemand 
»   ou  en  italien  ; 

»  2°  Que  l'auteur  du  meilleur  travail  publiera  ses  recherches  à  ses  pro- 
»  prÚs  frai>  et  en  présentera  un  exemplaire  à  l'Académie  dans  les  trois 
»   mois  qui  suivront  l'attribution  du  prix; 

»  3°  Chaque  troisiÚme  et  sixiÚme  année  le  prix  sera  décerné  à  un  tra- 
»  vail  relatif  au  premier  desdits  sujets,  et  chaque  neuviÚme  année  à  un 
»   travail  sur  le  dernier  desdits  sujets.  » 

T/ Académie  ayant  décerné  pour  la  premiÚre  fois  ce  prix  en  1897,  attri- 
buera ce  prix  triennal,  en  l'année  1906,  //  un  travail  sur  le  premier  desdits 
sujets,  conformĂ©ment  au  vƓu  du  testateur. 


PRIX  BOILEAU  (laoof"-). 

Ce  prix  me«/ia/ est  destiné  à  récompenser  les  recherches  sur  les  mou- 
vements des  fluides,  jugées  suffisantes  pour  contribuer  au  progrÚs  de 
l'Hydraulique. 

A  défaut,  la  rente  triennale  échue  sera  donnée,  à  titre  d'encouragement, 
à  un  savant  estimé  de  l'Académie  et  choisi  parmi  ceux  qui  sont  notoire- 
ment sans  fortune. 

L'Académie  décernera  le  prix  Boileau  dans  sa  séance  annuelle  de  1906. 


PRIX  JEAN  REYNAUD  (loooof--). 

M""*  yve  Jean  Reynaud,  «  voulant  honorer  la  mémoire  de  son  mari 
et  perpétuer  son  zÚle  pour  tout  ce  qui  touche  aux  gloires  de  la  France  », 
a  fait  donation  à  l'Institut  de  France  d'une  rente  sur  l'Etat  français,  de  la 
somme  de  dix  mille  francs,  destinée  à  fonder  un  prix  annuel  qui  sera  suc- 


SÉANCE    DU    21    DÉCEMBRE    igoS.  I187 

cessivemenl  décerné  par  les  cinq  Académies  «  au  travail  le  plus  méritant, 
relevant  de  chaque  classe  de  l'Institut,  qui  se  sera  produit  pendant  une 
période  de  cinq  ans  ». 

«  Le  prix  J.  Reynaud,  dit  la  fondatrice,  ira  toujours  Ă   une  Ɠuvre  origi- 
»   nale,  élevée  et  ayant  un  caractÚre  d'invention  et  de  nouveauté. 
»   Les  Membres  de  l'Institut  ne  seront  pas  écartés  du  concours. 

))  Le  prix  sera  toujours  dĂ©cernĂ©  intĂ©gralement;  dans  le  cas  oĂč  aucun 
»  Ouvrage  ne  semblerait  digne  de  le  mériter  entiÚrement,  sa  valeur  sera 
»   dclivréeà  quelque  grande  infortune  scientifique,  littéraire,  ou  artistique.  » 

L'Académie  des  Sciences  décernera  le  prix  Je;in  Reynaud  dans  sa  séance 
publique  de  l'année  1906. 

PRIX  DU  BARON  DE  JOEST '(2000^). 

Ce  prix,  décerné  successivement  par  les  cinq  Académies,  est  attribué 
à  celui  qui,  dans  l'année,  aura  fait  la  découverte  ou  écrit  l'Ouvrage  le  plus 
utile  au  bien  public.  Il  sera  décerné  par  l'Académie  des  Sciences  dans  sa 
séance  publique  de  J906. 


PRIX  PIERSON-PERRIN  (5ooof'). 

Ce  nouveau  prix  biennal,  destiné  à  récompenser  le  Français  qui  aura 
fait  la  plus  belle  découverte  physique,  telle  que  la  direction  des  ballons, 
sera  décerné,  pour  la  premiÚre  fois,  à  la  séance  publique  de  1907. 


PRIX  ESTRADE-DELCROS  (Sooof')- 

M.  Estrade-Delcros  a  légué  toute  sa  fortune  à  l'Institut.  Conformément 
à  la  volonté  du  testateur  ce  legs  a  été  partagé,  par  portions  égales,  entre  les 
cinq  classes  de  l'Institut,  pour  servir  à  décerner,  tous  les  cinq  ans,  un  prix 
sur  le  sujet  que  choisira  chaque  Académie. 

Ce  prix  ne  peut  ĂȘtre  partagĂ©.  Il  sera  dĂ©cernĂ©  par  l'AcadĂ©mie  des 
Sciences,   dans  sa  séance  publique  de  igo8. 


Il  88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CONDITIONS  COMMUNES  A  TOUS  LES  CONCOURS. 

Les  piÚces  manuscriles  ou  imprimées  destinées  aux  divers  concours  de 
l'AcadĂ©mie  doivent  ĂȘtre  directement  adressĂ©es  par  les  auteurs  au  SecrĂ©- 
tariat de  l'Institut,  avec  une  lettre  constatant  l'envoi  et  indiquant  le 
concours  pour  lequel  elles   sont  présentées. 

Les  Ouvrages  imprimĂ©s  doivent  ĂȘtre  envoyĂ©s  au  nombre  de  deux 
exemplaires. 

Les  concurrents  doivent  indiquer,  par  une  analyse  succincte,  la  partie 
de  leur  travail  oĂč  se  trouve  exprimĂ©e  la  dĂ©couverte  sur  laquelle  ils  appellent 
le  jugement  de  l'Académie. 

Les  concurrents  sont  prévenus  que  l'Académie  ne  rendra  aucun  des 
Ouvrages  ou  Mémoires  envoyés  aux  concours;  les  auteurs  auront  la  liberté 
d'en  faire  prendre  des  copies  au  Secrétariat  de  l'Institut. 


Par  une  mesure  générale,  l'Académie  a  décidé  que  la  clÎture  de  chaque 
concours  serait  fixĂ©e  au  premier  juin  de  l'annĂ©e  dans  laquelle  doit  ĂȘtre 
jugé  ce  concours. 

Le  montant  des  sommes  annoncées  pour  les  prix  n'est  donné  qu'à  titre 
d'indication  subordonnée  aux  variations  du  revenu  des  fondations. 


Nul  n'est  autorisé  à  prendre  le  titre  de  Lauréat  de  l'Académie,  s'il  n'a 
été  jugé  digne  de  recevoir  un  Prix.  Los  personnes  qui  ont  obtenu  des  ré- 
compenses, des  encouragements  ou  des  mentions,  n'ont  pas  droit  Ă   ce  titre. 


LECTURES. 


M.  Gastox  Dauhoux,    SecrĂ©taire  perpĂ©tuel,  lit   l'Éloge  historique  de 
François  Perkiek,  Membre  de  l'Académie. 

M.  B.   et  G.  D. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  IQoS. 


1189 


TABLEAUX 

DES   PRIX   DÉCERNÉS    ET    DES   PRIX   PROPOSÉS 


DANS  LA  SÉANCE  DU  LUNDI  21  DÉCEMBRE  1903. 


TABLEAU  DES  PRIX  DECERNES. 


ANNÉE  1903. 


GÉOMÉTRIE. 

Prix  FrancƓub.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M.  Emile  Leinoine 

Prix  Poncelet.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M.  Uilbert 


1097 
1097 


MÉCANIQUE. 

Prix  extraordinaire  de  six  mille  francs. 
—  Le  prix  est  partagĂ©  entre  MM.  Maugas, 
Jehenne,  Gaillard,  Germain 

Prix  Montyon.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M.  Bodin 

Prix  Plumey.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M .  Marchis 

Prix  Fourneyron.  —  Le  prix  n'est  pas  dĂ©- 
cerné  

ASTRONOMIE. 

Prix  Pierre  Guzman.  —   Le  prix  n'est  pas 

décerné 

Prix   Lalande.    —  Le   prix    est   dĂ©cernĂ©  Ă  

M.  Campbell 

Prix  Valz.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă   M.  Bor- 

relly 

Prix  G.  de  PontĂ©coulant.  —  Le  prix  est 

décerné  à  M .  //.  Andoyer 

PHYSIQUE. 

Prix  HĂ©bert.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  ii 
M.  E.  Goldstein 


1098 
1098 
1098 
■099 

■099 
‱099 
II 00 
I  lui 

io3 


Prix  Hughes.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M.  Pierre  Picard i io5 

Prix  Gaston  PlantĂ©.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ© 
Ă   !\I.  Hospitalier 1 107 

STATISTIQUE. 

Prix  Montyon.  —  Le  prix  n'est  pas  dĂ©cernĂ©. 
Des  mentions  trĂšs  honorables  sont  accor- 
dées à  MM.  Emile  Loncq,  de  Montessus 
de  Ballore,  Paul  Bazous 1107 

CHIMIE. 

Prix  Jecker.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
.M.  L.  Bouveault ii'3 

Prix  La  Caze.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M.  ^.  Gunlz iii5 

MINÉRALOGIE    ET    GÉOLOGIE. 

Prix  Delesse.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M.  Emmanuel  de  Margerie 1117 

GÉOGRAPHIE    PHYSIQUE. 

Prix  G.vy.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  au  R.  P. 
Colin 1 1  iS 

BOTANIQUE. 

Grand  Prix  des  Sciences  physiques.  ~  Le 

prix  n'est  pas  décerné mg 

Prix  ISordin.  —  Le  prix  n'est  pas  dĂ©cernĂ©.   1120 


iigo 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Prix  DesmaziĂšres.  —  Le  prix  n'est  pas  dĂ©- 
cerné      I  1  JO 

Prix  Montagne.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M.  ftené  Maire 1120 

Prix  Tiiore.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
'M.  G.  de  Istvanffi , 1 1  2:> 

ÉCONOMIE    RUIüALE. 

Prix  Bigot  de  Morogues.  —  Le  prix  est  dĂ©- 
cerné à  M.  EugÚne  flisler iiti 

ANATOMIE    ET    ZOOLOGIE. 

Prix  Savigny.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă   M.  li. 
Fourtau.  Une  mention  trĂšs  honorable  est 
accordée  à  M.  Krempf 1 1 25 

Prix  Da  Gama  Maciiado.  —  Le  prix  est  dĂ©- 
cerné à  la  comtesse  Maria  von  Linden..   1128 

MÉDECINE    ET    CHIRURGIE. 


Prix  Montyon.  —  Des  prix  sont  dĂ©cernĂ©s 
Ă   MM.  Dominici,  Jean  Camus,  Bobert 
LƓivy.  Des  mentions  sont  accordĂ©es  Ă  
MM.  Nicolle  et  Bemlinger ;  Nobecourl, 
Merkien  et  Sevin;  Ch.  Monod  et  J.  Van 
verts.  Des  citations  sont  accordées 
MM.  Lagrijfe,  Laval  et  Mallierbc . 
SĂ©gal 

Prix  Barbier.  —  Le  prix  est  partagĂ©  entre 
M.  Anthony  et  M.  Glover 

Prix  BrĂ©ant.  —  Le  prix  annuel  (arrĂ©rages) 
est  partagé  entre  M.  E.  Chambon  et  M.  A. 
Borrel 

Prix  Godard.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
MM.  Halle  el  MĂŽtz.  Une  mention  hono- 
rable est  accordée  à  M,  J.-D.  Hillairet. . 

Prix  Lallemand.  —  Le  prix  est  partagĂ© 
entre  M""  Joteyho  et  MM.  Garnier  et 
Cololian.  Une  mention  trĂšs  honorable  est 
accordée  à  M.  Giuseppe  Pagano 

Prix  du  baron  Larrey.  —  Le  prix  est  dĂ©- 
cerné à  M.  Paul  Godin.  Des  mentions 
sont  accordées  à  MAL  G.- H.  Lenioine, 
Jules  RĂ©gnault, 

Prix  Bellion.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M.  F.  Battesti.  Une  mention  trĂšs  hono- 
rable est  accordée  à  M.  B.  Glatard 

Prix  MĂšge.  —  Le  prix  (arrĂ©rages)  est  dĂ©- 
cerné à  AL  .4 .  Monprofit 

Prix  Chausbier.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M.  Alfred  Fournier 


1  i3i 


13^2 


ll/|3 


PHYSIOLOGIE. 

Prix  Montyon.  —  Le  prix  est  partagĂ©  entre 
M.  Arthus  et  M.  Victor  Henri.  Une  men- 
tion est  accordée  à  M.  Jean  Bounhiol. . . 


.46 


Prix  Philipeaux.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ© 
Ă   M.  Lucien  Daniel 11^8 

Prix  La  Gaze.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M.  Charles  Bichet i  i5o 

Prix  Pouhat.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M.  J.  DenoyÚs.  Une  mention  est  accordée 
Ă   MM.  Begnier  et  Bruhat i  i3i 

histoire    des    SCIENCES. 

Prix  Binoux.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M .  H. -G.  Zeuthen 1 1 ,53 


PRIX    GÉNÉRAUX. 

MÉDAILLE  Lavoisier.  —  La  mĂ©daille  Lavoi- 
sier  est  décernée  à  .M.  Cari  Graebe 

MĂ©daille  Berthelot.  —  Des  mĂ©dailles  Ber- 
thelot  sont  accordées  à  MM.  Cari  Graebe, 
Bouveault,  Gunlz,  Chavanne,  Victor 
Henri,   Arthus,    Capelle 

Prix  Montyon  (Arts  insalubres).  —  Le  prix 
n'est  pas  décerné.  Une  mention  est  accor- 
dée à  M.  Edouard  Capelle 

Prix  Wilde.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M.  Collet 

Prix  TcHinATciiEF.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ© 
Ă   M.  Sven  Hedin 

Prix  Cuvier.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M.  EugĂšne  Simon 

Prix  Parkin.  ~  Le  prix  est  partagé  entre 
M.  Lacroix  et  M.  Giraud 

Prix  Petit  d'Okmoy  (Sciences  mathéma- 
tiques). —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă   M.  J, 
Hadamard 

Prix  Petit  d'Ormoy  (Sciences  naturelles). 
—  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă   M.  Bernard 
Benault 

Prix  Boileau.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M.  .Mariu^-Georges  Grandjean 

Paix  Estrade-Delohos.  —  Le  prix  esl  dĂ©- 
cerné à  AL  Léon  Teisserenc  de  Bort 

Prix  Cahour.s.  —  Le  prix  est  partage  entre 
M.  Marquis  et  M .  Chavanne ...    

Prix  Saintour.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M.  Marcel  Brillouin 

Prix  Tre.mont.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M.  Ch .  Frëmont 

Prix  Gegner.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  a 
M.  /.-//.  Fabrc 

Prix  Lannelonc.ue.  —  Le  prix,  dĂ©cernĂ© 
pour  la  premiÚre  fois,  est  attribué  à 
M"°  V"  Nepveu 

Prix  Laplace.  —  Le  prix  est  dĂ©cernĂ©  Ă  
M.  Bcmy 

Prix  FĂ©lix  Rivot.  —  Le  prix  est  partagĂ© 
entre  MM.  BĂ©nty,  Breynaert,  Gillier, 
Bouteloup 


1 153 

1154 
u54 
ii55 

I  ij6 
1159 

'139 

II 60 

II  Gi 
1161 
ii63 
m63 
11G4 
u64 

1 164 
1164 

1165 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igoS. 


1191 


PRIX  PROPOSES 

pour  les  années   1904,   1905,    1906  et   1907. 


géométrie. 

1904.  Grand  prix  des  Sciences  mathéma- 
tiques. —  Perfectionner,  en  quelque  point 
important,  l'Ă©tude  de  la  convergence  des 
fractions  continues  algébriques 1 165 

1904.  Prix  Bordin.  —  DĂ©velopper  et  per- 
fectionner la  théorie  des  surfaces  appli- 
cables sur  le  paraboloïde  de  révolution..    ii6G 

1904.  Prix  Vaillant.  —  DĂ©terminer  et  Ă©tu- 
dier tous  les  déplacements  d'une  figure 
invariable  dans  lesquels  les  différents 
points  de  la  figure  décrivent  des  courbes 
sphériques 1166 

1904.  Prix  FrancƓur 1 166 

1904.  Prix  Poncelet i'')6 


mecanique. 

1904.  Prix  extraordinaire  de  six  mille 
FRANCS. —  DestinĂ©  Ă   rĂ©compenser  tout  pro- 
grÚs de  nature  à  accroßtre  l'efficacité  de 
nos  forces  navales 1 1^7 

1904.  Prix  Montyon 1 167 

1904.  Prix  Plumey ; 1 167 

1905.  Prix  Fourneyron. —  Étude  thĂ©orique 
ou  expérimentale  sur  les  turbines  à  va- 
peur      1 1^7 


astromomie. 

1904.  Prix  Pierre  Guzman 1168 

1904.  Prix  Lalande i  ifiS 

1904.  Prix  Valz h'j8 

1904.  Prix  Janssen.  —  MĂ©daille  d'or  des- 
tinée à  récompenser  la  découverte  ou  le 
Travail  faisant  faire  un  progrés  important 

Ă   l'Astronomie  physique i  ifiS 

1905.  Prix  G.  de  Pontecoulant iiUn 

1905.  Prix  Damoiseau.  —  Il  existe  une  di- 
zaine de  comĂštes  dont   l'orbite,   pendant 

la  périotle  de  visibilité,  s'est  montrée  de 
nature  hyperbolique.  Rechercher,  en  re- 
montant dans  le  passé  et  tenant  compte 
des  pertuibations  des  planĂštes,  s'il  en 
était  ainsi  avant  l'arrivée  de  ces  comÚtes 
dans  le  systĂšme  solaire i  i'i<) 


géographie  et  navigation. 
1904.  Prix  Binoux 169 

physique. 

1904.  Prix  HĂ©bert 1170 

1904.  Prix  Hughes 1170 

190i.  Prix  Kastner-Boursault 1170 

1905.  Prix  Gaston  Plante 1170 

1905.  Prix  L.  Lac.aze 1 170 

statistique. 
1904.  Prix  Montyon 1171 

CHIMIE. 

1904.  Prix  Jecker 1171 

1905.  Prix  L.  La  Gaze 1171 

1905.  Prix  Bordin.  —  Des  siliciures  et  de 

bnir  rÎle  dans  les  alliages  métalliques  ...    1 171 

MINÉRALOGIE    ET    GÉOLOGIE. 

1905.  Prix  Delesse 1172 

1905.  Prix  Fontannes 1172 

1905.  Prix  Alhumbert.  —  Étude  sur  l'ñge 
des  derniĂšres  Ă©ruptions  volcaniques  de  la 
Fiance 1172 

GÉOGRAPHIE    PHYSIQUE. 

1904.  Prix  Gay.  —  Étudier  les  variations 
actuelles  du  niveau  relatif  de  la  terre 
ferme  et  de  la  mer,  Ă   l'aide  d'observations 
précises,  poursuivies  sur  une  portion  dé- 
terminée des  cÎtes  de  l'Europe  ou  de 
l'Amérique  du  Nord 1 172 

1905.  Prix  Gay.  —  Le  prix  sera  attribuĂ©  Ă  
un  explorateur  du  Continent  africain  qui 
aura  déterminé  avec  une  graiule  précision 
les  coordonnées  géographiques  des  points 
principaux  de  ses  itinéraires 1173 

botanique. 

1905.  Grand  prix  des  Sciences  physiques. 
—  Hechercher  et  dĂ©montrer  les  divers 
modes  de  formation  et  de  développement 


192 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


de  l'Ɠuf  chez  les  Ascomycùtes  et  les  Basi- 

iliomycĂšles 1 1-^;-! 

1904.  Prix  DesmaziĂšres 11-3 

1904.  Prix  Montagne 1 1^^ 

1904.  Prix  de  la  Fons-Melicocq 117^ 

1905.  Prix  Thore 1,-4 

Ă©conomie    rurale. 
1913.  Prix  Bigot  de  Morogues n-4 

anatomie  et  zoologie. 

1904.  Prix  Savigny 1175 

1904.  Prix  Thore 1 175 

1906.  Prix   da   Gama  Maohado 11 75 


MEDECINE    ET    CHIRURGIE. 

1904.  Prix  Montyon i 

1904.  Prix  Barbier i 

1904.  Prix  Breant i 

1904.  Prix  Godard i 

1904.  Prix  Lallemand i 

1904.  Prix  du  baron  Larrey i 

1904.  Prix  Bellion i 

1904.  Prix  MĂšge i 

1905.  Prix  Serres i 

1905.  Prix  Dusgate i 

1907.  Prix  Chaussier i 


.75 
.76 
.76 

'77 
'77 
'77 
'77 
.78 
178 
178 
.78 


PHYSIOLOGIE. 


1904.  Prix  Montyon i  '79 

1904.  Prix  Piiilipeaux 11 79 

1904.  Prix  Pourat.  —  Les  phĂ©nomĂšnes  phy- 
siques et  chimiques  de  la  respiration  aux 
grandes  altitudes "79 


1904.  Prix  Martin-Damourette 1179 

1905.  Prix  Pocrat.  —  Les  origines  du  gly- 
cogĂšne  musculaire "79 

1907.  Prix  L.  La  Gaze 1180 


HISTOIRE    DES    SCIENCES. 


1905.  Prix  Binoux 118 


PRIX    GENERAUX. 

MÉDAILLE  ABAGO I  iSo 

MÉDAILLE   LaVOISIER I  l8o 

1904.  MĂ©daille  Berthelot 1181 

1904.  Prix  Montyon,  Arts  insalubres 1181 

1904.  Prix  Wilde 1181 

1904.  Prix  Tchihatchef 1 181! 

19U4.  Prix  Leconte 1 183 

1904.  Prix  Jean-Jacques  Berger ii83 

1904.  Prix  Delalande-Guérineau ii83 

1904.  Prix  JÉRÙME  Ponti ii83 

l'.i04.  Prix  Houllevigue ii83 

1904.  Prix  Caiiours 1 184 

1904.  Prix  Saintour 1184 

1904.  Prix  Tremont u84 

1904.  Prix  Gegner 1184 

1904.  Prix  Lannelongue 1 184 

1904.  Prix  Laplace 1 185 

1904.  Prix  Rivot 1 185 

1905.  Prix  Petit  d'Ormoy n85 

1906.  Prix  CuviER ii85 

1900.  Prix  Parkin ii85 

1906.  Prix  Boileau 1186 

1906.  Prix  Jean  Reynaud 1186 

1906.  Prix  du  Baron  de  Joest 1)87 

1907.  Prix  Pierson-Perrin 11S7 


1908.  Prix  Estrade-Delcros 1 187 


Conditions  communes  Ă   tous  les  concours n88 

Avis  relatif  au  titre  de  Lauréat  de  l'Académie  ii88 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  igoS. 


II93 


TABLEAU  PAR  ANNÉE 

DES    PRIX     PROPOSÉS     POUR    1904,    1905,    1906    ET    1907. 


190i 


GÉOMÉTRIE. 

Grand  prix  des  Sciences  mathiümatiques.  — 
Perfectionner,  en  quelque  point  important,  l'Ă©tude 
de  la  convergence  des  fractions  continues  algé- 
briques. 

Prix  Bordin.  —  DĂ©velopper  et  perfectionner 
la  théorie  des  surfaces  applicables  sur  le  parabo- 
loïde  de  révolution. 

Prix  Vaillant.  —  DĂ©terminer  et  Ă©tudier  tous 
les  déplacements  d'une  figure  invariable  dans 
lesquels  les  dilTérents  points  de  la  figure  dé- 
crivent des  courbes  sphériques. 

Prix  FrancƓur.  —  DĂ©couvertes  ou  travaux 
utiles  au  progrés  des  Sciences  mathématiques 
pures  et  appliquées. 

Prix  Poncelet.  —  DĂ©cernĂ©  Ă   l'auteur  de  l'Ou- 
vrage le  plus  utile  au  progrĂšs  des  Sciences  ma- 
thématiques pures  ou  appliquées. 


MÉCANIQUE. 

Prix  extraordinaire  de  six  mille  francs.  — 
Progrés  de  nature  à  accroßtre  l'efficacité  de  nos 
forces  navales. 

Prix  Montyon. 

Prix  Plumey.  —  DĂ©cernĂ©  Ă   l'auteur  du  per- 
fectionnement des  machines  Ă   vapeur  ou  de  toute 
autre  invention  qui  aura  le  plus  contribué  aux 
progrĂšs  de  la  navigation  Ă   vapeur. 


ASTRONOMIE. 

Prix  Pierre  Guzman.  —  DĂ©cernĂ©  Ă   celui  qui 
aura  trouvé  le  moyen  de  communiquer  avec  un 
astre  autre  que  Mars. 

A  dĂ©faut  de  ce  prix,  les  intĂ©rĂȘts  cumulĂ©s  pen- 
dant cinq  ans  seront  attribués,  en  1900,  à  un  sa- 
vant qui  aura  fait  faire  un  progrĂšs  important  Ă  
l'Astronomie. 

Prix  Lalande. 


Prix  Valz. 
Prix  Jans.sen. 


Astronomie  physique. 


C.  R.,  190.5,  3'  Semestre.  (CWWn,  N"25.  ) 


géographie  ou   navigation. 
Prix  Binoux. 

physique. 

Prix  HĂ©bert.  —  DĂ©cernĂ©  Ă   l'auteur  du  meil- 
leur traité  ou  de  la  plus  utile  découverte  pour 
la  vulgarisation  et  l'emploi  pratique  de  l'Élec- 
tricité. 

Prix  Hughe.s.  —  DĂ©cernĂ©  Ă   l'auteur  d'une  dĂ©- 
couverte ou  de  travaux  qui  auront  le  plus  con- 
tribué aux  progrÚs  de  la  Physique. 

Prix  Kastner-Boubsault.  —  DĂ©cernĂ©  Ă   l'au- 
teur du  meilleur  travail  sur  les  applications 
diverses  de  l'ÉlectricitĂ©  dans  les  Arts,  l'Industrie 
et  le  Commerce, 

statistique. 
Prix  Montyon. 

CHIMIE. 

Prix  Jecker.   —  Chimie  organique. 

GÉOGRAPHIE    PHYSIQUE. 

Prix  G.\y.  —  Étudier  les  variations  actuelles 
du  niveau  relatif  de  la  terre  ferme  et  de  la  mer, 
à  l'aide  d'observations  précises,  poursuivies  sur 
une  portion  déterminée  des  cÎtes  de  l'Europe  ou 
de  l'Amérique  du  Nord. 

BOTANIQUE. 

Prix  DesmaziĂšres.  —DĂ©cernĂ©  Ă   l'auteur  de 
l'Ouvrage  le  plus  utile  sur  tout  ou  partie  de  la 
Cryptogamie. 

i56 


I  '  9^ 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Prix  IMontagniĂź.  —  DĂ©cernĂ©  aux  auteurs  de 
travaux  importants  ayant  pour  objet  l'Anatomie, 
la  Physiologie,  le  développement  ou   la    descrip- 


iti    »   Il  j  rMun/pic,   le    uc  vciupfjciiicill. 

tion  des  Cryptogames  inférieures. 

Pliix    DK    LA    KoNS-MÉLicocQ.  —    DĂ©cernĂ©   au 

le   nord  de 


mei 


....^     ....     ^„     .  «.,o-l\IÉLIC0CU.    —     ^ 

illeur   Ouvrage  de  Botanique  sur 
7»..»».^      «»„^i    A    j;„„   .^ 1^,.    ,1,'. 


Ăąge  ue  liOLanique  sur  le  nora  ae 
la  l'Kiiii^i;,  i-cst-à-dire  sur  les  départements  du 
Nord,  du  Pas-de-Calais,  des  Ardenncs,  de  la 
Somme,  de  l'Oise  et  de  l'Aisne. 


anatomie  et  zoologie. 

Prix  Savigny,  fondĂ©  par  M""  Lelcllier.  —  OĂ©- 
cerné  à  de  jeunes  zoologistes  voyageurs  qui  ne 
recevront  pas  de  subvention  du  Gouvernement 
et  qui  s'occuperontplus  spécialementdes  animaux 
sans  vertĂšbres  de  l'Egypte  et  de  la  Syrie. 

Prix  Thork.  —  DĂ©cernĂ©  aux  recherches  sur 
les  mƓurs  ou  l'anatomie  d'une  espùce  d'Insectes 
d'Europe. 


medec.ike  et  chiiiuiigie. 

Prix  Montyon. 

Prix  Barbier.  —  DĂ©cernĂ©  Ă   celui  qui  fera  une 
découverte  précieuse  dans  les  Sciences  chirurgi- 
cale, médicale,  pharmaceutique,  et  dans  la  Bo- 
tanique ayant  rapport  à  1  art  de  guérir. 

Prix  Brkant.  —  DĂ©cernĂ©  Ă   celui  qui  auia 
trouvé  le  moyen  de  guérir  le   choléra   asiatique. 

Prix  Godard.  —  Sur  l'anatomie,  la  physiologie 
et  la  pathologie  des  organes  génito-urinaires. 

Prix  Lallemand.  —  DestinĂ©  Ă   rĂ©compenser  ou 
encourager  les  travaux  relatifs  au  systĂšme  ner- 
veux, dans  la  plus  large  acception  des  mots. 

Prix  du  baron  Larrey.  —  Sera  dĂ©cernĂ©  Ă   un 
médecin  ou  à  un  chirurgien  des  armées  de  terre 
ou  de  mer  pour  le  meilleur  Ouvrage  présenté  à 
l'Académie  et  traitant  un  sujet  de  Médecine,  de 
Chirurgie  ou  d'HygiĂšne  militaire. 

Prix  Bellion,  fondĂ©  par  M"*  Foehr.  —  DĂ©- 
cerné à  celui  qui  aura  écrit  des  Ouvrages  ou  fait 
des  découvertes  surtout  profitables  à  la  santé 
de  l'homme  ou  à  l'amélioration  de  l'espÚce  hu- 
maine. 

Prix  MĂšoe.  —  DĂ©cernĂ©  Ă   celui  qui  aura  con- 
tinue et  complété  l'essai  du  D'  MÚge  sur  les 
causes  qui  ont  retardé  ou  favorisé  les  progrés  de 
la  MĂ©decine. 

PHYSIOLOGIE. 

Prix  Montyon.  —  Physiologie  expĂ©rimentale. 

Prix  Piiilipeaux.  -  Pliysiologie  expérimentale. 

Prix  I'ourat.  —  Les  phĂ©nomĂšnes  physiques  et 
chimiques  de  la  respiration  aux  grandes'altitudes. 

Prix  Mabtin-Damourette.  —  Physiologie  thĂ©- 
rapeutique. 


PRIX     GE^'KllAtJ\'. 

MĂ©daille  .4rago.  —  Celte  mĂ©daille  sera  dĂ©- 
cernée par  l'Académie  chaque  fois  qu'une  décou- 
verte, un  travail  ou  un  service  rendu  Ă   la  Science 
lui  paraßtront  dignes  de  ce  témoignage  de  haute 
estime. 

MĂ©daille  Lavoisier.  —  Cette  mĂ©daille  sera  dĂ©- 
cernée par  l'Académie  tout  entiÚre,  aux  époques 
que  son  Bureau  jugera  opportunes  et  sur  sa  pro- 
position, aux  savants  qui  auront  rendu  Ă   la  Chi- 
mie des  services  Ă©minents,  sans  distinction  de 
nationalité. 

MÉDAILLE  Bertiielot.  —  DĂ©cernĂ©e,  sur  la  pro- 
position du  Bureau  de  l'-icadémie,  à  des  lauréats 
de  prix  de  Chimie  et  de  Physique. 
Prix  Montyon.  —  Arts  insalubres. 
Prix  H.  Wilde. 

Prix  Tciiiiiatchef.—  DestinĂ©  aux  naturalistes 
de  toute  nationalité  qui  auront  fait,  sur  le  conti- 
nent asiatique  (ou  Ăźles  limitrophes),  des  explo- 
rations ayant  pour  objet  une  branche  quelconque 
des  Sciences  naturelles,  physiques  ou  mathéma- 
tiques. 

Prix  Leconte.  —  DĂ©cernĂ©  :  i°  aux  auteurs  de 
découvertes  nouvelles  et  capitales  en  Mathéma- 
tiques, Physique,  Chimie,  Histoire  naturelle, 
Sciences  médicales  ;  a°  aux  auteurs  d'applications 
nouvelles  de  ces  sciences,  applications  qui  devront 
donner  des  résultats  de  beaucoup  supérieurs  à 
ceux  obtenus  jusque-lĂ . 

Prix  J.-J.  Berger.  —  DĂ©cernĂ©  Ă   l'oeuvre  la  plus 
méritante  concernant  la  Ville  de  Paris. 
Prix  Delalande-Guérineau. 
Prix  JĂ©ro.me  Ponti. 
Prix  Houllevigue. 

Prix  Caiiouks.  —  DĂ©cernĂ©,  Ă   titre  d'encoura- 
gement, à  des  jeunes  gens  qui  se  seront  déjà  fait 
connaßtre  par  quelques  travaux  intéressants  et 
plus  particuliĂšrement  par  des  recherches  sur  la 
Chimie. 
Prix  Saintour. 

Prix  TrĂ©mont.  —  DestinĂ©  Ă   tout  savant,  artiste 
ou  mécanicien  auquel  une  assistance  sera  néces- 
saire pour  atteindre  un  but  utile  et  glorieux  pour 
la  France. 

PrixGegner.  —  DestinĂ©e  soutenir  un  savant 
qui  se  sera  distingué  par  des  travaux  sérieux 
poursuivis  en  faveur  du  progrés  des  Sciences 
positives. 

Prix  Lannelongue.  —  DonnĂ©  pour  un  but 
utile,  de  prĂ©fĂ©rence  toutefois  pour  une  Ɠuvre 
humanitaire  d'assistance. 

Prix  Laplace.  —  DĂ©cernĂ©  au  premier  Ă©lĂšve 
sortant  de  l'École  Polytechnique. 

Prix  Rivot.  —  PartagĂ©  entre  les  quatre  Ă©lĂšves 
sortant  chaque  annĂ©e  de  l'École  Polytechnique 
avec  les  n""  1  et  2  dans  les  corps  des  .Mines  et 
des  Ponts  et  Chaussées. 


SÉANCE  DU  21  DÉCEMBRE  IpoS. 


1195 


190d 


Grand  prix  des  Sciences  physiques.  —  Re- 
chercher et  démontrer  les  divers  modes  de  for- 
mation et  de  dĂ©veloppement  de  l'Ɠuf  chez  les 
Ascomycéles  et  les  Basidiomycéles. 

Prix  Boudin.  —  Des  siliciures  et  de  leur  rîle 
dans  les  alliages  métaliiijues. 

Prix  Fourneyron.  —  Étude  thĂ©orique  ou  expĂ©- 
rimentale sur  les  turbines  Ă   vapeur. 

Prix  G.  de  Pontecoulant.  —  MĂ©canique  cĂ©- 
leste. 

Prix  Damoiseau.  —  Il  existe  une  dizaine  de 
comÚtes  dont  Torbite,  pendant  la  période  de 
visibilité,  s'est  montrée  de  nature  hyperbolique. 
Rechercher,  en  remontant  dans  le  passé  et  tenant 
compte  des  perturbations  des  planĂštes,  s'il  en 
était  ainsi  avant  l'arrivée  de  ces  comÚtes  dans  le 
systĂšme  solaire. 

Prix  Gaston  PlantĂ©.  —  DestinĂ©  Ă   l'auteur  fran- 
çais d'une  découverte,  d'une  invention  ou  d'un 
travail  important  dans  le  domaine  de  l'ÉlectricitĂ©. 

Prix  La  Gaze.  —  DĂ©cernĂ©  aux  Ouvrages  ou 
Mémoires  qui  auront  le  plus  contribué  aux  pro- 
grés de  la  Chimie  et  de  la  Physique. 

Prix  Delesse.  —  DĂ©cernĂ©  Ă   l'auteur,  français 
ou  Ă©tranger,  d'un  travail  concernant  les  Sciences 


géologiques  ou,  à  défaut,  d'un  travail  concernant 
les  Sciences  minéralogiques. 

Prix  Fontannes.  —  Ce  prix  sera  dĂ©cernĂ©  Ă  
l'auteur  de  la  meilleure  publication  paléontolo- 
gique. 

Prix  Aliiumbert.  —  Élude  sur  l'ñge  des  der- 
niĂšres Ă©ruptions  volcaniques  de  la  France. 

Prix  Gay. —  Le  prix  sera  attribuĂ©  Ă   un  explo- 
rateur du  Continent  africain  qui  aura  déterminé 
avec  une  grande  précision  les  coordonnées  géo- 
graphiques des  points  principaux  de  ses  itiné- 
raires. 

Prix  Thore.  —  Botanique. 

Prix  Dusgate.  —  DĂ©cernĂ©  au  meilleur  Ouvrage 
sur  les  signes  diagnostiques  de  la  mort  et  sur 
les  moyens  de  prévenir  les  inhumations  préci- 
pitées. 

Prix  Serres.  —  DĂ©cernĂ©  au  meilleur  Ouvrage 
sur  l'Embryologie  générale  appliquée  autant  que 
possible  Ă   la  Physiologie  et  Ă   la  MĂ©decine. 

Prix  Pourat.  —  Les  origines  du  glycogùne 
musculaire. 

Prix  Binoux.  —  Histoire  des  Sciences. 

Prix  Petit  d'Ormoy.  —  Sciences  mathĂ©ma- 
tiques pures  ou  appliquées  et  Sciences  naturelles. 


1906 


Prix  Da  Gama  Maciiado.  —  DĂ©cernĂ©  aux  meil- 
leurs Mémoires  sur  les  parties  colorées  du  sys- 
tÚme téguinentaire  des  animaux  ou  sur  la  matiÚre 
fĂ©condante  des  ĂȘtres  animĂ©s. 

Prix  Cuvier.  —  DestinĂ©  Ă   l'Ouvrage  le  plus 
remarquable  soit  sur  le  rĂšgne  animal,  soit  sur  la 
GĂ©ologie. 

Prix  Parkin.  —  DestinĂ©  Ă   rĂ©compenser,  cette 
année,  des  recherches  sur  les  effets  curatifs  du 
carbone  sous  ses  diverses  formes. 


Prix  Boileau.  —  Hydraulique. 

Prix  Jean  Reynaud.  —  DĂ©cernĂ©  Ă   l'auteur  du 
Travail  le  plus  méritant  qui  se  sera  produit  pen- 
dant une  période  de  cinq  ans. 

Prix  du  Baron  de  Joest.  —  DĂ©cernĂ©  Ă   celui 
qui,  dans  l'anuée,  aura  fait  la  découverte  ou  écrit 
l'Ouvrage  le  plus  utile  au  bien  public. 


1907 


Prix  Chaussier.  —  DĂ©cernĂ©  Ă   l'auteur  du  meil- 
leur Ouvrage,  soit  sur  la  Médecine  légale,  soit  sur 
la  MĂ©decine  pratique,  qui  aura  paru  pendant  les 


quatre  années  qui  auront  précédé  le  jugement  de 
TAcadémie. 

Prix  La  Caze.  —  DĂ©cernĂ©    aux   Ouvrages  ou 


Iiq6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Mémoires  qui  auront  le  plus  contribué  aux  pro-   1       Prix  Pierson-Peruin.    -  Décerné  au  Français 
grÚs  de  la  Physiologie.  |   qui  aura  fait  la  plus  belle  découverte  physique. 


1908 


Prix   Estrade-Delcro.s. 


1913 

Prix  Bigot  de  Moroouks.  —  DĂ©cernĂ©  Ă    l'auteur  de  l'Ouvrage  qui  aura  fait  faire  le  plus  de  pro- 
grĂšs Ă   l'Agriculture  en  France. 


On  souscrit  Ă   Paris,  chez  GAUTHIER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  n°  55. 

s  i835  les  COMPTES  RENDUS  hebdomadaires  paraissent  réguliÚrement  le  Dimanche.  Ils  forment,  à  la  fin  de  l'année,  deux  volumes  ln-4».  Deux 
Tune  par  ordre  alphabétique  de  matiÚres,  l'autre  par  ordre  alphabétique  ae  noms  d'Auteurs,  terminent  chaque  -volume.  L'abonnement  est  annuel 

lu  i"  Janvier.  ,    ,;  ,  ^    :    :    ■      ‱  i      -, 

Le  prix  lie  Pabonnement  est  fixe  mnsi  qu  il  suit  : 

Paris  :  30  fr.  —  DĂ©parlements  :  40  fr.  —  Union  postale  :  44  fr. 


On  souscrit,  dans  les  DĂ©partements, 


chei  Messieurs  : 
Ferran  IrĂšres. 

I  Cbaix. 
l Jourdan. 
(  Ruff. 

Courtin-Hecquel. 
i  Germain  etGrassin. 

Gastineau. 

^ JĂ©rĂŽme. 

RĂ©gnier. 

.  Feret. 

c Laurens. 

I  Muller  (G.). 

Renaud. 

.  Derrien. 
\  F.  Robert. 

Oblin. 

Uzel  frĂšres. 

Jouan. 

Perrin. 
(  Henry. 
(  Marguerie. 

^  Juliot. 
(  Bouy. 
Nourry. 

■. Ratel. 

'  Rey. 

\  Lauverjat. 

(  Degez. 

If  Drevel. 

I  Gratier  et  C'«. 

\lle Foucher. 


Lorient. 


'.-Ferr.. 


\  Bourdignon. 
\  Dombre. 
)  Thorez. 
I  Quarré. 


chez  Messieurs  : 
I  Baumal. 
I  M"'  Texier. 

Bernoux  et  Cumin. 
^  Georg. 

f^yon (  Effantin. 

)  Savy. 
1  Vitte. 

Uarseille RuĂąt. 

^Valat. 

I  Coulel  et  fils. 
Martial  Place. 

!  Jacques. 
Grosjean-Maupin. 
,  Sidot  frĂšres. 
(  Guist'Uau. 
(  Veloppé. 

,  Barnia. 

\  Appy, 

NĂźmes.. . .-'. .' Thibaud . 

Orléans    Loddé. 

1  Blanchier. 

''<"''«" ‱‱     (LĂ©vner. 

Rennes Plihon  et  Hervé. 

Rochefort .       Girard  (  M""  ) 

j  Langlois. 

"""«" !  Lestringant. 

S'-Élienne Chevalier. 

I  Ponleil-Burles. 

)  Runiébe. 

)  Gimel. 

i  PrivĂąt. 

,  Boisselier. 
Tours PĂ©ricat. 

'  Suppligeon. 

,  Giard. 

/  LemaĂźtre. 


Montpellier . . 
Moulins 


N au  tes 
Nice. . . 


On  souscrit,  à  l'Étranger, 


chez  Messieurs  : 


Amsterdam. 


Feikema    Caarelsen 


Toulon. . . 
Toulouse.. 


Vatenciennes.. 


I      et  C-. 

AthĂšnes Beck. 

Rarcelone Verdaguer. 

I  Asher  et  C'v 

„     ,.  I  Dames. 

Berlin „       ,,      j  ,    Kl 

,  Friedlander  et   nls. 

'  Mayer  et  Muller. 

Berne Schmid  Francke. 

Bologne Zanichelli. 

j  Lamertin. 
Bruxelles Mayolezel  ^udiarte. 

I  Lebégue  et  G". 

(  Sotchek  et  0°. 

Bucharesi ,  .  ,     ,    , 

/  Alcalay. 

Budapest Kilian. 

Cambridge.. Deiglilon,  BelletC". 

Christiania Cammermeyer. 

Constantinople.  .     Otto  Keil. 

Copenhague Host  et  fils. 

Florence Seeber. 

Gand Hoste. 

GĂšnes Beut. 

Cherbuliez. 

GenĂšve Georg. 

[  Stapelniobr. 

La  Haye '    .     Belinfanle  frĂšres. 

I  Benda. 

/  Payot  et  C*. 

,  Barlh. 


chez  Messieurs  : 

I  Dulau. 
Londres Hachette  et  C". 

'  Nutt. 
Luxembourg....     V.  Biick. 

I  Ruiz  et  G'*. 

Madrid )  R<""°  y  F"ssel. 

I  Capdeville. 
l  F.  FĂ©. 
Bocca  frĂšres. 
HƓpli. 
Moscou Taatevin. 


Milan. 


Rome . 


Lausanne.. 


Leipzig. 


LiĂšge. 


Brockhaus. 
IvƓhler. 
Lorentz. 
Twietmeyer. 

j  Desoer. 
(  Gnusé. 


Naples (Marghieri  dj  G.u,. 

\  Pellerano. 

(  Dyrsen  et  Pfeiffer. 
\e<v-york I  Stechert. 

'  LemckeetBuechner 

Odessa Rousseau. 

Oxford Parker  et  C" 

Palerme Reber. 

Porto Magalhaés  et  Mooi». 

Prague Rivnac. 

Rio-Janeiro Garnier. 

Bocca  frĂšres. 

Loescheret  C''. 

Rotterdam.. Kramers  et  fils 

Stockholm Nordisk»  Bogbandal. 

1  Zinserling. 
S'-Petersbourg..  j  ^^|j 

[  Bocca  frĂšres. 

Brero. 

Clausen. 

(  RosenbergelSellier. 

Varsovie Gebethner  et  Wolfl. 

VĂ©rone Drucker. 

l  Frick. 
Vienne..........  j  gerold  et  C-. 

ZUrich Meyer  et  Zeller. 


Turin . 


ES  GÉNÉRALES  DES  COMPTES  RENEDS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 

Tomes  l-'  à  31.  -  (3  Août  i835  à  3i  Décembre  i85o.)' Volume  in-.i°;  i863.  Pri-K.. 25  fr. 

Tomes  32  a  61.  -  (i"  Janvier  .8m  Ă   3i  DĂ©cembre  .865.)  Va  urne  m-j-,  .870.  Pnx 25   r. 

Tomes  62à  91.  -  (  ."^  Janvier  .8(56  à  3i  Docembre  18S0.)  Volume  in--v  ;  18*9.  t  iiis. ^o     ‱ 

Tomes  92  à  121.  -  ( ."  Janvier  .88.  à  3.  Décembre  .895.)  Volume  in-4°;  .900.  Pr.K 25  fr. 

PLÉMENT  AUX  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADEMIE  DES  SCIENCES  : 

V    [>sftBK3  et  \-J  -J    SoLiER   -MĂ©moire  sur  le  Calcul  des  Perturbations  qu'Ă©prouvent 

r«'^Ht^;r^'*vi^!;^::;^t'fe'ĂŻ^c;l;al'::':^Hl^ĂȘ^  part.cuUĂ©re,aeat  dans   la    d.gest.o^des 

*}isse.,  par  M.   Cl.uoe  B.av.ao.   Volu  ne  in-4-,  avec  3.  Pl-^^'^^^i,'^^^-;;;--:::  ĂŻ;;  :;,;::V  :■::„:::■:;;;;::;;„■  ;85;"DĂ r  TAcadĂ©mie  des  Sciences 

les  différents  terrains 
nĂ©e.  —  Rechercher  la 
ches;  1861 25  fr. 

,  mĂȘme  Librairie  les  MĂ©moires  de  l'AcadĂ©mie  des  Sciences,  et  les  MĂ©moires  prĂ©sentĂ©s  par  divers  Savants  Ă   l'AcadĂ©mie  des  Sciences. 


N"  25. 

TABLE  DES  ARTICLES 

(Séance  publique  annuelle  du  21   décembre   iyo3). 


Allocution  dp  M.  Albert  Gaudrv 11189 

Prix  décernés iwfj 

Prix  proposés 1 16 j 

Tableau  des  prix  décernés j  iSg 

Tableau  des  prix  proposés 1 191 

Tableau  par  année  des  prix  proposés 1  n|3 


GAUTHIER-VILIiARS,    Imprimeur-Éditeur, 

QUAI    DRS   GRANDS-AUGISTINS,    55,    A    PARIS  (  G'). 

COMPTES  RENDUS 

DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES, 

PUBLIÉS    PAU    LES    SECRÉTAIRES    PERPÉTUELS. 

Par  décision  de  l'Académie  des  Sciences,   les  prix  de  l'abonnement  et  des  collections  sont 
désormais  fixés  ainsi  qu'il  suii  : 

PRIX  DE  L'ABONNEMENT  : 

Paris 30  fr.  |  DĂ©partements 40  fr.  |  Étranger 44  fr. 

Chaque  année,  sauf  iS^j,  187S  à  1892,  1896  à  1898,  se  vend  séparément 25  fr. 

Chaque  volume,  sauf  les  Tomes  20,  21,  76  à  108,  110,  112,  114,  115,  122  à  127,  se  vend  sépa- 
rément      15  fr . 

TABLES  GÉNÉRALES. 

TABLE  GÉNÉRALE  des  Tomes     là    31  (i835-i85o) 25  fi. 

—  Tomes  32  à    61  (i85i-i865) 25  fr. 

—  Tomes  62  à    91  (1866-1880) 25  fr. 

—  Tomes  92  à  121  (1881-1895) 25  fr. 

Chaque  Volume  dos  Tablos  géaérales  comprend  une  TaMe  par  ordre  alphabétique  d'auteurs 
et  une  Table  par  matiÚres  trÚs  détaillée. 


PAIUS.   -   IMPRIMEIUË    GAUTHfER-VILLARS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  66. 

Le  GĂ©rant  :  Gautbier  -Villars. 


lAK    30  1904  1903 

SECOND  SEMESTUE. 


"^ 


Ci^^ 


COMPTES  RENDUS 


HEBDOMADAIHES 


DES     SÉANCES 

DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES 

PAR  MM.  LES  SECRÉTAIRES  PERPÉTUELS. 


TOME  CXXXVII. 


K  U  (28  DĂ©cembre  1903). 


'^' PARIS, 

GAUTHIER-VILLARS,  IMPRliMEUR-LlBRAIRE 

DES  COMPTES  RENDUS  DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES.  SCIENCES, 

Quai  des  Grands-Auguslins,  55. 

1903 


RÈGLEMENT  RELATIF  AUX  COMPTES  RENDUS 

ADOPTÉ    DANS   LES  SÉANCES    DES    23    JUIN     1862    ET    24    MAI    187$ 


Les  Comptes  rendus  hebdomadaires  des  séances  de 
l'Académie  se  composenl  des  extraits  des  travaux  de 
ses  Membres  et  de  l'analyse  des  MĂ©moires  ou  Notes 
présentés  par  des  savants  étrangers  à  l'Académie. 

Chaque  cahier  ou  numéro  des  Comptes  rendus  a 
48  pages  ou  6  feuilles  en  moyenne. 

26  numéros  composent  un  volume. 

Il  y  a  deux  volumes  par  année. 

Article  1*'.  —  Impression  des  travaux  de  l'AcadĂ©mie. 

Les  extraits  des  Mémoires  présentés  par  un  Membre 
ou  par  un  associé  étranger  de  l'Académie  comprennent 
au  plus  6  pages  par  numéro. 

Un  Membre  de  l'Académie  ne  peut  donner  aux 
Comptes  rendus  plus  de  5o  pages  par  année. 

Toute  Note  manuscrite  d'un  Membre  de  l'Académie 
ou  d'une  personne  Ă©trangĂšre  ne  pourra  paraĂźtre  dans 
le  Compte  rendu  àe.  la  semaine  que  si  elle  a  été  remise 
le  jour  mĂȘme  de  la  sĂ©ance. 

Les  Rapports  ordinaires  sont  soumis  Ă   la  mĂȘme 
limite  que  les  MĂ©moires;  mais  ils  ne  sont  pas  com- 
pris dans  les  5o  pages  accordées  à  chaque  Membre. 

Les  rapports  et  Instructions  demandés  par  le  Gou- 
vernement sont  imprimés  en  entier. 

Les  extraits  des  Mémoires  lus  ou  communiqués  par 
les  Correspondants  de  l'Académie  comprennent  au 
plus  4  pages  par  numéro. 

Un  Correspondant  de  l'Académie  ne  peut  donner 
plus  de  Sa  pages  par  année. 

Les  Comptes  rendus  ne  reproduisent  pas  les  dis- 
cussions verbales  qui  s'Ă©lĂšvent  dans  le  sein  de  l'Aca- 
démie ;  cependant,  si  les  Membres  qui  y  ont  pris 
part  désirent  qu'il  en  soit  liait  mention,  ils  doivent 
rédiger,  séance  tenante,  des  Notes  sommaires,  dont 
Ils  donnent  lecture  à  l'Académie  avant  de  les  re- 
mettre au  Bureau.  L'impression  de  ces  Notes  ne 
préjudicieen  rien  aux  droits  qu'ont  ces  Membres  de 
lire,  dans  les  séances  suivantes,  des  Notes  ou  Mé- 
moires sur  l'objet  de  leur  discussion. 

Les  Programmes  des  prix  proposés  par  l'Académie 
sont  imprimés  dans  les  Comptes  rendus,  mais  les  Rap- 


ports relatifs  aux  prix  décernés  ne  le  sont  qu'"i' 
que  l'Académie  l'aura  décidé. 

Les  Notices  ou  Discours  prononcés  en  séan 
blique  ne  font  pas  partie  des  Comptes  rendus. 

Article  2.  —  Impression  des  travaux  des  SavA 
étrangers  à  l'Académie.  \ 

Les  Mémoires  lus  ou  présentés  par  des  peni 
qui  ne  sont  pas  Membres  ou  Correspondants  dt' 
demie  peuvent  ĂȘtre  l'objet  d'une  analyse  ou  d'n 
sumé  qui  ne  dépasse  pas  3  pages. 

Les  Membres  qui  présentent  ces  Mémoire 
tenus  de  les  réduire  au  nombre  de  pages  req  s 
Membre  qui  fait  la  présentation  est  toujours  nu 
mais  les  Secrétaires  ont  le  droit  de  réduire  cet  c 
autant  qu'ils  le  jugent  convenable,  comme  ils 
pour  les  articles  ordinaires  de  la  correspondan 
cielle  de  l'Académie. 

Article  3. 
Le  bon  Ă   tirer  de  chaque  Membre  doit  ĂȘtre  1 1 
l'Imprimerie  le  mercredi  au  soir,  ou,  au  plus  I 
jeudi  Ă   10  heures  du  matin;  faute  d'ĂȘtre  remis  Ă  
le  titre  seul  du  Mémoire  est  inséré  dans  le  Compt 
actuel,  et  l'extrait  est  renvoyé  au  Compte  ren 
vant  et  mis  Ă   la  fin  du  cahier. 

Article  4.  —  Planches  et  tirage  à  part. 

Les  Comptes  rendus  ne  contiennent  ni  plane  1 
figures. 

Dans  le  cas  exceptionnel  oĂč  des  figures  s 
autorisées,  l'espace  occupé  par  ces  figures  co 
pour  l'étendue  réglementaire. 

Le  tirage  Ă   part  des  articles  est  aux  frais 
teurs;  il  n'y  a  d'exception  que  pour  les  Rapp 
les  Instructions  demandés  par  le  Gouverneme 

Article  5. 

Tous  les  six  mois,  la  Commission  administrĂąt 
un  Rapport  sur  la  situation  des  Comptes  rendus 
l'impression  de  chaque  volume. 

Les  Secrétaires  sont  chargés  de  l'exécution  c 
sent  RĂšglement. 


lies  Savants  étrangers  à  l'Académie  qui  désirent  faire  présenter 
déposer  an  Secrétariat  au  plus  tard  le  Samedi  cpii  précÚde  la  séance, 


leurs  Mémoires  par  MM.  les  Secrétaires  perpétuels  sont  prii 
avant  5''.  Autrement  la  présentation  sera  remisa  à  la  séance  1 


ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

SÉANCE  DU   LUNDI  28  DÉCEMBRE  1903, 
PRÉSIDENCE  DE  M.  ALBERT  GADDRY. 


RENOUVELLEMENT   ANNUEL 

DU  BUREAU  ET  DE  LA  COMMISSION  CENTRALE  ADMINISTRATIVE. 

L'Académie  procÚde,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  d'un  Vice- 
PrĂ©sident  pour  l'annĂ©e  1904,  lequel  doit  ĂȘtre  choisi  dans  l'une  des 
Sections  des  Sciences  physiques. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  Ă©tant  46, 

M.  Troost        obtient 44  suffrages, 

M.  Schloesin»        »         i  » 

Il  y  a  un  bulletin  blanc. 

M.  Troost,  ayant  réuni  la  majorité  absolue  des  suffrages,  est  proclamé 
Ă©lu. 


L'Académie  procÚde,  par  la  voie  du  scrutin,  à  la  nomination  de  deux  de 
ses  Membres  (|ui  devront  faire  partie  de  la  Commission  centrale  adminis- 
trative pendant  l'année  1904. 

Au  premier  tour  de  scrutin,  le  nombre  des  votants  Ă©tant  4r. 

M.  Bornet  obtient 4i  suffrages, 

M.  Maurice  Levy       »        4o  » 

M.  Léauté  »        i  » 

MM.  BoR\ET  et  Maurice  Levy,  ayant  réuni  la  majorité  ;ibsohie  des 
suffrages,  sont  réélus. 


C.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N'  26.)  iSy 


IigS  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

MÉMOIRES  ET  COMMUNICATIONS 

DES    MEMBRES    ET    DES    CORRESPONDANTS    DE    L'ACADÉMIE. 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  Recherches  sur  la  densitĂ©  du  chlore . 
Note  de  MM.  H.  Moissan  et  1Ăźi.\et  du  Jassoxeix. 

«  La  détermination  de  la  densité  du  chlore  a  fait  le  sujet  de  nomlireux 
travaux.  Du  reste,  cette  expérience  est  assez  difficile  à  réaliser,  d'abord 
parce  qye  la  préparation  du  chlore  pur  est  une  opération  chimique  déli- 
cate, et  ensuite  parce  que  ce  gaz  attaque  la  plupart  des  métaux  et  des 
matiÚres  organiques  hydrogénées  :  suif,  caoulchouc  et  gomme  laque. 

»  Gay-Lussac  et  Thényrd  (')  ont  exécuté,  en  i8i  i,  une  bonne  détermi- 
nation de  la  densité  du  chlore;  ils  ont  donné  le  chiffre  2,47.  Bunsen  a 
indiqué,  plus  tard,  le  chiffre  3,4'i82.  Ludwig(-),  en  ?868,  est  arrivé  au 
nombre  2,^807  à  +  20°.  11  a  fait  une  série  de  déterminations  de  20°  à  200° 
et  ses  chiflres  proviennent  d'un  grand  nombre  d'expériences.  Jahn  (')  a 
trouvé  à  la  température  de  20°  le  nombre  2,4821.  Enfin  M.  Leduc  (*), 
dans  deux  séries  de  recherches,  a  donné  les  chiffres  2,489  puis  2, 191.  La 
premiÚre  détermination  a  porté  sur  un  échantdion  ßle  chlore  industriel 
liquéfié,  la  seconde  sur  un  gaz  préparé  en  décomposant  le  bichromate  de 
potassium  par  l'acide  chlorhydrique.  M.  Leduc  regarde  le  dernier  chiffre 
comme  le  plus  exact. 

))  Nous  avons  été  amenés  à  reprendre  cette  densité,  et  nous  avons  fait 
varier  successivement  nos  méthodes  dans  des  expériences  que  nous  résu- 
mons aujourd'hui. 

»  Nos  déterminations  ont  toujours  été  faites,  soit  à  la  température  ordi- 
naire, soit  à  0°,  et  nous  n'avons  pas  abordé  l'importante  question  de  la 
densité  du  chlore  aux  différentes  températures,  question  qui  a  été  élucidée 
par  les  beaux  travaux  et  la  discussion  de  V.  et  C.  Mever,  de  Seelheim,  de 
Meier  etCrafts  et  de  Lieben. 

(')  Ga\-Lussac  et  Thénard,  Recherches  physico-chimiques,  t.  II,  i8ri,  p.  i25. 

(-)  LuDWiG,  Berichte,  i.  I,  1868,  p.  282. 

(^)  Jahm,  Berichte,  t.  XV,  1882,  p.  12^2. 

(*)  Leduc,  Comptes  rendus,  t.  CXVI,  1898,  p.  968  et  t.  CXXV,  1897,  p.  671. 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    IQoS.  Il 99 

»  Dans  la  détermination  de  la  densité  dti  chlore,  nous  avons  à  considé- 
rer deux  points  importants  :  1°  pré|)arer  du  chlore  pur;  2°  déterminer  la 
densité  dans  un  ballon  de  verre  sans  robinet,  ne  renfermant  ni  air  ni  humi- 
dité. 

»  PrĂ©paration  du  chlore.  —  Le  chlore  Ă©tait  prĂ©parĂ©  darts  un  appareil 
entiĂšrement  en  verre,  ne  comprenant  ni  Caoutchouc,  ni  liĂšge,  ni  gomme 
laque.  Cet  appareil  était  muni  d'un  tube  de  sûreté  à  mercure  recouvert 
d'acide  sulfurique,  dont  la  hauteur  était  supérieure  à  76'^'",  pour  éviter  toute 
rentrée  d'air  par  dépression.  Le  chloie  provenait  de  l'action  de  l'acide 
chlorhydrique  pur  et  concentré  sur  du  bioxyde  de  manganÚse  naturel  de 
trÚs  bonne  qualité  et  lavé  au  préalable  par  de  l'acide  chlorhydrique 
Ă©tendu.  Nous  avions  prĂ©parĂ©  nous-mĂȘmes  l'acide  chlorhydrique,  en  par- 
tant de  chlorure  de  sodium  purifié  par  différentes  cristallisations  et  d'acide 
sulfurique  pur.  Le  chlore  était  lavé  dans  deux  barboteurs  contenant  de 
l'eau  distillée.  Il  perrlait  les  derniÚres  traces  d'acide  chlorhydrique  qu'il 
pouvait  entraĂźner  en  passant  sur  une  colonne  de  bioxyde  de  manganĂšse 
superficiellement  poreux  et  chauffé  au  bain-marie  à  So".  Il  était  enfin  des- 
séché en  traversant  trois  barboteurs  à  acide  sulfurique  concentré,  puis  de 
longs  tubes  de  verre  remplis  de  chlorure  de  calcium  fondu;  finalement,  il 
passait  dans  un  tube  à  boules  décrit  par  l'un  de  nous  (  '  )  et  maintenu  à  la 
tempĂ©rature  de  —  So". 

»  Nous  avons  effectué  avec  ce  chlore  gazeux  trois  séries  de  détermi- 
nations : 

))  PremiĂšre  sĂ©rie  d' expĂ©riences .  —  Des  ballons  de  verre,  Ă   long  col  effilĂ©, 
ont  été  remplis  de  chloré  sec  par  déplacement  de  l'air,  en  utilisant  la 
grande  densité  de  ce  gaz,  puis  scellés  à  la  températui-e  connue  d'un  bain 
d'eau  d'une  grande  masse.  AprÚs  une  pesée,  effectuée  avec  un  ballon 
compensateur,  comme  tare,  le  chlore  était  absorbé  par  une  solution  de 
soude  exactement  privée  d'air.  Il  restait  toujours  une  petite  bulle  rési- 
duelle dont  il  était  tenu  compte.  Le  ballon,  lavé  et  séché,  était  ensuite 
pesé  plein  d'air  atmosphérique,  puis  jaugé  à  l'eau  distillée.  Pour  ces  pre- 
miÚres expériences,  nous  employons  donc  la  méthode  de  Dumas.  Nous 
avons  obtenu  ainsi  les  chiffres  suivants  : 


(')  H.  MoissAN,   Description  d'un  nouvel  appareil  pour  la  préparation  des  gaz 
purs  {Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  1908,  p.  363). 


1200  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Pression.  Température.  Densité. 


mm 


i 770  12,5  2,468 

2 75 1  12,5  2,5o6 

3. . , 765  10  2,424 

k 763  12,6  2,478 

5 762,1  10  2,456 

»  Dans  cetie  premiÚre  série  de  déterminations,  la  moyenne  était  donc 
de  2,46()6  et  l'écart  maximum,  entre  deux  expériences,  était  de  0,082.  La 
présence  const;inle  d'un  ré.iiiiu  non  ab^orbable  par  une  solution  alcaline, 
rimposï-ibilité  de  dessécher  rigoureusement  un  b.illon  de  verre  rempli  par 
déplacement  et  l'incertitude  qui  rÚgne  sur  les  conditions  de  la  deuxiÚme 
pesée  nous  ont  conduits  bientÎt  à  employer  une  autre  mélhode. 

»  DeuxiĂšme  sĂ©rie  (/'expĂ©riences.  —  Le  chlore  Ă©tait  prĂ©parĂ©  comme  nous 
l'avons  indiqué  précédemment;  puis,  |)our  obtenir  ce  gaz  i)ien  exemj)! 
d'air,  nous  avons  commencé  par  le  liquéfier  au  niojen  d'un  mélange  d'acé- 
tone et  d'acide  carbonique  (  '  ).  Nous  avons  employé,  pour  le  conserver,  de 
petites  ampoules  de  verre  de  4°"'  environ,  renfermant  à  (>eu  prÚs  2°°', 5  de 
chlore  lupiide.  De  plus,  nous  avons  Fait  le  vide,  au  préalable,  dans  le  ballon 
à  densité,  renfermant  la  petite  ampoule  scellée  pleine  de  chlore  liquide, 
de  façon  à  avoir  un  appareil  aussi  exempt  d'air  que  possible.  Le  détail  de 
nos  manipulations  paraĂźtra  aux  Annales  de  Chimie  et  de  Physique  dans  un 
MĂ©moire  qui  est  Ă   l'impression. 

M   Nous  avons  obtenu  ainsi  les  cliilTres  suivants  : 

Pression.         Température.  Densité, 

mm  o 

6 754  o  2,494 

7 75o  o  2,489 

»  Nous  n'avons  pas  tardé  à  remarquer  que  la  dessiccation  du  chlore  par 
le  chlorure  de  calcium  Ă©tait  trĂšs  difficile  Ă   obtenir.  Pour  avoir  une  bonne 
dessiccation,  il  fallait  employer  un  courant  de  gaz  trĂšs  lent.  Nous  avons 
alors  varié  légÚrement  notre  modus  faciendi,  et  nous  avons  recueilli  une 
vingtaine  de  centimĂštres  cubes  de  chlore  liquide  dans  un  tube  de  verre  qui 
contenait  des  fragments  de  chlorure  de  calcium  bien  déshydraté;  ce  tube 
était  scellé  et  le  chlore  liquide  restait  en  contact  pendant  plusieurs 
semaines  avec  le  chlorure  de  calcium.  On  préparait  enfin  de  petites  am- 

(')  H.  MoisSA.N,  Comptes  rendus,  t.  CXXXIII,  1901. 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    igoS.  I20I 

poules  comme  nous  l'avons  indiqué  précédemment  et  la  densité  du  chlore 
était  ensuite  déterminée. 

»   Ces  nouvelles  expériences  nous  ont  donné  les  nombres  suivants  : 

Pression.         Température.  Densité. 


mm 


8 761  o  2,433 

9 759  o  2,5o9 

10 759  o  2,468 

11 753  o  2,335 

))  Ces  derniÚres  déterminations  comportent  un  certain  nombre  de  causes 
d'erreur  que  nous  discuterons  dans  le  MĂ©moire,  mais  dont  la  principale 
est  due  à  la  détente  brusque  du  chlore  :  lorsque  ce  liquide  passe  à  l'état 
gazeux,  il  produit  une  série  d'él)ullitions  qui  amÚnent  des  oscdlalions  dans 
la  pression  intérieure  du  biilon  et  qui  font,  en  dernier  lieu,  rentrer  une 
petite  quantité  d'air  dans  l'ippareil. 

»  TroisiĂšme  sĂ©rie  d'expĂ©riences.  —  Pour  Ă©viter  les  inconvĂ©nients  de  la 
méthode  précédente,  nous  avons  fait  écouler  l'excÚs  de  chlore  du  ballon, 
maintenu  à  o"  par  un  orifice  absolument  capillaire.  De  cette  façon,  il  n'y 
a  pas  de  refroidissement  par  une  détente  trop  brusque  et  il  ne  se  produit 
plus  de  rentrée  d'air. 

«  D'autre  part,  aprÚs  avoir  pesé  le  ballon  plein  de  chlore  sec  à  0°,  sous 
la  pression  atmosphérique,  il  nous  a  semblé  que  le  seul  moyen  d'éviter 
les  incertitudes  sur  le  poids  d'air  qui  remplissait  le  ballon  quand  on  le 
pesait  plein  de  ce  gaz,  consistait  Ă   le  peser  rigoureusement  vide.  On  le 
jauge  ensuite  sur  une  bonne  balance,  opération  qui  est  relativement  facile. 
Nous  avons  obtenu  ainsi  les  nombres  ci-dessous  : 

Pression.  Température.  Densité. 

12 762,2  o  ,              2,494 

14. 756,5  o  2,487 

15 758,9  o  2,486 

16 756,2  o  2,493 

»  Cette  nouvelle  série  d'expériences  nous  a  donné  des  chiffres  assez 
concordants  dont  la  moyenne  est  de  2,490  et  dont  l'Ă©cart  maximum  entre 
les  chiffres  extrĂȘmes  n'est  plus  que  0,008. 

M  Mais  nous  avions  encore  une  petite  cause  d'erreur  Ă   Ă©liminer,  cause 
qui  tient  à  ce  que'  le  chlore  liquide  renferme  une  certaine  quantité  de  gaz 


I202  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

en  solution.  On  voit,  en  effet,  au  moment  oĂč  le  chlore  liquide  passe  Ă  
l'état  solide,  des  gaz  se  dégager  brusquement  dans  l'axe  de  la  masse  jaune 
en  partie  solidifiée.  Nous  avons  repris  alors  ces  déterminations  avec  du 
chlore  qui  avait  été  liquéfié,  puis  solidifié  dans  nos  petites  ampoules  de 
verre  et  au-dessus  duquel  on  avait  fait  le  vide,  avec  une  trompe  Ă   mercure 
Ă   double  chute,  avant  de  sceller  le  tube.  En  opĂ©rant  dans  les  mĂȘmes  con- 
ditions que  précédemment,  nous  avons  obtenu  les  chiffres  suivants  : 

Température.  Pression.  Densité. 

16 0°  767,7  2,488 

17 o"  760,6  2,492 

»  Nous  estimons  que  ces  derniÚres  déterminations  sont  les  plus  exactes 
de  notre  travail;  elles  ne  diffĂšrent  que  de  0,004.  Nous  en  avons  pris  la 
moyenne  :  2,490,  chiffre  qui  se  confond  avec  la  moyenne  de  la  série  pré- 
céilentp,  et  nous  regardons  ce  nombre  comme  représentant  la  densité  la 
plus  rapprochée  du  chlore  qui  ait  été  obtenue  jusqu'ici. 

»  Nous  avons  discuté  pour  celte  derniÚre  série,  comme  pour  les  précé- 
dentes, les  conditions  diverses  de  l'expérience  :  pesées,  détermination  de 
la  pression  atmosphérique,  jaugeage  du  ballon,  etc.,  et  nous  avons  étudié 
l'étendue  de  ces  différentes  causes  d'erreur  dans  nos  déterminations. 

»  Conclusions.  —  En  rĂ©sumĂ©,  nous  voyons  que,  si  nous  prenons  la  den- 
sité du  chlore  par  la  méthode  de  Dumas,  en  opérant  sur  du  chlore  préparé 
dans  les  conditions  ordinaires,  la  densité  peut  osciller  entre  2,424  et 
2,5o6. 

»  Les  principales  causes  d'erreur  de  ces  déterminations  sont  :  i"  la 
présence  de  l'air  qui  vient  du  ballon  à  densité,  et  qui,  de  plus,  a  été 
amené  par  le  courant  de  chlore;  2°  la  difficulté  de  sécher  complÚtement  le 
gaz  chlore;  3°  quand  on  utilise  le  chlore  liquéfié,  la  solubilité  de  diffé- 
rents gaz  dans  ce  liquide. 

»  En  éliminant  successivement  toutes  ces  causes  d'erreur,  nous  sommes 
arrivés  à  trouVier,  pour  la  densité,  à  la  température  de  o",  du  chlore  extrait 
du  chlorure  de  sodium,  le  nombre  2,490.  » 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igoS.  I2o3 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  fie  nouvelles  synthĂšses  effectuĂ©es  au  moyen  dçs 
molécules  renfermant  le  groupe  méthylÚne  associé  à  un  ou  deux  radicaux 
négatifs.  Action  de  l' épichlorhydrine  sur  l'acétylacétone  sodée.  Note 
(le  MM.  A.  Hai.ler  el  G.  Blanc. 

«  Tandis  que  l'épichlorhydrine  agit  sur  les  éthers  acétoacétique  (' ), 
benzoylacéliqiie  (^)  et  acélone-dicarbonique  sodés  (')  par  sa  fonclion 
oxyde,  pour  donner  naissance  à  des  lactones  chlorées,  il  n'en  est  plus 
ainsi  avec  l'acéulacétone  sodée.  Le  caraclÚre  franchement  acide  de  celte 
dicélone,  la  stabilité  de  ses  sels,  et  en  particulier  de  son  sel  sodique, 
semblent  ĂȘtre  un  obstacle  Ă   l'addition  |nire  et  sim|)le  de  l'Ă©pichior- 
hvdrine  à  son  dérivé  sodé,  comme  le  fait  arrive  avec  les  autres  composés 
mélhéniques. 

»  Quand  on  traite  l'acétylacétone  sodée,  préparée  par  l'action  de 
l'éthylale  de  sodium  sur  la  dicétone,  par  de  !'<  pichlorhydrine,  il  ne  se 
passe  aucune  réaplioti  à  froid,  On  chauffe  ylors  au  bain-marie  et,  au  bout 
de  trÚs  peu  de  temps,  le  liquide  se  trouble  et  il  se  dépose  du  chlorure  de 
sodium  en  mĂȘme  temps  qu'il  se  dĂ©gage  une  forte  oileur  d'Ă©lher  acĂ©tique. 
Au  bout  de  i[\  heures  la  réaction  est  terminée,  c'est-à-dire  qu'on  recueille, 
dans  certains  cas,  à  peu  prÚs  la  quantité  théorique  de  chlorure  de  sodium 
en  mĂȘme  temps  que  de  l'acĂ©tate  de  sodium. 

»  AprÚs  avoir  éliminé  le  chlorure  de  sodiuip  p£|r  fillration,  qn  distille 
dans  le  vide  et  l'on  recueille  des  quantités  considérables  d'éther  acétique  et 
d'alcool.  Le  résidu  est  repris  par  de  l'eau  et  la  solution  épuisée  à  l'élher. 
D.ins  le  liquide  aqueuv  on  constate  la  présence  de  plus  ou  moins  grandes 
quantités  d'acétate  de  sodium. 

»  La  liqueur  éthérée  est  soumise  k  la  distillation  pour  enlever  l'éther, 
puis  fractionnée  sous  pression  réduite.  On  obtient  ainsi  une  premiÚre  frac- 
tion bouillant  entre  5o°  et  100°  sous  10"'"*,  et  une  autre  distillant  entre  100° 
et  160°  sous  la  mĂȘme  pression. 


(')  W.  Traubr  et.  E.  I^pMAtjN,  ^pr.  (i?-ut,s,cli^  çhçm-  Ges,,  t.  X)ÇXU,  p.  720. 
{^)  A.   Hallhr,   Bull.  Soc.  c/iim.,  3=  série,  t.  XXI;  Comipies  rendus,  t.  CXXXII, 
p.  1459. 

(')  A.  Haller  et  F.  March,  Comptes  rendus,  t.  CXXXVl,  p.  434- 


I2o4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  En  soumettant  la  premiÚre  portion  à  une  série  fie  fractionnements,  on 
arrive  assez  facilement  à  isoler  un  pro<liiit  A  distillant  à  70°  sous  8""",  ou 
à  8i°-82°  sous  i5""".  (;e  liquide  est  l)omoo;Úne  et  de  nouvelles  distillations 
dans  le  vide  n'altĂšrent  pas  son  point  d'Ă©buUilion. 

»  Quant  à  la  portion  de  liquide  bouillant  entre  100"  et  160°  sous  lo"". 
il  est  absolument  im|)ossihle  d'en  tirer  un  corps  bouillant  d'une  façon  con- 
stante. Si  l'on  veut  le  fractionner,  on  constate  tout  de  suite  que,  mĂȘme 
sous  pression  réduite,  l'ébullition  commence  vers  l\o°  et  il  se  dégage  de  l'eau 
avec  formation  correspondante  d'un  produit  résineux.  Nous  avons  aban- 
donné, pour  le  moment,  l'étude  de  celte  fraction  et  avons  porté  nos 
recherches  sur  le  produit  A. 

»  Ce  produit,  qu'on  obtient  avec  un  rendement  d'environ  3o  pour  100 
de  l'acétylacétone  employée,  est  un  liquide  mobile,  incolore,  trÚs  soluble 
dans  tous  les  dissolvants,  sauf  l'éther  de  pétrole,  d'une  odeur  particuliÚre 
et  agréable. 

»  Sou  analyse  conduit  à  la  formule  C^H'^O^  et  son  mode  de  formiitioa 
peut  ĂȘtre  expliquĂ©  par  l'Ă©quation 

PHTOv 

CH'CO/^"^^  -4-  CH'CI.CH  -  CïP  +  H'0+  C»H=OH 

=  CH^C0.CH^CH'CH0H.CH20H  +  C'H'O'OH»-*- NaCl. 

»  Le  composé  C^H'^0',  qui  peut  aussi  se  concevoir  sous  sa  forme  tau- 
tomÚre  CH' .  CO  H  =  CH .  CH'  OH .  CH'  OH,  subit  ensuite  au  cours  de  l'opé- 
ration une  déshydratation  et  donne  CH'^O* 

CH'.COH  =  CH-CH»— CHOH-CH'OH 
=  H'0+CH»— C=CH  ou        CH'-C    =   CH 

Il  II 

O       CH'  O  CH' 

\/  I  I 

CH.CH'OH  CH'-CHOH. 

»  La  densitĂ©  D',  —  0,988;  «B  Ă   14°=  i,  147- 

»  Sa  réfraction  mnlécul.iire  égale  3o,4-  La  rcfnclion  calculée  pour  un 
oxygĂšne  d'Ă©ther  oxvde  et  un  oxygĂšne  d  hyilioxyle  Ă©gale  3o,8. 

»  Ce  corps  est  extrĂȘmement  sensible  Ă   l'action  des  alcalis  et  des  acides; 
les  uns  et  les  autres  le  résiuifient  promp!ement  en  donnant  des  corps 
visqueux,  inodores  et  brunĂątres.  L'am  uoniaq  le  se  combine  peu  Ă   peu  en 
fournissant  un  corps  incrisLallisable  soluble  dans  l'eau.  L'action  de  l'iso- 


SÉANCE    DU    28   DÉCEMBRE    IQoS.  I 2o5 

cyanate  de  phényle  sur  cet  alcool  ne  conduit  pas  non  plus  à  un  corps 
cristallisé  et  bien  défini.  Pour  ces  différentes  raisons  la  fonction  alcool  est 
assez  difficile  à  mettre  en  évidence.  Nous  avons  cepenflant  réussi  à  i)ré- 
parer  une  petite  quantité  d'éther  acétique,  en  traitant  le  composé  r,«H"'0'- 
pardu  chlorure  d'acétyleen  présence  de  pyridine.  Cetéther  C'H'OCOCH' 
estun  liquide  incolore,  bouillant  Ă   igo^-igS",  insoluble  diins  l'eau.  Quand 
on  fait  agir  sur  l'alcool  C*H"'0^  en  solution  dans  l'Ă©ther  anhydre  la  quan- 
tité théorique  de  sodium  puis  de  l'iodure  de  méthyle,  on  obtient,  avec  un 
trĂšs  mauvais  rendement,  une  huile  insoluble  dans  l'eau,  d'odeur  trĂšs  forte 
rappelant  celle  du  cinéol  et  bouillant  de  160°  à  170".  Ce  corps  répond  à 
la  formule  C'H'*0'  et  non  C'H'-O-,  ce  qui  prouve  qu'au  cours  de  la 
préparation  du  composé  sodé,  il  y  a  eu  hydrogénation  et  que  la  partie  ainsi 
hydrogénée  est  devenue  stable,  tandis  que  l'autre  s'est  résinifiée  au  con- 
tact du  sodium;  ce  qui  explique  le  mauvais  rendement. 

»  La  réduction  pendant  la  formation  du  dérivé  sodé  prouve  aussi  que 
la  double  liaison  est  en  a(ï  par  ra[»port  à  l'oxygÚne  oxydique.  On  a  alors 
tenté  de  préparer  l'alcool  saturé  par  les  différentes  autres  méthodes  de 
réduction  ;  mais  on  n'a  obtenu  que  des  produits  de  polymérisation. 

»  Des  essais  d'oxydation,  au  moyen  du  permanganate  de  potasse,  n'ont 
également  pas  abouti  à  des  produits  bien  définis. 

»  IsomĂ©risation  spontanĂ©e  de  l'akoolC^WO-  en  unecĂ©lone.  —  AbandonnĂ© 
pendant  plusieurs  mois  Ă   lui-mĂȘme,  l'alcool  CH'^O'  se  transforme  peu  Ă  
peu,  plus  rapidement  au  contact  de  traces  d'alcali,  en  un  produit  d'une 
odeur  trĂšs  forte  et  qui  est  insoluble  dans  l'eau. 

))  Ce  corps  bout  à  jo"-']^"  sous  i5°"",  et  fournit  avec  la  semicarbazide 
deux  produits  de  condensation.  Ainsi,  en  solution  Ă©tendue,  on  obtient  un 
trĂšs  beau  corps  C'H"N'0  cristallisant  en  belles  aiguilles  blanches  fon- 
dant à  1 16°,  et  qui  est  assez  soluble  dans  l'eau. 

»  Cette  élimination  de  2"°'  d'eau  au  cours  de  cette  condensation  donne 
immédiatement  à  penser  que  le  deuxiÚme  oxygÚne  du  composé  cétonique 
est  aussi  cétonique  et  situé  en  y  par  rapport  au  premier.  Quoi  qu'il  en  soit 
de  cette  interprétation,  quand  on  condense  la  semicarbazide  avec  le  corps 
cétonique  en  solution  concentrée,  on  obtient  un  deuxiÚme  produit  qui  se 
présente  sous  la  forme  d'un  corps  blanc,  cristallisé  en  petits  prismes,  à  peu 
prÚs  insolubles  dans  tous  les  réactifs  et  fondant  à  280°  avec  décomposition. 

»  Nous  nous  proposons  de  continuer  celle  étude  dans  le  but  d'établir  la 
constitution  de  cette  cétoiie,  et  partant  celle  de  l'alcool  dont  elle  dérive.  » 
G.  K.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  26.)  ^^^ 


[2o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


CHIMIE  VÉGÉTALE.   —  La  potasse  soluble  dans  l'eau  du  sol  et  son 
utilisation  par  les  plantes.  Note  de  M.  Tu.  SchlƓsisg  fils. 

«  On  a  vu  (^Comptes  rendus.  12  février  1900)  que  des  plantes,  cultivées 
sur  des  sols  artificiels  de  sable  quartzeux  qu'on  arrosait  de  liquides  conve- 
nables, avaient  montré  la  faculté  de  s'alimenter  en  potasse  exclusivement 
aux  dépens  de  solutions  ne  renfermant  que  quelques  millioniÚmes  d'alcali 
(  i  '"S,  8  et  7ℱ^,  5  (le  K.^  O  par  litre),  c'est-Ă -dire  du  mĂȘme  ordre  de  pauvretĂ© 
que  celles  qui  imprĂšgnent  les  sols  naturels. 

).  Dans  les  sols  naturels  eux-mĂȘmes,  les  plantes  exercent-elles  rĂ©ellement 
cette  faculté?  La  potasse  leur  vient-elle  par  l'eau,  qui  pourtant  ne  leur  en 
offre  que  d'infimes  proportions  Ă   la  fois,  ou  bien  la  prennent-elles  sur  le 
stock  des  composés  dits  insolubles  qu'elles  attaqueraient  directement  par 
les  sucs  acides  de  leurs  racines? 

M  J'ai  cherché  à  répondre  à  cette  question  comme  je  l'ai  fait  déjà  à 
propos  de  l'acide  phosphorique  (^Comptes  rendus,  6  janvier  1902).  j'ai 
cultivé  des  maïs  sur  des  terres  naturelles  de  constitutions  variées;  à  cÎté 
se  trouvaient  des  terres  semblables,  entretenues  en  état  d'humidité  comme 
les  premiÚres,  mais  sans  culture.  En  fin  d'expérience,  on  a  dosé  la  potasse 
soluble  à  l'eau  dans  les  diiiérentes  terres  et  comparé  deux  à  deux  les 
résultats,  en  vue  de  constater  et  de  mesurer,  s'il  était  possible,  la  perte  de 
potasse  que  chaque  terre  aurait  subie  du  chef  de  la  végétation. 

»  Extraire  d'une  terre  la  potasse  soluble  à  l'eau,  comme  aussi  l'acide 
phosphorique  soluble,  est  une  opération  qui  ne  va  pas  sans  quelque  diffi- 
culté et  qui  est  fort  laborieuse.  Je  l'ai  considérablement  améliorée  en 
modifiant  le  procédé  que  j'avais  d'abord  pratiqué  (traitements  successifs 
de  la  terre  par  l'eau  en  des  fl.icons  qu'on  agitait  longuement,  dont  on 
extrayait  le  liquide  aprĂšs  repos,  pour  introduire  ensuite  de  l'eau  neuve  et 
agiter  de  nouveau,  etc.)  et  en  substituant  Ă   ces  traitements  le  lavage 
continu  par  déplacement. 

»  Au  fond  d'une  simple  cloche  Ă   douille,  ayant  environ  7'=ℱ  de  diamĂštre 
et  [lortant  à  sa  partie  intérieure  un  bouchon  traversé  par  un  tube  qui  se 
relĂšve  verticalement,  on  dispose  loo^  de  la  terre  Ă   laver,  en  une  couche 
uniforme  reposant  sur  un  ht  de  grés  de  quelques  millimÚtres  d'épaisseur, 
lequel  est  supporte  lui-mĂȘme  par  un  peu  de  gravier. 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    ipoS.  1207 

))  On  inlrodiiit  par  le  tube  une  petite  quantité  d'eau  qui  chasse  l'air  du 
gravier,  du  grĂšs  et  de  l;i  terre,  et  qui  noie  le  tout.  Il  n'y  a  plus,  pour  pro- 
céiler  au  lavage,  qu'à  faire  tomber  l'eau  goutte  à  goutte  d.ms  la  cloche, 
aprĂšs  avoir  fixĂ©  l'orifice  du  tube  par  oĂč  s'Ă©coulera  le  liquide  Ă   une  hauteur 
telle  que  la  terre  reste  constamment  recouverte  d'une  couche  d'eau  de 
gcm  ^  3cm  j/eau  employée  au  lavage  contient  un  peu  d'azotate  de  calcium 
pur  (100^  (ieCaO  par  litre)  destiné  à  coaguler  l'argile  de  la  terre.  Dans 
ces  conditions,  le  liquide  sortant  de  la  cloche  est  parfaitement  limpide  et 
n'a  nul  besoin  de  passer  sur  un  filtre  avant  l'analyse  qu'il  doit  subir.  Une 
étude  préalable  m'a  conduit  à  adopter  un  débit  de  o',3  à  l'heure,  soit  à 
peu  prÚs  de  7'  en  24  heures.  Ainsi  le  lavage  n'a  pas  une  durée  par  trop 
longue  et  fournit  des  liqueurs  qu'un  fonctionnement  beaucoup  plus  lent 
ne  rendrait  pas  jjeaucoup  moins  })auvres.  On  recueille  le  liquide  sortant 
de  la  cloche  par  lots  de  7'  ou  de  i4',  qu'on  soumet  séparément  au  dosage 
de  la  potasse. 

»  L'Ă©puisement  d'une  terre  par  l'eau  ne  s'achĂšve,  pour  ainsi  dire,  ‱ 
jamais;  les  doses  de  potasse  qu'on  extrait  vont  diminuant  sans  s'annuler. 
Je  poursuis  le  lavage  jusqu'à  ce  que,  dans  les  deux  séries  de  résultats  cor- 
respondant l'une  Ă   une  terre  cultivĂ©e,  l'autre  Ă   la  mĂȘme  terre  sans  culture, 
je  rencontre  deux  chiffres  Ă   trĂšs  peu  prĂšs  Ă©gaux.  A  partir  de  lĂ ,  on  peut 
admettre  que  les  deux  terres  ot\t  sensiblement  la  mĂȘme  teneur  en  potasse 
soluble  et,  de  fait,  elles  continuent  ensuite  Ă   donner  des  chiffres  sensible- 
ment pareils.  Si  l'on  additionne,  dans  chaque  série  de  dosages,  les  pre- 
miers résultats,  jusqu'à  ceux  qu'on  trouve  égaux  de  part  et  d'autre  comme 
il  vient  d'ĂȘtre  dit,  et  qu'on  prenne  la  diffĂ©rence  des  deux  sommes,  celle-ci 
représentera  l'excÚs  de  potasse  soluble  de  l'une  des  terres  sur  l'autre. 

»  Cette  maniÚre  de  raisonner  suppose  que  le  lavage  suit  une  marche 
rĂ©guliĂšre,  s'effectue  dans  des  conditions  toujours  les  mĂȘmes;  ce  que 
j'obtiens  par  l'emploi  d'un  dispositif  qui  permet  de  distribuer  aux  terres 
qu'on  lave  des  volumes  d'eau  rigoureusement  Ă©gaux  dans  un  mĂȘme  temps. 
En  outre,  une  comparaison  aussi  délicate  que  celle  qu'on  se  propose  de 
faire  entre  les  terres  exige  des  dosages  de  potasse  extrĂȘmement  prĂ©cis; 
tous  les  soins  sont  donnés  à  ces  dosages  et,  en  particulier,  on  prend  la 
précaution  d'évaporer  les  grands  volumes  de  liquide  qu'on  traite,  non  pas 
dans  du  verre  ni  dans  de  la  porcelaine  qui  pourrait  abandonner  un  peu 
d'alcali,  mais  dans  du  cuivre  d'abord,  puis  dans  du  platine. 

»  Le  Tableau  suivant  présente  le  résumé  des  analyses  effectuées  sur  les 


I2o8 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


liquides  de  lavage.  J'en  rapproclie  les  dosages  de  potasse  dans  les  plantes 
entiÚres  (parties  aériennes  et  racines)  venues  sur  chaque  terre. 


I.  Terre 
de  Boulogne 


K-0  soluble   Ă   l'eau  i 

par  kilogramme  de  I  i'"'lot. 

terre  sĂšche  (Ă©puise-  [  2=  lot. 

ment  continu  pour  l  3"  lot. 

I,   II  et  III;   épui-  1  4°  lot. 

sĂšment    en     flacon  15^  lot. 

pour  IV).  J 

Différence  par  kilogramme  de 
terre  sĂšche 


non 
cultivée. 

mg 
293 

126 

24 


443 


cultivée. 

DIS 

2i4 
92 
"9 


325 


II.  Terre 
de  Galande 

non 
cultivée,    cultivée. 


III.  Terre 
de  Joinville 

non 
cultivée,    cultivée. 


IV.  Terre 
de  Neauphie 

non 
cultivée,    cultivée. 


io5 

44 

29 

» 


73 
3o 

» 

» 
» 

io3 


168 
3i 
i3 
1 1 
10 


89 
22 
12 
10 


io5 
68 

47 
35 

28 


57 
42 

33 

28 


mg 


65 


233       i33 


100 


Différence    pour    les    36''8    de  J 

terre    mis   en    Ɠuvre   dans     ii8'»5x36=4s,2(')     65"gx36  =  2e,3     ioo>»5x36  =  3s,6 


chaque  culture. 

K'O  totale   dans   les    plantes 

entiĂšres 


283        160 

123 

i23"'sx36=4?,4 


26,3 


45, 


5e,  2 


»  On  voit  que  chaque  lot  de  liquide  se  rapportant  à  une  terre  cultivée 
coiilienl  moins  de  potasse  que  le  lot  de  mĂȘme  rang  se  rapportant  Ă   la  mĂȘme 
terre  non  cultivée.  Il  est  par  là  mis  hors  de  doute  que  les  quatre  sortes  de 
terre  ont  subi,  du  fait  de  la  culture,  des  pertes  sensibles  en  potasse  soluble 
Ă   l'eau. 

»  Évaluant  ces  pertes  comme  il  a  Ă©tĂ©  indiquĂ©,  on  trouve  qu'elles  reprĂ©- 
sentent les  trois  quarts  ou  la  totalité  de  la  potasse  contenue  dans  les 
plantes. 

»  Tout  s'est  donc  passé  comme  si  les  plantes  avaient  prélevé  la  plus 
grande  partie  de  leur  potasse  sur  la  portion  de  l'alcali  existant  Ă   l'Ă©tat 
soluble  dans  les  terres,  Ă   la  condition,  bien  entendu,  qu'on  accorde,  ici 
comme  dans  le  cas  de  l'acide  phosphorique,  au  sens  du  mot  soluble 
l'extension  considérable  qui  paraßt  nécessaire  à  la  suite  de  mes  expériences, 
c'est-à-dire  qu'on  appelle  solubles  des  composés  qui  fourni.ssent  des  disso- 
lutions contenant  des  proportions  de  potasse  de  l'ordre  des  millioniĂšmes 


^  (')  Le  chiffre  de  4e,2  est  un  minimum  pour  l'excĂšs  de  potasse  dans  la  terre  non  cul- 
tivĂ©e, car  on  s'est  arrĂȘtĂ©  dans  l'Ă©puisement  avant  d'avoir  deux  rĂ©sultats  Ă©gaux. 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    igoS.  1209 

et  moins  encore.  J'avais  déjà  eu  l'occasion  d'énoncer  ce  résultat  sans  en 
fournir  la  dĂ©monstration.  C'est  d'ailleurs  le  mĂȘme  que  j'ai  oblenu  pour 
l'acide  phosphorique.  Ainsi,  de  plus  en  plus,  portion  assimilable  d'un 
principe  fertilisant  tend  à  devenir  synonyme  de  portion  soluble  à  l'eau.    » 


ASTRONOMIE.  —  Sur  le  premier  Volume  du  Catalogue  photographique  du  Ciel 
publié  par  M .  k.  Donner,  Directeur  de  l'Observatoire  d'HelsingJors.  Note 
de  M.  LƓwy. 

«  J'ai  l'honneur  de  présenter  à  l'Académie,  au  nom  de  M.  A.  Donner,  le 
premier  Volume  paru  du  Catalogue  photographique  du  Ciel  pour  la  zone 
attribuée  à  l'Observatoire  d'Helsingfors. 

»  M.  Donner,  Directeur  de  cet  établissement,  est  un  des  premiers  et  des 
plus  Ă©nergiques  collaborateurs  de  l'Ɠuvre  internationale  de  la  Carte  photo- 
graphique du  Ciel.  La  réi;ion  dont  il  a  entrepris  l'exploration  comprend 
tout  l'espace  entre  -4-  Sg"  et  -t-  47°  ^^  déclinaison  boréale.  La  [lartie 
de  cette  bande  céleste,  qui  a  été  la  premiÚre  mise  en  exécution,  en 
embrasse  toute  la  largeur  dans  l'Ă©tendue  de  g''  Ă   12''  d'ascension 
droite;  et,  comme  chaque  Volume  contiendra  les  résultats  analogues  de 
3  heures  en  3  heures,  celui  qui  est  oflert  à  l'Académie  porte  le  n"  4. 

»  Ce  qui  caractĂ©rise  l'Ɠuvre  actuelle,  c'est  qu'elle  f  jurnit  dĂ©jĂ   des  con- 
clusions définitives.  Elle  contient,  non  seulement  les  coordonnées  recti- 
lignes  des  astres  photographiés,  mais  encore  leurs  coordon  nées  équatoriales, 
de  telle  sorte  que  tous  ces  résultats  sont  rendus  immédiatement  utilisables 
pour  les  multiples  recherches  auxquelles  ils  sont  dt^stiués.  Le  |jlan  ailopté 
par  M.  Donner,  bien  qu'il  diffÚre  un  peu  de  celui  qui  a  été  conseillé  par  la 
Conférence  astrophotographique  internationale,  est  excellent,  mais  il 
exige  des  efforts  notables  et  ininterrompus.  M.  Donner  n'a  pas  hésité  à 
s'engager  dans  cette  voie  pour  assurer  à  son  Ɠuvre  les  plus  grandes  chances 
de  succÚs;  il  a,  dans  ce  but,  pris  toutes  les  dispositions  néct^ssaires  pour 
qu'elle  puisse  ĂȘtre  menĂ©e  Ă   bonne  fin  d'ici  Ă   une  douzaine  d'annĂ©es,  Ă©poque 
à  laquelle  M.  Donner  se  propose  de  résigner  ses  fonctions  officielles. 

»  Pour  donner  aux  résultats  une  homogénéité  aussi  parfaite  que  possible, 
les  constantes  de  chaque  cliché  ont  été  déterminées  à  l'aide  des  données 
tirées  de  l'ensemble  de  tous  les  clichés  adjacents  rattachés  les  uns  aux 
autres  par  des  mesures  eff"ectuées  sur  des  images  stellaires  communes,  mé- 


r2IO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

thode  que  j'ai  signalée  et  dont  j'ai  démontré  la  haute  portée  dans  plusieurs 
MĂ©moires  successifs. 

»  Lorsqu'on  examine  en  détail  les  travaux  d'observations  et  de  calculs 
sur  lesquels  repose  cet  Ouvrage,  on  est  frappé  de  la  rigueur  des  procédés 
mis  en  praiiqne,  de  la  clarté  d'exposition  et  de  la  judicieuse  économie  qui 
ont  présidé  à  la  publication,  ainsi  que  de  la  part  contributive  personnelle 
si  notable  de  M.  Donner  dans  l'exécution  de  toutes  les  recherches  d'une 
nature  si  variée  qui  s'y  rapportent. 

1)  L'AcadĂ©mie  remarquera  peut-ĂȘtre  avec  Ă©tonnement  le  nombre  si 
faible  (12480)  d'images  stellaires  correspondant  Ă   une  plage  aussi  vaste  de 
la  sphÚre  céleste.  Mais  ce  fait  si  imprévu  s'explique  aisément;  en  effet,  par 
un  pur  hasard,  on  avait  entrepris  la  photographie  de  la  région  de  l'espace 
la  plus  pauvre  en  Ă©toiles.  Parmi  les  sept  volumes  suivants,  il  y  en  aura  qui 
renfermeront  cinq  ou  six  fois  plus  de  positions  stellaires.  L'Ă©paisseur  com- 
parative des  huit  volumes  permettra  ainsi  de  se  rendre  comp\e  grosso  modo 
de  la  richesse  stellaire  relative  des  régions  respectives  de  l'espace  dans  la 
zone  considérée. 

»  Il  y  a  lieu  de  fĂ©liciter  M.  Donner  d'avoir,  pour  la  partie  de  l'Ɠuvre 
internationale  qui  le  concerne,  inauguré  d'une  maniÚre  si  heureuse  la 
publication  du  Catalogue  photographique.  » 

M.  R.  Zeiller  présente  à  l'Académie,  dans  les  termes  suivants,  au  nom 
de  M.  Michel  LĂ©vy,  directeur  du  Service  des  topographies  souterraines,  en 
mĂȘme  temps  qu'au  sien,  le  volume  de  Texte  de  la  F/ore  fossile  des  gĂźtes  de 
ehc(.rbon  du  Tonfàn,  qui  complÚte  l'Ouvrage  dont  l'Atlas  avait  été  déposé  sur 
le  bureau  de  l'Académie  il  y  a  un  peu  plus  d'un  an. 

«  La  plus  grande  partie  du  travail  est  consacrée  aux  gßtes  de  charbon  du 
Bas-Toiikin,  Hongay,  Kébao  et  Dongtrieu,  dans  lesquels  il  a  été  recueilli 
un  total  de  54  espÚces,  dont  24.  c'est-à-dire  prÚs  de  la  moitié,  avaient  déjà 
été  observées,  soit  en  Europe,  soit  dans  l'Inde  ou  en  Australie,  dans  des 
couches  appartenant  à  l'étage  rhétien  ou  confinant  à  cet  étage;  les  3o 
autres  sont  nouvelles,  et  Tune  d'elles  constitue  un  type  générique  nouveau 
d'Equisétinée  qui  ne  laisse  pas  de  ressembler  un  peu,  du  moins  en  appa- 
rence, aux  Annularia  houillers;  mais,  sur  ces  3o  espĂšces,  18  sont  Ă©troitement 
alliées  à  des  types  spécifiques,  soit  du  Rhétien,  soit  du  Permotrias  ou  du 
Lias,  et  pour  quelques-unes  les  ressemblances  sont  telles  qu'on  peut  dire 


i 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE     igoS.  12II 

que  ce  ne  sont  que  des  formes  représentatives  de  certaines  de  nos  espÚces 
de  la  flore  rhétienne  de  l'Europe.  L'ùge  rhélien  de  ces  couches  n'est,  en 
somme,  pas  discutable. 

M  L'examen  détaillé  de  la  flore  des  gisements  de  Hongay  et  de  Rébao 
a  permis  en  outre  de  déterminer  le  niveau  relatif  des  principaux  faisceaux 
exploités  et  a  montré  notamment,  en  ce  qui  regarde  Hongay,  que  les 
couches  de  Nagotna  sont  les  plus  récentes  du  systÚme  et  que  celles  de 
Hatou  sont  au  contraire  plus  anciennes;  quant  Ă   celles  de  RĂ©bao,  elles 
semblent  correspondre  Ă   un  horizon  encore  un  peu  plus  bas,  mais  la  flore 
n'en  est  pas  assez  complĂštement  connue  pour  permettre  Ă   cet  Ă©gard  une 
affirmation  formelle,  et  peut-ĂȘtre  sont-elles  contemporaines  de  celles  de 
Hatou. 

»  Les  gisements  de  Yen-Bai,  sur  le  haut  Fleuve  Rouge,  n'ont  fourni 
qu'une  douzaine  de  formes  spécifiques  de  plantes,  accompagnées  de 
quelques  coquilles;  mais  l'Ă©tude  des  unes  et  des  autres  concorde  pour 
faire  considérer  les  charbons  de  ces  gisements  comme  étant  d'ùge  mio- 
pliocÚne,  sans  qu'il  soit  possible  toutefois  de  préciser  davantage. 

»  Enfin  la  derniÚre  partie  de  l'Ouvrage  est  consacrée  à  la  description 
des  quelques  fossiles  végétaux  qui  ont  été  recueillis  par  M.  l'Ingénieur  en 
chef  des  Mines  LeclÚre  dans  les  gßtes  de  charbon  rhétiens  du  Yun-Nan  et 
du  Kouei-ĂŻcheou,  et  qui  sont  pour  la  plupart  identiques  Ă   ceux  qu'on 
rencontre  dans  les  gßtes  similaires  du  Bas-Tonkin.  » 


Note  de  M.  Alfred  Picard,  accompagnant  la  présentation  du  Recueil  des 
plans  de  son  Rapport  sur  i Exposition  universelle  de  igoo. 

«  J'ai  fait  successivement  hommage  à  l'Académie  des  Sciences  des  sept 
Volumes  de  mon  Rapport  administratif  et  technique  sur  l'Exposition  uni- 
verselle de  1900.  Elle  me  permettra  d'y  ajouter  aujourd'hui  le  recueil  des 
plans  au  j^qui  accompagnent  la  publication. 

»  Ces  plans  sont  au  nombre  de  quatre  :  plan  du  rez-de-chaussée  et  plan 
de  l'étage  des  constructions  édifiées  dans  l'enceinte  urbaine;  plan  des  ser- 
vices divers  organisĂ©s  dans  la  mĂȘme  enceinte;  plan  de  l'annexe  du  bois  de 
Vincennes. 

»  Ils  n'appellent  que  de  trÚs  courtes  explications. 

»   L'Académie  m'autorisera  à  passer  rapidement  sur  les  deux  premiers, 


121 2  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

car  l'ordonnance,  d'ensemble  de  l'Exposition  est  encore  présente  à  la 
mĂ©moire  de  tous;  un  simple  coup  d'Ɠil  suffirait  au  besoin  pour  rĂ©veiller  les 
souvenirs.  Je  me  borne  à  rappeler  les  grandes  idées  directrices  du  pro- 
gramme que  les  circonstances  ont  conduit  à  réaliser. 

»  Au  premier  rang  se  place  le  rétablissement  de  la  perspective  qui, 
avant  i855,  avait  toujours  été  ménagée  avec  nn  soin  jaloux  dans  l'ancien 
carré  Mariony,  entre  les  Champs-Elysées  et  l'HÎtel  des  Invalides.  De  là  sont 
nés  la  nouvelle  avenue,  bordée  par  les  deux  palais  des  Arts,  et  le  pont 
Alexandre  III. 

»  Une  seconde  pensée  maßtresse  a  été  l'utilisation  des  berges  de  la 
Seine,  la  transformation  du  fleuve  en  une  sorte  de  grand  canal  vénitien. 
Cette  transformation  n'avait  pas  seulement  pour  objet  de  fournir  des  motifs 
séduisants  et  originaux  de  décoration;  elle  devait  entraßner  le  remplace- 
ment, depuis  si  longtemps  désiré,  des  ports  de  tirage  par  des  ports  droits, 
servir  ainsi  les  intĂ©rĂȘts  permanents  de  la  navigation  et  doter  Paris  d'un  nou- 
vel embellissement  définitif  qui  s'ajouterait  à  celui  de  l 'avenue  Alexandre  III. 

»  Les  organisateurs  ont  aussi  atlaciiĂ©  une  extrĂȘme  importance  Ă   ce  que 
l'entrée  principale  touchùt  la  place  de  la  Concorde,  afin  de  mettre  l'Expo- 
sition en  contact  avec  les  quartiers  du  centre  de  la  cupitale.  PrĂšs  de  i3  mil- 
lions de  visiteurs  sont  passés  par  cette  entrée  et  par  celle  de  l'avenue  des 
Champs-Ely>Ă©es. 

»  Dans  la  distribution  des  palais,  les  Champs-Elysées  et  l'Esplanade  des 
Invalides  formaient  le  domaine  des  Beaux-Arts  et  des  Arts  décoratifs  :  le 
public  trouvait,  delĂ   sorte,  au  seuil  mĂȘme  de  l'enceinte,  les  manifestations 
les  plus  brillantes  du  génie  français.  L'Industrie  et  l'Agriculture  avaient  leur 
siĂšge  principal  au  Champ  de  Mars.  Sur  les  quais  de  la  Seine  s'Ă©chelon- 
naient notamment  le  palais  de  la  Ville,  les  serres,  le  palais  de  l'Economie 
sociale  et  des  CongrÚs,  l'admirable  série  des  palais  et  pavillons  étrangers, 
les  palais  de  la  Guerre,  de  la  Navigation  et  des  ForĂȘts.  Les  colonies  occu- 
paient le  parc  du  Trocadéro.  D'immenses  jardins  ininterrompus  reliaient 
d'ailleurs  ce  parc  au  fond  du  Champ-de-Mars,  laissant  la  vue  s'Ă©tendre  sans 
obstacle  et  offrant  de  vastes  espaces  aux  foules. 

»  Mon  unique  regret  est  de  n'avoir  pu  élever  aux  Champs-Elysées, 
comme  m'y  incitaient  des  consiiiérations  philoso[)hiques,  le  palais  de  l'En- 
seignement et  de  l'Éducation.  C'est,  en  effet,  par  l'Ă©ducation  et  l'enseigne- 
ment que  l'homme  entre  dans  la  vie;  c'est  aussi  la  source  de  tous  les  pro- 
grÚs. Des  objections,  d'ailleurs  sans  fondement,  inspirées  par  la  crainte  de 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  1903.  T2l3 

voir  porter  alte'mte  aux  plantations,  ont  déterminé  l'abamlon,  sur  ce  point, 
du  programme  initial.  Puisque  l'occasion  s'en  présente,  j'indiquerai  que, 
loin  d'ĂȘtre  rĂ©duit,  le  nombre  des  gros  arbres  dans  le  pĂ©rimĂštre  de  l'Expo- 
sition a  été  augmenté  d'une  centaine. 

»  Le  troisiĂšme  plan  offre  peut-ĂȘtre  plus  d'intĂ©rĂȘt,  car  il  montre  ce  qu'on 
ne  voyait  guÚre,  les  installations  multiples,  complexes  et  variées,  établies 
pour  assurer,  dans  l'enceinte  urbaine,  les  services  divers  indispensables  Ă  
la  vie  d'une  populeuse  cité. 

»  Ici,  le  mieux  est  de  céder  la  parole  aux  chiffres. 

»  Avant  tout,  il  fallait  pourvoira  l'assainissement.  Plus  de  iS''"  d'égouts 
y  ont  concoiM'u,  et  parmi  eux  un  Ă©gout  pneumatique,  fonctionnant  Ă   l'air 
comprimé,  pour  la  berge  basse  ßle  rive  gauche  du  fleuve. 

»  La  viabilité  à  l'intérieur  ou  aux  abords  a  exigé  i3  700"'  de  pavage  en 
bois,  19300"''  de  pavage  en  pierre,  47  3oo"'  d'empierrement,  12^  000°''  de 
gravillonage,  10700""' de  trottoirs.  De  nombreuses  passerelles  franchis- 
saient les  voies  publiques  qui  demeuraient  ouvertes  à  la  circulation  exté- 
rieure, notamment  l'avenue  d'Antin,  le  boulevard  de  Latour-Maubourg,  la 
place  de  l'Aima,  le  carrefour  Rapp-F>osquet,  le  quai  Debilly  et  le  quai 
d'Orsay.  Trois  autres  passerelles  étaient  jrlées  au-dessus  de  la  Seine.  Des 
passages  ménagés  sur  le  pont  Alexandre  III  maintenaient  la  continuité  des 
relations  entre  l'est  et  l'ouest  de  Paris,  au  droit  des  Champs-Elysées  et  de 
l'Esplanade,  mĂȘme  pour  les  tramways. 

»  Des  voies  ferrées,  raccordées  à  la  gare  du  Champ-de-Mars  et  mesurant 
iii5o'",  avaient  été  aménagées  pour  le  transport  des  matériaux  et  ßles 
produits  exposés. 

»   La  su|)erficie  des  parcs  et  jardins  n'était  pas  inférieure  à  20'"*. 

»  Une  abondante  alimentation  en  eau  s'imposait  absolument.  Elle  fut 
demandée  soit  aux  réservoirs  municipaux,  soit  à  la  Seine.  Le  réseau  de 
distribution  des  eaux  de  la  Ville  comprenait  4^''ℱ,5oo  de  tuyaux,  dont  le 
tliamĂštre  allait  jusqu'Ă   oℱ,Go.  Quant  aux  eaux  de  Seine,  elles  Ă©taient 
refoulées  à  21'"  de  hauteur  par  des  pompes  puissantes  à  vapeur,  capables 
de  fournir  1'""  Ă   la  seconde,  et  par  d'Ă©normes  conduites  en  fontf. 

»  Le  service  mécanique  comporlait  des  chaudiÚres  d'une  surface  totale 
de  chauffe  de  17000"'',  d'immenses  carnenux  de  fumée,  deux  cheminées 
d'une  hauteur  de  80ℱ,  des  canalisations  de  vapeur  posĂ©es  en  grande  partie 
sous  galerie  et  développant  3'"°,  des  conduites  jumelles  affeclées  au  retour 
des  eaux  chaudes,  37  machines  motrices  d'une  puissance  totiile  de  SGooo*^''^, 

C.  R.,  1903.  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N-  26.)  iSg 


I2l4  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

fl^'"  (le  conduiles  d'air  comprimé,  /(O  ventilateurs  pour  la  Salle  des  FÚtcs,  le 
palais  de  l'Agriculture  et  la  galerie  des  Groupes  Ă©lectrogĂšnes. 

»  Un  service  jumeau  du  précédent,  le  service  électrique,  avait  des 
groupes  Ă©lectrogĂšnes  d'une  puissance  de  20  000  kilowatts,  60''ℱ  de  canali- 
sations pour  courant  continu  ou  alternatif,  2  tableaux  généraux,  2  grands 
convertisseurs,  25o  transformateurs.  Ses  ressources  s'augmentaient  de 
celles  des  secteurs.  Il  alimentait  335o  lam|)es  Ă   arc  et  40000  lampes  Ă  
incandescence,  pour  le  seul  Ă©clairage  public,  sans  compter  les  abonne- 
ments particuliers;  il  livrait  aussi  le  courant  nécessaire  à  677  moteurs. 
L'éclairement  opéré  par  ses  soins  dans  les  palais  ou  au  dehors  variait  de  3 
Ă   ■2:\  bougies  dĂ©cimales  par  mĂštre  carrĂ©,  alors  que  les  voies  parisiennes  ne 
reçoivent  ordinairement  pas  plus  de  2  bougies  décimales.  Dans  l'ensemble, 
l'Ă©mission  journaliĂšre  des  groupes  Ă©lectrogĂšnes  a  atteint  38  600  kilowatts- 
heure. 

»  L'éclairage  des  parcs  et  jardins  était  partiellement  réservé  au  gaz, 
qui  fournissait  en  outre  de  la  force  motrice.  Il  existait  2200  lanternes  ou 
becs  et  5'""  de  rampes  d'illumination,  desservis  par  37*  ""  de  canalisations 
et  recevant  le  gaz,  soit  Ă   la  pression  ordinaire,  soit  avec  une  surpression. 

»  Diverses  zones  avaient  été  affectées  à  des  essais  d'éclairage  par  l'acé- 
tylÚne, l'alcool  et  le  pétrole. 

»  Outre  les  voies  ferrées,  l'outillage  de  la  manutention  comprenait 
52  appareils  de  levage  d'une  puissance  de  i'  Ă   45'.  Le  poids  des  objets 
exposés  introduits  dans  l'enceinte  est  passé  de  32  600*  en  1889  à  79000' 
en  1900;  pour  apprécier  l'importance  de  service  de  la  manutention,  on  doit 
ajoutera  ce  dernier  chiffre  35  000'  de  combustible. 

»  Le  transport  mécanique  des  visiteurs  s'effectuait  par  le  chemin  de  fer 
électrique  et  la  plate-forme  mobile,  dont  le  trafic  a  été  de  9300000  voya- 
geurs, ainsi  que  par  29  chemins  élévateurs  et  8  ascenseurs. 

))  Rien  n'a  été  négligé  pour  le  service  médical,  dont  l'organisation  et  la 
direction  ont  fait  grand  honneur  Ă   M.  le  D*"  Gilles  de  la  Tourette,  puis  Ă  
M.  le  D'  Beurnier,  chirurgien  des  hÎpitaux.  Quatre  postes  médicaux  étaient 
répartis  dans  le  périmÚtre.  20000  personnes  ont  reçu  des  soins;  le  nombre 
des  visiteurs  malades  ou  indisposés  n'a  pas  dépassé  1750,  alors  qu'en  1889 
il  avait  atteint  454o.  Une  surveillance  minutieuse  était  exercée  dans  l'in- 
tĂ©rĂȘt de  l'hygiĂšne,  qui  a  Ă©tĂ©  parfaite. 

»  Les  mesures  les  plus  prudentes  devaient  ĂȘtre  prises  pour  la  dĂ©fense 
contre  le  feu.  A  cet  effet,  l'administration  avait  installé  10  postes  de  pom- 
piers militaires  (auxquels  se  joignaient  des  postes  de   pompiers  civils). 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    IQol.  I2l5 

102  bouches  d'eau,  892  robinets  de  secours  et  97  avertisseurs,  desservis 
par  S-/'""  de  fils.  Tout  le  personnel  Ă©tait  exercĂ©  Ă   la  manƓuvre  des  robinets 
de  secours;  pas  un  point  des  palais  ne  restait  en  dehors  de  la  zone  d'action 
de  ces  robinets.  Les  commencements  d'incendie,  généralement  dus  à  des 
courts-circuits  ont  été  trÚs  fréquents,  et  le  nombre  des  appels  aux  pom- 
piers s'est  Ă©levĂ©  Ă   61;  mais,  dans  la  plupart  des  cas,  l'extinction  a  pu  ĂȘtre 
presque  instantanée  et  aucun  sinistre  de  quelque  gravité  ne  s'est  produit 
dans  les  galeries.  Ce  résultat  est  dû,  pour  une  large  part,  à  l'ignifugeage 
auquel  étaient  soumis  les  bois  et  les  tissus,  d'aprÚs  les  principes  posés  par 
Gay-Lussac  dĂšs  1821. 

»  Enfin  le  service  postal  et  télégraphique  avait  7  bureaux  et  82  cabines 
téléphoniques.  Les  lignes  télégraphiques  mesuraient  28'''"  et  les  lignes 
téléphoniques  3io'"°.  Il  a  été  expédié  ou  reçu,  tant  à  Paris  qu'au  bois  de 
Vincennes,  gSooooo  correspondances  ordinaires  postales  et  99000  télé- 
grammes. 

»  Le  quatriÚme  plan  est  relatif  à  l'annexe  du  bois  de  Vincennes,  siÚge 
des  concours  d'exercices  physiques,  des  expositions  se  rattachant  Ă   ces 
concours  (automobiles  et  cycles),  des  expositions  encombrantes  comme 
celle  du  matériel  des  chemins  de  fer,  des  expositions  dangereuses  (acéty- 
lÚne ;  moteurs  à  pétrole,  à  élher),  des  cités  ouvriÚres,  etc. 

))  Je  ne  fatiguerai  pas  l'Académie  de  sa  description.  On  y  retrouve,  avec 
moins  d'ampleur,  des  installations  analogues  Ă   celles  de  l'enceinte  urbaine. 

»  Les  plans,  au  sujet  desquels  je  viens  de  donner  des  explications  som- 
maires, ont  été  exécutés  par  M.  Gentil.  Fis  témoignent  de  ce  que  l'on  peut 
obtenir  aujourd'hui  par  la  lithographie  et  la  photographie,  procédés  beau- 
coup plus  ex[)Ă©ditifs  et  plus  Ă©conomiques  que  la  gravure  sur  cuivre. 

»  Ces  plans  offrent  d'ailleurs  une  particularité  intéressante  :  le  litho- 
graphe les  a  Ă©tablis,  non  d'aprĂšs  une  minute  d'ensemble,  mais  d'aprĂšs  des 
dessins  partiels  Ă   Ă©chelles  trĂšs  diverses. 

»  Chacun  des  dessins  élémentaires  était  photographié  et  ramené  à 
l'Ă©chelle  uniforme  de  0,001.  On  faisait  ensuite  un  calque  des  Ă©preuves,  en 
y  dessinant  trĂšs  soigneusement  les  traits  et  les  Ă©critures,  et  l'on  photolitho- 
graphiait  ce  calque  à  l'échelle  de  moitié,  c'est-à-dire  à  l'échelle  définitive. 

»  Les  matrices  ainsi  obtenues  fournissaient  des  épreuves  à  report  qui, 
bien  repérées  entre  elles  et  décalquées  sur  pierres  lithographiques,  con- 
duisaient Ă   l'Ă©preuve  d'ensemble  en  noir. 


I2lb  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Des  calques  en  Irails  opaques,  pris  sur  le  fond  lie  plan  du  noir  et 
insolés  sur  des  feuilles  de  zinc  préalablement  enduites  d'une  préparation 
pliotogra|)hique  au  bitume  de  Judée,  servaient  à  préparer,  ])ar  transposi- 
tion, les  planches  lithographiques  de  couleur. 

»  Les  diverses  couleurs  étaient  tirées  successivement  à  l'aide  de  presses 
mécaniques.  Eu  égard  aux  difficultés  de  repérage  pour  des  dessins  de 
pareilles  dimensions,  il  eût  été  impossible  de  tirer  simidtanément  plusieurs 
couleurs.  » 


ZOOLOGIE.    —   Sur  les  mains  scapulaires  et  pelviennes  chez  les  Poissons 
chundroptérygiens.  Note  de  M.  Armand  Sabatieh. 

«  Dans  ma  Note  du  3o  novembre  igoS,  j'ai  établi  que  chez  les  Poissons 
osseux  il  existe  non  seulement  des  mains  de  l'avant-bras  et  de  la  jambe, 
c'est-Ă -dire  des  mains  terminales  des  membres,  mais  encore  des  mains  des 
ceintures,  c'est-Ă -dire  des  mains  scapulo-coracoĂŻdiennes  et  pelviennes.  Exa- 
minons si,  chez  les  Choiidroj)térygiens,  on  ne  retrouve  pas  une  disposition 
de  mĂȘme  nature. 

»  Dans  une  Note  insérée  dans  les  Comptes  rendus  à\i  5  décembre  1898, 
j'ai  Ă©tabli  par  une  comparaison  du  membre  thoracique  du  Lophius  pisca- 
torius  avec  celui  des  Squalidés,  quelles  étaient  les  parties  qui,  dans  ce 
dernier,  correspondaient  aux  éléments  du  premier.  La  position  basilaire 
humérale  et  antibrachiale  du  membre  antérieur  des  plagiostomes  étant 
constituée  par  une  masse  cartilagineuse  continue,  la  distinction  des  parties 
com()osantes  est  loin  d'ĂȘtre  aussi  marquĂ©e  que  chez  les  Poissons  osseux. 
Les  piĂšces  osseuses  qui  forment  chez  ces  derniers  autant  d'os  distincts  se 
réduisent  chez  les  Poissons  cartilagineux  à  des  saillies  plus  ou  moins  pro- 
noncĂ©es, et  ne  peuvent  ĂȘtre  dĂ©terminĂ©es  que  par  une  apprĂ©ciation  des 
rapports  généraux,  et  en  particulier  par  leurs  relations  avec  le  trou  du 
canal  nerveux  qui  correspond  au  trou  nerveux  radio-cubital  des  i*oissons 
osseux. 

»  En  procédant  ainsi,  on  distingue  chez  les  Squalidés  une  ceinture 
scaj)uIo-coracoïdienne  |)ortant,  siu-  sa  face  postérieure,  une  saillie  perforée 
par  un  canal  bifurqué  parcouru  par  les  nerfs  destinés  aux  membres  et 
présentant  vers  son  sommet  des  surfaces  articulaires  pour  la  main  du 
membre  formée  de  trois  métacarpiens  aplatis  qui  poitent  de  nombreuses 
phalanges  cartilagineuses  et  articulées  qu'd  faut  bien  se  garder  d'assimiler 


SÉANCE    DU   28    DÉCEMBRE     r-9o3.  12  1  7 

aux  rayons  dermiques  des  Poissons  osseux.  La  saillie  est  bien  l'avanl-bras 
perforé  par  le  canal  nerveux  qui  s'est  bifurqué  dans  l'épaisseur  du  carli- 
laÂŁ;e. 

»  Plus  prÚs  de  la  ligne  nn'cbV.ne  se  distingue,  dans  certaines  espÚces,  et 
notamment  chez  Acanthias  vulgaris  et  A.  Blainville,  une  autre  saillie  légÚ- 
rement recourbée  qui  répond  bien  au  jjiriforme  des  Poissons  osseux.  Ces 
deux  saillies,  plus  les  métacarpiens  et  les  phalanges,  constituent  le  domaine 
virtuel  du  demi-interépineux  postérieur.  Parfois  le  piriforme  est  effacé  et 
se  confond  avec  l'avant-bras,  comme  chez  certains  Poissons  osseux.  La 
face  inférieure  du  cartilage  est,  à  ce  niveau,  creusée  d'une  fosse  coraco- 
scapulaire  comparable  à  celle  des  Osseux  et  destinée  comme  elle  à  l'inser- 
tion des  muscles  moteurs  de  la  niain.  Le  bord  antérieur  de  celte  fosse,  et 
par  consĂ©quent  le  bord  antĂ©rieur  de  la  ceinture,  forme  une  crĂȘte  amincie 
qu'il  convient  de  bien  Ă©tudier.  Chez  Scyltium,  cette  crĂȘte  porte,  vers  son 
extrémité  interne,  une  saillie  jjiononcée  et  assez  limitée.  Chez  Acanthias 
Blainville  Risso,  cette  saillie  se  prolonge  en  dehors  sous  forme  d'une  crĂȘte 
trÚs  convexe  en  avant  et  qui  forme  comme  une  voûte  saillante  arrontlie 
surplombant  la  racine  des  membres;  et  enfin,  chez  Acanthias  vulgaris, 
cette  crÚle,  devenue  horizontale  et  recliligne,  est  occupée  dans  presque 
toute  sa  longueur  par  une  série  trÚs  réguliÚre  de  cinq  tubercules  sphé- 
riques  bien  saillants,  qui  se  distinguent  d'autant  mieux  qu'ils  sont  calcifiés 
et  révÚlent  par  là  un  degré  d'évolulioti  |)lus  avancé  que  le  reste  de  la 
masse  cartilagineuse.  Crs  saillie^,  qui  ne  correspondent  pas  Ă   des  disposi- 
tions spĂ©ciales  des  muscles,  me  paraissent  ne  pouvoir  ĂȘtre  interprĂ©tĂ©es  que 
comme  des  vestiges  d'une  main  mono-  ou  pentadaclyle  de  la  ceinture, 
formant  pour  ainsi  dire  comme  inie  cpauletle  placée  au-dessus  de  l'ori- 
gine du  membre  radio-cubilal,  et  de  la  main  qui  lui  appartient.  Cette 
derniĂšre  est  d'ailleurs  elle-mĂȘme  virtuellement  ou  mĂȘme  rĂ©ellement  penta- 
dactyle,  car,  s'U  semble  que  le  nombre  des  métacarpiens  soit  réduit  à 
trois,  il  ne  faut  pas  oublier  que  certains  d'entre  eux,  l'interne,  et  le  moyen 
surtout,  peuvent  ĂȘtre  considĂ©rĂ©s  comme  la  synthĂšse  de  deux  mĂ©tacar- 
piens, et  d'autant  plus  que  ce  caractÚre  synthétique  du  squelette  des 
Chondroplérvgiens  est  trÚs  accentué.  Il  y  a  d'ailleurs,  chez  les  Rajidés, 
des  mains  radio-cubitales  pentadactyles  ii  métacarpiens  plus  ou  moins 
inégaux.  Comme  chez  les  Téléostéens,  il  y  a  donc  chez  les  Squalidés  les 
vestiges  d'une  main  de  la  ceinture  situĂ©e  sur  la  crĂȘte  de  la  fosse  coraco- 
scapulaire;  seulement  cette  main  est  devenue  ici  plus  ventrale,  comme 
d'ailleurs  la  main  cubito-radiale  elle-mĂȘme. 


12 10  ACADEMIE    DES    SCIENCES, 

»  L'examen  de  la  ceinlure  et  du  membre  antérieur  si  remarquables  des 
Eajidcs  va  confirmer  hautement  les  précédentes  conclusions.  La  main  si 
considĂ©rable  des  RnjidĂ©s  ne  doit  pas  ĂȘtre  comprise  comme  le  simple 
résultat  de  l'élargissement  vers  la  région  céphalique  de  la  main  radio- 
cubitale  des  Squalidés.  En  ofFet,  cette  derniÚre  n'est  articulée  qu'avec  la 
saillie  radio-cubitale  qui  constitue  le  membre,  et  a  sa  base  en  arriĂšre  du 
canal  nerveux  et  de  ses  orifices  qui  perforent  cette  saillie.  Or,  telle  n'est 
certes  pas  la  situation  et  les  rapports  de  la  main  des  RajidĂ©s.  ÉtudiĂ©e  chez 
Torpédo,  ou  chez  Myliobates  ou  chez  Raie  qui  représentent  trois  formes 
progressives  de  cette  main,  on  trouve  toujours  les  saillies  articulaires  de 
la  ceinture  disposées  en  deux  groupes  distincts  :  i°  le  groupe  postérieur 
composé  de  plusieurs  surfaces  articulaires,  et  situées  en  arriére  ou  au 
niveau  des  trous  nerveux  qui  se  sont  ici  déilouhlés  et  portés  à  quatre;  2°  la 
saillie  antĂ©rieure,  situĂ©e  sur  la  crĂȘte  antĂ©rieure  de  la  fosse  coraco-scapu- 
laire  et  tout  à  fait  en  avant  des  trous  nerveux.  Si  le  premier  groupe  répond 
trÚs  évidemment  aux  articulations  de  la  main  radio-cubitale  des  Squalidés, 
il  est  impossible  de  nier  que  la  saillie  elliptique  antérieure  correspond 
comme  situation  et  comme  rapports  aux  saillies  coracoĂŻdiennes  des  Squa- 
lidés. Mais  tandis  que  chez  ces  derniers  il  n'y  a  que  des  vestiges  de  la  main 
de  la  ceinture,  chez  les  Raies  cette  main  a  confirmé  et  manifesté  hautement 
sa  signification  en  ce  sens  que  la  saillie  articulaire  porte  un  doigt  trĂšs  volu- 
mineux articulé  avec  elle,  composé  d'un  Métacarpien  probablement  syn- 
thétique constitué  par  une  série  d'articles,  et  porteur  d'un  nombre  consi- 
dérable de  phalanges.  Il  y  a  donc  là  une  puissante  main  de  la  ceinture  qui, 
s'unissant  sans  interruption  ou  lacune  Ă   celles  du  membre  radio-cubital, 
constitue  l'élargissement  céphalique  si  étonnant  du  membre  antérieur  des 
Rajidés.  Ici,  comme  dans  le  membre  postérieur  des  Téléosléens,  mais  pour 
des  raisons  différentes,  les  deux  mains  de  la  ceinture  et  du  membre  se  sont 
juxtaposées  et  ajoutées. 

»  Chez  les  Téléosléens  le  défaut  de  différenciation  des  deux  demi- 
interépineux  constituants  et  leur  soudure  plus  ou  moins  complÚte  ont  main- 
tenu en  contact  les  deux  saillies  articulaires  qui  portent  les  rayons  et  qui 
représentent  virtuellement  les  deux  membres  pelviens  et  les  deux  mains 
d'un  mĂȘme  cĂŽtĂ©.  Chez  les  RajidĂ©s  la  diffĂ©renciation  avancĂ©e  des  deux  piĂšces 
constituantes,  leur  soudure  et  leur  développement  trÚs  considérable  ont 
maintenu  en  contact  les  deux  mains  et  assuré  leur  continuité. 

»  L'élude  du  bassin  et  du  membre  postérieur  des  Squalidés  et  des 
Rajidés  va  donner  encore  plus  de  solidité  à  ces  résultats.  Ce  bassin  pré- 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  IQoS.  1219 

sente  une  forme  générale  dont  les  variétés  se  ramÚnent  facilement  à  un 
type  commun.  Contrairement  à  ce  qui  a  lieu  chez  les  Téléostcens,  la  diffé- 
renciation de  la  ceinture  et  du  membre  est  déjà  assez  accentuée,  et  pres- 
que autant  qu'au  membre  antérieur.  Celte  ceinture  se  compose  d'une  plaque 
ou  lame  transversale  droite  ou  courbe  à  concavité  postérieure.  Elle  répond 
exactement  Ă   la  piĂšce  coracoĂŻdienne  et  forme  la  partie  ischio-pubienne  de 
la  ceinture.  Celte  plaque  présente  à  ses  deux  extrémités  un  élargissement 
saillant  en  arriÚre,  bien  plus  accentué  chez  les  Raies  que  chez  les  Squales. 

»  Sur  cette  plaque  se  trouve  un  trou  ou  foramen  nerveux  chez  les  Squa- 
lidés  et  deux  foramens  anléro-poslérieurs  chez  les  Rnjidcs.  Elle  représente 
la  saillie  du  membre  postérieur,  car  elle  est  exactement  comparable  à  la 
saillie  du  membre  sur  la  ceinture  antérieure.  La  ceinture  fournit  latéra- 
lement une  tige  ou  pointe  qui  se  porte  en  haut  et  en  arriÚre  et  représente 
l'iléon.  Sur  la  saillie  du  membre,  c'est-à-dire  en  arriÚre  des  foramens 
nerveux,  s'articulent  par  deux  surfaces  distinctes  deux  métatarsiens  qui 
portent  des  phalanges.  Mais  en  avant  des  foramens  et  sur  le  bord  antérieur 
du  pubis  s'élÚve  une  saillie  conique,  courte  chez  les  Squales,  allongée  et 
volumineuse  chez  les  Raies  et  qui  représente  exactement,  par  sa  situation, 
sa  forme,  ses  connexions,  le  doigt  coracoïdien  de  la  ceinture  antérieure. 
C'est  donc  un  vrai  doigt  ou  main  mouodactyle  de  la  ceinture  pelvienne, 
mais  réduit  à  la  portion  métatarsienne  et  dé[)ourvu  de  phalanges.  Ce  doigt 
est  d'ailleurs  articulé  avec  la  ceinture  chez  les  Rajidés  et  chez  la  |)lupart 
des  SqualidĂ©s  sur  une  saillie  pubienne,  qui  correspond  Ă   la  belle  lĂȘle  arti- 
culaire antérieure  de  l'épaule.  On  a  jusqu'à  présent  désigné  cette  saillie 
comme  processus  ou  apophyse  prépubienne,  sans  soupçonner  sa  significa- 
tion. Mais  c'est  bien  une  main  monodactyle  et  probablement  synthétique 
de  la  ceinture  pelvienne. 

»  Il  y  a  donc  chez  les  Sélaciens  (Squales  et  Raies)  comme  chez  les 
Poissons  osseux,  pour  chaque  paire  de  membres,  des  mains  de  la  ceinture 
distinctes  des  mauis  du  membre. 

»  D'oĂč  rĂ©sulte  que  dans  ces  deux  groupes  les  ceintures  et  les  membres 
résultent  également  de  la  différenciation  de  deux  piÚces  homodynames, 
moitiés  latérales  de  deux  supports  successifs  distincts  ou  fusionnés  des 
nageoires  impaires. 

»   Une  prochaine  Note  se  rapportera  au  cas  d'autres  Vertébrés.  » 


I^-ao  ACADEMIE   DES   SCIENCES. 


GÉOLOGIE.  —  Sur  la  limite  du  Jurassique  el  du  CrJlacĂ©  dans  la  rc'-^ion  orien- 
tale des  Pyrénées  et  sur  l'existence  de  deux  époques  distinctes  de  formation 
des  calcaires  à  couzrranite.  Note  de  MM.  Cii.  Depéket  et  O.  3Iexgei.. 

«  ]j'un  (les  traits  caractĂȘrisliques  de  riiistoire  gcologi(}nc  des  PvrĂ©nces, 
des  CorbiĂšres  et  d'une  partie  du  nord  de  l'Espagne  est  l'existence  d'une 
longue  phase  d'Ă©mersion  continentale  qui  embrasse  la  majeure  partie  des 
temps  Jurassiques  et  le  commencement  des  temps  Crétacé-.  Ce  grand  fait 
est  Ă©tabli  par  une  lacune  de  tous  les  Ă©tages  jurassiques,  vraisemblablement 
Ă   partir  du  Balhoiiien  et  de  tous  les  termes  du  grand  Ă©iage  NĂ©ocomien.  Par- 
tout, dans  celle  vaste  région,  on  voit  les  calcaires  Urgo- Aptiens  (hciÚs  à 
Rudisles  de  l'Aptien  inférieur)  reposer  sur  les  dolomies  jurassiques 
(Bajocien-Balhonien),  ou  mĂȘme,  par  suite  d'Ă©rosions,  sur  des  termes  plus 
anciens  de  la  série  sédimentaire. 

))  Dans  certaines  parties  des  Pyrénées,  telles  que  l'AriÚge,  la  limite  du 
Jurassique  et  de  l'Aptien  se  reconnaßt  aisément  grùce  à  l'intercalalion 
d'une  couche  de  Bauxite,  qui  semble  ĂȘtre  un  produit  de  dĂ©calcification  des 
calcaires  sous-jacents,  dans  leur  longue  phase  d'Ă©mersion.  La  Bauxite  se 
retrouve  dans  le  Languedoc,  dans  le  chaĂźnon  de  Saint-Ehinian  et  jusque  sur 
les  plateaux  des  environs  de  Bédarieux,  toujours  déposée  dans  les  anfrac- 
tuosilés  des  calcaires  jurassiques  inférieurs  ou  basiques  el  toujours  recou- 
verte par  le  terme  le  plus  ancien  du  Crétacé  de  la  région  (en  Languedoc, 
c'est  l'Ă©tage  de  Piognac). 

»  Mais,  dans  toutes  les  CorbiÚres  el  dans  les  chaßnons  orientaux  des 
Pyrénées,  ce  point  de  repÚre  si  précieux  de  la  Bjuxile  fait  défaut  et  la 
séparation  précise  du  Jurassique  et  des  calcaires  Urgo-Apliens  devient 
alors  trÚs  difficile.  Il  existe,  en  effet,  presque  toujours  dans  celte  région, 
au-dessus  du  Toarcien  marno-schisteux  Ă   IliUloceras  bifrons  trĂšs  fossilifĂšre, 
une  série  assez  épaisse  de  dolomies  noires  et  de  calcaires  dolomitiques  sans 
fossiles,  qui  ont  parfois  l'apparence  de  passer  graduellement  aux  calcaires 
apliens,  eux-mĂȘmes  plus  ou  moins  dolomitiques.  Celte  zone  dolomiti([ue 
inlérieure  a  été  jusqu'ici  rapportée  tantÎt  au  Jurassique,  tantÎt  à  la  base  de 
l'Aptien,  sans  raison  décisive  dans  l'un  des  deux  sens. 

»  Les  levés  géologiques  exécutés  sur  les  feuilles  de  Perpignan  et  de 
Piades  pour  le  service  de  la  carte  de  France  nous  ont  permis  de  découvrir 


SÉANCE    IJU    28    DÉCEMBRE    ir)n3.  I-i2I 

un  crilerium  important  et  tout  Ă   (;iit  nouveau  jjoiir  fixer  la  limile  du  Juras- 
sique el  du  Crétacé  dans  cette  région. 

»  La  valltc  fie  lAgly,  entre  Espira  et  lßstagel,  e^l  un  large  synclinal  crétacé  à  allure 
dissymĂ©lriqup,  dont  l'aile  sud  trĂšs  redressĂ©e  ou  mĂȘme  verticale  s'appuie  sur  les 
scliistes  siluriens  de  la  région  de  Millas.  On  y  observe  la  série  suivante  de  haut  en  bas  : 

»   Aptien.  —  2.   Marnes  noires  Ă   Osirea  aquila. 

»   1.   Calcaires  compacts  gris  bleu  à  7eMC«5««  (Urgo-aplien). 

»   Brcclie-limite.  —  BrĂšche  polygĂ©nique  d'Ă©paisseur  variable  (T"'  Ă   10"'  et  plus). 

»  .Jurassique  {Brijncien-Bathonien  'J-1).  —  Calcaires  doloniiliques  foncĂ©s  et 
dolomies  noires  pulvérulentes,  parfois  grises  ou  niÚnae  blanches. 

»  Toarcicn.  —  2.  Marnes  schisteuses  rosĂ©es  Ă   Ilildoceras  bifrons.  flammaloceras 
insigne,  CƓloceras  crassiun,  etc. 

»    1.   Calcaires  marneux  à  Beleniniles  tripaiLitus. 

»  Charmcnthien.  —  2.  Calcaires  roses  et  calcaires  Ă   grains  de  r[uarl7.  Ă   Penta- 
ci'iniis  jiirensis. 

»   1.  Calcaires  bleus  compacts  à  Pentacrines  el  Polypiers. 

»  SinĂ©murien  el  ?  Infra-lias.  —  Dolomies  foncĂ©es  et  calcaires  dolumitiques  brĂ©- 
choïdes,  cloisonnés  (cargneules). 

»  Celte  coupe  a  d'abord  ruilĂ©rĂȘt  de  nous  faire  connaĂźtre  la  composition 
du  Lias  dans  cette  rĂ©gion  oĂč  il  n'avait  pas  Ă©tĂ©  signalĂ©.  Mais  son  intĂ©rĂȘt 
principal  réside  dans  la  présence  constante,  entre  les  dolomies  supratoar- 
ciennes  el  les  calcaires  aptiens,  d'une  brÚche  polygénique  à  gros  éléments, 
dont  L'épaisseur  est  variable  suivant  les  points  et  dépasse  parfois  une  dizaine 
de  mÚtres.  Les  fragments,  1res  anguleux,  sont  formés  de  calcaires  d'ùges 
divers  :  calcaires  noirs  et  dolomies  du  Lias  inférieur  ou  du  Jurassique; 
calcaires  gris,  roses  ou  blancs  du  Lias  moyen;  le  ciment  est  compact,  de 
couleur  grise,  rosée  ou  jaune,  donnant  un  marbre-brÚche  d'assez  bel 
aspect,  depuis  longtemps  exploité  aux  carriÚres  de  Beixas. 

»  La  diversité  d'origine  des  éléments  de  cette  brÚche  atteste  des  phé- 
nomÚnes assez  énergiques  de  démantÚlement  et  de  transport  des  calcaires 
basiques  et  jurassiques  ayant  précédé  la  formation  de  la  brÚche.  Nous 
voyons  là  la  marque  d'un  changement  de  régime  assez  brusque  qui  a 
accompagné  ou  précédé  de  peu  le  retour  offensif  de  la  mer  aptienne  sur 
une  région  depuis  longtemps  soustraite  au  domaine  maritime.  Il  s'agit  donc 
là  d'une  véritable /^/vc/^e-Z/rniVe,  par  laquelle  nous  faisons  débuter  le  Crétacé 
inférieur  dans  toute  la  longue  bande  méridionale  de  la  vallée  de  l'Agly. 
Nous  avons  suivi  cette  brĂšche,  depuis  Baixas  par  Estagel,  jusqu'au  delĂ  
de  Latone,  et   nous  pensons  qu'elle  est   destinée  à  remplacer  la  Bauxite 

C.  K.,   1903,  2-  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N-  26.)  lOO 


1222  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

dans  toule  cette  région  orientale  des  Pyrénées,  comme  critérium  de  la 
limite  entre  les  terrains  jurassiques  et  crétacés. 

»  L'état  de  cette  brÚche  nous  a  amenés  en  outre  à  une  observation 
intéressante  au  sujet  de  l'ùge  des  jiliénomÚnes  de  métamorphisme  de 
contact  qui  ont  provoqué  la  formation  des  calcaires  à  couzeranite  (dipyre), 
si  caractéristiques  de  la  région  pyrénéenne.  Ces  phénomÚnes  se  sont 
reproduits  dans  notre  région  à  deux  époques  distinctes. 

»  En  effet,  les  calcaires  et  marnes  du  Lias  moyen  et  supérieur,  entre 
Calce  et  Estagel,  sont  métamorphiques  et  remplis  de  cristaux  de  couze- 
ranite. Ceci  est  parfaitement  conforme  aux  observations  faites  par 
M.  Lacroix  dans  l'AriĂšge,  et  plus  Ă   l'ouest. 

»  En  outre,  dans  les  environs  de  Baixas  et  d'Estagel,  la  brÚche-tiniite 
du  Crétacé  inférieur  contient  de  nombreux  fragments  de  calcaires  basiques 
remplis  de  dipyre  et  déjà  métamorphiques  avant  leur  incorporation  dans 
la  brĂšche  de  base  de  l'Aptien. 

»  Mais,  d'autre  part,  les  calcaires  urgo-apliens,  superposés  à  cette 
brĂšche,  sont  eux-mĂȘmes  remplis  en  certains  ]>oinls  (carriĂšres  de  Baixas, 
Estagel)  de  magnifiques  cristauv  de  couzeranite,  et  nous  nous  sommes 
assurés  que  ces  cristaux  existent  dans  des  couches  remplies  de  sections 
indiscutables  de  rudistes  crétacés. 

»  Il  est  donc  nécessaire'  d'admettre  dans  celle  région  deux  époques 
distinctes  de  métamorphisme  :  la  premiÚre  est  antérieure  à  la  brÚche  de 
base  de  l'Ă©tage  urgo-aptien,  et  doit  ĂȘtre  probablement  contemporaine  de 
la  formation  des  calcaires  Ă   couzeranite  de  l'AriĂšge,  c'est-Ă -dire  d'Ăąge 
jurassique  (post-liasique). 

»  La  deuxiÚme  époque  de  métamorphisme  est  sûrement  postérieure 
Ă   l'Aptien,  et  pourrait  ĂȘtre  mĂȘme  assez  rĂ©cente  gĂ©ologiquement,  puisque 
nous  n'avons  jusqu'ici  aucun  moyen  de  préciser  sa  limite  supérieure.    « 


NAVIGATION.   —   De  Vinflueiice  de  la  surimmersion  sur  la  vitesse. 
Note  de  M.  J.-A.  IVormaxd. 

Il  II  y  a  huit  ans,  dans  une  Note  intitulée  :  le  ProblÚme  de  la  vitesse,  j'ai 
indiqué  la  siu-immersion  comme  l'un  des  moyens  les  plus  efficaces  d'ac- 
croßtre la  vitesse  des  navires  et  de  résoudre  des  problÚmes  de  construc- 
tion navale  insolubles  autrement.  La  surimmersion  n'est  admissible,  il  est 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    1903.  12-23 

vrai,  que  dans  des  limites  restreintes  et  Ă   la  condition  de  no  pas  compro- 
mettre la  navigabilité. 

»  Etant  donné  un  bùtiment  type,  de  grandeur  absolue  invariable,  une 
addition  aux  poids  constitutifs  entraßnera  des  conséquences  trÚs  différentes 
suivant  que  le  dĂ©placement  devra  ĂȘtre  conservĂ©  ou  qu'il  pourra  ĂȘtre  aug- 
menté par  surimmersion. 

»   Soient  pour  le  bùlimciit  type,  un  bùtiment  de  combat,  par  exemple  : 
D,  déplacement  total  en  tonneaux  de  looo'-S; 

/),,  poids  de  coque  armée  avec  artillerie,  munitions,  équipage,  vivres; 
/?2i  poids  de  l'appareil  moteur  complet,  avec  rechanges  et  eau  de  réserve; 
fi.  poids  du  combustible; 
ç»,    vitesse  maxima  en  nƓuds; 

n,  exposant  de  la  vitesse  suivant  lequel  varie  la  puissance  dans  le  voisinage  de  la  puis- 
sance maxima. 

On  a 

(')  D  ^/'.^-/^2^-/^.v 

»  Le  poids  par  cheval  de  l'aiipareil  niolein-  étant  supposé  constant,  ainsi 
que  l'utilisation,  ce  qui  est  trĂšs  admissible  Ă   la  condition  essentielle  que 
l'acuité  et  la  surface  propulsive  soient  modifiées  suivant  l'immersion  et  la 
vitesse,  il  faut  poser 

(.)  .  =  a(^    ' 

»  On  a,  par  différentiation  : 
(3  )  c?D  —  dp,  ^-  dp,  -h  dp„ 

et 


(-ü)  ^^~-7;i  „,      3  ij 


(■  fdp,         2  r/D 


»  Quand  le  rayon  d'action  du  bĂątiment  type  doit  ĂȘtre  conservĂ©,  il  faut 
poser 

(5)  o,  =  bl)^, 

do  II 

dp,=  7/>:,  -ir' 


1224  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

pt  la  formule  (4)  devient 

»  Ces  formules  fournissent  la  variation  de  la  vitesse  dans  un  nombre 
illimité  d'hypothÚses,  parmi   lesquelles  on  peut  considérer  les  suivantes  : 

»  1°  Une  addition  c/p,  est  faite  à  la  coque  :  une  réduction  équivalente 
est  opĂ©rĂ©e  sur  l'appareil  moteur  pour  conserver  mĂȘme  dĂ©placement  : 

r/D  =  O,  ///>,  =  o,  (//),,  =  —  f'p,, 

d'oĂč,  pai'  la  formule  (^i), 

(n)  (h\  = '-■ 

\  y  y  "    />i 

»   2,"  Malgré  l'addition  c/p^,  l'appareil   moteur  et  le  rayon  d'action  du 
type  sont  conservés  et  il  en  résulte  une  surimmersion. 
»  La  formule  (6)  donne,  avec  dp.,  =  o, 

»  3"  Une  addition  dp.,  est  faite  à  l'appareil  moteur,  une  réduction  équi- 
valente étant  oi)érée  sur  la  coque  armée  et  le  combustible  pour  conserver 
mĂȘme  dĂ©placement. 

»   La  formule  (4)  donne,  avec  dD  =  o, 

,  ('  fin, 

(  0  )  di'..,  =  -  -^-  ‱ 

»  4°  Malgré  l'addition  dp.,  à  l'appareil  moteur,  le  poids  de  co([ue  et  le 
rayon  d'action  sont  conserves  avec  surimmersion. 
»   La  formule  (G)  donne,  avec  dp,  =  o, 


(lo)  ,A,,,  =  _/'^  . 


2 


»  Le  rapport  des  réductions  de  vitesses,  avec  et  sans  surimmersion  dans 


SÉANCR    DU    28    DÉCEMBRE     IQoS.  1^2.^ 

le  cas  (l'une  addition  à  la  coque  armée  est  donc 

et  celui  des  accroissements  de  vitesse,  avec  et  sans  surimmersion,  dans  le 
cas  d'une  augmentation  de  puissance, 

»  Ces  rapports,  dont  la  somme  est  égale  à  l'unité  et  qui  sont  indépen- 
dants de  la  vitesse  et  de  l'exposant  n,  présentent  les  valeurs  approxima- 
tives suivantes,  aux  conditions  d'essais,  pour  les  divers  types  de  bĂątiments 
de  combat  : 

Cuirassés  de  premier  rang 0,10  0,90 

Croiseurs  cle  premiĂšre  classe 0,17  o,83 

Croiseurs  de  troisiĂšme  classe 0,21  0,79 

Conlre-torpilleurs  non  blindés 0,28  0,72 

Torpilleurs  non  blindés o,3r  0,69 

»  11  résulte  de  ce  Tableau  que,  pour  un  grand  cuirassé  de  grandeur 
absolue  invariable,  l'addition  à  la  coque  armée  d'un  poids  susceptible  de 
rĂ©duire  sa  vitesse  d'un  nƓud,  si  le  poids  de  l'appareil  moteur  est  diminuĂ© 
d'une  quantitĂ©  Ă©quivalente  pour  conserver  le  mĂȘme  dĂ©placement,  n'enlraĂź- 
nera  qu'une  réduction  1"  X  0,10  =  o",io,  si  le  poids  de  l'appareil  moteur 
est  conservé  et  une  surimmersion  admise. 

»  Quand,  pour  ce  mĂȘme  cuirassĂ©,  le  poids  de  l'appareil  moteur  est  aug- 
mentĂ© de  maniĂšre  Ă   accroĂźtre  la  vitesse  d'un  nƓud,  les  autres  parties  con- 
stituantes, cuirasse,  artillerie,  combustible,  étant  diminuées  d'autant,  afin 
de  conserver  le  mĂȘme  dĂ©placement,  si  l'on  conserve  les  poids  anciens  de 
cuirasse  et  artillerie,  et  le  mĂȘme  rayon  d'action,  et  si  l'on  admet  la  surim- 
mersion, l'accroissement  de  vitesse  sera  i"  X  0,90  =  o'Ngo.  Or  ces  poids 
représentent  la  puissance  offensive  et  défensive  et,  question  de  naviga- 
bilité mise  à  part,  leur  conservation  présente  une  importance  beaucoup 
plus  grande  que  la  perte  d'un  dixiùme  de  nƓud. 

»  J'ai  eu  récemment  l'occasion  d'appliquer  et  de  vérifier  la  théorie 
exposée  ci-dessus. 


1226  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  Le  torpillevir  Cyclone  de  3o",  i  élant  pris  comme  type  et  sa  grandeur 
absolue,  son  appareil  moteur  et  son  rayon  d'action  étant  conservés,  ini 
blindage  fut  ajouté.  T^'augmentation  de  déplacement  fut  obtenue  j)ar 
surimmersion,  la  hauteur  des  Ɠuvres-mortes  Ă©tant  rĂ©duite  au  milieu, 
mais  conservée  aux  extrémités  poiu'  assurer  la  navigabilité. 

»   Les  caractéristiques  du  Cyclone  étaient  : 

D  =  i43'^'',5,         /j,  =  :j5t^,5,         /^,=  7o"',o,         /?.,=  i8'So. 
»   La  modification  entraßna  les  variations  : 

dD  =  3;'%  5,         dp,  =  33'\         dp^  =  o,         dp,  ==  4 


ti 


»  La  rĂ©duction  de  vitesse  devait  ĂȘtre,  d'aprĂšs  (8),  en  donnant  Ă   n  sa 
valeur  moyenne,  2",  5  Ă   grande  vitesse;  dans  les  torpilleurs,  2", 07.  En 
effet,  la  vitesse  maxima  moyenne  des  deux  torpilleurs  ainsi  modifiés, 
Siroco  et  Mistral,  atteignit  28",  3,  résultat  sans  précédent,  eu  égard  à  la 
charge  excessive  aux  essais  :  S'y  pour  100  du  déplacement  total,  au  lieu 
de  10  Ă   i5  pour  100,  dans  la  plupart  des  contre-tor[)illeurs  Ă©trangers 
de  3o".  Elle  n'eût  pas  dépassé  23"  si,  pour  conserver  le  déplacement  du 
type,  le  poids  de  l'appareil  moteur  eût  été  diminué  des  33'",,')  ajoutés  Ix  la 
coque. 

»  L'une  des  causes  qui  limitent  la  surimmersion  est  la  réduction  qui  en 
résulte  dans  l'angle  d'évanouissement  de  stabilité.  A  ce  point  de  vue,  tout 
ce  qui  contribue  à  l'abaissement  du  centre  de  gravité  général  facilite  la 
réalisation  des  grandes  vitesses,  en  permettant  d'attribuer  à  la  carÚne  une 
fraction  plus  grande  du  volume  de  la  coque. 

»  Du  reste,  un  volume  trop  grand  d'Ɠuvres-mortes  est  souvent  plus 
nuisible  à  la  navigabilité  qu'un  volume  trop  faible;  car,  s'il  assure  le  re- 
dressement dans  les  inclinaisons  excessives,  il  est  la  cause  princijjale  de 
ces  inclinaisons.  Il  peut  donc  se  faire  qu'en  augmentant  l'immersion  du 
bĂątiment  choisi  comme  type,  on  amĂ©liore  ses  qualitĂ©s  nautiques,  en  mĂȘme 
temps  qu'on  rend  plus  facile  la  solution  du  problĂšme,  m 


M.  Jansseiv   fait  hommage   à   l'Académie   d'un  Volume   qu'il   vient  de 
publier  sous  le  titre  :  «  Lectures  académiques.  Discours  ». 


SÉANCK    DU    28    DÉClLMBnE    r9o3.  1227 

MÉMOIRES  PRÉSENTÉS. 

M.  P.vrL  AuDOLF.EXT  soiiniet  au  jugement  de  l'Académie,  à  propos  de  la 
Communicalioii  de  M.  Charpentier,  du  i4  décembre  dernier,  une  récla- 
mation de  prioritĂ©  relative  Ă   «  l'Émission  de  radiations  par  la  gĂ©nĂ©ralitĂ© 
des  corps  de  la  nature  ». 

(Renvoi  Ă   la  Section  de  MĂ©decine.) 

M.  lIoxRi  Revel  adresse  plusieuis  Communications  relatives  Ă   la  navi- 
le. 

(Renvoi  Ă   la  Commission  d'AĂ©ronautique.) 


gation  aérienne. 


M.  Paul  Radiot  demande  l'ouverture  de  deux  plis  cachetés  qu'il  a 
déposés  à  l'Académie  le  1"'  avril  1889  et  le  5  juin  iBqS,  et  dont  le  dépÎt  a 
été  accepté. 

Ces  deux  plis,  inscrits  sous  les  n"^  4;j82  et  1918,  sont  ouverts  en  séance 
par  M.  le  Secrétaire  perpétuel.  Ils  renferment  des  Notes  sur  la  direction 
des  ballons. 

Ces  Notes  et  la  .Communication  du  mĂȘme  auteur,  du  24  dĂ©cembre  iqoS, 
sont  renvoyées  à  l'examen  de  la  Commission  d'Aéronautique. 

CORRESPONDANCE. 

M.  le  Seckétaike  perpétuel  signale,  parmi  les  piÚces  imprimées  de  la 
Correspondance  : 

1°  Un  Ouvrage  de  M.  E.  Malliias,  ayant  pour  titre  :  «  Le  point  critique 
des  corps  purs  ». 

2°  Un  Ouvrage  de  M.  A.  Lrtcmj;,^inlitulé  :  «  Matériaux  pour  la  Miné- 
ralogie de  Madagascar.  Les  roches  alcalines  caractérisant  la  province 
pétrograpliique  d'Ampnsindava  ».  (Présenté  |)ar  M.  Michel  Lévy.) 

MM.  Andover,  Axtho.w,  Artiils,  Rokrelly,  Drilloun,  Jean  Camus, 


1228  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

E.  ChAJIBOX,    g.  CiI.VVANNE,    .1.   CoM.ET,    L.   FÎAXIEI,,    H.   DoJIlXICI,    (il.OVER. 

E.  Goi.DSTHiN,  A.  Gcxïz,  Vir.TOil  llKxiii.  ïßoKPirAUER,  LuciF.x  La«;kiffe, 
In  comtesse  M.  vox  Lixdex,  E.  Loxr.o.  1\.  Maire,  Mauchis,   i^loxpuoFiT, 

F.  DE  MoXTESSrS    DE    OalLORE,     M"'"    votive    IVePVIX,    p.    PlOAnD,     IĂźerxard 

Rexault,  Eue.  SiMox,  Svex  Hedix,  LĂ©on  TEissEnExc  de  Bort,  il. -G. 
Zeithex  adressent  des  remercßments  à  l'Académie  poin-  les  distinctions 
dont  leurs  travaux  ont  été  l'objet  dans  la  derniÚre  séance  publique. 

M.  le  MixisTRE  DE  i,'ïxstrlT.ïiox  pjtbuqle  transmet  à  l'Acatlémie  une 
Lettre  du  Vice-Consul  de  France  Ă   Roustchouk,  relative  Ă   un  tremblement 
de  terre  qui  s'est  fait  sentir,  en  Bulgarie,  le  27  novembre  dernier. 


ANALYSE    MATHÉMATIQUE.    —    Sur  une   propriĂ©tĂ©  ries    fondions.   Note  de 
M.  II.  Lebesgue,  présentée  par  M.  E.  Picaril. 

«  Dans  une  Note  des  Cotnptes  rendus  (7  décembre  tqoS),  M.  Borel  a 
signalé  une  propriété  appartenant  à  toutes  les  fonctions  qui  ont  été  définies 
jusqu'à  présent.  Comme  Ta  dit  M.  Borel,  j'avais  rencontré  cette  propriété 
sous  une  forme  un'peu  différente. 

»  Je  dis  qu'une  fonction/(a;)  est  mesurable  si,  quels  que  soient  a  et  b, 
l'ensemble  des  valeurs  de  .r,  pour  lesquelles  on  a  a  <^/(x)<^  b,  est  mesu- 
rable. Les  fonctions  continues  sont  mesurables.  La  limite  d'une  suite  con- 
vergente de  fonctions  mesurables  est  mesurable.  Je  ne  sais  pas  s'il  existe 
des  fonctions  non  mesurables;  les  fonctions  actuellement  connues  sont 
toutes  mesiu'ables. 

»  J'ai  démontré,  dans  mon  cours  du  CollÚge  de  France,  que  toute  fonc- 
tion mesurable  bornée  est  la  dérivée  de  son  intégrale  indéfinie,  sauf  pour 
des  valeurs  de  x  formant  au  plus  un  ensemble  de  mesure  nulle.  Cela  résulte 
d'une  propriété  que  j'ai  démontrée  incidemment  sans  l'énoncer  :  Si  /(j") 
est  mesurable,  il  est  possible,  sauf  si  x  appartient  Ă   un  certain  e/iscrnble  de 
mesure  nulle,  de  trouver  un  inten-alk  («.,  p)  comprenant  jc  cl  dans  lequel  on  a  : 

|/(.r')-/(.r)|<3. 

sauf  pour  des  imleurs  de  x'  appartenant  à  un  ensemble  de  mesure  i^i.'v'  ~'  "-)'■> 
et  cela  quels  que  soient  e,  et  i.,.  Si  l'on  adopte  les  idées  de  M.  Baire  (')  rela- 

(  ')  Sur  les  fondions  de  variables  réelles  {A/inati  ili  Matct)iatic(i.  1900). 


SÉANCE    DU    28    DKClCMHIli;    19OJ.  I2a() 

livemeiil  à  la  définilion  du  maximum  et  du  minimum  d'une  fonction  quand 
on  néglige  une  certaine  classe  d'ensembles,  on  pourra  dire  que,  sauf  pour  les 
points  d'un  certain  ensemble  de  mesure  nulle,  toute  fonction  mesurable  est 
continue  quand  on  néglige  les  ensembles  de  mesure  t,  z  étant  aussi  petit  que 
l'on  veut  ('). 

»  On  passe  facilement  de  cet  énoncé  à  celui  de  M.  Borel,  de  sorte  que 
toute  fonction  mesurable  jouit  de  la  propriété  de  M.  Borel  ;  d'ailleurs  toute 
fonction  qui  jouit  de  cette  propriété  est  évidemment  mesurable,  c'est  une 
propriété  caractéristique  des  fonctions  mesurables. 

»  Quand  on  veut  démontrer  seulement  que  les  fonctions  actuellement 
définies  jouissent  de  la  propriété  de  M.  Borel,  il  suffit,  comme  le  fait 
M.  Borel,  de  remarquer  que  cette  propriété  appartient  aux  fonctions  con- 
tinues et  qu'elle  se  conserve  à  la  limite.  Ce  dernier  fait  est  une  conséquence 
immédiate  d'une  propriété  presque  évidente  et  trÚs  générale  que  j'ai  déjà 
eu  l'occasion  d'appliquer  à  l'intégration  terme  à  terme  des  séries  à  restes 
bornés  (-)  :  Lorsque  ion  a  une  série  convergente  de  fonctions  mesurables,  quels 
que  soient  s,  et  i.,,  on  peut  toujours  trom'er  n  assez  grand  pour  que  l'ensemble 
des  valeurs  de  x,  pour  lesquelles  certains  des  restes  d'indices  supérieurs  à  n  sont, 
en  valeur  absolue,  supérieurs  à  e,,  soit  de  mesure  inférieure  à  i.,.  De  sorte 
que  :  toute  série  convergente  de  fonctions  mesurables  est  uniformément  conver- 
gente quand  on  néglige  certains  ensembles  de  mesure  s,  i  étant  aussi  petit  que 
ion  veut. 

n  La  propriété  qu'a  remarquée  M.  Borel  est  susceptible  d'une  autre 
forme  qu'il  est  souvent  commode  d'employer  pour  Ă©tendre  aux  fonctions 
mesurables  des  théorÚmes  vrais  |)onr  les  fonctions  intégrables  :  Toute  fonc^ 
tion  mesurable  f  ne  digÚre  d'une  certaine  fonction  intégrableo,  qu'aux  points 
d'un  ensemble  de  mesure  t  aussi  petite  que  l'on  veut.  Si  f  est  bornée  et 
comprise  entre/et  L,  on  peut  prendre  «p^ comprise  entre  ces  mĂȘmes  limites; 
lorsqu'on  opÚre  ainsi,  l'intégrale  de  <pe  tend  vers  celle  de/quand  i  tend  vers 
zéro.  Cela  donne  un  procédé  permettant  de  définir  facilement  l'intégrale 
des  fonctions  mesurables  bornées.  En  se  servant  de  la  propriété  relative 


(')  Mais  non  niil;  l'énoncé  que  j'avais  donné  à  M.  Borel  est  Inevacl,  Les  ensembles 
que  l'on'néglige  ne  sont  pas  de  mesure  nulle,  mais,  si  l'on  veut,  de  densité  nulle  au 
point  considéré. 

{-)  Voir   ma  ThÚse   Intégrale,    longueur,    aire  {Anncdi  di  Malematica,    1902), 

p.  29. 

C.  R.,  i9o3,   2-  Semestre.  (T.  CXXXVtl,  N»  86  )  '^' 


i  2'io  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

aux  séries  on  voit  directement  qu'il  est  applicable  à   toutes  les  fonctions 
bornées  actuellement  connues  (  '  ).  » 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Sur  les  Ă©quations  linĂ©aires  aux  dĂ©rivĂ©es 
partielles.  Note  de  M.  J.  Le  Roux,  présentée  par  M.  E.  Picard. 

«  M.  Hadamard  a  donné,  dans  une  Note  récente  des  Comptes  rendus, 
d'intéressantes  propriétés  des  intégrales  des  équations  linéaires  aux  dérivées 
partielles  du  deuxiÚme  ordre.  Ces  propriétés  peuvent  s'étendre,  au  moins  en 
partie,  aux  équations  d'ordre  supérieur.  J'ai  fait  dans  ma  ThÚse  (Paris,  i8g4) 
une  étude  détaillée  des  singularités  accidentelles  pour  les  équations  du 
deuxiÚme  ordre  à  deux  variables  indépendantes,  en  me  basant  sur  une  cer- 
taine représentation  analytique  des  intégrales,  obtenue  par  une  généralisa- 
tion de  la  mĂ©thode  de  Riemann.  J'ai  montrĂ©  ensuite  comment  la  mĂȘme 
reprĂ©sentation  analytique,  et  par  suite  la  mĂȘme  mĂ©thode,  pouvait  s'appli- 
quer aux  équations  d'ordre  supérieur  à  deux  variables  indépendantes 
{Journal  de  LivmUle,  1898)  et  aux  Ă©quations  Ă   plusieurs  variables,  d'ordre 
quelconque  {Journal  de  Liouville,  igoo). 

»  Si  l'on  prend,  par  exemple,  les  équations  linéaires  à  trois  variables 
indĂ©pendantes,  les  solutions  pouvant  ĂȘtre  reprĂ©sentĂ©es  par  des  intĂ©grales 
doubles  de  la  forme 


//^ 


'/(a,  ^)u{x,y,z,x,\t)da.d^, 
plus  des  intégrales  simples  et  des  solutions  particuliÚres  en  nombre  limité. 


(')  Dans  une  Noie  des  Comptes  rendus  (3o  uov.  1908),  M.  Borel  a  indiqué  que,  dans 
mes  Leçons  sur  l'intégration  et  la  recherche  des  fonctions  primitives,  se  trouve  une 
démonstration  du  théorÚme  de  Canlor-Bendixon.  Je  me  permets  de  compléter  ici  cette 
indication. 

Le  théorÚme  dont  il  s'agit  comprend  deux  parties  : 

I.  Tout  ensemble J'erméE  est  la  somme  d'un  cnsc/iible par/ait  E^  et  d'un  ensemble 
dénombrablc  Ej. 

II.  V^^  est  l'un  des  dérivés  de  E. 

La  démonstration  (|ue  je  donne  de  la  propriélé  1  est  identique  à  celle  qu'a  indiquée 
M.  LindelĂŽf  dans  les  Comptes  rendus  du  2  novembre  igo3;  je  n'y  emploie  pas  le 
langage  des  nombres  Iransfßnis.  Mais,  pour  la  propriété  II,  que  ne  démontre  pas 
M.  LindelÎf,  il  est  indispensable  d'avoir  la  notion  générale  de  dérivé,  c'est-à-dire  celle 
de  nombre  Iransfiiii. 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    IQoS.  I23l 

»   La  limite  du  champ  d'intégrstion  relatif  à  l'intégrale  double  peut 

comprendre  une  partie  fixe  arbitrairement  choisie,  et  une  partie  variable 

(dĂ©pendant  de  x,y,z').   Cette  derniĂšre  partie  doit  ĂȘtre  dĂ©finie  pnr  une 

Ă©quation  de  la  forme 

(0  ^  =  ?C'3?,  r,-s,  y-). 

la  fonction  «p  étant  telle  que  l'équation  0),  quand  on  y  regarde  a,  p  comme 
des  constantes,  définit  une  intégrale  complÚte  de  l'équation  aux  dérivées 
partielles  des  caractéristiques.  Quant  à  l'élément  d'intégrale,  il  comprend 
une  fonction  arbitraire /(v.,  ^)  et  une  intégrale  primitii'e  u{x,  y,  z,  a,  p)  de 
l'équation  considérée,  qu'on  peut  toujours  supposer  réguliÚre  dans  un 
domaine  restreint  des  variables  x,  y,  z. 

»  Il  saute  alors  aux  yeux  que,  pour  obtenir  des  intégrales  à  singularités 
accidentelles,  nous  disposons  :  1°  de  la  partie  fixe  arbitraire  de  la  limite 
du  champ  d'intégration;  2"  de  la  fonction  arbitraire /(a,  tß)  à  laquelle  nous 
pouvons  attribuer  telles  singularités  qu'il  nous  plaira. 

«  Un  exemple  simple  fera  nettement  comprendre  le  sens  et  la  portée 
de  la  méthode.  Soit 

./■(^.  P) 


[:i-..(x„,  >‱„,  =0,  a)]^     (8-'fo)' 

))  IntĂ©grons  d'abord,  par  rapport  Ă   ?,  entre  les  limites  |ü„  =  const.  et 
(3,  =  ol^x.  y,  z,  7.).  Si  l'on  suppose  u{x,  y,  z,  a,  S)  développé  en  série 
suivant  les  puissances  de  <^  —  o^, 


on  aura 


la  fonction  U  Ă©tant,  en  gĂ©nĂ©ral,  rĂ©guliĂšre  pour  cp  =  Çj. 
»   Considérons  maintenant  les  racines  a  de  l'équation 

(^^)  ?(-'^..i',  z,  7.)  —  ?(.:r„,  Jo,  =0'  «)  =  o- 

Soit  a,    l'une  d'entre  elles.  Intégrons  par  rapport  à  a  suivant   un  lacet 
partant  d'un  point  quelconque  x„  et  entourant  le  point  a,.  On  obtient  pour 


1232  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

l'intégrale  une  expression  de  la  forme 

(3)       Il  =  2-1 


[n„{a-.  y,  z,  a.)  f  '  -     ,  T 

))   La  fonction|qiii  figure  en  dénominateur  dans  le  premier  terme 


jyiti  j'f  *.-,  »x  „ ,  ^t',|)  -""(tj  — 


«Ja,  <J«i 


OÙ  oc,  dĂ©signe  une  racine  de  l'Ă©quation  (  2),  s'annule  sur  le  conoĂŻde  carac- 
icrislique  ayant  pour  sommet  le  point  x^,  j\,  z^,  mais  elle  n'est  pas,  en 
général,  holomorphe  dans  le  voisinage  de  ce  point. 

„  1  1       !>■  .■  ^Ù-ll  0'' It  Ô- Il  .  J 

»  Dans  le  cas  de  1  équation  -t-^^  +  y^ j^  =  0,  on  peut  prendre  pour 

intégrale  complÚte  de  l'équation  caractéristique 

X  cosx  ■+-  y  sin  z  —  c  —  [i  =  o, 

cl,  pour  intégrale  primitive  correspondante, 

»   T.a  méthode  précédente  conduit  alors  à  l'intégrale 


\'{x  -  .r,y-+{r-y,y-(z-  Z;Y- 
»   Soit,  dans  le  cas  général, 

rp  —  0^,=;  a{x  —  a-„  )  +  b{y  —Va)  +  c(z  —  z„)  -+-.. ., 

les  coefficients  a,  h,  c  sont  des  fonctions  de  «  satisfaisant,  quel  que  soit  ce 
paramÚtre,  à  une  équation  algébrique  homogÚne,  d'ordre  égal  à  celui  de 
l'cquation^considĂ©roe  :  c'est  l'Ă©quation  caractĂ©ristique  au  point  .r„,  j„,  z„  : 

Via,  b,  c)  —  o. 

Les  valeurs  de  a  correspondent  aux  points  de  la  surface  de  Riemann  rela- 
tive à  cette  équation  algébrique.  Le  premier  terme  de  l'intégrale  (3;  est 
doncanalogueà  une  période  polaire  d'une  intégrale  abélienne.  En  prenant 
dans  les  développements  du  numérateur  et  du  dénominateur  un  nombre 
limitĂ©  de  termes,  on  aura  mĂȘme  de  vĂ©ritables  intĂ©grales  abĂ©liennes, 
lorsque  l'intégrale  complÚte  (  1  )  sera  convenablement  choisie.  C^e  résultat 
intéressant  parait  assez  inallendii.    » 


SÉANCli    DU    28    DÉCEMBRl'     ItjoS.  1233 


ANALYSE  MATHÉMATIQUE.  —  Cniivergence  des  ra'licauv  superposĂ©s pĂšriodirjues . 
Noie  de  M.  Patl  Wiernsberger,  iiréscntce  par  M.  Appell. 


«  Considérons  l'expression  y  2  ±  y  2  zh. .  .±  y/2  formée  de  radicaux 
superposĂ©s  portant  sur  le  nombre  2  et  sĂ©parĂ©s  par  les  signes  4-  ou  —  ; 
supposons  ces  signes  au  nombre  i\c pq  et  se  reproduisant  périodiquement 
dans  le  mĂȘme  ordre,  de  q  en  q.  On  voit  facilement  que  celte  expression 
est  Ă©gale  au  cĂčLc  d'un  polygone  rĂ©gulier  (  '  ),  de  rayon  i,  d'ordre  2''^'^-  et 
dont  l'indice  a.j,  satisfait  Ă   la  relation 

en  dĂ©signant  par  ÂŁ,j  le  nombre  +1  ou  —  r,  suivant  que  le  [7.'*'"'  signe  de  la 
pĂ©riode  est  +  ou  — . 

M  II  suit  de  lĂ   que,  poury^  =  ce,  a^,  tend  vers  une  limite  qu'il  atteint  par 
valeurs  croissantes  ou  décroissantes,  si  le  nombre  des  signes  négatifs  de  la 
période  est  pair,  ou  par  valeurs  oscillantes  si  le  nombre  en  est  impair. 

Cette  limite,  dont  a^,  est  d'ailleurs  une  valeur  approchée  à     ^     ,  prÚs,  est 
une  fraction  <^  -  Ă©gale  Ă  


27-1. 


.ri'/-2+.    ..  +   =,ÂŁ,...ÂŁ,_ 


\a\  fraction  irréductible  i,  qui  lui  est  égale,  a  pour  dénominateur  un 
nombre  simplement  pair  et  le  cÎté  a^  du  polygone  régulier,  de  rayon  i  et 
d'indice  /,  satisfait  Ă   la  relation 


.r  =  \/  2  +  ÂŁ,  \/2  +  ÂŁ.  y  2  +...+ÂŁy.,  \l  1+  l^X  . 

Tl  en  résulte  que  toute  expression  de  la  forme  proposée,  indéfiniment  pro- 

(')   La  somme  des  angles  d'un  polygone  rĂ©gulier  de  n  cĂŽtĂ©s  Ă©lanl  («  —  ae)-,  j'ap- 
pelle /(  son  ordre,  e  son  espĂšce  et  -  <^  -  son  indice. 


1234  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

longée,  est  convergente  et  représente  le  cÎté  d'un  polygone  régulier,  de 
rayon  i  et  d'ordre  simplement  pair. 

»  On  peut  montrer,  d'une  maniÚre  analogue,  qu'une  expression  périn- 
ilique  mixte,  dans  laquelle  les  signes  ne  se  reproduisent  périodiquement 
qu'à  partir  d'un  certain  rang,  représente  le  cÎté  d'un  [polygone  d'ordre 
impair,  si  l'avant-période  n'a  qu'un  signe,  ou  d'ordre  doublement  pair,  si 
elle  en  a  plusieurs.  Les  cÎtés  des  polygones  dont  l'ordre  est  une  puissance 
de  2  sont  représentés  par  des  radicaux  superposés,  en  nombre  fini.  » 


MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Sur  un  nouveau  systùme  de  train  routier  dit  à 
propulsion  continue.  Note  de  M.  Charles  Rexard,  présentée  par 
M.  Maurice  Levy. 

«  Nous  avons  expérimenté  avec  succÚs,  d'abord  en  petit  puis  en  grand, 
sur  un  train  de  3o  Ă   35  tonnes,  un  nouveau  systĂšme  de  trains  routiers 
dont  les  propriétés  caractéristiques  sont  les  suivantes  : 

»  i"  Propulsion  et  frĂšnage  continus.  —  La  locomotive  n'est  pas  un  trac- 
teur, mais  une  simple  usine  d'énergie  distribuée  à  toutes  les  voitures  du 
train  qui  deviennent  ainsi  automobiles  par  délégation. 

»  Cette  distribution  d'énergie  ne  se  fait  pas  électriquement,  mais  cinÚ- 
maliquement,  au  moyen  d'un  arbre  longitudinal  dit  arbre  du  train,  lequel 
est  brisé  à  la  cardan  dans  les  intervalles  des  voitures  pour  permettre  au 
Irain  d'Ă©voluer. 

»  Le  moteur  attaque  X arbre  du  train,  lequel  met  simultanément  en  mou- 
vement toutes  les  voilures  (propulsion  continue).  On  les  arrĂȘte  simultanĂ©- 
ment en  frénant  sur  cet  arbre  {frÚnage  continu).  On  voit  immédiatement 
que  ce  systĂšme  de  propulsion  continue  transforme  le  train  en  une  sorte  de 
locomotive  articulée  dont  toutes  les  roues  sont  couplées.  DÚs  lors,  la  faculté 
locomotrice  du  train  n'est  plus  limitée  par  l'adhérence  des  roues  de  la 
locomotive,  puisque  tous  les  vĂ©hicules  se  remorquent  eux-mĂȘmes.  La  loco- 
motive perd  son  caractĂšre  habituel  de  lourdeur.  En  fait,  une  voilure  de 
course,  de  1200''^  Ă   looo''"  en  charge,  devient  une  locomotive  capable  de 
traĂźner  i5  Ă   20  tonnes  sur  toutes  les  pentes  et  quel  que  soit  l'Ă©tat  visqueux 
et  mou  de  nos  routes  ou  chaussées  ordinaires.  Grùce  à  la  légÚreté  spéci- 
fique des  moteurs  actuels,  ces  trains  légers  qui  ne  détériorent  plus  les 
routes  peuvent  encore  avoir  des  vitesses  importantes  variant  de  20'""'  Ă   aS*"" 
en  palier  Ă   4*""  ou  5"^'"  dans  les  pentes  maxima  de  10  Ă   12  pour  100. 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  1903. 


1235 


»  2"  Tournant  correct.  —  Mais  il  ne  suffisait  pas  de  gravir  toutes  les 
pentes,  il  fallait  aussi  plier  le  train  à  toutes  les  sinuosités  de  la  route  et  lui 
donner  cette  propriété  que  nous  avons  appelée  le  tournant  correct,  et  grùce 
Ă   laquelle  la  locomotive  semble  poser  des  rails  sur  lesquels  tout  le  reste 
du  train  passe  avec  une  scrupuleuse  fidélité,  quelle  que  soit  sa  longueur. 
Outre  Vattelage  de  puissance  qui  donne  la  propulsion  continue,  les  voi- 
tures doivent  donc  ĂȘtre  rĂ©unies  par  un  attelage  de  direction.  Voici  comment 
doit  ĂȘtre  construit  cet  attelage  pour  le  cas  oĂč  toutes  les  voitures  sont  Ă  
quatre  roues  avec  arriĂšre-train  moteur  fixe  et  avant-train  mobile  Ă   cheville 
ouvriĂšre  i^fig.  1). 

KiK.  1. 


C.  (IcLuƓ..  "^H'O 


»  Il  suffit  de  considérer  un  groupe  de  deux  voitures,  Y,  et  V..  Car  si  V, 
suit  V,,  il  est  Ă©vident  qu'avec  le  mĂȘme  dispositif  V3  suivra  V^  et  ainsi  de 
suite  jusqu'Ă   la  queue  du  train. 

»  PremiĂšre  proposition.  —  AprĂšs  une  pĂ©riode  de  mise  en  train  gĂ©nĂ©ralement  trĂšs 
courte,  si  Vi  dĂ©crit  un  cercle  autour  d'un  centre  O,  V,  tournera  autour  du  mĂȘme 
centre  (le  rajon  de  giration  H,  de  V.,  peut  d'ailleurs  différer  de  R,). 

»  DeuxiĂšme  proposition.  —  Si  a  est  l'empallement  (distance  de  l'avanl-train  Ă  
l'arriĂšre-train),  b  la  longueur  du  timon  et  c  la  queue  (distance  de  la  tĂȘte  du  limon 
de  V2  Ă   l'arriĂšre-train  de  V,  ),  on  a 


C) 


Rf-R^  =  («2-l-6=)-c^. 


La  démonstration  de  cette  proposition  est  trÚs  facile  : 
»   On  a  {fig.  1) 

R2z=AÔ'—  C^  ÂC)'  =  6»-4-CÔ',      ~~C0    3::«2  4-H^, 


Vl'iG  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

d'oĂč,  en  ajnulanl  et  supprinianl  les  parties  communes. 


R'jr=(rt^4-6^ 


n] 


f:.   Q.   I'.  D. 


))    Tioisiùrne  jiroposilion.  —   l'oiir  ([ue    V^  sui\e   \',   quand  \\  cK'ci-lt   un  cercle  de 

rayon  quelconque,  il  faut  et.  il  sulTii  que  R,:=  R,,  c'est-Ă -dire  que  c-=;  rt--f-  b-\  donc  : 

»  Le  lournanl  sera  correct  pour  tous  les  rayons  de  courbure  si7ff  queue  est.  l'hy- 

Fig.  1. 


y  /"/  -f-  y-y  y-  v  -/   V  -V^Z-'-Z  ./^z-  X-'  ‱- \ 


-^^pfi      ^X^tac    tcvjitVLti^uilvuLl      (  cVUcio^  <i^  ^vcl>3a*vcc   ) 

polénuse  d'un   triangle   rectangle  dont   le  limon  et  l'empattement  sont  les  deux 
autres  cÎtés. 

»  QuatriĂšme  proposition.  —  Dans  le  cas  oĂč  V,  dĂ©ciit  une  trajectoire  Ă   rajon  de 
courbure  prof^ressivemeot  variable,  le  tournant  n'est  pas  absolument  correct,  mais 
dans  la  pratique  il  l'est  suffisamment  pour  que  les  légers  écarts  des  derniÚres  voitures 
ne  constituent  pas  une  gĂšne  pour  le  conducteur. 

»  Et!  fait,  le  pilote  peut  conduire  un  Irain  de  lo  voilures  dans  les 
méandres  les  plus  capricieux  de  nos  roules  et  de  nos  villages  sans  avoir  à 
s'occuper  d'aulre  chose  que  de  la  conduite  de  sa  locomotive. 

»  Celte  propriĂ©tĂ©  du  tournant  correct  peut  ĂȘtre  donnĂ©e  Ă   des  trains  ordi- 
naires qui  n'ont  pas  la  propulsion  continue,  mais  elle  ne  réussit  pas  bien, 
car  le  train  est  alors  sous  tension  et  cette  tension  tend  Ă   le  rectifier  en  tai- 
sant riper  les  voitures  vers  le  centre  (fait  d'expérience),  le  lournanl 
correct  ne  l'est  donc  véritablement  que  quand  il  est  j'oinl  à  la  propulsion 
continue. 

M  3°  Attelage  Ă©lastique.  —  Il  est  le  complĂ©ment  indispensable  du 
systĂšme,  mais  nous  ne  pouvons  en  parler  aujourd'hui. 

»  En  résumé,  grùce  à  Vemploi  simultané  de  la  propulsion  continue,  du 
tournant  correct  et  de  Y  attelage  Ă©lastique,  on  peut  faire  Ă©voluer  sur  toutes 
les  pentes  et  dans  toutes  les  courbes  de  nos  routes  ou  chemins  ordinaires 
des  trains  importants  remorqués  par  des  locomotives  de  faible  poids.  Ce 
systÚme  a  déjà  la  sanction  de  l'expérience.  De  nouveaux  essais  vont  avoir 
lieu  incessamment  et  nous  serons  heureux  d'en  rendre  témoins  les 
Membres  de  l'Académie  des  Sciences.    « 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    I()o3.  12.37 


MÉCANIQUE  APPLIQUÉE.  —  Nouveaux  dispositifs  Ă©lectromĂ©caniques  d'em- 
brayage et  de  changement  de  vitesse  progressifs.  Note  de  M.  Paul 
Gasmer,   présentée  par  M.  d'Arsonval. 

«  Il  n'a  pas  été  réalisé  jusqu'ici  de  systÚme  mécanique  satisfaisant  de 
transmission  de  mouvement,  permettant  d'obtenir,  entre  des  limites  Ă©ten- 
dues, et  pour  des  puissances  importantes,  une  variation  continue  de  la 
vitesse. 

»  Aussi,  dans  bien  des  applications  oßi  il  est  utile  de  graduer  la  vitesse, 
emploie-t-on  le  moteur  électrique  dont  la  souplesse  et  la  facilité  de  ma- 
nƓuvre sont  justement  apprĂ©ciĂ©es. 

»  Mais,  lorsque  l'énergie  motrice  est  fournie  sous  forme  mécanique, 
l'emploi  de  la  transmission  électrique  nécessite  la  transformation  complÚte 
en  énergie  électrique  de  toute  l'énergie  motrice.  La  dynamo  génératrice, 
d'une  part,  la  dynamo  réceptrice,  d'autre  part,  ont  chacune,  au  rendement 
prĂšs,  la  puissance  totale  du  moteur. 

»  J'ai  réalisé  un  nouveau  systÚme  de  transmission  que  j'ai  qualifié 
A' électromécanique ,  en  raison  de  ce  qu'il  constitue  une  véritable  association 
des  procédés  électriques  et  des  procédés  mécaniques. 

»  Ce  dispositif  permet  d'obtenir,  par  des  manƓuvres  trĂšs  simples,  une 
variation  continue  de  la  vitesse  de  l'organe  commandĂ©,  depuis  l'arrĂȘt 
jusqu'à  un  maximum,  et  il  présente  sur  la  transmission  électrique  pure 
l'avantage  de  ne  nécessiter  que  des  machines  dynamos  d'une  puissance 
normale  bien  inférieure  à  la  puissance  motrice,  le  tiers  ou  le  quart  seule- 
ment par  exemple.  Cela  tient  Ă   ce  qu'une  fraction,  variable  avec  la  vitesse, 
mais  toujours  importante,  de  la  puissance  motrice,  est  transmise  directe- 
ment par  le  moteur  lui-mĂȘme  Ă   l'arbre  commandĂ©;  le  reste  seulement  de 
la  puissance  motrice  est  absorbé  par  une  des  dynamos  travaillant  en  géné- 
ratrice pour  ĂȘtre  restituĂ©e  j)ar  l'autre  dynamo  travaillant  en  rĂ©ceptrice. 

H^Cette  transmission  convient  surtout,  en  raison  de  la  liaison  existant 
entre  le  moteur  et  l'arbre  commandĂ©,  aux  cas  oĂč  il  y  a  de  petites  distances 
Ă   franchir,  comme,  par  exemple,  dans  les  voitures  automobiles.  Elle  est 
alors  supérieure  à  la  transmission  électrique  pure,  au  point  de  vue  du 
poids  et  du  rendement. 

»  Le  [)rincipe  de  la  transmission  électromécanique  est  le  buivant  : 

»  Un   train  d'engrenages   épicycloïJaux   est  employé   de  maniÚre  que 

C.  R.,  1903,  2-  Semestre.  (T.  C.NXXVIl,  N«  26.)  1^2 


1238  Académie  des  sciences. 

l'arbre  coaimaïulé  soit  contlnit  à  la  fois  par  le  moteur  et  par  une  dynamo 
que  j'appellerai  dynamo  d'embrayage,  ces  deux  machines  étant  séparées 
et  pouvant,  par  conséquent,  prendre  deS  vitesses  différentes. 

»  Soit,  par  exemple,  un  train  épicycloïdal  à  engrenages  droits,  composé 
d'un  pignon  central  concentrique  à  un  pignon  extérieur  plus  grand  mais 
denté  intérieurement;  les  deux  dentures  étant  réunies  par  un  nombre 
quelconque  de  pignons  satellites  tournant  fous  sur  des  arbres  fixés  sur  un 
support. 

»  Il  suffit  de  combiner  les  trois  parties  :  pignon  extérieur,  pignon  cen- 
tral, support  des  satellites,  chacune  avec  l'un  des  trois  organes  :  moteur, 
dynamo  d'embrayage,  arbre  commandé,  pour  obtenir  le  résult;it  voulu. 

»  Prenons,  par  exemple,  le  pignon  extérieur  relié  au  moteur,  le  pignon 
central  Ă   la  dynamo  d'embrayage,  et  le  support  des  satellites  Ă   l'organe 
commandé.  On  a  ainsi  un  ensemble  qui  constitue  un  nouvel  embrayage 
électromécanique  progressif.  La  position  de  débrayage  correspond  au  cir- 
cuit ouvert  de  la  dynamo  que  nous  supposerons,  pour  simplifier,  excitée 
séparément. 

»  Le  moteur,  tournant  à  vitesse  constante,  et  l'arbre  commandé,  c'est- 
Ă -dire  le  support  des  satellites  Ă©tant  fixe,  la  dynamo  tourne  en  sens  inverse 
du  moteur.  Si  l'on  ferme  alors  la  dynamo  sur  un  rhéostat,  elle  deviendra 
génératrice,  ralentira  de  vitesse,  et  le  support  des  satellites  se  mettra  à 
tourner  dans  le  sens  du  moteur,  de  maniĂšre  Ă   ce  que  le  courant  circulant 
dans  la  dynamo  crée  sur  le  pignon  central  un  couple  correspondant  an 
couple  résistant  de  l'arbre  commandé. 

»  La  vitesse  de  la  dynamo,  nécessaire  pour  créer  ce  courant,  sera  d'au- 
tant plus  faible  que  le  rhéostat  aura  moins  de  résistance.  Lorsque,  à  la 
limite,  la  dynamo  se  trouvera  en  court-circuit,  elle  tournera  Ă   une  vitesse 
trÚs  faible,  et  l'embraj'age  sera  obtenu  avec  le  bénéfice  d'une  réduction  de 
vitesse  déterminée  par  le  rapport  du  pignon  extérieur  au  pignon  central. 
On  pourrait,  avec  ce  dispositif,  réaliser  toutes  les  vitesses  de  zéro  à  un 
maximum,  mais  ce  serait  Ă   la  maniĂšre  d'une  courroie  qui  patine  ou  d'un 
cĂŽne  d'embrayage  qui  glisse;  c'est-Ă -dire  sans  accroissement  du  couple 
moteur  lorsque  la  Aitesse  diminue. 

))  Il  est  possible  d'éviter  la  perte  par  effet  Joule  dans  le  rhéostat  de 
démarrage  et  de  récupérer  en  énergie  mécanique,  sur  l'arbre  commandé 
ou  sur  l'arbre  moteur,  à  volonté,  ce  que  l'on  perd  en  énergie  thermique 
dans  les  résistances. 

»  Il  suffit  pour  cela  de  supprimer  le  rhéostat  et  de  le  remplacer  par  une 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE      1903.  1239 

force  contre-électromotrice,  variable  et  réglable  à  volonté,  produite  par 
une  seconde  dynamo  placée  soit  sur  l'arbre  moteur,  soit  sur  l'arbre  com- 
mandé. On  transforme  ainsi  Vejnhrayage  simple  éleclromécanicjue  décrit  plus 
haut  en  un  véritable  changement  de  vitesse  électromécanique  progressif. 

»  ConsidĂ©rons,  par  exemple,  le  cas  oĂč  la  moitiĂ©  de  la  puissance  du 
moteur,  supposé  à  vitesse  constante,  est  absorbée  dans  le  rhéostat;  le 
couple  moteur  sur  l'arbre  commandé  correspond  donc,  au  rendement 
prÚs,  au  couple  du  moteur  mais  seulement  à  la  moitié  de  la  puissance  mo- 
trice. Si  l'on  dispose  sur  l'arbre  commandé  la  seconde  dynamo,  et  que, 
sans  changer  la  vitesse  de  cet  arbre,  on  reçoive  dans  cette  dynamo  toute 
la  puissance  qui  était  perdue  dans  le  rhéostat,  on  voit  qu'on  aura,  toujours 
au  rendement  prÚs,  doublé  la  puissance  utilisée  sur  l'arbre  com.mandé, 
sans  en  avoir  changé  la  vitesse,  par  conséquent  on  y  aura  aussi  doublé  le 
couple  moteur. 

»  Dans  le  dispositif  que  j'ai  réalisé,  la  seconde  dynamo  est  calée  sur 
l'arbre  du  moteur.  Lorsque  cette  dynamo  a  une  force  contre-Ă©lectromotrice 
nulle,  on  est  absolument  dans  le  cas  de  l'embrayage  simple  électroméca- 
nique décrit  plus  haut  :  la  dynamo  d'embrayage  étant  en  court-circuit 
tourne  trĂšs  lentement.  Si  l'on  vient  alors  Ă   inverser  la  force  Ă©lectromotrice 
de  la  seconde  dynamo,  elle  envoie  du  courant  dans  la  dynamo  d'embrayage 
et,  aprĂšs  l'avoir  arrĂȘtĂ©e  complĂštement,  on  inverse  le  sens  de  rotation; 
celle-ci  tourne  alors  dans  le  sens  du  moteur  et  devient  elle-mĂȘme  motrice. 

))  Lorsque  sa  vitesse  est  Ă©gale  Ă   celle  du  moteur,  les  engrenages  du 
train  Ă©picycloĂŻdal  ne  travaillent  plus  du  tout,  l'ensemble  tourne  d'un  bloc, 
l'arbre  commandé  ayant  la  vitesse  du  moteur.  Dans  ces  conditions,  une 
partie  de  la  puissance  motrice  est  enlevée  au  moteur  par  la  seconde 
dynamo  et  reportée  par  la  dynamo  d'embrayage  sur  le  pignon  central;  le 
reste  de  la  puissance  motrice  est  transmis  directement  par  l'engrenage 
extérieur. 

»  On  peut  aller  plus  loin  el  augmenter  encore  la  vitesse  de  la  dynamo 
d'embrayage,  ce  qui  fait  tourner  l'arbre  commandé  plus  vite  que  l'arbre 
moteur.  » 


MÉCANIQUE  CHIMIQUE.  —  Sur  l'extension  de  la  formule  de  Clapeyron  à  tous 
les  étals  indifférents.  Note  de  M.  L.  AriÚs,  présentée  par  M.  Mascarl. 

«  Un  systĂšme  chimique  se  transformant,  mĂȘme  avec  variation  des  pro- 
portions moléculaires  M,,  IVL,  ...,  M^  des  constituants  indépendants  rt,  ^ 


I2'|0  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

a..,  ...,  Og,  qui  définissent  sa  composition,  on  a,  avec  les  notations  déjà 
employées  ('), 

(i)         h,=  2.t;a, 

(  2  )  dE,=  V,  dp -S,  (il  -h -L  h,  dxi 

(3)  n,  =  X->,  +  X->2^...+  ^-JßÎ^ 

(4)  k,^,  =  /‱;  A ,  +  k;  //,+...  +  ^-J  A, 

»  Étudions  d'abord  les  phĂ©nomĂšnes  qui  se  passent  dans  la  5"^ℱ'  phase, 
et  remplaçons  dans  les  équations  (i)  et  (2)  les  potentiels  A^^,-  par  leurs 
valeurs  (4);  ^n  posant,  d'une  façon  générale, 


(?■  =  !,  2,  ...,^  +  r). 


*  ^  (f  =  I.  2,  ...,  r). 


il  vient 


H,  =  ?7ĂŻ\  h,  -i-  m'Ji.^  +  . . .  +  m'^hg. 


(5)  t^H,  =  V,  r//9  —  S,  f/T  +  A,  tfm',  +  A.  f/ml  +  ...-+-  A^  <//«;. 

»  On  voit  facilement,  eu  égard  aux  relations  (3),  que  m'-  est  la  propor- 
tion molĂ©culaire  du  constituant  a,,  existant  dans  la  5"^ℱ*  phase,  quand  tous 
les  constituants  indépendants  sont  amenés  à  s'y  trouver  seuls,  par  une 
modification  virtuelle,  opérée  dans  cette  phase. 

))  L'équation  différentielle  (5)  prouve  que  l'état  chimique  réel  des  corps 
mélangés  dans  chaque  phase  est  sans  influence  sur  l'expression  du  poten- 
tiel de  cette  phase,  qui  est  une  fonction  homogÚne  et  du  premier  degré  en 
m\,  m\,  ...,  m^;  et  alors,  on  a 

hi  étant  du  degré  zéro  par  rapport  aux  m,  on  a  aussi 

-T-^  m\  -f-  -r-^ m;,  +  . . .  +  —4 m'  =  o  (i  =  \ ,  1,  . . .,  a). 

»   Les  m  n'étant  pas  tous  nuls,  le  déterminant  symétrique  Dj,  formé  par 
leurs  coefficients  différentiels,  dans  les  q  identités  de  celte  forme,  est  nul. 
»   En  différentiant  les  équations  (6),  il  vient 

(7)         <ly.=  9^-  *H-|f^rfT+  *rf„.,^  *  rf„-.  +  ...+  |,  ,„., 


(')  Voir  Comptes  rendus  du  27  juillet  et  du  9  novembre  igoS. 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igoS.  I24l 

»  Le  déterminant  D,  étant  nul,  on  tirera  des  équations  de  la  forme  (9), 
en  Ă©liminant  dm\,  dm:\,  ...,  dm], 

l'indice  /  étant  arbitrairement  choisi  de  i  à  q,  et  D^'' "  représentant  le 
coefficient  de  ^r-4  dans  le  déterminant  D,. 

»  Supposons  maintenant  que  le  systÚme  soit  à  l'état  indifférent  et  paisse 
aussi  subir  une  transformation  à  tensions  fixes,  M,,  IVL,  ...,  M„  restant 
invariables. 

»  Représentons  par  AV^,  AS^,  Lm\ ,  ^m'-,,  . . .,  Aw^  les  variations,  dans  la 
phase  considérée,  du  volume,  de  l'entropie  et  des  proportions  des  consti- 
tuants, pendant  la  transformation  à  tensions  fixes  :  substituées  respective- 
ment Ă   dV^,  dSs,  din\,  dm'^,  ,.  .,  dm' ,  ces  variations  satisferont  aux  Ă©qua- 
tions (7),  (8)  et  (9),  dans  lesquelles  on  fera  dp,  dJ  et  dh  nuls. 

»   On  tirera  ainsi  des  équations  (7)  et  (8)  : 


=  '7 


<^^'<  A  „^  A  c         V  àhi 


(n)  AV,=  22M.  -iS,=  2|;;A»;. 


1  =  1 


M  Et  les  q  Ă©quations  de  la  forme  (9),  devenues  homogĂšnes  par  rapport 
aux  Ă m,  donneront 


D'y'' "  "     D'y"' 2'       ■  ■      D'/'''      ■  ■  —  D'y'''" 

»  Dans  les  dénominateurs  de  ces  derniÚres  équations,  on  peut  inter- 
vertir l'ordre  des  indices  supérieurs,  mis  entre  parenthÚses,  puisque  le 
dĂ©terminant  D^  est  symĂ©trique,  et  l'Ă©quation  (10),  Ă©tant  elle-mĂȘme  homo- 
gĂšne en  Dj'-",  D^"-",  .  .  . ,  D^''^',  .  .  . ,  D^''^',  on  peut  y  remplacer  ces  coef- 
ficients par  les  quantités  proportionnelles  i^m\,  Am!^,  .  .  .  ,  AwJ ,  .  .  .,  \m% 
ce  qui  donnera,  en  définitive,  eu  égard  aux  équations  (i  i), 

AS^  dT  —  AV^  dp  +  Ăčim\  dh^  +  l^m\  dh.,  -h  ...  4-  t^m'  dh^  =  o. 

»  Si  l'on  ajoute,  membre  à  membre,  les  équations  de  cette  forme  se 
rapportant  aux  (p  phases,  les  coefficients  des  dh  seront  nuls,  puisque 
les  quantités  totales  M,,  Mo,  ..  .,  M^  des  constituants  indépendants  sont 
invariables  pendant  la  transformation  Ă   tensions  fixes;  et  l'on  aura,  en 


I2/|2  ACADÉMIE   DES    SCIENCES. 

appelant  AV  et  AS  les  variations  de  volume  et  d'entropie,  subies  par  le 
systĂšme  tout  entier 

ASf/T  -  AVr//>  =  o, 

d'oĂč  l'on  tire,  AT^  Ă©tant  la  chaleur  latente  de  transformation,  absorbĂ©e  par 

le  systĂšme, 

dp  _  AS  _    aL 
5T  ~  ÏV  ~  TÏV* 

))  C'est  la  formule  de  Clapeyron  généralisée,  qui  s'applique  à  tous  les 
états  indifférents.  Elle  prouve  que  ces  états  se  siicccdent  dans  une  direction 
déterminée,  si  la  température,  la  pression  (systÚmes  univariants)  et,  an 
besoin,  les  quantités  des  constituants  (systÚmes  bivariants)  viennent  à 
changer;  la  température  reste  liée  à  la  pression  j)ar  une  relation  que  l'on 
peut  figurer  au  moyen  d'une  courbe.  On  voit  facilement  que,  pour  un 
mĂȘme  systĂšme  dĂ©fini  par  la  nature  de  ses  constituants  indĂ©pendants,  toute 
courbe  d'un  état  univariant  est  rencontrée  tangentiellement  par  les  courbes 
des  états  bivariants.  »  . 


OPTIQUE.  —  Sur  l'intensitĂ©  lumineuse  des  Ă©toiles  et  leiir  comparaison  avec 
le  Soleil.  Note  de  M.  Charles  Fabrv,  présentée  par  M.  Mascart. 

«  Si  l'on  veut  rapporter  aux  unités  pholométriques  ordinaires  l'intensité 
de  la  lumiÚre  que  nous  recevons  d'un  astre,  il  faut  la  définir  par  Véclaire- 
ment  que  cet  astre  produirait  sur  un  Ă©cran  normal  aux  rayons  lumineux. 
On  l'exprimera  en  prenant  comme  unité  l'éclairement  d'une  bougie  déci- 
male à  i'°  de  distance.  Les  rapports  des  intensités  des  étoiles  entre  elles 
Ă©tant  assez  bien  connus,  il  suffit  de  faire  les  mesures  sur  une  seule  Ă©toile. 

»  J'ai  employĂ©  dans  ces  mesures  le  mĂȘme  Ă©talon  secondaire  qui  m'avait 
servi  dans  mes  mesures  de  photomélrie  solaire  (*).  Sa  teinte,  identique  à 
celle  de  la  lumiÚre  solaire,  est  assez  peu  différente  de  celle  des  étoiles 
blanches  pour  que  les  mesures  ne  présentent  aucune  incertitude. 

«  Le  moyen  le  plus  simple  pour  comparer  la  lumiÚre  d'une  étoile  à  celle 
d'une  source  artificielle  consiste  Ă   s'Ă©loigner  progressivement  de  celle-ci 
jusqu'Ă   ce  qu'elle  apparaisse  comme  une  Ă©toile  identique  Ă   celle  que 
l'on  veut  mesurer.  Si  alors  r/ est  la  distance,  en  mĂštres,  Ă   laquelle  on  se 

(')   Comptes  rendus,  y  décembre  zgoS. 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  IQoS.  1243 

trouve  de  la  source  artificielle,  et  i  sou  intensité  lumineuse,  l'éclairement 

produit  par  l'astre  est-j^-  Un  dispositif  facile  Ă   imaginer  permet  de  ramener 

Ă   (les  directions  voisines  les  deux  points  lumineux  et  de  tenir  compte  des 
pertes  de  lumiĂšre  correspondantes. 

»  C'est  cette  méthode  trÚs  directe  que  j'ai  employée  d'abord.  Elle  présente  quelques 
difficultés:  il  faut  disposer  d'un  espace  découvert  étendu  (')  et  il  est  difficile  de 
rĂ©itĂ©rer  la  mĂȘme  mesure,  car  les  expĂ©riences  successives  ne  sont  pas  rĂ©ellement  indĂ©- 
pentlantes.  J'ai  préféré,  plus  tard,  employer  une  méthode  moins  directe,  mais  plus 
précise  : 

»  Je  produis  une  étoile  artificielle  dont  je  puis  faire  varier  l'intensité  dans  un  rap- 
port connu.  Une  source  de  lumiĂšre  constante,  Ă   laquelle  on  donne  la  teinte  convenable 
par  absorption,  et  dont  il  est  inutile  de  connaßtre  l'intensité,  est  placée  en  avant  d'un 
systĂšme  optique  de  trĂšs  court  foyer  (objectif  de  microscope).  La  petite  image  ainsi 
formée  occupe  le  foyer  d'un  objectif,  et  le  faisceau  parallÚle  parvient  à  l'observateur 
par  réflexion  sur  une  lame  de  verre  à  45"-  L'observateur  peut  ainsi  voir,  à  cÎté  l'une 
de  l'autre,  l'étoile  à  mesurer  et  l'étoile  artificielle;  il  fait  varier  à  volonté  l'intensité 
de  cette  derniÚre,  en  déplaçant  la  source  le  long  d'une  rÚgle  divisée.  On  détermine  la 
constante  de  l'appareil  en  faisant  une  mesure  dans  laquelle  on  prend  comme  Ă©toile  un 
étalon  photométrique  placé  à  Une  distance  connue. 

»  RĂ©sultais.  —  Les  mesures  ont  Ă©tĂ©  faites  sur  l'Ă©toile  VĂ©ga,  au  voisinage 
du  zénith.  Les  variations  des  nombres  trouvés  en  fonction  de  l'état  de 
l'atmosphĂšre  donnent  lieii  aux  mĂȘmes  remarques  que  dans  le  cas  de  la 
lumiĂšre  solaire. 

»  J'ai  trouvé  que  l'éclairement  produit  par  Véga  au  niveau  de  la  mer, 
par  temps  clair,  est  identique  à  celui  que  produit  une  bougie  décimale 
Ă   780ℱ  de  distance;  ou,  ce  qui  revient  au  mĂȘme,  que  cet  Ă©clairement  est 
de  1,7  X  10-". 

»  Les  astronomesexpriment  les  intensités  des  astres  par  un  chiffre,  appelé 
grandeur,  d'autant  plus  élevé  que  l'astre  est  plus  faible.  Simple  indication 
arbitraire  autrefois,  la  notion  de  grandeur  a  pris,  par  suite  des  progrĂšs 
des  comparaisons  photométriques,  la  signification  précise  suivante  :  lorsque 
les  grandeurs  de  deux  iistres  diffÚrent  d'une  unité,  le  rapport  de  leurs 
intensités  lumineuses  est  2,5.  Admettant  pour  Véga  la  grandeur  0,2,  le 
nombre  que  je  viens  de  donner  permet  de  calculer,  en  unité  pholomé- 
trique,  l'Ă©clairement  produit  par  un  astre  de  grandeur  connue.  Ou  trouve 
ainsi,    entre   la  grandeur  g  d'un   astre  et   l'Ă©clairement  E  qu'il    produit, 

(')  Les  mesures  ont  été  faites  au  bord  de  la  mer,  sur  la  plage  des  Lecques  (  Var  ). 


1^44  ACADÉMIE    DES    SCIENCES, 

exprimé  en  bougie-mÚtre,  la  relation  suivante  : 

E  =  2,T  X  I0"(0,4)""  ou  5  =  —  l4,2  —  2,51ogE. 

»  Ces  formules  relient  la  notation  des  astronomes  avec  les  unités  em- 
ployées par  les  physiciens. 

»  Comparaison  a^^ec  la  lumiĂšre  solaire.  —  Comparant  ces  rĂ©sultats  avec 
celui  que  j'ai  indiqué  pour  le  Soleil,  on  trouve  que  la  lumiÚre  que  nous  re- 
cevons du  Soleil  est  60  milliards  de  fois  plus  intense  que  celle  de  VĂ©ga  ('). 
Ce  nombre  est  sensiblement  d'accord  avec  celui  de  Zollner;  la  plupart  des 
autres  observateurs  ont  trouvé  des  chiffres  plus  faibles,  c'est-à-dire  que 
l'intensité  de  la  lumiÚre  solaire  a  été  estimée  plus  bas. 

»  On  peut  exprimer  le  mĂȘme  rĂ©sultat  en  calculant  la  grandeur  du  Soleil, 
dĂ©finie  comme  celle  des  Ă©toiles.  On  trouve  ainsi  le  chiffre  —26,  7. 

»  Pour  les  étoiles  dont  la  parallaxe  est  connue,  on  peut  alors  calculer 
le  rapport  de  leurs  intensités  absolues  avec  celle  du  Soleil.  Si  g  est  la  gran- 
deur d'une  étoile,  etyo  sa  parallaxe  (exprimée  en  secondes),  on  trouve,  pour 
le  rapport  des  intensités  absolues  : 

Soleil  „  .      ^ .  „ 

^^^^=i,i/>-(2,a>. 

»  Le  Soleil,  vu  d'une  étoile  de  parallaxe  p,  apparaßtrait  comme  une  étoile 
de  grandeur  §■  =  —  o ,  i  —  5  log/>.  » 


PHYSIQUE.  —  Sur  M  diffĂ©rence  ae  tempĂ©rature  des  corps  en  contact. 
Note  de  M.  E.  Rogovsky,  présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Deux  corps  de  nature  différente  mis  en  contact  présentent  une  diffé- 
rence du  potentiel  Ă©lectrique;  on  peut  se  demander,  par  analogie,  s'il  n'existe 
pas  aussi  une  différence  finie  de  température  des  corps  en  contact  à  leur 
surface  de  séparation.  Qu;tnd  la  température  de  deux  corps  est  en  équi- 
libre, cette  différence  n'apparaßt  pas.  Mais  quand  la  surface  de  séparation  de 


(')  Ce  résultai  et  les  suivants  sont  indépendants  des  incertitudes  provenant  des 
comparaisons  hĂ©lĂ©rochroraes,  car  le  mĂȘme  Ă©talon  secondaire  a  servi  Ă   toutes  les  me- 
sures; ils  peuvent  ĂȘtre  aflectĂ©s  d'une  erreur  systĂ©matique  due  Ă   ce  que  l'absorption 
atmosphérique  serait  systématiquement  difTérente  la  nuit  et  le  jour.  Cette  cause  d'er- 
reur serait  atténuée  si  les  observations  étaient  faites  dans  une  station  élevée. 


SÉANCE    UU    28   DÉCEMBRE    190.3.  1  s/jS 

deux  corps  est  traversée  par  un  flux  de  chaleur,  on  peut  supposer  que  cette 
différence  aura  lieu,  à  cause  de  la  conductibilité  différente  de  ces  corps. 

»  Pour  les  métaux,  dans  ce  cas  M.  Wiedemann  (Pogg.  Ann.,  t.  XCV, 
i855,  p.  337)  ne  l'a  pas  trouvée,  quand  le  contact  entre  les  métaux  était 
parfait.  Mais  M.  Desprelz  (Pogg.  Ann.,  t.  CXLII,  187 1,  p.  626)  a  prouvé 
qu'à  la  surface  de  séparation  de  l'eau  et  de  la  nitroglycérine,  quand  le  flux 
de  chaleur  y  passe,  il  existe  une  différence  finie  entre  les  températures  de 
ces  substances  départ  et  d'autre  de  la  surface  de  contact,  atteignant  2"  à  3°. 

»  Les  recherches  de  M.  de  Smoluchowski  (  Wied.  Ann..  t.  LXIV,  1898, 
p.  loi;  Silzb.  d.  Wien.  Ak.,  t.  CVII,  1898,  p.  3o4;  t.  GVIII,  189g,  p.  5, 
3g3),  confirmées  par  celles  de  M.  Gehrcke  (Brades  Ann.,  t.  II,  1900, 
p.  102),  ont  constaté  cette  différence  thermique  entre  le  gaz  et  les  corps 
solides  (prÚs  de  7°  pour  l'hydrogÚne). 

»  La  théorie  cinétique  des  gaz  permet  d'expliquer  ce  saut  des  tempé- 
ratures. 

»  Dans  les  expériences  décrites  dans  ma  Note  précédente  (Comples 
rendus,  t.  CXXXVI,  1903,  p.  iSgi)  sur  la  conductibilité  extérieure  des  fils 
d'argent  plongés  dans  l'eau  et  parcourus  par  le  courant  électrique,  la  vitesse 
des  courants  d'eau  dans  lesquels  les  fils  étaient  plongés,  surpassant  la 
vitesse  critique  de  M.  Osborn  Reynolds,  une  couche  stagnante  de  dimen- 
sions appréciables  ne  pouvait  pas  se  former,  étant  enlevée  par  le  courant 
d'eau  tourbillonnaire,  et  nous  ne  pouvons  faire  que  deux  hypothĂšses  :  ou 
bien  il  se  forme  autour  d'un  fil  à  cause  de  l'adhérence  une  couche  d'eau, 
d'épaisseur  moléculaire,  ou  bien  il  ne  s'en  forme  pas  du  tout.  Dans  le  pre- 
mier cas,  nous  pouvons  facilement  calculer  la  température  de  la  surface  de 
l'eau  contiguë  à  celle  du  fil  de  l'équation  ' 

Cl  =  /.■ ) 


oĂč  q  est  le  flux  de  chaleur  par  unitĂ©  de  surface  de  la  couche  adhĂ©rente, 
ß  l'épaisseur  de  cette  couche,  k  la  conductibilité  intérieure  de  l'eau,  ('  la 
tempĂ©rature  de  la  surface  intĂ©rieure  de  la  couche  et  /„  celle  de  la  siu'face 
extérieure  égale  à  la  température  de  l'eau  ambiante. 

I)  Admetlons,  d'aprÚs  les  expériences  de  .M.  BÚde,  que  l'épaisseur  de  la  couclie  d'eau 
adliérenle  soil  au  plus  de  o"'"',oo6.).  Nous  pouvons,  à  l'aide  de  la  formule  précédenle, 
el  les  nombres  donnés  dans  la  Table  insérée  dans  ma  Noie  citée,  calculer  la  Table  sui- 
\  anle,  oĂč  I  est  le  courant  Ă©lectrique  en  ampĂšres  traversant  le  fil,  0  l'excĂšs  de  la  tempĂ©- 
rature du  lil  sur  la  moyenne  entre  la  température  tie  l'eau  à-l'entrée  du  tube  el  à  la 
■*>rtie;  A^  est  la  dillĂ©rcnce  des  tempĂ©ratures  des  surfaces  intĂ©rieure  et  extĂ©rieure  de  la 

G.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  26.)  1  <>' 


1246 


ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 


couche  d'eau,  o""",oo64  de  l'Ă©paisseur  supposĂ©e  ĂȘtre  adhĂ©rente  au  fil;  Z'  la  diflerence 
de  température  du  fil  et  celle  de  la  surface  de  l'eau  adjacente  au  fil  dans  la  derniÚre 

supposition;  et  la  derniĂšre  colonne  donne  le  rapport  4^  en  pour  loo.  La  seconde  Table 

0 

donne  les  mĂȘmes  valeurs  pour  le  fil  d'argent  de  o""ℱ,  281  de  diamĂštre,  la  couche  d'eau 
adhĂ©rente  ayant  l'Ă©paisseur  e  =  oℱ",^  ^0372  trouvĂ©e  des  nombres  de  M.  BĂšde  par 
l'interpolation. 


Fil  d'argent  de  oℱ"',  4i5  de  diamùtre. 


I. 

ampĂšres 
I    .  .  .  . 

10  ...  , 

20  ...  , 

32   .... 


O,  12 

4,38 
i3,o4 
20,22 


M'. 
o 
0,001 

0,109 
0,449 

'‱'99 


o,  12 

4,28 
12,09 
24,o3 


l'Mlir  lor. 

I 

2,6 

3,6 

4,8 


Fil  d'argent  de  o'"'»,  281  de  diamÚtre. 


I. 

ampi^ros. 


I    . 

5  . 
10 

18 


0,09 
i,o4 

4,66 

.3.78 


o 
0,001 

o,o36 
o,  i46 

0,488 


0,09 

1 ,00 

4,5i 

i3,29 


-^  100. 
0 

Pour  lun. 

I 
3,5 

3,1 
3,5 


)»  Nous  voyons  que  la  différence  S  des  températures  du  fil  et  de  l'eau  à 
la  surface  de  séparation  ne  peut  se  réduire  à  plus  de  5  pour  100  à  cause  de 
formalion  d'une  couche  d'eau  adhérente  et,  par  conséquent,  celte  diffé- 
rence reste  toujours  et  atteint  dans  les  conditions  de  nos  expériences  24". 

«  L'épaisseur  de  la  couche  adhérente  diminuant  avec  la  température,  la 
valeur  de  A;  est  encore  plus  petite. 

»  Si  l'Ă©paisseur  de  la  couche  adhĂ©rente  Ă©tait  supposĂ©e  nulle,  la  mĂȘme 
conclusion  s'imposerait  rt  ybm'or/.    » 


ÉLECTRICITÉ.  —  Sitr  les  dĂ©charges  glissantes.  Note  de  M.  J.  de  Kowalski, 

présentée  par  M.  Lippmann. 

«  Les  expériences  que  j'ai  l'honneur  de  présenter  ont  été  exécutées  en 
partie  en  collaboration  avec  mon  Ă©lĂšve  M.  Etl.  Lietzau;  elles  contribuent 
à  ce  qu'il  me  semble  à  la  connaissance  des  décharges  glissantes  à  la  surface 
des  isolants. 

))  Beaucoup  de  savants  comme  MM.  Du  Moncel,  Rosetti,  Bertin  ('), 
M.  Toepler(2)  et  autres  ont  trouvé  que,  si  la  surface  d'une  plaque  isolante, 
opposée  à  la  surface  sur  laquelle  nous  produisons  la  décharge  glissante, 
est  couverte  d'une  couche  conductrice,  la  décharge  glissante  se  produit 


(')  E.  Mascart,  ÉlectricitĂ©  statique,  Vol.  Il,  §  713  et  suiv. 
(")  Ann.  de  Wiedemann,  Vol.  LXVI,  p.  1061. 


SÉANCE    DU    28    DÉCE.MBHE    KjoS.  1247 

plus  facilement  et  est  accompagnée  d'un  phénomÚne  lumineux  plus  brillant. 
On  remarque,  d'autre  part,  qu'en  employant  un  condensateur  industriel 
pour  des  courants  alternatifs  de  haute  tension,  on  obtient  des  décharges 
de  rupture  de  ces  condensateurs  dans  la  direction  parallĂšle  aux  surfaces 
isolantes,  et  il  est  trÚs  probable  qu'il  faut  l'attribuer  aux  décharges  glis- 
santes. 

»  Il  m'a  donc  paru  intéressant  d'étudier  ce  phénomÚne  au  point  de  vue 
quantitatif  dans  des  conditions  se  rapprochant  autant  que  possible  de  celles 
qu'on  trouve  dans  les  applications  industrielles  des  condensateurs. 

»   Voici  comment  étaient  disposées  ces  expériences  : 

»  On  lançait  dans  un  petit  transformateur,  ayant  un  rapport  de  transfor- 
mation égal  à  I  :  438,  un  courant  alternatif  à  travers  une  résistance,  de 
maniÚre  qu'on  pût  régler  la  différence  de  potentiel  aux  bornes  de  l'en- 
roulement primaire  du  transformategr  de  3o-i  10  volts;  le  courant  alter- 
natif employé  avait  une  fréquence  de  54  volts  par  seconde.  Des  bornes 
secondaires  du  transformateur  partaient  des  conduites  bien  isolées  à  deux 
Ă©lectrodes  munies  de  pointes  en  platine.  Au  moyen  d'un  interrupteur  a 
pendule  intercalé  dans  le  circuit  primaire,  on  pouvait  limiter  le  temps  pen- 
dant lequel  se  produisait  la  décharge  à  -^  de  seconde. 

»  1.  Une  plaque  en  verre  ayant  une  surface  de  40""  X  40°'"  et  une  épaisseur  de  o'", 2.5 
Ă©tait  couverte  d'une  feuille  d'Ă©tain  sur  une  de  ses  surfaces,  l'autre  surface  Ă©tait  minu- 
tieusement polie  et  nettoyée.  On  réunissait  la  feuille  d'étain  avec  un  des  pÎles  du 
circuit  secondaire,  la  pointe  de  l'autre  pÎle  étant  placée  au  milieu  de  la  plaque.  De 
cette  façon  on  pouvait  produire  le  phénomÚne  connu  sous  le  nom  de  ro.w  de  Lich- 
Icnhevg.  La  plaque  étant  posée  verticalement,  on  pouvait  facilement  pholographier  le 
phénomÚne  et  mesurer  la  relation  entre  l'étendue  de  la  rose  et  la  tension  des  décharges. 
Le  Tableau  suivant  donne  les  résultats  obtenus  d'une  grande  série  d'e\p Jiicnces  : 


TilBLliAU  1. 

vuUs 
P=     43 

S  =18834."  ' 

lui 
/‱=:     4o 

P=  68 

5=39784 

r=   8a 

P=  90 

S  =39420 

/‱  =:  I  10 

P  — IIO 

s  =48 180 

/‱  =  l4o 

»  Le  rayon  de  ld]/ose\d<i  Liclilenberg  esl  sensibicincnl  proporlionnel  d  la  dijfé- 
rence  du  poLeiitiel  employé  pour  la  produire. 

»  2.  Une  série  d'expériences  ont  été  exécutées  pour  prouver  que  la  décharge  à  la 
surface  de  l'isolant  suit  exactement  le  chemin  tracé  sur  la  surface  opposée  de  la 
plaque  par  le  conducteur  qu'on  y  appliquait. 

»  Les  expériences  ont  été  exécutées  de  la  façon  suivante  :  sur  une  do  surlaces  de 


l■2l^S  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Il  pliKiuc  on  cdllail  des  bandes  découpées  dans  une  feuille  d'élaln  et  ;ivanl  dus  lar- 
geurs el  des  formes  dilTérentes  (zigzags,  carrés,  triangles,  etc.);  sur  laiilre  surface 
on  disposait  les  électrodes  en  pointes  de  platine,  de  façon  qu'elles  touchaient  le  verre 
dans  des  points  opposés  à  la  l)ande  conductrice.  Les  pliotograpliies  des  phénomÚnes 
correspondants  déinontiérenl  que  les  décharges  prenaient  de  préférence  le  chemin 
tracé. 

»  3.  Les  expériences  furent  exécutées  d'une  maniÚre  analogue  aux  expériences  de 
la  série  2,  mais  on  recouvrait  la  surface  de  la  plaque  opposée  à  la  décharge,  aprÚs  y 
avoir  appliqué  la  bande  d'étain,  d'une  forte  couche  de  paraffine. 

»  Le  pliénomÚne  des  décharges  glissantes  ne  se  produisait  plus  :  une  tension  relati- 
vement basse,  une  de  i35oo'°''%  suffisait  déjà  pour  percer  la  plaque  de  verre.  Notons 
encoi'e  un  détail  intéressant  :  nous  obtenions  la  rupture  du  verre  toujours  aux  bords 
de  la  bande.  Le  mĂȘme  phĂ©nomĂšne  se  rĂ©pĂ©tait  dans  d'autres  conditions  encore,  que 
viiici  :  Une  des  surfaces  de  la  plaque  en  verre  Ă©tait  munie  d'une  feuille  d'Ă©tain  d'une 
forme  carrée  ayant  ;20""  x  20""  d'étendue.  Elle  était,  de  plus,  recouverte  complÚ- 
tement d'une  couche  épaisse  de  paraffine.  Nous  disjiosions  sur  l'autre  cÎté  de  la  plaque 
en  verre,  bien  nettoyée,  les  deux  électrodes  en  pointe  dans  la  direction  de  la  diago- 
nale du  carré.  Il  se  |iroduisit  une  décharge  glissante  sur  le  \erre  jusqu'aux  pointes 
opposées  aux  bords  du  carré  en  étain,  et  c'est  là  que  le  verre  fut  ])crcé. 

))  k.  Enfin  une  série  de  mesures  ont  été  elfectuées  pour  trouver  les  longueurs  des 
décharges  qui  se  produisaient  dans  trois  cas  dilTérents  :  «,  entre  deux  électrodes  sur 
la  surface  d'une  plaque  en  verre,  dont  la  surface  opposée  était  couverte  d'une  feuille 
de  platine;  b,  entre  deux  électrodes  disposées  sur  la  surface  d'une  plaque  en  verre  non 
l'ecouverte  de  platine;  c,  dans  l'aii'  libre. 

»   Le  Taldeau  suivant  donne  les  résultats  de  ces  expériences. 

l'ABLKAt    IL 

(I.   P/f/r/iic  Cil  verra  avec  la  feuille  cVĂ©laiii, 
I>oiigucin-  ili'  hi  (kcluirgcr  Uillcrcncc  ilr  |iolciUicl. 


1  "io -9784 

200 j-aSo 

■.ü5o .'1 1  G 1  (1 


h.    l'IcKjiie  en  verre  sans  lii  feuille  ilclaiii. 
Loii^ucui'  cir  1,1  ilrcliargc.  Dillrrcncc  ilc  iiiilunlicl. 

I  20 43890 

100 02710 

So 2  1  620 

60 I  Ăź  5()0 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    igo'd.  1249 

r.   Di'char^ics  ilanx  l'air  lihrc. 
Luiigucur  lie  la  iIc-l luirai-.  Dlirih-cncc  de  potentiel. 

liiiji  vnlls 

99 ■iSSgo 

71 32710 

46 3  1  620 

3o if\  560 

»  Nous  voyons  donc  que  les  décharges  se  produisenL  le  plus  facilement 
dans  le  cas  oĂč  la  surface  opposĂ©e  est  conductrice.  » 


PHYSIQUE.  —  DiffusiomĂ©lre.  Note  de  M.  J.  Thoveut, 
présentée  par  M.  J.  Violle, 

«  Dans  une  Note  antĂ©rieure  {Comptes  rendus,  t.  CXXXÎir,  p.  1197)  on 
a  indiqué  comment  l'observation  des  rayons  lumineux  déviés  en  traversant 
une  cuve  de  diffusion  pouvait  servir  à  la  détermination  exacte  de  la  con- 
stante de  diffusion.  Avec  une  faible  hauteur  de  liquide  et  des  conditions 
initiales  convenables,  la  durĂ©e  de  l'expĂ©rience  pouvait  ĂȘtre  limitĂ©e  Ă   4  ou 
5  heures. 

»  En  poursuivant  les  recherches  sur  les  dissolvants  autres  que  l'eau,  il 
a  paru  nécessaire  d'organiser  un  procédé  d'observations  plus  rapide 
encore,  pour  éviter  des  irrégularités  d'expériences  qui  sont  fréquentes  lors- 
qu'on emploie  des  liquides  beaucoup  plus  dilatables  et  volatils  que  l'eau. 

«  On  a  donc  observé  le  systÚme  diffusant  dÚs  le  début  de  l'expéi'ience. 
Pendant  les  premiers  temps,  la  concentration  de  part  et  d'autre  du  plan 
de  séparation  initial  des  liquides  est  une  fonction  exponentielle  de  la  dis- 
tance verticale  de  chaque  point  à  ce  plan;  la  dérivée  de  la  concentration 
dans  le  sens  de  la  hauteur  a  sa  valeur  maxima  sur  ce  plan  et  est  repré- 
sentée par  la  formule 

de  f|  —  c, 

(■|,  c^  dĂ©signent  les  concentrations  initiales  des  liquides  mis  en  prĂ©sence, 
D  la  constante  de  diffusion,  t  l'inslant  de  l'observation. 

»   On  utilise  cette  relation  en  prenant  pour  mesure  de  y^  l'abaissement 

niavimum  des  rayons  lumineux  traversant  la  cuve  de  diffusion  ;  cet  abaisse- 


I25o  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

ment  est  proportionnel  à  la  dérivée  de  l'indice  de  réfraction  ~,  et  par  suite 

.  ,   de     .    , 
aussi  à  ^  si  1  on  est  en  présence  de  faibles  variations  de  concentration  ;  la 

quantitĂ©  c,  —  c,  est  Ă©valuĂ©e  en  mesurant  la  diffĂ©rence  des  indices,  /«,  —  n., 
des  liquides  mis  en  expérience. 

»  Voici  le  dispositif  et  la  marche  d'une  expérience  conduisant  à  la  détermination 
de  D.  L'appareil  comprend  un  collimateur  prenant  la  lumiÚre  de  deux  fentes  croisées 
l'une  horizontale,  l'autre  verticale,  et  une  lunette  munie  d'un  oculaire  micrométrique. 
Entre  le  collimateur  et  la  lunette  on  interpose  d'abord  une  cuve  Ă   faces  parallĂšles  con- 
tenant un  des  liquides;  puis  dans  ce  liquide  on  place  une  cuve  à  section  carrée, 
présentant  une  diagonale  parallÚle  à  la  direction  des  rayons  lumineux,  et  contenant  le 
second  liquide.  Les  rayons  sont  déviés  par  le  double  prisme  constitué  par  la  cuve 
carrée;  dans  la  lunette  l'image  de  la  fente  verticale  est  dédoublée;  la  dislance  A  des 
deux  images,  mesurée  par  le  micromÚtre  disposé  horizontalement,  se  relie  à  la  difle- 

rence  des  indices  des  deux  liquides  par  la  formule  /(,—  «,=  —;  o  dĂ©signant  la  lon- 
gueur focale  de  la  lunette. 

»  On  remplace  ensuite  ces  cuves  par  la  cuve  de  ditTusion,  peu  volumineuse  et 
maintenue  dans  une  cuve  plus  grande  contenant  de  l'eau  pour  atténuer  le  plus  possible 
les  variations  de  température  pendant  l'expérience;  on  introduit  le  liquide  le  plus 
léger  d'abord,  sur  une  hauteur  de  deux  centimÚtres  environ,  puis  on  amÚne  au  fond 
une  égale  quantité  du  liquide  le  plus  lourd  par  un  tube  assez  capillaire  pour  que 
l'Ă©coulement  soit  trĂšs  lent.  Dans  la  lunette,  on  voit  l'image  de  la  fente  horizontale 
s'étaler;  avec  le  micromÚtre  disposé  verticalement  on  relÚve  la  distance  entre  la  frange 
de  déviation  maxima  et  la  position  iïiiiiale  de  l'image,  alors  que  la  cuve  contient 
un  liquide  homogÚne.  Cette  distance,  z,  mesure  la  dérivée  de  l'indice  par  la  relation 
du         z  . 

^  ^  -— :,"  a  dĂ©signant  la  longueur  traversĂ©e  de  la  cu\  e  de  diffusion. 

»  On  fait  deux  observations,  z^,,  z„  en  des  instants  /„,  t„,  et  l'on  calcule  D  par  la 
formule 


n  En  employant  une  cuve  dont  la  longueur  est  de  2"", 43  et  faisant  les  observations 
Ă   5  minutes  d'intervalle,  on  a 


D  — A^ 


4) 


X  10 


)>  On  obtient  ainsi  des  résultats  trÚs  satisfaisants  par  une  expérience 
dont  la  durée  ne  se  prolonge  pas  au  delà  de  23  à  3o  minutes.  On  mesure 
des  abaissements,  z,  correspondant  en  moyenne  à  une  déviation  de  yi^; 
dans  la  cuve  de  2""", 45  cela  s'obtient  avec  une  dilférencc  initiale  tles  indices 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igoS.  I25l 

de  l'ordre  de  7^;  les  solutions  que  l'on  met  en  présence  diffÚrent  donc 
généralement  de  moins  de  i  pour  100  dans  leur  concentration.   » 

CHIMIE  MINÉRALE.  —  Sur  une  nouvelle  mĂ©thode  de  prĂ©paration  de  quelques 
fluorures  anhydres  et  cristallisés.  Noie  de  M.  Defacqz,  présentée  par 
M.  H.Moissan. 

«  Les  méthodes  de  préparation  des  fluorures  anhydres  et  cristallisés 
sont  assez  nombreuses;  M.  C.  Poulenc  (  '  j  en  a  donné  deux,  mais  il  est 
nécessaire  de  passer  par  le  fluorure  amorphe  correspondant.  La  premiÚre 
consiste,  quand  le  fluorure  est  volatil,  à  sublimer  le  composé  amorphe 
dans  un  milieu  approprié;  pour  la  seconde  les  fluorures  sont  amenés  à 
l'état  cristallin  par  dissolution  des  composés  amorphes  dans  des  sels 
convenablement  choisis,  en  fusion. 

»  Nous  avons  utilisé,  dans  cette  étude,  le  fluorure  manganeux,  dont  la 
facile  préparation  a  été  indiquée  par  MM.  Moissan  et  Venturi  (^). 

»  En  étudiant  sur  ce  corps  l'action  des  combinaisons  halogénées  métal- 
liques, nous  avons  été  assez  heureux  pour  obtenir,  avec  un  certain  nombre 
d'entre  elles  et  dans  des  conditions  déterminées,  des  phénomÚnes  de 
double  décomposition. 

»  Nous  ne  traiterons  dans  cette  Communication  que  de  la  préparation 
du  fluorure  de  calcium  anhydre  et  cristallisé  résultant  de  l'action  du 
fluorure  de  manganĂšse  sur  le  chlorure  de  calcium  fondu. 

»  Pour  éviter,  autant  que  possible,  l'action  de  l'air  sur  ce  mélange  fondu,  nous 
avons  employé  les  deux,  dispositifs  suivants  :  i"  Le  produit  mélangé  est  placé  dans  un 
creuset  de  platine  dont  le  couvercle  est  percé  d'une  petite  ouverture  circulaire  qui 
livre  passage  à  un  tulie  de  porcelaine  recourbé  qui  amÚne  du  gaz  carbonique  sec;  ce 
creuset  est  directement  chaufTĂ©  au  clialumeau;  le  deuxiĂšme  dispositif  consiste  Ă  
placer  le  creuset  de  platine  contenant  le  mélange  et  couvert  dans  un  deuxiÚme  eu  por- 
celaine qui  lui-mĂȘme  est  introduit  dans  un  troisiĂšme  creuset  en  terre,  au  milieu  d'une 
brasque  de  cliarbon  de  bois  pulvérisé.  On  porte  le  tout  à  une  température  qui  peut 
varier  de  800°  à  1400". 

»  Nous  nous  servons  du  lluorure  manganeux  amorphe  et  du  chlorure  de  calcium 
récemment  fondu  que  nous  mélangeons  dans  les  proportions  de  i  fois  le  poids  molé- 
culaire du  (luorure  pour  5  fois  celui  du  chlorure,  c'est-Ă -dire  : 

Fluorure  de  manganĂšse los 

Chlorure  de  calcium 5os 

(')  C.  Poulenc,  Annales  de  Chimie  et  de  Physique,  7°  série,  t.  II,  mai  1894. 
(■-)  H.  Moissan  et  Venturi,  Comptes  rendus,  t.  GXXX,   1900,  p.  11 58. 


1232  ACADHAiri;    DES    SCIENCES. 

»  AprÚs  deux  heures  de  cliaufTe  vers  1000°,  on  laisse  refroidir  le  creuset;  la  masse 
fondue  que  l'on  relire  est,  rose;  aprĂšs  Ă©limination,  par  l'alcool  Ă   go",  du  chlorure  de 
manganÚse  formé  el  du  chlorure  de  calcium  en  excÚs,  on  obtient  un  produit  blanc, 
quelquefois  trÚs  légÚrement  jaunùtre  à  aspect  cristallin. 

))  Examiné  au  microscope  il  se  présente  comme  un  mélange  d'octaÚdres  et  d'une 
autre  substance  cristallisée  dont  nous  n'avons  pu  déllnir  la  forme. 

))  Analysé  qualitativement,  on  constate  que  ce  produit  contient  du  clilore  ;  l'analyse 
quantitative  nous  confirme  que  nous  sommes  en  présence  d'un  mélange  de  fluorure  et 
de  lluochlorure.  Pour  éviter  la  formation  de  ce  composé  nous  diminuons  la  quantité 
de  chlorure  de  calcium,  en  prenant  i  partie  de  chlorure  manganeux  et  2  parties  (au 
lieu  de  5)  de  chlorure  de  calcium.  AprÚs  avoir  opéré  comme  précédemment,  c'est  du 
lluochlorure  que  nous  isolons. 

»  Nous  avons  alors  étudié  l'action  du  chlorure  de  manganÚse  fondu  sur  le  lluorure 
de  calcium.  Nous  avons  fait  le  mélange  suivant  : 

Fluorure  de  calcium los 

Chlorure  de  manganĂšse 3os 

qui  a  été  soumis  pendant  2  heures  à  une  température  \'oisine  de  looo".  La  masse 
fondue  que  l'on  retire,  aprÚs  avoir  été  épuisée  par  l'alcool  à  95°,  laisse  un  résidu  blanc 
que  nous  avons  reconnu  composé  d'un  mélange  de  fluorure  et  de  lluochlorure  de  calcium. 
»  Donc,  en  traitant  le  fluorure  de  manganÚse  par  le  chlorure  de  calcium,  il  s'est 
formé  du  fluorure  de  calcium  et  du  chlorure  de  manganÚse,  mais  à  son  tour  le  chlo- 
l'ure  de  manganÚse  réagit  sur  le  fluorure  de  calcium,  il  se  produira  donc  dans  la  masse 
en  fusion  deux  réactions  se  liuiilaut  l'une  l'autre;  il  faudrait  donc,  pour  que  l'on 
obtßnt  du  lluorure  de  calcium,  que  la  quantité  de  chlorure  de  manganÚse  soit  faible 
par  rapport  Ă   celle  du  chlorure  de  calcium,  ce  que  l'on  peut  obtenir  soit  en  diminuant 
la  quantité  du  fluorure,  soit  en  augmentant  celle  du  chlorure,  le  lluochlorure  ne  pou- 
vant se  former  puls([u"il  est  détruit  par  le  chlorure  de  calcium. 

»  En  résumé  :  i"  La  Iranstormalion  du  nuoiure  de  manganÚse  en  fluo- 
rure de  calcium  sera  totale  loisquc  la  qua alité  de  chlorure  de  manganÚse 
par  rapport  Ă   celle  de  chlorure  de  calcium  sera  trĂšs  faible. 

»  a°  Il  se  formera  du  fluochlorure  de  calcium  quand,  par  suite  de  la 
réaction,  le  chlorure  de  calcium  sera  intégralement  transformé  en  chlorure 
manganeux,  ce  qui  aura  lieu  quand  on  prendra  les  proportions  indiquées 
par  l'Ă©quation 

Mn  F-  +  2Ca  Cl-  =  CaF-CaCl^  +  MnCl^ 

»  Cette  réaction  est,  du  reste,  assez  générale;  nous  avons  pu  l'effectuer 
non  seulement  avec  le  chlorure,  mais  aussi  avec  le  bromure  et  l'iotlure  de 
calcium,  de  mĂȘme  qu'avec  les  chlorures,  bromures  el  iodures  de  stron- 
tium et  de  baryum;  elle  nous  a  permis  de  préparer  les  fluochlorures,  les 


SÉANCE  DU  28  oi;<;i;Mr;nE   Kjo.'-i.  i253 

flLiobromiires,  les  fluoiodures  des  métaux  alcalino-loi  reiix  ;  ces  composés 
feront  l'objet  d'une  prochaine  Commnniciition. 

»  l'iĂ©paralion  du  jluorure  de  calcium.  —  Un  eft'eclue  le  niĂ©laiigo  :  Ihioiuie  de 
manganĂšse  el  chlorure  de  calcium  dans  les  proportions  suivaules  : 

Fluorure  manganeux lO" 

Chlorure  de  calcium loo? 

»  On  chauffe  ce  mélanj;e  pendant  2  heures  à  1000"- 1200°.  Le  produit  fondu  obtenu 
est  rose;  on  le  concasse  el  on  le  traite  par  l'eau  froide;  quand  la  niasse  est  complĂšte- 
ment désagrégée,  on  décante  et  l'on  épuise  par  l'eau  acidulée  chlorhydrique  qui  dis- 
sout les  produits  brunùtres  provenant  de  l'oxydation  du  mélange  fondu. 

»  AprÚs  quelques  minutes  d'ébullition  on  obtient  un  résidu  trÚs  blanc  à  aspect  cris- 
tallin :  c'est  du  fluorure  de  calcium  cristallisé  dont  l'analyse  correspond  à  la  for- 
mule CaF-. 

»  Quand  la  fusion  a  été  faite  entre  800"  à  1000°,  le  fluorure  obtenu  est  cristallisé  en 
octaÚdres;  quand  elle  a  été  effectuée  entre  lacoo-^oo",  ce  sont  des  cubes  parfaits  que 
l'on  obtient  (  '  ). 

»  PropriĂ©tĂ©s.  —  Le  fluorure  de  calcium  ainsi  j)rĂ©parĂ©  est  cristallisĂ©,  soit 
en  octaÚdres,  soit  en  cubes;  nous  ne  parlerons  pas  de  ses  propriétés  si 
nombreuses  et  si  connues;  cependant  nous  en  indiquerons  quelques-unes 
qui  sont,  pour  nous,  particuliÚrement  intéressantes  : 

M  Nous  avons  montré  qu'il  était  soluble  dans  le  chlorure  de  manganÚse 
fondu  et  qu'il  s'en  séparait  à  l'état  cristallisé  par  refroidissement;  il  est  éga- 
lement soluble  dans  le  mélange  chlorure  de  manganÚse  et  chlorure  de 
calcium. 

»  Nous  avons  tlémontré  aussi  qu'il  était  partiellement  décomposable 
par  le  chlorure  de  manganĂšse  en  fusion  et  donnait  du  tluochlorure  de  cal- 
cium; cette  propriété  n'est  du  reste  pas  spéciale  au  chlorure  manganeux. 
M.  C.  Poulenc  a  constaté  la  formation  du  fluochlorure  en  traitant  le  fluorure 
calcique  par  les  chlorures  alcalins  fondus.  )> 

CHIMIE  GÉNÉRALE.  —  L'osmose  Ă©lectrique  dans  l'ammoniac  liquide. 
Note  de  M.  Marcel  Ascoli,  présentée  par  M.  fl.  Moissan. 

«  DÚs  le  début  de  ses  recherches  sur  l'osmose  électrique  (-),  M.  Jean 
Perrin  a  constaté  que  ce  phénomÚne,  qui  résulte  de  la  charge  que  prennent 


(  ')  Nous  avons  pu  prĂ©parer  par  le  mĂȘme  procĂ©dĂ©  les  fluorures  de  baryum,  de  stron- 
tium, de  lithium,  de  magnésium. 

(')  Jean  Pérrin,  Examen  des  conditions  qui  déterminent  le  signe  et  la  grandeur 

C.  R.,  1903,   ■'  Semestre.  (T.  CXXWII,  N"26  )  1^4 


laS'i  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

au  conlact  l'un  de  l'aulre  un  solide  et  un  liquide,  se  produit  avec  inten- 
sité pour  les  liquides  ionisants,  et  pour  ceuK-là  seulement.  Le  pouvoir  ioni- 
sant de  l'ammoniac  liquĂ©fiĂ©  Ă©tant  considĂ©rable  ('  ),—  ou,  en  d'antres  termes, 
les  solutions  de  sels  dans  ce  liqui<le  Ă©tant  conductrices,  —  fait  en  accord 
avec  la  grandeur  de  la  constante  diélectrique,  22,  de  ce  liquide  (-),  il  était 
intéressant  de  vérifier  si,  au  sein  de  l'ammoniac  liquide,  on  pouvait  obser- 
ver .l'osmose  Ă©lectrique,  c'est-Ă -dire  supposer  qu'il  y  a  Ă©iectrisation  de 
contact. 

»  Nous  avons  employé  un  dispositif  analogue  à  celui  de  M.  Perrin,  en  opérant  dans 
un  bain  d'acĂ©tone  refroidie  aux  environs  de  —  C>o"  par  de  la  neige  carbonique  ( ').  I.e 
chlorure  de  chrome,  qui  constitue  une  cloison  poiense  parfaite  pour  les  solutions 
aqueuses,  ne  peut  convenir  ici  en  raison  d'une  propriété  qui  fera  l'objet  d'une  pro- 
chaine communication;  c'est  avec  de  l'alumine  pure,  calcinée,  que  nous  avons  fait  le 
bouchon  poreux  devant  servir  Ă   l'osmose.  Le  gaz  ammoniac  pur  et  trĂšs  soigneusement 
desséché  est  condensé  dans  l'appareil  refroidi;  le  remplissage  présente  (juelques  diffi- 
cultés qui  tiennent  à  la  volatilité  du  liquide  et  à  la  facilité  avec  laquelle  il  dissout  les 
gaz. 

))  Les  résultats  ont  été  les  suivants  :  l'équilibre  liydrostatique  étant 
établi,  on  observe  que,  si  Ton  crée  une  différence  de  potentiel  entre  les 
deux  parties  du  liquide  que  sépare  le  bouchon  d'alumine,  le  liquide  se 
déplace  en  sens  inverse  du  courant,  mais  trÚs  faiblement;  quelquefois 
mĂȘme,  on  n'a  pas  eu  de  transport  apprĂ©ciable.  Mais  il  suffit  d'introduire 
dans  le  liquide  une  parcelle  de  sodium  pour  que  le  liquide  bleu  qui  se 
forme  alors  (solution  de  sodammonium  dans  l'ammoniac)  (')  subisse  un 
déplacement  notable  à  travers  le  bouchon  d'alumine,  celte  fois  dans  le  sens 
du  courant.  I^'introduction  du  sodium  dans  le  liquide  a  donc  produit  une 
éiectrisation  positive  du  liquide,  et  négative  de  l'alumine.  On  n'a  pas  à 
s'Ă©tonner  de  ce  sens  d'Ă©lectrisation,  puisqu'on  ignore  quels  sont  les  ions 
en  présence  dans  la  solution;  d'autre  part,  il  est  vraisemblable  que,  en 
solution  ammoniacale,  ce  ne  sont  plus,  comme  en  solution  aqueuse,  les 
ions  H'*^  et  OH^  qui  jouent  le  principal  rĂŽle.  La  question  de  l'ionisation  au 
sein  de  l'ammoniac  liquide  Ă©tant  encore  Ă   traiter,  il  est  prudent  de  s'en 


de  l'osmose  Ă©lectrique  el  de  V Ă©iectrisation  par  contact  (  Comptes  rendus,  t.  GXXXVI, 
p.  i388;  voir  aussi  Ibid.,  p.  i44i  et  t.  CXXXVII,  1908,  p.  5i3). 

(')  G.  Frenzel,  ZeitsclirlJ't  fur  Eleklrochemlc,  t.  VI,  1900,  p.  l\Ăš'^ . 

(-)  il. -M.  GooDwiN  et  iNL  de  Kav  Thompson,  Pliysical  lieviav,  t.  \lll,  iSgy.  p.  3S. 

(')  Henri  MolSSA^,  Comptes  rendus,  t.  CXXXlll,  1901,  p.  768. 

(■')  A.  JoANNis,  Comptes  rendus,  t.  GIX.  1889,  p.  goo. 


SÉANCE    DU    2S    DÉCl-MBRi:    KJoS. 


1233 


teilirau  fait  expérimental,  à  savoir  que,  coiDine  le  font  prévoir  la  coiislante 
diélectrique  (lerammoniacliquifié  et  la  coiuluclibililédes  solutions  ammo- 
niacales, l'osmose  Ă©lectrique  se  produit  dans  ce  liquide.  " 


CHIMIE  GÉNÉRALE.   —  Sur  la  dissocialioli  des  carbonates  a'calms. 
Noie  de  M.  P.  Lebeau,  présentée  par  M.  H.  Moissan. 

«  Nous  avons  montré,  dans  une  commnnicalion  anlérienre,  que  le  car- 
bonate de  lithium  pouvait  ĂȘtre  complĂštement  volatilisĂ©  dans  le  vide 
au-dessous  de  1000"  par  suite  de  sa  dissociation  en  anhydri;le  carbonique 
et  oxyde  de  lithium. 

))  Nous  avions  tout  d'abord  pensé,  en  nous  basant  sur  les  faits  généra- 
lement admis  concernant  la  stabilité  des  autres  carbonates  alcalins,  que 
cette  propriété  éloignait  un  peu  le  carbonate  de  lithium  de  ces  derniers. 
Il  nous  a  cependant  paru  nécessaire  de  faire  quelques  expériences  nou- 
velles, en  opĂ©rant  dans  les  mĂȘmes  conditions  que  pour  le  carbonate  de 
lithium.  Ce  sont  les  résultats  de  ces  observations  que  nous  publions 
aujourd'hui. 

»  CarbonaLe  de  sodium.  —  On  a  constatĂ©  jusqu'ici  que  ce  sel  se  dĂ©composait  fai- 
Jjlernentau  rouge  blanc  et  que  sa  dissociation  était  favorisée  par  un  courant  d'air  bien 
dépouillé  d'anhydride  carbonique  ou  par  un  courant  de  vapeur  d'eau  qui  produit  de 
l'hydrate  de  sodium.  En  le  chautTant  dans  le  vide,  nous  avons  vu  la  dissociation  com- 
mencer vers  700°  et  devenir  trÚs  sensible  vers  1000".  Voici  les  pressions  observées  : 


Pression 

en  millimĂštres 

Tciiipci'atiiro. 

de  mercure. 

700 

1 

780 

1  ,.') 

820 

2,5 

S80 

10 

990 

12 

1010 

i4 

Pression 

en 

millimĂštres 

Températnre. 

( 

e  mercure. 

li 

io5o 

16      . 

1080 

19 

1 100 

21 

ii5o 

28 

1180 

38 

1200 

4i 

I)  Si,  aprÚs  a\oir  chaufße  à  1200",  on  laisse  ensuite  la  température  s'abaisser,  Faljsorp- 
tion  de  l'anhydride  carbonique  ne  se  produit  que  d'une  façon  trÚs  incomplÚte,  la 
majeure  partie  del'oxvde  de  sodium  étant  combinée  avec  la  couverte  du  tube  de  por- 
celaine, d;ins  lequel  a  lieu  l'expérience.  D'autre  part,  si  l'on  élÚve  de  nouveau  la  tem- 
pérature, les  pressions  observées  diflfÚrent  parfois  notablement  des  premiÚres.  Ce  fait 
s'explique  aisément:  le  systÚme  étant  essentiellement  variant.  L'oxvde  de  sodium  pro- 
duit  peut   en  effet  se  dissoudre  dans  le  carbonate  do  sodium   fondu,  et  en   outre  se 


I  :>')(■) 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


dĂ©i)osei-  dans  les  parties  relativement  froides  de  l'appareil,  oĂč  il  n'agira  plus  sur  la 
couverte  du  tube  et  pourra  alors  absorber  une  partie  du  gaz  carbonique,  pour  donner 
du  carbonate  neutre  et  mĂȘme  du  bicarbonate  de  sodium.  On  conçoit  que  dans  ces  con- 
ditions, il  n'existe  pas  de  limite  bien  fixe  pour  la  tension  de  CO'.  Toutefois,  si  l'on 
détermine  les  pressions  résultant  de  l'action  progressive  de  la  chaleur  sur  un  sel  n'ayant 
pas  encore  été  cliaufTé,  on  obtient  des  séries  de  résidtals  trÚs  voisines  el  qui  se  rap- 
prochent le  plus  des  tensions  réelles  de  dissociation. 

»  En  maintenant  environ  is  de  carbonate  de  sodium  à  la  température  de  looo",  et  en 
faisant  le  vide  d'une  façon  continue  à  l'aide  de  la  trompe  à  mercure,  nnus  avons  pu 
en  produire  la  volatilisation  complĂšte. 

»  Carbonate  de  potassium.  —  Le  carbonate  de  potassium  est  considĂ©rĂ©  comme  beau- 
coup plus  stable  quecelui  du  sodium,  et  l'on  admet,  qu'il  ne  peid  de  l'anhvdride  carbo- 
nique qu'à  trÚs  haute  température.  Dans  le  vide,  il  se  dissocie  sensiblement  à  partir 
de  790".  \  ers  1000°  sa  décomposition  devient  tout  à  fait  comparable  à  celle  du  carbo- 
nate de  sodium  et  comme  ce  dernier  il  peut  ĂȘtre  complĂštement  volatilisĂ©. 


Pre^^sion* 

en  inillimotres 

Tempcraiuro. 

(le  mercure. 

700 

0 

790 

0,5 

810 

I 

890 

3 

Pressions 

en  millimĂštres 

Température. 

(le  mercure. 

960 

5 

970 

9 

HIOO 

12 

1090 

'7 

!)  Carbonate  de  rubidium.  —  Le  carbonate  de  rubidium  que  nous  avons  utilisĂ©  a  Ă©tĂ© 
préparé  à  l'aide  de  cliloroplatinale  de  rubidium  pur  obtenu  par  précipitation  frac- 
tionnée, au  moj'en  du  chlorure  de  platine,  d'un  chlorure  de  rubidium  sensiblement 
pur.  Nous  avons  rejeté  les  premiÚres  el  les  derniÚres  portions  susceptibles  de  ren- 
fermer, les  unes  de  petites  quantitĂ©s  de  potassium,  les  autres  un  peu  de  cƓsium.  Le 
chloroplatinate  lavé  à  l'eau  bouillante,  puis  desséché,  a  été  réduit  par  l'hydrogÚne.  Le 
chlorure  résultant  a  été  transformé  en  sulfate.  Ce  derniei',  traité  par  l'eau  de  baryte  en 
léger  excÚs,  a  donné  une  solution  d'hydrate  de  rubidium.  Le  baryum  a  été  éliminé  par  un 
courant  de  gaz  carbonique  et,  aprĂšs  filtration,  on  a  carbonate  jusqu'Ă   saturation.  La 
solution  de  bicarbonate  ainsi  produite  a  été  évaporée  à  sec  et  le  résidu  calciné  et 
fondu. 

»  Le  carbonate  de  rubidium  commence  à  se  dissocier  dans  le  vide  un  peu  au- 
dessous  de  '■l^o°  : 


Pression 

eu 

millimĂšlres 

eiiipérature. 

(1 

s  mercure. 

690 

- 

0 

-40 

2 

83o 

6 

870 

8 

'ression 

en  1 

nillimĂšlres 

TciiipcniUire. 

de 

mercure. 

1» 

900 

10 

990 

18 

1020 

20 

1080 

33 

»   .\  partir  de  1000",  la  dissociation  se  produit  plus  rapidement  que  pour  les  carbo- 


SÉANCE    DU    LiH    DÉCEMBUE    l()o3.  1257 

nates  de  potassium  el  de  sodium,  et  la  volatilisation  complĂšte  est  obtenue  facilement. 
,,  Carbonate  de  cƓsiimi.-  Le  carbonate  de  cƓsium  a  Ă©tĂ©  purifiĂ©  par  dissolution  dans 
l'alcool  concentré  bouillant.  Dans  le  cours  de  ces  traitements,  nous  avons  constate  la 
formation  d'un  carbonate  bvdraté  cristallisé  contenant  i5,47  V°»^  'O»  ^'eau,  ce  qui 
correspond  sensiblement   Ă    la    formule  3(C0'Cs^)  loH'O  qui  exige  i5,54  pour  .00 

d'eau.  . 

»  La  dissociation  du  carbonate  de  cƓsium  devient  sensible  vers  600".  Klle  se  produit 
avec  intensité  au-dessus  de   1000"  et  devient  comparable  à  celle  du  carbonate  de 

lithium. 

Pression 


on  millimĂštres 

Tempera  turc-.  de  mcreurc. 

o 

610  2 

680  4 

8o5  6 

860  8 

890  12 

o3o  32 


Pression 
en  millimĂštres 
Temiiéralnre.         ßle  mercure. 

1 000  '1 4 

lo.ĂŻo  63 

I 090  90 

ll3o  121 

ii5o        107 
1180         i57 


»  Ces  déterminations  permettent  de  conclure  que  tous  les  carbonates 
alcalins  sont  dissociables  dans  le  vide  au-dessous  de  800°.  Il  se  forme  du 
gaz  carbonique  et  un  oxyde  alcalin  volatil,  ce  qui  entraĂźne  une  sorte  de 
volatilisation  de  ces  carbonates,  dont  nous  nous  proposons  d'Ă©tudier  les 
applications,  ainsi  que  nous  l'avons  indiqué  à  propos  de  notre  communi- 
cation sur  le  carbonate  de  lithium.  Nous  ajouterons  que,  si  l'on  considĂšre 
la  répartition  généralement  admise  des  métaux  alcalins,  en  deux  sous- 
groupes,  comprenant  :  i"  lithium  et  sodium,  1°  potassium,  rubidium  et 
cƓsium,  on  remarque  que  la  facilitĂ©  de  dissociation  dĂ©croĂźt  avec  le  poids 
atomique  dans  le  premier  groupe  et  croit  avec  lui  dans  le  second.  » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  les  rt-aminoniliiles. 
Note  de  M.  Marcel  Delkpixe. 

«  Les  a-aminonitriles  peuvent  ĂȘtre  considĂ©rĂ©s  cotnme  des  aminĂ©s 
a-cyanĂ©es;  ainsi,  l'a-aminopropionitrile  CH'— CH(AzH=)  —  CAz  peut  aussi 
bien  s'écrire  a-cyanoéthylamine  CH^CH(CAz)  -  AzH^  L'introduction  du 
groupe  négatif  CAz  au  voisinage  de  l'aminogÚne  amÚne  une  diminution 
de  la  basicité.  En  comparant  à  cet  égard  les  sulfates  de  méthyl-  et  d'éthyl- 
amine  avec  ceux  d'aminoacétonitrile  et  d'aminopropionitrile,  on  trouve 
les  chaleurs  de  neutralisation  suivantes  pour  i'""'  d'acide  sulfurique  : 

Méthylamine 3o<^''',  i   (calculée)         Ethylamine 'io"'\\ 

a-cjanomĂ©thylamine.  .      I9"',9(Ă 2i")  a-cyanoĂ©tliylamine. .      20ℱ', 55   (Ă   i^") 


1200  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

1)  La  diiißinulion  consifiérablo,  voisine  de  lo*^"',  se  traduit  par  la  saveur 
nettement  acide  des  sulfates  d'aminés  cyanées,  leur  acidité  au  tournesol  et 
à  la  plilaléine;  les  sels  minéraux  d'aminopropionitrilc,  d'aniinoacétoiiilrile, 
de  méthylaminoacétonitrile,  etc.,  sont  acides  de  tout  leur  acide  à  la  plila- 
léine et  neutres  au  méthylorange;  vis-à-vis  du  tournesol,  on  n'atteint  le 
bleu  franc  que  par  saturation  de  tout  l'acide  du  sel,  mais,  vers  le  dernier 
tiers,  une  teinte  rouge  violacé  api)arait.  Ou  eu  déduit  que  lesaminonitriles 
considérés  sont  monobasiques  au  méthylorange,  indifférents  à  la  plitaléine 
et  presque  indifférents  au  tournesol. 

»  Ce  sont  donc  des  bases  moye/ines  de  force  trÚs  inférieure  à  celle  des 
alcalis  et  des  aminés  grasses,  mais  supérieure  à  celle  des  aminés  aroma- 
tiques ou  quinoléiques. 

»  J'ai  étudié  plus  spécialement  quelques  réactions  chimiques  de  l'a-ami- 
nopropionitrile  et  du  méthylaminoacétonitrile,  vis-à-vis  des  anhydrides 
d'acides  et  des  Ă©thers  isocyaniques. 

»  Par  sa  fonction  aminé,  le  premier  donne  facilement  l'acétvl-  et  leben- 
zoylaminopropionitrile,  respectivement  fusibles  à  102"  et  108°. 

i>  Par  cette  mĂȘme  fonction,  l'un  et  l'autre  aminonitriles  donnent  avec 
les  éthers  isocyaniques  des  urées  cyanées  qui  ne  sont  autres  que  des  nitriles 
d'acides  hvdantoĂŻques.  Effectivement,  il  suffit  de  chauffer  au  bain-marie 
ces  nitriles  avec  de  l'acide  chlorhydrique  dilue  dans  deux  volumes  d'alcool 
(comme  dissolvant)  pour  obtenir  trĂšs  facilement  des  hydantoĂŻnes.  Ainsi, 
l'a-aminopropionitrile  et  l'isosulfocyanate  de  phényle  donneront  successi- 
vement : 

CAz-  CH-  CH^ 
I 
CH'AziCS-i- AzH- 

COM4  -CH  -CH' 

I 

->  C^H'AzH  -es  -AzH 

/AzH  G" II'' 
»  J'ai  prĂ©parĂ©  ra-cyanĂ©thylphĂ©nyliuĂ©e  COC   .     ,,,,,,  ,„.    ,,^,,,  qui  fonda  i35"  et 
'     '  ‱'  J  f       J  ^A/.ll,CH  (CAz)L.II''   ^ 

conduit    à    la    i-j)liényl-4-iiiélhylliydanloïne    l'usible    à     172°;     l'a-cyanélhyltnéthyl- 

/Az  H  CH^ 
sulfourée  CS\    ,     ,,'^,,,^.     ,,,,,,,  produit  visqueux   conduisant  à  la   i,4-dimétliyl- 
\Azri.CII(C Az)CIP    '  ^ 

sulfohj'dantoïne,    fusible    à    lÎSo-iÎg";    ra-cyanétliylplién)  isiilfourée   cristallisable   cl 

transformable  en  i-pliénjl-4-mélhylsulfohydanloïne  fusible  à  iSH";  la  cyanolrimélhyl- 

snlfourĂ©e  CS\  '.      ^,,,,^,,„  ^,     conduisant  Ă    i-3-diinĂ©tlivlsulfoh\danloĂŻne,  fusible 
\Az(LlP)C.H-.C.Az 

/AzH  C' IF' 
à   94°i5;    la   niéthylcyanoinélhylpliénylurée  GO\ '.     ,ru3\nw  cA'   fusi'^le  à  83°  et 


CAz 

-CH- 

-CH' 

c 

H  = 

'A2 

;H 

-es 

-  AzH 

c« 

H^ 

"Az( 

,5| 

co- 
cs - 

I2| 

14) 

GH- 
AzH 

(3) 

CH' 

SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  IQoS.  1259 

transformable    en    i-phényl-3-méthylhjdanloïne    fusible    à    109°,  3.-  Ce   sont   là    des 
réactions  que  Ton  pourrait  multiplier. 

»  Enfin,  considĂ©rant  que  l'a-aminopropionitrile  CH' — CH(_\zH-)  — CAz 
contient  un  carbone  asymétrique,  je  l'ai  dédoublé  au  moyen  do  racidc 
r/-lartrique.  Cet  acide  forme  un  sel  acide  hydraté  C  H" A z^  C'ir'O",  H'^O 
ayant  un  pouvoir  rotatoire  [xj,,  =  4-18°  environ,  en  soltition  aqueuse  à  ^. 
Si  l'on  précipite  sa  solution  aqueuse  saturée  ])ar  un  volume  d'alcool  à  96°, 
on  obtient  un  premier  précipité  ayant  fa],,  =  -f-i3°;en  ajoutant  ensuite  un 
volume  d'éther,  on  détermine  un  second  précipité  ayant  [^-]i,  =  +18°,  sen- 
siblement identique  au  produit  initial,  et  il  reste  dans  les  eaux  mĂšres 
Ă©lhĂ©ro-alcooliques  un  tartrale  ayant  [a]„=-f-23°.  Le  premier  prĂ©cipitĂ© 
est  du  (-/-tartrate  de  /-aminopropionitiile  que  l'on  peut  transformer  facile- 
ment en  un  sulfate  lĂ©vogyrc  [a]u=  —11°,  4  et  en  un  /-benzoylaminopro- 
pionitrile,  fusible  Ă   123",:"),  trĂšs  lĂ©vogyre;  [5'-]u=  —  55'^,8/i. 

M  Le  tartrate  [a],,  =  +  33"  donne  un  sulfate  et  un  benzoylaminopro- 
pionitrile  dextrogyres  ayant  respectivement  [a]D=  4- 10°  et  4i".3,  par 
conséquent  souillés  de  racémique,  ce  qui  se  conçoit,  le  tartrate  de  la  base 
dextrogyre  Ă©tant  le  plus  soluble.  Il  est  Ă©vident  que  l'on  pourrait,  au  con- 
traire, avoir  les  produits  droits  purs  en  partant  d'acide  /-tartrique;  c'est 
une  vérification  que  je  n'ai  pas  faite. 

»  Je  limite  là  cet  aperçu  des  propriétés  des  a-aminonitriles;  on  voit  que 
ces  corps  se  prĂȘtent  Ă   toutes  les  rĂ©actions  que  leur  double  fonction  permet 
de  prévoir,  y  compris  le  dédoublement  optique,  s'ils  ont  un  carbone 
asymétrique.  J'ai  laissé  de  cÎté  les  opérations  qui  conduisent  aux  amino- 
acides.  Un  Mémoire  plus  complet  et  plus  détaillé  paraßtra  au  liulletin  de. 
la  Société  chimique.    » 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Combinaison  du  saccharose  a^-ec  quelques  sels 
métalliques.  Noie  de  M.  D.  Gauthier. 

«  On  sait  que  le  saccharose  a  la  propriété  de  s'unir  au  chlorure,  au  bro- 
mure, Ă   l'iodure  de  sodium;  qu'il  s'unit  Ă©galement  au  chlorure  de  potas- 
sium. jSous  avons  réussi  à  obtenir  avec  d'autres  sels  un  certain  nombre  de 
combinaisons  analogues  nettement  définies. 

»  L'iodure  de  potassium  nous  a  fourni  un  composé  bien  cristallisé 
réjiondant  à  la  formule 

C'-H--0",KI,  2II-O; 


I  uGo  ACADKMIE    DES    SCIENCES. 

c|iielques-iins  des  crislaiix  de  ce  corps  ont  des  dimensions  de  plusieurs 
centimĂštres. 

»  Le  chlorure,  le  bromurr,  l'iodnre  de  lithium  ont  donné  des  composés 
semblables  au  précédent  : 

C'-Il"0",LiCl,  -H-O, 
C'-H^-0",LiBr,  2H-O, 
C'-H"0",  f.il,    2IFO. 

-    I.o  bromin-e  et  l'iodnre  de  calcium  nous  ont  donné  les  corps  : 

C'  =  H--0",  CaBi-,  3H-0 
C'-M--0",  Cal%     3IP0. 

»  Le  chlorure  et  le  bromure  de  strontium  nous  ont  également  fourni  des 
produits  bien  cristallisés,  mais  trÚs  longs  à  se  former. 

»  Le  chlorure,  le  bromure  et  l'iodure  de  baryum  nous  ont  donné  des 
combinaisons  formées  de  cristaux  volumineux  qui  sont  anhvdres  et 
répondent  aux  formules  : 

2C'  =  H--0",  BaCl-, 
2C'-H--0",  BaBr-, 
2C'Mi^'H0",  Bal-. 

»  Nous  nous  proposons  de  faire  l'étude  des  propriétés  de  ces  cor|)s  et 
nous  poursuivons  nos  recherches  en  vue  d'obtenir  des  combinaisons  nou- 
velles avec  d'autres  sels.  » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  transformation  des  v.-glvro/s  primaires  en 
aldéhydes  correspondantes.  Note  de  M.  Tiffexeau,  présentée  par 
M.  Haller. 

«   La  transformation  bien  connue  du  phénylglycol 
C'IF  — GIIOH  -CH^'OH 

en  phĂ©nylacĂ©tylaldĂ©hyde  C"H=--  (JH-  —  GHO  (Zincice,  Liebigs  Annalen  , 
t.  CCXVL  p.  3oi)  par  l'action  de  l'acide  sulfurique  au  '  ne  fournit,  apriori, 
aucun  renseignement  sur  la  nature  de  celte  réaction.  Je  suis  parvenu,  en 
étudiant  les  homologues  du  phénylglycol,  substitués  en  a,  à  montrer  que 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    igoS.  1261 

les  aldĂ©hydes  rĂ©sultant  de  cette  transformation  conservent  la  mĂȘme  struc- 
ture que  le  glvcol  initial  et  qu'il  y  a,  dans  ce  cas,  passade  de  la  fonction 
alcool  vinviique  instable  à  la  forme  aldéhyde,  par  simple  migration  d'un 
atome  d'hvdrogĂšne. 

«    Les    phényiglycols   sur   lesquels  j'ai  efl'ectué  mes  recherches  ont  été  préparés  par 
une  méthode  que  j'ai  indiquée  antérieurement  {Comptes  rendus,  t.  CXXXIV,  p.  846) 
et  qui  consiste  à  faire   réagir   l'iodure   de  méthylmagnésium  sur  les  benzoyicarbinols 
ou  sur  leurs  éthers  acétiques. 
C'H^-  CO  —  CH'-  OH  +  aCH'Mgl  =  CH*+  C«H=(CH')C(OMgI)  —  CH^OMgl, 

C^  H5  -  CO  —  CH2  -  CO'-  —  CH»  +  3  CH^  Mg  I 
=  (CH')2— C(OMgl)  — CH'+C«H5(CH»)-C(0MgI)  — CH-OMgl. 

»  Il  suffit  de  décomposer  par  l'eau  les  dérivés  magnésiens  ainsi  préparés  pour  obte- 
nir les  glycols  qu'on  purifie  par  distillation  fractionnée  dans  le  vide  et  par  cristal- 
lisation dans  l'élher  de  pétrole.  Celte  méthode  a  été,  depuis,  appliquée  avec  succÚs 
par  M.  Kling  {Comptes  rendus,  t.  GXXXVII,  p.  7-56)  au  cas  de  l'acéLol  et  de  son  éther 
acétique. 

»   Le  méthylphénylglycol  dissymétrique  (a-phénylpropane-diol-i  .2) 

G"  H'^  (  CH' )  —  C  OH  —  CH' OH 

obtenu  |)ar  l'cuie  ou  l'autre  des  réactions  ci-dessus  fond  à  38°. 

))   Le  méthyl-/)-tolylglycol  dissymétrique  (2-/^-tolylpropane-diol-i.3) 

CH^  —  C^n'CCH^)  —  COH  —  CH^OH 

fond   à    36".    Je   l'ai   préparé  comme   le   précédent  soit  en  faisant  agirSIMgCH'  sur 
l'acétate  de  ya-toluylcarbinol    (fond  à  84°),  soit   encore   par   action   de  aliVlgCH^  sur 

p-toluylcarbinol  CH'C«H*—  CO  -  CH^OH  (fond  Ă   88°). 

»  Ces  deux  glycols,  traités  à  chaud  par  l'acide  sulfurique  au  \,  sont  transformés 
avec  élimination  de  H-O  en  aldéhjdes  correspondantes  d'aprÚs  la  réaction 

R  -  (CH^)  —  COH  -  CH-OH  =  H^O  -1-  R  -  (CH^)  —  CH  -  CHO. 

»  C'est  ainsi  que  le  méthylphénylglycol  fournit  l'aldéhyde  hydratropique  ('  )  bouil- 
lant à  2o4°  (semi-carbazone  fusible  à  i56°-i57°)  et  le  mélhylphényltolylglycol,  l'aldé- 
hyde/>-méthylhvdratropique  bouillant  à  2i9°-22i°  (semi-carbazone  fusible  à  i52°). 

»  Si  l'on  rapproche  ces  faits,  de  ceux  que  j'ai  antérieuremenl  exposés  concernant  la 
migration  phénylique,  on  voit  que  le  méthylphénylglycol  se  transforme  sans  chan- 
gement de  structure  en  aldéhyde  hydratropique 

(1)  C«H^(CH»)-C(OH)  — CH-OH  =  H'-0-i-C'H^(CH=)CH-CHO, 


(')  J'ai  obsei'vé  également  la  formation  d'aldéhyde  hydratropique  par  ébullition 
d'une  solution  alcoolique  d'acétate  de  potassium  contenant  la  chlorhydrine  du  méthyl- 
phénylglycol dissymétrique  {Bull.  Soc.  chim.,  3"  série,  t.  XXV U,  p.  643). 

C.  R.,  1903,  2»  Semestre.  (T.   CXXXVII,  N"  26.)  *65 


1202  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

tandis  que  son  iodhydrine  ou  sa  chlorhydrine  conduit  à  la  phénylacétone  avec  migra- 
tion moléculaire. 

(II)  C=H^(CH')— C(OH)  — CH2I  =  HI-t-C'H5— CH^-  CO  —  CH'. 

»  Il  en  résulte  évidemment  que  la  réaction  (I)  doit  s'effectuer  par  un  mécanisme 
tout  autre  que  celui  de  la  rĂ©action  (II);  or,  cette  derniĂšre  ne  saurait  ĂȘtre  envisagĂ©e 
autrement  qu'avec  formation  intermĂ©diaire  d'oxyde  d'Ă©thylĂšne  C'H'(CH'  )  — ^  C  —  CH^ 


O 
et  migration  ultérieure  du  G'H^;  on  est  donc  conduit  à  conclure  que  parmi  les  deux 
seules  formes  intermédiaires  possibles  de  la  réaction  (1) 

C^H=(CH')  — C(OH)  -CH'OH  =  H20-i-C'-H5(CH')  — G-GH^ 

O 
C«H3(GH')  —  G(OH)  —  CH^OH  =  WO  +  C«H5(GH')  —  G  =  GHOH, 

il  faut  rejeter  la  forme  oxyde  d'Ă©thylĂšne  et  adopter  la  forme  alcool  vinylique. 

»  En  résumé,  la  Iransformation  des  a-glycols  primaires  en  aldéhydes  sotis 
l'action  de  l'acide  sulfuriqiie  constitue  une  réaction  toute  spéciale  due  à  la 
formation  intermédiaire  d'un  alcool  vinylique;  elle  se  distingue  ainsi  trÚs 
nettement  de  toutes  les  réactions  oij  il  y  a  au  contraire  formation  intermé- 
diaire d'un  oxyde  d'éthylÚne,  formation  qu'on  réalise  soit  par  l'élimination 
de  riiydracide  chez  les  halohydrines  dérivées  de  ces  a-glycols,  soit  encore 
par  l'Ă©limination  de  l'eau  chez  ces  a-glycols  lorsque  le  notnbre  des  substi- 
tutions carbonées  rend  impossible  la  formation  d'alcool  vinylique,  ce  qui  est 
le  cas  des  pinacones.    » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —   Sur  les  Ă©lhe.rs  nitriques  des  acides-alcools. 
Note  de  M.  11.  Uuval,  présentée  [)ar  M.  H.  Moissan. 

«  Nitrate  d'acide  acĂ©toxyacĂ©ticjue.  —  L'analyse  du  nitrate  d'acide  glycolique  brut 
(voir  Comptes  rendus  du  12  octobre  dernier)  fournissait  un  chiffre  trop  élevé  pour  le 
carbone,  l'hydrogÚne  étant  néanmoins  assez  exact  :  j'en  ai  donc  déduit  qu'il  devait  se 
former,  pendant  la  nitratiou,  un  autre  produit  proveÊiant  d'une  condensation  de  l'acide 
glycoli(|uo;  j'ai  iiidiqué  derniÚrement  qu'une  huile  se  déposait  pendant  que  cristal- 
lisait le  nitrate  d'acide  glycolique.  L'élude  de  ce  composé  huileux,  purifié  au  moyen 
de  benzo-iigiuïiie,  m'a  conduit  à  adnnutre  la  formation  de  nitrate  d'acide  acétoxyacé- 
tique,  répojidaul  à  la  formule 

GH'OAzO'—  GO'  — GIP  — CO^H. 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    ipoS.  '263 

»  Huile  légÚrement  ambrée,  soluble  dans  l'eau,  l'alcool,  l'élher,  peu  soluble  dans  le 
benzĂšne,  insoluble  dans  la  ligroĂŻne. 

»   Analyse.  —  TrouvĂ©  :  C,  26,9.5;  H,  2,82;  Àz,  8,12. 

>,  ThĂ©orie  pour  Gir^OAzO^-CO^-GH-^—CO'H  :  G,  26, 8(;  H,  2,78;  \z,  7,82. 
»  Nitrate  d'acide  lactique.  —  En  1872,  Wislicenus  a  montrĂ©  que  l'acide  lactique 
sirupeux  est  un  mélange  en  proportions  fort  variables  d'eau,  d'acide  lactique,  d'an- 
hydride lactique  et  de  lactide.  Comme,  d'une  part,  l'anhydride  et  le  lactide  sont  facile- 
ment extraits  par  l'élher  et  que,  d'autre  part,  l'anhydride  peut  également  s'éthérifier, 
en  opérant  la  nitration  directement  sur  l'acide  libre,  je  me  serais  trouvé,  aprÚs  exlrac- 
lßon  à  l'éther,  eh  présence  de  quatre  composés,  savoir  ;  l'acide  nilrolactiqué,  l'anhy- 
dride lactique,  l'anhydride  nilrolactiqué  et  le  lactide.  Force  m'était  donc  de  m'adres- 
ser,  soit  à  l'acide  lactique  pur  et  cristallisé  décrit  en  189.5  par  MM.  Kraft  et  Dyes,  mais 
dont  la  préparation  et  la  conservation  sont  délicates,  soit  à  un  sel  de  l'acide  lactique, 
l'anliydride  ne  formanl  pas  de  sels  stables.  D'ailleurs,  je  compte  simplifier  la  purifica- 
tion des  nitrates  d'acide  glycolique  et  glycérique,  et  améliorer  grandement  les  rende- 
ments en  employant  des  sels  au  lieu  des  acides  libres. 

»  En  conséquence,  en  opérant  selon  la  méthode  décrite  par  Henry  en  1878  et  qui 
consiste  à  éthérifier  directement  l'acide  lactique  impur,  on  n'obtiendra  jamais,  comme 
je  l'ai  d'ailleurs  vérifié  éxpérimenlalemenl  dans  des  conditions  variées,  qu'un  mélange 
d'acide  nilrolactiqué  et  des  anhydrides  qu'il  forme. 

»  On  ajoute  peu  à  peu  208  de  lactate  de  zinc  à  un  mélange  de  25s  d'acide  azotique 
fumant,  et  de  4oe  d'acide  sulfurique  concentré,  en  évitant  une  trop  forte  élévation  de 
température;  on  verse  sur  la  glace,  on  extrait  à  l'élher  qu'on  lave  abondamment,  on 
évapore  la  solution  bieh  décantée,  jadis  on  sÚche  pendant  deilx  semaines  dans  le  vide, 
d'abord  sur  la  potasse,  ensuite  sur  l'acide  sulfurique. 
»  Analyse.  —  TrouvĂ©  :  C,  26,72;  H,  3,83;  Az,  10^66. 

.)  ThĂ©orie  pour  GH'  — GHOAzO'^— CO-II  :  G,  26,66;  H,  3,70;  Az,  10,87. 
»    Liquide   huileux  légÚrement  jaunùtre,  miscible  à  l'eau,  l'alcool,   l'élher,  le  ben- 
zĂšne, insoluble  dans  la  ligroĂŻne. 

»  Nitrate  d'acide  x-oxy  bu  lyrique.  —  On  le  prĂ©pare  exactement  comme  le  dĂ©rivĂ© 
lactique  correspondant,  en  opérant  également  sur  le  sel  de  zinc  sec.  Placé  dans  le 
vide  sulfurique,  il  cristallise  en  aiguilles  légÚrement  colorées  en  jaune;  on  le  pulvé- 
rise, puis  le  replace  dans  le  vide  sur  la  potasse  solide,  puis  sur  l'acide  sulfurique. 

»  Cristaux  incolores  excessivemenl  solubles  dans  l'eau,  l'alcool,  l'élher,  le  benzÚne, 
moins  solubles  dans  la  ligroïne  et  fondant  à   45°- 
»  Analyse.  —  TrouvĂ©  :  C,  82, 3i;  H,  4,76;  Az,  9,63. 

»  ThĂ©orie  pour  CH'-CH^  — CHOAzO^  — GO'-H  :  G,  82,21;  H,  4,69;  Az,  9,89. 
»  Nitroglycolate  de  mĂ©thyle.  —  On  Ă©thĂ©rifĂźe  en  Ă©vitant,  comme  toujours,  une  trop 
grande  Ă©lĂ©vation  de  tempĂ©rature;  on  verse  sur  la  glace  oĂč   le   produit  nllrĂ©  prĂ©cipite; 
on  le  lave  alors  deux  fois  avec  un  peu  d'eau;  on  le  neutralise  et  le  sĂšche  en  ragltant 
avec  du  carbonate  de  soude  sec.  Enfin,  on  rectifie  dans  le  vide. 

»  Liquide  incolore  d'odeur  agréable,  neutre  au  tournesol,  bouillant  avec  forte 
décomposition  à  165°  sous  la  pression  ordinaire,  mais  sans  décomposition  dans  le  vide 
oĂč,  sous  28'°"',  il  distille  Ă   82°, 5.  Soluble  dans  l'alcool,  l'Ă©lher,  le  benzĂšne,  insoluble 
dans  l'eau  et  la  ligroïne,  il  brûle  au  contact  d'un  corps  incandescent. 


1264  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Analyse.  —  TrouvĂ©  :  G,  20,56;  H,  3,88;  Az,  io,44. 

»  ThĂ©orie  pour  CH^O AzO^— CO'GH^  :  G,  26,66;  H,  8,70;  Az,  10,37. 

CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Action  de  l'acide  carbonique  sur  les  solutions  aqueuses 
d'aniline  en  présence  des  nilrites.  Note  de  M.  Louis  3Ieu.\'ier,  présentée 
par  M.  Muis^an. 

«  I.  Nitrites  alcalins.  —  Si  l'on  fait  passer  1111  courant  de  gaz  carbonique 
pur  dans  une  solution  aqueuse  contenant  une  molécule  de  nitrite  de  soude 
pour  deux  molécules  d'anilLne,  on  constate  que  l'on  peut  transformer 
presque  intégralcLnent  l'aniline  en  diazoamidobenzÚne. 

»   L'expérience  suivante  le  prouve: 

))  Dans  une  solution  composée  de  :  aniline  4^,65,  uitrile  de  soude  i^,  72, 
eau  distdiée  250"°"',  on  t'ait  passer  un  courant  de  gaz  carbonique  débarrassé 
de  toute  trace  d'acide  minéral  par  lavage  liaiis  une  solution  tle  bicarbo- 
nate de  soude;  au  bout  tl'un  quart  d'heure,  la  liqueur  se  trouble  en  jaune 
citron  ;  abandonnée  au  repos  pendant  3  jours  elle  dépose  1*^,39  dediazo- 
amiilobenzene  tiisible  à  92°. 

En  faisant  passer  à  nouveau  le  courant  dans  la  liqueur  fdtrée,  et  aban- 
donnant au  repos  pendant  10  jours,  on  obtient  un  nouveau  précipité 
pesant  0^,95.  La  liqueur  filtrante,  saturée  d'acide  carbonique  et  aban- 
donnée à  nouveau  pendant  5  jours,  donne  un  précipité  pesant  0*^,66;  et 
ainsi  de  suite.  Vers  la  fin  de  l'opération,  lorsque  le  gaz  carbonique  se 
trouve  en  excÚs  dans  la  solution,  il  y  a  dégagement  d'azote,  formation  de 
phĂ©nol  et  de  paraoxyazobenzol  C*  H'  —  Az  =  Az  —  C  11*  —  OH. 

»  II.  Nitrite  d'argent.  —  Le  passage  d'un  courant  de  gaz  carbonique 
dans  une  solution  contenant  une  molvical  e  de  nitrite  d'argent  pour  deux 
molécules  d'aniline  tlétermine  la  précipitation  assez  rapide  de  la  totalité 
de  l'aniline  Ă   l'Ă©tat  de  sel  d'argent  du  diazoamidobenzĂšne 

C»U'-Az  =  Az-Az- G«H^ 

k 

»  ThĂ©orie  de  la  formation  du  diazoamidobenzĂšne.  —  Pour  expliquer  le  mĂ©ca- 
nisme de  la  formation  du  diazoamidobenzĂšne  par  l'action  du  gaz  carbonique  sur 
la  solution  aqueuse  de  nitrite  de  soude  et  d'aniline,  nous  démontrerons  préalablement  : 

»  1°  (^ue  l'acide  carbonique  est  susceptible  de  former  une  combinaison  avec 
l'aniline.    Ditle    (')    avait    signalé    que    par   l'action    de    l'anhydride    carbonique    sur 

(')   Comptes  rendus,  t.  CV,  1887,  p.  612. 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  1903.  1205 

l'aniline,  mĂȘme  refroidie,  il  n'y  avait  pas  la  moindre  fixation  de  gaz  carbonique  en 
opĂ©rant  Ă   la  pression  atmosphĂ©rique.  J'ai  reconnu  qu'il  n'en  Ă©tait  pas  de  mĂȘme  si  l'on 
faisait  réagir  le  gaz  carbonique  sur  l'aniline  en  solution  aqueuse,  c'est-à-dire  dans  les 
conditions  normales  pour  la  formation  du  sel. 

»  Si  l'on  retourne  deux  tubes  gradués  identiques,  remplis  de  gaz  carbonique,  le 
premier  sur  i'  d'eau  distillée,  le  second  sur  i'  d'eau  distillée  additionnée  de  lo?  d'ani- 
line, on  constate  que  l'ascension  du  liquide  dans  le  deuxiĂšme  tube  est  incomparablement 
plus  rapide  que  dans  le  premier,  ce  qui  indique  qu'en  présence  de  l'aniline  il  y  a,  non 
seulement  dissolution  dans  l'eau,  mais  encore  combinaison.  Il  est  bien  Ă©vident  que 
cette  combinaison  formée  par  un  acide  faible  et  une  base  faible  est  trÚs  instable, 
et  qu'elle  s'hydrolyse  presque  complÚtement  en  présence  de  l'eau. 

»  2°  Que  l'acide  carbonique  ne  déplace  pas  l'acide  nitreux  dans  le  nitrile  de  soude 
dans  les  conditions  de  l'expérience  précédente.  Celle  constatation  a  élé  faite  en  plon- 
geant un  papier  iodo-amidonné  dans  une  solution  aqueuse  de  nitrile  de  soude,  saturée 
d'acide  carbonique;  le  papier  ne  bleuit  pas.  L'acide  carbonique  Ă©tant  incapable  de 
déplacer  l'acide  nitreux  dans  le  nitrile  de  soude,  la  formation  du  diazoamidobenzÚne 
ne  peut  s'expliquer  que  de  la  façon  suivante  : 

»  L'acide  carbonique  réagit  sur  l'aniline  pour  donner  du  carbonate  d'aniline,  qui 
fait  double  décomposition  avec  le  nilrlle  de  soude  pour  former  du  nitrile  d'aniline  : 
G'H^  —  AzH' — AzO^.  Par  perle  d'une  molĂ©cule  d'eau,  ce  nitrile  d'aniline,  corps 
instable,  se  transforme  en  nitrosamine  : 

C«H»— A/H  — AzO, 

ou  plutĂŽt,  en  sa  forme  taulomĂšre  isodiazoĂŻque, 

C«H5— Az  =  Az  — OH 

qui  réagit  sur  l'aniline  non  carbouatée  pour  donner  le  diazoamidobenzÚne 

OW—  Az  =  Az  —  AzH  —  CnW 

»  Cette  expérience  s'applique  d'ailleurs  à  la  formation  du  diazoamidobenzÚne  par 
l'action  du  nilrate  de  soude  sur  un  sel  neutre  quelconque  d'aniline,  avec  celle  diffé- 
rence que  le  diazoamide  se  forme  par  réaction  de  l'hydrate  isodiazoïque  sur  l'aniline 
provenant  de  l'hydrolyse  du  sel  neutre. 

»  ConsĂ©quences.  —  i"  Si  l'on  fait  rĂ©agir  le  gaz  carbonique  sur  l'aniline 
en  présence  de  nitrite  d'argent,  il  y  a  formation  de  diazoamidobenzÚne,  par 
le  mĂȘme  mĂ©canisme  que  nous  venons  de  dĂ©crire,  mais  ce  diazoamide  se 
transforme  immédiatement  en  sel  d'argent  insoluble  au  contact  du  carbo- 
nate d'argent,  qui  a  pris  naissance  dans  la  réaction,  ou  du  nitrite  d'argent 
qui  n'a  pas  encore  réagi. 

»   2°  Niementowski  et  Rozskowski  (*)  ont  prétendu  qu'il  y  avait  préci- 

(')  NiEMENTOWsm  et  RozsKOWSKi,  ZeiLscli.  t.  physik.  Cheni.,  t.  XXII,  1897,  p.  45. 


1266  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pitation  d'un  mélange  de  diazoamidobenzÚne  et  de  sel  de  sodium  par 
action  simple  du  nilrile  de  soude  sur  une  solution  aqueuse  et  Ă©tendue 
d'aniline;  ce  fĂźiit  est  inexact  pour  deux  raisons  : 

»  a.  L'action  du  nitrite  de  soude  sur  l'aniline  en  solution  dans  l'eau 
distillée  bouillie,  pure,  conservée  à  l'abri  de  l'air,  ne  donne  pas  de  préci- 
pitĂ© apprĂ©ciable,  mĂȘme  au  bout  de  i  mois;  dans  l'eau  ordinaire,  et  mĂȘme 
dans  l'eau  distillée  non  bouillie,  il  y  a  formation  de  précipités  notables, 
dont  le  poids  aiigmetite  avec  la  dilution.  J'ai  trouvé  en  effet  qu'un  mélange 
de  4^.fi5  d'aniline  et  de  1^,72  de  nilrite  de  soude  fournissait,  au  bout 
de  23  jours,  des  précipités  pesant  0^,006,  oSoog2,  o^,  oiSo  suivant  qu'il 
Ă©tait  dissous  dans  25o""',  500"=°'',  ioog*""'  d'eau  du  RhĂŽne.  De  mĂȘme,  un 
mélange  de  9^,3  d'aniline  et  de  3e, 45  de  nitrile  de  soude,  dissous  dans 
2' tl'eau  distillée  non  récemment  bouillie  fournissait,  aprÚs  12  jours,  un 
précipité  pesant  oe,o35o. 

»  La  formation  du  précipité  observé  par  Niementowski  et  Rozskowski 
est  donc  due  à  la  présence  de  l'acide  carbonique  dans  l'eàii,  et,  contrai- 
rement à  ce  qui  a  été  admis  jusqu'à  présent,  l'action  du  nilrite  de  soude  pur, 
en  solution  dans  l'eau  disiillée  bouillie,  ne  donne  pas  de  diazoamidobenzÚne. 

»  h.  Il  ne  saurait  y  avoir  formation  du  sel  de  sodium  du  diazoamido- 
benzÚne  dans  une  solution  aqueuse,  attendu  que  ce  dérivé,  que  l'on  pré- 
pare par  action  du  sodium  sur  une  solution  de  diazoamidobenzĂšne  dans 
l'éther  anhydre,  s'altÚre  immédiatement  au  contact  d'une  trace  d'hu- 
midité. » 


CHIMIE  ORGANIQUE.  —  Sur  la  rĂ©trogradation  de  l'empois  d'amidon. 
Note  de  M.  L.  Maquenxe,  présentée  par  M.  Roux. 

«  Une  Communication  toute  récente  de  M;  Boidiu  (')  m'oblige  à  pré- 
senter aujourd'hui  les  résultats  de  quelques  essais  que  j'ai  entrepris  au 
mois  d'août  dernier  en  vue  de  connaßtre  le  rÎle  que  jouent  les  alcalis  dans 
la  rétrogradation  de  l'amidcm. 

»  Les  expériences  qui  suivent  ont  porté  chacune  sur  40'''"°  d'empois  de 
fécule  à  Î  pour  100,  préparée  avec  de  l'eau  pure,  stérilisé  à  120°  et  atldi- 
lionné,  aprÚs  refroidissement,  de  quantités  variables  de  potasse. 

»    La  rétrogradation  a  duré  5  jours,  à  la  tempéralure  ordinaire;  on  a 

(')   Comptes  rendus,  i.  GXXXVII,  p.  1081. 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igoS.  1267 

saccharifié,  comme  d'habitude,  vers  22°,  aprÚs  avoir  neutralisé  l'alcali 
libre  et  ajouté  une  proportion  de  sulfate  de  potassium  calculée  de  maniÚre 
que  la  minĂ©ralisation  fĂ»t  la  mĂȘme  partout  : 

Potasse  en  milligrammes o  5,6         28  56  56o 

Rétrogradé  insoluble  pour  100.  .  .      5,8         10, 4  3,6  3,5  o 

»  Ces  chiffres  montrent  clairement  que,  employés  à  dose  croissante 
et  dans  les  conditions  indiquées  ci-dessus,  les  alcalis  favorisent,  puis 
retardent  et  empĂȘchent  la  rĂ©irogradation  de  l'empois;  on  ne  saurait  d'ail- 
leurs admettre  qu'ils  en  sont  la  seule  cause,  puisque  les  acides,  ainsi  que 
je  l'ai  fait  voir  dans  ma  derniÚre  Note,  agissent  d'une  façon  analogue. 

»  En  raison  de  l'importance  du  sujet  sur  lequel  j'ai  pour  la  premiÚre 
fois  appelĂ©  l'attention  il  y  a  quelques  mois,  je  demanderai  en  mĂȘme  temps 
à  l'Académie  la  permission  de  définir,  plus  exactement  que  je  n'ai  pu 
le  faire  jusqu'ici,  ce  que  l'on  doit  entendre  par  le  mot  rétrogradation. 

»  La  rétrogradation  de  l'empois,  préparé  en  présence  seulement  d'eau 
pure  et  des  matiÚres  minérales  que  renferme  l'amidon  ou  que  lui  cÚde 
le  verre,  est  le  phénomÚne,  esseniiellement  [)rogressif,  par  suite  duquel  ce 
corps  tend  à  reprendre  une  forme  voisine  de  celle  qu'il  présente  dans 
l'amidon  cru  ('). 

»  Entre  son  état  initial  el  son  état  final,  sous  lesquels  l'empois  est  en  totalité  ou  seu- 
lement en  parlie  saccharifialjle  par  l'amylase,  existent  des  modifications  intermédiaires, 
probablement  fort  nombreuses,  qui  se  succÚdent  l'une  à  l'autre  en  formant  des  mé- 
langes de  plus  en  plus  résistants  à  l'aclion  du  malt  ou  des  acides  minéraux. 

»  La  premiÚre  étape  de  cette  évolution  est  représentée  par  une  coagulation,  c'est- 
à-dire  par  une  transformation  du  liquide,  d'abord  transparent  s'il  a  été  préparé  dans 
l'autoclave,  en  une  gelée  opaline  chargée  de  grumeaux.  Celle-ci,  toute  semblable  à 
l'empois  vulgaire,  est  comme  lui  Ă   peu  prĂšs  entiĂšrement  soluble  dans  l'extrait  de  malt, 
Ă   froid. 

»  Le  terme  ultime,  qui  n'apparaßt  qu'avec  le  temps,  mais  se  trouve  déjà  dans  l'em- 
pois de  fécule  à  5  pour  100  aprÚs  moins  d'une  heure  de  conservation  dans  la  glace,  est 
l'amjlocellulose,  reçonnaissable  à  ce  qu'elle  ne  se  colore  plus  par  l'iode  et  résiste  à 
l'extrait  de  mail,  dans  les  conditions  oĂč  celui-ci  dissout  rapidement  l'empois  frais, 
liquide  ou  gélatineux.  Sa  proportion  dans  l'empois  rétrogradé  est  à  la  fois  fonction  du 
temps,  de  la  température  et  de  la  composition  chimique  du  milieu, 

»  L'existence  des  formes  intermédiaires  ressort  de  ce  fait  que  l'attaque  diastasique 
d'un  empois  rétrogradé  est  d'autant  plus  profonde  que  l'on  fait  agir  le  malt  à  une  tem- 


(')  Je  démontrerai   prochainement  que   la   fécule   normale   possÚde   les   principaux 
caractÚres  de  l'amidon  rétrogradé. 


1268  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

pérature  pins  élevée  :  les  résidus  sont  alors  autant  de  variétés  ou  de  mélanges  d'amy- 
locelluloses  inégalement  condensées. 

»  En  un  mot,  IVmpois  d'amidon  liquide  doit  ĂȘtre  considĂ©rĂ©  comme  un 
colloïde,  doué  de  ptopriétés  semblables  à  celles  des  corps  que  Graham  nous 
a  autrefois  appris  Ă   connaĂźtre,  et  sensible  aux  mĂȘmes  influences  qui  agissent 
sur  ceux-ci.  Il  n'est  pas  impossible,  par  conséquent,  que,  en  l'absence  de 
toute  matiÚre  étrangÚre,  l'empois  d'amidon  se  conserve  indéfiniment  sans 
altération.   » 


CHIMIE  ORGANIQUE.   —    PrĂ©paration  d'alcools  hydro-aromatiques. 
Note  de  M.  Léox  Brcxel,  présentée  |)ar  M.  A.  Haller. 

«  Dans  un  précédent  travail  (')  j'ai  obtenu  le  cvclohexanol  en  appli- 
quant la  méthode  d'hydrogénation  de  MM.  Sabatier  et  Senderens  à  un 
composé  aromatique  oxygéné  :  l'éther-oxyde  interne  du  p-cvclohexanediol. 
Ce  résultat  m'a  conduit  à  étendre  le  procédé  à  d'autres  corps  oxygénés, 
notamment  aux  phénols. 

»  Une  ptdilication  récente  (-)  de  MM.  Sabatier  et  Senderens  qui  citent 
une  Communication  de  M.  Van  der  Laan  sur  l'obtention  du  cyclohexanol 
à  partir  du  phénol  me  conduit  à  faire  connaßtre  cpielques  résultats  obtenus 
d;ms  cette  direction. 

»  J'ai  fait  porter  jusqu'ici  mes  essais  d'hydrogénation  sur  le  phénol,  les 
trois  crésols,  le  thvmol,  le  carvacrol.  MM.  Sal)atier  et  Senderens  s'étant 
réservé,  dans  leur  Note,  l'application  de  leur  méthode  aux  phénols  tolué- 
niques,  je  ne  parlerai  pas  des  alcools  obtenus  par  hydrogénation  des 
crésols. 

»  Le  procédé  appliqué  esta  peu  de  chose  prÚs  celui  décrit  pour  la  pré- 
paration des  carbures  hydro-aromatiques.  Il  est  peu  avantageux  d'entraĂźner 
les  vapeurs  du  composé  phénolique  par  un  courant  d'hvdrogÚne.  Le  phénol 
liquéfié,  s'il  est  nécessaire,  par  la  chaleur  est  introduit  dans  le  tube  conte- 
nant le  nickel  au  moyen  d'une  ampoule  Ă   robinet.  La  vitesse  d'Ă©coulement 
est  réglée  pour  qu'il  y  ait  toujours  un  assez  grand  excÚs  d'hvdrogÚne.  La 
température  d'hydrogénation  varie  de  170"  à  200°  suivant  les  phénols  mis 


(')  Comptes  rendus,  t.  GXXXVll,  p.  63. 
(  =  )  Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  p.  ;o25. 


SÉANCE    DU    23    DKCE.MLiKi:    19OJ.  1 269 

en  réaction.  L'activité  dii  nickel  n'est  pas  sensiblement  diminuée  aprÚs 
400  heures  de  service. 

»  PhĂ©nol.  —  Ce  corps  est  facilement  transformĂ©  en  cyclohexanol  par  passage  dans 
le  tube  Ă   nickel  chaufTĂ©  Ă   ijo^-ij)",  la  vitesse  du  courant  d'hydrogĂšne  Ă©tant  de  aSo"^"'' 
à  la  minute  et  l'écouienient  du  liquide  étant  réglé  de  façon  à  laisser  passer  environ  laS 
de  phénol  à  l'heure.  Le  rendement  est  voisin  de  la  théorie.  Dans  mes  premiÚres  expé- 
riences, le  phĂ©nol  Ă©tait  liquĂ©fiĂ©  par  une  petite  quantitĂ©  d'eau  qui  ne  gĂȘnait  nullement 
la  rĂ©action.  Le  cjclohexanol  C°H"— OH,  ainsi  obtenu  aprĂšs  purification  est  iden- 
tique à  celui  de  MM.  Baeyer  et  MarkownikofT  et,  par  conséquent,  à  celui  que  j'ai 
préparé  antérieurement.  Sa  phénvluréthane,  fusible  à  82°,  est  identique  à  celle  de 
M.  Baeyer  et  de  M.  Bouveault.  Traité  par  le  chlorure  de  zinc,  il  fournit  du  cyclo- 
hexĂšne  avec  un  assez  bon  rendement. 

»  Thymol.  —  Pour  l'hydrogĂ©nation  de  ce  phĂ©nol,  la  tempĂ©rature  du  tube  d'hydro- 
génation est  maintenue  entre  180"  et  iSS". 

»  Pour  éviter  de  chaufler  l'ampoule  contenant  le  thymol,  celui-ci  est  dissous  dans 
l'hexahydrothymol  provenant  d'opérations  précédentes;  ce  composé,  qui  est  liquide, 
dissout  abondamment  le  thymol.  Dans  la  réaction  il  se  forme  une  petite  quantité  d'eau 
et  de  carbure  par  suite  de  la  déshydratation  partielle  de  l'alcool  hydroaromatique. 
L'hexahydrolhymol  C'"!!" — OH,  purifiĂ©  par  distillation,  est  un  liquide  sirupeux, 
incolore,  Ă   odeur  forte  de  menthe,  insoluble  dans  l'eau,  soluble  dans  l'alcool,  l'acide 
acĂ©tique,  plus  lĂ©ger  que  l'eau,  Ijouillant  Ă   214"  Ăč  la  pression  normale.  Ce  composĂ©  est 
vraisemblablement  un  sléréoisomÚre  du  menthol. 

»  Carvaciol.  —  L'hydrogĂ©nation  du  carvacrol  s'opĂšre  assez  lentement.  La  tempĂ©- 
rature du  tube  Ă   nickel  doit  ĂȘtre  maintenue  vers  i95°-200''  et  l'Ă©coulement  du  phĂ©no^ 
réglé  à  4°  à  l'heure,  la  vitesse  du  courant  d'hydrogÚne  étant  de  i3o'^"'  à  t5o''"''  à  la 
minute.  Dans  ces  conditions,  on  obtient,  aprÚs  une  rectification  séparant  un  peu  d'eau 
et  de  carbure,  l'hexahydrocarvacrol  C'H'' —  OFL  C'est  un  liquide  sirupeux,  incolore, 
d'odeur  légÚre  de  th\  m,  insoluble  dans  l'eau,  soluble  dans  l'alcool,  plus  léger  que  l'eau, 
bouillant  à  2i8"-2i9°  à  la  pression  ordinaire.    » 


CHnilÊ  ORGANIQUE.   —  Sur  Voxydalion  (ni  i^ayacoi  par  ta  larrasc. 
Note  de  M.  Gabriel  Bektkaxd,  présentée  par  M.  Roux. 

«  D'une  maniÚre  générale,  comme  je  l'ai  déjà  fait  observer,  les  com- 
posés nettement  oxydables  par  la  laccase  sont  ceux  qui,  appartenant  à  la 
série  cyclique,  possÚdent  au  moins  deux  des  groupements  OH  ouNH^  dans 
leur  noyau  et  dans  lesquels  ces  groupements  sont  situés,  les  uns  [)ar 
rapport  aux  autres,  soit  en  position  orlho,  soit  surtout  en  position  para. 

»  Cette  relation  m'a  permis,  non  seulement  de  caractériser  la  laccase, 
mais  aussi  de  découvrir  la  tyrosinase,  qui  s'attaque  à  des  composés  d'une 
constitution  différente. 

C.  R.,  1903,  2'  Semestre.  (T.  CXXWll,  N"  26.)  ĂŻ66 


1270  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  AprÚs  avoir  délerniinc,  au  moins  d'une  maniÚre  générale,  quels  sont 
les  corps  susceplibles  de  subir  l'aclion  des  ferments  oxydants,  il  fallait 
Ă©tudier  une  nouvelle  question,  trĂšs  importante  a-u  point  de  vue  du  rĂŽle  que 
ces  ferments  peuvent  jouer  dans  l'organisme;  c'est  la  constitution  chi- 
mique des  produits  engendrés  au  cours  de  l'oxydation. 

»  Lorsqu'on  opÚre  avec  l'iiydroquinone,  que  j'avais  prise  tout  d'abord 
à  cause  de  la  netteté  de  la  réaction,  il  y  a  départ  des  deux  hydrogÚnes  phé- 
noliques  et  production  de  quinone. 

»  Mais  le  phénomÚne  est  en  général  plus  compliqué  :  une  proportion 
notable  du  carbone  peut  mĂȘme  ĂȘtre  sĂ©parĂ©e  Ă   l'Ă©tat  d'acide  carbonique. 
Avec  le  pyrogallol,  qui  donne  cependant  un  corps  bien  cristallisé,  la  purpu- 
rogalline,  on  ne  peut  savoir  exactement  ce  qui  se  passe,  la  constitution  de 
ce  singulier  produit  d'oxydation  n'ayant  pu  encore  ĂȘtre  Ă©tablie  d'une  façon 
certaine. 

))  Je  rapporterai  aujourd'hui  les  résultais  que  j'ai  obtenus  en  étudiant 
l'action  de  la  laccase  sur  le  gayacol. 

»  En  faisant  réagir  le  suc  de  divers  champignons  sur  une  solution 
aqueuse  de  gayacol,  M.  Bourquelot  a  vu  le  liquide  se  colorer  en  rouge 
orangé,  puis  laisser  déposer  un  précipité  rouge  (*).  Mais,  comme  je  l'ai 
démontré,  le  suc  de  champignons  renferme  à  la  fois  de  la  laccase  et  de  la 
tyrosinase;  on  ne  peut  savoir,  a  priori,  laquelle  de  ces  deux  oxydases  inter- 
vient dans  la  transformation  du  gayacol,  ce  corps  Ă©tnnt,  comme  on  sait, 
l'Ă©lher  monomĂ©thylique  de  la  pyrocatĂ©chine  :  C"H'  OHOCIF.  Il  est  mĂȘme 
permis  de  se  demander,  d'aprĂšs  la  richesse  des  champignons  en  diastases 
de  toutes  sortes,  s'il  n'y  a  pas  lĂ   autre  chose  qu'une  simple  action  oxyda- 
sique,  s'il  n'y  a  pas  en  mĂȘme  temps  une  transformation  accessoire. 

»  Je  me  suis  assuré,  à  l'aide  de  laccase  type,  provenant  tlu  latex  de 
l'arbre  Ă   laque,  que  c'est  uniquement  Ă   cette  oxydase  qu'on  doit  rapporter 
la  transformation  du  gayacol  par  le  suc  des  champignons.  Le  gayacol  devient 
par  suite  un  véritable  réactif  de  la  laccase. 

»  Ce  point  acquis,  j'ai  préparé  une  certaine  quantité  du  produit  d'oxy- 
dation pour  en  déterminer  les  propriétés  et  la  constitution  chimique. 

»  C'est  une  poudre  formée  de  cristaux  excessivement  fins,  de  couleur  rouge  pourpre 
foncé,  avec  un  léger  reflet  vert  métallique.  Elle  est  insoluble  dans  l'eau,  faiblement 
soluble  dans  l'Ă©llier,  un  peu  plus  dans  l'alcool,  davantage  encore  dans  le  benzĂšne.  Ses 
meilleurs  dissolvants  sont  le  chloroforme  et  l'acide  acétique.  Toutes  ces  solutions  ont 


(')   Coinpics  rendus,  t.  CXXlll,  1896.  p.  3i5-3i; 


SÉANCE    DU    2(S    DÉCEMBRE    igoS.  127I 

la  rnÚme  couleur  rouge  acajou.  Si  l'on  ajoute  de  l'eau  à  la  solution  acétique  concentrée, 
la  substance  dissoute  se  précipite  en  flocons  denses,  violet  pourpre,  qui,  une  fois 
sécliés,  fondent  au  bloc  Maquenne  entre  -+- 135"  et  4-  i/jo°. 

»  D'aprÚs  sa  composition  et  ses  propriétés,  le  produit  qui  résulte  de 
l'action  de  la  laccase  sur  le  gayacol  est  formé  par  l'union  de  4"°'  de  gayacol 
ayant  perdu  chacune  2"  d'hydrogĂšne  : 

4C''H'.0H.0CH^  +  0==  (CIl'.O.OCHO'  +  sH-O. 

»  C'est  une  tétragayacoquinone,  dont  la  constitution  est  représentée  par 
la  formule  suivante  : 


I 


G"  H 


\O.CH= 
/O.CH' 

\0 

I 
/O 

\o.cir' 

,/O.ClP 


\o- 


»  La  tétragayacoquinone  se  dissout  dans  la  potasse  et  la  soude  diluées  en  donnant 
des  solutions  rouge  brun,  virant  bientĂŽt  au  vert  intense  puis,  lentement,  au  jaune  sale. 
Avec  l'ammoniaque,  la  dissolution  est  moins  facile  et  la  coloration  primitive  persiste. 

»  Traitée  par  la  poudre  de  zinc,  en  solution  acétique,  elle  est  réduite  dÚs  la  tempé- 
rature ordinaire,  avec  une  extrĂȘme  facilitĂ©.  La  solution  se  dĂ©colore  presque  complĂšte- 
ment et,  si  l'on  filtre  et  qu'on  reçoive  le  liquide  dans  l'eau,  il  se  précipite  des  flocons 
blancs  de  tĂštragayacohjdroquinone 


cm 

cm 
cnp 


./on 

\O.CH' 
/O.CH' 

\o 
<^ 

\O.CIP 
/O.CH^ 
\0H 


dont  le  point  de  fusion  est  compris  entre  -+-  i  iS"  et  -\-  120°. 

»  La  tÚtragajacohydroquinone  se  colore  peu  à  peu  en  rose  au  contact  de  l'air,  par 
retour  au  corps  primitif.  Cette  oxydation  devient  extrĂȘmement  rapide  en  prĂ©sence  des 
solutions  alcalines. 


»   Les  formules  ci-dessus  ont  été  établies,  non  seulement  par  l'analyse 


1272  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

élémentaire,  qui  a  donné  de  trÚs  bons  chiffres,  mais  encore  par  la  détermi- 
nation du  point  de  congélation  des  solutions  acétiques  ('). 

))  En  outre,  l'existence  des  deux  fonctions  phénoliques  de  la  tétragaya- 
cohydroquinone  a  été  prouvée  :  premiÚrement,  par  la  production  d'un 
dérivé  diacétylé,  fondant  vers  +  i55°-i6o'',  en  fiusant  bouillir  la  substance 
avec  un  excÚs  d'anh3dride  acétique  en  présence  de  chlorure  de  zinc; 
deuxiĂšmement,  par  l'introduction  de  deux  et  seulement  deux  nouveaux 
groupes  CH',  en  traitant  cette  mĂȘme  substance  par  un  excĂšs  d'iodure  de 
méthyle  et  d'alcoolate  de  sodium. 

»  La  laccase  est  donc  susceptible  de  provoquer  soit  uniquement  Toxy- 
dation,  soit  Ă   la  fois  l'oxydation  et  la  condensation  des  corps  sur  lesquels 
elle  exerce  son  activité.  Le  second  cas  s'est  présenté  ici  avec  un  corps 
dont  la  molécule  renferme  un  seul  oxhydrile  phénolique  et  la  condensa- 
tion a  eu  pour  résultat  de  fournir,  précisément  comme  dans  le  cas  plus 
simple  de  l'hydroquinone,  un  dérivé  à  fonction  quinonique. 

»  On  verra  plus  tard  l'intĂ©rĂȘt  qui  s'attache  Ă   cette  remarque  quand  il 
s'agira  d'inter])réter  le  mécanisme  des  actions  oxydantes  de  l'organisme.  » 


CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  le  dĂ©veloppement  des  plantes  grasses  annuelles; 
élude  des  hases  minérales.  Note  de  M.  G.  Axdré. 

(i  L'étude  du  développement  des  plantes  grasses  présente  plusieurs  par- 
ticularités remarquables  dues  à  la  faiblesse  de  leur  transpiration,  à  la 
quantité  énorme  d'eau  que  renferment  leurs  organes  aériens  et  à  leur  mode 
de  respiration.  Ces  végétaux  emmagasinent,  comme  on  sait,  des  doses 
notables  de  certains  acides  organiques,  saturés  presque  complÚtement  par 
les  bases  venues  du  sol.  La  répartition  de  l'un  de  ces  acides  (oxalique) 
dans  les  différents  organes  du  Mesembrianthemum  cristallinuma  été  étudiée, 
il  y  a  plusieurs  années  déjà,  par  MM.  Berthelot  et  André  (Ann.  Chim,  et 
rhys.,  &"  série,  t.  X,  1887,  p.  343). 

»  Je  me  suis  proposé,  dans  une  série  de  recherches  faites  sur  trois  sujets 
{Mesembrianthemum  crislallinum,  M.  tricolor,  Sedum  azurcum),  d'appro- 
fondir la  composition  chimique  de  ce  genre  de  végétaux,  en  opérant  sur 
la  plante  totale  prise  à  différents  moments  de  sa  végétation.  Je  m'occuperai 

(')  Voir  pour  les  détails  et  les  analyses  le  Mémoire  qui  paraßtra  dans  le  Bulletin 
de  la  Société  chimique  et  dans  les  Annales  de  l'Institut  Pasteur. 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igo3.  1273 

aujourd'hui  des  variations  de  la  proportion  des  bases  (potasse  et  chaux)  que 
contiennent  les  tissus  de  ces  plantes. 

Eau  Dans  100  part-ics 

dans                      de  Poids  Dans 

100  parties  matiĂšre  sĂšche.  de  100  plantes  sĂšclies. 

de  plante  «.^ — ^~ — — .  100  unit  s -~ — ■~ — — ^ 

fraiclie.  CaO.        K'O.  sĂšches.  CaO.              K=0. 

I.     9  juin  1901 .‱ 96,44       6,G2       4,93         21,46  1,420  1,0.37 

II.  20  juin 96,13       4,82       3,32        118,76         5,724  3,9^2 

III.  4  j"i"el  ((loraison  complĂšle).     96,13       5,58       3,77       i63,8o         9,i4o  6,175 

IV.  18  juillet  (fin  de  la  llorafson).      94,34       4,3o       3,i5       34o,4o       i4,637  10,722 
V.    !<''‱  aoĂčt-(  fructification) 9'-, 07       4,4o       3,4S       5i2,3o       22,541  17,828 

I.     2  mai  1902 96,52       (,99     i3,33  3, 60        0,0719        0,481 

II.     2  juin 96,19       2,10       8,94         a4,o6         o,5o5  2,100 

III.  i3  juin  (début  de  la  floraison).     95,78       2,06       7,01        107,5  3,24'i  Ii,o4o 

IV.  !='‱  juillet  (Ooraison) 96,27       2,53       9,00       383,  i  9,692         34,479 

V.    i5  juillet 96,33       2,oS     10,08       661,0         13,759         66,679 

VI.   29  juillet  (fructification) 94,66       3,65       9,53       995,1  26,870         94,833 

I.  iG  avril 97,67  i,3o  11, 4'  4,'i  o,o53  o,468 

II.  10  mai 96,30  1,11  i3,88  99,70  1,106  i3,838 

III.  20  juin 93,58  1,83  »  807,40  14,775  » 

IV.  lojuillet 93,33  1,42  16,81  2093,26  29,724  351,877 

V.  25  juillet 92,18  1,64  i5,2i  4o3i,4o  66,114  613,175 

VI.  18  aoĂčl(dĂ©but  de  la  lloraison).     90,89       1,79     i4,93     6236, 80     m, 638       941, i54 
VII.    12  septembre 92,17        i,95     15,76     5979,50     116,600       942,869 

VIII.    1 5  octobre  (fructification)  .    ..     90,97        1,82     15,89     6980,50     126,  i35     1066,428 

»  I.  La  quantité  de  cendres  laissées  par  les  plantes  grasses  est,  en 
général,  considérable;  les  cendres  sokibles  y  prédominent  (').  Chez  les 
deux  Mesembrianthemum  que  j'ai  examinés,  elle  oscille  aux  environs 
de  3o  à  34  pour  100  de  la  matiÚre  sÚche.  La  potasse  représente,  à  certains 
moments,  la  moitié  des  cendres  du  M.  cristallinum  et  le  tiers  de  celles  du 
M.  tricolor.  Cette  ascension  de  la  potasse  se  continue,  mĂȘme  pendant  la 
fructification,  comme  il  ressort  du  Tableau  précédent,  alors  que  l'ascension 
de  cet  alcali  est,  le  plus  souvent,  achevée  chez  beaucoup  de  plantes 
annuelles  au  moment  de  leur  floraison.  Une  faible  partie  de  cetle  potasse 
existe  Ă   l'Ă©tat  de  nitrate. 

»  IL   II  est  remarquable  de  voir  que  les  trois  plantes  grasses  quej'ai 

(')  Hervé-Mangon,  Comptes  rcnduH,  t.  \"CVI,  1888,  p.  80. 


1274  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

étudiées  se  comportent,  vis-à-^is  de  l'absorption  de  la  potasse  et  de  la 
chaux,  de  façon  assez  différente  bien  qu'elles  aient  végété  dans  des  condi- 
tions analogues  (champ  d'expériences  de  la  station  de  Chimie  végétale  de 
Meudon).  Chez  le  M.  cristallinuni,  la  teneur  centésimale  de  la  plante  en 
chaux  est  comprise,  pendant  le  cours  de  la  végétation,  entre  |  et  ^  de  la 
teneur  centésimale  de  la  plante  en  potasse;  chez  le  M.  iricolor,  elle  est 
comprise  entre  |  et  |;  chez  le  Sedum  aziircum,  dans  lequel  la  proportion 
des  cendres  n'est  que  la  moitié  de  celle  des  deux  espÚces  précédentes, 
la  proportion  centésimale  de  la  chaux  surpasse,  au  contraire,  celle  de  la 

CaO        . 
potasse.  Le  rapport  -p— -  varie,  comme    limites   extrĂȘmes,  entre    i  ,26  et 

1,48.  La  quantité  d'eau  renfermée  dans  ces  trois  végétaux  est  cependant 
trĂšs  sensiblement  la  mĂȘme  Ă   des  Ă©poques  comparables  de  leur  vĂ©gĂ©ta- 
tion. D'ailleurs,  l'ascension  de  la  chaux,  comme  celle  de  la  potasse,  se  fait 
encore  au  moment  de  la  fructification,  bien  que  d'une  fic-on  beaucoup 
moins  marquée  chez  le  M.  cristallinum  que  chez  les  deux  autres  plantes. 

»  En  résumé,  la  base  qui  domine  dans  les  cendres  du  M.  crislalUnum  est 
la  potasse;  chez  le  M.  tricolor,  cette  base  domine  encore,  mais  elle  est  en 
moindre  proportion  que  chez  la  plante  précédente.  Enfin,  chez  le  Sedum, 
la  chaux  l'emporte  sur  la  potasse. 

»  L'excÚs  de  la  potasse  sur  la  chaux,  ou  réciproquement,  n'altÚre  donc 
pas  le  caractÚi'e  de  plante  grasse  que  possÚdent  ces  trois  végétaux,  c'est- 
à-dire  de  plante  à  transpiration  faible  et  à  respiration  peu  active.  » 

CHIMIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  une  culture,  de  sarrasin  en  prĂ©sence  d'un  mĂ©lange 
d'algues  et  de  bactéries.  Note  de  MM.  Bouilhac  et  Giustixia.m,  présentée 
par  M.  SchlƓsing  fils. 

«  AprÚs  les  découvertes  reh»tives  à  la  fixation  de  l'azote  par  action 
microbienne  auxquelles  sont  liés  les  noms  de  Berthelot  (1884),  Hellriegel 
et  Wilfarth(i888),  SchlƓsing  fils  et  Laurent  (1892),  et  d'un  grand  nombre 
d'autres  savants,  plusieurs  auteurs  ont  utilisé  les  connaissances  qui  ont 
été  par  là  acquises  pour  chercher  les  moyens  d'en  faire  profiter  l'agricul- 
ture, et  divers  essais  ont  été  faits  pour  reconnaßtre  les  avantages  que  l'on 
pourrait  retirer  de  l'introduction  des  microorganismes  dans  la  terre  arable 
au  point  de  vue  de  la  nutrition  azotée  des  végétaux  supérieurs.  Ce  sont 
des  recherches  poursuivies  dans  cette  voie  avec  un  but  essentiellement 
pratique,  que  nous  allons  exposer. 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  1903.  1275 

»  On  sait  que  certaines  algues  associées  à  des  bactéries  peuvent  prospé- 
rer dans  des  solutions  dépourvues  d'azole,  et  donner  ainsi  des  récoltes 
abondantes.  Nous  nous  sommes  alors  demandé  si,  pour  cultiver  des  plantes 
supérieures,  nous  ne  pourrions  pas  remplacer  les  engrais  azotés  par  des 
microorganismes  de  cette  nature. 

»  Les  sols  que  nous  avons  employés  pour  ces  cultures  expérimentales 
étaient  formés  de  sable  provenant  de  la  pulvérisation  d'un  grÚs  de  Fon- 
tainebleau, et  les  microorganismes  que  nous  avons  utilisés  étaient  un  mé- 
lange de  Nostoc  pujictifuirne  et  d'A/tabƓna  recouverts  de  bactĂ©ries. 

»  ExpĂ©rience  I.  —  Une  expĂ©rience  prĂ©liininuire  Indiquera  les  quanlllĂ©s  d'azole 
susceptibles  d'ĂȘtre  fixĂ©es  par  ce  procĂ©dĂ©.  Nous  avons  prĂ©parĂ©  quatre  pots  contenant 
chacun  a''?, 5oo  de  sable  additionné  de  sels  minéraux  non  azotés  et  de  carbonate  de 
chaux.  Deux  de  ces  pots  furent  pris  comme  témoins  et  la  surface  des  deux  autres  fut 
en  mĂȘme  temps  ensemencĂ©e  avec  des  algues.  Ces  pots  furent  placĂ©s  en  plein  air  dans 
un  jardin  voisin  du  laboratoire  et  arrosés  réguliÚrement.  Six  semaines  plus  tard  nous 
avons  mis  fin  à  l'expérience  et  nous  avons  dosé  l'azote  dont  nos  sols  s'étaient  enrichis. 
Ceux  sur  lesquels  les  algues  avaient  été  ensemencées  contenaient  en  moyenne 
37ℱ8  d'azote,  tandis  que  les  deux  autres  en  renfermaient  Ă   peine  4"?  apportĂ©s  vrai- 
semblablement par  les  eaux  mĂ©tĂ©oricjues.  ‱ 

»  ExpĂ©rience  II.  —  Pour  reconnaĂźtre  dans  quelle  mesure  l'azote  ainsi  fixĂ©  par 
les  microorganismes  pouvait  contribuer  au  développement  d'une  plante  supérieure, 
nons  avons  disposé  des  cultures  expérimentales  dans  les  conditions  suivantes  : 

»  Nous  avons  rempli  trois  grands  pots  avec  du  sable  dont  nous  avons  indiqué  la 
provenance,  préalablement  lavé  aux  acides.  Ces  pots  contenaient  io''8  de  sable  aux- 
quels avait  été  mélangée  une  solution  nutritive  minérale  dépourvue  d'azote  et  du 
carbonate  de  chaux;  ils  furent  ensemencĂ©s  le  mĂȘme  jour  avec  du  Sarrasin  (18  grains 
dans  chaque  pot).  Le  pot  n"  1  avait  été  choisi  comme  témoin. 

»  On  répandit  à  la  surface  des  deux  autres  une  petite  quantité  d'algues  et  de  bac- 
téries et  quelques  gouttes  de  délayure  do  terre  pour  introduire  les  microbes  de  la 
nitrification.  Ces  pots  furent  placés  en  plein  air  et  arrosés  réguliÚrement.  AprÚs  6  se- 
maines de  végétation,  les  algues  s'étaient  développées  abondamment  sur  les  pots  2 
et  3,  et  le  Sarrasin  y  atteignait  une  hauteur  variant  entre  Se"""  et  42'"^  tandis  que  les 
plantes  de  la  culture  témoin  ne  dépassaient  pas  jo"".  Voici  le  résumé  des  résultats  ob- 
tenus : 

Azoti'  Uouvc 
dans 
iMaliére  sec  u.  les  recolles, 

r.                    ■        ‱  '"'  '"''' 

rot  n"      temoui 1,10  29,24 

Potn^a 3,^5  71,55 

Pot  n°  3 7,10  127,27 

»  Ainsi,  grùce  à  la  présence  d'un  mélange  de  ces  algues  et  de  bactéries  à 
la  surface  d'un  sol  qui,  au  début  de  la  culture,  était  entiÚrement  privé  de 


1276  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

matiĂšres  organiques,  le  Sarrasin  a  pu  prendre  un  dtnelop|)einent  normal 
et  fixer  une  quantité  d'azote  qui  est  considf  rable  par  rapport  à  la  f\>ible 
surface  du  milieu  oĂč  les  algues  se  sont  dĂ©veloppĂ©es. 

»  Conclusion.  —  Ces  expĂ©riences  montrent  avec  quelle  rapiditĂ©  le  Nostoc 
jmncliforme  et  X AnahƓna  recouverts  de  bactĂ©ries,  en  vĂ©gĂ©tant  sur  un  sol 
entiÚrement  dépourvu  de  matiÚres  organiques,  l'enricliissent  en  azote.  Elles 
montrent  encore  qu'une  plante,  telle  que  le  Sarrasin,  peut  prospérer, 
grùce  à  ces  microorganismes,  et  prendre  son  développement  normal. 

»  Toutefois,  ces  cultures  expérimentales,  limitées  à  une  seule  ])lante, 
prĂ©senteraient  par  cela  mĂȘme  un  intĂ©rĂȘt  restreint;  mais  nous  ferons  con- 
naßtre bieatÎt  les  nouvelles  expériences  que  nous  avons  entreprises  pour 
apprĂ©cier  dans  quelle  mesure  ces  rĂ©sultats  mĂ©ritent  d'ĂȘtre  gĂ©nĂ©ralisĂ©s.    » 


ZOOLOGUE  —  Sur  rĂ©volution  subie  par  les  Poissons  Ă©lu  genre  Atherina  eians 
les  eaux  douces  et  saumĂątres  du  midide  lei  France.  Note  de  M.  Louis  Roule, 
présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Deux  espÚces  d'Alhérines  habitent  les  eaux  douces  et  saumùtres  du 
midi  de  la  France;  j'ai  signalé  le  fait  dans  une  Note  précédente  (séance  du 
3o  mars  iQoS).  Depuis,  j'ai  eu  l'occasion  d'acquérir  à  leur  endroit  plu- 
sieurs notions  complémentaires,  que  je  résume  dans  ce  qui  suit. 

»  h'' Atherina  laeiislris  C.  Bp.,  rime  de  ces  espÚces,  i'réquenle  les  eaux  saumàlres  des 
estuaires.  Elle  est  capable,  pourtant,  de  s'avancer  en  eau  douce;  mais  elle  ne  remonte 
jamais  bien  loin,  du  moins  en  noire  pays.  Peut-ĂȘtre  convient-il  de  mettre  en  cause  le 
rt^gime  torrentiel  de  nos  cours  d'eau  méridionaux;  ces  derniers,  sujets  à  des  crues  ra- 
pides et  à  des  dessÚchements  intenses,  n'aboutissent  à  aucun  lac  qui  les  régularise,  et 
n'oilVent  point  aux  Athérines  des  conditions  favorables  de  vie.  Partant,  les  représen- 
tants de  cette  espÚce  composent,  sur  notre  littoral,  des  groupes  isolés,  relativement 
peu  nombreux,  sĂ©parĂ©s  par  des  intervalles  de  cĂŽtes  marines  oĂč  ne  se  trouvent  point 
d'autres /l.  lacuslris. 

»  L'/i.  Riqueti  L.  R.,  la  seconde  espÚce,  vit  dans  les  eaux  douces  du  canal  du  Midi; 
elle  occupe  ce  dernier  en  entier,  depuis  les  environs  d'Agde  jusqu'Ă   Toulouse.  Elle  s'y 
cantonne  de  façon  exclusive;  on  ne  l'a  point  signalée  ailleurs;  malgré  mes  investiga- 
tions, je  ne  l'ai  pas  rencontrée  dans  la  Garonne,  ni  dans  ses  aflluents,  ni  dans  les  riviÚres 
languedociennes.  Elle  prĂ©sente  partout  les  mĂȘmes  caractĂšres,  et  compose  un  tj-pe  fort 
homogĂšne.  Elle  se  reproduit  en  mars,  Ă   la  mĂȘme  Ă©poque  que  les  espĂšces  marines;  j'ai 
pu  recueillir  des  alevins  de  dilTérentes  tailles,  nés  dans  le  canal.  Son  contact  avec  1'^. 
Iruustris,  dans  la  rĂ©gion  d'Agde,  oĂč  le  canal  se  jette  dans  l'Ă©tang  de  Thau  et  commu- 
nique avec  la  mer  par  l'Hérault  canalisé,  est  remarquable.  On  n'y  voit  aucune  forme 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    IQo'l  1277 

transitlonnelle.  DĂšs  que  le  cannl  se  soustrait  Ă   l'inlluenoe  marine,  VA.  laci/stris  dispa- 
raĂźt, et  VA.  rtĂč/ucti  se  montre,  pullulant  d'embli'-e,  s'asseniblant  par  troupes,  vĂ©ri- 
tables miniatures  ries  bancs  d'Atliérines  de  la  mer. 

»  Quelques  conclusions  inléiessantes  résultent  de  telles  constalalions. 
Dans  la  limite  oĂč  il  est  permis  dĂ©juger  d'aprĂšs  les  faits  observĂ©s,  on  peut 
admettre  que  ces  deux  espÚces,  ainsi  localisées  aujourd'hui,  ne  représen- 
tent point  les  vestiges  de  formes  pourvues  autrefois  d'une  aire  plus  consi- 
dérable d'extension.  S'il  en  était  ainsi,  on  trouverait  par  ailleurs  d'autres 
témoins  de  l'ancienne  répartition  :  ce  qui  n'est  pas.  Il  paraßt  pitis  véritable 
que  ces  espÚces  ont  évolué  sur  place.  L'.4.  lacustres  a  pris  naissance,  en 
chaque  localité  habitée  par  elle,  aux  dépens  de  VA.  ^ojm  marine,  le  type 
le  plus  proche.  I.'yl.  Riqueti  s'est  façonnée,  dans  le  canal  du  Midi,  aux 
dépens  des  A.  lacustris  logées  au  fond  de  l'étang  de  Thau  et  à  l'embou- 
chure de  l'Hérault.  Celle-ci  est  la  plus  récente;  son  origine,  sans  doute,  ne 
remonle  pas  trĂšs  haut,  car  le  canal  fut  ouvert  en  1681.  L'/l.  Riqueti  offre 
ainsi  le  cas  d'une  forme  vivante  dont  la  création  serait  toute  moderne; 
seules,  les  causes  naturelles  l'ont  produite,  l'action  humaine  ayant  borué 
son  rĂŽle  Ă   creuser  le  canal  oĂč  elle  est  apparue. 

»  Une  conclusion  nouvelle  porte  sur  le  mode  Ă©volutif  lui-mĂȘme.  Les 
deux  espÚces  n'offrent  entre  elles  aticune  transition  ménagée;  leurs  zones 
d'habitat  s'affrontent  et  ne  se  pénÚtrent  pas.  La  premiÚre  cÚde  brusque- 
ment la  place  Ă   la  seconde.  Les  conditions  sont  telles  que  l'influence 
directe  du  milieu  paraĂźt  s'ĂȘtre  exercĂ©e  sur  tous  les  individus  pris  en  masse, 
et  non  sur  certains  plus  aptes,  qui  se  conserveraient  par  sélection  et 
feraient  souche  à  eux  seuls.  L'évolution,  guidée  ici  par  l'adaptation  au 
milieu,  procĂšde  par  saut,  nullement  par  gradations  oĂč  la  sĂ©lection  natu- 
relle aurait  prise.  Dans  cet  exemple,  l'opinion  des  Lamarckiens  s'accorde 
mieux  avec  les  choses  que  celle  des  Darwiniens,  et  les  naturalistes  qui 
pensent  que  les  transformations  sont  capables  de  se  manifester  brusque- 
ment paraissent  avoir  raison  sin-  ceux  qui  présument  le  contraire.   » 

PHYSIQUE  BlOLOGtyUE.  —  Nouveaux  faits  sur  les  rayons  Ji  il'  origine  physio- 
logique; localisations  nen'euses.  Note  de  M.  Augistix  Chahpextieu, 
présentée  par  M.  d'Arsonvid. 

«  J'ai  l'honneur  (le  communiquer  à  l'Académie  une  série  de  nouveaux 
faits  que  m'a  présentés  l'étude  ties  radiations  émises  par  le  corps  vivant, 
radiations  dont  j'ai  signalé  l'existence  dans  ma  Note  du  \l\  décembre  der- 
nier. Les  problĂšmes  que  soulĂšve  cette  question   sont  si   nombreux  qu'on 

G.  R.,   igoS,  2"  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N°  26.)  I  67 


1278  ACADÉAUE    DES    SCIENCES. 

m'excusera  d'exposer  sans  beaucoup  d'ordre  les  diverses  constatations  que 
je  fais  chemin  faisant. 

>>  I.  On  pouvait  ĂȘtre  assurĂ©  que  l'Ă©mission  de  rayons  n  par  le  corps 
vivant  n'était  pas  un  phénomÚne  propre  à  l'homme.  Il  se  retrouve,  en  effet, 
chez  les  divers  animaux  de  laboratoire  (lapin,  grenouille,  etc.),  et  se 
retrouve  sans  nul  doute  chez  les  animaux  inférieurs. 

»  Ce  sont,  encore  ici,  les  muscles  et  les  nerfs  qui  en  forment  la  princi- 
pale source,  et  ils  en  fournissent  d'autant  plus  qu'ils  sont  en  Ă©tat  de  fonc- 
tionnement plus  actif. 

»  II.  La  grenouille,  qui,  malgré  sa  petitesse,  est  un  trÚs  bon  sujet 
d'Ă©tude,  peut  servir  Ă   donner  une  preuve  de  plus  que  l'augmentation  de 
phosphorescence  constatée  dans  ces  expériences  n'est  pas  due  à  une  éléva- 
tion de  température  :  il  est  facile  en  cette  saison  de  la  maintenir  à  une 
température  sensiblement  inférieure  à  celle  de  l'air  du  laboratoire;  les  lois 
générales  du  phénomÚne  n'en  sont  pas  modifiées. 

»  On  peut  du  reste,  sur  les  animaux  à  sang  chaud,  faire  une  constatation 
analogue  en  chauffant  l'objet  d'Ă©preuve  phosphorescent  (qui  Ă©met  alors 
plus  de  lumiÚre)  à  une  température  supérieure  à  celle  du  corps,  vers  4o° 
ou  un  peu  plus.  La  phosphorescence  augmentera  comme  précé  iemment 
au  voisinage  des  muscles,  des  nerfs  et  des  centres  nerveux,  mĂȘme  Ă   l'Ă©tat 
de  repos,  et  s'avivera  encore  davantage  par  le  fonctionnement. 

»  III.  Les  rayons  n  et  les  rayons  d'origine  physiologique  agissent  sur 
toutes  les  phosphorescences,  comme  l'a  prévu  M.  Blondlot.  J'avais  vu  en 
été  la  radiation  n  du  Soleil  influencer  la  luminescence  du  ver  luisant  com- 
mun (/a/7zpj'/-e  7(oc/;7wywe);  actuellement  j'ai  Ă   ma  disposition  des  cultures 
de  bacilles  phosphorescents  (^pholobacterium  pliosphorescens,  pJiosphohac- 
le.rium  ilalicum)  que  je  dois  à  l'obligeance  de  M.  le  professeur  Macé  et  qui 
rĂ©agissent  vis-Ă -vis  du  cƓur,  des  muscles  et  des  centres  nerveux,  sensible- 
ment de  la  mĂȘme  maniĂšre  que  le  sulfure  de  calcium. 

»  On  sait  que  chez  ces  bacilles  la  phosphorescence  diminue  quand  la 
température  s'élÚve  au-dessus  de  26°  ou  3o°. 

»  IV.  Comme  les  solides  soumis  à  une  contrainte  mécanique  émettent 
généralement  des  rayons  n,  j'ai  recherché  ces  derniers  dans  les  tendons 
pendant  la  contraction  musculaire  (tendon  d'Achille,  tendon  de  l'extenseur 
du  gros  orteil,  etc.  )  Je  n'y  ai  trouvé  aucune  augmentation  de  luminescence 
de  l'objet  d'épreuve,  quelque  forte  que  fût  la  contraction.  En  revanche  les 
points  d'insertion  et  les  parties  osseuses  comprimées  par  les  tendons 
brillent  nettement  sous  l'influence  de  l'activité  musculaire.  Or  les  tendons 
eux-mĂȘmes  sont  trĂšs  pauvres  en  nerfs,  tandis  que  les  points  prĂ©cĂ©dents  sont 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    igoS.  I 279 

trĂšs  riches  en  terminaisons  nerveuses,  dont  la  compression  suffirait  Ă   expli- 
quer l'efTet  de  radiation  constaté.  D'autres  raisons  sur  lesquelles  je  revien- 
drai confirment  cette  interprétation. 

»  V.  J'ai  observĂ©  que  la  compression  mĂȘme  lĂ©gĂšre  d'un  nerf  augmentait 
notablement  son  pouvoir  d'aviver  la  luminescence,  soit  au-dessus  soit  au- 
dessous  du  point  comprimé;  si  la  comprpssion  se  prolonge,  la  radiation 
nerveuse  finit  par  diminuer.  Celle  question  mérite  une  élude  spéciale,  et 
sera  approfondie. 

»  VI.  Il  est  facile  de  se  convaincre  que  la  partie  la  plus  importante  de 
l'Ă©mission  physiologique  de  rayons  n  a  lieu  par  le  systĂšme  nerveux  et  surtout 
par  les  centres. 

»  Le  trajet  de  la  moelle  épiniÚre  se  marque  sur  toute  sa  longueur  par 
une  augmentation  de  phosphorescence  de  l'objet  d'Ă©preuve  en  regard  des 
parties  extérieures  les  plus  voisines.  Vis-à-vis  des  renflements  cervical  et 
lombaire  la  radiation  est  plus  forte  et  plus  Ă©tendue.  Vient-on  Ă   faire  con- 
tracter les  bras  du  sujet,  l'Ă©clat  augmente  au  renflement  cervical.  Il  aug- 
mente aussi  en  remontant  la  moelle  jusqu'au  cerveau. 

»  Si  l'on  ne  produit  qu'une  contraction  unilatérale  des  bras,  on  voit 
dans  la  rĂ©gion  cervicale  l'illumination  d'abord  plus  marquĂ©e  du  mĂȘme  cĂŽtĂ©. 
Puis,  vers  le  haut  de  la  moelle,  elle  passe  du  cÎté  opposé,  à  gauche  si  le 
sujet  contracte  le  bras  droit,  en  une  région  un  peu  variable  suivant  les 
individus,  mais  généralement  située  plus  bas  que  le  bulbe. 

»   VII.  Ces  expériences  seront  facilitées  quand  on  saura,  mieux  qu'au 
jourd'hui,  localiser  les  faisceaux  d'origine. 

»  Je  me  suis  servijusqu'à  présent  dans  ce  but  de  tubes  droits  en  plomb, 
de  5*ℱ  Ă   lo*^""  de  longueur,  dont  une  exlrcniilĂ©  est  placĂ©e  contre  le  corps 
et  l'autre  contient  intérieurement  une  petite  rondelle  de  liÚge  ou  de  carton 
recouverte  de  sulfure  phosphorescent.  J'ai  utilisé  aussi  des  tubes  de  verre 
ou  de  différents  métaux.  Chaque  faisceau  de  rayons,  pour  agir  sur  l'ob- 
jet, doit  suivre  la  lumiĂšre  du  tube. 

»  On  ne  peut  utiliser  de  larges  écrans  parce  que  chaque  partie  du  sul- 
fure est  influencée  par  les  autres,  et  l'ensemble  donne  un  éclat  d'apparence 
uniforme  en  fonction  delĂ   masse  totale  des  rayons  qui  rencontrent  l'Ă©cran. 

»  La  localisation  dans  la  profondeur  du  corps  rencontrera  d'autres  diffi- 
cultés, car  il  faudra  tenir  compte  des  propriétés  particuliÚres  aux  différents 
tissus  superposés. 

»  VIII.  DÚs  maintenant  on  peut  faire  des  expériences  trÚs  curieuses  sur 
la  topogj-aphie  de  certains  ccnlrcs  nerveux  superficiels.  Par  exemple,  les 
zones  (\i\.e,?, psycho-mvlrices  de  l'écorce  cérébrale  doivent  se  manifester  par 


128o  ACADÉMIE    DES    SC1E^‱CES. 

une  émission  localisée  de  rayons  n  durant  leur  fonclionnenienl  spécial. 
C'est  ce  que  j'ai  constaté  pour  quelques-unes  des  mieux  limitées.  Parmi 
ces  derniÚres  est  la  zone  dite  centre  deUroca,  centre  du  langage  articulé.  Sa 
j)rojection  sur  le  crùne  est  déterminée  avec  une  certaine  précision  d'aprÚs 
des  rÚgles  apj)liquées  par  les  chirurgiens.  Or,  pendant  que  le  sujet  parle, 
soit  Ă   voix  haute,  soit  mĂȘme  Ă   voix  basse,  l'objet  d'Ă©preuve  promenĂ©  sur  le 
cÎté  du  crùne  augmente  plus  ou  moins  de  clarté  à  gauche  dans  la  région 
voisine  de  ce  centre,  et  offre  un  maximum  qui  correspond,  dans  les  limites 
de  i*^^"  Ă   2<^",  au  point  de  repĂšre  connu  en  clinique.  Ceci,  en  se  mettant  Ă  
l'abri  des  radiations  plus  lointaines,  musculaires  ou  autres,  par  des  Ă©crans 
convenables. 

»  Or,  rien  de  pareil  ne  s'observe  du  cÎté  droit  (sur  les  sujets  qui  m'ont 
servi).  On  a  bien  une  légÚre  augmentation  de  clarté  vis-à-vis  de  la  circon- 
volution de  Broca,  mais  elle  provient  du  centre  opposé  ou  de  centres  plus 
profonds  intéressés  dans  les  actes  vocaux,  car  en  braquant  trÚs  obliquement 
le  tube  de  plomb  de  façon  à  ne  viser  que  le  centre  de  Broca,  l'émission 
fonctionnelle  devient  trĂšs  faible  ou  nulle. 

»  J'ai  des  raisons  de  croire  que  la  pensée  non  exprimée,  l'attention, 
l'elĂŻort  mental  donnent  lieu  Ă   une  Ă©mission  de  layons  agissant  sur  la  phos- 
phorescence. J'y  reviendrai  prochainemenr. 

«  TX.  Le  fonctionnement  d'autres  zones  motrices  donne  lieu  également 
a  des  maxima  moins  bien  délimités,  mais  répondant  aux  régions  corticales 
que  l'on  s'accorde  Ă   faire  intervenir  dans  l'espĂšce  (Ă©criture,  mouvements 
des  membres  supérieurs,  etc.).  l^excitalion  des  nerfs  sensibles  donne 
lieu  Ă   des  constatations  analogues. 

»  X.  En  résumé,  tout  centre  nerveux  qui  fonctionne  ajoute  à  son  émis- 
sion de  repos  de  nouveaux  rayons  a  en  proportion  de  son  degré  d'activité. 
Ces  rayons  se  transmettent  en  divergeant  suivant  les  lois  de  l'Optique,  tra- 
versent avec  plus  ou  moins  de  réfraction  les  milieux  successifs  et  se  mani- 
festent par  une  augmentation  de  luminescence  de  l'objet  d'Ă©preuve,  aug- 
mentation variable  suivant  l'intensité  de  l'émission  et  suivant  sa  distance.  » 


PHYSIOLOGIE.  —  DĂ©tenninaiion  chi  minimum  perceptible  et  de  la  durĂ©e  de  la 
perception  lumineuse  chez  les  personnes  dont  la  vue  est  affaiblie.  Noie  de 
M.  S.  DiTRAND,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

<(  Les  divers  procédés  employés  habituellement  pour  la  détermii.a^ion 
de  l'acuité  visuelle  ne  peuvent  s'appliquer  qu'aux  cas  dans  lesquels  cette 
acuitĂ©  est  encore  suffisante  pour  la  perception  des  images.  Mais  il  peut  ĂȘtre 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igo3.  I281 

iilile  parfois,  lorsque  l'Ɠil  n'est  plus  capable  de  les  distinguer  nellement, 
de  mesurer  néanmoins  d'une  maniÚre  précise  la  quantité  de  lumiÚre  mini- 
mum qu'il  peut  percevoir. 

»  La  mélhode  que  nous  avons  imaginée  permet  d'effectuer  avec  préci- 
sion la  mesure  de  ce  minimum  pour  des  sujets  dont  la  vision  est  plus  ou 
moins  diminuée.  Cette  mélhode  repose  sur  le  principe  suivant  : 

»  Le  sujet  Ă©tant  placĂ©,  la  tĂȘte  dans  une  position  fixe,  devant  une  image 
réelle  (flamme  d'une  bougie)  dont  l'intensité  peut  varier  d'une  façon 
connue,  on  donne  Ă   cette  intensitĂ©  une  valeur  telle  que  l'Ɠil  de  l'observa- 
teur ne  l'aperçoive  plus;  on  note  celte  intensité  qui  mesure  le  minimum  de 
lumiĂšre  perceptible. 

»  Dans  les  expériences  que  nous  avons  pratiquées  à  la  clinique  médi- 
cale de  M.  le  professeur  Mossé,  nous  nous  sommes  servi  d'un  appareil 
construit  sur  les  données  de  M.  Camichel,  maßtre  de  conférences  de  Phy- 
sique à  la  Facultédes  Sciences.  Nous  avons  cherché,  d'une  part,  le  minimum 
perceptible  et,  d'autre  part,  mesuré  la  durée  de  la  perception  lumineuse. 

»  1°  Dans  le  premier  cas,  on  cherche  par  tàtonnenientb  à  se  rapprocher  le  plus  pos- 
sible Ju  minimum  perceptible;  on  le  détermine  ensuite  exactement,  soit  par  l'emploi 
des  piles  de  glaces  ou  des  disques  tournants. 

»  Les  piles  de  glaces  sont  placées  sur  le  trajet  des  rayons  lumineux  dont  elles  atté- 
nuent rinlensilé.  On  se  sert  à  ceUe  fin  de  paquets  de  lamelles  couvre-objet,  groupés 
comme  les  poids  d'une  boite.  Nous  avons  pu  ainsi  Ă©tablir  la  couche  des  variations  du 
minimum  perceptible  chez  des  diabétiques  atteints  de  cataracte  et  suivre  les  diverses 
phases  de  la  maladie.  Par  l'emploi  des  disques  tournants  on  obtient  des  résultats 
beaucoup  plus  précis.  Ou  atténue  alors  la  lumiÚre  à  l'aide  de  disques  à  segments 
évidés  que  l'on  fait  tourner  sur  le  trajet  du  faisceau  lumineux  (voir  Note  de  M.  Cami- 
cuEL,  Comptes  rendus,  t.  CXXXVII,  iG  novembre  igoS).  L'appareil  se  compose  de 
deux  disques  de  cuivre  divisés  en  quatre  segments,  dont  deux  opposés  évidés.  L'un  de 
ces  disques  porte  une  graduation  et  se  tiouve  fixé  sur  un  axe  auquel  on  imprime  un 
mouvement  de  rotation.  Le  second  est  mobile  par  rapport  au  premier  dont  il  peut  Ăštie 
rendu  solidaire  au  moyen  d'une  vis  de  serrage.  On  peut  ainsi,  en  faisant  tourner  le 
disque  mobile  sur  le  disque  (ixe,  obtenir  des  segments  de  grandeur  connue  el  aussi 
petits  que  l'on  veut. 

»  2°  Dans  le  deuxiÚme  cas,  au  lieu  d'atténuer  la  lumiÚre  jusqu'à  l'obtention  du 
minimum  perceptible,  on  mesure  la  durée  de  la  perception  correspondant  à  des  inten- 
sitĂ©s lumineuses  connues.  L'Ɠil  du  sujet  Ă©tant  impressionnĂ©  par  une  lumiĂšre  de  faible 
intensitĂ©,  on  note,  au  moyen  d'un  chronomĂštre  Ă   pointage,  le  moment  oĂč  l'Ɠil  ne  per- 
çoit plus  cette  lumiÚre. 

))   Les  résultats  obtenus  sont  résumés  par  la  loi  suivante  : 
»   Pour  des  mipressions  courtes,  la  durée  de  la  perception  est  propor- 
tionnelle à  l'intensité  lumineuse. 


1282  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  C'esl-Ă -dire  que  l'Ɠil  se  fatigue  d'autant  moins  vile  que  l'intensitĂ© 
lumineuse  est  plus  grande.  Ce  rĂ©sultat  peut  ĂȘtre  intĂ©ressant  au  point  de 
vue  des  phĂ©nomĂšnes  de  fatigue  de  l'Ɠil  et  permet,  comme  dans  le  premier 
cas,  de  suivre  les  variations  du  minimum  perceptible  et  l'Ă©volution  d'une 
cataracte.  » 


PHYSIOLOGIE.    —    Le  mal  des  montagnes. 
Note  de  INI.  Kronecker,  présentée  par  M.  Marey. 

«  Le  Conseil  fédéral  suisse,  avant  d'accorder  la  concession  concernant 
le  chemin  de  fer  de  la  Jungfrau,  chargea  M.  Kronecker,  en  1889,  d'une 
expertise  physiologique  ayant  pour  but  de  déterminer  si  les  circonstances 
spĂ©ciales  d'un  chemin  de  fer  Ă©tabli  dans  ces  conditions  ne  sauraient  ĂȘtre 
préjudiciables,  tant  aux  employés  et  ouvriers,  qu'aux  voyageurs.  C'était 
demander  une  Ă©lude  approfondie  de  cette  maladie  connue  sous  le  nom 
de  mal  des  montagnes,  afin  de  déterminer  les  conditions  qui  en  font  naßtre 
ou  en  atténuent  les  symptÎmes. 

»  En  fait  de  documents  précis  sur  cette  question,  on  ne  possédait  guÚre 
que  les  beaux  travaux  de  Paul  Bert  sur  les  effets  de  la  pression  baromé- 
trique, et  les  observations  faites  par  M.  Chauveau  sur  les  changements  de 
la  circulation  du  sang,  étudiés  au  moyen  du  sphygmographe,  dans  une 
ascension  au  sommet  du  mont  Blanc.  M.  Kronecker,  en  instituant  de 
nouvelles  expériences,  s'adjoignit  plusieurs  de  ses  élÚves  et  divers  physiolo- 
gistes à  titre  de  collaborateurs.  Nous  allons  énumérer  les  principaux 
résultats  obtenus  dans  une  série  d'expériences  faites  à  diverses  altitudes. 

»  El  d'abord,  pour  étudier  riiifluence  de  l'altitude  toute  seule,  on  ]irit  (>  personnes 
d'ùges  et  de  sexes  dillérents,  auxquelles  on  épargna  tout  efTort  musculaire,  en  les 
faisant  porter  de  Zerniatt  (  t  Goo"'d'allitude)  jusque  sur  le  plateau  du  Breitlior])  (S-JO'"). 
A  cette  altitude,  elles  avaient  les  lÚvres  nettement  cyanosées,  un  peu  de  diminution 
de  l'appétit  et  de  répulsion  pour  le  vin  ;  mais  tout  effort  musculaire  leur  était  pénible: 
vingt  pas  de  marche  les  essoufllaienl  ;  les  moindres  elTorts,  comme  le  maniement  de 
quelques  instruments,  ne  pouvaieut  se  faire  qu'avec  des  intervalles  de  repos. 

»  Au  point  de  vue  de  l'exhalation  de  l'acide  carbonique  pendant  le  repos,  elle  fut  la 
mĂȘme  Ă   la  faible  altitude  de  Brienz  que  sur  le  Cornergrat  (33oo");  mais,  dans  les 
ascensions  de  montagnes,  celte  exhalation  s'Ă©leva  beaucoup  au-dessus  de  la  proportion 
normale  :  elle  dĂ©passait  9,  11  et  mĂȘme  12  pour  100.  M.  Jackson  note  dans  un  passage 
pénible  sur  le  Scheideck  une  élimination  particuliÚre  de  l'azote  parles  urines;  celle 
élimination,  au  lieu  de  se  faire  en  entier  sous  forme  d'urée,  était  représentée  pour 
moitié  de  sa  valeur  par  des  substances  alloxuriques.  On  vit  sur  des  sujets  placés  dans 
des  chambres  pneumatiques  se  reproduire  un  certain   nombre  des  phénomÚnes  énu- 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    1903.  1283 

mérés  ci-dessus  el  toujours  on  observa  que  les  accidents  étaient  au  minimum  chez  les 
sujets  entraßnés  aux  courses  dans  la  montagne. 

»  M.  Rronecker  arrive  à  cette  conclusion  que  les  effets  du  mal  des  mon- 
tagnes tiennent  à  l'action  mécanique  de  la  pression  atmosphérique  dimi- 
nuĂ©e el  que  la  diminution  delĂ   proportion  d'oxygĂšne  peut  ĂȘtre  poussĂ©e 
extrĂȘmement  loin  satis  que  l'animal  en  souffre  sensiblement,  si  la  pression 
reste  normale. 

»  Des  lapins  qu'on  faisait  respirer  par  un  tube  trachéal  communiquant  avec  l'inté- 
rieur d'un  gazomÚtre  plein  d'air  étaient  rapidement  asphyxiés  lorsque  l'air  qu'ils  res- 
piraient avait  une  pression  de  20"'"  Ă   So"""'  au-dessous  de  l'air  ambiant. 

»  Pour  M.  Rronecker,  le  mécanisme  des  accidents  tient  à  la  stagnation 
du  sang  dans  le  poumon,  la  pression  du  sang  Ă©tant  trĂšs  faible  dans  les 
vaisseaux  de  cet  organe,  un  faible  changement  dans  la  pression  de  l'air 
inspiré  peut  produire  des  perturbations  considérables  dans  le  cours  du 
sang  ;  les  sujets  atteints  du  mal  des  montagnes  sont  dans  un  Ă©tal  analogue 
Ă   celui  des  malades  atteints  d'insuffisance  mitrale.  Ces  derniers,  du  reste, 
sont  trÚs  préparés  à  subir  le  mal  des  montagnes  et  l'éprouvent  déjà  à  de 
faibles  altitudes,  dans  ces  deux  sortes  de  troubles  de  la  circulation.  Deux 
méthodes  peuvent  atténuer  ces  troubles  :  l'une,  purement  mécanique, 
l'excitation  forcée,  est  analogue  à  l'expérience  de  Valsalva;  la  seconde, 
agissant  sur  le  systÚme  nerveux,  provoque  des  contractions  réflexes  au 
moyen  d'excitations  périphériques  de  la  peau.    » 


PHYSIOLOGIE.  —  Sur  les  modificalions  que.  subit  la  respiration  par  suite  de 
l'ascension  et  de  l' acclimatement  Ă   l'altitude  du  mont  Blanc.  Note  de 
M.  J.  Vallot. 

((  J'ai  mis  à  profit  les  séjours  de  longue  durée  que  j'ai  faits  à  mon  obser- 
vatoire du  mont  Blanc  pour  Ă©tudier  les  modifications  produites  par  l'alti- 
tude dans  la  respiration  et  raniélioration  qui  survient  par  suite  de  l'accli- 
matement. ^ 

»  Les  expériences  ont  été  faites  au  cours  de  quatre  séjours,  de  deux 
semaines  chacun,  Ă   l'observatoire,  en  1898,  1899  et  1900.  Elles  portent 
sur  des  sujets  menant  la  vie  active  ordinaire.  Elles  comprennent  I25  déter- 
minations complÚtes  des  éléments  physiques  de  la  respiration,  faites  sur 
moi-mĂȘme,  et  21  dĂ©terminations  faites  sur  uu   de  mes  compagnons.  En 


I  ■>.S:' 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


outre,    i5o  dcterminalions  comparalives  ont  été  faites  dnns  la  vallée.  Les 
conclu-iions  ont  été  tirées  de  la  moyenne  desqualre  expédilions. 

»  Les  inspirations  se  faisaient  par  la  bouche,  à  travers  un  compteur  à  gaz 
el  une  valvule  de  Muller.  Chaque  expérience  était  prolongée  pendant  une 
durée  de  i.5  minutes,  aprÚs  nn  repos  au  moins  égal. 

)i  Dans  chacune  des  stations  le  volume  d'air  inspiré  a  montré  une  variation  diurne 
considérable,  étroitement  liée  aux  repos,  atteignant  en  moyenne  un  quart  du  volume 
total.  Chaque  repos  provoque  une  augmentation  brusque,  suivie  d'une  diminution  de 
mĂȘme  valeur,  mais  un  peu  plus  lente. 

>)  Le  volume  d'air  inspiré,  mesuré  à  la  température  du  corps  humain  et  à  la  pression 
du  lieu,  subit  de  grandes  variations,  tant  par  suite  de  l'ascension  que  par  suite  de 
l'acclimatement  à  l'altitude  expérimentée.  L'augmentation  du  volume  inspiré  est 
produite  par  l'accroissement  du  nombre  des  inspirations  et  par  l'aiigmenlalion  de  leur 
amplitude.  Chez  moi,  le  nombre  d'inspirations  a  augmenté  pendant  la  premiÚre 
semaine,  l'amplitude  des  inspirations  restant  sensiblement  la  mĂȘme;  tandis  que  la 
deuxiĂšme  semaine,  le  nombre  des  inspirations  restant  stationnaire,  leur  amplitude 
s'est  mise  à  augmenter  réguliÚrement.  La  figure  suivante  montre,  en  litres  par  minute 
el  pour  chaque  jour  successif  passé  au  mont  Blanc,  la  quantité  d'air  respiré  par 
minute,  mesurée  à  36"  et  à  la  pression  du  lieu. 

Fis.    ‱‱ 


Ascension  t       2      3 


ç     10     u      12l)escente 


»  Le  jour  de  l'arrivée,  c'est-à-dire  aprÚs  deux  journées  d'ascension,  on  observait 
une  augmentation  de  i5  pour  100,  causée  par  l'ascension,  mais  qui  ne  persistait  pas 
entiĂšrement,  car  il  se  produisait  ensuite  une  petite  diminution  de  7  pour  100  pendant 
les  deux  premiÚres  journées  du  séjour.  C'est  sous  l'empire  de  cette  dépression  que  je 
soufTrais  du  mal  de  montagne.  L'Ă©tat  maladif  cessait  vers  le  troisiĂšme  jour,  lorsque  la 
quantité  d'air  inspirée  recommençait  à  augmenter.  L'augmentation  continuait  alors 
réguliÚrement  jusqu'à  la  fin  du  séjour.  \\n  deux  semaines  elle  était  de  3o  pour  100. 
■    »   La  densitĂ©  de  l'aii'  Ă©tant  plus  faible  de  33  pour  100  Ă    la    station    supĂ©rieuie,    par 


SÉAN'CE  DU  28  DÉCEMBRE  igoS.  1285 

suile  de  Ja  difiTérencede  la  pression  atmosphérique,  la  varialiqn  delà  quantité  aÚio/«e, 
c'est-à-dire  ramenée  à  o"  et  à  760""",  de  l'air  inspiré  a  suivi  la  niarctie  figurée  sur  le 
graphique  suivant. 


Ascension  i       s 


»  Le  jour  de  l'arrivée,  malgré  raugmenlation  du  nombre  d'inspirations  causée  par 
l'ascension,  on  trouvait  encore  un  abaissement  de  la  quantité  absolue  de  28  pour  100. 
La  dépression  des  deux  jours  suivants  conduit  la  perle  à  29  pour  100,  mais  l'ampli- 
tude des  mouvements  respiratoires,  augmentant  ensuite  progressivement,  le  déficit  de 
la  quantité  absolue  d'air  inspiré  n'était  plus  que  de  1 4  pour  100  au  bout  de  deux  semaines. 
Les  modifications  des  mouvements  respiratoires  produites  par  racclimatement  Ă©taient 
donc  arrivées,  en  peu  de  temps,  à  compenser  plus  de  la  moitié  des  3o  pour  100  que 
la  différence  de  pression  atmosphérique  avait  fait  perdre. 

»  Ces  résultats,  tirés  de  la  moyenne  de  mes  quatre  expéditions,  se  sont  trouvés 
confirmés  sur  mon  compagnon  au  cours  de  deux  de  ces  expéditions.  ^ 

»  En  examinant  les  graphiques,  on  voit  que  la  respiration  continuait  Ă   ĂȘtre  en 
croissance  Ă   la  fin  du  sĂ©jour,  et  que  l'augmentation  ne  semblait  pas  prĂšs  de  s'arrĂȘter. 
'L'acclimatement  paraissait  déjà  à  peu  prÚs  complet,  et  le  mal  de  montagne  avait  dis- 
paru depuis  le  troisiĂšme  jour. 

»  On  trouvera  les  Tableaux  des  chiffres  observés  de  la  complÚte  discussion  de  mes 
observations  dans  le  Tome  VI  des  Annales  de  l'Obsen-aloire  du  mont  Blanc,  actuel- 
lement en  préparation.  » 


PHYSIOLOGIE  GÉNÉRALE.  —  Sur  une  relation  entre  le  travail  et  le  travail  dit 
statique,  énergéliquement  équivalents  à  l'ergographe.  Note  de  M.  Charles 
Henry  et  de  M"^  J.  loTEYKO,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Pour  trouver  une  valeur  de  la  dépense  du  travail  statique,  à  l'ergo- 
graphe,  nous  suivons  une  méthode  dont  le  principe  a  été  appliqué  avec 
succĂšs  par  Coulomb  dans  l'Ă©valuation  du  travail  de  la  locomotion  :  d'une 
part,  nous  recueillons  un  ergogramme  Ă   une  grande  vitesse  du  cylindre, 

.  R.,  1903,  ■-:'  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N"  26.)  '^8 


I-.86 


ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 


aux  rythmes  rapides  de  i6o  Ă li.'io  conLractions  Ă   la  minute  :  nous  ohtenoiis 
ainsi  des  aires  au  lieu  de  lignes;  d'autre  part,  nous  soutenons  un  poids 
pendant  un  temps  connu,  opérant  dans  les  deux  cas  jusqu'à  épuisement  et 
nous  admettons  que  dans  les  deux  cas  la  fatigue  est  la  mĂȘme. 

))  La  figure  i  repi'ésente  deux  de  nos  graphiques  réduits  d'un  tiers  :  le  poids  esl 
de  C's  pour  le  travail  statique,  de  ?>^'i  pour  l'ergogramme  :  le  rythme  esl  de  i5o  con- 
tractions à  la  minute.  Le  travail  statique  étant  toujours  associé  à  du  travail  dynamique 

Fis.  1. 


I 


et  réciproquement,' nous  devons  retirer  de  la  contraction  dynamique  tous  les  éléments 
statiques  et  de  la  contraction  statique  tous  les  éléments  dynamiques,  afin  de  comparer 
du  travail  exclusivement  statique  Ă   du  travail  exclusivement  dynamique  de  mĂȘme 
dépense. 

))  La  dépense  est  proportionnelle  au  temps  (Haughlon),  au  raccourcissement  et  à  la 
charge  (Chauveau).  Il  n'y  a  pas  lieu  de  se  préoccuper  des  durées  respectives  des  tra- 
vaux statique  et  dynamique  dans  nos  deux  expériences  de  comparaison,  car  chacune 
des  poitions  de  ces  travaux  représente  la  dépense  maxima  pendant  riiitervalle  de 
temps  qu'elle  a  duré;  en  effet,  si  l'un  des  termes  statique  ou  dvnamique,  au  cours 
d'une  expĂ©rience,  pouvait,  par  exemple,  ĂȘtre  augmentĂ©,  l'autre  augmenterait  en  mĂȘme 
temps  puisqu'il  y  a  inséparabilité  entre  ces  deux  termes;  la  somme  augmenterait  donc 
par  lĂ   mĂȘme  :  ce  qui  est  impossible,  puisqu'elle  reprĂ©sente  par  dĂ©finition  la  dĂ©pense 
maxima. 

»  D'autre  part,  dans  nos  deux  expériences,  les  raccourcissements  sont  sensiblement 
.les  mĂšfnes;  il  en  est  de  mĂȘme,  en  gĂ©nĂ©ral,  des  poids;  et  quand  les  poids  ne  sont, pas 
les  rnĂȘmes,  les  dĂ©penses  sont  ramenĂ©es  Ă   l'Ă©galitĂ©  par  une  correction  facile,  puisqu'elles 
sont.proporlionnelles  aux  poids.  Dans  ces  conditions  les  divers  éléments  dynamiques 
^Úl  statiques  de  nos  deux  expériences  sont  comparables. 
.'‱'■»  Appelant  cO  la  dĂ©pense  totale,  G  le  travail,  P  le  liavail   statique,  p  le  poids   dans 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  ir)o3.  1287 

l'expérience  ergograpliique,  G'  le  travail,  m'  le  travail  statique  d'établissement,  II'  lé 
travail  statique  de  régime, /y'  le  poids  soutenu  lors  de  l'expérience  de  soutien,  on  peut 
poser,  a  et  ,3  étant  des  coefficients  de  proportionnalité. 


;>) 


lÔ 


!-U 


.)  =  <"'..' -^l'j. 


e  est  la  somme  des  ordonnées  mavima  (/Z^'.  i,  gr.  11°  2)  multipliée  par  p.  G'  est  le 
produit  de  p'  par  la  hauteur  Ă   laquelle  on  le  soulĂšve  pour  le  soutenir  ensuite  {/Ăź^'-  i, 
gr.  Il"  1).  Il'  est  obtenu  en  multipliant,  suivant  la  définition  du  travail  statique,  lé 
poids  par  la  durée  de  la  sustentation  :  le  poids  tombe  bien  un  peu,  mais  si  lentement 
qu'on  doit  le  considĂ©rer  comme  soutenu  intĂ©gralement  de  mĂȘme  que  dans  la  pĂ©riode 
d'Ă©tablissement  ra'.  Le  terme  P  comprend  :  i"  le  travail  statique  lors  du  soulĂšvement 
du  poids/»,  et  que  l'on  peut  considérer  comme  égal  au  produit  du  poids  par  le  temps, 
la  vitesse  cliangeant  peu  ;  2°  le  travail  statique  lors  de  la  descente  du  poids;  ce  travail 
est  la  différence  entre  l'aire  parabolique  en  chute  libre  et  l'aire  de  la  courbe  de  sou- 
tien; mais  l'arc  de  parabole  se  confondant  sensiblement  ici  avec  une  droite  et  l'aire 
parabolique  étant  trÚs  petite,  on  peut  considérer  ce  travail  comme  représenté  par 
l'aire  de  soutien,  sensiblement  la   moitié  du  poids  multiplié  par  le  temps. 

))  Bornée  à  cela,  la  méthode  ne  nous  fournirait  que  des  nombres  voisins 
des  maxima  de  dépense  et  ne  permettrait  pas  de  préciser  la  nature  de  la 
fonction  cherchée.  Pour  avoir  une  suite  de  valeurs  de  travaux  dynamiques 
et  statiques  équivalents  énergétiquement,  nous  avons  comparé  dans  une 
premiÚre  série,  à  des  ergogrammes  purs,  des  travaux  statiques  et  des  tra- 
vaux ergographiques  mĂȘlĂ©s  systĂ©matiquement;  dans  une  deuxiĂšme  sĂ©rie, 
Ă   ces  travaux  mĂȘlĂ©s  des  travaux  mĂȘlĂ©s  de  mĂŽme  nature,  continuant  tou- 
jours chacune  des  deux  expériences  de  comparaison  jusqu'à  l'épuise- 
ment. 

»  Si  dans  la  premiÚre  expérience  <S  désigne  le  travail  de  l'ergogramme  pur 
{Cf.  JĂźg.  2),  V  les  travaux,  statiques  allerents  au  travail  ergographique;  si,  dans  la 

FiR.  2. 


deuxiÚme  expérience,  ra'  est  le  travail  statique  d'établissement  de  la  sustentation,  x'  le 
f/-afrti7  d'Ă©tablissement  de  la  mĂȘme,  II'  le  travail  statique  de  sustentation,  V  les  tra- 


ia88  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

vaux  statiques  alTérenls  au  travail  ergographique  G',  on  a,  dans  la  premiÚre  série  d'ex- 
périences, 


(2) 


CÔ: 


et,  dans  la  deuxiÚme  série,  t  désignant  le  travail  d'établissement,  Il  K-  travail  statique 
de  sustentation  de  la  premiÚre  expérience  : 

(3)    (Qt^^\(^^.  +  !^,\-{z'+t')   =prp'-Mi'  +  ^'-^(n  +  r.4-p)j. 

»  Nous  avons  obtenu  ainsi,  entreautres,  les  nombres  suivants  : 


Kilogram- 
mĂštres.  Kilogs-secontle. 

o,G45(J.)  86,1  [form.(i)] 

o,54i  (J.)  82,35    » 

0,678  (J.)  78,5     » 

1,96  (D.)  281       » 


Kilogram- 
mĂčtres.  Kilogs-seconile. 

O,o5-  (J.)  1,8    [form.  (2)] 

0,075  (J.)  9,66  » 

0,144  (J-)  18,6  » 

o,i89(J.)  23,9  >' 


Ki!oj;r;im- 
niĂštrcs.  Ivilogs-seconde. 

0,195  (J.)  28,6    [form.  (2)] 

0,200  (.1.)  19,32  » 

0,394  (J-)  55,3  » 

0,172  (J.)         9, 17  [form.  (3)] 


»  La  fonction  cherchée  est  remarquablement  représentée  par  une  droite  : 
))   Les  travaux  dynamiques  croissent  proportionneUcmenl  aux  travaux  sta- 
tiques Ă©nergĂ©tiquemenl  Ă©quivalents;  le  coefficient  de  proportionnalitĂ©  est  —  ‱  » 


PHYSIOLOGIE.  —  Recherches  sur  le  rîle  de  la  glande  interstitielle  du  testicule. 
Hypertrophie  compensatrice  expérimentale.  Note  de  MM.  P.  Ancel  et 
P.  lßouix, 'présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

(c  L'action  générale  du  testicule  sur  l'organisme  est  connue  depuis  long- 
temps. On  l'a  attribuée  à  une  sécrétion  récrémentitielle  du  liquide  sper- 
matique. 

»  Les  recherches  morphologiques  sur  la  structure  du  testicule  des  Mammi- 
fÚres, parvenues  dans  ces  derniÚres  années  à  un  grand  degré  de  perfection, 
ont  montré  que  cet  organe  renferme,  non  seulement  des  tubes  sémiiiifÚres 
avec  les  divers  éléments  de  la  lignée  spermatogénétique  et  leur  syncytium 
nourricier,  mais  encore  des  cellules  disséminées  entre  ces  tubes  et  dési- 
gnées sous  le  nom  de  cellules  interstitielles.  Ces  cellules,  découvertes  par 
Leydig,  en  i84o,  et  bien  connues  depuis  les  recherches  de  beaucoup  d'au- 
teurs (KîLLiKER,  LL■D^YIG,  Hansemann,  Lubahscii,  Touuneux,  Lenkossùk, 
Reinke,  Plato,  FiuEDMANN,  Beissner,  Mathieu,  Regaud  et  SÉNAT,  Gan- 
FlKi,  etc.),  reprĂ©sentent  de  vĂ©ritables  Ă©lĂ©ments  glandulaires.  Nous-mĂȘmes 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igoS.  1289 

avons  moniré  qu'elles  offrenttoiis  les  signes cytologiques  d'une  grandeacti- 
vité  glandulaire,  qu'elles  renferment  de  nombreux  produits  de  sécrétion 
et  qu'elles  passent  par  toutes  les  phases  d'un  cycle  sécrétoire.  Dans  leur 
ensemble,  elles  constituent  donc  un  organe  interposé  aux  canalicules  sé- 
minifÚres  et  que  nous  avons  appelé  glande  interslitielle  du  testicule. 

»  Quelle  est  la  signification  physiologique  de  celte  glande?  Presque  tous 
les  auteurs  qui  ont  étudié  les  cellules  interstitielles  en  ont  fait  des  éléments 
trophiques  pour  les  cellules  séminales.  Seuls  quelques  auteurs  leur  soup- 
çonnent un  rÎle  de  sécrétion  interne,  sans  d'ailleurs  en  fournir  la  preuve 
et  sans  montrer  quelle  serait  leur  action. 

»  Dans  plusieurs  travaux  précédents,  nous  avons  réuni  un  groupe  de 
fnits  d'ordre  morphologique,  physiologique  et  chimique,  qui,  rapprochés 
les  uns  des  autres,  nous  ont  autorisés  à  formuler  l'hypothÚse  suivante: 
l'action  générale  sur  V organisme,  reconnue  jusqu'ici  au  testicule  tout  entier, 
doit  ĂȘtre  rapportĂ©e  Ă   la  glande  interstitielle. 

))  Nous  avons  entrepris  une  série  d'expériences  pour  démontrer  le  bien 
fondé  de  cette  maniÚre  de  voir.  Nous  avons  tout  d'abord  cherché  à  prouver: 
r^que  la  glande  interstitielle  ne  sert  pas  seidement  Ă   la  nutrition  des 
éléments  séminaux;  2°  qu'elle  a  iine  action  générale  sur  l'organisme. 

»  1°  Nous  avons  montré,  par  la  sténose  des  voies  excrétrices  du  sperme  chez  l'adulte 
(ligature  ou  résection  du  canal  déférent,  injections  sclérogÚnes  dans  l'épididvme)  que 
les  deux  glandes  du  testicule,  séminale  et  interstitielle,  sont  relativement  indépendantes 
l'une  de  TautrÚ.  Cette  sténose  produit  en  elTet  la  dégénérescence  progressive  des 
éléments  séminaux,  tandis  que  les  cellules  interstitielles  conservent  leur  intégrité  mor- 
phologique.        ■     ,. 

»  2°  Pour dém-ontréi- l'action  générale  delà  glande  interstitielle  sur  l'organisme,  nous 
avons  institué  certaines  expériences  en  partant  de  la  notion  biologique  suivante  :  on 
sait  que  l'ablation  des  représentants  d'un  systÚme  glandulaire  pair  amÚne  au  bout  d'un 
certain  temps  l'hypertrophie  compensatrice  de  la  glande  opposée.  L'organisme  con- 
tinue ainsi  à  bénéficier,  aprÚs  l'opération,  d'une  quantité  de  produits  égale  à  celle  qui 
lui  Ă©tait  fournie  par  le  systĂšme  glandulaiie  tout  entier.  Si  nous  enlevons  un  testicule, 
les  deux  glandes  du  testicule  opposé  (séminale  et  interstitielle)  s'hypertrophieront; 
mais  si,  sur  le  testicule  restant,  nous  réséquons  le  canal  déférent,  la  glande  séminale, 
dégénérera.  Dans  ces  conditions,  nous  n'aurons  une  hypertrophie  de  la  glande  intersti- 
tielle que  si  cette  glande  possĂšde  un  autre  rĂŽle  qu'un  rĂŽle  trophique  vis-Ă -vis  des 
éléments  séminaux,  c'est-à-dire  une  action  générale  sur  l'organisme. 

»  Nous  avons  fait  celte  expérience  sur  des  Lapins  et  des  Cobayes.  AprÚs  avoir  en- 
levé un  testicule  et  ligaturé  le  canal  déférent  du  testicule  opposé,  nous  avons  laissé 
nos  animaux  en  expérience  pendant  6  mois.  L'examen  du  teslicuJe  nous  a  montré  les 
faits  suivants  :  Au  point  de  vue  macroscopique,  ce  testicule  est  diminué  de  volume- 
il  est  mou  et  présente  à  la  couj)e  une  couleur  brun  chocolat,  trÚs  différente  de  la  teinte 


1290  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 

blanc  rosé  des  testicules  normaux,  fait  intéressant  si  on  le  rapproche  de  l'aspect 
oflert  par  les  testicules  largement  pourvus  de  cellules  interstitielles.  Sur  coujjes 
microscopiques,  le  testicule  montre  des  transformations  profondes.  Les  tubes  sémi- 
nifÚres  sont  diminués  de  diamÚtre;  la  plupart  des  cellules  séminales  ont  disparu;  cer- 
tains tubes  ne  renferment  plus  que  des  spermatogonies  et  le  syncylium  sertolien; 
d'autres  montrent  encore  quelques  spermalocytes;  dans  aucun  nous  n'avons  retrouvé 
de  spermatides  ni  de  spermatozoĂŻdes.  La  glande  interstitielle,  au  contraire,  a  pris  un 
développement  considéiable.  Elle  constitue,  entre  les  canalicules  séuiiniféres  dégénérés, 
de  larges  traßnées  richement  vascularisées.  Les  cellules  constitutives  de  cette  glande 
sont  nettement  orientées  autour  des  vaisseaux  sanguins,  auxquels  elles  forment  des 
gaines  plus  ou  moins  épaisses.  Elles  présentent  toutes  les  signes  d'une  grande  activité 
sécréloire. 

»  En  somme,  la  glande  séminale  est  dégénérée;  la  glande  interstitielle,  non  seule- 
ment a  conservĂ©  son  intĂ©gritĂ©,  mais  a  mĂȘme  au  moins  doublĂ©  de  volume. 

»  Nous  pouvons  donc  conclure  :  1°  la  glande  inlerslilielie  n'a  pas  pour 
rĂčle  unique  d'assurer  la  nutrition  des  Ă©lĂ©ments  sĂ©minaux;  2°  elle  a  une 
action  générale  sur  l'organisme. 

»  Nous  montrerons  prochainement  que  seule,  dans  le  testicule,  elle  a 
celle  action  générale,  et  que  c'est  à  elle  qu'il  faut  reconnaßtre  l'influence 
accordée  jusqu'ici  au  testicule  tout  entier.  » 


BIOLOGIE   GÉ.\ÉR.\LE.    —   Siir  les  croisetncnts  entre  la.fies  dlffùrenles. 
Note  de  M.  Georues  Coltag.xe,  présentée  par  M.  Alfred  Giard. 

«  Je  résumerai,  dans  les  quatre  propositions  suivantes.  A,  B,  G  et  D, 
tous  les  faits  que  j'ai  constatés  au  cours  de  mes  recherches  expérimentales 
sur  les  croisements  entre  taxies  différentes  chez  les  veis  à  soie  fia  mûrier  ('). 
Je  me  servirai,  pour  ce  résumé,  des  termes  mnémons  et  laxics  dont  j'ai 
donné  la  définition  dans  une  Note  précédente  (-). 

»  A.  Les  innénions  antagonistes  restent  qualitali^-e nient  inaltérés;  ils  sont  hétéro- 
dynames  (croisements  mendéliens).  Dans  certains  croisements  entre  deux  taxies  «, 
et  (7,  on  constate  les  particularitĂ©s  suivantes  :  1°  tout  individu  issu  d'un  Ɠuf  croisĂ© 
«1  X  a.,  ou  a,X  a,  ne  diffÚre  en  rien,  au  point  de  vue  morphologique,  des  sujets  de 
lune  des  taxies  pures,  (T,  par  exemple.  On  dit  alors  que  le  caractĂšre  a^  est  dominant 


(')  Bulletin  scientijique  de  la  France  et  de  la  Belgique,  dirigé  par  A.  Giard, 
t.  XXXVII,  janvier  igoS. 

C)  Sur  les  facteurs  élémentaires  de  l'hérédité  (Comptes  rendus,  séance  du  i4  dé- 
cembre igoS,  p.  1075). 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igoS.  1291 

el  lecaraclÚre  a,  récessif  ;  3°  à  la  génération  suivante,  les  produits  du  croisement  entre 
eux  des  sujets  croisés  de  premiÚre  génération  qui  ne  présentaient  que  l'apparence  a,, 
mais  qui  possédaient  à  l'étal  latent  le  caractÚre  CTj,  présentent  les  uns  le  caractÚre  a, 
et  les  autres  le  caractĂšre  a,,  dans  la  proportion  de  3(7,  pour  la,. 

»  On  désigne  souvent  le  caractÚre  dominant  par  le  symbole  D,  et  le  symbole  réces- 
sif par  le  symbole  R. 

»  1).  f^es  mnémons  antagonistes  restent  qualitativement  inaltérés;  ils  sont  homo- 
dynanies.  Dans  certains  croisements  entre  deuv  taxies  rt,  et  a,,  il  arrive  que  tous  les 
individus  issus  des  Ɠufs  a^  x  a,  se  partagent  yja/'  /?iO(7(e  entre  les  deux  taxies  «,  et  a^. 
Les  générations  suivantes  dans  lesquelles  interviennent  comme  parents  des  sujets 
croisés  de  premiÚre  génération  ne  témoignent  également  aucune  hétérodynamie  entre 
les  mnémons  primitifs  de  a,  et  «2. 

»  C.  Les  mnémons  antagonistes  réagissent  entre  eux  ;  il  y  a  combinaison  et  for- 
mation d'une  nou^'elle  ta.rie.  Dans  certains  croisements  entre  deux  taxies  a,  et  a,^  il 
arrive  que  tous  les  individus  issus  des  Ɠufs  croisĂ©s  a,  X  a.^  se  partagent  entre  trois 
taxies  a^,  a,  et  une  nouvelle  taxie  présentant  une  combinaison  des  deux  taxies  primi- 
tives. 

"  »  D.  Les  mnémons  antagonistes  réagissent  entre  eux;  il  y  a  combinaison,  puis 
destruction  de  la  poly taxie.  Dans  certains  croisements  entre  deux  taxies  a,  et  a^,  il 
arrive  que  tous  les  individus  issus  des  Ɠufs  croisĂ©s  «r,  X  a^  sont  identiques  en  ce  qui 
concerne  le  caractÚres  qui  présente  alors  une  modalité  intermédiaire  entre  a,  et  a^. 
En  d'autres  termes,  il  y  a  fusion  des  caractÚres  o,  et  a^  à  la  premiÚre  génération 
croisée.  Mais  à  la  seconde  il  y  a  variation  désordonnée  :  les  produits  du  croisement 
entre  eux  des  sujets  croisés  de  premiÚre  génération  présentent,  pour  le  caractÚre  or, 
toutes  sortes  de  modalités  intermédiaires  entre  (7,  et  a,,  y  compris  les  modalités  fl, 
et  a,  elles-mĂȘmes. 

1)  /.rt  poly  taxie  du  caractÚre  a  est  détruite,  et  dans  les  croisements  ultérieurs 
entre  eux  ou  avec  les  sujets  de  taxies  pures  a^  et  «‹>  des  individus  de  dillerentes  gĂ©nĂ©- 
rations issus  du  croisement  (7,  x  a,,  les  mnémons  ne  paraissent  plus  guÚre  différer  de 
ceux  des  caractĂšres  non  polytaxiques  ordinaires,  c'est-Ă -dire  des  caractĂšres  variables  Ă  
variabilité  continue. 

»  Le  mode  B  a  élé  signalé  d'tine  façon  précise  pour  la  premiÚre  fois  par 
Grégor  Mendel,  en  i865,  cliez  Pisiim  salnum.  De  nombreux  cas  de  croi- 
semenls  mendélipns  ont  été  observés  de  nouveau  ces  derniÚres  années  par 
de  Vries,|^Correns,'Tschermak,  Baleson,  Cuénot,  etc. 

M  Le  mode  B  semble  bien  moins  fréquent.  Je  l'ai  observé  pendant  les 
trois  années  iSgj,  1896  et  1897,  dans  les  croisements  entre  deux  races 
de  vers  Ă   soie  dont  l'une  Ă©tait  Ă   cocons  blancs,  l'autre  Ă   cocons  jaunes.  Mais 
j'ai  constatĂ©  aussi  des  croisements  mendĂ©liens  entre  ces  deux  mĂȘmes  races. 

»  La  sexualité  est  une  sorte  particuliÚre  de  ditaxie  qui  paraßt  suivre,  à 
certains  Ă©gards,  les  mĂȘmes  lois  hĂ©rĂ©ditaires  que  les  caractĂšres  polytaxiques 
Ă   mnĂ©mons  honiodvnames.  11  en  est  de  mĂȘme  de  l'hĂ©tĂ©rostylie,  dilaxique 


r292  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

OU  Iritaxiqne,  des  Prirnula,  Linitm,  O.ralls,  Pulmonnria.  Lylhram,  Nar- 
a'ssus,  elc. 

»  Le  mode  C  est  encore  plus  rare  que  le  mode  B,  du  moins  je  ne  l'ai 
observé  qu'une  fois,  dans  un  croisement  de  1895,  entre  deux  variétés  de 
vers  à  soie,  dont  l'une  était  à  vers  moricauds,  l'autre  avers  zébrés.  En  1896, 
la  moitié  environ  des  329  sujets  issus  du  croisement  furent  à  vers  mori- 
cauds, et  l'autre  moilié  à  vers  à  la  fois  mnricaiids  et  zébrés.  En  1897,  chez 
les  descendants,  au  nombre  de  820,  des  représentants  de  cette  nouvelle 
laxie  croisés  entre  eux,  les  vers  à  la  fois  moricauds  et  zébrés  furent  au 
nombre  de  386,  et  les  vers  moricauds  au  nombre  de  i35.  En  outre  le  carac- 
tÚre irr  zébré,  qui  avait  été  latent  en  1896,  reparut  chez  2/|5  sujets,  et  aussi 
le  caractĂšre  verb/anc  chez  54  sujets.  Ce  dernier  caractĂšre  Ă©tait  alors  latent 
depuis  au  moins  3  générations. 

»  Le  mode  D  est  connu  depuis  longtemps  ;  c'est  celui  que  présentent  en 
général  les  hybridations,  c'est-à-dire  les  croisements  entre  espÚces  dilTé- 
rentes. 

»  J'ai  constatĂ©  encore,  et  c'est  lĂ   un  fait  trĂšs  intĂ©ressant,  que  les  mĂȘm^s 
mnĂ©mons,  c'est-Ă -dire  les  mnĂ©nions  d'une  mĂȘme  taxie  dans  une  mĂȘmerace, 
pouvaient  réagir  suivant  l'un  ou  l'autre  des  quatre  modes  A,  B,  C  ou  D, 
suivant  qu'ils  étaient  mis  en  présence,  par  le  croisement,  de  tels  ou ,  tels 
autres  mnémons  antagonistes,  choisis  dans  d'autres  races  ou  d'aulres 
espÚces.    » 


PHYSIOLOGIE  C0MPAR1':e.  —  Sur  le pliolotropisiiie  des  Arliozuaircs  supĂ©rieurs. 
Note  de  M.  Gfouges  Boii\,  présentée  par  M.  Edmond  Perrier. 

«  Dans  maintes  circonstances  on  a  abusé  du  mot  phototropisme. 

»  Les  figures  représentent  des  expériences  effectuées  dans  des  cuvettes  de  porcelaiue 
sur'des  ConvoliUa  (I  à  tV)  et  sur'des  Néréides  (V).  Les  ilÚclies  indiquent  la  direction 
des  rayons  lumineux;  les  hachures,  lesombres  portées;  les  traits  contournés,  les  anß- 
nßa-u*;  fiai- premiÚre  ligné  Veprésente  l'état  initial,  là  seconde  l'état  fi  n'ai,  au  bout  du 
temps  t  (r  heure  pour  I,  IV,V;  10  miniites  pour  11  et  III).  Il  semble  que  les  Vers  se 
portent  vers  ta  lumiÚre,' qu'il  y  ait /3/('/<o//o/>(.s/«e  pusitif.  Rie^i  n'est  plus  faU\. 
,^  »  Si,  dans  l'expérience  I,  on  observece  qui  se  passe  entre  l'état  initial  et  l'étal  final, 
on  rons-tale  nue  les  Co/iro/«<(7  traversent  la  liirne  de  séparation  de  J'ombre  et  delà 
lumiÚre  dans  tes  deux  sens  (sam  reciïls)  :  au  début  les  indU-idus' qai  marchent  en 
)sĂ©ns.contrdii'e  'de  ItiiĂčMiĂšfe  sont'en'iiiĂȘTrtĂš  Â6iĂ»'bi'Ăš"q'u'e''cĂš'Ă sc  qui  marche'nt  dans  le 
iéns'dé'la  /(//w/Ú/e  (par  fcoiisféquent  pas  de  pliotoiropisihe)  ;  niais  ceii\  qui  viennent  de 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  \go3. 


1293 


la  région  éclaii-L'C  sont,  comme  je  l'ai  montré  {Comptes  rendus,  2,3  novembre  1908), 
dans  un  Ă©tat  de  fatigue  latente  (')  qui  se  manifeste  dĂšs  que  l'excitation  lumineuse- 
cesse  :  les  Coiuoluta  qui  viennent  de  pĂ©nĂ©trer  dans  une  ombre  s'y  arrĂȘtent  et  des- 
sinent bientĂŽt  une  bande  verte  en  bordure  de  l'ombre;  les  individus  qui  vont  vers 
l'ombre  ?ie  s'étalent  pas  k  sa  surface,  et  l'ombre,  sauf  sur  la  bordure,  se  dégarnit  peu 
à  peu  par  rapport  à  la  lumiÚre.  La  répartition  finale  est  due  à  un  effet  tonique. 


»  De  mĂȘme  en  II  et  en  III  :  les  Vers  commencent  par  se  rĂ©pandre  partout,  mais  peu 
à  peu  l'ombre  disparaßt;  les  individus  qui  sont  dans  l'ombre  sont  plus  fatigués  en  III 
qu'en  II  et  y  restent  plus  longtemps. 

»  En  IV,  un  faisceau  de  lumiÚre  traverse  la  cuvette,  bordé  par  des  ombres  pro- 
jetées artificiellement  ;  comme  dans  les  cas  précédents  les  Vers  se  placent  surtout  en 
bordure  des  ombres. 

»  En  V,  les  Néréides,  aprÚs  ai'oir  circulé  dans  tous  les  sens,  se  reposent  dans 
l'ombre  portĂ©e  oĂč  elles  ont  pĂ©nĂ©trĂ©  par  hasard. 

»  Dans  tous  ces  cas,  il  n'y  a  pas  de  phototropisme  :  il  y  a  arrĂȘt  Ă   l'entrĂ©e  de 
l'ombre,  dû  à  la  fatigue  provoquée  par  la  lumiÚre.  C'est  ce  que  n'ont  pas  vu 
Gamble  etKeebledans  un  MĂ©moire  sur  les  Conroluta  qui  vient  de  paraĂźtre 
(Quarterly  Journal,  décembre  igo3)et  FerrouniÚre  (ThÚse,  Paris,  1901); 
les  figures  ci-dessus  rappellent  Ă©trangement  celles  de  ces  auteurs,  qui 
concluent  au  phototropisme  positif. 

))  De  plus,  j'ai  reconnu  qu'il  snfllt  d'incliner  de  \°  le  fond  du  vase  pour 
obtenir  des  figures  difTĂšreiites,  qui  varient  d'ailleurs  suivant  l'heure  de  la 
marée  et  le  degré  de  l'éclairement.  Or,  Gamble  et  Keeble  ont  négligé 
l'influence  des  pentes  et  une  foule  d'autres  conditions  que  j'ai  indiquées 
dans  le  Bulletin  du  Muséum  (novembre  igoS). 

»  Pour  les  Rediste  diversicolor,  il  faudrait  considéreren  outrela  composition 
de  l'eau.  Ces  Néréides  peuvent  vivre  dans  trois  conditions  :  a,  eaux  salées 


(')  Beaucoup  plus  intense  sur  la  porcelaine  que  sur  le  sable. 
C.  R.,  1903,  2°  Semestre.  (T.  CXXXVII,  N»  26.) 


169 


T294  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

relativement  profondes  ;  b,  mince  couche  d'eau  saumĂątre;  c,  mince  couche 
d'eau  douce.  En  b  seulement  elles  perçoivent  les  ombres  à  distance  et 
se  dirigent  vers  elles,  et  elles  reculent  quand  elles  sont  sur  le  point  de 
s'engager  dans  une  tache  fortement  éclairée;  ce  double  phototropisme  (pho- 
totaxie)  nĂ©gatif  n'existe  plus  en  a  etenc,  oĂč  lafatigueagissantseuleenlraĂźne 
(\e&  apparences  de  phototropisme  positi f  ;  il  semble  qu'en  b  l'acuité  visuelle 
soit  accrue  ;  serait-ce  par  les  rayons  N  (  '  )  ? 

))  Ici  j'ai  voulu  simplement  attirer  l'attention  des  Biologistes  sur  la  com- 
plexité d'un  problÚme  important  :  il  suffira,  pour  s'en  convaincre,  de  lire 
le  MĂ©moire  de  Milsiikuri  sur  les  Littorines  et  celui  que  je  viens  de  faire 
paraĂźtre  sur  les  Convoluta.  Au  commencement  du  xx*"  siĂšcle,  il  est  temps 
d'apporter  dans  les  expériences  plus  de  précision  que  ne  le  faisaient 
Trembley  et  Réaumur;  or,  l'élégant  Mémoire  de  Gamble  et  Keeble,  ca- 
pital à  un  autre  point  de  vue  (cellules  vertes),  demeure,  malgré  l'emploi 
de  lumiÚres  monochromatiques,  manifestement  en  arriÚre  (").  « 


PHYSIOLOGIE.  —  Action  de  l'anethol sur  l'organisme.  Note 
de  MM.  E.  Varexxe,  J.  Roussel  et  L.  Godefroy,  présentée  par  M.  Troost. 

«  On  sait  que,  dans  certaines  contrées,  de  grandes  quantités  d'anis  sont 
consommées  comme  condiment,  dans  le  pain,  les  gùteaux  secs  et  différents 
aliments.  Les  confiseurs,  et  surtout  les  distillateurs  en  font  un  usage  con- 
sidérable. Or,  malgré  l'emploi  séculaire  de  l'anis,  quelques  physiologistes 
ont  accusé  l'essence  d'anis  de  provoquer  certains  troubles  organiques; 
mais  il  est  vrai  que  d'autres  ont  toujours  soutenu  son  innocuité. 

»  Récemment,  le  D'' S.  Lalou,  dans  un  travail  important  sur  certaines 
essences  (ThÚse  de  doctorat  es  sciences,  Paris,  igoS)  déclare  qu'il  a  employé 
des  doses  considérables  d'essence  d'anis  et  d'anélhol  sans  pouvoir  obtenir 
chez  le  client  ni  secousses,  ni  attaques.  Des  doses  énormes  n'ont  provoqué 
que  des  phénomÚnes  d'intolérance.  Des  doses  de  3^  par  kilogramme 
d'animal  n'ont  pu  déterminer  aucun  signe  d'intoxication. 

»  Des  essais  prolongĂ©s  depuis  plusieurs  annĂ©es  nous  amĂšnent  Ă   la  mĂȘme 


(')  G.  BoHx,  Des  rayons  N  considérés  comme  /acteur  éthologique  {Comptes 
rendus  de  la  Société  de  Biologie,  26  décembre  igoS). 

(^)  Voir  Nagel,  Bot.  Zeit.,  t.  LIX,  p.  298-299,  et  Bons,  Comptes  rendus  de  la 
Société  de  Biologie,  21  novembre  igoS. 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igoS.  1290 

conclusion  que  celle  du  D'  Laloii  :  l'anĂ©thol  semble  se  refuser  Ă   ĂȘtre 
toxique.  Et  su  constitution  chimique  le  fait  supposer,  a  priori  : 

/CH=CH-CtP 
^  ^  \OCH^ 

On  voit  que  ce  corps  peut  ĂȘtre  antiseptique  par  son  groupe  aromatique  et 
analgésique  par  son  groupe  oxyméthylique.  Et,  en  pratique,  il  est  incon- 
testable que  l'infusion,  l'alcoolat  d'anis,  etc.,  donnent  d'excellents 
résultats  contre  certains  troubles  gastro-intestinaux. 

»  Pendant  plus  de  3  ans,  nous  avons  pu  suivre  une  série  (enlre  autres)  de  douze 
lapins  qui,  tous  les  jours,  absorbaient  dans  leur  nourriture  chacun  une  dose  de  aSs  de 
graine  d'anis.  Ces  animaux  n'ont  jamais  manifesté  le  moindre  malaise;  il  étaient  nor- 
malement gras,  vifs,  d'un  beau  poil,  se  reproduisaient  trÚs  réguliÚrement;  leur  chair 
était  légÚrement  parfumée  et  agréable  à  manger.  D'autres  expériences  faites  sur  une 
autre  série  de  lapins  avec  de  Valcoolat  d'anis  ont  donné  les  résultats  suivants  (dont  il 
faudrait,  si  possible,  Ă©carter  l'action  de  l'alcool  lui-mĂȘme)  : 

»  Examen  du  sang  : 

MĂąle  K.  —  HĂ©maties 7  S/Joooo  Leucocytes 7800 

MĂąle  B.  — ■  »  7825000  »         ......      8200 

»  Les  éléments  sanguins  ne  sont  pas  déformés  et  l'on  compte  seulement  par  milli- 
mĂštre cube  : 

MĂąle  A.  —  HĂ©maties  dĂ©formĂ©es i5o 

MĂąle  B.  —  »  90 

»  Et,  en  somme,  la  formule  leucocytaire  peut  s'écrire  : 

Mile  A.  MĂąle  B. 

Polynucléaires  neutiophiles 74  65 

»  acidophiles o,5  7 

»  basophiles 6  i ,  5 

Mononucléaires 2  3 

Lymphocytes 17  19 

Formes  anormales  ou  indécises fi, h  5,5 

Total  des  éléments  leucocytaii-es 100  100    - 

»  D'autres  evpériences  faites  tout  récemment  suV  une  série  de  six  chiens  ont  donné 
des  rĂ©sultats  analogues.  Nous  donnions  chaque  jour  Ă   chacun  des  chiens  de  i''s  Ăč  S"*? 
d'anéthol,  puis  ensuite,  comparativement,  d'essence  d'anis  par  kilogramme  d'animal. 
Cette  expérience  a  duré  du  6  octobre  au  20  novembre  igoS.  Il  ne  s'est  produit  aucun 
trouble  chez  les  animaux;  au  contraire,  et  l'un  d'eux  surtout,  venu  en  fort  mauvais  Ă©tat 
de  la  fourriÚre,  s'est  trÚs  rapidement  guéri  d'une  gastro  entérite.  L'administration  du 


1296  ACADÉMIE   DES   SCIENCES. 

produit  étail  des  plus  faciles  :  ranéliiol  uu  Tessence  d'anis  élaienl  broyés  dans  un 
mortier  avec  du  sucre  et  le  produit  était  ajouté  à  la  pùtée  de  chaque  chien;  l'absor- 
ption était  réguliÚrement  complÚte. 

»  Enfin,  nous  avons  essayĂ©  sur  nous-mĂȘmes  l'action  de  l'anĂ©thol  Ă   la  dose  de  os,5o 
et  is  par  24  heures.  AprÚs  un  mois  d'essais,  nous  n'avons  rien  constaté  de  particulier. 
L'essence  d'anis  s'Ă©limine  rapidement  par  les  poumons  et  par  l'urine;  celte  Ă©limina- 
tion commence  de  10  Ă   i5  minutes  aprĂšs  l'absorption. 

»  A.  ce  propos,  nous  pensons  avoir  trouvé  un  réactif  intéressant  permettant  de 
caractĂ©riser  l'anĂ©thol.  On  verse  dans  un  tube  Ă   essais  2"""  Ă   3''ℱ'  d'acide  acĂ©tique  cristal- 
lisable,  puis  3""'  du  liquide  dans  lequel  on  recherche  l'anéthol,  puis  S""'  d'acide  chlor- 
hydrique  fumant.  On  chauffe;  s'il  y  a  de  l'anéthol,  il  se  développe  une  belle  couleur 
verte.  Dans  ces  mĂȘmes  conditions,  l'eslragol  donne  une  coloration  amĂ©thyste,  et  le 
mélange  d'anéthol  et  d'estragol  donne  une  coloration  lie  de  vin  foncée.  Nous  revien- 
drons sur  celte  réaction  importante  pour  la  recherclie  de  l'anéthol;  mais  nous  ne 
pouvons  développer  davantage  ici  ce  résumé  d'observations  accumulées  depuis  plu- 
sieurs années  et  que  nous  espérons  poursuivre  grùce  à  l'obligeance  de  M.  le  D'^  Moussu, 
professeur  de  Pathologie  à  l'École  d'Alfort. 

»  Quant  à  présent,  nous  concluons  :  les  essences  d'anis  (Albi,  Alicanle, 
Tours,  Russie)  ne  sont  pas  toxiques;  l'anéthol  n'est  pas  toxique  et  il  est 
mĂȘme  probable  que,  sous  diffĂ©rentes  formes  mĂ©dicamenteuses,  il  prendra 
rang  dans  la  Thérapeutique.  » 


PHYSIOLOGIE.  —   De  l'actio/i  du  radium  sur  les  diffĂ©renls  tissus. 
Note  de  RI.  J.  Daxysz,  présentée  par  M.  Roux. 

«  Une  premiÚre  série  d'expériences  dont  nous  avons  relaté  les  résultats 
dans  une  Note  présentée  ici,  le  16  février  de  cette  année,  nous  ont  permis 
de  constater,  entre  autres  choses,  que,  de  tous  les  tissus  d'un  animal,  c'est 
l'Ă©piderme  et  le  tissu  nerveux  qui  sont  relativement  les  plus  sensibles  Ă  
l'action  des  rayons  du  radium.  De  nouvelles  recherches  nous  ont  permis  de 
préciser  un  peu  les  rapports  entre  les  quantités  de  radium  employé,  la 
pureté  des  composés  radioactifs,  les  temps  d'exposition,  d'une  part,  et, 
d'autre  part,  les  effets  produits. 

»  Nous  nous  sommes  servi  cette  fois  d'un  échantillon  de  bromure  de 
radium  pur  de  5o"k  (échantillon  n°  4)  et  d'un  autre  échantillon  d'un 
composĂ©  Ă   parties  Ă©gales  de  chlorure  de  radium  et  de  baryum  de  23ℹ» 
(échantillon  n°  .'5)  et  nous  avons  fait  agir  ces  deux  sels  parallÚlement  sur 
de  petits  animaux,  Ă   distance. 

»  On  enfermait  des  souris  dans  de  petites  cages  en  bois  de  S*^'"  de  haut  sur  ic^""  de 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    IQoS.  1297 

large  eL  6=""  de  profondeur  et  l'on  plaçait  le  radium  sur  la  cage,  sur  une  planchelle 
munie   d'une   ouverture,   de  façon  que  les   rayons  n'avaient  pas  de   bois  à  traverser. 

»  Le  radium  a  été  maintenu  en  place  pendant  !\,  8,  i4,  24  et  4^  lieures  et  pendant 
10  et  20  jours. 

»  L'exposition  de  4  et  de  S  heures  aux  rayons  des  échantillons  n"*  3  et  k  n'a  produit 
aucun  effet  appréciable. 

»  L'exposition  de  i4  heures  aux  rayons  du  n°  3  n'a  produit  aucun  elTet  ;  l'exposition 
aux  rayons  du  n"  4  a  produit,  20  jours  aprÚs,  une  alopécie  et  une  dermite  assez  grave 
sur  la  tÚte  et  sur  le  dos.  Bien  que  la  dermite  ne  soit  pas  encore  complÚtement  guérie 
(aprÚs  6  mois),  la  souris  se  porte  bien.  A  la  place  du  poil  gris  il  a  repoussé  du  poil 
blanc. 

»  L'exposition  de  24  heures  aux  rayons  du  n°  3  a  produit  au  bout  de  21  jours  une 
légÚre  alopécie,  sans  dermite,  sur  la  tÚte  et  le  cou;  l'exposition  aux  rayons  du  n°  4 
a  provoqué  une  alopécie  au  bout  de  16  jours,  une  congestion  étendue  de  la  peau  de  la 
tĂšte  et  du  dos  aprĂšs  21  jours  et  la  mort  au  bout  de  82  jours. 

»  L'exposition  de  48  heures  aux  rayons  du  n"  3  a  produit  l'alopécie  et  la  dermite 
aprĂšs  17  jours,  une  ])aralysie  des  membres  et  la  mort  aprĂšs  44  jours. 

»  L'exposition  de  48  heures  aux  rayons  du  n"  4  de  deux  souris  adultes  a  produit 
aprĂšs  i5  jours  une  congestion  profonde  de  la  peau,  une  paralysie  des  membres  et  la 
mort  aprĂšs  22  jours.  La  mĂȘme  expĂ©rience  rĂ©pĂ©tĂ©e  sur  6  petites  souris  de  i  mois,  pla- 
cĂ©es dans  la  mĂȘme  cage  avec  leur  mĂšre  dans  un  nid  de  ouate,  a  produit  une  chute  de 
poils  complÚte  sur  le  dos  et  les  lianes  déjà  aprÚs  4  jours  (du  commencement  de  l'expé- 
rience) et  a  amené  la  mort  par  cachexie  de  tous  ces  petits  animaux  aprÚs  10  jours, 
sans  qu'il  y  ait  eu  congestion  de  la  peau.  La  mÚre  est  morte  paralysée  aprÚs  28  jours. 

»  Enfin,  il  a  fallu  20  jours  d'une  exposition  ininterrompue  aux  rayons  du  n"  3  pour 
amener  la  paralysie  et  la  mort  de  deux  souris,  avec  congestion  de  la  peau  et  10  jours 
d'une  exposition  ininterrompue  aux  rayons  du  n'^  4  pour  paralyser  et  tuer  deux  souris 
sans  alopécie  et  sans  congestion  appréciable  de  la  peau. 

»  Dans  ce  dernier  cas,  la  peau  était  ramollie,  comme  bouillie;  elle  se  déchirait  à  la 
moindre  traction.  J'ai  constatĂ©,  en  outre,  que  25ℱ5  de  bromure  de  radium  pur  pro- 
duisent sensiblement  les  mĂȘmes  effets  que  5oℱs  du  mĂȘme  sel. 

»  La  gravité  des  atteintes  auginenle  donc  avec  la  pttreté  du  produit  et  le 
temps  de  l'exposition. 

M  L'examen  microscopique  des  lésions  produites  sur  le  systÚme  nerveux 
cérébral  dans  les  cas  de  paralysie  et  de  mort  rapides  provoquées  par  l'appli- 
nalion  du  radium  sur  la  colonne  vertébrale  ou  sur  le  cerveau,  aprÚs  trépa- 
nation, a  relevé  surtout  des  troubles  vasculaires. 

))  Sur  des  coupes  de  cerveau  et  de  moelle  que  M.  Manouélian  a  bien 
voulu  préparer  pour  nous,  on  trouve  les  capillaires  rompus  et  la  substance 
nerveuse  noyée  dans  du  sang.  Les  cellules  nerveuses  ne  présentent  aucune 
altération  appréciable.  La  paralysie  et  la  mort  de  l'animal  semblent  résulter, 
dans  ce  cas,  d'un  processus  hémorragique  intense. 


1298  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

1)  Mais,  si  ces  lésions  sont  le  plus  apparentes,  on  ne  peut  pas  en  conclure 
que  l'action  des  rayons  du  radium  porte  uniquement  sur  les  vasomoteurs  et 
les  capillaires.  Dans  les  cas  de  mort  en  10  Ă   12  jours,  il  y  a  paralysie  ou 
cachexie  et  ramollissement  de  la  peau  sans  congestion  appréciable;  il  est 
donc  évident  qu'il  y  a  aussi  une  action  directe  sur  les  cellules  épithéliales 
et  nerveuses. 

»  Les  expériences  précitées  nous  montrent  aussi  que  les  tissus,  et  notam- 
ment les  épithéliumsdes  jeunes  animaux,  sont  beaucoup  plus  sensibles  que 
les  tissus  des  adultes,  ce  qui  revient  Ă   dire  que  les  jeunes  cellules  sont  plus 
sensibles  que  les  cellules  ùgées. 

»  Ce  fait  est  important  à  noter  parce  qu'il  expliquerait  l'action  en 
quelque  sorte  spécifique  des  rayons  du  radium  sur  les  néoplasmes  qui 
peuvent  ĂȘtre  atteints  et  profondĂ©ment  modifiĂ©s  Ă   travers  la  peau  et  une 
couche  de  muscles  et  sans  que  ces  derniers  tissus  soient  attaqués  d'une 
façon  appréciable. 

»  Pour  trouver  quelques  indications  sur  la  nature  de  l'action  nécrotique 
des  rayons  du  radium,  nous  avons  fait  agir  le  tube  u°  3  et  les  émanations 
de  quelques  milligrammes  de  bromure  de  radium  pur  in  vitro  sur  une  série 
de  diastases,  de  sérums  et  de  produits  microbiens  actifs. 

))  Je  me  bornerai  à  noter,  pour  le  moment,  qu'un  sérum  hémolytique 
de  chien  perd  complÚtement  ses  propriétés  hémolysantes  aprÚs  un  contact 
de  3  jours  avec  le  tube  n°  3,  tandis  que  l'activité  de  la  trypsine  avait  été 
sensiblement  augmentée  par  suite  d'une  exposition  aux  émanations 
pendant  i4  heures.  L'action  du  tube  n°  3  sur  les  produits  microbiens  tels 
que  la  toxine  diphtérique  et  la  diastase  protéolytique  du  charbon,  ainsi  que 
surla'ricine  s'est  montrĂ©e  Ă   peu  prĂšs  nulle,  mĂȘme  aprĂšs  une  exposition 
prolongée.    » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.    —  Sur  une  cunsĂ©cjuence  de  la  JĂ©condaliun  croisĂ©e. 
Note  de  M.  Leclekc  du  Sablon,  présentée  par  M.  Gaston  Bonnier. 

«  Les  expériences  sur  l'hybridation  et  la  fécondation  croisée  ont  ordi- 
nairement pour  but  d'étudier  les  caractÚres  de  la  plante  résultant  de  la 
fécondation^ d'une  oosphÚre  par  du  pollen  appartenant  à  une  autre  espÚce 
du  mĂȘme  genre  ou  Ă   une  autre  race  de  la  mĂȘme  espĂšce.  Je  me  suis  proposĂ© 
seulement  de  rechercher  les  modifications  qui  pouvaient  ĂȘtre  produites 
sur  une  plante,   notamment  sur  le  péricarpe,  à  la  suite  de  la  fécondation 


SÉANCE    DU    28    DÉCEMBRE    ipo.S,  1 299 

de  l'oosphÚre  par  un  pollen  étranger.  On  avait  déjà  remnrqné  que  des 
cépages  de  Vignes  à  raisins  blancs,  fécondés  par  du  pollen  appartenant  à 
une  variété  à  raisins  noirs,  pouvaient  produire  des  grains  colorés;  c'est 
aussi  une  opinion  répandue  que  les  Melons  cultivés  dans  le  voisinage  des 
Concombres  perdent  de  leurs  qualités.  J'ai  recherché  par  des  expériences 
précises  dans  quelle  mesure  la  fécondation  croisée  modifiait  la  composi- 
tion chimique  des  fruits. 

»  J'ai  d'abord  opéré  sur  des  Melons  {Cticumis  Melo)  et  des  Concombres  (Cucumis 
salĂč'us).  J'ai  dosĂ©  le  sucre  et  les  matiĂšres  amylacĂ©es  dans  le  pĂ©ricarpe  :  1°  d'un 
Melon  fécondé  par  du  pollen  de  Melon;  2°  d'un  Melon  fécondé  par  du  pollen  de 
Concombre;  3°  d'un  Concombre  fécondé  par  du  pollen  de  Melon;  4°  d'un  Concombre 
fécondé  par  du  pollen  de  Concombre.  J'ai  obtenu  les  résultats  suivants  : 

MatiĂšres 

Sucres  amylacées  Total 

pour  100.  pour  100.  pour  100. 

Melon  X  Melon 24,3  11,0  35,3 

Melon  X  Concombre 5,8  10,8  16,6 

Concombre  X  Melon i,3  8,4  9,7 

Concombre  X  Concombre 1,1  9,5  10,6 

»  Les  chiflTres  portés  à  ce  Tableau  représentent  la  proportion  de  matiÚre  dosée  rap- 
portée à  100  parties  de  matiÚre  desséchée.  Les  fruits  ont  été  cueillis  et  analysés  au 
moment  de  leur  maturité  apparente.  Les  caractÚres  extérieurs  du  péricarpe  n'ont  pas 
été  modifiés  par  la  fécondation  croisée,  mais  le  Melon  fécondé  par  du  pollen  de 
Concombre  n'avait  pas  le  goût  sucré  ordinaire  des  Melons.  Le  résultat  de  l'analyse 
montre  que  l'influence  du  pollen  de  Concombre  a  diminué  la  proportion  de  sucre 
d'une  maniÚre  considérable.  Par  contre,  le  pollen  de  Melon  n'a  pas  provoqué  la  for- 
mation de  sucre  dans  le  Concombre. 

»  D'autres  expériences  ont  porté  sur  deux  races  de  Cucurbita  Pepo  :  la  Courge 
olive  et  la  Courge  à  la  moelle,  cultivées  dans  des  conditions  identiques.  En  opérant 
comme  sur  le  Melon  et  le  Concombre,  j'ai  obtenu  : 

MatiĂšres 
Sucres.  amylacées.  Total. 

Courge  olive  X  C.  olive 10, 3  43,  i  53,4 

Courge  olive  x  C.  Ă   la  moelle '3,4  24,9  38,3 

Cour  ge  Ă   lamoellexC.  olive 3,6  21,8  25,4 

Courge  Ă   la  moelle  X  C.  Ă   la  moelle. .  .  6,7  3o,4  37,1 

»  Comme  pour  les  Melons  et  les  Concombres,  l'apparence  extérieure  du  fruit  n'est 
pas  modifiée  par  l'influence  du  pollen  étranger;  mais  la  somme  des  matiÚres  de 
réserves  hydrocarbonées  est  diminuée.  Il  est  à  remarquer  que,  bien  que  la  Courge 
olive  renferme  plus  de  réserves  que  la  Courge  à  la  moelle,  l'influence  du  pollen  de  la 
Courge  olive  diminue  les  réserves  de  la  Courge  à  la  moelle. 


l3oo  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  Il  résulte  de  ces  expériences  que  le  pollen  étranger  modifie  non  seule- 
ment, comme  on  le  sait,  les  caractĂšres  de  la  plantule,  mats  encore  ceux 
du  péricarpe,  sur  lequel  il  n'agit  pas  directement.  D'ailleurs,  il  ne  semble 
pas  que  le  pollen  d'une  premiĂšre  plante  agissant  sur  le  pistil  d'une  seconde 
plante  communique  toujours  au  péricarpe  de  cette  seconde  plante  les 
caractÚres  du  péricarpe  de  la  premiÚre;  il  y  a  seulement  modification  des 
caractÚres  et,  dans  les  cas  que  j'ai  observés,  modification  désavantageuse 
par  suite  de  la  diminution  des  réserves.  En  multipliant  les  expériences, 
on  obtiendrait  vraisemblablement  des  modifications  dans  des  sens  trĂšs 
divers. 

»  Comme  application  pratique,  on  ne  doit  donc  pas,  conformément 
d'ailleurs  à  une  opinion  répandue  parmi  les  jardiniers,  cultiver  dans  le 
voisinage  les  unes  des  autres  des  Cucurbitacées  différentes,  mais  appar- 
tenant au  mĂȘme  genre  et  pouvant  s'hybrider.  De  plus,  le  fait  que  l'Ă©lĂ©ment 
mĂąle  peut  Ă©tendre  son  influence  non  seulement  sur  le  produit  de  la 
fécondation,  mais  sur  certaines  parties  de  l'organisme  maternel,  pourrait, 
s'il  était  étendu  aux  animaux,  avoir  une  certaine  portée.   » 


BOTANIQUE.   —   Sur  un   hybride  vrai  de  chasselas  par   vigne   vierge 
(Ampélopsis  hederacea).  Note  de  M.  Grille. 

«  On  sait  que  Millardet  avait  tenté  l'hybridation  de  la  vigne  par 
la  vigne  vierge.  En  novembre  1901,  il  rendait  compte  de  ses  expé- 
riences :  il  avait  obtenu  environ  cinquante  plantes  en  tout  semblables  aux 
vignes  françaises  qui  leur  avaient  servi  de  mÚre.  La  vigne  vierge  n'avait 
laissé  aucune  trace  de  sa  paternité.  Il  appela  cette  hybridation  au  résultat 
négatif /a«i5e  hybridation,  ou  hybridation  sans  croisement  des  caractÚres. 

»  En  1901  et  1902.  je  rĂ©alisai  moi-mĂȘme  cette  expĂ©rience,  en  hybridant 
le  chasselas  par  le  pollen  de  la  vigne  vierge.  Sur  les  six  plantes  obtenues, 
il  se  trouva  cinq  faux  hybrides,  mais  la  sixiÚme  se  révéla  un  véritable 
hybride. 

»  Elle  porlait  au-dessus  des  coljlédous  quatre  trÚs  petites  feuilles  linéaires,  puis 
deu\  feuilles  aiiondies,  une  feuljle  lancéolée  parfaitement  réguliÚre,  une  autre  feuille 
lancéolée  portant  à  gauche  un  petit  éperon  (ces  quatre  derniÚres  feuilles  étaient  por- 
tées sur  de  larges  pétioles);  puis  quatre  feuilles  irréguliÚres  se  rapprochant  de  celles 
de  la  vigne,  tout  en  ayant  tendance  à  la  forme  hastée;  enfin  deux  autres  feuilles  se 
rapprochant  aussi  de  celles  de  la  vigne  et  ayant  une  forme  à  peu  prÚs  réguliÚre. 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  IQoS.  i3oi 

))  En  dehors  de  la  diversité  de  leurs  formes,  ces  feuilles  avaient  nue  teiiile  et,  un 
aspect  spécial  trÚs  différents  de  ceux  des  autres  vignes;  elles  étaient  de  types  variés 
et  fantaisistes,  de  telle  sorte  qu'il  Ă©tait  impossible  de  les  confondre  ni  avec  celles  du 
chasselas,  ni  avec  celles  de  la  vigne  vierge.  Elles  avaient  notamment,  dĂšs  leur  premier 
développement,  une  teinte  vert  olive  qui  les  distini;uait  nettement  des  feuilles  de  chas- 
selas dont  la  teinte  rougeùtre  est  trÚs  accentuée. 

»  Celte  vigne,  dont  la  croissance  a  Ă©tĂ©  extrĂȘmement  lente,  ne  pourra 
sans  doute  pas  survivre  Ă   l'hiver,  mais  son  existence  a  suffi  Ă   prouver  la 
possibilité  d'obtenir  de  véritables  hybrides  de  vigne  et  de  vigne  vierge.   » 


PHYSIOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  le  rîle  de  Voxalale  de  calcium  dans  la 
nutrilion  des  végétaux.  Note  de  M.  Amah,  présentée  par  M.  Gaston 
Bonnier. 

«  Dans  une  Note  précédente  (  '  )  j'ai  indiqué  comment,  par  l'observation 
et  l'expérimentation,  j'avais  été  autorisé  à  considérer  les  cristaux  d'oxalate 
de  calcium  comme  un  produit  d'excrétion  et  la  possibilité  d'obtenir  des 
plantes  entiÚrement  dépourvues  de  ces  cristaux. 

»  La  question  se  posait  alors  de  savoir  quelle  était  la  raison  utile  de  la 
formation  des  cristaux,  que!  en  Ă©tait  le  rĂŽle. 

»  A  cet  effet,  j'ai  cultivé  différentes  espÚces  de  plantes  appartenant  à 
des  familles  variées,  dans  une  solution  nutritive  mÚre  contenant  des  pro- 
portions graduées  de  nitrate  de  chaux,  variant  de  08,01  à  o^-^So  pour  1000. 

»  La  formule  de  la  solution  mÚre  était  la  suivante  :  eau  distillée,  looo»; 
nitrate  d'ammoniaque,  o^',4oo;  sulfate  de  magnésie,  o^,  200 ;  phos|)hate  de 
potassium,  0^,400;  azotate  de  potassium,  os,25o;  sesquioxyde  de  fer, 
traces. 

»  Mes  expériences  ont  porté  sur  le  Sarrasin,  le  Ricin,  Lychnis  dioïca,  Lychni 
Githago  à  partir  de  la  graine;  Ficus  Carka  e.\.)iÚ^on\a.  cultivés  par  boutures.  J'ai  fait 
neuf  lots  de  graines  ou  boutures  de  chaque  espĂšce,  cultivant  le  premier  lot  dans  la 
solution  mĂšre  dĂ©pourvue  de  produit  calcique,  les  huit  autres  lots,  dans  cette  mĂȘme 
solution,  contenant  : 

Pour  le   deuxiĂšme   lot....        0,01    de  nitrate  de  chaux 

Pour  le  troisiÚme  lot o,03  » 

Pour  le  quatriÚme  lot.  .  .  .        o,o5  » 

(  ')  Comptes  rendus,  6  avril  igoS. 

G.  h.,  1903,  2«  Semestre.  (T.  C\XXVII,  N°  26.)  '7" 


l302 


ACADEMIE    DES    SCIENCES. 


Pour  le  cinquiĂšme  loi. ...  o,  lo  de  nitrale  de  cliuuik. 

Pour  le  sixiÚme  lot o,i5  » 

Pour  le  septiÚme  loi 0,20  » 

Pour  le  luiitiÚme  lot o,3o  » 

Pour  le  neuviÚuis  loi o,5o  » 

»  Lorsque  ces  plantes  ont  acquis  un  développement  suffisant,  j'en  ai  étudié  et  com- 
paré pour  chaque  espÚce  l'assimilation  résultante  cl  voici  les  chiffres  que  j'ai  obtenus, 
indiquant  la  quantité  de  CO-  décomposé  par  unité  de  surface  (  i"^'"'  )  : 


Lychnis  Gitliago. 

5  août  igoS. 
Soleil. 

TempératuTC  :  22°. 
Durée  de  l'expérience  :  26  minutct. 


Premier  lot .  . . 
DeuxiĂšme  loi. 
TroisiĂšme  lot. . 
QuatriĂšme  lot . 
CinquiĂšme  lot  , 
SixiĂšme  lot. .  .  . 
SeptiĂšme  lot. .  . 
HuitiĂšme  lot  .  . 


o , o48o 
o,o53i 
o,o538 
o,o566 
0,0681 
o,o65i 
0,0699 
0,0677 


NauviÚme  lot les  sujets  ont  péri. 


Lychnis  dioica. 

9  août  1900. 
Soleil. 

Température  :  21°. 
Durée  :  20  minutes. 

Premier  lot 0,0122 

DeuxiĂšme  lot 0,0263 

TroisiĂšme  lot 0,0276 

QuatriĂšme  loi o,o3i2 

CinquiĂšme  lot o,o4oo 

Si>LiĂšme  lot o,o45o 

SeptiĂšme  lot o,o46i 

HuitiĂšme  loi 0,0457 

NeuviĂšme  lot 0,0472 


»  Les  résultats  obtenus  pour  le  Sarrasin,  le  Ricin,  Bégonia  et  Ficus  Carica  oui  été 
Ă   peu  prĂšs  du  mĂȘme  sens,  avec  cette  particularitĂ©  cependant  que,  pour  le  Ricin,  malgrĂ© 
le  renouvellement  fréquent  des  expériences,  les  sujets  des  quatre  premiers  lots  se  sont 
arrĂȘtĂ©s  de  bonne  heure  dans  leur  dĂ©veloppement  aprĂšs  l'apparilion  des  premiĂšres 
vraies  feuilles;  et  pour  le  Bégonia,  la  respiration  semble  l'avoir  remporté  sur  l'assimi- 
lation pour  les  Ijoutures  des  trois  premiers  lots. 

»  Ces  chiflVes  indiquent  nettement  une  assimilation  dont  l'intensité  est  d'autant 
plus  grande  que  la  proportion  de  nitrate  de  chaux  ajoutée  à  la  solution  mÚre  est  plus 
grande  et  ce,  jusqu'à  un  certain  point,  variable  suivant  l'espÚce  étudiée  et  à  partir 
duquel  l'activité  de  cette  assimilation  se  maintient  à  peu  prÚs  constante  pour  des  pro- 
portions plus  grandes  de  ce  sel. 

»  11  semble  donc  résulter  tout  d'abord  que  la  cliaux,  sous  forme  de  nitrate  et  tout 
au  moins  pour  les  plantes  étudiées,  est  nésessaire  dans  une  proportion  minima  (vaiiable 
suivant  les  espĂšces)  au  bon  fonctionnement  physiologique  de  la  plante. 

»  L'étude  histologique  des  plantes  expérimentées  montre  que  les  cristaux  d'oxalale 
de  calcium  ne  font  leur  premiÚre  apparition  que  dans  les  feuilles  de  sujets  développés 
Ă   la  faveur  de  solution  nutritive  contenant  une  certaine  proportion  minima  {variable 
encore  suivant  l'espÚce  étudiée)  de  nitrate  de  chaux. 


SÉANCE    DU    28    UÉCEMBUE    igoS.  ' 3o3 

»  Assez  rares  tout  d'abord,  ces  cristaux  deviennent  de  plus  en  plus  nombreux  à 
mesure  que  la  proportion  de  ce  sel  augmente. 

„  Par  exemple  chez  Lychrus  Gillmgo,  ce  n'est  que  dans  les  feuilles  des  sujets  du 
quatriÚme  lot  (oe,o5  pour  100  de  nitrate  de  chaux)  qu'est  décelée  la  présence  de 
quelques  rares  cristaux.  Sans  ĂȘtre  abondants,  ces  cristaux  sont  plus  nombreux  dans  les 
feuilles  des  sujets  du  cinquiÚme  lot,  et  tandis  que  L'intensité  du  phénomÚne  assimila- 
toire  demeure  Ă   peu  prĂšs  constant  dans  chacun  des  lots  suivants,  ces  cristaux  y 
deviennent  de  plus  en  plus  nombreux. 

»  Ces  expériences  et  ces  observations  permettent  les  conclusions  sui- 
vantes : 

»  La  chaux  (sous  forme  de  nitrate)  nécessaire  à  la  constitution  et  par 
suite  au  bon  fonctionnement  physiologique  de  la  plante,  est  entiĂšrement 
assimilée  jusqu'à  une  certaine  proportion,  variable  avec  l'espÚce  ;  au-dessus 
de  cette  proportion  elle  est  éliminée  sous  la  forme  de  cristaux  d'oxalate  de 
calcium,  comme  étant  inutile.  Il  semble  résulter  par  suite  que,  contraire- 
ment Ă   ce  que  pensent  certains  auteurs  tels  que  BĂŽhni,  Schimper  et  Groom, 
la  formation  de  l'oxalate  de  chaux  aurait  pour  but  l'élimination  d«  la  chaux 
superflue,  plutÎt  que  l'élimination  de  l'acide  oxalique.  » 

PATHOLOGIE  VÉGÉTALE.  —  Sur  la  Nielle  des  feuilles  de  tabac. 
Note  de  M.  H.  Bouygues,  présentée  par  M.   Gaston  Bonnier. 

«  Pendant  les  vacances  de  1903,  il  m'a  été  permis  de  me  rendre  compte 
de  l'importance  des  dégùts  que  la  Nielle  occasionne  dans  les  plantations  de 
tabac  de  la  vallée  du  Lot.  Cette  année  du  reste  a  été  particuliÚrement  favo- 
rable au  développement  de  la  maladie.  J'ai  visité  de  nombreux  champs  de 
tabac  appartenant  Ă   34  communes  des  cantons  de  Puy-l'ÉvĂȘque,  Catus, 
Luzech,  Cahors,  etc.  Partout,  j'ai  trouvé,  à  des  degrés  différents,  il  est  vrai, 
mais  toujours  sensibles,  les  atteintes  du  mal.  Certains  champs,  et  ils  Ă©taient 
les  plus  rares,  n'avaient  que  quelques  plants  atteints  par  la  maladie.  Pour 
d'autres,  et  c'était  la  majorité,  la  proportion  des  plants  malades  aux  plants 
sains  variait  de  ^  Ă   4. 

»  Enfin,  pour  d'autres  champs,  le  nombre  des  plants  avariés  atteignait 
les  ~  de  la  récolte. 

»  Ces  observations,  prises  un  peu  partout,  m'ont  permis  d'établir  la 
moyenne  approchée  des  pieds  contaminés  (').  Elle  s'élÚve  pour  l'arrondis- 
sement de  Cahors  seul  aux  |  de  la  récolte  totale  de  igoS. 

('  )  Je  ne  dis  pas  détruits. 


l'^o'l  ACADÉMIE    DES   SCIENCES. 

»  La  perle  est,  de  ce  fait,  considérable.  En  effet  :  les  tabacs  niellés  sont 
classĂ©s  comme  tabacs  de  qualitĂ©  infĂ©rieure  ou  mĂȘme  comme  tabacs  non 
marchands.  On  jjeut  dÚs  lors  juger  quel  a  été  le  degré  de  perle  subie  par 
bon  nombre  de  cultivateurs  en  cette  année  de  igoB. 

»  C'est  à  la  suite  de  pareilles  constatations  que  j'ai  décidé  de  reprendre 
l'Ă©tude  de  cette  maladie,  dont  l'Ă©volution  est  encore  mal  connue  et  dont 
la  nature  se  prĂȘte  Ă   des  opinions  diffĂ©rentes. 

»  La  Nielle  {^)  ou  rouille  blanche  ou  maladie  mosaïque  [Blaltfleclienkranl^lieil  {-) 
ou  Mosaïklvranlvlieil  {^)]  se  présente  sous  la  forme  de  macules  desséchées,  de  couleur 
blanc  jaunĂątre  intĂ©ressant  les  deux  faces  du  limbe.  Ces  taches  peuvent  ĂȘtre  dissĂ©minĂ©es 
ou  rapprochées.  Dans  ce  cas  elles  s'unissent  entre  elles  et  dessinent,  sur  le  limbe,  une 
figure  dont  les  contours  sinueux,  enclavent,  çà  et  là,  des  portions  du  parenchyme 
vert.  L'ensemble  rappelle  de  loin  une  mosaĂŻque  :  d'oĂč  le  nom  de  Mosaikkiankheit 
par  lequel  les  Allemands  désignent  cette  maladie. 

»  La  section  transverse  de  la  feuille,  quand  elle  traverse  une  macule,  montre  un 
aspect  biconcave  dû  à  un  amincissement  considérable.  Son  élude  anatomique  révÚle 
l'affaissement  complet  des  cellules  Ă©pidermiques.  des  faces  du  limbe,  des  parenchymes 
palissadique  et  lacuneux  et  la  disparition  presque  totale  du  contenu  cellulaire.  De 
plus,  il  existe  autour  de  la  tache  un  périderme  local  s'établissant  aux  dépens  des 
cellules  vivantes  voisines  des  tissus  mortifiés. 

»  Ce  périderme,  dont  les  éléments  cellulaires  sont  subéro-lignifiés,  délimite  le  con- 
tour de  la  macule,  c'est-Ă -dire  le  fojer  d'infection. 

»  L'évolution  de  la  maladie  mosaïque  débute  toujours  par  la  face  supérieure  du 
limbe.  Çà  et  lĂ   la  coloration  verte  s'attĂ©nue  et  passe  au  jaune  verdĂ tre.  Ce  commence- 
ment de  chlorose  est  accompagné  du  flétrissement  et  de  l'aff'aissement  du  tissu  épider- 
mique  correspondant.  11  en  résulte  la  formation  de  cupules  le  plus  souvent  puncti- 
formes.  Peu  Ă   peu  le  diamĂštre  de  ces  cupules  augmente,  ce  qui  leur  permet  de  se 
fusionner  si  elles  sont  nées  trÚs  rapprochées;  leur  concavité  se  creuse  de  plus  en  plus 
par  suite  de  la  mortification  et  de  l'alTaissemeat  progressifs  des  parenchymes  palissa- 
diques  et  lacuneux;  l'épiderme  de  la  face  inférieure  se  flétrit  et  s'affaisse  à  son  tour; 
enfin  la  dessiccation  des  tissus  mortifiés  se  produisant,  la  tache  apparaßt  sous  la  forme 
d'une  macule  biconcave  de  couleur  blanc  jaunĂątre.  Devenues  trĂšs  friables,  les  macules 
peuvent  ĂȘtre  emportĂ©es  par  le  vent,  ou  bien,  lors  de  la  rĂ©colte,  tomber  dans  le  sĂ©choir, 
ou  se  détacher  du  limbe  au  moment  de  la  mise  en  manoque.  Les  feuilles  sont  alors 
criblées  de  perforations  nombreuses  qui  leur  enlÚvent  toute  valeur  marchande. 


(')  Ed.  Prillieux,  Maladies  des  plantes  agricoles,  t.  L 

(2)  W.  Beuerinck,  Ueber  ein  Contagium  vivum  fluidum  als  Vrsaciie  der  Flecken- 
krankheit  der  TabaksblĂ ller  (  Verhandelingen  der  koninklijke  Akademie  van 
Welenschappen  te  Amsterdam,  1898,  p.  i). 

(^)  IwANOWSKi,  Ueber  die  MosaĂŻkkrankheil  der  Tabakspjlanze  {Botanisches  Cen- 
tralblatt,  n"  ki,  1908,  p.  4o). 


ÇÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igoS.  t3o5 

»  I/époqiie  de  l'apparition  des  premiers  signes  distinctifs  de  la  Nielle 
n'est  pas  fixe.  I.a  période  de  manifestation  peut  s'étendre  depuis  le  moment 
oĂč  les  plants  sont  encore  en  nourrice  sur  la  couche  chaude  et  ont  atteint 
en  hauteur  de  4'^°'  à  6"",  jusqu'à  l'époque  de  la  véraison.  Toutefois  l'appa- 
rition des  premiers  symptĂŽmes  de  la  maladie,  un  mois  aprĂšs  la  transplan- 
tation des  jeunes  plants,  est  le  cas  le  plus  fréquemment  réalisé.  Des  pluies 
fines,  mĂȘme  trĂšs  lĂ©gĂšres,  favorisent  la  manifestation  de  la  maladie.  Des 
chaleurs  persistantes  enrayent,  au  contraire,  son  développement. 

»  L'infection  d'un  champ  de  tabac  formé  de  plants  provenant  d'un 
mĂȘme  semis  peut  ĂȘtre  gĂ©nĂ©rale  ou  partielle  :  parfois  avec  de  grands  Ă©carts. 
Dans  plusieurs  cas,  je  n'ai  trouvé  qu'un  seul  plant  absolument  sain  sur 
5oo  plants;  ailleurs,  au  contraire,  80  plantes  saines  contre  20  malades. 

»  Les  plants  de  tabac,  dépourvus  des  caractÚres  de  la  maladie  de  3o  à 
60  jours  aprÚs  l'époque  de  la  transplantation,  se  conservent  généralement 
indemnes  jusqu'Ă   la  livraison,  mĂȘme  s'ils  sont  entourĂ©s  par  des  individus 
contaminés. 

»  Quant  Ă   la  nature  mĂȘme  de  la  maladie,  les  recherches  personnelles 
auxquelles  je  me  suis  livré  à  ce  sujet  m'amÚnent  à  lui  attribuer,  avec 
MM.  Prillieux  (')  et  Iwanowski  (-),  une  origine  bactérienne  :  opinion 
opposée  à  celle  de  M.  Beijerinck  (^),  qui  attribue  la  maladie  à  l'existence 
d'un  Contagium  vivum  Jluidurn  à  l'intérieur  de  la  plante. 

»  Les  recherches  que  je  poursuis  me  font  espérer  qu'il  sera  possible  de 
lutter  avec  succÚs  contre  cette  maladie  redoutable  dont  les  dégùts  peuvent 
se  chiffrer  par  des  sommes  importantes  pour  les  planteurs  de  tabac.  » 


GÉOLOGIE.  —  Sur  le  glaciaire  de  la  Garonne.  Note  de  M.  L.-A.  Fabre, 
présentée  par  y\.  de  Lapparent. 

«  Les  vallées  pyrénéennes  prémonlagneuses  du  Job,  de  l'Ourse  et  de 
Nistos  s'orientent  presque  parallÚlement  à  la  basse  vallée  montagneuse  de 
la  Garonne  qu'elles  avoisinent.  Elles  débouchent  non  loin  du  fleuve,  soit 
dans  la  haute  vallée  de  plaine,  soit  dans  la  Neste-Garonne.  Aucune  de  ces 
vallées  secondaires  ne  paraßt  avoir  alimenté  de  glacier  propre.  Elles  sont 


(  '  )  Loc.  cit. 
(2)  Loc.  cit. 
(^)  Loc.  cit. 


l3o6  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

cependant  encombrées  de  matériaux  glaciaires  et  fluvio-glaciaires.  Les 
difrérences  que  présentent  ces  matériaux  aux  divers  points  de  vue  de  la 
pétrographie,  de  la  morphologie  et  de  la  distribution  topographique  con- 
duisent Ă   y  distinguer  deux  Ăąges. 

»  Un  puissant  amas  fluvio-glaciaire  ancien,  formé  de  blocs  et  cailloutis  siliceux 
patines,  englobés  dans  des  argerÚnes  ocieuses,  s'étale  prÚs  de  Malvésie,  en  aval  du  col 
qui,  par  Saint-Pé  d'Ardets,  fait  communiquer  la  haute  vallée  du  Job  avec  celle  de  la 
Garonne  :  le  glacier  pléistocÚne  garonnais  a  dispersé  ses  blocages  granitiques  jusqu'au 
voisinage  de  ce  col.  Plus  en  aval,  sur  le  massif  crétacé  qui  sépare  les  deux  vallées,  on 
trouve  des  lambeaux  du  deckenschotter  pyrénéen. 

»  Dans  la  vallée  moyenne  de  l'Ourse,  à  hauteur  de  la  large  coupure  qui,  parSiradan, 
s'ouvre  dans  la  vallée  de  la  Garonne,  on  observe  une  moraine  fraßche  et  de  nombreux 
blocs  granitiques  :  ces  derniers  se  relient  à  l'aval  au  glaciaire  pléistocÚne  garonnais. 

)i  Plus  à  l'ouest,  la  branche  orientale  de  la  vallée  de  Seich-Nistos,  qui  remonte 
jusqu'au  voisinage  de  celle  de  l'Ourse,  est  encombrée  par  un  véritable  complexe  gla- 
ciaire et  fluvio-glaciaire  ancien  ;  Ă   hauteur  de  LombrĂšs,  sa  masse  argilo-caillouteuse 
compacte  acquiert  un  profil  remarquablement  bombé.  De  part  et  d'autre,  le  débouché 
des  vallées  secondaires  de  Géneresl  et  de  Nestier  est  pour  ainsi  dire  barré  par  le 
deckenschotter.  Au  milieu  des  alluvions  qui  bordent  la  rive  droite  de  la  Neste- 
Garonne,  les  calcaires  crétacés  dessinent  de  capricieux  persiliages.  Dans  leurs  ensel- 
lements  gisent  des  blocages  variés  :  granités  souvent  anguleux,  aux  faces  vives  et 
fraĂźches,  dans  des  gangues  sableuses;  quartzites,  grĂšs  et  poudingues  siliceux,  patines, 
fréquemment  roulés,  sporadiquement  cantonnés  dans  les  zones  basses.  Certains  d'entre 
eux,  trÚs  volumineux,  dépassent  ioo°'°. 

»  Ces  matĂ©riaux  si  diffĂ©rents  ne  sauraient  provenir  d'une  mĂȘme  glacia- 
tion montagneuse.  Les  plus  anciens  se  rattachent  naturellement  Ă   la  gla- 
ciation anté-pléistocÚne  qui  alimenta  le  deckenschotter  pyrénéen.  Des- 
cendu en  suivant  la  vallée  antécédente  de  la  Garonne,  l'ancien  glacier 
s'est  partiellement  déversé  par  des  cols  mitoyens,  dans  les  vallées  latérales 
du  Job,  de  l'Ourse  et  de  Nistos.  Le  glacier  pléistocÚne  n'a  utilisé  que  la 
coupure  de  Siradan  pour  se  canaliser  dans  la  vallée  de  l'Ourse  :  il  a  remanié 
la  plus  grande  partie  des  vestiges  de  la  glaciation  précédente.  Seuls  ont 
subsisté  latéralement  quelques  blocs  gigantesques  et  certains  autres,  défilés 
dans  les  basses  anses  rocheuses. 

»  Une  régression  marine  sensible  a  affecté  les  rivages  gascons  à  la  fin  du 
MiocÚne  ;  elle  a  pu  modifier  assez  les  conditions  géographiques  de  l'écran 
pyrénéen  pour  y  faire  naßtre  ou  y  développer  l'englaciation.  La  phase 
d'Ă©talement  du  deckenschotter,  que  l'on  sait  ĂȘtre  postĂ©rieure  au  MiocĂšne, 
peut  alors  se  rattacher  Ă   l'oscillation  positive  des  lignes  de  rivage  qui  a 
caractérisé  les  débuts  du  \.Yo'isihme  étage  médilerranÚen  on  PliocÚne  marin.  » 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  1903.  1807 


GÉOLOGIE.    —    Sur  les  racines  de  quelques  nappes  de  charriage  des  Alpes 
occidentales .  Noie  de  M.  Emile  Haug,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

«  La  division  des  Alpes  du  Dauphiné  eL  de  la  Savoie  en  zones,  proposée 
par  Charles  Lory  en  1866,  peut  ĂȘtre  appliquĂ©e,  avec  certaines  modifica- 
tions, d'ailleurs  radicales,  Ă   toute  l'Ă©tendue  des  Alpes  occidentales.  C'est 
ce  que  j'ai  essayé  de  faire  dans  un  article  publié  en  1896  et  dans  deux  Mé- 
moires, dont  certaines  conclusions  sont  aujourd'hui  assez  généralement 
adoptées.  Si,  pour  d'autres  points,  je  me  suis  trouvé  conduit  à  modifier 
ma  premiĂšre  maniĂšre  de  voir,  c'est  que  je  n'avais  pas  tout  d'abord  tenu 
un  compte  suffisant  des  grands  phénomÚnes  de  charriage  dont  M.  Maurice 
Lugeon,  dans  une  récente  synthÚse,  a  montré  le  rÎle  tout  à  fait  prédomi- 
nant dans  la  tectonique  des  Alpes  suisses.  Je  vais  essayer,  dans  ces  lignes, 
d'exposer  sommairement  comment  je  conçois  aujourd'hui  les  relations  qui 
existent  entre  les  nappes  de  charriage  et  les  zones  tectoniques  oĂč  doivent 
ĂȘtre  cherchĂ©es  leurs  racines.  Je  me  suis  arrĂȘtĂ©,  pour  certains  points,  Ă   une 
interprétation  assez  différente  de  celle  de  plusieurs  de  mes  confrÚres. 

»  Je  ne  parlerai  ici  ni  des  «  Chaßnes  subalpines  »,  ni  de  la  «  premiÚre  zone  alpine  » 
de  Lory,  car  les  nappes  de  charriage  qui  y  ont  été  signalées  sont  restées  en  continuité 
avec  leurs  racines;  il  ne  peut  donc  y  avoir  aucun  doute  sur  leur  origine. 

»  La  zone  des  Aiguilles  d'Arçes  et  du  val  Ferret  («  deuxiÚme  zone  alpine  »  de 
Lory)  est  trÚs  resserrée  en  arriÚre  des  trois  massifs  cristallins  du  mont  Blanc,  du 
Pelvoux  et  du  Mercantour;  elle  s'Ă©tale,  par  contre,  largement  dans  les  intervalles 
compris  entre  ces  massifs,  et  son  bord  externe  est  une  des  plus  importantes  lignes  de 
contact  anormal  de  toutes  les  Alpes  occidentales,  ainsi  que  je  le  montrais  dĂšs  1896. 
Entre  le  Mercantour  et  le  Pelvoux,  c'est-Ă -dire  dans  l'Ubaye  et  dans  FEmbrunais,  elle 
est  charriée  sur  la  premiÚre  zone.  Entre  le  Pelvoux  el  le  mont  Blanc,  elle  semble  éga- 
lement s'ĂȘtre  Ă©tendue  en  recouvrement  sur  tout  l'avant-pays. 

»  En  effet,  nous  avons  pu  établir,  M.  Lugeon  et  moi,  que  le  massif  de  Sulens  se 
compose  d'au  moins  trois  nappes  superposées.  La  présence,  dans  la  nappe  moyenne, 
de  brĂšches  Ă©ocĂšnes  identiques  Ă   celles  de  la  Tarantaise,  nous  a  conduits  Ă   chercher 
dans  la  zone  des  Aiguilles  d'Arves  la  racine  de  cette  nappe. 

»  C'est  surtout  au  nord  du  mont  Blanc  que  le  charriage  du  bord  externe  de  la  zone 
des  Aiguilles  d'Arves  vers  l'extérieur  de  la  chaßne  donne  lieu  à  d'intéressants  phéno- 
mĂšnes de  recouvrement.  Ce  bord  externe  se  continue  sur  la  rive  droite  du  RhĂŽne  par 
le  pli  de  la  Lizerne  et  des  Diablerets,  qui  est  couché  sur  une  trÚs  grande  largeur,  de 
maniĂšre  Ă   s'Ă©tendre  par-dessus  les  plis  de  la  Dent  de  Mordes  et  du  Muveran,  par-dessus 
la  lame  de  NĂ©ocomien  Ă   CĂ©phalopodes  et  mĂȘme  par-dessus  la  zone  triasique  et  juras- 
sique de  Be\.  J'ai  développé  ces  conclusions  dÚs  1896,  et  M.   Maurice  Lugeon  les  a 


l3o8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

adoptées  avec  de  légÚres  modifications.  J'en  ai  déduit,  de  plus,  que  tontes  les  Alpes  cal- 
caires suisses,  ainsi  que  les  massifs  cristallins  de  TAar  et  du  Golhard,  ne  sont  autre 
chose  que  l'Ă©panouissement  du  faisceau  des  Aiguilles  d'Ârves  et  du  val  Ferret. 

»  M.  Lugeon  a  dĂ©montrĂ©  que  la  zone  interne  des  PrĂ©alpes  a  sa  racine  dans  ce  mĂȘme 
faisceau,  sur  la  rive  droite  du  RhÎne  valaisan,  et  ce  résultat  concorde  fort  bien  avec 
nos  anciennes  conclusions  relatives  Ă   la  racine  de  la  nappe  moyenne  de  Sulens,  qui 
correspond  exactement  à  cette  zone  interne.  La  nappe  inférieure  de  Sulens  est  carac- 
térisée par  le  Néocoinien  à  Céphalopodes  et  par  un  Malm  semblable  à  celui  des  hautes 
chaßnes  calcaires  de  Savoie.  Il  est  évident  que  sa  racine  est  située  moins  loin  vers  l'in- 
térieur des  Alpes  que  celle  de  la  nappe  moyenne.  Elle  ne  peut  se  confondre  avec  l'une 
des  racines  droites  du  mont  Joli,  décrites  par  MM.  Bertrand  et  Ritter,  car  on  connaßt 
les  nappes  auxquelles  ces  racines  ont  donné  naissance.  J'en  conclus  qu'elle  se  trouve 
dans  la  zone  immédiatement  suivante,  c'est-à-dire  dans  le  faisceau  du  mont  Blanc.  Sur 
la  rive  droite  du  RhÎne,  la  nappe  inférieure  de  Sulens  a  son  équivalent  dans  la  lame 
de  iN'éocomien  à  Céphalopodes  de  Cheville,  qui,  privée  de  sa  racine,  s'intercale  entre 
le  faisceau  de  Mordes  et  le  pli  couché  des  Diablerets,  c'est-à-dire  entre  la  terminaison 
des  hautes  chaĂźnes  de  Savoie  et  la  conlinuation  du  val  Ferret.  La  lame  de  NĂ©ocomien 
de  Cheville,  le  massif  amygdàloïde  du  mont  Blanc  et  la  racine  de  la  nappe  inférieure 
de  Sulens  occupent  donc  rigoureusement  la  mĂȘme  position  par  rapport  Ă   la  zone  des 
hautes  chaĂźnes  de  Sa\oie,  au  nord-ouest,  et  par  rapport  Ă   la  zone  des  Aiguilles  d'Arves, 
au  sud-est. 

»  J'indiquerai  dans  une  prochaine  note  la  position  probable  des  racines 
correspondant  aux  nappes  supérieures,    " 


PÉTROGRAPHIE.  —  Contribution  à  Vùtude  des  roches  basaltiques 
de  l'Esl-A  fricain.  NotedeM.H.  Ars.\xd.4ux,  i)résentée  par  M.  Michel  Lévv. 

«  I>es  roches  basaltiques  ainsi  que  les  roches  alcalines  que  j'ai  étudiées 
dans  une  Note  précédente  (')  sont,  parmi  les  roches  éruptives,  celles  qui 
m'ont  paru  offrir  les  développements  les  plus  considérables  dans  les  pavs 
Dankali  et  Issa-Somali,  ainsi  que  sur  les  bords  des  plateaux  qui  limitent  ces 
territoires  au  sud  et  au  sud-ouest. 

»  Ces  basaltes  se  subdivisent  naturellement  en  deux  groupes  ;  l'un  d'eux 
est  constitué  par  des  roches  ùpres  au  toucher,  trÚs  faiblement  magnétiques, 
et  offrant  avec  constance  le  faciÚs  doléritique.  L'autre  groupe  comprend 
des  roches  compactes  magnétiques  en  général,  dans  lesquelles  l'olivine 
n'est  pas  constante;  ces  derniĂšres  roches  sont  le  plus  souvent  microlitiques. 


(')  Comptes  rendus,  i2>  novembre  igoS. 


SÉANCn:    DU    28    niCCEMBRE    190'^.  l3o() 

»  Les  roches  du  premier  iivoupe  sonl  toujours  les  plus  récentes  des  séries  volcaniques 
auxquelles  elles  appartiennent;  je  ne  les  al  rencontrées  que  dans  les  régions  basses  du 
pays.  Celles  du  aecond  groupe  existent  aussi  bien  sur  les  plateaux  que  dans  lesVĂ©gions 
basses  du  pays;  je  les  ai  trouvées  soit  à  la  surface,  soit  à  un  niveau  inférieur;  dans  le 
premier  cas,  j'ai  pu  constater  en  bien  des  endroits  qu'elles  reposaient  directement  sur 
des  calcaires,  des  grĂšs  ('),  des  schistes  cristallins;  dans  le  second,  des  falaises  abruptes, 
des  canons,  des  failles,  me  les  ont  montrées  recouvertes  par  les  roches  alcalines  aux- 
quelles il  est  fait  allusion  plus  haut,  ou  bien  par  les  basaltes  doléritiques  dont  il  vient 
d'ĂȘtre  question. 

i>  L'Ă©tude  des  lames  minces  montre  que  les  roches  du  premier  groupe  sont  Ă   peu 
prÚs  holocristallines  et  constituées  par  des  groupements  ophitiques  de  feldspatlis 
basiques  et  d'augite  associés  à  de  l'olivine  en  grains  bien  développés  et  abondants, 
ainsi  qu'à  de  la  magnétite  et  à  de  rilménilo.  Ces  roches  sonl  de  véritables  basaltes 
doléritiques,  elles  représentent  bien  un  terme  de  passage  des  basaltes  à  structure 
microlitique  aux  diabases  à  olivine.  Les  feldspalhs  déterminés  par  leurs  extinctions 
rĂ©pondent  en  moyenne  au  labrador  Ab^-Vn',  leurs  termes  extrĂȘmes  sont  le  labrador  Ab' An' 

et  la  bytownite;  l'olivine,  limpide,  vert  clair,  renferme  fréquemment  en  assez  grande 
abondance  de  petits  octaĂšdres  de  picotite  jaune  de  miel,  ainsi  que  des  inclusions 
vitreuses. 

)>  Les  roches  qui  constituent  le  second  groupe  sont  microlitiques  ou  ophitiques; 
dans  ce  dernier  cas,  ce  sont  les  plus  récentes  des  roches  volcaniques  au.xquelles  elles 
sont  associées.  Les  minéraux  qui  les  constituent  sont  les  mÎmes  que  ceux  des  dolé- 
rites;  cependant  les  microlltes  feldspathiques  y  descendent  souvent  à  l'andésine,  et 
dans  un  cas  (basalte  à  anorlhite  du  Gubbet-Karab),  les  phénocristaux  de  feldspath 
sont  constitués  par  de  l'anorthite,  et  atteignent  un  développement  assez  considérable. 
Ces  roches  comprennent  :  des  basaltes  francs,  des  labradoriles,  des  labradorites  dolé- 
ritiques. Dans  les  types  porphyriques,  les  phénocristaux  feldspathiques  sont  quel- 
quefois zones,  parfois  ils  se  groupent  ophitiquement  avec  de  l'augite,  tout  en  gardant 
les  uns  et  les  autres  des  formes  géométriques  nettes;  dans  ce  cas,  l'augite  montre  des 
traces  manifestes  d'actions  mécaniques  (cassures,  torsion,  extinctions  roulantes); 
l'olivine  se  présente  le  plus  souvent  en  trÚs  petits  grains;  dans  les  basaltes  francs, 
elle  renferme  quelquefois  de  petits  octaĂšdres  de  picotite. 

»  Dans  ces  deux  groupes  pétrographiques,  rilmcnilc  et  la  magnétile 
sont  abondantes,  cependant  il  est  à  remarquer  que  d'une  façon  générale 
les  roches  de  la  cÎte  en  sont  notablement  moins  chargées  que  celles  de  l'in- 
térieur;  dans  les  labradorites  doléritiques  eu  |)articulier,  la  magnétite  en 
gros  octaÚdres,  l'ilménite  en  lames,  sont  moulées  ainsi  que  les  microlites 
feldspathiques  par  l'augite  qui.  dans  ce  cas,  est  brune,]  violacée,  et  légÚ- 
rement polychroĂŻque. 

(')  Les  calcaires  sont  de  deux  Ăąges,  ils  sont  vraisemblablement  les  uns  primaires, 
les  autres  jurassiques;  les  grÚs  qui  leur  sont  toujours  postéiieurs  ne  renferment  pas 
de  fossiles.  Je  me  propose  d'établir  ces  faits  ultérieurement. 

C.  R.,  1903    ■‱  Semestre.  (T.  CXXXVIl,  N"  26.)  lyf 


K^IO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

»  J'ai  eneclué  les  analyses  en  bloc  de  ces  diverses  roclies(');  en  voici  les  résullats  : 
a.  b.  c.  d.  c.  f.  g.  h.  i. 

SiO- 46,  G  48,7  48,9  4^,3  49,8  49,3  49,2  46,2  5o,i 

TiO= 1,4  >,7  ''4  ''8  3,8  3,9  2,3  4,o  i,3 

A.1-0'' i8,S  i5,7  i8,9  20,1  17,9  16,0  18,0  19,0  19,6 

Fe-0' 0,4  4,5  0,3  2,7  2,9  3,3  3,i  i,3  i,S 

FeO 9,1  12,5  9,0  10,0  Ji,5  11,1  8,9  i3,2  9,0 

CaO 10,6  JO,i  12,2  9,3  7,1  8,6  8,8  .7,7  7,1 

MgO 12,2  6,0  6,0  7,8  4,6  0,2  4,9  4,7  4,9 

K^O 0,2  0,5  0,3  0,7  0,8  0,6  0,7  0,7  1,2 

Na^O 2,1  3,3  3,0  2,9  3,2  2,9  2,7  2,7  3,r 

Perte  au  feu  ...  .  0,1  1,0  o,5  0,7  0,0  o,5  i,5  i,5  i,-5 

I o [ , 5     101,0     1 00 , 5     101,6     I o I , G     101,4     1 00 , 1      101,0     I 00 , I 

Densité 3, 00       3, 01        2,98       2,94       2,97       2,92       2,91       3, 01        2,87 

»   a,  b,  c,  rociies  de  la  cÎte  ;  d,  c,  f,  i,',  //,  /,  /,  roclies  de  rintérieui-. 

))  [pb)  =:  pays  bas;  (P)  ^  plateaux  ;  (/i;)  =  i"^ùan  inférieur;  (/i  .t)  zr=  niveau  supé- 
rieur. 

»  a.  Basalte  dolérilique,  VabéJé,  prés  Djibouti  ;  b.  Laljradorite,  Sommet  double 
(Gliissi),  prĂšs  Djibouti  ;  c.  Basalte  Ă   anorthite,  fond  du  Gubbet-Karab. 

B   d.  Basalte  doléritique,  Ouaramalka  {ph);  e.  I^abradorite,  Karakourkoura  (P. //«'). 

1)  /.  Labradorite,  Guildessa  (pb);  ff.  Labradorite  doléritique,  Karakourkoura 
(Wns). 

))  //.  Labradorite  doléritique,  Irna  (]'.  i>  s)  ;  i.  Basalte.  Arto,  Djebel  Guemel  ipb). 

»  /.   Labradorite,  Baldji  (pb.  n  i). 

»  L'interpréLilion  de  ces  réitiltals  conduit  à  adinelLre  pour  ces  roches 
une  composition  minéralogique  qui  concoi-de  avec  les  déterminations 
microscopiques,  notamment  en  ce  qui  concerne  la  nature  des  f'eldspalhs, 
et  la  constatation  de  la  présence  ou  de  l'absence  de  l'olivine  (sauf  pour 
l'analvse  l>). 

»  An  point  de  vue  magmatique,  toutes  ces  roches  sont  caiartérisées 
par  une  haute  teneur  en  alumine.  De  plus,  les  roches  de  l'inlérieur  sont 
trĂšs  notablement  plus  riches  en  TiO^  et  FeO^  que  celles  de  la  cĂŽte;  la  dif- 
férence qui  existe  entre  elles  est  encore  accusée  par  les  valeurs  du  para- 
mĂštre magmatique  ^  ,^,  >  qui  font  rentrer  les  premiĂšres  dans  le  cinquiĂšme 

(')  Toutes  les  roches  dont  il  vient  d'ĂȘtre  question  sont  mĂ©lanocrates;  des  Ivpes 
beaucoup  plus  clairs,  des  basaltes  se  rapportant  Ă   mon  second  gioupe,  se  rencontrent 
assez  avant  sur  le  plateau  Clioa  ;  ce  sont  ces  basaltes  qui  recouvrent  super(iciellement 
la  vaste  plaine  au  milieu  de  laquelle  se  trouve  Adis-Abeda. 


‱47 

,3 

3 

,4 

'7 

,8 

4 

,2 

1 1 

,5 

7 

,  I 

4 

,3 

1 

,  I 

2 

,8 

I 

,6 

lOI 

,3 

2,93 

SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igo3.  l3ll 

siibrang  de  la  nouvelle  classification  américaine,  et  les  secondes  dans  le 
quatriĂšme. 

»  L'application  à  mes  résultats  du  calcul  des  paramÚtres  établis  [iiir 
M.  Michel  LĂ©vy  (')  permet  d'observer  la  mĂȘme  scission  dans  mes  roches, 
lorsque  l'on  considÚre  le  paramÚtre  C  défini  par  ce  savant;  cette  applica- 
tion montre  en  outre  que,  au  contraire  de  ce  que  l'on  eût  pu  supposer  en 
raison  de  l'important  développement  des  roches  alcalines  dans  les  régions 
envisagées,  notre  série  basique,  dont  le  paramÚtre  moyen  de  fumerolle  est 
élevé  (9  =  3,46),  diffÚre  nettement  de  la  série  alcaline  et  basique  qui  ren- 
ferme des  roches  telles  que  les  néphéliniles  et  les  téphrites. 

))  D'aprÚs  ce  qui  précÚde,  les  roches  qui  font  l'objet  de  cette  étude  sont 
donc  susceptibles  d'une  distinction  magmatique  en  relation  avec  la  posi- 
tion géographique  de  leurs  gisements;  elle  s'accompagne  de  variétés  struc- 
turelles qui,  elles,  ne  dépendent  que  des  conditions  de  consolidation.  » 

PHYSIQUE  DU  (iLOBE.  —  Sur  les  lacs  de  la  haule  Engadine. 
Note  de  M.  Axdré  Delebecque,  présentée  par  M.  Michel  Lévy. 

«  Il  est  à  remarquer  que,  dans  les  montagnes,  les  longues  dépressions 
formant  col  entre  deux  vallées  sont  presque  toujours  occupées  par  une 
sĂ©rie  de  lacs  ayant  sensiblement  le  mĂȘme  niveau.  Le  phĂ©nomĂšne  est  parti- 
culiĂšrement frappant  aux  Sept-Eaux,  Ă   la  Bernina,  Ă   la  Maloja. 

»  Je  voudrais  dire  quelques  mots  sur  les  lacs  de  ce  dernier  passage,  que 
j'ai  visités  pendant  l'été  de  igoS. 

»  Ces  lacs,  au  nombre  de  quatre,  sont,  en  descendant  le  cours  de  l'Lin 
Ă   partir  de  la  Maloja,  ceux  de  Sils,  de  Silvaplana,  de  Campfer  et  de  Saint- 
Moriz.  Le  lac  de  Saint-Moriz  parait  ĂȘtre  entourĂ©  d'une  ceinture  continue 
de  roche  en  [)lace;  mais  l'opinion  conr.mie,  et  Ă   laquelle  le  professeur 
Heim  (^)  a  prĂȘtĂ©  l'appui  de  sa  grande  autoritĂ©,  est  que  les  trois  autres  sont 
dus  au  barrage  du  cours  de  l'Inn  par  des  affluents  latéraux,  l'Ova  da  Fex 
pour  le  lac  de  Sils,  l'Ova  del  Vallun  pour  le  lac  de  Silvaplana,  la  Suvretta 
da  Saint-Moriz  pour  le  lac  de  Campfer  ('). 


(')  MinnEL  LĂ©vy,  Contribution  Ă   l'Ă©lude  des  magmas  chimiques,  etc.  ParamĂštres 
magmatiques  [Bulletin  des  Scr^'ices  de  la  Carte  géologique  de  France,  t.  XV,  1900- 
1904,  n"  96). 

(-)  A.  Heim,  Die  Seen  des  Oberengadia  {Scluveiz-Alpenc/ub). 

(*)  Voir  la  carte  suisse  Oberengadin  au  ^^ovĂŽ  ^^  ''‱  carte  gĂ©ologique  suisse  au  j^g-,Hr5, 
feuille  10  (Sondrio-Bormio). 


I,Ăźi2  ACADEMIE    DES    SCIENCES. 

»  D'aprÚs  ce  savant,  la  masse  d'eau  de  l'Inii,  dont  le  cours  supérieur  a 
été  l'objeL  d'iiiie  capture  iuiportaule  de  la  part  de  la  riviÚre  Maira  affluent 
du  lacdeCĂčme,  u'ajjluseu  la  force  de  repousser  les  dĂ©pĂŽts  de  ces  aldueiits, 
derriÚre  lesquels  se  sont  formés  les  trois  lacs  dont  nous  nous  occupons.  Ces 
trois  lacs  sont  d'ailleurs  sensiblement  au  mĂȘme  niveau,  1800'°,  179V"  et 
I  794""  et  leurs  profondeurs  respectives  sont,  (i'a[)rÚs  les  sondages  trÚs  pré- 
cis des  ingĂ©nieurs  fĂ©dĂ©raux,  71",  77"  et  34ℱ- 

»  Cette  interjji'Ă©tation  me  paraĂźt  devoir  ĂȘtre  modifiĂ©e  aprĂšs  un  examen 
attentif  des  lieux.  Outre  que  la  |)rofondeur  de  77'"  du  lac  de  Silvaplana 
nous  obligerait  à  attribuer  une  hauteur  au  moins  égale  au  cÎne  de  déjec- 
tion (le  la  riviĂšre  Ova  del  Vallun,  ce  qui  est  assez  invraisemblable,  il  est 
facile  de  reconnaßtre  que,  si  l'on  fait  abstraction  des  cÎnes  de  déjection 
des  trois  torrents  en  question,  on  se  trouve  en  présence  d'une  nappe  d'eau 
continue  s'étendant  depuis  la  Malaja  jusqu'au  barrage  qui  sépare  les  lacs 
de  Campfer  et  de  Saint-Moriz.  Et  les  torrents  latéraux,  bien  loin  de  con- 
tribuer à  la  formation  des  lacs,  ont  simplement  comblé  en  partie  par  leurs 
cÎnes  de  déjection  une  nappe  d'eau  déjà  existante,  tout  comme  le  torrent 
issu  du  Val  Fedo  est  en  train  de  combler  le  lac  de  Sils;  ils  ont  divisé  en 
trois  le  bassin  primitivement  unique. 

>i  L'ancien  lac,  qui  s'Ă©tendait  depuis  la  Maloja  jusqu'au  barrage  de 
Campfer,  avait  une  longueur  d'environ  12''ℱ,  ce  qui  est  digne  de  remarque. 
Les  lacs  de  haute  montagne  sont  en  effet  souvent  trĂšs  profonds,  mais  leurs 
dimensions  horizontales  sont  en  général  trÚs  restreintes.  Ainsi  le  lac  Lanoux, 
le  lac  le  plus  étendu  des  Pyrénées  et  l'un  des  lacs  de  haute  monlagne  les 
plus  considĂ©rables,  n'a,  Ă   l'allitude  de  2i54ℱ,  qu'une  longueur  de  2'^'",  5 
avec  une  surface  de  84''"  el  une  profondeur  de  j4'". 

»  Cet  important  bassin  paraĂźt  ĂȘtre  tout  entier  dans  la  roche  en  place. 
Toutefois,  ni  à  l'amont  du  cÎté  delà  Maloja,  ni  à  l'aval  du  cÎté  de  Campfer 
et  de  Suint-Moriz,  je  n'ai  pu  suivre  une  ceinture  rocheuse  absolument  con- 
tinue, et,  bien  que  cela  paraisse  peu  vraisemblable,  il  n'est  pas  absolument 
impossible  que  l'écoulement  de  la  vallée  primitive  se  soit  fait  par  des  gorges 
étroites,  actuellement  comblées  par  des  dépÎts  morainiques,  qui  seraient 
alors  la  cause  de  la  formation  du  bassin  lacustre  (  '). 

»  Dans  le  cas  trÚs  probable  oi^i  la  cavité  du  lac  Maloja-Campfer  est  un 
bassin  entiĂšrement  rocheux,  je  ne  crois  pas,  pour  bien  des  raisons  quej'ai 
exposées  tout  au  long  dans  mon  Livre  sur  les   Lacs  français,  qu'il  faille 


(')  Tl'1  est  peul-Ăštre  le  cas  de  certains  lacs  du  Cumberland  el  du  Weslmoreland, 
comme  l'a  fait  remarquer  le  professeur  J.-E.  Mair,  de  Cambridge. 


SÉANCE    DU     -.8    DÉCEiMBlƒ    J(j()3.  IJ5l3 

l'allriLuer  Ă   des  mouvements  tectoniques;  d'autre  part,  les  roches  cristal- 
lines et  crislallophYliennes  qui  constituent  les  barrages  de  Campfer  et  lie 
la  Maloja  étant  en  général  |)eu  fissurées,  il  semble  difficile  de  faire  inter- 
venir l'Ă©rosion  aqueuse.  L'excavation  par  les  glaciers  me  pai-aitrait  ĂȘtre  le 
facteur  le  |)lus  vraisemblable.   » 


ÉCONOMIE  RURALE.  —  Suf  la  rclalion  qui  existe  cnlre  la  proportion  de  gluten 
contenu  dans  les  différents  blés  et  la  proportion  des  matiÚres  azotées  totales. 
Note  de  M.  E.  Fleckevt,  prĂ©sentĂ©e  par  M.  SchlƓsing. 

«  Dans  deux  Communications  faites  à  l'Académie  en  1897  ('),  Aimé 
Girard  insistait  sur  la  nécessité  de  modifier  les  anciennes  méthodes 
d'analyse  des  blés  et  sur  les  services  que  pouvait  rendre,  à  l'agri- 
culture et  Ă   la  meunerie,  l'aj^plication  d'un  systĂšme  nouveau,  mettant  en 
évidence  les  résultats  qui  caractérisent  la  valeur  individuelle  des  produits 
destinĂ©s  Ă   ĂȘtre  transformĂ©s  en  farine  panifiable.  C'est  que,  Ă   cette  Ă©poque 
déjà,  l'attention  des  intéressés  était  attirée  |)ar  les  conséquences  de  la 
diminution  progressive  du  gluten  des  blés  de  grande  culture,  diminution 
telle  que,  sur  le  marché  de  Paris,  la  richesse  moyenne  des  farines  avait 
passé  de  10,10  en  1871,  à  7,80  en  1890,  soit  une  perte  de  2,3  pour  100. 
Dans  un  travail  publié  au  Bulletin  n°  6,  année  1899,  du  MinistÚre  de  l'Jgri- 
culture ']  i\'\  montré  qu'il  fallait  rechercher  cette  diminution  dans  le  rempla- 
cement, irraisonné  et  de  plus  en  plus  grand,  des  vieux  blés  français  par  les 
variétés  à  grand  rendement  d'importation  étrangÚre;  de  plus,  dans  une 
étude  présentée  en  1900  au  CongrÚs  international  de  la  Meunerie,  j'ai 
prouvé  que,  dans  le  mÚn>e  ordre  d'idées,  les  critiques  faites  contre  le 
systĂšme  de  la  mouture  moderne  Ă©taient  sans  fondement. 

»  Cependant,  si,  depuis  quelques  années,  les  méthodes  rationnelles 
d'analyse  ont  pénétré  peu  à  peu  dans  le  contrÎle  des  moulins,  elles  sont 
restées  à  peu  prÚs  lettre  morte  pour  l'agriculture;  il  s'ensuit  que  la  valeur 
industrielle  des  blés  a  continué  à  baisser  de  telle  façon  que  les  grains 
donnant  des  farines  à  6,5-7  P°"''  ^°°  ^^  gluten  sont,  à  l'heure  actuelle, 
couramment  offerts  aux  meuniers  qui,  bien  entendu,  ne  peuvent  les  payer 
au  prix  correspondant  à  celui  des  blés  |)lus  riches  que  la  boulangerie  leur 
réclame.  On  aura  une  idée  de  l'importance  qu'a  prise  la  culture  de  ces  blés 


(')   CoiniAes  reiulus,  l.  CX\1\',  1897.  p.  876  el  926. 


l3£4  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

inférieurs  en  lisanl  le  Rapport  que  vient  de  publier  M.  Vuaflart,  Directeur 
de  la  Station  agronomique  du  Pas-de-Calais,  Rapport  qui  montre  que,  sur 
29  variĂ©tĂ©s  de  la  grande  culture  du  Nord,  11  seulement  peuvent  ĂȘtre 
réputées  comme  bonnes,  5  sont  douteuses  et  i3  sont  reconnues  mauvaises, 
les  farines  qu'elles  produisent  contenant  6  Ă   7  pour  100  de  gluten  seule- 
ment. La  situation  critique  à  laquelle  conduira  à  bref  délai  la  continuation 
de  cet  état  de  choses  n'est  d'ailleurs  plus  niée  |)ar  personne  et  la  Société 
des  agriculteurs  de  France  vient  de  se  joindre  Ă   l'Association  nationale  de 
la  meunerie  française  pour  nommer  une  Commission  chargée  d'étudier  les 
moyens  d'y  porter  remĂšde. 

»  La  question  étant  ainsi  posée,  il  me  paraßt  utile  déportera  la  connais- 
sance de  l'Académie  quelques  observations  générales  recueillies  au  cours 
desétudesque  je  poursuis  depuis  huit  années  sur  la  composition  en  matiÚres 
azotées  des  blés  français  et  étrangers. 

»  Lorsqu'on  examine,  dans  les  publications  anciennes  et  modernes,  les  textes  relatifs 
à  la  composition  des  blés,  on  est  frappé  de  ce  fait  que  les  matiÚres  azotées  y  sont  tou- 
jours calculées  en  bloc  d'aprÚs  le  dosage  de  l'azote  total  et  que  c'est  ce  dosage  qui 
dirige  la  classification.  Souvent  mĂȘme,  par  une  interprĂ©tation  absolument  erronĂ©e, 
c'est  ce  total  des  matiÚres  azotées  qu'on  exprime  sous  le  nom  de  gluten. 

»  On  s'exposerait  à  de  cruels  mécomptes  en  continuant  à  baser,  sur  cette  méthode, 

la  recherche  des  meilleurs  blés  à  cultiver.  En  efl'et,  en  dehors  des  cas  que  je  citerai 

plus  loin,  la  loi  qui  tend  à  admettre  que  la  quantité  de  gluten  contenu  dans  le  grain 

de  blé  est  proportionnelle  à  la  quantité  totale  des  matiÚres  azotées  ou  autrement  dit 

o-|  u  ten 

que  le  rapport r^ -, —  est  un  chiffre  constant  comporte  de  nombreuses  excep- 

matieres  azotées 

lions.  Le  Tableau  suivant,  qui  donne  la  composition  de  17  blés  choisis  parmi  ceux  que 

j'ai  analysés  depuis  l'année  1893,  donne  une  idée  des  erreurs  qu'on  peut  commettre  en 

adoptant  la  valeur  absolue  de  cette  rÚgle.  Ce  Tableau  se  rapporte  à  des  blés  de  grande 

culture,  choisis  parmi  les  variétés  anciennes  et  nouvelles,  de  maniÚre  à  représenter 

l'image  fidĂšle  des  produits  offerts  actuellement  Ă   l'industrie  meuniĂšre. 

Rapport  Classification 

Blé  entier.  du  ayant  pour  base  : 

— — ℱ.^_- ..mm- gluten  —■" — ~ — ^ 

MatiĂšres  aux  MatiĂšres 

azotées  matiÚres  azotées 

Variétés.  totales.  Gluten.         azotées.  totales.  Gluten. 

[lour  100  iHiiir  100 

l'el  et  Der  (1895) i3,o5  8,66  0,66  i'^'' rang  3"  rang. 

Nouette  de  Lausanne  (1901). .  .  i3,oo  7jI0  o,54  2"       "  9°       >' 

Bordeaux  (1896) 12,92  8,92  O169  3"^       »  2°       » 

Dattel  (1901) ‱  12,28  8,3o  0,67  4=       »  5=       » 

Pel  et  Der  (1902) i2,25  9,4'->  0,77  5"       »  i'^"'       » 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igo3.                                    l3l5 

Rapport  Classification 

Blé  entier.  du  ayaiit  pour  base  : 

^ ^-— _— 1— ^~-  gluten  -  — -      — ■- 

MatiĂšres  aux  MatiĂšres 

azotées  maticies  azotées 

Variétés.                                    totales.           Gluteu.  azotées.  totales.          Gluten, 
pour  100                pour  lOrt 

Bordeaux  (1902) 11,90            8,5o  0,71  6"   rang  /i'^'rang. 

Mouton  (1896) 11,39           8,11  0,71  7"=       .)  6=       » 

Roux  (Charente-hifér.)  (1890).          11,27            6, 53  0,58  8<=        »  ti"        » 

Dallel  (1902) 10,20           7,40  0,72  9=       .‱  j"       » 

Des  Landes  (1895) 10,16           6,o5  cSg  10°       «  iS"       » 

Blanc  (Charente-Infér.)  (1895).            9,90            6,76  0,68  11=        »  10=        » 

Blanc  de  Bergues  (1893) 9,86           5,91  0,60  12'=       »  i4<=       » 

De  Louesmes  (1896) 9,74           7'20  0,74  iS"       «  8'=       >> 

Goldendrop(i90i) 9,70           5,90  0,60  14"       »  i5°       .> 

Gris  de  Saint-Laud  (1900)....            9,89           6,4o  0,68  15"       ..  12=       » 

Victoria  roux  (1900)   8,70           5, 80  6,66  i6<^       »  16"       « 

Stand'up  (1895) 7,89           5,65  0,72  17-=       ..  17»       .. 


»  Ce  Tableau  montre  en  outre  :  i"  que  des  blĂ©s  qui  contiennent  une  mĂȘme  quantitĂ© 
de  matiÚres  azotées  totales  peuvent  avoir  une  teneur  eti  gluten  diiïéranl  de  r,3 
Ă   1,82  pour  100;  2^  inversement  que  des  blĂ©s  contenant  la  mĂȘme  proportion  de  gluten 
peuvent  avoir  une  richesse  en  matiÚres  azotées  dilï'érant  de  o,4  à  0,26  pour  100. 

»  Cette  variation  est  due,  pour  la  plus  grande  partie,  à  la  dilTérence  entre  les  pro- 
portions d'enveloppes  et  de  germe  contenus  dans  les  diverses  variétés,  dilTérence  qui 
peut  atteindre  6  pour  100  du  poids  total.  Elle  s'atténue  lorsque  les  blés  présentent 
une  richesse  supérieure  à  10  pour  100  de  gluten,  ainsi  qu'on  peut  le  voir  en  exami- 
nant la  composition  des  blés  tendres  russes  et  des  blés  durs,  pour  lesquels  la  classifi- 
cation suit  assez  rigoureusement  la  richesse  en  azote  total. 

I)  Le  T;ibleau  précédent,  qui  se  nipporle  à  des  blés  doril  la  cciUtire  est 
considérée  comme  rémunératrice,  montre  (et  l'étude  faite  par  M.  Vua- 
flart  conduit  Ă   des  conclusions  identiques)  que  la  richesse  en  gluten  n'est 
pas  incompatible  avec  le  rendement,  et  qu'elle  est  surtout  une  (]ueslion  de 

variété. 

»  Mais  la  meilleure  conclusion  que  Ton  puisse  en  tirer,  c'est  que,  pour 
la  recherche  des  blés  tiestinés  à  donner  satisfaction  à  la  fois  à  la  boulan- 
gerie et  Ă   l'agriculture,  le  dosage  de  l'azote  total  est  insuffisant  ;  il  doit  ĂȘtre 
remplacé  par  le  dosage  du  gluten,  sur  lequel  repose  la  valeur  industrielle 
des  produits  allant  Ă   la  mouture.  Dans  une  prochaine  Communication,  je 
montrerai,  d'ailleurs,  qu'en  se  plaçant  dans  des  conditions  bien  déter- 
minées, ce  dosage  conduit  toujours  à  des  résultats  concordants.  » 


l'^ilG  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

M.  FiiÉn.  RiEsz  adresse  mie  Note  ayant  pour  litro  :  «  ThĂ©orĂšme  relatif 

aux  corrélations  ». 


M.  T.  Lemoyne  adresse  une  Note  «  Sur  quelques  propriétés  des  cubiques 
nodales  ». 


M.  Marcei.lix  Recoupé  adresse  une  «  Note  relative  à  des  mesures  iher 
mométriques  aux  gelées  du  printemps  ». 

A  5  heures  l'Académie  se  forme  en  Comité  secret, 

La  séance  est  levée  à  5  heures  et  demie. 

M.   B. 


BULLETIN    BIBLIOr.KAPIlIQUR. 


OUVRAGRS    REÇUS    DANS    LA    SÉANCE    Uf    9.3    NOVI-MBUF.     igoS. 

(Siiiie.) 

Report  of  ihc  ineU'orological  Service  of  Canada,  by  K.-F.  Stl'part,  Direcloi-,  for 
the  year  ended  ilecemher  Zi,  1901.  Ottawa,  igoS;  1  vol.  in-4". 

Roval  Society.  Reports  of  ihe  steeping  sickness  Commission  ;  n"*  II-IV. 
Londres,  igoS;  3  f'asc.  in-8°. 

The  astronomical  ami  astropltysical  Society  of  America  :  a"",  3"*  and  4'''  meetings 
igoo-igoa.  3  fasc.  in-8". 

Zeitschrift  des  MĂąhrischen  Landcsmuseiiitis,  lierausgegeb.  v.  der  Mahrischen 
Museunisgesellschaft  (deutsche  Sektion);  Bd.  III,  Hefte  1,  2.  Brunn,  1908;  2  fasc. 
in-S". 

Casopis  Moravskébo  Murca  Zemskébo  :  R.  III,  C.  1,  2.  Biiuin,  igo3;  2  fasc.  in-8°. 

Alli  délia  Fondazione  scienlifica  Cagnola;  Vol.  W  III,  i899-igo3.  Milan,  igoS; 
I  fasc.  in-S". 

Annali  dell'  Ufficio  centrale  meteorologico  e  geodinamico  italiano  ;  .SĂ©rie  II: 
Vol.  XIII,  parte  I,  iSgi  ;    Vol.  XVIII,  parte  I,  1896.  Rome,  igoi-1902;  2  vol.  in-4''. 

Memorie  délia  Regia  Academin  di  Scienzc.  Letlcre  ed  Arti  in  Modena ;  Ser.  III, 
Vol.  IV.  ModĂšne,  1902;  i   vol.  in-4". 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  1903.  l3l7 


Ouvrages  reçus  dans  i.a  séance  du  3o  novembre   rgoS. 

Lavoiner.  sua  vita  e  sue  opÚre,  del  D'  loiLio  Guareschi.  {Storia  délia  Chimica, 
t.  m.)  (Extrait  de  Suppl.  Ann.  di  Chimica,  1902-1903,  vol.  XIX.)  Turin,  1908; 
I  vol.  in-4''.  (Présenté  par  M.  Berllielol.  Hommage  de  l'auteur.) 

Poisons  et  sortilÚges;  2"  série  :  Les  Médicis,  les  Bourbons,  la  Science  au 
xx«  siÚcle,  par  iMM.  Cabanes  et  L.  Nass.  Paris,  Plon-Nourrit  et  G-,  igoS  ;  i  vol.  in-12. 
(Présenté  par  M.  Berlhelot  pour  le  concours  du  prix.  Montyon,  Médecine  et  Chirurgie.) 

Production  électrique  des  rayons  chimiques  pour  les  applications  médicales,  par 
le  D''  Stéphane  Leduc.  (Extrait  des  Annales  d'Electrobiologie,  mars-avril  1901.) 
Paris,  Félix  Alcan,  1901  ;  i  fasc.  in-8°. 

Mesure  et  développement  de  l'audition  chez  les  Sourds-Muets,  expériences  faites 

Ă   Bourg-la-Beine  sous  le  contrĂŽle  de  M.  le  professeur  Gariel,  par  R.  Marage.  Paris, 

Masson  et  G'"  (  1908)  ;  i  fasc.  in-4°. 

Locomotion  aérienne  pratique  et  rationnelle,  'p&Ti^  Valeton.  Paris,  imp.  Mounier, 

Jeanbin  et  G'",  igoS. 

Concours  général  des  Lycées  et  CollÚges  du  département  de  la  Seine  et  de  Ver- 
sailles :   Distribution  des  prix,    année    igoS.    Paris,    Delalain    frÚres,  1908;    i    fasc. 

in-4°. 
Instituto  medico   Virgilio  Machado.  Lisbonne,    1908;  i  fasc.  in-4<'.  (Hommage  de 

M.  le  Professeur  Virgilio  Machado,) 

Metodo  grafico  per  la  determinazione  del  tempo  coll'  eliocronometro  Faccin, 
del  Prof.  Francesco  Faccin.  Pavie,  1908;  i  fasc.  in-8".  (Hommage  de  l'auteur.) 

L' eliocronometro  Faccin,  Nota  del  Prof.  F.  Faccin.  Pavie,  1908. 

Zur  Météorologie  des  Aequators,  nach  den  Beobachtungen  am  Muséum  Goeldi 
in  Para,  von  J.  Hann.  Vienne,  1902;  1  fasc.  in-8°.  (  Hommage  de  M.  le  Prof.  Emil-A. 
Goeldi,  Directeur  du  Musée.) 

Géométrie  nouvelle,  par  Th.  Klimentof.  (En  langue  russe.)  Kharkof,   1908;    1  fasc. 

in-S". 

The  world  is  idea,  by  Herman  Gasser.  Chicago,  1908;  i  fasc.  in-12. 

Catalogue  of  polishscientijic  literature;  T.  Hl,  n°  1,  1908.  Cracovie,  1908;  i  fasc. 

in-S". 

Transactions  of  the  clinical  Society  of  London;  woL  XXXVI.  Londres,  Longmans 

Green  et  C'%  1908  ;  i  vol.  in-S". 

Outrages  Heçus  dans  la  séance  du  7  décembre   1908. 

Preuves  de  l'antique  stabilité  des  cÎtes  de  Gascogne,  par  B.  Saint-Jours.  Bordeaux  , 
imp.  G.  Gounouilhou,  1908;  i  fasc.  in-B".  (Hommage  de  l'auteur.) 

L'Adour  et  ses  embouchures  anciennes,  par  B.  Saint-Jours.  Dax,  H.  LabĂšque, 
1Q08;  I  fasc.  in-S".  (Hommage  de  l'auteur.) 

"Poissons  des  cÎtes  d'Espagne  et  de  Portugal  {Océan  Atlantique),  par  Adolphe 
Gligny;  I'-^  Partie.  Boulogne-sur-Mer,  1908;  1  fasc.  in-4°. 

C.  K.,  .903,  2'  Semestre.  (T.  C\.\\.VII,   N"  26.)  I?^ 


l3l8  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Annafei  de  la  Société  d'émulation  du  département  des  Vosges  ;  79*  année,  iqoS. 
Paris,  Epinal;  i  vol.  in-S". 


Prof.  D''  Th.  Bredichin's  «  Mechanische  Vntersuchun  gen  ûber  Cometenformenti , 
in  svstematischer  Darstellung,  von  R.  Jaegermann;  mit  ftinfzehn  Tafeln.  Saint-PĂ©ters- 
bourg, itjoS;  I  vol.  in-V. 

The  semidiurnal  tides  in  the  northern  part  of  the  Indian  Océan,  by  R.-A.  Hasris., 
(Extrait  de  Monlkly  Weather  Reviav,  mars  igoS.)  i  fasc.  in-^". 

Annual  Report  of  the  Smithsonian  Institution,  igoi,  U.  S.  national  Muséum. 
Wasliington,  igoS;  i  vol.  in-8°. 

Nineteenth  annual  Report  oj  the  «  Bureau  of  Animal  Industrie  t>;  U.S.  Dépar- 
tement of  Agriculture.  Washington,  igo3;  i    vol.  in-S". 

Annals  of  the  New-York  Academy  of  Sciences,  vol.  XV,  part  I.  Lancaster 
Pa.,  igoS;  1  vol.  in-S". 

Organization  of  the  New-York  Akademy  of  Sciences.  {Annals  of  the  New-York 
Academy  of  Sciences,  vol.  XV,  part  1,  p.  109-152.  ) 

California  Academy  of  Sciences.  Proceedins;s,  3"^"*  séries  :  Zoologv,  vol.  III,  n"  o,  6  ; 
Botanv,  vol.  II,  n°10;  Geology,  vol.  II,  n°  1;  Math.-Phys.,  vol.  I,  n°8.  San-Francisco, 
i902-igo3;  5  fasc.  in-S". 

Memoirs  of  the  California  Academy  of  Sciences,  vol.  III:  The  Paleontologv  and 
Stratigrapliy  of  the  marine  pliocĂšne  and  pleistocene  of  San  Pedro,  California, 
by  Ralph  Arnold.  San-Francisco,  igoS,-   i  vol.  in-4°. 

The  Journal  of  the  British  Astronomical  Association,  vol.  XIV,  n°  1.  Londres, 
igoS  ;  I  fasc.  in-S". 

Publications  of  the  Lick  Observatory,  vol.  VI.  Sacramento,  igo3;  i  vol.  in-4°. 

Publications  of  the  Yerkes  Observatory,  vol.  III.  part  1.  :  The  Rumford  spectro- 
heliograph  of  the  Yerkes  Observatory,  by  George  E.  Hale  and  F.  Ellkrman.  Chicago, 
igoS  ;  I  fasc.  in-4°. 

Report  of  the  Director  of  the  Yerkes  Observatory,  for  the  period  july  i,  i8gg  to 
June  3o,  igo2.  Chicago,  s.  d.  ;  i  fasc.  in-S". 

Anales  del  Inslituto  y  Observatorio  marina  de  .San-Fernando ;  seccioa  Ăźt^:  Obser- 
vaciones  meteorologicas y  seismicas,  anà  1901.  San-Fernando,  1902;  i  fasc.  in-f°. 

Anales  del  Museo  nacional  de  Montevideo;  T.  V:  Flora  Uruguaya,  autor: 
J.  ÂRKCHAVALEU  ;  t.  II,  |ip.  i-xi.vill -H  I - 1 6o.  Montevideo,  igoS;  i  fasc.  in-4°. 

La  Naturaleza,  periodico  cientifico  de  la  Sociedad  mexicana  de  Historia  natural, 
pub.  bajo  la  dir.  del  S^  D"'  Manuel  M.  Villada;  2»  série,  t.  111,  n"  5-10.  Mexico, 
igoo-igoS;  3  fasc.  in-4°. 

Estadistica  Ganadera  de  la  Republica  mexicana,  publicada  por  la  Direccion 
gĂȘnerai  de  Estadistica,  a  cargo  del  D"'  Antonio  Penafiel,  igo2.  Mexico,  igoS;  i  fasc. 
\n-l\°  oblong. 

Assiniboia,  Saskalchewan,  Alberta,  Lake  Louise,  Banff.  Ottawa,  igo3;  3  feuilles 
petit-colombier  et  2  feuilles  double-raisin.  (Cartes  adressées  par  le  Department  of 
the  Interior  du  Canada.) 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  igoS.  iSig 


Ouvrages  reçus  dans  la  séance  du  i4  décembre  igoS. 

Annuaire  pour  Fan  1904,  publié  par  le  Bureau  des  Longitudes,  avec  des  Notices 
scientifiques.  Paris,  Gauthier- Viiiars  ;  i  vol.  in-iS.  (Présenté  par  M.  Janssen.) 

Diagrammes  et  surfaces  thermodynamiques,  par  J.-W.  Gibbs;  traduction  de 
M.  G.  Rot,  avec  une  Introduction  de  M.  B.  Bruniies.  (Série  physico-matliéraatique, 
Sciencia,  n°  22.)  Paris,  G.  Naud,  igoS;  i  fasc.  in-8°.  (Présenté  par  M.  Poincaré.) 

Physique  du  Globe  et  Météorologie,  par  Alphonse  Berget.  Paris,  C.  Naud,  1904; 
I  vol.  in-8°.  (Présenté  par  M.  de  Lapparent.  ) 

DĂ©termination  des  points  de  transformations  allotropiques  du  fer  et  de  ses  al- 
liages par  la  mesure  des  variations  de  la  résistance  électrique  en  fonction  de  la  tem- 
pérature, par  O.  BouriouARD.  Paris,  Ph.  Renouard,  igoS;  i  fasc.  in-4°. 

Les  Canards  considérés  à  l'état  sauvage  et  comme  Oiseaux  d'agrément  et  de 
domesticité;  l'élevage  des  Jeunes  Canards,  par  Gabriel  Hogeron.  Paris,  J.-B. 
BailliÚre  et  fils,  igoS;   i  vol  in-8°.  (Présenté  par  M.  E.  Perrier.) 

Société  de  secours  des  Amis  des  Sciences.  Compte  rendu  du  quarante-sixiÚme 
exercice;  4o'  séance  publique  annuelle  tenue  le  \gjuin  1908  dans  l'amphithéùtre 
Richelieu,  à  la  Sorbonne.  Paris,  Gauthier-Villars,  igo3;  i  vol.  in-8°. 

Mémoires  de  la  Société  d' Agriculture,  Sciences,  Belles-Lettres  et  Arts  d'Orléans; 
5'  série,  t.  III,  n"  1,  i'^"'  semestre  igoS.  Orléans,  iinp.  Goût  et  C'",  igo3  ;  i  fasc.  in-8°. 


Bulletin  mensuel  de  l'Observatoire  central  de  Belgrade;  année  igo2,  vol.  I;  par 
Milan  Nedelkovitch,  Directeur  de  l'Observatoire.  Belgrade,  Imprimerie  royale,  igo3; 
1  vol.  in-4°.  (PrĂ©sentĂ©  par  M.  LƓwy.  ) 

Grand  Atlas  universel  de  Marks,  dressé  par  E.-J.  Pétri  et  J.-M.  Sbokolski;  i'^  li- 
vraison. Saint-Pétersbourg,  Marks,  1904;  i  fasc.  in-folio.  (En  langue  russe.)  (Pré- 
senté par  M.  A.  Grandidier.) 

Nuova  teorica  délia  legge  d'oscillazione  del pendolo  avuto  riguardo  alla  rotazione 
délia  Terra,  per  Mouni  (Antonio).  lesi,  A.  Spinaci,  igoS;  i  fasc.  in-8°. 

La  résonance  optique  comme  cause  de  réflexion  et  absorption  sélective  de  la 
lumiÚre,  par  le  Prof.  J.  Kossonogoff.  KielF,  igoS;  i  fasc.  in-8°.  (En  langue  russe.) 

Journal  and proceedings  of  the  Royal  Society  of  New  South  Wales;  vol.  XXXVI, 
1902.  Sydney,  igoS;  i  vol.  in-8. 


Outrages  reçus  dans  la  séance  du  28  décembre  igo3. 

Lectures  académiques,  discours,  par  J.  Janssen,  de  l'Institut,  Académie  des  Sciences. 
Paris,  Hachette  et  C'=,  igo3.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Exposition  universelle  internationale  de  1900.  Rapport  général  administratif 
et  technique,  par  M.  Alfred  Picard,   Membre  de  l'Institut:  Plans  généraux.  Paris, 


iSaO  ACADÉMIE    DES    SCIENCES. 

Imprimerie  nationale,   1900;   1   élui  in-4°,  conienanl  4  feuilles  pliées.  (Hommage  de 
l'Auleur.) 

Flore  fossile  des  gĂźtes  de  charbon  du  Tonkin,  parR.  Zeilleii,  Membre  de  l'IiisLitul  : 
Texte.  Paris,  Imprimerie  nationale,  igoS;  i  vol.  in-4".  {Hommage  de  l'Auleur.) 

Matériaux  pour  la  Minéralogie  de  Madagascar.  Les  roches  alcalines  caractéri- 
sant la  province  pétrographique  d' Ampasindava,  2"  Mémoire,  par  A.  Lacroix. 
(Exl.  des  Nouvelles  Archives  du  Muséum,  4"  série,  t.  V.)  Paris,  Masson  et  C'",  190.3  ; 
I  vol.  in-4°.  (Présenlé  par  M.  Michel  Lévy.  Hommage  de  l'Auteur.) 

Matériaux  d'étude  topographique  pour  l'Algérie  cl  la  Tunisie;  Cahiers  du  Ser- 
vice géographique  de  l'Armée,  4"  série,  n"  19.  Paris,  190^;  i  fasc.  in-8°.  (Envoi  de 
M.  le  Ministre  de  la  Guerre.) 

Le  point  critique  des  corps  purs,  par  E.  Mathias.  Paris,  C.  Naud,  1904;  1  vol. 
in-8°.  (Présenté  par  M.  Berlhelot.  Hommage  de  l'Auteur.) 

Maladies  professionnelles,  Ă©tude  technique  sur  leur  assimilation  aux  accidents 
du  travail.  Paris,  Imprimerie  nationale,  1908;  i  vol.  in-8".  (Adressé  par  M.  le  Miuistre 
du  Commerce  et  de  l'Industrie.) 

Catalogue  photographique  du  Ciel.  Zone  de  Helsini^fors,  entre  -+-  89°  et  -H  47°, 

publié  par  ArsDEits  Donner.  PremiÚre  série  :  Coordonnées  rectilignes  et  équatoriales, 

t.  IV.  ClichĂ©s  de  g""  Ă   11^.  Helsingfors,  K)o3;  i  vol.  iii-4".   (PrĂ©sentĂ©  par  M.  LƓwv.  ) 

Le  général  G.  de  La  Noé,  par  Emu.  ue  Margerie.  Paris,   A.  Colin,   igiv^;  1  fa^c. 

in-S". 

Un  essai  de  Bibliographie  géologique,  par  Emm.  de  Margerie.  Besançon,  tvpogr. 
Jacquin,  1908;  1  fasc.  in-8°. 

Contribution  à  l'étude  de  la  dépopulation  rurale  du  sud-ouest  de  la  France,  par 
M.  le  D"- GuiRAUU.  (Extrait  des  Comptes  rendus  de  l'Association  française  pour 
l'avancement  des  Sciences,  CongrÚs  de  Moniauban,  1902.)  1  fasc.  in-8°. 

Diffusion  de  l'acide  sulfocyanique  dans  les  deux  rĂšgnes  organiques,  son  action 
sur  le  calomel;  Ă©tudes  parle  Prof.  Egide  Pollacci.  Turin,  Bocca  frĂšres,  1904;  1  vol. 
in-8°.  (Hommage  de  l'Auteur.) 

Examen  de  la  méthode  de  la  prédiction  du  temps  de  M.  N.  Demtschcnskr,  par 
M.  A.  Klossovsky.  Odessa,  igoS;  i  vol.  in-8°. 

M.  le  D--  Schakdt,  professeur  de  GĂ©ologie  Ă   NeuchĂątel,  adresse  ,les  sept  Opuscules 
suivants  : 

Mélanges  géologiques  sur  le  Jura  neuchùtelois  et  les  régions  limitrophes:  2'  fasc. 
(Extrait  àu^Bulletin  de  la  Société  neucliàteloise  des  Sciences  naturelles;  t.  XXIX, 
année  1900-1901.)  1  fasc.  in-12. 

Les  blocs  exotiques' du  massif  de  J/ornJluh.  (Exti-ait  du  Bulletin  de  la  Société 
vaudoise  des  Sciences  naturelles,  t.  XXXVHl,  n°  143.  )  Lausanne,  Gorbaz  et  C'S  1902; 

I  fasc.  in-12. 

Vannes  d'eau  au  tunnel  du  Simplon.  (Extr.  du  Bulletin  de  la  Société  vaudoise 
des  Sciences  naturelles,  t.  XXXVHl,  n""  143-lU,  1902.)  i  fasc.  in-12. 

Avalanche  du  glacier  Rossboden  (Simplon).  (Exlr.  des  L'clogƓ  geologicƓ  helve- 
tiƓ,  vol.  Vil,  n°  k.)  i  fasc.  in-12. 


SÉANCE  DU  28  DÉCEMBRE  1903.  I 32  1 

Revue  géologique  suisse  pour  l'année  1901,  par  H.  Schardt  et  Ch.  Sarasin.  {Eclogce 
geologicƓ  helvetiƓ;  vol.  Vil,  n"  (i.)  Lausanne,  Georges  Bridel,  igoS;  i  fasc.  in-12. 

Description  géologique  de  la  région  des  gorges  de  l'Areuse;  avec  5  planches  et 
20  clichés.  Lausanne,  G.  Bridel  et  C'^,  i(|o3;  i  fasc.  in-12. 

Note  concernant  la  vitesse  de  propagation  de  la  Jluorescéine  dans  les  eaux  sou- 
terraines, Ă   propos  de  la  Note  de  MM.  Fournier  et  Magnin  et  de  la  Notice  de  M.  Le 
Couppey  de  la  Forest,  par  H.  Sciuiidt.  (Extr.  du  Bulletin  de  la  Société  belge  de 
Géologie,  t.  XVII,  année  igoS,  p.  290-300.)  i  fasc.  in-S". 

L'État  indĂ©pendant  du  Congo.  Documents  sur  le  pays  et  ses  habitants.  Annexe 
aux  Annales  du  Musée  du  Congo.  Ethnographie  et  Anthropologie;  série  IV,  fasc.  111. 
Agriculture.  Bruxelles,  1900;  1  lasc.  in-f". 

Album  des  Aves  amazonicas,  organisado  pelo  Prof.  D''  Emilio  A.  Goeldi;  fasc.  2, 
estampas  i3-24.  Rio-Janeiro,  Alveset  C'<^,  1902;  i  fasc.  in-4°. 

Report  to  the  governement  of  Ceylon  on  t/ie  pearl  oyster  fisheries  of  the  gulf  0/ 
Manaar,  by  W.  A.  Herdman,  with  supplementary  reports  upon  ihe  Marine  biology 
of  Ceylon,  by  other  naturalists  ;  pub.  by  The  Royal  Society.  Londres,  igoS. 

U.  S.  Department  of  Agriculture.  Bureau  of  animal  industrie.  Spécial  report  on 
diseuses  0/  tlie  horse.  Washinglon,  igo3;  i  vol.  in-S". 

Annual  report  0/  the  Smithsonian  Institution,  1900.  U.  S.  national  Muséum. 
Washington,  1902;  1  vol.  in-S". 

Proceedings  of  the  United  States  national  Muséum,  vol.  XXIII,  XXIV  ;  pub.  under 
the  direction  of  the  Smilhsonian  Institution.  Washington,  1901  ;   2  vol.  in-S". 

Rapporto  annuale  dello  I.  R.  Ossen'atorio  astronomico-meteorologico  di  Triesle 
per  l'anno  1900,  redatlo  da  Edoardo  Mazellk  ;  vol  XVII.  Trieste,  igo3;    i  fasc.  in-4''. 

Rulelinul  lunar  al  ob^ervatiunilor  meteorologice  din  Romania,  pub.  de  Stefan- 
G.HepiĂŻes;  ariul  XI,  1902.  Bucharesl,  igoS;  i  vol.  in-4''. 

Annales  de  l'Observatoire  physlifue  central  Nicolas,  pub.  par  M.  Rykatchew, 
année  1901  ;  1"  et  2"  Parties.  Saint-Pétersbourg,  1903  ;  2  vol.  in-4". 

Mémoires  du  Comité  géologique  :  vol.  XVI,  n"  2  (texte  et  allas);  vol.  XVII,  n"  3  ; 
vol.  XX,  n"  1;  nouvelle  série,  n"»  1,  ri,  -V.  Saint-PélerstJourg,  1902-1903;  i  vol.  et 
6  fasc.  iu-4". 


i:)22  ACADEMIE    DES   SCIENCES. 


ERRA  TA. 

(Séance  du   'j  décembre  igoS.) 

Note  de  M.  Renard,  Sur  la  qualité  des  hélices  sustentatrices 

Page  970,  ligue  20,  au  lieu  de  <oS',  lisez  cf  S'. 
Page  971,  ligne  3,  au  lieu  de 

oS'^^tn  d'oĂč  S'=3-, 

lisez 

<5S'  =  io  d'oĂč  S':rx-- 

ta 

Page  973,  ligne  4,  <*«  Heu  de  A\  lisez  K'. 

(Séance  du   i4  décembre   1903.) 

Note  de  M.  Bloch,  Sur  l'ionisation  par  le  phosphore  : 

Page  io4i)  formule,  au  lieu  de 

lisez 


FIN   DU    TOME    CENT    TRENTE-SEPTIÈME. 


rv°  26. 

TABLE   DES  ARTICLES.   (Séance  du  28  décembre  1903.) 


RENOUVELLEMENT   ANNUEL 

DU  BUREAU  ET  DE  LA  COMJIISSION  CENTRALE  ADMINISTRATIVE. 


Pages. 
M.  Troost  est  élu  Vice-Président  de  l'Aca- 
démie pour  l'année  1904 1 197 

MM.    BoRNET  et  Maurice  Levy  sont  réélus 


Pages. 
Membres  de  la  Commission  centrale  admi- 
nistrative pendant  l'année  1904 1197 


MEMOIRES    ET  COMMUNICATIONS 

DE.S   MEMBRES   ET   DES   CORRESPONDANTS   DE   L'ACADÉMIE. 


MM.  MoissAN  et  Binet  du  Jassoneix.  —  Re- 
cherches sur  la  densité  du  chlore 1 198 

MM.  A.  Haller  et  G.  Blanc.  —  Sur  de  nou- 
velles synthÚses  effectuées  au  moyen  des 
molécules  renfermant  le  groupe  méthy- 
lÚne associé  à  un  ou  deux  radicaux  néga- 
tifs. Action  de  l'épichlorhydrine  sur  l'acé- 
tylacétone  sodée 1200 

M.  Th.  SciiLƒsiNo  fils.  —  La  potasse  soluble 
dans  l'eau  du  sol  et  son  utilisation  par 
les  plantes i2oij 

M.  LƓwy.  —  Sur  le  premier  Volume  du 
Catalogue  photographique  du  Ciel  publié 
par  M.  A.  Donner,  Directeur  de  l'Obser- 
vatoire d'Helsingfors 1209 

M.  Zeiller  présente  à  l'Académie  le  Volume 
de  texte  de  la  Flore  fossile  des  gites  de 
charbon  du  Tonkin 1210 


M.  Alfred  Picard.  —  Note  accompagnant 
la  présentation  du  Recueil  des  plans  de 
son  Rapport  sur  l'Exj  osition  universelle 
de   1900 

M.  .\rmand  Sabatieb.  —  Sur  les  mains  sca- 
pulaires  et  pelviennes  chez,  les  Poissons 
chondroplérygiens 

M.M.  Ch.  Ueperet  et  O.  Menuel.  —  Sur  la 
limite  du  Jurassique  et  du  Crétacé  dans 
la  région  orientale  des  Pyrénées  et  sur 
l'existence  de  deux  Ă©poques  distinctes  de 
formation  des  calcaires  Ă   couzeranite. . . . 

M.  J.-A.  Normand.  —  De  l'influence  de  la 
surimniersion  sur  la  vitesse 

M.  Janssen  fait  hommage  à  l'Académie  d'un 
Volume  qu'il  vient  de  publier  sous  le 
tiire  :  «  Lectures  académiques.  Discours  ». 


12lli 


Ăź2iH 


[2>'> 


3IEM0IRES  PRESENTES. 


SI.  r^AUL  AuDOLLENT  adresse  une  réclamation 
de  priori  lé  relative  à  l'émission  de  radia- 
tions par  les  corps 1227 

M.  Henri  Rovel  adresse  plusieurs  Commu- 
nications relatives    à    la   Navigation   aé- 


rienne    1227 

M.  Paul  Radiot.  —  Ouverture  de  deux  plis 
cachetés  renfermant  des  Notes  sur  la  direc- 
tion des  ballons   1237 


CORRESPONDANCE . 


M.  le  Secrétaire  perpétuel  signale  divers 
Ouvrages  de  M.  E.  Mathias,  et  de  M.  A. 
Lacroix 

MM.  Andoyer,  Anthony,  Arthus,  Bobrelly, 
Brillouin,  Jean  Camus,  E.  Chambon,  G. 
Chavanxe,  J.  Collet,  L.  Damel,  H.  Domi- 
Nioi,  Glovek,  K.  Goldstein,  A.  Ountz,  Vic- 
tor Henbi,  Hûspitalieb,  Lucien  Lagriffe, 
M°"  la  comtesse  M.  vox  Lindex.  E.  Loncq, 
R.  Maire,  Marciiis,  Monprofit,  F.  de 
MoNTESsus  DE  Ralloke,  M""  veuve  Nep- 
VEU,  P.  Picard,  Bernard  Renault,  Eug. 
Simon,  Svex  Hedin,  LĂ©on  Teisserenc  du 


2J7_ 


Bort,  II. -G.  Zeuthen  adressent  des  re- 
merciments  à  l'Académie  pour  les  distinc- 
tions dont  leurs  travaux  ont  été  l'objet 
dans   la  derniÚre  séance  publique 122S 

M.  le  Ministre  de  I'Instruction  publique 
transmet  à  l'Académie  une  Leltre  relative 
Ă   un  tremblement  de  terre  en  Bulgarie..    ia.!S 

M.  H.  Ledesgue.  —  Sur  une  propriĂ©tĂ©  des 
fonctions 1228 

M.  J.  Le  Roux.  —  Sur  les  Ă©quations  linĂ©- 
aires aux  dérivées  partielles rjSo 

M.  Paul  \\'iernsbergkr.  —  Convergence 
des  radicaux  superposés  périodiques r>33 


N"  20. 

SdlTE  DE  LA  TAULK  DES   ARTICLES. 


Pa 

l\l.  Chaules  Henard.  —  Sur  un  nouveau 
syslcme  de  Irain  routier  dit  Ă   propulsion 
continue  . .' ‱  ‱ 

M.  Paul  Gasnieii.  —  Nouveaux  dispositifs 
électromécaniques  d'embrayage  et  de  chan- 
gement de  vitesse  progressifs 

‱  M.  L.  Aiui'iS.  —  Sur  l'extension  de  la  for- 
mule de  Clapeyron  Ă   tous  les  Ă©tats  indif- 
fC'ren  ts 

.M.  Charles  Kaumy.  —  Sur  l'intensitĂ©  lumi- 
neuse des  Ă©toiles  et  leur  comparaison  avec 
le  Soleil 

M.  E.  fioGovsKY.  —  Sur  la  diflcrence  de 
température  des  corps  en  contact 

M.  J.  DE  IvoNVALSKi.  —  Sur  les  dĂ©charges  glis- 
santes.  

M.  J.  ÏHOVEKT.  —   DillusiomĂ©tre 

M.  Defacqz.  —  Sur  une  nouvelle  mĂ©thode 
de  préparation  de  quelques  fluorures  an- 
hydres et  cristallisés 

M.  Marcel  Ascoli.  —  L'osmose  Ă©leclrique 
dans  l'ammoniac  li(iuidc 

M.  P.  Lebeau.  —  Sur  la  dissociation  des  car- 
bonates alcalins 

M.  .Marcel  DELÉriNE.  —  Sur  les  i-aniinoni- 
triles 

M.  1).  Gauthier.  — Combinaisons  du  saccha- 
rose avec  quelques  sels  métalliques 

M.  TM'I'eneau. —  Sur  la  trausfoniialiondes  i- 
fflycols  primaires  en  aldéhydes  correspon- 
dantes  

M.  H.  Dlival.  —  Sur  les  Ă©thcrs  nitriques 
des  acides-alcools 

,M.  Louis  Meunier.  —  Action  de  l'acide  car- 
bonique sur  les  solutions  aqueuses  d'ani- 
line en  présence  des  nitriles 

M.  L.  Maquenne.  —  Sur  la  rĂ©trogradation 
de  l'empois  d'amidon 

M.  LÉo.N  BnuNEL.  —  PrĂ©paration  d'alcools 
hydro-aromatiques 

M.  Gabriel  Bertrand.  —  Sur  l'oxydation 
du  gayacol  par  la  laccase 

iM.  G.  AndrĂ©.  —  Sur  le  dĂ©veloppement  des 
plantes  grasses  annuelles;  Ă©tude  des  bases 
minérales 

ALM.  IJouiLHAC  et  Giustiniani.  —  Sur  une 
culture  de  sarrasin  en  présence  d'un  mé- 
lange d'algues  et  de   bactéries 

M.  IvOUi.s  Houle.  —  Sur  l'Ă©volution  subie 
par  les  Poissons  du  genre  Atherina  dans 
les  eaux  douces  et  saumĂ tres  du  midi  de 
la   France 

M.  Augustin  Charpentier.  —  Nouveaux 
faits  sur  les  rayons  n  d'origine  physiolo- 
gique ;  localisations  nerveuses 


2'l2 


'À'x 


j59 


la;) 

■!6o 
262 

264 
2H1J 

2(ÎS 


■7  1 


'77 


M.  S.  Murand.  —  DĂ©termination  du  mi- 
nimum perceptible  et  de  la  durée  de  la 
perception  lumineuse  chez  les  personnes 
dont  la  vue  est  alTaiblie 12S0 

.M.  IvRONEciiER.  —  Le  mal  des  montagnes..    \'X> 

M.  J.  Vallot.  —  Sur  les  modifications  que 
subit  la  respiration  par  suite  de  l'ascen- 
sion et  de  l'acclimatement  Ă   l'altitude  du 
mont  Blanc '  a^  ' 

M.  Charles  Henry  et  M"»  J.  Ioteyko.  — 
Sur  une  relation  entre  le  travail  et  le  tra- 
vail dil  slatiiyue  énergétiqucment  équiva- 
lents  Ă    reri;ographe >i'^'> 

MM.  P.  Ancel  et  P.  BouiN.  —  Recherches 
sur  le  rĂŽle  de  la  glande  interstitielle  du 
testicule.  Hypertrophie  compensatrice  ex- 
périmentale  

M.  Georges  Coutagne.  —  Sur  les  croise- 
ments entre  ta  xi  es  difl'Ă©rentes 

M.  Georges  Bohn.  —  Sur  le  phototropisme 
des  Artiozoaires  supérieurs 

MM.  E.  Varenne,  ,1.  Roussel,  L.  Godefroy. 
—  Action  de  l'anĂ©thol  sur  l'organisme... 

AI.  J.  Danysz.  —  De  l'action  du  radium  sur 
les  différents  tissus 

M.  Leclerc  du  .Sablon.  —  Sur  une  consĂ©- 
quence de  la  fécondation  croisée 

i\l.  Grille.  —  Sur  un  hybride  vrai  de  chas- 
selas par  vigne  \  ierge  {Ampélopsis  hede- 
racea ) 

M.  Amar.  —  Sur  le  rîle  de  l'oxalate  de  cal- 
cium dans  la  nutrition  des  végétaux 1  i.M 

M.  II.  Bouygues.  —  Sur  la  Nielle  des  feuilles 
de  tabac '  '■"'^ 

M.  L.-A.  Fabre.  —  Sur  le  glaciaire  de  la 
Garonne i"' 

M.  Lmile  Haug.  —  Sur  les  racines  de 
(|uelques  nappes  de  charriage  des  Alpes 
occidentales 1  iu7 

M.  H.  Arsandaux.  —  Contribution  Ă   l'Ă©tude 
des  roches  basaltiques  de  l'Est-Africain. .    1  loX 

M.  AndrĂ©  Delebixque.  —  Sur  les  lacs  de 
haute  Engadine 1  '  1 1 

.M.  E.  Fleurent.  —  Sur  la  relation  qui 
existe  entre  la  proportion  de  gluten  con- 
tenu daus  les  dilTércnls  blés  et  la  propor- 
tion des  matiÚres  azotées  totales iii  1 

M.  Fréd.  Riesz  adresse  une  Note  ayant  pour 
titre  :  «  ThéorÚme  relatif  aux  corréla- 
tions )> 

M.  T.  Lemoyne  adresse  une  Note  «  Sur 
quelques  propriétés  descubiques  nodales  ». 

M.  Marcellin  Recoupe  adresse  une  «  Note 
relative  à  des  mesures  thermométriques 
aux  gelées  du  printemps  » 


1  jr|0 

1  .'.l|2 
I    Mj'l 

,  .,,6 
I  '98 

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Bulletin  bibliographique. 
Erhata 


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lOlli 

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1 3 1 1" 

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PARIS.   —   IMPRIMERIE    G  A  UTII I  E  R  -  V  I  L  L  A  RS, 
Quai  des  Grands-Augustins,  55. 

Le  GĂ©rant  :   Gauthier -VlLLARS. 


TABLES 

DES   COMPTES   RENDUS 

DES  SÉANCES 


L'ACADÉMIE  DES  SCIENCES. 


SECOND  SEMESTRE  1903. 


TOMS  OXXXVXX 


JUL     25   1904 


COMPTES  RENDUS 


DES  SÉANCES  DE  L'ACADÉMIE  DES   SCIENCES. 


TABLES    ALPHABÉTIQUES 


JUILLET  -   DÉCEMBRE  1903. 


TABLE  DES  MATIERES  DU  TOME  CXXXVII. 


Pages. 
AcadĂ©mie.  —  M.  le  SecrĂ©taire  perpĂ©tuel 
annonce  à  l'Académie  que  le  Tome 
CXXXV  des  Comptes  rendus  (?.'  se- 
mestre 1902)  est  en  distribution  au 
Secrétariat 375 

—  M.  le  PrĂ©sident  annonce  Ă   l'AcadĂ©mie 

que,  en  raison  de  la  séance  publique 
annuelle  des  cinq  Académies  qui  doit 
avoir  lieu  le  lundi  5.G  octobre,  la 
séance  liebdomadaire  de  l'Académie 
des  Sciences  sera  remise  au  lende- 
main mardi  ■>.-;  octobre 'ifg 

~  M.  le  Secrétaire  perpétuel  annonce 
que  le  Tome  XLVl  des  «  Mémoires  de 
l'Académie  des  Sciences  »  est  en  dis- 
tribution au  Secrétariat <)'>.(| 

—  M.   Troost  est  Ă©lu  Vice  PrĂ©sident  de 

l'Académie  pour  l'année  1904 1 197 

—  MM.   Boinct   et  Maurice  Len    sonl 

réélus  membres  de  la  Commission 
centrale  administrative  pendant  l'an- 
née 1 904 1197 

AcKTYLliNE    ET  SES   DÉRIVÉS.   —  Sur  l'acĂ©- 

C.  H.,  1903,  2-  Semestre.  (  T.  C\X\VII.) 


Pages. 

lylÚne  bibromé  :  purification,  cryos- 
copie,  analyse;  par  M.  J'.  Lrmoult...       05 

—  Sur  la  condensation  des  Ă©tliers  acĂ©ty- 

léniques  avec  les  alcools;  par  M.  Cli. 
Moureu 2  J9 

—  Action  d'une  trace  d'eau  sur  la  dĂ©com- 

position   des    hydrures   alcalins  par 
l'acétylÚne;  par  M,  Henri  Moissan..      (03 

—  Sur  les  acĂ©tones  acĂ©tylĂ©niques.  Nou- 

velle méthode  de  synthÚse  des  iso- 
axols  ;    par    M  M  .    C/i .    Moureu    et 

M.  lirachin 795 

Aciers.  —  ConsĂ©quences  de  la  thĂ©orie  des    ■ 
aciers  au  nickel  ;  par  M.  Cli.-Ed.  Guil- 
laume        4  i 

—  Étude  sur   les  dĂ©formations   molĂ©cu- 

laires d'un  barreau  d'acier  soumis  Ă  

la  traction;  par  M.  L.  Fraichet 1C19 

—  Diagramme  donnant  les  propriĂ©tĂ©s  des 

aciersau  nickel;  parM./.eo«  Guillet.     ji  i 

—  Sur  les  propriĂ©tĂ©s  et  la  constitutioji 

des  aciers  au  manganĂšse  ;  par  M.  l^Ă©oit 
Guillet 480 


i3a.'i 


TABLE    DES 
Pages. 


MATIERES. 


Pa(;ps. 


—  M.  E.  Frairliri  adresse  une  Note  inti- 

tulĂ©e :  «  Études  sur  les  dĂ©formations 
Ă©lastiques  d'un  barreau  d'acier  sou- 
mis à  la  traction  « "'ß^'"' 

—  Les  modes  de  dĂ©formations  et  de  rup- 

ture des  fers  et  des  aciers  doux;  par 
MM.  F.  Osmond,  Ch.  Frémnnt, 
G.  Cartaud 8 ') i 

—  Sur  la  propriĂ©tĂ©  d'Ă©mettre  des  rayons  n 

que  la  compression  confĂšre  Ă   certains 
corps,  et  sur  l'émission  spontanée  et 
indéfinie  des  rayons  n  par  l'acier 
trempé,  le  verre  trempé  et  d'autres 
corps  en  état  d'équilibre  moléculaire 
contraint  ;  par  M.  R.  Blondlot iiCj 

—  Sur  la  constitution  et  les  propriĂ©tĂ©s 

des  aciers  au  silicium;  par  M.  Lcon 
GiiUlel I  o  I  > 

—  Nouvelle   mĂ©thode   de   dĂ©termination 

des  points  critiques  des  fers  et  des 

aciers;  par  M.  O.  Boudouard loJJ 

Acoustique.  —  Sur  les  caractĂ©ristiques 
des  voyelles,  les  gammes  vocaliques 
et  leurs  intervalles;  par  M.  l'abbé 
Housselot .'i" 

—  Sur  la  thĂ©orie  du  champ  acoustique; 

par  M.  Charbonnier 1 0 1 

—  Sur  l'AĂ©rodynamique  et  la  thĂ©orie  du 

champ  acoustique;  par  M.  le  général 
Sriirrt 3  '17 

—  La  thĂ©orie  du  champ  acoustique  et  le 

frottement   intérieur   des   gaz;    par 

iM.  P.  Charbonnier I7S 

—  Sur  le  phĂ©nomĂšne  aĂ©rodynamique  pro- 

duit par  le  tir  des  canons  grélifuges: 

par  M.  J.  T'iolte 'kj; 

AÉRONAUTIQUE.  —  Sur  un  moyen  rapide 
d'obtenir  le  plan  d'un  terrain  en  pays 
de  plaines,  d'aprĂšs  une  vue  photo- 
graphique prise  en  ballon  ;  par 
M .  Laussedat i'\ 

—  l/emploi  des  ballons  à  ballonnet  d'a- 

prÚs la  théorie  du  général  Meusnier; 

par  M.  Henry  de  La  J'aulx 7içi 

—  Sur  la  possibilitĂ©  de  soutenir  en  l'air 

un  appareil  volant  du  genre  hélicop- 
tĂšre en  employant  les  moteurs  Ă   ex- 
plosion dans  leur  état  actuel  de  légÚ- 
reté ;  par  M.  Chartes  Renard 8  jj 

—  Sur  la   qualitĂ©  des   hĂ©lices  sustenta- 

trices ;  par  M.  Char/a  Renard <i7<) 

—  F.rraia  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication     I JM.  > 

—  M.  /).  Lerhaplain  adresse  une  «  Note 


relative  à  la  direction  des  aérostats  » .   10S7 

—  M.  Henri  Ravel  adresse  plusieurs  Com- 

munications relatives  Ă   la  Navigation 
aérienne 1 527 

—  Ouverture  de  deux  plis  cachetĂ©s  ren- 

fermant des  Notes  sur  la  direction  des 

ballons;  par  M.  Paul  Radiot 1227 

Air  atmosphĂ©rique.  — .ExpĂ©riences  sur 

la  résistance  de  l'air;  par  i!.  f;.£ï/?é/.      3o 

—  Sur  la  sĂ©paration  des  mĂ©langes  gazeux 

par  la  force  centrifuge;  par  MM.  G. 

Claude  et  E.  Demoussy 2  lo 

-  Sur  la  température  d'inOammalion  et 
sur  la  combustion  lente  du  soufre  dans 
l'oxygĂšne  et  dans  l'air:  i)ar  M.  Henri 
Moissan 5)7 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       G28 

—  Sur  l'extraction   de  l'oxygùne  par  la 

liquéfaction  partielle  de  l'air  avec 
retour  en  arriĂšre;  par  M.  Georges 

Claude 783 

Voir  aussi  Argon. 
Albuminoides  (Matiùres).  —  Sur  la  pro- 
duction d'hydrogÚne  sulfuré  par  les 
extraits  d'organes  et  les  matiĂšres  al- 
buminoïdes  en  général  ;  par  MM.  Jbe- 
lous  et  H.  Ribaut gO 

—  Les  matiùres  albuminoides  du  grain 

de  maïs;  par  MM.  Donnrd el  Labbé.     af)/| 

—  Inlluence   de   la    tempĂ©rature    sur   la 

production  d'hydrogÚne  sulfuré  par 
les  matiĂšres  albumino'ides,  les  extraits 
d'organes  animaux  et  les  extraits  de 
levure  de  biÚre,  en  présence  du  sou- 
fre; par  MM.  J.-E.  Abelous  et  H. 
Ribaut afiS 

—  Sur  la  production  d'hydrogĂšne  sulfurĂ© 

par  les  extraits  d'organes  et  les  ma- 
tiÚres albuminoides  en  général  ;  par 

M.  Emm.  Pozzi-Escot 495 

Alcools.  —  PrĂ©parations  des  alcools  pri- 
maires au  moyen  des  acides  corres- 
pondants; par  MM.  L.  Bouveault  et 

G.  Blano Co 

-  Sur  une  bactérie  oxydante,  son  action 
sur  l'alcool  et  la  glycérine;  par  M. 7?. 
Sazcnae 9" 

—  Sur  la  condensation  des  Ă©thers  acĂ©ty- 

léniques  avec  les  alcools;  par  M.  Ch. 
Moureu ■.*  J;) 

—  M.  /'..S'oH/'/je  adresse  une  Note  intitulĂ©e 

0  Alcoométrie  pondérale  « 353 

—  Transformation  des  aldĂ©hvdes  et  des 


TABLE    DHS    MATIERES. 


i325 


Pa{^es. 
célones  en  alcools  par  liydrogénation 
calalylique;  par  Mx\I.  l'uni  Sn/iatirr 
et  J.-Jl.  Si'iu/cre/is 5o  i 

—  Sur  les   Ă©thers  nitriques   des  acides- 

alcolp  ;  par  M.  H.  Duml 'J7  ' 

—  Sur  l'oxydation  de  la  glucose  dans  le 

sang;  jiar  M.  L.Jolly 77' 

—  Sur  les   hydrates  d'alcool  Ă©lhylique: 

par  MM.  E.  Varenne  et  L.  Godefroy.     99) 

—  M.  Gnrilin  adresse  une  Note  «  Sur  la 

formation  des  alcoolates  cupro-alca- 

lins  )) '"'^7 

—  PrĂ©paration  d'alcools  hydro-aromati- 

ques ;  par  M.  LĂ©on  Brunel 1  ?-fi8 

—  La  prĂ©tendue  fermentation  alcoolique 

des  tissus  animaux  ;  par  M.  f .  Baielli.   1 07 1 
Voir  aussi  C/iimie  organique. 

AldĂ©hydes.  —  Voir  Chimie  organique. 

Alimentaires  (Matiùres).  —  Les  ma- 
tiĂšres alhuminoĂŻdes  du  grain  de  maĂŻs; 
par  MM.  Labbé  et  Donard 26  1 

—  Étude  sur  quelques  pains  anciens;  par 

M.  !..  Lindci ‱■.(■>4 

—  Sur  les  matiĂšres  grasses  et  l'aciditĂ© 

des  farines  ;  par  M.  Balland. 724 

—  Sporozoaire  parasite    des    Moules    et 

autres  Lamellibranches  comestibles; 

par  M.  Louis  LĂ©ger io<ij 

—  Sur  la  relation  qui  existe  entre  la  pro- 

portion de  gluten  contenu  dans  les 
difiérents  blés  et  la  proportion  des 
matiÚres  azotées  totales;  par  M.  E. 

Fleurent 1  )  1  > 

Voir  aussi  Vins. 

AlUiMINium  et  ses  composĂ©s.  —  Sur  une 
combinaison  du  sulfate  d'aluminium 
avec  l'acide  sulfurique;  par  M.  /;'. 
Baud igĂŻ 

Amides.  —  PrĂ©paration  des  amides  secon- 
daires; par  1\I.  y.  Tarbnurieih i 'S 

—  Sur    les     amides    secondaires  ;     par 

M.  Tarbourii'ch 3>.G 

—  Actions  des  composĂ©s  organomagnĂ©- 

siens  mixtes  sur  les  amides.  Nouvelle 
méthode  de  préparation  des  cétones; 
par  M.   Constantin  Beis J7J 

—  Application  de  la  pyridine  Ă   la  prĂ©pa- 

ration de  quelques  dérivés  amides; 

par  M .  I'.  Frenndler 712 

Voir  aussi  CInmie  organique. 
Amidon.  —  Les  hydrates  de  carbone  de 
l'orge    et    leurs   transformations   au 
cours  de  la  germination  industrielle; 
par  M.  L.  Lindet 7) 


Pages. 

—  Sur  la  rĂ©trogradation  de  l'empois  d'a- 

midon ;  par  M.  L.  Maqui-nnc 8S 

—  Ëtude  sur  quelques  pains  anciens;  par 

M.  L.  Lindet fil'i 

—  Sur  la  coagulation  de  l'amidon;  par 

M.\L  J.  Wolf  et  A.  Fernbach 718 

—  Sur  la  rĂ©trogradation  de  l'empois  d'a- 

midon ;  par  M.  L.  Maquenne. 797 

—  Contribution  Ă   l'Ă©tude  de  l'amylo-coa- 

gulase;  par  M.  -1.  Boidin 1081 

—  Sur  la  rĂ©trogradation  de  l'empois  d'a- 

midon; par  M.  L.  Maquenne i?.()6 

AminĂ©s.  —  Voir  Chimie  organique. 

Analyse  matiiĂ©matique.  —  Sur  les  grou- 
pes de  Mathieu  ;  par  M.  de  SĂ©guier...       i-; 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication        1  '‱'‱ 

—  Sur    les   fonctions   fondamentales  de 

M.  Poincaré  et  la  méthode  de  Neu- 
mann  pour  une  frontiÚre  composée 
de  polynĂŽmes  curvilignes;  par  M.  S. 
Zaremba 39 

—  Sur   les  fondions  quasi- pĂ©riodiques; 

par  M.  Esclangon 3o5 

—  Sur  les  fonctions  do  n  variables  reprĂ©- 

sentées par  des  séries  de  polynÎmes 
homogĂšnes;  par  M.  H.  Dulac 3o8 

—  Sur  les  intĂ©grales  de  S.  Lie;  par  M.  N. 

Saltykow 3o9 

—  Sur  les  relations  entre  les  intĂ©grales 

complĂštes  de  S.  Lie  et  de  Lagrange; 
parM.  iV.  Saltjkow ..     37G 

—  Sur  le  rapport  des  travaux  de  S.  Lie  à 

ceux  de  Liouville;  [lar  M.  N.  Sal- 
tvhnv io3 

—  Les  fondions  entiĂšres  d'ordre  zĂ©ro; 

pa  r  M .  Edm.  Maillet 4o5 

—  Sur  les  intĂ©grales  de  Fourier-Cauchy; 

|iar  M.  Cari  StĂŽi mer 408,  4Ăź*> 

—  Sur  le  problùme  de  S.  Lie;  par  M.  iV. 

SallyLoiv 433 

—  M.    Stodol/iieivitz    adresse    une    Note 

a  Sur  un  mode  d'intégration  des 
équations  dillérentielles  partielles  du 
premier  ordre  » 1  '(> 

—  Sur  les  Ă©quations  aux  diffĂ©rences  qui 

possĂšdent  un  systĂšme  fondamental 
d'intégrales;  par  M.  Jlfr.  Guldberg.     4CG 

—  Sur  les  fonctions  monodromes  et  les 

équations  différentielles;  par  M.Edni. 
Maillet 47» 

—  Sur  une  classe  d'Ă©quaticuis  dillĂ©ren- 

tielles linéaires;  par  M.  Jtcxander 
Chessin 5  '  1 


i326 


TABLE    DES 
Pages. 


Sur  les  relations  eulre  la  lliéorio  dos 
intégrales  doubles  de  seconde  espÚce 
cl  celle  des  intégrales  de  différen- 
tielles totales  ;  par  M.  Emile  PUiinl .     4  )  i 

Sur  la  nouvelle  fonction  E«(.r)  ;  par 
M.  MUtd^-LrlUer 'i  m 

Sur  les  équations  linéaires  aux  dilTé- 
rences  finies;  par  W.  Alf.  GulMcrg.     "iGo 

Sur  les  périodes  des  intégrales  doubles 
et  leurs  rapports  avec  la  théorie  des 
intégrales  doubles  de  seconde  espÚce  ; 
par  M.  Emile  Pictinl 'xj  1 

Sur  les  équations  linéaires  anx  diffé- 
rences finies;  par  M.  Alf.  Giildbcrg.     Gi  ; 

Sur  les  groupes  de  liansformalionsdes 
équations  linéaires  aux  différences  fi- 
nies; par  M.  Alf.  GuUlbcrg C39 

Sur  la  résolution  pratique  des  équa- 
tions; par  i\l.  Habiit Gj  i 

Sur  la  détermination  des  classes  sin- 
guliÚres de  séries  de  Taylor  ;  par 
M .  Emile  liorel 69  j 

Sur  quelques  points  de  la  théorie  des 
ensembles;  par  M.  Emst  LimlelĂŽf . .     (ig; 

M.  Prosper  de  Lnfitle  adresse  un  MĂ©- 
moire ayant  pour  titre  :  u  Le  carié 
magique  do  3.  Solution  générale  du 
problùme  >‱> 73i 

Sur  l'approximation  des  fonctions  par 
les  irrationnelles  quadratiques;  pai' 
M.  S.  Pinclierle 73  j 

Sur  la  nature  analytique  des  solutions 
de  certaines  équations  aux  dérivées 
partielles  du  second  ordre;  par  M.  i". 
Bernslciri 7!^^^ 

Sur  les  Ă©quations  fonctionnelles  et  la 
théorie  des  séries  divergentes;  par 
M.  L.  Fcjer *^3i) 

Sur  un  systĂšme  de  trois  fonctions  de 
variables  réelles;  par  W.D.Pompciii.     %\\ 

Sur  la  représentation  effective  de  cer- 
taines fonctions  discontinues  ;  par 
M.  Emile  Borel <)(i  i 

Sur  une  classe  d'Ă©quations  fonciioii- 
iielles ;  par  M.  S.  Lattes (jo i 

Un  théorÚme  sur  les  ensembles  mesu- 
rables; par  M.  Emile  Bnrel gGG 

Généralisation  d'un  théorÚme  de  La- 
guerre  ;  par  M.  A.  Aiiric gGj 

Sur  les  équations  aux  dérivées  par- 
tielles linéaires  du  second  ordre;  par 
M.  Hndamard lo/S 

Sur  une  généralisation  de  la  théorie 
des  fractions  continues  algébriques; 


MATIERES. 

Pages. 
l)ar  M.  E.  Goitruit io3() 

—  Sur  l'Ă©quation  dilfĂ©rentiollo  de  Riccali 

de  second  ordre  ;  par  M.  George  Wid- 
le/iberg io33 

—  Sur  une  propriĂ©tĂ©  des  fonctions;  par 

M.  H.  I.cbesguc 1 29.8 

—  Sur  les  Ă©quations  linĂ©aires  aux  dĂ©ri- 

vées partielles;  par  M.  /.  Le  Roux. . .   ia3() 

—  Convergence  des  radicaux  superposĂ©s 

périodiques:   par  M.    J'tiid  If'iems- 

berger 1 9i33 

Voir  aussi  Géométrie,  Hydrodyna- 
iniijiie.  Mécanique,  Méetiniffue  cé- 
leste. 
Anvtomie  animale.  —  Recherches  sur  la 
constitution  et  sur  la  structure  des 
fibres  cardiaques  chez  les  Veitébrés 
inférieurs;  par  M.  F.  Marceau 75 

—  Sur  la  capsule  surrĂ©nale  des  Amphi- 

biens;  par  M.  Ed.  Grynfelit 77 

—  Les  lois  mĂ©caniques  dans  le  dĂ©velop- 

pement du  crĂąne  des  Cavicornes;  par 

M.  U.  Duerst 342 

—  L'apiiareil  digestif  des  SilphidƓ;   par 

M.  L.  Bordas 3  i  i 

—  Un  liquide  fixateur  isotoni<[ue  avec  l'eau 

de  mer;  par  JL  M.-C.  De/AĂŻuyzen.. .     4'J 

—  Liquide  fixateur  isotonique  a\ec  l'eau 

de  mer,  pour  les  objets  dont  on  ne 
veut  pas  Ă©liminer  les  formations  cal- 
caires; par  M.  M.-C.  Deldiuyzen . . .     4^5 

—  Sur  les  mains  scapulaires  et  pelviennes 

des  poissons;  par  M.  Armand  Snba- 

tier 893 ,    1 2 1 G 

—  Les  myĂ©locytes  du  bulbe  olfactif;  par 

M.  Joannes  Chatin ^Sg 

Voir  aussi  Zoologie. 

Anatomie  pathologique.  —  De  la  forma- 
tion du  cal;  par  iMM.  F.  Cornil  et 
P .  Coudray ‱):>.» 

Anatomie  vĂ©gĂ©tale.  —  Voir  Botanique. 

Argent  et  ses  composĂ©s.  —  Sur  l'argent 

dit  colloĂŻdal;  par  M.  Hanriot i->a 

—  Sur   les   changements   de    phase    par 

réflexion  normale  dans  le  quartz  sur 
les  métaux  ;  par  MM.  /.  Macé  de  Lé- 
pinay  et  H.  Buisson 3 1 7 

—  Sur  la  fusibilitĂ©  des  mĂ©langes  de  pro- 

tosulfure de  bismuth  et  de  sulfure 
d'argent,  de  protosulfure  de  bismuth 
et  de  sulfiire  d'antimoine;  par  M.  H. 

PĂ©lahon 920 

Argon.  —  Sur  le  dosage  de  l'argon  dans 
l'air  atmosphérique;   par    M.   Henri 


TABLE    DES 

Pages. 
Moissaii 900 

—  Nouvelle  prĂ©paration  de  l'argon;  par 

MM.  H.  Moisson  et  A.  Rigaut 773 

Arsrmc.  —  Sur  une  nouvelle  mĂ©tliofle  de 
recherche  et  de  dosage  des  traces  les 
plus  faibles  d'arsenic  ;  par  M.  Armand 

Gnuticr 1  'j8 

‱-  Arsenic  dans  les  eaux  de  mer,  dans  le 
sel  gemme,  le  sel  de  cuisine,  les  eaux 
minérales,  etc.  Son  dosage  dans  iiuel- 
ques  réactifs  usuels;  par  M.  Armand 
Gantier -iĂŻ-i 

—  Itectifications  relatives  Ă   la  Noie  prĂ©- 

cédente; par  M.  Arnuriid  Gautier.  . .     37} 

—  Emploi    de    la   bombe  calorimĂ©tricpie 

pour  démontrer  l'existence  de  l'arse- 
nic dans  l'organisme;  par  M.  Ga- 
briel Bertrand 266 

—  L'arsenic  pxiste-t-il  dans  tous  les  or- 

ganes   de    l'Ă©conomie   animale?   par 

M.  . /  rmaiid  Gantier 293 

—  Alcoylation  systĂ©matique  de  l'arsenic; 

par  M.  f^.  Augcr 92  j 


MATIÈRES.  i3li7 

Pages. 
Astronomie.    —    M.    C.    'le    Licbhaher 
adresse  une  Note  :  «  Sur  la  thermo- 
graphie sidérale  » 353 

—  M.    Auric   adresse   une   Note    «    Sur 

l'existence  probable  d'un  anneau  au- 
tour de  Jupiter  » 4'-o 

—  W.  Fr.  Faccin  adresse  une  Note  inti- 

tulée :  «  Anomalies  diurnes  et  sécu- 
laires dans  le  mouvement  de  rotation 
de  la  Terre  » S 1 9 

—  PrĂ©sentation  du  Tome  X  des  «  Annales 

de  l'observatoire  de  Bordeaux  »  ;  par 
M .  LƓwy S36 

—  Sur  le  premier  volume  du  Catalogue 

photographique  du   Ciel    publié   par 
M.  .1.  Donner,  directeur  de  l'obser- 
vatoire d'ilelsingfors;  par  M.  LƓwy.    1209 
— ■  Sur  l'intensilc  lumineuse  des  Ă©toiles  et 
leur  comparaison  avec  le  Soleil;  [liir 

M.  Charles  Fabry '  . . 1 242 

Voir  aussi  Comùtes,  Eclipses,  Étoiles 
filantes,  MĂ©canique  cĂ©leste,  OĂčseri'a- 
toires,  PlanĂštes,  Soleil. 


B 


BactĂ©ries.  —  Sur  une  bactĂ©rie  oxydante, 
son  action  sur  l'alcool  et  la  glycérine; 
par  M.  /{.  Sazcrac 90 

—  MM.  Foi'caii  de  Cuiirmetles  et  P.  Bar- 

bcrin  adressent  une  Note  ayant  pour 
litre  :  «  Pouvoir  bactéricide  compa- 
ratif de  diverses  lumiÚres  » 2ï<  ; 

—  Une     AcrasiĂ©e     bactĂ©riophage;     par 

M .  Paul  Vuillennn J87 

—  Sur  une  maladie  bactĂ©rienne  du  tabac, 

le  cliancre  ou  antliracnose;  par  M.  6'. 
Delacroix i  j  1 

—  NĂ©cessitĂ©  d'une  symbiose  microbienne 

pour  obtenir  la  culture  des  Myxomy- 
cĂštes ;  par  M.  Pmoy J8o 

—  Sur  la  jaunisse  de  la  betterave,  mala- 

die bactérienne;  par  M.  G.  Delacroix    871 

-  Sur  une  culture  de  sarrasin  en  pré- 

sence d'un  mélange  d'algues  et  de 
bactéries;  par  MM.  Bouilhac  et  Gius- 

tanini 1 274 

Voir  aussi  Infectieuses  {maladies). 
BahĂŻum  et  ses  composĂ©s.   —   Action   du 
chlore  sur  l'acétate  de  baryum;  par 
M.  Albert  Colson GGd 

—  Sur  les  acĂ©tates  alcalino-terreux;  par 

M.  .-ilbert  Culson 1  oLi i 


—  SĂ©paration  et  dosages  simultanĂ©s  de  la 

baryle,   de   la   stronliane   et    de    la 

chaux  ;  par  M.  Lucien  Robin 258 

Bismuth.  —  Sur  une  sĂ©rie  de  composĂ©s 
du  bismuth;  par  MM.  G.  Urbcnn  et 
H.  Lacombc 'J''8 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  commu- 

nication       8.'.o 

—  Sur  la  fusibilitĂ©  des  mĂ©langes  de  soufre 

et  do  bismuth;  par  M.  H.  Pclabon. .     C.i8 

—  Sur  la  fusibilitĂ©  des  mĂ©langes  de  proto- 

sulfure de  bismuth  et  de  sulfure  d'ar- 
gent, de  protosulfurc  de  bismuth  et 
de  sulfure  d'antimoine;   par  M.  H- 

PĂ©lahon 9'" 

Botanique.  —  Remarques  sur  la  forma- 
tion du  pollen  chez  les  Asclépiadées; 
par  M.  L.  Guignanl ' 'J 

—  M.   H.   Arnaud  adresse   un   MĂ©moire 

intitulĂ©  :  «  Études  sur  quelques  Rosa- 
cées, ou  plantes  prétendues  telles  ». 

—  Le   niĂ©riphyte   che/.    les   CycadacĂ©es; 

par  M.  H.  Matle 80 

—  Sur  la  variation  du  Rorneiina  Corinm 

suivant  la  nature  des  milieux;  par 
MM.  /-.  Mani;in  cl  P.  fiala. ......      \^<J 

—  Sur  une  greiĂŻe  en  Ă©cusson  de  Lilas; 

173. 


l328 


TABLE  DES 


Pages, 
par  M.  Liicirit  Daniel \!\\ 

-  Une  l'assiflorée  à  résine  ;  par  M.  Henri 

Jumelle 2o() 

-  Une     Acrasiée     bactériopliagc  ;     par 

Vaid  VuilU'min oS; 

-  Sur  la  fornialion  de  l'Ɠuf  et  la  nuiUi- 

lilicalion  d'une  anlipode  dan>  lesJon- 
cées;  par  M.  Marccltin  Liinniit ....      401) 

-  Inlluence  do  l'eau  sur  la  structure  des 

racines    aériennes   d'Orchidées;    par 

M.  Gnston  Bannicr 5o5 

-  Sur  le  genre  Ascodcsniis;  par  M.  P. -A. 

Dnngcard j  >  8 

-  Sur  le  développement  do  l'embryon  des 

Joncées;  par  M.  Mat-ccUin  Laurent. .     iJ2 

-  Nécessité  d'une  symbiose  microbienne 

pour   la   culture  des  MyxomycĂštes; 

par  M.  Puioy ISo 

-  Un    nouvel    hybride    de    grelfe;    par 

M.  Lucien  Daniel 76) 

-  Sur  les  nectaires  extra-floraux  des  Hc- 

vcn-^  par  MM.  Jug.  Dagiiillon  et  //. 
Cotipin 7(17 

-  Recherches  cylologiques  sur  le  Galac- 

tina  siiccosa  ;  par  M.  R.  Maire 7G9 

-  Sur  la  structure  des  cotylédons  et  la 

disposition  de  certaines  racinesadven- 
lives  dans  les  planlules  de  Labiées; 
par  M.  René  Viguicr ijoj 

-  Sur  une  double  fusion  des  membranes 

dans   la    zygospore  des  Mucorinées; 

par  M.  Paul  Vudlemin 8G() 

-  Contribution  Ă   l'Ă©tude  cytologiquo  des 

AscomycĂštes;  par  M.  GuiUiermtynd . .     ijiti 

-  Errata  se  rapportant  Ă   cette  commu- 

nication     I  oys 

Voir  aussi  Chimie  végétale.  Paléonto- 
logie végétale,  Pathologie  vége'talc; 
Physiologie  végétale,  Viticulture. 


MATIERES. 

Pages. 
BiiOMiĂź  i;t  sioscoMPoshs.  —  Sur  l'acĂ©tylĂšne 
bibromé  :    purification,    cryoscopie, 
analyse;  par  M.  1'.  lA-nioult 55 

—  Action  du  brome  sur  le  pinĂšne  en  prĂ©- 

sence de  l'eau;  par  ALVL  P.  Genoresse 

et  P.  Faillie 1 3(i 

—  Action  de  la  phĂ©ny'.hydra/.ine  sur  les 

bromures  et  iodures  alcooliques;  par 

,\L  /.  .lllaix  Le  Ciinu 3'2<j 

—  Action  de  l'acide  borique  sur  les  iodu- 

res; son  emploi  pour  la  séparation  de 
l'iode  des  iodures  en  présence  de  bro- 
mures et  chlorures;  par  MM.  H. 
Baiihigny  et  P.  liivals 0 jo 

—  Conditions  de  sĂ©paration  do  l'iode  sous 

forme  d'iodure  cuivreux,  dans  un 
mélange  de  chlorures,  bromures  et  io- 
dures alcalins;  par  ALM.  N.  Baubigny 
et  H.  Jiii'ah .".     733 

—  SĂ©paration  de  l'iode  dans  les  sels  halo- 

gĂȘnĂ©s  alcalins  d'avec  le  chlore  et  le 
brome,  par  sa  transformation  en  acide 
iodique,  et  mode  de  préparation;  par 
M.M.  H.  Buubigny  et  P.  liivah 9^7 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  commu- 

nication     1088 

—  Action  des  acides  bromosuccinique  et 

bibromosuccinique  sur  les  bases  pyri- 
diques  et  quinoléiques;  par  M.  L. 
Dubreuil 1  oG3 

Bulletins  biBLioGRAPiiiyUES.  —  99,  lii. 
2'-,  '.Si,  353,  392,  447,  456,  472, 
480,  538,  586,  G78,  726,  949,  ion, 
1087,   i3iG. 

Bureau  des  Longitudes.  —  AI.  Jansseu 
présente  à  l'Académie  «  l'Annuaire  du 
Bureau  des  Longitudes  pour  l'année 
i'jo4  u io-'.7 


Candidatures.  —  M.  Ed.  Caspari  prie 
l'Académie  de  le  comprendre  parmi 
les  candidats  Ă   la  place  vacante,  dans 
la  Section  de  GĂ©ographie  et  Naviga- 
tion, par  suite  du  décÚs  de  M.  de 
Bussy 

—  M.  Ch.  Lalleniand  prie  l'AcadĂ©mie  do 
vouloir  bien  le  comprendre  parmi  les 
candidats  Ă   la  place  vacante,  dans  la 
Section  de  (iéographic  et  Navigation, 
par  suite  du   décÚs  de  M.  de  Bussy. 


Gi3 


—  Liste  do  candidats  prĂ©sentĂ©s  pour  la 
lilaco  laissée  vacante,  par  le  décÚs  de 
M.  de  Bussy,  dans  la  Section  de  GĂ©o- 
graphie et  NaTigation  :  i"  M.  Bertin, 
■>■■  M.  Caspari,  "y  M.  Charles  Ijtllc- 
mand 819 

Cvi'iLLAiiiTÉ.  —  Sur  un  capillariuietre; 
par  MM.  E.  Tassilly  et.^.  Chaniber- 
land G4J 

i.MiHONE.  —  Sur  l'Ă©tal  du  carbone  vaiio- 

risét  par  M.  Bertlwlot 589 


TABLE    DES 

Pages, 

—  Sur  une  variĂ©tĂ©  do   caibone  Olanien- 

loux;    par  MM.    Cunstant    et   Henri 

Pctiibnn 70G 

Chimie  Agricole.  —  Sur  l'analvse  mĂ©ca- 
nique des  sols;  par  M.  Tli.  Sclilie- 
si'ng  pĂšre 369,  JIJ9 

—  La  potasse  soluble  dans  l'eau  du  sol  et 

son   utilisation   par  les  plantes,   par 

M.  T/i.  SclilƓsing  [ils 120G 

Chimie  Analytique.  —  Simplification  de 
l'analyse  des  silicates  par  l'emploi  du 
l'acide  formique;  par  M.  A.  LcclĂšre.       5u 

—  Sur  une  nouvelle  mĂ©thode  de  recher- 

che et  de  dosage  des  traces  les  plus 
faibles  d'arsenic;  par  M.  Armand 
Gnuticr 118 

—  Arsenic  dans  les  eaux  de  mer,  dans  le 

sel  gemme,  le  sel  de  cuisine,  les  eau.\ 
minérales,  etc.  Son  dosage  dans  quel- 
ques réactifs  usuels;  par  M.  Armand 
Gautier ^j  >. 

—  Rectifications  relatives  Ă   la  Noie  prĂ©- 

cédente; par  .\L  Armand  Gautier.  ..     3;  j 

—  SĂ©paration  et  dosages  simultanĂ©s  de  la 

baryte,  delaslrontianeet  de  la  chaux  ; 

par  M.  Lucien  Robin '^ J8 

—  Emploi   de    la    bombe    calorimĂ©trique 
‱   pour  dĂ©montrer  l'existence  de  l'arse- 
nic dans  l'organisme;  par  M.  Gabriel 
Bertrand '2O6 

—  Sur  le  dosage  de  l'ammoniaque  dans  les 

vins  et  son  rÎle  dans  la  dillérenciation 
des  mistelles  d'avec  les  vins  de  li- 
queur; par  M.  ./.  Laborde 334 

—  Sur  l'analyse  mĂ©canique  des  sols;  par 

M.  TU.  SchlƓsing  pùre 3Gg,  399 

—  Recherche  et  dosage  de  l'urĂ©e  dans  les 

tissus  et  dans  le  sang  des  animaux 
vertébrés  ;  par  M .  Gréhant 5  j8 

—  PhĂ©nols  libres  et  sulfo-conjuguĂ©s.  MĂ©- 

thode de  dosage.  Le  soufre  dit  neutre 
existe-t-il  dans  l'urine?  par  M.  L. 
Monfet 38(i 

—  Sur  le  dosage  du  vanadium  dans  les 

produits  métallurgiques;  par  M.  Em. 
Campagne 670 

—  Sur  le  dosage  de  l'Argon  dans  l'air  at- 

mosphérique; par  }A.  Henri  Moissan.     (joo 

—  Action  de   l'acide  borique  sur  les  io- 

dures  ;  son  emploi  pour  la  séparation 
de  l'iode  des  ioduros  en  présence  de 
bromures  et  chlorures;  par  .\1.M.  H. 
Baubigny  et  P.  liii'als (J5ci 

—  Sur  la  sĂ©paration  et  le  dosage  du  fer 


MATIÈRES.  13-29 

Pages, 
et  de  l'acide  phosphorique   dans  les 
eaux  ;  par  M.  H.  Causse 708 

—  Conditions  de  sĂ©paration  de  l'iode  sous 

forme  d'iodure  cuivreux,  dans  un  mé- 
lange de  chlorures,  bromures  et  io- 
dures  alcalins;  par  MM.  H.  Baubigny 
et  /-".  Rivais 733 

—  Sur  une  sĂ©paration  rigoureuse  dans  la 

série  des  terres  rares;  par  M.M.  G. 
Urbain  et  H.  Lacombe 792 

—  M.   Adolphe    Carnot  fait    hommage  à 

l'Académie  du  Tome  II  de  son  «  Traité 
d'analyse  des  substances  minérales  ».     807 

—  Iniluence  des  gaz  sur  la  sĂ©paration  des 

métaux  par  électrolyse  :  séparation 
du  nickel  et  du  zinc;  par  MM.  Hollard 
et  Bertiaux 8  J3 

—  SĂ©paration  de  l'iode  dans  les  sels  halo- 

gĂšnes alcalins  d'avec  le  chlore  et  le 
brome,  par  sa  transformation  en  acide 
iodique,  et  mode  de  préparation  de 
l'iode  pur;  par  MM.  H.  Baubigny  et 
P.  Rivais 9  «7 

—  Errata  se  rapportant  à  celte  Commu- 

nication     1088 

Voir    aussi    Alimentaires    (MatiĂšres), 
Prélnstoricjues  (Etudes),  fins. 
Ciii.MiE  BIOLOGIQUE.  —  Sur  Ics  acides  gias 
de  la  lĂ©cilliine  de  l'Ɠuf;  par  M.  H. 
Cousin GS 

—  Sur  la  production  d'hydrogĂšne  sulfurĂ© 

par  les  extraits  d'organes  et  les  ma- 
tiÚres albuminoïdes  en  général;  par 
MM.  J.-E.  Abelou.i  et  H.  Ribaut  ...       gS 

—  Sur  les  modifications  du  chimisme  res- 

piratoire avec  l'Ăąge,  en  particulier 
chez  le  cobaye  ;  par  M.  LĂ©opoldMaycr.     1 37 

—  Errata  se  rapportant  à  celte  commu- 

nication        ĂźiS 

—  Influence  de  la  tempĂ©rature  sur  la  pro- 

duction d'hydrogÚne  .sulfuré  par  les 
matiĂšres  albuminoĂŻdes,  les  extraits 
d'organes  animaux  et  les  extraits  de 
levure  de  biÚre,  en  présence  du 
soufre;  par  .MM.  J.-E.  Abelous  et  H. 
Ribaut 'GS 

—  Emploi   de    la    bombe   calorimĂ©trique 

pour  démontrer  l'existence  de  l'arse- 
nic dans  l'organisme;  par  M.  Gabriel 
Bertrand 2GG 

—  L'arsenic  existe-t-il  dans  tous  les  or- 

ganes   de    récononiiû    animale;    |)ar 

M.  Armand  Gautier /gS 

—  La  nature  et  l'apprĂ©ciation  de  la  rĂ©ac- 


i33o 


TABLE    DES 


Pages, 
lion  alcaline  du  sang;  [taTM.H.Ln/iĂčc.     384 

—  PliĂ©nols  libres  et  sulfo-conjuguĂ©s.  MĂ©- 

Ihorie  de  dosage.  Le  soufre  dit  iieulrc 
oxiste-t-il  dans  ruriiieV;  par  M.  L. 
Moiifct 38G 

—  De  la  prĂ©sence  de  l'acide  lactique  dans 

les  muscles  des  Invertébrés  et  des 
Vertébrés  inférieurs;  par  M.  Jean 
Gautrelcl 417 

—  Recherche  et  dosage  de  l'urĂ©e  dans  le 

sang    des    animaux    vertébrés;    par 

M.  Nestor  Gréimnt 5')8 

—  Sur  l'oxydation  de  la  glucose  dans  le 

sang,  par  M.  L.  Jolly 77 1 

—  Contribution  Ă   l'Ă©tude  de  la  dyscrasie 

acide  (acide  chlorhydrique)  ;  par 
MM.  /.  Adler  cl  J.  Dcxgrez 818 

—  Sur  l'existence,  dans  l'organisme  ani- 

mal, d'une  diaslase  Ă   la  fois  oxydante 
et  réductrice;  par  1\I.M.  /.-E.  Jb/'hiis 
et  /.  J/oj- 88  j 

—  Quelques  observations  relatives  à  l'ac- 

tion des  vapeurs  des  composés  hydro- 
carbonés  sur  les  microbes  animaux 
et  sur  les  insectes,  et  au  rĂŽle  antisep- 
tique des  agents  oxydants-oxydables; 
par  JL  Berthelot 9)3 

—  La  prĂ©tendue  fermentation  alcoolique 

des  tissus  animaux  ;  par  U.F.  BaU'lll.  1079 
Voir  aussi  fliysiolo^ie  animale. 
CHi.Miii:  GiiNÉiiALE.  —  Sur  la  diminution 
du  potentiel  pour  tout  changement 
spontané  dans  un  milieu  de  tempéra- 
ture et  de  pression  constantes;  par 
M.  E.AriĂšs 46 

—  Courbes  de  sublimation;  par   M.  A. 

Boiizal 175 

—  Sur  les  lois  et  les  Ă©quations  de  l'Ă©qui- 

libre chimique  ;  par  M.  Ariùs ■>:>'}> 

—  Sur  une  combinaison    de  deux   corps 

qui,  par  élévation  de  température, 
s'unissent  puisse  séparent  au  dessous 
de  — 79";  par  M.  D.  Cernez iVj 

—  Description  d'un  nouvel  appareil  pour 

la    préparation    des   gaz    purs  ;    par 

W.  Henri  Moissan JG3 

—  Sur  les  lois  du  dĂ©placement  de  l'Ă©qui- 

libre chimique  ;  par  M.  E.  AriĂšs  ....     738 

—  Sur  la  couleur  des  solutions  aqueuses 

de  mélhylorange  et  le  changement 
qu'y  déterminent  les  acides;  par  M.  P. 
Faillant 81';) 

—  Sur  l'extension  de  la  formule  de  Cla- 

peyron  à  tous  les  états  indifférents; 


MATIERES. 

Pages, 
par  M.  E.  AriĂšs 1239 

—  Sur  la  dissociation  des  carbonates  al- 

calins; par  M.  P.  Lebcaii 1-255 

Chimie  minkrale.  —  Sur  les  conditions 
de  production  et  de  stabilité  de  l'acide 
hyposulfureux  ;  par  M.  /.  Ahy 5i 

—  Combinaison  du  sulfate   ferrique  avec 

l'acide  sulfurique;  par  M.A.Rccoiira.     1 18 

—  Action  du  persulfatc  d'ammoniaque  sur 

les  oxydes  métalliques;  par  MM.  A. 
Sejewetz  et  P.  Trinvitz 1 3(.) 

—  RĂ©actions  catalyliques  diverses  four- 

nies par  les  métaux  ;  influences  acti- 
vantes et  paralysantes  ;  par  M.  A . 
Trillal 187 

—  PrĂ©paration  et  propriĂ©tĂ©s  d'un  siliciure 

de  ruthénium;  par  MM.  Henri  Muis- 

snn  et   Wilhem  Manrhol 229 

—  Sur  un  carbure  double  de  chrome  et 

de  tungstĂšne;  par  M.M.  Henri  Mois- 
san et  A.  Kouznetzniv 262 

—  Sur  quelques  combinaisons  binaires  de 

l'uranium;  par  .M.  A.  Colsnn 882 

—  Sur  la  tempĂ©rature  d'inflammation  et 

sur  la  combustion  lente  du  soufre 
dans  l'oxygĂšne  et  dans  l'air  ;  par 
M.  Henri  Moissan 547 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       *'28 

—  De  l'action  de  l'acide  carbonique  sous 

pression  sur  les  phosphates  métal- 
liques ;  pai-  -M.  A.  BariUĂ© 56G 

—  Sur   l'Ă©tat  du  carbone  vaporisĂ©;   par 

M.  Berthelot 589 

—  Sur  la  fusibilitĂ©  des  mĂ©langes  de  soufre 

et  de  bismuth;  par  M.  H.  PĂ©lahon. .     C48 

—  Sur  le  kermùs;  par  xM.  /.  Bougaull.  ..    794 

—  Influences  activantes  ou  paralysantes 

agissant  sur  le  manganÚse  envisagé 
comme  ferment  métallique  ;  par  M.  A. 
Trillat 922 

—  Action  du  mĂ©lange  oxygĂšne  et  acide 

chlorhydrique  sur  quelques  métaux; 

par  M.  Camille  Matignon lo5  i 

—  Sur  la  prĂ©paration  du  sesquisĂ©lĂ©niure 

d'iridium;  par  MM.  C.  Chabrié e\,A. 
Boiichonnet " io59 

—  Recherches  sur  la  densitĂ©  du  chlore; 

par  MM.  Moissan  et  Binet  du  Jasso- 
neix I  ' 98 

—  Sur  une  nouvelle  mĂ©thode  de  prĂ©para- 

tion de  quelques  fluorures  anhydres 

et  cristallisés;  par  M.  Defaajz 12J1 

Voir  aussi  Aciers,  Aluminium,  Argent. 


TABLE    DES    MATIÈRES. 


l33l 


Pages. 
Argo/i,  Arsenic,  Baryum,  Bisnnilli, 
Brome,  Carbone,  Chimie  analytique^ 
Cyanures,  Dissociation,  Fer,  Iode, 
OxygĂšne,  Phosphore,  Radio-iictivitc', 
Zinc. 
CiiiMiii;  ORGANIQUE.  —  Sur  l'acĂ©tylĂšne  bi- 
bromé  :  purificalion,  cryoscopie,  ana- 
lyse ;  par  P.  Lcmoull 5i 

—  Aclion  du  sodium  sur  le  tĂ©lrachloriirc 

de  carbone  el  la  benzine  chlorée  : 
formation  de  Iriphénylmétliano  et 
d'hexaphényléthane  ;  par  II.  Jules 
Sclimidiin 5ij 

—  Oxyde  d'Ă©thylĂšne du  p-cyclohexanediol- 

I  .i  et  dérivés  ;  par  M.  Léon  Bruricl. .      G> 

—  Aclion  de  l'acide  liypopliosphoreux  sur 

la  diélliylcéione  et  sur  l'acéloplié- 
none ;  par  M.  C.  Marie i ■.'4 

—  Sur  le  chlorure  de  phĂ©nylpropargyli- 

dùne  CH^  — C  =  C  -  CH  Cl^;  par 
MM.  Ernest  Charon  et  Edgar  Du- 
goujon lĂŻ'j 

—  PrĂ©paration  des  amides  secondaires  ; 

par  M .  /.   'l'orbouriech laS 

—  Aclion  du  brome  sur  le  pinĂšne  en  prĂ©- 

sence de  l'eau;  par  }t\\\.  P.Gcni<resse 

et  P.  Faivre 1 3o 

—  Sur  la  spartĂ©ine.  CaractĂšres  gĂ©nĂ©raux  ; 

action  de  quelques  réducteurs;  par 
MM.  Ch.  Moureu  et  J.  f'aleur ig4 

—  Sur  les  Ă©lhers  isonitrosonialoniques  el 

leur  transformation  en  éthers  mésoxa- 
liques;  par  MM.  L.  Bouveault  et  A. 
yVahl 11)5 

—  Aclion  de  l'ammoniaque    sur  l'oxyde 

d'Ă©thylĂšne    du    [i-o-cyclohexanediol  ; 

par  M.  LĂ©on  Brunel i ij8 

—  Sur  le  cyclohexane  el  ses  dĂ©rivĂ©s  chlo- 

rés; par  MM.  Paid  Sahatier  el  Alpli. 
Mailh  e i^o 

—  Sur  la  condensation  des  Ă©lhers  acĂ©lylĂ©- 

niques  avec  les  alcools;  par  M.  Ch. 
Moureu ĂŽg 

—  Sur  la  constitution  du  cyanure  d'allyle  ; 

par  M.  R.  Lespieau -.G?, 

—  Contribution  Ă    l'Ă©tude  des  quinoaes- 

dicélones;  par  M.  OEchsner  de  Co- 
ninc/i j.Ăč'i 

—  Transformation  des  aldĂ©hydes  et  des 

célones  en  alcools  par  hydrogénation 
catalylique  ;  par  MM.  Paul  Sahatier 
et  J.-B.  Sendcrens ior 

—  Dosage    de    la    pyridino    en    solution 

aqueuse;  par  M.  Maurice  François..     'yi\ 


-  Sur.les  amides  secondaires;  par  M.  Tar- 

bouriech 

-  RĂ©duction  des  Ă©thers-sels  des  amides 

Ă   fonction  complexe;  par  M.\l.  L. 
Boweault  et  G.  Blanc 

-  Action  de  la  phénylhydrazine  sur  les 

bromures  el  les  iodures  alcooliques; 
par  M.  J .  Allnin  Le  Canu 

-  Sur    le    lélraméthyldiamino-diphény- 

lÚne-phénylmélhane  dissymétrique  el 
le  colorant  qui  en  dérive;  par  M.M.  A. 
Guyot  et  M.  Granderyc 

-  Sur  la   nilrosite  de  la  pulégone;  par 

M.  P.  Ge/ii'resse 

-  Les  chaleurs  de  combustion  des  com- 

posés organiques,  considérées  comme 
propriétés  additives.  Alcools  el  phé- 
nols. Éthers-oxydes.  AldĂ©hydes  el  cĂ©- 
lones ;  par  M.  P.  Lenioult 

■  Action  de  l'acide  phosphoreux  sur  la 
mannite.  Remarque  sur  le  mannide; 

par  .\L  P.  CarrĂ© ‱ 

‱  DĂ©rivĂ©s  el  produits  d'oxydation  de  l'a- 
cide nilropyromucique;  par  M.  A'. 
Marquis 

Hechcrches  sur  la  formation  des  azoĂŻ- 
ques.  RĂ©duction  de  l'Ă©lher-oxyde  or- 
Iho-nilrobenzil-méthylique;  par  M.  P. 
Frcundler 

Sur  les  Ă©lhers  nitriques  des  acides-al- 
cools ;  par  M.  H.  Duvnl 

Fixation  anormale  du  irioxyméthylÚne 
sur  certains  dérivésorgnnomagnésiens 
aromatiques;  par  M.M.  .1/.  Tillcncaa 
cl  K.  Dclange 

Actions  des  composés  organomagné- 
siens  mixtes  sur  les  amides.  Nonvc?lle 
méthode  de  préparation  de  célones; 
par  M.  Constantin  BĂ©is 

Sur  les  produits  do  condensation  du 
tétramétiiyldiamidophényloxanlhranol 
avec  le  benzÚne,  le  toluÚne  et  la  dimé- 
Ihylanilinc;  par  MJL  A.  Haltcr  et  .4. 
Guyot 

Sur  le  calcul  de  la  chaleur  de  com- 
bustion des  acides  organiques,  de 
leurs  anhydrides  el  des  Ă©thers-sels; 
par  M.  P.  Lenioult 

Recherches  sur  l'isoglucosaniine  ;  par 
M.  L.  MiKjiieiiiic 

Sur  une  méthode  de  synthÚse  des  dé- 
rivés ddialogénés  symétriques  de  la 
benzophĂ©none:  par  M.  /‱'.  Bodroux.. 

Application  de  la  pyridine  à  la  prépa- 


'ajes. 
3  20 

3-28 

329 

Il  3 

374 

5i5 


5-2  1 

571 
573 


60(1 

0)0 
658 


[332 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pa 


ralion  de  (luelquos  dérivés  amidés; 
par  M.  P.  Freundlcr 

Sur  l'emploi  de  l'ainaigame  de  magné- 
sium en  Chimie  organique  ;  par 
M.  Louis  Meunier 

Sur  l'aldéhyde  orthotoluique,  parM.  H. 
Four  nier 

Action  des  dérivés  organomagnésiens 
sur  l'acétol  et  ses  élhers-sels;  par 
M.  André  Kling 

Sur  les  acétones  acétyléniques.  Nou- 
velle méthode  de  synthÚse  des  isoxa- 
zols;  par  MM.  Cli.  Moureu  el  M. 
Brachin 

Sur  l'acide  oxalacétique;  par  M.  L.-J . 
Simon 

Copulation  des  sels  de  dinaphtopyrylc 
avec  les  phénols;  par  M.  R.  Fosse... 

SynthÚse  de  la  nicotine;  par  M.  Aßné 
Piccet 

Alcoylation  systématique  de  l'arsenic  ; 
par  M.  J  .  Allier 

Recherches  sur  les  azoĂŻques.  Nouveau 
mode  de  formation  des  dérivés  inda- 
zyliques  ;  par  M.  P.  Frcundler 

Action  de  l'acide  cyanhydrique  sur 
l'aldéhydale  d'ammoniaque  et  les 
combinaisons  analogues;  par  ^\. Mar- 
cel Delcpine 

Nouvelle  réaction  de  l'hydroxylamine; 
par  M.  L.-J.  Simon 

Nouvelle  méthode  de  préparation  des 
aldéhydes;  par  iNl.  L.  Bntweaull 

Sur  la  migration  phénylique  ;  par 
M .  Marc  TUfencan 

Sur  les  Ă©thers  de  l'acide  isopyromucl- 
que  ;  par  M.  C.  Clun'onne 

Sur  les  hydrates  d'alcool  Ă©thylique; 
par  Mi\I.  E.  Farenne  et  L.   Godefruy- 

Préparation  directe  du  cyclohexanol 
el  de  la  cyclohexanone  Ă   partir  du 
phénol;  par  MM.  Paul  Sabatier  et 
J.-B.  Senderens 

Sur  les  acétates  alcalino-terreux;  par 
M.  Albert  Colson 

Action  des  acides  bromosuccinique  et 
bibromosuccinique  sur  les  bases  p\  ri- 
diques  et  quinuléiques;  par  M.  Loids 
Dubreuil 

Sur  un  nouveau  phénol  triiodé;  par 
M.  P.  Breiians 

Stéréoisoniérie  dans  les  éthers  cam- 
phocarboniques  substitués  et  l'a- 
cide mélhylhomocamphorique.  Acide 


gcs. 
7ii>. 

7'  i 
71C 

7J6 

!'.)'> 

85H 
8G0 

',)«'- 

'.)84 
(j.SG 

9^7 
9<J-2 


iul>i 


oG  > 


r.i(;e'. 
Ă©thylcamphocarboiuque;    par   M.  /. 
Mingidn loG; 

—  lodures  de  mercurammonium  des  ami- 

nés primaires  et  des  aminés  tertiai- 
res ;  par  M.  Maurice  François 'oGtj 

---  Sur  de  nouvelles  synthÚses  effectuées 
au  moyen  des  molécules  renfermant 
le  groupe  méthylÚne  associé  à  un  ou 
deux  radicaux  négatifs.  Action  de  l'é- 
|)iclilorhydrine  sur  l'acétylacétone  so- 
dée; par  .M.M.  A.  Hatlcrel  G.  Blanc.    iio3 

—  Sur  les  x-amiiionitriles;  par  M.  Marcel 

DelĂ©pine i  ■ii~ 

—  Combmaisons  du  saccharose  avec  (|uel- 

ques  sels  métalliques;  par  M.  D. 
Gniithicr i  iig 

—  Sur  la    transformation  des    o-glycols 

primaires  en  aldéhydes  correspon- 
dantes: par  M.  TUf'eneaii laGo 

—  Sur  les  Ă©thers   nitriques  des  acide.s- 

alcools ;  par  M.  H.  Diivnl 1262 

—  Action   de  l'acide  carbonique  sur  les 

solutions  aqueuses  d'aniline  en  pré- 
sence des  ni  tri  tes  ;  par  ^\.  Louis  Meu- 
nier    12G4 

—  PrĂ©paration    d'alcools  hulro-aromati- 

ques ;  par  M.  LĂ©on  Brunel ii68 

Voir  aussi  Chimie  biologique.  Chimie 
végélale,  Colorantes  {MatiÚres),  Etlié- 
ri/ication,  Glycérine. 
Chi.mie  physique.  —  Sur  la  diminution  de 
potentiel  pour  tout  changement  spon- 
tané dans  un  milieu  de  température 
et  de  pression  constantes.  Note  de 
M.  AriĂšs 47 

—  Courbes   de  sublimation;  par  M.  A. 

Bouzat : 1 75 

—  Nouvelles  lois  de    tonomĂ©trie,    qu'on 

|)cut  déduire  des  expériences  de 
Raoult;  par  i\I.  E.  f^ickersheimer .  ..     3 19 

—  Courbes  de  pression  des  systùmes  uni- 

variants  qui  comprennent  une  phase 
gazeuse  ;  par  M.  A.  Bouzat "i-ri 

—  Un  liquide  fixateur  isotonique  avec  l'eau 

de  mer;  par  M.  M.-C.  Dckhuyzcn. 
4i5,  445 

—  M.  le  SecrĂ©taire  perpĂ©tuel  signale  les 

trois  premiers  numéros  du  «  .Journal 
de  Chimie  physi([uo  »,  publié  par 
M.  Philippe- A.  Guye Gi3 

—  Sur  les  lois  du  dĂ©placement  de  l'Ă©qui- 

libre chimique:  par  M.  E.  AriĂšs  ....     73s 

—  Sur  l'extraction   de  l'oxygùne   par    la 

liquéfaction  partielle  de  l'air  avec  re- 


TABLE    DES    MATIERES. 


i333 


tour  en  arriĂšre  ;  par  XI.  Gcori;c.s 
Claude 

—  Sur  la  couleur  des  solutions  aqueuses 

de  méthylorange  et  le  cliangement 
qu'y  déterminent  les  acides;  jiar  M.  P. 
y  aillant ' 

—  Sur  l'extension  de  la  formule  de  Cla- 

peyron  à  tous  les  états  inditßérents; 
par  M.  L.  AriĂšs 

—  L'osmose  Ă©lectrique  dans  l'ammoniac 

li(|iiide;  par  M.  Marcel  A\C(>li 

Voir  aussi  Ionisation ,  R/idiuactiiitc. 
Chimie   vkgĂ©talk.    —   Les    hydrates    do 
carbone  do  l'orge  et  leurs  transforui  i- 
lions  au  cours  de  la  germination  in- 
dustrielle :  par  M.  L.  Lindet 

—  Influence  du  chlorure  de  sodium  sur  la 

transpiration  et  l'absorption  de  l'eau 
chez  les  végétaux  ;  par  M.  H.  RicÎnic 

—  Sur  la  matiùre  phospho-organique  de 

réserve  des  plantes  à  chlorophylle. 
Procédé  de  séparation  ;  par  M.  S.  Pos- 
tcvnak 

—  Recherches  sur  la  nutrition  des  plantes 

étiolées  :  par  M.  G.  André 

—  Les   matiùres  albuminoïdes  du   grain 

de  maĂŻs:  par  JIM.  Donard  et  Labbr. 

—  Sur   les   propriĂ©tĂ©s  et   la  composition 

chimique  de  la  matiĂšre  phospho-or- 
ganique de  réserve  des  platiles  à  chlo- 
rophylle par  M.  .S'.  Poxternali 

—  Sur   la   constitution  de  l'acide   phos- 

pho-organique de  réserve  des  plantes 
vertes  et  sur  le  premier  [)rotiuil  de 
réduction  du  gaz  carbonique  dans 
l'acte  de  l'assimilation  chlorophyl- 
lienne; par  I\L  S.  Postcrnafi 

—  De  l'influence  de  l'alinieutation  minĂ©- 

rale sur  la  production  des  sexes  chez 
les  plantes  dioĂŻques;  par  M.  Emile 
Laurent 

—  Influence  de  la  nature  du  milieu  extĂ©- 

rieur sur  la  composition  organique  de 
la  plante;  par  MM.  Alex.  Hcbert  et 
E.  Charnbot 

—  Production  et  distribution  de  (|uelqucs 

substances  organiques  chez  le  Manda- 
rinier; par  MM.  Eu§.  Ciiarabnt  c\.  G. 
Latoiie 

—  Sur  l'oxydation  du  gayacol  [lar  la  lac- 

case  ;  par  M.  Gabriel  Bertrand 

—  Sur    le    dĂ©velop|iement    des    plantes 

grasses  annuelhis;  Ă©tude  des  bases 
minérales ,  par  M.  G.  André 


Ăąges. 

«io 

17,33 


1  11 


>  9'.) 
26! 


-1^0 
t,s,, 

7'J9 

1 2G1J 
1272 


53 


^'J 


Pages. 

—  Sur  une  culture  de  sarrasins  en  prĂ©- 

sence d'un  mélange  d'algues  et  de 
bactéries;  par  MM.  Bouilhac  et  Gius- 
tiniani '2/4 

—  Sur   le  rîle  de  l'oxalate   de  calcium 

dans  la  nutrition  des  végétaux  ;  ])ar 

M.  Ainar Ijoi 

—  Sur  la  relation  qui  existe  entre  la  pro- 

portion de  gluten  contenu  dans  dillé- 
rents  blés  et  la  proportion  des  ma- 
tiÚres azotées  totales;  par  M.  E.  Feu- 
rent 1 3 1 3 

Voir  aussi  Chimie  ai^ricole. 
tliiiHUUGiE.  —  De  la  formation  du  cal;  par 

MM.  f.  Cornil  et  P.  Coudray 220 

—  Nouveau    perforateur  à   ressort,  den- 

taire et  chirurgical  ;  par  MM.  J .  Ber- 

cut  et  A.  Donat (17  j 

Chlore  et  ses  composks.  —  Sur  l'Ă©thĂ©ri- 
fication  des  hydraoides;  par  M.  A. 
ViUiers 

—  Action  du  sodium  sur  le  tĂ©trachlorure 

de  carbone  et  la  benzine  chlorée;  for- 
mation de  triphénylméthane  et  d'he- 
xaphényléthane;  par  M.  Jules  Schnii- 
dlin 

—  Sur  le  chlorure  de  phĂ©nylpropargyli- 

dùne  C"Hi  — C  =  C  —  CH  Cl^  ;  par 
M.\l.  Ernest  Cliaron  et  Edgar  Du- 
goujoii 125 

—  Influence  du  chlorure  de  sodium  sur  la 

transpiration  et  l'absorption  de  l'eau 

par  les  végétaux  ;  par  il.  H.  RicÎnir.      14  1 

—  Sur  lecyclohexane  et  ses  dĂ©rivĂ©s  chlo- 

rés; par  MM.  Paul  Sabatier  et  Apli. 

Maillic 240 

■ —  Action  du  chlore  sur  l'acĂ©tate  de  ba- 
ryum :  par  M.  Albert  Colson G(ju 

—  Sur  les  acĂ©tates  alcalino-terreux  ;  par 

M.  Albert  Colson i  oG i 

—  .4ction  du   mĂ©lange  oxygĂšne  et  acide 

chlorhydrique  sur  quelques  métaux  ; 

]ia  r  M .  Candi  le  Matignon 1  u  3 1 

~  Ilecherches  sur  la  densité  du  chlore; 

par  .M.\I.  Moissan   et  Binet   du   Jns- 

soneix. 1  1  yi^ 

Voir  aussi  Iode. 
CiiBOME.  —  Sur  un  carbure  double  de 

chrome  et  de  tungstĂšne;  par  MM.  H. 

Moi'isaii  et  A.  Kmiziwtzow 292 

CnRO.NO.Mi;rRiE.  — Sur  les  conditions  de  la 

synchronisation 243 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication        144 


i334 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 

—  Sur  la  relation  entre  la  pression  et  la 

marche     des      chronomĂštres  ;      par 

M.  Paul  Dilislieim 700 

—  Remarques  sur  la  Note  de  M.  /'.  Di- 

lishciin,  relative  Ă   l'action  de  la  pres- 
sion atmosphérique  sur  la  marche  des 
chronomĂštres;  par  M.  Ch.-Ed.  Giiil- 

Inumc 703 

COLLKGE  DE  France.  —  MM.  Jordan.  Mas- 
cnrt,  Darboux,  Bertliclnl,  de  Lnppa- 
rcnt,  Perricr  sont  nommés  membres 
d'une  Commission  chargée  de  présen- 
ter une  liste  de  candidats  pour  la 
chaire  d'IIisloire  générale  des  Scien- 
ces, vacante  au  CollĂšge  de  France. . .     838 

—  Liste  de  candidats  prĂ©sentĂ©e  Ă   M.  le 

Ministre  de  l'Instruction  publique 
pour  la  cliaired'Histoire  des  Sciences, 
vacante  au  CollĂšge  de  France  : 
1°  M.  Tannery,  1"  M.  fVynmbnff.  .  .  .  gOj 
Colorantes  (Matiùres).  —  Recherches 
thermochimiques  sur  les  matiĂšres  co- 
lorantes. La  rosalinineet  la  pararosa- 
niline;  par  M.  Jidc.s  Schmidlin 33i 

—  Sur   le    tĂ©tramĂ©thyldiamino-diphĂ©ny- 

lÚne-phénylméthane  dis.symétrique  et 
le  colorant  qui  en  dérive  ;  par  MM.  A . 
Giiyol  et  M.  Grandcryc 4 1 3 

—  Colorants  azoĂŻques,  solides,  dĂ©rivĂ©s  de 

l'a-aminoanthraquinoiie;  par  1\I.  Cluu- 

les  Laiuli GO  I 

—  Sur  la  couleur  des  solutions  aqueuses 


Pages . 

de  méthylorange  et  le  changement 
qu'y  déterminent  les  acides  ;  par  M.  /'. 

f'adlant S^'g 

Comùtes.  —  Photographie  de  la  comùle 

Borrelly,  1903  c;  par  M.  (Juéniss<t  .      170 

—  Photographie  de  la  comùte  Borrelly, 

I yo3  f  ;  par  M.  Quénissct 1^1 

—  M.  If.  de  Fonviellc  adresse  une  Note 

«  Sur  l'explication  donnée  par  Fonle- 
nelle  de  la  nature  des  queues  des  co- 
mÚtes » -283 

—  Observations  spectrales  de  la  comùle 

Borrelly  (1903  r);   par  M.  //.  Dcs- 

la/idrcs 3g3 

CoM.MISSIONS.  —  MM.  Jordan,  Mascarl, 
Darboii.r,  Berthelol ,  de  Lapparent, 
Perrier  sont  nommés  membres  d'une 
Commi.ssion  chargée  de  présenter  une 
liste  de  candidats  pour  la  chaire  d'His- 
toire générale  des  Sciences,  vacante 
au  CollĂšge  de  France 838 

—  M.  Moissan  est   rĂ©Ă©lu   membre  de   la 

Commission  de  contrĂŽle  de  la  Circu- 
lation monétaire 1027 

Cristallisation.  —  Voir  MinĂ©ralogie. 

CrustacĂ©s.  —  Voir  Zoologie. 

CïANURES.  —  Les  bleus  de  Prusse  et  de 
Turnbidl.  Une  nouvelle  classe  de  cya- 
nures complexes;  par  M.  P.  Chrétien.     191 

—  Sur  la  constitution  du  cyanure  d'allyle: 

pa  r  AL  R.  Lespieau 2G3 

Voir  aussi  Chimie  organique. 


D 


DÉCÈS    DE   Me.MURES    ET    CoRRESPONDAiNTS. 

—  M.  le  SecrĂ©taire  perpĂ©tuel   annonce  Ă  

l'Académie  la  mort  de  M.  J.-W. 
Gibbs,  Correspondant  pour  la  Section 
de  MĂ©canique 5 

—  M.  le  PrĂ©sident  annonce  Ă   l'AcadĂ©mie 

la  mort  de  AL  Munier-Cliahnas, 
Membre  de  la  Section  de  Minéralogie.     357 

—  JL  le  SecrĂ©taire  perpĂ©tuel  annonce  la 

mort  de  M.  Rudolf  Lipiclntz,  Corres- 
pondant pour  la  Section  de  Géomé- 
trie      5^1 

DĂ©crets.  —  .M.  le  Ministre  de  l'Instruc- 
tion publu/ne  adresse  ampliation  du 
Décret  par  lequel  le  Président  de  la 
République    approuve    rélecliou    de 


M.  Berlin  dans  la  Section  de  GĂ©ogra- 
phie et  Navigation,  en  remplacement 
de  M.  de  Bussy,  décédé 893 

Diastases.  —  A  propos  d'une  diastase  lac- 
tique dédoublant  le  salol  ;  par  MM. 
J.  Miele  et  T'.  fVillem 1 35 

—  Sur  l'existence,  dans  l'organisme  a  ni  mal, 
d'une  diastase  Ă   la  fois  oxydante  et 
réductrice  ;  par  MM.  J.-E.  Abelous  et 
J.   Aloy 885 

Dissociation.  —  M.  P.  Leheau.  —  Sur  la 

dissociation  des  carbonates  alcalins. .    rz^j 

Dissolutions.  —  Nouvelles  lois  de  tono- 
métrie,  qu'on  peut  déduire  des  expé- 
riences de  Raoull.  Noie  de  M.  E. 
M'ichcrsheiiner. , 3iq 


TABLE    DES    MATIERES. 


i335 


Pages. 

Eaux  naturelles.  —  Sur  la  sĂ©paration  et 
le  dosage  du  fer  et  de  l'acide  plios- 
phorique  dans  les  eaux  ;  par  M.  H. 

Causse 7o3 

Voir  aussi  Hydrologie. 

Éclipses.  —  Observation  de  l'Ă©clipsĂ©  de 
Soleil  du  9.0  septembre  igoS,  faile  Ă  
l'ile  de  la  RĂ©union;  par  MM.  Edmond 
Bnrdage  et  A.  Garsault G3  j 

—  Observations  faites  Ă   l'ile  de  la  RĂ©union 

sur  l'éclipsé  de  Lune  du  6  octobre 
igo3;   par  MM.   Edmond  Boidnge  et 

A.  Gaisnult 897 

École  Polytechnique.  —  M.  le  Minisiie 
de  la  Guerre  invite  l'Académie  à  lui 
désigner  deux  de  ses  Membres  pour 
faire  partie  du  Conseil  de  perfection- 
nement de  l'École  Polylcclini([ue. . . .      i[r;i 

—  MAL  Haton  delà  GoupHlirrc,  H.  Poiii- 

C(7/e'sont désignés  pour  faire  partie  du 
Conseil  de  perfectionnement  de  l'École 
Poly  teclinique 5 1 1 

Économie  rurale.  —  Voir  Chimie  agri- 
cole, Chimie  végétale,  alimentaires 
(MatiĂšres),  Fins,  Viticulture. 

ÊLECTniciTÉ.  —  Sur  la  mesure  des  coeffi- 
cients de  self-induction  au  moyen  du 
téléphone  ;  par  M.  li.  Dongier 1  i5 

—  Essais  sur   la  commutation   dans    les 

dynamos    Ă     courant    continu;    par 

M.  Ilioi'ici 1 7() 

—  Du  dichro'isme  Ă©lectrique  des  liqueurs 

mixtes  ;  par  M.  /.  Chaudier 248 

—  Sur  le  rîle   des   noyaux   mclalliques 

des  bobines;  par  M.  B.  Eginitis ....     4JS 

—  M.  A.  Berihier  adresse  une  Note  inti- 

titulée;  «  Transformateur  actino-élec- 
trique,  pour  la  transformation  de 
l'Ă©nergie  lumineuse  en  Ă©nergie  Ă©lec- 
trique » 4;  1 

—  Conditions  qui  dĂ©terminent  le  signe  et 

la  grandeur  de  l'Ă©leclrisation  par  con- 
tact; par  M.  Jron  l'rrrin 5i3 

—  Électrisation  de  contact  (IV)  et  IhĂ©orie 

des  solutions  colloĂŻdales  ;  par  M.  Jean 
Perrin 30  4 

—  Changement  de   rĂ©sistance  Ă©lectrique 

du  sélénium  sous  l'inlluence  de  cer- 
taines substances;  par  M.  A.-B.  Grif- 
fiths  .    ".  .     04; 


Pages 

—  CohĂ©sion  diĂ©lectrique  des  gaz  Ă   basse 

température  ;  par  M.  E.  Bouty 74 1 

—  Sur  les  phĂ©nomĂšnes  particuliers  prĂ©- 

sentes par  les  arcs  au  mercure;  par 

M.  de  Valbreuzc 912 

—  Étude  d'une  rĂ©sistance  de  contact;  par 

M.  A.  Blanc 1042 

—  Sur  les  dĂ©charges  glissantes;  par  M.  7. 

de  Koivalski 1 2  l'G 

—  L'osmose  Ă©lectrique  dans  l'ammoniac 

liquide  ;  par  M.  Marcel  Ascoli 1 253 

Voir  aussi  Elcctrochimie,  Radioactivité, 
Télégraphie. 
ÉLECTROCiiiMiE.  —  Actiou  de  l'iode  sur 
les  pellicules  de  cuivre  obtenues  par 
ionoplastie;  par  M.  Houllcrigue 47 

—  Relations  entre  les  piles  à  plusieuis 

liquides;  par  M.  Bcrtheht 28) 

—  Remarques  concernant    les    relations 

entre  les  piles  constituées  par  les 
mĂȘmes  liquides,  compris  entre  deux 
électrodes  différentes  ou  identiques; 
par  M.  Berthelnt 291 

—  Piles    Ă     plusieurs  liquides    diffĂ©rents 

avec  électrodes  métalli(]ues  identi- 
ques ;  par  M.  Berthelot 421 

~  Influence  des  gaz  sur  la  séparation  des 
métaux  par  électrolyse  :  séparation  du 
nickel  et  du  zinc;  par  .MM.  HnUard  et 
Bertiaux 853 

—  Sur  les  forces  Ă©lectromotrices  rĂ©sultant 

du  contact  et  de  l'action  réciproque 

des  liquides  ;  par  M.  Berthelot 9.00 

—  L'osmose   Ă©lectrique  dans  l'ammoniac 

liquide  ;  par  M.  Marcel  Ascoli 1253 

Voir  Ionisation . 
Errata.  —  100,  lña,  22S,  356^  4i4i  488, 

628,820,  g52,  10S8,  i322. 
ÉtuĂ©rific.vtion.  —  Sur  l'Ă©thĂ©rifioalion  des 

hydracides:  par  JI.  ./.  Villicrs 53 

—  Action  de  l'acide  phosphoreux  sur  la 

mannite.  Remarques  sur  la  niannile  ; 

par  M.  P.   Carré 5 1  - 

—  Sur  l'Ă©thĂ©rific  ilion  de  l'acide  phospho- 

rique   par   la  glycérine  ;    par  M.   P. 

Carré 1 070 

Etoiles  filvntes.  —  Observations  des 
Léonides  et  des  Biélides,  faites  à 
AthĂšnes,  en  1903;  par  M.  D.  Egi- 
nitis       965- 


i33C. 


TABLE    DES    MATIERES. 


Expositions.  —  PrĂ©sentation  du  TomelII 
de  son  «  Rapport  gonÎral  sur  l'Expo- 
silioii  nniverselle  rie  i<)oo  »;  par  M. 
Jlfred  Picard no 

—  M.    Alfred    Picard  lait    hommage   à 

l'Académie  du  quatriÚme  Volume  de 
son  Rapport  général  concernant  l'Ex- 
position universelle  de  igoo '|3o 

—  M.  Alfred  Picard  prĂ©sente  Ă   l'AcadĂ©- 

mie le  Tome  V  de  son  «  Rapport 
général  administratif  et  technique  sur 


l'Exposition  universelle  internationale 

de  1900  » 49" 

M.  Alfred  Picard  fait  hommage  Ă  
l'Académie  ries  Tomes  VI  et  VII  de 
son  «  Rapport  général  administratif  et 
technique  de  l'Exposition  universelle 
internationale  de  1900  » 833 

Note  de  M.  Alfred  Picard,  accompa- 
gnant la  présentation  du  Recueil  des 
plans  de  son  Rapport  sur  l'Exposition 
universelle  de  igoo 1211 


Fer  et  ses  composĂ©s.  —  Chaleur  de  neu- 
tralisation de  l'acide  ferrocyanhydri- 
que  ;  chaleur  de  formation  de  ses 
combinaisonsavecl'élher  et  l'acétone; 
par  MM.  P.  Chrétien  et  Ginriihaiil..       Ci 

—  Combinaison  du  sulfate  ferrique  avec 

l'acide  sulfurique;  par  M.  A.  Rccoura.     1 18 

—  Sur  l'action  de  l'oxyde  de  carbone  sur 

le  fer  et  ses  oxydes  ;  par  M.  Georges 
Charpy i  ĂŻo 

—  Sur  l'acide  ferrisulfurique  et  le  ferri- 

sulfate  d'Ă©thyle;  par  M.  A.  Recouru  .      1S9 

—  Les  bleus  de  Prusse  et  do  Turnbiill, 

une  nouvelle  classe  de  cyanures  com- 
plexes ;  par  M.  P.  Chrétien 191 

—  Sur  la  sĂ©paration  et  le  dosage  du  fer 

et  de  l'acide  phosphorique  dans  les 
eaux  ;  par  M.  H.  Cautse 708 

—  Les    modes    de    dĂ©formation    et    de 

rupture  des  fers  et  des  aciers  doux  ; 
par  MM.  F.  Osiiiond,  G.  Cartaud  et 
Cil.  Frémont 8') i 

—  Sur  les  fers  mĂ©tĂ©oriques;  'par  MM.  F. 

OsmnndeX  G.  Cartaud loO; 

Voir  aussi  Aciers. 


Ferments.  --  Sur  le  ferment  du  salol  con- 
tenu dans  certains  laits;  par  M.  A. 
DesmoidiĂšre 3  37 

—  M.    Eniin.    Pozzi-Escot   adresse   une 

Note  relative  à  «  l'action  de  la  cha- 
leur sur  les  levures  » ''38 

—  Étude  des  ferments  digestifs  chez  quel- 

ques Invertébrés  ;  par  M.  Victor 
Henri "G^ 

—  Sur  la  fermentation  formĂ©nique  et  le 

ferment  qui  la  produit:  par  M.  Mazé.     887 

—  Influences  activantes   ou  paralysantes 

agissant  sur  le  manganÚse  envisagé 
comme  ferment  métallique  ;  par  M.  A. 
Trillat 922 

—  La  prĂ©tendue  fermentation  alcoolique 

des  tissus  animaux  ;  par  M.  F.  Batelli.  1079 
Voir  aussi  Amidon,  Diastases,  Lac- 
case,  Lactase. 
Force  centrifuge.  —  MM.  G.  Claude  et 
E.  Dcinoussy.  —  Sur  la  sĂ©paration 
des  mélanges  gazeux  ])ar  la  force 
centrifuge 25o 


G 


Gkqdksie.  —  M.  le  SecrĂ©taire  perpĂ©tuel 
rend  compte  du  CongrĂšs  de  l'Associa- 
tion géodésique  internationale,  tenu  à 
Copenhague  du  j  au  1 1  août  igo3. . .     393 

GÉor.RVPuiE. —  M.  A.  Gnindidier  prĂ©senLe 
à  l'Académie,  au  nom  de  l'auteur, 
M.  Jules  de  Scliohidsky,  le  premier 
fascicule  d'un  Atlas  de  GĂ©ographie  .  .    108(1 

GÉOGRAPHIE  l'MvsiQUK. —  Sur  les  effondre- 
ments de  la   plaine   de  Sevran:   par 


M.  Guslnvr-F.  DAlfus 179 

—  Sur  les  lacs  de  la  haute  Engadine  ;  par 

M.  André  Dclcbecque I  ^  1 1 

Voir  aussi  Physique  du  globe. 
GĂ©ologie.  —  Sur  deux  horizons  Ă   CĂ©pha- 
lopodes du  Dévonien  supérieur  dans 
le   Sahara   oranais;    par    M.    Ennie 
Haiig 83 

—  Sur  les  variations  de  la  Meuse  Ă   l'Ă©poque 

quaternaire:  par  M.  Paul  Bois 8j 


TABLE    DES 

Pages. 

Sur  l'origine  des  plis  et  des  recouvre- 
ments dans  les  Pyrénées;  par  M.  Jn- 
xeph  Rnussel i  ■(  8 

Sur  les  effondrements  de  la  plaine  de 
Sevran  ;  par  M.  Gu.ituve-F.  Dolljiis-..     '>yç) 

Coupes  ries  terrains  tertiaires  de  la  Pa- 
tagonie;  par  M.  J/uiré  'ioarnoucr.. .     'i.[ii 

Sur  la  constitution  géologique  des  en- 
virons de  Mirsa  Matrouh  (Marma- 
rique);  par  M.  D.-E.  PacImrulukL. .     !5o 

Sur  le  passage  du  Rhin  par  la  vallée  du 
Doubs  et  la  Bresse  pendant  le  Plio- 
cÚne: par  M.  le  genérdl  de  Lamnilie.     o8ij 

Sur  les  relations  de  structure  des 
Alpes  françaises  avec  les  Alpes  suisses; 
par  M.  Kiliari jo?. 

Sur  le  rĂŽle  des  Charringes  dans  les 
Alpes  delphino-provençales  et  sur  la 
structure  en  Ă©ventail  des  Alpes  brian- 
çonnaises;  par  M.   W.  Kilian )36 

■  Sur  le Turoniend'Abou-Roach  (Egypte); 

par  M.  R.  Fourtau ")8 1 

Sur  les  phases  du  plissement  des  zones 
intra-aipines  françaises;  par  M.  IV. 

Kilian 6,>.  i 

Sur  la  structure   tectonique   de   l'Ăźle 

d'Eubée  ;  par  M .  Deprat CiGG 

Sur  quelques  analogies  de  faciÚs'  géo- 
logiques entre  la  zone  centrale  des 
Alpes  orientales  et  la  zone  interne  des 
Alpes    occidentales;    par    M.  Pierre 

'fermier 807 

‱  Sur  les   puits   artĂ©siens;   par  M.    D. 

Pantcmelli 809 

■  Sur  un  niveau  fossilifùre  nouveau  du 

Keuper  franc-comtois;  par  MM.  M. 
Pivoutet  et  Ann.  Lnurent 810 

■  Sur   la    signification    gĂ©ologique   des 

anomalies  de  la  gravité;  par  M.  de 
Lappnrent 827 

-  Sur  les  formations  de  la  zone  des  quart- 

zites  et  conglomérats  inférieurs  au 
DĂ©vonien  dans  l'Uural  du  Nord;  par 
MM.  L.  Diipnre  et  F.  Pearce 873 

-  Sur    la   structure   des   Hohe    Tauern 

(Alpes  du  Tyrol);  par  M.  Pierre 
Tcrniier 875 

-  Les  roches  éruptives  de  l'ile  d'Eubée; 

par  JI.  Deprat 879 

-  Sur  la  synthÚse  géologique  des  Alpes 

orientales;  par  M.  Pierre  Termier .  .     9^9 

■  Sur  un  cas  remarquable  de   cristal- 

lisation   spontanée    du   gypse  ;    par 

M.  Slaiii.\las  Meunier 94?. 


MATIÈRES.  l337 

Pages. 

—  Sur  le  systĂšme  permien  dans  les  PyrĂ©- 

nées  françaises    et  espagnoles;    par 

M.  /.  Caralp 1008 

—  Observations  relatives  à  la  tectonique 

de  la  haute  vallée  de  la  Jalomita 
(Roumanie)  ;  par  M.  /.  Bcrgemn  . . .    1009 

—  Sur  la  gĂ©ologie   et  l'hydrologie   sou- 

terraine du  Caucase  occidental  ;  par 
MM.  A.  Yermnlnffvl  E.-J.  Martel.  .    1077 

—  Sur  la  limite  du  Jurassique  et  du  CrĂ©- 

tacé dans  la  région  orientale  des 
Pyrénées  et  sur  l'existence  de  deux 
Ă©poques  distinctes  do  formation  des 
calcaires  Ă   couzeranile;  par  MM.  Cli. 
Depéret  et  O.  Men<>rl 1 2?.o 

—  Sur  le  glaciaire  de  la  Garonne;  par 

M.  L.-A.  Fabre i3oJ 

—  Sur  les  racines  de  quelques  nappes  de 

charriage  des  Alpes  occidentales;  par 

M.  Emile  Hattg 1 3o7 

Voir  aussi  GĂ©ographie  physique.  Mi- 
néralogie, Palciintntdgie,  Pétrogra- 
phie, Physique  du  globe,  J'olcaniques 
(phe'nomĂšnes  ). 
GfomĂ©trie.  —  Sur  les  lignes  de  courbure 
de  certaines  surfaces;  par  M.  E. 
Blutel 35 

—  Sur  l'habillage  des  surfaces;  par  M.  M. 

Servant 112 

—  M.  f«^Ú«eFe/To«  adresse  un  MĂ©moire 

intitulé  :  n  Détermination  analytique 
des  éléments  géométriques  de  l'anse 
de  panier  rigoureuse  Ă   n  centres, 
étant  données  l'ouverture  et  la  tlÚche 
de  la  courbe  » 453 

—  Sur  les  courbes  gauches  à  torsion  con- 

stante; par  M.  W.  de  Tannenberg .  .     692 

—  Sur  la  dĂ©termination  des  figures  inva- 

riantes des  transformations  cycliques; 

par  M.  Rabut 73o. 

—  Du  problùme  de  Cauchy  relatif  à  une 

classe  particuliĂšre  de  surfaces.  ;   par 

M.  IV .  de  Tannenberg 909 

—  M.  T.  ZfwyvĂźe  adresse  une  Note  «  Sur 

quelques  propriétés  des  cubiques  no- 
dales  »     i3iG 

Glucose.  —  Voir  Sucres. 

GlvcĂ©rine.  —  Injection  intraveineuse  de 
glycérine  ;  dosage  de  la  glycérine  dans 
le  sang;  Ă©limination  par  l'urine;  par 
M.  Maurice  Nicloux 70 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  communi- 

cation       228 

—  Sur  une  bactĂ©rie  oxydante,  son  action 


i338 


TABLE    DES 
Pagos. 


sur  l'nlcool  el  la  glycérine;  par  M.  H. 

Sazrrtic 

Sur  l'élliérification  de  l'acide  phospho- 
rique   par    la  ghcérine;   par  M.  /'. 


'.)'> 


MATIERES. 

Pages. 

Carre 1 070 

GravitĂ©.  —  Sur  la  signification  gĂ©olo- 
gique des  anomalies  de  la  gravité;  par 
M.  ik  l,<ij)piircnl 827 


H 


HiSTCiBis  DES  SCIENCES.  —  Sur  la  mort  de 

M.  Frosper  Henry  ;  par  M.  Jansscn ..       'iy 

—  M.    le    SecrĂ©taire  perpĂ©tuel    signale 

quatre  nouveaux  Volumes  de  «  l'Inter- 
national Catalogue  of  scientific  lilera- 
ture,  first  annual  issue  » 4  "i  J 

Histologie.  —   Les  myĂ©locites  du  bulbe 

olfactif;  par  M.  Joanncs  Chalin 489 

Voir  aussi  Analomie  animale. 

IIvDROGnAPiiiE.  —  Observations  concer- 
nant les  variations  du  niveau  de  la 
mer  depuis  les  temps  liistoriques  et 
préhistoriques;  par  i\L  Ph.  Négris..     222 

—  Sur  l'emploi  du  lachĂ©ograplie  Schrader 

pour  les  travaux  d'Hydrographie; 
par  MM.  F.  Schrader  et  Ch.  Saitcr- 

ivci/i 7X1 

HvDnoLOGiE.—  Sur  l'application  de  la  fluo- 
rescéine  à  l'hydrologie  soulerraine  ; 
par  M.  E.-A.  Martel 225 

—  Sur  la  courbe  des  dĂ©bits  d'une  source; 

par  M.  Edmond  Maillet O76 

—  Sur  la  prĂ©vision  des  dĂ©bits  des  sources 

de  la  Vanne:  par  M.  Edmond  Maillet,     ç^'fi 


—  Sur  la  gĂ©ologie  et  l'hydrologie  souter- 

raine du  Caucase  occidental  ;  par 
MM.  .-/.  YermolnffeX.  E.-A.  Martel. 
IIvnnoDV.NVMiQrE.  — Sur  un  mode  simple 
d'Ă©coulement  des  nappes  d'eau  d'inPd- 
Iration  Ă   lit  horizontal,  avec  rebord 
vertical  tout  autour,  lorsqu'une  partie 
de  ce  rebord  est  enlevée  depuis  la 
surfacejusqu'au  fond  ;  par  M.  J .  Botis- 
sine.1t] 

—  Sur   la   stabilitĂ©    d'un   certain    mode 

d'Ă©coulement  d'une  napi)e  d'eaux  d'in- 
filtration ;  par  M.  J .   BoiLisinesq . . .  . 

—  Extension,  Ă     des  cas  oĂč  le  fond  est 

courbe,  du  mode  d'Ă©coulement  qui  se 
conserve  dans  une  nappe  d'eaux  d'in- 
filtration leposant  sur  un  fond  plat  ; 
par  AL  7.  Bonssi/icsq 

—  Sur   les   ondes-cloisons;    par   M.    /'. 

Didtcm 

Hvposui.FUREUX  (Acide).—  Sur  les  con- 
ditions de  production  et  de  stabilité  de 
l'acide  hyposulfureux;  par  M./.  Jloy. 


i53 
237 

5i 


I 


Infectieuses  (Maladies). —  De  l'action  du 
sérum  humain  sur  les  Trypanosomes 
du  Nagana,  du  Caderas  el  du  Surra  ; 
par  M.  A.  Lnceran 1  5 

—  Sur  les  rapports  qui  existent  entre  le 

Surra  et  le  Nagana,  d'aprÚs  une  expé- 
rience de  Nocard  ;  par  MM.  T'allce  et 
Carré 624 

—  PrĂ©sentation   par   M.    Laveran  de   son 

Ouvrage  sur  la  «  Prophylaxie  du  Pa- 
ludisme » 777 

—  Sur  un  Protozoaire    nouveau    (Piro- 

pla.sma  Doiiiwani  Lav.  et  Mesn.), 
parasite  d'une  fiĂšvre  de  l'Inde  ;  par 
MM.  A.  Liiveran  et  F.  Me.snil 957 

—  Sur  l'exophlalmie   infectieuse  de  cer- 

tains Poissons  d'eau  douce;  par  W.J. 

Audigé gSG 

Voir  aussi  Patliolo>'ie  végétale. 


Insectes.  —  Voir  Zoologie. 

Iode  et  ses  co.mposĂ©s.  —  Action  de  l'iode 
sur  les  pellicules  de  cuivre  obtenues 
par  ionoplastie;  par  M.  Houllei'ignc . .      47 

—  Sur  une  combinaison  dedeux  corpsqui , 

par  élévation  de  température,  s'unis- 
sent puis  se  séparent  au-dessous  de 
—  79";  par  M.  D.  Cernez 255 

—  Action  de  l'acide  borique  sur  les  iodu- 

res;  son  emploi  pour  la  séparation  de 
l'iode  des  iodures  en  présence  de 
bromures  et  chlorures;  par  MM.  H. 
Baiihigny  et  P.  Rivais G5o 

—  Conditions  de  sĂ©paration  de  l'iode  sous 

forme  d'iodure  cuivreux,  dans  un 
mélange  de  chlorures,  bromures  et 
iodures  alcalins;  par  M.M.  //.  Baiihi- 

gnj  et  P.   Rivais 753 

‱—  SĂ©paration  de  l'iode  dans  les  sels  halo- 


TABLE    DES 
Pages. 

gĂȘnĂ©s  alcalins  d'avec  le  chlore  et  le 
broMii",  par  sa  transformation  en  acide 
ludique,  et  mode  de  [iréparalion  de 
l'iode  pur;  par  M.M.  H.  Baubigiiy  et 
P.   Rivais 9 '7 

—  Erralii  se   rapportant  à  cette  commu- 

nication      I  o8M 

—  Sur    un  nouveau  phĂ©nol  triiodĂ©;    par 

M .  P .  Brc/iniis i  o65 

—  loduresde  mercurammonium  des  ami- 

nés primaires  et  des  aminés  tertiaires; 

par  M.  Maurice  Frtmçnis io6() 

Ionisation.  —  Sur  la  loi  de  recombinai- 
son des  ions;  par  M.  P.  Liirigevin.. .      177 


MATIÈRES.  t339 

Pages. 

—  Conditions  i[ui  dĂ©terminent  le  signe  et 

la  grandeur  de  l'Ă©lectrisation  par  con- 
tact (111):  par  AI.  Jean  Venin 5i3 

—  tilectrisation  de  contact (IV)  et  thĂ©orie 

des  solutions  colloĂŻdales;  par  M.  Jean 

Perrin 564 

— ■  Sur  l'ionisation  par  le  phosphore  ;  par 

M.  EugĂšne  Bloch 1040 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Communi- 

cation      1  :fi.i. 

Iridium.  —  Sur  la  prĂ©paration  du  sesqui- 
séléniure  d'iridium;  par  MM.  C.  Cha- 
brié el  A.  Boiiehonnet 'oStj 


r. 


Laccask.  —  Sur  l'oxydation  du  gayacol 
par  la  laccase;  par  M.  Gabriel  Ber- 
trand      I  ĂźOg 

Lactasis.  —  Sur  la  laclase;  par  MM.  Em. 

Bi>iir(iuelot  et  HĂ©risser 56 

Lait.  —    M.   /'.  Ge'niii  adresse  une  Note 


intitulée:  «  Calcul  rapide  du  mouil- 
lage et  de  l'écrémage  du  lait  » 98 

Sur  le  ferment  du  salol  contenu  dans 
certains  laits  :  Note  de  M.  A.  Des- 
mouliĂšre 337 


M 


Magnktismk.  —  M.  E.  Frniehet  adresse 
un  MĂ©moire  portant  pour  titre: 
«  Nouvelle  méthode  d'essai  des  mé- 
taux magnétiques  » 32 

—  Sur  la  suppression  de  l'hystĂ©rĂ©sis  ma- 

gnétique par  l'action  d'un  champ  ma- 
gnétique oscillant;  par  M.  Ch.  Mau- 
rain 914 

—  Sur  la  suppression  de  l'hystĂ©rĂ©sis  ma- 

gnétique par  un   champ  magnétique 

oscillant  ;  par  M.  P.  Duhem 103. 

.MagnĂ©tisme  tiihrestre.  —  Sur  la  pertur- 
bation magnétiqueduSi  octobre  1903; 
par  M.  lit.  Mourcaux 705 

—  Remarques  sur  le  dernier   groupe  de 

taches  solaires  el  les  perturbations 
magnétiques;  par  M.  F.  Qucnisset . .     747 

—  Quelques  remarques  surla  perturbation 

magnétique  du  i3  octobre   1903;  par 

M.  En: .  Marchand 789 

—  Relation  entre  les  taches  solaires  et  le 

magnélisme  terrestre.  Utilité  de  l'en- 
registrcment  continu  des  éléments 
variables  du  Soleil;  par  M.  //.  Des- 
landres 8'.Ăš  i 

—  Sur  la  loi  de  distribution  rĂ©guliĂšre  de 

C.  R.,  1903,  V  Semestre.  (T.  CXXWII 


la  force  totale  du  magnétisme  terres- 
tre en  France  au  1"''  janvier  1896  ; 
par  M.  E.  Mathias 916 

—  L'anomalie  magmHique   du   bassin  de 

Paris  ;  par  M.   Tli.  Moureiatx giS 

—  Sur  la  direction  de  l'aimantation  per- 

manente dans  diverses  roches  volca- 
niques ;  par  AIM.  Bernard  BrunĂźtes 
et  Pierre  Dai'id \ 97  '‱ 

Manganùse.  — ■  Influences  activantes  ou 
paralysantes  agissant  sur  le  manga- 
nÚse envisagé  comme  ferment  métal- 
lique ;   par  M.  .-/.  Trillat 9^2 

MĂ©canique.  —  Sur    les   ondes-cloisons  ; 

par  M .  P .  Duhem 237 

—  Sur  l'aĂ©rodynamique  et  la   thĂ©orie  du 

champ  acoustique;  par  M.  le  général 
Sebert 357 

—  La  thĂ©orie  acousticjue  et  le  frottement 

intérieur  des  gaz;  par  M.  P.  Char- 
bonnier       171,     378 

—  M.    RenĂ©    de  Saussure     adresse    une 

Note  intitulée:  «  HypothÚse  sur  la 
nature  el  la  force  >> 5o4 

—  Note  accompagnant  la  prĂ©sentation  du 

Tome  II  de  la  seconde  Ă©dition  de  son 

.)  174 


i34o 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 
«  Traité  de  Mécanique  rationnelle  »  : 
par  M.   Appell 68ĂŻ 

—  M.   J.-N.   Prmoff  adresse   un    MĂ©- 

moire «  Sur  la  propagation  de  l'at- 
traction ) 7  >  1 

—  GĂ©nĂ©ralisalion  de  la  propriĂ©tĂ©  fonda- 

mentale du  polentiel  ;  par  M.  A.  de 

Saint-Gcrmtiin 736 

Voir  aussi  Chronométrie,  Hydrodyna- 
mique, Magnétisme,  Mécanique  cé- 
leste, Navigation. 
MÉCANIQUE  APPLiQiÉB.  —  ExpĂ©rieuces  sur 
la  résistance  de  l'air;  par  M.  G.  Eif- 
fel ■.. 

—  Élude  sur  les  dĂ©formations  molĂ©culai- 

res d'un  barreau  d'acier  soumis  'a  la 
traction  ;  par  M .  L.  Fraicliet 

—  Sur  le  tĂ©lĂ©kino  ;  par  M.  L.  Torres.. . 

—  M.  E.  J/oi-i-e  adresse  une  Note  relative 

Ă   un  systĂšme  de  voie  automotrice, 
permettant  aux  véhicules  de  circuler 
sans  le  secours  de  moteurs 

—  Sur  le  phĂ©nomĂšne  aĂ©rodynamique  pro- 

duit par  le  tir  des  canons  grĂšlifuges: 
par  M.  J.  Violle 

—  M.X.  Bcheclii  adresse  une  Note  «Sur 

la  courbe  d'Ă©quilibre  d'un  fil  flexible 
et  inextensible,  dont  lesélémentssont 
sollicités  par  les  pressions  d'un  rem- 
blai     447 

—  DĂ©termination  expĂ©rimentale  de  la 
pression  momentanée  résultant  du 
choc  ;  par  M.  Rlngelnuinn 6  Î4 

—  Les  modes  de  dĂ©formation  et  de  rup- 

ture des  fers  et  des  aciers  doux;  par 
MM.  F.  Osmond,  Cartaud  et  Cli- 
Fréninnl fS  j  i 

—  Sur  les  articulations  à  lame   flexible; 

par  M.  Mcsnagcr 908 

—  M.  Henri  Feuille  adresse   une  Note 

intitulée:  k  Appareil  pour  utiliser  la 
force  dynamique  du  la  mer  » 949 

—  ProcĂ©dĂ©  simple  permettant   d'obtenir, 

sur  la  paroi  d'un  cylindre  qui  tourne, 
de  grandes  pressions  avec  de  faibles 
efforts;  par  .\L  Albert  HĂ©risson ioj5 

—  Moteur  à  combustion  par  compression; 

par  M.  Cannevel io36 

—  Sur  les  efforts  dĂ©veloppĂ©s  dans  le  choc 
d'éprouvettcs  entaillées;   par  M.  A. 


3o 


169 

3l7 


'91 


397 


Pages. 
l'Ă©rol 1044 

—  Sur  un  nouveau  systùme  de  train  rou- 

tier   dit    a  propulsion    continue;   par 

.^K  Charles  Renard 1-234 

—  Nouveaux  dispositifs  Ă©lectromĂ©caniques 

d'embrayage  et  de  changement  de  vi- 
tesse progressifs;  par  M.  Paul  Gas- 

nier 1257 

MÉCANiQL'E  CÉLESTE.—  Perturbations  sĂ©- 
culaires d'importance  secondaire  ; 
par  M.  Jean  Mascart 33 

—  RĂ©sidu  des  perturbations  sĂ©culaires  ; 

par  M .  Jean  Mascart 3o3 

MÉCANIQUE  CHIMIQUE.  —  Voir  Chimie  gĂ©- 
nérale . 
MÉDECINE.  —   PatliogĂ©nie   et   traitement 

du  rhumatisme;  par  M./..  PĂ©rĂčĂšres.     (i-iG 

—  PrĂ©sentation  de  son  Ouvrage  sur    la 

«  Prophylaxie  du  paludisme  »  ;  par 

M.  Laveran 777 

Voir  aussi  Infectieuses  {maladies),  Phy- 
siologie pathologique,  Rayons  X,  Tu- 
berculose . 
MÉTÉOROLOGIE.  —  Le  ccrcle  de  Bishop, 
couronne  solaire  de  i9o3:|iar  M.  F.- 
A.  Forel 3So 

—  Description  d'un  orage  trĂšs    localisĂ©; 

par  M .    Jean  Mascart 468 

—  M.    MarcclUn  RecoupĂ©    adresse    une 

«  Note  relative  à  des  mesures  ther- 
mométriques aux  gelées  du  prin- 
temps )) 1 3 1 6 

Microscope.  —  FociinĂštre  photogrammĂ©- 
trique  pour  l'optique  microscopique 
(instrument  vériûcateur  de  micros- 
cope) ;  par  M.  F.  Legros i43 

—  Étude  microscopique  de  bronzes  prĂ©- 

historiques fie  la  Charente:  par  M.  G. 

Chesneau 9^" 

MinĂ©ralogie.  —  Sur  une  nouvelle  espĂšce 

minérale;  par  M.  A.  Lacroix 082 

—  Sur  le  polymorphisme  des  nitrates;  par 

l\.    Fréd.  H  allerant 8o5 

—  Sur  un  cas  remarquable  de  ci  istallisa- 

tion  spontanée  du  gypse;  par  M.  Sta- 
nislas Meunier 942 

—  Sur  la  dĂ©termination  de  la  forme  pri- 

mitive des  cristaux;    par   M.    Fréd. 

Walterant 1 00 1 

Voir  aussi  PĂ©trographie. 


TABLE    DES    MATIERES 


34l 


lĂŽH 


N 


Pa{je8. 
Navigation.  —     M.     Eugùne     Mesiiard 
adresse   une  Note  intitulée:    «  Flot- 
teurs Ă   fil   conducteur,  pour  la  Ma- 
rine  » '304 

—  D4  l'influence  de  la  surimmersion  sur 

la  vitesse;  par  M.  J-A.  NnrniaiuL.    1223 

Navigation  aĂ©rienne.  —  Voir  AĂ©ronau- 
tique. 

Nominations.  —  M.  Bacretli  est  Ă©lu  Cor- 
respondant pour  la  Section  de  MĂ©de- 


Pages. 

cine  et  Chirurgie,  en  remplacement  de 

M.  Ollier,  décédé 169 

M.  G.-f'P'.  Hill  est  Ă©lu  Correspondant 
dans  la  Section  d'Astronomie,  on 
remplacement  de  M.  Schiaparelli,  Ă©lu 
Associé  étranger 778 

M.  Jierlin  est  Ă©lu  Membre  de  la  Sec- 
tion de  GĂ©ographie  et  Navigation,  en 
remplacement  de  M.  de  Bussy, 
décédé «37 


o 


Observatoires. —  Liste  de  candidats 
présentée  à  iM.  le  Ministre  de  l'In- 
struction publique  pour  une  place 
d'Astronome  titulaire,  vacante  Ă   l'Ob- 
servatoire de  Paris  :  1"  M.  Puiseux, 
1°  M.  Hamr 96  j 

—  PrĂ©sentation  du  Tome  X  des  Annales 

de  rObseï  vatoire  de  Bordeaux  »  ;  par 

AL   LƓi.vy <S3ii 

—  Liste  de  candidats  prĂ©sentĂ©e  Ă   NL  le 

Ministre  de  l'Instruction  publique, 
pour  une  place  d'Astronome  titulaire 
vacante  à  l'Observatoire:  1°  M.  Bos- 
sert,  1"  M .  Renan 1  o.-; 

OcĂ©anographie.  —  Voir  Physique  du 
Globe,  Zoologie. 

Optique.  —  Influence  de  la  tempĂ©rature 
sur  le  dichroĂŻsme  des  licpieurs  mixtes 
et  vérification  de  la  loi  des  indices; 
par  M.   Georges  tVlesll/i iM.>, 

—  Sur  la  mesure  du  dichroïsme  des  cris- 

taux ;  par  M.  Georges  Meslln ■.!  lli 

—  Du  dichroĂŻsme  Ă©lectrique  des  liqueurs 

mixtes;  par  M.  /.  Clumdier '    ■.j4i> 

—  Sur  les  changements  de  phase  par  rĂ©- 

flexion normale  dans  le  quartz  sur 
l'argent  ;  parMM.  /.  Mucc  de LĂ©jiinay 
et  H.  Buisson 1 1 2 

—  FocimĂštre     photogrammĂ©trique     pour 

l'optique  microscopique  (instrument 
vérificateur  de  microscopes)  ;  par 
M.  V.   Legros 3i4 

—  Sur  un  rĂ©fractomĂštre  Ă   rĂ©flexions;  i)ar 

M.  Th.  Vaulier (ii  j 


—  Sur  une  solution  pratiquedu  problùme 

de  la  photométrie  hétérochrome;  par 

M.  Charles  Fabry 743 

—  Sur  la   dĂ©termination   des  maxima  et 

minima  de  transparence;  par  M.  C 
Camichel 788 

—  Mesure  des  trùs  petits  angles  de  rota- 

tion; par    M.  Marcel  Brillouin 78G 

—  Sur  l'intensitĂ©  de  l'Ă©clairement  |iroduit 

par  le  Soleil;   par  M.  Charles  Fabry.     973 

—  Sur  une  nouvelle  mĂ©thode  de  mesure  des 

Ă©paisseurs  et  des  indices;  par  MM.  /. 
Macé  de  Lépinay  et  H.   Buisson. .  .  .    I03S 

—  Sur  l'intensitĂ©  lumineuse  des  Ă©toiles  et 

leur  comparaison  avec  le  Soleil  ;  par 

M.  Charles  Fabry 124'^ 

—  Diffusiomùtre  ;  par  M.  7.  Tlun'ert 1249 

Voir  aussi  Pliotographie,  Radioactivité, 

Rayons  cathodiques,  Rayons  ti.  Rayons 
X,  Spectroscopic,  Vision. 
Oxyde  de   carbone.  —  Sur   l'action   de 
l'oxyde  de  carbone  sur  le  fer  et  ses 
oxydes;  par  M.    Georges  Cliarpy...      120 
OxygĂšne. —  Sur  la  sĂ©paration  des  mĂ©langes 
gazeux   par  la  force  centrifuge;  par 
MM.  G.   Claude  ai  E.  Dcnuiussy..  .  .      rjo 

-  Sur    l'extraction    de  l'oxygĂšne  par  la 

liquéfaction  partielle  do  l'air  avec  re- 
tour en  arriĂšre;  par  M.  Georges 
Claude 7S3 

—  Action  du  mĂ©lange  oxygĂšne  et  acide 

chlorhydrique  sur  quelques  métaux  ; 

par  M.  Cannlle  Matignon mSi 


l3/|2 


TABLE    DES    MATIERES. 


Pages. 

PalĂ©ontologie.  —  Contiibntioti  Ă   l'Ă©lude 
de  WEpyoniis  de  Madagascar;  par 
M.   Guillnuiiie  Grandidicr 208 

—  M.  \b  SfcrĂ©taire peri>ctiiel  Û2,x\Ă \Ăźi  plu- 

sieurs MĂ©moires  de  M.  G.  CapclUni 
et  notamment  des  travaux  sur  les 
Baleines  fossiles  trouvées  en  Italie. . .     \:>\ 

—  Observations     palĂ©ontologiques     dans 

l'Alaska  ;  pai-  M.  Albert  Gaiitirr...  553 
PalĂ©ontologie  vĂ©gĂ©tale.  —  DĂ©couverte 
de  stiobiles  de  Seqiwiii  et  do  Pin  dans 
le  Portiandien  des  environs  de  Boulo- 
gne-sur-Mer;  par  MM,  li.  Zcilter  et 
P.  Fliche 1020 

—  M.  /WZ/tT  prĂ©sente  Ă   l'AcadĂ©mie  le  Vo- 

lume de  texte  de  la  ftnn:  fossile  ilrs 

^itt'stle  chiirbon  du  Tonkin 1210 

Pathologie  vĂ©gĂ©tale.  —  Sur  quelques 
processus  de  gommification  ;  par 
iM.  G.  Delacroix 9.78 

—  M.  cÇ.  de  Mnkrzecky  adresse  une  Note 

«  Sur  l'emploi  de  la  thérapie  inté- 
rieure en  cas  de  chlorose  et  autres 
maladies  des  arbres  fruitiers  et  des 
ceps  de  vigne  » 420 

—  Sur  une  maladie  bactĂ©rienne  du  tabac, 

le     citnncrc    ou     iindiriiciinsc  ;     par 

M .  G  .   Delacroix 454 

—  Surl'appareil  vĂ©gĂ©tatif  delĂ   roui  Ile  jaune 

des  Céréales  ;  jiar  M .  Jnhob  Erikssoii .      jy8 

—  Un    nouvel    hybride    de   greffe;    par 

M.  Lucien   Daniel 765 

—  Sur  la  jaunisse  de  la  betterave;  mala- 

die bactérienne  ;  par  M .  G.  Delacroix.     87 1 

—  Sur  les  caractùres  chimiques  des  vins 

provenant  de  vignes  atteintes  par  le 
inildew;  par  M.  Emile  Ma/iccaii .  .  .  .     998 

—  De  U  filosilĂ©  des  pommes  de  terre;  par 

M .   G.  Di'lacroi.r ioo(3 

—  Sur  la  Nielle  des  feuilles  de  tabac;  par 

M .   //.  Bouygues 1 3o3 

Pekles  fines.  —  Sur  l'acclimatation  et  la 
culture  des  Pinladines,  ou  huĂźtres 
perlieres  vraies,  sur  les  cĂŽtes  de 
France,  et  sur  la  production  forcée  des 
perles  (ines;  par  M.  Raphaël  Dubois .     611 

—  Remarques  à  propos  de  la  Communi- 

cation de  M.  Raphaël  Dubois,  du  19 
octobre  1903  «Sur  les  hußtres  perlie- 
res vraies  «  ;  par  M.  Edin.  Pcrrier..     O82 


l*ajĂźC9 

—  L'origine  rĂ©elle  des  perles  fines;  par 

M .    Louis  Bnulan 1078 

PÉTROGnAi'iiiE.  —  l,a  cordiĂ©rite  dans  les 
produits  éruptifs  de  la  montagne  Pelée 
et  de  la  SoufriĂšre  de  Saint-Vincent; 
par    M.  A .  Lacroix 1 4  J 

—  Les  enclaves  basiques  des  volcans  de 

la   Martinique  et   de    Saint-Vincent; 

par  M.  A.  Lacroix 211 

—  Sur  les  granitĂ©s  Ă   ;egyrine  et  riebeckite 

de  M.idagascar  et  leurs  phénomÚnes 

de  contact  ;  par  M.  Lacroiv 533 

—  Contribution  Ă   l'Ă©tude  des  roches  sodi- 

ques  de  l'Est- Africain;  par  M.  //. 
Arsandaux 876 

—  Des  roches  Ă©ruptives  de  l'Ăźle  d'EubĂ©e; 

par  M .   Depral 879 

—  Contribution  Ă   l'Ă©tude  des  roches  ba- 

saltiques   de    l'Est-Africain;     par 

M.  H.  Arsandaux 1 3o8 

Phosphore  et  ses  co.mposĂ©s. —  Action 
de  l'acide  hypophosphoreux  sur  la 
diéthylcétone  et  sur  l'acétophénone; 
par  M.  C.  Marie 124 

—  Sur  la  matiùre  phospho-organique  de 

réserve  des  plantes  à  chlorophylle. 
Procédé  de  préparation;  par  M.  .S'. 
Postcniak 202 

—  Sur  les   propriĂ©tĂ©s  et  la  -composition 

chimique  de  la  matiĂšre  phospho-orga- 
nique de  réserve  des  plantes  à  chloro- 
phylle ;  par  M.  /'f>.v?er«»/- 337     439 

—  Action  de  l'acide  phosphoreux  sur  la 

mannite.  Remarque  sur  le  mannide; 

par  M.  P.   Carre 5 17 

—  De  l'action  de  l'acide  carbonique  sous 

pression  sur  les  phosphates  métalli- 
ques ;  par  M.  A.  Barillé 5fi6 

—  Sur  la  sĂ©paration  et  le  dosage  du  fer  et 

de  l'acide  phosphorique  dans  les 
eaux  ;  par  M.  H.  Causse 708 

—  Sur  l'ionisation  par  le  phosphore  ;  par 

M.   EugĂšne  Bloch io4o 

—  Errata  se  rapportant  à  celte  Commu- 

nication       '322 

—  Sur  l'Ă©lhĂ©rification  de  l'acide  phospho- 

rique  par   la  glycérine;   par  M.   P. 

CarrĂ© ‱    io7" 

Phosphohescence.  —  Voir  Radioactirilr, 
luiyoas  N. 


TABLE    DES    MATIERES. 


3« 


I  ĂŽ[i 


Pages. 
Photographie.  —  Sur  la  .siieclrophotomĂ©- 
trie  photographique;  par  M.  C.  Cn- 
Diichcl 1 84 

—  Sur  le  proiiiier  Volume  du   Catulogue 

photographicpie  du  Ciel  publié  par 
M.  A.  Donner,  Directeur  de  l'Obser- 
vatoire d'Ilelsingfors;  par  M.  LƓa'f.    1209 

—  Sur  un  moyen  rapide  d'obtenir  le  plan 

d'un  terrain  on  paysde plaines,  d'aprĂšs 
une  vue  photographique  prise  en  bal- 
lon ;  par  Al.  LnnssecUa 21 

Pnvsico-CHi.MiE.  —  "  'r  Clilmic  plijsiijuc. 

Physiologie  am.male.— Sur  les  mouve- 
ments de  torsion  de  l'Ɠil  pendant  la 
relation  de  la  tĂȘte  ;  par  M .  Yvps  De- 
Inge 107 

—  Influence  du  systùme  nerveux  sur  l'on- 

togenĂšse des  membres;  par  M.  P. 
l^p''intrebcrt i  1 1 

—  Sur    les    modificulioiis    du    chimisme 

respiratoire  avec  l'Ăą.ge,  en  particulier 
chez  le  cobaye;  par  M.  Lrnpnld 
Maycr 1 37 

—  Erriitn  à  celte  Communication 'aüK 

—  Sur  les  mouvements  de  torsion  de  l'Ɠil 

dans  les  orientations  du  regard,  l'or- 
bite restant  dans  la  position  primaire, 
|Kir    M  .    Yves   DeUigc 1 65 

—  Recherches  sur    l'immunitĂ©    naturelle 

des  VipĂšres  et  des  Couleuvres;  par 

M .    C.    Phimlix .«yo 

—  De  l'excrĂ©tion  chez  les  HydroĂŻdes;  par 

M .  A.  Billard 34o 

—  Sur  la  rĂ©sistance  des    Epinoches   aux 

changements  de  la  pression  osmotique 
du  milieu  ambiant;  par  M.  Michel 
Sicdtecki. 4(J9 

—  Sur  la  production  de  sucre  dans  le  sang 

pendant  le  passage  de  ce  dernier  Ă  
travers  le  poumon;  par  MM.  R. 
LĂ©pinc  et  BtHihid 473 

—  L'action  des  solutions  des  sels  alcalins 

et  alcalinoterreux  sur  les  Epinoches; 

par  M .  Miclwl  Siciilecki "iaS 

—  Kecherche  et  dosage  de  l'urĂ©e  dans  les 

tissus  et  dans  le  sang  des  animaux 
vertébrés;  par  M.  Nestor  Grrh/nit..      538 

—  Du  rîle  de  la  compression  dans  la  loca- 

lisation des  tendons  ;  par  iM.  H.  An- 
thony       ('122 

—  Recherches  expĂ©rimentales  sur  l'ollac- 

tion  des  vieillards;  par  M  .  VasclĂ de.     627 

—  M.  C.  Fleig  adresse  deux  Notes  ayant 

pour  titres:  «  Mode  d'action  chimique 


P;i|;cs. 


des  savon.s  alcalins  sur  la  sécrétion 
pancréatique  »  et  «  MécaIli^me  de 
l'action  de  la  sapocrinine  sur  la  sécré- 
tion pancréatique  » 

Etude  des  contractions  musculaires  et 
des  réflexes  chez  le  Stichopus  rcgtilis  ; 
par  M .   Victor  Henri , 

Sur  le  sucre  virtuel  du  sang  ;  par 
MM.  R.  LĂ©pine  et   Boidiid 

Le  sens  olfactif  de  l'Escargot  (  Hclix 
poniatid);  par  M.  Emile  Yiing 

RĂ©gularisation  osmotique  des  liquides 
internes  chez  les  Echinodermes;  par 
MM .  Victor  Henry  et  .S',  talon 

Sur  la  régénération  chez  les  Amphi- 
biens  des  membres  postérieurs  et  de 
la  queue,  en  l'absence  du  systĂšme 
nerveux;  par  M.   P.  IVi/ilrehert..  .  . 

Etude  des  ferments  digestifs  chez  quel- 
ques Invertébrés;  par  M.  Victor 
Henry 

De  l'action  morpliogĂ©niqucdes  mu.■^cIes 
crotaphytes  sur  le  crĂąne  et  le  cerveau 
des  Carnassiers  et  des  Primates;  par 

M .  R.  Anthony 

Comparaison  entre  les  elfels  nerveux 
des  rayons  de  Becquerel  et  ceux  des 
rayons  lumineux;  par  M.  Georges 
Bohn 

Sur  l'action  moi  pliologique  de  l'eau  en 
mouvement  sur  les  Hydraires;  par 
M'""  Motz-Kossoivska 

Sur  le  rÎle  de  certains  éléments  figu- 
rés chez  Sipuncnlns  niulns  L.  ;  par 
SL  F.   Ladreyl 

Sur  les  facteurs  élémentaires  de  l'héré- 
dité; par  AL   Georges  Coiitagne 

Corrélations  fonctionnelles  entre  les 
glandes  Ă   venin  et  l'ovaire  chez  le 
crapaud  commun;  par  M.  C.  F/dsn- 
Ujc 

■  Les  conditions  spĂ©ciales  de  la  circula- 

tion dans  des  glandes  en  activité;  jiar 
ALM.  G.  Monssu  et  /.    T'/v.voi 

-  Le  mal  des  montagnes;  par  M.  Kronec- 

ker 

■  Sur  les  modifications  que  subit  la  res- 

piration par  suite  de  l'ascension  et 
de  l'acclimatement  Ă   l'altitudedu  mont 
Blanc;  par  M.  ,/.    V(dlot 

-  Sur  les  croisements  entre  taxies  dillé- 

rentes;  par  M.  Georges  Coiitagne . .  . 

-  Action    de   l'anéthol  sur    l'organisme; 

par  MM.  ÂŁ.  Vurenne,J .  Roussel,  L. 

174- 


(■.3'"> 
-20 


761 
763 

S81 

883 

863 

86  j 
107J 


1084 
12S2 

1283 
1290 


l344  TABLE   DES 

Pages. 

Godcfroy 1 294 

Voir  aussi  Chimie  biologique,  Physique 
biologique,  Sang. 
Physiologie  expĂ©rimentale.  —  La  pro- 
duction du  glucose,  sous  l'influence 
de  la  vie  asphyxique,  par  les  tissus  du 
Bombyx  mon,  aux  diverses  phases  de 
son  Ă©volution  ;  par  M.  F.  Maigiton. .       93 

—  Injection    intraveineuse  de  glycĂ©rine; 

dosage  de  la  glycc'rine  dans  le  sang: 
Ă©limination  par  l'urine;  par  M.  Mau- 
rice Nicloux " 70 

—  Tirra/rt  relatif  à  cette  Communication.     sciS 

—  Recherches    expĂ©rimentales     sur    les 

rĂȘves.  Du  rapport  de  la  profondeur 
du  sommeil  avec  la  nature  des  rĂȘves  ; 
par  M.  N.  Vaschide i5o 

—  Sur  l'entretien  de  l'irritabilitĂ©  de  cer- 

tains organes  séparés  du  corps,  par 
immersion  dans  un  liquide  nutritif 
artificiel;  par  MM.  E.  HĂ©don  et  C. 
Fleig 9. 1 7 

—  Inscription  de  l'Ă©tat  variable  de  la  ten- 

sion du  fil  de  l'ergographe;  Ă©quation 
du  mouvement  et  expression  du  tra- 
vail; par  MM.  ^.  Imbert  et  J.  Ga- 
guĂšre 27() 

—  MM.    He'don  et  Fleig    adressent    une 

nouvelle  Note  relative  Ă   l'influence  de 
la  température  sur  la  survie  de  cer- 
tains organes  séparés  du  corps  et  à 
leur  reviviscence  dans  un  liquide  nu- 
tritif artificiel 283 

— ‱  Sur  l'Ă©quation  gĂ©nĂ©rale  des  courbes  de 
fatigue;  par  M.  Charles  Henry  et 
M""  /.  Joleyko 4 ',  1 

—  Élevage  des  larves  parthĂ©nogĂ©nĂ©liques 

d'Astéries  dues  à  l'action  de  l'acide 
carbonique;  par  M.  Yves  Delage.. . .     44;) 

—  La  parthĂ©nogenĂšse  par  l'acide  carboni- 

que, obtenue  chez  les  Ɠufs  aprùs 
l'Ă©mission  des  globules  polaires;  par 
JL  Yves  Dehige 47  J 

—  Sur  l'excilalion  des  nerfs  et  des  muscles 

par  décharges  de  condensateurs;  par 

M.  /.   Cluzet 670 

—  Sur  la  ponte,  la  fĂ©conditĂ©  et  la  sexua- 

lité chez  des  poules  carnivores;   par 

M.  Frédéric  Houssar 934 

—  Quelques  observations  relatives  à  l'ac- 

tion des  vapeurs  des  composés  hydro- 
cubonés  sur  les  microbes  animaux  et 
sur  les  insectes,  et  au  rĂŽle  antise|)ti- 
que  des  agents  oxydants-oxydables; 


MATIERES. 

Pages, 
par  M.  Berthelot gSS 

—  Sur   une  relation    entre  le  travail  et 

le  travail  dit  statique  énergétique- 
ment  Ă©quivalents  Ă   l'ergographe;  par 
M.  Charles  Henry  et  M""  J.  Jotcyho.    laSJ 

—  Recherches  sur  le  rîle  de  la  glande  in- 

terstitielle du  testicule.  Hypertrophie 
compensatrice     expérimentale;     par 

MM.  P.  Ancel  ot  P.  Bouin 1288 

Physiologie  pathologique.  —  Contribu- 
tion à  l'étude  des  altérations  congé- 
nitales du  systĂšme  nerveux  :  patho- 
génie de  l'anencéphalie;  par  MM.  Cl. 
ĂŻ^urpas  et  yl .  LĂ©ri 2 1 3 

—  Sur  les  gaz  organiques  de  la  respira- 

lion  dans  le  diabÚte  sucré;  par  M.  J . 

le  Goff. 216 

—  De  la  formation  du  cal;  par  MM.  F. 

Cornd  et  P.  Coudray 220 

—  Les  sensibilisatrices  du  bacille  tuber- 

culeux; par  MM.  /.  Bordet  et  O. 
Gengou 3  5 1 

—  Le  siĂšge  des  convulsions  Ă©pileptiformes 

toniques  et  cloniques;  par  M.  JSino 
Samaja C73 

—  Contribution  Ă   l'Ă©tude  de  la    dyscrasie 

acide  (  acide  chlorhydrique  )  ;  par 
MM.  J.    Dcsgrez  et  /.  Jdlcr 818 

—  Sur  les  tuberculines;  par  M.  .Si?'m«ffcA.     889 

—  Le  mal  des  montagnes;  par  M.  Km- 

necher iviSa 

Physiologie  vĂ©gĂ©tale.  —  Influence  du 
chlorure  de  sodium  sur  la  transpira- 
tion et  l'absorption  de  l'eau  chez  les 
végétaux;  par  M.   H.  RicÎmc i4i 

—  Recherches  sur  la  nutrition  des  plantes 

étiolées;  par  M.    G.   André 199 

—  Sur  des  racines  dressĂ©es  de  bas  en  haut, 

obtenues     expérimentalement  ;     par 

M.   H.    RicĂŽme 204 

—  Sur  la  production  de  glycogùne  chez 

les  Champignons  cultivés  dans  des 
solutions  sucrées  peu  concentrées;  par 
M .  Éniilc  Laurent 4^1 

—  La    germination   des  OrchidĂ©es  ;    par 

M.  NoH  Bernard 483 

—  Variation  morphologique  des    feuilles 

de  Vigne  Ă   la  suite  du  greftage  ;  par 

M.  A.  Jurie 5oo 

-'  Infiiience  de  l'eau  sur  la  structure  des 
racines  aériennes  d'Orchidées  ;  par 
M .  Gaston   Bonnier 5o5 

—  Uechoi'ches  sur   la   transpiration    des 

feuilles  vertes  dont  on  Ă©claire  soit  la 


TABLE    DES    MATIERES. 


i345 


Pages. 
faceBupérieure,  soit  la  face  inférieure; 
par  M .  Eil.  Griffon 629 

—  De  l'intUience  de  l'alimentation  minĂ©- 

rale sur  la  production  des  sexes  chez 
les  plantes  dioĂŻques;  par  M.  Emile 
Laurenl 689 

—  Influence  de  la  nature  du  milieu  extĂ©- 

rieur sur  la  composition  organique  de 
la  plante;  par  i\IiM.  Alex.  HĂ©bert  et 
E.   Chanibot 799 

—  Sur  le  rapport  entre  l'intensitĂ©  lumi- 

neuse et  l'Ă©nergie  assimilatrice  chez 
des  plantes  appartenant  Ă   des  types 
biologiques  différents  ;  par  iM.  Fr. 
JVeiss Soi 

—  Sur  une  consĂ©quence  de  la  fĂ©condation 

croisée;  par  M.  Leclerc  du  Sablon..    1298 
Voir  aussi  Chimie  végétale,  Pathnlngie 
vroélnle. 
Physique    biologique.   —  La  rĂ©sistance 
Ă©lectrique    du   corps    humain  ;    par 
M .  Stéphane  Eeditc S 1 4 

—  Émission  de  rayons  n  (  rayons  de  Blon- 

dlot)  par  l'organisme  humain,  spécia- 
lement par  les  muscles  et  parles  nerfs; 
par  M.  Aiig.  Chajpentier io4y 

—  Nouveaux  faits  sur  les  rayons/;  d'ori- 

gine physiologique;  localisations  ner- 
veuses; |iarM.  Augustin  Charpentier.    1277 

—  Sur  le  phototropisme  des  Artizouires 

supéi  leurs;  par  M.  Georges  Bn/iii .  .  .    1292 
Voir  aussi  Physiologie  végétale,  Radio- 
activité, Rayons  N,  T'ision. 
Physique  DU  globe.  —  Étude  de  la  circu- 
lation marine  ;  par  M.  /.  Tl.jjulet. . .       97 

—  Observations  concernant  les  variations 

du  niveau  de  la  mer  depuis  les  temps 
historiques  et  préhistoriques;  par 
M.  Ph.  NĂ©gris %i.i 

—  Sur  la  transparence  de   la  mer;    par 

M.  Thoulet 748 


Pages. 

—  Sur  l'emploi  du  tachĂ©ographe  Schrader 

pour  les  travaux  d'Hydrographie;  par 
MM.  F.  Schrader  et  Ch.  Sauenvein .     7S1 

—  Sur  la  signification  gĂ©ologique  desano- 

nialies  delà  gravité;  par  M.  de  Lap- 
parent 827 

—  Sur  les  lacs  do  la  haute  Engadine  ;  par 

M.  André  Delehecque i3i  r 

Voir  aussi  Magnétisme  terrestre. 

Physique  mathĂ©matique.  —  Voir  Hydro- 
dynamique, MĂ©canique,  Thermody- 
namique. 

Planùtes.—  Observations  de  la  planùte  MA 
(i\  août  1903),  faites  à  l'observatoire 
de  Besançon;  par  M. /".  Cliofardet..     453 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       4Ăź^8 

—  M.    S.    Socoloiv    adresse    une    Note 

(c  Sur  les  corrélations  qui  existent 
entre  les  éléments  des  orbites  du 
systÚme  planétaire  » 628 

—  Observations    de   Mars    à    la  grande 

lunette  de  l'observatoire  de  Meudon  ; 

par  M .  G.  jiUllochau 636 

PrĂ©historiques  ( Études). —  M.  le  SecrĂ©- 
taire perpétuel  signale  le  «  Bulletin 
de  la  Société  normande  d'études  pré- 
historiques, Tome  X,  année  1902  »..     56o 

—  M.  le  SecrĂ©taire  perpĂ©tuel  signale  un 

Volume  de  M.  R.  Verneau  intitulé 
«  Les  anciens  Patagons.  Contribution 
à  l'étude  des  races  précolombiennes 
de  l'Amérique  du  Sud  » (')3'> 

—  Sur  la  composition  de  bronzes  prĂ©his- 

toriques de  la  Charente;  par  M,  Ches- 
neau 653 

—  Étude  microscopique  de  bronzes  prĂ©- 

historiques    de     la     Charente:    par 

M.  Chesneau 93o 

Pyridine.  —  Voir  Chimie  organique. 


R 


RadioactivitĂ©.  —  M.  O.  Dony-HĂ©nnult 
adresse  une  Note:  «  Sur  la  radioacti- 
vitĂ© du  pero.\yde  d'hydrogĂšne  <‱ 353 

—  M.  Adrien  Muller  adresse  un  MĂ©moire 

intitulé  :  «  Radioactivité  et  ionisa- 
tion ;  phénomÚnes  généraux  et  théo- 
rie » I78 

—  Sur  la  phosphorescence  scintillante  que 

présentent  certaines  substances  sous 


l'action  des  rayons  du    radium:  par 

M.  Henri  Becquerel 629 

Sur  la  .scintillation  du  sulfure  de  zinc 
phosphorescent,  en  présence  du  ra- 
dium, revivifiée  par  les  décharges 
Ă©lectriques;  par  M.  Th.  Tommasina .     745 

Remarques  au  sujet  de  la  Communica- 
tion précédente  de  M.  Tommasina 
«  Sur  la  scintillation  du  sulfure  do  zinc 


i346 


TABLE  DES 


phosphorescent  >>:  par  M.  S.  Leduc.     949 

—  Com[)araison  enlru  les  effets  nerveux 

des  rayons  de  Becquerel  et  ceux  des 
rayons  himineux;  par  JI.  Crorgi-s 
JSiihii 883 

—  De  l'action  du  jadium  sur  les  diUerents 

tissus;  par  .M.  ./.   Dnnysz 1296 

Voir  aiis.si  In/ii.saliun. 

UAV0iNSCATii0DiQUES.—Sim[ilicit6  desspec- 
tres de  la  lumiĂšre  cathodique  dans  les 
gaz  azotés  et  carbonés;  par  M.  H. 
Drsliiiidres \.i~ 

Rayons  N.  —  Sur  une  nouvelle  action  pro- 
duite par  les  rayons  N  et  sur  plusieurs 
faits  relatifs  Ă   ces  radiations;  par 
M.  n.  Blomlht : I (if) 

—  Sur  de  nouvelles  actions  produites  par 

les  rayons  N:  généralisation  des  phé- 
nomÚnes précédemmeiit  observés;  par 
-AI.   H.  nioiullnt OS  1 

—  Sur  l'emmagasinement  desrayons  X  par 

certains  corps:  parM./Ăź.  Bhudlot...     7^9 

—  Sur  le  renforcement  qu'Ă©prouve  l'ac- 

tion exercée  sur  l'oeil  par  un  faisceau 
de  lumiĂšre,  lorsque  ce  faisceau  est 
accompagné  de  rayons  N  ;  par  M.  H. 
Blondiot Sir 

—  Emiias-a  rapportant  à  retle  Communi- 

cation         CJ^ft 

—  Sur  la  propriĂ©tĂ©  d'Ă©mettre  dos  rayons 


MATIERES. 

Pyges. 

N  que  la  compression  confĂšre  Ă   cer- 
tains corps,  et  sur  l'Ă©mission  sponta- 
née et  indéfinie  de  rayons  N  par 
l'acier  trempé,  le  verre  trempé,  et 
d'autres  corps  en  Ă©tat  d'Ă©quilibre 
moléculaire  conlrainl:  par  M.  K. 
lilondlot 9G2 

—  Emission  de  rayons  n  (ravons  de  Blon- 

diot) par  l'organisme  humain,  spécia- 
lement par  les  muscles  et  par  les 
nerfs;  par  M.  Aus^.    Chnrprntirr.  .  .    \ii\i) 

—  M.  Pniil  AudoUcrit  adresse  une  rĂ©cla- 

mation de  priorité  relative  à  l'émis- 
sion de  radiations  par  les  corps i2>7 

—  Nouveaux  faits  sur  les  rayons  N  d'ori- 

gine physiologique;  localisations  ner- 
veuses;  par   M.  Jiii:;iistin    Charpni- 

ticr 1277 

Rayons  X  ou  nAYo.xs  I!okmge\.  —  Dia- 
gnostic des  calculs  biliaires  par  la  ra- 
diographie préliminaire;  par  MM..l/a»- 
rliiiic  et  hifndl .J82 

—  Contribution  au  traitement  du  cancer 

pai'  les  rayons  X  :  par  .M.  Bimiul. ...     811; 

—  Ampoules  de  Crookes  pour  radiothĂ©- 

rapie; par  M.  Oiidin 891 

RltiiĂ©.niim.  —  PrĂ©paration  et  propriĂ©tĂ©s 
d'un  siliciure  de  ruthénium;  par 
M.M.  Henri  Mnissnn  eXfVilliein  Mrni- 
chol 229 


Sang.  —  Injeclioti  intraveineuse  de  glycĂ©- 
rine; dosage  de  la  glycérine  dans  le 
sang;  Ă©limination  par  l'urine:  par 
M.  Mtiiiricr  Nici/mx 70 

—  Er/nta  se  rapportant  à  cette  (Commu- 

nication         ■).28 

—  La  nature  et  l'apprĂ©ciation  de  la  rĂ©ac- 

tion alcaline  du  sang;  par  M.  H. 
Liibhé 384 

—  Sur  la  production  de  sucre  danslesang 

pendant  le  passage  de  ce  dernier  Ă  
travers  le  poumon;  par  .MM.  /i.  LĂ©- 
piiic  et  Boidud \~'i 

—  Recherche  et  dosage  de  l'urĂ©e  dans  les 

tissus  et  dans  le  sang  des  animaux 
vertébrés;  ^^AT  W.  Ncsloi-  Grclmnt .  .     558 

—  Sur    le   sucre    virtuel   du    sang;    par 

iM-\l.  R .  LĂ©pine  et  Roulud 680 

—  Sur  l'oxydation  de  la  glucose  dans  le 

sang    par  M.  L.  Jtdly 771 


—  Études  speclroseupiquesdu  sang  faites, 

au  mont  Blanc,  par  M.  le  D'  HĂ©noc ■ 

que  ;  par  il .  ./.  Jnnssen 1  <i  1 9 

Voir  aussi  Infectieuses-  (  Mnliiilics). 
Sii.iciu.«  ET  sKsco.MPOSKs. —  Simplification 
de  l'analyse  des  silicates  par  l'emploi 
de  l'acide  formique;  par  M.  A.  Le- 
clĂšre H) 

—  Erriita  se  rapportant  à  une  Communi- 

cation de  M.  Hui^nt  du  29  juin  1903, 

sur  l'amidure  et  l'imidure  de  silicium.     100 

—  PrĂ©paration  et  propriĂ©tĂ©s  d'un  siliciure 

de  ruthénium;  par  MM.  Hmri  Moi.s- 

suii  et  IJ'ilhein  Iljiniclint 229 

—  Sur  la  constitution   et  les   propriĂ©tĂ©s 

des  aciers  au  silicium;  par  RL  LĂ©nn 

Guillet ioJ2 

Soleil.  —  Le  cercle  deBisliop,  couronne 

solaire  de  1903;  par  .M.  F.- A.  Forel.     38o 

—  Observations  du  Soleil  faites  à  l'obser- 


TABLE    DES 

Pages, 

valoire  de  F^yon  pendaiit  le  deuxiĂšme 
trimestre  de  iOfi3;  par  M.  J.  Giiil- 
iinimi' 1  i  1 

—  Observation  de  l'Ă©clipsĂ©  de  Soleil    du 

■'.o  septembre  igoS,  faite  à  1  üle  de  la 
KĂ©union;  par  MM.  Edmond  Biirihi^e 
et  A.  Gnrsaiilt 03") 

—  Remarques  sur   le  dernier   groupe  de 

taches  solaires  et  les  perturbations 
magnétiques  ;  par  Al.  F.  Qiiénixset. ..     y.'i- 

—  Relation  entre  les  taches  solaires  et  le 

magnétisme  terrestre.  Utilité  de  l'en- 
registrement continu  des  éléments 
variables  du  Soleil  ;  par  M.  H.  Dcslnn- 
dre.i S  )  I 

—  Le  dernier    minimum  des  taches  du 

Soleil  et  remarques  au  sujet  de  la  lui 
(les  znrics;  par  M.   /.  GinHiiiinic. .  .  .     .StjS 
‱ —  Sur  l'intensilĂ©  de  l'Ă©claireuient  produit 

par  le  Soleil;  par  i\L  C hurles  lĂčibrr.     973 

—  Sur  l'intensitĂ©  lumineuse  des  Ă©toiles  et 

leur  comparaison  avec  le  Soleil;  par 

M.  Cliaiifs  Ftibrr \  ■![■?. 

SolennitĂ©s  sciENTiFiQuiis. —  .\l.  leAJ/ii/u 
de  Saint-Jusl-en-Chiiiisiée  (Oise)  iirie 
l'Académie  de  vouloii'  bien  se  faire 
représenter  à  l'inauguration  du  monu- 
ment élevé  à  la  mémoire  de  Her/e-Jiist 
HaĂčy  et  J'iileiiiiii  Hriiif,  le  8  no- 
vembre prochain 035 

—  Allocution  relative  Ă   la  iMĂ©daille  remise 

il  M.  Cli<iiii'enii\  par  M.  .Y.  Gciiulry, 
Président 773 

SpAnTÉiNE. —  Sur  la  spartĂ©ine.  CaractĂšres 
généraux;  action  de  quelques  réduc- 
teurs ;  par  M\L  Cli,  Moiirru  et  J. 
Valeur 194 

Spectroscopie.  —  Sur  la  spefliuphotuniĂ©- 
trie  photographique;  par  M.  C.  Cu- 
michel 184 

—  Observations  spectrales  de  la  coiriĂ©lc 

Borrolly  (1903  c);  par  M.  H.  DrsUiii- 
dres 393 

—  SimplicitĂ©  des  spectres  de   la  luniiĂšie 

cathodique  dans  les  gaz  azotés  et 
carbonés  ;  par  M.  H.    Deslnndrrs .  . .     \'fy 

—  Sur   la  dĂ©termination  des  maxima  et 

minima  de  transparence;  par  M.  C . 
Crimicliel -S8 

—  Sur  la  tempĂ©rature  des  (lannues;   par 

M.    Cil.   Firy 909 

—  Caractùres  principaux  des  spectres  du 


MATIÈRES.  l347 

Pages. 

ligneset  de  bandes.  Considérationssur 
les  origines  de  Cv'S  deux  spectres;  |iar 
W.  H.  Desluiidres ioi3 

—  Études  spectroscopiques  du  sang  laites, 

au  mont  Blanc,  par  M.  le  D'  Hennc- 

<liie\  par  M.  J .  J  misse  II 1019 

SpĂ©lĂ©ologie.  —  Sur  l'application  de  la 
tluorescéine  à  l'hydrologie  souter- 
raine ;  par  M.  E.-A  .  Martel 2>,5 

—  Sur  la  gĂ©ologie  et  l'hydrologie  souter- 

raine du  Caucase  occidental;  par 
MM..L  Yermoloff  e\,  E.-A.  Mnrlel.  1077 
Sucres.  —  Les  hydrates  de  carbone  de 
l'orge  et  leurs  transformations  au 
cours  de  la  germination  industrielle  ; 
par  M .  L.  Lindct 73 

—  La  production  du   glucose,   sous   l'ir.- 

fluence  de  la  vie  asphyxique,  par  les 
tissus  du  Bombyx  mori,  aux  diverses 
phases  de  son  Ă©volution  ;  par  M.  F . 
Maigiioii 93 

—  Sur  la  production  de  glycogùiie  chez  les 

Champignons  cultivés  dans  des  solu- 
tions sucrées  peu  concentrées;  par 
M.  Emile  Laurent 4'J ‱ 

—  Sur  la  production  de  sucre  dans  le  sang 

pendant  le  passage  de  ce  dernier  Ă  
travers  le  poumon;  par  MM.  H.  LĂ©- 
pine  et  Boulud 47^ 

—  Action  de    l'acide  phosphoreux  ^ur  la 

mannite.  Remarque  sur  le  mannide  ; 

par  .^L  P.  Carré 517 

—  Recherches  sur  l'isoglucooamine  ;  par 

M.  L.  Mn/juenne (')58 

—  Sur   le    sucre  virtuel  du   sang  ;    par 

MM.  H.  Lrpifie  et  Boulud (i8(i 

—  Sur  l'oxydation  de  la  glucose  dans  le 

sang  ;  par  M.  L.  Jolly 77 1 

—  Combinaisons  du  saccharose  avec  (|uel- 

ques    sels   métalliques;    par   AL    D. 

Gaullder \>.'j(j 

Sl'i.fates.  —  Combinaison  du  sulfate  fer- 
rique  avec  l'acide  sulfurique,  par 
M .  A.  Recoura 118 

—  Action  du  pcrsulfate  d'ammoniaque  sur 

les  oxydes  mĂ©talliques;  par  MM.  .‱/. 
Seyetvetz  et  P.  Traw'ilz 1  3o 

—  Sur  l'acide  ferrisulfurique  et  le  ferri- 

sulfate  d'Ă©thyle  ;  par  AL  A.  Recoura.      189 

—  Sur  une  combinaison  du  sulfate  d'alu- 

minium  avec   l'acide  sulfurique  ;  par 

M.  E.  Baud 492 


i348 


TABLE    DES   MATIERES. 


Pages. 
TÉLÉGRAPHIE.    —   Sur   le   tĂ©lĂ©kine  :    par 

M .  // .    Torrcs 3 1 7 

—  Sur  le  fonctionnement    de    cohĂ©reurs 

associés;  par  M.  Jlbert  Turpain.  . . .     5(J2 

—  Sur  la   mesure  de   l'effet    des   ondes 

Ă©lectriques  Ă   distance  au  moyen  du 
bolomĂštre;  par    M.    C.    Tlssnl S4G 

ToNOMiiTRiE.  —  Nouvelles  lois  de  tonomĂ©- 
trie,  qu'on  peut  déduire  des  expé- 
riences de  Raoult  ;  par  M.  E.  Wic- 
kerslieiiner 3 19 

Topographie.  —  Sur  un  moyen  rapide  d'oh- 
tenir  le  plan  d'un  terrain  en  pays 
de  plaines,  d'aprĂšs  une  vue  photogra- 
phique prise  en  ballon;  par  M.  Laiis- 
sedat 24 

ThĂ©rapisutiqie.  —  l'athoijĂ©nie  et  traite- 
ment du  rhumatisme;  par  M.  L.  PĂ©- 
niĂšres 626 

—  Contribution  au  traitement  du  cancer 

par  les  rayons  X;  par  M.  B'naud...     816 

—  Sur  les  luberculines;  par  M.  .fie/««(»f/,-.  889 
Thermociiimie.  —  Chaleur  de  neutralisa- 
tion de  l'acide  ferrocyanhydrique; 
chaleur  de  forma  lion  de  ses  combi- 
naisons avec  l'éther  et  l'acétone,  par 
MM.  Chrétien  et  Giiirichant G5 

—  Emploi  de    la    bombe   calorimĂ©trique 

pour  démontrer  l'existence  de  l'arse- 
nic dans  l'organisme;  par  M.  Gabriel 
Bertrand 266 

—  Recherches  thermochimiques  sur  les 

matiĂšres  colorantes.  La  rosaniline  et 
la  pararosaniline;  par  M.  Jules Sclmd- 
dlin 33 1 

—  Les  chaleurs  de  combustion  des  com- 

posés organiques,  considérées  comme 
propriétés  additives.  Alcools  et  phé- 
nols. Ethers-oxydes.  Aldéhydes  et  cé- 


pages, 
tones  ;  par  JL  /*.  Lemoult 5i5 

—  Sur  le  calcul  de  la  chaleur  de  combus- 

tion des  acides  organicjues,  de  leurs 
anhydrides  et  des  Ă©thers-sels  ;  par 
M.  /'.  Lemoult 656 

—  Sur    une    nouvelle  mĂ©thode  pour    le 

calcul  des  chaleurs  de  combustion  et 
sur  quelques-unes  de  ses  conséquen- 
ces: par  M.  P.  Lemoult 979 

Thermodynamique.  —  Sur  la  diminution 
du  potentiel  pour  tout  changement 
spontané  dans  un  milieu  de  tempéra- 
ture et  de  pression  constantes  ;  par 
M.   AriĂšs 47 

—  Contribution  Ă   l'Ă©tude  de  la  surchauffe; 

par  M.  A.  Petot 17) 

—  Courbes  de  sublimation;  par   M.    A. 

Bouzat 175 

—  Courbes  de  pression  des  systùmes  uui- 

varianls  qui  comprennent  une  phase 
gazeuse;  par  M.  A.  Bouzat 322 

—  Sur  les  lois  du  dĂ©placement  de  l'Ă©qui- 

libre chimique  :  par  M.  E.  AriĂšs.. .     788 

—  M.  G.  A/«re(7i(7/ adresse  une  Note  sur 

la  chaleur  spécifique  de  la  vapeur 
d'eau 948 

—  JMoteur  à  combustion  par  compression; 

par  M.  CaĂŻuiei'et io36 

—  Sur  l'extension  do  la  formule  de  Cla- 

peyron  à  tous  les  états  indifférents  ; 

par  M.  Z.  AriĂšs 1 239 

ThermomĂ©trie.—  Sur  la  tempĂ©rature  des 

flammes  ;  par  M.  Ch.  FĂ©ry 909 

—  Sur  la  diffĂ©rence  de  tempĂ©rature  des 

corps  en  contact;  par  M.  ÂŁ.  Rogovski.  1244 
Tuberculose.  —  Les  sensibilisatrices  du 
bacille  tuberculeux;  par  M.M.  /.  Bor- 
del et  O.  Gengou 35 1 

—  Sur  les  tuberculines;  \)arM.  Beranec/c.     889 


u 


Uranium.  —  Sur  quelques  combinaisons 
binaires  de  l'uranium;  par  M.  A. 
Colson 382 


Voir  aussi  Radioactivité. 
UrĂ©e.  —  Voir  Chimie  biologique. 


TABLE   DES   MATIERES. 


l349 


Pages. 
Vins. —  Sur  la  teneur  des  vins  mistelles 
et  des  autres  vins,  en  acides  solubles 
dans  l'éther,  comme  moyen  de  diffé- 
renciation; par  M.  Cit.  Blarez 04 

—  Sur  une   nouvelle    mĂ©thode   physique 

de  recherche  et  de  détermination  du 
mouillage  des  vins;  par  M.  Geor^ca 
Maiwiwricr aS  1 

—  Sur  le  dosage  de  l'ammoniaque  dans  les 

vins,  et  son  rÎle  dans  la  différenciation 
des  mistelles  d'avec  les  vins  de 
liqueur;  par  M.  /.  Lahorde 33  j 

—  Sur  les  caractùres  chimiques  des  vins 

provenant  de  vignes  atteintes  par  le 
mildew;  par  M.  Emile  Manceau....     99S 
■Vision.  — Sur  une  espùce  d'oscillation  de 
la  perception  chromatique;  par  M.  C. 
MtdlĂ©zns . .  .  .  ‱ 43 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       356 

—  Sur  les  mouvements  de  torsion  de  l'Ɠil 

pendant  la  rotation  de  la  tĂȘte;   par 

M.  Yves  DĂ©taxe 107 

—  Sur  les  mouvements  de  torsion  de  l'Ɠil 

dans  les  orientations  du  regard,  l'or- 
bite restant  dans  la  position  primaire; 
pa  r  M .   Yves  Delage 1 63 

—  Comparaison   des  diverses  lettres  au 

point  de  vue  delĂ   vitesse  de  lecture. 
Formation  d'un  alphabet  rationnel  ; 
par  MM.  Jndré  Broca  eX  D.  Siiher..     8rß 

—  Sur  le  renforcement  qu'Ă©prouve  l'ac- 

tion exercĂ©e  sur  l'Ɠil,  par  un  fai,sceau 
de  lumiĂšre,  lorsque  ce  faisceau  est  ac- 
compagné de  rayons  N;  par  M.  R. 
Bhindht SSi 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication         9'J2 

—  Sensation  lumineuse  en   fonction   du 


Pages. 

temps  pour  les  lumiÚres  colorées. 
Technique  et  résultats:  par  MM.  Jn- 
drc  Broca  et  I).  Sidzer 9  j/, 

—  Rîle  du  temps  dans  la  comparaison  des 

éclats  lumineux  en  lumiÚre  colorée; 

par  MM.  André  Broca  et  D.  Sidzer.     977 

—  La  sensation  lumineuse  en  fonction  du 

temps  pour  les  lumiÚres  colorées.  Dis- 
cussion des  résultats  ;  par  MM.  An- 
dré Broca  et  D.  Sidzer 104O 

—  DĂ©termination  du    minimum    percep- 

tible et  de  la  durée  de  la  perception 
lumineuse  chez  les  personnes  dont  la 
\'ue  est  affaiblie;  par  M.  5.  Durand.  1280 
Viticulture. —  Sur  le  phĂ©nomĂšne  aĂ©rody- 
namique produit  par  le  tir  des  canons 
grélifuges;  par  M. /.  FMIe 397 

—  Variation  morphologiciue   des  feuilles 

de  vigne  Ă   la  suite  du  greffage;  par 

M.  A .   Jiirie joo 

—  Sur  un  hybride  vrai  de  chasselas  par 

vigne  vierge  {Ampélopsis  Itederacea); 

par  M .  Grille 1  Soo 

Volcaniques  (PhĂ©nomĂšnes). —  La  cordiĂ©- 
rite  dans  les  produits  Ă©ruptifs  de  la 
monlagne  Pelée  et  de  la  SoufriÚre  de 
Saint- Vincent;  par  M.  A.  Lacroix..      i45 

—  Les  enclaves   basiques  des  volcans  de 

la  Martinique   et  de  Saint- Vincent  ; 

par  M.  A.  LacroĂčv air 

—  Sur  la  direction  de  l'aimantation  per- 

manente dans  diverses  roches  volcani- 
ques; par  M.  Bernard  Brunhes  et 
Pierre  Dm'iil 975 

—  M.  le  Ministre  de  f  Instruction  publi- 

que transmet  à  l'Acailémie  une  Lettre 
relative  Ă   un  tremblement  de  terre  en 
Bulgarie 1 228 


Zinc  et  co.mposĂ©s. —  Sur  la  composition  du 

peroxyde  de  zinc;  par  M.  Kuriloff...     G18 

—  Sur  la  phosphorescence  scintillante  que 

présentent  certaines  substances  sous 
l'action  des  rayons  du  radium;  par 
M .  H.  Bcc([iurel 629 

—  Sur  la  scintillation  du  sulfure  de  zinc 


phosphorescent,  en  présence  du  ra- 
dium, revivifiée  par  les  décharges 
Ă©lectriques;  par  M.  Th.  Tommasinn . 

Remarques  au  sujet  de  la  Communica- 
tion précédente;  par  M.  S.  Leduc  . . 

Influence  des  gaz  sur  la  séparation  des 
métaux  par  électrolyse  :  séparation  du 


745 
94s 


l33o  TABLE    DES 

nickel  et  du  zinc;  par  MM.  Brrtifiiix 

et  HolUird 85' 

Zoologie.  —  La  se;^mentation  parlhĂ©no- 
gĂ©nĂ©liqueexpĂ©rinicnlale  rtipzles  Ɠufs 
de  Petiiiinysnn  PUineri\  par  ^L  K. 
BntaĂŻUnn 79 

--  l.rt  distribution  gL'O.yrapiiiriuedes  Colé- 
optĂšres bostrychidos  dans  ses  rap- 
ports avec  le  réij;ime  alimentaire  de 
ces  Insectes.  RĂŽle  probable  des  gran- 
des migrations  luimaines  ;  par  M.  P. 
Lrxne.  .  . i33 

—  Sur  la   spermaloi^enĂšSR  des  CrustacĂ©s 

décapodes;  par  M.  Jlphonsp  Labhé .     -i-ji 

—  Production  artificicllede  larves  gĂ©antes 

chez  un  Ecbiniile;  par  ^L  F.-A. 
Janssens 'K  \ 

—  Sur  les  HĂ©tĂ©ropodes  recueillis  punilant 

les  campagnes  de  X Hlrundflle  et  de  la 
Princesse  J/irc,  faites  sous  la  direc- 
tion de  S.  A.  le  Prince  de  Monaco  ;  par 
M .  ^ .  VayssiĂšre i  i li 

—  Sur  la  prĂ©sence  de  Jlicrosporodies  du 

genre  Thetolinnia  clu'Z  les  Insectes  ; 

par  .M.  Edmond  Hesse j  i  S 

—  Sur  le  dĂ©veloppement    post-embryon- 

naire dfs  Ixodes  ;  par  M.  J.  Bonnet,      iuj 

—  Sur  la  rĂ©sorplioii  plia^ocytaire  des  pro- 

duits gĂ©nitaux  inutilisĂ©s,  chezI'Êc/H- 
nocardium  cordiitidn  Penn;  par  MM. 
Maurice  Ciiuilery  et  Michel Siedlccki.     496 

—  Sur  les  affinitĂ©s  du  genre  Oreosomn; 

par  M.  G.-J.  Boii/a//ger .      Ăąa'Ăź 

—  Sur  les   mouvements  oscillatoires  des 

Conm/uin  ro'^cojf'e/ixis  ;  par  M.  Geor- 
ges BiiJin .'176 

—  L'origine  phagocylaire   des    CrustacĂ©s 

déca [iodes;  par  M  .  L.  Ciicnni 619 

—  Sur  la  non-rĂ©gĂ©iu'ration  des  spliĂ©ridies 


MATIERES. 

Pai;es. 
chez  lesOuisins;  parM     Yves Deln^e.     681 
~  Évolution  des  DiplosomidĂ©s    (Ascidies 

composées);  par  M.  Anl«inc  Piznn.     7'><) 

—  Sur  l'action  morphogùne  de  l'eau  en 

mouvement  sur  les   Hydraires;   par 

XP'"  Motz-Kossowalia 863 

—  Sur  le  rĂŽle  de  certains  Ă©lĂ©ments  figurĂ©s 

chez  Sipjtriculiis  nudiis  L;  par  M.  F. 
Lndreyt 865 

—  -  Sur  la  MĂ©duse  du  Victoria  Nyanza;  par 

M  .   Ch.  Griifier 867 

—  Sur  les  mains  scapulaires  et  pelviennes 

des  Poissons:  par  M.  Jrninnrl  Siiha- 

lier i^9^ 

—  Sur  la   ponte   du  Bombyx  Mnri;    par 

M.  Jules    Gnl '. 93i 

~  Sur  la  ponte,  la  fécondité  et  la  sexua- 
lité chez  des  poules  carnivores:   par 

M .  Frédéric  Houssny 904 

Sur  l'exnphlalmie  infectieuse  de  cer- 
tains Poissons  d'esu  douce;  par  M.  /. 
Jiidige 9''C 

—  Uevisiondes  NĂ©matodes  libres,  marins, 

de  la  région  de  Cette,  par  M.  Etienne 

de  Rnuvitle 1 002 

S|)0rozoaire  parasite  des  Moules  et 
antres    Lamellibranches   comestibles; 

par  M .  Louis  Le^er 1  oo3 

-"  Sur  les  mains  scapulaires  et  pelviennes 
chez  les  Poissons  chondroplérygiens  ; 
par  M .  A  rmnnd  Siibiitier 1216 

—  Sur   l'Ă©volution  subie  par  les  Poissons 

du  genre  Athcrinn  dans  les  eaux  dou- 
ces et  saumĂ tres  du  midi  de  la 
France;  par  M.    Louit  Houle 1276 

—  Sur  le  phototropisme  des  Artiozoaires 

supérieurs;  par  M.  Georaes  Rotin. . .    ii^n 
Voir   aussi    Perles   fines.    Pliysiolo^ie 
nninude. 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Pages. 

ABELOUS  (J.-E.).  —  Sur  la  produclion 
d'hydrogÚne  sulfuré  par  les  extraits 
d'organes  et  les  matiĂšres  albuuiinoĂŻdes 
en  général.  (En  commun  avec  M.  H. 
Hibout.  ) gi 

—  Influence  de  la  tempĂ©rature  sur  la  pro- 

duction d'hydrogÚne  sulfuré  par  les 
matiĂšres  albuminoĂŻdes,  les  extraits 
d'organes  animaux  et  les  extraits  de 
levure  de  biÚre,  en  présence  du  soufre. 
(En  commun  avec  M.    H.  Rihaut.].     '268 

—  Sur  l'existence,  dans  l'organi.-me  ani- 

mal, d'une  diastase  Ă   la  fois  oxydante 
el  réductrice  (En  commun  avec  .M.  /. 
^loj.) S8J 

ADLER  (J.).  —  Contribution  Ă   l'Ă©lude  de 
la  dyscrasie  acide  (acide  chlorhy- 
drique).  (En  commun  avec  M.  .-/. 
Di'sgrfz.  1 818 

ALLAli\"-LE  CANU  (J.).  —Action  de  la 
phénylhydrazine  sur  les  bromures  et 
iodures  alcooliques 3i() 

ALOY  (J.).  —  Sur  les  conditions  de  [)ro- 
duclion  et  de  stabilité  de  l'acide  hypo- 
sulfureux J 1 

—  Sur  l'existence,  dans  l'organisme  ani- 

mal, d'une  diastase  Ă   la  fois  oxydante 
et  réductrice  (  En  commun  avec  M.  /.- 
E.  Abelons.  ) 885 

AMAR.  —  Sur  le  rîle  de  l'oxalale  de  cal- 
cium dans  la   nutrition  des  végétaux,  i  ioi 

ANCEL  (P.  ),  —  Recherches  sur  le  rîle  de 
la  glande  interstitielle  du  testicule. 
Hypertrophie  compensatrice  cx[iéri- 
mcntale  (En  commun  avec  M.  P. 
Bouin.) 1-288 

ANDOYER.  (H).  —  Le  prix  G.  de  PontĂ©- 
coulant  lui  est  décerné  (Astronomie),    iioi 


MM.  Pages. 

—  Adresse  des  remerciinenls  Ă    l'AcadĂ©- 

mie     1228 

ANDIiADE.  —  Sur  les  conditions   de   la 

synchronisation 243 

-  Errata  se  rapportant  Ă   cctie  Commu- 
nication       4^4 

A.NDRÉ  (G.  J  —  Recherches  sur  la  nulri- 

lion  des  plantes  étiolées 199 

—  Sur    le    dĂ©veloppement    des     planles 

grasses  annuelles;   Ă©tude   des   bases 

minérales 1272 

A.NTHONY  (  R.  )  _  Du  rĂŽle  de  la  compres- 
sion dans  la  localisation  des  tendons     622 

—  De  l'action  morphogĂ©iiique  des  muscles 

crotaphyles  sur  le  crĂąne  et  le  cerveau 

des  Carnassiers  et  des  Primates 881 

—  La    moitiĂ©    du    prix    Barbier    lui    est 

attribuée  (  Médecine  et  Chirurgie  ). . .    ii35 

—  Adresse  des  reinerciments  Ă   r.\radĂ©- 

mie 1228 

APPELL.  —  Note  accompagnant  la  prĂ©sen- 
tation du  Tome  II  de  la  seconde  Ă©dition 
de  son  «  Traité  de  .Mécanique  ration- 
nelle » 682 

AKIES  (E.;.  —  Sur  la  diminution  du  po- 
tentiel pour  tout  changement  spontané 
dans  un  milieu  de  température  et  de 
pression  constantes 46 

—  Sur  les  lois  et  les  Ă©quations  de  l'Ă©qui- 

libre chimique a53 

—  Sur  les  lois  du  dĂ©placement  de  l'Ă©qui- 

libre chimique 738 

—  Sur  l'extension  de  la  formule  de  Cla- 

peyron  Ă   tous  les  Ă©tats  indilĂŻĂ©rents.  .    i23(j 
ARNAUD (  H.) adresse  un  Mémoire  intitulé: 
«   Étude  sur  ipielques  RosacĂ©es,  ou 

plantes  prétendues  telles  > 82 

ARSANDAUX  (  H.  ).  —  Contribution  Ă   l'Ă©- 


100  2 


TABLE    DES 


MM.  P»C«- 

tude    des   roches   sodk|ues  de  l'Esl- 
Africain i^7'' 

—  Contribution  Ă   i'Ă©tudo  des  roches  ba- 

saltiques de  l'Est-Africain i3o8 

ARSONVAL  (  d'  ).  —  Rapport  sur  le  con- 
cours du  prix  Barbier  i  MĂ©decine  et 
Chirurgie  ) 1 13") 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  La  Caze 

(  Physiologie  ) 1 1  Jo 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Poural 

(Physiologie) n"»! 

ARTHUS.  —  La  moitiĂ©  du  prix  Montyon 

(  Physiologie  )  lui  est  attribuée 1 14<"' 

—  La  mĂ©daille  Berlhelol   lui  est  dĂ©cer- 

née     "54 

—  Adresse  des  remercimenls  Ă   l'AcadĂ©mie  r^aS 


AUTEURS. 

MM.  Pages. 

ASCOLI  (MARCEL).  —  L'osmose  Ă©lectrique 

dans  l'ammoniac  liquide t253 

AUDIGÉ  (J.).  —  Sur  l'exophtalmie  in- 
fectieuse de  certains  Poissons  d'eau 
douce 93fJ 

AUDOLLENT  (Pall)  adresse  une  récla- 
mation de  priorité  relative  à  l'émission 
de  radiations  par  les  corps i2.>7 

AUGER(V.)  —  Alcoylation  systĂ©matique 

de  l'arsenic 9'.5 

AURIC  adresse  une  Note  «  Sur  re.\islence 
probable  d'un  anneau  autour  de  Jupi- 
ter »  4-io 

AURIC  (  A.  ).  —  GĂ©nĂ©ralisation  d'un  thĂ©o- 
rĂšme de  Laguerre 967 


B 


BACCELLl  (  G.  )  est  Ă©lu  Correspondant  pour 
la  Section  de  MĂ©decine  et  Chirurgie, 
en  remplacement  de  M.  OUier,  décédé.     iGç) 

—  Adresse  ses  remercĂźmenls  Ă   l'AcadĂ©- 

mie  ■_ 44^ 

BALL.VND.  —  Sur  les  matiùres  grasses  et 

l'acidité  des  farines 7^4 

BALLORE  (UE  Mgntessls  de).  —  Une 
mention  trĂšs  honorable  lui  est  ac- 
cordée dans  le  concours  du  prix  Mon- 
tyon (Statistique) "07 

—  .\dresse  des  remercĂźments  Ă   l'AcadĂ©- 

mie       1228 

BARBERIN  iP.)  adresse  une  Note  ayant 
pour  titre  :  «  Pouvoir  bactéricide  com- 
paratif de  diverses  lumiÚres  »  (En 
commun  avec  M.  Foveau  de  Cniir- 
melle.s.) 283 

BABILLÉ  (A.).  —  De  l'action  de  l'acide 
carbonique  sous  pression  sur  les  phos- 
phates métalliques 5G6 

BATAILLON  (  E.  ).  —  La  segmentatiou 
parlhénogénétique expérimentale  chez 
les  Ɠufs  de  Petiniiijzon  Plaiieri 79 

BATELL1(F.  ).  —  La  prĂ©tendue  fermenta- 
tion alcoolique  des  tissus  animaux. . .    1079 

B.\TTESTI  (  F.  ).  —  Le  prix  Bi-'llion  lui  est 

décerné.  (Médecine  et  Chirurgie  1 . . .    11  4> 

B.AUBIGNY  (H.).  -  Action  de  l'acide  bo- 
rique sur  les  iodures;  son  emploi  pour 
la  séparation  de  l'iode  des  iodures  en 
présence  de  bromures  et  chlorures  1  En 
commun  avec  M.  P.  Rwah.  ) 6  )0 

—  Conditions  de  sĂ©paration  de  l'iode  sous 


forme  d'iodure  cuivreux,  dans  un  mé- 
lange de  chlorures,  bromures  et  io- 
dures alcalins.  (En  commun  avec 
M.  P.  Rimis.) 753 

—  SĂ©paration  de  l'iode  dans  les  sels  ha- 

logĂšnes alcalins  d'avec  le  chlore  et 
le  brome,  par  sa  transformation  en 
acide  iodique,  et  modo  de  prépara- 
lion  de  l'iode  pur.  (En  commun  avec 
M.  P.  Rivais.) 9'-7 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      1 088 

BAUD^E.).  —  Sur  une  combinaison  du 
sulfate  d'aluminium  avec  l'acide  sul- 

furique 49^ 

BECQUEREL  (Henri).  —  Sur  la  phospho- 
rescence scintillante  que  présentent 
certaines  substances  sous  l'action  des 
rayons  du  radium 629 

—  Rapport    sur    le    concours    du    prix 

HĂ©bert  (Physique; "o3 

BÉIS  (  Constantin).  —  Actions  des  compo- 
sés organomagnésiens  mixtes  sur  les 
amides.  Nouvelle  méthode  de  prépa- 
ration de  cétones 57 5 

BELZECKI  (L.)  adresse  une  Noie  «  Sur 
la  courbe  d'Ă©quilibre  d'un  fil  llexible 
et  inextensible,  dont  les  éléments  sont 
sollicités  par  les  pressions  d'un  rem- 
blai » 4i7 

BÉRANECK.  —  Sur  les  tuberculines 889 

BERCUT  (Li.  —  Nouveau  perforateur  à 
ressort,  dentaire  et  chirurgical. .(  En 
commun  avec  M.  A.  Dnnat.) 674 


TABLE    DES   AUTEURS. 


i353 


M  M  .  Pages . 

BERGERON  (J.;.  —  Observations  rela- 
tives Ă   la  tectonique  de  la  haute  val- 
lée de  la  Jalomita  (  Roumanie  ) 1009 

BERNARD  (NoiüL).  —  La  germination  des 

Orchidées 4''^3 

RERNSTEIN  (S.).  —  Sur  la  nature  analy- 
tique des  solutions  de  certaines  Ă©qua- 
tions aux  dérivées  partielles  du  second 
ordre 77S 

BERTHELOT  (M.)-  —  Relations  entre  les 

piles  Ă   plusieurs  liquides 'f.iio 

—  Remarques    concernant   les    relations 

entre  les  piles  constituées  par  les 
mĂȘmes  liquides,  compris  entre  deux 
électrodes  différentes  ou  identiques..     291 

—  Piles  Ă   plusieurs  liquides  diffĂ©rents  avec 

électrodes  métalliques  identiques. ...     4^' 

—  Sur  l'Ă©tat  du  carbone  vaporisĂ© J.S9 

—  Quelques  observations  relatives  à  l'ac- 

tion des  vapeurs  des  composés  hydro- 
carbonés  sur  les  microbes  animaux  et 
sur  les  insectes,  et  au  rĂŽle  antisep- 
tique des  agents  oxydants-oxydables,     gjj 

—  Sur  les  forces  Ă©lectromolriees  rĂ©sultant 

du  contact  et  de  l'action  récipro(iue 

des  liquides gjti 

—  i\L  le  SecrĂ©taire  perpĂ©tuel  annonce  Ă  

l'Académie  la  mort  de  M.  J.-W. 
Gibbs,  Correspondant  pour  la  Section 
de  MĂ©canique 5 

—  Annonce  la  mort  de  M.  Rudolf  Lip- 

scliiiz,  Corrt'spondant  pour  la  Section 

de  Géométrie 541 

—  Est  nommĂ©  membre  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  liste  do  can- 
didats pour  la  chaire  d'Histoire  géné- 
rale des  Sciences,  vacante  au  CollĂšge 
de  France Sj8 

—  Signale  un  Opuscule  de  M.  Ch.  Lalti- 

luaiid,  intitulé  ;  «  Volcans  et  tremble- 
ments de  lerns  leurs  relations  avec 
la  figure  du  globe  »,  Sa.  —  Plusieurs 
iMĂ©moires  de  .M.  G.  Capellini  et  no- 
tamment des  travaux  sur  les  Baleines 
fossiles  trouvĂ©es  en  Italie,  4-5i.  —  Le 
«  Bulletin  de  la  Société  noiniande 
d'études  préhistoriques,  Tome  X, 
annĂ©e  1902  »,  56o.  —  Divers  Ou- 
vrages de  M.  Bouchard,  de  M.  Ch. 
LnUemand,  de  .M.  L.  Ruffy,  tigj.  — 
Un  «  Recueil  de  travaux  dédiés  à  la 
mémoire  d'Alexis  Millardet  »  ;  divers 
Ouvrages  de  lord  Afcbury,  de  M.  .Vciv/ 
Hcdin  et  de  M.  Jean  Resal,  778.  — 


IHM.  Pages- 

Divers  Ouvrages  de  M.  Icilio  Gua- 
resc/ii  et  de  MM.  Cabanes  et  L.  Nass, 
897.    —  De    M.    A.    Bero;et    et    de 
M.  J.-W.  Gibbs.  1028.  —De  M.  E. 
Matliias  et  de  M.  A.  Lacroix,  129-7. 

—  Annonce  Ă   l'AcadĂ©mie  que  le  Tome 

CXXXV  des  Comptes  rendus  (2'  se- 
mestre 1902)  est  en  distribution  au 
Secrétariat 875 

BERTHIER  (A.).  —  Adresse  une  Note  in- 
titulée :  «  Transformateur  actino- 
Ă©lectrique,  pour  la  transformation  de 
l'Ă©nergie  lumineuse  en  Ă©nergie  Ă©lec- 
trique » 471 

BERTIAUX.  —  Influence  des  gaz  sur  la 
séparation  des  métaux  parélectrolyse  : 
séparation  du  nickel  et  du  zinc.  (En 
commun  avec  M.  Hollard.) 853 

BERTIN  (Emile)  est  porté  sur  la  liste 
de  candidats  présentés  pour  la  place 
laissée  vacante,  par  le  décÚs  de  M.  de 
Bussy,  dans  la  Section  de  GĂ©ographie 
et  Navigation Sig 

—  Est  Ă©lu  membre  de  la  Section  de  GĂ©o- 

graphie et  Navigation,  en  remplace- 
ment de  M.  de  Bussy,  décédé 837 

BERTRAND  (G.vbriel)."—  Emploi  de  la 
bombe  calorimétrique  pour  démon- 
trer l'existence  de  l'arsenic  dans  l'or- 
ganisme         2(J6 

—  Sur  l'oxydation  du  gayacol  par  la  lac- 

case  !  269 

BILLARD  (A.).  —  De  l'excrĂ©tion  chez  les 

HvdroĂŻdes 340 

BINET"  DU  JASSONEIX.  —  Recherches 
sur  la  densité  du  chlore.  (En  commun 
avec  M.  liloisfa/i.) 1 198 

BIRAUD.  —  Contribution  au  traitement  du 

cancer  par  les  rayons  X 81G 

BLANC  (A.).  —  Étude  d'une  rĂ©sistance  de 

contact 1042 

BLANC  (G.).  —  PrĂ©parations  des  alcools 
[)rimaiies  au  moyen  des  acides  cor- 
respondants. (En  commun  avec  M.  X. 
Boui'eaull.) 60 

—  RĂ©duction  des  Ă©thers-sels  des  acides  Ă  

fonction  complexe.  (En  commun  avec 

M.  L.  Bouveautt . ) 328 

—  Sur  do  nouvelles  synthĂšses  effectuĂ©es 

au  moyen  des  molécules  renfiM'mant 
le  groupe  méthylÚne  associé  à  un  ou 
deux  radicaux  négatifs.  Action  de  l'épi- 
chlorhydrinesuri'acétylacétone  sodée 
(En  commun  avec  iM.  A.  Huiler.). . .    i2o3 


1354 

MM.  Paçßos. 

BLARKZ  (Ch.)-  —  Sur  la  teneur  des  vins 
mislelles  et  des  autres  vins,  en  acides 
solubles  dans  l'Ă©ther,  comme  mciyen 
do  différenciation 'i  1 

BLOCH  (EuG.)-  —  Sur  l'ionisation  par  le 

(ihos|iliore lo.io 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication      1 3-i-2 

BLONDLOT  (R.).  —  Sur  une  nouvelle  ac- 
.     lion  produite  par  les  rayons  n  et  sur 
plusieurs  faits  relatifs  Ă   ces  radia- 
tions       i6'' 

—  Sur  de  nouvelles  actions  produites  par 

les  rayons  «  :  généralisation  des  phé- 
nomÚnes précédemment  observés. .  . .     08  j 

—  Sur  l'emmagasinement  des   rayons  // 

par  certains  corps 7-2() 

—  Sur  le   renforcement  qu'Ă©prouve  l'ac- 

tion e.xercĂ©e  sur  l'Ɠil  par  un  faisceau 
de  lumiĂšre,  lorsque  co  faisceau  est 
accompagné  de  rayons  n 8Ji 

—  Errata  se  rapportant  à  celte  Commu- 

nication       ipi 

—  Sur  la  propriĂ©tĂ©  d'Ă©mettre  des  rayons  « 

que  la  compression  confĂšre  Ă   certains 
corps,  et  sur  l'émission  spontanée  et 
indéfinie  de  rayons  »  par  l'acier 
trempé,  le  verre  trempé,  et  d'autres 
corps  en  état  d'équilibre  moléculaire 
contraint \fii 

BLUTEL  (E.).  —  Sur  les  lignes  de  cour- 
bure de  certaines  surfaces 35 

BODIN.  —  Un  prix  Montyon  (MĂ©canique) 

lui  est  décerné logS 

BODROUX  (F.).  —  Sur  une  mĂ©thode  de 
synthÚse  des  dérivés  dihalogénés  sy- 
métriques de  la  benzophénone 710 

BOHN  (GiiORGEs).  —  Sur  les  mouvements 
oscillatoires  des  Co/ivoltita  rnscojfeii- 
sis 576 

—  Comparaison  entre  les  effets  nerveux 

des  rayons  de  Becquerel  et  cens  des 
rayons  lumineux 883 

—  Sur  le  phototropisme  des  Arliozoaires 

supérieurs r?,92 

BOIDIN  (A.).  —  Contribution  Ă   l'Ă©tude  de 

l'amylo-coagulase 1080 

BtMS  (Paul).  —  Sur  les  variations  de  la 

Meuse  à  l'époque  quaternaire «"i 

BONNET  (Â.).  —   Sur  le  dĂ©veloppement 

post-embryonnaire  des  Ixodes 4 '9 

BONNIER  (Gaston).  —  Influence  de  l'eau 

sur  la  structure  des  racines  aériennes 

d'Orchidées 5o") 


TABLE    DES   AUTEURS. 


MM.  Pages. 

BORDAGE  (ED.MOND).  —  Observation  de 
l'éclipsé  de  Soleil  du  20  septembre 
1903,  faite  Ă   l'Ăźle  de  la  RĂ©union.  (En 
commun  avec  M.  A.  Gnr.sault.} 635 

^  Observations  faites  Ă   l'Ăźle  de  la  RĂ©union 
sur  l'éclipsé  de  Lune  du  6  octobre  l'joi. 
(En  commun  avec  M.  J.  Garsantt.).     897 

BORDAS  (L.).  —  L'appareil  digestif  des 

Slll'IlilUc 344 

BORDET  (J.).  —  Les  sensibilisatrices  du 
bacille  tuberculeux.  (En  commum 
avec  M.  O.  Gengou.) 35 1 

BOREL  (Émilk).  —  Sur  la  dĂ©termination 
des  cla.sses  singuliÚres  de  séries  de 
Taylor 693 

—  Sur  la  reprĂ©sentation  effective  de  cer- 

taines fonctions  discontinues 903 

—  Un  thĂ©orĂšme  sur  les  ensembles  mesu- 

rables       ''l'ij 

BORNET  est  réélu  membre  de  la  Commis- 
sion centrale  administrative  pendant 

l'année  1 904 1 1 97 

BORREL  (A.).  —  La  moitiĂ©  des  arrĂ©rages 
du  prix  Bréant  lui  est  attribuée  (  Mé- 
decine et  Chirurgie) 1 1 37 

BORRELLY.  —  Le  prix  Valz  lui  est  dĂ©- 
cerné (  Astronomie ) 1 1 00 

—  Adressedesremerciments  Ă   l'AcadĂ©mie.  1218 
BOSSERT  est  porté  sur  la  liste  de  can- 
didats présentée  à  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique,  pour  une  place 
d'Astronome  titulaire  vacante  Ă   l'Ob- 
servatoire de  Paris 1027 

BOUCHARD.  —  Rapport  sur  le  concours 
du  prix  Montyon  (  MĂ©decine  et  Chi- 
rurgie ) 1 1 3 1 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Lal- 

lemand  (  MĂ©decine  et  Chirurgie) 1  i4i 

BOUCHONNET  (A.).  —  Sur  la  prĂ©paration 
du     sesquiséléniure    d'iridium.     CEn 

commun  avec  M.  C.  Chabrié.) 1039 

BOUDOUARD  (0.).  —  Nouvelle  mĂ©thode 
de  détermination  des  points  critiques 

des  fers  et  des  aciers io54 

BCTOGAULT  (.1.).  —  Sur  le  kermùs 794 

BOUILHAC.  —  Sur  uno  culture  de  sarrasin 
en  présence  d'un  mélange  d'algues 
et  de  bactéries.    (En   commun    avec 

M.  Giustiniiini.) 1 274 

BOUIN  (P.).  —  Recherches  sur  le  rîle  de 
la  glande  intorstitielle  du  testicule. 
Hypertrophie  compensatrice  expéri- 
mentale. (En  commun  avec  M.  P. 
Anccl.) 1288 


TABLE  DES  AUTEURS. 


1  355 


680 
ii48 


50 


MM.  Pages. 

BOULANGER  iG.-A.).  —  Sur  les  alTinitĂ©s 

du  genre  Oreosoma 3.!3 

nOULUD.  —  Sur  la  produclion  de  sucre 
dans  le  sang  pendant  le  passage  de  ce 
dernier  Ă   travers  le  poumon.  (En 
commun  avec  M.  R.  Lr/Hnc.) 

—  Sur  le  sucre  virliict  Au  sang.  (En  com- 
mun avec  M.  R.  LĂ©pinc.') 

BOUNHIOL.  —  Une  Mention  lui  est  ac- 
cordée dans  le  concours  du  prix  Mon- 
lyon  (Physiologie) 

BOUQUET  DE  ,LA  GRYE  prononce  quel- 
ques paroles  au  sujet  du  CongrĂšs  de 
l'Association  géodésique  internatio- 
nale, tenu  Ă   Copenhague  du  i  au  i.'i 
août  1903 

BOURQUELOT  (Ém.).  -  Sur  la  lactase. 
(En  commun  avec  M.  Hrri\-':pj.) .... 

BOUSSINESO  (‱'.,).  —  Sur  un  mode  simple 
d'Ă©coulement  des  nappes  d'eau  d'in- 
fdtralion  Ă   lit  horizontal,  avec  rebord 
vertical  tout  autour,  lorsqu'une  partie 
de  ce  rebord  est  enlevée  depuis  la 
surface  jusqu'au  fond 

—  Sur    la    stabilitĂ©    d'un    certain    mode 

d'Ă©coulompiit  d'une  nappe  d'eaux  d'in- 
liltralion 

—  Extension,  à  des  cas  0(1  le  fund  est 

courbe,  du  mode  d'Ă©coulement  qui  se 
conserve  dans  une  nappe  d'eaux  d'in- 
filtration reposant  sur  un  fond  plat. . 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Boi- 

leau 

BOUTAN  (Louis).  —  L'origine  rĂ©elle  des 
perles  fines 

BOUTELOUP  (PiEiiiiE-JosEPii).  —  Une 
part  du  prix  FĂ©lix  Rivot  lui  est  attri- 
buée  

BOUTY  (E.).  —  CohĂ©sion  diĂ©lectrique  des 
gaz  à  basse  température 

BOUVEAULT  (L.).  —  PrĂ©parations  des 
alcools  primaires  au  moyen  des  acides 
correspondants.  (En  commun  avec 
M.  G.  Blanc.) 

—  Sur  les  Ă©thcrs  isonitrosonialoniques  et 

leur  transformation  en  élhers  méso- 
xaliques.  (En  commun  avec  M.  J. 
Wnlil.) 

—  RĂ©duction  des  Ă©thers-sels  des  acides  Ă  

fonction  complexe.  (En  commun  avec 
M.  G.  Blanc.) 

—  Nouvelle  mĂ©thode  de  prĂ©paration   des 

aldéhydes 

—  Leprix  Jecker  lui  est  attribuĂ©  (Chimie). 


uOi 

10-3 

1 165 
741 

Go 


196 

32S 

98; 
Il  i3 


I  iOj 

.75 


MM.  P.agcs. 

—  La  mĂ©daille  Berthelot  lui  est  dĂ©cernĂ©e.  ii53 
BOUVIER.  —  Rapport  sur  le  concours  du 

prix  Savigny  (.\natomie  et  Zoologie),   it-jj 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Cuvier.   ri  50 
BOUYGUES  (H.).    —   Sur   la    Nielle    des 

feuilles  de  tabac 

BOUZAT  (.-\.).  —  Courbes  de  sublimation. 

—  Courbes  de  pression  des  systùmes  uni- 

variants  qui  comprennent  une  phase 
gazeuse 372 

BKACHIN  (M.).  —  Sur  les  acĂ©tones  acĂ©ty- 
léniques.  Nouvelle  méthode  de  syn- 
thĂšse des  isoxazols.  (En  commun  avec 
M.  Cil.  Moureu.) 79^ 

BRENANS  (P.).  —  Sur  un  nouveau  phĂ©nol 

triiodé io65 

BREYNAERT  (François-Fernand-Mariei. 
—  Une  part  du  prix  FĂ©lix  Rivot  lui 
est  attribuée '  '^j 

BRILLOULN'  (.Marcel  ).  —  Mesure  des  trùs 

petits  angles  de  rotation 786 

—  Le  prix  Saintour  lui  est  dĂ©cernĂ© 1 163 

—  .Adresse des remercimenls Ă   r,\cadĂ©mie.   iĂŻ?8 
BROCA  (AndrĂ©).  —  Comparaison  des  di- 
verses lettres  au  point  de  vue  de  la 
vitesse  de  lecture.   Formation  d'un 
alphabet  rationnel.  (En  commun  avec 

M.  D.  Sttlzer.) 8ia 

—  Sensation  lumineuse    en    fonction   du 

temps  pour  les  lumiÚres  colorées. 
Technique  et  résultats.  (En  commun 
avec  .M.  D.  SuUcr.) 

—  Rîle  du  temps  dans  la  comparuison  des 

éclats  lumineux  en  lumiÚre  colorée. 
(En  commun  avec  M.  D.  Siilzcr.) . . . 

—  La  sensation  lumineuse  en  fonction  du 

temps  pour  les  lumiÚres  colorées. 
Discussion  des  résultats.  (En  commun 
avec  M.  D.  Su/zcr.) 

BRUH.\T.  —  Une  mention  honorable  lui 
est  accordée  dans  le  concours  du  pri\ 
Pourat  (Physiologie) 

BRUNEL  (LĂ©on).  —  Oxyde  d'etlnlĂšnu  du 
^-cycloliexanediol-i  .9.  et  dérivés  .  . . 

—  Action  de  l'ammoniaque  sur   l'oxyde 

d'Ă©thylĂšne  du  fl-o-cycloliexanediol. . . 

—  PrĂ©paration    d'alcools   hydro-aromati- 

ques   

BUUNUES  (BiiRNMiD).  —  Sur  la  direction 
de  l'aimantation  permanente  dans  di- 
verses roches  volcaniques.  (En  com- 
mun avec  M.  Pierre  Dai'Ul.) 

BUISSON  (  H.).  —  Sur  les  changements  de 
phase  par  réflexion  normale  dans  le 


9j  I 


10  10 


198 


I  '2OS 


)7' 


C.  R.,  1903,  2' Semestre,  (T.  C.WWH.) 


35o 


TA13LK    DES   AUTKUUS. 


MM.  Pa|;us. 

qiuulz   sur    l'ari-'Ciit.    (En    commun 

iivec  M.  /.  Macé  tic  Lépinay.) '\\i. 

—  Sur  uiio  nouvelle  mĂ©tliodis  de  mesure 


MM.                                                                         Pages. 
des   Ă©paisseurs   et  des  indices.  (En 
commun  avec  M.  ./.  Macë  de  Lépi- 
nay.)      io38 


c 


CALLANDREAU.  —  Rapport  sur  le  con- 
cours du  prix  Vaiz  (Astronomie). ...   i  loo 

CAMICllEL  iC).  —  Sur  la  spectrophotn- 

métrie  photographique 184 

—  Sur   la   dĂ©termination   des   maxima  et 

niinima  de  transparence 788 

CAMPAGNE  iEm.).  -  Sur  le  dosage  du 
vanadium  dans  les  produits  métallur- 
giques       J70 

CAMPBELL.  —  Le  prix  Lalande    lui   est 

décerné.  (Astronomie) 1099 

CAMUS  (Jean).  —  Un  prix  Monlyon  lui 

estdccerné.  (Médecine  et  Chirurgie  ).    ii3> 

—  Adresse    des   remercüments    à    l'Aca- 

dĂ©mie       1  ‱>.:>>' 

CANNEVEL.  —  Moteur  à  combustion  par 

compression luSCi 

CAPEl-.LE  (  Edouard  i.  —  Une  mention  lui 

est  accordée  dans  le  concours  du  prix 

Montyon.  (  Arts  insalubres  i 1  iSj 

—  La  mĂ©daille  Berlhelot  lui  est  dĂ©cernĂ©e.    1154 
CAR.ALP  (J.).  —  Sur  le  systùme  permien 

dans  les  Pyrénées  françaises  et  espa- 
gnoles     loûS 

CARDIN  adresse  une  Note  «  Sur  la  forma- 
tion des  alcoolales  cupro-alcalins  ». .    10S7 

CARNOT  (Adolphe  i  fait  hommage  Ă   l'Aca- 
démie du  Tome  II  de  son  «  Traité 
d'analyse  des  substances  minérales  ».     817 

CARRE.  —  Sur  les  rapports  qui  existent 
entre  le  Surra  et  le  Nagana,  d'aprĂšs 
une  expérience  de  Nocard.  (  En  com- 
mun avec  M.  yalléc  1 (j>_4 

CARRÉ  (P.).  —  Action  de  l'acide  phos- 
phoreux sur  la  mannite.  Remarque 
sur  le  mannide ■>i7 

—  Sur  l'Ă©thĂ©rificalion  de  l'acide  phosphu- 

rique  par  la  glycérine ici-o 

CARTAUD  (G.).  —  Les  modes  de  dĂ©for- 
mations et  de  rupture  des  fers  et  des 
aciers  doux.  (En  comnum  avec 
MM.  F.  Osmond  ii\  Ch.  Ficmont) . .  .     85 1 

—  Sur  les  fers  mĂ©tĂ©oriques.  (Eu  cnmiuun 

avec  M.  /‱'.  Osmond) 1UJ7 

(;ASPARI  (  Ed.  )  prie  l'Académie  de  le 
com|)rendrc  parmi  les  candidats  Ă   la 
place  vacante,  dans  la  Section  de  GĂ©o- 


graphie et  de  Navigation,  par  suite  du 
décÚs  de  M.  de  Biissy. (ii  3 

—  Est  portĂ©  sur  la  liste  de  candidats  prĂ©- 

sentés par  la  Section 819 

CAULLER'i'  (  .Maurice  ).  —  Sur  la  rĂ©sorp- 
tion phagocytaire  des  produits  géni- 
taux inutilisés,  chez  X  Eclnnocardiuni 
cordiitum  Penn.  (  lĂźn  commun  avec 
M.  Michel  Sicdlecki. } 496 

CAUSSE  (H.).  —  Sur  la  sĂ©paration  et  le 
dosage  du  fer  et  de  l'acide  phospho^ 
rique  dans  les  eaux 708 

CIIABRIÉ  (C).  —  Sur  la  prĂ©paration  du 
sesquiséléniuro  d'iridium.  (En  com- 
mun avec  M.  A.  Bnuchonnet .  ) io5y 

CHAMBERLAND  (A.).  —  Sur  un  capdlari- 
mĂŽtre.  (  lĂźn  commun  avec  M.  E.  Tus- 
sily.  ) ‱ 645 

CHAMBON  (E.).  —  La  moitiĂ©  des  arrĂ©- 
rages du  prix  iiréaiit  lui  est  attribuée 

(MĂ©decine  et  Chirurgie) 1  iSy 

-  Adresse  des  remercßments  à  l'Académie.   i?/>8 

CHARABOT  (E.).  —  Influence  de  la  na- 
ture du  milieu  extérieur  sur  la  com- 
position organique  de  la  plante.  (En 
comumn  avec  M.  Alex.  HĂ©bert.). . . .     799 

—  Production  et  distribution  de  quelques 

substances  organiques  chez  le  Manda- 
rinier. (En  commun  avec  M.  G.  Ln- 

loue.) 996 

CHARBONNIER  (P.  1.  —  Sur  la  thĂ©orie  du 

champ  acoustique ‱  7  ' 

—  La  thĂ©orie  du  champ  acoustique  et  le 

frottement  intérieur  des  gaz ^78 

CHARON  (Ernest).  —  Sur  le  chlorure  de 
phénylpropargylidÚne 

CMl'— CsC  — CHCI2. 

(En  commun  a\cc  M.  Edgar  Diigou- 

jiin.) liSl 

CHARPENTIER  (Aig.).  —  Émission  de 
rayons  /'  (rayons  de  Blondlot)  par 
l'organisme  humain,  spécialement  par 
les  muscles  et  jiar  les  nerfs io4y 

—  Nouveaux  faits  sur  les  rayons  n  d'ori- 

gine physiologique;  localisations  ner- 
veuses      .......   1277 


TABLE    DES    AUTEURS. 


MM.  Pages. 

CHARPY  (Georges).  —  Sur  l'action  de 
l'oxydo  de  carbone  sur  le  fer  el  ses 
oxydes '  2f> 

CHATIN  (JoA.N.MJsj.  —  Les  myĂ©lorytesdu 

bulbe  olfactif Ăź^g 

CHAUDIER  (J.).  —  Du  dicliroĂŻsme  Ă©lec- 
trique des  liqueurs  mixtes 248 

CHAVANNE    (G.).  —  Sur  les  Ă©thers  de 

l'acide  isopyromucique 99'. 

—  La  mĂ©daille  Berlhelot  lui  est  dĂ©cernĂ©e.  1 1  Ji 

—  La  moitiĂ©  du  prixCahours  lui  est  attri- 

buée     "63 

—  Adresse  des  remercĂźnienls  Ă   l'AcadĂ©mie.  1228 
CHESNEAU  (G.).  —  Sur  la  composition  de 

bronzes  préhistoriques  de  la  Charente.    653 

—  Étude  microscopique  de  bronzes  prĂ©- 

historiques de  la  Charente 930 

CHESSIN  (Alkxander).  —  Sur  une  Classe 

d'équations  différentielles  linéaires. . .  5 1 1 
CHOFARDET(P.).  -  Observations  de  la 

planÚte  MA  (24  août  1903),  faites  à 

l'Observatoire  de  Besanron 453 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       488 

CHRÉTIEN  (P.).  —Chaleur  do  neutralisa- 
tion de  l'acide  ferrocyanhydrique  ; 
chaleur  de  formation  de  ses  combi- 
naisons avec  l'cther  et  l'acétone.  (En 
commun  avec  M.  Guinc/innl.) 65 

—  Les  bleus  de  Prusse  et  de  TurnbuU. 

Une  nouvelle  classe  de  cyanures  com- 
plexes      191 

CLAUDE  (G.).  —  Sur  la  sĂ©paration  des 
mélanges  gazeux  par  la  force  centri- 
fuge. (En  commun  avec  M.  E.  De- 
mmissj.) 2Jo 

—  Sur  l'extraction  de  l'txygùne  par  la  li- 


1357 

MM.  Page». 

quéfaction  partielle  de  l'air  avec  re- 
tour en  arriĂšre 7^3 

CLUZET  (J.).  —  Sur  l'excilalion  des  nerfs 
ei  des  muscles  par  décharges  de  con- 
densateurs       670 

COL.ANI  (A.).  —  Sur  quelques  combinai- 
sons binaires  de  l'uranium 382 

COLIN  (le  U.  p.).  —  Le  prix  Gay  lui  est 

décerné  (Géographie  physique) iii8 

COLLET  (J.).  —  Le  prix  Wilde  lui  est 

décerné 1 154 

—  Adresse  des  remerciments  Ă   l'AcadĂ©mie.  122S 
COLOLIAN.   —  Une  part  du  prix  Lalle- 

mand  lui  est  attribuée  (^Médecine  et 

Chirurgie) ■ 'l'I' 

I  COLSON  (Albert).  —  Action  du  chlore 

I  sur  l'acétate  de  baryum 660 

j  —  Sur  les  acĂ©tates  alcalino-lerreux lotti 

CONSTANT.  —  Sur  une  variĂ©tĂ©  de  car- 
bone filamenteux.  (En  commun  avec 

!  M.  Henri  PĂ©labun.).    7"6 

CORNIL  (V.).  —  De  la  formation  du  cal. 

(En  commun  av&c^\.  P.  Coudra  y.).     220 
COUDRAY  (P.).  —  De  la  foruiation  du  cal. 

(En  commun  avec  M.   V.Cornil.)...     220 
COUPIN  (H.).  —  Sur  les  nectaires  extra- 
floraux  des  Hevea.  (En  commun  avec 

M.  Jiig.  Daguillon.) 7G7 

COUSIN  (H.).  —  Sur  les  acides  gras  de  la 

lĂ©cithiiie  de  l'Ɠuf 68 

COUTAGNE  (Georges  I.  —  Sur  les  fac- 
teurs élémentaires  de  l'hérédité 1075 

—  Sur  les  croisements  entre  taxies  diffĂ©- 

rentes. .'. 1290 

CUÉNOT  (L).  —  L'organe  phagocytaire 

des  Crustacés  Décapodes 619 


D 


DAGUILLON  (  Auu.).  —  Sur  les  nectaires 
extra-floraux  des  Hevea.  (En  commun 
avec  M.  H.  Conpin.) 767 

DANGEARD  (P. -A.).  —  Sur  le  genre  Àxco- 

desmis 528 

DANIEL  (Lucien).  —  Sur  une  greffe  en 

Ă©cusson  de  Lilas i43 

—  Un  nouvel  hybride  de  greffe 7C5 

—  Le   prix    Philipeaux    lui    est   dĂ©cernĂ© 

(Physiologie) i  i5o 

—  Adresse  des  remerciments  Ă   l'AcadĂ©mie.   1228 
DANYSZ  (J.).  —  De  l'action  du  radium 

sur  les  différents  tissus 1 296 


DARBOUX  (Gaston).  M.  le  Secrétaire 
perpéiuel  rend  compte  du  CongrÚs  de 
l'Association  géodésique  internatio- 
nale, tenu  Ă   Copenhague  du  4  au  '  '1 
août  1908 3g3 

—  Est  nommĂ©  membre  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  liste  de  can- 
didats pour  la  chaire  d'Histoire  géné- 
rale des  Sciences,  \aoante  au  CollĂšge 
de  France. . . .' 838 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Fran- 

cƓur  (GĂ©omĂ©trie) 1097 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Pon- 


i358 


TABLE    DES    AUTEURS. 


MM.  Pages, 

celet  (  Géométrie  ) 1 097 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Binoux 

( Histoire  des  Sciences  ) 1 1 J3 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  S;iin- 

lour I  i(i3 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Gc- 

gner 1 1  (^ 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Lan- 

nelongue i  rOi 

—  Signale  quatre  nouveaux  Volumes  de 

"  l'International  Catalogue  of  scientilic 
literature,  first  annual  issue  »,   443. 

—  Les  trois  premiers  numĂ©ros  du 
<|  Journal  de  Chimie  physique  «,  pu- 
blié par  M.  PliUippe-A.   Guye,  Ci  3, 

—  Un  Volume  de  M.  R.  Vemeau  inti- 
tulé :  <i  Les  anciens  Patagons.  Contri- 
bution à  l'étude  des  races  précolom- 
biennes de  l'Amérique  du  Sud  »,  635. 

—  Divers  Ouvrages  de  S.  A.  S.  Al' 
bcri  !"■,  Prince  de  Monaco;  de 
M.  Charles  MĂ©rny,  de  M.  É.  Ber- 
trand. 838. 

—  Annonce  que  le  Tome  XLVI  des  «  MĂ©- 

moires de  l'AcadĂ©mie  des  Sciences  ■ 

est  en  distribution  au  Secrétariat.. . .     629 

DAVID  (Pierre).  —  Sur  la  direction  de 
l'aimantation  permanente  dans  di- 
verses roches  volcaniques.  (En  com- 
mun avec  M.  Bernard  BrunĂźtes.).. . .     97J 

DEFACQZ.  —  Sur  une  nouvelle  mĂ©thode 
de  préparation  de  quelques  fluorures 
anhvdres  et  cristallisés 12J1 

DEKHU'VZEN  (M.-C).  -  Un  liquide  fixa- 
teur isotonique  avec  l'eau  de  mer  ...     4 '5 

—  Liquide  fixateur  isoionique  avec  l'eau 

de  mer,-pour  les  objets  dont  on  ne 
veut  pas  Ă©liminer  les  formations  cal- 
caires      44') 

DELACROIX  (G.I.  —  Sur  quelques  pro- 
cessus de  gommification 278 

—  Sur  une  maladie  bactĂ©rienne  du  tabac, 

le  chancre  ou  anUiracnose iJ4 

—  Sur  la  jaunisse  de  la  betterave;  ma- 

ladie bactérienne 871 

—  De  lajĂźlosi/Ă©  des  pommes  de  terre.. . .    looli 
DELAGE  (Yves).  —  Sur  les  mouvements 

de  torsion  de  l'Ɠil  pendant  la  rotation 

de  la  tĂšte 107 

—  Sur  les  mouvements  de  torsion  de  l'Ɠil 

dans  les  orientations  duS-egard,  l'or- 
bite restant  dans  la  position  primaire.     i63 

—  Élevage  des  larves  parthĂ©nogĂ©nĂ©tiques 

d'Astéries  dues  à  l'action  de  l'acide 


M  M .  Pages . 

carbonique 449 

—  La  parthĂ©nogenĂšse  par  l'acide  carbo- 

nique, obtenue  chez  les  Ɠufs  aprùs 
l'Ă©mission  des  globules  polaires 47-5 

—  Sur  la  non-rĂ©gĂ©nĂ©ration  dessphĂ©ridies 

chez  les  Oursins (3S 1 

DELANGE  (R.).  —  Fixation  anumiale  du 

trioxyméthylÚne  sur  certains  dérivés 

organomagnésiens   aromatiques.   (En 

commun  avec  M.  M.  Tiffeneau.). . . .     373 

DELEBECQUE  (AndrĂ©  ).  —  Sur  les  lacs  de 

la  haute  Engadinc 1  >i  1 

DELÉPINE  (  Marcei,).  —  Action  de  l'atide 
cyanhydrique  sur  l'aldébydale  d'am- 
moniaque et  les  combinaisons  ana- 
logues      9i^4 

—  Sur  les  a-aminonilriles laüj 

DEMOUSSY  (E.).  —  Sur  la  sĂ©paration  des 

mélanges  gazeux  par  la  force  centri- 
fuge. (En  commun  avec  M.  G. 
Claude.) 25o 

DENtlYÈS  (.1.).  —  Le  p/ix  Pou  rat  lui  est 

décerné  (  Physiologie) i  rii 

DEPÉRET  (Cm.).  —  Sur  la  limite  du  .lu- 
rassique  et  du  Crétacé  dans  la  région 
orientale  des  Pyrénées  et  sur  l'exi- 
stence de  deux  Ă©poques  distinctes  de 
formation  des  calcaires  Ă   couzeranite. 
(En  commun  avec  M.  O.  Mengel.). . .    1110 

DEPRAT.  —  Sur  la  structure  tectonique 

de  l'ßle  d'Eubée 666 

—  Les  roches  Ă©ruptives  de  l'ile  d'Eu!) 'e..     S79 
DESGREZ  (A.).  —  Contribution  Ă   l'Ă©tude 

de  la  dyscrasie  acide  (  acide  chlorhy- 
drique).    (En   commun   avec  M.  /. 

Adtcr.)... 818 

DESLANDRES  (  IL).  -  Observations  spec- 
trales de  la  comĂšte  Borrelly  (  1903  c).     393 

—  SimplicitĂ©  des  spectres  de  la  lumiĂšre 

cathodique  dans  les  gaz  azotés  et  car- 
bonés   l^" 

—  Relation  entre  les  taches  solaires  et  le 

magnétisme  terrestre.  Utilité  de  l'en- 
registrement continu  des  éléments  va- 
riables du  Soleil 82 1 

—  Caractùres  principaux  des  spectres  de 

lignes  et  de  bandes.  Considérations 

sur  les  origines  de  ces  deux  spectres.  ioi3 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  La- 

lande  (Astronomie) '099 

DESMOULIÈIƒ  (A.).  —  Sur  le  renucnl  du 

salol  contenu  dans  certains  laits 337 

DITISHEIM    (Paul).    -   Sur  la  relation 

entre  la  pression  et  la  marche  des 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  Panes, 

chronomĂštres 700 

DOLLFUS  (GusTAVE-F.).  —  Sur  les  effon- 
drements de  la  plaine  de  Sevran «79 

DOMINICI.  —  Un  prix  Montyon  (MĂ©de- 
cine et  Chirurgie)  lui  est  décerné. .  .    ii3i 

—  Adresse  des  remercĂźmenis  Ă   l'AcadĂ©mie.   1228 

DONARD.  —  Les  matiùres  albuminoïdes 
du  grain  de  maĂŻs.  (En  commun  avec 
M .  Liibbé.  ) 264 

DONAT  (A.).  —  Nouveau  perforateur  à 
ressort,  dentaire  et  chirurgical.  (En 
commun  avec  M.  /.  Bercul.) 674 

DONGIKR  (R.V  —  Sur  la  mesure  des 
coefficients  de  self-induction  au  moyen 
du  téléphone 1 1  3 

DONY-HÉNAULT  (0.)  adresse  une  Note 
«  Sur  la  radioactivité  du  peroxyde 
d'hydrogÚne  » 353 

DUBOIS  (RvpiiaĂ«l).  —  Sur  l'acclimatation 
et  la  culture  des  Piutadines,  ou  huĂź- 
tres perliĂšres  vraies,  sur  les  cĂŽtes  de 
Franco,  et  sur  la  production  forcée 
des  perles  fines 61 1 

DUBREUIL  (Louis).  —  Action  des  acides 
bromosuccinique  et  bibromosucci- 
nique  sur  les  bases  pyridiqueset  qui- 

noléiques 1  o63 

DUERST   (U.).    -    Les   lois   mécaniques 


1359 

MM.                                                                       Pages, 
dans  le  dĂȘveloppemoni  du  crĂąne  des 
Cavicornes 342 

DUGOUION  (Edgar).  —  Sur  le  chlorure 
de  phĂ©nylpropargylidĂčne 

C«H'— C  =  C-CHC12. 

(En  commun  avec  M.    Ernest   Clin- 
rnn.) 1 25 

DUHEM  (P.).  —  Sur  les  ondes-cloisons  . .     237 

—  Sur  la  suppression  de  l'hystĂ©rĂ©sis  ma- 
gnétique par  un  champ  magnétique 
oscillant 102a 

DULiVC  (H.).  —  Sur  les  fonctions  de  «va- 
riables représentées  par  des  séries  de 
polynĂŽmes  homogĂšnes 3o8 

DUPARC  (L.).  —  Sur  les  formations  de  la 
zone  des  quartzites  et  conglomérats 
inférieurs  au  Dévoiiien  dans  l'Oural 
du  Nord.  (En  commun  avec  M.  F. 
Petirce.) 873 

DUIUND  (S.).  —  DĂ©termination  du  mini- 
mum perceptible  et  de  la  durée  de  la 
perception  lumineuse  chez  les  per- 
sonnes dont  la  vue  est  alTaiblie 1280 

DUVAL  (H.).   —  Sur  les  Ă©thers  nitriques 

des  acides-alcools 57 1 

—  Sur  les  Ă©thers  nitriques  des  acides- 
alcools  126a 


EGINITIS  (B.).  —  Sur  le  rîle  des  noyaux 

métalliques  des  bobines 43S 

EGINITIS  (D.).  —  Observations  des  LĂ©o- 
nides  et  des  Biélides,  faites  à  .\thÚnes, 


en  1903 . 


EIFFEL  (G.).  —  ExpĂ©riences  sur  la  rĂ©sis- 


965 


tance  de  l'air 3o 

ERIKSSON  (Jakob).  —  Sur  l'appareil  vĂ©- 
gétatif de  la  rouille  jaune  des  Cé- 
réales       578 

ESCLANGON.  —  Sur  les  fonctions  quasi- 
périodiques  3o5 


FABRE  (Jean-Henri).  —  Le  prix  Gegner 

lui  est  décerné 1 164 

FABRE  (L.-A.).  —  Sur  le  glaciaire  de  la 

Garonne 1 3o') 

FABRY  (Charles).  —  Sur  une  solution 
pratique  du  problÚme  de  la  pholomé- 
trie  hétérochrome 743 

—  Sur  l'intensitĂ©  de  l'Ă©clairement  produit 

par  le  Soleil 973 

—  Sur  l'intensitĂ©  lumineuse  des  Ă©toiles  et 

leur  comparaison  avec  le  Soleil r24>. 

FACCIN  (Fr.)  adresse  une  Note  intitulée  : 


«  Anomalies  diurnes'  et  séculaires 
dans  le  mouvement  de  rotation  de  la 
Terre  » 819 

FAIVRE  (P.).  —  Action  du  brome  sur  le 
pinÚne  en  présence  de  l'eau.  (En 
commun  avec  M.  P.  Genvresse.) ....      i3o 

FÊ.IER  (L.}.  —  Sur  les  Ă©quations  fonction- 
nelles et  la  théorie  des  séries  diver- 
gentes      8i9 

FERiNBACH  (A.).  —Sur  la  coagulation  de 
l'amidon.  (En  commun  avec  .M.  /. 
Wolf.).... 7,8 

175. 


i36( 


TABLE  DES  AUTEURS. 


MM.  I' 

PERRON  (EugĂšne)  adresse  un  MĂ©moire 
intitulé  :  «  Déteiminalion  analytique 
des  éléments  géométriques  de  l'anse 
de  panier  rigoureuse  à  «  centres, 
étant  données  l'ouverture  et  la  flÚche 
de  la  courbe  » 

FÉRY  (Ch.i,  —  Sur  la  tempĂ©rature  des 
flammes 

FEUILLE  (Henri)  adresse  une  Note  inti- 
tulée: «  Appareil  pour  utiliser  la  force 
dynamique  de  la  mer  x 

FLEIG  (C.)-  —  Sur  l'entretien  de  l'irrita- 
bilité de  certains  organes  séparés  du 
corps,  par  immersion  dans  un  liquide 
nutritif  artificiel.  (En  commun  avec 
M.  E.  HĂ©don.) 

—  Adresse  une  Nouvelle  Note  relative  à 

l'influence  de  la  température  sur  la 
survie  de  certains  organes  séparés  du 
corps  et  Ă   leur  reviviscence  dans  un 
liquide  nutritif  artificiel.  (  En  commun 
avec  M.  E.  HĂ©dou.) 

—  Adresse  deux  Noies  ayant  |)our  titres  : 

«  Mode  d'action  cliimique  des  savons 
alcalins  sur  la  sécrétion  pancréatique  » 
el  «  Mécanisme  de  l'action  de  la  sapo- 
crinine  sur  la  sécrétion  pancréatique  ». 

FLEURENT  (E.).  -  Sur  la  relalion  qui 
existe  entre  la  proportion  de  gluten 
contenu  dans  les  différents  blés  el  la 
proportion  des  matiÚres  azotées  to- 
tales  

FLICHE  (1'.,.  —  DĂ©couvi'rli"  de  stioliiles 
de  SĂ©quoia  et  de  Pin  dans  le  Portlan- 
dien  des  environs  de  Boulogne-i^ur- 
Mer.  (En  commun  avec  M.  R.  Zeil- 
ler.) 

FONVIELLE  (W.  dei  a  iresse  une  Note 
(I  Sur  l'explication  donnée  parFonte- 
nelle  de  la  nature  des  queues  des  co- 
mÚtes » 

FOREL  (F.-A.).  —  Le  cercle  de  Bisliop, 
couronne  solaire  de  i goS 

FOSSE  (R.).  —  Copulation  des  sels  de  di- 


909 


9^9 


■2S3 


GV. 


i3t') 


‱283 
38o 


MM.  P 

na|jlitopyryle  avec  les  phénols 

FOURNIER  (Alfred).  —  Le  prix  Chaus- 
sier  lui  est  décerné  (Médecine et  Chi- 
rurgie)  

FOURNIER  (IL).  —  Sur  l'aldĂ©hyde  ortho- 
toluique 

FOURTAU  (R.).  --  Sur  le  Turoiiien 
d'Abou-Roach  (Egypte) 

—  Le  prix  Savigny  lui  est  dĂ©cernĂ©  (Ana- 

loniie  et  Zoologie  ) 

FOVEAU  DE  COURMELLES  adresse  une 
Note  ayant  pour  titre  :  «  Pouvoir  bac- 
téricide comparatif  de  diverses  lu- 
miÚres ».  (En  commun  avec  M.  P. 
Biirberin.). 

FRAICHET  (E.)  adresse  un  MĂ©moire  por- 
tant pour  titre  :  «  .Nouvelle  méthode 
d'essai  des  métaux  magnétiques  »... 

—  Étude  sur  les  dĂ©formations   molĂ©cu- 

laires d'un  barreau  d'acier  soumis  Ă   la 
traction 

—  Adresse  une  Note  inlitulĂ©e  :  u  Etudes 

sur  les  déformations  élastiques  d'un 

barreaud'acier  soumis  à  la  traction  ». 

FRANÇOIS  (Maurice).  —  Dosage  de  la 

pyridine  en  solution  aqueuse 

—  lodures     de     mercuramnionium     des 

aminés  primaires  et  des  aminés  ter- 
tiaires  

!■  RÉMONT  (Cii.).  —  Les  modes  de  dĂ©for- 
mations et  de  rupture  des  fers  et 
des  aciers  doux.  (En  commun  avec 
MM.  F.  O.iiiwnd  et  G.  Cartniid.) .  . . 

—  Le  prix  TrĂ©mont  lui  est  dĂ©cernĂ© 

FREUNDLER  (P.).  —  Recherches  sur  la 

formation  des  azoĂŻques.  RĂ©duction  de 
l'éther-oxyde  ortho-nitrobenzyl-mé- 
thylique 

—  Application  de  la  pyiidine  Ă   la  prĂ©pa- 

ration de  quelques  dérivés  amidés. . . 

—  Recherches  sur  les  azoïques.  Nouveau 

mode  de  formation  des  dérivés  inda- 
zylĂźques ... 


Ăąges. 

8  ".8 


144 
716 

-)8; 


283 


3j 


169 


aSi) 


lolk) 


8ji 
1  iTiJ 


521 


Ç)S';> 


GAGNIÈRE  (J.).  —  Inscription  do  l'Ă©tat 
variable  de  la  tension  du  fil  de  l'ergo- 
graphe;  Ă©quation  du  mouvement  et 
expression  du  travail.  (En  commun 
avec  M.  J.  Imbert.) 

GAILLARD.  —  Une  part  du  prix  extraor- 


a-G 


dinaire  de  Gooo''  (MĂ©canique)  lui  est 

attribuée io.|8 

G  AL  (Ji'i.ES).  —  Sur  la  ponte  du  /Joinlnx 

Mon 93-.» 

GARNIER.  —  Une  part  du  prix  Lallemand 

lui  est  attribuée  (Médecine  et  C.hi- 


TABLE    DES    AUTEURS. 


i36i 


MiVI.  Pages, 

rurgifj 1 1  j  1 

GARSAULT  [A.).  —  Observation  de 
l'éclipsé  de  Soleil  du  20  septembre 
KjoS,  faite  Ă   l'Ăźle  de  la  RĂ©union.  (Eu 
commun  avec  JM.  Edmond  Bor- 
dasse. ) 035 

—  Observations  faites  Ă   l'Ăźle  de  la  KĂ©union 

sur  l'éclipsé  de  Lune  du  6  octobre 
igo3.  (En  commun  avec  M.  Edmond 
liorddge.  \ Scjy 

GASNIER  (Paul;.  —  Nouveaux  dispositifs 
électromécaniques  d'embrayai^e  et  do 
changement  de  vitesse  progressifs. . .   vii- 

GAUDRY  (Albert).  —  M.  le  PrĂ©sident 
annonce  à  l'Académie  la  mort  de 
M.  Miinifr-Clialmas.  membre  de  la 
Section  de  Minéralogie '<'<- 

—  PrĂ©sente  quelques  remarques  au  sujet 

du  CongrÚs  de  l'Association  géodé- 
sique  internationale 

—  Observations    palĂ©ontologiques    dans 

l'Alaska 

—  Allocution  relative  Ă   la  mĂ©daille  remise 

Ă   M.  Chauvcau 

—  Allocution    de   M.    le   PrĂ©sident   Ă    la 

séance  publique  annuelle  du  u  dé- 
cembre 1 903 , 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Petit 

d'Ormoy  (Sciences  naturelles; 

—  Annonce  Ă   l'AcadĂ©mie  que,  en  raison 

de  la  séance  publique  annuelle  des 
cinq  Académies  qui  doit  avoir  lieu  le 
lundi  26  octobre,  la  séance  hebdoma- 
daire de  l'Académie  des  Sciences  sera 
remise  au  lendemain  mardi  27  oc- 
tobre       "iSg 

GAUTHIER  (D.j.  —  Combinaisons  du  sac- 
charose avec  quelques  sels  métal- 
liques      I2JÇ) 

GAUTIER  (Armand).  —  Sur  une  nouvelle 
méthode  de  recherche  et  de  dosage 
des  traces  les  plus  faibles  d'arsenic.      1  )8 

—  Arsenic   dans    les   eaux   de    mer,    le 

sel  gemme,  le  sel  de  cuisine,  les  eaux 
minérales,  etc.  Son  dosage  dans  quel- 
ques réactifs  usuels 2 i». 

—  L'arsenic  cxiste-t-il  dans  tous  les  or- 

ganes de  l'Ă©conomie  animale'? ■>i)5 

—  Rectifications  relatives  à  la  Note  du  27 

juillet  1903 %-]!\ 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Mon- 

tyon  (  Arts  insalubres) i  r')4 

GAUTRELET  (Jkan).  —  De  la  prĂ©sence  de 
l'acide  lactique  dans  les  muscles  des 


393 
553 

775 

10.S9 
1 1  Go 


MM.  Pages. 
Invertébrés  et    des    Vertébrés    infé- 
rieurs      417 

GENGÛU  (0.).  —  Les  sensibilisatrices  du 
bacille  tuberculeux.  (En  commun 
avec  M.  J .  Bordet.) 35 1 

GÉNTN  (V.)  adresse  une  Note  intitulĂ©e  : 
«  Calcul  rapide  du  mouillage  et  de 
l'écrémage  du  lait  » 9K 

GENVRESSE  (P.;.  —  Action  du  brome 
sur  le  pinÚne  en  présence  de  l'eau. 
(En  commun  avec  M.  F.  Faivre.). . .      i3o 

~  Sur  le  nitrosiU'  de  la  pulégone 4y  i 

GERMAIN.  —  Une  part  du  prix  extraor- 
dinaire de  Coco'''  (MĂ©canique)  lui  est 
attribuée 1098 

(jERNEZ  (D.;.  —  Sur  une  combinaison  de 
deux  corps  qui,  par  élévation  de  tem- 
pérature, s'unissent  puis  se  séparent 
au-dessous  de  —  79" 255 

GIBBS  ( J.-W.).  —  Sa  mort  est  annoncĂ©e  Ă  

l'Académie 5 

GILLIER  (Louis-Émilk-A.ndrĂ©).  —  Une 
part  du  prix  FĂ©lix  Rivot  lui  est  attri- 
buée      1 1  (J5 

G1RAUI).  —  La  moitiĂ©  du  prix  Parkin  lui 

est  attribuée i  r  J9 

GIUSTINIANI.  —  Sur  une  culture  de  sar- 
rasin en  présence  d'un  mélange  d'al- 
gues et  de  bactéries.  (En  commun 
avec  i\!.  Bouilhac.) 127  i 

GLATARD  (  R.;.  —  Une  mention  lies  ho- 
norable lui  est  accordée  dans  le  con- 
cours du  prix  Bellion  (MĂ©decine  et 
Chirurgie.) 1 143 

GLOVER  (j.).  —  La  moitiĂ©  du  prix  Bar- 
bier lui  est  attribuée  (Méclecine  et 
Chirurgie) r  i35 

—  .\dressc  des  remerciinenls  Ă   l'AcadĂ©- 

mie     122S 

GODEFROY  (L.j.  —  Sur  les  hydrates  d'al- 
cool Ă©thylique.  (En  commun  avec 
M.  E.  l'arennc.) 993 

—  Action    de    l'anĂ©thol   sur   l'organisiue. 

(En  commun  avec  MM.  F,.  Farenne 

et  J .  Roussel.) 1 29  i 

GODIN  (Paul).  —  Le  prix  du  baron  Lar- 
rey  lui  est  décerné  (Médecine  et  Chi- 
rurgie)      ni* 

GOLDSTEIN  (E.).  —  Le  pris  HĂ©bert  lui 

est  décerné  (Physique  ) 1  io3 

—  Adresse  des  remercimcnls  Ă   l'AcadĂ©mie.  1228 
COURSAT  (E.).  —  Sur  une  gĂ©nĂ©ralisation 

de  la  théorie  des  fractions  continues 
algébriques io3o 


l362  TABLE    DES 

MM.  Pace-. 

GRAEBE  (Cahl).  —  Lettre  de  remercü- 
ments  a  l'Académie,  pour  la  médaille 
Lavoisier  et  la  médaille  Berthelol 
qu'elle  lui  a  dér-ornées  à  l'occajinii  de 
son  Jubilé j  I  I 

—  La  mĂ©daille  Lavoisier  lui  est  dĂ©cernĂ©e,  i  rVi 

—  La  mĂ©daille  Berihelot  lui  est  dĂ©cernĂ©e.  1 1  j'> 
GR.4NDERYE   (AL).   —  Sur   le   tĂ©tramĂ©- 

thyldianiino-diphénylÚne-pliénylmé- 
thane  dissymétrique  elle  colorant  qui 
en  dérive.  (En  commun  avec  M.  J. 
(Jiijol.) \\  i 

GU ANDJEAN   (Marius-Georges).   —  Le 

prix  Boileau  lui  est  décerné i  itii 

GRANDIDIER  (  A.)  présente  à  l'Académie, 
au  nom  de  l'auteur  M.  /ii/es  de Scho- 
/((ili/if,  le  premier  fascicule  d'un  Atlas 
de  GĂ©ographie i  uS(i 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Gav 

(GĂ©ographie  physique) 1 1  is 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Tclii- 

liatchef 1105 

(;R.4NDID1ER  (Guillaume).  —  Contribu- 
tion Ă   l'Ă©tude  de  ['.Epynrnis  de  Mada- 
t;ascar loS 

GRAVIER  (Ch.).   —  Siw  la  MĂ©duse  du 

Victoria  Nyanza Sd; 

GRÈIL^NT  (Nestor).  —  Recherche  et  do- 
sage de  l'urée  dnns  les  tissus  et  dans 
le  sang  des  animaux  vertébrés 5')8 

GRIFFITHS  (A.-B.).  —  Changement  de 
résistance  électrique  du  sélénium  sous 
l'inlluence  dé  certaines  substances.. .     G-i7 

GRIFFON  (Ed.).  —  Recherches  sur  la 
transpiration  des  feuilles  vertes  dont 
on  éclaire  soit  la  face  supérieure,  soit 
la  face  inférieure 'nu 

GRILLE.  —  Sur  un  hybride  vrai  de  chas- 
selas par  vigne  vierge  (  .■liiii)cliipsi.s 
Itcdciacc(i) 1  Mil) 

GRYNFELTT  (Ed.).  -Sur  la  capsule  sur- 
rénale des  Amphibiens -- 

GLI1GNARD(L.).  —  Remarques  sur  la  for- 
mation du  pollen  chez  les  Asclépia- 
dées 1  () 

—  Ra|)port  sur  le  conciiurs  du  prix  Des- 

maĂŻiĂšres  (Botanique) i  ixj 

^  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Phi- 

lipeaux  (Physiologie  ) 1 1  j8 

CUILLAUME  (Cii.-Ed.).  —  ConsĂ©quences 

de  la  théorie  des  aciers  au  nickel.. . .       \\ 

—  Remarques  sur  la  Note  de  .^L  P.  Di- 

tisheini.  relalive  Ă   l'action  de  la  pres- 
sion atmosphéricpie  sur  la  marche  des 


AUTEURS. 

MM.  Pages, 

chronomĂštres 703 

GUILLAUME  (J.).  —  Observations  du  So- 
leil faites  Ă   l'Observatoire  de  Lyon  pen- 
dant le  deuxiĂšme  trimestre  de  190J. .     4^' 

—  Le  dernier  minimum  des  taches  du  So- 

leil et  remarques  au  sujet  de  la  loi 

(tes  zones Si)S 

GUILLET  (LĂ©o.n).  —  Diagramme  donnant 

les  |)ropriélés  des  aciers  au  nickel. . .      i  1 1 

—  Sur  les  propriĂ©tĂ©s  et  la  conslilution  des 

aciers  au  manganĂšse 480 

—  Sur  la   constitution   et   les  propriĂ©tĂ©s 

des  aciers  au  silicium loOa 

GUILLIEK.MOND.  —  Contribution  Ă   l'Ă©tude 

cytologique  des  AscomycÚtes «j'jS 

—  Errata  SQ  rapportant  à  cette  Commu- 

nication     10S8 

GU1NCH.4NT.  —Chaleur  de  neulralisatiou 
de  l'acide  ferrocyanhydrique;  chaleur 
de  formation  de  ses  combinaisons  avec 
l'éther  et  l'acétone.  (En  commun  avec 

M.  Clirélieii.) 05 

GULDBERG  (Alfr.).  —  Sur  les  Ă©quations 
aux  différences  qui  possÚdent  un  sys- 
tÚme fondamental  d'intégrales 4OG 

—  Sur  les  Ă©quations  linĂ©aires  aux   diffĂ©- 

rences finies 5Go 

—  Sur  les  Ă©quations  linĂ©aires  aux  difTĂ©- 

rences  finies G 1  i 

—  Sur    les  groupes   de   transformations 

des  équations  linéaires  aux  différences 

finies 689 

GUNTZ.  —  Le  prix  La  Gaze  lui  est  dĂ©cernĂ© 

(Chimie) 1 1  li 

—  La  mĂ©daille  Berthelot  lui  est  dĂ©cernĂ©e.  11 53 

—  AdressedesreraercĂźmentsĂ l'AcadĂ©mie.  1228 
GUVON.  —  Rapport  sur  le  concours  du 

prix  Godard  (MĂ©decine  et  Chirurgie).   1140 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  .Mùge 

(  MĂ©decine  et  Chirurgie  ) 11  14 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Chaus- 

sier  (  MĂ©decine  et  Chirurgie  1 1 1 4  i 

GUYOT  (A.).  —  Sur  le  tĂ©tramĂ©thyldia- 
mino-diphénylÚne-phénylméthane  dis- 
symétrique et  le  colorant  qui  en 
dérive.  (En  commun  avec  I\i.  M. 
Graiiilrrj-c.) ^  1 3 

—  Sur  les  produits  de  condensation  du  tĂ©- 

traméthyldianiidophényloxanthranol 
avec  le  benzĂšne,  le  toluĂšne  et  la 
diméihylaniline.   (En    commun    avec 

M.  -/.  Hallcr.) GoG 

GUYOU.—  Rappoit  sur  leconcĂ»uisdu  prix 

extraordinaire  de  Gotio*^'  (  MĂ©canique  1.   loyS 


TABLK    DES    AUTEURS. 


i363 


H 


MM.  Pages. 

HADAMARD.  —  Sur  les  Ă©qualions  aux 
dérivées  partielles  linéaires  du  second 
ordre '02^ 

—  Le  prix  Petit  d'Orraoy  (Sciences  ma- 

thématiques) lui  est  décerné  .' ri5ij 

UALLt  (N.).   —  Le  prix  (Jodard  lui   est 

décerné  (Médecine  et  Chirurgie).  ...  1 1  jo 
HALLER  (A.i.  —  Sur  de  nouvelles  syn- 
thÚses etlectuées  au  moyen  de  molé- 
cules renfermant  le  groupe  méthylÚne 
associé  à  un  ou  deux  radicaux  néga- 
tifs. Action  de  l'Ă©pichlortiydrine  sur 
les  élhers  acétonediearboiiiciues  so- 
dés m.  (En  commun  avec  M.  /'. 
Mardi.) 11 

—  Sur   les   produits  de  condensation  du 

létraméthyldiamidophényluxanthranol 
avec  le  benzĂšne,  le  toluĂšne  et  la  di- 
méthylaniline.  (En  commun  avec 
M.  A.  Ciiynt. j Oci() 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Jecker 

(Chimie) 1 1  i3 

—  Sur  de  nouvelles  synthĂšses  effectuĂ©es 

au  moyen  des  molécules  renfermant 
le  groupe  méthylÚne  associé  à  un  ou 
deux  radicaux  négatifs.  Action  de 
l'épichlorhydrine  sur  l'acétylacétone 
sodée.  (En  eommim  avec  M.  G. 
Blanc.) I ■iii'l 

HAMY  est  porté  sur  la  liste  de  candidats 
présentée  à  M.  le  Ministre  de  l'Ins- 
truction publique  pour  une  place 
d'Astronome  titulaire,  vacante  Ă   l'Ob- 
servatoire de  Paris 9OJ 

HANRIOT.  —  Sur  l'argent  dit  colloĂčtal . .      i >■>, 

H.ATOX  DE  LA  GOUWLLIÈRE  est  désigné 
pour  faire  partie  du  Conseil  de  per- 
fectionnement de  l'École  Polytech- 
nique       5i  I 

IIAUG  (É.MILE).  —  Sur  deux  horizons  à 
Céphalopodes  du  Dévonien  supérieur 
dans  le  Sahara  oranais 8J 

—  Sur  les  racines  de  quelques  nappes  de 

charriage  des  .\lpes  occidentales  ....    iSoj 
HÉBERT  (Ai.KX.).  —  Intluence  de  la  na- 
ture du  milieu  extérieur  sur  la  com- 
position organique  de  la  plante.  (  En 

commun  avec  M.  E.  Cluirabot.) 7<.)() 

HÉDON  {%.).  —  Sur  l'entretien  de  l'irri- 
tabilité de  certains  organes  séparés  du 


MM.  PMges. 

corps,  par  inimersion  dans  un  liquide 
nutritif  artificiel.  (En  commun  avec 
M.  ('.  Flci^.) ii; 

—  Adresse  une  nouvelle  Note  relative  à 

rinlKienre  de  la  température  sur  la 
survie  de  certains  organes  séparés  du 
corps  et  Ă   leur  reviviscence  dans  un 
liquide  nutritif  artiliciel.  (  En  com- 
mun avec  M.  C.  Flcii^.) 283 

HENRI  (Victor).  —  Étude  des  contrac- 
tions musculaires  el  des  réflexes  chez 
le  Sticliopiis  regnlis (169 

—  RĂ©gulation  osmotiquo  des  liquides  in- 

ternes chez  les  Echinodermes.  (En 
commun  avec  M.  .S'.  Lnlou.) 721 

—  Étude  des  ferments  dlgi  s'ils  cluz  quel- 

ques Invertébrés 763 

—  La  moitiĂ©  du  prix  Montyon   (Physio- 

logie )  lui  est  attribuée 1 1 40 

—  La  mĂ©daille  Berlhelot  lui  est  dĂ©cernĂ©e.   ii54 

—  Adresse  des  remerciments  Ă   l'AcadĂ©mie.  1228 
HENRY  (Charlbs).  —  Sur  l'Ă©quation  gĂ©- 
nérale des  courbes  de  fatigue.  (En 
commun  avec  M"°  /.  Joteyko.) 44' 

—  Sur  une  relation  entre  le  travail  et  le 

travail  dit  étatique  énergéliquement 
Ă©quivalents  Ă   l'ergographe.  (En  com- 
mun avec  iM"'  J.  Joteyko.) 128J 

IIÉRISSEY.  —  Sur  la  lactase.(En  com- 
mun avec  M.  Éiii.  Bnitiquclol.) 56 

HÉRISSON  (ALBiiRT).  —  ProcĂ©dĂ©  simple 
permettant  d'obtenir,  sur  la  paroi 
d'un  cylindre  qui  tourne,  de  grandes 
pressions  avec  de  faibles  efforts io35 

HESSE  (Edmond).  —  Sur  la  prĂ©sence  de 
Microsporidies  du  genre  Thctoliania 
chez  les  Insectes 4  '  8 

HILBERT.  —  Le  prix  Pont elet  lui  est  dĂ©- 
cerné (  Géométrie; 1097 

HILL  (G.-W.)  est  Ă©lu  Correspondant  dans 
la  Section  d'Astronomie,  en  remplace- 
ment de  M.  ScliiaiHirilli,  élu  Associé 
Ă©tranger 778 

—  Adresse  ses  remerciments  Ă   l'AcadĂ©mie.   1027 
HILLAIRET  (J.-B.).  —  Une  mention  ho- 
norable lui  est  accordée  dans  le  con- 
cours du  prix  Godard   (MĂ©decine  et 
Chirurgie) 1 141 

HOLLARD.  —  Influence  des  gaz  sur  la  sĂ©- 
paration des  métaux  par  éleclrolyse  : 


i364 


TABLE    DKS    AUTEURS. 


MM.  Pages. 

séparation  du  nickel  Pt  du  zinc.  (En 

commun  avec  M.  licriUui.r.  \ S5j 

HOSPITALIER.  —  Le  prix  Gaston  PlantĂ© 

lui  esl  décerné  (  Physique) i  lo; 

—  Adresse  des  remercĂźments  Ă   l'AcadĂ©mie.  i2>.s 
HÛULLEVIGUE.  -  Action  de  liode  sur 

les  pellicules  de  cuivre  obtenues  par 


MM.  fages. 

ionoplastie 47 

HOUSSAV  (  FnÉnÉRic).  —  Sur  la  ponte,  la 
fécondité  et  la  sexualité  chez  des 
poules  carnivores ()3  i 

HUGOT.  —  Errata  se  rapportant  Ăč  une 
Communication  du  29  juin  igoS,  sur 
l'araidure  et  l'imidure  de  silicium  ...     100 


I 


ILIOVICI.  —  Essais  sur  la  commutation 

dans  les  dynamos  Ă   courant  continu.     179 

IMBERT  (A.i.  —  Inscription  de  l'Ă©tal  va- 
riable de  la  tension  du  fil  de  l'ergo- 
graphe;  Ă©quation  du  mouvement  et 
expression  du  travail.  (En  commun 
avec  M.  /.  GnsniĂšre.) 27G 


INFROIT.  —  Diagnostic  des  calculs  bi- 
liaires par  la  radiographie  prélimi- 
naire. (En  commun  avec  M.  Maii- 
rlnirr.  I 4*^2 

ISTVANFFI  (de).  —  Le  prix  ïhore  lui  est 

décerné  (Botanique) 1 122 


JANSSEN  (J.).  —  Sur  la  mort  de  M.  Pros. 

per  Henry 3  -  J 

‱ —  Éludes  spectroscopi(iues  <lu  sang  faites, 
au  mont  Blanc,  par  M.  le  D'  He- 
norque '<"',) 

—  PrĂ©sente  Ă   l'AcadĂ©mie  <i  l'Annuaire  des 

Longitudes  pour  l'année  1904  » 1027 

—  Fait  hommage  Ă   l'AcadĂ©mie  d'un  Vo- 

lume qu'il  vient  de  publier  sous  le 
titre  :  «  Lectures  académiques.  Dis- 
cours 11 1 2  )G 

JANSSENS  (F.-A.).  —  Production  arlili- 
cielle  de  larves  géantes  chez  un  Echi- 
nide 274 

JEHENNE.  —  Une  part  du  prix  extraordi- 
naire de  Gogo'''  lui  est  attribuée  (Mé- 
canique)    109S 

JOLLY  (L.).  —  Sur  l'oxydalion  de  la  glu- 

cpse  dans  le  sang 771 


lORDAN  est  nommé  membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  présenter  une  liste 
de  candidats  pour  la  chaire  d'Histoire 
générale  des  Sciences,  vacante  au  Col- 
lùge de  France SÎ8 

.IOTEYKO(M"'- J.).  -Sur  l'équation  gé- 
nérale des  courbes  de  fatigue.  1  Kn 
commun  avec  M.  Charles  Henry.)...      \\\ 

—  La  moitiĂ©  du  prix  Lallemand   lui  est 

attribuée  (Médecine  et  Chirurgie).  . .    1 141 

—  Sur  une  relation  entre  le  travail  et  le 

travail  dit  .<:tati/jiie  énergétiquement 
Ă©quivalents  Ă   l'ergographe.  (En  com- 
mun avec  M.  C/ia/lct  Henry.) 1  jS'i 

.lUMELLE  (Henhi).  —  Une  PassifiorĂ©e  Ă  

résine 20G 

.lURIE  (A.).  —  'Variation  morphologique 
des  feuilles  de  vigne  Ă   la  suite  du 
greffage "loo 


K 


KILIAN  (W.).  —  Sur  les  relations  de 
structure  des  Alpes  françaises  avec  les 
Alpes  suisses. "10  >. 

—  Sur   le   rîle  des   Cluiniai^rs   dans   les 

Alpes  delphino-provençales  et  sur  la 
structure  en  Ă©ventail  des  Alpes  brian- 
çonnaises 'tV< 

—  Sur  les  phases  du  plissement  des  zones 

itilra-alpines  françaises G2 1 


KLING  (Andrk).  —  Action  des  dĂ©rivĂ©s 
organomagnésiens  sur  l'acétol  et  ses 
Ă©thers-sels 

KOUZNETZOW  (A.).  —  Sur  un  carbure 
double  de  chrome  et  de  tungstĂšne. 
(En  commun  avec  W.Henri  Mnissan.). 

KÛWALSKl  (.1.  DE).  —  Sur  les  dĂ©charges 

glissantes la  il 

KREMPF.  —  Une  mention  trùs  honorable 


7  ■■)(') 


292 


TABLE    DES    AUTEURS. 


MM.  Pages. 

lui  est  accordée  dans  le  concours  du 
prix  Savigny  (Anaiomieet  Zoologie).   1127 
KRONECKER.  —  I.e  mal  des  montagnes  .    iiüSv, 


[365 

Pages. 


MM. 

KURILOFF.  —  Sur  la  cnmpo.sition  du  per- 
oxyde de  zinc (il 


LAKBÉ.  —  Les  matiùres  albuminoïdes  du 
grain  de  maĂŻs.  ("En  commun  avec 
iM.  Donard.) 'I^ 

LABBÉ  (Alphonse).  —  Sur  la  spermalo- 

genĂšse  des  CrustacĂ©s  dĂ©capodes ■>',i 

LAIiBÉ  (H.).  —  La  nature  et  l'apprĂ©cia- 

lion  de  la  réaction  alcaline  du  sang. .     3si 

LABOROE  (J.).  —  Sur  le  dosage  de  l'am- 
moniaque dans  les  vins,  et  son  rĂŽle 
dans  la  différenciation  des  mistelles 
d'avec  les  vins  de  liqueur 334 

LACOMBE  (H.).  —  Sur  une  sĂ©rie  dĂ©com- 
posés du  bismuth.  (En  commun  avec 
M.  G.  Urbain.) 5fiS 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       8>o 

—  Sur  une  sĂ©paration  rigoureuse  dans  la 

série  des  terres  rares.  (En  commun 

avec  M.  G.  Urbain.) 792 

LACROIX  (A.).  —  La  cordiĂ©rilo  dans  les 
produits  éruptifs  de  la  montagne  Pelée 
et  de  la  SoufriĂšre  de  Saint-Vincent. .     i  j  J 

—  Les  enclaves  basiques  des  volcans  de  la 

Martinique  et  de  Saint-Vincent 211 

—  Sur  les  granitĂ©s  Ă   Ɠgyrine  et  riebcckite 

de  Madagascar  et  leurs  phénomÚnes 

de  contact )33 

—  Sur  une  nouvelle  espĂšce  minĂ©rale. . .  .     5<Sa 

—  La  moitiĂ©  du  prix  Parkin  lui  est  attri- 

buée      1 1  ")<) 

LADREYT  (F.).  —  Sur  le  rîle  de  certains 
éléments  figurés  chez  Sipuncnlus  nu- 

(lus  L 8('ij 

LAFITTE  (  Pbosi'ck  de)  adresse  un  MĂ©- 
moire ayant  pour  titre  :  c  Le  carré 
magique  de  3.  Solution  générale  du 

problÚme  » 7 .3 1 

LAGRlFFIi.  —  Une  citation  lui  est  ac- 
cordée dans  le  concours  du  prix  Mon- 
tyon  (MĂ©decine  et  Chirurgie  i 1 13  1 

—  Adresse  des  remercimentsĂ   l'AcadĂ©mie.   iv/aS 
LALLE.MAND    (Cii.)    prie  l'Académie  de 

vouloir  bien  le  comprendre  parmi  les 
candidats  Ă   la  place  vacante,  dans  la 
Section  de  GĂ©ographie  et  Navigation, 
par  suite  du  décÚs  de  M.  de  Bns.iy  . .     r-92 

—  Est  portĂ©  sur  la  liste  de  candidats  prĂ©- 


sentés par  la  Section S19 

LALOU  (S.).  —  RĂ©gulation  osmotique  des 
liquides  internes  chez  les  Echino- 
dermes.  (En  commun  avec  M.  Victor 
Henri.  ) -il 

LALOUE  (G.).  —  Production  et  distribu- 
tion de  quelques  substances  organi- 
ques chez  le  Mandarinier.  (En  com- 
mun avec  M.  Eiig.  Clmrabot.) 996 

LAMOTHE  (de).  —  Sur  le  passage  du 
Rhin  par  la  vallée  du  Doubs  et  la 
Bresse  pendant  le  PliocĂšne 3S9 

LANGEVIN  (P.).  —Sur  la  loi  de  recombi- 
naison des  ions 1 77 

LAPPARENT  (de).  —  Sur  la  signification 
géologi(jue  des  anomalies  de  la  gra- 
vité      S27 

—  Est  nommĂ©  membre  de  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  liste  de  can- 
didats pour  la  Chaire  d'Histoire  géné- 
rale des  Sciences,  vacante  au  CollĂšge 
de  France 83S 

—  Rapjiort  sur  le  concours  du  prix  De- 

lesse  (Minéralogie  et  Géologie) 1117 

LATTES  (S.).  —  Sur  une  classe  d'Ă©qua- 
tions fonctionnelles 90J 

LAURENT  (Arm.).  —  Sur  un  niveau  fos- 
silifĂšre nouveau  du  Keuper  franc-com- 
tois. I  En  commun  avec  M.  M.  Pirou- 

tet.) S 10 

LAUIiENT  (EMILE).  —  Sur  la  production 
de  glycogĂšne  chez  les  Champignons 
cultivés  dans  des  solutions  sucrées 
peu  concentrées 4'>' 

—  De  l'inlluence  de  l'alimentation  minĂ©- 

rale sur  la  production  des  sexes  chez 

les  plantes  dioĂŻques 689 

LAURENT  (Marcellin).  —  Sur  la  forma- 
tion de  l'Ɠuf  et  la  multiplication  d'une 
antipode  dans  les  Joncées 499 

—  Sur  le  dĂ©veloppement  de  l'embryon  des 

Joncées 532 

LAUSSEDAT.  —  Sur  un  moyen  rapide 
d'obtenir  le  plan  d'un  terrain  en  pays 
de  plaines,  d'aprĂšs  une  vue  photogra- 
phique prise  en  ballon 24 

LAUTH  (Charles).  —  Colorants  azoïques. 


l366  TABLE 

MM.  P 

solides,  dérivés  de  l'ot-aminoanthra- 
quinone 

LAVAL.  —  Une  citation  lui  est  accordĂ©e 
dans  le  concours  du  prix  Montyon 
(  \rédecine  et  Chirurgie  ) 

LA  VAULX  (Henry  de).  —  L'emploi  des 
ballons  Ă   ballonnet  d'.iprcs  la  tlirorie 
du  général  Meusnier 

LAVKRAN  (A.).  —  De  l'action  du  sĂ©rum 
humain  sur  les  Trypanosomes  du  Na- 
gana.  du  Caderas  et  du  Surra 

—  PrĂ©sentation  de  son  Ouvrage   sur    la 

«  Prophylaxie  du  paludisme  » 

—  Sur   un   Protozoaire   nouveau  (Piro- 

plnsma  Donuvain  Lav.  et  Mesn.),  pa- 
rasile  d'une  fiĂšvre  de  l'Inde.  (Ln 
commun  avec  M.  F.  Mcsnil.) 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Bel- 

lion  (MĂ©decine  et  Chirurgie) 

LEBEAU(P.).  —  Sur  la  dissociation  des 
carbonates  alcalins 

LEBĂ«SGUE  HL).  —  Sur  une  propriĂ©tĂ©  des 
fonctions 

LECHAPL.41N  (D.)  adresse  une  «  Note 
relative  à  la  direction  des  aérostats  ». 

LECLERC  DU  SABLON.  —  Sur  une  con- 
séquence de  la  fécondation  croisée .  . 

LECLÈRE  (A.).  —  Simplification  de  l'ana- 
lyse des  silicales  par  l'emploi  de 
l'acide  formique 

LEDUC  (StĂ©phane).  —  La  rĂ©sistance  Ă©lec- 
trique du  corps  humain 

—  Remarques  au  sujet  de  la  Communica- 

tion précédente  de  M.  Tomm/isina 
«  Sur  la  scintillation  du  sulfure  de 
zinc  phosphorescent  u 

LÉGER  (Louis).  —  Sporozoaire  parasite 
des  Moules  et  autres  Lamellibranches 
comestibles 

LE  GOFF  (J.).  —  Sur  les  gaz  organiques 
de  la  respiration  dans  le  diabĂšte 
sucré  

LEGROS  (V.).  —  Focimùtre  photogram- 
métrique  pour  l'optique  microsco- 
pique (instrument  \Ă©rificaleur  de  mi- 
croscopes)  

LEMOINE  (Emile).  —  Le  prix  FrancƓur 
lui  est  décerné  (Géométrie) 

LEMOINE  (G. -H.).  —  Une  mention  lui  est 
accordée  dans  le  concours  du  prix  du 
baron  Larrey  (MĂ©decine  et  Chirurgie). 

LEMOULT  (P.).  —  Sur  l'acĂ©tylĂšne  bi- 
bromé  :  purification,  cryoscopie,  ana- 
lyse  


DES   AUTEURS. 


Ăąges. 
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MM. 


P.iges. 


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—  Les  chaleurs  de  combustion  des  com- 

posés organiques,  considérées  comme 
propriétés  additives.  Alcools  et  phé- 
nols. Élhcrs-oxydes.  AldĂ©hydes  et 
cétones 5 1 5 

—  Sur  le  calcul  de  la  chaleur  de  combus- 

tion des  acides  organiques,  de  leurs 
anhydrides  et  des  Ă©lhers-sels (i  iC 

—  Sur  une  nouvelle  mĂ©thode  pour  le  cal- 

cul des  chaleurs  de  combustion  et  sur 
quelques-imes  de  ses  conséquences. .     1J79 

LEMOYNE  {'ï^  adresse  une  Note  «  Sur 
quelques  propriétés  des  cul)ir|ues  no- 
dales  » riiG 

LÉPINE  (R.).  —  Sur  la  production  de 
sucre  dans  le  sang  pendant  le  passage 
de  ce  dernier  Ă   travers  le  poumon. 
(En  commun  avec  M.  Boulud.) 47^ 

—  Sur  le  sucre  virtuel  du  sang.  (  En  com- 

mun avec  M.  Boulud.) G86 

LÈRI  (k.).  —  Contribution  Ăč  l'Ă©tude  des 
altérations  congénitales  du  systÚme 
nerveux  :  pathogénie  de  l'arencépha- 
lie.  (En  commun  avec  .M.  Cl.  l'ur- 
/uis.  I 

LE  ROUX  (J.i.  —  Sur  les  Ă©quations  li 
néaires  aux  dérivées  partielles 

LESNE  (P.).  —  La  distribution  gĂ©ogra- 
phique des  ColéoptÚres  bostrychides 
dans  ses  rapports  avec  le  régime  ali- 
mentaire de  ces  Insectes.  RĂŽle  pro- 
bable des  grandes  migrations  hu- 
maines        1 33 

LESPIEAU  (  R.).  —  Sur  la  constitution  du 

cyanure  d'allyle >G2 

LÉVY  (MMinicE).  —  Rapport  sur  le  con- 
cours du  prix  Montyon  (MĂ©canique  1.    ioi)8 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Plii- 

mey  (MĂ©canique) loyS 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Four- 

neyron  (  MĂ©canique) loyg 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  TrĂ©- 

mont 1 1G4 

—  Est  rĂ©Ă©lu  membre  de  la  Commission 

centrale  administrative  pendant  l'an- 
née 1904 1197 

LÉVY  (Michel).  —  Rapport  sur  le  con- 
cours du  prix  Parkin 1 1  Sg 

LIEBHABER  (C.  de)  adresse  une  Note  : 

"  Sur  la  thermographie  sidérale  «...      ii3 

LINDELOF   (EnNST).     —     Sur    quelques 

points  de  la  théorie  des  ensembles.. .     Gy7 

LINDEN  (M"'  Mari.v  von).  —  Le  prix  Da 
Gama  Machado  lui  est  décerné  (Ana- 


TABLE    DES 

MM.  l'ages. 

tomio  et  Zoologie  ) 1 1 9,8 

—  Adresse  des  remerciments  Ă   l'AcadĂ©mie.  l'.iS 
LINDET  f  L.).  ~  Les  hydrates  de  carbone 

de  l'orge  et  leurs  transformations  au 
cours  de  la  germination  industrielle  .       73 

—  Étude  sur  quelques  pains  anciens  ....     ()64 
LIPSCIIITZ  (Rudolf).       Sa  mort  est  an- 
noncée à  l'Académie 'i/ii 

LƓWY.  —  PrĂ©sentation  du  Tome  X  des 
«  Annales  de  l'Observatoire  de  Bor- 
deaux » 836 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Pierre 

Guzman  (Astronomie) 1099 


AUTEURS.  1367 

MM.  Pages. 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Wilde.  1 1  '54 

—  Sur  le  premier  Volume  du  Catalogue 

photographique  du  Ciel  publié  par 
M.  J.  Donner,  Directeur  de  l'Obser- 
vatoire d'Helsingfors 1 209 

LCEWV  (Robert).  —  Un  prix  iMontyon 
(Médecine  et  Chirurgie)  lui  est  dé- 
cerné      1 1 3?. 

LON'CQ.  —  Une  mention  trùs  honorable 
lui  est  accordée  dans  le  concours  du 
prix  Montyon  (Statistique) no7 

—  Adresse  des  remerciments  Ă   l'AcadĂ©mie.  \>.i^ 


M 


MACÉ  DE  LÉPINAY  (.l.i.  —  Sur  les  chan- 
gements de  phase  ]iar  réflexion  nor- 
male dans  le  quartz  sur  l'argent.  (En 
commun  avec  M.  H.  Buisson.) 3n 

—  Sur  une  nouvelle  mĂ©thode  de  mesure 

des  Ă©paisseurs  et  des  indices.  (  En 
commun  avec  M.  H.  Buissnn.) m  ;.s 

MAIGNON  (F.  ).  -  r,a  production  du  glu- 
cose, sous  l'intluence  de  la  vieasphy- 
xique,  par  les  tissus  du  Bombyx 
mnri,  aux  diverses  phases  de  son  Ă©vo- 
lution ■ 93 

MAILIIE  (Alph.).  —  Sur  le  cycluliexane 
et  ses  dérivés  chlorés.  (En  commun 
avec  M.  Paul  Sabnlier.) 240 

MAILLET  (Edm.).  —  Les  fonctions  entiùres 

d'ordre  zéro 4o5 

—  Sur  les  fonctions  monodromcs  et  les 

équations  différentielles 478 

—  Sur  la  courbe  des  dĂ©bits  d'une  source.     676 

—  Sur  la  prĂ©vision  des  dĂ©bits  des  sources 

de  la  Vanne 9i(i 

MAIRE  (R.).  —  Recherches  cylo'.ogiques 

sur  le  Galaclhut  succos/i 7('iy 

—  Le  prix  Montagne  lui  est  dĂ©cernĂ©  (Bo- 

tanique)     I  rĂźo 

—  Adressedes  remercimentsĂ   r.AcadĂ©niii'.   i>:>X 
MAIRE  DE  SAINT-JUST-EX-CHAUSSÉE 

(Oise)  (Le)  prie  l'Académie  de  vou- 
loir bien  se  faire  représenter  à  l'inau- 
guration du  monument  élevé  à  la  mé- 
moire rie  René-Ju.sl  Houj  et  Valen- 
tin  HiiĂčy,  le  8  novembre  prochain.. .     63") 

MALHERBE.  —  Une  citation  lui  est  ac- 
cordée dans  le  concours  du  prix  Mon- 
tyon I  MĂ©decine  et  Chirurgie  ) 1 1 34 

MALTÉZOS    (C).    —    Sur    une    espùce 


d'oscillation  de  la  perception  chroma- 
tique        43 

—  Errata  se  rapportant  à  celte  Commu- 

nication       356 

MANCEAU  (Emile).  —Sur  les  caractùres 
chimiques  des  vins  provenant  de 
vignes  atteintes  par  le  mildew 99S 

MANCHOT  (WiLHEM).  —  PrĂ©paration  et 
propriétés  d'un  siliciure  de  ruthénium. 
(  En  commun  avec  M.  Henri  Mois- 
snn.) 2V.9 

MANEUVRIER  (GeohgilS).  —  Sur  une 
nouvelle  méthode  jihysique  de  re- 
cherche et  de  détermination  du  mouil- 
lage des  vins (8 1 

^LANGIN  (L.).  —  Sur  la  variation  du  Bor- 
nclina  Cnrium  suivant  la  nature  des 
milieux.  (En  commun  avec  M.  P. 
Virila.) 1 39 

.MAQUENNE  (  L.).  —  Sur  la  rĂ©trogradation 

de  l'empois  d'amidon 88 

—  Recherches  sur  l'isoglucosamine 6^)8 

—  Sur    la    rĂ©trogradation    de    l'empois 

d'amidon 797 

—  Sur    la    rĂ©trogradation    de    l'empois 

d'amidon i  ^66 

MARCEAU  (F.).  —  Reclieiclies  sur  la  con- 
stitution et  sur  la  structure  des  libres 
cardiaques  chez  les  Vertébrés  infé- 
rieurs        75 

MARCII  (F.).  —  Sur  de  nouvelle?  syn- 
thÚses etfectuées  au  moyen  de  molé- 
cules renfermant  le  groupe  méthylÚne 
associé  à  un  ou  deux  radicaux  néga- 
tifs. Action  de  l'Ă©pichlorhydrine  sur 
les  éthers  acétonedicarboniques  so- 
dés 111.  (  En  commun  avec  M.  A.  Hal- 


i368 


TABLE  DES  AUTEURS. 


logS 
1228 


Mil?, 


MM.  P.ii;es. 

1er.) II 

MARCHAND  (Em.).  —  Quel.iues  remar- 
ques sur  la  perturbation  magnétique 
du  3i  octobre  iguj 7S9 

MARCHIS.  —  Le  prix  Plumey  lui  est  dĂ©- 
cerné (.Mécanique) 

—  Adresse  des  remerciments  Ă   l'AcadĂ©mie. 
iMARÉCHAL  (G.)  adresse  une  Note  sur  la 

chaleur  spécifique  de  la  vapeur  d'eau. 

MAREY.  —  Rapport  sur  le  concours  du 
prix  du  baron  f.arrey  (MĂ©decine  et 
Chirurgie) 

MARGERIE  (E.mm\nii:l  de).  —  Le  prix 
Delesse  lui  est  décerné  ("Minéralogie 
et  GĂ©ologie) 1 1 17 

MARIE  (C).  —  Action  de  l'acide  hypo- 
phosplioreux  sur  ;la  diéthylcétone  et 
sur  l'acétophénone 124 

MARQUIS  (R.).  —  DĂ©rivĂ©s  et  produits 
d'oxydation  de  l'acide  nilropyromu- 
cique J>o 

—  La  moitiĂ©  du  prix  Cahours  lui  est  at- 

tribuée    1 1  (J3 

MARTEL  (E.-A.).  --  Sur  l'applicatiori  de 
la  fluorescéine  à  l'hydrologie  souter- 
raine      ■ri'^ 

—  Sur  la  gĂ©ologie  et  l'hydrologie  souter- 

raine du  Caucase  occidental.  (En  com- 
mun avec  M.  A.  l'crmoh/f.) 1077 

MASC.iRT  est  nommé  membre  de  la  Com- 
mission chargée  de  présenter  une  liste 
de  candidats  pour  la  chaire  d'Histoire 
générale  des  Sciences,  vacante  au 
CollĂšge  de  France 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Gas- 

ton Planté  (Physique) 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Es- 

trade-Delcros 

M.4SCART  (Jean).  --  Perturbations  sécu- 
laires d'importance  secondaire 

—  RĂ©sidu  des  perturbations  sĂ©culaires.. . 

—  Description  d'un  orage  trĂšs  localisĂ©... 

M.4TH1AS  (E.).  -  Sur  la  loi  de  distribu- 
tion réguliÚre  de  la  force  totale  du 
magnétisme  terrestre  en   France  au 

i"  janvier  1 8g6 i^  1 1; 

MiVTIGNON  (Camille).  —  Action  du  mĂ©- 
lange oxygĂšne  et  acide  chlorhydri(|ue 
sur  quelques  métaux kih 

M.\TTE  (H.).    —  Le  mĂ©riphyle  chez  les 

Cycadacées 8u 

MAUCL.\IRE.  —  Diagnostic  des  calculs  bi- 
liaires par  la  radiographie  prélimi- 
naire. (En  commun  avec  M.  T/ifroit.).    48'. 


838 
1 107 

1 1  (i  I 

33 

3()3 


Pages. 


'4 


37 


22S 


Mm. 

.M.\UGAS.  —  La  moitiĂ©  du  prix  extraor- 
dinaire de  ()oo(/'  lui  est  atlribuée 
(  .MĂ©canique  ,1 1 098 

MAURAIN  (Cii.).  —Sur  la  suppression  de 
l'hystérésis  magnétique  par  l'action 
d'un  champ  magnétique  oscillant. . . . 

.MAYER  (LÉopoLD).  —  Sur  les  modifica- 
tions du  chimisme  respiratoire  avec 
l'Ăąge,  en  particulier  chez  le  cobaye.. 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication   

.M.\ZÉ.  —  Sur  la  fermentation  formĂ©nique 

et  le  ferment  qui  la  produit 887 

MENGEL  (0.).  —  Sur  la  limite  du  Juras- 
sique et  du  Crétacé  dans  la  région 
orientale  des  Pyrénées  et  sur  l'exis- 
tence de  deux  Ă©poques  distinctes  de 
formation  des  calcaires  Ă   couzeranite. 
(En  commun  avec  M.  C/i.  Depcrel.).   1220 

MERKLEN.  —  Une  mention  lui  est  ac- 
cordée dans  le  concours  du  prix  Mon- 
tyon  (  MĂ©decine  et  Chirurgie) 1 1 33 

MESLIN  (Georges).  —  Influence  de  la 
température  sur  le  dichroïsme  des  li- 
queurs mixtes  et  vérification  de  la  loi 
des  indices 

—  Sur  la  mesure  du  dichroïsme  des  cris- 

taux  

MESNAGER  (A.).'  —  Sur  les  articulations 
Ă   lame  flexible 

MESN.4RD  (EiGÉ.NE)  adresse  urie  Note 
intitulée  :  «  Flotteurs  à  fil  conducteur, 
pour  la  Marine  » 5o4 

iMESNU.  CF.).  —  Sur  un  Protozoaire  nou- 
veau (Piroptasiiiu  Donoi'ani  Lav.  et 
Mesn.),  parasite  d'une  fiĂšvre  de  l'Inde. 
(En  commun  avec  M.  A.  Lai>era/i.} . 

MEUNIER  (Louis).  —  Sur  l'emploi  de 
l'amalgame  de  magnésium  en  Chimie 
organique 714 

—  .4ction  de  l'acide  carbonique  sur  les 

solutions  atpieuses  d'aniline  en  pré- 
sence des  nitrites 1 2G4 

.MEUNIER  (Stanl'jlas  ).  —  Sur  un  cas  re- 
marquable de  cristallisation  spontanée 
ilu  gypse 

-MIEI.E  (.4.).  —  .4  propos  d'une  diastase 
lactique  dédoublant  le  salol.  (En  com- 
mun avec  M.  /'.  Willem. j 1 35 

MILL0CH.4U  (G. t.  —  Observations  de 
Mars  Ă   la  grande  lunette  de  l'Obser- 
vatoire de  Meudon G3(') 

MINGUIN  (J.).  —  StĂ©rĂ©oisomĂ©rie  dans  les 
élhers  camphocarboniques  substitués 


82 


24  G 


<JUB 


‱J3' 


94j 


TABLE    DES 
MM.  l'agi-s. 

ut   l'acide    méthylhomocainphoriqiie. 

Acide  Ă©tliylcamphocarbonique 10(17 

MlNISTREDEL'lNSTRUGTIOM'UBl.iyUE 
(Le)  adresse  amplialiondu  DĂ©cret  par 
lequel  le  Président  de  la  République 
approuve  l'Ă©lection  de  M.  Burli/i  dans 
la  Section  de  GĂ©ographie  et  Naviga- 
tion, en  remplacement  de  M.  rh-  Bussy, 
décédé Sgj 

—  Transmet  Ă   l'AcadĂ©mie  une  Lettre  rela- 

tive Ă   un  tremblement  de  terre  en 
Bulgarie 1228 

MINISTRE  DE  LA  GUERRE  (Le»  invite 
l'Académie  à  lui  désigner  deux  de  ses 
membres  pour  faire  partie  du  Conseil 
de  perfectionnement  de  l'École  Poly- 
technique       I'j2 

MITTAG-LEFFLER  (G  ).  —  Sur  la  nou- 
velle fonction  Ea(.r  i 55-i 

MOISSAN  (Henri).  —  PrĂ©paration  et  pro- 
priétés d'un  siliciure  de  ruthénium. 
(  En  commun  avec  i\L  Willicin  Man- 
chot. I iay 

—  Sur  un  carbure  double  de  chrome  et  de 

tungstĂšne.  (En  commun  avec  M.  A. 
Kmiznetzow.) ■^Xj'). 

—  Description  d'un  nouvel  appareil  pour 

la  préparation  des  gaz  purs 565 

—  Action  d'une  trace  d'eau  sur  la  dĂ©com- 

position des  hydrures  alcidins  par 
l'acétylÚne i6  5 

—  Sur  la  tempĂ©rature  d'inflammation  et 

sur  la  combustion  lente  du  soufre 
dans  l'oxygĂšne  et  dans  l'air 54; 

—  Errain  se  rapportant  à  celte  Commu- 

nication       628 

—  Sur  le  dosage  de  l'argon  dans  l'air  at- 

mosphérique       <ioo 

—  Nouvelle  prĂ©paration  de  l'argon.  (En 

commun  avec  M.  A.  Rignut.) 773 

—  Recherches  sur  la  densitĂ©  du  chlore. 

(En  commun  avec  M.  Binet  du  Jos- 
soneix.) 1198 

—  Est  rĂ©Ă©lu  membre  de  la  Commission  de 

contrÎle  de  la  Circulation  monétaire.    1027 

—  Rapport  sur  le  concours  du  |)rix  Ca- 

hours I  iC3 

MOKRZKCKY  (S.  DE)  adresse  une  Note 
«  Sur  l'emploi  de  la  thérapie  inté- 
rieure en  cas  de  chlorose  et  autres 


AUTEUKS.  1 369 

MM.  Pai;es. 

maladies  des  arbres  fruitiers  et  des 
ceps  de  vigne  » 420 

MONFET  (L.).  —  PhĂ©nols  libres  et  sulfo- 
conjugués.  Méthode  de  dosage.  Le 
soufre  dit  «  neutre  »  existe-t-il  dans 
l'urine? 586- 

MONOD  (Cii.).  —  Une  mention  lui  est  ac- 
cordée dans  le  concours  du  prix  Mon- 
tyon  (MĂ©decine  et  Chirurgie) 1 1'53 

MONPROFIT  (A.).  —  Le  prix  MĂšge  (arrĂ©- 
rages) lui  est  décerné  (^lédecine  et 
Chirurgie ) 1 1 4i 

—  Adresse  ses  remercüments  à  l'Aca- 
démie     1228 

MOSSÉ  (E.)  adresse  une  Note  relalive  à 
un  systĂšme  de  voie  automotrice,  per- 
mettant aux  véhicules  de  circuler  sans 
le  concours  de  moteurs Sgi 

.MOTZ   (B.).   —  Le  prix  Godard   Ini  est 

décerné  (Médecine  et  Chirurgie) ....    i  il" 

MOTZ-KOSSOWSKA  (M""  S.).  -  Sur  l'ac- 
tion morphogĂšne  de  l'eau  en  mouve- 
ment sur  les  Hydraires 863 

MOUREAUX  (Tu.)."— Sur  la  perturbation 

magnétique  du  3i  octobre  i9o3 705 

—  L'anomalie  magnĂ©tique   du  bassin  de 

Paris 918 

MOUREU  (Ch.).  —Sur  la  spartĂ©ine.  Ca- 
ractÚres généraux  :  action  de  quelques 
réducteurs.  (En  commun  avec  M.  A. 
Valeur.) 1 94 

—  Sur  la  condensation  desĂ©thersacĂ©tylĂ©- 

niques  avec  les  alcools iĂ g 

—  Errata  se  rapportant  à  celle  Commu- 

nication      444 

-  Sur  les  acétones  acétyléniques.  Nou- 
velle mélhode  de  synthÚse  dos  isoxa- 
7-ols.  (En  commun  avec  M.  M.  Bra- 
cliin.) 79'» 

MOUSSU  (G.).  —  Les  conditions  spĂ©ciales 
de  la  circulation  dans  des  glandes  en 
activité.  (En  commun  avec  M.  /. 
Ti.isot.) 1 084 

MULLER  (Adrien)  adresse  un  MĂ©moire 
intitulé  :  «  Radio-activité  et  ionisa- 
lion;  phénomÚnes  généraux  et  théo- 
rie »  478 

MUNIER-CHALMAS.  -  Sa  mort  est  an- 
noncée à  l'Académie 357 


i.^7'J 


TAlilJÎ    DES    AUTEURS. 


N 


MM.  Pages. 

NÈGIUS  (l'ii.)-  —  Observations  concer- 
nant les  variations  du  niveau  de  la 
mer  depuis  les  temps  liisloriqiies  et 
prĂ©historiques ■xi-\ 

NEI'VEU  (iM'""  V").   —  Ee   prix  Lannc- 

longue  lui  est  attribué i  iiij 

—  Adresse  ses  remerciments  Ă   l'AcadĂ©- 
mie       I  >:i.'6 

NICLOUX  (Maurice).  —  Injection  intra- 
veineuse de  glycérine;  dosage  de  Ja 
glycérine  dans  le  sang  :  élimination 


MM.  Pages. 

par  l'urine 70 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nicalion ix'^ 

NICOLLE.  —  Une  mention  lui  est  accordĂ©e 
dans  le  concours  du  prix  Montyon 
(MĂ©decine  et  Chirurgie) m  j! 

NOBECOUUT.  —  Une  mention  lui  est  ac- 
cordée dans  le  concours  du  prix  Mon- 
tyon (  MĂ©decine  et  Chirurgie  ) n  33 

NORMAND  (A.i.  —  De  l'innucnce  de  la 

surimmersion  sur  la  vitesse iiĂŻĂź 


ƓCHSNEK  DE CONINCK.  —Contribution 
à  l'étude  des  quinoncs-dicélones  .... 

OSMOND  (  F.).  —  Les  modes  de  dĂ©for- 
mations et  de  rupture  des  fers  et 
des  aciers  doux.  (En  commun  avec 


o 


MM.  Cil.  Fremnrit  cl  G.  Cn/lnii  l.\.  Hji 
—  Sur  les  fers  mĂ©tĂ©oriques.  (En  commun 

avec  M.  G.  Carlaud.  ) 1067 

OCDIN.  —  Ampoule  de  Crookos  pour  ra- 

diothéraiiie S91 


PACHUNDAKI  (D.-E.).  —  Sur  la  consti- 
tution géologique  des  environs  de 
Mirsa  Matrouli  (Marmarique) 3')o 

PANOFF  (  A.-N.)  adresse  un  Mémoire  «  Sur 

la  propagation  de  l'attraction  » 731 

PANTANELLI  (D.).  —  Sur  les  puits  artĂ©- 
siens       Sot) 

PEARCE  (  F.).  —  Sur  les  formations  de  la 
zone  des  quartzites  et  conglomérats 
inférieurs  au  Dévonien  dans  l'Oural 
du  Nord.  (En  commun  avec  M.  L. 
Diiparc.  ) H73 

PÉLABON   (H.).   —   Sur  la  luaibililĂ©  des 

mélanges  de  soufre  et  de  bismuth. . .     fii.s 

—  Sur  une  variĂ©tĂ©  de  carbone  filamen- 

teux. (En  commun  avec  M.  Cons- 
tant.)       7o('> 

—  Sur  la  fusibilitĂ©  des  mĂ©langes  de  pro- 

tosulfure de  bismuth  et  de  sulfure 
d'argent,  de  protosuli'ure  de  bismuth 
et  de  sulfure  d'antimoine 9>o 

PÉNIÈItES  (L.).  —  PathogĂ©nie  et  traite- 
ment du  rhumatisme G26 

PÉROT  (A.).  -  Sur  les  efforts  dĂ©veloppĂ©s 

dans  le  choc  d'éprouvettes  entaillées.  loJi 

PERRIER  (Edm.).  —  Remarques  à  propos 


de  la  Communication  de  M.  Kaphaël 
Dubois,  du  19  octobre  igoB,  «  Sur  les 
hußtres  perliÚres  vraies  » 68>, 

—  Est  nommĂ©  membre  do  la  Commission 

chargée  de  présenter  une  liste  de  can- 
didats pour  la  chaire  d'Histoire  géné- 
rale des  Sciences,  vacante  au  CollĂšge 
de  France 838 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Da 

Gama  Machado  fAnatomie  et  Zoo- 
logie)      1 1'.8 

PERRIN  (Jea.'v).  ~  Conditions  qui  déter- 
minent le  signe  et  la  grandeur  de 
l'Ă©lectrisation  par  contact ‱  <i3 

—  Élertrisation  de  contact  (  IV  )  et  thĂ©(jrie 

des  solutions  colloĂŻdales 564 

PETOT  (A.).  —  Contribution  Ă   l'Ă©tude  de 

la  surchauffe 1 73 

PHISALIX  (C).  —  Recherches  sur  l'im- 
munité naturelle  des  VipÚres  et  des 
Couleuvres ■570 

—  CorrĂ©lations   fonctionnelles   entre    les 

glandes  ii  venin  et  l'ovaire  chez  le 

Crapaud  commun 1081 

PICARD  (ALFnEoV  —  PrĂ©sentation  du 
Tome  III  de  son  «  Rapport  général 


TABLE    DES 

MM.  Pages, 

sur  l'Exposition  universelle  de  1900  ».     no 

—  Fait  hommage  Ă   l'AcadĂ©mie  du  qua- 

triÚme Volume  de  son  Rapport  géné- 
ral concernant  l'Exposition  univer- 
selle de  1900 4^" 

—  PrĂ©sente  Ă   l'AcadĂ©mie  le  Tome  V  de 

son  «  Rapport  général  administratif 
et  technique  sur  l'Exposition  univer- 
selle internationale  du  1900  » 190 

—  Fait  hommage  h  l'AcadĂ©mie  des  Tomes 

VI  et  VII  de  son  «  Rapport  général 
administratif  et  technique  de  1  Expo- 
sition universelle  internationale  de 
igoo  « 83 j 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Mon- 

tyon  (  Statistique  ) 1 1 07 

—  Note  accompagnant  la  prĂ©sentation  du 

Recueil  des  plans  de  son  Rapport  sur 

l'Expositioji  universelle  de  rgoo i>ii 

PICARD  (Emile).  —  Sur  les  relations 
entre  la  théorie  des  intégrales  dou- 
bles de  seconde  espĂšce  et  celle  des 
intégrales  de  différentielles  totales...     *J4i 

—  Sur  les  pĂ©riodes  des  intĂ©grales  doubles 

et  leurs  rapports  avec  la  théorie  des 
intégrales  doubles  de  seconde  espÚce.     J94 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Petit 

d'Ormoy  (Sciences  mathématiques)..   1159 
PICARD  (PiEBRK).  —  Le  prix  Hugues  lui 

est  décerné  (Physique) i  loil 

—  Adresse  des  remerciments  Ă   l'AcadĂ©- 

mie     i-iiS 

PICTET(AuÉ)..  —  Synthùse  de  la  nico- 
tine      860 

PINCHERLE  (S.).  —  Sur  l'approximation 
des  fonctions  par  les  irrationnelles 
quadratiques 734 

PINOY.  —  NĂ©cessitĂ©  d'une  symbiose  mi- 
crobienne pour  obtenir  la  culture  des 
MyxomycĂštes OSo 

PIROUÏET  (M.).  —  Sur  un  niveau  fossi- 


AUTEURS.  1371 

MM.  Pages. 

lifĂšre  nouveau  du  Keupcr  franc-com- 
tois. (En  commun  avec  M.  Jnn. 
Laurent.) 810 

PIZUN  (Antoine).  —  Évolution  des  Di- 

plosomidés  (Ascidies  composées) 7^9 

POINCARÉ  (H.)  est  dĂ©signĂ©  pour  faire 
partie  du  Conseil  de  perfectionnement 
de  l'École  Polytechnique ^n 

POMPEIU   (D.).    —   Sur   un  systùme    de 

trois  fonctions  de  variables  réelles. . .     84 1 

POSTEUNAK  (S.).  —  Sur  la  matiùre  phos- 
pho-organique  de  réserve  des  plantes 
à  chlorophylle.  Procédé  de  prépara- 
tion      '.^02 

—  Sur  les  propriĂ©tĂ©s  et  la  composition 

chimique  de  la  matiĂšre  phospho-or- 
ganique  de  réserve  des  plantes  à  chlo- 
rophylle       337 

—  Sur  la  constitution  de  l'acide  phospho- 

organique  de  réserve  des  plantes 
vertes  et  sur  le  premier  produit  de 
réduction  du  gaz  carbonique  dans 
l'acte  de  l'assimilation  chlorophyl- 
lienne      439 

PUTIEIt.  —  Rapport  sur  le  concours  du 

prix  Hugues  (Physique) iio5 

POZZI-ESCdr  (Emm.).  —  Sur  la  produc- 
tion d'hydrogÚne  sulfuré  par  les 
extraits  d'organes  et  les  matiĂšres  al- 
buminoïdes  en  général 495 

—  Adresse  une  Note  relative  Ă   «  l'action 

de  la  chaleur  sur  les  levures  » i)38 

PRILLIEUX.  —  Rapport  sur  le  concours 

du  prix  Montagne  (Rotanique) 1 120 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Thore 

(Botanique) \  lan 

PUISEUX  est  porté  sur  la  liste  de  candi- 
dats présentée  a  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique  pour  une  place 
d'Astronome  titulaire,  vacante  Ă   l'Ob- 
servatoire de  Paris 96'j 


QUÉNISSET  (F.).  -  Photographies  de  la 

comĂšte  Borrelly,  igoSc 170 

—  Photographie  de  la  comùte   Borrelly, 

l'JOJC >.\i 


—  Remarques  sur  le  dernier  groupe  de 
taches  solaires  et  les  perturbations 
magnétiques 747 


C.  H.,  iyo3,  1'  Semestre.  (T.  CXXXVII.) 


176 


,37-. 


TABLE    DES    AUTEURS. 


R 


MM.  Pages. 

UABUT.  —  Sur  la  resolution  pratique  des 

Ă©quations ‱ 64 1 

—  Sur  la  dĂ©termination  des  figures  inva- 

riantes des  transformations  cycliques.     73?. 

UADAU.  —  Rapport  sur  le  concours  du 

prix  G.  de  Ponlécoulant  (Astronomie),  i  ;oi 

RADIOT  (Paul).  —  Ouverture  de  deux 
plis  cachetés  renfermant  des  Notes 
sur  la  direction  des  ballons 12V.7 

RAZOUS.  —  Une  mention  trùs  honorable 
lui  est  accordée  dans  le  concours  du 
prix  Montyon  (Statistique) 11 07 

RECOUPE  (M.vncRLLiN)  adresse  une  «  Note 
relative  à  des  mesures  thermomé- 
Iriques  aux  gelées  du  printemps  »...    i3i6 

RECOUUA  (A.).  —  Combinaison  du  sul- 
fate ferrique  avec  l'acide  sulfurique. .    11 85 

—  Sur  l'acide  ferrisulfurique  et  le  ferri- 

sulfate  d'Ă©thyle 189 

RÉGNAULT  (Jules).  —  Une  mention  lui 
est  accordée  dans  le  concours  du  prix 
du  baron  Larrey  (MĂ©decine  et  Chi- 
rurgie)     II Î3 

REGNIER.  —  Une  mention  honorable  lui 
est  accordée  dans  le  concours  du  prix 
Pourat  (Physiologie) nSa 

REMLINGER.  —  Une  mention  lui  est  ac- 
cordée dans  le  concours  du  prix  Mon- 
tyon (MĂ©decine  et  Chirurgie) r  i33 

RÉMY  (Louis-Gabriel).  —  Le  prix  La- 
place  lui  est  attribué n  6 4 

—  Une  part  du  prix  FĂ©lix  Rivot  lui   est 

attribuée 1 1 65 

RENAN  est  porté  sur  la  liste  de  candidats 
présentée  à  I\L  le  Ministre  de  l'Ins- 
truction publique,  pour  une  place 
d'Astronome  titulaire  Ă   l'Observatoire 

de  Paris 1027 

RENARD  (Charles).  —  Sur  la  possibilitĂ© 
do  soutenir  en  l'air  un  appareil  volant 
du  genre  hélicoptÚre  en  employant  les 
moteurs  Ă   explosion  dans  leur  Ă©tat 
actuel  de  légÚreté 843 

—  Sur   la  qualitĂ©  des  hĂ©lices  sustenta- 

trices 970 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       1 3-22 

—  Sur  un  nouveau  systùme  de  train  rou- 

tier dit  Ă   propidsion  continue 1234 

RENAULT  (Bernard).   —  Le  prix  Petit 


1 160 


1228 


MM.  Paflcs. 

d'Ormoy  (Sciences  naturelles)  lui  est 
décerné  

—  Adresse  des  remercĂźments  Ă   l'AcadĂ©- 

mie  

RIBAUT  (H.).  —  Sur  la  production  d'hy- 
drogÚne sulfuré  par  les  extraits  d'or- 
ganes et  les  matiĂšres  albuminoĂŻdes  en 
général.  (En  commun  avec  M.  J.-E. 
Abelous.) 95 

—  InĂ»uence  de  la  tempĂ©rature  sur  la  pro- 

duction d'hydrogÚne  sulfuré  par  les 
matiĂšres  albuminoĂŻdes,  les  extraits 
d'organes  animaux  et  les  extraits  de 
levure  de  biÚre,  en  présence  du 
soufre.  (En  commun  avec  M.  J.-E. 
Abelous.) 2G8 

RICHET  (Charles).  —  Le  prix  La  Caze 
(Physiologie)  lui  est  décerné 

RICOME  (IL).  —  Influence  du  chlorure  de 
sodium  sur  la  transpiration  et  l'ab- 
sorption de  l'eau  chez  les  végétaux. . 

—  Sur  des  racines  dressĂ©es  de  bas  en 

haut,  obtenues  expérimentalement.. . 

RIESZ  (Fréd.)  adresse  une  Note  ayant 
pour  titre  :  «  ThéorÚme  relatif  aux 
corrélations  « 

RIG.AUT  (A.).  —  Nouvelle  prĂ©paration  de 
l'argon.  (En  commun  avec  M.  H. 
Moisson.) 

RINGELMANN.  —  DĂ©termination  expĂ©ri- 
mentale de  la  pression  momentanée 
résultant  du  choc 644 

RISLER  (Eugùne).  —  Le  prix  Bigot  de 
Morogues  lui  est  dĂ©cernĂ©  (Économie 
rurale) '  '^‱' 

RIVALS  (P.).  —  Action  de  l'acide  borique 
sur  les  iodures;  son  emploi  pour  la 
séparation  de  l'iode  des  iodures  en 
présence  de  bromures  et  chlorures. 
(En  commun  avec  M.  H.  Baubigny.).     G5o 

—  Conditions  de  sĂ©paration  de  l'iode  sous 

forme  d'iodure  cuivreux,  dans  un  mé- 
lange de  chlorures,  bromures  et  iodu- 
res alcalins.  (En  commun  avec  M.  H. 
Baubigny.) 7^^ 

—  SĂ©paration  de  l'iode  dans  les  sels  halo- 

gĂšnes alcalins  d'avec  le  chlore  et  le 
brome,  par  sa  transformation  en  acide 
indique,  et  mode  de  préparation  de 
l'iode  pur.  (En  commun  avec  M.  H. 


I  i5o 


i4i 


204 


T  3 1 G 


773 


TABLE    DES 

MM.  Ha(;es, 

Jiriiiliigri/.) Q'^7 

—  Errata  se  rapportaiil  à  cette  Commu- 
nication     loS^ 

ROBIN  (Lucien).  —  SĂ©paration  et  dosages 
simultanés  de  la  baryte,  de  la  stron- 
tiane  et  de  la  chaux 2')S 

ROGOVSKY  (E.).  —  Sur  la  diffĂ©rence  de 

température  des  corps  en  contact . . .    i?..;  1 

ROULE  (Louis).  —  Sur  l'Ă©volution  subie 
par  les  Poissons  du  genre  Atlierina 
dans  les  eaux  douces  et  saumĂąlres  du 
midi  de  la  France 127G 

ROUSSEL  (J.).  —  Action  de  l'anĂ©thol 
sur  l'organisme.  (En  commun  avec 
MM.  E.  Karenne  et  L.  Godefrny.)  . .    1294 

ROUSSEL  (Joseph).  —  Sur  l'origine  des 


AUTEURS.  1373 

MM.  Pages- 

plis  et  des  recouvrements  dans  les 
Pyrénées 1 4^ 

ROUSSELOT.  —  Sur  les  caractĂ©ristiques 
des  voyelles,  les  gammes  vocaliques 
et  leurs  intervalles 4o 

ROUVIIXE  (ETIENNE  de).  —  Revision  des 
Nématodes  libres,  marins,  de  la  région 
de  Cette 1  <>oa 

ROUX.   —   Rapport  sur   le  concours  du 

prix  Bréant  (Médecine  et  Chirurgie),   i  l'jy 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Mon- 

tyon  (Physiologie) i\l\(> 

ROVEL  (Henri)  adresse  plusieurs  Com- 
munications relatives  Ă   la  Navigation 
aérienne 1227 


SABATIER  (Armand).  —  Sur  les  mains 
scapulaires  et  pelviennes  des  Pois- 
sons       SgS 

—  Sur  les  mains  scapulaires  et  pelviennes 
chez  les  Poissons  chondroptérygiens. .    1216 

SABATIER  (Paul).  —  Sur  le  cyclohexane 
et  ses  dérivés  chlorés.  (En  commun 
avec  M.  Alph.  Maillic.) 240 

—  Transformation  des  aldĂ©hydes  et  des 

cétones  en  alcools  par  hydrogénation 
calalytique.  (En  commun  avec  M.  /.- 
B.  Scnderens.) 3oi 

—  PrĂ©paration  directe  du  ryololioxanol  et 

de  la  cyclohexanone  à  partir  du  phé- 
nol. (En  commun  avec  M.  J.-B.  Scn- 

dlTfllS.) 1 025 

SALNT-GER.\I.\1N  (A.  de).  -  Généralisa- 
tion de  la  propriété  fondamentale  du 
potentiel 73G 

SALTYKOVV  (N.).  -  Sur  les  intégrales 

de  S.  Lie Sog 

—  Sur  les  relations  entre  les  intĂ©grales 

complĂštes  de  S.  Lie  et  de  Lagrange. .     3-6 

—  Sur  le  rapport  des  travaux  do  S.  Lie  à 

ceux  de  Liouville 4o3 

—  Sur  le  problùme  de  S.  Lie 433 

SAMA.IA  (NiNo).  —  Le  siùge  des  convul- 
sions Ă©pileptiformes  toniques  et  clo- 
niques' C73 

SAUERWEIN  (Cii.).  —  Sur  l'emploi  du 
lachéographe  Schrader  pour  les  tra- 
vaux d'Hydrographie.  (En  commun 
avec  M.  E.  Schrader.) 781 

SAUSSURE  (René  de)  adresse  une  Note 


intitulée  :  «  HypothÚse  sur  la  nature 

de  la  force  » 5o4 

S.VZERAC  (R.).  —  Sur  une  bactĂ©rie  oxy- 
dante, son  action  sur  l'alcool  et  la 
glycérine 90 

SCHLƒSING  (Tu.).  —  Sur  l'analyse  mĂ©- 
canique des  sols 369 

—  Exemples  d'analyse  mĂ©canique  des  sols.     398 
SCHLƒSING  (Th.)  Fils.  —  Rapport  sur 

le  concours  du  prix  Bigot  de  Morogues 
(Économie  rurale) i  laS 

—  La  potasse  soluble  dans  l'eau  du  sol  et 

son  utilisation  par  les  plantes l'.oG 

SCHMIDLIN  (Jules).  —  Action  du  sodium 
sur  le  tétrachlorure  de  carbone  et  la 
benzine  chlorée  :  formation  de  triphé- 
nylméthane  et  d'hexaphénylÎthane  .  .       jq 

—  Recherches  thermochimiques  sur  les 

matiĂšres  colorantes.  La  rosaniline  et 

la  pararosaniline 33 1 

SCHRADER  (F.).  —  Sur  l'emploi  du  ta- 
chéographe  Schrader  pour  les  travaux 
d'Hydrographie.  (En  commun  avec 
M.  Ch.  Sauerivein.) 781 

SEBEllT.  —  Sur  l'AĂ©rodynamique  et  la 

théorie  du  champ  acoustique 357 

SÉGAL.  —  Une  citation  lui  est  accordĂ©e 
dans  le  concours  du  prix  Montyon 
(MĂ©decine  et  Chirurgie) 1 134 

SÉGUIER  (de).  —   Sur  les  groupes  de 

Mathieu 37 

—  Errata  se  rapportant  à  cette  Commu- 

nication       552 

SENDERENS  (J.-B.).  —  Transformation 


.374 

MM. 


TABLE    DES 
Pages. 


des  aldéhydes  el  des  cétones  en  alcools 
par  liydrogénalion  calalylique.  (En 
commun  avec  M.  Paul  Sahnticr.) ^o\ 

—  PrĂ©paration  directe  du  cyclolicxanol  el 

de  la  cyclohexanone  à  partir  du  phé- 
nol. (En  commun  avec  M.  Pmtl  Sn- 
hntirr.) '  "'^S 

SERVANT  (M.).   —  Sur   l'habillage   des 

surfaces "  ^ 

SEVIN.  —  Une  mention  lui  est  accordĂ©e 
dans  le  concours  du  prix  Montyon 
(MĂ©decine  el  Chirurgie) '  1 31 

SEVEWETZ  (  A.).  —  Action  du  persulfate 
d'ammoniaque  sur  les  oxydes  métal- 
liques. (En  commun  avec  M.  P.  Tra- 
ivitz.) ■ '  3o 

SlEDLECKf  (Michel).  —  Sur  la  rĂ©sistance 
des  Épinoches  aux  changements  de  la 
pression  osmolique  du  milieu  am- 
biant       1*19 

—  Sur   la    rĂ©sorption    phagocylaire    des 

produits  génitaux  inutilisés,  chez 
\' Ecliinocarditini  cnrdatum  Penn.  (En 
commun  avec  M.  Maurice  Caullery.).     496 

—  L'action  des  solutions  des  sels  alcalins 

et  alcalino-terreux  sur  les  Epinoches.     '125 
SLMON  (Eigùne).  —  Le  prix  Cuvier  lui 

est  décerné "56 

—  Adresse  des  remercĂźmenls  Ă   l'A^cadĂ©- 

mie 1228 

SIMON  (L.-J.).   —  Sur  l'acide  oxalacĂ©- 

tique ^55 

—  Nouvelle  rĂ©action  de  l'hydroxylamine.     986 


AUTEURS. 

iMM.  Pages. 

SOCOLOW  (S.)  adresse  une  Note  «  Sur 
les  corrélations  qui  existent  entre  les 
éléments  des  orbites  du  systÚme  pla- 
nétaire » f>>-^ 

SOURBÉ(T.)  adresse  une  Note  intitulĂ©e: 

«  Alcoométrie  pondérale  »... ß-ïi 

STODOLKIEWITZ  adresse  une  Note  «Sur 
un  mode  d'intégration  des  équations 
différentielles  partielles  du  premier 
ordre  » l 'G 

STÔRMER  (CAni.).  —  Sur   les  intĂ©grales 

de  Fourior-Cauchy ii>8 

—  Sur  les  intĂ©grales  de  Fourier-Cauchy.      i  iO 
SULZER  (D.).  —  Comparaison   des  di- 
verses lettres  au  point  de  vue  de  la 
vitesse  de  lecture.  Formation  d'un  al- 
phabet rationnel.  (En  commun  avec 

M.  Amlrc  Brocn 812 

—  Sensation   lumineuse    en    fonction   du 

temps  pour  les  lumiÚres  colorées. 
Technique  cl  résultats.  (En  commun 
avec  M.  Andrc  Broca.  ) 9  i  i 

—  Rîle  du  temps  dans  la  comparaison  des 

éclats  lumineux  en  lumiÚre  colorée. 

( En  commun  avec  M .  André  Broca.  ).     977 

—  La  sensation  lumineuse  en  fonction  du 

temps  pour  les  lumiÚres  colorées.  Dis- 
cussion des  résultats.    (En  commun 

avec  M.  André  Broca.  ) 10  {6 

SVEN  HEDIN.  —  Le  prix  Tchihalchef  lui 

est  décerné 1 1 55 

—  Adresse  des  remercĂźments  Ă   l'AcadĂ©- 

mie     122 


TANNENBERG(W.de).  —  Sur  les  courbes 

gauches  Ă   torsion   constante figa 

—  Du  problùme  de  Cauchy  relatif  à  une 

classe  particuliÚre  de  surfaces 9°° 

TANNERY  est  porté  sur  la  liste  de  candi- 
dats présentée  à  M .  le  Ministre  de  l'Ins- 
truction publique  pour  la  chaire  d'His- 
toire des  Sciences,  vacante  au  CollĂšge 

de  France y''/, 

TARB0UR1ECH  (J.).  —  PrĂ©paration  des 

amides    secondaires 128 

—  Sur  les  amides  secondaires i-^G 

TASSILLY  (E.).  —  Sur  un  capillarimùlre. 

En  commun   avec   M.    A.    Chamher- 

land 64  Ăź 

TERMIER  (Pierre).  —  Sur  quelques  ana- 
logies de  faciÚs  géologiques  entre  la 


zone  centrale  des  Alpes  orientales  et 

la  zoneinlerne  des  Alpes  occidentales.     S07 

—  Sur    la   structure   des   Hohe   Tauern 

(Alpes  du  Tyrol) S-5 

—  Sur  la  synthĂšse  gĂ©ologique  des  Alpes 

orientales 0^9 

TEISSERENC  DE  BORT(LÉox).  -  Le  prix 

Eslrade-Delcros  lui  est  décerné i  iGi 

—  Adresse  des  remercĂźments  Ă   l'AcadĂ©mie.   1  '/iS 
TllOULET  (J.).  Élude  de  la    circulation 

marine 97 

—  Sur  la  transparence  de  la  mer 748 

THO\  ERT  (J.  ).  —  Diffusiomùtre 1 249 

TIFFENEAU  (M.).  —   Fixation  anormale 

du  IriĂčxymĂ©thylĂšne  sur  certains  dĂ©ri- 
vés organomagnésieiis  aromatiques. 
I  En  commun  a\ec  M.  R.  Delangc). .     'y-i 


TABLE    DES 

MM.  Pages. 

—  Sur  la  migration  pliĂ«nylique 9S9 

—  Sur  la  transfornialion  ries  a-glycols  pri- 

maires en  aldéhydes  correspondantes.  rj6o 

TISSOT  (C).  —  Sur  la  mesure  de  l'effet 
des  ondes  Ă©lectriques  Ă   dislance  au 
moyen  du  bolomĂštre 8)6 

TISSOT  (J.  ).  —  Les  conditions  spĂ©ciales 
de  la  circulation  dans  les  glandes  en 
activité.  (En  commun  avec  M.  G. 
MoKssu.) 1084 

TOMMASINA  (Tri.).  —  Sur  la  scintillation 
du  sulfure  de  zinc  phosphorescent,  en 
présence  du  radium,  revivi6ée  par  les 
décharges  électriques 745 

TOIU>ES(L.).  —  Sur  le  tĂ©lĂ©kine 31; 

TOURNOUER   (André).   -    Coupes   des 

terrains  tertiaires  de  la  Patagonie.. .     348 


AUTEURS.  1375 

MM  P-'iC^- 

TR.4WITZ  (P.).  —  Action  du  persulfate 
d'ammoniaque  sur  les  oxydes  métal- 
liques.   (En   commun    avec    M.    A. 

Srycwctz.) '3') 

TRILLAT  (A.).  —  RĂ©actions  catalyliques 
diverses  fournies  par  les  métaux  ;  in- 
fluences activantes  et  paralysantes.. .     187 

—  Induences  activantes  ou  paralysantes 

agissant  sur  le  manganÚse  envisagé 

comme  ferment  métallique g'^-"- 

TROOST.  —  Rapport  sur  le  concours  du 

prix  La  Gaze  (Chimie) 1 1 1  '> 

—  Est  Ă©lu  Vice-PrĂ©sident  de  l'AcadĂ©mie 

pour  l'année  1904 '  '97 

TURPAIN  (Albert).  -  Sur  le  fonction- 
nement de  cohéreurs  associés J(J2 


u 


URBAIN  (G.I.  —  Sur  une  sĂ©rie  de  com- 
posés du  bismuth.  (En  commun  avec 
M.  H.  Lncnmhe.  ) 

—  Enala  se  rapportant  à  cette  Communi- 


508 


cation '''20 

—  Sur  une  sĂ©paration  rigoureuse  dans  la 
série  des  terres  rares.  (  En  commun 
avec  M.  //.  Lacomhc.  ) 792 


VAILLANT  (  P.  ).  —  Sur  la  couleur  des  so- 
lutions aqueuses  de  méthylorange  et 
le  changement  qu'y  déterminent  les 
acides 849 

VALBREUZE  (dr).  —  Sur  les  phĂ©nomĂšnes 
particuliers  présentés  par  les  arcs  au 
mercure O'^ 

VALEUR  (A.  ).  —  Sur  la  spartĂ©ine.  Carac- 
tÚres généraux;  action  de  quelques 
réducteurs.  (En  commun  avec  M.  Cli. 
Mourra.) '94 

VALLÉE.  —  Sur  les  rapports  qui  existent 
entre  le  Surra  et  le  Nagana,  d'aprĂšs 
une  expérience  de  Nocard.  (En  com- 
mun avec  M.  Carré.) .  .      6-24 

VALLOT  (J.).  —  Sur  les  modifications  que 
subit  la  respiration  par  suite  do 
l'ascension  et  de  l'acclimatement  Ă  
l'altitude  du  mont  Blanc i-'.SS 

VAN  TIEGIIEM.  —  Rapport  sur  le  "con- 
cours du  Grand  Prix  des  Sciences 
physiques '  '  '  9 

—  Rapport  sur  le  concours  du  prix  Bordin 

(Botanique) "  'o 

VANVERTS  (.1.).  —  Une  mention  lui  est 


accordée  dans  le  concours  du   prix 
Montyon  (MĂ©decine  et  Chirurgie) .. .    ii33 
VARENNE  (E.).  —  Sur  les  hydrates  d'al- 
cool Ă©lhylique.    (  En  commun   avec 
M.  L.  Godefroy.) 99^ 

—  Action  de  l'anĂ©thol   sur   l'organisme. 

(En  commun  avec  MM.  /.  Roussel  &t 

L.  Godefroy.') ' 29! 

VASCHIDE  (N.).  —  Recherches  expĂ©ri- 
mentales sur  les  rĂȘves.  Du  rapport  de 
la  profondeur  du  sommeil  avec  la  na- 
ture des  rĂȘves '  5o 

—  Recherches  expĂ©rimentales  sur  l'olfac- 

tion des  vieillards 0-27 

VAUTIER  (Th.).  —  Sur  un  rĂ©fractomĂštre 

à  réflexions *>  '  5 

VAYSSIÈRE  (A.).  —  Sur  les  HĂ©tĂ©ropodes 
recueillis  pendant  les  campagnes  de 
VHirondclli;  et  de  la  Friiicrssc  Alice, 
faites   sous   la   direction   de  S.  A.  le 

Prince  de  Monaco 345 

VIÂLA  (P.).  —  Sur  la  variation  du  Hor- 
nctina  Coriuin  suivant  la  nature  des 
milieux.  (En  commun  avec  M.  L. 
Marif^iii.) ijg 


1^76 


TABLE   DES    AUTEURS. 


MM.  Pages. 

VIGOUROUX  (ÉM.).  -  Errata  se  rappor- 
tant Ă   une  Communication  du  29  juin 
1903,  sur  l'amidure  et  l'imidure  du 
silicium 100 

VIGUIEIi  (RenĂ©).  —  Sur  la  structure  des 
cotylédons  et  la  disposition  de  cer- 
taines racines  adventives  dans  les 
plantules  de  Labiées Soi 

VILLIERS  (A.).  —  Surl'Ă©tiiĂ©riflcation  des 

iiydracides 53 

VIOLLE  (J.).  —  Sur  lo  phĂ©nomĂšne  aĂ©ro- 


MM.  Pages. 

dynamique  produit  par  le  tir  des  ca- 
nons c;rĂȘlifugos 397 

VUILLEMIN  (P.viJL).  —  Une  AcrasiĂ©e  bac- 

tériophage 3.S7 

—  Sur  une  double  fusion  des  membranes 

dans  la  zvgospore  des  Mucorinées. . .     8G9 

VURPAS  (Cl.).  —  Contribution  Ă   l'Ă©tude 
des  altérations  congénitales  du  sys- 
tÚme nerveux  :  patbogénie  de  l'anen- 
céplialie.  (En  commun  avec  M.  A. 
LĂ©ri.) zH 


w 


VVAHL  (A.).  —  Sur  les  Ă©thers  isonitroso- 
maloniques  et  leur  transformation  en 
éthers  mésoxaliques.  (En  commun 
avec  M.  L.  Boiiveatitt.) 196 

WALLENBERG  (GEOncE).  —  Sur  l'Ă©qua- 
tion diflerentielle  de  Riccati  du  se- 
cond ordre io33 

WALLERANT  (Fréd.).  -  Sur  le  poly- 
morphisme des  nitrates 8o5 

—  Sur  la  dĂ©termination  de  la  forme  pri- 
mitive des  cristaux looi 

WEIS  (Fr.).  —  Sur  le  rapport  entre  l'in- 
tensité lumineuse  et  l'énergie  assimi- 
latrice  chez  des  plantes  appartenant  Ă  
des  types  biologiques  différents Soi 

WICKERSHEIMER  (E.).  —  Nouvelles  lois 
de  tonométrie,  qu'on  peut  déduire  des 
expériences  de  Raoult 319 

WIERNSBERGER  (Paul).  —  Convergence 


YERMOLOFF  (A.).  —  Sur  la  gĂ©ologie  et 
l'hydrologie  souterraine  du  Caucase 
occidental.  (En  commun  avec  M.  E.- 


des  radicaux  superposés  périodiques.   i233 

WILLEM  (V.).  —  A  propos  d'une  diastase 
lactique  dédoublant  le  salol.  (En  com- 
mun avec  M.  A.  Miele.) r35 

WINTREBERT  (P.).  —  InQuence  du  sys- 
tĂšme nerveux  sur  l'ontogenĂšse  des 
membres 1 3 1 

—  Sur  la  rĂ©gĂ©nĂ©ration  chez  les  Amphi- 
biens  des  membres  postérieurs  et  de 
la  queue,  en  l'absence  du  systĂšme 
nerveux 70 1 

WOLF  (J.).  —  Sur  la  coagulation  de  l'ami- 
don. (En  commun  avec  M.  A.  Fer/i- 
hncli.) 7 1 S 

VV  YROUBUFF  est  porté  sur  la  liste  de  can- 
didats présentée  à  M.  le  Ministre  de 
l'Instruction  publique  pour  la  chaire 
d'Histoire  des  Sciences,  vacante  au 
CollĂšge  de  Franco 9G4 

A.  Martel.) 1077 

YUNG  (Emile).  —  Le  sens  olfactif  de  l'Es- 
cargot {Hclix  poinalia) 720 


Z.4REMBA(S.).  —  Sur  les  fonctions  fon- 
damentales de  M.  Pdincaré  cl  la  mé- 
thode de  Neumann  pour  une  frontiĂšre 
composée  de  polynÎmes  curvilignes. .       \) 

ZEILLER  (R.).  —  DĂ©couverte  de  slrobiles 
de  &;fjitoia  et  de  Pin  dans  le  Porllan- 
dicn  des  environs  de  Boulogne-sur- 
Mer.(  En  commun  avec  M.  /'.  Flic/ic).   1020 


—  PrĂ©sente  Ă   l'AcadĂ©mie  le  Volume  de 

texte  de  la  F/ore  fossile  des  gĂźtes  de 

charbon  du  Tonhin 1210 

ZEUTHEN  (II.-G.).  —  Le  prix  Binoux  lui 

est  décerné.  (Histoire  des  Sciences^ .    1 1  )3 

—  Adresse  des  remercĂźments  Ă   l'AcadĂ©- 

mie     122S 


;  MITHIER-VILLARS,  IMPRlMILUR-LIBRAmE   DES   COMPTES  RENDUS   DES   SÉANCES  DE   L'ACADEMIE   DES  SCIENCES. 

33845  Paris.  —  Quai  des  Grands-Augustins,  55. 


IllIlllillUila 


?''S44  093 254  357 


Date  Due 


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